Consom'action N° 62 ( pdf , 1 Mo ) - Biocoop

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consom’action n°62
m a r s - a v r i l 2 0 1 2
dossier
› ROUGE FEMME,
HISTOIRE DE CYCLES
› dossier réalisé par LISE DOMINGUEZ
Dans le grand cycle de la vie s’en lovent des centaines. Certains plus
occultés que d’autres, tel le cycle des femmes. Et si l’on apportait un
nouvel éclairage sur le sang des lunes ?
Rouge
femme
histoire de cycles
Êtres humains, végétaux et animaux avons tous
une horloge biologique interne. Le rythme
circadien est le plus répandu. Il dure en
moyenne 24 heures autour desquelles nous
organisons notre vie. Il en existe d’autres, plus
rapides donc inférieurs à 24 heures, ou plus
lents. Là, le temps se mesure en semaines, mois, saisons et
années. Celui qui cadence le plus visiblement la vie d’une
femme est sans conteste le rythme mensuel de ses cycles.
Il marque l’entrée de la fille dans l’âge de la femme potentiellement
procréatrice et s’efface à la ménopause ou le
temps d’une grossesse, sujet non traité ici parce qu’il mérite
un dossier complet à lui seul. Ce temps des cycles en
suit également un autre, celui de la lune, 28 jours. Le délai
qu’il faut au satellite pour faire une rotation autour de la
terre. Le temps moyen des hormones de la femme, œstrogènes
et progestérones, pour achever un cycle menstruel…
Un temps tellement inscrit en nous que nous le remarquons
à peine. « Déjà ! », « Ça y est. », « Pas encore ? » Autant
d’exclamations intérieures qui ponctuent une vie, de
femme, de mère, un calendrier professionnel, de loisirs…
Elles passent souvent inaperçues, pourtant les règles, sauf
problème médical, sont là, toujours là. Quel sens sinon que
celui d’être en âge de procréer ? Essentiel pour les unes, superflu
pour les autres. Certains contraceptifs permettent
même aujourd’hui d’en être « libérées » quand et comme
on veut. Pour ne plus souffrir de syndrome prémenstruel.
Ne plus les subir car l’esprit qui souffle généralement sur
elles est celui d’une contrainte, utile certes mais encombrante,
à passer et à vivre sous silence et le plus vite possible.
La femme en parle rarement chaleureusement, positivement,
les accueille peu souvent avec joie et bonne
humeur… Certaines femmes et certains hommes, psychothérapeutes,
gynécologues, homéopathes, naturopathes,
essaient d’amener les femmes à poser un autre regard,
bienveillant, sur leurs rythmes féminins, leurs cycles,
leurs « époques ». Une nouvelle ère, une nouvelle Eve seraitelle
en train de voir le jour ? Des cercles de femmes réintroduisent
peu à peu la notion perdue de rite de passage,
d’un âge à un autre, d’un état de conscience à un autre et
libèrent la parole sur les lunes. Pour voir dans nos cycles audelà
du sang qui s’écoule, en percevoir peut-être même
pour certains(nes) la portée symbolique et sacrée. Et nous
aider à les accueillir et les traverser en conscience, à les accompagner
et en soulager les troubles avec des aides naturelles.
C’est le sens de ce dossier « Rouge femme ». .

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› ROUGE FEMME,
Au clair des lunes
Avoir ses affaires,
ses périodes,
être indisposée…
Un truc de femmes ?
dossier
HISTOIRE DE CYCLES
C’est souvent dans un sentiment de
tiraillement que la femme vit sa féminité
et la diversité de ses aspirations
», explique Monique Grande
dans son ouvrage Femmes qui se
réinventent. « Ses composantes énergétiques
rythmées par son cycle lunaire menstruel la
rendent successivement calme, centrée, puis
dynamique, communicative, ensuite aimante,
donnante, dévouée et dès la fin du cycle,
ardente, sauvage, tourmentée, instable
et fatiguée. La femme surfe continuellement
avec la multiplicité de ses élans intérieurs,
jusqu’à parfois détester sa propre mouvance :
la femme ne s’y retrouve pas. Elle ne se
convient pas. Et quand elle cherche à être
constante et linéaire, elle prend souvent le
risque de tourner le dos à sa vraie richesse.
