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L'influence de la condition de vie sur les enfants du livre : « Les ...

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L’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>condition</strong> <strong>de</strong> <strong>vie</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong><br />

<strong>enfants</strong> <strong>du</strong> <strong>livre</strong> : <strong>«</strong> <strong>Les</strong> Misérab<strong>les</strong> »<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Le but <strong>de</strong> ce travail est <strong>de</strong> s’intéresser à l’influence <strong>du</strong> milieu <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s <strong>enfants</strong> présents<br />

dans <strong>Les</strong> Misérab<strong>les</strong>, <strong>livre</strong> écrit par Victor Hugo. Pour ce<strong>la</strong>, il s’agira d’observer <strong>la</strong> façon dont sont<br />

décrits l’apparence physique et l’état psychologique <strong>de</strong> ces <strong>enfants</strong>, et ceci en fonction <strong>de</strong> leur<br />

<strong>condition</strong> <strong>de</strong> <strong>vie</strong>, ou, en d’autres termes, <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont ils sont traités par leurs parents ou<br />

personne(s) responsable(s).<br />

Le travail s’articulera en trois parties ; <strong>la</strong> première consistera à étudier l’évolution <strong>de</strong> Cosette, <strong>de</strong> son<br />

enfance avec Fantine jusqu’à son ado<strong>les</strong>cence avec Jean Valjean (M. Leb<strong>la</strong>nc ou M. Fauchelevent),<br />

sans omettre son passage chez <strong>les</strong> Thénardier. En second lieu, <strong>la</strong> jeunesse <strong>de</strong>s sœurs Thénardier,<br />

Eponine et Azelma, sera étudiée lorsqu’el<strong>les</strong> vivent encore avec leurs parents, avec ou sans Cosette.<br />

Pour finir, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux premières parties seront synthétisées afin d’essayer <strong>de</strong> comprendre dans quel but<br />

Hugo a-t-il décidé <strong>de</strong> décrire ces différents <strong>enfants</strong> en fonction <strong>de</strong> leur <strong>condition</strong> <strong>de</strong> <strong>vie</strong>.<br />

Evolution <strong>de</strong> Cosette<br />

Avec Fantine<br />

Cosette, fille <strong>de</strong> Fantine et <strong>de</strong> Tholomyès, alors âgée <strong>de</strong> seulement <strong>de</strong>ux ans vit encore avec sa mère<br />

dans <strong>de</strong>s <strong>condition</strong>s favorab<strong>les</strong> : elle est aimée et sa mère prend bien soin d’elle. Le bébé est décrit<br />

<strong>de</strong> cette manière à <strong>la</strong> page 213 <strong>du</strong> tome I: <strong>«</strong> L’enfant <strong>de</strong> cette femme était un <strong>de</strong>s plus divins êtres<br />

qu’on pût voir. C’était une fille <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois ans. Elle eût pu jouter avec <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux autres pour <strong>la</strong><br />

coquetterie <strong>de</strong> l’ajustement ; elle avait un bavolet <strong>de</strong> linge fin, <strong>de</strong>s rubans à sa brassière et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

valenciennes à son bonnet. Le pli <strong>de</strong> sa jupe relevée <strong>la</strong>issait voir sa cuisse b<strong>la</strong>nche, potelée et ferme.<br />

Elle était admirablement rose et bien portante. La belle petite donnait en<strong>vie</strong> <strong>de</strong> mordre dans <strong>les</strong><br />

pommes <strong>de</strong> ses joues. On ne pouvait rien dire <strong>de</strong> ses yeux, sinon qu’ils <strong>de</strong>vaient être très grands et<br />

qu’ils avaient <strong>de</strong>s cils magnifiques. » Ici, Cosette est décrite d’une manière très positive ; <strong>de</strong>s termes<br />

comme être divin, admirablement rose, belle petite ou cils magnifiques <strong>la</strong>isse le lecteur l’imaginer<br />

