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N°3820 - DIMANCHE 3 JUIN 2012<br />
Les Touareg rejettent la fusion<br />
avec les islamistes au Mali<br />
Les dirigeants de la rébellion<br />
touarègue au Mali<br />
ont dénoncé vendredi le<br />
projet de fusion conclu il y a une<br />
semaine avec les islamistes du<br />
groupe Ansar Dine, qu’ils jugent<br />
contraire à leurs principes laïques. Le Mouvement<br />
national de libération de l’Azawad<br />
(MNLA) s’est emparé début avril du nord du<br />
Mali, où il souhaite créer un Etat indépendant,<br />
l’Azawad, avec l’appui d’Ansar Dine,<br />
allié d’al Qaïda au Maghreb islamique<br />
(Aqmi), et dont l’objectif est de faire appliquer<br />
la loi islamique (charia) dans l’ensemble du<br />
Mali.<br />
“Le bureau politique, l’aile exécutive du<br />
MNLA, confronté à l’intransigeance d’Ansar<br />
Dine sur l’application de la charia dans l’Azawad<br />
et conformément à ses principes résolument<br />
laïques, dénonce l’accord avec cette<br />
organisation et déclare toutes ses dispositions<br />
nulles et non avenues”, déclare Hama Ag Mahmoud,<br />
l’un des dirigeants du mouvement<br />
touareg, dans un communiqué diffusé au nom<br />
de l’ensemble de son organisation. On ignore<br />
cependant si cette déclaration représente la position<br />
officielle du MNLA. La fusion avec<br />
Ansar Dine a aussi été dénoncée dans un communiqué<br />
distinct par Magdi Ag Bohada, autre<br />
responsable de l’aile politique du MNLA.<br />
Un représentant d’Ansar Dine a déclaré à<br />
Reuters que l’accord était irrévocable. Il a estimé<br />
que ce rejet reflétait “l’opinion d’une<br />
poignée d’individus”.<br />
La confusion règne à la fois dans le nord du<br />
Mali depuis la décision du MNLA et dans le<br />
sud, à Bamako, qui se remet difficilement du<br />
coup d’Etat militaire du 22 mars qui a chassé<br />
du pouvoir le président Amadou Toumani<br />
Touré. Dans les chancelleries occidentales, on<br />
craint l’émergence d’un nouvel Etat “voyou” qui<br />
servirait de sanctuaire à des activités terroristes.<br />
Dans une lettre ouverte diffusée sur le site<br />
inter<strong>net</strong> berbère Tamazgha.fr, le directeur de la<br />
communication du MNLA Mossa Ag Attaher<br />
reconnaît “un malaise croissant” dans les rangs<br />
du mouvement, lié à une différence de culture<br />
entre ses militants de langue française et ceux<br />
de langue arabe. “L’application de la charia et<br />
l’arabisation de notre peuple sont une grave vi-<br />
olation de notre culture et de notre identité”, at-il<br />
dit. Aucun autre dirigeant du MNLA n’a pu<br />
être contacté. Mais un dirigeant militaire<br />
d’Ansar Dine, contacté par téléphone à Gao,<br />
dans le nord du Mali, a dit s’en tenir à l’accord.<br />
“L’accord signé par le MNLA et Ansar Dine est<br />
irrévocable.<br />
L’opinion d’une poignée d’individus au sein<br />
du MNLA ne peut mettre en doute ce rapprochement.<br />
Dans tous les cas, nous sommes<br />
la majorité qui contrôle les trois régions du<br />
nord du Mali”, a déclaré Oumar Ould Hamama<br />
à Reuters.<br />
Syrie: Berlin et Moscou misent sur une solution politique<br />
Angela Merkel et Vladimir Poutine<br />
partagent la même préoccupation<br />
au sujet de la Syrie : tout faire<br />
pour éviter une intervention militaire.<br />
Pour le président russe, reçu à<br />
la chancellerie à Berlin vendredi<br />
avant de se rendre à Paris, il s’agit<br />
d’éviter de perdre pied chez son<br />
dernier partenaire stratégique au<br />
Proche-Orient. En première ligne sur ce<br />
dossier, la chancelière allemande ne veut pas se<br />
retrouver marginalisée, comme ce fut le cas en<br />
