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© WILLIAMS
ASP WORLD CHAMPION O7
Antoine<br />
Delpero
*VIVRE EN GRAND Lorentz & Associés Photos : tim-mckenna.com, Sébastien Cottereau
0 800 037 619 ©2008 Oakley, Inc.
BRUCE IRONS AVEC LA HIJINX OAKLEY.COM/IRONS
10<br />
N U M E R O 1 3<br />
À peine ai-je commencé à parler du Stand-Up<br />
Paddle dans Surftime que j’entendais déjà des<br />
voix qui s’élevaient. « Si ça continue comme ça<br />
tu pourras mettre du kayak dans ton magazine,<br />
le stand up c’est nul, pas de ça chez nous… ».<br />
Si seulement les mecs qui me disaient ça étaient<br />
crédibles.<br />
Et ouais, <strong>la</strong> plupart des gars qui critiquent le SUP ne<br />
sont jamais montés dessus ! Mais le problème n’est<br />
pas là. On a tous le droit de penser ce qu’on veut.<br />
Soyons c<strong>la</strong>irs, après avoir consacré quelques pages<br />
au Stand-Up Paddle dans notre hors série matos<br />
2008, nous en parlons une nouvelle fois dans ce<br />
numéro. C’est pas pour ça que Surftime est en<br />
train de devenir un magazine de SUP. C’est plutôt le<br />
SUP qui est en train de prendre sa p<strong>la</strong>ce au line up.<br />
Ce qui n’est pas tout à fait pareil. Surftime est et<br />
restera un magazine de surf 100 % Core, ouvert sur<br />
le monde et à ses changements.<br />
Les surfers aiment les jouets, et il n’y a pas<br />
besoin d’aller dans le garage d’un pro pour s’en<br />
rendre compte. Qui ne s’est pas éc<strong>la</strong>té sur un<br />
STEPH ROBIN<br />
SURF TIME est édité par FREE PRESSE<br />
9, RUE DES ACACIAS, 40130 CAPBRETON<br />
Tél : 00 33 (0)5 58 41 85 80<br />
Fax : 00 33 (0)5 58 41 85 89<br />
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Directeur de publication :<br />
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Rédaction en chef :<br />
Laurent Molitor (46 14) <strong>la</strong>urent@freepresse.com<br />
Rédacteur en chef adjoint / Photoreporter :<br />
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Matthieu Poisson (46 84) matt@freepresse.com<br />
Loïc Martin (46 84) loic@freepresse.com<br />
C<strong>la</strong>ra Quay “tal“ Thevenon (c<strong>la</strong>ra@freepresse.com)<br />
Ont col<strong>la</strong>boré à ce magazine :<br />
Greg Pujet, Yves Sobanski, Eve Boisanfray<br />
fish, un longboard ou un single fin ? N’est-ce<br />
pas en passant d’une p<strong>la</strong>nche à l’autre que l’on<br />
progresse ? Bien évidemment, le shortboard sera<br />
toujours l’arme absolue pour envoyer des rollers<br />
à midi. Mais quand les conditions ne sont pas<br />
idéales pour <strong>la</strong> 6’0, qu’est-ce qu’on fait ?<br />
On bataille comme des idiots pour faire un ou<br />
deux turns poussifs ? À vous de voir…<br />
Il s’agit bien de voir le SUP comme faisant<br />
partie du quiver du surfer, au même titre qu’une<br />
autre p<strong>la</strong>nche. Il ne faut pas oublier que c’est un<br />
sport de surfeurs, inventé par des surfeurs pour<br />
des surfeurs. Beaucoup le pratiquent dans les<br />
petites vagues pour rigoler, mais s’il y en a<br />
qui veulent rider des barrels ou des vagues de<br />
5 mètres avec, où est le problème ?<br />
Les possibilités offertes par le SUP sont tellement<br />
vastes qu’il serait dommage de s’en priver.<br />
Et puis allez dire aux beach boys de Makaha,<br />
ou plus près de chez nous, à Xabi Lafitte, Fred<br />
Compagnon et autres Peyo Lizarazu que le SUP,<br />
c’est pas du surf, vous allez vous faire des copains !<br />
SR<br />
Allez dire à Melvin Pu’u 47 ans,<br />
lifeguard à Makaha depuis des lustres,<br />
que le SUP, c’est pas du surf… Bonne chance<br />
Direction artistique :<br />
Sandra Ortiger : sandra@freepresse.com<br />
06 21 06 35 17<br />
Maquette :<br />
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N U M E R O 1 3<br />
12 News<br />
News de course, news des<br />
écoles, news de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète...<br />
22 Retour sur Event.<br />
Chroniques d’un WQS à<br />
Bretignolles Sur Mer<br />
Le O’Neill Hig<strong>la</strong>nd open.<br />
Bonus : Hugo Savalli en<br />
interview<br />
Le Oxbow World Longboard<br />
Tour d’Anglet<br />
32 Interview<br />
Timothée Creignou, comme<br />
un air de famille…<br />
34 Youngblood<br />
Le Pôle France vous fait<br />
rêver ? Bonne chance…<br />
36 Ze Team Manager.<br />
Ce mois-ci : Franck Corbery<br />
38 À Shopper<br />
B<strong>la</strong>ck&White<br />
40 Girl Part<br />
La <strong>colonne</strong> à Caro ; Lee Ann<br />
Curren en interview ; Focus<br />
sur une école pas comme<br />
les autres<br />
50 Trip hardcore<br />
Take a walk on the West<br />
Side<br />
56 SurfLife<br />
JC, alias John Carper, mister<br />
“human shape machine”<br />
57 Multimedia<br />
Chronique Zik ; Uriding.com,<br />
le surf en ligne ; Festival du<br />
Fim de St Jean de Luz ; Fred<br />
Compagnon et pour finir, les<br />
weedeos de l’été<br />
En couverture : West side ripper,<br />
Makaha Oahu. Ils sont des<br />
dizaines d’inconnus comme lui qui<br />
rêvent d’emboîter le pas à Sunny<br />
Garcia et aux autres pros.<br />
Photo : Steph Robin<br />
Dépôt Légal : avril 2007<br />
SURF TIME est une publication FREE PRESSE<br />
Directeur Général : C<strong>la</strong>ude Borrani<br />
SURF TIME est une marque FREE PRESSE<br />
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque<br />
procédé que ce soit des pages publiées dans le présent magazine faites<br />
sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon.<br />
Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées<br />
à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et<br />
d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou<br />
d’information de l’œuvre dans <strong>la</strong>quelle elles sont incorporées. (art. L.122-4,<br />
L.122-5 et L.335-2 du Code de propriété intellectuelle).<br />
MERCI DE RECYCLER CE MAGAZINE<br />
QUAND VOUS L’AUREZ TERMINÉ.
2008 CoolShoe International Team : Phil Macca MacDonald, Pablo So<strong>la</strong>r,<br />
Kevin Johnson, Matt Poul, Rudy Marechal, Mathias Maallem & Steven Pierson .<br />
Phil Macca MacDonald<br />
WORLDWIDE FOOTWEAR AND APPAREL SINCE 1982<br />
for boys and girls
your surfi ng pleasure<br />
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FCS is proud to present the new premium quad range. Featuring proven quad specifi c designs and<br />
constructed using the highest quality materials. We’ve used our extensive knowledge of fi n and board<br />
dynamics and worked with the world’s best surfers, shapers, designers and hydrodynamics experts<br />
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S25<br />
Q-PC7<br />
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Q-PC3<br />
Q-H2c
14<br />
L E S N E W S D U S U R F E R É C O - C O N C E R N É<br />
L’écologie est le dernier sujet à <strong>la</strong> mode et le surf n’y coupe pas. Les marques mettent en avant et avec<br />
cœur leur engagement en faveur de l’environnement. Certes, le produit ayant “zéro impact” sur<br />
l’environnement n’existe pas vraiment. Mais <strong>la</strong> démarche d’éco-conception, qui s’intéresse à l’ensemble du<br />
cycle de vie d’un article, de sa fabrication au recyc<strong>la</strong>ge, séduit de plus en plus d’entreprises. Petit tour d’horizon dans<br />
chaque numéro de SurfTime de ce que les acteurs du surfbusiness proposent aujourd’hui dans ce domaine.<br />
Bil<strong>la</strong>bong La ligne Bio<br />
prend de plus en plus<br />
d’importance dans <strong>la</strong><br />
collection de <strong>la</strong> marque.<br />
En particulier par le<br />
biais du projet « Design<br />
for Humanity » avec les<br />
produits proposés chez<br />
les girls. Ce projet, en<br />
plus d’être caritatif, se<br />
veut écologique avec<br />
une gamme de produits<br />
entièrement bio. Exemple<br />
avec le boardshort girl<br />
“Nature“. La marque<br />
s’investit énormément sur les boardshorts avec<br />
le développement de matériaux 100% recyclés et<br />
l’utilisation de fibres naturelles dans chaque ligne<br />
de produit pour les collections à venir. Sensible à <strong>la</strong><br />
protection de l’environnement et plus particulièrement<br />
des océans, Bil<strong>la</strong>bong soutient activement Surfrider<br />
Foundation et vient de créer en association avec<br />
“Project Blue“ une ligne de boardshorts en « Eco<br />
Supreme Suede ». Un tissu 100% recyclé et recyc<strong>la</strong>ble,<br />
développé exclusivement par Bil<strong>la</strong>bong à partir de<br />
bouteilles en p<strong>la</strong>stique et de textiles recyclés. À travers<br />
un processus de polymérisation, le p<strong>la</strong>stique est<br />
transformé en fibre de polyester. Il faut 10 bouteilles<br />
en p<strong>la</strong>stique pour réaliser un boardshort. C’est le cas<br />
du modèle Sonic Recycler, développé avec le team<br />
rider Rasta, un modèle qui vient d’ailleurs de remporter<br />
le prix du “produit environnemental de l’année“ au<br />
SIMA Industry Awards aux USA. www.bil<strong>la</strong>bong.com et<br />
us.designforhumanity.com<br />
L’investissement de Patagonia dans l’éco<br />
militantisme ne date pas d’hier et ils font plus que<br />
jamais figure d’exemple à, suivre dans ce domaine.<br />
Patagonia utilise des matières naturelles écologiques<br />
ou des matières recyclées et recyc<strong>la</strong>bles. Ainsi, 64%<br />
de <strong>la</strong> gamme textile comprend une éco-fibre (coton<br />
biologique, chanvre, polyester ou nylon recyclé et<br />
<strong>la</strong>ine traitée sans chlore). Dans <strong>la</strong> même démarche, <strong>la</strong><br />
marque a <strong>la</strong>ncé son propre programme de recyc<strong>la</strong>ge<br />
des vêtements à l’automne 2005. Côté surfwear, le<br />
boardshort Wavefarer (homme) est leur premier produit<br />
fabriqué en nylon<br />
recyc<strong>la</strong>ble et le<br />
boardshort Minimalist<br />
(femme) combine<br />
matières recyclées<br />
et recyc<strong>la</strong>bles. Il<br />
existe également<br />
chez le fabricant des<br />
chaussures avec une<br />
empreinte écologique réduite. Et comme une bonne<br />
démarche ne va jamais seule, Patagonia consacre 1%<br />
de son chiffre d’affaires (soit 2,7 millions de dol<strong>la</strong>rs<br />
par an !) à <strong>la</strong> protection de l’environnement, normal<br />
en tant que co-fondateur du club 1% pour <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète !<br />
En parallèle, <strong>la</strong> marque soutient activement Surfrider<br />
Foundation et plusieurs centaines d’associations visant<br />
<strong>la</strong> protection de l’environnement. Qui dit mieux ?<br />
www.patagonia.com<br />
Rip Curl offre aujourd’hui<br />
une <strong>la</strong>rge gamme de produits<br />
éco-conçus (plus de 60<br />
références dans <strong>la</strong> collection<br />
printemps / été) et <strong>la</strong>bellisés<br />
Rip Curl P<strong>la</strong>net. Pour porter<br />
ce <strong>la</strong>bel, le produit doit être<br />
constitué de plus de 50% de<br />
matières écologiques comme<br />
le coton bio, le lin, le chanvre<br />
ou les textiles recyclés.<br />
L’accent est mis sur les<br />
produits 100% coton bio (42<br />
références), et en particulier<br />
sur les t-shirts : 20% des<br />
t-shirts sont en coton bio. À<br />
noter aussi les boardshorts<br />
et sac à dos en p<strong>la</strong>stique<br />
recyclé. Pour consolider<br />
cette démarche forte, Rip<br />
Curl a mis en p<strong>la</strong>ce un projet<br />
de col<strong>la</strong>boration baptisé<br />
“Artist of the Search“ qui<br />
allie les créations d’artistes<br />
pointus et une sélection de<br />
produits éco-conçus. Tous<br />
les produits Artist of the<br />
Search portent le <strong>la</strong>bel Rip<br />
Curl P<strong>la</strong>net. Ils sont tous en coton (t-shirts, sweat à<br />
capuches, casquettes, boardshorts, sac à dos) sont<br />
100% biologiques et les autres matériaux utilisés sont<br />
en 100% recyclé. Petite précision, les boardshorts et<br />
les sac à dos sont faits à partir de p<strong>la</strong>stique recyclé et<br />
les tongs en caoutchouc recyclé. Deux p<strong>la</strong>nches de surf<br />
ont été spécialement shapées pour <strong>la</strong> collection Artist<br />
of the Search, et représentent une avancée majeure<br />
en terme d’éco-conception. La mousse est 40% soja<br />
et 60% MDI (une alternative bien plus saine que le TDI<br />
généralement utilisé). La mousse a été produite en<br />
Grande-Bretagne par Homeblown et les p<strong>la</strong>nches ont<br />
été shapées par Fifi Chevalier à Capbreton. Dernière<br />
trouvaille de <strong>la</strong> marque ? Des semelles d’espadrilles<br />
fabriquées à partir de combinaisons recyclées, le reste<br />
du produit est fabriqué en coton bio.<br />
www.ripcurl.com/p<strong>la</strong>net<br />
RIP CURL
Rasta en tournée pour défendre <strong>la</strong> cause<br />
des dauphins, ici à Moliets.<br />
Il en profite pour nous présenter<br />
son dernier Twin, un bijou shapé<br />
par le fils de ben Aïpa, Aki<strong>la</strong>.<br />
David Rastovish de passage dans les Landes ce mois de mai, on n’al<strong>la</strong>it pas<br />
rater ça ! En attendant de découvrir son interview dans le prochain numéro,<br />
SurfTime fait le point sur une des activités pro environnementales menée par<br />
le très écoconcerné surfer australien en faveur de nos amis les dauphins, ces<br />
gentils cétacés.<br />
Surfeur militant, Dave Rastovich s’attaque depuis quelques années au problème du<br />
massacre des dauphins au Japon.<br />
26 000 dauphins sont massacrés chaque année au Japon dans des conditions<br />
effroyables. Tout ça pour pas grand-chose, puisque leur chair n’est pratiquement pas<br />
consommée, à cause de sa haute teneur en mercure. Selon Dave Rastovich : « les<br />
pêcheurs pensent que ce sont les dauphins et les baleines qui mangent les petits<br />
poissons. En les tuant ils espèrent que les petits poissons seront plus nombreux,<br />
mais c’est une aberration totale. Nous luttons pour arrêter ça ». Rasta s’est rendu<br />
sur les lieux du massacre avec un groupe de surfeurs. À deux reprises, ils ont mené<br />
des actions de protestation, mais les pêcheurs les ont repoussés violemment. Suite<br />
à <strong>la</strong> médiatisation de ces actions, les choses commencent à changer. Le dauphin<br />
a été retiré du menu des écoles et il commence à être banni des rayons des<br />
supermarchés. Pour soutenir l’action de Rasta, il est possible de signer une pétition<br />
visuelle en ligne. Il suffit d’envoyer une photo de vous ayant en main une illustration<br />
représentant un dauphin.<br />
8000 personnes ont déjà signé cette pétition. Rasta quand à lui est déjà reparti au<br />
Chili pour une tournée d’un mois où il présentera <strong>la</strong> pétition visuelle imprimée sous<br />
forme de trois immenses banderoles. Le but étant de montrer ce mouvement de<br />
protestation aux délégués qui siègeront au meeting de <strong>la</strong> Commission internationale<br />
de <strong>la</strong> pêche à <strong>la</strong> baleine en juin, à Santiago au Chili.<br />
www.visualpetition.com<br />
www.mindsinthewater.com<br />
STEPHANE ROBIN<br />
PUBLICITE
16<br />
R E T O U R S U R E V E N T<br />
Après une semaine sur <strong>la</strong><br />
route, qui les aura amenés de<br />
Biarritz (64) à Soustons (40) en<br />
passant par <strong>la</strong> pointe de <strong>la</strong> Torche<br />
(29) et <strong>la</strong> presqu’île de Quiberon (56),<br />
les participants de <strong>la</strong> troisième<br />
O’Neill Mission sont rentrés<br />
chez eux, mission accomplie.<br />
En effet, le challenge était de taille. Emmener 31<br />
camping cars, 2 Safari Bus tout terrains et trois<br />
camions de logistique à <strong>la</strong> recherche des vagues sur<br />
le côtes françaises en plein mois de mai, ce n’était pas<br />
gagné d’avance…<br />
Si les 9 surfers de The Mission n’auront pas eu droit à un<br />
swell exceptionnel pendant leur trip, à part deux jours de f<strong>la</strong>t<br />
à Tronoen (29), propices à <strong>la</strong> pratique du Stand Up Paddle,<br />
d’un peu de tow-at et d’une session drop de bunker, ils<br />
auront quand même eux leur comptant de vagues, entre 80<br />
cm et 120 cm les bons jours.<br />
Les locaux des différents spots, qui envisageaient de<br />
waxer les pare brises des vans ou même de leur crever les<br />
pneus, ont finalement joué le jeu et accueillis les surfers<br />
pros les bras plus ou moins ouverts. Certes, si tout ce beau<br />
monde motorisé (les surfers étaient accompagnés d’une<br />
quarantaine de personnes, médias, photogrpahes, prod<br />
vidéo) avait de quoi effrayer les locaux, tout a été fait pour<br />
que <strong>la</strong> cohabitation se passe bien. Les campings cars sont<br />
restés sagement rangés sur des zones prévues à cet effet,<br />
alors qu’un Safari Bus servait de navette pour emmener les<br />
surfers sur les spots, histoire de ne pas envahir les parking<br />
de ceux qui nous accueil<strong>la</strong>ient. Si les sessions ne furent pas<br />
mémorables, quelques soirées le furent, comme celle passée<br />
au Mad Dog café le soir de notre arrivée en baide d’Audierne<br />
à <strong>la</strong> chapelle de Tronoen (un f<strong>la</strong>t total étant annoncé pour le<br />
lendemain, tout le monde à pu profiter sans remord de <strong>la</strong><br />
soirée), ou plus chaud encore, celle du café du Midi à Port<br />
Haliguen lors de notre étape –trop court- à Quiberon.<br />
Ambiance bon enfant à l’eau tout au long de cette<br />
semaine, avec des surfers plutôt contents de pouvoir<br />
admirer ce qu’un pro peut faire sur sa vague et qui ont<br />
joué sans retenue le jeu du partage du spot. C’est donc<br />
sans aucun bus incendié, sans un pneu de crevé ou<br />
de pare brises waxé que <strong>la</strong> O’Neill Mission est rentrée<br />
dans les Landes, pour une dernière session. Là encore,<br />
les locaux, surpris dès le réveil par notre débarquement<br />
(tout le monde sur le pont à 5 h 30 du mat !) et donc un<br />
peu râleurs, ont vite joué eux aussi le jeu du partage,<br />
une fois les yeux bien ouverts par les aerials de Cory<br />
Lopez ou de l’incroyable Julian Wilson. Un Julian Wilson<br />
qui au passage, remporte <strong>la</strong> Mission pour sa première<br />
participation, devant Corey Lopez et Adam Robertson,<br />
qui finissent second ex æquo. L’intégralité du trip à<br />
découvrir dans Surftime#14, à paraître au mois de<br />
Juillet.<br />
Merci encore à tous ceux qui nous accueillis, drivés sur<br />
leur spot et ouverts <strong>la</strong> porte de leurs vagues.<br />
LM.<br />
Après des touches en Australie et en Nouvelle-Zé<strong>la</strong>nde l’équipe du Search<br />
Rip Curl WCT 2008 qui se déroulera fin juillet est toujours sur <strong>la</strong> route. Étrange?<br />
SurfTime fait le point avec Andy Higgins, organisateur de l’événement.<br />
Bon, il paraît que ça ne le fera pas sur le spot initialement prévu en Australie ?<br />
Et bien non, et ce n’est pas plus mal, c’était sans doute un des endroits les plus difficiles au monde pour organiser un tel<br />
événement.<br />
Alors, qu’est-ce qui s’est passé avec les locaux ?<br />
nous avions le support des meilleurs surfeurs locaux, et nous en avions besoin puisque l’organisation de l’événement se<br />
fait pour moitié avec eux. Ils étaient impatient de voir comment les pros al<strong>la</strong>ient rider les vagues de fou qu’il y a là bas.<br />
Mais après coup, une minorité a exprimé sons désaccord. Ce que nous respectons complètement c’est pourquoi Rip<br />
Curl s’est immédiatement retiré pour ne pas aller contre <strong>la</strong> volonté des surfeurs.<br />
La Nouvelle-Zé<strong>la</strong>nde a failli être <strong>la</strong> solution ?<br />
En effet, il y a d’excellentes vagues à <strong>la</strong> période qui nous intéresse dans cette partie du monde. Nous avons pensé à<br />
Rag<strong>la</strong>n, et surtout au spot d’Indicators. Le problème de l’accès au spot s’est posé, puisque pour aller devant <strong>la</strong> vague<br />
il faut passer sur des terres sacrées Maoris. Les Maoris ne nous ont pas donner l’accord de passer sur leur terre<br />
donc nous avons préféré continuer a chercher un spot world c<strong>la</strong>ss ailleurs ; plutôt que d’aller contre <strong>la</strong> volonté de <strong>la</strong><br />
communauté locale.<br />
In fine, ça se passera où ?<br />
Il y a encore pas mal de vagues world c<strong>la</strong>ss qui pourraient convenir pour l’organisation de cette épreuve. Comme<br />
chaque année, on réserve une belle surprise au riders, mais pour le moment c’est Somewhere…<br />
L..M.<br />
CARLOS PINTO / O’NEILL<br />
Le camp de base de <strong>la</strong> chapelle<br />
de Troenen, à côté du Twenty<br />
Nine Surf Camp.<br />
Julian Wilson. Un nom à retenir…<br />
Le youngblood de <strong>la</strong> bande (ici en action dans<br />
<strong>la</strong> baie d’Audierne) s’impose à coups de surf<br />
newschool de haut vol lors de cette troisième<br />
édition de The O’Neill Mission.<br />
L’affiche du prochain Search WCT,<br />
qui se déroulera fin juillet à…<br />
Pas trop dur de reconnaître le spot<br />
si vous êtes déjà passés par là.