belle et bien portante.<br />

Chez <strong>les</strong> Thénardier<br />

Fantine, après que Tholomyès l’ait quittée, doit trouver <strong>du</strong> travail pour pouvoir <strong>sur</strong>vivre. Or, si elle<br />

veut espérer pouvoir trouver <strong>du</strong> travail, elle ne peut pas montrer à son employé qu’elle a un enfant<br />

alors qu’elle n’est pas mariée. Elle déci<strong>de</strong> donc <strong>de</strong> confier Cosette, qui n’est qu’un bébé, aux premiers<br />

venus : <strong>Les</strong> Thénardier. Ces <strong>de</strong>rniers vont tirer profit <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation pour se faire <strong>de</strong> l’argent <strong>sur</strong> le dos<br />

<strong>de</strong> Fantine et <strong>de</strong> Cosette ; le bébé est alors décrit comme une vache à <strong>la</strong>it (Tome I, p.278).<br />

A <strong>la</strong> page 493 <strong>du</strong> tome I, Hugo offre au lecteur un premier état <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation dans l’auberge<br />

Thénardier : <strong>«</strong> Cosette était à sa p<strong>la</strong>ce ordinaire, assise <strong>sur</strong> <strong>la</strong> traverse <strong>de</strong> <strong>la</strong> table <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine près <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> cheminée. Elle était en haillons, elle avait ses pieds nus dans <strong>de</strong>s sabots, et elle tricotait à <strong>la</strong> lueur


<strong>du</strong> feu <strong>de</strong>s bas <strong>de</strong> <strong>la</strong>ines <strong>de</strong>stinés aux petites Thénardier. Un tout jeune chat jouait sous <strong>les</strong> chaises.<br />

On entendait rire et jaser dans une pièce voisine <strong>de</strong>ux fraîches voix d’<strong>enfants</strong> ; c’était Eponine et<br />

Azelma. Au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> cheminée, un martinet était suspen<strong>du</strong> à un clou. » Cet extrait <strong>la</strong>isse apercevoir<br />

<strong>les</strong> inégalités qu’il y a au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison ; alors que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux sœurs jouent, Cosette, toute seule et<br />

habillée <strong>de</strong> haillons tricote <strong>de</strong>s bas pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux petites. Il y a une gran<strong>de</strong> inégalité parmi <strong>les</strong> trois<br />

fil<strong>les</strong>. De plus, le martinet suspen<strong>du</strong> à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> cheminée peut être perçu comme un présage<br />

(Cosette se fera battre). Il est donc libre au lecteur <strong>de</strong> juger que Cosette vit très mal, que ces parents<br />

d’accueil <strong>la</strong> traite n’importe comment. Pour amplifier ce<strong>la</strong>, l’enfant est traitée <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> noms :<br />

pauvre être (Tome I, p.491), ma<strong>de</strong>moiselle Chien-faute-<strong>de</strong>-nom, mamzelle Crapaud (Tome I, p.502) et<br />

encore petit monstre (Tome I, p.504).<br />

Ce mauvais traitement a un impact direct <strong>sur</strong> son apparence et son état psychologique comme décrit<br />

à <strong>la</strong> page 225 <strong>du</strong> tome I : <strong>«</strong> Cosette, si jolie et si fraîche à son arrivée dans cette maison, était<br />

maintenant aigre et blême. Elle avait je ne sais qu’elle allure inquiète. Sournoise ! disaient <strong>les</strong><br />

Thénardier. L’injustice l’avait fait hargneuse et <strong>la</strong> misère l’avait ren<strong>du</strong>e <strong>la</strong>i<strong>de</strong>. Il ne lui restait plus que<br />

ses beaux yeux qui faisaient peine, parce que, grands comme ils étaient, il semb<strong>la</strong>it qu’on y vît une<br />

plus gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> tristesse. » L’enfant, par crainte <strong>de</strong> se faire battre, <strong>de</strong><strong>vie</strong>nt même passive :<br />

