22 R E T O U R S U R E V E N T CHRONIQUE D’UN WQS 4 STARS À BRETIGNOLLES-SUR-MER Le championnat du monde de surf en Vendée c’est un peu <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète mars qui débarque en plein mois d’avril. Un avant-goût d’été, avec les embouteil<strong>la</strong>ges en moins. En Vendée, <strong>la</strong> culture surf fait son chemin au gré des marées, mais il y a encore un bout de route à faire. Cette année il y avait de superbes conditions, du soleil et pas mal d’action. De quoi donner de l’espoir pour le futur À Brétignolles, on voit les choses en grand comme si le surf al<strong>la</strong>it devenir véritable élément du développement local. À <strong>la</strong> mairie, on rêve de surf de nuit, on a même pensé installer des projecteurs sous <strong>la</strong> mer ! Pendant ce temps-là, les locaux se réjouissent, c’est pas tout les jours que les meilleurs surfeurs du monde viennent déchirer le spot. Voir des pros inventer de nouvelles trajectoires sur sa vague, ça <strong>la</strong>isse rêveur ! Surftime ne vou<strong>la</strong>it pas rater une si belle édition, on a mis le temps, mais finalement on est arrivé le samedi. C’était marée basse, de loin La Sauzaie ressemb<strong>la</strong>it un peu à un champ de mine. Des pics partout, mais rien de vraiment défini. Les pros attendaient que ça monte un peu pour enchaîner les séries du jour. Quelques gamins courraient entre le chapiteau et <strong>la</strong> buvette. Ça sentait <strong>la</strong> frite. Tamayo Perry était venu checker le spot emmitouflé dans sa veste. Un Hawaiien en Vendée ! Même lui n’en revenait pas. Le line up s’est mis en p<strong>la</strong>ce rapidement en début d’après midi, pour former un pic droite et gauche assez rapide. Difficile de bien se p<strong>la</strong>cer, les vagues explosent un peu au take-off, mais ensuite, les sections s’enchaînent rapidement. Dans l’inside, il y avait moyen d’envoyer gros au risque d’aller embrasser les moules, une tradition locale. Sandwich jambon-beurre barquette de frites, verre de rouge, on était bien installé, aux premières loges sur les remb<strong>la</strong>is. Dans le c<strong>la</strong>n français, ils se débrouil<strong>la</strong>ient pas trop mal. Eric Rebiere et Hugo Savalli font alors figure de favoris aux côtés de Luke Campbell. Et malgré l’élimination de Micky Picon, il reste encore cinq frenchies en course pour le quart de finale. Le soir tombé il a fallu qu’on se loge. Dans un bled qui ne compte que trois hôtels c’était pas gagné, mais au final, on a tiré le gros lot. Celui qu’on a trouvé c’était un peu une b<strong>la</strong>gue, table de bil<strong>la</strong>rd dans <strong>la</strong> véranda, bière tiède, et petit chien hargneux, « hulk », qui vomit devant le comptoir. Réseau internet crypté, on a eu le droit à une heure gratuite. On avait une p<strong>la</strong>que 83 -un hasard-, mais en France ça signifie beaucoup. L’unique type accoudé au comptoir nous a regardé rentrer en disant : « Moi le Sud-Est, j’y vais pour récupérer des 4L ». Okay Et effectivement, à 50 m plus loin dans <strong>la</strong> rue, il y avait une collection de 4L multicolores rouillées. Dans notre chambre <strong>la</strong> TV ressemb<strong>la</strong>it à un micro-onde, le chauffage ne marchait pas et les lits en avaient vu passer des plus lourd que nous. Cinquante-cinq euros <strong>la</strong> piaule en basse saison, à ce tarif-là il ne faut pas s’étonner que les gens préfèrent le Maroc… On s’endort devant un reportage sur <strong>la</strong> bande de Gaza pendant que les autres continuent de faire <strong>la</strong> fête et à s’avinasser à l’Aloha café. « Son fils est sous les bombes et il a peur de perdre un client » nous explique un habitué des lieux. On comprend mieux. Le dimanche s’annonçait rayonnant. D’entrée de jeu, on a fait connaissance avec le patron du Bar des flots. Chemise quadrillée en <strong>la</strong>ine po<strong>la</strong>ire grande ouverte, il nous apporte un thé vert et le catalogue de l’office du tourisme. On avale notre brioche vendéenne au soleil Front side snap d’école pour Jean Seb Estienne qui a bien géré les conditions difficiles des premiers tours. avant de retourner sur le site de <strong>la</strong> compétition. On se serait presque cru sur une étape du tour de France. G<strong>la</strong>cières, bobs, et appareils photos étaient de sortie. Dans une ambiance bonne enfant et presque survoltée, c’est Romain Laulhé qui s’impose, sans réelle stratégie, mais complètement en phase avec le spot. Il se permettra même d’envoyer quelques airs assez stylés en finale, pour le plus grand p<strong>la</strong>isir des spectateurs. « Je ne réalise pas encore que j’ai gagné cette compétition, » déc<strong>la</strong>re Laulhé. “Je suis très heureux de remporter une compétition aussi prestigieuse. Ça a été une super épreuve et d’en sortir vainqueur est vraiment une sensation exceptionnelle.” Il aurait mérité de remporter son poids en brioche, mais à notre époque, ça ne se fait plus… Allez, a tchô et a betou. SR. Romain Laulhé survolté lors de <strong>la</strong> finale de ce WQS qu’il remportera avec une assurance spectacu<strong>la</strong>ire.
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