18<br />
© TOSTEE/ASP<br />
Qu’en est-il du mythique Bil<strong>la</strong>bong pro Mundaka<br />
Après plusieurs années d’existence, avec ses moments inoubliables mais aussi des journées plus difficiles où<br />
<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge de repli de Bakio avait dû accueillir le top 45 faute de vague, le Bil<strong>la</strong>bong Pro Mundaka aura bien lieu<br />
cette année. Après des rumeurs d’annu<strong>la</strong>tion, de dép<strong>la</strong>cement de l’épreuve plus au Sud de l’Europe, Bil<strong>la</strong>bong<br />
a confirmé que l’étape basque se déroulera comme chaque année. Seul changement, le spot de repli sera<br />
désormais sur les p<strong>la</strong>ges de Sope<strong>la</strong>na, autre petit vil<strong>la</strong>ge non loin de Mundaka et qui on l’espère, donnera<br />
des vagues de meilleure qualité que Bakio en cas de pénurie sur Mundaka. Mais pour le moment, <strong>la</strong> vedette<br />
demeure <strong>la</strong> gauche tant convoitée, parfois capricieuse, où Bobby Martinez (USA), vainqueur des deux dernières<br />
éditions, espère bien tripler <strong>la</strong> mise. Histoire d’être une fois encore être jeté de <strong>la</strong> digue par les locaux dans le<br />
petit port de pêche, comme <strong>la</strong> tradition l’oblige.<br />
Analyse<br />
ASP World Qualifying Series (WQS)<br />
Pronostics difficiles pour cette saison<br />
Du retour inattendu de Sunny Garcia<br />
(HAW) au plus haut niveau, au départ<br />
fracassant même si moins improbable<br />
de Jonathan Gonzalez (BRA), le WQS a<br />
lui aussi amené son lot de surprises au<br />
cours de <strong>la</strong> première moitié de l’année.<br />
Avec déjà quatre compétitions c<strong>la</strong>ssées<br />
PRIME au compteur, les surfers en quête<br />
d’une p<strong>la</strong>ce dans l’élite nous ont offert<br />
quelques-uns des plus grands moments<br />
de surf de <strong>la</strong> dernière décennie. Des eaux<br />
chaudes du Fernando de Noronha au Brésil<br />
aux Nord du Royaume Uni à celles g<strong>la</strong>cées<br />
de Thurso, <strong>la</strong> crème du WQS a dû affronter<br />
toutes les vagues et tous les climats pour<br />
commencer à engranger des points avant<br />
<strong>la</strong> saison estivale, et l’enchaînement de<br />
<strong>la</strong> plus grosse ligue du monde avec pas<br />
moins de 10 compétitions cruciales avant<br />
le final hawaiien !<br />
Et c’est encore une fois un ancien qui<br />
attire l’attention des medias. Après un an<br />
de prison pour fraude fiscale et un hiver<br />
d’entraînement intense sur son île d’Oahu,<br />
le champion du monde ASP 2000, Sunny<br />
Garcia himself, revient avec <strong>la</strong> ferme<br />
intention de se requalifier pour le top 45 et<br />
compte déjà trois résultats consécutifs à<br />
plus de 1200 points en moyenne, de bon<br />
augure pour l’accomplissement de ses<br />
objectifs.<br />
En haut du c<strong>la</strong>ssement, les premiers<br />
grands affrontements amenèrent une<br />
bataille difficile et contrairement à l’année<br />
dernière où les Tiago pires et autre Jordy<br />
Smith étaient presque assuré de leur<br />
qualification début Juin, personne pour le<br />
moment n’a pu faire <strong>la</strong> différence. La faute<br />
à qui ? À une poignée de troubles fêtes qui,<br />
à chaque grand rendez-vous, parviennent<br />
à faire tomber les poids lourds. Le premier<br />
à se payer les têtes de série est l’Américain<br />
Austin Ware (USA) qui atteint <strong>la</strong> finale du<br />
Quiksilver Pro Africa à Durban avant de<br />
perdre face au seul rescapé des têtes de<br />
série, l’ancien du top 45 et désormais bien<br />
parti pour une requalification, David Weare<br />
(ZAF). Weare, qui empoche les 3000 points<br />
de <strong>la</strong> victoire s’envole pour l’Ecosse en<br />
pleine forme, avec l’idée du doublé quelque<br />
part derrière <strong>la</strong> tête. Personne n’est<br />
Nike le numéro Un mondial des vêtements et articles de sport,<br />
arriverait-il enfin sur nos p<strong>la</strong>ges ? Après plusieurs tentatives dans<br />
l’histoire de <strong>la</strong> marque de venir s’imp<strong>la</strong>nter sur les p<strong>la</strong>ges du monde<br />
entier, NIKE, via sa marque estampillée surf Nike 6.0 vient de rentrer<br />
dans <strong>la</strong> cour des grands et soutiendra pour au moins trois années<br />
l’étape WQS de Trestles en Californie. Non seulement Nike 6.0<br />
soutient désormais le surf professionnel, mais <strong>la</strong> marque au swoosh<br />
hisse l’épreuve de Trestles au rang de 6-Star dès l’année prochaine<br />
en investissant au moins à moyen terme sur le circuit.<br />
jamais parvenu à gagner deux grandes<br />
compétitions consécutivement depuis<br />
le retour fracassant de Mick Campbell<br />
(AUS) en 2006 et ses deux victoires<br />
coup sur coup à Lacanau et Hossegor.<br />
L’Ecosse et le O’Neill High<strong>la</strong>nd Open :<br />
le swell s’annonce capricieux, <strong>la</strong> météo<br />
rude, mais les 144 surfers de <strong>la</strong> liste<br />
sont présents et continuent d’adorer<br />
cette épreuve désormais mythique.<br />
Encore une fois, les têtes de série dont<br />
Jarrad Howse (AUS) – ancien du top 45<br />
et finaliste l’année dernière<br />
– passent à <strong>la</strong> trappe et<br />
on retrouve une nouvelle<br />
poignée d’irréductibles<br />
outsiders dans le dernier<br />
carré aux côté de… David<br />
Weare lui-même. À noter <strong>la</strong><br />
perf du Canarien Jonathan<br />
Gonzalez qui atteint les 1/8<br />
de finale et demeure à ce<br />
jour l’une des meilleures<br />
chances européennes de<br />
qualification pour l’ASP<br />
World Tour 2009. Cette<br />
hécatombe chez les têtes<br />
BONNARME/ASP EUROPE<br />
Mundaka dans toute<br />
sa splendeur, ça vaut<br />
bien le coup de prendre<br />
quelques risques en<br />
continuant d’organiser<br />
une épreuve sur <strong>la</strong> plus<br />
belle gauche d’Europe !<br />
de séries n’est pas pour dép<strong>la</strong>ire au vieux<br />
continent avec Hugo Savalli (FRA) et Michel<br />
Bourez (PYF) qui se retrouvent en quart<br />
de finale. Savalli atteint les demi-finales<br />
avant de tomber face à Adam Melling<br />
(AUS), encore un surfer inattendu à ce<br />
stade d’une compétition c<strong>la</strong>ssée 6-Star<br />
Prime, qui à son tour échoue sur <strong>la</strong><br />
dernière marche face à l’illustre inconnu<br />
et néanmoins impressionnant Adam<br />
Robertson (AUS). (Compte-rendu détaillé à<br />
lire page 24)
20<br />
© ROBERTSON / ASP<br />
R E T O U R S U R E V E N T<br />
Après trois épreuves du WCT, soit déjà un quart du dream tour effectué, notre envoyé special sur les<br />
contests fait le point sur <strong>la</strong> saison en cours, les espoirs, les déceptions, les surprises de ce WCT 2008.<br />
QUIKSILVER PRO GOLD COAST<br />
Les quarante-cinq meilleurs mondiaux se retrouvent, comme chaque année, pour<br />
l’ouverture de l’ASP World Tour sur <strong>la</strong> côte Est de l’Australie, à Coo<strong>la</strong>ngatta sur le fameux<br />
« Superbank ».<br />
Pour <strong>la</strong> première fois depuis longtemps, le monde du surf attend avec impatience le<br />
<strong>la</strong>ncement du Dream Tour du renouveau : Jordy Smith (ZAF), 18 ans, qui vient de dominer<br />
le circuit ASP World Qualifying Series (WQS), et Dane Reynolds (USA), 22 ans et dauphin<br />
de Smith sur le WQS, meilleur free surfer du monde selon Kelly S<strong>la</strong>ter lui-même, sont<br />
dans les starting blocks et annoncent, on l’espère, quelques changements parmi l’élite.<br />
Côté européen, c’est tout aussi historique : quatre représentants de <strong>la</strong> bannière bleue aux<br />
étoiles jaunes sont sur <strong>la</strong> liste des participants, avec en tête le prodige de 19 ans Jeremy<br />
Flores (FRA) fraîchement couronné du titre de ASP Rookie of the Year. Derrière lui :<br />
Miky Picon (FRA), qui entame sa seconde année sur le Dream Tour après une solide<br />
année 2007 dans <strong>la</strong> jungle des WQS. Tiago Pires (PRT), qui atteint enfin l’objectif ultime<br />
après dix années aux portes du top 45, et l’inattendu mais prometteur Basque Espagnol<br />
Aritz Aranburu (EUK) qui a obtenu son sésame grâce à une demi-finale sur l’avant<br />
-dernière compétition de l’année à Haleiwa sur le North Shore d’Oahu.<br />
À ce tableau s’ajoute le retour de plusieurs anciens du World Tour qui retrouvent enfin<br />
les rangs de l’élite, dont Ben Bourgeois (USA) ou encore Kieren Perrow (AUS) – ancien<br />
No. 7 mondial en 2005. Des leaders incontestés aux très attendus rookies, <strong>la</strong> caravane<br />
du Dream Tour s’annonce haute en couleurs et Mick Fanning (AUS) lui-même, champion<br />
du monde ASP en titre et dernier vainqueur en date à Col<strong>la</strong>ngata, est prêt à donner son<br />
maximum face au cru 2008.<br />
Dans des vagues d’un mètre, et devant un parterre de photographes, journalistes venu<br />
du monde entier, les quarante cinq entament les hostilités et série après série,<br />
Jeremy Flores, sans doute le meilleur<br />
espoir européen de briller au<br />
firmament du Dream Tour<br />
les surprises s’enchaînent. Les deux « wonderkids » Smith et Reynolds sortent par <strong>la</strong><br />
petite porte là où tout le monde les attendait au moins en quart de finale. Les ténors<br />
quant à eux, et ils l’avaient annoncé, ne vont pas dérouler le tapis rouge aux “Djeun’s<br />
aux dents longues“, et les Fannning, Parkinson, Irons, et S<strong>la</strong>ter se retrouvent bien<br />
évidemment le dernier jour. Côté européen, c’est Flores qui sort le grand jeu. Très<br />
concentré, bien encadré par ses potes et son coach Yannick Beven, Flores taille sa route<br />
jusqu’en demi-finale, où seul le King S<strong>la</strong>ter l’arrête. Et c’est d’ailleurs S<strong>la</strong>ter, sur qui les<br />
medias ne parient plus en ce début d’année, qui montre à tous les prétendants qu’à 36<br />
ans, il peut hisser son niveau de surf bien au-delà de toute attente.<br />
Kelly S<strong>la</strong>ter, 8X champion du monde ASP, n’a plus rien à prouver, à part peut être l’envie<br />
de montrer aux nouveaux qu’il ne suffit pas d’être l’attraction du moment pour gagner<br />
une compétition à ce niveau. Jouant avec les effets d’annonce, ne confirmant sa venue<br />
que quelques jours avant le début du Quik Pro, n’assistant pas à <strong>la</strong> conférence de presse<br />
de son sponsor, n’envisageant pas de faire le tour dans son intégralité cette année, tous<br />
les yeux sont ailleurs. Mais le King nous avait déjà fait le coup il y a deux ans, on se<br />
souvient du résultat… Dès son entrée en lice, Kelly sort le grand jeu. À chaque série,<br />
il nous offre un spectacle à couper le souffle. Des airs reverse aux carves ravageurs,<br />
en passant par quelques sessions d’entraînement à <strong>la</strong> nuit tombée, tous les indicateurs<br />
donnent le King vainqueur de <strong>la</strong> première étape de l’année. S’offrant Andy Irons en quart,<br />
Flores en demi, et Fanning en finale, Kelly remet les compteurs à zéro et montre à toutes<br />
les générations présentes que le patron, c’est encore lui.<br />
Avec l’élimination surprise des nouveaux prodiges, <strong>la</strong> percée d’entrée de Flores,<br />
et surtout l’invincibilité de S<strong>la</strong>ter et de ses suivants historiques dont Andy Irons, le Quik<br />
Pro Gold Coast remplit les attentes et annonce aux fans du monde entier une saison<br />
pleine de surprises.