<strong>«</strong> Cosette montait, <strong>de</strong>scendait, <strong>la</strong>vait, brossait, frottait, ba<strong>la</strong>yait, courrait, trimait, haletait, remuait<br />

<strong>de</strong>s choses lour<strong>de</strong>s, et, toute chétive, faisait <strong>les</strong> grosses besognes. *…+La pauvre enfant, passive, se<br />

taisait. » (Tome I, p.499). Encore, <strong>les</strong> souffrances <strong>de</strong> Cosette sont comparées à cel<strong>les</strong> qu’une <strong>vie</strong>ille<br />

femme aurait vécu <strong>du</strong>rant toute une <strong>vie</strong> : <strong>«</strong> Cosette songeait tristement ; car quoiqu’elle n’eût que<br />

huit ans, elle avait déjà tant souffert qu’elle rêvait avec l’air lugubre d’une <strong>vie</strong>ille femme. Elle avait <strong>la</strong><br />

paupière noire d’un coup <strong>de</strong> poing que <strong>la</strong> Thénardier lui avait donné, ce qui faisait dire <strong>de</strong> temps en<br />

temps à <strong>la</strong> Thénardier : - Est-elle <strong>la</strong>i<strong>de</strong> avec son pochon <strong>sur</strong> l’œil ! » (Tome I, p. 500). A travers ces<br />

trois extraits, Cosette paraît <strong>la</strong>i<strong>de</strong>, triste, farouche, résultat <strong>de</strong> sa <strong>condition</strong> <strong>de</strong> <strong>vie</strong> déplorable.<br />

Dans l’extrait : <strong>«</strong> Cosette était <strong>la</strong>i<strong>de</strong>. Heureuse, elle eût peut-être été jolie. » (Tome I, p.521), Hugo<br />

écrit que <strong>la</strong> beauté dépend <strong>du</strong> bonheur. Si l’enfant est malheureux, c’est parce qu’il vit mal. Si elle se<br />

faisait bien traiter (comme quand elle vivait avec Fantine), Cosette serait sans doute heureuse et,<br />

accordé au <strong>de</strong>rnier extrait, elle serait donc aussi jolie. Or, il s’agit <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce que signifie être<br />

heureux. A travers le personnage <strong>de</strong> Gavroche il est possible <strong>de</strong> trouver une petite <strong>de</strong>scription <strong>du</strong><br />

bonheur: <strong>«</strong> Il n’avait pas <strong>de</strong> gîte, pas <strong>de</strong> pain, pas <strong>de</strong> feu, pas d’amour ; mais il était joyeux car il était<br />

libre. » (Tome I, p.756). Où le bonheur dépend seulement <strong>du</strong> fait d’être libre, ce qui n’est pas le cas<br />

<strong>de</strong> Cosette. Il est tout <strong>de</strong> même notable, que, dans le cas <strong>de</strong> Cosette, l’amour est aussi un critère <strong>du</strong><br />

bonheur.<br />

Avec Jean Valjean<br />

Alors que <strong>la</strong> Thénardier envoie <strong>la</strong> petite Cosette chercher <strong>de</strong> l’eau au puits, en pleine nuit, l’enfant<br />

rencontre pour <strong>la</strong> première fois Jean Valjean. Ce <strong>de</strong>rnier avait effectivement promis à Fantine avant<br />

sa mort d’aller chercher Cosette et d’en prendre soin. Alors que l’enfant pourrait être terrorisé à<br />

l’idée <strong>de</strong> rencontrer un a<strong>du</strong>lte en pleine nuit, elle ressent directement une liaison et se bien avec lui :<br />

<strong>«</strong> Elle sentait quelque chose comme si elle était près <strong>du</strong> bon Dieu. » (Tome I, p.548).<br />

Cosette s’en va donc avec Jean Valjean, et, alors qu’elle avait été craintive <strong>du</strong>rant toutes <strong>les</strong> années<br />

qu’elle avait passé avec <strong>les</strong> Thénardier, son état psychologique évolue et elle se sent en sécurité avec<br />

