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la colonne a caro

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© WILLIAMS


ASP WORLD CHAMPION O7


Antoine<br />

Delpero


*VIVRE EN GRAND Lorentz & Associés Photos : tim-mckenna.com, Sébastien Cottereau


0 800 037 619 ©2008 Oakley, Inc.


BRUCE IRONS AVEC LA HIJINX OAKLEY.COM/IRONS


10<br />

N U M E R O 1 3<br />

À peine ai-je commencé à parler du Stand-Up<br />

Paddle dans Surftime que j’entendais déjà des<br />

voix qui s’élevaient. « Si ça continue comme ça<br />

tu pourras mettre du kayak dans ton magazine,<br />

le stand up c’est nul, pas de ça chez nous… ».<br />

Si seulement les mecs qui me disaient ça étaient<br />

crédibles.<br />

Et ouais, <strong>la</strong> plupart des gars qui critiquent le SUP ne<br />

sont jamais montés dessus ! Mais le problème n’est<br />

pas là. On a tous le droit de penser ce qu’on veut.<br />

Soyons c<strong>la</strong>irs, après avoir consacré quelques pages<br />

au Stand-Up Paddle dans notre hors série matos<br />

2008, nous en parlons une nouvelle fois dans ce<br />

numéro. C’est pas pour ça que Surftime est en<br />

train de devenir un magazine de SUP. C’est plutôt le<br />

SUP qui est en train de prendre sa p<strong>la</strong>ce au line up.<br />

Ce qui n’est pas tout à fait pareil. Surftime est et<br />

restera un magazine de surf 100 % Core, ouvert sur<br />

le monde et à ses changements.<br />

Les surfers aiment les jouets, et il n’y a pas<br />

besoin d’aller dans le garage d’un pro pour s’en<br />

rendre compte. Qui ne s’est pas éc<strong>la</strong>té sur un<br />

STEPH ROBIN<br />

SURF TIME est édité par FREE PRESSE<br />

9, RUE DES ACACIAS, 40130 CAPBRETON<br />

Tél : 00 33 (0)5 58 41 85 80<br />

Fax : 00 33 (0)5 58 41 85 89<br />

Site Internet : freepresse.com<br />

Directeur de publication :<br />

C<strong>la</strong>ude Borrani (c<strong>la</strong>ude@freepresse.com)<br />

00 33 (0)4 79 65 46 13<br />

Rédaction en chef :<br />

Laurent Molitor (46 14) <strong>la</strong>urent@freepresse.com<br />

Rédacteur en chef adjoint / Photoreporter :<br />

Stephane Robin - stephane@freepresse.com<br />

05 58 41 85 80<br />

Rédacteur :<br />

Romain Bourgeais (46 63) romain@freepresse.com<br />

Rédaction<br />

Matthieu Poisson (46 84) matt@freepresse.com<br />

Loïc Martin (46 84) loic@freepresse.com<br />

C<strong>la</strong>ra Quay “tal“ Thevenon (c<strong>la</strong>ra@freepresse.com)<br />

Ont col<strong>la</strong>boré à ce magazine :<br />

Greg Pujet, Yves Sobanski, Eve Boisanfray<br />

fish, un longboard ou un single fin ? N’est-ce<br />

pas en passant d’une p<strong>la</strong>nche à l’autre que l’on<br />

progresse ? Bien évidemment, le shortboard sera<br />

toujours l’arme absolue pour envoyer des rollers<br />

à midi. Mais quand les conditions ne sont pas<br />

idéales pour <strong>la</strong> 6’0, qu’est-ce qu’on fait ?<br />

On bataille comme des idiots pour faire un ou<br />

deux turns poussifs ? À vous de voir…<br />

Il s’agit bien de voir le SUP comme faisant<br />

partie du quiver du surfer, au même titre qu’une<br />

autre p<strong>la</strong>nche. Il ne faut pas oublier que c’est un<br />

sport de surfeurs, inventé par des surfeurs pour<br />

des surfeurs. Beaucoup le pratiquent dans les<br />

petites vagues pour rigoler, mais s’il y en a<br />

qui veulent rider des barrels ou des vagues de<br />

5 mètres avec, où est le problème ?<br />

Les possibilités offertes par le SUP sont tellement<br />

vastes qu’il serait dommage de s’en priver.<br />

Et puis allez dire aux beach boys de Makaha,<br />

ou plus près de chez nous, à Xabi Lafitte, Fred<br />

Compagnon et autres Peyo Lizarazu que le SUP,<br />

c’est pas du surf, vous allez vous faire des copains !<br />

SR<br />

Allez dire à Melvin Pu’u 47 ans,<br />

lifeguard à Makaha depuis des lustres,<br />

que le SUP, c’est pas du surf… Bonne chance<br />

Direction artistique :<br />

Sandra Ortiger : sandra@freepresse.com<br />

06 21 06 35 17<br />

Maquette :<br />

Guil<strong>la</strong>ume De<strong>la</strong>ge (46 63) guits@freepresse.com<br />

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Directeur du service commercial<br />

et développement :<br />

Kamel Beghidja kamelb@freepresse.com - (46 11)<br />

Chefs de publicité :<br />

Gaelle Martina- gaelle@freepresse.com - (46 83)<br />

Laura Peythieu - <strong>la</strong>ura@freepresse.com - (46 10)<br />

Benjamin Ravary : bejamin@freepresse.com (46 10)<br />

ADMINISTRATION :<br />

Laurence Rémy FREE PRESSE<br />

9, RUE DES ACACIAS, 40130 CAPBRETON<br />

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et abonnements : Laurence Rémy<br />

Tél : 00 33 (0)5 58 41 85 80<br />

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COURRIER ET SERVICE LECTEURS :<br />

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N U M E R O 1 3<br />

12 News<br />

News de course, news des<br />

écoles, news de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète...<br />

22 Retour sur Event.<br />

Chroniques d’un WQS à<br />

Bretignolles Sur Mer<br />

Le O’Neill Hig<strong>la</strong>nd open.<br />

Bonus : Hugo Savalli en<br />

interview<br />

Le Oxbow World Longboard<br />

Tour d’Anglet<br />

32 Interview<br />

Timothée Creignou, comme<br />

un air de famille…<br />

34 Youngblood<br />

Le Pôle France vous fait<br />

rêver ? Bonne chance…<br />

36 Ze Team Manager.<br />

Ce mois-ci : Franck Corbery<br />

38 À Shopper<br />

B<strong>la</strong>ck&White<br />

40 Girl Part<br />

La <strong>colonne</strong> à Caro ; Lee Ann<br />

Curren en interview ; Focus<br />

sur une école pas comme<br />

les autres<br />

50 Trip hardcore<br />

Take a walk on the West<br />

Side<br />

56 SurfLife<br />

JC, alias John Carper, mister<br />

“human shape machine”<br />

57 Multimedia<br />

Chronique Zik ; Uriding.com,<br />

le surf en ligne ; Festival du<br />

Fim de St Jean de Luz ; Fred<br />

Compagnon et pour finir, les<br />

weedeos de l’été<br />

En couverture : West side ripper,<br />

Makaha Oahu. Ils sont des<br />

dizaines d’inconnus comme lui qui<br />

rêvent d’emboîter le pas à Sunny<br />

Garcia et aux autres pros.<br />

Photo : Steph Robin<br />

Dépôt Légal : avril 2007<br />

SURF TIME est une publication FREE PRESSE<br />

Directeur Général : C<strong>la</strong>ude Borrani<br />

SURF TIME est une marque FREE PRESSE<br />

Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque<br />

procédé que ce soit des pages publiées dans le présent magazine faites<br />

sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon.<br />

Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées<br />

à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et<br />

d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou<br />

d’information de l’œuvre dans <strong>la</strong>quelle elles sont incorporées. (art. L.122-4,<br />

L.122-5 et L.335-2 du Code de propriété intellectuelle).<br />

MERCI DE RECYCLER CE MAGAZINE<br />

QUAND VOUS L’AUREZ TERMINÉ.


2008 CoolShoe International Team : Phil Macca MacDonald, Pablo So<strong>la</strong>r,<br />

Kevin Johnson, Matt Poul, Rudy Marechal, Mathias Maallem & Steven Pierson .<br />

Phil Macca MacDonald<br />

WORLDWIDE FOOTWEAR AND APPAREL SINCE 1982<br />

for boys and girls


your surfi ng pleasure<br />

v<br />

FCS is proud to present the new premium quad range. Featuring proven quad specifi c designs and<br />

constructed using the highest quality materials. We’ve used our extensive knowledge of fi n and board<br />

dynamics and worked with the world’s best surfers, shapers, designers and hydrodynamics experts<br />

to produce a quad range you can trust. We’ve got the fi ns if you’ve got the board…<br />

Get a quad in your quiver!<br />

TC Aqua-Line<br />

SF4<br />

S25<br />

Q-PC7<br />

Q-PC5<br />

Q-PC3<br />

Q-H2c


14<br />

L E S N E W S D U S U R F E R É C O - C O N C E R N É<br />

L’écologie est le dernier sujet à <strong>la</strong> mode et le surf n’y coupe pas. Les marques mettent en avant et avec<br />

cœur leur engagement en faveur de l’environnement. Certes, le produit ayant “zéro impact” sur<br />

l’environnement n’existe pas vraiment. Mais <strong>la</strong> démarche d’éco-conception, qui s’intéresse à l’ensemble du<br />

cycle de vie d’un article, de sa fabrication au recyc<strong>la</strong>ge, séduit de plus en plus d’entreprises. Petit tour d’horizon dans<br />

chaque numéro de SurfTime de ce que les acteurs du surfbusiness proposent aujourd’hui dans ce domaine.<br />

Bil<strong>la</strong>bong La ligne Bio<br />

prend de plus en plus<br />

d’importance dans <strong>la</strong><br />

collection de <strong>la</strong> marque.<br />

En particulier par le<br />

biais du projet « Design<br />

for Humanity » avec les<br />

produits proposés chez<br />

les girls. Ce projet, en<br />

plus d’être caritatif, se<br />

veut écologique avec<br />

une gamme de produits<br />

entièrement bio. Exemple<br />

avec le boardshort girl<br />

“Nature“. La marque<br />

s’investit énormément sur les boardshorts avec<br />

le développement de matériaux 100% recyclés et<br />

l’utilisation de fibres naturelles dans chaque ligne<br />

de produit pour les collections à venir. Sensible à <strong>la</strong><br />

protection de l’environnement et plus particulièrement<br />

des océans, Bil<strong>la</strong>bong soutient activement Surfrider<br />

Foundation et vient de créer en association avec<br />

“Project Blue“ une ligne de boardshorts en « Eco<br />

Supreme Suede ». Un tissu 100% recyclé et recyc<strong>la</strong>ble,<br />

développé exclusivement par Bil<strong>la</strong>bong à partir de<br />

bouteilles en p<strong>la</strong>stique et de textiles recyclés. À travers<br />

un processus de polymérisation, le p<strong>la</strong>stique est<br />

transformé en fibre de polyester. Il faut 10 bouteilles<br />

en p<strong>la</strong>stique pour réaliser un boardshort. C’est le cas<br />

du modèle Sonic Recycler, développé avec le team<br />

rider Rasta, un modèle qui vient d’ailleurs de remporter<br />

le prix du “produit environnemental de l’année“ au<br />

SIMA Industry Awards aux USA. www.bil<strong>la</strong>bong.com et<br />

us.designforhumanity.com<br />

L’investissement de Patagonia dans l’éco<br />

militantisme ne date pas d’hier et ils font plus que<br />

jamais figure d’exemple à, suivre dans ce domaine.<br />

Patagonia utilise des matières naturelles écologiques<br />

ou des matières recyclées et recyc<strong>la</strong>bles. Ainsi, 64%<br />

de <strong>la</strong> gamme textile comprend une éco-fibre (coton<br />

biologique, chanvre, polyester ou nylon recyclé et<br />

<strong>la</strong>ine traitée sans chlore). Dans <strong>la</strong> même démarche, <strong>la</strong><br />

marque a <strong>la</strong>ncé son propre programme de recyc<strong>la</strong>ge<br />

des vêtements à l’automne 2005. Côté surfwear, le<br />

boardshort Wavefarer (homme) est leur premier produit<br />

fabriqué en nylon<br />

recyc<strong>la</strong>ble et le<br />

boardshort Minimalist<br />

(femme) combine<br />

matières recyclées<br />

et recyc<strong>la</strong>bles. Il<br />

existe également<br />

chez le fabricant des<br />

chaussures avec une<br />

empreinte écologique réduite. Et comme une bonne<br />

démarche ne va jamais seule, Patagonia consacre 1%<br />

de son chiffre d’affaires (soit 2,7 millions de dol<strong>la</strong>rs<br />

par an !) à <strong>la</strong> protection de l’environnement, normal<br />

en tant que co-fondateur du club 1% pour <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète !<br />

En parallèle, <strong>la</strong> marque soutient activement Surfrider<br />

Foundation et plusieurs centaines d’associations visant<br />

<strong>la</strong> protection de l’environnement. Qui dit mieux ?<br />

www.patagonia.com<br />

Rip Curl offre aujourd’hui<br />

une <strong>la</strong>rge gamme de produits<br />

éco-conçus (plus de 60<br />

références dans <strong>la</strong> collection<br />

printemps / été) et <strong>la</strong>bellisés<br />

Rip Curl P<strong>la</strong>net. Pour porter<br />

ce <strong>la</strong>bel, le produit doit être<br />

constitué de plus de 50% de<br />

matières écologiques comme<br />

le coton bio, le lin, le chanvre<br />

ou les textiles recyclés.<br />

L’accent est mis sur les<br />

produits 100% coton bio (42<br />

références), et en particulier<br />

sur les t-shirts : 20% des<br />

t-shirts sont en coton bio. À<br />

noter aussi les boardshorts<br />

et sac à dos en p<strong>la</strong>stique<br />

recyclé. Pour consolider<br />

cette démarche forte, Rip<br />

Curl a mis en p<strong>la</strong>ce un projet<br />

de col<strong>la</strong>boration baptisé<br />

“Artist of the Search“ qui<br />

allie les créations d’artistes<br />

pointus et une sélection de<br />

produits éco-conçus. Tous<br />

les produits Artist of the<br />

Search portent le <strong>la</strong>bel Rip<br />

Curl P<strong>la</strong>net. Ils sont tous en coton (t-shirts, sweat à<br />

capuches, casquettes, boardshorts, sac à dos) sont<br />

100% biologiques et les autres matériaux utilisés sont<br />

en 100% recyclé. Petite précision, les boardshorts et<br />

les sac à dos sont faits à partir de p<strong>la</strong>stique recyclé et<br />

les tongs en caoutchouc recyclé. Deux p<strong>la</strong>nches de surf<br />

ont été spécialement shapées pour <strong>la</strong> collection Artist<br />

of the Search, et représentent une avancée majeure<br />

en terme d’éco-conception. La mousse est 40% soja<br />

et 60% MDI (une alternative bien plus saine que le TDI<br />

généralement utilisé). La mousse a été produite en<br />

Grande-Bretagne par Homeblown et les p<strong>la</strong>nches ont<br />

été shapées par Fifi Chevalier à Capbreton. Dernière<br />

trouvaille de <strong>la</strong> marque ? Des semelles d’espadrilles<br />

fabriquées à partir de combinaisons recyclées, le reste<br />

du produit est fabriqué en coton bio.<br />

www.ripcurl.com/p<strong>la</strong>net<br />

RIP CURL


Rasta en tournée pour défendre <strong>la</strong> cause<br />

des dauphins, ici à Moliets.<br />

Il en profite pour nous présenter<br />

son dernier Twin, un bijou shapé<br />

par le fils de ben Aïpa, Aki<strong>la</strong>.<br />

David Rastovish de passage dans les Landes ce mois de mai, on n’al<strong>la</strong>it pas<br />

rater ça ! En attendant de découvrir son interview dans le prochain numéro,<br />

SurfTime fait le point sur une des activités pro environnementales menée par<br />

le très écoconcerné surfer australien en faveur de nos amis les dauphins, ces<br />

gentils cétacés.<br />

Surfeur militant, Dave Rastovich s’attaque depuis quelques années au problème du<br />

massacre des dauphins au Japon.<br />

26 000 dauphins sont massacrés chaque année au Japon dans des conditions<br />

effroyables. Tout ça pour pas grand-chose, puisque leur chair n’est pratiquement pas<br />

consommée, à cause de sa haute teneur en mercure. Selon Dave Rastovich : « les<br />

pêcheurs pensent que ce sont les dauphins et les baleines qui mangent les petits<br />

poissons. En les tuant ils espèrent que les petits poissons seront plus nombreux,<br />

mais c’est une aberration totale. Nous luttons pour arrêter ça ». Rasta s’est rendu<br />

sur les lieux du massacre avec un groupe de surfeurs. À deux reprises, ils ont mené<br />

des actions de protestation, mais les pêcheurs les ont repoussés violemment. Suite<br />

à <strong>la</strong> médiatisation de ces actions, les choses commencent à changer. Le dauphin<br />

a été retiré du menu des écoles et il commence à être banni des rayons des<br />

supermarchés. Pour soutenir l’action de Rasta, il est possible de signer une pétition<br />

visuelle en ligne. Il suffit d’envoyer une photo de vous ayant en main une illustration<br />

représentant un dauphin.<br />

8000 personnes ont déjà signé cette pétition. Rasta quand à lui est déjà reparti au<br />

Chili pour une tournée d’un mois où il présentera <strong>la</strong> pétition visuelle imprimée sous<br />

forme de trois immenses banderoles. Le but étant de montrer ce mouvement de<br />

protestation aux délégués qui siègeront au meeting de <strong>la</strong> Commission internationale<br />

de <strong>la</strong> pêche à <strong>la</strong> baleine en juin, à Santiago au Chili.<br />

www.visualpetition.com<br />

www.mindsinthewater.com<br />

STEPHANE ROBIN<br />

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16<br />

R E T O U R S U R E V E N T<br />

Après une semaine sur <strong>la</strong><br />

route, qui les aura amenés de<br />

Biarritz (64) à Soustons (40) en<br />

passant par <strong>la</strong> pointe de <strong>la</strong> Torche<br />

(29) et <strong>la</strong> presqu’île de Quiberon (56),<br />

les participants de <strong>la</strong> troisième<br />

O’Neill Mission sont rentrés<br />

chez eux, mission accomplie.<br />

En effet, le challenge était de taille. Emmener 31<br />

camping cars, 2 Safari Bus tout terrains et trois<br />

camions de logistique à <strong>la</strong> recherche des vagues sur<br />

le côtes françaises en plein mois de mai, ce n’était pas<br />

gagné d’avance…<br />

Si les 9 surfers de The Mission n’auront pas eu droit à un<br />

swell exceptionnel pendant leur trip, à part deux jours de f<strong>la</strong>t<br />

