30.12.2013 Views

Mécano-sensibilité cellulaire : adaptation physique à la rigidité

Mécano-sensibilité cellulaire : adaptation physique à la rigidité

Mécano-sensibilité cellulaire : adaptation physique à la rigidité

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Mécano</strong>-<strong>sensibilité</strong> <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> : <strong>adaptation</strong> <strong>physique</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong><br />

0,02<br />

0,5<br />

1,2<br />

0,1<br />

Vitesse de contraction (µm/s)<br />

0,015<br />

0,01<br />

0,005<br />

0,4<br />

0,3<br />

0,2<br />

0,1<br />

Puissance mécanique (f W)<br />

V/V max<br />

1<br />

0,8<br />

0,6<br />

0,4<br />

0,2<br />

0,08<br />

0,06<br />

0,04<br />

0,02<br />

P/F max V max<br />

0<br />

0<br />

0<br />

50 100 150 200<br />

0<br />

0<br />

Charge (nN)<br />

Figure 2 – Re<strong>la</strong>tions force-vitesse (carrés b<strong>la</strong>ncs) et charge-puissance (disques<br />

noirs) d’une cellule isolée. Les valeurs sont calculées <strong>à</strong> partir des courbes de<br />

force pour une déflexion arbitraire de 1 μm. Les charges reportées en abscisse<br />

correspondent <strong>à</strong> des raideurs de <strong>la</strong>melles variant de 2,5 <strong>à</strong> 176 nN/μm (figure<br />

reprise de Mitrossilis et al. PNAS 2009).<br />

Dans une première étude, nous avons utilisé des<br />

<strong>la</strong>melles souples de différentes raideurs et observé comment<br />

<strong>la</strong> valeur de k influençait <strong>la</strong> force de traction <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong>.<br />

On observe essentiellement que <strong>la</strong> force croît plus<br />

rapidement lorsque <strong>la</strong> raideur est plus importante<br />

(figure 1b). En conséquence, après un temps donné, <strong>la</strong> cellule<br />

applique une force d’autant plus importante que le<br />

substrat est rigide. Pour comprendre l’origine <strong>physique</strong><br />

possible de ce phénomène, il faut se rappeler que <strong>la</strong> dérivée<br />

temporelle de <strong>la</strong> force est directement proportionnelle<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> vitesse de contraction <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong>. En effet, <strong>la</strong> force est<br />

donnée par <strong>la</strong> tension de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me ressort F = kd, d’où<br />

dF<br />

= kV où V est <strong>la</strong> vitesse <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> <strong>la</strong>melle est<br />

dt<br />

défléchie et, également, <strong>la</strong> vitesse de contraction de <strong>la</strong> cellule<br />

perpendicu<strong>la</strong>irement aux <strong>la</strong>melles. La puissance<br />

mécanique développée par <strong>la</strong> cellule pour défléchir <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>melle-ressort est donc simplement P= FV =<br />

F dF<br />

, et<br />

k dt<br />

peut être obtenue <strong>à</strong> partir de <strong>la</strong> force F(t) ainsi que de sa<br />

dérivée. Si l’on considère, pour différentes raideurs testées,<br />

<strong>la</strong> puissance mécanique développée <strong>à</strong> une déflexion<br />

d 0 donnée (c’est-<strong>à</strong>-dire pour un raccourcissement <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong><br />

identique), on obtient P= 0 . Ainsi, <strong>à</strong> d 0 fixée, on<br />

peut exprimer l’augmentation de dF avec k en re<strong>la</strong>tion<br />

dt<br />

force-vitesse V =<br />

1 dF<br />

( F=<br />

kd<br />

k dt 0), ou encore en re<strong>la</strong>tion<br />

charge-puissance P= d dF ( F=<br />

kd )(figure 2).<br />

d dF<br />

dt<br />

0 dt 0<br />

L’augmentation de dF<br />

dt<br />

avec <strong>la</strong> raideur k est donc liée <strong>à</strong><br />

une augmentation de <strong>la</strong> puissance mécanique avec <strong>la</strong><br />

