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Societe feodale - Pedagogie 2nd degré

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BILLAUD Elodie<br />

FONTAINE Cécile SOCIETE FEODALE<br />

PATCHEAPIN Aurélie ET LITTERATURE<br />

Plan<br />

Introduction<br />

I. L’ORGANISATION DE LA SOCIETE FEODALE<br />

SELON L'HISTOIRE ET LA LITTERATURE BRETONNE<br />

• A la cour du roi<br />

1. Le roi (cf. Tristan et Yseut)<br />

2. Les barons (cf. idem)<br />

3. Divertissements (cf. Perceval)<br />

• La chevalerie<br />

1. L’éthique<br />

2. L’apprentissage (cf. Lancelot et Perceval)<br />

3. L’adoubement (cf. idem)<br />

4. Le paladin ou chevalier errant (cf. Perceval)<br />

5. L’équipement d’un chevalier (cf. Perceval)<br />

6. Les tournois (cf. Perceval et Lancelot)<br />

7. La fin’amor (cf. Tristan et Yseut)<br />

• Suzerains et Vassaux<br />

1. La vassalité<br />

a) Les services (cf. Tristan et Yseut)<br />

b) Déroulement<br />

*L’hommage<br />

*Le serment de fidélité (cf. Lancelot)<br />

c) Les obligations<br />

*De l’hommage<br />

*Du serment de fidélité<br />

2. Le fief<br />

*L’aide du vassal (cf. Perceval)<br />

*Le conseil (cf. Lancelot)<br />

3. Les sanctions<br />

4. Les paysans ou vilains (cf. Lancelot)<br />

• L’Eglise (cf. idem)<br />

1. L’action de l’Eglise sur la société féodale<br />

2. L’action de la société féodale sur l’Eglise<br />

3 Les dignitaires ecclésiastiques devenus des dignitaires féodaux<br />

• Les femmes au Moyen Age (cf. Yvain et Perceval)<br />

II. LES LIEUX: entre Histoire et légende (cf. Perceval)<br />

*La forêt (cf. Yvain)<br />

*Le château<br />

III. LES ELEMENTS INVENTES PAR LA LITTERATURE (cf. LES 4 ŒUVRES)<br />

Lexique<br />

Bibliographie


LA SOCIETE FEODALE ET LA LITTERATURE<br />

Comment la société féodale du XIIe siècle est-elle dépeinte à travers la littérature bretonne ?<br />

Si jamais la littérature a reflété la société, c’est bien au moyen âge : à cette époque, la<br />

société française est divisée en trois ordres. Le plus éminent est le clergé et son indéniable pouvoir<br />

spirituel. Viennent ensuite la noblesse et ses fonctions militaires et la grande masse du peuple qui<br />

constitue les roturiers.<br />

La société féodale trouve son expression dans la littérature courtoise qui puise dans un fonds<br />

d'origine celtique:" la matière de Bretagne". La représentation de la société féodale par l’Histoire et<br />

la Littérature présente des similitudes et des écarts. Ainsi donc, Chrétien de Troyes ayant vécu à la<br />

Cour de Marie de Champagne au XIIe siècle est le meilleur témoin pour retranscrire les coutumes et<br />

les mœurs de la vie moyenâgeuse. A sa suite, d’autres auteurs tels que Thomas et Béroul ont<br />

transposé dans d’autres contextes, mythiques ou légendaires, des éléments descriptifs de la société<br />

féodale. Un décalage est cependant à distinguer entre le Moyen Age vécu par les auteurs (XII e<br />

siècle) et le Moyen Age plus ancien de la légende de Marc et d’Arthur, crée par les textes littéraires<br />

qui donnent une vision parfois confondue des deux périodes. De plus, le roman qui s’élabore dans<br />

des sommes romanesques consacre la diffusion d’une langue nouvelle, l’ancien français qui<br />

remplace le latin et évoluera pour donner le français.<br />

Une question reste cependant en suspens, à savoir, comment la société féodale est dépeinte<br />

dans les œuvres de littérature celtique étudiées. C’est la raison pour laquelle, en nous appuyant sur<br />

des données historiques et littéraires puisées dans quatre oeuvres de la deuxième moitié du XIIème<br />

siècle, nous nous intéresserons particulièrement dans une première partie à l’organisation du<br />

système féodal et dans une seconde partie, aux événements inventés (par la littérature) qui créent<br />

en quelque sorte tout le charme de ces œuvres.<br />

Œuvres Littéraires servant de support à notre étude<br />

• TRISTAN ET YSEUT, Béroul, : Le roi Marc envoie son neveu Tristan escorter l’élue de son<br />

cœur, la belle Yseut pendant le voyage en bateau qui la ramène en Cornouailles. Or un philtre<br />

d’amour est bu par eux deux par erreur et le tout l’ordre social s’en ressortira bouleversé par<br />

leur passion dévastatrice<br />

• LANCELOT OU LE CHEVALIER A LA CHARRETTE, Chrétien de Troyes : Lancelot, le plus<br />

magnifique des chevaliers de la cour du roi Arthur voue un amour passionné et interdit à la<br />

reine Guenièvre, l’épouse du roi Arthur.<br />

• PERCEVAL OU LE ROMAN DU GRAAL, Chrétien de Troyes: roman d'initiation<br />

chevaleresque du jeune Perceval dans lequel on retrouve aussi les aventures de Gauvain.<br />

• YVAIN OU LE CHEVALIER AU LION, Chrétien de Troyes: roman courtois évoquant les<br />

aventures du jeune Yvain, chevalier d'Arthur, et la conquête amoureuse de la dame.


I. L’ORGANISATION DE LA SOCIETE FEODALE<br />

SELON L'HISTOIRE ET LA LITTERATURE BRETONNE<br />

• A la cour du roi<br />

Le roi vit entouré de vassaux, de conseillers et de grands officiers. Bien que résidant dans la<br />

capitale, il est souvent sur les routes du royaume à visiter ses châteaux, à organiser des assemblées<br />

et à rendre la justice sur ses domaines. A mesure que s’épanouit la monarchie, l’administration<br />

royale se spécialise : la Cour des Aides et la Chambre des Comptes gèrent les finances tandis que le<br />

Parlement devient la première cour de justice du royaume.<br />

1. Le roi<br />

La féodalité vit sous l’Empire non de l’écrit, mais de la geste évoquant les exploits et donc<br />

des objets qui sont liés aux actes rituels très théâtralisés qui la caractérisent. Ainsi, Marc manipule<br />

dans Tristan et Yseut l’anneau, les gants et l’épée qui tous ont une importance capitale dans le code<br />

féodal. Marc, grâce à des signes féodaux, reprend symboliquement possession de sa femme<br />

légitime. L’échange des anneaux correspond à une nouvelle cérémonie du mariage, qui remet<br />

Yseut dans une sorte de vasselage envers le roi : l’anneau est un des objets qu’on échange entre<br />

seigneur et vassal lors de l’investiture qui consacre la concession du fief. Marc affirme ainsi son<br />

pouvoir. Il en va de même avec les gants qui, d’une manière générale, comptent au Moyen Age<br />

parmi ces accessoires permettant la détermination du rang social, et qui eux aussi, sont utilisés lors<br />

de l’investiture. Placés au-dessus de la tête d’Yseut, correspondant à un retour aux sources puisque<br />

apportés d’Irlande, ils replacent la femme sous l’autorité de son mari, le vassal sous l’autorité de<br />

son suzerain.<br />

Quant à l’épée, objet le plus fréquemment utilisé lors de l’investiture, elle permet de remettre<br />

Tristan sous la dépendance de son seigneur. La substitution est l’occasion d’un retour dans le passé,<br />

pour une fois favorable à Marc : alors que généralement, le rappel de la victoire remportée par<br />

Tristan sur le Morholt atteste la faiblesse du roi, il devient un moyen pour l’oncle d’annuler<br />

symboliquement les exploits de son neveu et donc sa dette. Tristan n’est plus, dans l’idéal souhaité<br />

par Marc, qu’un vassal comme les autres, nouvellement investi afin que leurs liens recommencent<br />

sur d’autres bases.<br />

2. Les barons<br />

A l’origine, baron veut dire "serviteur fidèle ". Les barons sont les vassaux du roi, le plus<br />

souvent grands princes territoriaux.<br />

Dans le roman Tristan et Yseut, L’accent est mis sur trois d’entre eux : ce sont les félons qui<br />

causent la perte des amants, la rime barons/félons étant peut-être significative d’un certain<br />

renversement des valeurs ; de même que le nombre trois est peut-être symbolique de par son<br />

importance dans les contes populaires, ceux-ci à l’origine de la légende. Toujours turbulents, prêts à<br />

se révolter, ils se présentent comme les meneurs des affaires publiques. Ils représentent la force<br />

politique, qui est en quelque sorte l’élément déclencheur de toute la légende : inquiets parce que<br />

Marc est tenté d’instituer Tristan comme son successeur, ils obligent le roi à prendre une femme ;<br />

et ils poussent donc indirectement Yseut dans le bras de Tristan. Par conséquent, la passion des<br />

deux amants est un obstacle au bon ordre politique. Ainsi s’explique le rôle que jouent les barons<br />

dans la dénonciation et le châtiment des amants.<br />

Après le flagrant délit, les trois traîtres qui se trouvent dans la chambre ont saisi et ligoté le<br />

chevalier par rancœur personnelle : « c’est un déchaînement de haine » ; mais au-delà de cette<br />

notation psychologique, ils remplissent leurs fonctions légitimes de personnes à qui on a confié


l’ordre public. Marc ne peut d’ailleurs accepter la restitution d’Yseut qu’ "avec l’accord de ses<br />

vassaux ", conformément aux «services » qu’ils doivent rendre à leur suzerain.<br />

