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Javert : son rôle dans la société et dans “ Les Misérables ”

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<strong>Javert</strong> : <strong>son</strong> <strong>rôle</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>société</strong> <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>“</strong> <strong>Les</strong><br />

<strong>Misérables</strong> <strong>”</strong><br />

Quel est le <strong>rôle</strong> de <strong>Javert</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>société</strong> <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>“</strong> <strong>Les</strong> <strong>Misérables</strong> <strong>”</strong> ? Que représente-t-il ?<br />

Pourquoi Hugo l’animalise, le déshumanise ? Pourquoi c<strong>et</strong>te propension à pourchasser les<br />

misérables ? La définition de ce qu’il est définit <strong>son</strong> <strong>rôle</strong>.<br />

Ce qu’il représente :<br />

Lorsque le nom <strong>“</strong> <strong>Javert</strong> <strong>”</strong> apparait pour <strong>la</strong> première fois <strong>dans</strong> le roman, Hugo<br />

l’introduit ainsi : <strong>“</strong> Il se nommait <strong>Javert</strong>, <strong>et</strong> il était de <strong>la</strong> police. <strong>”</strong> (T.I, m.239), le parallélisme<br />

entre <strong>Javert</strong> <strong>et</strong> police indique rapidement au lecteur que <strong>Javert</strong> EST <strong>la</strong> police. De plus lorsque<br />

Enjolras lui demande : <strong>“</strong> Qui êtes-vous ? <strong>”</strong> (T.II, h.471) <strong>Javert</strong> lui répond : <strong>“</strong> Je suis agent de<br />

l’autorité. <strong>”</strong> (T.II, m.471) avant même de donner <strong>son</strong> nom. Là encore, Hugo le désigne comme<br />

étant l’autorité. De plus, <strong>dans</strong> le but de montrer que l’application des lois gouvernementales n’a<br />

pas sa p<strong>la</strong>ce <strong>dans</strong> une émeute du côté des insurgés, <strong>Javert</strong> est attaché <strong>et</strong> n’a par conséquent plus<br />

aucun pouvoir : <strong>“</strong> En un clin d’œil, [..], il fut coll<strong>et</strong>é, terrassé, garrotté, fouillé. <strong>”</strong> (T.II,<br />

m.471).<strong>Javert</strong>, lors de l’arrestation des Thénardier, dit lui-même qu’il représente <strong>la</strong> partie de <strong>la</strong><br />

justice (en France représentée aussi sous <strong>la</strong> forme d’une femme) qui agit, capture (les griffes) :<br />

<strong>“</strong> Quel grenadier ! […] tu as de <strong>la</strong> barbe comme un homme, mais j’ai des griffes comme une<br />

femme <strong>”</strong>, (T.II, h.115). Encore plus fort, Hugo, par <strong>la</strong> répétition du nom <strong>Javert</strong> (répété neuf fois<br />

à <strong>la</strong> page 115 du tome II), fait comprendre qu’il est une entité <strong>et</strong> qu’il ne peut se réduire au<br />

simple pronom <strong>“</strong> il <strong>”</strong>. Ainsi <strong>Javert</strong> incarne c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> justice humaine, le devoir, l’autorité.Il<br />

est en opposition avec Jean Valjean <strong>et</strong> Msgr. Myriel qui incarnent l’application d’une justice<br />

divine.<br />

Son animalisation, déshumanisation <strong>et</strong> <strong>“</strong> surhumanisation <strong>”</strong>:<br />

<strong>Javert</strong>, dès <strong>son</strong> apparition est animalisé, en eff<strong>et</strong> Hugo le définit ainsi au bas de <strong>la</strong> page<br />