à Tronoen (29), propices à <strong>la</strong> pratique du Stand Up Paddle,<br />

d’un peu de tow-at et d’une session drop de bunker, ils<br />

auront quand même eux leur comptant de vagues, entre 80<br />

cm et 120 cm les bons jours.<br />

Les locaux des différents spots, qui envisageaient de<br />

waxer les pare brises des vans ou même de leur crever les<br />

pneus, ont finalement joué le jeu et accueillis les surfers<br />

pros les bras plus ou moins ouverts. Certes, si tout ce beau<br />

monde motorisé (les surfers étaient accompagnés d’une<br />

quarantaine de personnes, médias, photogrpahes, prod<br />

vidéo) avait de quoi effrayer les locaux, tout a été fait pour<br />

que <strong>la</strong> cohabitation se passe bien. Les campings cars sont<br />

restés sagement rangés sur des zones prévues à cet effet,<br />

alors qu’un Safari Bus servait de navette pour emmener les<br />

surfers sur les spots, histoire de ne pas envahir les parking<br />

de ceux qui nous accueil<strong>la</strong>ient. Si les sessions ne furent pas<br />

mémorables, quelques soirées le furent, comme celle passée<br />

au Mad Dog café le soir de notre arrivée en baide d’Audierne<br />

à <strong>la</strong> chapelle de Tronoen (un f<strong>la</strong>t total étant annoncé pour le<br />

lendemain, tout le monde à pu profiter sans remord de <strong>la</strong><br />

soirée), ou plus chaud encore, celle du café du Midi à Port<br />

Haliguen lors de notre étape –trop court- à Quiberon.<br />

Ambiance bon enfant à l’eau tout au long de cette<br />

semaine, avec des surfers plutôt contents de pouvoir<br />

admirer ce qu’un pro peut faire sur sa vague et qui ont<br />

joué sans retenue le jeu du partage du spot. C’est donc<br />

sans aucun bus incendié, sans un pneu de crevé ou<br />

de pare brises waxé que <strong>la</strong> O’Neill Mission est rentrée<br />

dans les Landes, pour une dernière session. Là encore,<br />

les locaux, surpris dès le réveil par notre débarquement<br />

(tout le monde sur le pont à 5 h 30 du mat !) et donc un<br />

peu râleurs, ont vite joué eux aussi le jeu du partage,<br />

une fois les yeux bien ouverts par les aerials de Cory<br />

Lopez ou de l’incroyable Julian Wilson. Un Julian Wilson<br />

qui au passage, remporte <strong>la</strong> Mission pour sa première<br />

participation, devant Corey Lopez et Adam Robertson,<br />

qui finissent second ex æquo. L’intégralité du trip à<br />

découvrir dans Surftime#14, à paraître au mois de<br />

Juillet.<br />

Merci encore à tous ceux qui nous accueillis, drivés sur<br />

leur spot et ouverts <strong>la</strong> porte de leurs vagues.<br />

LM.<br />

Après des touches en Australie et en Nouvelle-Zé<strong>la</strong>nde l’équipe du Search<br />

Rip Curl WCT 2008 qui se déroulera fin juillet est toujours sur <strong>la</strong> route. Étrange?<br />

SurfTime fait le point avec Andy Higgins, organisateur de l’événement.<br />

Bon, il paraît que ça ne le fera pas sur le spot initialement prévu en Australie ?<br />

Et bien non, et ce n’est pas plus mal, c’était sans doute un des endroits les plus difficiles au monde pour organiser un tel<br />

événement.<br />

Alors, qu’est-ce qui s’est passé avec les locaux ?<br />

nous avions le support des meilleurs surfeurs locaux, et nous en avions besoin puisque l’organisation de l’événement se<br />

fait pour moitié avec eux. Ils étaient impatient de voir comment les pros al<strong>la</strong>ient rider les vagues de fou qu’il y a là bas.<br />

Mais après coup, une minorité a exprimé sons désaccord. Ce que nous respectons complètement c’est pourquoi Rip<br />

Curl s’est immédiatement retiré pour ne pas aller contre <strong>la</strong> volonté des surfeurs.<br />

La Nouvelle-Zé<strong>la</strong>nde a failli être <strong>la</strong> solution ?<br />

En effet, il y a d’excellentes vagues à <strong>la</strong> période qui nous intéresse dans cette partie du monde. Nous avons pensé à<br />

Rag<strong>la</strong>n, et surtout au spot d’Indicators. Le problème de l’accès au spot s’est posé, puisque pour aller devant <strong>la</strong> vague<br />

il faut passer sur des terres sacrées Maoris. Les Maoris ne nous ont pas donner l’accord de passer sur leur terre<br />

donc nous avons préféré continuer a chercher un spot world c<strong>la</strong>ss ailleurs ; plutôt que d’aller contre <strong>la</strong> volonté de <strong>la</strong><br />

communauté locale.<br />

In fine, ça se passera où ?<br />

Il y a encore pas mal de vagues world c<strong>la</strong>ss qui pourraient convenir pour l’organisation de cette épreuve. Comme<br />

chaque année, on réserve une belle surprise au riders, mais pour le moment c’est Somewhere…<br />

L..M.<br />

CARLOS PINTO / O’NEILL<br />

Le camp de base de <strong>la</strong> chapelle<br />

de Troenen, à côté du Twenty<br />

Nine Surf Camp.<br />

Julian Wilson. Un nom à retenir…<br />

Le youngblood de <strong>la</strong> bande (ici en action dans<br />

<strong>la</strong> baie d’Audierne) s’impose à coups de surf<br />

newschool de haut vol lors de cette troisième<br />

édition de The O’Neill Mission.<br />

L’affiche du prochain Search WCT,<br />

qui se déroulera fin juillet à…<br />

Pas trop dur de reconnaître le spot<br />

si vous êtes déjà passés par là.


18<br />

© TOSTEE/ASP<br />

Qu’en est-il du mythique Bil<strong>la</strong>bong pro Mundaka<br />

Après plusieurs années d’existence, avec ses moments inoubliables mais aussi des journées plus difficiles où<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge de repli de Bakio avait dû accueillir le top 45 faute de vague, le Bil<strong>la</strong>bong Pro Mundaka aura bien lieu<br />

cette année. Après des rumeurs d’annu<strong>la</strong>tion, de dép<strong>la</strong>cement de l’épreuve plus au Sud de l’Europe, Bil<strong>la</strong>bong<br />

a confirmé que l’étape basque se déroulera comme chaque année. Seul changement, le spot de repli sera<br />

désormais sur les p<strong>la</strong>ges de Sope<strong>la</strong>na, autre petit vil<strong>la</strong>ge non loin de Mundaka et qui on l’espère, donnera<br />

des vagues de meilleure qualité que Bakio en cas de pénurie sur Mundaka. Mais pour le moment, <strong>la</strong> vedette<br />

demeure <strong>la</strong> gauche tant convoitée, parfois capricieuse, où Bobby Martinez (USA), vainqueur des deux dernières<br />

éditions, espère bien tripler <strong>la</strong> mise. Histoire d’être une fois encore être jeté de <strong>la</strong> digue par les locaux dans le<br />

petit port de pêche, comme <strong>la</strong> tradition l’oblige.<br />

Analyse<br />

ASP World Qualifying Series (WQS)<br />

Pronostics difficiles pour cette saison<br />

Du retour inattendu de Sunny Garcia<br />

(HAW) au plus haut niveau, au départ<br />

fracassant même si moins improbable<br />

de Jonathan Gonzalez (BRA), le WQS a<br />

lui aussi amené son lot de surprises au<br />

cours de <strong>la</strong> première moitié de l’année.<br />

Avec déjà quatre compétitions c<strong>la</strong>ssées<br />

PRIME au compteur, les surfers en quête<br />

d’une p<strong>la</strong>ce dans l’élite nous ont offert<br />

quelques-uns des plus grands moments<br />

de surf de <strong>la</strong> dernière décennie. Des eaux<br />

chaudes du Fernando de Noronha au Brésil<br />

aux Nord du Royaume Uni à celles g<strong>la</strong>cées<br />

de Thurso, <strong>la</strong> crème du WQS a dû affronter<br />

toutes les vagues et tous les climats pour<br />

commencer à engranger des points avant<br />

<strong>la</strong> saison estivale, et l’enchaînement de<br />

<strong>la</strong> plus grosse ligue du monde avec pas<br />

moins de 10 compétitions cruciales avant<br />

le final hawaiien !<br />

Et c’est encore une fois un ancien qui<br />

attire l’attention des medias. Après un an<br />

de prison pour fraude fiscale et un hiver<br />

d’entraînement intense sur son île d’Oahu,<br />

le champion du monde ASP 2000, Sunny<br />

Garcia himself, revient avec <strong>la</strong> ferme<br />

intention de se requalifier pour le top 45 et<br />

compte déjà trois résultats consécutifs à<br />

plus de 1200 points en moyenne, de bon<br />

augure pour l’accomplissement de ses<br />

objectifs.<br />

En haut du c<strong>la</strong>ssement, les premiers<br />

grands affrontements amenèrent une<br />

bataille difficile et contrairement à l’année<br />

dernière où les Tiago pires et autre Jordy<br />

Smith étaient presque assuré de leur<br />

qualification début Juin, personne pour le<br />

moment n’a pu faire <strong>la</strong> différence. La faute<br />

à qui ? À une poignée de troubles fêtes qui,<br />

à chaque grand rendez-vous, parviennent<br />

à faire tomber les poids lourds. Le premier<br />

à se payer les têtes de série est l’Américain<br />

Austin Ware (USA) qui atteint <strong>la</strong> finale du<br />

Quiksilver Pro Africa à Durban avant de<br />

perdre face au seul rescapé des têtes de<br />

série, l’ancien du top 45 et désormais bien<br />

parti pour une requalification, David Weare<br />

(ZAF). Weare, qui empoche les 3000 points<br />

de <strong>la</strong> victoire s’envole pour l’Ecosse en<br />

pleine forme, avec l’idée du doublé quelque<br />

part derrière <strong>la</strong> tête. Personne n’est<br />

Nike le numéro Un mondial des vêtements et articles de sport,<br />

arriverait-il enfin sur nos p<strong>la</strong>ges ? Après plusieurs tentatives dans<br />

l’histoire de <strong>la</strong> marque de venir s’imp<strong>la</strong>nter sur les p<strong>la</strong>ges du monde<br />

entier, NIKE, via sa marque estampillée surf Nike 6.0 vient de rentrer<br />

dans <strong>la</strong> cour des grands et soutiendra pour au moins trois années<br />

l’étape WQS de Trestles en Californie. Non seulement Nike 6.0<br />

soutient désormais le surf professionnel, mais <strong>la</strong> marque au swoosh<br />

hisse l’épreuve de Trestles au rang de 6-Star dès l’année prochaine<br />

en investissant au moins à moyen terme sur le circuit.<br />

jamais parvenu à gagner deux grandes<br />

compétitions consécutivement depuis<br />

le retour fracassant de Mick Campbell<br />

(AUS) en 2006 et ses deux victoires<br />

coup sur coup à Lacanau et Hossegor.<br />

L’Ecosse et le O’Neill High<strong>la</strong>nd Open :<br />

le swell s’annonce capricieux, <strong>la</strong> météo<br />

rude, mais les 144 surfers de <strong>la</strong> liste<br />

sont présents et continuent d’adorer<br />

cette épreuve désormais mythique.<br />

Encore une fois, les têtes de série dont<br />

Jarrad Howse (AUS) – ancien du top 45<br />

et finaliste l’année dernière<br />

– passent à <strong>la</strong> trappe et<br />

on retrouve une nouvelle<br />

poignée d’irréductibles<br />

outsiders dans le dernier<br />

carré aux côté de… David<br />

Weare lui-même. À noter <strong>la</strong><br />

perf du Canarien Jonathan<br />

Gonzalez qui atteint les 1/8<br />

de finale et demeure à ce<br />

jour l’une des meilleures<br />

chances européennes de<br />

qualification pour l’ASP<br />

World Tour 2009. Cette<br />

hécatombe chez les têtes<br />

BONNARME/ASP EUROPE<br />

Mundaka dans toute<br />

sa splendeur, ça vaut<br />

bien le coup de prendre<br />

quelques risques en<br />

continuant d’organiser<br />

une épreuve sur <strong>la</strong> plus<br />

belle gauche d’Europe !<br />

de séries n’est pas pour dép<strong>la</strong>ire au vieux<br />

continent avec Hugo Savalli (FRA) et Michel<br />

Bourez (PYF) qui se retrouvent en quart<br />

de finale. Savalli atteint les demi-finales<br />

avant de tomber face à Adam Melling<br />

(AUS), encore un surfer inattendu à ce<br />

stade d’une compétition c<strong>la</strong>ssée 6-Star<br />

Prime, qui à son tour échoue sur <strong>la</strong><br />

dernière marche face à l’illustre inconnu<br />

et néanmoins impressionnant Adam<br />

Robertson (AUS). (Compte-rendu détaillé à<br />

lire page 24)


20<br />

© ROBERTSON / ASP<br />

R E T O U R S U R E V E N T<br />

Après trois épreuves du WCT, soit déjà un quart du dream tour effectué, notre envoyé special sur les<br />

contests fait le point sur <strong>la</strong> saison en cours, les espoirs, les déceptions, les surprises de ce WCT 2008.<br />

QUIKSILVER PRO GOLD COAST<br />

Les quarante-cinq meilleurs mondiaux se retrouvent, comme chaque année, pour<br />

l’ouverture de l’ASP World Tour sur <strong>la</strong> côte Est de l’Australie, à Coo<strong>la</strong>ngatta sur le fameux<br />

« Superbank ».<br />

Pour <strong>la</strong> première fois depuis longtemps, le monde du surf attend avec impatience le<br />

<strong>la</strong>ncement du Dream Tour du renouveau : Jordy Smith (ZAF), 18 ans, qui vient de dominer<br />

le circuit ASP World Qualifying Series (WQS), et Dane Reynolds (USA), 22 ans et dauphin<br />

de Smith sur le WQS, meilleur free surfer du monde selon Kelly S<strong>la</strong>ter lui-même, sont<br />

dans les starting blocks et annoncent, on l’espère, quelques changements parmi l’élite.<br />

Côté européen, c’est tout aussi historique : quatre représentants de <strong>la</strong> bannière bleue aux<br />

étoiles jaunes sont sur <strong>la</strong> liste des participants, avec en tête le prodige de 19 ans Jeremy<br />

Flores (FRA) fraîchement couronné du titre de ASP Rookie of the Year. Derrière lui :<br />

Miky Picon (FRA), qui entame sa seconde année sur le Dream Tour après une solide<br />

année 2007 dans <strong>la</strong> jungle des WQS. Tiago Pires (PRT), qui atteint enfin l’objectif ultime<br />

après dix années aux portes du top 45, et l’inattendu mais prometteur Basque Espagnol<br />

Aritz Aranburu (EUK) qui a obtenu son sésame grâce à une demi-finale sur l’avant<br />

-dernière compétition de l’année à Haleiwa sur le North Shore d’Oahu.<br />

À ce tableau s’ajoute le retour de plusieurs anciens du World Tour qui retrouvent enfin<br />

les rangs de l’élite, dont Ben Bourgeois (USA) ou encore Kieren Perrow (AUS) – ancien<br />

No. 7 mondial en 2005. Des leaders incontestés aux très attendus rookies, <strong>la</strong> caravane<br />

du Dream Tour s’annonce haute en couleurs et Mick Fanning (AUS) lui-même, champion<br />

du monde ASP en titre et dernier vainqueur en date à Col<strong>la</strong>ngata, est prêt à donner son<br />

maximum face au cru 2008.<br />

Dans des vagues d’un mètre, et devant un parterre de photographes, journalistes venu<br />

du monde entier, les quarante cinq entament les hostilités et série après série,<br />

Jeremy Flores, sans doute le meilleur<br />

espoir européen de briller au<br />

firmament du Dream Tour<br />

les surprises s’enchaînent. Les deux « wonderkids » Smith et Reynolds sortent par <strong>la</strong><br />

petite porte là où tout le monde les attendait au moins en quart de finale. Les ténors<br />

quant à eux, et ils l’avaient annoncé, ne vont pas dérouler le tapis rouge aux “Djeun’s<br />

aux dents longues“, et les Fannning, Parkinson, Irons, et S<strong>la</strong>ter se retrouvent bien<br />

évidemment le dernier jour. Côté européen, c’est Flores qui sort le grand jeu. Très<br />

concentré, bien encadré par ses potes et son coach Yannick Beven, Flores taille sa route<br />

jusqu’en demi-finale, où seul le King S<strong>la</strong>ter l’arrête. Et c’est d’ailleurs S<strong>la</strong>ter, sur qui les<br />

medias ne parient plus en ce début d’année, qui montre à tous les prétendants qu’à 36<br />

ans, il peut hisser son niveau de surf bien au-delà de toute attente.<br />

Kelly S<strong>la</strong>ter, 8X champion du monde ASP, n’a plus rien à prouver, à part peut être l’envie<br />

de montrer aux nouveaux qu’il ne suffit pas d’être l’attraction du moment pour gagner<br />

une compétition à ce niveau. Jouant avec les effets d’annonce, ne confirmant sa venue<br />

que quelques jours avant le début du Quik Pro, n’assistant pas à <strong>la</strong> conférence de presse<br />

de son sponsor, n’envisageant pas de faire le tour dans son intégralité cette année, tous<br />

les yeux sont ailleurs. Mais le King nous avait déjà fait le coup il y a deux ans, on se<br />

souvient du résultat… Dès son entrée en lice, Kelly sort le grand jeu. À chaque série,<br />

il nous offre un spectacle à couper le souffle. Des airs reverse aux carves ravageurs,<br />

en passant par quelques sessions d’entraînement à <strong>la</strong> nuit tombée, tous les indicateurs<br />

donnent le King vainqueur de <strong>la</strong> première étape de l’année. S’offrant Andy Irons en quart,<br />

Flores en demi, et Fanning en finale, Kelly remet les compteurs à zéro et montre à toutes<br />

les générations présentes que le patron, c’est encore lui.<br />

Avec l’élimination surprise des nouveaux prodiges, <strong>la</strong> percée d’entrée de Flores,<br />

et surtout l’invincibilité de S<strong>la</strong>ter et de ses suivants historiques dont Andy Irons, le Quik<br />

Pro Gold Coast remplit les attentes et annonce aux fans du monde entier une saison<br />

pleine de surprises.