Être autant de femmes intérieures que nous
sommes en réalité et se sentir réunifiée dans
notre principe féminin, voilà ce qui paraît
nous appeler. » Cette formatrice en relations
humaines qui anime des cercles de
parole de femmes remarque que depuis
des siècles, les règles des femmes ont occasionné
des attitudes de déni, de la part des
hommes, des religions. Voire des femmes
elles-mêmes et du corps médical aujourd’hui
? « La vie moderne nous éloigne
du ressenti, la conscience du corps s’endort.
Notre société prône une image de la femme
toujours performante, propre, parfaite et surtout
linéaire, c’est-à-dire sans cycle, sans
mouvance et sans vie intérieure. Les règles
sont en quelque sorte bafouées. » Or cette
période, poursuit-elle, invite au retrait, à un
temps de pause et de transformation qui
ramène dans la perception du corps, du
présent. Les règles offrent une formidable
occasion de lâcher tout ce que nous créons
d’inutile, de superflu, d’exigeant, de dur,
d’extérieur à la réalité de l’être. Les rites de
célébration des changements qui jalon-
naient les parcours de la vie des femmes et
des hommes (naissance, puberté, mort…)
ont été perdus, et avec eux, envolée la portée
symbolique de ces transformations.
Retour vers l’intérieur
« Actuellement, beaucoup de femmes sont
en demande d’harmonie avec leur cycle, explique
Olivier Soulier, gynécologue, homéopathe
et acupuncteur. Elles aspirent à
un respect profond de leur féminité. Il y a
dans le féminin quelque chose d’extraordinaire
que les hommes ne peuvent pas
connaître. Le cycle hormonal est un trésor du
féminin. Les hommes sont eux soumis à des
cycles hormonaux saisonniers, leur taux de
testostérone est variable dans l’année mais
ces variabilités ne sont pas aussi importantes
que celles des femmes. Cette mobilité fémi-
nine face à la stabilité masculine crée une
respiration pendant la vie de la femme et
une rencontre homme-femme plus facile,
car leurs désirs sont plus semblables, au moment
de la ménopause. »
Pour le médecin, la pilule, même si elle a libéré
la femme, l’éloigne de ses cycles et, en
la coupant de son ovulation, la prive de sa
connexion avec la pulsion de vie. Il observe
également que celles qui connaissent des
problèmes à la ménopause sont celles qui
ont pris des hormones avant l’arrêt de
leurs règles. « Éviter d’en prendre les années
précédant cette période est plutôt bénéfique
», indique-t-il, ajoutant que 50 % des
femmes suivies en médecine naturelle ne
subissent aucun des symptômes. « D’ailleurs
je ne considère pas la ménopause
comme une maladie, mais une période de
gloire pour la femme ! » .

dossier
› ROUGE FEMME,
HISTOIRE DE CYCLES
Camaïeu de rouge
Nature et naturel, les alliés de la femme
dans chacune de ses vies…
Rien n’oblige à instituer des rites à l’arrivée
ou la fin des règles de la femme mais pourquoi
ne pas y porter un nouveau regard,
une bienveillante attention en se les réappropriant
? Voici quelques clés.
Premières lunes
Le passage de l’enfance à la puberté s’accompagnera
davantage au niveau de la
sphère émotionnelle qu’avec une aide phytothérapeutique.
« Moins on intervient,
mieux c’est », indique la naturopathe Carole
Prost. Les fleurs de Bach seront alors
particulièrement bénéfiques. Crab Apple
(le pommier sauvage) aide à s’accepter tel
(le) qu’on est si l’adolescent(e) ressent une
honte vis-à-vis de son corps physique
changeant (acné, pilosité, seins qui poussent…).
Walnut (le noyer) est remarquable
lors des périodes de transformation :
« C’est la fleur de Bach qui peut le mieux accompagner
la femme dans tous ses changements,
de la puberté à la ménopause. » Cependant,
si réel blocage il y a, une aide
psychologique, après avoir vérifié le plan
médical, peut s’avérer utile car de nombreux
paramètres entrent en jeu, certains
pouvant même relever du transgénérationnel
(modèles vécus et transmis par des
liens psycho-généalogiques).
