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La peine de mort dans les 237 premières pages des Misérables de ...

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<strong>La</strong> <strong>peine</strong> <strong>de</strong> <strong>mort</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>237</strong> <strong>premières</strong> <strong>pages</strong> <strong>de</strong>s<br />

Misérab<strong>les</strong> <strong>de</strong> Victor Hugo<br />

Dans plusieurs <strong>de</strong> ses œuvres, Victor Hugo milite contre la <strong>peine</strong> <strong>de</strong> <strong>mort</strong>. Examinons ce qu’il<br />

en est <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>237</strong> 1 ières <strong>pages</strong> <strong>de</strong>s Misérab<strong>les</strong>.<br />

Etudions cela en trois parties :<br />

1. la situation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux condamnés à <strong>mort</strong> apparaissant <strong>dans</strong> le début <strong>de</strong> ce roman.<br />

2. <strong>La</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’échafaud.<br />

3. L’avis <strong>de</strong> Myriel à qui Hugo prête bon nombre <strong>de</strong> ses idées.<br />

Première partie :<br />

C’est au milieu <strong>de</strong> la page 50 <strong>de</strong>s Misérab<strong>les</strong> qu’apparait le premier condamné à <strong>mort</strong> :<br />

« Un misérable homme, par amour pour une femme et pour l’enfant qu’il avait d’elle, à<br />

bout <strong>de</strong> ressources, avait fait <strong>de</strong> la fausse monnaie. <strong>La</strong> fausse monnaie était encore punie<br />

<strong>de</strong> <strong>mort</strong> à cette époque. »<br />

Le <strong>de</strong>uxième extrait se situe au haut <strong>de</strong> la page 51 :<br />

« Un homme fut condamné à <strong>mort</strong> pour meurtre. C’était un malheureux, pas tout à fait<br />

lettré, pas tout à fait ignorant, qui avait été bateleur <strong>dans</strong> <strong>les</strong> foires et écrivain public. »<br />

Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas, la citation est écrite <strong>dans</strong> un type narratif : Victor Hugo décrit <strong>les</strong><br />

événements sans prendre ouvertement parti. Néanmoins, certains points sont intéressants<br />

à soulever :<br />

- Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux extraits, <strong>les</strong> condamnés sont <strong>de</strong>s misérab<strong>les</strong>, le terme est même cité <strong>dans</strong><br />

le premier extrait.<br />

- À aucun moment le nom d’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux condamnés n’est cité. Ils appartiennent au<br />

peuple, ils pourraient être n’importe qui.<br />

- L’évêque <strong>de</strong> Digne prend <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas le parti du condamné.<br />

Nous pouvons constater que, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux seuls cas apparaissant <strong>dans</strong> le début du livre, <strong>les</strong><br />

condamnés sont <strong>de</strong>s misérab<strong>les</strong> gens du peuple qui ne semblent pas mériter le sort qui leur est<br />

réservé. Chacun d’eux est soutenu par l’évêque <strong>de</strong> Digne qui porte généralement <strong>les</strong> idées<br />

d’Hugo. De plus, il est intéressant <strong>de</strong> remarquer qu’à l’instar <strong>de</strong> Victor Hugo, le <strong>de</strong>uxième<br />

condamné est écrivain ; là encore, l’auteur se trouve du côté du condamné et non pas du côté<br />

<strong>de</strong> la loi. Malgré le type narratif utilisé par Hugo, il prend déjà parti pour le condamné au<br />

travers <strong>de</strong> ces quelques détails.<br />

Deuxième partie :<br />

<strong>La</strong> guillotine que l’évêque rencontre (pp. 52-53) après avoir passé la nuit avec le <strong>de</strong>uxième<br />

condamné à <strong>mort</strong> est décrite avec un champ lexical très négatif (sombre, affreux, terrible,<br />