mars 2011 lorsqu’elle avait laissé la main à son<br />
ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle:<br />
sous son impulsion, Berlin s’était abstenu<br />
lors du vote de la résolution 1973 du Conseil de<br />
sécurité de l’ONU autorisant le recours à la force<br />
contre le régime libyen de Mouammar Kadhafi.<br />
«Nous avons tous les deux exprimé notre conviction<br />
qu’il fallait trouver une solution politique» à<br />
la crise en Syrie, a déclaré la chancelière à l’issue<br />
de son entretien avec le président russe. «Le<br />
dernier massacre en date à Houla a démontré une<br />
fois de plus combien la situation humanitaire et<br />
des droits de l’homme était effroyable en Syrie», a<br />
ajouté Merkel jugeant quele plan Annan pouvait<br />
servir de «point de départ. Il faut tout faire au<br />
Conseil de sécurité de l’ONU pour que ce plan<br />
soit mis en œuvre». Excluant l’usage de la force,<br />
Poutine a insisté sur la nécessité «d’éviter une<br />
guerre civile en Syrie». Les propos de François<br />
Hollande, qui n’a pas exclu, mardi soir, une intervention<br />
armée à condition qu’elle soit approuvée<br />
par une résolution du Conseil de sécurité, ont<br />
plongé Berlin en état de choc. En mars 2011,<br />
Merkel s’était retrouvée isolée sur la scène internationale<br />
en se rangeant dans le camp des abstentionnistes<br />
aux côtés de la Russie et de la<br />
Chine. Les ambitions diplomatiques de l’Allemagne<br />
avaient essuyé un sérieux coup de frein,<br />
alors que la première puissance économique européenne<br />
avait montré son manque de maturité<br />
sur les questions de politique étrangère en se désolidarisant<br />
de ses alliés historiques.<br />
Merkel veut rester dans le jeu<br />
Berlin, qui pensait au moins en avoir fini avec<br />
l’activisme diplomatique de Nicolas Sarkozy, redoute<br />
un nouveau «cavalier seul» de la France et<br />
peine à cacher son exaspération après la sortie du<br />
président français. «Du point de vue du gouvernement<br />
allemand, il n’y a pas de raison de<br />
spéculer sur des options militaires au sujet de la<br />
situation en Syrie», a tranché Guido Westerwelle.<br />
Les principaux partis politiques allemands, y<br />
compris les alliés sociaux-démocrates de François<br />
Hollande, veulent à tout prix éviter le recours à la<br />
force en Syrie. Pour rester dans le jeu, Angela<br />
Merkel devra se montrer persuasive auprès de ses<br />
partenaires privilégiés à Moscou et Pékin, en les<br />
poussant à lâcher Bachar el-Assad. Si La Russie et<br />
la Chine persistent à bloquer toute sanction contre<br />
les autorités syriennes au Conseil de sécurité,<br />
l’influence de l’Allemagne sera de nouveau mise à<br />
mal. La chancelière espère que la légère inflexion<br />
dans le discours de Vladimir Poutine, vendredi à<br />
PRESSE<br />
La Voix de l’Oranie<br />
PAGE 15<br />
Berlin, sera un pas dans la bonne direction.<br />
Débat à l’ONU sur le massacre de Houla<br />
La haute-commissaire de l’ONU pour les<br />
Droits de l’homme, Navi Pillay, craint un «conflit<br />
total» en Syrie. Dans son discours d’ouverture<br />
d’une session spéciale du Conseil des droits de<br />
l’homme de l’ONU, Mme Pillay a également estimé<br />
que le massacre de Houla (108 morts le 25<br />
mai dont 49 enfants) «pourrait constituer un<br />
crime contre l’humanité». Le Conseil des droits<br />
de l’homme s’est réuni vendredi à Genève pour<br />
débattre d’une demande formulée par le Qatar, les<br />
États-Unis et la Turquie. Ces États souhaitent que<br />
la commission d’enquête internationale sur la<br />
Syrie , qui agit sous mandat du Conseil depuis<br />
août 2011, mène une «enquête spéciale» sur les<br />
