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52<br />
f LES DOSSIERS DE PDM<br />
❘ Homard et langouste ❘ Moules de Hollande ❘ Développement durable ❘ Islande ❘ Recherche & développement ❘<br />
Le choix d’une aquaculture « douce »<br />
L’aquaculture de crevettes à Madagascar s’appuie<br />
sur une production semi intensive. Ce choix est stratégique face<br />
à la crevetticulture productiviste pratiquée en Asie ou au Brésil.<br />
Lorsque l’idée a jailli d’investir dans<br />
la crevetticulture à Madagascar, une<br />
autre a suivi rapidement, il fallait à la<br />
fois préserver l’image de qualité acquise<br />
par la crevette de pêche et éviter les risques<br />
de maladies dans les fermes. Exit les<br />
techniques intensives, le recours aux antibiotiques<br />
et la dégradation de la mangrove,<br />
la filière a opté pour une aquaculture responsable,<br />
conforme à l’esprit du code de<br />
conduite de la FAO ou du GAA (Global<br />
aquaculture alliance). Repérés dès la fin des<br />
années quatre-vingt par les scientifiques, les<br />
sites retenus correspondent à des zones sèches<br />
et stériles situées en bordure de mangrove.<br />
Afin de bannir d’éventuelles contaminations<br />
en cas de maladie, les fermes<br />
sont éloignées les unes des autres. Le fait<br />
d’élever des espèces locales, P. monodon et<br />
P. indicus, dans de grands bassins à une densité<br />
20 individus maximum au m 2 , réduit le<br />
risque de virus.<br />
En 2008, 27 établissements de transformation<br />
sont agréés par l’UE.<br />
Les 7 fermes situées sur la côte nordouest<br />
réalisent environ 8 000 t de captures<br />
sur 2 300 ha de bassin. Avec un coefficient<br />
de conversion alimentaire élevé (plus<br />
de 2 kg de granulé pour 1 kg de crevette),<br />
l’aliment est le plus gros poste de dépense<br />
(40 %), suivi du carburant (20 %). Parce<br />
qu’elles sont isolées, les fermes assurent<br />
leur autonomie énergétique. Les opérateurs<br />
se sont dotés d’usines de transformation<br />
dignes des plus belles unités européennes.<br />
Bien qu’elles soient situées en zone franche<br />
et soumises à une faible fiscalité, elles enregistrent<br />
des pertes d’exploitation car le<br />
PRODUITS DE LA MER N°109 JUIN-JUILLET 2008<br />
Dominique Guillot<br />
produit reste coûteux (environ<br />
8,50 €/kg). Le retour<br />
à la compétitivité passe<br />
par des gains de productivité,<br />
sans effets négatifs<br />
sur la qualité.<br />
Le pari est difficile<br />
pour les deux locomotives<br />
que sont<br />
Aqualma-Unima<br />
et Les Gambas de<br />
l’Ankarana-OSO).<br />
Ces entreprises ont<br />
misé sur des démarches<br />
qualité (respectivement<br />
Label Rouge et<br />
AB - Agriculture biologique),<br />
qui couronnent leurs<br />
propres dynamiques, mais<br />
aussi l’esprit d’une filière entière.<br />
« Nous souhaitons capitaliser<br />
sur ce que Madagascar fait de bien et<br />
aller au-delà, sur la biodiversité, l’absence de<br />
pollution et d’impact sur la nature, explique<br />
Mathias Ismail, PDG de OSO. Nous misons<br />
sur la qualité environnementale, sociale et éthique<br />
». Les aquaculteurs malgaches poursuivent<br />
des débats passionnés sur la maîtrise<br />
de l’amont. LGA tient à conserver une part<br />
de géniteurs sauvages, tandis qu’Aqualma<br />
cherche à domestiquer entièrement les espèces.<br />
En aval, le groupe Unima dispose de<br />
sa propre usine de cuisson en France. De<br />
son côté, Oso a des partenaires transformateurs<br />
comme Miti et Coldwater.<br />
Encore faudrait-il que les efforts soient<br />
récompensés. Comme le remarquait<br />
Bertrand Coûteaux, secrétaire général<br />
du groupe Unima, au Seafood choice alliance<br />
de Barcelone en Janvier : « Dans<br />
un contexte de baisse des prix, les producteurs<br />
engagés sont asphyxiés par des exigences<br />
croissantes qui ne se traduisent par aucun<br />
avantage supplémentaire. L’enjeu est de maîtriser<br />
la marge commerciale ; et en général,<br />
ce n’est pas au bénéfice du producteur et encore<br />
moins à celui des objectifs affichés : social,<br />
environnement… Il faut définir les objectifs<br />
d’une certification unique, reconnue par<br />
les marchés, des indicateurs, favoriser la transparence<br />
et s’assurer d’un contrôle indépendant<br />
». À ce jeu, Madagascar a d’excellentes<br />
cartes en main.<br />
Les sites de transformation élevés<br />
par les opérateurs (ici, LGA),<br />
combinent isolement et modernité.<br />
DES LABOS TRÈS PROS<br />
Les activités halieutiques sont essentielles<br />
à l’économie de Madagascar,<br />
rappelle Dorothée Ravomanana, directrice<br />
de l’Autorité sanitaire halieutique<br />
(ASH). En Europe, nous sommes sur<br />
des marchés de niche que nous devons<br />
pérenniser en affichant une excellente<br />
qualité sanitaire ». Les missions de<br />
l’ASH ont donc été calquées sur le<br />
dispositif réglementaire du paquet<br />
hygiène européen. En mars 2008,<br />
l’union européenne a agréé 55 navires,<br />
6 entrepôts et 27 usines. Par ailleurs,<br />
l’Institut Pasteur de Madagascar a<br />
créé un laboratoire d’épidémio-surveillance<br />
et il reçoit l’aide de l’Australie<br />
pour mettre en place un plan<br />
spécifique pour la production crevettière.<br />
Enfin, les sociétés elles-mêmes<br />
disposent de laboratoires très pointus,<br />
à l’image de celui dédié à la biologie<br />
moléculaire (PCR) créé par LGA.<br />
Dominique Guillot