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La confrontation entre la justice légale, la loi divine et la loi humaine :

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prix en vie <strong>humaine</strong>. En reprenant aussi les idées de Myriel, selon lequel l’homme ne devrait pas s’attribuer le<br />

droit de toucher à l’inconnu de <strong>la</strong> vie <strong>humaine</strong>, on voit s’opposer ces deux citations.<br />

Il y a premièrement le droit de tuer un individu pour le bien de communauté, que défend le conventionnel en<br />

disant qu’il ne se croit pas le droit de tuer un homme mais qu’il se doit d’exterminer le mal, c’est-à-dire qu’au<br />

nom d’une cause supérieure <strong>et</strong> infiniment conséquente que l’individu, alors le droit de tuer ne se discute pas, il<br />

lui semble légitime. Vient ensuite le respect infini qu’il faut accorder à <strong>la</strong> vie <strong>humaine</strong>, que soutient Myriel à<br />

travers ses propos selon lesquels les hommes se perm<strong>et</strong>tent des actes d’une portée inconsidérée en s’attribuant un<br />

droit sur <strong>la</strong> vie d’autrui que personne ne devrait s’arroger.<br />

Ce qui finalement revient à se poser <strong>la</strong> question, à quelle <strong>loi</strong> faut-il obéir ? Le conventionnel y répond en disant,<br />

« L’homme ne doit être gouverné que par <strong>la</strong> science. » [Tome I, p. 81] C’est-à-dire que, selon lui, on ne peut se<br />

fier ni à <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du Ciel, qui est immuable quand le monde ne l’est pas, ni à <strong>la</strong> <strong>justice</strong> <strong>légale</strong>, qui n’est qu’un<br />

ensemble d’avantages que s’accordent les plus puissants de l’espèce, tel que justement celui de décider de <strong>la</strong> vie<br />

ou de <strong>la</strong> mort de son semb<strong>la</strong>ble, mais uniquement à <strong>la</strong> science qui est ce qu’il appelle « l’autorité prise dans le<br />

vrai » [Tome I, p.81]. Par autorité prise dans le vrai, il entend que <strong>la</strong> science se base sur le monde, sur le<br />

changement <strong>et</strong> qu’on ne devrait se référer qu’à elle puisqu’elle représente <strong>la</strong> vérité.<br />

Quant à Myriel, ses propos répondent d’eux-mêmes. Selon lui, pourtant représentant de <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>divine</strong>, rien ne<br />

passe avant <strong>la</strong> vie <strong>humaine</strong> ; personne, pas même <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>divine</strong>, n’a le droit de prendre <strong>la</strong> vie d’autrui, même en<br />

cas de péché. D’ailleurs, il dit bien que « être saint c’est l’exception, être juste c’est <strong>la</strong> règle. Errez, défaillez,<br />

péchez, mais soyez des justes » [Tome I, p.49] ainsi que, « Le moins de péchés possible, c’est <strong>la</strong> <strong>loi</strong> de l’homme.<br />

Pas de péché du tout, c’est le rêve de l’ange. » [Tome 1, p.49], montrant ainsi <strong>la</strong> primauté de <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>humaine</strong> sur<br />

<strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>divine</strong>, puisque <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>divine</strong> interdit le péché qui est humain. <strong>La</strong> <strong>loi</strong> <strong>divine</strong> est souvent inapplicable à<br />

l’homme <strong>et</strong> son imperfection alors que <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>humaine</strong> s’y adapte.<br />

A travers les voix de ces deux personnages, Victor Hugo semble trouver un compromis dans l’importance de <strong>la</strong><br />

vie <strong>humaine</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> priorité de c<strong>et</strong>te dernière sur <strong>la</strong> <strong>loi</strong> tant <strong>divine</strong> que <strong>légale</strong>. Il n’arrive cependant pas à trancher<br />

<strong>entre</strong> <strong>la</strong> cause <strong>et</strong> <strong>la</strong> vie <strong>humaine</strong>, étant probablement incapable de faire un choix <strong>entre</strong> ces deux principes de<br />

grande importance. En eff<strong>et</strong>, tous deux porteurs de ses idées, Myriel se déc<strong>la</strong>re en faveur de <strong>la</strong> vie <strong>humaine</strong> <strong>et</strong> le<br />

Conventionnel défenseur du bien collectif avant l’individu, mais aucun ne modifie les idées de l’autre. Ils restent<br />

ancrés dans leur position initiale, du moins à ce propos.<br />

Par ce fait, Hugo se déc<strong>la</strong>re révolutionnaire mais respectueux de <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>humaine</strong> lorsque <strong>la</strong> <strong>justice</strong> <strong>légale</strong> ou <strong>divine</strong><br />

<strong>la</strong> viole. C’est <strong>la</strong> rencontre <strong>entre</strong> ses convictions religieuses, ses convictions politiques <strong>et</strong> ses convictions propres,<br />

leurs limites <strong>et</strong> leurs points communs.<br />

On décèle chez Hugo une certaine tendance à faire primer <strong>la</strong> vie <strong>humaine</strong> sur <strong>la</strong> <strong>justice</strong> <strong>légale</strong>, notamment dans<br />

son exergue, où il dit que son œuvre pourrait ne pas être inutile « tant qu’il existera […] une damnation sociale<br />

[…] compliquant d’une fatalité <strong>humaine</strong> <strong>la</strong> destinée qui est <strong>divine</strong>. »<br />

Il essaie ainsi de faire comprendre au lecteur, qu’au-delà des règles qu’on lui impose, celles de <strong>la</strong> société, <strong>et</strong><br />

celles de l’Eglise dans les cas où ces dernières renient <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>humaine</strong>, il existe des <strong>loi</strong>s qui sont ancrés en eux.<br />

Elles sont présentes en tout homme, ce sont les <strong>loi</strong>s <strong>humaine</strong>s, celles qui font qu’on se bat pour <strong>la</strong> vie, pour une<br />

cause ! Quand on ne sait pas à quelle <strong>loi</strong> se plier, quand nos devoirs se contredisent, c’est à elle qu’il faut se<br />

plier, <strong>la</strong> <strong>justice</strong> <strong>humaine</strong>. <strong>La</strong> religion guide les hommes plus que les <strong>loi</strong>s qui les limitent. Mais quand le guide<br />

contredit l’instinct naturel <strong>et</strong> non-égoïste, alors c’est à ce dernier qu’il faut se plier.<br />

« Le progrès doit croire en Dieu, le bien ne peut pas avoir de serviteur impie. C’est un mauvais conducteur du<br />

genre humain que celui qui est athée. » [Tome 1, p.86]<br />

Lei<strong>la</strong> Zimmermann

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