événements de Houla. L’ambassadeur de Syrie à<br />
l’ONU, Fayçal Khabbaz Hamoui, a pour sa part<br />
accusé de 600 à 800 «terroristes» d’être responsables<br />
de la tuerie. Plusieurs personnalités ont<br />
partagé le pessimisme de Navi Pillay sur la suite<br />
du conflit. Pour le chef de la diplomatie britannique<br />
William Hague, qui s’est entretenu à Istanbul<br />
avec l’opposition syrienne et le secrétaire<br />
général de l’ONU, Ban Ki-moon, la Syrie est «au<br />
bord d’une guerre civile totale» et doit appliquer<br />
le plan Annan. Sur le terrain, comme chaque vendredi,<br />
de nombreuses manifestations ont eu lieu.<br />
On dénombrait 13 victimes, dont plusieurs près<br />
de Damas, ou les forces gouvernementales ont tiré<br />
sur les manifestants qui protestaient contre le<br />
massacre de Houla.<br />
Epidémie<br />
de cancers<br />
à l’horizon<br />
2030?<br />
Aujourd’hui déjà, les cancers sont la<br />
première cause de décès dans la plupart<br />
des pays riches. Or l’avenir ne laisse rien<br />
augurer de bon. Une prospective du Centre<br />
international de Recherche sur le<br />
Cancer (CIRC) de l’OMS à Lyon, prévoit<br />
en effet rien moins qu’une hausse<br />
moyenne de 75% d’ici 2030, de leur incidence<br />
dans le monde. Avec une progression<br />
encore plus spectaculaire dans les<br />
pays les moins favorisés. Dans les pays<br />
émergents par exemple, les cancers pourraient<br />
augmenter de 78% d’ici l’échéance.<br />
Ce chiffre concerne le Brésil, l’Inde et la<br />
Chine qui à eux trois, représentent la très<br />
vaste majorité de la population vivant<br />
dans les quatre pays connus comme les<br />
BRIC – Brésil, Russie, Inde, Chine.<br />
Quant aux pays en développement et<br />
ceux qui sont les moins favorisés, la progression<br />
de ces maladies pourrait y être<br />
de… 93%! «Tous ces pays devraient sans<br />
doute voir baisser le taux des cancers d’origine<br />
virale – comme le cancer du col de<br />
l’utérus. Toutefois, ils souffriront sans nul<br />
doute d’une augmentation substantielle<br />
des cancers associés au mode de vie « occidental<br />
». Il s’agit des cancers du sein, de<br />
la prostate et des cancers colorectaux»,<br />
souligne le Dr Freddie Bray, un des auteurs<br />
de l’étude publiée dans The Lancet<br />
Oncology.<br />
Le tabac menace tous les poumons<br />
du monde<br />
Deux cancers, ceux du sein et de la<br />
prostate, semblent devoir connaître une<br />
augmentation conséquente dans tous les<br />
pays. Et ceci quel qu’y soit le niveau de<br />
vie. L’incidence des cancers de l’estomac<br />
et du col de l’utérus pour sa part, devrait<br />
diminuer dans les pays en développement<br />
et les pays riches. Les programmes<br />
de vaccination et de dépistage précoce<br />
qui se développent dans ces deux<br />
groupes de pays, portent leurs fruits.<br />
Enfin l’incidence des cancers du poumon<br />
manifeste une tendance à la décroissance<br />
parmi les hommes des pays riches. Le<br />
nombre de cas féminins au contraire, devrait<br />
y augmenter dans les années à venir.<br />
« Dans les pays en développement et les<br />
pays les moins favorisés, le cancer du<br />
poumon pourrait devenir un des cancers<br />
les plus répandus si le tabagisme n’est pas<br />
contrôlé rapidement », prévient le Dr<br />
Bray.<br />
Les auteurs se sont fondés sur la base<br />
de données GLOBOCAN, développée<br />
par le CIRC.<br />
Leurs hypothèses concernant les<br />
changements dans l’incidence des différents<br />
cancers ont pu être établies au regard<br />
des évolutions démographiques et<br />
dans les modes de vie prévues dans les<br />
différents pays pris en compte.