La sauge, qui aide à la circulation du sang,
lequel véhicule les hormones, est par excellence
une des plantes régulatrices du cycle
débutant, parfois douloureux. Si la naturo-
pathe ne conseille pas de prendre du soja en
complément alimentaire à l’adolescence,
elle ne voit aucune contre-indication à en
consommer comme n’importe quel autre
produit dans le cadre d’une alimentation
équilibrée. À surveiller, le sucre, le tabac et
l’alcool, trois ennemis de l’équilibre du cycle
féminin. «Le sucre aggrave les problèmes
prémenstruels, donc moins la femme en
mange, plus son cycle s’équilibre! La semaine
précédant les règles, elle peut aussi consommer
moins d’alcool et de graisses pour diminuer les
risques de syndrome prémenstruel (SPM) car
le cycle hormonal est perturbé par un organisme
“encrassé”.»
La fleur de l’âge
En cas de SPM persistant, les conseils de la
période de la puberté restent efficaces. La
prise de poids éphémère du syndrome pré-
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menstruel et celle plus durable de la ménopause
s’expliquant par l’augmentation
de la taille des cellules adipeuses stockant
l’énergie et piégeant l’eau dans le corps de
la femme, « il est utile de surveiller son alimentation
quelques jours avant l’arrivée des
règles en buvant des tisanes drainantes du
foie et stimulantes de la fonction rénale telles
que sauge, alchémille, achillée millefeuille »,
poursuit Carole Prost.
La prise de probiotique spécifique à la
sphère uro-génitale pourra être d’un bon
recours en cas de troubles affectant la flore
vaginale (mycoses, cystites à répétition).
Il s’agit alors de drainer utile en stimulant

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dossier
› ROUGE FEMME,
HISTOIRE DE CYCLES
le système urinaire avec de la tisane de
bruyère, de la reine des prés, en consommant
des aliments comme les baies rouges,
riches en polyphénols, antioxydants et à effet
antibacillaire.
Être « super femme sur tous les fronts » –
amante, femme, mère, professionnelle… –
peut s’avérer stressant et avoir des incidences
sur les menstruations, le sommeil, la
libido, l’équilibre général. « Le fait de prendre
des plantes en complément alimentaire
pendant une période de deux mois ou trois
soulagera l’organisme épuisé mais ne résoudra
rien. Le meilleur allié du stress de la
femme, ou de l’homme, reste le chemin vers
une meilleure hygiène de vie », ajoute-t-elle.
Le temps de la sagesse
Autre étape cruciale dans la vie d’une
femme, la baisse du taux de sécrétion des
hormones et l’arrêt des menstruations. Un
âge délicat pour de nombreuses femmes,
« CHAQUE FEMME
EST UNIQUE »
› ISABELLE COLLAS
« TELLEMENT AMUSANT »
souvent associé, dans nos sociétés occidentales,
à la perte de la féminité et de la
séduction physique, à la fin de la jeunesse…
Dans d’autres cultures, il est celui
de l’avènement de la femme sage qui peut
continuer à développer d’autres capacités
de création que celle de procréation. « En
général, la femme n’a pas de symptômes si
elle est en paix avec l’idée de vieillir et ce que
cela implique dans sa vie, explique Carole
Prost. La légère prise de poids a du sens, elle
permet de compenser l’incidence de la baisse
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IDENTITÉ : responsable rayon bien-être à la biocoop Les 7 Épis à Lorient (56)
« Nos clientes viennent pour trois raisons : les adolescentes pour des problèmes de peau (acné) et de
règles douloureuses ; les femmes enceintes pour compenser des carences en fer, chercher des conseils
en alimentation et éventuellement une supplémentation en compléments alimentaires ; les femmes en
ménopause pour trouver des solutions alternatives et/ou complémentaires aux traitements hormonaux.
Elles veulent se réapproprier cette période de façon naturelle et ont souvent cette démarche lorsqu’elles
sont déjà ménopausées. Leur demande ? Être aidées pour atténuer les bouffées de chaleur, diminuer leur
prise de poids et éviter la déminéralisation osseuse, lutter contre la déprime, le mauvais sommeil, la sécheresse
vaginale.