Guy-Raphaël Stauffer 3M03


épouvantable,…) et, <strong>de</strong> plus, elle fait l’objet d’une personnification (une sorte d’être, voit,<br />

entend, comprend, dévore, mange <strong>de</strong> la chair,…). Dans l’ensemble, elle est décrite comme un<br />

monstre possédant sa propre volonté. <strong>La</strong> <strong>peine</strong> <strong>de</strong> <strong>mort</strong> est donc comparée à un monstre<br />

dévorant la chair, c’est un ennemi <strong>de</strong> l’être humain. Pour sauvegar<strong>de</strong>r notre sécurité, il<br />

faudrait faire disparaitre cette abomination.<br />

« <strong>La</strong> guillotine est la concrétisation <strong>de</strong> la loi » nous dit Victor Hugo au bas <strong>de</strong> la page 52. Or,<br />

quelques phrases plus loin, il nous dit aussi qu’« elle (la guillotine) n’est pas neutre ». Hugo<br />

remet donc en cause la justesse <strong>de</strong> la loi, il l’accuse <strong>de</strong> ne pas être neutre, <strong>de</strong> ne pas être juste.<br />

Cette idée rejoint le fait qu’aucun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux condamnés ne semble mériter sa <strong>peine</strong>. Dans <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux cas, Hugo cherche à nous convaincre que la loi n’est pas toujours juste.<br />

Troisième partie :<br />

Au haut <strong>de</strong> la page 50, Myriel dit « Le coupable n’est pas celui qui y fait le péché, mais celui<br />

qui y a fait l’ombre. ». Le condamné n’est donc pas vraiment coupable, c’est celui qui l’a<br />

poussé à faire son crime qui <strong>de</strong>vrait être condamné. Cette idée se retrouve <strong>dans</strong> l’histoire du<br />

premier condamné quand l’évêque <strong>de</strong>man<strong>de</strong> « où jugera-t-on monsieur le procureur du roi ? ».<br />

Dans ces <strong>de</strong>ux phrases, Myriel, et donc Victor Hugo, veut nous dire que celui qui condamne à<br />

<strong>mort</strong> un Misérable qui ne le mérite pas est lui-même plus coupable que celui qu’il condamne.<br />

Hugo nous montre donc, au travers <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> condamnation à <strong>mort</strong>, que la <strong>peine</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>mort</strong> est vraiment excessive pour <strong>de</strong>s personnes qui ne sont pas vraiment coupab<strong>les</strong> et que<br />

celui qui condamne à <strong>mort</strong> <strong>de</strong>s gens qui ne le méritent pas est encore plus criminel que celui<br />

qu’il condamne. Là encore la justice <strong>de</strong> la loi est remise en cause : n’est-il pas plus criminel<br />

<strong>de</strong> condamner à <strong>mort</strong> un pauvre ayant créé <strong>de</strong> la fausse monnaie que <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la fausse<br />

monnaie. Victor Hugo trouve que <strong>les</strong> lois sont injustes et que la condamnation à <strong>mort</strong> est une<br />

réponse beaucoup trop sévère aux multip<strong>les</strong> petits crimes qui étaient encore punis <strong>de</strong> <strong>mort</strong> à<br />

son époque.<br />

Enfin, l’argument final <strong>de</strong> Victor Hugo apparaît à la fin <strong>de</strong> la méditation <strong>de</strong> Myriel, après sa<br />

rencontre avec l’échafaud (M53) : « <strong>La</strong> <strong>mort</strong> n’appartient qu’à Dieu. De quel droit <strong>les</strong><br />

hommes touchent-ils à cette chose inconnue ? ». C’est le point final <strong>de</strong> la réflexion <strong>de</strong> Hugo :<br />

quels que soient <strong>les</strong> crimes d’une personne, il n’y a que Dieu qui est en droit <strong>de</strong> juger si une<br />

personne mérite <strong>de</strong> mourir ; quels que soient <strong>les</strong> crimes d’un homme, aucun autre homme ne<br />

peut juger s’il mérite ou non <strong>de</strong> vivre.<br />

Conclusion :<br />

En conclusion, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux arguments principaux que Victor Hugo avance contre la <strong>peine</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>mort</strong> sont que :<br />

1. <strong>La</strong> loi est injuste envers <strong>les</strong> petits criminels qui ne méritent pas une <strong>peine</strong> aussi<br />

disproportionnée que la <strong>peine</strong> <strong>de</strong> <strong>mort</strong>.<br />

2. Dans tous <strong>les</strong> cas, condamner quelqu’un à <strong>mort</strong> ne fait pas partie <strong>de</strong>s attributions <strong>de</strong>s<br />

hommes, c’est l’affaire <strong>de</strong> Dieu et uniquement <strong>de</strong> Lui.<br />

Guy-Raphaël Stauffer 3M03

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