3. Divertissements<br />

Chaque cour, seigneuriale ou royale, recevait des jongleurs, des acrobates et des ménestrels<br />

qui chantaient en s’accompagnant du luth et de la harpe. Les chansons d’amour faisaient vibrer<br />

l’assistance. Les plus anciennes furent écrites par les troubadours, de langue d’oc qui habitaient le<br />

Sud de la France au XIIe siècle. La littérature orale a une place important au Moyen Age.<br />

Ainsi, lors du mariage de Perceval et de Blanchefleur : « le cortège revint au palais, escorté<br />

par une troupe de jongleurs faisant des tours et des miracles. La ville est pleine de plaisir (…) On<br />

dansait des caroles et l’on chantait des chœurs. Des ménestrels chantent et veillent, des musiciens<br />

harpent et flûtent, suivant ce qu’ils savent faire, des jongleurs et des baladins font des tours<br />

d’adresse ou de force. Ailleurs de bons trouvères disent de merveilleuses histoires devant des<br />

dames et des comtes ».<br />

• La chevalerie<br />

Au Xe siècle, les chevaliers n’étaient que des soldats de cavalerie et la société les distinguait<br />

nettement des nobles.<br />

Au XIe siècle, les chevaliers sont, soit des non-nobles nourris au château de leurs seigneurs,<br />

soit des cadets de noble lignée, possesseurs de quelques fiefs et qui, pour bien se distinguer de la<br />

masse paysanne dans laquelle il craignent de tomber, entrent dans la chevalerie. L’Eglise, qui<br />

exalte la condition chevaleresque, incite les nobles d’un niveau social de plus en plus élevé, à se<br />

faire adouber. Peu à peu, les différentes strates de l’aristocratie fusionnent au sein de la chevalerie<br />

Au XIIe siècle, le prestige de cette catégorie sociale est immense : le chevalier représente la<br />

respectabilité et a de plus en plus de pouvoir possédant à son tour des vassaux, des terres plus<br />

grandes… L’éthique chevaleresque et le mode de vie noble se fondent au sein d’une nouvelle<br />

classe sociale résultant de la fusion des deux précédentes.<br />

1. L’éthique<br />

Même si le processus de chevalerie fait partie de l’aristocratie, la chevalerie n’est pas<br />

héréditaire : elle s’acquiert par l’adoubement et se mérite par le respect d’une éthique qui repose<br />

essentiellement sur la prouesse et la largesse<br />

La prouesse associe vaillance et loyauté : vaillance dans le combat, mais aussi dans la vie<br />

quotidienne ; loyauté envers son seigneur, son roi, sa dame… Le parfait chevalier doit être «sans<br />

peur et sans reproche ».<br />

La largesse comprend la prodigalité, la générosité, le faste. Dépenser sans compter, mais<br />

aussi être généreux envers ses adversaires, envers les faibles, tel est le code de l’honneur<br />

chevaleresque. Le chevalier a maintes occasions de prouver ses qualités, dans les tournois ou à la<br />

guerre, à la croisade ou dans les fêtes, sur les chemins ou auprès des dames dans les châteaux.<br />

Tous ces sentiments se fondent dans la notion de courtoisie qui définit un ensemble de<br />

conventions et comportements sociaux caractéristiques d’une élite aristocratique.<br />

2. L' apprentissage<br />

Dès l’âge de sept ans, les jeunes garçons sont placés comme pages chez des oncles, ou des<br />

seigneurs amis. Ils commencent ensuite à apprendre à soigner les chevaux, à s’occuper des armes et<br />

suivent un enseignement militaire.<br />

A partir de douze ans, et jusqu’à quatorze, ils peuvent devenir écuyers et sont alors rattachés à<br />

un chevalier particulier qui prend leur éducation en charge. Le jeune garçon travaille toutes les


techniques pour se tenir à cheval et se battre, en selle, à terre, à l’épée, à la lance ou avec toute autre<br />

arme utile. Il continue à servir son seigneur, avec des responsabilités accrues et peut désormais le<br />

suivre à la guerre.<br />

A partir de dix-sept ans, l’écuyer peut être adoubé, mais il semblait plus fréquent d’attendre<br />

pour cela qu’il ait atteint «l’âge d’homme », c’est à dire vingt et un ans.<br />

Du point de vue de l’éducation, contrairement à Lancelot qui déchiffre les épitaphes sur les<br />

tombes du Cimetière Futur, ni Gauvain ni Bademagu ne savent lire, ignorance banale dans<br />

l’aristocratie du XIIe siècle, les hommes étant surtout éduqués dans l’art de la guerre et de la chasse.<br />

« Il tenait une lettre à la main ; il la tendit au roi qui la prit. Le roi la fît lire à haute voix par<br />

un clerc tout à fait compétent ».<br />

Dans Perceval ou le Roman du Graal, Perceval n’a pas reçu, durant son enfance, d’éducation<br />

chevaleresque car sa mère ne voulait pas qu’il devienne chevalier comme tous les hommes de sa<br />

famille, qui sont morts. Cependant, elle ne peut garder son fils de l’appel des chevaliers. Donc,<br />

Perceval s’en va et rencontre alors un prud’homme qui lui enseigne comment porter la lance, l’écu<br />

et l’épée ; ayant réussi sa formation, dès le lendemain, il est adoubé.<br />

3. L’adoubement<br />

Jusqu’au XIe siècle, l’adoubement (qui vient du verbe germanique dubban et qui signifie<br />

frapper) est une cérémonie très simple, qui coïncide généralement avec une fête religieuse.<br />

Au XIIe siècle, il devient une cérémonie très populaire et faste. Sacralisé par l’Eglise, il<br />

équivaut à un nouveau baptême.<br />

Reçu au château de son futur vassal, le jeune prend, en premier lieu, un bain purificateur sous<br />

le regard d’un homme d’église. Aucune femme n’est admise dans la pièce. Il doit ensuite se<br />

recueillir et jeûner toute la journée. La nuit précédant la cérémonie se déroule en prières, en général<br />

dans une chapelle attenant aux habitations seigneuriales. Au matin, le jeune homme assiste à la<br />

messe et communie.<br />

Il est alors emmené par des moines et des serviteurs qui l’habillent et lui donnent les dernières<br />

recommandations. Les moines et la nuit de prières ont pour but de laisser un temps de réflexion au<br />

postulant et de le purifier. Il doit être parfaitement sûr du choix de sa «destinée » lors de la<br />

cérémonie. Son engagement est à vie et le serment qu’il prononce, inviolable sous peine de mort.<br />

Dans la salle principale du château,<br />

en présence de sa famille,<br />

des seigneurs voisins,<br />

de ses camarades et de villageois ou<br />

marchands venus exprès pour<br />

l’occasion, le jeune écuyer prête<br />

serment à son seigneur.<br />

Il lui promet fidélité et loyauté à vie.<br />

Il reçoit alors son épée, le symbole<br />

de son rang, des éperons,<br />

traditionnellement attachés par la<br />

la dame ou le parrain. Il était<br />

d’usage de dire que c’était la<br />

dernière qu’il recevait sans la rendre


Alors, musiciens, jongleurs et acrobates envahissent la salle, pendant que tout le monde<br />

s’attable pour le banquet. La journée se poursuit dans la liesse ponctuée de joutes et de passes<br />

d’armes jusqu’au soir où, le nouveau chevalier quitte le château de son seigneur.<br />

Pendant l’année suivante, le nouveau chevalier n’a pas le droit de porter des signes<br />

quelconques sur son armure qui doit être d’une seule couleur.<br />

Dans Lancelot, celui-ci voulant libérer la reine doit aussi délivrer tout un peuple, soumis à<br />

une coutume inique dont Méléagant est le gardien menaçant. Ayant été hébergé par un vassal, deux<br />

des fils de ce dernier veulent l’accompagner à la bataille ; l’un est chevalier, l’autre écuyer. En<br />

théorie, le code chevaleresque interdisait à l’écuyer qui était apprenti de prendre part à la bataille,<br />

aussi ne disposait-il, du moins à l’origine, que d’un gros bâton. Mais pour aller à la rescousse de son<br />

parti – ici les originaires du royaume de Logres -, il arrivait souvent qu’il se lançât dans la bataille<br />

avec les armes de réserve de son seigneur, qu’il était chargé de porter ou celles d’un chevalier<br />

tombé au champ. C’était le signe que l’apprentissage chevaleresque était achevé et qu’il était temps<br />

de l’adouber. Ainsi, après sa participation à la bataille, l’apprenti chevalier est désormais désigné<br />

sous le terme de chevalier comme s’il avait été adoubé de fait.<br />

Ainsi, dans le roman de Chétien de Troyes, Perceval fit sa toilette et se vêtit : « (…) Le maître<br />

se baisse et lui chausse l’éperon droit. Telle était la coutume : qui faisait un chevalier devait lui<br />

chausser l’éperon droit. Des valets s’approchent, portant les pièces de l’armure, se pressant à<br />

l’envi pour armer le jeune homme. Mais c’est le maître qui lui ceint l’épée et l’embrasse. Il dit :<br />

Avec cette épée que je vous remets, je vous confère l’ordre le plus haut que Dieu ait créé au monde.<br />

C’est l’ordre de Chevalerie qui ne souffre aucune bassesse. » .<br />

4. Le paladin ou chevalier errant<br />

Il est rare qu’un chevalier récemment adoubé possède des terres propres. Il est plutôt, pour<br />

vivre, dépendant de son père et de son seigneur. Dans l’attente de son héritage ou d’un mariage qui<br />

lui rapportera un château, il mène souvent une vie d’errance.<br />

Ainsi, sous la conduite d’un chevalier expérimenté, avec quelques compagnons, récents<br />

chevaliers comme lui, il quitte le château seigneurial et erre de longues années à la recherche<br />

d’aventures, d’exploits, de tournois, de richesses et de femmes. Il lui faut se faire un nom s’il veut<br />

