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Français - Bruno Manser Fonds

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Lettre circulaire Juin 1995<br />

<strong>Bruno</strong>-<strong>Manser</strong>-<strong>Fonds</strong><br />

BMF, Heuberg 25, CH-4051 Bâle, Suisse


Editorial<br />

L’année 1995 a été déclarée «Année<br />

européenne de la conservation de la nature».<br />

Protéger la nature signifie respecter toute<br />

forme de vie – également la vie humaine.<br />

Alors que, dans notre civilisation, les comptesrendus<br />

d’actes de violence sont toujours à<br />

l’ordre du jour, je n’ai pas assisté à la moindre<br />

dispute au cours des six ans de ma cohabitation<br />

avec les Penans. Pas une seule fois,<br />

même, je n’ai vu interrompre quelqu’un qui<br />

avait la parole! Ce respect de l’autre n’est pas<br />

inné, mais représente un aboutissement social<br />

de la vie communautaire.<br />

Le petit enfant est souvent en contact corporel<br />

avec sa mère. Ses frères, ses sœurs et son<br />

père le portent aussi sur leur dos. On ne laisse<br />

jamais seul un bébé qui pleure. Cette enfance<br />

sécurisante, exempte de frustrations, est nécessaire<br />

à l’équilibre psychique de l’adulte.<br />

Les enfants apprennent par imitation. Ils copient<br />

ce qu’ils voient, puisque pour eux, c’est<br />

la réalité. Prévenir et empêcher l’usage de la<br />

force dans une atmosphère conviviale est<br />

donc notre tâche la plus importante.<br />

Protéger la nature signifie aussi respecter<br />

les ressources de notre planète. Dans ce<br />

domaine aussi, les Penans, les Pygmées, les<br />

Amérindiens et autres peuples vivant encore<br />

de manière traditionnelle nous montrent<br />

l’exemple: ils n’exploitent que leur propre<br />

milieu vital, et seulement dans les limites de<br />

leurs besoins quotidiens. Ils gèrent ainsi de<br />

manière rationnelle et durable leurs terres et<br />

leurs forêts, tandis que nous trouvons normal<br />

de consommer les ressources de peuples habitant<br />

à l’autre bout du monde, et n’hésitons<br />

pas à piller les richesses quand cela ne se<br />

passe pas sous nos yeux.<br />

Tengku Mahmud, ministre de l’économie<br />

de Malaysie, pays qui est le plus grand exportateur<br />

mondial de bois tropicaux, a lancé<br />

un appel à la population, lui demandant de<br />

réduire sa consommation de bois, surtout<br />

dans la construction. Et pendant ce temps,<br />

l’Office fédéral des affaires économiques extérieures<br />

travaille à la promotion du bois tropical,<br />

alors que tant de bois reste inutilisé<br />

dans les forêts suisses! Autre scandale: la<br />

contribution de 3 millions de francs (de nos<br />

impôts) allouée de manière irréfléchie par la<br />

Direction de la coopération au développement<br />

à l’entreprise «Precious Woods», pour<br />

créer des monocultures de teck au Costa Rica<br />

et aménager des accès dans la forêt vierge<br />

brésilienne.<br />

Pour agir de manière responsable, il faut<br />

pouvoir accéder à une information objective.<br />

Nous continuons donc à nous engager en<br />

faveur de l’obligation de déclarer la provenance<br />

véritable et le nom de l’essence pour<br />

tout bois et objet de bois commercialisé. Sur<br />

page n o 13, vous trouverez les noms des conseillers<br />

nationaux qui ont rejeté le postulat<br />

proposant une déclaration d’origine obligatoire,<br />

et qui ont donc apparemment quelque<br />

chose à cacher.<br />

L’importation de bois tropicaux ayant à<br />

nouveau augmenté de 1993 à 1994, nous pouvons<br />

seulement recommander ceci: exigez des<br />

produits en bois indigène et engagez-vous<br />

contre l’utilisation de bois tropicaux dans les<br />

constructions publiques de votre commune (voir<br />

page n o 15). Et comme l’habitat des Penans<br />

continue à se réduire sous les assauts des tronçonneuses,<br />

il reste à espérer que le Conseil<br />

fédéral fera un pas concret à l’occasion de cette<br />

Année de la nature, pour démontrer sa crédibilité.<br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Impressum<br />

Editeur: <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>,<br />

Heuberg 25, CH- 4051 Bâle<br />

Téléphone 061/261 94 74,<br />

Téléfax 061/261 94 73<br />

Rédaction: Roger Graf, <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Auteurs: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>, Boris Treyer,<br />

Jacqueline Piso, Roger Graf<br />

Collaboration: Hubert Stahel, Laurence<br />

Cotton, Hans Dällenbach<br />

Traduction: Robert Gogel (français)<br />

et Mary-Louise Mettler (anglais)<br />

Couverture: image de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Tirage: 3000 exemplaires en allemand<br />

2000 exemplaires en français<br />

500 exemplaires en anglais<br />

Envoi de dons: Banque Coop,<br />

CH- 4002 Basel/Bâle<br />

Compte n o 421329.300000-8<br />

Imprimé chez:<br />

Gremper, Emminger & Cie, Bâle<br />

2


Actualités<br />

Une raison de se réjouir<br />

par <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Cette année, la nature a offert aux Penans<br />