Jean Valjean, sans crainte : <strong>«</strong> Cosette marchait sans faire <strong>de</strong> questions. <strong>Les</strong> souffrances <strong>de</strong>s six


premières années <strong>de</strong> sa <strong>vie</strong> avaient intro<strong>du</strong>it quelque chose <strong>de</strong> passif dans sa nature. D’ailleurs, et<br />

c’est là une remarque <strong>sur</strong> <strong>la</strong>quelle nous aurons plus d’une occasion <strong>de</strong> revenir, elle était habituée,<br />

sans trop s’en rendre compte, aux singu<strong>la</strong>rités <strong>du</strong> bonhomme et aux bizarreries <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée. Et<br />

puis elle se sentait en sûreté, étant avec lui. » (Tome I, p.579).<br />

Cependant, <strong>les</strong> années <strong>de</strong> souffrances que Cosette a souffertes à l’auberge l’empêche <strong>de</strong> changer<br />

complétement d’état d’esprit. Effectivement, son passé est encore très présent en elle et exerce une<br />

influence non-négligeable <strong>sur</strong> <strong>la</strong> personne qu’elle est alors : <strong>«</strong> Nous venons <strong>de</strong> le faire remarquer,<br />

rien ne dresse <strong>les</strong> <strong>enfants</strong> au silence comme le malheur. Cosette avait tant souffert qu’elle craignait<br />

tout, même <strong>de</strong> parler, même <strong>de</strong> respirer. Une parole avait si souvent fait crouler <strong>sur</strong> elle une<br />

ava<strong>la</strong>nche. » (Tome I, p.721)<br />

Cette influence ne peut tout <strong>de</strong> même pas être exercée infiniment. A <strong>la</strong> page 724 <strong>du</strong> tome I, Cosette<br />

rit à nouveau, faisant renaître petit à petit sa beauté : <strong>«</strong> Jean Valjean regardait <strong>de</strong> loin Cosette jouer<br />

et courir, et il distinguait son rire <strong>du</strong> rire <strong>de</strong>s autres. Car maintenant Cosette riait. La figure <strong>de</strong> Cosette<br />

en était même jusqu’à un certain point changée. Le sombre en avait disparu. Le rire, c’est le soleil ; il<br />

chasse l’hiver <strong>du</strong> visage humain. Cosette, toujours pas jolie, <strong>de</strong>venait bien charmante d’ailleurs. Elle<br />

disait <strong>de</strong>s petites choses raisonnab<strong>les</strong> avec sa douce voix enfantine. »<br />

Pour finir, l’enfant, alors <strong>de</strong>venu une ado<strong>les</strong>cente, re<strong>de</strong><strong>vie</strong>nt belle : <strong>«</strong> En six mois, <strong>la</strong> petite fille était<br />

<strong>de</strong>venue jeune fille ; voilà tout. Rien n’est plus fréquent que ce phénomène. Il y a un instant où <strong>les</strong><br />

fil<strong>les</strong> s’épanouissent en un clin d’œil et <strong>de</strong><strong>vie</strong>nnent <strong>de</strong>s roses tout à coup. Hier on <strong>les</strong> a <strong>la</strong>issées<br />

<strong>enfants</strong>, aujourd’hui on <strong>les</strong> retrouve inquiétantes. Celle-ci n’avait pas seulement grandi, elle s’était<br />

idéalisée. Comme trois jours en avril suffisent à <strong>de</strong> certains arbres pour se couvrir <strong>de</strong> fleurs, six mois<br />

lui avaient suffi pour se vêtir <strong>de</strong> beauté. Son avril à elle était venu. » (Tome I, p.884).<br />

Après quelques années avec Jean Valjean, Cosette a tellement changé physiquement que <strong>les</strong><br />

Thénardier (Jon<strong>de</strong>rette) ne <strong>la</strong> reconnaissent plus : <strong>«</strong> Mais d’abord l’autre était affreuse, celle-ci n’est<br />

pas mal ! elle n’est vraiment pas mal ! ce ne peut pas être elle ! » (Tome II, p. 55).<br />