épouser une riche héritière et recevoir des cadeaux de son seigneur ou du roi. De plus, s’il met en<br />

déroute un seigneur ennemi, il peut devenir propriétaire des terres maintenant abandonnées et de là,<br />

commencer à construire son domaine.<br />

Perceval, après son adoubement, quitte son hôte et chevauche seul dans la forêt jusqu’à<br />

apercevoir un château dans lequel il sera accueilli, nourri et logé.<br />

5. L’équipement d’un chevalier<br />

L’attribut essentiel d’un chevalier est bien entendu son cheval, mais il possède également un<br />

certain nombre d’armes, offensives et défensives selon le document que nous avons utilisé.<br />

• Les armoiries sont des signes de reconnaissance, apparues dans le second quart du<br />

XIIe siècle. Elles seules permettent aux combattants, devenus méconnaissables<br />

sous le heaume, de s’identifier.<br />

• Les chausses (9) sont des bas faits dans un tissu métallique et recouvrant les<br />

jambes et les pieds.<br />

• La coiffe est dans un premier temps une calotte de laine<br />

placée entre le heaume et le capuchon du haubert.<br />

Au XIIIe siècle, elle est en fer.<br />

• La cotte d’armes (2) est un vêtement à longues manches<br />

orné des armoiries que les chevaliers, lors des tournois,<br />

portent par-dessus l’armure. C’est avant tout un habit


d’ornement sans aucune valeur défensive.<br />

• Le ceinturon (6) est une ceinture grossière en cuir,<br />

généralement garnie d’une boucle de fer émaillé ou<br />

ciselé. Il est souvent utilisé comme emblème pour<br />

marquer son appartenance à un groupe.<br />

• L’écu (4) est un bouclier mesurant 1,50 m de hauteur<br />

Et 70 cm en largeur. Il peut couvrir un homme debout<br />

depuis la tête jusqu’aux pieds. Il est en bois cambré,<br />

couvert d’un cuir plus ou moins orné et peint<br />

(les armoiries), le tout solidement relié par une armature<br />

de métal. Il est muni dans sa partie concave, de<br />

courroies (les énarmes) dans lesquelles le chevalier passe<br />

le bras et d’une sangle (guigue) qui lui sert à la suspendre<br />

à son cou pendant la marche. Au milieu de l’écu, se trouve<br />

une protubérance, une saillie de métal appelée boucle.<br />

Parfois, on y met une boule de métal précieux ou de cristal.<br />

L’écu sert de civière pour le transport des blessés après la bataille.<br />

• L’épée (7) est l’arme chevaleresque par excellence.<br />

Au XIIe siècle, elle mesure environ 1m et pèse 2kg. Sa lame<br />

est large d’environ 9cm. Elle a une longue lame à deux tranchants.<br />

On s’en sert surtout pour assommer l’adversaire. Il est d’usage<br />

d’enfermer des reliques dans le pommeau, destinées à porter chance<br />

au combattant et à le protéger des mauvais coups.<br />

• Les éperons (10) sont des petites branches de métal terminées par<br />

une pointe que le chevalier attache par-dessus les chausses. Ils<br />

sont l’un des emblèmes du chevalier, car remis et attachés par le<br />

parrain lors de l’adoubement.<br />

• Le gambison (8) est une cotte de tissu rembourré. Il se porte sous le haubert afin de<br />

servir de protection supplémentaire. Il est aussi appelé surcôt ou jaséran.<br />

• Le haubert (1) apparaît au XIe siècle. C’est une cotte de maille, c’est à dire une<br />

longue tunique métallique qui descend jusqu’au - dessous du genou. Elle est<br />

formée d’environ 30000 mailles ou anneaux de fer entrecroisés et pèse de 10 à<br />

12kg. Elle est fendue sur le devant et le derrière et se prolonge vers le haut de<br />

façon à constituer un capuchon (aussi appelé chapel) qui protège le cou, la nuque et<br />

le bas du visage. Très coûteux, le haubert est en principe impénétrable à l’épée et à<br />

la lance. On le vernit de diverses couleurs. Quand il n’est que poli, on parle de<br />

haubert brillant.<br />

• Le heaume (3) est un grand casque d’acier de forme cylindrique ou conique. Il est<br />

bordé d’un cercle, c’est à dire d’une bande de métal ornementée de pierres<br />

précieuses ou de morceaux de verre colorés. Sur le devant se trouve une barre de<br />

fer rectangulaire, la nasal ou protège nez. Le heaume est posé sur le capuchon du<br />

haubert et y est attaché par des lacets de cuir. A la pointe du heaume, on attache un<br />

tissu aux couleurs de sa Dame.<br />

• La lance mesure environ 3m et pèse de 2 à 5 kg. Le bois est le plus souvent du<br />

frêne, le fer est en acier bruni, en forme de losange ou de triangle ; au sommet est<br />

fixé le gonfanon, petit étendard presque toujours à trois langues ou à trois pans.<br />

Quand la lance est en arrêt, elle s’appuie sur le feutre, un bourrelet de feutre fixé à<br />

la selle. L’endroit de la hampe ou le chevalier place sa main est recouvert d’une<br />

peau et s’appelle quamois qu’on peut traduire par «manche garni de cuir ».<br />

• Les mitaines (5) sont des gantelets de laine, puis de cuir, où seul le pouce est<br />

articulé. A partir du XIIe siècle, elles sont en fer.<br />

• La selle comporte en avant et en arrière deux parties plus relevées, ce sont les<br />

arçons. Certains arçons de derrière sont en métal repoussé, émaillé ou ciselé,<br />

d’autres en bois sculpté.


On prend connaissance des équipements des chevaliers dans les premières pages du roman<br />

Perceval ou le roman du Graal. En effet, Perceval fait la rencontre de cinq chevaliers armés et,<br />

voulant nourrir sa curiosité, ils n’hésitent pas à leur poser des questions sur ce qu’ils portent et leur<br />

utilité.<br />

6. Les tournois<br />

Apparu à la fin du XIe siècle, le tournoi est d’abord une véritable<br />

bataille au cours de laquelle s’affrontent deux troupes de chevaliers.<br />

Les règles sont peu précises et la mêlée est souvent violente.<br />

Cette forme de combat, primitive et brutale, se codifie peu à peu :<br />

dans la joute, deux chevaliers sont lancés au grand galop de chaque<br />

côté d’une palissade. Ils tentent mutuellement de se renverser à<br />

l’aide d’une longue lance de frêne. Si les deux concurrents tombent, ils poursuivent le combat avec<br />

des armes émoussées. Les vainqueurs prennent les armes, les chevaux de leurs adversaires et<br />

reçoivent de nombreux prix.<br />

Pour préparer les joutes, mesurer leur habileté, les chevaliers s’entraînent à la quintaine. C’est<br />

un simple mannequin de bois pivotant sur un pieu. Il porte d’un côté un écu et de l’autre un lourd<br />

gourdin. Les chevaliers doivent essayer – ils bénéficient de cinq tentatives – de le renverser d’un<br />

coup de lance. Malheur à qui ne réussit pas ! La quintaine bien graissée effectue alors un demi-tour<br />

et le maladroit est rudement frappé. On s’entraîne également à l’escrime, au bâton ou à l’épée. Dans<br />

un champ, les chevaliers pratiquent le béhourdis, consistant à s’élancer l’un contre l’autre avec une<br />

lance pour tenter de désarçonner l’adversaire.<br />

Dans Lancelot, les chevaliers, prisonniers ou croisés, ne participent pas aux tournois : « La<br />

reine était remontée dans les tribunes avec les dames et les jeunes filles ; avec elles se trouvaient un<br />

bon nombre de chevaliers qui ne prirent pas les armes parce qu’ils étaient prisonniers ou<br />

croisés… ».<br />

En effet, lié par la promesse de racheter sa liberté contre rançon ou de se rendre à un jour fixé<br />

pour combattre un adversaire, le chevalier prisonnier ne peut prendre le risque d’être blessé ou<br />

capturé au cours du tournoi et de n’être ainsi plus en mesure de tenir parole. De même le chevalier<br />

ayant fait vœu de croisade doit réserver ses forces vives pour la lutte contre l’Infidèle, selon les<br />

recommandations de l’Eglise, qui, tout au long des XIIe et XIIIe siècles, condamna vigoureusement<br />

la pratique des tournois, qu’elle estimait futile et pernicieuse.<br />

Voici un exemple de bataille et non pas de tournoi trouvé dans le roman Perceval ; c’est une<br />

bataille entre le roi Clamadeu et le chevalier Vermeil : « Ils ne se crient point de défis mais, la lance<br />

en arrêt, ils foncent l’un sur l’autre. Lances grosses et aisées, hampes de frêne et fers tranchants.<br />

Les chevaux courent grand galop. Les chevaliers sont pleins de vigueur. Tous deux se veulent mal<br />

de mort. Si rudement ils se heurtent que les écus se brisent et les lances se froissent. Les deux<br />

chevaliers tombent à terre. Mais, d’un bond, tous deux se relèvent, tirent l’épée et s’en reviennent<br />

dessus pour combattre. Longue est la lutte ».<br />

7.La fin’amor<br />

Dans la poésie courtoise, également appelée « fin’amor » (ce qui signifie «amour parfait »),<br />

on retrouve la plupart du temps un homme essayant de conquérir le cœur d’une dame. Mais<br />

attention ! Cette dame doit être mariée et d’un rang social supérieur à celui de l’amant. Pourquoi ?<br />

