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R E T O U R S U R E V E N T<br />
CHRONIQUE D’UN WQS 4 STARS<br />
À BRETIGNOLLES-SUR-MER<br />
Le championnat du monde de surf en Vendée c’est un<br />
peu <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète mars qui débarque en plein mois d’avril.<br />
Un avant-goût d’été, avec les embouteil<strong>la</strong>ges en moins.<br />
En Vendée, <strong>la</strong> culture surf fait son chemin au gré des<br />
marées, mais il y a encore un bout de route à faire. Cette<br />
année il y avait de superbes conditions, du soleil et pas<br />
mal d’action. De quoi donner de l’espoir pour le futur<br />
À Brétignolles, on voit les choses en grand comme si le<br />
surf al<strong>la</strong>it devenir véritable élément du développement<br />
local. À <strong>la</strong> mairie, on rêve de surf de nuit, on a même pensé<br />
installer des projecteurs sous <strong>la</strong> mer ! Pendant ce temps-là,<br />
les locaux se réjouissent, c’est pas tout les jours que les<br />
meilleurs surfeurs du monde viennent déchirer le spot. Voir<br />
des pros inventer de nouvelles trajectoires sur sa vague, ça<br />
<strong>la</strong>isse rêveur !<br />
Surftime ne vou<strong>la</strong>it pas rater une si belle édition, on a mis<br />
le temps, mais finalement on est arrivé le samedi. C’était<br />
marée basse, de loin La Sauzaie ressemb<strong>la</strong>it un peu à un<br />
champ de mine. Des pics partout, mais rien de vraiment<br />
défini. Les pros attendaient que ça monte un peu pour<br />
enchaîner les séries du jour. Quelques gamins courraient<br />
entre le chapiteau et <strong>la</strong> buvette. Ça sentait <strong>la</strong> frite. Tamayo<br />
Perry était venu checker le spot emmitouflé dans sa veste.<br />
Un Hawaiien en Vendée ! Même lui n’en revenait pas. Le line<br />
up s’est mis en p<strong>la</strong>ce rapidement en début d’après midi,<br />
pour former un pic droite et gauche assez rapide. Difficile de<br />
bien se p<strong>la</strong>cer, les vagues explosent un peu au take-off, mais<br />
ensuite, les sections s’enchaînent rapidement. Dans l’inside,<br />
il y avait moyen d’envoyer gros au risque d’aller embrasser<br />
les moules, une tradition locale. Sandwich jambon-beurre<br />
barquette de frites, verre de rouge, on était bien installé, aux<br />
premières loges sur les remb<strong>la</strong>is. Dans le c<strong>la</strong>n français, ils se<br />
débrouil<strong>la</strong>ient pas trop mal. Eric Rebiere et Hugo Savalli font<br />
alors figure de favoris aux côtés de Luke Campbell. Et malgré<br />
l’élimination de Micky Picon, il reste encore cinq frenchies en<br />
course pour le quart de finale.<br />
Le soir tombé il a fallu qu’on se loge. Dans un bled qui ne<br />
compte que trois hôtels c’était pas gagné, mais au final,<br />
on a tiré le gros lot. Celui qu’on a trouvé c’était un peu une<br />
b<strong>la</strong>gue, table de bil<strong>la</strong>rd dans <strong>la</strong> véranda, bière tiède, et petit<br />
chien hargneux, « hulk », qui vomit devant le comptoir.<br />
Réseau internet crypté, on a eu le droit à une heure gratuite.<br />
On avait une p<strong>la</strong>que 83 -un hasard-, mais en France ça<br />
signifie beaucoup. L’unique type accoudé au comptoir nous<br />
a regardé rentrer en disant : « Moi le Sud-Est, j’y vais pour<br />
récupérer des 4L ». Okay<br />
Et effectivement, à 50 m plus loin dans <strong>la</strong> rue, il y avait une<br />
collection de 4L multicolores rouillées. Dans notre chambre<br />
<strong>la</strong> TV ressemb<strong>la</strong>it à un micro-onde, le chauffage ne marchait<br />
pas et les lits en avaient vu passer des plus lourd que nous.<br />
Cinquante-cinq euros <strong>la</strong> piaule en basse saison, à ce tarif-là<br />
il ne faut pas s’étonner que les gens préfèrent le Maroc…<br />
On s’endort devant un reportage sur <strong>la</strong> bande de Gaza<br />
pendant que les autres continuent de faire <strong>la</strong> fête et à<br />
s’avinasser à l’Aloha café. « Son fils est sous les bombes et<br />
il a peur de perdre un client » nous explique un habitué des<br />
lieux. On comprend mieux.<br />
Le dimanche s’annonçait rayonnant. D’entrée de jeu, on a<br />
fait connaissance avec le patron du Bar des flots. Chemise<br />
quadrillée en <strong>la</strong>ine po<strong>la</strong>ire grande ouverte,<br />
il nous apporte un thé vert et le catalogue de l’office du<br />
tourisme. On avale notre brioche vendéenne au soleil<br />
Front side snap d’école pour<br />
Jean Seb Estienne qui a bien<br />
géré les conditions difficiles<br />
des premiers tours.<br />
avant de retourner sur le site de <strong>la</strong> compétition. On se<br />
serait presque cru sur une étape du tour de France.<br />
G<strong>la</strong>cières, bobs, et appareils photos étaient de sortie. Dans<br />
une ambiance bonne enfant et presque survoltée, c’est<br />
Romain Laulhé qui s’impose, sans réelle stratégie, mais<br />
complètement en phase avec le spot. Il se permettra même<br />
d’envoyer quelques airs assez stylés en finale, pour le plus<br />
grand p<strong>la</strong>isir des spectateurs. « Je ne réalise pas encore que<br />
j’ai gagné cette compétition, »<br />
déc<strong>la</strong>re Laulhé. “Je suis très heureux de remporter une<br />
compétition aussi prestigieuse. Ça a été une super épreuve<br />
et d’en sortir vainqueur est vraiment une sensation<br />
exceptionnelle.” Il aurait mérité de remporter son poids en<br />
brioche, mais à notre époque, ça ne se fait plus… Allez, a<br />
tchô et a betou.<br />
SR.<br />
Romain Laulhé survolté lors de <strong>la</strong><br />
finale de ce WQS qu’il remportera<br />
avec une assurance spectacu<strong>la</strong>ire.