RIP CURL PRO BELLS BEACH<br />

Après sa victoire australienne, le « nouveau » Numéro 1 mondial S<strong>la</strong>ter se confie aux<br />

journalistes : « je ne sais pas si je vais aller à Bells, je suis en plein questionnement quant<br />

à mon avenir en compétition et je ferai selon mon envie du moment ». Ça ne vous rappelle<br />

rien… Après plusieurs années de duels historiques, Andy Irons connaît bien <strong>la</strong> force de S<strong>la</strong>ter<br />

et ne s’attend pas à le voir se défiler après une victoire dans <strong>la</strong> première étape de l’année.<br />

Nous non plus. Deux jours avant le début du Rip Curl Pro, Renato Hickel – ASP World Tour<br />

manager – reçoit un coup de fil de S<strong>la</strong>ter lui confirmant sa venue. La raison officielle :<br />

un bon swell est attendu, et il ne souhaite pas rater l’occasion de surfer <strong>la</strong> droite mythique à<br />

deux dans l’eau. La raison officieuse, qui est déjà dans tous les esprits : S<strong>la</strong>ter est-il capable<br />

de refaire le doublé de 2006, année de son dernier titre de champion du monde, où il avait<br />

remporté le Quik Pro et le Rip Curl Pro consécutivement ? On en est encore bien loin,<br />

en ce 19 mars, jour d’ouverture de <strong>la</strong> seconde étape de l’ASP World Tour.<br />

Après plusieurs jours d’attente, les premiers tours sont enfin <strong>la</strong>ncés, et les conditions de mer<br />

agitée et de vagues de deux bons mètres offrent un spectacle mitigé. C’est encore Flores qui<br />

brille dans le c<strong>la</strong>n européen, alors que Tiago et Miky ne dépassent pas le second tour.<br />

À 19 ans encore, c’est lui qui porte tous les espoirs du surf du vieux continent, mais cette fois,<br />

il tombera face à un Bobby Martinez (USA) surpuissant qui coupe <strong>la</strong> route du français en 1/8<br />

de finale. Côté wonderkids, c’est de nouveau <strong>la</strong> déception pour Jordy Smith qui tombe face au<br />

vétéran Danny Wills (AUS) au deuxième tour. Dane Reynolds quant à lui, semble retrouver son<br />

surf des vidéos Young Guns. À chaque série, Reynolds sort des figures aériennes et monte en<br />

puissance jusqu’à s’offrir le champion du monde 2001 CJ Hobgood (USA) dans une série qui<br />

restera dans les mémoires, les deux surfers terminant avec un total supérieur à 18.50 sur 20.<br />

Le tenant du titre Taj Burrow (AUS) demeure en bonne p<strong>la</strong>ce. Après un quart de finale sur<br />

<strong>la</strong> Gold Coast, Burrow n’impressionne pas, mais montre une persévérance et une solidité à<br />

toutes épreuves. Le vice-champion du monde 2007 reste dans l’ombre des performances<br />

affo<strong>la</strong>ntes de Reynolds ou S<strong>la</strong>ter, évidemment toujours en lice, mais se hisse cependant<br />

jusqu’en demi-finale où il tombe face à… Kelly S<strong>la</strong>ter. Fin de <strong>la</strong> route pour Taj. Encore une<br />

fois, dans le dernier duel, S<strong>la</strong>ter affronte l’un des phénomènes du moment, l’Australien Bede<br />

BILLABONG PRO TAHITI<br />

Les 45 meilleurs surfers de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète se retrouvent face au monstre Teahupoo. Le spectacle<br />

s’annonce grandiose.<br />

Ça commence très fort avec des trials d’anthologie, dans des vagues de cinq mètres,<br />

où l’extra-terrestre Jamie O’Brien (HAW) et le pas si inattendu que ça Bruno Santos (BRA)<br />

s’offrent les deux wildcards pour le tableau principal. Malheureusement <strong>la</strong> houle diminue<br />

ensuite et six jours d’attente seront nécessaires avant de pouvoir entamer les hostilités.<br />

S<strong>la</strong>ter, grand favori désormais c<strong>la</strong>irement en lice pour une neuvième couronne mondiale,<br />

vainqueur trois fois dans les tubes béants de Teahupoo, arrive <strong>la</strong> veille seulement et va subir<br />

<strong>la</strong> domination du local Manoa Drollet à deux reprises. Au premier tour d’abord où le Floridien<br />

termine second derrière le local et doit ainsi passer par les repêchages du second tour<br />

où il affronte O’Brien. Sans <strong>la</strong> moindre hésitation, S<strong>la</strong>ter se sort aisément des petits tubes<br />

turquoises et élimine l’hawaiien pour annoncer une fois encore qu’il est prêt à aller au bout,<br />

avec un total de plus de 18 points sur 20. Mais comme le veut <strong>la</strong> règle, les têtes de série<br />

retrouvent toujours les wildcards au troisième tour et S<strong>la</strong>ter doit de nouveau affronter Drollet.<br />

Et pour un début d’année qui n’en finit plus de nous surprendre, le King est éliminé et <strong>la</strong>isse <strong>la</strong><br />

voie libre à ses poursuivants. Pas de bol pour le champion en titre, Fanning, qui n’en profitera<br />

pas puisqu’il subit le même sort face à l’illustre outsider Santos, tout droit venu des trials.<br />

Il ne sera pas <strong>la</strong> seule tête de série à <strong>la</strong>isser passer sa chance… En effet, c’est l’hécatombe<br />

chez les leaders, alors que le swell tombe à vue d’œil. Hobgoods, Irons, Parkinson, Durbidge,<br />

Flores, Burrow… Le top 10 subit les foudres des invités qui accrochent à leur tableau de<br />

chasse quelques-uns des plus grands noms de <strong>la</strong> discipline. C’est finalement Bruno Santos<br />

qui vient à bout du local Manoa Drollet dans des vagues d’un mètre, après une compétition<br />

marathon et pas moins de dix séries gagnées. S<strong>la</strong>ter se frotte les mains : là où ses adversaires<br />

auraient pu profiter d’un passage à vide, pas un seul ne parvient en finale. « Kelly doit bien<br />

rigoler devant son ordinateur, car on est pas mal à lui avoir fait un cadeau. Voir deux wildcards<br />

en finale était ce qui pouvait lui arriver de mieux, après son élimination au troisième tour, »<br />

Après des débuts décevants<br />

à <strong>la</strong> Gold Coast, Dane Reynolds<br />

exprime tout son potentiel lors<br />

de l’épreuve de Bells Beach<br />

Durbidge. Ce dernier, vainqueur de <strong>la</strong> Triple Crown sur le North Shore en décembre, demifinaliste<br />

au Quik Pro deux semaines avant, mène le duel jusqu’à trois minutes de <strong>la</strong> fin. Serein,<br />

il <strong>la</strong>isse S<strong>la</strong>ter ramer au nord, face à <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise, et attend que le son de <strong>la</strong> trompe sonne sa<br />

victoire. À <strong>la</strong> recherche d’une vague à 7 points, S<strong>la</strong>ter tente l’impossible : à une minute de <strong>la</strong><br />

fin du temps réglementaire, il part sur une vague d’un mètre et commence avec un frontside<br />

air double-grab avant de carver sa vague tout en puissance. Récompensé par plus de 8 points,<br />

il vole à Durbidge sa première cloche mythique, et remporte <strong>la</strong> deuxième étape du World Tour.<br />

Une fois encore, le King répond présent et prend le <strong>la</strong>rge au c<strong>la</strong>ssement général, répétant son<br />

doublé historique qui l’avait mené à un nouveau record, il y a deux ans.<br />

Et si certains diront que S<strong>la</strong>ter a fait son temps, d’autres pensent que comme au cours des<br />

quinze dernières années dominées par le King 2008 s’est déjà inclinée.<br />

© KIRSTIN/ ASP<br />

Miky Picon signe à Teahupoo sa plus<br />

belle performance de ses deux<br />

années sur le WCT, en atteignant les<br />

huitièmes de finale et en éliminant<br />

au passage Bobby Martinez<br />

dira CJ Hobgood après sa demie finale perdue. S<strong>la</strong>ter reste en tête malgré une 17ème p<strong>la</strong>ce et<br />

conserve ainsi toutes ses chances de couronne mondiale en ce début d’année !<br />

Côté européen, Flores et Aranburu disparaissent dès le second tour alors que Tiago Pires<br />

passe enfin le cap des repêchages, avant de perdre au troisième tour. C’est finalement Miky<br />

Picon (FRA) qui s’offre <strong>la</strong> plus belle performance du Bil<strong>la</strong>bong Pro Tahiti en atteignant les<br />

1/8ème de finale, où il se fait stopper par Bruce Irons. En chemin, Picon s’offre le vainqueur<br />

de l’édition 2006, l’Américain Bobby Martinez, et signe au passage le meilleur résultat de sa<br />

carrière au sein du top 45.<br />

(C) ASP/TOSTEE<br />

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22<br />

R E T O U R S U R E V E N T<br />

CHRONIQUE D’UN WQS 4 STARS<br />

À BRETIGNOLLES-SUR-MER<br />

Le championnat du monde de surf en Vendée c’est un<br />

peu <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète mars qui débarque en plein mois d’avril.<br />

Un avant-goût d’été, avec les embouteil<strong>la</strong>ges en moins.<br />

En Vendée, <strong>la</strong> culture surf fait son chemin au gré des<br />

marées, mais il y a encore un bout de route à faire. Cette<br />

année il y avait de superbes conditions, du soleil et pas<br />

mal d’action. De quoi donner de l’espoir pour le futur<br />

À Brétignolles, on voit les choses en grand comme si le<br />

surf al<strong>la</strong>it devenir véritable élément du développement<br />

local. À <strong>la</strong> mairie, on rêve de surf de nuit, on a même pensé<br />

installer des projecteurs sous <strong>la</strong> mer ! Pendant ce temps-là,<br />

les locaux se réjouissent, c’est pas tout les jours que les<br />

meilleurs surfeurs du monde viennent déchirer le spot. Voir<br />

des pros inventer de nouvelles trajectoires sur sa vague, ça<br />

<strong>la</strong>isse rêveur !<br />

Surftime ne vou<strong>la</strong>it pas rater une si belle édition, on a mis<br />

le temps, mais finalement on est arrivé le samedi. C’était<br />

marée basse, de loin La Sauzaie ressemb<strong>la</strong>it un peu à un<br />

champ de mine. Des pics partout, mais rien de vraiment<br />

défini. Les pros attendaient que ça monte un peu pour<br />

enchaîner les séries du jour. Quelques gamins courraient<br />

entre le chapiteau et <strong>la</strong> buvette. Ça sentait <strong>la</strong> frite. Tamayo<br />

Perry était venu checker le spot emmitouflé dans sa veste.<br />

Un Hawaiien en Vendée ! Même lui n’en revenait pas. Le line<br />

up s’est mis en p<strong>la</strong>ce rapidement en début d’après midi,<br />

pour former un pic droite et gauche assez rapide. Difficile de<br />

bien se p<strong>la</strong>cer, les vagues explosent un peu au take-off, mais<br />

ensuite, les sections s’enchaînent rapidement. Dans l’inside,<br />

il y avait moyen d’envoyer gros au risque d’aller embrasser<br />

les moules, une tradition locale. Sandwich jambon-beurre<br />

barquette de frites, verre de rouge, on était bien installé, aux<br />

premières loges sur les remb<strong>la</strong>is. Dans le c<strong>la</strong>n français, ils se<br />

débrouil<strong>la</strong>ient pas trop mal. Eric Rebiere et Hugo Savalli font<br />

alors figure de favoris aux côtés de Luke Campbell. Et malgré<br />

l’élimination de Micky Picon, il reste encore cinq frenchies en<br />

course pour le quart de finale.<br />

Le soir tombé il a fallu qu’on se loge. Dans un bled qui ne<br />

compte que trois hôtels c’était pas gagné, mais au final,<br />

on a tiré le gros lot. Celui qu’on a trouvé c’était un peu une<br />

b<strong>la</strong>gue, table de bil<strong>la</strong>rd dans <strong>la</strong> véranda, bière tiède, et petit<br />

chien hargneux, « hulk », qui vomit devant le comptoir.<br />

Réseau internet crypté, on a eu le droit à une heure gratuite.<br />

On avait une p<strong>la</strong>que 83 -un hasard-, mais en France ça<br />

signifie beaucoup. L’unique type accoudé au comptoir nous<br />

a regardé rentrer en disant : « Moi le Sud-Est, j’y vais pour<br />

récupérer des 4L ». Okay<br />

Et effectivement, à 50 m plus loin dans <strong>la</strong> rue, il y avait une<br />

collection de 4L multicolores rouillées. Dans notre chambre<br />

<strong>la</strong> TV ressemb<strong>la</strong>it à un micro-onde, le chauffage ne marchait<br />

pas et les lits en avaient vu passer des plus lourd que nous.<br />

Cinquante-cinq euros <strong>la</strong> piaule en basse saison, à ce tarif-là<br />

il ne faut pas s’étonner que les gens préfèrent le Maroc…<br />

On s’endort devant un reportage sur <strong>la</strong> bande de Gaza<br />

pendant que les autres continuent de faire <strong>la</strong> fête et à<br />

s’avinasser à l’Aloha café. « Son fils est sous les bombes et<br />

il a peur de perdre un client » nous explique un habitué des<br />

lieux. On comprend mieux.<br />

Le dimanche s’annonçait rayonnant. D’entrée de jeu, on a<br />

fait connaissance avec le patron du Bar des flots. Chemise<br />

quadrillée en <strong>la</strong>ine po<strong>la</strong>ire grande ouverte,<br />

il nous apporte un thé vert et le catalogue de l’office du<br />

tourisme. On avale notre brioche vendéenne au soleil<br />

Front side snap d’école pour<br />

Jean Seb Estienne qui a bien<br />

géré les conditions difficiles<br />

des premiers tours.<br />

avant de retourner sur le site de <strong>la</strong> compétition. On se<br />

serait presque cru sur une étape du tour de France.<br />

G<strong>la</strong>cières, bobs, et appareils photos étaient de sortie. Dans<br />

une ambiance bonne enfant et presque survoltée, c’est<br />

Romain Laulhé qui s’impose, sans réelle stratégie, mais<br />

complètement en phase avec le spot. Il se permettra même<br />

d’envoyer quelques airs assez stylés en finale, pour le plus<br />

grand p<strong>la</strong>isir des spectateurs. « Je ne réalise pas encore que<br />

j’ai gagné cette compétition, »<br />

déc<strong>la</strong>re Laulhé. “Je suis très heureux de remporter une<br />

compétition aussi prestigieuse. Ça a été une super épreuve<br />

et d’en sortir vainqueur est vraiment une sensation<br />

exceptionnelle.” Il aurait mérité de remporter son poids en<br />

brioche, mais à notre époque, ça ne se fait plus… Allez, a<br />

tchô et a betou.<br />

SR.<br />

Romain Laulhé survolté lors de <strong>la</strong><br />

finale de ce WQS qu’il remportera<br />

avec une assurance spectacu<strong>la</strong>ire.


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ROGER SHARP/O’NEILL<br />

24<br />

R E T O U R S U R E V E N T<br />

LE O’NEILL HIGHLAND PREND DE L’AIRStef Robin<br />

LA TROISIÈME ÉDITION DU SWATCH O’NEILL HIGHLAND OPEN 6 STARS, QUI S’EST DÉROULÉE<br />

DU 24 AU 30 AVRIL DERNIER, EST RESTÉE FIDÈLE À SA RÉPUTATION : TOTALEMENT EXTRÊME,<br />

VERSATILE ET PLEINE DE SURPRISES.<br />

Les grosses compétitions de surf, c’est toujours un<br />

peu <strong>la</strong> même histoire. Un circus géant qui colonise<br />

un spot super connu l’espace d’une semaine. En<br />

Ecosse, c’est une autre affaire. Là-bas, pas de<br />

filles en string (quoique, en cherchant bien…), ni<br />

de jacuzzi bouil<strong>la</strong>nt au bord de l’eau. Le camion<br />

des juges est garé en plein champ, ça fleure bon<br />

le fumier et on marche dans <strong>la</strong> boue. L’eau est<br />

froide, les vagues violentes et ceux qui ont fait le<br />

dép<strong>la</strong>cement comprennent vite que pour s’en sortir,<br />

il va falloir tout donner. Bienvenue au 59 ° parallèle<br />

Nord, sur les Terres de Lord Thurso !<br />

Le Nord de l’Ecosse n’est certainement l’endroit que<br />

vous et nous choisirions pour partir en vacances. Par<br />

contre, pour ceux qui aiment le challenge et le calme,<br />

il y a de quoi faire. Dans les alentours de Thurso, <strong>la</strong><br />

côte regorge de spots tous plus radicaux les uns que<br />

les autres. Cette année, <strong>la</strong> compétition s’est déroulée<br />

entre Brims Ness et Thurso East. Il y avait du beau<br />

monde au rendez-vous pour cette étape du WQS<br />

six étoiles prime, dotée de 135 000 $. L’Euroforce<br />

affichait presque complet avec Jean Seb<br />

Estienne,Tim Boal et Tiago Pires parmi les favoris.<br />

Pas trop de young guns cette année pour cause de<br />

compétition junior au Portugal au même moment,<br />

dommage. En prime cette année, on a eu droit à <strong>la</strong><br />

catégorie légende, avec <strong>la</strong> venue de Sunny Garcia et<br />

Flávio Gouveia.<br />

Il aura fallu une bonne journée de voyage pour<br />

arriver jusqu’à Thurso. Une fois sur le site, je me<br />

suis rendu compte que <strong>la</strong> compétition avait pris un<br />

peu d’ampleur par rapport l’année précédente, mais<br />

l’esprit n’avait pas changé. Pure scottish vibes single<br />

malt.<br />

Comme d’hab, on retrouvait les trucks style Paris-<br />

Dakar qui hébergeaient les juges et <strong>la</strong> régie TV, mais<br />

pour le reste, on était en pleine nature. Quelques<br />

locaux avaient fait le dép<strong>la</strong>cement pour voir ça et<br />

l’ambiance était vraiment re<strong>la</strong>x. Le contest avait<br />

commencé mercredi 23 avril, sous le soleil mais<br />

avec des petites vagues. Les jours passaient, mais<br />

les vraies conditions ne semb<strong>la</strong>ient pas vouloir se<br />

montrer. Pas de quoi stresser pour le moment, entre<br />

découverte de l’Écosse profonde et les tests comparatifs<br />

de single malt, il y a de quoi s’occuper<br />

Coup de speed à Brims<br />

Après quatre jours de ce régime, le premier round<br />

n’était toujours pas bouclé. Arrivé au samedi, le<br />

calendrier commence à se resserrer. Il faut avancer.<br />

Tout le monde est sur le pied de guerre à 6h30.<br />

Comme moi, il y en avait beaucoup avec les yeux<br />

collés. Les filles de <strong>la</strong> Croix-Rouge ne demandaient<br />

qu’à retourner se coucher. Dehors il pleuvait et le call<br />

fut reporté à 9h00. Je suis donc retourné me mettre<br />

au chaud dans mon lit, sans les infirmières de <strong>la</strong><br />

Croix-Rouge. Quand je suis redescendu deux heures<br />

plus tard, tout le monde était en train de partir pour<br />

Brims. J’ai quand même eu le temps de choper un<br />

thé et un morceau de pain étrange. Dans <strong>la</strong> navette<br />

qui me conduisait au site, ça par<strong>la</strong>it suisse, allemand


R E T O U R S U R E V E N T<br />

STEPH ROBIN<br />

ROGER SHARP/O’NEILL<br />

STEPH ROBIN<br />

page de gauche: Par beau temps on se rend mieux compte à<br />

quoi ressemble le bout du monde<br />

Barrel <strong>la</strong> main dans <strong>la</strong> lèvre, des impressions indonésiennes<br />

qui feraient presque oublier les eaux g<strong>la</strong>cées du 60ième<br />

parallèle.<br />

Power surfing attitude, Sunny Garcia égal à lui même, et ça<br />

paye.<br />

Tiago Pires désormais sur le dream tour, assure ses arrières<br />

en participant aux plus gros WQS.<br />

Andy Bain, légende locale et Beach Marshal de <strong>la</strong> compétition.<br />

La vie est dure en Ecosse même pour les photographes,<br />

habitués à des conditions plus clémentes. Timo Jarvinen se<br />

marre.<br />

Sunny Garcia le home boy de <strong>la</strong> West Side d’Oahu, aurait<br />

presque l’air sympathique...<br />

AL MACKINNON/O’NEILL<br />

O’NEILL / TIMO JARVINEN<br />

STEPH ROBIN<br />

25


O’NEILL<br />

26<br />

R E T O U R S U R E V E N T<br />

Un dimanche matin Ecossais bien<br />

massif et sous le soleil,<br />

quand Brims Ness se <strong>la</strong><br />

joue world c<strong>la</strong>ss.<br />

hol<strong>la</strong>ndais. Je ne comprenais pas grand-chose.<br />

En quittant Thurso on voyait bien qu’il n’y avait pas de<br />

vagues. Sur le site, c’était pareil. Le vent était fort off<br />

shore mais les vagues dépassaient difficilement les<br />

80 cm.<br />

On tourne en rond jusqu’à dix heures, là on nous<br />

apprend que le contest est une fois de plus reporté.<br />

Next call à 17h00… De retour à l’hôtel, les jeux vidéo<br />

sont pris d’assaut, le réseau internet est complètement<br />

saturé, malgré son prix prohibitif. Rien n’est gratuit<br />

au Royaume-Uni… Ici l’accès au net coûte presque<br />

20 euros par jour, on le saura. Certains retournent se<br />

coucher, d’autres partent jouer au golf. Vers 16h00 il<br />

faut repartir sur le site. Je me glisse dans <strong>la</strong> voiture<br />

des juges de l’ASP. Tout le monde est un peu tendu,<br />

surtout Grégoire, le média manager de L’ASP Europe,<br />

qui commence à se demander si ça al<strong>la</strong>it le faire.<br />

De loin, on devinait les rochers de Brim’s b<strong>la</strong>nchis<br />

par <strong>la</strong> houle. Le vent souff<strong>la</strong>it en rafale, on aurait<br />

dit <strong>la</strong> Méditerranée. Un gros c<strong>la</strong>pot défer<strong>la</strong>it sur les<br />

dalles glissantes. Il y avait un mètre complètement<br />

désordonné. Deux surfeurs s’y essayaient. Pas évident,<br />

mais ils passaient quand même quelques manœuvres.<br />

La droite à fleur d’eau est super rapide, et à cette<br />

taille, les locaux évitaient de <strong>la</strong> surfer. Tiago Pires<br />

s’était déjà éc<strong>la</strong>té <strong>la</strong> main sur sa première vague,<br />