Tout simplement parce que si cet amant était d’ordre supérieur, il aurait le pouvoir de lui ordonner<br />

de l’épouser, alors qu’avec cette situation, il n’a pas de pouvoir sur la dame, ne pouvant assouvir le<br />

désir. Car ce qui est avant tout très important, c’est le désir…<br />

En effet, l’homme souhaitant séduire la dame, sa suzeraine, il doit éviter de succomber au<br />

désir car l’amour prendrait toute la place, remplaçant le désir par une mort certaine au sein de leur


elation. En parcourant le périple de la conquête de sa dame, l’amant devra mériter les faveurs de sa<br />

bien-aimée dont il se plie aux caprices. Dans ce style littéraire qui était fait pour être chanté<br />

principalement (poésie lyrique), on retrouve de nombreux obstacles ayant pour but de créer une<br />

augmentation du désir avant l’obtention de la satisfaction de l’amour, qui doit être mérité bien que<br />

jamais assouvi.<br />

La manière de vivre s’apparente à celle de la cour du roi : l’amant doit posséder des talents à<br />

la chasse et comme guerrier - exploits accomplis lors d’épreuves qualifiantes -, posséder une bonne<br />

éducation et se conduire avec aisance devant la dame, qui devient l’inspiration de la poésie<br />

courtoise.<br />

Tout le long du roman Perceval, les chevaliers sont des hommes courtois, à l’exception peutêtre<br />

de «l’ami » de la pucelle sous la tente, qui dit : « Dure peine vous attend. Jamais votre cheval<br />

ne mangera d’avoine, jamais il ne sera soigné que de l’affaire je ne sois vengé ! s’il se déferre, il ne<br />

sera point referré ! S’il meurt, vous me suivrez à pied ! Jamais vous ne changerez d’habit et vous<br />

irez à pied et nue tant que je n’aurai tranché la tête de celui qui vint, ici. ». Gauvain ne se comporte<br />

guère comme un «fin amant » : il conte fleurette mais ne s’attache pas.<br />

L’amour passionné de Tristan et Yseut, les amants inséparables, bouleverse les codes de<br />

l’amour courtois par la trahison du roi, pour l’amour d’Yseut.<br />

On peut penser enfin que la fin’amor est surtout une vision littéraire.<br />

• Suzerains et Vassaux<br />

1. La vassalité<br />

La vassalité résulte d’un contrat par lequel un homme, le vassal, devient dépendant d’un autre<br />

homme, le seigneur. Cet engagement engendre des obligations de part et d’autre. Ce contrat est un<br />

contrat archaïque, ce qui implique qu’il est formaliste et oral. C’est donc un véritable rite, excellent<br />

moyen d’en conserver le souvenir, l’écrit n’étant qu’accessoire à l’époque.<br />

a) Les services<br />

Le fonctionnement normal des institutions prévoit que le vassal rende à son suzerain «le<br />

service de conseil ». En certaines grandes occasions, en dehors des assemblées de justice, il se rend<br />

à sa «cour » pour y faire entendre sa voix au milieu des intérêts de son seigneur.<br />

C’est le cas dans Tristan et Yseut, lorsque le roi Marc reçoit la lettre d’Ogrin et doit prendre<br />

une décision capitale pour lui-même et pour son royaume : « Seigneurs, on m’a remis la lettre que<br />

voici. Je suis votre roi, vous êtes mes vassaux. Qu’on lise la lettre, écoutez-la et quand on aura fini<br />

la lecture du message, donnez-moi votre avis, je vous le demande. C’est votre devoir que de me<br />

donner conseil ». C’est une obligation à laquelle nul ne saurait se soustraire et qui exclut toute prise<br />

en considération d’intérêts particuliers : « Quiconque donne un mauvais conseil à son seigneur<br />

légitime commet le plus grave des crimes ». C’est dire à quel point Tristan a été traître envers son<br />

roi en préservant sa liaison avec Yseut et en déformant la vérité dans la missive rédigée par Ogrin.<br />

La préparation de la scène du flagrant délit fait bien apparaître les entorses que Tristan fait subir aux<br />

valeurs féodales. Bien qu’animés par la jalousie et la haine, les barons respectent le droit, alors que<br />

Tristan est, lui, le vrai félon qui manque à son service. Tristan bafoue des valeurs essentielles ; il<br />

profite de sa supériorité dans un autre service dû au suzerain, le «service d’aide », qui s’exerce dans<br />

le domaine militaire. En rappelant régulièrement les exploits passés du héros, et notamment son<br />

combat victorieux contre le Morholt, Béroul assure au lecteur une bonne compréhension du récit ; il<br />

souligne aussi l’exceptionnelle vaillance de Tristan, qui peut à tout moment se transformer en baron<br />

révolté, qui ne trouve personne pour se mesurer à lui en duel judiciaire et qui inspire une telle<br />

crainte que personne n’ose plus fréquenter la forêt où il s’est réfugié. Le service d’aide appliqué à la


guerre est pour lui un argument non négligeable dans son espoir de voir Marc accepter la restitution<br />

d’Yseut. Le service d’aide à la guerre lui sert donc à mieux masquer sa félonie, sa trahison vis-à-vis<br />

de Marc, dont il prend la femme. La passion atteint donc la morale, aussi bien publique que privée.<br />

b) Déroulement<br />

*L’hommage<br />

Le vassal, généralement à genoux, met ses<br />

mains dans celles du seigneur qui est debout et dit :<br />

« Je deviens votre homme ». Le seigneur répond :<br />

« Je vous reçois et prends à homme ». Il y a parfois<br />

un rite supplémentaire qui va créer une affinité<br />

encore plus étroite : le seigneur, en relevant le vassal,<br />

le baise sur la bouche. C’est l’osculum. Ici se terminait<br />

le rite mérovingien, qui ne comprenait aucune partie<br />

religieuse.<br />

*Le serment de fidélité<br />

Le vassal s’est relevé et la main sur les livres saints ou une châsse contenant des reliques, il<br />

prête serment d’être fidèle à son seigneur : il lui jure foi et sûreté. Ce serment de valeur religieuse,<br />

s’il était violé, ferait du vassal un parjure soumis aux peines ecclésiastiques. De plus, ce rite<br />

implique que les deux participants soient chrétiens.<br />

Dans Lancelot, la reine Guenièvre couche dans la même chambre que le sénéchal qui la<br />

garantit contre Méléagant. Mais leurs chambres respectives sont séparées par des tentures ornant les<br />

murs et constituant un luxe seigneurial, mais servant aussi à délimiter des espaces plus intimes à<br />

l’intérieur d’une grande salle. Cependant, on retrouve des tâches de sang sur la courtepointe de la<br />

reine ; le sénéchal Keu souffrant de maintes blessures est accusé d’avoir partagé le lit de celle-ci.<br />

Lancelot, pour contredire les accusations de Méléagant, doit vaincre celui-ci lors d’un duel<br />

mais avant cela, ils doivent prêter serment. Le serment est un acte juridique essentiel des institutions<br />

médiévales : le vassal jure fidélité à son suzerain lors de l’hommage, le clerc prononce des vœux<br />

solennels lors de sa profession de foi, et le bourgeois fait serment à la commune, s’engageant ainsi à<br />

payer les impôts et à participer aux dépenses militaires de la ville. Mais le serment, constituant une<br />

preuve car il engage le salut de l’âme du jureur, on recourt au serment purgatoire pour se disculper<br />

d’une accusation. Le serment de Lancelot rappelle, par son habileté à jouer sur les termes, le<br />

serment ambigu prêté par Yseut, pour se lever de l’accusation d’adultère.<br />

Lors de la cérémonie au cours de laquelle il lui rend hommage, le vassal se reconnaît<br />

«l’homme » du suzerain, par divers rituels comme le baiser d’engagement : ce baiser est aussi<br />

significatif dans le roman car il marque la séparation entre Tristan et Yseut, comme pour insister sur<br />

le fait que les rapports féodaux entre Marc et son neveu ont été violés par les amants.<br />

Le vassal s’engage ainsi à obéir à son suzerain, à le servir loyalement, à lui être toujours<br />

fidèle et à ne lui nuire en aucune manière ; en échange, le suzerain protège son vassal. Apparaissent<br />

ainsi des liens personnels très forts que reconnaît Tristan dans sa lettre au roi : « Mon seigneur que<br />

j’aime de réelle amitié ». Mais Tristan a trahi ces liens et se conduit ainsi en «félon », puisqu’il<br />

rompt le lien vassalique ; là encore, il semble que la passion des deux amants soit plus dévastatrice<br />

et que tout l’ordre social soit bouleversé.<br />

c) Les obligations<br />

*De l’hommage<br />

Pour le seigneur, il s’agissait de protéger et soutenir le vassal ; pour le vassal servir le<br />

seigneur. Ces expressions ont une portée bien plus morale que juridique. Dans les faits, un vassal<br />

est devenu l’homme de son seigneur, il le sert de tout son corps, de toute son âme, de toute sa<br />

générosité. En contrepartie, le seigneur fait vivre le vassal : à l’origine, en l’accueillant chez lui, en


le nourrissant et en le" vêtissant "; plus tard, en lui donnant un fief. Ce dernier a beaucoup contribué<br />

à faire évoluer les choses. En effet, il a accru, chez le vassal, le sentiment d’intérêt et il a également<br />