RIP CURL PRO BELLS BEACH<br />
Après sa victoire australienne, le « nouveau » Numéro 1 mondial S<strong>la</strong>ter se confie aux<br />
journalistes : « je ne sais pas si je vais aller à Bells, je suis en plein questionnement quant<br />
à mon avenir en compétition et je ferai selon mon envie du moment ». Ça ne vous rappelle<br />
rien… Après plusieurs années de duels historiques, Andy Irons connaît bien <strong>la</strong> force de S<strong>la</strong>ter<br />
et ne s’attend pas à le voir se défiler après une victoire dans <strong>la</strong> première étape de l’année.<br />
Nous non plus. Deux jours avant le début du Rip Curl Pro, Renato Hickel – ASP World Tour<br />
manager – reçoit un coup de fil de S<strong>la</strong>ter lui confirmant sa venue. La raison officielle :<br />
un bon swell est attendu, et il ne souhaite pas rater l’occasion de surfer <strong>la</strong> droite mythique à<br />
deux dans l’eau. La raison officieuse, qui est déjà dans tous les esprits : S<strong>la</strong>ter est-il capable<br />
de refaire le doublé de 2006, année de son dernier titre de champion du monde, où il avait<br />
remporté le Quik Pro et le Rip Curl Pro consécutivement ? On en est encore bien loin,<br />
en ce 19 mars, jour d’ouverture de <strong>la</strong> seconde étape de l’ASP World Tour.<br />
Après plusieurs jours d’attente, les premiers tours sont enfin <strong>la</strong>ncés, et les conditions de mer<br />
agitée et de vagues de deux bons mètres offrent un spectacle mitigé. C’est encore Flores qui<br />
brille dans le c<strong>la</strong>n européen, alors que Tiago et Miky ne dépassent pas le second tour.<br />
À 19 ans encore, c’est lui qui porte tous les espoirs du surf du vieux continent, mais cette fois,<br />
il tombera face à un Bobby Martinez (USA) surpuissant qui coupe <strong>la</strong> route du français en 1/8<br />
de finale. Côté wonderkids, c’est de nouveau <strong>la</strong> déception pour Jordy Smith qui tombe face au<br />
vétéran Danny Wills (AUS) au deuxième tour. Dane Reynolds quant à lui, semble retrouver son<br />
surf des vidéos Young Guns. À chaque série, Reynolds sort des figures aériennes et monte en<br />
puissance jusqu’à s’offrir le champion du monde 2001 CJ Hobgood (USA) dans une série qui<br />
restera dans les mémoires, les deux surfers terminant avec un total supérieur à 18.50 sur 20.<br />
Le tenant du titre Taj Burrow (AUS) demeure en bonne p<strong>la</strong>ce. Après un quart de finale sur<br />
<strong>la</strong> Gold Coast, Burrow n’impressionne pas, mais montre une persévérance et une solidité à<br />
toutes épreuves. Le vice-champion du monde 2007 reste dans l’ombre des performances<br />
affo<strong>la</strong>ntes de Reynolds ou S<strong>la</strong>ter, évidemment toujours en lice, mais se hisse cependant<br />
jusqu’en demi-finale où il tombe face à… Kelly S<strong>la</strong>ter. Fin de <strong>la</strong> route pour Taj. Encore une<br />
fois, dans le dernier duel, S<strong>la</strong>ter affronte l’un des phénomènes du moment, l’Australien Bede<br />
BILLABONG PRO TAHITI<br />
Les 45 meilleurs surfers de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète se retrouvent face au monstre Teahupoo. Le spectacle<br />
s’annonce grandiose.<br />
Ça commence très fort avec des trials d’anthologie, dans des vagues de cinq mètres,<br />
où l’extra-terrestre Jamie O’Brien (HAW) et le pas si inattendu que ça Bruno Santos (BRA)<br />
s’offrent les deux wildcards pour le tableau principal. Malheureusement <strong>la</strong> houle diminue<br />
ensuite et six jours d’attente seront nécessaires avant de pouvoir entamer les hostilités.<br />
S<strong>la</strong>ter, grand favori désormais c<strong>la</strong>irement en lice pour une neuvième couronne mondiale,<br />
vainqueur trois fois dans les tubes béants de Teahupoo, arrive <strong>la</strong> veille seulement et va subir<br />
<strong>la</strong> domination du local Manoa Drollet à deux reprises. Au premier tour d’abord où le Floridien<br />
termine second derrière le local et doit ainsi passer par les repêchages du second tour<br />
où il affronte O’Brien. Sans <strong>la</strong> moindre hésitation, S<strong>la</strong>ter se sort aisément des petits tubes<br />
turquoises et élimine l’hawaiien pour annoncer une fois encore qu’il est prêt à aller au bout,<br />
avec un total de plus de 18 points sur 20. Mais comme le veut <strong>la</strong> règle, les têtes de série<br />
retrouvent toujours les wildcards au troisième tour et S<strong>la</strong>ter doit de nouveau affronter Drollet.<br />
Et pour un début d’année qui n’en finit plus de nous surprendre, le King est éliminé et <strong>la</strong>isse <strong>la</strong><br />
voie libre à ses poursuivants. Pas de bol pour le champion en titre, Fanning, qui n’en profitera<br />
pas puisqu’il subit le même sort face à l’illustre outsider Santos, tout droit venu des trials.<br />
Il ne sera pas <strong>la</strong> seule tête de série à <strong>la</strong>isser passer sa chance… En effet, c’est l’hécatombe<br />
chez les leaders, alors que le swell tombe à vue d’œil. Hobgoods, Irons, Parkinson, Durbidge,<br />
Flores, Burrow… Le top 10 subit les foudres des invités qui accrochent à leur tableau de<br />
chasse quelques-uns des plus grands noms de <strong>la</strong> discipline. C’est finalement Bruno Santos<br />
qui vient à bout du local Manoa Drollet dans des vagues d’un mètre, après une compétition<br />
marathon et pas moins de dix séries gagnées. S<strong>la</strong>ter se frotte les mains : là où ses adversaires<br />
auraient pu profiter d’un passage à vide, pas un seul ne parvient en finale. « Kelly doit bien<br />
rigoler devant son ordinateur, car on est pas mal à lui avoir fait un cadeau. Voir deux wildcards<br />
en finale était ce qui pouvait lui arriver de mieux, après son élimination au troisième tour, »<br />
Après des débuts décevants<br />
à <strong>la</strong> Gold Coast, Dane Reynolds<br />
exprime tout son potentiel lors<br />
de l’épreuve de Bells Beach<br />
Durbidge. Ce dernier, vainqueur de <strong>la</strong> Triple Crown sur le North Shore en décembre, demifinaliste<br />
au Quik Pro deux semaines avant, mène le duel jusqu’à trois minutes de <strong>la</strong> fin. Serein,<br />
il <strong>la</strong>isse S<strong>la</strong>ter ramer au nord, face à <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise, et attend que le son de <strong>la</strong> trompe sonne sa<br />
victoire. À <strong>la</strong> recherche d’une vague à 7 points, S<strong>la</strong>ter tente l’impossible : à une minute de <strong>la</strong><br />
fin du temps réglementaire, il part sur une vague d’un mètre et commence avec un frontside<br />
air double-grab avant de carver sa vague tout en puissance. Récompensé par plus de 8 points,<br />
il vole à Durbidge sa première cloche mythique, et remporte <strong>la</strong> deuxième étape du World Tour.<br />
Une fois encore, le King répond présent et prend le <strong>la</strong>rge au c<strong>la</strong>ssement général, répétant son<br />
doublé historique qui l’avait mené à un nouveau record, il y a deux ans.<br />
Et si certains diront que S<strong>la</strong>ter a fait son temps, d’autres pensent que comme au cours des<br />
quinze dernières années dominées par le King 2008 s’est déjà inclinée.<br />
© KIRSTIN/ ASP<br />
Miky Picon signe à Teahupoo sa plus<br />
belle performance de ses deux<br />
années sur le WCT, en atteignant les<br />
huitièmes de finale et en éliminant<br />
au passage Bobby Martinez<br />
dira CJ Hobgood après sa demie finale perdue. S<strong>la</strong>ter reste en tête malgré une 17ème p<strong>la</strong>ce et<br />
conserve ainsi toutes ses chances de couronne mondiale en ce début d’année !<br />
Côté européen, Flores et Aranburu disparaissent dès le second tour alors que Tiago Pires<br />
passe enfin le cap des repêchages, avant de perdre au troisième tour. C’est finalement Miky<br />
Picon (FRA) qui s’offre <strong>la</strong> plus belle performance du Bil<strong>la</strong>bong Pro Tahiti en atteignant les<br />
1/8ème de finale, où il se fait stopper par Bruce Irons. En chemin, Picon s’offre le vainqueur<br />
de l’édition 2006, l’Américain Bobby Martinez, et signe au passage le meilleur résultat de sa<br />
carrière au sein du top 45.<br />
(C) ASP/TOSTEE<br />
PUBLICITE
22<br />
R E T O U R S U R E V E N T<br />
CHRONIQUE D’UN WQS 4 STARS<br />
À BRETIGNOLLES-SUR-MER<br />
Le championnat du monde de surf en Vendée c’est un<br />
peu <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète mars qui débarque en plein mois d’avril.<br />
Un avant-goût d’été, avec les embouteil<strong>la</strong>ges en moins.<br />
En Vendée, <strong>la</strong> culture surf fait son chemin au gré des<br />
marées, mais il y a encore un bout de route à faire. Cette<br />
année il y avait de superbes conditions, du soleil et pas<br />
mal d’action. De quoi donner de l’espoir pour le futur<br />
À Brétignolles, on voit les choses en grand comme si le<br />
surf al<strong>la</strong>it devenir véritable élément du développement<br />
local. À <strong>la</strong> mairie, on rêve de surf de nuit, on a même pensé<br />
installer des projecteurs sous <strong>la</strong> mer ! Pendant ce temps-là,<br />
les locaux se réjouissent, c’est pas tout les jours que les<br />
meilleurs surfeurs du monde viennent déchirer le spot. Voir<br />
des pros inventer de nouvelles trajectoires sur sa vague, ça<br />
<strong>la</strong>isse rêveur !<br />
Surftime ne vou<strong>la</strong>it pas rater une si belle édition, on a mis<br />
le temps, mais finalement on est arrivé le samedi. C’était<br />
marée basse, de loin La Sauzaie ressemb<strong>la</strong>it un peu à un<br />
champ de mine. Des pics partout, mais rien de vraiment<br />
défini. Les pros attendaient que ça monte un peu pour<br />
enchaîner les séries du jour. Quelques gamins courraient<br />
entre le chapiteau et <strong>la</strong> buvette. Ça sentait <strong>la</strong> frite. Tamayo<br />
Perry était venu checker le spot emmitouflé dans sa veste.<br />
Un Hawaiien en Vendée ! Même lui n’en revenait pas. Le line<br />
up s’est mis en p<strong>la</strong>ce rapidement en début d’après midi,<br />
pour former un pic droite et gauche assez rapide. Difficile de<br />
bien se p<strong>la</strong>cer, les vagues explosent un peu au take-off, mais<br />
ensuite, les sections s’enchaînent rapidement. Dans l’inside,<br />
il y avait moyen d’envoyer gros au risque d’aller embrasser<br />
les moules, une tradition locale. Sandwich jambon-beurre<br />
barquette de frites, verre de rouge, on était bien installé, aux<br />
premières loges sur les remb<strong>la</strong>is. Dans le c<strong>la</strong>n français, ils se<br />
débrouil<strong>la</strong>ient pas trop mal. Eric Rebiere et Hugo Savalli font<br />
alors figure de favoris aux côtés de Luke Campbell. Et malgré<br />
l’élimination de Micky Picon, il reste encore cinq frenchies en<br />
course pour le quart de finale.<br />
Le soir tombé il a fallu qu’on se loge. Dans un bled qui ne<br />
compte que trois hôtels c’était pas gagné, mais au final,<br />
on a tiré le gros lot. Celui qu’on a trouvé c’était un peu une<br />
b<strong>la</strong>gue, table de bil<strong>la</strong>rd dans <strong>la</strong> véranda, bière tiède, et petit<br />
chien hargneux, « hulk », qui vomit devant le comptoir.<br />
Réseau internet crypté, on a eu le droit à une heure gratuite.<br />
On avait une p<strong>la</strong>que 83 -un hasard-, mais en France ça<br />
signifie beaucoup. L’unique type accoudé au comptoir nous<br />
a regardé rentrer en disant : « Moi le Sud-Est, j’y vais pour<br />
récupérer des 4L ». Okay<br />
Et effectivement, à 50 m plus loin dans <strong>la</strong> rue, il y avait une<br />
collection de 4L multicolores rouillées. Dans notre chambre<br />
<strong>la</strong> TV ressemb<strong>la</strong>it à un micro-onde, le chauffage ne marchait<br />
pas et les lits en avaient vu passer des plus lourd que nous.<br />
Cinquante-cinq euros <strong>la</strong> piaule en basse saison, à ce tarif-là<br />
il ne faut pas s’étonner que les gens préfèrent le Maroc…<br />
On s’endort devant un reportage sur <strong>la</strong> bande de Gaza<br />
pendant que les autres continuent de faire <strong>la</strong> fête et à<br />
s’avinasser à l’Aloha café. « Son fils est sous les bombes et<br />
il a peur de perdre un client » nous explique un habitué des<br />
lieux. On comprend mieux.<br />
Le dimanche s’annonçait rayonnant. D’entrée de jeu, on a<br />
fait connaissance avec le patron du Bar des flots. Chemise<br />
quadrillée en <strong>la</strong>ine po<strong>la</strong>ire grande ouverte,<br />
il nous apporte un thé vert et le catalogue de l’office du<br />
tourisme. On avale notre brioche vendéenne au soleil<br />
Front side snap d’école pour<br />
Jean Seb Estienne qui a bien<br />
géré les conditions difficiles<br />
des premiers tours.<br />
avant de retourner sur le site de <strong>la</strong> compétition. On se<br />
serait presque cru sur une étape du tour de France.<br />
G<strong>la</strong>cières, bobs, et appareils photos étaient de sortie. Dans<br />
une ambiance bonne enfant et presque survoltée, c’est<br />
Romain Laulhé qui s’impose, sans réelle stratégie, mais<br />
complètement en phase avec le spot. Il se permettra même<br />
d’envoyer quelques airs assez stylés en finale, pour le plus<br />
grand p<strong>la</strong>isir des spectateurs. « Je ne réalise pas encore que<br />
j’ai gagné cette compétition, »<br />
déc<strong>la</strong>re Laulhé. “Je suis très heureux de remporter une<br />
compétition aussi prestigieuse. Ça a été une super épreuve<br />
et d’en sortir vainqueur est vraiment une sensation<br />
exceptionnelle.” Il aurait mérité de remporter son poids en<br />
brioche, mais à notre époque, ça ne se fait plus… Allez, a<br />
tchô et a betou.<br />
SR.<br />
Romain Laulhé survolté lors de <strong>la</strong><br />
finale de ce WQS qu’il remportera<br />
avec une assurance spectacu<strong>la</strong>ire.
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ROGER SHARP/O’NEILL<br />
24<br />
R E T O U R S U R E V E N T<br />
LE O’NEILL HIGHLAND PREND DE L’AIRStef Robin<br />
LA TROISIÈME ÉDITION DU SWATCH O’NEILL HIGHLAND OPEN 6 STARS, QUI S’EST DÉROULÉE<br />
DU 24 AU 30 AVRIL DERNIER, EST RESTÉE FIDÈLE À SA RÉPUTATION : TOTALEMENT EXTRÊME,<br />
VERSATILE ET PLEINE DE SURPRISES.<br />
Les grosses compétitions de surf, c’est toujours un<br />
peu <strong>la</strong> même histoire. Un circus géant qui colonise<br />
un spot super connu l’espace d’une semaine. En<br />
Ecosse, c’est une autre affaire. Là-bas, pas de<br />
filles en string (quoique, en cherchant bien…), ni<br />
de jacuzzi bouil<strong>la</strong>nt au bord de l’eau. Le camion<br />
des juges est garé en plein champ, ça fleure bon<br />
le fumier et on marche dans <strong>la</strong> boue. L’eau est<br />
froide, les vagues violentes et ceux qui ont fait le<br />
dép<strong>la</strong>cement comprennent vite que pour s’en sortir,<br />
il va falloir tout donner. Bienvenue au 59 ° parallèle<br />
Nord, sur les Terres de Lord Thurso !<br />
Le Nord de l’Ecosse n’est certainement l’endroit que<br />
vous et nous choisirions pour partir en vacances. Par<br />
contre, pour ceux qui aiment le challenge et le calme,<br />
il y a de quoi faire. Dans les alentours de Thurso, <strong>la</strong><br />
côte regorge de spots tous plus radicaux les uns que<br />
les autres. Cette année, <strong>la</strong> compétition s’est déroulée<br />
entre Brims Ness et Thurso East. Il y avait du beau<br />
monde au rendez-vous pour cette étape du WQS<br />
six étoiles prime, dotée de 135 000 $. L’Euroforce<br />
affichait presque complet avec Jean Seb<br />
Estienne,Tim Boal et Tiago Pires parmi les favoris.<br />
Pas trop de young guns cette année pour cause de<br />
compétition junior au Portugal au même moment,<br />
dommage. En prime cette année, on a eu droit à <strong>la</strong><br />
catégorie légende, avec <strong>la</strong> venue de Sunny Garcia et<br />
Flávio Gouveia.<br />
Il aura fallu une bonne journée de voyage pour<br />
arriver jusqu’à Thurso. Une fois sur le site, je me<br />
suis rendu compte que <strong>la</strong> compétition avait pris un<br />
peu d’ampleur par rapport l’année précédente, mais<br />
l’esprit n’avait pas changé. Pure scottish vibes single<br />
malt.<br />
Comme d’hab, on retrouvait les trucks style Paris-<br />
Dakar qui hébergeaient les juges et <strong>la</strong> régie TV, mais<br />
pour le reste, on était en pleine nature. Quelques<br />
locaux avaient fait le dép<strong>la</strong>cement pour voir ça et<br />
l’ambiance était vraiment re<strong>la</strong>x. Le contest avait<br />
commencé mercredi 23 avril, sous le soleil mais<br />
avec des petites vagues. Les jours passaient, mais<br />
les vraies conditions ne semb<strong>la</strong>ient pas vouloir se<br />
montrer. Pas de quoi stresser pour le moment, entre<br />
découverte de l’Écosse profonde et les tests comparatifs<br />
de single malt, il y a de quoi s’occuper<br />
Coup de speed à Brims<br />
Après quatre jours de ce régime, le premier round<br />
n’était toujours pas bouclé. Arrivé au samedi, le<br />
calendrier commence à se resserrer. Il faut avancer.<br />
Tout le monde est sur le pied de guerre à 6h30.<br />
Comme moi, il y en avait beaucoup avec les yeux<br />
collés. Les filles de <strong>la</strong> Croix-Rouge ne demandaient<br />
qu’à retourner se coucher. Dehors il pleuvait et le call<br />
fut reporté à 9h00. Je suis donc retourné me mettre<br />
au chaud dans mon lit, sans les infirmières de <strong>la</strong><br />
Croix-Rouge. Quand je suis redescendu deux heures<br />
plus tard, tout le monde était en train de partir pour<br />
Brims. J’ai quand même eu le temps de choper un<br />
thé et un morceau de pain étrange. Dans <strong>la</strong> navette<br />
qui me conduisait au site, ça par<strong>la</strong>it suisse, allemand
R E T O U R S U R E V E N T<br />
