Deux semaines sur deux roues en Slovénie

Seulement 20.000 km2 et 2 millions d’habitants,
mais le plus jeune des pays de la Zone
euro est très varié : un pays de l’ex-Yougoslavie
avec des infl uences austro-hongroises et
italiennes, un parc national alpin, 42 km de
côte adriatique, le karst…
Une fois ma région de destination choisie, Deutsche Bahn
m’a trouvé facilement des horaires train+vélo tout-à-fait
convenables avec 2 changements au départ de Genève.
Donc départ par l’Autriche (Villach) et retour par l’Italie
(Trieste). Du coup, par chance, j’ai passé le col Vršic et
ses fameux 50 lacets numérotés dans le sens dit facile, de
Krajnska Gora vers Bovec.
Trains et « autotrain »
Au guichet, les agents des Slovenske Zeleznice (SZ, chemins
de fer slovènes), tout comme leurs homologues italiens,
se connectent spontanément sur Deutsche Bahn
(http://bahn.de) pour nous renseigner effi cacement sur
les horaires.
Tous les trains régionaux et quelques trains inter-cité acceptent
les vélos, moyennant supplément : billet vélo à
2,69 € valable toute la journée. Les horaires affi chés en
gare précisent si tel ou tel train a juste quelques places
vélo, ou un fourgon. Au fait, fourgon, ça s’écrit prtljaznem
vagonu ; avec un peu d’entraînement ça doit pouvoir
se dire.
La ligne Jesenice - Sezana est une voie ferrée à voie unique
qu’on pourrait comparer à Grenoble - Veynes. Particularité
: entre 2 vallées, un tunnel ferroviaire shunte le
trajet de la route sinueuse qui, elle, doit franchir 2 cols. Les
SZ font circuler sur cette ligne, à raison de 4 aller-retour
quotidiens, un train qui peut porter une trentaine de voi-
Etranger
Deux semaines sur deux roues en Slovénie
Un fourgon à vélo dans un train régional
Chargement de l’autotrain
à Bohijnska Bistrica
Piste cyclable prioritaire sur les routes
secondaires, entre Bled et Kranj
tures et autant de vélos, sans compter que les automobilistes
peuvent aussi avoir des vélos sur le toit !
Cet autotrain connaît un franc succès.
Inversement sur certaines autres lignes, les détours entre
reliefs et les correspondances peuvent rendre le trajet en
train dissuasif : on peut faire plus vite à vélo.
Routes et signalisation
Fort heureusement si vous ne connaissez rien de la langue
de Preseren, les panneaux intègrent assez bien la directive
européenne qui recommande de mettre des pictos plutôt
que du texte. Mais quelques rudiments de slovène pourront
vous aider à trouver les « kolesarska pot », itinéraires
cyclables pouvant inclure piste cyclable revêtue ou non
(respectivement s asfalt / brez asfalt), petite route, chemin
agricole ou route forestière…
Vélocité n° 98 • décembre 2008 21

Etranger E
Ne comptez pas trouver beaucoup de kolesarka
pot qui respectent la recommandation de limiter
la pente à 3% le long des véloroutes & voies vertes.
Par contre, vous pourrez essayer de dénicher
la route qui affi che le plus fort pourcentage ; il y en
a qui dépassent 20%.
Dans quelques principales vallées, il y a des voies
rapides 2x2 voies à péage, avec une vignette
comme en Suisse : 55€/an pour l’ensemble du territoire.
Du coup, le trafi c reste modéré sur les routes
parallèles.
Quand vous arrivez sur un tronçon de route nationale
interdit aux vélos, c’est que vous avez dû
rater une kolesarska pot. Mais où ? Globalement,
le jalonnement est économe, voire minimaliste.
Les gens du coin vous renseigneront volontiers : ils
parlent souvent anglais, et selon les régions italien,
allemand, ou hongrois. Vous serez facilement compris
aussi en serbo-croate.
J’ai vu à Ljubljana des bandes cyclables à contresens,
sans panonceau sous le sens interdit. J’ai extrapolé
en supposant que quelques sens interdits
voisins sur mon chemin étaient peut-être des double
sens cyclables sans marquage au sol. Les automobilistes
n’ont pas eu l’air fâchés, mais je n’ai pas
croisé de policier susceptible de confi rmer mon
interprétation.