une raison de se réjouir: 1995 est en effet une<br />

année d’abondance fruitière, ce qui ne se<br />

produit que tous les cinq à six ans. Dans une<br />

profusion paradisiaque, la jungle offre une<br />

centaine de fruits différents. Personne ne<br />

risque d’avoir faim. Les femmes, les enfants et<br />

les hommes reviennent de randonnée avec le<br />

ventre plein et en portant des récipients bien<br />

remplis, prêts à partager leur récolte avec<br />

ceux qui sont restés au village.<br />

D’importantes troupes de sangliers parcourent<br />

les zones où les fruits foisonnent. En<br />

février, les laies encore maigres ont donnée<br />

naissance à quelques marcassins, le plus<br />

souvent quatre ou cinq. Les chasseurs se<br />

réjouissent: grâce à l’abondance de fruits<br />

nutritifs, entre autres de glands et de fruits de<br />

la famille des diptérocarpacées (méranti,<br />

abang, etc.), une bonne couche de graisse se<br />

formera sous la peau de ces sangliers.<br />

Mais les Penans continuent de souhaiter<br />

que le gouvernement de Malaysie leur donne<br />

aussi une raison de se réjouir, cette année, en<br />

plaçant sous protection une grande surface<br />

de forêt vierge, avant que les derniers géants<br />

soient abattus. L’appauvrissement irrémédiable<br />

de la biodiversité et du patrimoine génétique,<br />

les atteintes portées aux ressources<br />

secondaires de la forêt (par exemple gibier,<br />

poissons, fruits, plantes médicinales et matières<br />

premières pour l’artisanat local) se traduiront,<br />

à la longue, par de sérieux préjudices<br />

pour l’économie du pays. Les profits à court<br />

terme, obtenus par la vente de bois, ne<br />

compenseront jamais ces pertes: 90% des bénéfices<br />

du commerce des bois tropicaux<br />

aboutissent en général dans les anciennes<br />

puissances coloniales ou dans les riches pays<br />

importateurs – chez nous.<br />

Enfant penan avec un fruit «wá-o».<br />

Photo: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

3


Actualités<br />

C’est vert,<br />

mais ce n’est plus la jungle<br />

L’exploitation «durable» des forêts primaires,<br />

telle qu’elle est pratiquée au Sarawak,<br />

n’est qu’un mythe. Celui qui traverse en Jeep<br />

les forêts exploitées ne verra certes, pendant<br />

des heures, que le vert des feuillages, mais il<br />

cherchera en vain un arbre d’une certaine<br />

taille: tous les arbres dont le tronc dépasse 45<br />

centimètres de diamètre sont systématiquement<br />

abattus, même s’ils sont creux ou inintéressants<br />

du point de vue économique. Ce qui<br />

reste, c’est une végétation secondaire monotone,<br />

composée de bois doux à croissance<br />

rapide et de lianes.<br />

Malgré la présence des militaires malaysiens,<br />

l’aménagement d’accès et les abattages<br />

illicites restent possibles. Ainsi, deux compagnies<br />

d’exploitation, la «Shin-Yang Timber Company»<br />

et la «Rimbunan Hijau» sont admises à<br />

travailler sur le terrain d’exercice des militaires,<br />

bien qu’elles aient abattu illégalement des arbres<br />

à l’intérieur du parc national Gunung<br />

Mulu, en 1992. La première de ces entreprises<br />

a même été refoulée par les militaires de l’Etat<br />

voisin de Brunei Darussalam, où elle se servait<br />

sans aucune autorisation.<br />

Gaspillage<br />

des ressources:<br />

dépôt de bois<br />

en feu près de Kapit<br />

– une scène courante<br />

le long du fleuve<br />

Baleh.<br />

Photo:<br />

Abdillah Rahmin<br />

4


Actualités<br />

Le projet de réserves<br />

de la biosphère: un leurre?<br />

Depuis 1987, et par l’intermédiaire des<br />

médias (voir NZZ du 20.10.1993), le gouvernement<br />

du Sarawak a promis à plusieurs<br />

reprises aux Penans de créer des réserves<br />

de biosphère. Ces réserves devaient garantir<br />

aux Penans, avant tout aux nomades, la liberté<br />

de pouvoir continuer à vivre de manière<br />

traditionnelle aussi longtemps qu’ils le désirent.<br />

Jusqu’à présent, aucune de ces promesses<br />

n’a été tenue. Les régions concernées<br />

n’ont obtenu aucun statut de protection juridique,<br />

ni aucune délimitation de terrain. Des<br />

entreprises sans scrupules en extraient les<br />

derniers arbres supposés rentables. Taib<br />

Mahmud, premier ministre du Sarawak, a<br />

maintenant le choix: il peut abroger sans<br />

délai les concessions accordées à l’intérieur<br />

de la réserve de Magoh, pour montrer sa<br />

bonne foi.<br />

Extrait de la «Neue Zürcher Zeitung» (Zurich)<br />

du 20 octobre 1993.<br />

Construction routière et exploitation forestière «durable» par la firme<br />

«Borlin Sendirian Berhad», dans la réserve de Magoh. Dans le «Sarawak Forest Engineering<br />

Plan», on peut lire par ailleurs: «Les coupes sont interdites sur les pentes de plus de 60%.<br />

L’abattage et le transport de bois ne peuvent être effectués que si la route est construite de<br />