Jean Seb Estienne le dos, et de nombreux autres<br />

al<strong>la</strong>ient y <strong>la</strong>isser un ailerons ou même un tail.<br />

Au micro, l’infatigable et pour le coup pas trop<br />

fatigué Dave Mailman annonce un prochain call à<br />

18H00. Plus personne n’y croyait, pourtant il y avait<br />

du public. Tout était dans les mains du directeur de<br />

<strong>la</strong> compétition. Finalement le vent est tombé un peu,<br />

les vagues se sont rangées. Les esprits des High<strong>la</strong>nds<br />

étaient-ils avec nous ? À 18h30 <strong>la</strong> série 16 fut <strong>la</strong>ncée.<br />

Le Canarien Jose Maria Cabrera s’en est sorti avec<br />

une belle longueur d’avance. Et puis ce fut <strong>la</strong> série<br />

de Sunny Garcia, à 38 ans, l’Hawaiien impressionne<br />

toujours autant. Les spectateurs se sont massés sur<br />

les dalles pour voir le champion. En attendant d’aller<br />

à l’eau, Sunny essayait de capter le regard du jeune<br />

Australien Tim Taplin. Mais celui-ci a tout fait pour<br />

l’éviter. À 20 ans, il semb<strong>la</strong>it tout de même assez<br />

intimidé. Tim ouvre cependant le score avec un joli<br />

5.40. Plutôt pas mal vu les conditions. Sunny a vite<br />

remis tout le monde d’accord avec un 6.70. En trente<br />

minute de heat, <strong>la</strong> domination de Sunny fut totale,<br />

gros carves et gros snaps malgré le manque de taille.<br />

Il surfait un quarto qui semb<strong>la</strong>it marcher à merveille<br />

dans ces petites conditions. Il dira plus tard : « je suis<br />

ne suis pas venu pour faire de <strong>la</strong> figuration, je suis là<br />

pour gagner ». Toujours aussi surmotivé le Sunny.<br />

Le jeune Australien était second jusqu’à <strong>la</strong> fin, quand<br />

le Sud-Africain David Richard le devance au tout<br />

dernier moment. Le public local a fait entendre sa<br />

déception. Sunny enchaînait les turns, et se permis<br />

même un petit barrel sur sa dernière vague. « Allez,<br />

10 point pour Sunny, bande d’enculés» s’exc<strong>la</strong>ma son<br />

cadi. Il restait encore trois heat à courir avant <strong>la</strong> nuit.<br />

Les vagues s’amélioraient et le vent était passé off<br />

shore. Le call du lendemain matin fut prévu à 5h30 sur<br />

le site de Brims Ness. Le swell était en route, grâce à<br />

une dépression qui venait de passer un peu au nord de<br />

l’Ecosse.<br />

Le jour le plus long<br />

Lever à 4h45 c’est déjà une performance en soi.<br />

Heureusement il y avait du soleil. Enfin, pas encore,<br />

mais il n’y avait pas un nuage dans le ciel. À 5h30, il<br />

y avait déjà une poignée de surfeurs à l’eau malgré<br />

les 2°c qui s’affichent sur le thermomètre de ma


R E T O U R S U R E V E N T<br />

voiture. On les voyait s’engouffrer les bras levés dans<br />

des cavernes g<strong>la</strong>cées illuminées par les premiers<br />

rayons de soleil. Avec des conditions pareilles, les<br />

organisateurs n’ont pas traîné pour <strong>la</strong>ncer le second<br />

tour. À 6h20, ils envoyaient <strong>la</strong> première des 23<br />

séries de <strong>la</strong> journée <strong>la</strong> plus longue de l’histoire de<br />

<strong>la</strong> compétition. Dans cette série, Romain Laulhé,<br />

vainqueur du WQS en Vendée, cassera sa p<strong>la</strong>nche<br />

d’entrée de jeu et n’arrivera pas à trouver les bonnes<br />

vagues. Il fera partie de <strong>la</strong> longue liste des Français<br />

éliminés dans <strong>la</strong> journée. Restent en course Hugo<br />

Savalli, Tim Boal, Eric Rebière et Christophe Al<strong>la</strong>ry,<br />

qui a réussi à se qualifier grâce à un surf puissant<br />

et engagé. Le vainqueur de l’épreuve 2007, Nathan<br />

Hedge, parvient lui aussi à se qualifier, en prenant une<br />

vague de dernière minute. Le suspens reste entier<br />

pour les 48 surfeurs encore en course après cette folle<br />

journée.<br />

Le jour le plus long, rebelotte<br />

Cette fois-ci le Call est donné à l’hôtel à 6h30. Encore<br />

un SMS envoyé par l’organisation qui me sort du lit.<br />

C’est pratique. À 7 heures je pars faire un tour à pied<br />

jusqu’au port de Thurso, histoire de checker <strong>la</strong> vague<br />

de l’autre côté de l’embouchure de <strong>la</strong> Thurso River.<br />

Je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’ici, en<br />

hiver, <strong>la</strong> rivière charrie des morceaux de g<strong>la</strong>ce qui<br />

descendent des montagnes environnantes, pour se<br />

retrouver au line up. Faut être costaud pour surfer par ici.<br />

Ce matin-là, Thurso East fonctionne enfin. C’était <strong>la</strong><br />

première fois depuis 2 ans que <strong>la</strong> compet avait lieu sur<br />

cette droite mythique.<br />

Un signe? Peut-être. En tout cas, c’est idéal pour une<br />

finale. Il y avait quatre mecs au line up, vu de travers<br />

depuis le port, <strong>la</strong> vague avait l’air bien épaisse.<br />

Les séries passaient régulièrement, certaine frisaient<br />

avec les deux mètres. Il restait 23 heats jusqu’à<br />

<strong>la</strong> finale, personne ne croyait à une autre journée<br />

marathon comme <strong>la</strong> veille et pourtant… Même si ça<br />

paraissait vraiment impossible de tout terminer avant<br />

<strong>la</strong> nuit, les organisateurs ne lâchent pas l’affaire.<br />

Pendant que je m’installe pour prendre une photo du<br />

line up, un vieux monsieur s’est approché de moi en<br />

disant : « vous devriez avoir de <strong>la</strong> chance aujourd’hui,<br />

on dirait qu’il va faire beau ». Soleil et Thurso East au<br />

mieux de sa forme, <strong>la</strong> journée s’annonce mémorable.<br />

Un doute cependant : ici, quand on parle météo,<br />

on le fait au conditionnel, un revirement du temps est<br />

toujours à craindre…<br />

La compétition commence doucement vers 8h30.<br />

Le décor a un peu changé. Backstage, on est<br />

carrément dans <strong>la</strong> cour d’une ferme, une immersion<br />

totale dans le milieu paysan écossais avec le bruit et<br />

l’odeur, comme dirait le grand Jacques. Les espoirs<br />

Français diminuent rapidement au fil des heats.<br />

Seul Michel Bourez et Hugo Savalli, décidément très<br />

accrocheur cette saison, réussissent à se qualifier pour<br />

ROGER SHARP/O’NEILL<br />

Les célèbres camions du Paris Dakar,<br />

<strong>la</strong> seule manière de garder<br />

les juges à l’abri quand ça<br />

cartonne dehors.<br />

les quarts de finale, où ils se retrouvent dans le même<br />

heat pour un duel fratricide entre deux potes. Malgré<br />

les attaques incessantes d’Hugo, c’est Michel Bourez<br />

qui prend <strong>la</strong> main pendant le heat, avec un surf ample<br />

et puissant. Hugo réussi tout de même à le coiffer sur<br />

le poteau dans <strong>la</strong> dernière minute.<br />

Il est part sur une vague moyenne mais longue qui lui<br />

permet d’enchaîner manœuvres après manœuvres.<br />

Un Français accédait enfin à une demie finale en<br />

Ecosse ! Dans les autres quarts, Sunny Garcia avait<br />

lâché prise face aux Australiens qui se jetaient en<br />

tentant des airs 360 à tout va. Sunny confirmait<br />

pourtant son intention de réintégrer le WCT avec cette<br />

belle performance. L’ancien champion n’avait pas<br />

perdu grand-chose de ses capacités, il le prouvait ici<br />

en envoyant des gerbes d’eau monstrueuses à chaque<br />

roller. En milieu d’après-midi <strong>la</strong> fatigue commence à<br />

se lire sur le visage des compétiteurs. Rien de tel que<br />

de mettre et remettre une combinaison mouillée avec<br />

un vent g<strong>la</strong>cial… En sortant de l’eau, ils étaient tous<br />

essoufflés à cause du courant qui les obligeait à ramer<br />

en permanence. La houle tombait un peu, et il fal<strong>la</strong>it<br />

se battre pour passer les sections à coup de floaters<br />

énormissimes. Bizarrement, <strong>la</strong> vague gardait un bon<br />

shape malgré le vent side on shore.<br />

En demi finale Hugo Savalli se retrouve confronté<br />

au style explosif de l’australien Adam Melling. Hugo<br />

donnera tout ce qu’il avait, dans un heat très serré.<br />

Presque à bout de forces, il trouve le moyen de<br />

reprendre <strong>la</strong> tête à 40 secondes du coup de k<strong>la</strong>xon<br />

final… Malheureusement Adam trouve <strong>la</strong> vague<br />

gagnante dans les 5 dernières secondes. Trop dur.<br />

Franck Corbery, team manager O’Neill, peine à s’en<br />

remettre après avoir frisé l’ attaque cardiaque. Hugo<br />

loupait de peu cette finale qui sera donc 100%,<br />

australienne. Adam contre Adam, pas banal.<br />

On se demandait où ils al<strong>la</strong>ient puiser l’énergie<br />

pour cette dernière demi-heure de compétition,<br />

une compétition commencée onze heures plus tôt<br />

! Adam Melling avait battu Sunny Garcia en quart,<br />

mais là, c’est Adam Robertson qui sera le plus fort.<br />

Son surf rapide et très aérien parle pour lui. Il est<br />

bientôt 20h quand Adam Robertson sort de l’eau en<br />

vainqueur. Son épée brille dans le soleil couchant.<br />

Une arme de guerre pour un vrai guerrier. L’épopée<br />

2008 se conclut donc par une victoire australienne sur<br />

<strong>la</strong> droite de Thurso East. Encore une étape mythique,<br />

pleine de surprises.<br />

C’était déjà terminé, il fal<strong>la</strong>it repartir. Juste au<br />

moment où on commençait à apprécier l’atmosphère<br />

si particulière des High<strong>la</strong>nds. On reviendra, c’est sûr.<br />

Dans tous les cas, on n’était pas prêt d’oublier ces<br />

visions de vagues parfaites, au milieu de nulle part.<br />

SR.<br />

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28<br />

SAVALLI LE COUP<br />

STÉPHANE ROBIN<br />

R E T O U R S U R E V E N T<br />

Hugo Savalli a déjà eu droit à son interview dans<br />

SurfTime, il y a deux ans. Mais ses résultats<br />

fracassants de ce début de saison justifient<br />

amplement qu’on retourne voir de près ce qui a<br />

changé chez l’animal. On l’avait quitté à deux doigts<br />

de <strong>la</strong>isser tomber <strong>la</strong> compet et <strong>la</strong> course aux points<br />

sur le WQS, on le retrouve regonflé à bloc, auteur<br />

d’une demi finale sur le plus gros WQS européen, le<br />

O’Neill High<strong>la</strong>nd open 6* de Thurso !<br />

Qu’est-ce qui s’est passé dans ta vie depuis ta<br />

dernière interview dans Surfime ?<br />

C‘est allé doucement mieux… L’année dernière sur le<br />

WQS, j’ai commencé à passer des tours sur chaque<br />

compet. J’ai même réussi à faire quelques perfs, dont un<br />

1/8° de finale à Hossegor. Et sur un p<strong>la</strong>n plus personnel,<br />

j’ai une super copine depuis un an…<br />

Ça joue sur tes résultats ?<br />

Ouais, sûrement. Elle me pousse vachement, et en plus<br />

elle est très sportive, ça m’aide énormément, dans ma<br />

préparation physique par exemple. Elle est super active,<br />

elle fait même un peu de surf, c’est sûr que c’est plus facile<br />

avec elle. Et puis cette année, il y a également ma sœur qui<br />

va m’aider, que ce soit dans les re<strong>la</strong>tions avec les médias<br />

ou dans <strong>la</strong> recherche de sponsors extra sportifs. Ça me fera<br />

un truc de moins à penser, ça aide aussi<br />

Tu as désormais un point de chute sur Capbreton, où<br />

tu es installé depuis un peu plus d’un an.<br />

C’est vrai que ça joue beaucoup. C’est beaucoup plus<br />

difficile quand tu es basé à <strong>la</strong> Réunion. Rien que pour se<br />

rendre en Europe, c’est une grosse galère au niveau des<br />

vols. Et puis, niveau business, il ne se passe rien. Si tu vis à<br />

<strong>la</strong> Réunion, tu as beau surfer comme un dieu, personne ne<br />

te voit, personne ne sera au courant de ton niveau. Ici, il y a<br />

les sponsors, les médias, tu peux travailler plus facilement,<br />

tu existes médiatiquement par<strong>la</strong>nt.<br />

Appart, copine, et aussi un état d’esprit différent ?<br />

Tout est un peu lié non ?<br />

Plein de choses font que tout va bien dans ma tête.<br />

J’ai enfin compris comment ça marchait, les compéts.<br />

J’ai choppé <strong>la</strong> grosse motivation, je me suis entraîné<br />

physiquement. Il y a deux saisons, j’ai eu une année très<br />

difficile, j’ai eu beaucoup de mal. Déjà au départ, on peut<br />

dire que j’ai pas trop confiance en moi. Mais là, j’en étais<br />

au point de me dire que je n’y arriverais jamais, que je ne<br />

percerais pas dans les contests.<br />

Faut faire quoi alors pour arriver, quels sont les petits<br />

secrets de ta transformation ?<br />

Déjà, ça veut dire ne pas y aller à l’arrache… Fini de se<br />

pointer au dernier moment avant de se mettre à l’eau.<br />

Il y a tout un travail à faire avant. Ça commence par se<br />

renseigner sur le spot. Comment fonctionne le break en<br />

fonction des orientations de houle, en fonction de <strong>la</strong> taille,<br />

de l’heure de <strong>la</strong> marée. Une fois que tu as toutes les infos<br />

sur le break, il faut ensuite bien regarder les séries qui<br />

précédent <strong>la</strong> tienne. Là encore, il y a tout un tas d’infos<br />

Hugo Savalli épuisé mais<br />

heureux de sa troisième<br />

p<strong>la</strong>ce. Son team manager lui<br />

avait promis de lui payer une<br />

année entière de WQS s’il<br />

gagnait, ça motive!<br />

à prendre. Enfin, une fois à l’eau, c’est simple : il ne faut<br />

jamais rien lâcher ! . Je me souviens d’une réflexion que<br />

m’avait faite Marlon Lipke l’année dernière, et qui m’a<br />

vachement aidé. Il trouvait que j’étais trop passif dans<br />

mes séries. Que j’attendais les bonnes vagues, sans aller<br />

chercher les autres où j’aurais pu scorer quelques points<br />

importants. En fait, c’est assez simple. Quand tu es à<br />

l’eau pour ta les autres surfers sentent que cette série<br />

est <strong>la</strong> tienne, qu’elle t’appartient vraiment. Tu dois tenir<br />

<strong>la</strong> série dans ta main, et les autres surfers doivent avoir<br />

ce sentiment, ils doivent se sentir comme “invités“ à ta<br />

série, et pas comme des acteurs déterminants. C’est toi<br />

qui décide quelles vagues tu vas prendre et quelles vagues<br />

tu <strong>la</strong>isseras aux autres. Souvent certains compétiteurs se<br />

démotivent trop facilement. Par exemple quand les vagues<br />

sont pourries, ou qu’il fait trop froid. Alors que justement, tu<br />

ne dois pas te <strong>la</strong>isser abattre. Au contraire, tu dois même<br />

en faire un avantage. Si les autres surfers pensent que<br />

c’est pourri, toi tu dois y aller encore plus fort mentalement<br />

et ne rien lâcher.<br />

Suivre le circuit de compétition, c’est un choix ou une<br />

obligation ?<br />

C’est vraiment un choix. Peut-être qu’un jour ça me<br />

saoulera, mais pour l’instant j’aime bien le challenge. Et<br />

comme cette année, j’ai passé pas mal de tours… Le<br />

WQS de <strong>la</strong> Vendée m’a beaucoup appris, et ça m’a servi<br />

pour l’Écosse. J’ai du mal à gérer les séries lors des man<br />

on man. Je me suis trop concentré sur les vagues et pas<br />

assez sur mon adversaire. Je ne vou<strong>la</strong>is choper que les


R E T O U R S U R E V E N T<br />

bombes, et du coup, je me suis fait mettre combo (plus de<br />

10 points de retard, nécessitant de scorer au moins deux<br />

bonnes vagues pour recoller au score). Une erreur que je<br />

n’ai pas reproduite en Écosse…<br />

Le fait que les Européens soient de plus en plus nombreux<br />

à compter parmi les tops surfers, ça joue aussi ?<br />

Il y a un truc qui s’est passé dans nos têtes. Auparavant,<br />

on pensait tout simplement que ce n’était pas faisable.<br />

Miky Picon a changé tout ça il y a quelques années.<br />

Il a ouvert <strong>la</strong> voie. Tim Boal l’année dernière a prouvé<br />

également qu’on pouvait y arriver. Romain Laulhé l’a fait<br />

cette année. Cette saison, sur les contests, on a retrouvé<br />

au moins un Français dans chaque quart de finale.<br />

C’était encore impensable il y a seulement deux ans.<br />

Tu viens de <strong>la</strong> Réunion, d’autres de Tahiti, le reste<br />

de différents endroits du “continents“, est qu’on<br />

peut vraiment parler de groupe européen, alors que<br />

vous venez pour <strong>la</strong> plupart d’horizons totalement<br />

différents ?<br />

C’est vrai qu’on n’a pas tous les mêmes origines, mais<br />

aujourd’hui, on vit quasiment tous au même endroit. Et il<br />

ne faut pas oublier qu’on fait tous les mêmes compétitions<br />

depuis qu’on a douze ans. Avec des gars comme Gony<br />

(Zubizarreta) et Marlon (Lipke), on se connaît depuis tout petit.<br />

Propos recueillis par Laurent Molitor<br />

Surf new school engagé<br />

pour Hugo qui ne lâchera<br />

plus jamais rien en<br />

compétition.<br />

AL MACKINNON/O’NEILL<br />

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STEF ROBIN<br />

30<br />

R E T O U R S U R E V E N T<br />

OXBOW WORLD LONGBOARD TOUR<br />

ANGLET DU 5 AU 11 MAI<br />

La jeune génération a imposé son style face aux ténors du circuit lors de cette épreuve d’une qualité exceptionnelle.<br />