Nous donnons toujours des conseils personnalisés car chaque femme est unique, et un produit efficace
chez l’une ne le sera pas forcément chez l’autre. Pour les problèmes de peau des jeunes filles, mon
coup de cœur va au fluide Précise et ses 19 composants des laboratoires Douces Angevines. Pour les
femmes ménopausées, nous recommandons de commencer par un drainage pour éliminer les toxines qui
peuvent provoquer les manifestations de la ménopause ; les produits PhytoFrance comme Ménopause
ou Cinquantaine Tranquille soulagent les inconforts comme les bouffées de chaleur, la rétention d’eau, la
sécheresse des muqueuses… »
Voilà qui confirme les propos de la naturopathe suisse Rina Nissim : « Il y a aujourd’hui une réelle volonté
de se réapproprier son corps, sa contraception… », constate-t-elle, alors que son ouvrage Mamamélis,
manuel de naturopathie gynécologique à l’usage des femmes, paru en 1984 et réédité en 2011 pour la
cinquième fois, offre de nombreuses pistes et réponses.
d’hormones. » Pour elle, comme pour le
gynécologue homéopathe Olivier Soulier,
le marché de la ménopause est avant tout
un marché pharmaceutique. « J’expliquerai
le risque de déminéralisation osseuse chez la
femme par les régimes à répétition, qui attaquent
les réserves de protéines là où elles
sont, dans les muscles et les os, la polymédication,
les excès de consommation de produits
laitiers dont l’assimilation va défavo-

iser le système osseux.
L’hygiène de
vie, l’alimentation, la phytothérapie et l’activité
physique, qui densifie la structure osseuse,
constituent les piliers d’un équilibre
global pendant cette période physiologique
de la femme, lors de laquelle elle pourra
penser à se complémenter. »
L’aide des plantes
Pour cela, Carole Prost rappelle que les
phyto-œstrogènes, déconseillés aux
femmes ayant des antécédents de cancer
hormonodépendant, doivent être transformés
par une flore intestinale de bonne
qualité pour devenir actifs (prendre un
avis médical avant de les utiliser). De
même, la consommation hebdomadaire,
donc sans abus, de soja peut être recommandée
mais dans l’alimentation, sous
forme de tofu, de miso, de tamari et de
« lait » éventuellement. Le lin, source
d’oméga 3, est à prendre en graines broyées
dans un yaourt à raison d’une cuillère à
café par jour. La sauge officinale et l’alchémille
vulgaire en teinture-mère ou en
extrait de plante fraîche seront de bonnes
alliées. Ne pas oublier les plantes
reminéralisantes telles que la prêle
des champs, le cassis et l’ortie, ni la
vitamine D pour aider le calcium
à se fixer sur les os. Les plantes
équilibrantes du système nerveux
sont le safran, la mélisse, la lavande
et l’aubépine ; les minéraux, le lithium
et le magnésium. Le pissenlit
et le chardon-Marie drainent le
foie, améliorant ainsi la synthèse
hormonale.
Cette période de transition peut à
nouveau être accompagnée par la fleur de
Bach du changement, Walnut. Enfin, pour
se réaliser dans cette période de plus en
plus longue qu’on appelle vieillesse, la
femme veillera à bien s’entretenir sur le
plan physique par des exercices doux et
réguliers et une bonne alimentation, équilibrée,
surtout dans ses apports protéiques.
L’apport assidu de complexes de vitamines,
des antioxydants et des stimulants physiques
et psychiques peuvent être utiles
dans certains cas. Les alliés naturels de la
vieillesse étant le ginseng, le ginko biloba,
la sarriette, le romarin, le curcuma, les vitamines
C, D, E…
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dossier
› ROUGE FEMME,
HISTOIRE DE CYCLES
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Cycles
biologiques
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Accompagnement. Être à
l’écoute de son corps, attentif à
son rythme, prendre conscience de ses
cycles pour mieux les vivre, stimuler ses
défenses immunitaires, avoir une alimentation
équilibrée… Agir avec sa santé comme on
pratique l’agriculture biologique? Un parallèle
non dénué de sens. Apports naturels
réguliers pour renforcer son terrain comme
on amende la terre? Être en phase avec ses
rythmes internes comme on respecte le
calendrier des lunes et des saisons? Et
récolter les fruits d’une meilleure santé…
Ainsi, Biocoop accompagne tous les cycles
de la vie de la femme avec notamment un
choix de compléments alimentaires pour
l’équilibre de l’état global et pour chaque
étape de changement.