manière appropriée, et avec l’autorisation du responsable forestier.»<br />

Photo: Abang Kecil, 1995<br />

5


Actualités<br />

Violations des droits<br />

de l’homme confirmées<br />

par <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> et Roger Graf<br />

En mars 1995, une commission d’enquête<br />

a visité la région d’Ulu Baram, en pays<br />

penan. En novembre 1994, une première tentative<br />

avait due être interrompue à la suite<br />

d’un accident mortel. Les délégués de quatre<br />

organisations malaysiennes des droits de<br />

l’homme ont rapporté des nouvelles choquantes<br />

de cette visite.<br />

L’engagement de troupes paramilitaires<br />

contre le siège de Long Sebatu, le 28 septembre<br />

1993, a entraîné la mort du petit Sonny<br />

Laot, 4 ans. Réunis à Long Kerong, les représentants<br />

de 14 clans penans ont en outre<br />

confirmé à la commission d’enquête le viol<br />

d’une jeune fille de 14 ans, Sara, par un<br />

agent des troupes paramilitaires, et le meurtre<br />

inexpliqué d’un homme à Ba Karameu. Entretemps,<br />

la commission d’enquête a déposé<br />

des plaintes pour viol et meurtre aux postes de<br />

police de Miri et Marudi.<br />

Dans les villages des Penans sédentarisés,<br />

des habitants se sont plaints de champs dévastés<br />

et de conduites d’eau détruites. Depuis<br />

le siège de 1992, les visites des médecins<br />

d’Etat héliportés («Flying Doctors») sont<br />

devenues rares en pays penan. La population<br />

Devant un bâtiment gouvernemental,<br />

à Limbang, Along Segá, un Penan nomade,<br />

est sous mandat d’arrêt.<br />

Photo: Leader Photos<br />

Après la levée du siège par<br />

les unités paramilitaires, le<br />

28 septembre 1993, un petit<br />

Penan de 4 ans est décédé,<br />

vraisemblablement victime<br />

des gaz lacrymogènes.<br />

Photo:<br />

Mohamed Abdul Zohari<br />

inquiets pour leur sécurité. Le 30 mais 1992,<br />

Upi Sipai, de Long Kidah, avait déjà disparu<br />

dans des circonstances mystérieuses, après<br />

s’être disputé avec des bûcherons. Son corps<br />

avait été retrouvé, à moitié décomposé, après<br />

trois semaines de recherches, dans un ruisseau<br />

proche d’une route d’exploitation.<br />

L’année passée, une route forestière a été<br />

aménagée jusque dans la région du fleuve<br />

Lai, près de la frontière indonésienne. Le 18<br />

avril 1995, des Penans de cette région se sont<br />

rendus dans un nouveau camp édifié par la<br />

firme «Unimas Timber Company», pour discuressent<br />

cela comme une sorte de punition du<br />

gouvernement pour leur résistance à l’exploitation<br />

du bois. Au sujet de la situation régnant<br />

chez les Penans, un membre de la commission<br />

a déclaré: «La situation générale est dramatique.<br />

C’est ce que j’ai vu de pire en vingt ans<br />

de travail avec les autochtones.»<br />

Tous ces événements négatifs et les menaces<br />

dont ils sont l’objet rendent les Penans<br />

ter avec le manager et les ouvriers. Soudain<br />

sont apparus cinq agents de la «Police Field<br />

Force», une troupe paramilitaire. Equipés de<br />

fusils-mitrailleurs, ces derniers ont directement<br />

menacé les Penans: «Si vous dérangez les ouvriers<br />

ou si vous les empêchez de travailler,<br />

nous vous abattons jusqu’au dernier!» Nos<br />

amis ont dû rentrer chez eux sans avoir pu<br />

s’entretenir avec le manager.<br />

6


Guyanne<br />

Nouveau: des bûcherons<br />

malaysiens en Amérique du Sud!<br />

par Roger Graf<br />

Sur le territoire de la Guyanne, la forêt<br />

pluviale est restée longtemps inviolée, mais le<br />

gouvernement a récemment changé de politique.<br />

Au vu de la situation économique désastreuse<br />

du pays, il a fini par céder aux<br />

pressions des investisseurs étrangers et à<br />

accorder plusieurs concessions d’exploitation<br />

forestière. En septembre 1994, 80 000 des<br />

140 000 km 2 de surface forestière étaient<br />

déjà attribués, et les droits de 40 000 autres<br />

km 2 (équivalant à la superficie de la Suisse)<br />

devraient être adjugés sous peu. Or, le département<br />

forestier national ne dispose pour le<br />

moment que de cinq gardes forestiers diplômés,<br />

et il manque de moyens financiers. Dans<br />

ces conditions, il ne lui est guère possible de<br />

contrôler les immenses zones vouées à l’exploitation.<br />

Une étude de la Banque mondiale<br />

a par ailleurs démontré que le département<br />

des forêts est pratiquement subordonné à<br />

l’industrie du bois!<br />

Cette évolution présente de sérieux dangers<br />

pour la forêt pluviale et ses habitants.<br />

Bien que la reconnaissance des droits des<br />

populations indiennes ait été l’une des conditions<br />

de l’accession à l’indépendance de la<br />

Guyanne, et que les autochtones aient fait<br />

connaître depuis des décennies les revendications<br />

correspondantes, les questions relatives<br />

à la propriété foncière n’ont jamais été<br />

éclaircies. De ce fait, le gouvernement peut<br />

autoriser l’exploitation forestière même dans<br />

les régions habitées et exploitées par les<br />

Indiens. L’activité des bûcherons a déjà<br />

contraint certains d’entre eux à se réfugier au<br />

Venezuela voisin.<br />

Ce sont exclusivement des entreprises asiatiques<br />

(de Malaysie, d’Indonésie et de Corée)<br />

qui ont décroché les licences d’exploitation,<br />

c’est-à-dire des compagnies qui sont souvent<br />

déjà en conflit avec les populations autochtones<br />

du Sarawak (Malaysie), Papouasie-Nouvelle-Guinée,<br />

Vanuatu et Salomon (Mélanésie).<br />

Divers indices laissent supposer que leur activité<br />

en Guyanne s’accompagnera des mêmes<br />

méfaits sociaux et écologiques que dans le Sud-<br />

Est asiatique et au Pacifique Sud, en particulier<br />

l’expulsion de populations locales et une exploitation<br />

s’apparentant à du pillage et entraînant<br />

la destruction de la forêt pluviale.<br />

Les organisations environnementales de la<br />

Guyanne exigent un moratoire dans l’octroi<br />

de nouvelles concessions. De son côté, le président<br />

Cheddi Jagan a promis de ne plus en<br />

accorder avant qu’un renforcement du personnel<br />

du département forestier ne permette<br />

une meilleure surveillance de l’activité des<br />

compagnies. Ces dernières tentent maintenant,<br />

par la distribution de pots-de-vin, d’obtenir<br />

la remise en question de cette résolution.<br />

Nous vous invitons par conséquent à soutenir<br />

les partisans du moratoire en écrivant au<br />

président de la Guyanne pour lui demander<br />

de ne plus accorder de concessions pour l’exploitation<br />

forestière.<br />

Adresse:<br />

The Honorable Cheddi Jagan<br />

President of the Cooperative Republic<br />

of Guyana<br />

Vlissingen Road, Georgetown/GUYANA<br />

Texte proposé:<br />

Dear Sir,<br />

Your assurance that no concessions will be<br />

granted as long as the ‘‘Guyana Forestry<br />

Commission’’ has not been reinforced is a<br />

measure we consider to be very important.<br />

However, we would like to urge you to refrain<br />

from granting any further logging concessions<br />

in Guyana, as long as the land rights of the<br />

local people are not taken into consideration.<br />

Yours sincerely<br />

7


Iles Salomon<br />

Au tour des îles<br />

du Pacifique<br />

par Boris Treyer<br />

Sur les timbres-poste des îles Salomon (en<br />

anglais Solomon Islands), tout paraît encore<br />

en ordre: les espèces indigènes représentées<br />

– par exemple les papillons – donnent de<br />

l’Etat insulaire situé au sud-ouest de l’océan<br />

Pacifique une image inaltérée. Mais en fait,<br />

beaucoup des espèces animales et végétales<br />

ornant ces timbres sont aujourd’hui menacées<br />

de disparition. Car, malheureusement, le double<br />

chapelet d’îles qui s’étend sur 1450 kilomètres<br />

de longueur (et 27 556 km 2 au total) à<br />

l’est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est devenu<br />

à son tour la cible des marchands de<br />

bois: tout ce qui est commercialisable – dans<br />