Cerise sur le gâteau : Antoine Delpero se retrouve en finale !<br />

CLASSEMENT :<br />

1 - Harley Ingleby (AUS)<br />

2 - Antoine Delpero (FRA)<br />

3 - Bonga Perkins (HAW)<br />

3 - Phil Rajzman (BRA)<br />

5 - Carlos Bahia (BRA)<br />

L’unique étape européenne du World Longboard<br />

Tour 2008 a bénéficié de conditions presque<br />

estivales début mai à Anglet. Les vagues<br />

entre 80cm et 1m50 convenaient totalement<br />

au longboard, même si certains surfeurs<br />

auraient préféré des vagues plus puissantes.<br />

Le gratin du longboard international était<br />

au rendez-vous. Hawaiiens, Américains ou<br />

Australiens, ils avaient tous fait le dép<strong>la</strong>cement.<br />

Le niveau est encore monté d’un cran cette<br />

année, et pas mal de surfeurs se sont retrouvés<br />

combo dans les premiers tours de <strong>la</strong> compétition<br />

tellement les différences de niveau étaient<br />

importantes.<br />

Les Brésiliens, toujours très en forme, n’ont pas réussi à<br />

s’imposer comme en 2007, même si trois d’entre eux sont<br />

arrivés en quart de finale. Les Français ont montré qu’il<br />

fal<strong>la</strong>it plus que jamais compter avec eux. Romain Maurin,<br />

Timothée Creignou et Antoine Delpero ont tous les trois<br />

surfés avec style et radicalité. Le phénomène marquant<br />

restera l’élimination des pointures du circuit par des jeunes<br />

entre 22 et 24 ans.<br />

50/50, affirmation d’un style.<br />

Ceux qui se p<strong>la</strong>ignaient de ne pas voir assez de nose<br />

dans les compétitions de longboard ont été servis. Cette<br />

année, le mé<strong>la</strong>nge des genres était plus que jamais à<br />

l’honneur. Quoi de plus beau que de voir les surfeurs


R E T O U R S U R E V E N T<br />

Ci dessus : A 22 ans, Antoine DELPERO<br />

réalise avec style, le meilleur résultat de<br />

sa carrière.<br />

À droite : Matthew Moir nous rappelle<br />

que les longboarders d’aujourd’hui ne<br />

manquent pas de radicalité.asp<br />

enchaîner un hang-ten parfaitement tenu en haut de<br />

vague suivit d’une série d’énormes drop-knee cut-back.<br />

La fluidité et <strong>la</strong> rapidité de passage d’une manœuvre à<br />

l’autre faisaient vraiment toute <strong>la</strong> différence. On aura pu<br />

apprécier le style quasiment parfait d’un Bonga Perkins<br />

ou <strong>la</strong> radicalité incroyable d’un Taylor Jensen qui ont tous<br />

deux posés les plus gros scores de <strong>la</strong> compétition. C’est<br />

sans doute Antoine Delpero qui aura impressionné le plus<br />

avec un style très particulier alliant finesse et équilibre.<br />

Il a réalisé l’impossible en battant l’ex-champion du<br />

monde Bonga Perkins en demi-finale. Il s’inclinera<br />

en finale face à l’australien, Harley Ingleby qui aura<br />

su trouver les meilleures vagues lors d’une série un<br />

peu moins favorable au Français. Antoine était tout de<br />

POULLENOT/ASPEUROPE.COM<br />

même très content de son résultat, même s’il était là<br />

pour gagner devant son public. Félicité par Nat Young<br />

pour son style, à 22 ans Antoine Delpero est sans<br />

aucun doute le nouveau leader du longboard français<br />

et européen. Actuellement deuxième mondial, Il est<br />

suivi par un autre jeune talent, Timothée Creignou qui a<br />

échoué aux portes des quarts de finale face à l’Hawaiien<br />

Bonga Perkins. Les champions du circuit n’ont pas<br />

forcément dit leur dernier mot et il y a fort à parier que<br />

de surfeurs comme Colin McPhillips ou Phil Rajzman<br />

tenteront de reprendre <strong>la</strong> main. La prochaine étape de<br />

ce tour qui en compte deux se déroulera en Californie<br />

au mois de novembre prochain.<br />

SR.<br />

31<br />

POULLENOT/ASPEUROPE.COM<br />

POULLENOT/ASPEUROPE.COM


32<br />

T I M O T H É E C R E I G N O U<br />

• Age : 22ans<br />

• Club : Aviron Bayonnais Surf<br />

• Home spot : Anglet<br />

• Sponsors : Bear Vans FCS<br />

• Palmarès :<br />

Champion d’Europe espoir 2004,<br />

Champion de France espoir 2004<br />

Champion d’Europe EPSA 2005<br />

2nd Européen en 2007<br />

Accro au longboard Tim est avant tout un surfer complet.<br />

Né dans une famille de surfer, son père, Daniel<br />

Creignou, shaper reconnu, ne l’a pourtant<br />

jamais forcé à faire de <strong>la</strong> compétition. C’est son<br />

frère, Jonathan Larcher, ex capitaine de<br />

l’équipe de France, qui lui a montré <strong>la</strong> voie. Quelques<br />

années plus tard c’est Tim que l’on retrouve sur<br />

les podiums. Un Tim tellement gentil que l’on a du mal à<br />

imaginer qu’il cache un esprit de compétiteur<br />

redoutable. Et pourtant : neuvième lors des<br />

derniers championnats du monde de longboard, il<br />

n’a pas fini de faire parler de lui.<br />

Le surf chez toi, c’est une histoire de famille ?<br />

Mon père m’a mis sur une p<strong>la</strong>nche à 3 ans et demi à Anglet,<br />

avec mon frère à côté de nous. On fait tous du surf, mon<br />

oncle Zaz aussi, chaque année on le voyait partir en surftrip,<br />

c’était un peu l’exemple de ce qu’on vou<strong>la</strong>it faire. Il n’y a que<br />

ma mère qui ne surfe pas, elle a peur des vagues.<br />

Tu surfes toujours beaucoup les p<strong>la</strong>nches de ton père ?<br />

J’adore surfer les p<strong>la</strong>nches c<strong>la</strong>ssiques, elles procurent des<br />

sensations incroyables. C’est avec ces p<strong>la</strong>nches que j’ai<br />

appris à faire des noses. Mais je surfe aussi des p<strong>la</strong>nches<br />

performantes. J’ai des longboards qui sont faits pour <strong>la</strong><br />

compétition par Lufi, un shaper Portugais installé en France.<br />

Il sait exactement quel type de p<strong>la</strong>nche il me faut. Je ne<br />

connais même pas les côtes des p<strong>la</strong>nches que je surfe, tout<br />

se fait au feeling.<br />

C’est pas un peu paradoxal d’avoir un père shaper, et<br />

d’aller voir un autre gars pour ses p<strong>la</strong>nches ? ça ne le<br />

dérange pas ?<br />

Non, mon père est spécialisé dans les p<strong>la</strong>nches c<strong>la</strong>ssiques.<br />

Il aime fabriquer des beaux objets. Il n’y a donc aucun<br />

problème de ce côté-là. Les p<strong>la</strong>nches de mon père sont<br />

faites pour durer des années, alors que les miennes<br />

tiendront une quinzaine de sessions. Je n’arrête pas d’en<br />

casser. Mais c’est presque normal. Elle sont extrêmement<br />

légères pour être performantes et du coup, elle sont super<br />

fragiles.<br />

Je croyais qu’en longboard le poids de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche était<br />

important pour avoir une meilleure glisse, grâce à<br />

l’inertie. Ce n’est plus le cas ?<br />

Pour les p<strong>la</strong>nches c<strong>la</strong>ssiques c’est super important, mais<br />

pour <strong>la</strong> compétition, on a besoin de p<strong>la</strong>nches légères. Après<br />

c’est le shape qui permet à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche d’être super rapide<br />

dans les noses, L’inertie est un facteur moins important<br />

en compétition, on surfe de manière plus dynamique<br />

avec beaucoup de re<strong>la</strong>nce. Les critères de jugement nous<br />

amènent à mé<strong>la</strong>nger les styles et avec une p<strong>la</strong>nche lourde,<br />

tu ne peux pas tout faire.<br />

STÉPHANE ROBIN


T I M O T H É E C R E I G N O U<br />

Le Championnat du Monde au mois de Mai aux<br />

Cavalier, c’est devenu le rendez vous incontournable du<br />

longboard ?<br />

Carrément, c’est <strong>la</strong> compétition <strong>la</strong> plus importante d’un circuit<br />

qui se cherche encore. Oxbow a bien géré <strong>la</strong> compétition<br />

cette année, notamment grâce à Philippe Malvaux, le<br />

directeur de <strong>la</strong> compétition. Il a su changer de pic pour que<br />

les surfeurs profitent des meilleures conditions de surf.<br />

L’ambiance est excellente, tout le monde est présent, c’est<br />

top.<br />

Parles-nous un peu de ton résultat, c’était plutôt une belle<br />

performance non ?<br />

Je suis content d’avoir atteint les huitièmes de finale, mais<br />

mon résultat ne me satisfait pas pleinement. J’avais reçu<br />

mes p<strong>la</strong>nches un jour avant, il fal<strong>la</strong>it que je prépare mon<br />

BTS, ce ne sont pas des excuses, mais ça ne m’a pas permis<br />

de me donner à fond. J’ai perdu contre Bonga Perkins,<br />

mentalement c’est un mec très sûr de lui et dans cette<br />

série il a mieux surfé que moi. J’espère pouvoir aller sur <strong>la</strong><br />

deuxième épreuve du tour en Californie, pour améliorer ce<br />

résultat.<br />

Le mental c’est un facteur super important pour toi ?<br />

C’est pareil dans tous les sport, le mental est toujours ce qui<br />

détermine <strong>la</strong> performance. Pour le mental, je tiens de mon<br />

frère, il a été plusieurs fois champions de France et d’Europe,<br />

tout le monde le respecte sur le tour, pour moi c’est une<br />

vraie référence. Une fois le heat commencé, je ne lâche rien.<br />

C’est comme ça, on a toujours eu l’esprit de compétition tous<br />

les deux. Même quand on joue au ping-pong, on joue pour<br />

gagner.<br />

Tu adoptes une stratégie particulière en man on man ?<br />

Je m’adapte en fonction des situations. Cette fois-ci, je savais<br />

que physiquement j’al<strong>la</strong>is tenir le coup. Il me restait à assurer<br />

psychologiquement, et c’est là que j’ai eu du mal. Dans mon<br />

heat contre Harrison Roach, j’ai essayé de détourner son<br />

attention, une manière de le déstabiliser un peu pour prendre<br />

l’avantage. Contre Bonga, je suis resté un peu plus à l’écart,<br />

ça ne servait à rien de jouer ce genre de jeu avec lui.<br />

Le jugement était assez favorable au style 50/50<br />

finalement ( 50% c<strong>la</strong>ssique / 50% moderne) ?<br />

Ça aussi c’était excellent. Ce sont les surfeurs complets<br />

qui sont allés jusqu’au bout. Pour moi <strong>la</strong> vague parfaite en<br />

longboard elle commence par un nose et c’est après qu’on<br />

peut envoyer les manœuvres. C’est vraiment bien que les<br />

juges aient comptabilisé les noses.<br />

C’est quand même étonnant que vous ayez, toi et ton<br />

frère, un tel esprit de compétition alors que votre père est<br />

complètement free surf.<br />

C’est vrai que mon père ne m’a jamais poussé à faire de<br />

<strong>la</strong> compétition. Il me disait « si tu commences à t’ennuyer<br />

pendant un heat, arrêtes tout et vas surfer à côté ». Au début<br />

je n’avais pas de longboard de compétition. Je surfais sur des<br />

p<strong>la</strong>nches c<strong>la</strong>ssiques<br />

juste pour être<br />

avec les potes et<br />

m’amuser. Je n’ai<br />

jamais ressenti <strong>la</strong><br />

pression de faire un<br />

résultat. Ma mère a<br />

peur de l’eau, et que je devienne un jour champion d’Europe<br />

ou du Monde, ça <strong>la</strong> <strong>la</strong>isse indifférente. Du moment que je suis<br />

content, c’est tout ce qui lui importe.<br />

L’âge moyen des longboarders est assez élevé. Tu as 22<br />

ans mais vous n’êtes pas nombreux dans cette tranche<br />

d’age ; il y a une relève qui se prépare en France ?<br />

Tim Creignoux, un savant mé<strong>la</strong>nge<br />

entre c<strong>la</strong>ssique et newschool<br />

bien parti pour gagner.<br />

Le longboard a longtemps souffert d’un manque de soutien<br />

en France. C’est pas forcément le truc à <strong>la</strong> mode chez les<br />

kids, donc il y a moins de jeunes qui s’y mettent. Pourtant<br />

on a quelques bons<br />

espoirs comme Yoan<br />

Annero et Edouard<br />

Delpero. J’espère<br />

aussi que le club où<br />

je suis en ce moment,<br />

l’Aviron Bayonnais Surf,<br />

permettra au longboard de se développer. Enfin un club qui<br />

se bouge pour nous, ça fait p<strong>la</strong>isir.<br />

Tu imagines faire carrière dans le longboard ?<br />

Pour le moment je fais ça pour me faire p<strong>la</strong>isir avant tout.<br />

Il n’y a pas assez d’argent à gagner pour en vivre. J’ai des<br />

sponsors qui m’aident, je peux voyager, surfer avec du bon<br />

matériel c’est le principal. Dans l’avenir j’espère réussir mon<br />

BTS de management, et pour le moment je vais donner des<br />

cours de surf et bosser au surfshop de mon Oncle, « Uncle<br />

ZAZ » à Anglet.<br />

Quels sont tes objectifs immédiats en compétition<br />

maintenant que le WLT est passé ? Le titre européen ?<br />

C’est c<strong>la</strong>ir que je suis là pour gagner, j’ai eu des bons<br />

résultats l’année dernière et je suis confiant. En 2007 j’ai été<br />

remporter une épreuve au Portugal complètement à l’arrache.<br />

Je suis parti tout seul avec mon sac de couchage dans <strong>la</strong><br />

voiture des juges. Je n’avais pas d’argent ni de p<strong>la</strong>nche. J’en<br />

ai récupéré un longboard sur p<strong>la</strong>ce que Loufi m’avait préparé,<br />

et j’ai gagné <strong>la</strong> compétition avec dans 50cm. Mon shaper est<br />

vraiment excellent, donc cette fois, je vais m’entraîner un peu<br />

mieux et ça devrait encore mieux marcher.<br />

Propos recueillis par Stéphane Robin<br />

33<br />

YVES SOBANSKI<br />

DAMIEN POULLENOT/ASP EUROPE


36<br />

Franck Corbery est un mec speed et<br />

ça se voit à <strong>la</strong> première seconde. Speed et droit<br />

dans ses bottes. Snowboarder et diplômé<br />

de droit (y a-t-il un lien ?), constamment sur <strong>la</strong><br />

route, il suit ses riders partout, des<br />

g<strong>la</strong>ces du Groen<strong>la</strong>nd jusqu’aux îles perdues du<br />

Pacifique. Quand il a débarqué dans le<br />

surf en 2003, le challenge était difficile, <strong>la</strong> majorité<br />

des tops surfeurs européens étant déjà sous contrat.<br />

Après trois ans de boulot, le team O’Neill<br />

commence à faire parler de lui et ce n’est qu’un début.<br />

Propos receuillis par Stéphane Robin<br />

C’est ton boulot qui te rend speed, ou tu es né comme ça ?<br />

Un peu des deux ! Je suis passionné par ce que je fais<br />

et j’imagine que c’est cette passion qui me fait courir<br />

partout comme un débile. Mon travail me demande aussi<br />

de solutionner constamment une multitude de problèmes,<br />

d’où mon “style“, iPhone dans une main et caméra vidéo<br />

dans l’autre. Mais bon, il y a des limites à tout, pour<br />

l’instant je refuse encore de me faire B<strong>la</strong>ckberryser.<br />

Team manager, c’est <strong>la</strong> vie rêvée avec abonnement<br />

gratuit au jet <strong>la</strong>g ?<br />

C’est vrai que <strong>la</strong> majorité des gens pense que c’est un pur<br />

job. Mais le boulot du team manager ne se limite pas à se<br />

ba<strong>la</strong>der sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge (ou sur <strong>la</strong> neige également dans son<br />

cas, ndlr) en jouant de <strong>la</strong> carte bleue. Et même si je passe<br />

un quart de l’année sur <strong>la</strong> route, le gros du travail se fait au<br />

bureau. Au final, on est loin des 35 heures.<br />

En quoi consiste exactement ton job ?<br />

Découvrir et suivre les riders qui véhiculeront au mieux<br />

l’image O’Neill. Des surfeurs qui déchirent c’est pas ça<br />

qui manque, mais ça ne suffit pas. Un surfeur pro doit<br />

l’être sur toute <strong>la</strong> ligne. Moi, je suis là pour gérer leur<br />

calendrier, leur image et leur participation à <strong>la</strong> recherche<br />

et développement de <strong>la</strong> marque. Construire <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion du<br />

rider avec les médias, c’est <strong>la</strong> grosse partie du travail. Je<br />

crois qu’il faut bien faire <strong>la</strong> différence entre le coach et le<br />

team manager. Je ne suis pas leur coach, je suis là pour<br />

les aider à construire une carrière en travail<strong>la</strong>nt avec nous.<br />

Pas besoin d’être un bon surfeur pour faire ça. Je suis un<br />

des rares team managers à gérer plusieurs sports, ce qui<br />

permet d’avoir une autre approche.<br />

Pas été trop difficile de te faire respecter dans le surf<br />

alors que tu viens du snowboard ?<br />

On a fait plus facile c’est sûr. Gérer le team snow à partir<br />

de nos Headquarters en Hol<strong>la</strong>nde était faisable, mais <strong>la</strong><br />

réalité du marché nous empêchait de faire <strong>la</strong> même chose<br />

pour le surf. On est donc quasi reparti à zéro en 2002 lors<br />

de notre instal<strong>la</strong>tion à Anglet.<br />

Le surf est quand même un milieu à part. Comment astu<br />

constitué ton team, malgré <strong>la</strong> différence de budget<br />

avec les majors du surf business ?<br />

Ma meilleure carte de visite ce sont les riders eux-mêmes.<br />

C’est vrai que le surf est un milieu à part, avec ses propres<br />

codes. Au niveau européen, il y a beaucoup moins de riders<br />

au top niveau que dans le snowboard. Chez O’Neill, c’est <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion humaine qui prédomine sur le gros chiffre en bas<br />

du contrat. Notre team est restreint, mais on préfère faire<br />

dans <strong>la</strong> qualité. Je me suis toujours refusé à signer des<br />

riders pour avoir un nom de plus sur une ‘team list’.<br />

Comment se passe <strong>la</strong> chasse aux nouveaux talents ?<br />

Auparavant, on s’appuyait sur notre réseau de<br />

distributeurs. Maintenant, je tourne pas mal sur les<br />

compétitions, je fais du repérage. Je peux aussi compter<br />

sur les riders eux mêmes. À côté de ça, on commence<br />

à bosser avec des agents ‘free sports’, qui rendent les<br />

choses plus professionnelles, mais aussi plus chères ! En<br />

général, je ne fais pas dans <strong>la</strong> surenchère, je n’ai pas les<br />

moyens. Par contre, il y a des coups à ne pas rater. L’entrée<br />

de Caroline Sarran dans le team était une belle réussite.<br />

Pareil pour Charly Martin, il est venu nous voir à douze ans,<br />

alors que personne ne s’intéressait à lui. Les riders restent<br />

chez nous, par ce qu’ils savent qu’ils sont bien suivis.<br />

Comment expliques-tu que certains jeunes gagnent<br />

des fortunes sur le WQS, alors que d’autres plus vieux<br />

tournent sur le WCT sans sponsors ?<br />

C’est <strong>la</strong> loi de l’offre et de <strong>la</strong> demande. Il y a aussi des<br />

différences entre les marchés américains, australiens<br />

et européens, qui créent cette situation. Ensuite,<br />

c’est c<strong>la</strong>ir qu’un Cory Lopez ou un Jordy Smith font<br />

plus rêver que d’autres surfeurs, peut être aussi<br />

talentueux, mais moins médiatisés. Leurs sa<strong>la</strong>ires<br />

sont donc proportionnels à leurs talents, mais surtout<br />

à leurs potentiels dans <strong>la</strong> durée et à <strong>la</strong> manière dont<br />

ils ont géré leurs résultats passés. D’où l’importance<br />

pour eux d’être maintenant accompagnés de manière<br />

Passant constamment<br />

de team houses en<br />

chambres d’hôtels,<br />

encore un mec qui paye<br />

un loyer pour rien!<br />

continue et sérieuse, tant par leurs sponsors que par des<br />

intervenants extérieurs, spécialisés dans <strong>la</strong> gestion de leurs<br />