STEPH ROBIN<br />
ROGER SHARP/O’NEILL<br />
STEPH ROBIN<br />
page de gauche: Par beau temps on se rend mieux compte à<br />
quoi ressemble le bout du monde<br />
Barrel <strong>la</strong> main dans <strong>la</strong> lèvre, des impressions indonésiennes<br />
qui feraient presque oublier les eaux g<strong>la</strong>cées du 60ième<br />
parallèle.<br />
Power surfing attitude, Sunny Garcia égal à lui même, et ça<br />
paye.<br />
Tiago Pires désormais sur le dream tour, assure ses arrières<br />
en participant aux plus gros WQS.<br />
Andy Bain, légende locale et Beach Marshal de <strong>la</strong> compétition.<br />
La vie est dure en Ecosse même pour les photographes,<br />
habitués à des conditions plus clémentes. Timo Jarvinen se<br />
marre.<br />
Sunny Garcia le home boy de <strong>la</strong> West Side d’Oahu, aurait<br />
presque l’air sympathique...<br />
AL MACKINNON/O’NEILL<br />
O’NEILL / TIMO JARVINEN<br />
STEPH ROBIN<br />
25
O’NEILL<br />
26<br />
R E T O U R S U R E V E N T<br />
Un dimanche matin Ecossais bien<br />
massif et sous le soleil,<br />
quand Brims Ness se <strong>la</strong><br />
joue world c<strong>la</strong>ss.<br />
hol<strong>la</strong>ndais. Je ne comprenais pas grand-chose.<br />
En quittant Thurso on voyait bien qu’il n’y avait pas de<br />
vagues. Sur le site, c’était pareil. Le vent était fort off<br />
shore mais les vagues dépassaient difficilement les<br />
80 cm.<br />
On tourne en rond jusqu’à dix heures, là on nous<br />
apprend que le contest est une fois de plus reporté.<br />
Next call à 17h00… De retour à l’hôtel, les jeux vidéo<br />
sont pris d’assaut, le réseau internet est complètement<br />
saturé, malgré son prix prohibitif. Rien n’est gratuit<br />
au Royaume-Uni… Ici l’accès au net coûte presque<br />
20 euros par jour, on le saura. Certains retournent se<br />
coucher, d’autres partent jouer au golf. Vers 16h00 il<br />
faut repartir sur le site. Je me glisse dans <strong>la</strong> voiture<br />
des juges de l’ASP. Tout le monde est un peu tendu,<br />
surtout Grégoire, le média manager de L’ASP Europe,<br />
qui commence à se demander si ça al<strong>la</strong>it le faire.<br />
De loin, on devinait les rochers de Brim’s b<strong>la</strong>nchis<br />
par <strong>la</strong> houle. Le vent souff<strong>la</strong>it en rafale, on aurait<br />
dit <strong>la</strong> Méditerranée. Un gros c<strong>la</strong>pot défer<strong>la</strong>it sur les<br />
dalles glissantes. Il y avait un mètre complètement<br />
désordonné. Deux surfeurs s’y essayaient. Pas évident,<br />
mais ils passaient quand même quelques manœuvres.<br />
La droite à fleur d’eau est super rapide, et à cette<br />
taille, les locaux évitaient de <strong>la</strong> surfer. Tiago Pires<br />
s’était déjà éc<strong>la</strong>té <strong>la</strong> main sur sa première vague,<br />
Jean Seb Estienne le dos, et de nombreux autres<br />
al<strong>la</strong>ient y <strong>la</strong>isser un ailerons ou même un tail.<br />
Au micro, l’infatigable et pour le coup pas trop<br />
fatigué Dave Mailman annonce un prochain call à<br />
18H00. Plus personne n’y croyait, pourtant il y avait<br />
du public. Tout était dans les mains du directeur de<br />
<strong>la</strong> compétition. Finalement le vent est tombé un peu,<br />
les vagues se sont rangées. Les esprits des High<strong>la</strong>nds<br />
étaient-ils avec nous ? À 18h30 <strong>la</strong> série 16 fut <strong>la</strong>ncée.<br />
Le Canarien Jose Maria Cabrera s’en est sorti avec<br />
une belle longueur d’avance. Et puis ce fut <strong>la</strong> série<br />
de Sunny Garcia, à 38 ans, l’Hawaiien impressionne<br />
toujours autant. Les spectateurs se sont massés sur<br />
les dalles pour voir le champion. En attendant d’aller<br />
à l’eau, Sunny essayait de capter le regard du jeune<br />
Australien Tim Taplin. Mais celui-ci a tout fait pour<br />
l’éviter. À 20 ans, il semb<strong>la</strong>it tout de même assez<br />
intimidé. Tim ouvre cependant le score avec un joli<br />
5.40. Plutôt pas mal vu les conditions. Sunny a vite<br />
remis tout le monde d’accord avec un 6.70. En trente<br />
minute de heat, <strong>la</strong> domination de Sunny fut totale,<br />
gros carves et gros snaps malgré le manque de taille.<br />
Il surfait un quarto qui semb<strong>la</strong>it marcher à merveille<br />
dans ces petites conditions. Il dira plus tard : « je suis<br />
ne suis pas venu pour faire de <strong>la</strong> figuration, je suis là<br />
pour gagner ». Toujours aussi surmotivé le Sunny.<br />
Le jeune Australien était second jusqu’à <strong>la</strong> fin, quand<br />
le Sud-Africain David Richard le devance au tout<br />
dernier moment. Le public local a fait entendre sa<br />
déception. Sunny enchaînait les turns, et se permis<br />
même un petit barrel sur sa dernière vague. « Allez,<br />
10 point pour Sunny, bande d’enculés» s’exc<strong>la</strong>ma son<br />
cadi. Il restait encore trois heat à courir avant <strong>la</strong> nuit.<br />
Les vagues s’amélioraient et le vent était passé off<br />
shore. Le call du lendemain matin fut prévu à 5h30 sur<br />
le site de Brims Ness. Le swell était en route, grâce à<br />
une dépression qui venait de passer un peu au nord de<br />
l’Ecosse.<br />
Le jour le plus long<br />
Lever à 4h45 c’est déjà une performance en soi.<br />
Heureusement il y avait du soleil. Enfin, pas encore,<br />
mais il n’y avait pas un nuage dans le ciel. À 5h30, il<br />
y avait déjà une poignée de surfeurs à l’eau malgré<br />
les 2°c qui s’affichent sur le thermomètre de ma
R E T O U R S U R E V E N T<br />
voiture. On les voyait s’engouffrer les bras levés dans<br />
des cavernes g<strong>la</strong>cées illuminées par les premiers<br />
rayons de soleil. Avec des conditions pareilles, les<br />
organisateurs n’ont pas traîné pour <strong>la</strong>ncer le second<br />
tour. À 6h20, ils envoyaient <strong>la</strong> première des 23<br />
séries de <strong>la</strong> journée <strong>la</strong> plus longue de l’histoire de<br />
<strong>la</strong> compétition. Dans cette série, Romain Laulhé,<br />
vainqueur du WQS en Vendée, cassera sa p<strong>la</strong>nche<br />
d’entrée de jeu et n’arrivera pas à trouver les bonnes<br />
vagues. Il fera partie de <strong>la</strong> longue liste des Français<br />
éliminés dans <strong>la</strong> journée. Restent en course Hugo<br />
Savalli, Tim Boal, Eric Rebière et Christophe Al<strong>la</strong>ry,<br />
qui a réussi à se qualifier grâce à un surf puissant<br />
et engagé. Le vainqueur de l’épreuve 2007, Nathan<br />
Hedge, parvient lui aussi à se qualifier, en prenant une<br />
vague de dernière minute. Le suspens reste entier<br />
pour les 48 surfeurs encore en course après cette folle<br />
journée.<br />
Le jour le plus long, rebelotte<br />
Cette fois-ci le Call est donné à l’hôtel à 6h30. Encore<br />
un SMS envoyé par l’organisation qui me sort du lit.<br />
C’est pratique. À 7 heures je pars faire un tour à pied<br />
jusqu’au port de Thurso, histoire de checker <strong>la</strong> vague<br />
de l’autre côté de l’embouchure de <strong>la</strong> Thurso River.<br />
Je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’ici, en<br />
hiver, <strong>la</strong> rivière charrie des morceaux de g<strong>la</strong>ce qui<br />
descendent des montagnes environnantes, pour se<br />
retrouver au line up. Faut être costaud pour surfer par ici.<br />
Ce matin-là, Thurso East fonctionne enfin. C’était <strong>la</strong><br />
première fois depuis 2 ans que <strong>la</strong> compet avait lieu sur<br />
cette droite mythique.<br />
Un signe? Peut-être. En tout cas, c’est idéal pour une<br />
finale. Il y avait quatre mecs au line up, vu de travers<br />
depuis le port, <strong>la</strong> vague avait l’air bien épaisse.<br />
Les séries passaient régulièrement, certaine frisaient<br />
avec les deux mètres. Il restait 23 heats jusqu’à<br />
<strong>la</strong> finale, personne ne croyait à une autre journée<br />
marathon comme <strong>la</strong> veille et pourtant… Même si ça<br />
paraissait vraiment impossible de tout terminer avant<br />
<strong>la</strong> nuit, les organisateurs ne lâchent pas l’affaire.<br />
Pendant que je m’installe pour prendre une photo du<br />
line up, un vieux monsieur s’est approché de moi en<br />
disant : « vous devriez avoir de <strong>la</strong> chance aujourd’hui,<br />
on dirait qu’il va faire beau ». Soleil et Thurso East au<br />
mieux de sa forme, <strong>la</strong> journée s’annonce mémorable.<br />
Un doute cependant : ici, quand on parle météo,<br />
on le fait au conditionnel, un revirement du temps est<br />
toujours à craindre…<br />
La compétition commence doucement vers 8h30.<br />
Le décor a un peu changé. Backstage, on est<br />
carrément dans <strong>la</strong> cour d’une ferme, une immersion<br />
totale dans le milieu paysan écossais avec le bruit et<br />
l’odeur, comme dirait le grand Jacques. Les espoirs<br />
Français diminuent rapidement au fil des heats.<br />
Seul Michel Bourez et Hugo Savalli, décidément très<br />
accrocheur cette saison, réussissent à se qualifier pour<br />
ROGER SHARP/O’NEILL<br />
Les célèbres camions du Paris Dakar,<br />
<strong>la</strong> seule manière de garder<br />
les juges à l’abri quand ça<br />
cartonne dehors.<br />
les quarts de finale, où ils se retrouvent dans le même<br />
heat pour un duel fratricide entre deux potes. Malgré<br />
les attaques incessantes d’Hugo, c’est Michel Bourez<br />
qui prend <strong>la</strong> main pendant le heat, avec un surf ample<br />
et puissant. Hugo réussi tout de même à le coiffer sur<br />
le poteau dans <strong>la</strong> dernière minute.<br />
Il est part sur une vague moyenne mais longue qui lui<br />
permet d’enchaîner manœuvres après manœuvres.<br />
Un Français accédait enfin à une demie finale en<br />
Ecosse ! Dans les autres quarts, Sunny Garcia avait<br />
lâché prise face aux Australiens qui se jetaient en<br />
tentant des airs 360 à tout va. Sunny confirmait<br />
pourtant son intention de réintégrer le WCT avec cette<br />
belle performance. L’ancien champion n’avait pas<br />
perdu grand-chose de ses capacités, il le prouvait ici<br />
en envoyant des gerbes d’eau monstrueuses à chaque<br />
roller. En milieu d’après-midi <strong>la</strong> fatigue commence à<br />
se lire sur le visage des compétiteurs. Rien de tel que<br />
de mettre et remettre une combinaison mouillée avec<br />
un vent g<strong>la</strong>cial… En sortant de l’eau, ils étaient tous<br />
essoufflés à cause du courant qui les obligeait à ramer<br />
en permanence. La houle tombait un peu, et il fal<strong>la</strong>it<br />
se battre pour passer les sections à coup de floaters<br />
énormissimes. Bizarrement, <strong>la</strong> vague gardait un bon<br />
shape malgré le vent side on shore.<br />
En demi finale Hugo Savalli se retrouve confronté<br />
au style explosif de l’australien Adam Melling. Hugo<br />
donnera tout ce qu’il avait, dans un heat très serré.<br />
Presque à bout de forces, il trouve le moyen de<br />
reprendre <strong>la</strong> tête à 40 secondes du coup de k<strong>la</strong>xon<br />
final… Malheureusement Adam trouve <strong>la</strong> vague<br />
gagnante dans les 5 dernières secondes. Trop dur.<br />
Franck Corbery, team manager O’Neill, peine à s’en<br />
remettre après avoir frisé l’ attaque cardiaque. Hugo<br />
loupait de peu cette finale qui sera donc 100%,<br />
australienne. Adam contre Adam, pas banal.<br />
On se demandait où ils al<strong>la</strong>ient puiser l’énergie<br />
pour cette dernière demi-heure de compétition,<br />
une compétition commencée onze heures plus tôt<br />
! Adam Melling avait battu Sunny Garcia en quart,<br />
mais là, c’est Adam Robertson qui sera le plus fort.<br />
Son surf rapide et très aérien parle pour lui. Il est<br />
bientôt 20h quand Adam Robertson sort de l’eau en<br />
vainqueur. Son épée brille dans le soleil couchant.<br />
Une arme de guerre pour un vrai guerrier. L’épopée<br />
2008 se conclut donc par une victoire australienne sur<br />
<strong>la</strong> droite de Thurso East. Encore une étape mythique,<br />
pleine de surprises.<br />
C’était déjà terminé, il fal<strong>la</strong>it repartir. Juste au<br />
moment où on commençait à apprécier l’atmosphère<br />
si particulière des High<strong>la</strong>nds. On reviendra, c’est sûr.<br />
Dans tous les cas, on n’était pas prêt d’oublier ces<br />
visions de vagues parfaites, au milieu de nulle part.<br />
SR.<br />
PUBLICITE
28<br />
SAVALLI LE COUP<br />
STÉPHANE ROBIN<br />
R E T O U R S U R E V E N T<br />
Hugo Savalli a déjà eu droit à son interview dans<br />
SurfTime, il y a deux ans. Mais ses résultats<br />
fracassants de ce début de saison justifient<br />
amplement qu’on retourne voir de près ce qui a<br />
changé chez l’animal. On l’avait quitté à deux doigts<br />
de <strong>la</strong>isser tomber <strong>la</strong> compet et <strong>la</strong> course aux points<br />
sur le WQS, on le retrouve regonflé à bloc, auteur<br />
d’une demi finale sur le plus gros WQS européen, le<br />
O’Neill High<strong>la</strong>nd open 6* de Thurso !<br />
Qu’est-ce qui s’est passé dans ta vie depuis ta<br />
dernière interview dans Surfime ?<br />
C‘est allé doucement mieux… L’année dernière sur le<br />
WQS, j’ai commencé à passer des tours sur chaque<br />
compet. J’ai même réussi à faire quelques perfs, dont un<br />
1/8° de finale à Hossegor. Et sur un p<strong>la</strong>n plus personnel,<br />
j’ai une super copine depuis un an…<br />
Ça joue sur tes résultats ?<br />
Ouais, sûrement. Elle me pousse vachement, et en plus<br />
elle est très sportive, ça m’aide énormément, dans ma<br />
préparation physique par exemple. Elle est super active,<br />
elle fait même un peu de surf, c’est sûr que c’est plus facile<br />
avec elle. Et puis cette année, il y a également ma sœur qui<br />
va m’aider, que ce soit dans les re<strong>la</strong>tions avec les médias<br />
ou dans <strong>la</strong> recherche de sponsors extra sportifs. Ça me fera<br />
un truc de moins à penser, ça aide aussi<br />
Tu as désormais un point de chute sur Capbreton, où<br />
tu es installé depuis un peu plus d’un an.<br />
C’est vrai que ça joue beaucoup. C’est beaucoup plus<br />
difficile quand tu es basé à <strong>la</strong> Réunion. Rien que pour se<br />
rendre en Europe, c’est une grosse galère au niveau des<br />
vols. Et puis, niveau business, il ne se passe rien. Si tu vis à<br />
<strong>la</strong> Réunion, tu as beau surfer comme un dieu, personne ne<br />
te voit, personne ne sera au courant de ton niveau. Ici, il y a<br />
les sponsors, les médias, tu peux travailler plus facilement,<br />
tu existes médiatiquement par<strong>la</strong>nt.<br />
Appart, copine, et aussi un état d’esprit différent ?<br />
Tout est un peu lié non ?<br />
Plein de choses font que tout va bien dans ma tête.<br />
J’ai enfin compris comment ça marchait, les compéts.<br />
J’ai choppé <strong>la</strong> grosse motivation, je me suis entraîné<br />
physiquement. Il y a deux saisons, j’ai eu une année très<br />
difficile, j’ai eu beaucoup de mal. Déjà au départ, on peut<br />
dire que j’ai pas trop confiance en moi. Mais là, j’en étais<br />
au point de me dire que je n’y arriverais jamais, que je ne<br />
percerais pas dans les contests.<br />
Faut faire quoi alors pour arriver, quels sont les petits<br />
secrets de ta transformation ?<br />
Déjà, ça veut dire ne pas y aller à l’arrache… Fini de se<br />
pointer au dernier moment avant de se mettre à l’eau.<br />
Il y a tout un travail à faire avant. Ça commence par se<br />
renseigner sur le spot. Comment fonctionne le break en<br />
fonction des orientations de houle, en fonction de <strong>la</strong> taille,<br />
de l’heure de <strong>la</strong> marée. Une fois que tu as toutes les infos<br />
sur le break, il faut ensuite bien regarder les séries qui<br />
précédent <strong>la</strong> tienne. Là encore, il y a tout un tas d’infos<br />
Hugo Savalli épuisé mais<br />
heureux de sa troisième<br />
p<strong>la</strong>ce. Son team manager lui<br />
avait promis de lui payer une<br />
année entière de WQS s’il<br />
gagnait, ça motive!<br />
à prendre. Enfin, une fois à l’eau, c’est simple : il ne faut<br />
jamais rien lâcher ! . Je me souviens d’une réflexion que<br />
m’avait faite Marlon Lipke l’année dernière, et qui m’a<br />
vachement aidé. Il trouvait que j’étais trop passif dans<br />
mes séries. Que j’attendais les bonnes vagues, sans aller<br />
chercher les autres où j’aurais pu scorer quelques points<br />
importants. En fait, c’est assez simple. Quand tu es à<br />
l’eau pour ta les autres surfers sentent que cette série<br />
est <strong>la</strong> tienne, qu’elle t’appartient vraiment. Tu dois tenir<br />
<strong>la</strong> série dans ta main, et les autres surfers doivent avoir<br />
ce sentiment, ils doivent se sentir comme “invités“ à ta<br />
série, et pas comme des acteurs déterminants. C’est toi<br />
qui décide quelles vagues tu vas prendre et quelles vagues<br />
tu <strong>la</strong>isseras aux autres. Souvent certains compétiteurs se<br />
démotivent trop facilement. Par exemple quand les vagues<br />
sont pourries, ou qu’il fait trop froid. Alors que justement, tu<br />
ne dois pas te <strong>la</strong>isser abattre. Au contraire, tu dois même<br />
en faire un avantage. Si les autres surfers pensent que<br />
c’est pourri, toi tu dois y aller encore plus fort mentalement<br />
et ne rien lâcher.<br />
Suivre le circuit de compétition, c’est un choix ou une<br />
obligation ?<br />
C’est vraiment un choix. Peut-être qu’un jour ça me<br />
saoulera, mais pour l’instant j’aime bien le challenge. Et<br />
comme cette année, j’ai passé pas mal de tours… Le<br />
WQS de <strong>la</strong> Vendée m’a beaucoup appris, et ça m’a servi<br />
pour l’Écosse. J’ai du mal à gérer les séries lors des man<br />
on man. Je me suis trop concentré sur les vagues et pas<br />