la mangrove, la forêt tropicale de plaine et de<br />

montagne – est exploité!<br />

La dette extérieure<br />

stimule la déforestation<br />

Jusqu’au milieu des années 80, les forêts<br />

vierges sont restées en grande partie intactes.<br />

Mais depuis que la production de bois décline<br />

rapidement aux Philippines, en Indonésie<br />

et en Malaysie (sous l’effet du pillage<br />

subi), les grands consortiums du bois et de la<br />

cellulose (principalement malaysiens) transfèrent<br />

de plus en plus leurs activités dans les<br />

îles densément boisées du Pacifique. Pour alimenter<br />

en bois tropical les grandes scieries<br />

malaysiennes, coréennes et japonaises, dont<br />

l’appétit paraît illimité, on travaille par endroits<br />

24 heures sur 24. Elles réduisent les<br />

géants de la forêt vierge en coffrages, contreplaqués<br />

et baguettes de couverts, ou les transforment<br />

en papier et en carton. Des produits<br />

qui seront ensuite utilisés sans remords – en<br />

Europe également!<br />

La pression s’accroît sur les forêts primaires<br />

qui subsistent. Les recettes que les îles<br />

Des sociétés malaysiennes sont aussi au nombre de celles qui<br />

ont obtenu une licence pour l’exploitation du bois sur les îles Salomon.<br />

Photo: Detlev Wolters<br />

8


Selon les timbres des îles Salomon, la nature demure intacte …<br />

Salomon retirent de l’exportation (du bois)<br />

sont immédiatement absorbées par l’importation<br />

(de machines) et le service de la dette,<br />

toujours plus élevée. Les quotas de coupes<br />

doublent ainsi chaque année depuis 1991.<br />

Si l’on en restait au volume de bois exploité<br />

en 1994 (1,3 million de m 3 ) tout ce qui est<br />

mécaniquement tronçonnable sur ces îles<br />

serait prélevé dans sept ans environ. Seule<br />

consolation: beaucoup d’endroits demeurent<br />

inaccessibles, trop marécageux ou trop escarpés.<br />

Aisance matérielle et<br />

destruction de l’environnement<br />

Grâce au droit foncier traditionnel, les<br />

habitants des îles Salomon sont propriétaires<br />

de 80 à 90% des forêts insulaires. Mais<br />

pourquoi donc afferment-ils (heureusement<br />

pas tous) leurs terrains au gouvernement<br />

(qui se dépêche d’en monnayer l’exploitation),<br />

acceptant ainsi des coupes rases désastreuses?<br />

Certainement parce qu’ils espèrent<br />

ainsi accéder à un degré d’aisance matérielle<br />

comparable au nôtre, et qu’ils ne sont pas<br />

informés de l’étendue de telles atteintes à<br />

l’environnement. Il est vrai que les puissantes<br />

compagnies étrangères s’en tiennent rarement<br />

aux conditions imposées par le Ministère<br />

des forêts: elles abattent simplement<br />

tous les arbres, aplanissent le sol, souillent les<br />

cours d’eau et entreposent le bois sur les<br />

champs du voisinage.<br />

Pourtant, 86% de la population vit de la<br />

pêche, de la cueillette et de l’agriculture. Ces<br />

gens ont besoin de cours d’eau, de forêts et<br />

de champs intacts pour survivre. Il n’est donc<br />

pas étonnant qu’en mars de l’an passé, des<br />

habitants furieux aient bouté le feu à une<br />

douzaine de bulldozers d’une compagnie<br />

d’exploitation particulièrement brutale. Cette<br />

réaction a amené Francis Billy Hilly, premier<br />

ministre depuis juin 1993, à hausser le ton<br />

envers les consortiums étrangers: «Mon gouvernement,<br />

déclara-t-il, ne restera pas les bras<br />

croisés face au pillage de nos ressources<br />

forestières et à la dilapidation des bases<br />

vitales de notre population.»<br />

9


Le gouvernement agit<br />

de manière équivoque<br />

Il est vrai qu’en été 1994, le gouvernement<br />

a retiré la licence accordée à la société malaysienne<br />

«Kumpalan Emas Group/Sylvania<br />

Products» pour l’exploitation du lagon Marovo<br />

– autrefois paradisiaque – en raison de<br />

«pratiques sylvicoles illégales». Une décision<br />

facilitée par un chèque de deux millions de<br />

dollars du gouvernement australien, accompagné<br />

du souhait que soit étudiée l’implantation<br />

d’un tourisme doux dans cette région …<br />

Mais depuis lors, le gouvernement a aussi<br />

décidé de légiférer en vue d’assujettir la<br />

propriété foncière traditionnelle aux décisions<br />

du parlement. Selon la version officielle, cette<br />

décision vise à prévenir les conflits surgissant<br />

entre la population et les compagnies exploitantes.<br />

Mais il s’agirait plutôt de mieux maîtriser<br />

le commerce des ligneux, autrement dit de<br />

mieux remplir les caisses vides de l’Etat grâce<br />

à l’exportation du bois tropical. En tout cas,<br />

Adrian Bataiofesi, porte-parole du «Tribal<br />

Land Group» de l’île Malaita, voit dans cette<br />

démarche du gouvernement «la tentative de<br />

rafler tous les droits de propriété – c’est-à-dire<br />

du vol».<br />

L’artisanat: une alternative?<br />

Que faudrait-il faire pour arrêter la destruction<br />

de la forêt primaire des îles Salomon?<br />

Tout d’abord, il est urgent de garantir le droit<br />

foncier traditionnel. Après quoi les propriétaires<br />

pourront être informés des conséquences<br />

de l’affermage de leur forêt au gouvernement.<br />

Le succès de cette démarche sera évidemment<br />

tributaire des efforts entrepris par ces gens<br />

(avec le soutien énergique d’organisations<br />

non gouvernementales) pour développer des<br />

sources de revenus alternatives, par exemple<br />

dans le domaine des activités artisanales. Enfin,<br />

il faudra songer à protéger de manière<br />

efficace les régions boisées et les types de<br />

forêt les plus représentatifs.<br />

Si la déforestation ne peut pas être enrayée,<br />

les peuples vivant encore en harmonie<br />

avec la nature seront déracinés et finiront par<br />

être dépendants d’une aide extérieure. Ainsi,<br />

les îles Salomon abriteraient un nombre croissant<br />

d’assistés ayant perdu leur dignité – une<br />

évolution qui n’est dans l’intérêt de personne!<br />

Sources (extraits)<br />

The Conservation Atlas<br />

of Tropical Forests.<br />

Asia and the Pacific.<br />

London 1991, p. 245 à 248.<br />

Anke C. Diederich: «Raub auf<br />

den Salomonen: erst der Wald<br />

und dann die Landrechte.»<br />

In: Infoemagazin, n o 9/1994, p. 34.<br />

The Washington Pacific Report:<br />

Vol. 12, n o 14 du 15.4.1994.<br />

10


Infos bois<br />

réunies par Roger Graf<br />

Félicitations!<br />

Deux entreprises, la menuiserie Laurenz<br />

Wirth de Niederstetten SG et l’ébénisterie<br />

Josef Dobler de Jona SG ont répondu à l’appel<br />

de notre lettre circulaire d’octobre 1994.<br />

Toutes deux renoncent aux bois tropicaux et<br />

au bois provenant de coupes rases des pays<br />

nordiques.<br />

La scierie Zollhaus SA de Zollhaus FR fournit<br />

le bois à plusieurs grands distributeurs.<br />

Cette firme a spontanément introduit une déclaration<br />

d’origine pour les produits qu’elle<br />

vend. M. Gustave E. Grisard, président du<br />

conseil d’administration du groupe HIAG SA,<br />

a également annoncé que celui-ci munira<br />

spontanément et dès que possible d’une<br />

déclaration d’origine tous les bois qu’il<br />

commercialise.<br />

En Suisse, villages, villes et cantons sont<br />

toujours plus nombreux à avoir décidé de ne<br />

plus recourir aux bois tropicaux pour la construction<br />

des édifices publics. En juin 1995, les<br />

communes suivantes avaient déjà annoncé<br />

cette résolution: Aadorf TG, Baden AG,<br />

Berne, Fribourg, Grub AR, Klosters-Serneus<br />

GR, Kreuzlingen TG, Lucerne, Münchenbuchsee<br />

BE, Naters VS, Reigoldswil BL, Riehen BS,<br />

Rorschach SG, Saint-Gall, Schaffhouse, Speicher<br />

AR, Thoune BE, Turbenthal ZH, Walzenhausen<br />

AR, Winterthour ZH, Wohlen AG,<br />

Zoug, Zurich. Les cantons d’Appenzell<br />

(Rhodes-Extérieures), Bâle-Campagne, Bâle-<br />

Ville, Schaffhouse, Schwyz et Soleure ont pris<br />

la même décision.<br />

Une forêt pluviale intacte au centre de l’île indonésienne de Sulawesi (Célèbes).<br />

