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Denis Szabo, “Nature et culture, l'inné et l'acquis...” (1985) 13
moire, langage, faculté de prévision » (Ruffié, p. 127). La libération
du membre antérieur est le troisième trait mettant à jour la conscience
réfléchie. Grâce à la liberté de mouvement de ses mains, l'homme peut
concevoir et exécuter des projets de plus en plus complexes et améliorer
les résultats de ses expériences (voir Ruffié, op. cit., et également
du même auteur le Traité du Vivant, 1982).
Cette conscience individuelle réfléchie devient collective grâce au
développement de la communication logique entre individus, démultiplié
par l'usage de l'écriture. Désormais, écrit J. Ruffié, tout homme
venant au monde disposera a priori de l'expérience de ceux qui l'ont
précédé. Cette expérience, souligne-t-il, n'est pas innée, mais acquise.
C'est l'aptitude à l'acquérir qui est innée. Le niveau culturel sera donc
fonction du nombre d'informations reçues et de la manière dont l'individu
se révèle apte à les conserver et à les utiliser (op. cit., p. 129).
L'accroissement de l'expérience et de l'apprentissage entraîne
l'augmentation des connexions interneuronales. « L'intelligence appelle
l'intelligence » (Ruffié, op. cit., p. 130). C'est le développement
de la composante psychique qui a permis la création du milieu humain
qui, à son tour, a pu se développer grâce à une nouvelle organisation
biologique. Cette dernière ne porte pas le psychisme en elle ; elle en
permet cependant l'apparition.
La faculté de symbolisation est à l'origine de l'apparition du psychisme
humain. Les concepts « cristallisés » sur les mots (selon l'expression
de Ruffié) permettent une plus vaste idéation. Biologiquement,
le nouveau-né est fait pour apprendre. Son substrat biologique
est à conditionnement héréditaire. Mais, biologiquement encore,
l'homme ne changera plus. Grâce à sa culture, il échappe à la règle de
l'évolution spécialisante qui fixait à jamais la destinée de toutes les
autres espèces. Grâce à sa capacité de prévision et à la transmission
logique de l'expérience acquise dans chaque génération, il ne devait
pas réinventer ce que ses prédécesseurs ont déjà acquis. Et c'est ainsi
que s'amorça, conclut le même auteur, un cycle sans fin de la connaissance
qui s'accélère au cours de l'histoire.
La synthèse contemporaine des études des bases biologiques du
comportement social s'exprime dans la sociobiologie. Son représen-