assez sur mon adversaire. Je ne vou<strong>la</strong>is choper que les
R E T O U R S U R E V E N T<br />
bombes, et du coup, je me suis fait mettre combo (plus de<br />
10 points de retard, nécessitant de scorer au moins deux<br />
bonnes vagues pour recoller au score). Une erreur que je<br />
n’ai pas reproduite en Écosse…<br />
Le fait que les Européens soient de plus en plus nombreux<br />
à compter parmi les tops surfers, ça joue aussi ?<br />
Il y a un truc qui s’est passé dans nos têtes. Auparavant,<br />
on pensait tout simplement que ce n’était pas faisable.<br />
Miky Picon a changé tout ça il y a quelques années.<br />
Il a ouvert <strong>la</strong> voie. Tim Boal l’année dernière a prouvé<br />
également qu’on pouvait y arriver. Romain Laulhé l’a fait<br />
cette année. Cette saison, sur les contests, on a retrouvé<br />
au moins un Français dans chaque quart de finale.<br />
C’était encore impensable il y a seulement deux ans.<br />
Tu viens de <strong>la</strong> Réunion, d’autres de Tahiti, le reste<br />
de différents endroits du “continents“, est qu’on<br />
peut vraiment parler de groupe européen, alors que<br />
vous venez pour <strong>la</strong> plupart d’horizons totalement<br />
différents ?<br />
C’est vrai qu’on n’a pas tous les mêmes origines, mais<br />
aujourd’hui, on vit quasiment tous au même endroit. Et il<br />
ne faut pas oublier qu’on fait tous les mêmes compétitions<br />
depuis qu’on a douze ans. Avec des gars comme Gony<br />
(Zubizarreta) et Marlon (Lipke), on se connaît depuis tout petit.<br />
Propos recueillis par Laurent Molitor<br />
Surf new school engagé<br />
pour Hugo qui ne lâchera<br />
plus jamais rien en<br />
compétition.<br />
AL MACKINNON/O’NEILL<br />
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STEF ROBIN<br />
30<br />
R E T O U R S U R E V E N T<br />
OXBOW WORLD LONGBOARD TOUR<br />
ANGLET DU 5 AU 11 MAI<br />
La jeune génération a imposé son style face aux ténors du circuit lors de cette épreuve d’une qualité exceptionnelle.<br />
Cerise sur le gâteau : Antoine Delpero se retrouve en finale !<br />
CLASSEMENT :<br />
1 - Harley Ingleby (AUS)<br />
2 - Antoine Delpero (FRA)<br />
3 - Bonga Perkins (HAW)<br />
3 - Phil Rajzman (BRA)<br />
5 - Carlos Bahia (BRA)<br />
L’unique étape européenne du World Longboard<br />
Tour 2008 a bénéficié de conditions presque<br />
estivales début mai à Anglet. Les vagues<br />
entre 80cm et 1m50 convenaient totalement<br />
au longboard, même si certains surfeurs<br />
auraient préféré des vagues plus puissantes.<br />
Le gratin du longboard international était<br />
au rendez-vous. Hawaiiens, Américains ou<br />
Australiens, ils avaient tous fait le dép<strong>la</strong>cement.<br />
Le niveau est encore monté d’un cran cette<br />
année, et pas mal de surfeurs se sont retrouvés<br />
combo dans les premiers tours de <strong>la</strong> compétition<br />
tellement les différences de niveau étaient<br />
importantes.<br />
Les Brésiliens, toujours très en forme, n’ont pas réussi à<br />
s’imposer comme en 2007, même si trois d’entre eux sont<br />
arrivés en quart de finale. Les Français ont montré qu’il<br />
fal<strong>la</strong>it plus que jamais compter avec eux. Romain Maurin,<br />
Timothée Creignou et Antoine Delpero ont tous les trois<br />
surfés avec style et radicalité. Le phénomène marquant<br />
restera l’élimination des pointures du circuit par des jeunes<br />
entre 22 et 24 ans.<br />
50/50, affirmation d’un style.<br />
Ceux qui se p<strong>la</strong>ignaient de ne pas voir assez de nose<br />
dans les compétitions de longboard ont été servis. Cette<br />
année, le mé<strong>la</strong>nge des genres était plus que jamais à<br />
l’honneur. Quoi de plus beau que de voir les surfeurs
R E T O U R S U R E V E N T<br />
Ci dessus : A 22 ans, Antoine DELPERO<br />
réalise avec style, le meilleur résultat de<br />
sa carrière.<br />
À droite : Matthew Moir nous rappelle<br />
que les longboarders d’aujourd’hui ne<br />
manquent pas de radicalité.asp<br />
enchaîner un hang-ten parfaitement tenu en haut de<br />
vague suivit d’une série d’énormes drop-knee cut-back.<br />
La fluidité et <strong>la</strong> rapidité de passage d’une manœuvre à<br />
l’autre faisaient vraiment toute <strong>la</strong> différence. On aura pu<br />
apprécier le style quasiment parfait d’un Bonga Perkins<br />
ou <strong>la</strong> radicalité incroyable d’un Taylor Jensen qui ont tous<br />
deux posés les plus gros scores de <strong>la</strong> compétition. C’est<br />
sans doute Antoine Delpero qui aura impressionné le plus<br />
avec un style très particulier alliant finesse et équilibre.<br />
Il a réalisé l’impossible en battant l’ex-champion du<br />
monde Bonga Perkins en demi-finale. Il s’inclinera<br />
en finale face à l’australien, Harley Ingleby qui aura<br />
su trouver les meilleures vagues lors d’une série un<br />
peu moins favorable au Français. Antoine était tout de<br />
POULLENOT/ASPEUROPE.COM<br />
même très content de son résultat, même s’il était là<br />
pour gagner devant son public. Félicité par Nat Young<br />
pour son style, à 22 ans Antoine Delpero est sans<br />
aucun doute le nouveau leader du longboard français<br />
et européen. Actuellement deuxième mondial, Il est<br />
suivi par un autre jeune talent, Timothée Creignou qui a<br />
échoué aux portes des quarts de finale face à l’Hawaiien<br />
Bonga Perkins. Les champions du circuit n’ont pas<br />
forcément dit leur dernier mot et il y a fort à parier que<br />
de surfeurs comme Colin McPhillips ou Phil Rajzman<br />
tenteront de reprendre <strong>la</strong> main. La prochaine étape de<br />
ce tour qui en compte deux se déroulera en Californie<br />
au mois de novembre prochain.<br />
SR.<br />
31<br />
POULLENOT/ASPEUROPE.COM<br />
POULLENOT/ASPEUROPE.COM
32<br />
T I M O T H É E C R E I G N O U<br />
• Age : 22ans<br />
• Club : Aviron Bayonnais Surf<br />
• Home spot : Anglet<br />
• Sponsors : Bear Vans FCS<br />
• Palmarès :<br />
Champion d’Europe espoir 2004,<br />
Champion de France espoir 2004<br />
Champion d’Europe EPSA 2005<br />
2nd Européen en 2007<br />
Accro au longboard Tim est avant tout un surfer complet.<br />
Né dans une famille de surfer, son père, Daniel<br />
Creignou, shaper reconnu, ne l’a pourtant<br />
jamais forcé à faire de <strong>la</strong> compétition. C’est son<br />
frère, Jonathan Larcher, ex capitaine de<br />
l’équipe de France, qui lui a montré <strong>la</strong> voie. Quelques<br />
années plus tard c’est Tim que l’on retrouve sur<br />
les podiums. Un Tim tellement gentil que l’on a du mal à<br />
imaginer qu’il cache un esprit de compétiteur<br />
redoutable. Et pourtant : neuvième lors des<br />
derniers championnats du monde de longboard, il<br />
n’a pas fini de faire parler de lui.<br />
Le surf chez toi, c’est une histoire de famille ?<br />
Mon père m’a mis sur une p<strong>la</strong>nche à 3 ans et demi à Anglet,<br />
avec mon frère à côté de nous. On fait tous du surf, mon<br />
oncle Zaz aussi, chaque année on le voyait partir en surftrip,<br />
c’était un peu l’exemple de ce qu’on vou<strong>la</strong>it faire. Il n’y a que<br />
ma mère qui ne surfe pas, elle a peur des vagues.<br />
Tu surfes toujours beaucoup les p<strong>la</strong>nches de ton père ?<br />
J’adore surfer les p<strong>la</strong>nches c<strong>la</strong>ssiques, elles procurent des<br />
sensations incroyables. C’est avec ces p<strong>la</strong>nches que j’ai<br />
appris à faire des noses. Mais je surfe aussi des p<strong>la</strong>nches<br />
performantes. J’ai des longboards qui sont faits pour <strong>la</strong><br />
compétition par Lufi, un shaper Portugais installé en France.<br />
Il sait exactement quel type de p<strong>la</strong>nche il me faut. Je ne<br />
connais même pas les côtes des p<strong>la</strong>nches que je surfe, tout<br />
se fait au feeling.<br />
C’est pas un peu paradoxal d’avoir un père shaper, et<br />
d’aller voir un autre gars pour ses p<strong>la</strong>nches ? ça ne le<br />
dérange pas ?<br />
Non, mon père est spécialisé dans les p<strong>la</strong>nches c<strong>la</strong>ssiques.<br />
Il aime fabriquer des beaux objets. Il n’y a donc aucun<br />
problème de ce côté-là. Les p<strong>la</strong>nches de mon père sont<br />
faites pour durer des années, alors que les miennes<br />
tiendront une quinzaine de sessions. Je n’arrête pas d’en<br />
casser. Mais c’est presque normal. Elle sont extrêmement<br />
légères pour être performantes et du coup, elle sont super<br />
fragiles.<br />
Je croyais qu’en longboard le poids de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche était<br />
important pour avoir une meilleure glisse, grâce à<br />
l’inertie. Ce n’est plus le cas ?<br />
Pour les p<strong>la</strong>nches c<strong>la</strong>ssiques c’est super important, mais<br />
pour <strong>la</strong> compétition, on a besoin de p<strong>la</strong>nches légères. Après<br />
c’est le shape qui permet à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche d’être super rapide<br />
dans les noses, L’inertie est un facteur moins important<br />
en compétition, on surfe de manière plus dynamique<br />
avec beaucoup de re<strong>la</strong>nce. Les critères de jugement nous<br />
amènent à mé<strong>la</strong>nger les styles et avec une p<strong>la</strong>nche lourde,<br />
tu ne peux pas tout faire.<br />
STÉPHANE ROBIN
T I M O T H É E C R E I G N O U<br />
Le Championnat du Monde au mois de Mai aux<br />
Cavalier, c’est devenu le rendez vous incontournable du<br />
longboard ?<br />
Carrément, c’est <strong>la</strong> compétition <strong>la</strong> plus importante d’un circuit<br />
qui se cherche encore. Oxbow a bien géré <strong>la</strong> compétition<br />
cette année, notamment grâce à Philippe Malvaux, le<br />
directeur de <strong>la</strong> compétition. Il a su changer de pic pour que<br />
les surfeurs profitent des meilleures conditions de surf.<br />
L’ambiance est excellente, tout le monde est présent, c’est<br />
top.<br />
Parles-nous un peu de ton résultat, c’était plutôt une belle<br />
performance non ?<br />
Je suis content d’avoir atteint les huitièmes de finale, mais<br />
mon résultat ne me satisfait pas pleinement. J’avais reçu<br />
mes p<strong>la</strong>nches un jour avant, il fal<strong>la</strong>it que je prépare mon<br />
BTS, ce ne sont pas des excuses, mais ça ne m’a pas permis<br />
de me donner à fond. J’ai perdu contre Bonga Perkins,<br />
mentalement c’est un mec très sûr de lui et dans cette<br />
série il a mieux surfé que moi. J’espère pouvoir aller sur <strong>la</strong><br />
deuxième épreuve du tour en Californie, pour améliorer ce<br />
résultat.<br />
Le mental c’est un facteur super important pour toi ?<br />
C’est pareil dans tous les sport, le mental est toujours ce qui<br />
détermine <strong>la</strong> performance. Pour le mental, je tiens de mon<br />
frère, il a été plusieurs fois champions de France et d’Europe,<br />
tout le monde le respecte sur le tour, pour moi c’est une<br />
vraie référence. Une fois le heat commencé, je ne lâche rien.<br />
C’est comme ça, on a toujours eu l’esprit de compétition tous<br />
les deux. Même quand on joue au ping-pong, on joue pour<br />
gagner.<br />
Tu adoptes une stratégie particulière en man on man ?<br />
Je m’adapte en fonction des situations. Cette fois-ci, je savais<br />
que physiquement j’al<strong>la</strong>is tenir le coup. Il me restait à assurer<br />
psychologiquement, et c’est là que j’ai eu du mal. Dans mon<br />
heat contre Harrison Roach, j’ai essayé de détourner son<br />
attention, une manière de le déstabiliser un peu pour prendre<br />
l’avantage. Contre Bonga, je suis resté un peu plus à l’écart,<br />
ça ne servait à rien de jouer ce genre de jeu avec lui.<br />
Le jugement était assez favorable au style 50/50<br />
finalement ( 50% c<strong>la</strong>ssique / 50% moderne) ?<br />
Ça aussi c’était excellent. Ce sont les surfeurs complets<br />
qui sont allés jusqu’au bout. Pour moi <strong>la</strong> vague parfaite en<br />
longboard elle commence par un nose et c’est après qu’on<br />
peut envoyer les manœuvres. C’est vraiment bien que les<br />
juges aient comptabilisé les noses.<br />
C’est quand même étonnant que vous ayez, toi et ton<br />
frère, un tel esprit de compétition alors que votre père est<br />
complètement free surf.<br />
C’est vrai que mon père ne m’a jamais poussé à faire de<br />
<strong>la</strong> compétition. Il me disait « si tu commences à t’ennuyer<br />
pendant un heat, arrêtes tout et vas surfer à côté ». Au début<br />
je n’avais pas de longboard de compétition. Je surfais sur des<br />
p<strong>la</strong>nches c<strong>la</strong>ssiques<br />
juste pour être<br />
avec les potes et<br />
m’amuser. Je n’ai<br />
jamais ressenti <strong>la</strong><br />
pression de faire un<br />
résultat. Ma mère a<br />
peur de l’eau, et que je devienne un jour champion d’Europe<br />
ou du Monde, ça <strong>la</strong> <strong>la</strong>isse indifférente. Du moment que je suis<br />
content, c’est tout ce qui lui importe.<br />
L’âge moyen des longboarders est assez élevé. Tu as 22<br />
ans mais vous n’êtes pas nombreux dans cette tranche<br />
d’age ; il y a une relève qui se prépare en France ?<br />
Tim Creignoux, un savant mé<strong>la</strong>nge<br />
entre c<strong>la</strong>ssique et newschool<br />
bien parti pour gagner.<br />
Le longboard a longtemps souffert d’un manque de soutien<br />
en France. C’est pas forcément le truc à <strong>la</strong> mode chez les<br />
kids, donc il y a moins de jeunes qui s’y mettent. Pourtant<br />
on a quelques bons<br />
espoirs comme Yoan<br />
Annero et Edouard<br />
Delpero. J’espère<br />
aussi que le club où<br />
je suis en ce moment,<br />
l’Aviron Bayonnais Surf,<br />
permettra au longboard de se développer. Enfin un club qui<br />
se bouge pour nous, ça fait p<strong>la</strong>isir.<br />
Tu imagines faire carrière dans le longboard ?<br />
Pour le moment je fais ça pour me faire p<strong>la</strong>isir avant tout.<br />
Il n’y a pas assez d’argent à gagner pour en vivre. J’ai des<br />
sponsors qui m’aident, je peux voyager, surfer avec du bon<br />
matériel c’est le principal. Dans l’avenir j’espère réussir mon<br />
BTS de management, et pour le moment je vais donner des<br />
cours de surf et bosser au surfshop de mon Oncle, « Uncle<br />
ZAZ » à Anglet.<br />
Quels sont tes objectifs immédiats en compétition<br />
maintenant que le WLT est passé ? Le titre européen ?<br />
C’est c<strong>la</strong>ir que je suis là pour gagner, j’ai eu des bons<br />
résultats l’année dernière et je suis confiant. En 2007 j’ai été<br />
remporter une épreuve au Portugal complètement à l’arrache.<br />
Je suis parti tout seul avec mon sac de couchage dans <strong>la</strong><br />
voiture des juges. Je n’avais pas d’argent ni de p<strong>la</strong>nche. J’en<br />
ai récupéré un longboard sur p<strong>la</strong>ce que Loufi m’avait préparé,<br />
et j’ai gagné <strong>la</strong> compétition avec dans 50cm. Mon shaper est<br />
vraiment excellent, donc cette fois, je vais m’entraîner un peu<br />
mieux et ça devrait encore mieux marcher.<br />
Propos recueillis par Stéphane Robin<br />
33<br />
YVES SOBANSKI<br />
DAMIEN POULLENOT/ASP EUROPE
36<br />
Franck Corbery est un mec speed et<br />
ça se voit à <strong>la</strong> première seconde. Speed et droit<br />
dans ses bottes. Snowboarder et diplômé<br />
de droit (y a-t-il un lien ?), constamment sur <strong>la</strong><br />
route, il suit ses riders partout, des<br />
g<strong>la</strong>ces du Groen<strong>la</strong>nd jusqu’aux îles perdues du<br />
Pacifique. Quand il a débarqué dans le<br />
surf en 2003, le challenge était difficile, <strong>la</strong> majorité<br />
des tops surfeurs européens étant déjà sous contrat.<br />
Après trois ans de boulot, le team O’Neill<br />
commence à faire parler de lui et ce n’est qu’un début.<br />
Propos receuillis par Stéphane Robin<br />
C’est ton boulot qui te rend speed, ou tu es né comme ça ?<br />
Un peu des deux ! Je suis passionné par ce que je fais<br />
et j’imagine que c’est cette passion qui me fait courir<br />
partout comme un débile. Mon travail me demande aussi<br />
de solutionner constamment une multitude de problèmes,<br />
d’où mon “style“, iPhone dans une main et caméra vidéo<br />
dans l’autre. Mais bon, il y a des limites à tout, pour<br />
l’instant je refuse encore de me faire B<strong>la</strong>ckberryser.<br />
Team manager, c’est <strong>la</strong> vie rêvée avec abonnement<br />
gratuit au jet <strong>la</strong>g ?<br />
C’est vrai que <strong>la</strong> majorité des gens pense que c’est un pur<br />
job. Mais le boulot du team manager ne se limite pas à se<br />
ba<strong>la</strong>der sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge (ou sur <strong>la</strong> neige également dans son<br />
cas, ndlr) en jouant de <strong>la</strong> carte bleue. Et même si je passe<br />
un quart de l’année sur <strong>la</strong> route, le gros du travail se fait au<br />
bureau. Au final, on est loin des 35 heures.<br />
En quoi consiste exactement ton job ?<br />
Découvrir et suivre les riders qui véhiculeront au mieux<br />
l’image O’Neill. Des surfeurs qui déchirent c’est pas ça<br />
qui manque, mais ça ne suffit pas. Un surfeur pro doit<br />
l’être sur toute <strong>la</strong> ligne. Moi, je suis là pour gérer leur<br />
calendrier, leur image et leur participation à <strong>la</strong> recherche<br />
et développement de <strong>la</strong> marque. Construire <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion du<br />
rider avec les médias, c’est <strong>la</strong> grosse partie du travail. Je<br />
crois qu’il faut bien faire <strong>la</strong> différence entre le coach et le<br />
team manager. Je ne suis pas leur coach, je suis là pour<br />
les aider à construire une carrière en travail<strong>la</strong>nt avec nous.<br />