Photo: Roger Graf, 1991<br />

11


Honteux!<br />

La Suisse continue d’importer de grandes<br />

quantités de bois tropicaux chaque année<br />

(pour plus de 16 millions de francs suisses en<br />

1994). En 1993, notre pays a acheté environ<br />

1012 tonnes de planches, de lamellés et de<br />

contre-plaqués provenant de Malaysie, d’une<br />

valeur totale de 1159 000 francs suisses.<br />

L’entreprise Holzimport SA de Romanshorn<br />

TG, qui importe principalement des bois tropicaux<br />

africains, est agacée par les lettres que<br />

lui envoient des citoyens préoccupés. Elle écrit<br />

entre autres: «Depuis des mois, voire depuis<br />

des années, nous recevons des lettres de toutes<br />

les régions de Suisse et même d’Ethiopie,<br />

tout cela à propos d’un soi-disant pillage des<br />

populations tropicales! Pendant longtemps,<br />

nous avons simplement jeté ces lettres dans la<br />

mutenye et mahagoni de son entrepôt (valeur<br />

environ 50 000 francs). Elle lui reproche<br />

de mener des «actions anticommerciales» et<br />

de «frapper publiquement et indistinctement<br />

dans tous les sens pendant des années». Plus<br />

loin, elle écrit: «Après votre campagne de<br />

sensibilisation indifférenciée, plus personne<br />

ne veut acheter ce genre de bois. En me fondant<br />

sur le principe de causalité tant vanté par<br />

vous et dans certains cercles, je vous rends<br />

responsable du dommage subi et vous enjoins<br />

de reprendre ce bois et de me le payer.»<br />

En l’honneur du président Mitterrand a été<br />

ouverte à Paris, en mars 1995, la plus grande<br />

bibliothèque d’Europe. D’énormes quantités<br />

de bois d’ipé brésilien et de bois d’okoumé<br />

gabonnais ont été utilisées à l’intérieur, ainsi<br />

que pour l’encadrement de quelques milliers<br />

(!) de fenêtres. A eux seuls, les escaliers<br />

Escaliers en bois d’ipé,<br />

tout autour des<br />

quatre buildings de<br />

la toute nouvelle<br />

bibliothèque nationale<br />

française, à Paris.<br />

Photo:<br />

Robin des Bois, 1995<br />

corbeille à papier. Puis nous avons songé<br />

qu’il serait préférable de dévoiler une bonne<br />

fois aux auteurs de ces missives quelles<br />

âneries recèlent souvent les écrits des journalistes.»<br />

Le maintien des emplois en Afrique<br />

constitue l’argument principal de cette firme,<br />

qui poursuit: «Ou devons-nous nous contenter<br />

d’envoyer de l’argent en Afrique, comme<br />

cela se pratique depuis de longues années, et<br />

abandonner à leur sort les personnes qui<br />

désirent travailler? L’expérience montre d’ailleurs<br />

que, dans la plupart des cas, l’aide<br />

financière finit dans la poche des politiciens<br />

en place!»<br />

A Alpnach OW, la fabrique de parquets<br />

Schmid est furieuse contre le <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong><br />

<strong>Manser</strong> et le rend responsable de ne plus<br />

pouvoir écouler les bois de wengé, muavé,<br />

monumentaux (autour des bâtiments) ont<br />

exigé 60 000 m 3 de bois d’ipé sud-américain<br />

(une sorte d’ébène vert). Nous posons la<br />

question: est-ce un honneur ou une honte?<br />

Fin mai 1995 a été ouverte, à Genève,<br />

la nouvelle ligne de tram n o 13, longue de<br />

1,5 kilomètre. Pour stabiliser les rails dans le<br />

bitume des routes, 50 m 3 de bois d’azobé ont<br />

été importés de Côte d’Ivoire, bien que des<br />

experts indépendants aient certifié que le bois<br />

de chêne indigène aurait parfaitement fait<br />

l’affaire («Journal de Genève» du 1 er février<br />

1995). Les Verts ont déposé une motion<br />

demandant que l’on réduise drastiquement le<br />

recours aux bois tropicaux dans les bâtiments<br />

publics genevois.<br />

12


Obligation de déclarer<br />

l’origine du bois<br />

Les opposants les plus résolus<br />

Le 21 septembre 1994, le Conseil national<br />

helvétique avait à se prononcer sur l’obligation<br />

de déclarer l’origine du bois et des<br />

produits en bois. Il a rejeté le projet par 81<br />

voix contre 68. En votation finale, le même<br />

projet a néanmoins été accepté sous forme de<br />

postulat par 106 voix contre 37. Contrairement<br />

à la motion, le postulat n’a aucun caractère<br />

contraignant pour le Conseil fédéral. Et<br />

malgré cela, 37 conseillères et conseillers<br />

nationaux s’y sont encore déclarés opposés. Il<br />

s’agit des politiciens suivants:<br />

Heinz Allenspach (PRD/ZH), Manfred<br />

Aregger (PRD/LU), Duri Bezzola (PRD/GR),<br />

Max Binder (UDC/ZH), Jean-Pierre Bonny<br />

(PRD/BE), Toni Bortoluzzi (UDC/ZH), Simeon<br />

Bühler (UDC/GR), Adriano Cavadini<br />

(PRD/TI), Ernst Cincera (PRD/ZH), Pascal<br />

Couchepin (PRD/VS), Toni Dettling (PRD/SZ),<br />

Theo Fischer (UDC/AG), Ulrich Fischer<br />

(PRD/AG), Oscar Fritschi (PRD/ZH), Hans-<br />

Rudolf Früh (PRD/AR), Rolf Hegetschweiler<br />

(PRD/ZH), Otto Hess (UDC/BE), Peter Jenni<br />

(PL/BE), Armin Kern (PL/ZH), François Loeb<br />

(PRD/BE), Christian Miesch (PRD/BL), René<br />

Moser (PL/BE), Reinhard Müller (UDC/<br />

AG), Maximilian Reimann (UDC/AG), Paul<br />

Rutishauser (UDC/TG), Albrecht Rychen (UDC/<br />

BE), Suzette Sandoz (PLS/VD), Jürg Scherrer<br />

(PL/BE), Alain Schweingruber (PRD/JU), Luzi<br />

Stamm (PRD/AG), Franz Steinegger (PRD/<br />

UR), Walter Steinemann (PL/SG), Rudolf<br />

Steiner (PRD/SO), Georg Stucky (PRD/ZG),<br />

Karl Tschuppert (PRD/LU), Werner Vetterli<br />

(UDC/ZH) et Christian Wanner (PRD/SO).<br />

PRD = Parti radical-démocratique<br />

UDC = Union Démocratique du Centre<br />

PLS = Parti libéral suisse<br />

PL = Parti de la liberté (ex Parti des<br />

automobilistes)<br />

Qu’est-ce que ces politiciens<br />

peuvent bien avoir à cacher?<br />

Succès pour les efforts<br />

de lobbying de Nicolas Imboden<br />

au Conseil national:<br />

c’est à lui et à l’Office fédéral<br />

des affaires économiques<br />

extérieures (département de<br />

Jean-Pascal Delamuraz) que l’on doit le rejet<br />

du projet<br />

Photo: Reuter<br />

13


Statistiques douanières 1994<br />

Par rapport à 1993, les importations de bois tropicaux en Suisse se sont accrues de<br />

6528 tonnes, soit de 40,3%! C’est ce qui ressort des statistiques qui viennent d’être publiées par<br />

l’Administration fédérale des douanes. On y constate en particulier que l’importation de bois brut<br />

africain (troncs entiers) a triplé. Le volume réel d’importation de bois tropicaux est en fait plus<br />

élevé, les produits importés déjà élaborés avec de tels bois (meubles, parquets, traverses de<br />

chemins de fer) n’étant pas enregistrés sous cette rubrique (ils figurent dans les statistiques sous<br />