Evolution <strong>de</strong> Eponine et Azelma<br />

Chez <strong>les</strong> Thénardier, avec Cosette<br />

Lorsque Cosette vit chez <strong>les</strong> Thénardier, Eponine et Azelma vivent dans <strong>de</strong>s <strong>condition</strong>s très<br />

favorab<strong>les</strong>. Effectivement, <strong>les</strong> parents Thénardier utilisent afin <strong>de</strong> se faire <strong>de</strong> l’argent, <strong>de</strong> telle sorte<br />

que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux sœurs vivent tranquillement, sans avoir besoin <strong>de</strong> travailler et sans se faire maltraiter.<br />

En conséquent, el<strong>les</strong> sont décrites d’une très bonne manière : <strong>«</strong> C’étaient vraiment <strong>de</strong>ux jolies petites<br />

fil<strong>les</strong>, plutôt bourgeoises que paysannes, très charmantes, l’une avec ses tresses châtaines bien<br />

lustrées, l’autre avec ses longues nattes noires tombant <strong>de</strong>rrière le dos, toutes <strong>de</strong>ux vives, propres,<br />

grasses, fraîches et saines à réjouir le regard. El<strong>les</strong> étaient chau<strong>de</strong>ment vêtues, mais avec un tel art<br />

maternel, que l’épaisseur <strong>de</strong>s étoffes n’ôtait rien à <strong>la</strong> coquetterie <strong>de</strong> l’ajustement. » (Tome I, p. 524).<br />

Chez <strong>les</strong> Thénardier, sans Cosette<br />

Cette situation idéale n’était pas faite pour <strong>du</strong>rer. Lorsque Cosette part, <strong>les</strong> Thénardier n’ont plus<br />

leur vache à <strong>la</strong>it et doivent se mettre à utiliser leurs fil<strong>les</strong> pour se faire <strong>de</strong> l’argent. Leur <strong>condition</strong><br />

change donc totalement et <strong>de</strong><strong>vie</strong>nt médiocre. Ce changement n’est pas sans conséquence : <strong>«</strong> Tout à


coup, il se sentit coudoyé dans <strong>la</strong> brume ; il se retourna, et vit <strong>de</strong>ux jeunes fil<strong>les</strong> en haillons, l’une<br />

longue et mince, l’autre un peu moins gran<strong>de</strong>, qui passaient rapi<strong>de</strong>ment, essoufflées, effarouchées,<br />

et comme ayant l’air <strong>de</strong> s’enfuir ; el<strong>les</strong> venaient à sa rencontre, ne l’avaient pas vu, et l’avaient<br />

heurté en passant. Marius distinguait dans le crépuscule leurs figures livi<strong>de</strong>s, leurs têtes décoiffées,<br />

leurs cheveux épars, leurs affreux bonnets, leurs jupes en guenil<strong>les</strong> et leurs pieds nus. » (Tome II,<br />

p.12). Ici, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux sœurs sont décrites d’une manière négative autant <strong>sur</strong> leur habillement que <strong>sur</strong><br />

leur allure générale. Or, <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> Thénardier (<strong>du</strong> moins Eponine) n’étaient pas <strong>de</strong>stinées à être <strong>la</strong>i<strong>de</strong>s :<br />

<strong>«</strong> Ce qui était poignant <strong>sur</strong>tout, c’est que cette fille n’était pas venue au mon<strong>de</strong> pour être <strong>la</strong>i<strong>de</strong>. Dans<br />

sa première enfance, elle avait dû même être jolie. La grâce <strong>de</strong> l’âge luttait encore contre <strong>la</strong> hi<strong>de</strong>use<br />

<strong>vie</strong>il<strong>les</strong>se anticipée <strong>de</strong> <strong>la</strong> débauche et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté. Un reste <strong>de</strong> beauté se mourait <strong>sur</strong> ce visage <strong>de</strong><br />

seize ans, comme ce pâle soleil qui s’éteint sous d’affreuses nuées à l’aube d’une journée d’hiver. »<br />