éloigné les deux protagonistes, ceux-ci ne vivant plus sous le même toit. D’où le serment de fidélité<br />

venu combattre ces tendances au relâchement.<br />

*Du serment de fidélité<br />

En 1020, l’évêque Fulbert de Chartres écrit au duc Guillaume d’Aquitaine : « Celui qui jure<br />

fidélité à son seigneur doit toujours avoir à l’esprit les choses suivantes : qu’il ne doit pas causer<br />

de dommages à la personne de son seigneur ; qu’il ne doit pas nuire non plus à son trésor ou à ses<br />

châteaux forts, à sa justicia – c’est à dire ses droits de la puissance publique – également à ses<br />

possessions et à ses domaines. Le vassal ne doit pas rendre difficile à son seigneur le bien que<br />

celui-ci pourrait aisément faire, ni lui rendre impossible celui qui lui eût été possible. Le seigneur<br />

doit en toutes choses, rendre la pareille à son vassal, sous peine d’être à bon droit taxé de mauvaise<br />

foi ».<br />

2. Le fief<br />

Le fief est souvent une terre mais, dans la seconde moitié du XIème siècle, des seigneurs se sont<br />

mis à concéder en fiefs, des rentes, c’est à dire le droit de percevoir annuellement un revenu fixe.<br />

*L’aide du vassal<br />

Elle est militaire ou pécuniaire. L’aide militaire est essentielle : le monde des seigneurs est un<br />

monde de combattants. Elle consiste d’abord en un service de garde au château ou les vassaux des<br />

châtelains encadrent les hommes de la poesté tenus d’y monter la garde. Mais le service majeur est<br />

celui «d’ost et de chevauchée » que le vassal acquitte – le mot l’indique – en combattant à cheval.<br />

Le service d’ost et de chevauchée a été limité : une règle coutumière prévaut au XIIe siècle<br />

d’après laquelle l’ost ne saurait durer plus de quarante jours de suite. Cette règle était favorisée par<br />

l’Eglise et par la royauté, soucieuses d’ordre et hostiles aux guerres seigneuriales.<br />

L’aide militaire est graduée quant à l’importance du fief. Il y a d’abord, au <strong>degré</strong> mineur, les<br />

fiefs de chevaliers – au sens restreint du mot – ou fiefs de haubert, ainsi nommés parce que le<br />

chevalier arrive seul avec son armure ou haubert. Puis, les fiefs de châtelains, de barons, de<br />

vicomtes, de comtes dont les titulaires sont tenus de venir, non plus seuls mais avec un nombre de<br />

suivants qui croît avec la dignité. C’est par ces catégories de fiefs, fondées sur l’aide militaire, que<br />

l’on est arrivé à établir une hiérarchie de dignités nobiliaires.<br />

L’aide est également pécuniaire. Le vassal doit aider son seigneur, selon l’importance de son<br />

fief, dans certaines circonstances de la vie du seigneur justifiant un soutien ou un cadeau (on<br />

retrouve là le lien affectif des débuts). Il contribue ainsi au paiement de la rançon si le seigneur est<br />

fait prisonnier, au paiement de l’armure du fils aîné armé chevalier, au mariage de la fille aînée ; à<br />

la fin du XIe siècle, il finance également le départ du seigneur pour la croisade. La coutume s’est<br />

finalement limitée à ces quatre cas.<br />

Perceval laisse apparaître les conflits seigneuriaux et les relations de rivalité et d’aide.<br />

*Le conseil<br />

Le vassal doit conseiller son seigneur, cette obligation consistant essentiellement à siéger à la<br />

cour du seigneur, à lui «faire sa cour ». Si le seigneur les convoque, les vassaux sont tenus d’y<br />

assister. D’extrêmes variations ont existé quant à l’application de ce principe, aussi bien au travers<br />

des temps que suivant l’importance des seigneurs<br />

Le rôle de la cour est double : elle conseille le seigneur et elle juge. La cour doit conseiller le<br />

seigneur sur toutes les questions que ce dernier lui soumet. En fait, cela dépend, de nouveau,<br />

beaucoup de l’importance du seigneur. Dans les cas de rois ou de princes territoriaux, la cour


conseille d’office en matière de politique, d’octroi de diplômes … Lorsque les vassaux sont ainsi<br />

près du seigneur, ils constituent une cour ; entre eux, ils sont sur un pied d’égalité, ils sont pairs.<br />

La justice féodale s’oppose à la justice seigneuriale. Cette dernière s’applique aux hommes de<br />

la poesté. Sa nature est plutôt publique. La justice féodale est née du contrat vassalique. La cour<br />

féodale est compétente pour toucher tout ce qui touche au fief, à la qualité de vassal, aux obligations<br />

réciproques du vassal et du seigneur, aux manquements à ces obligations.<br />

On voit se réunir les Chevaliers de la Table Ronde dans Perceval ou le roman du Graal ainsi<br />

que dans Lancelot.<br />

3. Les sanctions<br />

Au profit du vassal, on a organisé la procédure de désaveu. Le vassal saisit le seigneur de son<br />

seigneur, son suzerain. Il, désavoue son seigneur. Celui-ci est jugé par ses propres pairs. S’il est<br />

condamné, il devient le vassal direct de son suzerain, tout en gardant le fief puisqu’il n’est pas<br />

fautif. Au profit du seigneur, lorsque le vassal n’a pas exécuté ses obligations, une procédure a été<br />

organisée de saisie temporaire et surtout de confiscation, la commise. L’affaire se jugeait à nouveau<br />

devant la cour féodale.<br />

4. Les paysans ou vilains<br />

A l’origine, le vilain est l’habitant de la villa, c’est à dire de la grande propriété foncière de<br />

l’époque carolingienne, devenue bien souvent par la suite le noyau des villages. Bien que méprisé<br />

dans la littérature courtoise, il incarnait cependant au Moyen Age, aux côtés du roi Salomon et du<br />

philosophe Sénèque, un des visages de la sagesse, aussi lui attribuait-on la création de proverbes qui<br />

furent collectionnés dans un recueil anonyme du XIIe siècle intitulé Proverbes au vilain.<br />

Lancelot, enfermé dans une haute tour ayant pour seule ouverture une fenêtre dont il ne peut<br />

s’échapper et se croyant abandonné par son ami Gauvain, cite un proverbe de vilain : « Le vilain a<br />

raison de dire qu’il est difficile de trouver un ami ; on peut facilement vérifier quand on en a besoin<br />

qui est un véritable ami ».<br />

Si Perceval rend visite aux paysans et herseurs, au début du roman, ces derniers disparaissent<br />

de l’œuvre et sont peu présents dans une littérature courtoise chevaleresque et aristocratique.<br />

• L’Eglise<br />

Les clercs, prêtres et moines et leurs chefs, évêques et abbés constituaient dans la société<br />

d’alors, un ordre à part. Les moines et les abbés formaient le clergé régulier, celui qui vivait en<br />

communautés sous l’autorité d’une règle. Les prêtres et les évêques formaient le clergé séculier,<br />

ainsi appelé parce qu’il vivait dans siècle, c’est à dire mêlé à la société laïque dont ils étaient les<br />

pasteurs spirituels.<br />

Lancelot, qui incarne le rôle du parfait chevalier est aussi un exemple de bon chrétien car au<br />

début du récit, rencontrant une église, «n’étant ni vilain ni sot, le chevalier est entré dans l’église<br />

pour prier Dieu ».<br />

Chrétien de Troyes met alors en scène un vieux moine ermite qui n’a pour rôle que de donner<br />

quelques informations à Lancelot, anticipant les faits qui suivront. Même si les fonctions de l’Eglise<br />

ne sont pas clairement délimitées dans le roman, il règne une atmosphère pieuse et bienveillante,<br />

notamment lorsqu’on se recommande à Dieu et à tous les saints.<br />

1. L’action de l’Eglise sur la société féodale


Gardienne du dogme et de la morale, dispensatrice des sacrements, l’Eglise s’efforça, avec les<br />

moyens dont elle disposait d’agir sur la société féodale pour en tempérer les violences et y faire<br />

régner les principes chrétiens d’ordre et de paix. Elle s’appliqua à inspirer aux chevaliers un nouvel<br />

idéal. Elle fit de l’entrée dans la chevalerie une cérémonie d’un caractère religieux et moral. On ne<br />

demandait auparavant au chevalier d’être preux, c’est à dire brave et loyal. Elle ajouta à ses devoirs<br />

la générosité envers les faibles et en bénissant ses armes, l’invita à les employer à la défense de<br />

l’Eglise et de ceux qu’elle protégeait spécialement. Elle s’attaqua d’autre part, au fléau des guerres<br />

privées. Elle s’efforça, sinon de les faire entièrement disparaître, du moins de les restreindre, quant<br />

aux temps et aux personnages. Elle institua au XIe siècle, d’abord la paix de Dieu puis la trève de<br />

Dieu. La première avait pour but de soustraire aux violences féodales, les clercs, les paysans, les<br />

marchands ; la seconde de restreindre le temps pendant lequel, dans l’année, la guerre serait<br />

permise. Il était interdit de se battre les jours de fêtes et les dimanches pendant tout l’Avent et tout<br />

le Carême, et, chaque semaine du mercredi soir au lundi matin : la guerre était ainsi réduite à un<br />

tiers environ de l’année.<br />

C’étaient des intentions grandement louables et dont il est juste de faire honneur à l’Eglise.<br />

Mais ce serait se faire illusion que de croire quelles soient devenues intégralement et partout des<br />

réalités. L’Eglise, malgré ses efforts, n’est pas parvenue à supprimer radicalement les guerres<br />

féodales. La royauté seule y parviendra quant elle sera devenue plus puissante.<br />

Dans Yvain, le chevalier au lion , lors de l’enterrement du défunt époux de Laudine, la<br />

procession est assurée par l’Eglise chrétienne : « L’eau bénite, les croix, les cierges ouvraient le<br />

cortège avec les dames d’un couvent ; ensuite, venaient les livres saints, les thuriféraires et les<br />

clercs chargés de procurer les bienfaits suprêmes, consolation de l’âme affligée ».<br />