le nom de chacun des produits).<br />

Variétés de bois tropicaux Pays d’origine Importations en<br />

tonnes<br />

1993 1994<br />

Bois brut (troncs):<br />

1) méranti Malaysie, Indonésie 22 –<br />

2) keruing, ramin, kapur, teck, Malaysie, Indonésie 9 24<br />

jongkong, merbau, jelutong,<br />

kempas<br />

3) okoumé, obèche, sapelli, Guinée, Cameroun, Gabon, etc. 2347 7355<br />

sipo, acajou, makoré, iroko<br />

4) tiama, bété, ilomba, Guinée, Cameroun, Gabon, etc. 16 149<br />

dibétou, limba, azobé<br />

5) autres bois tropicaux 441 784<br />

Bois scié (plus de 6 mm d’épaisseur):<br />

6) mêmes variétés que ci-dessus Malaysie, Indonésie, Guinée, 5088 7263<br />

Cameroun, Gabon, etc.<br />

7) baboen, acajou, imbuya, Brésil, etc. 28 91<br />

balsa<br />

8) autres bois tropicaux 2020 1473<br />

Lamellés (moins de 6 mm d’épaisseur):<br />

9) méranti, lauan, sipo, limba, Malaysie, Indonésie, Guinée, 219 190<br />

okoumé, obèche, acajou, Cameroun, Gabon, Brésil, etc.<br />

sapelli, baboen, mahagony,<br />

palissandre, bois de rose<br />

Contre-plaqués (avec couche externe en bois):<br />

10) mêmes variétés que sous 6006 539<br />

chiffre 9<br />

Poids total des importations enregistrées (tonnes) 16 196 22 724<br />

14


Participez à l’action<br />

«Communes sans bois<br />

tropicaux»<br />

Essayez de convaincre votre commune de<br />

renoncer à utiliser des bois tropicaux dans les<br />

installations et édifices publics. Plusieurs<br />

villages et villes suisses ont déjà fait le pas et<br />

adopté, dans les règlements relatifs aux<br />

constructions et aux fournitures correspondantes,<br />

des dispositions et des directives allant<br />

dans ce sens. Il importe de ne pas prendre<br />

en compte seulement les matériaux de construction<br />

et d’aménagement intérieur des bâtiments<br />

(écoles, maisons communales, etc.),<br />

mais aussi ceux des installations des parcs<br />

et jardins publics (bancs, sièges, tables, clôtures),<br />

sans oublier les objets de la vie<br />

courante (les cercueils, par exemple).<br />

Comment procéder<br />

Si vous habitez une commune ayant une<br />

assemblée communale, prenez d’abord<br />

contact avec un membre de l’exécutif (dénomination<br />

variable selon les cantons) et exposez-lui<br />

votre demande. Choisissez de préférence<br />

un représentant d’un parti dominant sur<br />

le plan local. Si vous parvenez à le convaincre,<br />

il soulèvera la question au cours d’une<br />

séance. Il y a ainsi de bonnes chances que<br />

l’exécutif décide de renoncer à l’utilisation de<br />

bois tropicaux. Si vous ne parvenez pas à<br />

contacter ou à convaincre une personnalité<br />

politique, adressez une lettre à l’ensemble<br />

de l’exécutif. Rédigez-la au nom d’une organisation<br />

locale (par exemple: association de<br />

protection de la nature/des oiseaux/des animaux,<br />

des petits éleveurs, des jardins familiaux,<br />

ou société de développement, unions<br />

locales, etc.) ou faites-la cosigner par une<br />

personnalité villageoise (pasteur/curé, enseignant,<br />

médecin). A la page suivante figure, à<br />

titre d’exemple, la lettre envoyée à la commune<br />

d’Aadorf TG.<br />

Si rien ne se passe, il reste une troisième<br />

voie: étudiez la loi sur l’organisation des<br />

communes de votre canton de domicile (et, le<br />

cas échéant, son règlement d’application),<br />

ainsi que le règlement communal. En tant que<br />

citoyen(ne) jouissant du droit de vote, vous<br />

avez en principe la possibilité de soumettre le<br />

projet directement à l’assemblée communale<br />

sous forme d’une proposition/motion/initiative<br />

individuelle (selon les cantons). Dans<br />

certains cas, la proposition doit être envoyée<br />

préalablement par écrit à l’autorité compétente.<br />

Si vous habitez une commune ayant un<br />

législatif élu (conseil communal ou autre dénomination),<br />

essayez d’abord de gagner l’un de<br />

ses membres à votre cause. L’administration<br />

communale peut vous fournir la liste des élus.<br />

Les politiciens des partis du centre-gauche<br />

(PDC, PSS, PEV, Ecologistes, listes libres …)<br />

sont généralement plus ouverts à ce genre de<br />

questions.<br />

En cas d’échec, vous pouvez lancer une<br />

initiative communale et récolter les signatures<br />

auprès de vos concitoyens. Le règlement<br />

communal précise le nombre minimal de signatures<br />

nécessaires (par exemple 300 dans<br />

certaines villes de 10 000 habitants).<br />

Dans les pages suivantes, vous trouverez<br />

des exemples et des arguments pour étayer<br />

votre demande ou répondre aux questions les<br />

plus fréquentes, ainsi qu’un dossier sur le teck<br />

et les problèmes liés à l’exploitation de ce<br />

bois tropical.<br />

Si vous avez besoin d’une aide ou<br />

d’informations, n’hésitez pas à vous adresser<br />

au secrétariat du <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>,<br />

tél. 061/261 94 74.<br />

15


Pourquoi renoncer<br />

aux bois tropicaux?<br />

par Roger Graf<br />

1. Quelles sont les conséquences, pour les<br />

populations locales, la faune et la flore,<br />

des coupes effectuées dans les forêts<br />

tropicales?<br />

Plusieurs centaines de milliers d’autochtones<br />

(entre autres des Indiens, des<br />

Pygmées, des Dayaks et des Papous)<br />

sont privés de leurs bases vitales par<br />

2. De quoi doivent vivre les habitants des<br />

forêts tropicales, s’ils ne peuvent pas<br />

vivre du bois?<br />

La forêt offre aux peuples qui vivent<br />

de manière traditionnelle tout ce dont<br />

ils ont besoin. Aux récolteurs de latex<br />

(caoutchouc) et à d’autres groupes d’exploitants,<br />

elle fournit un grand nombre<br />

Fabrication de nattes en rotin. Les produits secondaires<br />

de la forêt ont davantage de valeur économique qu’une unique coupe rase.<br />

Photo: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

ces coupes. Ils souffrent de malnutrition,<br />

sont victimes d’actes de violence commis<br />

par les intrus (bûcherons, colons)<br />

et meurent des suites de maladies importées,<br />

contre lesquelles ils ne sont<br />

pas immunisés. Quand l’exploitation du<br />

bois s’apparente à une coupe rase<br />

(comme en Afrique occidentale et dans<br />

le Sud-Est asiatique), elle entraîne la disparition,<br />

voire l’extinction d’espèces<br />

animales et végétales; des milliers d’espèces<br />

ont été ainsi exterminées. Les<br />

effets à long terme du déboisement sont<br />

l’entrée en jeu de l’érosion, qui commence<br />

par anéantir la mince couche<br />

d’humus (déjà peu nutritive) puis emporte<br />

les sols, et la modification profonde<br />

des microclimats qui s’ensuit.<br />

de produits dits secondaires: fruits, tubercules,<br />

cœurs de palmiers, sagou,<br />

noix, miel «sauvage», viande, poissons,<br />

résines, caoutchouc, plantes<br />

médicinales, etc. Ces produits ne sont<br />

en général commercialisés qu’au plan<br />

régional et n’apparaissent par conséquent<br />

dans aucune statistique d’exportation,<br />

contrairement aux bois tropicaux,<br />

