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Mécano-sensibilité cellulaire : adaptation physique à la rigidité

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Bio<strong>physique</strong><br />

lopper dans un tissu différent de celui dont elles sont originaires<br />

(effet anti-métastase).<br />

Cette hypothèse a finalement pu être vérifiée in vitro en<br />

cultivant des cellules souches sur des substrats synthétiques<br />

mimant les é<strong>la</strong>sticités typiques des tissus, des plus<br />

mous (cerveau, module d’Young E d’environ 1 kPa) au<br />

plus durs (col<strong>la</strong>gène osseux, E 100 kPa). <strong>à</strong> conditions<br />

chimiques identiques, on observe que les supports mous<br />

induisent une orientation des cellules souches vers un type<br />

<strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> neuronal, alors que les substrats les plus durs<br />

conduisent au développement d’ostéob<strong>la</strong>stes, c’est-<strong>à</strong>-dire<br />

des cellules de type osseux. De plus, les mêmes auteurs<br />

ont pu montrer que <strong>la</strong> formation des myofibrilles (fi<strong>la</strong>ments<br />

contractiles élémentaires qui s’assemblent pour former<br />

les fibres muscu<strong>la</strong>ires) était optimale lorsque des<br />

cellules pré-muscu<strong>la</strong>ires étaient cultivées sur des substrats<br />

mimant <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong> des muscles sains (E 10 kPa).<br />

Activité contractile<br />

et <strong>adaptation</strong> d’impédance<br />

En principe, pour déterminer <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong> d’un matériau,<br />

il faut lui appliquer une contrainte donnée et mesurer<br />

<strong>la</strong> déformation qui en résulte. Or, il a été très tôt<br />

observé que les cellules vivantes appliquaient effectivement<br />

des forces sur leurs substrats. Ces forces de traction<br />

sont générées par des complexes contractiles d’actine et<br />

de myosine semb<strong>la</strong>bles, dans leur fonctionnement, aux<br />

fibres muscu<strong>la</strong>ires. Les forces générées par ces structures<br />

intra<strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong>s sont transmises <strong>à</strong> l’environnement au travers<br />

de complexes protéiques d’adhésion qui constituent<br />

le véritable lien mécanique entre milieux intra et extra-<strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong>s.<br />

Il est donc apparu naturel que certaines protéines<br />

de ces complexes puissent se comporter comme des capteurs<br />

de force dont <strong>la</strong> déformation permettrait de déclencher<br />

des cascades de réactions chimiques, appelées voies<br />

biochimiques de signalisation (encadré 1).<br />

La réponse <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong> telle que décrite précédemment<br />

pose cependant un certain nombre de questions. Par<br />

exemple, <strong>la</strong> réponse déclenchée par <strong>la</strong> déformation des<br />

contacts adhésifs est par définition locale et nécessite<br />

donc d’être coordonnée <strong>à</strong> l’échelle globale de <strong>la</strong> cellule<br />

pour permettre des processus organisés comme <strong>la</strong> migration<br />

orientée. Or, il n’existe aucun modèle pour ce<strong>la</strong>. Par<br />

ailleurs, si <strong>la</strong> déformation de certaines molécules de signalisation<br />

est contrôlée par le niveau de force qui leur est<br />

appliqué, quelle re<strong>la</strong>tion existe-t-il entre <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong> de l’environnement<br />

et <strong>la</strong> force de traction <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> ? Pour<br />

répondre <strong>à</strong> ces interrogations, nous avons mis au point un<br />

dispositif nous permettant de mesurer <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> force<br />

générée par une cellule vivante isolée ainsi que sa vitesse<br />

de contraction. En d’autres termes, nous nous sommes<br />

intéressés aux propriétés de <strong>la</strong> machinerie <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> responsable<br />

de <strong>la</strong> génération de force et nous avons caractérisé<br />

sa réponse propre <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong>.<br />

Figure 1 – (a) Images d’une cellule vivante défléchissant une micro-<strong>la</strong>melle<br />

de verre de raideur calibrée k et principe de mesure de <strong>la</strong> force de traction<br />

<strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> : F = kd, où d est <strong>la</strong> déflexion de <strong>la</strong> <strong>la</strong>melle. (b) Variation temporelle<br />

de <strong>la</strong> force de traction <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> pour deux <strong>la</strong>melles de raideurs différentes.<br />

Plus <strong>la</strong> <strong>la</strong>melle-ressort est raide, plus <strong>la</strong> force croît rapidement. Adapté de<br />

Mitrossilis et al PNAS 2009 et al. PNAS 2010.<br />

Le dispositif utilisé est très simple dans son principe.<br />

Une cellule est capturée entre deux micro-<strong>la</strong>melles de<br />

verre, l’une rigide, l’autre souple et de raideur calibrée k<br />

(figure 1). La <strong>la</strong>melle souple est donc utilisée comme un<br />

simple ressort dont <strong>la</strong> déflexion d donne <strong>la</strong> force de traction<br />

<strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> F = kd. Le système est monté sur un microscope<br />

optique et <strong>la</strong> déflexion de <strong>la</strong> <strong>la</strong>melle souple est détectée<br />

et enregistrée en temps réel. Les déflexions typiques sont<br />

de l’ordre de quelques micromètres, les raideurs de 1 <strong>à</strong><br />

quelques centaines de nN/μm et les forces <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong>s dans<br />

<strong>la</strong> gamme 1-300 nN. Les <strong>la</strong>melles de verre sont recouvertes<br />

de fibronectine, molécule de <strong>la</strong> matrice extra<strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong>. Du<br />

point de vue chimique, les contacts cellule-<strong>la</strong>melles ressemblent<br />

<strong>à</strong> des interfaces cellule-matrice extra<strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong>.<br />

Dans ces conditions, on observe que <strong>la</strong> cellule une fois<br />

mise en contact avec les <strong>la</strong>melles s’étale (augmentation du<br />

diamètre apparent) et applique une force de traction qui<br />

rapproche l’extrémité de <strong>la</strong> <strong>la</strong>melle souple de <strong>la</strong> <strong>la</strong>melle<br />

rigide (diminution de <strong>la</strong> hauteur <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> entre <strong>la</strong>melles).<br />

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