La présence d’un ermite dans Tristan et Yseut rappelle l’importance des ordres monastiques<br />

au Moyen Age.<br />

*Le calendrier liturgique<br />

Yvain qui veut donc aller en quête de nouvelles batailles, pour satisfaire sa vaillance se voit<br />

dans l’obligation de revenir auprès de Laudine, désormais son épouse, à l’octave de la Saint-Jean,<br />

ce qui correspond à la durée d’un an.<br />

Les grandes dates du calendrier liturgiques (Noël, Pâques, Pentecôte, Saint-Jean…)<br />

comportaient une prolongation festive de toute une semaine. Le huitième jour constituait le jour<br />

octave.<br />

Symboliquement, l’Eglise qui n’appréciait guère que les hommes s’affrontent – parfois sans<br />

intérêt – lors des tournois, lorsqu’il ne fallait pas défendre les intérêts de celle-ci lors des croisades,<br />

donc participe au fait que le chevalier ne reviendra pas à la date prévue.<br />

Perceval rencontre une procession semblable au jour d’Ascension ou à un dimanche. Il y<br />

avait «des moines coiffés de leur chape de soie toutes les nonnes sous leurs voiles ». Le même texte<br />

mentionne aussi le Vendredi Saint où on droit «adorer la croix ».<br />

2. L’action de la société féodale sur l’Eglise<br />

Si l’Eglise, suivant sa mission, s’efforça d’agir sur la société ; la société, comme il était<br />

inévitable, réagit sur l’Eglise. Ses dignitaires entrèrent dans la hiérarchie féodale. Ses membres et<br />

particulièrement les évêques et les prêtres se laissaient envahir par ce qu’on appelait «l’’esprit du<br />

siècle » et prirent les mœurs de la société à laquelle ils étaient mêlés.<br />

3. Les dignitaires ecclésiastiques devenus des dignitaires féodaux<br />

Les évêques et les abbés étaient propriétaires non en leur nom personnel mais au titre de leur<br />

église ou de leur monastère de domaines étendus. De ce fait, ils étaient devenus des seigneurs


féodaux, ayant suzerains et vassaux soumis aux même pouvoirs que les seigneurs laïcs. Les choses<br />

en étaient arrivées à ce point que leur caractère de dignitaires ecclésiastiques tendait à s’effacer<br />

derrière leur caractère de seigneur féodal et semblait n’en être plus que l’accessoire. C’était du<br />

prince son suzerain, que l’évêque ou l’abbé recevait simultanément la double investiture, celle qui<br />

faisait de lui le chef temporel d’une seigneurie et celle qui faisait de lui le chef spirituel d’une église<br />

ou d’une communauté.<br />

• La femme au Moyen Age<br />

paraît imposant.<br />

Quel beau titre que la «femme au Moyen Age » mais il n’est pas tout<br />

à fait véridique. « La femme au Moyen Age vue par les hommes »<br />

conviendrait mieux. En effet, que savons-nous de la femme à cette<br />

époque ? Ce qu’en disent les hommes de l’époque. La vérité est donc<br />

un peu déformée. Nous savons que juridiquement, elle est inférieure<br />

à l’homme et que l’Eglise la considère comme à l’origine du péché.<br />

Mais est-elle pour autant malheureuse ?<br />

On voit sur l’image ci-contre que la femme est considérée comme<br />

inférieure à l’homme car elle est beaucoup plus mince que lui qui<br />

Quand la femme est l’épouse d’un paysan, elle l’aide à la ferme. Elle nourrit la basse-cour,<br />

trait les vaches, traite le lin, le chanvre, retourne et met en meule foin, écrase le raisin, tond les<br />

moutons, file la laine, fume et sale le porc, lave le linge, … Parfois même, elle arrache les<br />

betteraves. Cette existence apparaît à travers la littérature populaire du Moyen Age (Farce et<br />

Fabliaux).<br />

Les femmes épouses de nobles bourgeois les aident dans leur commerce. Les femmes pauvres<br />

travaillent chez les seigneurs ou, plus simplement, s’emploient comme servantes chez les nobles,<br />

travaillent chez des artisans. Elles travaillaient dans des corporations de barbiers, charpentiers<br />

tailleurs…avec des hommes et dans des corporations spécifiquement féminines de couture et<br />

dentelles. Peu à peu, hommes et femmes commencent à travailler chez eux. Des commerçants leur<br />

apportent le matériel. La place des femmes dans l’artisanat est particulière. Elles ne travaillent pas<br />

comme main d’œuvre familiale, elles sont aussi dans les corporations et dans les branches<br />

d’activités non réglementées (ex : artisans indépendants ou salariés). Cela aura tendance à<br />

disparaître à la fin du Moyen Age.<br />

En ville, beaucoup de femmes s’essaient aux petits commerces de marchandises qu’elles font<br />

elles-mêmes, qu’elles achètent ou importent (pour les plus riches). Quant aux femmes qui sont<br />

entrées au couvent, elles n’échappent pas à la règles « Prie et travaille » et s’occupent des lépreux,<br />

des malades…<br />

Les femmes ont aussi, selon l’Eglise, un travail vis-à-vis de leur mari. Les jeunes filles ne<br />

choisissent pas leur époux. Ce sont leurs parents qui décident pour elles, parfois avant leur<br />

naissance. Les noces sont célébrées à sept ans minimum et le mariage à douze ans. Toutefois, la<br />

fille a d’après l’Eglise, le droit de refuser l’homme qu’on veut lui imposer pour époux.<br />

Il est interdit pas l’Eglise de se marier avec un(e) cousin(e) jusqu’au septième <strong>degré</strong>, ainsi que<br />

d’épouser une femme que son seigneur a déjà connue. L’Eglise a progressivement et avec<br />

difficultés, imposé ces règles pour le mariage protégeant la femme qui refuse le mariage. Une<br />

femme, surtout chez les nobles, ne peut quand même que très difficilement refuser un mariage ; un<br />

tel refus provoque le déshonneur de la famille. Selon les ecclésiastiques, le mariage doit être très<br />

pur, parce que, même béni par Dieu – la reproduction étant une conséquence du péché originel – il<br />

conserve une certaine dose de souillures. Une fois mariée, la femme élit domicile chez son époux et<br />

lui doit, selon l’Eglise, obéissance mais ceci n’est pas toujours respecté !


Quand une femme devient veuve, ce qui arrive parfois quelques années seulement après le<br />

mariage, le père a encore le droit de lui imposer un second mari. Dans certains cas, le veuve part au<br />

couvent.<br />

Hors mariage, les femmes n’ont pas le droit d’avoir de relations sexuelles, même si c’est avec<br />

leur promis. Les juges peuvent se montrer extrêmement sévères et une mère célibataire risque la<br />

mort.<br />

Le père de la mariée doit la doter : c’est une façon de subvenir à ses besoins. C’est<br />

généralement l’époux qui gère cette dot car il est responsable de sa femme ; toutefois, l’argent<br />

continue d’appartenir à la femme. Ainsi, les épouses nobles ont la possibilité d’acheter de nombreux<br />

meubles, bijoux, … et de faire des dons à des monastères (voire d’en fonder) avec leur propre bien.<br />

Les femmes ont aussi parfois des terres, reçues en héritage de leur père si elles n’ont pas de frère,<br />

dont elles s’occupent. Elles gèrent aussi les terres du mari quand il est loin. (cf. Perceval)<br />

Certaines pucelles (on les appelle ainsi les jeunes filles qui ne sont pas encore mariées) ne<br />

trouvent pas de mari. En effet, les nobles ne veulent pas marier tous leurs fils car cela les oblige,<br />

puisque l’épouse vient vivre chez son mari, à leur concéder des terres et une demeure. Les femmes<br />

ont un devoir envers leur mari : lui faire des enfants, de préférence des garçons. De très nombreuses<br />

femmes (1 sur 3) meurent à l’accouchement.<br />

Au Moyen Age, le divorce n’existe pas. Cependant, le mari peut répudier sa femme en<br />

invoquant des ancêtres communs à un <strong>degré</strong> plus faible que huit. C’est ce qui permet à l’homme soit<br />

d’épouser un meilleur parti, soit de se débarrasser d’une femme avec laquelle il n’a que des filles ou<br />

pas d’enfant du tout. A cette époque, ce sont toujours les femmes qui sont rendues responsables de<br />

ce genre de situation.<br />

C’est le cas de Louis VII qui répudie successivement Aliénor d’Aquitaine et Constance de<br />

Castille car elle ne lui donne que des filles.<br />

La situation des reines est particulière. En principe elles ne gouvernent pas. Elles ont la<br />

charge d’avoir des enfants, des garçons. Mais quand elles deviennent veuves avant la majorité de<br />

leurs 14 ans, elles assurent la plupart du temps la régence. Les reines peuvent aussi être régentes en<br />

l’absence du roi. Mais les difficultés sont nombreuses car le pouvoir d’une femme est mal accepté.<br />

Dans Yvain, le chevalier au lion , la présence des femmes en influe tout le déroulement.<br />

D’abord, la fée (ou dame) de la fontaine prodigue au jeune héros une consécration méritée. Ainsi,<br />

en l’épousant malgré le fait qu’il ait tué son mari, elle lui donne notamment un rang et une stature<br />

morales qui font d’Yvain une référence pour le monde chevaleresque, au lieu de simplement lui<br />

donner des terres et un domaine. (sauf qu’Yvain en est inconscient, se laissant d’abord orienter par<br />

un genre d’insensibilité, mais par la suite purifié de sa folie, il peut enfin acquérir cette grandeur<br />

d’âme et de cœur qui lui fit si cruellement défaut avant sa période «mélancolique »). Toutefois, la<br />

dame de la fontaine n’est pas la seule figure féminine de cet univers si délicieusement féerique.<br />

Ainsi, sa servante, Lunette, véritable double de la fée et ange gardien d’Yvain, dans les moments<br />

délicats – la réconciliation finale entre autres – sait lui donner de judicieux conseils. Il y a aussi<br />

d’autres dames ou demoiselles en détresse qui donneront l’occasion à Yvain de monter l’ampleur de<br />

ses beaux attributs de courage et de mesure.<br />

Pour le roman Perceval, Perceval et Gauvain, dans leurs quêtes, pour différentes qu’elles<br />

soient, tant dans leur motif que dans leur accomplissement, sont environnés de plusieurs types de<br />

figures féminines. Le Conte du Graal ne réserve pas une place prépondérante à une héroïne bien<br />

précise ; la multiplicité des visages féminins nous amène à penser que la femme tient toujours un<br />

rôle très important.<br />

Ce que l’on remarque dans les quatre œuvres, c’est l’idéalisation de la femme : elles sont<br />

toutes d’une beauté indéfinissable.