ce qui fausse l’idée que l’on peut<br />

avoir de leur valeur économique. Diverses<br />

études scientifiques ont cependant<br />

montré que l’exploitation rationnelle et<br />

durable des produits secondaires de la<br />

forêt est plus intéressante, du point de<br />

vue économique, que la valorisation<br />

éphémère des arbres par exportation<br />

du bois. Le bois n’est pas la principale<br />

17


matière première fournie par la forêt<br />

tropicale!<br />

3. Les pays pauvres ne sont-ils pas<br />

contraints d’exporter des bois tropicaux<br />

pour gagner de l’argent?<br />

Bien que des Etats tels que les Philippines,<br />

la Thaïlande, la Côte d’Ivoire, le<br />

Ghana, le Nigeria, la Sierra Leone ou<br />

la Guinée aient sacrifié leurs forêts à<br />

l’exportation de bois, ils sont restés pauvres.<br />

Beaucoup de ces pays sont même<br />

obligés, maintenant, d’importer du bois<br />

pour leurs propres besoins! La cause<br />

principale de la pauvreté chronique de<br />

nombreux pays tropicaux réside dans<br />

l’iniquité du commerce international,<br />

qui ne paie pas en fonction de la juste<br />

valeur des choses, et la corruption, un<br />

problème pratiquement insoluble. L’exploitation<br />

des bois tropicaux couvre<br />

souvent des actions déplorables: coupes<br />

effectuées dans des zones protégées,<br />

mépris des droits fonciers traditionnels,<br />

fraudes fiscales, déclarations<br />

mensongères, trafic illégal d’arbres<br />

d’espèces protégées, contrebande et<br />

pots-de-vin. Le commerce du bois profite<br />

surtout à une classe fortunée (politiciens,<br />

firmes étrangères), alors que la<br />

population locale n’en retire aucun<br />

avantage, bien au contraire: elle subit<br />

les conséquences néfastes de ce<br />

pillage.<br />

4. Mais ne dit-on pas que les coupes de<br />

bois ne contribuent qu’à raison de 10%<br />

à la destruction des forêts tropicales<br />

dans le monde?<br />

Diffusé par la FAO (Rome), ce taux<br />

est de nature à induire en erreur, étant<br />

calculé de manière pour le moins discutable.<br />

Ainsi, la surface forestière totale<br />

prise en considération comprend des<br />

forêts tropicales plus sèches du Sahel,<br />

du sous-continent indien et du nord-est<br />

brésilien, tandis que ne sont prises en<br />

compte que les coupes pratiquées dans<br />

les forêts tropicales de type pluvial.<br />

Pour obtenir une proportion fiable, il<br />

faudrait évidemment comparer des surfaces<br />

correspondant à des forêts de<br />

même type. D’autre part, les avis divergent<br />

considérablement quand il s’agit<br />

de définir ce qu’est une forêt détruite. Il<br />

est probable que la FAO s’est montrée<br />

très tolérante dans son appréciation sur<br />

ce point-là. En tout cas, il est de fait que<br />

dans les pays exportateurs de bois<br />

tropicaux actuellement les plus «classiques»<br />

(Malaysie, Birmanie, Papouasie-<br />

Nouvelle-Guinée, Cameroun, Guyanne<br />

et Surinam), l’industrie du bois porte<br />

la plus grande responsabilité dans la<br />

destruction des forêts.<br />

5. Une gestion rationnelle et durable, estce<br />

la solution?<br />

Les critères d’une exploitation durable<br />

des forêts tropicales sont âprement discutés.<br />

Toute intervention «industrielle»,<br />

même très douce, dans une forêt intacte<br />

a des effets négatifs sur la nature. On<br />

connaît quelques exemples d’exploitation<br />

plus ou moins rationnelle et durable<br />

du bois, au Brésil et en Papouasie-Nouvelle-Guinée<br />

par exemple. Dans ces<br />

cas, elle est assurée par des personnes<br />

ou des groupes de personnes émanant<br />

des populations locales, et qui ont<br />

intérêt à conserver leur forêt, contrairement<br />

aux entreprises commerciales de<br />

l’extérieur. Selon un rapport publié<br />

par l’OIBT (Organisation internationale<br />

des bois tropicaux), moins du 1% des<br />

bois tropicaux commercialisés dans le<br />

monde provient d’une exploitation<br />

réellement durable!<br />

6. Des plantations à grande échelle pourraient-elles<br />

résoudre le problème?<br />

Dans la plupart des cas, les plantations<br />

sont des monocultures qui n’ont rien à<br />

voir avec une forêt tropicale riche en<br />

espèces. Etant la cible des ravageurs,<br />

elles doivent être traitées périodiquement<br />

à l’aide de pesticides. Dans ces<br />

plantations, les espèces exotiques à<br />

croissance rapide (eucalyptus, teck ou<br />

pins des Caraïbes) sont souvent préférées<br />

aux variétés indigènes: les arbres<br />

peuvent être exploités après peu d’années<br />

au moyen d’une coupe rase. Le<br />

bois provenant des plantations est généralement<br />

utilisé pour la production de<br />

cellulose (eucalyptus, pins des Caraïbes)<br />

ou de parquets et de meubles de<br />

jardins (teck). Pour écouler ce bois, il est<br />

souvent nécessaire d’ouvrir de nouveaux<br />

débouchés en créant des besoins.<br />

C’est ce qui se passe en Europe<br />

où l’on tente présentement, à grand renfort<br />

publicitaire, de vendre des produits<br />

en bois de teck issu de plantations (principalement<br />

des parquets et des meubles<br />

de jardin). Cela augmente la consom-<br />

18


Pillage des forêts tropicales: bois en provenance de Sarawak,<br />

aperçu dans un marché parisien de matériaux de construction.<br />

Photo: Robin des Bois, 1994<br />

mation de bois tropicaux sans sauver un<br />

seul arbre de la forêt vierge.<br />

7. Au fond, pourquoi utilise-t-on des bois<br />

tropicaux chez nous?<br />

Le bois de palissandre, de rose, d’acajou,<br />

et d’autres bois nobles sont souvent<br />

considérés comme une matière de luxe.<br />

Mais du point de vue quantitatif, le bois<br />

tropical que nous rencontrons quotidiennement<br />

dans des objets tels que<br />

portes, encadrements, seuils, tringles,<br />

manches de balais, cadres, etc., représente<br />

la plus grande part. Il est même<br />

parfois difficile d’obtenir un article<br />

de bois qui ne soit pas composé<br />

d’éléments en bois tropical. Afin de<br />

donner au marché du bois la transparence<br />

nécessaire, le <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

et diverses organisations suisses<br />

(protection de l’environnement, entraides,<br />

consommatrices) demandent qu’une déclaration<br />

obligatoire soit introduite pour<br />

tous les produits en bois, avec au moins<br />

la mention de l’essence dont il s’agit et<br />

du pays d’origine.<br />

Dans pratiquement tous les domaines<br />

d’utilisation, le bois tropical peut être<br />

remplacé par du bois européen (exception:<br />

le balsa des modèles réduits). Si,<br />

malgré tout, on recourt au bois tropical,<br />

c’est en raison du prix. Le pillage des ressources<br />

tropicales, favorisé par le coût<br />

modique des transports, s’avère toujours<br />

plus avantageux qu’une sylviculture européenne<br />

rationnelle et écologique.<br />

19


Le teck –<br />

un bois sans problème?<br />

par Roger Graf<br />

Le genre teck comprend trois espèces<br />

