DP FR (PDF) 09/03/06 - Fondation Cartier pour l'art contemporain ...

TADANORI YOKOO Du
la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente, pour la première fois hors du Japon,
une exposition consacrée aux peintures de l’artiste japonais Tadanori Yokoo.
Véritable figure d’avant-garde du design graphique dans les années 1960-1970,
Tadanori Yokoo (né en 1936) commence sa carrière dans la publicité et l’illustration et
acquiert rapidement une reconnaissance internationale. Jouant de styles d’époques différentes,
il développe un langage singulier, s’appropriant tout autant les éléments graphiques
de la culture japonaise classique que les références occidentales. Geishas, soleils levants,
pin up blondes ou vagues à la Hokusai font partie de ses motifs de prédilection. Yokoo crée
une imagerie de combinaison et d’accumulation d’une extrême diversité, basé sur la répétition
et l’emprunt, allant jusqu’à citer ses propres compositions.
En 1980, il rédige son «manifeste d’artiste», qui marque un
tournant dans son parcours. Il décide alors de restreindre
son travail de graphiste pour se consacrer principalement à
la peinture. Dans ses tableaux, il explore des thèmes issus
d’une mémoire personnelle et collective tels que la mort, la
guerre, la société, la vie, la spiritualité ou le rêve. Profondément
ancrés dans la culture de sa terre natale, ils reflètent
les préoccupations d’une civilisation partagée entre son
attachement aux traditions et l’essor de la modernité.
Créateur d’une véritable imagerie pop, Yokoo révèle mieux
que personne les mutations de la culture japonaise de
l’après-guerre.
Les peintures présentées à la Fondation Cartier ont été réalisées
entre 1965 et 2006. L’exposition propose tout d’abord
une importante sélection de peintures de la série rouge.
Évocation métaphorique de la mort, cette couleur y sonne
comme une obsession. Pour Yokoo, «Cette série d’œuvres
en rouge repose sur la constatation qu’un quotidien existe
au sein de la mort. Grâce au rouge, la mort gagne peu à peu
du terrain au cœur même de la vie: vie et mort finissent par
être aussi inséparables que la face et le revers d’une pièce de
monnaie.»* Sur fond de ciel étoilé, volcans, pyramides et
paysages urbains inachevés sont déconstruits, isolés ou
accompagnés de leur reflet, et associés à un surgissement
de sujets aussi inattendus qu’un crâne, une soucoupe
volante, un lion ou un train à vapeur. Dans la série rouge
*Entretien avec Tadanori Yokoo par Takayo Iida.
Extrait du catalogue de l’exposition.
4 mars au 28 mai 2006,
comme dans toutes les œuvres de l’exposition, chaque
élément ne trouve sa place dans la composition qu’à travers
les associations mentales qu’il entretient avec les autres,
obéissant à la seule subjectivité de l’artiste: «Il y a dans l’inconscient
une zone qui vient se fondre à la conscience. Si
l’on considère ces deux pôles en dehors des modes de
pensée modernes, alors il est vrai que la source de mon
inspiration est inconsciente, et archaïque.»*
Au-delà de la richesse du spectre des couleurs utilisées
par Yokoo, l’extraordinaire diversité stylistique de ses peintures
témoigne d’une œuvre en perpétuel renouvellement.
L’installation monumentale de 3700 cartes postales et un
tableau, qui sature un mur entier de l’exposition en un
immense collage, reprend les principes de composition
chers à l’artiste – emprunt, citation, répétition d’un motif
obsessionnel – tout en donnant une ampleur sans précédent
à la métaphore de l’écroulement particulièrement
récurrente dans son œuvre.
La sélection d’œuvres graphiques présentée sur la mezzanine
donne un bref aperçu des illustrations créées par Yokoo
entre 1965 et 1997. Réalisées pour des commanditaires
aussi variés que des musées, des théâtres, des maisons d’édition
ou des créateurs de mode, elles témoignent des liens
étroits entretenus par Yokoo avec des artistes comme Yukio
Mishima, Issey Miyake et plus récemment Naoki Takizawa.
Dans le cadre de l’exposition Tadanori Yokoo, les jeunes visiteurs
(à partir de 6 ans) sont invités à participer à des ateliers posters au
cours desquels il réaliseront leur propre composition graphique, les
mercredis 29 mars et 3 mai 2006 à 15h. Ils pourront également
participer à des ateliers de dessin et peinture pour découvrir les
toiles aux tonalités rouges de l’artiste, les mercredis 19 avril et
17 mai 2006 à 15h.