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Le Bureau éphémère - Théâtre de Privas

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Noir. Lumière. Karl assis sur son sac. <strong>Le</strong>s journaux ont disparu. La pièce est vi<strong>de</strong>.<br />

Je me suis mis au régime, Sam : plus <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> ! plus <strong>de</strong> sucre ! plus <strong>de</strong> vin ! J'étais<br />

gras autrefois, un boeuf, vautré dans ma tourbe, invisible sous ma couche <strong>de</strong> poils...<br />

Ce tas va se remuer, maintenant, il va vivre ! Je me délivre <strong>de</strong> tout, regar<strong>de</strong>, j'ai vendu<br />

l'armoire, le coffre, toutes ces foutues caisses en bois ! Bon débarras. Je vis dans une<br />

pièce vi<strong>de</strong>. Je peux enfin prendre ma place, exister, sauter en l'air, même, tu vois ? Tu<br />

ne ris pas ? Oui, on peut vivre enfoncé dans une caisse en bois et on ne le sait pas,<br />

mais un jour, vient la lumière... Quelle chaleur ! Je sue. C'est la sécheresse. Non, c'est<br />

la mue ! Tu comprends, Sam ? Je ne peux pas t'expliquer. Je dois encore un peu<br />

grignoter les murs autour <strong>de</strong> moi, pour sortir, mais patience, chaque chose en son<br />

temps... Elle aussi vient à peine <strong>de</strong> naître. Je vais sentir sa légèreté glisser dans mes<br />

mains... Quelle joie ! Et toi Sam, tu ne réponds plus, es-tu là ? Sam, es-tu heureux ?<br />

ou seulement abruti <strong>de</strong> joie, la tête dans une caisse en bois ?<br />

Noir. Lumière.<br />

Monsieur le conseiller d'agence, je vous remercie <strong>de</strong> bien trouver dans cette lettre ma<br />

cinquième mensualité, avec toutes mes salutations dévouées. Karl Kraft.<br />

Elle n'est pas ce que tu crois, Sam, Elle est spéciale, tu ne peux pas l'imaginer...<br />

Chut ! C'est une surprise ! Ne t'inquiète pas. Ces choses se font, d'autres que moi...<br />

Je l'ai choisie, rien à faire. C'est un secret. Tu verras. Je sais ce que je fais, crois-moi.<br />

Noir. Lumière.<br />

Monsieur le conseiller d'agence, malgré mon retard pris sur le septième mois <strong>de</strong><br />

"Ma<strong>de</strong>moiselle A.", me voilà enfin prêt à vous payer. Voici votre chèque, avec toutes<br />

mes excuses, ma considération et mes profon<strong>de</strong>s salutations. Karl Kraft.<br />

L'été se termine. Encore 20 semaines à l'attendre. J'ai froid. <strong>Le</strong> vent souffle. Je vais<br />

regar<strong>de</strong>r tomber les feuilles, après, on verra. Embrasse bien ta femme pour moi.<br />

Noir. Lumière.<br />

Trois mois... seulement trois mois et je n'ai plus rien... Je n'ai même pas une porte,<br />

<strong>de</strong>rrière moi, pour m'enfuir... Je n'ai plus rien. Je suis en ruines. Je ris.<br />

Noir.<br />

"Un oranger sur le sol irlandais, on ne le verra jamais.<br />

Un jour <strong>de</strong> neige embaumé <strong>de</strong> lilas, jamais on ne le verra.<br />

Qu'est ce que ça peut faire ? Qu'est ce que ça peut faire ? Tu dors auprès <strong>de</strong> moi,<br />

Près <strong>de</strong> la rivière, où notre chaumière bat comme un coeur plein <strong>de</strong> joie."<br />

Lumière.

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