II. LES LIEUX: entre Histoire et légende<br />

Dans les œuvres, l’action se passe sur le royaume des deux Bretagnes. La Bretagne<br />

Armoricaine est actuellement le pays qui revendique le plus clairement le droit d’être considéré<br />

comme le haut lieu des aventures des Chevaliers de la Table Ronde. Pour le sens commun, cette<br />

revendication paraît évidente et ne suscite aucune réserve, tant la Bretagne fait figure de<br />

conservatoire de la civilisation celtique. Pourtant, cela ne résiste pas à l’analyse. S’il est vrai que la<br />

Bretagne participe pleinement au cycle du Graal, elle n’en est ni l’origine ni le lieu, même idéal où<br />

se déroulent les aventures racontées par les auteurs des XIIe et XIIIe siècles.<br />

Tout cela découle du fait qu’à partir du IVe siècle et jusque vers le XIIe siècle, il a existé<br />

entre la Bretagne Armoricaine et l’île de Bretagne,<br />

une authentique communauté ethnique, linguistique,<br />

religieuse et culturelle, voire même politique dans<br />

certains cas. Il est donc absolument normal de<br />

retrouver dans la péninsule certaines traditions qui sont<br />

propres à la Bretagne insulaire, de même que dans celles-ci<br />

se décèlent de nombreuses traces d’une influence<br />

armoricaine. Après tout, il y a peu de différence entre<br />

Britain et Britanny, et si les termes employés en français<br />

sont ambigus, c’est qu’il y a quelques raisons à cela.<br />

Jusqu’au XIe siècle, le gallois, le cornique et le breton armoricain étaient trois dialectes d’une<br />

langue unique, dérivée du brittonique ancien, groupe linguistique auquel appartenait le gaulois.<br />

*La forêt<br />

Dans Yvain, le chevalier au lion, Calogrenant raconte une aventure qui lui est arrivée dans<br />

la forêt de Brocéliande où de nombreuses actions auront lieu lors du conte de Chrétien de Troyes.<br />

A l’époque, la forêt de Brocéliande ou «forêt de Paimpont » en Ille-et-Vilaine, s’étendait<br />

depuis Monfort et Guichen, à l’Est jusqu’au-delà de Rostrenen à l’Ouest. Son premier nom fut<br />

Brecilien ou Brecillien et Brecheliant. Le poète anglo-normand Wace, qui la mentionne avant<br />

Chrétien, en parle dans son roman de Rou. "Brocéliande "sur laquelle les Bretons racontent bien des<br />

légendes est une grande et large forêt, très célèbre en Bretagne. Brocéliande semble être une forme<br />

réinventée par Chrétien de Troyes à partir d’une base bien plus ancienne.<br />

*Les châteaux<br />

Dès l’an mil, l’Europe était constamment sous l’attaque des Normands, des Arabes et des<br />

Hongrois. Les rois de l’époque ne pouvaient retenir les attaques avec seulement leurs armées. Alors,<br />

ils consignèrent des terres à des nobles qui couvriront le pays et le protégeront en cas d’attaque. Sur<br />

leurs terres, les nobles construisaient des tours en bois sur un terrain élevé entouré d’une douve. Si<br />

le terrain était plat, une motte était construite. Au fil des années alors que l’art du siège se<br />

développe, le château se développe aussi. Les châteaux offraient une bonne sécurité aux seigneurs,<br />

à leur armée et aux paysans pour plusieurs semaines ou mois lors d’une attaque. On comprend<br />

pourquoi les invasions majeures se concentraient sur les châteaux. Les sièges étaient plus communs<br />

qu’une bataille directe.<br />

Comment les châteaux forts et les méthodes de guerre s’adaptaient-ils aux sièges ?<br />

La meilleure défense d’un château restait sa position, sa forme et son dessin. Le site du<br />

château est important car des accidents géographiques formaient des barrières naturelles. La forme<br />

du château devenait plus importante lorsque l’artillerie s’améliorait. Des petits changements dans le<br />

dessin du château donnaient des avantages incroyables aux défenseurs (des murs d’enceinte rajoutés<br />

et la douve remplie d’eau).


Le site d’un château était toujours soigneusement choisi par les architectes. Le site idéal était<br />

sur le bord d’une falaise avec de l’eau derrière. Ainsi, du château, les sentinelles pouvaient voir une<br />

attaque venir de loin et avertir les troupes. De plus, les assaillants ne pouvaient attaquer que d’un<br />

côté.<br />

Dans Perceval, Gauvain voit un magnifique château qui a une part d’incroyable : « Un beau<br />

château de majestueuse ordonnance et d’apparence forte et riche. (…) Ce château est muré si<br />

fortement sur sa falaise que jamais telle forteresse ne frappa les yeux des vivants. Dans ce château,<br />

un grand palais est bâti sur le rocher brut et tout construit de marbre gros. (…) Du palais (…) Rien<br />

n’y fut bâti de tuffeau, mais les murs en étaient de marbre. Le plafond était une verrière si claire<br />

qu’en regardant bien, on voyait à travers ce verre tous ceux qui entraient au palais et dès qu’ils<br />

passaient la porte. Les murs étaient peints de couleurs les plus chères et les meilleures que l’on<br />

sache broyer et faire."<br />

III. Les éléments inventés par la littérature<br />

Le fonds légendaire et historique a été retravaillé par les auteurs selon l’imaginaire du<br />

Moyen Age et selon leur imaginaire.<br />

La charrette d’infamie.<br />

Lancelot se retrouve confronté à un dilemme : alors qu’il n’a plus de cheval pour aller à la<br />

recherche de la reine, un nain se trouve là avec une charrette qui constitue une infamie. En effet, la<br />

nature du supplice attaché à la charrette demeure mystérieuse. Il ne s’agit pas d’un supplice<br />

physique mais d’une dégradation publique et symbolique de l’individu qui y est exposé. Avec la<br />

charrette, apparaît le thème de la honte, fondamental pour le sens du roman : l’amour plus fort que<br />

la honte.<br />

Le rituel de conjuration relève la nature maléfique de la charrette, annonciatrice de la mort<br />

dans les légendes bretonnes.<br />

La folie de Lancelot.<br />

A vrai dire, la folie apparaît aussi dans d’autres récits du Moyen Age. Elle n’est donc pas<br />

propre à ce roman de Chrétien de Troyes, mais semble plutôt un passage obligé attendu par les<br />

lecteurs. Lancelot sombre plusieurs fois dans une folie proche de celle d’Yvain, lui aussi par<br />

amour : « Le chevalier à la charrette songe en homme qui n’a ni force ni défense envers Amour qui<br />

le gouverne. Il s’en oublie lui-même, ne sait s’il est ou s’il n’est point. De son nom, il ne lui<br />

souvient. Ne sait s’il est armé ou non. Ne sait où il va, d’où il vient. De rien il ne lui souvient, lors<br />

d’une chose, une seule chose et pour elle il a mis en oubli toutes les autres. A celle-là seule, il pense<br />

tant qu’il ne voit rien ni entend ».<br />

Pour représenter le conflit intérieur qui agite l’âme du héros, l’auteur a recours à des<br />

personnifications de sentiments comme Amour ou de faculté comme Raison. Ce procédé stylistique<br />

qui confère parfois une tonalité allégorique à l’écriture de Chrétien de Troyes est un des modes<br />

d’écriture de la subjectivité au Moyen Age. Opposer Amour à Raison revient à placer l’amour du<br />

côté de la folie, ce qui est un lieu commun de la poésie d’amour des trouvères.<br />

L’épreuve du passage périlleux<br />

En route sur les traces de la reine, les chevaliers Gauvain et Lancelot (sur la charrette) sont<br />

conduits à un magnifique château par le nain. Au moment du coucher, la demoiselle maîtresse du


château, les conduit dans leur chambre où se trouvent trois lits, mais seulement deux sont à leur<br />

disposition, car le troisième, haut et plus long leur est interdit, ne l’ayant pas mérité. Cependant,<br />

Lancelot couche dans ce lit, et à minuit, des lattes du toit fondit la lance comme la foudre pointe en<br />

bas, sur le chevalier, menaçant de le clouer sur place par les flancs à la couverture, au drap blanc, au<br />

lit. Le feu prit à la couverture, au drap et à l’ensemble du lit. Mais le fer de la lance frôla le<br />

chevalier de côté en lui ôtant un peu de peau sans toutefois le blesser. Alors le chevalier s’est<br />

redressé : il éteint le feu, prend la lance et l’envoie au milieu de la salle, sans pour autant<br />

abandonner son lit ; puis il s’est recouché et s’est rendormi aussi tranquillement que la première<br />

fois.<br />

Le motif du lit périlleux se retrouve dans le conte du Graal : en s’asseyant sur le lit de la Merveille,<br />