carrières.<br />

Certains riders ont l’air assez ingérables… Il y a des<br />

moments où tu en prends plein <strong>la</strong> tronche?<br />

Dire que gérer près de soixante-dix riders européens se<br />

fait sans c<strong>la</strong>sh serait évidemment se foutre du monde. Ça<br />

arrive que ça se passe mal avec un rider, mais c’est rare.<br />

Tant que leurs demandes sont justifiées, je ne dis pas non.<br />

Les riders savent ce qu’on attend d’eux. Après, il faut savoir<br />

faire <strong>la</strong> part des choses, garder de <strong>la</strong> distance pour ne pas<br />

se faire bouffer. À partir du moment où ils commencent<br />

à s’apercevoir de tout ce qu’on fait pour eux, ça va déjà<br />

mieux. Je me sens plutôt fier de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion que j’ai avec le<br />

team ; sans les surfers, notre industrie n’existerait pas.<br />

Tu penses qu’on est arrivé à un tournant dans<br />

l’évolution du surf professionnel ?<br />

Oui, j’ai l’impression que l’on est rentré dans une phase<br />

post S<strong>la</strong>ter. J’ai envie de dire : enfin ! Les jeunes riders sont<br />

une véritable locomotive pour le sport. Le niveau monte en<br />

Europe, et le changement est bon pour tout le monde, tant<br />

pour le surf que pour notre industrie.<br />

STÉPHANE ROBIN


ENCORE MERCI À TOUS LES PARTICIPANTS DES “INITIATIVES OCÉANES”.<br />

ENSEMBLE CONTINUONS À GARDER LA MER PROPRE.<br />

WWW.SURFRIDER.FR<br />

CHRISS CHRI TIAN SCHMI MIDT DT c/ o Fut Futurema urema m tixFu tixFusion o


Depuis un an, dans chaque numéro de<br />

SurfTime, Caroline Sarran fait le point<br />

sur sa saison en cours.<br />

« Bonjour à tous, et bienvenue dans cette nouvelle<br />

saison 2008 pour ma <strong>colonne</strong>. Comme vous avez<br />

pu le suivre <strong>la</strong> saison dernière dans les pages de<br />

SurfTime, 2007 n’était pas une très bonne année<br />

pour moi, aussi bien professionnellement que sur un<br />

p<strong>la</strong>n plus personnel. En effet après une multitude de<br />

mauvais résultats, je me suis blessée à Hawaii et j’ai<br />

dû déc<strong>la</strong>rer forfait pour les deux dernières épreuves.<br />

Personnellement, il y a aussi eu quelques pépins dans<br />

ma famille. Du coup, c’est décidé : 2008 sera centré<br />

autour de deux notions essentielles pour moi : le p<strong>la</strong>isir<br />

et <strong>la</strong> famille ! J’ai donc commencé cette nouvelle année<br />

à St Barth dans les Caraïbes avec Jean Seb (Estienne).<br />

Nous avons passé le nouvel an là-bas chez sa maman.<br />

Le soir du 31, tous les gros yachts de luxe qui sont<br />

amarrés le long des quais font sonner leurs cornes<br />

de brume à minuit et un feu d’artifice éc<strong>la</strong>irait cette<br />

scène magnifique, c’était tout simplement magique. Je<br />

suis ensuite rentrée en France pour un mois. Depuis<br />

5 ans, c’était <strong>la</strong> première fois que je rentrais chez moi<br />

l’hiver et ça m’a fait un bien fou, ça m’a aussi permis<br />

de passer du temps en famille. En février, je suis<br />

repartie dans les Caraïbes, à Puerto Rico cette fois,<br />

avec <strong>la</strong> bande des Guadeloupéens. C’était super…<br />

mis à part les vagues ! Pendant deux semaines, nous<br />

n’avons pas eu un seul swell digne de ce nom. Nous<br />

avons tout de même surfé tous les jours sur le spot<br />

de Jobos et visité <strong>la</strong> vieille ville de San Juan avec ses<br />

ruelles multicolores. En tout cas, nous avons bien<br />

vu le potentiel de cette île, qui doit offrir des tonnes<br />

de vagues différentes. Après deux petites semaines<br />

à <strong>la</strong> maison, Jean Seb et moi nous sommes envolés<br />

direction l’Australie pour les premières compétitions,<br />

avec un WQS 4 étoiles à Soldiers Beach, un 6 étoiles à<br />

Newcastle et un 5 étoiles à Margaret River. Les résultats<br />

n’ont pas été très significatifs, mais nous nous sommes<br />

bien éc<strong>la</strong>tés, surtout lors du road trip que nous avons<br />

fait avec Riddim Production. Nous avons loué un van<br />

aménagé et descendu <strong>la</strong> côte est de l’Australie, de<br />

Brisbane à Sydney. C’était super, <strong>la</strong> route est le meilleur<br />

moyen de découvrir ce superbe pays, sa culture, ses<br />

animaux, ses paysages magnifiques et ses tonnes de<br />

spots. Au mois d’avril, nous sommes de nouveau en<br />

France pour quelques mois. Jean Seb et moi venons<br />

d’acheter une maison à Capbreton, nous passons donc<br />

notre temps entre les spots <strong>la</strong>ndais et le brico<strong>la</strong>ge.<br />

De ce côté-là nous avons de <strong>la</strong> chance, mon père est<br />

très bricoleur et nous aide à faire <strong>la</strong> maison dont nous<br />

rêvons ; de plus ça me permet de passer du temps à<br />

retravailler <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion père/fille, et ça fait un bien fou.<br />

Nous emménageons dans notre nouvelle maison cette<br />

semaine et partons aux Maldives début juin. À bientôt<br />

dans ma prochaine <strong>colonne</strong>.»<br />

Caro.<br />

Caro dans les ruelles<br />

multicolores de San Juan,<br />

Puerto Rico<br />

D.R.<br />

LA COLONNE A CARO<br />

41


l’épreuve australienne de Margaret River (WQS 6*), pendant<br />

<strong>la</strong>quelle un requin est venu se ba<strong>la</strong>der dans l’aire de<br />

compétition, pile pendant <strong>la</strong> série de <strong>la</strong> blonde surfeuse…<br />

“il restait encore six minutes de heat mais les juges n’ont<br />

pas compté ma bonne vague parce que ma rivale a crié au<br />

requin juste avant…”.<br />

La déception de Lee Ann est encore manifeste aujourd’hui,<br />

mais elle se reprend en assurant quelle “essaie d’aller de<br />

l’avant, parce que <strong>la</strong> chance tourne” assène-t-elle, comme<br />

pour se convaincre. On n’aime pas le doute quand on fait<br />

partie de l’élite, bien qu’il soit omniprésent. Alors on passe<br />

à autre chose et “on va de l’avant”, encore et toujours.<br />

D’ailleurs, Lee Ann se prépare déjà à un autre 6*, le WQS de<br />

Praia do Forte, au Brésil. “D’ici là, je pars deux semaines en<br />

Indonésie, rejoindre Stephanie (Gilmore), Sally (Fitzgibbons),<br />

Megan (Abubo), Kassia (Meador), Lindsey (Noyes) et Serena<br />

(Brooke). On partira en bateau de Padang pour les besoins d’un<br />

film de Sonny Miller.” Le terrain de jeu <strong>la</strong>isse rêveur.<br />

Mais encore une fois, <strong>la</strong> médaille ne vit pas sans son revers et<br />

les voyages, même s’ils forment <strong>la</strong> jeunesse, <strong>la</strong>issent souvent<br />

poindre <strong>la</strong> solitude. Parce qu’il faut souvent partir seule, loin<br />

de ses proches alors qu’on est à un âge où <strong>la</strong> compagnie<br />

des autres est souvent si primordiale. Lee Ann n’est pas<br />

épargnée mais ces instants semblent <strong>la</strong> grandir et façonnent,<br />

évidemment, <strong>la</strong> jeune femme indépendante qu’elle devient.<br />

“Je voyage seule depuis que j’ai 16 ans. Je suis souvent<br />

accueillie sur p<strong>la</strong>ce, mais j’apprends beaucoup à me débrouiller<br />

toute seule” après un court instant de réflexion, elle ajoute<br />

“c’est intéressant,<br />

ça <strong>la</strong>isse de bons souvenirs, comme <strong>la</strong> fois où je me suis<br />

perdue dans le bush australien entre deux compèts à Bells<br />

Beach” ri-t-elle. Mais à dire vrai, elle essaye d’être de plus<br />

en plus accompagnée dans ses dép<strong>la</strong>cements, “parce que<br />

c’est très bien de voyager seule, mais pour <strong>la</strong> confiance c’est<br />

pas terrible, et puis je n’aime pas trop être dépendante des<br />

personnes chez qui je vais”. L’un des meilleurs compromis<br />

est de partir avec son coach, pour le soutien qu’il apporte, les<br />

sessions qu’il filme tous les jours et qu’il visionne avec son<br />

pou<strong>la</strong>in le soir, “tu vois comment tu surfes, tu notes quelle<br />

p<strong>la</strong>nche marche mieux qu’une autre pour telles ou telles<br />

conditions” explique-t-elle.<br />

Et au-delà de tout l’aspect technique, un coach reste toujours<br />

motivant, même quand le moral ou les vagues n’y sont pas.<br />

Et <strong>la</strong> famille dans tout ça ?<br />

Dès qu’elle le peut, Lee Ann retourne à Biarritz, où elle vit<br />

toujours chez sa mère, Marie-Pascale. “ Par choix et non<br />

pas par obligation ” s’empresse-t-elle de préciser. Elle ne<br />

passe qu’environ un mois par an avec sa famille, avec<br />

<strong>la</strong>quelle elle avoue entretenir de très bonnes re<strong>la</strong>tions<br />

“ aussi bien avec maman, qu’avec mon beau-père ou avec<br />

mes frères (Nathan et Paul) ”. Elle profite du peu de temps<br />

qu’elle passe dans le cocon familial pour surfer en famille,<br />

surtout avec Nathan, et bien sûr dès qu’elle le peut, avec<br />

son père de surfer. « Philippe Malevaux, mon coach du Pôle<br />

France, dit de nous lorsque nous sommes les trois à l’eau<br />

qu’il nous a “transmis un rapport exceptionnel avec l’océan<br />

et qu’on ressemble à ses cannetons !” ».<br />

Paul, le petit dernier, a attaqué ses premières leçons de surf<br />

en compagnie de sa grande sœur il y a à peine un mois :<br />

« il a huit ans, et il est trop mignon avec sa petite p<strong>la</strong>nche<br />

et sa petite combi ! »<br />

Mais ces moments de partages en famille sont rares.<br />

Le quotidien d’une surfeuse d’élite est ainsi fait : d’efforts,<br />

d’amitiés, de voyages, de compétitions, de solitude,<br />

d’intimité avec soi, de silences, d’écoute, d’humilité, de force<br />

et de courage. Il y aurait à ajouter <strong>la</strong> fragilité et à d’autres<br />

moments <strong>la</strong> solidité étonnante du mental, <strong>la</strong> joie pure de <strong>la</strong><br />

victoire, <strong>la</strong> fierté du retour triomphant à ses proches et tant<br />

d’autres choses… Mais Lee Ann est à ses débuts, et même<br />

si elle a goûté à <strong>la</strong> plupart de ces sensations, il lui reste<br />

encore un monde azur à découvrir, alors silence, et <strong>la</strong>issons<br />

faire son destin.<br />

ROXY.COM<br />

surf puissant et un toucher<br />

de vague qui a de qui tenir,<br />

Lee Ann a pas mal d’atouts pour<br />

s’imposer dans le surf féminin.<br />

ROXY.COM<br />

43


©2007 QUIKSILVER EUROPE<br />

Depuis 2 ans,<br />

Lee Ann s’est taillée une<br />

réputation de chargeuse<br />

44<br />

LEE ANN CURREN AURAIT-ELLE SUCCOMBÉ<br />

À LA VAGUE DES JACK JOHNSON, DONAVON<br />

ET AUTRES SURFERS CHANTEURS ? EST-CE<br />

BIEN SA VOIX GRAVE ET CHAUDE QUE L’ON<br />

ENTEND SUR LA CHANSON “ ALL I CAN DO”, EN<br />

DUO AVEC TOM FRAGER, LEADER DU GROUPE<br />

GUADELOUPÉEN “GWAYAV’ ? “OUI” RÉPOND-<br />

ELLE EN ROUGISSANT.<br />

• C’est <strong>la</strong> première fois que tu enregistres une<br />

chanson ?<br />

Oui, et ça fait très bizarre de s’entendre. Au<br />

début c’est étrange et puis je m’y suis habituée.<br />

Le plus étonnant reste les réactions des gens,<br />

qui ne s’y attendaient pas et qui sont surpris par<br />

ma voix.<br />

• Comment l’idée vous est-elle venue ?<br />

On était sur un surf-trip aux Mentawais avec<br />

Tom et on a tout inventé là-bas. Entre les<br />

sessions, on se posait dans le bateau avec<br />

nos guitares et on jouait ensemble. À un<br />

moment, Tom s’est mis à chanter, moi aussi<br />

et <strong>la</strong> chanson était née. De retour à <strong>la</strong> maison,<br />

Tom a décidé de <strong>la</strong> mettre au propre, il l’a<br />

enregistrée en juillet dernier. Le CD trois titres<br />

est paru dans un magazine de surf en avril<br />

dernier.<br />

• Dans le titre “All I can do”, on suppose que<br />

tu t’adresses à un garçon que tu attends,<br />

comment ça se passe de ce côté là ?<br />

Ouf ! Je suis très souvent en voyage et quand<br />

je suis à Biarritz, je passe pas mal de temps<br />

avec ma famille ou à surfer mes home-spots,<br />

ce qui ne rend pas super évidentes les histoires<br />

d’amour. Mais ça va, bien que trois mois soit<br />

mon record !<br />

• Tu recommencerais l’expérience ?<br />

Oui, je pense. J’étais vraiment contente quand<br />

le CD est sorti !<br />

ROXY.COM<br />

Tout comme son père, Lee Ann a choisi <strong>la</strong><br />

guitare en plus du surf pour s’exprimer. Avec<br />

ses copines, elle a même monté un groupe :<br />

les «Core Nichons». Histoire de faire monter<br />

<strong>la</strong> sauce ?»


©2007 QUIKSILVER EUROPE<br />

Depuis 2 ans,<br />

Lee Ann s’est taillée une<br />

réputation de chargeuse<br />

44<br />

LEE ANN CURREN AURAIT-ELLE SUCCOMBÉ<br />

À LA VAGUE DES JACK JOHNSON, DONAVON<br />

ET AUTRES SURFERS CHANTEURS ? EST-CE<br />

BIEN SA VOIX GRAVE ET CHAUDE QUE L’ON<br />

ENTEND SUR LA CHANSON “ ALL I CAN DO”, EN<br />

DUO AVEC TOM FRAGER, LEADER DU GROUPE<br />

GUADELOUPÉEN “GWAYAV’ ? “OUI” RÉPOND-<br />

ELLE EN ROUGISSANT.<br />

• C’est <strong>la</strong> première fois que tu enregistres une<br />

chanson ?<br />

Oui, et ça fait très bizarre de s’entendre. Au<br />

début c’est étrange et puis je m’y suis habituée.<br />

Le plus étonnant reste les réactions des gens,<br />

qui ne s’y attendaient pas et qui sont surpris par<br />

ma voix.<br />

• Comment l’idée vous est-elle venue ?<br />

On était sur un surf-trip aux Mentawais avec<br />

Tom et on a tout inventé là-bas. Entre les<br />

sessions, on se posait dans le bateau avec<br />

nos guitares et on jouait ensemble. À un<br />

moment, Tom s’est mis à chanter, moi aussi<br />

et <strong>la</strong> chanson était née. De retour à <strong>la</strong> maison,<br />

Tom a décidé de <strong>la</strong> mettre au propre, il l’a<br />

enregistrée en juillet dernier. Le CD trois titres<br />

est paru dans un magazine de surf en avril<br />

dernier.<br />

• Dans le titre “All I can do”, on suppose que<br />

tu t’adresses à un garçon que tu attends,<br />

comment ça se passe de ce côté là ?<br />

Ouf ! Je suis très souvent en voyage et quand<br />

je suis à Biarritz, je passe pas mal de temps<br />

avec ma famille ou à surfer mes home-spots,<br />

ce qui ne rend pas super évidentes les histoires<br />

d’amour. Mais ça va, bien que trois mois soit<br />

mon record !<br />

• Tu recommencerais l’expérience ?<br />

Oui, je pense. J’étais vraiment contente quand<br />

le CD est sorti !<br />

ROXY.COM<br />

Tout comme son père, Lee Ann a choisi <strong>la</strong><br />

guitare en plus du surf pour s’exprimer. Avec<br />

ses copines, elle a même monté un groupe :<br />

les «Core Nichons». Histoire de faire monter<br />

<strong>la</strong> sauce ?»


STÉPHANE ROBIN<br />

46<br />

L ’ É C O L E D U M O I S<br />

TIME TO SURF<br />

À l’école d’un surf créatif et responsable<br />

Par Ève Boisanfray<br />

Grâce à sa pédagogie attentive, Karine Labrouche propose à ses<br />

jeunes élèves un regard différent sur le surf et son environnement.<br />

Cette jeune femme aux traits fins et à l’allure<br />

athlétique vous accueille le regard franc et<br />

le sourire aux lèvres. Voilà deux ans qu’elle a<br />

ouvert son école de surf itinérante, basée, pour<br />

le matériel et les “jours où c’est beau ici”, dans<br />

une cabane en bois, sur <strong>la</strong> pelouse des Cavaliers<br />

à Anglet. Time to Surf est l’aboutissement de<br />

six ans de travail en tant que prof de surf pour<br />

d’autres écoles sur <strong>la</strong> Côte Basque. “Jusqu’au<br />

jour où j’ai eu besoin de mieux gagner ma vie<br />

et surtout eu envie de proposer des choses<br />

différentes.” Parce que oui, Karine est différente,<br />

personnelle et ses cours sont à son image.<br />

Cette jeune femme aux traits fins et à l’allure<br />

athlétique vous accueille le regard franc et le sourire<br />

aux lèvres. Voilà deux ans qu’elle a ouvert son école<br />

de surf itinérante, basée, pour le matériel et les<br />

It’s Time To Surf ! Et avec une<br />

monitrice comme Karine,<br />

les marmots ne se font pas<br />

prier. On les comprend…<br />

“jours où c’est beau ici”, dans une cabane en bois,<br />

sur <strong>la</strong> pelouse des Cavaliers à Anglet. Time to Surf<br />

est l’aboutissement de six ans de travail en tant que<br />

prof de surf pour d’autres écoles sur <strong>la</strong> Côte Basque.<br />

“Jusqu’au jour où j’ai eu besoin de mieux gagner<br />

ma vie et surtout eu envie de proposer des choses<br />

différentes.” Parce que oui, Karine est différente,<br />

personnelle et ses cours sont à son image.<br />

Sa façon d’aborder ses élèves d’abord. Plus<br />

féminine, plus douce et plus à l’écoute des envies<br />

et petits bobos de chacun. Lorsque les conditions<br />

sont bonnes sur un des nombreux spots de <strong>la</strong> Côte<br />

Basque, ils montent tous (en groupe de huit élèves<br />

maximum) dans <strong>la</strong> camionnette du club, et Karine<br />

les conduit jusqu’aux meilleures vagues du jour.<br />

Le cours commence alors par des échauffements<br />

inspirés du yoga, « pour déceler si l’enfant est déjà


L ’ É C O L E D U M O I S<br />

souple ou habile, s’il connaît son corps, et c’est aussi<br />

un bon travail pour l’esprit » explique-t-elle. Quand<br />

<strong>la</strong> météo ne joue pas le jeu, elle en profite pour<br />

aborder des sujets environnementaux. Les enfants<br />

courent sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge et ramassent quelques objets<br />