Entrée de Zone 30 minimaliste à
Skofja Loka
Une bande en contresens
Zone de rencontre résidentielle à Kobarid
Zone de rencontre animée à Ljubljana
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Zones de rencontre,
Zones 30, autres rues
Les Zones de rencontre viennent de
voir le jour cet été dans le Code de
la route français, mais sont déjà relativement
répandues dans les villes
slovènes. La vitesse maximale peut y
être aussi basse que 5 km/h. Les enfants
peuvent jouer dans la rue pendant
que les adultes vaquent à leurs
occupations.
Naturellement, les Slovènes ont aussi
des rues piétonnes, et des « Cona 30 »
(prononcer tsona), beaucoup de zones
avec très peu d’aménagements.
En-dehors des zones de rencontre et
des Cona 30, les voies cyclables sont
souvent sur trottoir (avec dans ce cas
des couloirs bien différenciés), pas toujours
bien larges, et souvent obligatoires.
Une consolation : dans les carrefours
à feux, le vert vélo ne repasse pas
au rouge aussi tôt que le vert piéton,
puisque le vélo traverse plus vite. Mais
bon, fi nalement, l’entrée à vélo dans
la capitale était facile. Infi niment plus
facile que l’entrée dans Trieste la semaine
suivante.
Un lot d’arceaux à vélos à Ljubljana
Stationnement vélo
Dans les petites villes et les villages,
les vélos stationnent en général sans
antivol, sur de simples « pince-roues »
plus ou moins rustiques. Dans la capitale
Ljubljana (270.000 habitants), les
cyclistes atttachent leur vélo aux ar-
ceaux ou le posent contre
un mur. Le risque de vol est
moins élevé qu’en France,
peu de cylistes slovènes investissent
dans un bon antivol
: quasiment pas de U,
surtout des câbles légers.
Une partie des arceaux, apparemment
les plus récents,
sont constitués de rangées
de U inversés soudés sur
deux grands tubes. Seuls
ces tubes horizontaux sont
ancrés au sol à chaque
bout. Cela permet d’attacher
les vélos de façon sûre
tout en économisant le nombre de
points d’ancrage au sol : pratique et
moins cher que des U « individuels ».
Funiculaire de Ljubljana
Tout neuf, il dessert le château fortifi é
qui domine la ville. Détail amusant :
1,8 € l’aller simple montée, 1,5 € l’aller
simple descente. Pourtant… les vélos
ne sont pas admis à l’intérieur.
La place des
usagers vulnérables
Je ne connais pas la part du vélo
dans les déplacements en Slovénie,
mais le cyclotourisme (VTT ou route)
y est populaire, et « à vue », pour les
déplacements quotidiens, Ljubljana
doit se situer au-dessus de 10%.
En 2 semaines de voyage à vélo, ou
plutôt, une semaine si on laisse de
côté les routes de montagne, il ne
m’est arrivé que 2 fois qu’un automobiliste
me force le passage pour
tourner alors que j’allais tout droit
sur une voie cyclable longeant la
chaussée principale. Et encore : un
des 2 était une voiture étrangère !
Les piétons qui s’engagent sur un
passage zébré sont généralement
bien respectés, et le trafi c dans les
Cona 30 m’a paru tranquille. Pourtant,
je n’ai pas eu l’impression de
voir beaucoup de policiers à l’affût
: serait-ce simplement du savoir-vivre
plus que la peur du gendarme ? Ou
l’effet « masse critique » ? Ou l’ « effet
vacances » ?
Toujours est-il que j’ai moins ressenti
la pression du trafi c automobile en
Slovénie. Pourtant, le taux de mo-
Etranger
La piste cyclable est prioritaire sur les voitures
qui tournent. En théorie et en pratique
torisation est dans la moyenne européenne
: 474 voitures pour 1000 habitants
en Slovénie, 496 en France,
malgré un niveau de salaires plus bas
en Slovénie. Le bilan des accidents de
la circulation était un peu moins bon
qu’en France. En 2006, on comptait,
tous modes confondus, 131 tués par
million d’habitants (et 4% des ours) en
Slovénie, contre 75 tués/Mhab. France
(mais 20% des ours en 2007). peut-être
est-ce lié au fait que seulement la
moitié de la population slovène est urbaine
? A creuser… lors d’un prochain
voyage d’études peut-être !
MONIQUE GIROUD
Photos : Monique Giroud
Devinette :
de quoi s’agit-il ?
Réponse :
un distributeur automatique
de chambres à air
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