Gauvain doit affronter une pluie de flèches que déclenche un mécanisme invisible. Le lit est donc le<br />

lieu d’une épreuve initiatique.<br />

De même, l’épreuve du passage périlleux est un motif de prédilection de l’aventure<br />

chevaleresque. Ainsi, pour arriver au royaume de Gorre, les deux chevaliers doivent franchir des<br />

obstacles. Gauvain se destine au Pont sous l’Eau dit Pont Immergé, «parce que ce pont passe entre<br />

deux eaux, à égale distance de la surface et du fond, avec ni plus ni moins d’eau de ce côté que de<br />

l’autre, et il n’y a qu’un pied et demi de large et autant en épaisseur ». Lancelot s’emploie au Pont<br />

de l’Epée appelé ainsi car il est tranchant comme l ‘épée, mais ce pont est le plus périlleux, en effet<br />

personne ne l’a jamais franchi.<br />

Femmes / mystères<br />

Sur le chemin de son errance, Lancelot rencontre des demoiselles qui le guident, lui apportent<br />

l’aide ou au contraire le mettent à l’épreuve. Anonymes et dotées d’un savoir qui fait défaut au<br />

héros, ce sont des personnages féeriques qui semblent émaner de l’espace merveilleux de la forêt.<br />

Ainsi, même Guenièvre prend part à ce monde mystérieux, elle oublie sur la margelle d’une<br />

fontaine, un peigne d’ivoire qui retient entre ses dents quelques-uns de ses cheveux d’or. La<br />

fontaine, le pré et le cimetière sont des lieux pour atteindre les mystères de l’au-delà et de la mort.<br />

Disparue, enlevée au royaume de la mort, la reine acquiert la séduction mystérieuse des fées qui se<br />

peignent et se baignent au bord des eaux vives.<br />

Chrétien fait un clin d’œil aux croyances les plus fermement ancrées qui considèrent la<br />

femme comme une diablesse. On a la représentation de l’infernale Pucelle Hideuse dont le physique<br />

reflète bien son âme ; le dedans et le dehors sont à l’époque indissociables et c’est peut-être pour<br />

cela que les prénoms assignés à ces dames résument ce qu’elles sont. Chrétien fait appel à une<br />

myriade de symboles qui vont des noms d’animaux puants aux couleurs rouille et noir.<br />

Heureusement, d’autres demoiselles brillent par l’éclat de leur chevelure dorée et par la couleur<br />

blanche auréolée de vermeille de leur visage. Cette Blanchefleur, cet être "bellissant" trouve son<br />

contrepoint dans la partie consacrée à Gauvain avec sa sœur Clarissant, dont la beauté est une<br />

œuvre divine.<br />

Diables et démons.<br />

Un certain géant nommé Harpin rappelant le personnage mythologique du Minotaure, car il<br />

retient prisonnier quatre des six fils du châtelain (après avoir tué les deux autres) exige encore son<br />

unique fille, au total, on retrouve donc le chiffre sept, aux valeurs symboliques évidentes. Ce<br />

personnage et ses comparses dont le nain est le premier, réincarnent le mal s’opposant à la<br />

puissance bienfaisante et suprême de Dieu. En effet, dans la supplique de la nièce de Monseigneur<br />

Gauvain, au chevalier Yvain, elle évoque les entités célestes de Dieu comme «le miel et la douceur<br />

de la miséricorde » et aussi de Marie nommée «la reine glorieuse des vieux et des anges ». Alors<br />

que les partisans du géant («monstre de cruauté et de traîtrise », selon Yvain) sont définitivement<br />

représentés comme des créatures maléfiques. Le nain, physiquement, s’oppose à Harpin, mais d’une<br />

façon complémentaire, ils constituent tous deux un duo diabolique. Ainsi, le nain est en mesure<br />

d’accomplir des actes plus minutieux tels que lier les chevaux des quatre jeunes gens queue à<br />

queue ; dans cette précaution élémentaire, on peut soupçonner un acte magique de liage pour


ensorceler les bêtes et les hommes. (D’ailleurs, le folklore européen a gardé le souvenir de créatures<br />

féeriques qui tressent les crinières des chevaux pendant la nuit et les rendent définitivement<br />

inextricables). Dans les récits arthuriens, le nain est toujours une créature diabolique habitée par la<br />

ruse et la félonie. Personnage généralement associé à l’autre monde, le nain est détenteur d’une<br />

science redoutable qui confine souvent à la magie. Quant au géant Harpin, il se limite à suspendre<br />

un pieu à son cou pour frapper les chevaliers. Ce dernier destine la nièce de Gauvain à ses valets<br />

pouilleux pour la prostituer ; cette absence de courtoisie rappelle l’épisode d’Yseut et des lépreux.<br />

Le domaine du merveilleux<br />

Yvain va quérir la merveille dans la forêt de Brocéliande après avoir entendu le récit de<br />

Calogrenant. Le fait de verser un jeu sur la dalle de cette fontaine déclenche une tempête<br />

prodigieuse. Puis, une nuée d’oiseaux paradisiaques juchés sur un magnifique pin, fait entendre des<br />

mélodies parfaitement harmonieuses.<br />

Après avoir erré pendant quinze jours, Perceval voit un enfant dans un arbre : « Perceval le<br />

voyait monter et disparaître et il était tout ébahi de cette vision extraordinaire ». Mais ce n’est pas<br />

fini. C’est l’épisode du Mont Douloureux avec la colonne magique qui rend tous les chevaliers fous,<br />

sauf celui qui est le meilleur de tous, ce Mont a des pouvoirs magiques. Puis reprend sa route et… :<br />

« il vit un arbre au loin qui brillait au milieu de sa voie de plus de dix mille chandelles. Chaque<br />

branche emportait dix, quinze, vingt ou trente. Il se hâta vers cet arbre bizarre, mais plus il<br />

avançait et moins il y voyait la clarté si bien qu’arrivé tout auprès, il n’y voit chandelle ni<br />

flamme ». Après ceci, alors qu’il était dans une chapelle où gisait un chevalier, il vit une main noire<br />

tordant la flamme de l’unique cierge qui éclairait le lieu. C' est en fait le Démon. On trouve alors un<br />

symbole, la couleur noire du mal.<br />

Un mythe littéraire est un récit venu de la nuit des temps qui explique grâce aux actions<br />

d’êtres dotés de pouvoirs divins ou surnaturels, l’apparition d’une réalité humaine et fondamentale.<br />

Au sens restreint, un mythe littéraire tire son origine d’un texte précis, dans le cas de Tristan et<br />

Yseut, d’un ensemble de textes qui enrichit le fonds culturel d’une civilisation par la création d’un<br />

personnage si prestigieux que sa figure se perpétue au fil du temps.<br />

Dans Tristan et Yseut, nous trouvons des éléments inventés : tout d’abord les personnages sont<br />

immortels et leur histoire s’achève sur leur réintroduction dans le cycle végétal. De plus, nous avons<br />

des images telles que celles du nain et celle du Dieu complice. En effet, si l’Eglise représentée par<br />

les puissants condamne les deux amants, Dieu, lui, les protège.<br />

Pour Perceval ou le Roman du Graal, le Roman ayant été laissé inachevé, la signification du<br />

mythe reste énigmatique.<br />

Concernant le Graal, c’est certes un objet mystérieux mais nous ne pouvons rien avancer sur<br />

son existence<br />

Des parallèles avec le roman Lancelot :<br />

• Lunette donne un anneau magique à Yvain qui rend invisible, de même Lancelot possède un<br />

anneau aux effets magiques comparables<br />

• Au point médian du roman, Yvain rencontre le lion qui lui permet de connaître son identité<br />

(celle du «chevalier au lion »). De même, au point médian du Chevalier de la charrette,<br />

Guenièvre révèle le nom de Lancelot pour la première fois.


Conclusion<br />

Les œuvres que nous avons étudiées illustrent bien dans plusieurs domaines, l’organisation<br />

de la vie féodale mais présentent des passages imaginaires reposant sur des bases légendaires<br />

celtiques. Il s’installe alors une fusion entre les faits réels et imaginaires, réalisée par la littérature.<br />

Cette complémentarité confère au lecteur une meilleure compréhension de l’œuvre tout en lui<br />

donnant la possibilité de s’évader dans le rêve et l’imagination. Mais il est cependant difficile<br />

d’établir une frontière précise entre l’Histoire et la légende.<br />

A la même époque des historiens et chroniqueurs ont témoigné de différentes périodes et<br />

événements du Moyen Age .<br />

Les historiens du XXe siècle ont su aussi étudier cette période avec les outils de l’Histoire .<br />

Ainsi, l’Histoire et la littérature se complètent pour enrichir notre connaissance et notre imaginaire,<br />

notamment par le biais des livres, du cinéma, des bandes dessinées…<br />

Lexique<br />

Gonfanon : étendard de guerre à deux ou trois pointes.<br />

Pommeau : pièce arrondie à l’extrémité de la poignée d’un sabre, d’une épée.<br />

Sénéchal : officier chargé de gouverner la maison d’un prince.<br />

Thuriféraire : clerc qui porte l’encensoir.<br />

Bibliographie :<br />

Histoire de la civilisation française, George DUBY, Robert MANDROU<br />

Anthologie du Moyen Age<br />

Vivre au Moyen Age<br />

Histoire Géographie 5 ème<br />

Tristan et Iseut , BEROUL<br />

Lancelot ou le chevalier de la charrette, CHRETIEN DE TROYES<br />

Perceval ou le roman du Graal, CHRETIEN DE TROYES<br />

Yvain ou le chevalier au lion, CHRETIEN DE TROYES<br />

Internet :<br />

http://www. webencyclo.fr<br />

http://www. Medieval.Anotherlight.com<br />

http://www. Surlarouted’Avalon.fr

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