(Tome II, p.19). Ce passage démontre que sa <strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur, signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>vie</strong>il<strong>les</strong>se, était <strong>du</strong>e à sa <strong>condition</strong> <strong>de</strong><br />

débauche et <strong>de</strong> pauvreté, une mauvaise <strong>condition</strong> <strong>de</strong> <strong>vie</strong>.<br />

En plus d’un changement physique, leur état psychologique est aussi touché. Alors que <strong>les</strong> fil<strong>les</strong><br />

étaient heureuses et insouciantes dans leur jeune âge, el<strong>les</strong> sont désormais craintives et mentent<br />

quand <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> sont mauvais, afin <strong>de</strong> ne pas se faire battre : <strong>«</strong> Comme nous ne voulions pas être<br />

battues, que ce<strong>la</strong> est inutile, que ce<strong>la</strong> est entièrement inutile, que ce<strong>la</strong> est absolument inutile, nous<br />

avons dit chez nous que nous avions porté <strong>les</strong> lettres chez <strong>les</strong> personnes et qu’on nous avait dit<br />

nix ! »<br />

Dans quel but Hugo décrit-t-il <strong>les</strong> <strong>enfants</strong> en fonction <strong>de</strong> leur <strong>condition</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>vie</strong> ?<br />

D’après lui, <strong>la</strong> pire <strong>de</strong>s misères est celle <strong>de</strong>s <strong>enfants</strong> : <strong>«</strong> La vraie misère, il venait <strong>de</strong> <strong>la</strong> voir. C’était<br />

cette <strong>la</strong>rve qui venait <strong>de</strong> passer sous ses yeux. C’est qu’en effet qui n’a vu que <strong>la</strong> misère <strong>de</strong> l’homme<br />

n’a rien vu, il faut voir <strong>la</strong> misère <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme ; qui n’a vu que <strong>la</strong> misère <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme n’a rien vu ; il<br />

faut voir <strong>la</strong> misère <strong>de</strong> l’enfant. » (Tome II, p.27). De plus : <strong>«</strong> Il y une chose plus triste que <strong>de</strong> voir ses<br />

<strong>enfants</strong> mourir ; c’est <strong>de</strong> <strong>les</strong> voir mal vivre. » (Tome II, p.13). Il écrit que <strong>la</strong> pire <strong>de</strong>s choses et <strong>de</strong> voir<br />

un enfant mal vivre, mais un enfant qui vit mal et un enfant qui vit dans <strong>de</strong> mauvaises <strong>condition</strong>s. En<br />

conséquent, Hugo décrit <strong>les</strong> <strong>enfants</strong> d’une manière négative ou positive pour dénoncer leur<br />

<strong>condition</strong> <strong>de</strong> <strong>vie</strong>. C’est dans ce but qu’Hugo <strong>les</strong> décrit en fonction <strong>de</strong> leur <strong>condition</strong> <strong>de</strong> <strong>vie</strong>.<br />

Conclusion :<br />

En conclusion, écrit décrit <strong>les</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong>s Misérab<strong>les</strong> (<strong>du</strong> moins Cosette, Eponine et Azelma) en<br />

fonction <strong>de</strong> leur <strong>condition</strong> <strong>de</strong> <strong>vie</strong>. De cette manière, un enfant qui vit mal, c’est-à-dire sans amour et<br />

n’étant pas libre sera mal décrit. Son apparence et son état psychologique seront décrits d’une<br />

manière péjorative alors que, dans le cas contraire, où un enfant vit bien, son apparence physique et<br />

son état psychologique seront décrits <strong>de</strong> manière positive. Hugo utilise ces procédés pour dénoncer<br />

<strong>la</strong> <strong>condition</strong> <strong>de</strong>s <strong>enfants</strong> en France au XIXème siècle.<br />

Benoît Jordan

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