déposés par les vagues, chacun revient auprès de<br />

Karine avec sa trouvaille et les questions fusent :<br />

« - Regarde ! J’ai une bouteille en p<strong>la</strong>stique ! – D’où<br />

elle vient à ton avis ? – Combien de temps est-elle<br />

restée dans l’eau ? – Il lui faudra combien de temps<br />

pour se décomposer ? » Parfois, elle les emmène à<br />

<strong>la</strong> piscine, pour parfaire leur apnée et d’autres fois,<br />

direction <strong>la</strong> médiathèque, pour étudier l’écologie ou<br />

<strong>la</strong> météorologie sur les livres d’images. Le but de<br />

<strong>la</strong> jolie professeur est de les « familiariser le plus<br />

possible à l’élément aquatique et à tous les sujets<br />

qui s’y rapportent » La visite de quelques shapers du<br />

coin est également incontournable et très excitante<br />

pour les petits, fascinés par ce drôle de bonhomme<br />

masqué et armé de sa ponceuse électrique.<br />

« C’est ce qu’il y a de génial avec les enfants, on<br />

peut vraiment tout aborder ».<br />

Aujourd’hui, il fait beau, mais <strong>la</strong> mer est d’huile. Peu<br />

importe ! Les enfants accourent ravis, les p<strong>la</strong>nches<br />

sur <strong>la</strong> tête. L’effervescence s’installe en quelques<br />

secondes, les enfants sautent, rient, crient et se<br />

tordent comme des grenouilles pour enfiler leur<br />

tenue de combat. Ça piétine, ça coupe <strong>la</strong> parole,<br />

ça se raconte les dernières b<strong>la</strong>gues de cour de<br />

récré, jusqu’au moment<br />

où Karine, légèrement<br />

débordée, ordonne aux<br />

filles d’aller lui faire<br />

un surf report. Vingt<br />

secondes plus tard :<br />

“Kariiiiiine ! C’est g<strong>la</strong>ssy ! ”<br />

En deux temps trois<br />

mouvements, <strong>la</strong> joyeuse<br />

équipée s’approprie <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ge, dépose les<br />

p<strong>la</strong>nches et se <strong>la</strong>nce dans<br />

un sprint vivifiant jusqu’à<br />

<strong>la</strong> digue de La Barre,<br />

avant de se jeter dans<br />

l’eau pour une séance de<br />

bodysurf. De retour sur le<br />

sable, les enfants<br />

s’assoient en cercle<br />

autour de Karine qui leur<br />

pose quelques questions :<br />

« comment savoir si une<br />

vague va ouvrir d’un côté<br />

ou d’un autre ? –<br />

À cause de l’écume, le truc b<strong>la</strong>nc là… (Elliot, 7 ans) ».<br />

Après une matinée passée dans l’eau, même s’ils<br />

n’ont surfé que des vaguelettes, les enfants ont vibré<br />

et peut-être eu un peu peur, ils se sont confrontés à<br />

l’élément et c’est toute une histoire qui commence<br />

peut-être.<br />

Jeu Concours FCS !<br />

Gagnez 3 jeux d’ailerons K-3 de Kelly S<strong>la</strong>ter !<br />

Gagnez 3 jeux d’ailerons K-3 de Kelly S<strong>la</strong>ter<br />

en répondant à <strong>la</strong> question suivante :<br />

Combien de fois<br />

Kelly S<strong>la</strong>ter a-t-il été<br />

champion du monde ?<br />

a) 5 fois<br />

b) 9 fois<br />

c) 8 fois<br />

Veuillez envoyer votre réponse à :<br />

Surf Hardware Europe<br />

99 Rue des Artisans<br />

40 150 Soorts Hossegor<br />

Les 3 gagnants seront tirés au sort et se<br />

verront envoyer un jeu d’ailerons K-3<br />

STÉPHANE ROBIN<br />

STÉPHANE ROBIN<br />

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Quand on sait que <strong>la</strong> moitié<br />

des détracteurs du SUP<br />

ont du mal à taper un roller<br />

backside sur leur 6’2, on<br />

les voit mal aller ragasser<br />

No<strong>la</strong>n Keau<strong>la</strong>na.<br />

50<br />

W E S T C O A S T<br />

TAKE A SURF ON THE WILD SIDE,<br />

Texte et photos Stephane Robin<br />

Makaha, renaissance d’un mythe


Légende: Original<br />

beach boy de<br />

Waikiki, cruisin’<br />

à Makaha pour<br />

une compétition<br />

de stand up.<br />

100% Aloha spirit<br />

bradda.<br />

W E S T C O A S T<br />

Qui connaît encore Makaha ? C’est pour lever le voile sur un<br />

des endroits mythiques de l’histoire du surf que notre reporter<br />

Stéphane Robin est allé passer un mois sur <strong>la</strong> côte ouest d’Oahu.<br />

Il fal<strong>la</strong>it bien ça pour prendre <strong>la</strong> température du berceau des<br />

watermen progressivement retombé dans l’underground depuis<br />

les années soixante-dix. Mis à part pour le championnat du monde<br />

master, Makaha ne fait plus <strong>la</strong> une des journaux, Et pourtant,<br />

<strong>la</strong> culture des Watermen est plus que jamais d’actualité avec <strong>la</strong><br />

montée en puissance d’un nouveau sport, le Stand Up Paddle.<br />

Waianae – Surf on the wild side<br />

J’avais lu quelque part qu’il ne pleuvait jamais sur <strong>la</strong> côte ouest, rien<br />

que pour ça, j’étais content d’y aller. Ça faisait bientôt trois semaines<br />

que je moisissais dans une piaule minable derrière Velzy<strong>la</strong>nd. J’étais<br />

pas fâché de <strong>la</strong>isser derrière mois le jardin marécageux et le fantôme<br />

d’un North Shore f<strong>la</strong>t depuis début décembre. Plus je rou<strong>la</strong>is, plus je<br />

me demandais à quel moment j’al<strong>la</strong>is rentrer dans Makaha. La quatre<br />

voies qui sortait de Pearl city me semb<strong>la</strong>it interminable. Je n’étais pas<br />

venu là depuis quatre ou cinq ans et je ne reconnaissais plus vraiment<br />

<strong>la</strong> zone. Je me souvenais juste d’un grand surf-shop, un ou deux<br />

kilomètres avant le spot. Un magasin rempli de longboards comme j’e<br />

n’en avais jamais vu auparavant. La maison où j’al<strong>la</strong>is habiter était à<br />

Waianae, un peu avant <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge de Makaha. Il fal<strong>la</strong>it tourner avant le<br />

pont, mais c’était <strong>la</strong> nuit et bien évidemment j’ai loupé le croisement.<br />

J’avais un peu peur de me retrouver pris au piège au fond d’une<br />

ruelle, à <strong>la</strong> merci d’une bande de toxico en manque d’Ice. Toutes<br />

sortes de rumeurs circulent à propos de <strong>la</strong> West Side, qui concentre<br />

à elle seule <strong>la</strong> plus grande popu<strong>la</strong>tion de drogués de l’Etat. L’Ice est<br />

partout. Cette drogue qui ressemble à du verre pilé ravage l’archipel<br />

depuis plus de vingt ans. Hawaii est depuis longtemps en tête des<br />

états les plus touchés, mais <strong>la</strong> prise de conscience du désastre ne fait<br />

que commencer. Chômage, dépression économique, SDF, violence,<br />

crime, tout y est. Rien qu’à Waianae, on compte quatre centres de<br />

réhabilitation. Les quartiers se ressemblent tous les uns aux autres.<br />

Rien n’indique l’arrivée à Makaha, mis à part un camp militaire, et <strong>la</strong><br />

célèbre Waianae High School, l’école <strong>la</strong> plus craignos du Pacifique !<br />

Sur p<strong>la</strong>ce, certaines zones de Waianae ont des allures de ghetto. Mis à<br />

part sur le front de mer, les maisons en bois sont souvent encerclées<br />

de toutes sortes d’objets usagés. Les carcasses de voitures sur le bord<br />

des routes et <strong>la</strong> tête des gros mecs qui boivent des bières sous leur<br />

porche en disent long sur ce qui peut se passer <strong>la</strong> nuit. On comprend<br />

tout de suite mieux l’attitude de Sunny Garcia et autres Johnny Boy<br />

Gomez, quand on sait qu’ils ont grandi dans les parages. Avec plus<br />

d’un Hawaiien sur cent en liberté surveillée, Hawaii et Waianae en<br />

particulier n’ont rien à envier à certains quartiers de New York ou San<br />

Francisco.<br />

Don’t Come to Makaha<br />

Le message est c<strong>la</strong>ir : les étrangers, ici, on n’en veut pas. Bizarrement,<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge de Makaha contraste totalement avec <strong>la</strong> réalité socioéconomique<br />

locale. La célèbre droite déferle tranquillement dans une<br />

eau turquoise aux pieds des “condos“ de Makaha shore. Vu du bord,<br />

tout à l’air tranquille, l’ambiance familiale met plutôt en confiance.<br />

On a même pas peur de se faire braquer <strong>la</strong> voiture. Les gamins font du<br />

body board dans le shore break sous <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce générale.<br />

La plupart des locaux squattent à l’ombre près de <strong>la</strong> tour des lifeguards,<br />

d’autres boivent des bières, assis à l’arrière de leur pick-up. Souvent<br />

les week-ends sont l’occasion de faire des compétitions de surf avec<br />

barbecue et musique sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge. Les pirogues hawaïennes sont alors<br />

de sortie de même que les stand-up paddle, les longboards et les<br />

tandems. À chacun de montrer aux autres ses capacités de Waterman.<br />

Welcome to Makaha…<br />

Une fois à l’eau pas question de réc<strong>la</strong>mer une vague comme ça<br />

d’entrée de jeu, surtout quand il n’y a pas beaucoup de swell et que les<br />

kids sont en vacances sous <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce des grands frères...<br />

La première session, je suis allé m’asseoir au <strong>la</strong>rge un peu au milieu de<br />

tout le monde, c’était pas bien gros, et les séries étaient très espacées.<br />

Il y avait pas mal d’anciens en longboard, quelques Stand-Up Paddle<br />

et pas mal de filles aussi. Tout d’un coup un énorme gars s’est<br />

approché de moi. Il avait <strong>la</strong> cinquantaine passée et une bonne tronche<br />

de local. Il s’adressa en même temps à moi et au type qui était à mes<br />

côté. « Alors les gars, vous ne vous êtes pas présentés ? tu viens d’où ?<br />

Ici c’est une grande famille, tout le monde se connaît. Toi là, comment<br />

tu t’appelles ? ». J’ai bredouillé mon nom vite fait, en me demandant<br />

qui était ce type. Je n’ai pas attendu longtemps pour avoir <strong>la</strong> réponse.<br />

51


52<br />

W E S T C O A S T<br />

Hawaii on ICE, <strong>la</strong> face cachée du paradis :<br />

CRYSTAL METHAMPHÉTAMINE, LA DROGUE DU PAUVRE<br />

Statistiques en 2007 :<br />

Popu<strong>la</strong>tion de l’Etat d’Hawaii: 1,224,398<br />

Officiers de police: 3,429<br />

Popu<strong>la</strong>tion carcérale: 5,960<br />

Popu<strong>la</strong>tion en liberté surveillée: 21,446<br />

Consommateur d’ICE : 35 000<br />

Détenus testé positif à l’ICE : 38%


W E S T C O A S T<br />

« Ok Stefan, moi c’est Bruce. Tout le monde m’appelle Uncle,<br />

Uncle Bruce. Ici il faut respecter les locaux, tu attends ton tour comme<br />

les autres et tout devrait bien se passer ». Les présentations étaient<br />

faites, l’attente pouvait commencer. Au fil des sessions, je me suis<br />

rendu compte que c’était invariablement les mêmes personnes à<br />

l’eau tous les jours. J’avais beau me faire le plus discret possible,<br />

j’avais toujours l’impression de voler mes vagues. Une sensation<br />

un peu désagréable qui déteignait sur <strong>la</strong> session. Il y avait d’autres<br />

spots le long de <strong>la</strong> côte, mais il fal<strong>la</strong>it du swell pour que ça marche.<br />

En al<strong>la</strong>nt vers Honolulu, il y a Mali Point, une belle gauche qui brasse<br />

beaucoup d’eau, avec pas grand monde à l’eau. Par contre le beach<br />

park est envahit par des dizaines de SDF, comme un peu partout sur<br />

cette bande de côte. Les gens squattent sous des tentes ou sous des<br />

bâches tendues entres les palmiers. Pas forcément agressifs, ils ont<br />

vite fait de braquer celui qui <strong>la</strong>isse sa voiture de loc sur “leur“ parking.<br />

En suivant Farrington Highway plus au<br />

nord, en direction de Kaena point, on<br />

peut accéder à Yokohama et à Third<br />

Dip, deux joyaux de <strong>la</strong> Côte Ouest.<br />

Plutôt réservés aux locaux,<br />

l’atmosphère y est plus détendue,<br />

par contre les tubes sont méchant et au ras du reef.<br />

« À Makaha si tu n’est pas né là, tu ne seras<br />

jamais de là ».<br />

J’avais sous-loué une piaule dans <strong>la</strong> maison louée par Rico Leroy<br />

pour les trois mois qu’il était venu passé là. On avait une terrasse qui<br />

donnait sur <strong>la</strong> mer et on pouvait checker le surf avec les jumelles.<br />

Le propriétaire de <strong>la</strong> maison, un Américain du continent, me dit un<br />

jour que certains de ses voisins avaient mis presque dix ans avant<br />

de lui dire bonjour. Rico avait <strong>la</strong> chance de connaître Brian Keau<strong>la</strong>na,<br />

Waterman réputé, fils de Buffalo Keau<strong>la</strong>na, le premier lifeguard de<br />

Makaha. Buffalo vivait dans une maison en face du spot qui lui avait<br />

été donnée par un homme à qui il avait sauvé <strong>la</strong> vie. Aujourd’hui,<br />

l’héritage familial est incarné par Brian, ancien compétiteur, surfeur<br />

de grosses vagues, et responsable des cascades pour une société de<br />

production cinématographique. À Makaha, <strong>la</strong> vie s’écoule doucement<br />

au rythme des swell, comme dans un microcosme à l’écart du monde.<br />

On se rend mieux compte d’où on est en al<strong>la</strong>nt au supermarché local.<br />

Pas un seul touriste dans les rayons, pas de colliers de fleurs ni de<br />

souvenirs en vente. Les locaux viennent emporter des p<strong>la</strong>ts de poisson<br />

cru marinés. On sent bien qu’ils ne roulent pas sur l’or, sur le parking<br />

est un éta<strong>la</strong>ge de vieilles bagnoles rafistolées qui remp<strong>la</strong>cent les<br />

voitures de location ruti<strong>la</strong>ntes que l’on voit partout ailleurs sur l’île.<br />

Le localisme est sans doute une des raisons qui explique <strong>la</strong><br />

désaffection des visiteurs. La longboardeuse française C<strong>la</strong>ire Dereux l’a<br />

compris dès sa première session.<br />

Elle est arrivée toute b<strong>la</strong>nche de<br />

Lacanau, en plein milieu de l’hiver.<br />

Facilement repérable, elle s’est faite<br />

taxer systématiquement. Les gamins<br />

sont presque les plus agressifs dans<br />

l’eau, et même entre eux, <strong>la</strong> concurrence est rude. C’est un de<br />

ceux-là qui lui a hurlé « ne surfe pas ici si tu ne vis pas ici ».<br />

Le message est c<strong>la</strong>ir, Makaha n’est pas le bon endroit pour venir<br />

passer des vacances. Il y a plusieurs autres raisons à ce<strong>la</strong>. Les vagues<br />

sont surpeuplées et souvent petites, même en hiver, mis à part <strong>la</strong><br />

demi-douzaine de jours énormes où les surfeurs peuvent partir du<br />

fond de <strong>la</strong> baie. Quand c’est vraiment gros, Makaha devient « une des<br />

vagues les plus radicale de l’île, comparable a Waimea et Sunset » me<br />

dira Brian Keau<strong>la</strong>na. Mais dans ces cas-là, il n’y a plus grand monde<br />

à l’eau. Au début du mois de décembre, un énorme swell est venu<br />

53


A Makaha, il y a toujours<br />

une vague pour les kids<br />

de <strong>la</strong> west side. Le célèbre<br />

back wash leur offre un<br />

tremplin permanent, reste<br />

à négocier l’atterrissage!<br />

54<br />

W E S T C O A S T<br />

ba<strong>la</strong>yer l’archipel. Une violente tempête tropicale approchait et le<br />

vent était prévu on shore. Les vagues commençaient à fermer.<br />

Brian et son ami Keone Downing ont décidé de se mettre à l’eau<br />

avant que <strong>la</strong> baie devienne incontrô<strong>la</strong>ble. Il faisait gris, et bizarrement<br />

le vent est tombé. Il n’y avait pratiquement personne pour profiter<br />

des vagues, tous les chargeurs étant restés à Waimea. Ce jour-là,<br />

Brian a pris les plus grosses vagues de sa vie en Stand-Up Paddle.<br />

Il y avait 40 pieds, peut être 50. Le lendemain, l’île était frappée par<br />

des vents violents, les arbres sont tombés partout. De nombreuses<br />

lignes électriques furent coupées, plongeant <strong>la</strong> West Side et le North<br />

Shore dans le noir.<br />

Génération SUP<br />

Depuis quelques années, le Stand-Up Paddle est revenu sur le devant<br />

de <strong>la</strong> scène. Il y en avait un peu partout sur l’île, mais c’est surtout de<br />

Makaha que le mouvement est reparti. Pratiqué par les Beach Boys de<br />

Waikiki, son design a été revu et corrigé pour surfer des vagues plus<br />

puissantes. Ce sont quelques Watermen de Makaha qui sont au cœur<br />

de cette petite révolution. Deux d’entre eux, Brian Keau<strong>la</strong>na et Dave<br />

Parmenter sont des résidents de Makaha. Le troisième, Todd Bradley<br />

est Waterman, champion de pirogue qui vit à Honolulu. À eux trois,<br />

ils cumulent un énorme passif, qui leur a permis de poser les bases<br />

d’une nouvelle pratique. On peut dire que leur marque, C4 Waterman,<br />

est à <strong>la</strong> pointe de <strong>la</strong> recherche et développement en matière de Stand-<br />

Up Paddle, qui a désormais retrouvé sa p<strong>la</strong>ce au panthéon du surf.<br />

Il y a déjà quelques compétitions qui s’organisent, comme <strong>la</strong><br />

Quiksilveredition Ku Ikaika Challenge. Pour les Hawaiiens surfer avec<br />

une pagaie dans les mains n’a rien de nouveau. La pratique de <strong>la</strong><br />

pirogue dans les vagues fait partie intégrante de leur culture maritime.<br />

Les p<strong>la</strong>nches utilisées ici varient de l’énorme longboard de 12 pieds<br />

au modèle beaucoup plus fin et nerveux de 8 ou 9 pieds. C’est<br />

toujours très impressionnant de voir un mec taper un roller backside<br />

en venant prendre appui sur sa pagaie. Le Stand-Up Paddle possède<br />

son propre répertoire de figure, dans lesquelles <strong>la</strong> pagaie joue un<br />

rôle prépondérant. Quand <strong>la</strong> taille des vagues augmente, on rentre<br />

dans une autre dimension. « Debout sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche on mieux sent les<br />

mouvement de l’océan et on voit mieux les séries arriver. Pendant le<br />

drop on bénéficie d’une accroche supplémentaire grâce à <strong>la</strong> pagaie.<br />

La p<strong>la</strong>nche a beau être <strong>la</strong>rge, on va presque aussi vite qu’en tow-in,<br />

c’est vraiment l’outil idéal pour charger les grosses vagues ».<br />

Le problème à Makaha c’est qu’en temps normal, il faut lutter pour<br />

attraper ses vagues. Alors quand on rajoute les Stand-Up Paddle,<br />

<strong>la</strong> cohabitation risque de devenir de plus en plus difficile, malgré <strong>la</strong><br />

régu<strong>la</strong>tion tacite que les locaux essayent d’imposer au line up.<br />

J’ai pu m’en rendre compte moi-même, le SUP ça ne p<strong>la</strong>it pas à tout le<br />

monde… La dernière vague du voyage, je l’ai prise sur un SUP.<br />

Il commençait à faire nuit, et j’attendais une vague pour sortir.<br />

J’ai profité d’une série qui déca<strong>la</strong>it pour m’é<strong>la</strong>ncer, je suis vite arrivé<br />

dans le bowl de l’inside avec une vitesse vertigineuse. J’ai vraiment<br />

cru que j’al<strong>la</strong>is taper le reef avec <strong>la</strong> tête, tellement ça suçait. Derrière<br />

moi, un gamin hur<strong>la</strong>it « Fuckin’ Haole ». Il était parti après moi,<br />

mais il réc<strong>la</strong>mait <strong>la</strong> priorité, un jeu qui peut mal tourner quand on n’est<br />

pas de là. De toute façon, je n’avais pas le choix, il fal<strong>la</strong>it que je finisse<br />

<strong>la</strong> vague. De retour sur le parking, je n’ai pas traîné, <strong>la</strong> bande de types<br />

à moitié ivres qui traînait autour d’un bidon en feu me rappe<strong>la</strong>it vite à<br />

<strong>la</strong> réalité de <strong>la</strong> West Side. Hardcore.