Pas besoin d’être un bon surfeur pour faire ça. Je suis un<br />
des rares team managers à gérer plusieurs sports, ce qui<br />
permet d’avoir une autre approche.<br />
Pas été trop difficile de te faire respecter dans le surf<br />
alors que tu viens du snowboard ?<br />
On a fait plus facile c’est sûr. Gérer le team snow à partir<br />
de nos Headquarters en Hol<strong>la</strong>nde était faisable, mais <strong>la</strong><br />
réalité du marché nous empêchait de faire <strong>la</strong> même chose<br />
pour le surf. On est donc quasi reparti à zéro en 2002 lors<br />
de notre instal<strong>la</strong>tion à Anglet.<br />
Le surf est quand même un milieu à part. Comment astu<br />
constitué ton team, malgré <strong>la</strong> différence de budget<br />
avec les majors du surf business ?<br />
Ma meilleure carte de visite ce sont les riders eux-mêmes.<br />
C’est vrai que le surf est un milieu à part, avec ses propres<br />
codes. Au niveau européen, il y a beaucoup moins de riders<br />
au top niveau que dans le snowboard. Chez O’Neill, c’est <strong>la</strong><br />
re<strong>la</strong>tion humaine qui prédomine sur le gros chiffre en bas<br />
du contrat. Notre team est restreint, mais on préfère faire<br />
dans <strong>la</strong> qualité. Je me suis toujours refusé à signer des<br />
riders pour avoir un nom de plus sur une ‘team list’.<br />
Comment se passe <strong>la</strong> chasse aux nouveaux talents ?<br />
Auparavant, on s’appuyait sur notre réseau de<br />
distributeurs. Maintenant, je tourne pas mal sur les<br />
compétitions, je fais du repérage. Je peux aussi compter<br />
sur les riders eux mêmes. À côté de ça, on commence<br />
à bosser avec des agents ‘free sports’, qui rendent les<br />
choses plus professionnelles, mais aussi plus chères ! En<br />
général, je ne fais pas dans <strong>la</strong> surenchère, je n’ai pas les<br />
moyens. Par contre, il y a des coups à ne pas rater. L’entrée<br />
de Caroline Sarran dans le team était une belle réussite.<br />
Pareil pour Charly Martin, il est venu nous voir à douze ans,<br />
alors que personne ne s’intéressait à lui. Les riders restent<br />
chez nous, par ce qu’ils savent qu’ils sont bien suivis.<br />
Comment expliques-tu que certains jeunes gagnent<br />
des fortunes sur le WQS, alors que d’autres plus vieux<br />
tournent sur le WCT sans sponsors ?<br />
C’est <strong>la</strong> loi de l’offre et de <strong>la</strong> demande. Il y a aussi des<br />
différences entre les marchés américains, australiens<br />
et européens, qui créent cette situation. Ensuite,<br />
c’est c<strong>la</strong>ir qu’un Cory Lopez ou un Jordy Smith font<br />
plus rêver que d’autres surfeurs, peut être aussi<br />
talentueux, mais moins médiatisés. Leurs sa<strong>la</strong>ires<br />
sont donc proportionnels à leurs talents, mais surtout<br />
à leurs potentiels dans <strong>la</strong> durée et à <strong>la</strong> manière dont<br />
ils ont géré leurs résultats passés. D’où l’importance<br />
pour eux d’être maintenant accompagnés de manière<br />
Passant constamment<br />
de team houses en<br />
chambres d’hôtels,<br />
encore un mec qui paye<br />
un loyer pour rien!<br />
continue et sérieuse, tant par leurs sponsors que par des<br />
intervenants extérieurs, spécialisés dans <strong>la</strong> gestion de leurs<br />
carrières.<br />
Certains riders ont l’air assez ingérables… Il y a des<br />
moments où tu en prends plein <strong>la</strong> tronche?<br />
Dire que gérer près de soixante-dix riders européens se<br />
fait sans c<strong>la</strong>sh serait évidemment se foutre du monde. Ça<br />
arrive que ça se passe mal avec un rider, mais c’est rare.<br />
Tant que leurs demandes sont justifiées, je ne dis pas non.<br />
Les riders savent ce qu’on attend d’eux. Après, il faut savoir<br />
faire <strong>la</strong> part des choses, garder de <strong>la</strong> distance pour ne pas<br />
se faire bouffer. À partir du moment où ils commencent<br />
à s’apercevoir de tout ce qu’on fait pour eux, ça va déjà<br />
mieux. Je me sens plutôt fier de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion que j’ai avec le<br />
team ; sans les surfers, notre industrie n’existerait pas.<br />
Tu penses qu’on est arrivé à un tournant dans<br />
l’évolution du surf professionnel ?<br />
Oui, j’ai l’impression que l’on est rentré dans une phase<br />
post S<strong>la</strong>ter. J’ai envie de dire : enfin ! Les jeunes riders sont<br />
une véritable locomotive pour le sport. Le niveau monte en<br />
Europe, et le changement est bon pour tout le monde, tant<br />
pour le surf que pour notre industrie.<br />
STÉPHANE ROBIN
ENCORE MERCI À TOUS LES PARTICIPANTS DES “INITIATIVES OCÉANES”.<br />
ENSEMBLE CONTINUONS À GARDER LA MER PROPRE.<br />
WWW.SURFRIDER.FR<br />
CHRISS CHRI TIAN SCHMI MIDT DT c/ o Fut Futurema urema m tixFu tixFusion o
Depuis un an, dans chaque numéro de<br />
SurfTime, Caroline Sarran fait le point<br />
sur sa saison en cours.<br />
« Bonjour à tous, et bienvenue dans cette nouvelle<br />
saison 2008 pour ma <strong>colonne</strong>. Comme vous avez<br />
pu le suivre <strong>la</strong> saison dernière dans les pages de<br />
SurfTime, 2007 n’était pas une très bonne année<br />
pour moi, aussi bien professionnellement que sur un<br />
p<strong>la</strong>n plus personnel. En effet après une multitude de<br />
mauvais résultats, je me suis blessée à Hawaii et j’ai<br />
dû déc<strong>la</strong>rer forfait pour les deux dernières épreuves.<br />
Personnellement, il y a aussi eu quelques pépins dans<br />
ma famille. Du coup, c’est décidé : 2008 sera centré<br />
autour de deux notions essentielles pour moi : le p<strong>la</strong>isir<br />
et <strong>la</strong> famille ! J’ai donc commencé cette nouvelle année<br />
à St Barth dans les Caraïbes avec Jean Seb (Estienne).<br />
Nous avons passé le nouvel an là-bas chez sa maman.<br />
Le soir du 31, tous les gros yachts de luxe qui sont<br />
amarrés le long des quais font sonner leurs cornes<br />
de brume à minuit et un feu d’artifice éc<strong>la</strong>irait cette<br />
scène magnifique, c’était tout simplement magique. Je<br />
suis ensuite rentrée en France pour un mois. Depuis<br />
5 ans, c’était <strong>la</strong> première fois que je rentrais chez moi<br />
l’hiver et ça m’a fait un bien fou, ça m’a aussi permis<br />
de passer du temps en famille. En février, je suis<br />
repartie dans les Caraïbes, à Puerto Rico cette fois,<br />
avec <strong>la</strong> bande des Guadeloupéens. C’était super…<br />
mis à part les vagues ! Pendant deux semaines, nous<br />
n’avons pas eu un seul swell digne de ce nom. Nous<br />
avons tout de même surfé tous les jours sur le spot<br />
de Jobos et visité <strong>la</strong> vieille ville de San Juan avec ses<br />
ruelles multicolores. En tout cas, nous avons bien<br />
vu le potentiel de cette île, qui doit offrir des tonnes<br />
de vagues différentes. Après deux petites semaines<br />
à <strong>la</strong> maison, Jean Seb et moi nous sommes envolés<br />
direction l’Australie pour les premières compétitions,<br />
avec un WQS 4 étoiles à Soldiers Beach, un 6 étoiles à<br />
Newcastle et un 5 étoiles à Margaret River. Les résultats<br />
n’ont pas été très significatifs, mais nous nous sommes<br />
bien éc<strong>la</strong>tés, surtout lors du road trip que nous avons<br />
fait avec Riddim Production. Nous avons loué un van<br />
aménagé et descendu <strong>la</strong> côte est de l’Australie, de<br />
Brisbane à Sydney. C’était super, <strong>la</strong> route est le meilleur<br />
moyen de découvrir ce superbe pays, sa culture, ses<br />
animaux, ses paysages magnifiques et ses tonnes de<br />
spots. Au mois d’avril, nous sommes de nouveau en<br />
France pour quelques mois. Jean Seb et moi venons<br />
d’acheter une maison à Capbreton, nous passons donc<br />
notre temps entre les spots <strong>la</strong>ndais et le brico<strong>la</strong>ge.<br />
De ce côté-là nous avons de <strong>la</strong> chance, mon père est<br />
très bricoleur et nous aide à faire <strong>la</strong> maison dont nous<br />
rêvons ; de plus ça me permet de passer du temps à<br />
retravailler <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion père/fille, et ça fait un bien fou.<br />
Nous emménageons dans notre nouvelle maison cette<br />
semaine et partons aux Maldives début juin. À bientôt<br />
dans ma prochaine <strong>colonne</strong>.»<br />
Caro.<br />
Caro dans les ruelles<br />
multicolores de San Juan,<br />
Puerto Rico<br />
D.R.<br />
LA COLONNE A CARO<br />
41
l’épreuve australienne de Margaret River (WQS 6*), pendant<br />
<strong>la</strong>quelle un requin est venu se ba<strong>la</strong>der dans l’aire de<br />
compétition, pile pendant <strong>la</strong> série de <strong>la</strong> blonde surfeuse…<br />
“il restait encore six minutes de heat mais les juges n’ont<br />
pas compté ma bonne vague parce que ma rivale a crié au<br />
requin juste avant…”.<br />
La déception de Lee Ann est encore manifeste aujourd’hui,<br />
mais elle se reprend en assurant quelle “essaie d’aller de<br />
l’avant, parce que <strong>la</strong> chance tourne” assène-t-elle, comme<br />
pour se convaincre. On n’aime pas le doute quand on fait<br />
partie de l’élite, bien qu’il soit omniprésent. Alors on passe<br />
à autre chose et “on va de l’avant”, encore et toujours.<br />
D’ailleurs, Lee Ann se prépare déjà à un autre 6*, le WQS de<br />
Praia do Forte, au Brésil. “D’ici là, je pars deux semaines en<br />
Indonésie, rejoindre Stephanie (Gilmore), Sally (Fitzgibbons),<br />
Megan (Abubo), Kassia (Meador), Lindsey (Noyes) et Serena<br />
(Brooke). On partira en bateau de Padang pour les besoins d’un<br />
film de Sonny Miller.” Le terrain de jeu <strong>la</strong>isse rêveur.<br />
Mais encore une fois, <strong>la</strong> médaille ne vit pas sans son revers et<br />
les voyages, même s’ils forment <strong>la</strong> jeunesse, <strong>la</strong>issent souvent<br />
poindre <strong>la</strong> solitude. Parce qu’il faut souvent partir seule, loin<br />
de ses proches alors qu’on est à un âge où <strong>la</strong> compagnie<br />
des autres est souvent si primordiale. Lee Ann n’est pas<br />
épargnée mais ces instants semblent <strong>la</strong> grandir et façonnent,<br />
évidemment, <strong>la</strong> jeune femme indépendante qu’elle devient.<br />
“Je voyage seule depuis que j’ai 16 ans. Je suis souvent<br />
accueillie sur p<strong>la</strong>ce, mais j’apprends beaucoup à me débrouiller<br />
toute seule” après un court instant de réflexion, elle ajoute<br />
“c’est intéressant,<br />
ça <strong>la</strong>isse de bons souvenirs, comme <strong>la</strong> fois où je me suis<br />
perdue dans le bush australien entre deux compèts à Bells<br />
Beach” ri-t-elle. Mais à dire vrai, elle essaye d’être de plus<br />
en plus accompagnée dans ses dép<strong>la</strong>cements, “parce que<br />
c’est très bien de voyager seule, mais pour <strong>la</strong> confiance c’est<br />
pas terrible, et puis je n’aime pas trop être dépendante des<br />
personnes chez qui je vais”. L’un des meilleurs compromis<br />
est de partir avec son coach, pour le soutien qu’il apporte, les<br />
sessions qu’il filme tous les jours et qu’il visionne avec son<br />
pou<strong>la</strong>in le soir, “tu vois comment tu surfes, tu notes quelle<br />
p<strong>la</strong>nche marche mieux qu’une autre pour telles ou telles<br />
conditions” explique-t-elle.<br />
Et au-delà de tout l’aspect technique, un coach reste toujours<br />
motivant, même quand le moral ou les vagues n’y sont pas.<br />
Et <strong>la</strong> famille dans tout ça ?<br />
Dès qu’elle le peut, Lee Ann retourne à Biarritz, où elle vit<br />
toujours chez sa mère, Marie-Pascale. “ Par choix et non<br />
pas par obligation ” s’empresse-t-elle de préciser. Elle ne<br />
passe qu’environ un mois par an avec sa famille, avec<br />
<strong>la</strong>quelle elle avoue entretenir de très bonnes re<strong>la</strong>tions<br />
“ aussi bien avec maman, qu’avec mon beau-père ou avec<br />
mes frères (Nathan et Paul) ”. Elle profite du peu de temps<br />
qu’elle passe dans le cocon familial pour surfer en famille,<br />
surtout avec Nathan, et bien sûr dès qu’elle le peut, avec<br />
son père de surfer. « Philippe Malevaux, mon coach du Pôle<br />
France, dit de nous lorsque nous sommes les trois à l’eau<br />
qu’il nous a “transmis un rapport exceptionnel avec l’océan<br />
et qu’on ressemble à ses cannetons !” ».<br />
Paul, le petit dernier, a attaqué ses premières leçons de surf<br />
en compagnie de sa grande sœur il y a à peine un mois :<br />
« il a huit ans, et il est trop mignon avec sa petite p<strong>la</strong>nche<br />
et sa petite combi ! »<br />
Mais ces moments de partages en famille sont rares.<br />
Le quotidien d’une surfeuse d’élite est ainsi fait : d’efforts,<br />
d’amitiés, de voyages, de compétitions, de solitude,<br />
d’intimité avec soi, de silences, d’écoute, d’humilité, de force<br />
et de courage. Il y aurait à ajouter <strong>la</strong> fragilité et à d’autres<br />
moments <strong>la</strong> solidité étonnante du mental, <strong>la</strong> joie pure de <strong>la</strong><br />
victoire, <strong>la</strong> fierté du retour triomphant à ses proches et tant<br />
d’autres choses… Mais Lee Ann est à ses débuts, et même<br />
si elle a goûté à <strong>la</strong> plupart de ces sensations, il lui reste<br />
encore un monde azur à découvrir, alors silence, et <strong>la</strong>issons<br />
faire son destin.<br />
ROXY.COM<br />
surf puissant et un toucher<br />
de vague qui a de qui tenir,<br />
Lee Ann a pas mal d’atouts pour<br />
s’imposer dans le surf féminin.<br />
ROXY.COM<br />
43
©2007 QUIKSILVER EUROPE<br />
Depuis 2 ans,<br />
Lee Ann s’est taillée une<br />
réputation de chargeuse<br />
44<br />
LEE ANN CURREN AURAIT-ELLE SUCCOMBÉ<br />
À LA VAGUE DES JACK JOHNSON, DONAVON<br />
ET AUTRES SURFERS CHANTEURS ? EST-CE<br />
BIEN SA VOIX GRAVE ET CHAUDE QUE L’ON<br />
ENTEND SUR LA CHANSON “ ALL I CAN DO”, EN<br />
DUO AVEC TOM FRAGER, LEADER DU GROUPE<br />
GUADELOUPÉEN “GWAYAV’ ? “OUI” RÉPOND-<br />
ELLE EN ROUGISSANT.<br />
• C’est <strong>la</strong> première fois que tu enregistres une<br />
chanson ?<br />
Oui, et ça fait très bizarre de s’entendre. Au<br />
début c’est étrange et puis je m’y suis habituée.<br />
Le plus étonnant reste les réactions des gens,<br />
qui ne s’y attendaient pas et qui sont surpris par<br />
ma voix.<br />
• Comment l’idée vous est-elle venue ?<br />
On était sur un surf-trip aux Mentawais avec<br />
Tom et on a tout inventé là-bas. Entre les<br />
sessions, on se posait dans le bateau avec<br />
nos guitares et on jouait ensemble. À un<br />
moment, Tom s’est mis à chanter, moi aussi<br />
et <strong>la</strong> chanson était née. De retour à <strong>la</strong> maison,<br />
Tom a décidé de <strong>la</strong> mettre au propre, il l’a<br />
enregistrée en juillet dernier. Le CD trois titres<br />
est paru dans un magazine de surf en avril<br />
dernier.<br />
• Dans le titre “All I can do”, on suppose que<br />
tu t’adresses à un garçon que tu attends,<br />
comment ça se passe de ce côté là ?<br />
Ouf ! Je suis très souvent en voyage et quand<br />
je suis à Biarritz, je passe pas mal de temps<br />
avec ma famille ou à surfer mes home-spots,<br />
ce qui ne rend pas super évidentes les histoires<br />
d’amour. Mais ça va, bien que trois mois soit<br />
mon record !<br />
• Tu recommencerais l’expérience ?<br />
Oui, je pense. J’étais vraiment contente quand<br />
le CD est sorti !<br />
ROXY.COM<br />
Tout comme son père, Lee Ann a choisi <strong>la</strong><br />
guitare en plus du surf pour s’exprimer. Avec<br />
ses copines, elle a même monté un groupe :<br />
les «Core Nichons». Histoire de faire monter<br />
<strong>la</strong> sauce ?»
©2007 QUIKSILVER EUROPE<br />
Depuis 2 ans,<br />
Lee Ann s’est taillée une<br />
réputation de chargeuse<br />
44<br />
LEE ANN CURREN AURAIT-ELLE SUCCOMBÉ<br />
À LA VAGUE DES JACK JOHNSON, DONAVON<br />
ET AUTRES SURFERS CHANTEURS ? EST-CE<br />
BIEN SA VOIX GRAVE ET CHAUDE QUE L’ON<br />
ENTEND SUR LA CHANSON “ ALL I CAN DO”, EN<br />
DUO AVEC TOM FRAGER, LEADER DU GROUPE<br />
GUADELOUPÉEN “GWAYAV’ ? “OUI” RÉPOND-<br />
ELLE EN ROUGISSANT.<br />
• C’est <strong>la</strong> première fois que tu enregistres une<br />
chanson ?<br />
Oui, et ça fait très bizarre de s’entendre. Au<br />
début c’est étrange et puis je m’y suis habituée.<br />
Le plus étonnant reste les réactions des gens,<br />
qui ne s’y attendaient pas et qui sont surpris par<br />
ma voix.<br />
• Comment l’idée vous est-elle venue ?<br />
On était sur un surf-trip aux Mentawais avec<br />
Tom et on a tout inventé là-bas. Entre les<br />
sessions, on se posait dans le bateau avec<br />
nos guitares et on jouait ensemble. À un<br />
moment, Tom s’est mis à chanter, moi aussi<br />
et <strong>la</strong> chanson était née. De retour à <strong>la</strong> maison,<br />
Tom a décidé de <strong>la</strong> mettre au propre, il l’a<br />
enregistrée en juillet dernier. Le CD trois titres<br />
est paru dans un magazine de surf en avril<br />
dernier.<br />
• Dans le titre “All I can do”, on suppose que<br />
tu t’adresses à un garçon que tu attends,<br />
comment ça se passe de ce côté là ?<br />
Ouf ! Je suis très souvent en voyage et quand<br />
je suis à Biarritz, je passe pas mal de temps<br />
avec ma famille ou à surfer mes home-spots,<br />
ce qui ne rend pas super évidentes les histoires<br />
d’amour. Mais ça va, bien que trois mois soit<br />
mon record !<br />
• Tu recommencerais l’expérience ?<br />
Oui, je pense. J’étais vraiment contente quand<br />
le CD est sorti !<br />
ROXY.COM<br />
Tout comme son père, Lee Ann a choisi <strong>la</strong><br />
guitare en plus du surf pour s’exprimer. Avec<br />
ses copines, elle a même monté un groupe :<br />
les «Core Nichons». Histoire de faire monter<br />
<strong>la</strong> sauce ?»