Protection. Biocoop propose également
différents produits pour l’hygiène féminine,
jetables ou réutilisables : des tampons en
coton bio, avec ou sans applicateur, et des
serviettes jetables d’origine naturelle, en
cellulose issue de forêts gérées
durablement, en coton et en plastique
végétal bio, non blanchies au chlore
(Natracare et Organic); la coupe menstruelle
en silicone chirurgical (Mooncup et
Lunacopine) est leur alternative écologique et
économique. Elle plaît davantage aux
femmes déjà utilisatrices de tampons et aux
jeunes filles. Enfin, dernières nées, les
serviettes périodiques lavables – une gamme
discrète, tout en coton bio et imperméable,
aux motifs et couleurs variés –, ont
l’adhésion des plus jeunes, qui se les offrent
en cadeau et les apprécient pour leur grande
douceur. Rejet en revanche des plus mûres
qui y voient une régression dans le confort et
la souplesse d’utilisation. S’en faire offrir une
pour la tester et alterner, selon les
circonstances et les envies, serviettes
jetables bio ou lavables, et coupe
menstruelle? Idée à suivre…
Hygiène. Les produits pour l’hygiène, gel
douche et gel intime à usage externe, suivent
un cahier des charges cosmétique naturel et
biologique, Cosmébio notamment, et ne
contiennent ni ammonium lauryl-sulfate ni
sodium lauryl-sulfate. Leur pH particulier les
rend inoffensifs pour la flore vaginale.

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mars-avril 2012
dossier
› ROUGE FEMME,
HISTOIRE DE CYCLES
Cercles de femmes
Au sein de groupes de parole, elles partagent leurs
ressentis, échangent leurs expériences, expriment leurs
questionnements pour, au final, mieux se connaître.
Quel que soit leur but et à
toute époque, les femmes
ont toujours formé des cercles
– de parole, de lecture,
de soutien, de compassion…
Mais cette pratique, très ancrée
dans d’autres cultures du monde, connaît
PAROLES D’HOMMES
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« Les règles des femmes ne laissent jamais les hommes
indifférents », comme on le constate sur le site
www.psychologies.com dans l’intéressant dossier « Le sang
des femmes vu par les hommes ». Le sang peut leur
paraître « excitant », « surtout quand leur compagne est
elle-même plus désirante ». Mais il peut aussi inspirer
dégoût et méfiance, pour les raisons les plus diverses,
telles l’évocation de la mort, de la mère ou encore les
interdictions culturelles ou religieuses. « Cela me bloque
vraiment, témoigne Pierre, 40 ans. L’embêtant, c’est que
les règles de ma femme durent une semaine et qu’elle a
beaucoup de désir pendant cette période-là ! Cela
m’ennuie parce qu’elle a l’impression que je rejette une
partie de sa féminité. Mais ce n’est pas cela, c’est plus
fort que moi, je crois. », Antoine, 28 ans, confie :
« J’ai vécu avec une fille pendant quatre ans et on faisait
l’amour qu’elle les ait ou pas. (...) Il faut quand même que
j’aie une certaine intimité avec une femme pour que cela
ne me dérange pas. » M.-P. C.
un réel engouement en Occident ces dernières
années seulement. La plupart de ces
cercles, hormis ceux qui portent sur des
thématiques spécifiques, sont d’origine
chamanique. Véronique Dardion en fréquente
un depuis 15 ans du côté de Chambéry
(73). « De façon générale, j’ai
toujours été très attachée à la cul-
ture amérindienne. J’y ai découvert
les cercles de parole mixtes où chacun s’exprime
librement ou sur un thème à tour de
rôle grâce au bâton de parole. Leur but est de
mieux se connaître, de se rencontrer pour
parler intimement de choses dont on ne
parle plus autrement que médiatiquement
dans notre société. C’est une quête de
connaissance de soi par la parole et par l’ef-
«UNE RENCONTRE DANS LA DIFFÉRENCE »
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« C’est trop réducteur de dire que les femmes ont un caractère plus cyclique que nous. Nous aussi
on a nos humeurs et nos inconstances. Pourtant, les femmes que j’ai connues étaient toutes
différentes au moment de leurs cycles et cette variété de comportements apporte une richesse que
nous n’avons pas. Les menstruations me donnent une impression de vie. Les femmes qui sont en
