Le Bureau éphémère - Théâtre de Privas

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Imaginez un décor, une façon de mettre en scène cette pièce, et notamment le problème des cloisons, de la séparation spatiale entre la mère et le fils Comme pour les autres pièces, dites en quoi Sarah Fourage a respecté le cahier de charges imposé par cette commande : le diable ; les communications modernes ; le diable dans les communications modernes 22
« Sans la langue » Personnages : La mère, le bûcheron-boucher, le fils. Lieu : Une cuisine, peut-être. A l’intérieur d’une maison de plain-pied. 1. La mère, le bûcheron-boucher LE BUCHERON : Vous êtes la mère ? LA MERE : Je suis la mère. Je suis tellement… LE BUCHERON : Vous en faites pas. (temps) LA MERE : Maintenant vous avez vu. LE BUCHERON : J’ai vu. LA MERE : Quel est le diagnostic ? Vous ne dites peut-être pas « diagnostic » dans votre métier… LE BUCHERON : J’ai vu. LA MERE : Il y a pourtant du givre sur la fenêtre, on ne distingue pas très bien. LE BUCHERON : J’ai vu ce que j’avais à voir, mdame. La situation – urgent – mes outils - dans la fourgonnette. LA MERE : Urgent…Excusez-moi ça si longtemps…Pourriez-vous vous asseoir un instant ? LE BUCHERON : Prévenir mes coéquipiers – pas rester. On a un planning, mdame. LA MERE : Un planning, un timing, j’imagine. Un anglicisme, en fait. LE BUCHERON : Ouais… LA MERE : Mais moi j’ai tout mon temps. LE BUCHERON : Mmm mmm. LA MERE : Monsieur le bûcheron boucher, quand vous êtes arrivé, vous m’avez demandé, « avez-vous une prise électrique ? » et puis vous avez dit, « j’ai qu’une barre je capte pas ». Vous avez bien dit cela ? LE BUCHERON : La prise électrique, c’est pour la tronçonneuse, mdame. LA MERE : Est-ce que vous pensez vraiment qu’en plus de vivre à l’écart du village, je n’ai pas l’électricité ? Vous rendez-vous compte que les premiers mots que vous m’ayez donné à entendre sont totalement dépourvus de poésie ? « J’ai qu’une barre je capte pas ». La syntaxe ? En congé. Le vocabulaire ? Parti buller. « J’ai qu’une barre, je capte pas ». LE BUCHERON : Bon, je vais les chercher les outils ? LA MERE : J’ai beau être à la retraite, je n’oublierai jamais que j’ai passé trente ans de ma vie à apprendre à des enfants la différence entre le « è » de poulet et le « é » de pré. Je ne peux pas croire qu’un gaillard comme vous ait échappé à cet enseignement. « Bijou, chou caillou genou » ça vous dit quelque chose ? LE BUCHERON : « Hibou…joujou… » LA MERE : « Pou ». LE BUCHERON : Mdame, les outils… LA MERE : Dans la fourgonnette, oui. Mais le temps du client n’est-il pas le plus important ? Savez-vous que la valeur que l’on accorde à notre temps est l’exacte mesure de notre
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