STÉPHANE ROBIN<br />
46<br />
L ’ É C O L E D U M O I S<br />
TIME TO SURF<br />
À l’école d’un surf créatif et responsable<br />
Par Ève Boisanfray<br />
Grâce à sa pédagogie attentive, Karine Labrouche propose à ses<br />
jeunes élèves un regard différent sur le surf et son environnement.<br />
Cette jeune femme aux traits fins et à l’allure<br />
athlétique vous accueille le regard franc et<br />
le sourire aux lèvres. Voilà deux ans qu’elle a<br />
ouvert son école de surf itinérante, basée, pour<br />
le matériel et les “jours où c’est beau ici”, dans<br />
une cabane en bois, sur <strong>la</strong> pelouse des Cavaliers<br />
à Anglet. Time to Surf est l’aboutissement de<br />
six ans de travail en tant que prof de surf pour<br />
d’autres écoles sur <strong>la</strong> Côte Basque. “Jusqu’au<br />
jour où j’ai eu besoin de mieux gagner ma vie<br />
et surtout eu envie de proposer des choses<br />
différentes.” Parce que oui, Karine est différente,<br />
personnelle et ses cours sont à son image.<br />
Cette jeune femme aux traits fins et à l’allure<br />
athlétique vous accueille le regard franc et le sourire<br />
aux lèvres. Voilà deux ans qu’elle a ouvert son école<br />
de surf itinérante, basée, pour le matériel et les<br />
It’s Time To Surf ! Et avec une<br />
monitrice comme Karine,<br />
les marmots ne se font pas<br />
prier. On les comprend…<br />
“jours où c’est beau ici”, dans une cabane en bois,<br />
sur <strong>la</strong> pelouse des Cavaliers à Anglet. Time to Surf<br />
est l’aboutissement de six ans de travail en tant que<br />
prof de surf pour d’autres écoles sur <strong>la</strong> Côte Basque.<br />
“Jusqu’au jour où j’ai eu besoin de mieux gagner<br />
ma vie et surtout eu envie de proposer des choses<br />
différentes.” Parce que oui, Karine est différente,<br />
personnelle et ses cours sont à son image.<br />
Sa façon d’aborder ses élèves d’abord. Plus<br />
féminine, plus douce et plus à l’écoute des envies<br />
et petits bobos de chacun. Lorsque les conditions<br />
sont bonnes sur un des nombreux spots de <strong>la</strong> Côte<br />
Basque, ils montent tous (en groupe de huit élèves<br />
maximum) dans <strong>la</strong> camionnette du club, et Karine<br />
les conduit jusqu’aux meilleures vagues du jour.<br />
Le cours commence alors par des échauffements<br />
inspirés du yoga, « pour déceler si l’enfant est déjà
L ’ É C O L E D U M O I S<br />
souple ou habile, s’il connaît son corps, et c’est aussi<br />
un bon travail pour l’esprit » explique-t-elle. Quand<br />
<strong>la</strong> météo ne joue pas le jeu, elle en profite pour<br />
aborder des sujets environnementaux. Les enfants<br />
courent sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge et ramassent quelques objets<br />
déposés par les vagues, chacun revient auprès de<br />
Karine avec sa trouvaille et les questions fusent :<br />
« - Regarde ! J’ai une bouteille en p<strong>la</strong>stique ! – D’où<br />
elle vient à ton avis ? – Combien de temps est-elle<br />
restée dans l’eau ? – Il lui faudra combien de temps<br />
pour se décomposer ? » Parfois, elle les emmène à<br />
<strong>la</strong> piscine, pour parfaire leur apnée et d’autres fois,<br />
direction <strong>la</strong> médiathèque, pour étudier l’écologie ou<br />
<strong>la</strong> météorologie sur les livres d’images. Le but de<br />
<strong>la</strong> jolie professeur est de les « familiariser le plus<br />
possible à l’élément aquatique et à tous les sujets<br />
qui s’y rapportent » La visite de quelques shapers du<br />
coin est également incontournable et très excitante<br />
pour les petits, fascinés par ce drôle de bonhomme<br />
masqué et armé de sa ponceuse électrique.<br />
« C’est ce qu’il y a de génial avec les enfants, on<br />
peut vraiment tout aborder ».<br />
Aujourd’hui, il fait beau, mais <strong>la</strong> mer est d’huile. Peu<br />
importe ! Les enfants accourent ravis, les p<strong>la</strong>nches<br />
sur <strong>la</strong> tête. L’effervescence s’installe en quelques<br />
secondes, les enfants sautent, rient, crient et se<br />
tordent comme des grenouilles pour enfiler leur<br />
tenue de combat. Ça piétine, ça coupe <strong>la</strong> parole,<br />
ça se raconte les dernières b<strong>la</strong>gues de cour de<br />
récré, jusqu’au moment<br />
où Karine, légèrement<br />
débordée, ordonne aux<br />
filles d’aller lui faire<br />
un surf report. Vingt<br />
secondes plus tard :<br />
“Kariiiiiine ! C’est g<strong>la</strong>ssy ! ”<br />
En deux temps trois<br />
mouvements, <strong>la</strong> joyeuse<br />
équipée s’approprie <strong>la</strong><br />
p<strong>la</strong>ge, dépose les<br />
p<strong>la</strong>nches et se <strong>la</strong>nce dans<br />
un sprint vivifiant jusqu’à<br />
<strong>la</strong> digue de La Barre,<br />
avant de se jeter dans<br />
l’eau pour une séance de<br />
bodysurf. De retour sur le<br />
sable, les enfants<br />
s’assoient en cercle<br />
autour de Karine qui leur<br />
pose quelques questions :<br />
« comment savoir si une<br />
vague va ouvrir d’un côté<br />
ou d’un autre ? –<br />
À cause de l’écume, le truc b<strong>la</strong>nc là… (Elliot, 7 ans) ».<br />
Après une matinée passée dans l’eau, même s’ils<br />
n’ont surfé que des vaguelettes, les enfants ont vibré<br />
et peut-être eu un peu peur, ils se sont confrontés à<br />
l’élément et c’est toute une histoire qui commence<br />
peut-être.<br />
Jeu Concours FCS !<br />
Gagnez 3 jeux d’ailerons K-3 de Kelly S<strong>la</strong>ter !<br />
Gagnez 3 jeux d’ailerons K-3 de Kelly S<strong>la</strong>ter<br />
en répondant à <strong>la</strong> question suivante :<br />
Combien de fois<br />
Kelly S<strong>la</strong>ter a-t-il été<br />
champion du monde ?<br />
a) 5 fois<br />
b) 9 fois<br />
c) 8 fois<br />
Veuillez envoyer votre réponse à :<br />
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99 Rue des Artisans<br />
40 150 Soorts Hossegor<br />
Les 3 gagnants seront tirés au sort et se<br />
verront envoyer un jeu d’ailerons K-3<br />
STÉPHANE ROBIN<br />
STÉPHANE ROBIN<br />
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Quand on sait que <strong>la</strong> moitié<br />
des détracteurs du SUP<br />
ont du mal à taper un roller<br />
backside sur leur 6’2, on<br />
les voit mal aller ragasser<br />
No<strong>la</strong>n Keau<strong>la</strong>na.<br />
50<br />
W E S T C O A S T<br />
TAKE A SURF ON THE WILD SIDE,<br />
Texte et photos Stephane Robin<br />
Makaha, renaissance d’un mythe
Légende: Original<br />
beach boy de<br />
Waikiki, cruisin’<br />
à Makaha pour<br />
une compétition<br />
de stand up.<br />
100% Aloha spirit<br />
bradda.<br />
W E S T C O A S T<br />
Qui connaît encore Makaha ? C’est pour lever le voile sur un<br />
des endroits mythiques de l’histoire du surf que notre reporter<br />
Stéphane Robin est allé passer un mois sur <strong>la</strong> côte ouest d’Oahu.<br />
Il fal<strong>la</strong>it bien ça pour prendre <strong>la</strong> température du berceau des<br />
watermen progressivement retombé dans l’underground depuis<br />
les années soixante-dix. Mis à part pour le championnat du monde<br />
master, Makaha ne fait plus <strong>la</strong> une des journaux, Et pourtant,<br />
<strong>la</strong> culture des Watermen est plus que jamais d’actualité avec <strong>la</strong><br />
montée en puissance d’un nouveau sport, le Stand Up Paddle.<br />
Waianae – Surf on the wild side<br />
J’avais lu quelque part qu’il ne pleuvait jamais sur <strong>la</strong> côte ouest, rien<br />
que pour ça, j’étais content d’y aller. Ça faisait bientôt trois semaines<br />
que je moisissais dans une piaule minable derrière Velzy<strong>la</strong>nd. J’étais<br />
pas fâché de <strong>la</strong>isser derrière mois le jardin marécageux et le fantôme<br />
d’un North Shore f<strong>la</strong>t depuis début décembre. Plus je rou<strong>la</strong>is, plus je<br />
me demandais à quel moment j’al<strong>la</strong>is rentrer dans Makaha. La quatre<br />
voies qui sortait de Pearl city me semb<strong>la</strong>it interminable. Je n’étais pas<br />
venu là depuis quatre ou cinq ans et je ne reconnaissais plus vraiment<br />
<strong>la</strong> zone. Je me souvenais juste d’un grand surf-shop, un ou deux<br />
kilomètres avant le spot. Un magasin rempli de longboards comme j’e<br />
n’en avais jamais vu auparavant. La maison où j’al<strong>la</strong>is habiter était à<br />
Waianae, un peu avant <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge de Makaha. Il fal<strong>la</strong>it tourner avant le<br />
pont, mais c’était <strong>la</strong> nuit et bien évidemment j’ai loupé le croisement.<br />
J’avais un peu peur de me retrouver pris au piège au fond d’une<br />
ruelle, à <strong>la</strong> merci d’une bande de toxico en manque d’Ice. Toutes<br />
sortes de rumeurs circulent à propos de <strong>la</strong> West Side, qui concentre<br />
à elle seule <strong>la</strong> plus grande popu<strong>la</strong>tion de drogués de l’Etat. L’Ice est<br />
partout. Cette drogue qui ressemble à du verre pilé ravage l’archipel<br />
depuis plus de vingt ans. Hawaii est depuis longtemps en tête des<br />
états les plus touchés, mais <strong>la</strong> prise de conscience du désastre ne fait<br />
que commencer. Chômage, dépression économique, SDF, violence,<br />
crime, tout y est. Rien qu’à Waianae, on compte quatre centres de<br />
réhabilitation. Les quartiers se ressemblent tous les uns aux autres.<br />
Rien n’indique l’arrivée à Makaha, mis à part un camp militaire, et <strong>la</strong><br />
célèbre Waianae High School, l’école <strong>la</strong> plus craignos du Pacifique !<br />
Sur p<strong>la</strong>ce, certaines zones de Waianae ont des allures de ghetto. Mis à<br />
part sur le front de mer, les maisons en bois sont souvent encerclées<br />
de toutes sortes d’objets usagés. Les carcasses de voitures sur le bord<br />
des routes et <strong>la</strong> tête des gros mecs qui boivent des bières sous leur<br />
porche en disent long sur ce qui peut se passer <strong>la</strong> nuit. On comprend<br />
tout de suite mieux l’attitude de Sunny Garcia et autres Johnny Boy<br />
Gomez, quand on sait qu’ils ont grandi dans les parages. Avec plus<br />
d’un Hawaiien sur cent en liberté surveillée, Hawaii et Waianae en<br />
particulier n’ont rien à envier à certains quartiers de New York ou San<br />
Francisco.<br />
Don’t Come to Makaha<br />
Le message est c<strong>la</strong>ir : les étrangers, ici, on n’en veut pas. Bizarrement,<br />
<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge de Makaha contraste totalement avec <strong>la</strong> réalité socioéconomique<br />
locale. La célèbre droite déferle tranquillement dans une<br />
eau turquoise aux pieds des “condos“ de Makaha shore. Vu du bord,<br />
tout à l’air tranquille, l’ambiance familiale met plutôt en confiance.<br />
On a même pas peur de se faire braquer <strong>la</strong> voiture. Les gamins font du<br />
body board dans le shore break sous <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce générale.<br />
La plupart des locaux squattent à l’ombre près de <strong>la</strong> tour des lifeguards,<br />
d’autres boivent des bières, assis à l’arrière de leur pick-up. Souvent<br />
les week-ends sont l’occasion de faire des compétitions de surf avec<br />
barbecue et musique sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge. Les pirogues hawaïennes sont alors<br />
de sortie de même que les stand-up paddle, les longboards et les<br />
tandems. À chacun de montrer aux autres ses capacités de Waterman.<br />
Welcome to Makaha…<br />
Une fois à l’eau pas question de réc<strong>la</strong>mer une vague comme ça<br />
d’entrée de jeu, surtout quand il n’y a pas beaucoup de swell et que les<br />
kids sont en vacances sous <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce des grands frères...<br />
La première session, je suis allé m’asseoir au <strong>la</strong>rge un peu au milieu de<br />
tout le monde, c’était pas bien gros, et les séries étaient très espacées.<br />
Il y avait pas mal d’anciens en longboard, quelques Stand-Up Paddle<br />
et pas mal de filles aussi. Tout d’un coup un énorme gars s’est<br />
approché de moi. Il avait <strong>la</strong> cinquantaine passée et une bonne tronche<br />
de local. Il s’adressa en même temps à moi et au type qui était à mes<br />
côté. « Alors les gars, vous ne vous êtes pas présentés ? tu viens d’où ?<br />
Ici c’est une grande famille, tout le monde se connaît. Toi là, comment<br />
tu t’appelles ? ». J’ai bredouillé mon nom vite fait, en me demandant<br />
qui était ce type. Je n’ai pas attendu longtemps pour avoir <strong>la</strong> réponse.<br />
51
52<br />
W E S T C O A S T<br />
Hawaii on ICE, <strong>la</strong> face cachée du paradis :<br />
CRYSTAL METHAMPHÉTAMINE, LA DROGUE DU PAUVRE<br />
Statistiques en 2007 :<br />
Popu<strong>la</strong>tion de l’Etat d’Hawaii: 1,224,398<br />
Officiers de police: 3,429<br />
Popu<strong>la</strong>tion carcérale: 5,960<br />
Popu<strong>la</strong>tion en liberté surveillée: 21,446<br />
Consommateur d’ICE : 35 000<br />
Détenus testé positif à l’ICE : 38%
W E S T C O A S T<br />
« Ok Stefan, moi c’est Bruce. Tout le monde m’appelle Uncle,<br />
Uncle Bruce. Ici il faut respecter les locaux, tu attends ton tour comme<br />
les autres et tout devrait bien se passer ». Les présentations étaient<br />
faites, l’attente pouvait commencer. Au fil des sessions, je me suis<br />
rendu compte que c’était invariablement les mêmes personnes à<br />
l’eau tous les jours. J’avais beau me faire le plus discret possible,<br />
j’avais toujours l’impression de voler mes vagues. Une sensation<br />
un peu désagréable qui déteignait sur <strong>la</strong> session. Il y avait d’autres<br />
spots le long de <strong>la</strong> côte, mais il fal<strong>la</strong>it du swell pour que ça marche.<br />
En al<strong>la</strong>nt vers Honolulu, il y a Mali Point, une belle gauche qui brasse<br />
beaucoup d’eau, avec pas grand monde à l’eau. Par contre le beach<br />
park est envahit par des dizaines de SDF, comme un peu partout sur<br />
cette bande de côte. Les gens squattent sous des tentes ou sous des<br />
bâches tendues entres les palmiers. Pas forcément agressifs, ils ont<br />
vite fait de braquer celui qui <strong>la</strong>isse sa voiture de loc sur “leur“ parking.<br />
En suivant Farrington Highway plus au<br />
nord, en direction de Kaena point, on<br />
peut accéder à Yokohama et à Third<br />
Dip, deux joyaux de <strong>la</strong> Côte Ouest.<br />
Plutôt réservés aux locaux,<br />
l’atmosphère y est plus détendue,<br />
par contre les tubes sont méchant et au ras du reef.<br />
« À Makaha si tu n’est pas né là, tu ne seras<br />
jamais de là ».<br />
J’avais sous-loué une piaule dans <strong>la</strong> maison louée par Rico Leroy<br />
pour les trois mois qu’il était venu passé là. On avait une terrasse qui<br />
donnait sur <strong>la</strong> mer et on pouvait checker le surf avec les jumelles.<br />
Le propriétaire de <strong>la</strong> maison, un Américain du continent, me dit un<br />
jour que certains de ses voisins avaient mis presque dix ans avant<br />
de lui dire bonjour. Rico avait <strong>la</strong> chance de connaître Brian Keau<strong>la</strong>na,<br />
Waterman réputé, fils de Buffalo Keau<strong>la</strong>na, le premier lifeguard de<br />
Makaha. Buffalo vivait dans une maison en face du spot qui lui avait<br />
été donnée par un homme à qui il avait sauvé <strong>la</strong> vie. Aujourd’hui,<br />
l’héritage familial est incarné par Brian, ancien compétiteur, surfeur<br />
de grosses vagues, et responsable des cascades pour une société de<br />
production cinématographique. À Makaha, <strong>la</strong> vie s’écoule doucement<br />
au rythme des swell, comme dans un microcosme à l’écart du monde.<br />
On se rend mieux compte d’où on est en al<strong>la</strong>nt au supermarché local.<br />
Pas un seul touriste dans les rayons, pas de colliers de fleurs ni de<br />
souvenirs en vente. Les locaux viennent emporter des p<strong>la</strong>ts de poisson<br />
cru marinés. On sent bien qu’ils ne roulent pas sur l’or, sur le parking<br />
est un éta<strong>la</strong>ge de vieilles bagnoles rafistolées qui remp<strong>la</strong>cent les<br />
voitures de location ruti<strong>la</strong>ntes que l’on voit partout ailleurs sur l’île.<br />
Le localisme est sans doute une des raisons qui explique <strong>la</strong><br />
désaffection des visiteurs. La longboardeuse française C<strong>la</strong>ire Dereux l’a<br />
compris dès sa première session.<br />
Elle est arrivée toute b<strong>la</strong>nche de<br />
Lacanau, en plein milieu de l’hiver.<br />
Facilement repérable, elle s’est faite<br />
taxer systématiquement. Les gamins<br />
sont presque les plus agressifs dans<br />
l’eau, et même entre eux, <strong>la</strong> concurrence est rude. C’est un de<br />
ceux-là qui lui a hurlé « ne surfe pas ici si tu ne vis pas ici ».<br />
Le message est c<strong>la</strong>ir, Makaha n’est pas le bon endroit pour venir<br />
passer des vacances. Il y a plusieurs autres raisons à ce<strong>la</strong>. Les vagues<br />
sont surpeuplées et souvent petites, même en hiver, mis à part <strong>la</strong><br />
demi-douzaine de jours énormes où les surfeurs peuvent partir du<br />
fond de <strong>la</strong> baie. Quand c’est vraiment gros, Makaha devient « une des<br />
vagues les plus radicale de l’île, comparable a Waimea et Sunset » me<br />
dira Brian Keau<strong>la</strong>na. Mais dans ces cas-là, il n’y a plus grand monde<br />
à l’eau. Au début du mois de décembre, un énorme swell est venu<br />
53
A Makaha, il y a toujours<br />
une vague pour les kids<br />
de <strong>la</strong> west side. Le célèbre<br />
back wash leur offre un<br />
tremplin permanent, reste<br />
à négocier l’atterrissage!<br />
54<br />
W E S T C O A S T<br />
ba<strong>la</strong>yer l’archipel. Une violente tempête tropicale approchait et le<br />
vent était prévu on shore. Les vagues commençaient à fermer.<br />
Brian et son ami Keone Downing ont décidé de se mettre à l’eau<br />
avant que <strong>la</strong> baie devienne incontrô<strong>la</strong>ble. Il faisait gris, et bizarrement<br />
le vent est tombé. Il n’y avait pratiquement personne pour profiter<br />
des vagues, tous les chargeurs étant restés à Waimea. Ce jour-là,<br />
Brian a pris les plus grosses vagues de sa vie en Stand-Up Paddle.<br />
Il y avait 40 pieds, peut être 50. Le lendemain, l’île était frappée par<br />
des vents violents, les arbres sont tombés partout. De nombreuses<br />
lignes électriques furent coupées, plongeant <strong>la</strong> West Side et le North<br />
Shore dans le noir.<br />
Génération SUP<br />
Depuis quelques années, le Stand-Up Paddle est revenu sur le devant<br />
de <strong>la</strong> scène. Il y en avait un peu partout sur l’île, mais c’est surtout de<br />
Makaha que le mouvement est reparti. Pratiqué par les Beach Boys de<br />
Waikiki, son design a été revu et corrigé pour surfer des vagues plus<br />
puissantes. Ce sont quelques Watermen de Makaha qui sont au cœur<br />
de cette petite révolution. Deux d’entre eux, Brian Keau<strong>la</strong>na et Dave<br />
Parmenter sont des résidents de Makaha. Le troisième, Todd Bradley<br />
est Waterman, champion de pirogue qui vit à Honolulu. À eux trois,<br />
ils cumulent un énorme passif, qui leur a permis de poser les bases<br />
d’une nouvelle pratique. On peut dire que leur marque, C4 Waterman,<br />
est à <strong>la</strong> pointe de <strong>la</strong> recherche et développement en matière de Stand-<br />
Up Paddle, qui a désormais retrouvé sa p<strong>la</strong>ce au panthéon du surf.<br />
Il y a déjà quelques compétitions qui s’organisent, comme <strong>la</strong><br />
Quiksilveredition Ku Ikaika Challenge. Pour les Hawaiiens surfer avec<br />
une pagaie dans les mains n’a rien de nouveau. La pratique de <strong>la</strong><br />
pirogue dans les vagues fait partie intégrante de leur culture maritime.<br />
Les p<strong>la</strong>nches utilisées ici varient de l’énorme longboard de 12 pieds<br />
au modèle beaucoup plus fin et nerveux de 8 ou 9 pieds. C’est<br />
toujours très impressionnant de voir un mec taper un roller backside<br />
en venant prendre appui sur sa pagaie. Le Stand-Up Paddle possède<br />
son propre répertoire de figure, dans lesquelles <strong>la</strong> pagaie joue un<br />
rôle prépondérant. Quand <strong>la</strong> taille des vagues augmente, on rentre<br />
dans une autre dimension. « Debout sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche on mieux sent les<br />
mouvement de l’océan et on voit mieux les séries arriver. Pendant le<br />
drop on bénéficie d’une accroche supplémentaire grâce à <strong>la</strong> pagaie.<br />
La p<strong>la</strong>nche a beau être <strong>la</strong>rge, on va presque aussi vite qu’en tow-in,<br />
c’est vraiment l’outil idéal pour charger les grosses vagues ».<br />
Le problème à Makaha c’est qu’en temps normal, il faut lutter pour<br />
attraper ses vagues. Alors quand on rajoute les Stand-Up Paddle,<br />
<strong>la</strong> cohabitation risque de devenir de plus en plus difficile, malgré <strong>la</strong><br />
régu<strong>la</strong>tion tacite que les locaux essayent d’imposer au line up.<br />
J’ai pu m’en rendre compte moi-même, le SUP ça ne p<strong>la</strong>it pas à tout le<br />
monde… La dernière vague du voyage, je l’ai prise sur un SUP.<br />
Il commençait à faire nuit, et j’attendais une vague pour sortir.<br />
J’ai profité d’une série qui déca<strong>la</strong>it pour m’é<strong>la</strong>ncer, je suis vite arrivé<br />
dans le bowl de l’inside avec une vitesse vertigineuse. J’ai vraiment<br />
cru que j’al<strong>la</strong>is taper le reef avec <strong>la</strong> tête, tellement ça suçait. Derrière<br />
moi, un gamin hur<strong>la</strong>it « Fuckin’ Haole ». Il était parti après moi,<br />
mais il réc<strong>la</strong>mait <strong>la</strong> priorité, un jeu qui peut mal tourner quand on n’est<br />
pas de là. De toute façon, je n’avais pas le choix, il fal<strong>la</strong>it que je finisse<br />
<strong>la</strong> vague. De retour sur le parking, je n’ai pas traîné, <strong>la</strong> bande de types<br />
à moitié ivres qui traînait autour d’un bidon en feu me rappe<strong>la</strong>it vite à<br />
<strong>la</strong> réalité de <strong>la</strong> West Side. Hardcore.