capacité de donner la vie, j’adore ça ! Je suis sensible au rythme de la femme que j’aime. Je sais
d’ailleurs quand ses cycles vont arriver ! Je trouve qu’ils sont un bon moment de respiration dans
une vie de couple, une pause agréable dans la sexualité. En ce qui me concerne, je me libère de
l’état de désir constant mais sans pression que j’ai pour elle, pour aller vers des moments de plus
grande tendresse et sensualité généralement toujours bien accueillies. C’est une variation dans le
quotidien, une rencontre dans la différence des sexes que je trouve joyeuse. Le rapport au sang des
règles ne m’a jamais fait peur à la différence de celui d’une blessure. Cette évocation cyclique de la
vie est fantastique. Beaucoup de femmes ont la croyance que leur sang gêne leur partenaire. On a
beau leur dire que non, elles n’y croient pas ! Quand on aime une personne, on aime tout d’elle, ses
fluides, ses odeurs aussi. »
Benoît, 48 ans, 2 enfants, professeur de biologie

fet miroir qui ouvre des horizons, des possibilités…
Car rencontrer l’autre, c’est se rencontrer
soi-même. » Le cercle de parole n’a
pas de visée thérapeutique. Les femmes,
admises dès l’apparition de leurs premières
lunes, y trouvent un cocon où elles peuvent
s’exprimer, « y être entendues dans les différents
archétypes de leur personnalité. C’est
un outil de solidarité où les échanges se passent
davantage au niveau de l’énergie du
cœur que de celle du mental. Le cercle de parole
inclut tout le monde, met tous les participants
à égalité. Chacun voit l’autre et
tout le monde est vu sur sa Vérité. »
Pour aller plus loin :
• Mamamélis, manuel de naturopathie gynécologique à
l’usage des femmes, Rina Nissim, éd. Mamamélis, 15 €.
• Femmes qui se réinventent, Monique Grande,
éd. Le Souffle d’Or, 21,95 €.
• Hormones végétales, mode d’emploi, Dr Dominique
Rueff, éd. Jouvence, 4,90 €.
Réappropriation
La revue Rêve de Femmes a proposé dans
son numéro 15 (été 2009) un dossier sur
« Le sang des lunes » dans lequel elle développe
le point de vue d’une réappropriation
par les femmes de leurs cycles par la
connaissance et le partage des ressentis,
notamment dans le cadre de cercles féminins,
comme celui de la Tente Rouge. Les
femmes y sont invitées à parler entre elles
de la maternité mais aussi de sujets plus intimes
comme la sexualité, la menstruation,
l’accouchement, la ménopause, la
fausse couche, l’IVG, la contraception, le
travail, la relation mère-fille, la transmission…
• La Pratique des cercles de compassion : cercles
de femmes, mode d’emploi, Jean Shinoda Bolen,
éd. Jouvence, 9,50 €.
• www.caroleprost.fr
• www.revedefemmes.net
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› ROUGE FEMME,
HISTOIRE DE CYCLES
consom’action n°62
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--------------
En résumé
--------------
CYCLES. La chronobiologie étudie les
rythmes biologiques qui gouvernent les
êtres humains, qu’ils soient circadien,
saisonnier, annuel… Le rythme féminin
par excellence est celui du cycle
menstruel, lié au cycle lunaire.
---------------------------------------------
LUNES. À la puberté, les règles
donnent rendez-vous à un pouvoir :
celui de donner la vie, de créer. Les
règles sont un temps qui favorise
l’introspection, un «slow» rythme.
---------------------------------------------
SPM. Si le syndrome prémenstruel est
d’origine plurifactorielle – alimentaire,
transgénérationnelle, psychologique ou
physiologique –, les réponses pour le
soulager au naturel sont tout aussi
nombreuses. Sauvées!
---------------------------------------------
MÉNOPAUSE. Bien vivre cette étape
se prépare en amont. Le mot clé?
Détox, puisque plus un organisme sera
«encrassé», plus les manifestations
seront marquées.
---------------------------------------------
CERCLES DE PAROLE. De tout
temps, les femmes se sont réunies en
cercles pour partager entre «sœurs»,
entre autres une parole souvent inhibée
ou inexistante sur les cycles… À cette
occasion, les différentes étapes de la
vie des femmes étaient ainsi ritualisées.
On assiste actuellement en Occident à
un renouveau de ces pratiques.
Prochain dossier
Les régimes
alimentaires
à découvrir dans
35
consom’action n°63
en biocoops début mai 2012