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Arthur Honegger - durand-salabert-eschig

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Horace<br />

Victorieux<br />

(1920 - 21)<br />

<strong>Honegger</strong> a trouvé son style propre très tôt, après<br />

étonnamment peu de tâtonnements et d’essais<br />

de jeunesse : il est déjà tout entier dans sa première partition<br />

pour grand orchestre, Le Chant de Nigamon de 1917. Puis,<br />

trois ans plus tard, il nous donne une de ses partitions les<br />

plus fortes et les plus audacieuses avec Horace Victorieux,<br />

que par la suite il devait considérer, de pair avec Antigone,<br />

comme sa meilleure réussite, ce qui prouve également la<br />

lucidité de son jugement.<br />

Composé rapidement entre décembre 1920 et février 1921,<br />

Horace Victorieux ne fut pourtant orchestré qu’en août<br />

1921, car dans l’intervalle <strong>Honegger</strong> avait dû répondre<br />

à la commande urgente du Roi David. On ne saurait<br />

imaginer deux œuvres plus contrastantes, et d’ailleurs<br />

Horace n’obtint jamais le succès populaire du Roi David,<br />

ce que le compositeur comprenait du reste fort bien. Même<br />

aujourd’hui, l’ouvrage conserve une singulière verdeur, et<br />

l’âpreté ne s’en est nullement émoussée.<br />

Il s’agissait au départ d’un projet de ballet-pantomime, sur<br />

un scénario et avec les décors et costumes de Guy Fauconnet,<br />

mais la mort soudaine et prématurée de ce dernier amena<br />

<strong>Honegger</strong> à retravailler sa partition pour le concert sous la<br />

forme connue aujourd’hui, celle d’une Symphonie mimée en<br />

huit épisodes enchaînés pour grand orchestre, d’une durée<br />

d’environ dix-huit minutes. Ernest Ansermet en dirigea la<br />

création à Lausanne quelques semaines seulement après<br />

son achèvement, le 31 octobre 1921, mais il fallut attendre<br />

décembre 1927 pour en voir enfin une réalisation scénique,<br />

à Essen, en Allemagne.<br />

Aucune œuvre honeggerienne ne saurait souligner plus<br />

clairement l’immense distance qui le sépare de ses<br />

compagnons du Groupe des Six. Aussi éloigné de leur<br />

« culte de la foire et du music-hall » que des raffinements<br />

impressionnistes, <strong>Honegger</strong> nous donne ici la plus<br />

véhémente et la plus expressionniste de toutes les partitions<br />

écrites en France jusque là, et même après. On y remarque<br />

sa prédilection pour une rythmique pointée et tranchante,<br />

pour les paquets d’agrégats dissonants aux trompettes et<br />

trombones (souvent munis de sourdines pour en accentuer<br />

le mordant), pour des tessitures de violons hypertendues<br />

dans l’aigu, pour un contrepoint chromatique broussailleux<br />

aux dures tensions harmoniques, au sein duquel seules de<br />

rudes quartes et quintes font de loin en loin référence à une<br />

tonalité par ailleurs le plus souvent absente.<br />

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