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Dominique Guillot f LES DOSSIERS DE PDM ❘ Homard et langouste ❘ Moules de Hollande ❘ Développement durable ❘ Islande ❘ Recherche & développement ❘ La crevette au service de l’Homme La qualité reconnue du produit sauvage et d’élevage, s’accompagne d’actions sociales et l’environnementales. Madagascar y tient. Si les fermes aquacoles ont pour premier principe de s’installer sans destruction de la mangrove, sur des tannes, le second est une volonté d’intégration dans le milieu social. Un projet aquacole implique l’instauration d’un dialogue avec les communautés locales, même si cellesci sont réduites et disséminées. Il se réalise dans le respect des coutumes, celui des cultes, des zones taboues, des « fady ». Une convention de cohabitation et de collaboration est élaborée et les promoteurs s’engagent à satisfaire certains besoins sociaux et économiques. Il est d’usage d’embaucher prioritairement les populations locales et de mettre en place de conditions d’installation décentes pour les travailleurs venus des villes plus éloignées. Banni est le travail des enfants, tandis que celui des femmes est encouragé. Le code du travail malgache, combiné avec des conventions d’entreprises (représentation syndicale…) fait de la crevetticulture un secteur économique avancé socialement. 54 PRODUITS DE LA MER N°109 JUIN-JUILLET 2008 Les villages passent de quelques dizaines à quelques milliers d’habitants et les sociétés s’investissent directement ou en collaboration avec l’État ou des ONG, dans des programmes de santé. La création de dispensaires qui s’impliquent ensuite dans le planning familial, les vaccinations, l’achat de médicaments ou la prévention de MST, contribuent au développement. Liée au réseau d’alimentation des sites de production, la fourniture d’eau potable est un facteur de bien-être et de santé. L’enseignement constitue un autre volet d’action avec la construction d’écoles et de bibliothèques. tout un système Les sociétés cherchent ainsi à établir un cercle vertueux. L’exportation des produits finis génère des devises qui sont en partie investies dans les outils de production autour desquels on développe des services publics. Et des interactions se créent : les petits agriculteurs ou pêcheurs proches, commercent avec les fermes ou avec les villages qui accueillent les populations d’employés. Le développement d’infrastructures (électricité, aérodromes, routes, pistes, débarcadères) facilite l’évacuation sanitaire des malades. Le développement communautaire passe encore par celui des rizières, des cultures maraîchères ou de l’élevage. Autre obligation importante, tout projet aquacole doit participer au maintien de la mangrove par des opérations de surveillance et de reboisement. Les plantations s’alignent le long des bassins et aux alentours des villages pour générer du bois de chauffe. Certains, comme Aqualma (Unima), vont plus loin. La société a créé à proximité de son écloserie, une plantation d’anacardier destinée à constituer un puits de carbone négociable avec ceux qui souhaitent réduire leur empreinte écologique. Les résidus de crevettes de l’usine, séchés, y sont valorisés comme engrais ! Enfin, la gestion de l’eau est une question centrale. En amont, elle est rendue potable, et en aval, les rejets doivent se limiter. L’Office national de l’environnement veille attentivement à l’impact environnemental des écloseries et des fermes sur les coraux et sur la faune halieutique. Il impose aussi des inventaires de la flore et de la faune. Plusieurs responsables de sites sont fiers d’avoir découvert des espèces rarissimes de palmier et d’oiseaux. « Dans les zones d’aménagement concerté, le dialogue s’est installé entre industriels et pêcheurs traditionnels pour préserver la ressource, se félicite Harison Randriarimanana, ministre de l’environnement, des eaux et forêts, et du tourisme. À Madagascar, 70 % de la population est pauvre. Mais nous voulons enrayer le cycle de la pauvreté et de destruction de l’environnement. Le développement économique et le respect de l’environnement ne sont pas antinomiques. Au contraire » Cultures maraîchères et fontaines d’eau potable (au fond à droite), font partie des éléments de confort liés au développement de la crevetticulture.