W E S T C O A S T<br />
Candice Appleby en action<br />
à Makaha. Une Haole bien<br />
blonde qui ne se <strong>la</strong>isse<br />
pas prendre de haut.<br />
La compétition avait lieu tous les ans à Makaha<br />
entre 1954 et 1971. Elle fut longtemps considérée<br />
officieusement comme le championnat du monde<br />
de surf. Crée par John Lind et supportée par<br />
le Waianae Lions club <strong>la</strong> première édition fut<br />
annulée pour manque de vagues. Entre 1962 et<br />
1965 <strong>la</strong> compétition fut montrée à <strong>la</strong> télévision<br />
ABC. L’épreuve était spectacu<strong>la</strong>ire autant par<br />
le nombre de compétiteurs, jusqu’à cinq cents,<br />
que par son format. Il pouvait y avoir jusqu’à<br />
vingt-quatre surfeurs par série. L’édition de 1963<br />
fut <strong>la</strong> plus spectacu<strong>la</strong>ire avec des vagues de 7<br />
mètres. À partir de 1965, l’événement commença<br />
à piquer du nez, critiqué pour son jugement trop<br />
favorable aux Hawaiiens. Le contest fut boycotté<br />
par les Californiens qui n’avaient jamais remporté<br />
aucune finale homme. Vers 1970, on n’entendait<br />
pratiquement plus parler de <strong>la</strong> manifestation,<br />
dépassée par le championnat du monde organisé,<br />
en Australie dès 1964.<br />
55
56<br />
JOHN CARPER<br />
The human shaping machine<br />
Les initiales JC sur une p<strong>la</strong>nche ? Certains penseront spontanément à John Carper d’autres à<br />
Jésus-Christ. La majorité pensera performance, à l’image des p<strong>la</strong>nches de Shane Dorian.<br />
JC c’est tout ça à <strong>la</strong> fois, un gourou, un Chrétien et un shaper d’exception.<br />
La vie de John Carper, né à Los Angeles en 1947, est faite<br />
d’allers-retours entre Hawaii et <strong>la</strong> Californie. S’il n’est<br />
peut-être pas le meilleur shaper du monde, JC a fortement<br />
contribué à <strong>la</strong> rationalisation du métier. Pendant des années,<br />
il a travaillé dans l’ombre du maître Rusty Preisendorfer,<br />
jusqu’au moment, où son talent a été reconnu. Spécialisé<br />
dans les p<strong>la</strong>nches de pros, il a su analyser et développer une<br />
manière de travailler qui lui est propre. Auteur de <strong>la</strong> célèbre<br />
vidéo “Shaping 101“, sa popu<strong>la</strong>rité a continué à grandir<br />
avec le succès de ses p<strong>la</strong>nches de tow-in, ainsi qu’avec les<br />
pro models de Shane Dorian sortis chez Surftech, qui sont<br />
devenus numéro un des ventes. Rencontre.<br />
Textes et photos : Stephane Robin<br />
Down to the Sugar Mill<br />
On m’avait dit que son atelier était à <strong>la</strong> Sugar Mill d’Haleiwa (North<br />
Shore d’Oahu), un repère de shapers, de g<strong>la</strong>ceurs et d’autres rois<br />
de l’airbrush. Un peu perdu dans les odeurs de résine, je cherchais<br />
l’atelier de JC quelque part au milieu des bâtiments jaunis. Je finis<br />
par me garer à côté de <strong>la</strong> voiture de mon colocataire. C’est lui qui<br />
m’avait donné le p<strong>la</strong>n, JC l’ayant embauché depuis peu pour faire<br />
du ponçage. En sortant de ma caisse, je vis un homme aux cheveux<br />
gris se tenant devant <strong>la</strong> porte d’un atelier. Voyant que je cherchais<br />
quelque chose, Il m’interpel<strong>la</strong>. Je lui répondis directement : « c’est<br />
vous, John Carper ? ». Je ne l’avais jamais vu, mais j’étais presque<br />
sûr que c’était lui. Il me fit oui de <strong>la</strong> tête, c’était presque trop facile.<br />
Malgré ses allures de<br />
pasteur, les années flower<br />
power ont <strong>la</strong>issées des<br />
traces! Funky John Carper?
58<br />
La vie de ghost shaper<br />
Problème : il n’y avait pas assez d’argent à faire à Big Is<strong>la</strong>nd. Ne<br />
voyant pas comment il al<strong>la</strong>it s’en sortir avec sa femme et son gosse,<br />
John accepte alors une offre du célébrissime Rusty Preisendorfer<br />
pour travailler comme “ghost shaper“ à La Jol<strong>la</strong>, en Californie. Rusty<br />
avait besoin d’un gars méthodique et fiable pour faire les p<strong>la</strong>nches<br />
des pros. Un boulot difficile que personne ne vou<strong>la</strong>it faire. Les pro<br />
models demandent énormément de temps… Et ne rapportent pas<br />
plus qu’une p<strong>la</strong>nche normale. JC s’en foutait, tout ce qui importait<br />
c’était de devenir meilleur chaque jour, et de voir les pros surfer<br />
sur des p<strong>la</strong>nches qui sortaient de ses mains. Un travail exigeant qui<br />
lui permettra au final d’acquérir une rapidité d’exécution inégalée<br />
jusqu’à aujourd’hui.<br />
On est en 1990. Professionnellement, tout se passe plutôt bien<br />
pour JC, à un détail près… La vie californienne n’est pas sa tasse<br />
de thé… Après quatre années sur le “Main<strong>la</strong>nd“, il préfère alors<br />
retourner à Hawaii. Fort des liens qu’il a noués avec les pros<br />
surfers, ils sont nombreux dès cette première année de retour dans<br />
l’archipel à lui commander des boards pour <strong>la</strong> triple couronne.<br />
Shapant pour HIC, il commence à apposer son logo JC sur sa<br />
production avant de finir enfin par monter sa propre compagnie en<br />
1996, JC Hawaii.<br />
Ergonomie appliquée<br />
« J’aime shaper mes p<strong>la</strong>nches de <strong>la</strong> même manière que je<br />
voudrais qu’elles soient surfées. » JC est connu pour sa rapidité<br />
et <strong>la</strong> radicalité de son travail. Il ne fait jamais un mouvement en<br />
trop. L’optimisation de son flow de travail va très loin. Ses outils<br />
Le coup d’oeil du<br />
maître, juste histoire<br />
de vérifier une symétrie<br />
déjà impeccable.<br />
sont tous situés à des endroits précis de <strong>la</strong> salle de shape, rien<br />
n’est <strong>la</strong>issé au hasard, ni les chaussures, ni <strong>la</strong> température de <strong>la</strong><br />
pièce. Tous les mouvements ont un sens. « Un bon shape, c’est<br />
comme une coupe de cheveux : si tu y passe trop de temps ça ne<br />
ressemble plus à rien. » JC suit l’image de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche qu’il a dans <strong>la</strong><br />
tête, et plus il shape vite plus il conserve cette vision. « L’avantage<br />
du CAD (Conception Assistée par Ordinateur) c’est de pouvoir faire<br />
les modifications d’un shape avant d’avoir commencé à toucher <strong>la</strong><br />
mousse. Il faut du temps pour devenir vraiment performant. Je pense<br />
que c’est à partir de deux mile p<strong>la</strong>nches que les choses démarrent,<br />
c’est là que tu commences vraiment à utiliser tes outils. »<br />
Du rabot à l’ordinateur<br />
« Le premier pré-shape que j’ai vu sortait des établissements<br />
Bar<strong>la</strong>nd en France. Dès que j’ai vu cette p<strong>la</strong>nche, j’ai compris le<br />
potentiel, et j’ai tout de suite voulu en savoir plus. La question était<br />
de savoir comment faire passer toutes mes années de shape à <strong>la</strong><br />
main dans un ordinateur. Les premières machines étaient capables<br />
de copier des p<strong>la</strong>nches mais moi, je vou<strong>la</strong>is les créer directement<br />
à partir de <strong>la</strong> machine. Il y a huit ans, j’ai commencé à m’y mettre<br />
à fond. Les deux premières années, les p<strong>la</strong>nches que j’ai faites<br />
par ordinateur étaient moins bonnes que celle que je shapais à <strong>la</strong><br />
main. J’ai passé trois années à travailler sur le logiciel 3D avant de<br />
l’utiliser. Maintenant j’arrive à sortir des pré-shapes extrêmement<br />
précis, le gain de temps est énorme, et <strong>la</strong> facilité de reproduire<br />
à l’infini les mêmes p<strong>la</strong>nches est un de l’avantage majeur. » JC<br />
fut l’un des premiers à travailler avec Surftech sur des modèles<br />
de p<strong>la</strong>nches désignées pour <strong>la</strong> construction en sandwich. Là où
d’autres essayent de reproduire un shape de p<strong>la</strong>nche c<strong>la</strong>ssique, il a<br />
su créer des modèles spécifiques. « Je ne pourrais pas produire à<br />
<strong>la</strong> main les p<strong>la</strong>nches que je sors en Surftech. C’est vraiment autre<br />
chose, une autre technologie. Les designs ne sont pas mieux que les<br />
modèles en PU, c’est différent, mais toutes ces p<strong>la</strong>nches marchent,<br />
ça dépend du surfeur. Certains disent que ce type de fabrication<br />
va nous faire disparaître, mais c’est aussi un moyen pour nous de<br />
mieux vivre, après des dizaines d’années passées derrière le rabot.<br />
Si mon hand shape n’était pas bon, je ne vendrais pas de Surftech,<br />
donc tout est lié. Si un jour on arrête de shaper à <strong>la</strong> main, ces<br />
p<strong>la</strong>nches-là ne dureront pas non plus. »<br />
Shane Dorian : le fils spirituel<br />
La rencontre de JC avec Shane Dorian à Big Is<strong>la</strong>nd a été le début<br />
d’une col<strong>la</strong>boration. « Shane vou<strong>la</strong>it surfer des p<strong>la</strong>nches Rusty. Et<br />
quand il a découvert que les p<strong>la</strong>nches qu’il recevait de chez Rusty<br />
étaient faites par moi, il a commencé à surfer mes p<strong>la</strong>nches. Il<br />
n’avait que 15 ou 16 ans, mais il vou<strong>la</strong>it déjà travailler au<br />
développement de ses p<strong>la</strong>nches avec un shaper. Shane est un<br />
surfeur exceptionnel, il peut battre n’importe qui. Il ne prend pas de<br />
drogue, c’est quelqu’un de radicalement différent. Après des années<br />
sur le tour, il se consacre maintenant au free surf, et l’on travaille<br />
beaucoup sur ses p<strong>la</strong>nches de tow-in, c’est super intéressant.<br />
Aujourd’hui les pros ne viennent plus dans les salles de shape,<br />
beaucoup ne viennent même pas chercher leur p<strong>la</strong>nche. En plus, ils<br />
surfent quasiment tous <strong>la</strong> même chose. Un jour, il fal<strong>la</strong>it que je fasse<br />
des p<strong>la</strong>nches pour Andy Irons, il m’avait <strong>la</strong>issé une note sur une<br />
feuille : 6’2’’ squash tail. C’est le genre de mec qui ne parle pas<br />
beaucoup de ses p<strong>la</strong>nches, sauf peut-être s’il n’y a personne autour.<br />
Pour eux c’est du feeling pur, ils prennent <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche sous le bras dix<br />
secondes et savent si <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche leur convient ou pas. C’est difficile<br />
d’avoir un feedback, alors je leur fais beaucoup de p<strong>la</strong>nches en<br />
espérant qu’il y en aura des bonnes dans le lot. Ça arrive que je<br />
n’entende plus parler des p<strong>la</strong>nches que je leur ai faites pendant six<br />
mois, un an... Jusqu’au jour où j’apprends que l’une d’elles était<br />
magique… »<br />
« Shaping 101 » La célèbre<br />
vidéo de JC avec <strong>la</strong>quelle<br />
des centaines de shapers<br />
amateurs ont découvert<br />
les secrets du métier.<br />
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62<br />
YouRiding.com ? C’est tout simplement, <strong>la</strong> première simu<strong>la</strong>tion gratuite réaliste de Surf et<br />
Bodyboard en mode multi-joueurs sur le net. Après y avoir goûté, Surftime est devenu accro !<br />
Retour sur un site déjà culte.<br />
Tout est né dans <strong>la</strong> tête de deux jeunes surfeurs d’Anglet,<br />
Thomas Casamayou et Michaël Jégat, il y a près d’un an<br />
maintenant. Pour mener à bien leur projet, le binôme va fonder<br />
une société baptisée « IntellySurf ». C’est une société d’un<br />
nouveau genre puisqu’elle est <strong>la</strong> première à proposer un<br />
nouveau type de simu<strong>la</strong>tion en ligne en utilisant <strong>la</strong> technologie<br />
Macromedia F<strong>la</strong>sh P<strong>la</strong>yer.<br />
Le site devient réalité virtuelle en mai 2007 et se veut<br />
communautaire avant tout, il est possible de jouer seul en mode<br />
freeride ou contre d’autres surfeurs du monde entier grâce au<br />
mode contest. Côté freeride, il faut développer les compétences de<br />
son personnage en s’entraînant à réaliser des tubes et manœuvres<br />
sur un des 35 meilleurs spots mondiaux. Côté contest, vous pouvez<br />
créer ou participer à des events en ligne pour devenir le meilleur<br />
rider du globe. Thomas nous en dit un peu plus sur le sujet : « Notre<br />
simu<strong>la</strong>tion est réaliste et technique, elle s’inscrit dans une logique<br />
du fait par des surfeurs pour des surfeurs. Nous avons également<br />
rendu à chaque vague du monde ses spécificités. Du coup, il est<br />
possible de se mesurer virtuellement à tous les surfeurs de <strong>la</strong><br />
p<strong>la</strong>nète sur l’une des vagues les plus connues du monde comme<br />
Pipeline, Teahupoo, Mundaka, Jeffrey’s Bay, <strong>la</strong> Nord… ». Pour avoir<br />
testé à <strong>la</strong> rédaction, on vous garanti qu’on se prend vite au jeu<br />
Le site passe <strong>la</strong> seconde<br />
Fier d’un gros succès, YouRiding.com <strong>la</strong>nce <strong>la</strong> version 2 en mars<br />
dernier. Le jeu est amélioré et bénéficie de nouvelles possibilités :<br />
création de vagues par l’utilisateur, partage de photos et vidéos<br />
personnelles, l’envoi de message. Selon Thomas, « le site conserve<br />
ce qui a fait son succès grâce à un moteur de création de vague<br />
unique et réaliste, des compétitions officielles mondiales multi-<br />
joueurs, ainsi que <strong>la</strong> création d’un double virtuel pouvant être<br />
habillé et équipé avec des produits issus des gammes officielles<br />
des marques de glisse ». Grâce aux partenariats signés avec<br />
des marques du milieu de <strong>la</strong> glisse, des photographes et des<br />
vidéastes, des salles de concerts françaises et étrangères, des<br />
mags spécialisés, le<br />
site propose un contenu<br />
web inédit en photo,<br />
vidéo, musique, ainsi que<br />
l’actualité et météo glisse.<br />
Dernière nouveauté, le site<br />
propose cette année un<br />
World Tour virtuel calqué<br />
sur les tours mondiaux<br />
2008 avec de nombreux<br />
lots à gagner. Au final, il<br />
y aura un vainqueur et<br />
le couronnement qui va<br />
avec… Qui deviendra le<br />
S<strong>la</strong>ter du web ? À vous de<br />
jouer.<br />
RB.<br />
• 250 000 inscrits.<br />
• Moyenne de 25 000 visites par jour.<br />
• Traduction du site en 4 <strong>la</strong>ngues.
64<br />
Le maire de St Jean de Luz avait beau se féliciter du succès de <strong>la</strong> cinquième édition du festival,<br />
le soleil et les vagues au rendez-vous ont limité <strong>la</strong> fréquentation au Jaï-A<strong>la</strong>ï.<br />
Faut comprendre le surfer : quand il fait 25 ° dehors avec 1m50<br />
parfait et qu’on a pas vu ça depuis des mois, c’est toujours<br />
difficile d’aller s’enfermer dans le noir à cinq heure de l’aprèsmidi.<br />
Pourtant, les absents, comme d’hab, ont eu tord, <strong>la</strong> qualité des<br />
films présentés cette année étant à <strong>la</strong> hauteur.<br />
Shaun Tomson était venu présenter en personne “Bustin down the<br />
door“, un documentaire d’une intensité rare. On ne présente plus<br />
Nat Young qui présidait le jury, Terry Fidzgerald himself, héro de<br />
débuts du surf pro dans les “early seventies“ figurait lui aussi parmi<br />
les invités. Mieux val<strong>la</strong>it arriver en forme et les yeux bien reposés :<br />
enchaîner quatre ou cinq films de surf dans <strong>la</strong> même soirée, c’est friser<br />
avec l’over dose. Petit bemol, comme trop souvent pour ce genre de<br />
film, pas de VF ni de sous titrage, toujours dommage, le surfeur a beau<br />
être un grand voyageur, le spectateur moyen, lui, ne comprends plus<br />
grand-chose quand on lui parle en ang<strong>la</strong>is et encore moins quand c’est<br />
un hawaiien ou un australien qui s’exprime… On est quand même<br />
content de s’être dép<strong>la</strong>cé pour voir “THREAD“ de Patrick Trefz qui a<br />
remporté le Prix du Meilleur Montage et le Prix du Meilleur Film 2008.<br />
On a particulièrement apprécié “NEW EMISSIONS OF LIGHT&SOUND“<br />
de George Manzanil<strong>la</strong> qui était présenté sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge. Toujours bon de<br />
découvrir des films de surf les pieds dans le sable !<br />
On remercie évidemment Bruno De<strong>la</strong>y et son équipe pour avoir<br />
mis en p<strong>la</strong>ce un tel événement. On se permettra d’attribuer le Prix<br />
spécial Surftime à Fred Compagnon, pour son excellent courtmétrage<br />
“Fombol“, qui a bluffé tout le monde par son réalisme.<br />
Tout le palmarès sur surf-film.com<br />
1<br />
3<br />
2<br />
Un bon film de surf les<br />
pieds dans le sable<br />
ça fait tout <strong>la</strong> différence,<br />
comme ici sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge<br />
de St Jean de Luz.<br />
Texte et photo : Stéphane Robin<br />
1. Jérôme Sayoune<br />
surfeur baroudeur<br />
marocain et membre du<br />
Jury.<br />
2. Nat Young, président<br />
du Jury.<br />
3. Le jury et les <strong>la</strong>uréats<br />
au grand complet<br />
lors de <strong>la</strong> cérémonie<br />
de clôture, avec <strong>la</strong><br />
présence remarquée de<br />
Shaun Tomson.