charge. L’<strong>adaptation</strong> <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong> pourrait ainsi<br />

s’expliquer par <strong>la</strong> réponse <strong>à</strong> <strong>la</strong> charge des éléments<br />

contractiles d’actine et de myosine. Ces éléments agissent<br />

comme des générateurs de force et l’<strong>adaptation</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong><br />

serait un phénomène d’<strong>adaptation</strong> d’impédance<br />

mécanique (définie comme le rapport charge sur vitesse).<br />

Sur substrats mous, les générateurs de force sont<br />

–0,2<br />

–0,2<br />

faiblement chargés, <strong>la</strong> vitesse de contraction est élevée et<br />

l’énergie consommée pour produire <strong>la</strong> contraction est<br />

perdue en friction interne dans les fibres. <strong>à</strong> mesure que<br />

l’on augmente <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong> du substrat, <strong>la</strong> vitesse de contraction<br />

diminue et, avec elle, <strong>la</strong> dissipation interne. L’appareil<br />

contractile devient plus efficace avec <strong>la</strong> charge. Ce phénomène<br />

a d’ailleurs été décrit très tôt dans le cas des muscles<br />

et porte le nom d’effet Fenn.<br />

Nous avons alors cherché <strong>à</strong> voir si les re<strong>la</strong>tions forcevitesse<br />

et charge-puissance des cellules isolées pouvaient<br />

se comparer aux re<strong>la</strong>tions obtenues pour les muscles. Or,<br />

un des résultats les plus frappants dans le cas des muscles<br />

est qu’il est possible de rassembler les données obtenues<br />

pour différents types muscu<strong>la</strong>ires sur une courbe maîtresse.<br />

En normalisant les vitesses par <strong>la</strong> vitesse maximale<br />

V max de contraction sous charge nulle, et les forces par <strong>la</strong><br />

force d’arrêt F max , c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>la</strong> charge <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> vitesse<br />

de contraction s’annule (V = 0), on aboutit <strong>à</strong> l’équation<br />

universelle adimensionnée de Hill : (f + r)(v + r) = (1 + r)r,<br />

F<br />

F max<br />

0<br />

0,2<br />

0,4<br />

F/F max<br />

0,6<br />

– 0,2<br />

1,2<br />

Figure 3 – Lorsque les données de <strong>la</strong> figure 2 sont représentées en variables<br />

adimensionnées, les re<strong>la</strong>tions force-vitesse (carrés b<strong>la</strong>ncs) et chargepuissance<br />

(disques noirs) obtenues pour une cellule isolée correspondent<br />

bien <strong>à</strong> celles des muscles (courbes bleue et rouge). <strong>à</strong> charge nulle, <strong>la</strong> vitesse<br />

de contraction est maximale et toute l’énergie produite par <strong>la</strong> cellule est<br />

dissipée en friction interne. <strong>à</strong> charge maximale, l’énergie est employée <strong>à</strong><br />

bander <strong>la</strong> structure <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong> sans pour autant pouvoir déformer le substrat<br />

(tétanisation). Dans ces deux cas limites, <strong>la</strong> puissance mécanique utile est<br />

nulle (figure reprise de Mitrossilis et al. PNAS 2009).<br />

avec f = , v =<br />

V<br />

, où r est une constante de l’ordre de<br />

V max<br />

1/4 pour tous les muscles. Nous avons alors mesuré F max<br />

et V max pour nos cellules isolées lors d’expériences spécifiques<br />

effectuées respectivement <strong>à</strong> déformation et charge<br />

nulle. Les re<strong>la</strong>tions force-vitesse et charge-puissance adimensionnées<br />

obtenues pour les cellules uniques se sont<br />

révélées en parfait accord avec l’équation de Hill adimensionnée<br />

(figure 3).<br />

<strong>à</strong> ce stade, il est apparu possible que <strong>la</strong> réponse <strong>cellu<strong>la</strong>ire</strong><br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>rigidité</strong> puisse être le reflet de l’<strong>adaptation</strong> des<br />

0,8<br />

1<br />

75

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!