LES DOSSIERS DE PDM j ❘ Homard et langouste ❘ Moules de Hollande ❘ Développement durable ❘ Islande ❘ Recherche & développement ❘ « Priorité à la gestion de la ressource » Entretien avec le professeur Panja Ramanoelina, ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche. PDM.- Dans quel état d’esprit abordezvous vos nouvelles fonctions et votre ministère ? Panja Ramanoelina.- Intégrer le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (MAPPE) après avoir dirigé pendant une quinzaine d’années une institution universitaire, est un nouveau défi. Mais je suis optimiste étant donné l’évolution du pays ces dernières années. En particulier pour notre premier enjeu, qui est de tripler la production de riz d’ici à 2012. Sur la filière halieutique, notre souci premier est la gestion durable des ressources. Cette politique compte, en plus de la direction de la pêche et des ressources halieutiques, sur trois départements : CSP, OEFC et PNRC (1). Des dispositions concrètes ont été prises par mes prédécesseurs. Le nouveau décret sur la pêche, en vigueur depuis le début de la saison 2008, fait suite à ceux concernant la protection des tortues ou la limitation des rejets. Par ailleurs, la création de la commission pêche et environnement au sein du MAEP puis du ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts et du Tourisme, constitue, étant donné leur efficace collaboration directe et celle avec le GAPCM, des points Le nouveau ministre Panja Ramanoelina entend poursuivre le travail de ses prédécesseurs. très positifs pour tous les aspects environnementaux de la filière. Quelles dispositions concrètes ont-elles été prises ? De nombreux chantiers sont en cours, comme ceux de la gestion intégrée des zones côtières ou d’un projet d’aires marines protégées. Ils prolongent les initiatives des services de l’Office national de l’environnement et ceux des membres du GAPCM en matière de reboisement des mangroves par exemple. Ces éléments se sont imbriqués lors de LE GAPCM COUVE L’ACTIVITÉ CREVETTIÈRE Moteur essentiel de la production de crevettes à Madagascar depuis 1994, le GAPCM réuni la quasi totalité des professionnels de la filière, soit 16 membres (2) répartis en deux divisions, pêche et aquaculture : « Ce regroupement était devenu une nécessité pour assurer une meilleure gestion de la ressource, explique l’actuel président Claude Brunot. Nous nous sommes investis dans de nombreux projets comme le gel de l’effort de pêche, la collecte de données fiables et les bonnes pratiques. Si nos intérêts sont parfois divergents, nous sommes des interlocuteurs crédibles et responsables, capables de prendre des initiatives afin d’éviter la dégradation d’une industrie essentielle ici. Nous souhaitons cogérer encore plus efficacement la filière avec Dominique Guillot l’État et sauver l’origine Madagascar ». Le principal partenaire du GAPCM est effectivement le MAEP et le groupement est membre du conseil d’administration de l’agence malgache pour la Pêche et l’Aquaculture (AMPA). Principale source financière (avec l’Union Européenne), l’agence française de développement (AFD) s’implique dans de nombreux projets d’appui à la filière. Côté environnement, le fonds français pour l’Environnement Mondial (<strong>FFEM</strong>), est également un partenaire important, de même que l’institut de Recherche pour le Développement (IRD). Dominique Guillot la conférence parisienne de l’Unesco sur la biodiversité, ou le président de la République Marc Ravalomanana avait prononcé un discours important sur ces principes. Et plus précisément sur la pêche et l’aquaculture ? L’aquaculture de Madagascar est reconnue à travers le monde comme l’une des plus respectueuse de l’environnement. Le modèle semi-intensif associe l’interdiction d’importer de nouvelles espèces ou d’utiliser des antibiotiques. Il implique la protection des mangroves ou encore la gestion des eaux usées. Toutes ces dispositions permettent de réaliser un travail efficace en matière de gestion durable. Plus largement, on peut rappeler les actions menées avec la FAO et le WWF, notamment le processus de certification MSC en cours et les ateliers de validation des « Principes et critères pour le développement d’une aquaculture responsable » qui se tiennent début juin à Antananarivo. Le développement, rapide et durable, est une priorité de l’État à Madagascar. (1) Centre de surveillance de pêches, Observatoire économique de la filière crevette et Programme national de recherche crevettière. Claude Brunot, président du GAPCM, est un acteur historique de la crevette de Madagascar, avec ses sociétés Somapêche et Somaqua. (2) PNB (Pêcheries de Nossi Be), Somapêche, Réfrigépêche Ouest et Est, Crustapêche, Pêchexport, Aquamen, Kaleta Export, Pêcheries du Menabé et du Melaky (OSO), Sogedirpoma, Sopemo, Aquamas, Aquamen EF, Aqualma, Les Gambas de l’Ankarana (OSO), Somaqua. PRODUITS DE LA MER N°109 JUIN-JUILLET 2008 55
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