240 du tome I : <strong>“</strong> Donnez une face humaine à ce chien fils d’une louve, <strong>et</strong> ce sera <strong>Javert</strong>. <strong>”</strong> Sa<br />

mère était tireuse de cartes <strong>et</strong> <strong>son</strong> père était au bagne. Dans ce cas, le chien, contrairement à <strong>la</strong><br />

louve, incarne l’obéissance totale <strong>et</strong> aveugle que <strong>Javert</strong> accorde à l’autorité. <strong>Javert</strong> est donc un<br />

chien (Hugo appuie encore sur le fait que : <strong>“</strong> <strong>Javert</strong> sérieux (<strong>dans</strong> l’exercice de ses fonctions par<br />

exemple) était un dogue ; lorsqu’il riait, c’était un tigre. <strong>”</strong>(T.I, m.241)) sous les ordres de<br />

l’autorité qui lui est supérieur (excepté Dieu car il n’obéit qu’à <strong>la</strong> justice humaine). Ou encore il<br />

ne démissionne pas, il veut être <strong>“</strong> chassé <strong>”</strong> (terme répété cinq fois (T.I, b.283 2x, h.284, b.289,<br />

b.290)) par le maire de Montreuil-sur-Mer. De plus, <strong>son</strong> appartenance au genre humain est<br />

plutôt ténue puisque ce n’est qu’une prise de tabac qui fait qu’il y appartienne: <strong>“</strong> Quand il était<br />

content de lui, il s’accordait une prise de tabac. Il tenait à l’humanité par là. <strong>”</strong> (T.I, h.243). En<br />

animalisant <strong>Javert</strong>, Hugo rétrograde <strong>la</strong> justice humaine, qui ne paraît que plus discutable face à<br />

<strong>la</strong> justice divine.


Mais Hugo pour tempérer <strong>son</strong> jugement <strong>et</strong> montrer que, malgré tous ses défauts, <strong>la</strong> justice a <strong>son</strong><br />

utilité, <strong>“</strong> surhumanise <strong>”</strong> parfois <strong>Javert</strong> lorsque l’application de <strong>la</strong> justice humaine est nécessaire<br />

pour le bien de <strong>la</strong> <strong>société</strong>. Ainsi un malfrat ne pourra pas le tuer, car ce n’est pas à eux de <strong>la</strong><br />

faire évoluer ou changer : <strong>“</strong> Thénardier prit le pistol<strong>et</strong>, <strong>et</strong> ajusta <strong>Javert</strong>. <strong>Javert</strong>, qui était à trois<br />

pas, […]. Thénardier pressa <strong>la</strong> détente, <strong>et</strong> le coup rata. <strong>”</strong> (T.II, b.113), idem avec <strong>la</strong> Thénardier<br />

lorsqu’elle <strong>la</strong>nce une brique (T.II, h.115).<br />

Sa propension à pourchasser les misérables :<br />

<strong>Javert</strong> poursuit, sans faire de distinction, Thénardier (<strong>la</strong> crapule) <strong>et</strong> Jean Valjean (le<br />

bon). Hugo critique ainsi celui qui applique <strong>la</strong> loi sans se soucier de <strong>la</strong> nature de l’individu<br />

qu’elle poursuit (<strong>Javert</strong> n’est animé que par deux sentiments : <strong>“</strong> le respect de l’autorité, <strong>la</strong> haine<br />

de <strong>la</strong> rébellion <strong>”</strong>). De plus <strong>la</strong> poursuite de Jean Valjean à travers le roman perm<strong>et</strong> de faire<br />

avancer l’histoire, car <strong>Javert</strong> est souvent l’élément déclencheur de <strong>la</strong> fuite qui conduit aux<br />

événements suivants (Montreuil-sur-Mer, <strong>la</strong> masure Gorbeau…).<br />

Conclusion :<br />

<strong>Javert</strong> joue donc deux <strong>rôle</strong>s distincts <strong>dans</strong> l’histoire des <strong>“</strong> <strong>Misérables</strong> <strong>”</strong> <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>société</strong>. Hugo utilise <strong>Javert</strong> pour faire avancer l’histoire de <strong>son</strong> roman <strong>et</strong>, surtout, pour<br />

dépeindre sa vision de l’application à outrance des lois humaines, le respect aveugle de<br />

l’autorité <strong>et</strong> du devoir sans état d’âme.

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