W E S T C O A S T<br />

Candice Appleby en action<br />

à Makaha. Une Haole bien<br />

blonde qui ne se <strong>la</strong>isse<br />

pas prendre de haut.<br />

La compétition avait lieu tous les ans à Makaha<br />

entre 1954 et 1971. Elle fut longtemps considérée<br />

officieusement comme le championnat du monde<br />

de surf. Crée par John Lind et supportée par<br />

le Waianae Lions club <strong>la</strong> première édition fut<br />

annulée pour manque de vagues. Entre 1962 et<br />

1965 <strong>la</strong> compétition fut montrée à <strong>la</strong> télévision<br />

ABC. L’épreuve était spectacu<strong>la</strong>ire autant par<br />

le nombre de compétiteurs, jusqu’à cinq cents,<br />

que par son format. Il pouvait y avoir jusqu’à<br />

vingt-quatre surfeurs par série. L’édition de 1963<br />

fut <strong>la</strong> plus spectacu<strong>la</strong>ire avec des vagues de 7<br />

mètres. À partir de 1965, l’événement commença<br />

à piquer du nez, critiqué pour son jugement trop<br />

favorable aux Hawaiiens. Le contest fut boycotté<br />

par les Californiens qui n’avaient jamais remporté<br />

aucune finale homme. Vers 1970, on n’entendait<br />

pratiquement plus parler de <strong>la</strong> manifestation,<br />

dépassée par le championnat du monde organisé,<br />

en Australie dès 1964.<br />

55


56<br />

JOHN CARPER<br />

The human shaping machine<br />

Les initiales JC sur une p<strong>la</strong>nche ? Certains penseront spontanément à John Carper d’autres à<br />

Jésus-Christ. La majorité pensera performance, à l’image des p<strong>la</strong>nches de Shane Dorian.<br />

JC c’est tout ça à <strong>la</strong> fois, un gourou, un Chrétien et un shaper d’exception.<br />

La vie de John Carper, né à Los Angeles en 1947, est faite<br />

d’allers-retours entre Hawaii et <strong>la</strong> Californie. S’il n’est<br />

peut-être pas le meilleur shaper du monde, JC a fortement<br />

contribué à <strong>la</strong> rationalisation du métier. Pendant des années,<br />

il a travaillé dans l’ombre du maître Rusty Preisendorfer,<br />

jusqu’au moment, où son talent a été reconnu. Spécialisé<br />

dans les p<strong>la</strong>nches de pros, il a su analyser et développer une<br />

manière de travailler qui lui est propre. Auteur de <strong>la</strong> célèbre<br />

vidéo “Shaping 101“, sa popu<strong>la</strong>rité a continué à grandir<br />

avec le succès de ses p<strong>la</strong>nches de tow-in, ainsi qu’avec les<br />

pro models de Shane Dorian sortis chez Surftech, qui sont<br />

devenus numéro un des ventes. Rencontre.<br />

Textes et photos : Stephane Robin<br />

Down to the Sugar Mill<br />

On m’avait dit que son atelier était à <strong>la</strong> Sugar Mill d’Haleiwa (North<br />

Shore d’Oahu), un repère de shapers, de g<strong>la</strong>ceurs et d’autres rois<br />

de l’airbrush. Un peu perdu dans les odeurs de résine, je cherchais<br />

l’atelier de JC quelque part au milieu des bâtiments jaunis. Je finis<br />

par me garer à côté de <strong>la</strong> voiture de mon colocataire. C’est lui qui<br />

m’avait donné le p<strong>la</strong>n, JC l’ayant embauché depuis peu pour faire<br />

du ponçage. En sortant de ma caisse, je vis un homme aux cheveux<br />

gris se tenant devant <strong>la</strong> porte d’un atelier. Voyant que je cherchais<br />

quelque chose, Il m’interpel<strong>la</strong>. Je lui répondis directement : « c’est<br />

vous, John Carper ? ». Je ne l’avais jamais vu, mais j’étais presque<br />

sûr que c’était lui. Il me fit oui de <strong>la</strong> tête, c’était presque trop facile.<br />

Malgré ses allures de<br />

pasteur, les années flower<br />

power ont <strong>la</strong>issées des<br />

traces! Funky John Carper?


58<br />

La vie de ghost shaper<br />

Problème : il n’y avait pas assez d’argent à faire à Big Is<strong>la</strong>nd. Ne<br />

voyant pas comment il al<strong>la</strong>it s’en sortir avec sa femme et son gosse,<br />

John accepte alors une offre du célébrissime Rusty Preisendorfer<br />

pour travailler comme “ghost shaper“ à La Jol<strong>la</strong>, en Californie. Rusty<br />

avait besoin d’un gars méthodique et fiable pour faire les p<strong>la</strong>nches<br />

des pros. Un boulot difficile que personne ne vou<strong>la</strong>it faire. Les pro<br />

models demandent énormément de temps… Et ne rapportent pas<br />

plus qu’une p<strong>la</strong>nche normale. JC s’en foutait, tout ce qui importait<br />

c’était de devenir meilleur chaque jour, et de voir les pros surfer<br />

sur des p<strong>la</strong>nches qui sortaient de ses mains. Un travail exigeant qui<br />

lui permettra au final d’acquérir une rapidité d’exécution inégalée<br />

jusqu’à aujourd’hui.<br />

On est en 1990. Professionnellement, tout se passe plutôt bien<br />

pour JC, à un détail près… La vie californienne n’est pas sa tasse<br />

de thé… Après quatre années sur le “Main<strong>la</strong>nd“, il préfère alors<br />

retourner à Hawaii. Fort des liens qu’il a noués avec les pros<br />

surfers, ils sont nombreux dès cette première année de retour dans<br />

l’archipel à lui commander des boards pour <strong>la</strong> triple couronne.<br />

Shapant pour HIC, il commence à apposer son logo JC sur sa<br />

production avant de finir enfin par monter sa propre compagnie en<br />

1996, JC Hawaii.<br />

Ergonomie appliquée<br />

« J’aime shaper mes p<strong>la</strong>nches de <strong>la</strong> même manière que je<br />

voudrais qu’elles soient surfées. » JC est connu pour sa rapidité<br />

et <strong>la</strong> radicalité de son travail. Il ne fait jamais un mouvement en<br />

trop. L’optimisation de son flow de travail va très loin. Ses outils<br />

Le coup d’oeil du<br />

maître, juste histoire<br />

de vérifier une symétrie<br />

déjà impeccable.<br />

sont tous situés à des endroits précis de <strong>la</strong> salle de shape, rien<br />

n’est <strong>la</strong>issé au hasard, ni les chaussures, ni <strong>la</strong> température de <strong>la</strong><br />

pièce. Tous les mouvements ont un sens. « Un bon shape, c’est<br />

comme une coupe de cheveux : si tu y passe trop de temps ça ne<br />

ressemble plus à rien. » JC suit l’image de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche qu’il a dans <strong>la</strong><br />

tête, et plus il shape vite plus il conserve cette vision. « L’avantage<br />

du CAD (Conception Assistée par Ordinateur) c’est de pouvoir faire<br />

les modifications d’un shape avant d’avoir commencé à toucher <strong>la</strong><br />

mousse. Il faut du temps pour devenir vraiment performant. Je pense<br />

que c’est à partir de deux mile p<strong>la</strong>nches que les choses démarrent,<br />

c’est là que tu commences vraiment à utiliser tes outils. »<br />

Du rabot à l’ordinateur<br />

« Le premier pré-shape que j’ai vu sortait des établissements<br />

Bar<strong>la</strong>nd en France. Dès que j’ai vu cette p<strong>la</strong>nche, j’ai compris le<br />

potentiel, et j’ai tout de suite voulu en savoir plus. La question était<br />

de savoir comment faire passer toutes mes années de shape à <strong>la</strong><br />

main dans un ordinateur. Les premières machines étaient capables<br />

de copier des p<strong>la</strong>nches mais moi, je vou<strong>la</strong>is les créer directement<br />

à partir de <strong>la</strong> machine. Il y a huit ans, j’ai commencé à m’y mettre<br />

à fond. Les deux premières années, les p<strong>la</strong>nches que j’ai faites<br />

par ordinateur étaient moins bonnes que celle que je shapais à <strong>la</strong><br />

main. J’ai passé trois années à travailler sur le logiciel 3D avant de<br />

l’utiliser. Maintenant j’arrive à sortir des pré-shapes extrêmement<br />

précis, le gain de temps est énorme, et <strong>la</strong> facilité de reproduire<br />

à l’infini les mêmes p<strong>la</strong>nches est un de l’avantage majeur. » JC<br />

fut l’un des premiers à travailler avec Surftech sur des modèles<br />

de p<strong>la</strong>nches désignées pour <strong>la</strong> construction en sandwich. Là où


d’autres essayent de reproduire un shape de p<strong>la</strong>nche c<strong>la</strong>ssique, il a<br />

su créer des modèles spécifiques. « Je ne pourrais pas produire à<br />

<strong>la</strong> main les p<strong>la</strong>nches que je sors en Surftech. C’est vraiment autre<br />

chose, une autre technologie. Les designs ne sont pas mieux que les<br />

modèles en PU, c’est différent, mais toutes ces p<strong>la</strong>nches marchent,<br />

ça dépend du surfeur. Certains disent que ce type de fabrication<br />

va nous faire disparaître, mais c’est aussi un moyen pour nous de<br />

mieux vivre, après des dizaines d’années passées derrière le rabot.<br />

Si mon hand shape n’était pas bon, je ne vendrais pas de Surftech,<br />

donc tout est lié. Si un jour on arrête de shaper à <strong>la</strong> main, ces<br />

p<strong>la</strong>nches-là ne dureront pas non plus. »<br />

Shane Dorian : le fils spirituel<br />

La rencontre de JC avec Shane Dorian à Big Is<strong>la</strong>nd a été le début<br />

d’une col<strong>la</strong>boration. « Shane vou<strong>la</strong>it surfer des p<strong>la</strong>nches Rusty. Et<br />

quand il a découvert que les p<strong>la</strong>nches qu’il recevait de chez Rusty<br />

étaient faites par moi, il a commencé à surfer mes p<strong>la</strong>nches. Il<br />

n’avait que 15 ou 16 ans, mais il vou<strong>la</strong>it déjà travailler au<br />

développement de ses p<strong>la</strong>nches avec un shaper. Shane est un<br />

surfeur exceptionnel, il peut battre n’importe qui. Il ne prend pas de<br />

drogue, c’est quelqu’un de radicalement différent. Après des années<br />

sur le tour, il se consacre maintenant au free surf, et l’on travaille<br />

beaucoup sur ses p<strong>la</strong>nches de tow-in, c’est super intéressant.<br />

Aujourd’hui les pros ne viennent plus dans les salles de shape,<br />

beaucoup ne viennent même pas chercher leur p<strong>la</strong>nche. En plus, ils<br />

surfent quasiment tous <strong>la</strong> même chose. Un jour, il fal<strong>la</strong>it que je fasse<br />

des p<strong>la</strong>nches pour Andy Irons, il m’avait <strong>la</strong>issé une note sur une<br />

feuille : 6’2’’ squash tail. C’est le genre de mec qui ne parle pas<br />

beaucoup de ses p<strong>la</strong>nches, sauf peut-être s’il n’y a personne autour.<br />

Pour eux c’est du feeling pur, ils prennent <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche sous le bras dix<br />

secondes et savent si <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche leur convient ou pas. C’est difficile<br />

d’avoir un feedback, alors je leur fais beaucoup de p<strong>la</strong>nches en<br />

espérant qu’il y en aura des bonnes dans le lot. Ça arrive que je<br />

n’entende plus parler des p<strong>la</strong>nches que je leur ai faites pendant six<br />

mois, un an... Jusqu’au jour où j’apprends que l’une d’elles était<br />

magique… »<br />

« Shaping 101 » La célèbre<br />

vidéo de JC avec <strong>la</strong>quelle<br />

des centaines de shapers<br />

amateurs ont découvert<br />

les secrets du métier.<br />

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62<br />

YouRiding.com ? C’est tout simplement, <strong>la</strong> première simu<strong>la</strong>tion gratuite réaliste de Surf et<br />

Bodyboard en mode multi-joueurs sur le net. Après y avoir goûté, Surftime est devenu accro !<br />

Retour sur un site déjà culte.<br />

Tout est né dans <strong>la</strong> tête de deux jeunes surfeurs d’Anglet,<br />

Thomas Casamayou et Michaël Jégat, il y a près d’un an<br />

maintenant. Pour mener à bien leur projet, le binôme va fonder<br />

une société baptisée « IntellySurf ». C’est une société d’un<br />

nouveau genre puisqu’elle est <strong>la</strong> première à proposer un<br />

nouveau type de simu<strong>la</strong>tion en ligne en utilisant <strong>la</strong> technologie<br />

Macromedia F<strong>la</strong>sh P<strong>la</strong>yer.<br />

Le site devient réalité virtuelle en mai 2007 et se veut<br />

communautaire avant tout, il est possible de jouer seul en mode<br />

freeride ou contre d’autres surfeurs du monde entier grâce au<br />

mode contest. Côté freeride, il faut développer les compétences de<br />

son personnage en s’entraînant à réaliser des tubes et manœuvres<br />

sur un des 35 meilleurs spots mondiaux. Côté contest, vous pouvez<br />

créer ou participer à des events en ligne pour devenir le meilleur<br />

rider du globe. Thomas nous en dit un peu plus sur le sujet : « Notre<br />

simu<strong>la</strong>tion est réaliste et technique, elle s’inscrit dans une logique<br />

du fait par des surfeurs pour des surfeurs. Nous avons également<br />

rendu à chaque vague du monde ses spécificités. Du coup, il est<br />

possible de se mesurer virtuellement à tous les surfeurs de <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>nète sur l’une des vagues les plus connues du monde comme<br />

Pipeline, Teahupoo, Mundaka, Jeffrey’s Bay, <strong>la</strong> Nord… ». Pour avoir<br />

testé à <strong>la</strong> rédaction, on vous garanti qu’on se prend vite au jeu<br />

Le site passe <strong>la</strong> seconde<br />

Fier d’un gros succès, YouRiding.com <strong>la</strong>nce <strong>la</strong> version 2 en mars<br />

dernier. Le jeu est amélioré et bénéficie de nouvelles possibilités :<br />

création de vagues par l’utilisateur, partage de photos et vidéos<br />

personnelles, l’envoi de message. Selon Thomas, « le site conserve<br />

ce qui a fait son succès grâce à un moteur de création de vague<br />

unique et réaliste, des compétitions officielles mondiales multi-<br />

joueurs, ainsi que <strong>la</strong> création d’un double virtuel pouvant être<br />

habillé et équipé avec des produits issus des gammes officielles<br />

des marques de glisse ». Grâce aux partenariats signés avec<br />

des marques du milieu de <strong>la</strong> glisse, des photographes et des<br />

vidéastes, des salles de concerts françaises et étrangères, des<br />

mags spécialisés, le<br />

site propose un contenu<br />

web inédit en photo,<br />

vidéo, musique, ainsi que<br />

l’actualité et météo glisse.<br />

Dernière nouveauté, le site<br />

propose cette année un<br />

World Tour virtuel calqué<br />

sur les tours mondiaux<br />

2008 avec de nombreux<br />

lots à gagner. Au final, il<br />

y aura un vainqueur et<br />

le couronnement qui va<br />

avec… Qui deviendra le<br />

S<strong>la</strong>ter du web ? À vous de<br />

jouer.<br />

RB.<br />

• 250 000 inscrits.<br />

• Moyenne de 25 000 visites par jour.<br />

• Traduction du site en 4 <strong>la</strong>ngues.


64<br />

Le maire de St Jean de Luz avait beau se féliciter du succès de <strong>la</strong> cinquième édition du festival,<br />

le soleil et les vagues au rendez-vous ont limité <strong>la</strong> fréquentation au Jaï-A<strong>la</strong>ï.<br />

Faut comprendre le surfer : quand il fait 25 ° dehors avec 1m50<br />

parfait et qu’on a pas vu ça depuis des mois, c’est toujours<br />

difficile d’aller s’enfermer dans le noir à cinq heure de l’aprèsmidi.<br />

Pourtant, les absents, comme d’hab, ont eu tord, <strong>la</strong> qualité des<br />

films présentés cette année étant à <strong>la</strong> hauteur.<br />

Shaun Tomson était venu présenter en personne “Bustin down the<br />

door“, un documentaire d’une intensité rare. On ne présente plus<br />

Nat Young qui présidait le jury, Terry Fidzgerald himself, héro de<br />

débuts du surf pro dans les “early seventies“ figurait lui aussi parmi<br />

les invités. Mieux val<strong>la</strong>it arriver en forme et les yeux bien reposés :<br />

enchaîner quatre ou cinq films de surf dans <strong>la</strong> même soirée, c’est friser<br />

avec l’over dose. Petit bemol, comme trop souvent pour ce genre de<br />

film, pas de VF ni de sous titrage, toujours dommage, le surfeur a beau<br />

être un grand voyageur, le spectateur moyen, lui, ne comprends plus<br />

grand-chose quand on lui parle en ang<strong>la</strong>is et encore moins quand c’est<br />

un hawaiien ou un australien qui s’exprime… On est quand même<br />

content de s’être dép<strong>la</strong>cé pour voir “THREAD“ de Patrick Trefz qui a<br />

remporté le Prix du Meilleur Montage et le Prix du Meilleur Film 2008.<br />

On a particulièrement apprécié “NEW EMISSIONS OF LIGHT&SOUND“<br />

de George Manzanil<strong>la</strong> qui était présenté sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge. Toujours bon de<br />

découvrir des films de surf les pieds dans le sable !<br />

On remercie évidemment Bruno De<strong>la</strong>y et son équipe pour avoir<br />

mis en p<strong>la</strong>ce un tel événement. On se permettra d’attribuer le Prix<br />

spécial Surftime à Fred Compagnon, pour son excellent courtmétrage<br />

“Fombol“, qui a bluffé tout le monde par son réalisme.<br />

Tout le palmarès sur surf-film.com<br />

1<br />

3<br />

2<br />

Un bon film de surf les<br />

pieds dans le sable<br />

ça fait tout <strong>la</strong> différence,<br />

comme ici sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge<br />

de St Jean de Luz.<br />

Texte et photo : Stéphane Robin<br />

1. Jérôme Sayoune<br />

surfeur baroudeur<br />

marocain et membre du<br />

Jury.<br />

2. Nat Young, président<br />

du Jury.<br />

3. Le jury et les <strong>la</strong>uréats<br />

au grand complet<br />

lors de <strong>la</strong> cérémonie<br />

de clôture, avec <strong>la</strong><br />

présence remarquée de<br />

Shaun Tomson.

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