(Tectona grandis, T. hamiltoniana et T. philippinensis).<br />

Les tecks croissent naturellement<br />

dans les forêts de mousson du sud de l’Asie,<br />

caractérisées par des précipitations annuelles<br />

d’environ 1200 mm et par une saison sèche.<br />

Ce ne sont donc pas des arbres de la forêt<br />

tropicale pluviale. Ils sont répandus en Inde,<br />

en Birmanie, en Thaïlande, au Laos et aux<br />

Philippines. Des peuplements plus modestes<br />

existent au Cambodge et au Viêt-nam. Sur l’île<br />

indonésienne de Java, le teck a été introduit<br />

vers l’an 400 apr. J.-C., à partir de l’Inde. Des<br />

tentatives d’acclimatation sont maintenant en<br />

cours en Amérique centrale et du Sud, ainsi<br />

qu’en Afrique tropicale. Le teck est un arbre<br />

qui s’élève à environ 30 m de hauteur. Le diamètre<br />

du tronc atteint 80 cm, rarement jusqu’à<br />

1,50 m. Selon les endroits, le bois présente<br />

d’importantes différences de teinte, en fonction<br />

des rythmes de croissance variables, déterminés<br />

par les périodes de sécheresse. Il est<br />

toujours difficile de connaître la provenance<br />

d’un tronc de teck simplement en l’examinant.<br />

Le teck de Birmanie peut être très supérieur<br />

(qualité, fibres droites) au teck de culture<br />

javanais.<br />

C’est un bois à odeur particulière, toujours<br />

un peu gras et cireux au toucher en raison de<br />

sa teneur en caoutchouc. Grâce à ces composants,<br />

il est imputrescible, et donc très apprécié<br />

dans la construction navale. On l’utilise<br />

aussi pour les fenêtres, les portes, les parquets,<br />

les meubles de jardin et certains objets<br />

du ménage (p. ex. plateaux pour servir le<br />

petit déjeuner).<br />

Le bois de teck importé en Europe provient<br />

généralement de trois régions qui se distinguent<br />

par le mode d’exploitation:<br />

20


Le teck est un arbre<br />

qui croît spontanément<br />

dans les forêts<br />

de mousson du Sud et<br />

du Sud-Est asiatique.<br />

Photo: Jürgen Blaser<br />

1) Le teck de Java<br />

La sylviculture intensive a été introduite<br />

par les Hollandais à l’époque coloniale,<br />

c’est-à-dire entre 1800 et 1942.<br />

Les plantations ayant été surexploitées<br />

au cours de la Seconde Guerre mondiale,<br />

la proportion d’arbres d’âge mûr<br />

est faible: la plupart n’ont que 10 à 20<br />

ans. A Java, la forêt primaire n’occupe<br />

plus que le 8% de la surface de l’île (soit<br />

11500 km 2 ). Des 18 400 km 2 (ou 14%)<br />

que couvrent les plantations sylvicoles,<br />

11 000 km 2 sont consacrés aux cultures<br />

de teck. Celles-ci sont gérées par une<br />

institution gouvernementale, la «Perum<br />

Perhutani». L’exploitation intervient par<br />

coupe rase quand les arbres sont âgés<br />

de 40 à 80 ans. Le renouvellement<br />

s’opère par repiquage, artificiellement.<br />

Le gouvernement indonésien certifie<br />

que le teck qu’il commercialise provient<br />

d’une exploitation durable. Mais les<br />

attestations officielles n’indiquent pas<br />

la provenance exacte du bois. Cette<br />

garantie ne résisterait donc pas à un<br />

examen sérieux.<br />

2) Le teck d’Amérique centrale<br />

Au cours des années passées, des<br />

cultures de teck ont vu le jour en plusieurs<br />

endroits, spécialement au Costa<br />

Rica. Elles ont été implantées sur d’anciens<br />

pâturages à bovins, achetés par<br />

des firmes telles que «Precious Woods»<br />

(13 km 2 ) et «Bosque Puerto Carillo»<br />

(38 km 2 ). Derrière «Precious Woods»<br />

21


se cachent presque exclusivement des<br />

bailleurs de fonds suisses (dont la Direction<br />

fédérale de la coopération au développement,<br />

à hauteur de 3 millions de<br />

francs). Et le financement de «Bosque<br />

Puerto Carillo» est partiellement assuré<br />

par des investisseurs suisses (par l’entremise<br />

de la «Cofima Finanz SA»). Il est<br />

prévu que le teck cultivé dans ces plantations<br />

doit être récolté après 10 ans, et<br />

le bois principalement affecté à la production<br />

de parquets. Du point de vue<br />

environnemental, les aspects suivants<br />

sont critiquables: projets purement<br />

agro-industriels – destruction des rongeurs<br />

de racines à l’aide de mort-auxrats<br />

– exploitation par coupes rases –<br />

essence étrangère au Costa Rica.<br />

Par ailleurs, les cultures de teck n’entraînent<br />

pas une diminution de la pression<br />

exercée sur les forêts naturelles qui<br />

subsistent, parce que l’écoulement du<br />

bois (parquets) s’opère sur de nouveaux<br />

marchés qui n’existaient pas avant.<br />

L’argument de la Coopération au développement,<br />

selon lequel les plantations<br />

de teck contribuent à la protection des<br />

forêts tropicales, ne tient donc pas.<br />

3) Le teck de Birmanie, de Thaïlande, du<br />

Laos et du Cambodge<br />

Environ 80% des peuplements de teck<br />

subsistant dans le monde sont concentrés<br />

dans les régions montagneuses de<br />

Birmanie proches de la frontière thaïlandaise,<br />

longtemps contrôlées par des autochtones<br />

(Karens, Kayahs, Shans) et<br />

dans la presqu’île du Tenasserim. Pendant<br />

longtemps, la guerre civile a préservé<br />

de l’exploitation industrielle ces<br />

forêts qui servent de refuge au tigre, à<br />

l’éléphant asiatique et au très rare<br />

rhinocéros de Sumatra.<br />

Mais avec les succès militaires de l’armée<br />

gouvernementale, la situation a<br />

complètement changé. La junte militaire<br />

en place à Rangoon a délivré une<br />

licence à 43 sociétés d’exploitation<br />

thaïlandaises. Et les abattages illicites<br />

prospèrent: rien qu’en 1992, on estime<br />

que des bois tropicaux d’une valeur de<br />

60 millions de dollars ont été acheminés<br />

clandestinement vers la Thaïlande.<br />

Avec l’aide au développement japonaise,<br />

il est prévu de jeter prochainement<br />

un pont sur le fleuve Moei, entre<br />

Mae Sot et Myawaddi, pour faciliter<br />

l’accès aux forêts. Chaque année,<br />

300 000 m 3 de bois de teck sont abattus<br />

en Birmanie et charriés en Thaïlande<br />

– un vrai pillage.<br />

Du Laos, où la coupe de ces arbres est<br />

prohibée depuis 1991, du bois de teck<br />

parvient néanmoins à franchir aussi,<br />

illégalement, la frontière thaïlandaise.<br />

La Thaïlande elle-même a interdit les<br />

coupes, à la suite des inondations<br />

catastrophiques de 1988. Malgré cela,<br />

des tecks sont encore abattus dans<br />

le parc national de Dong Yai, près de<br />

la frontière cambodgienne. Quant au<br />

Cambodge, qui a octroyé des concessions<br />

à des entreprises françaises, thaïlandaises,<br />

indonésiennes et japonaises,<br />

ainsi qu’à des sociétés de Singapour et<br />

de Taiwan, il alimente le marché avec<br />

1,2 million de m 3 de bois tropicaux,<br />

dont une importante proportion de teck.<br />

Conclusion: Les plantations de teck ne<br />

sauvent aucune forêt pluviale!<br />

A côté du teck produit dans le cadre de<br />

projets agro-industriels, une quantité considérable<br />

de teck provenant de forêts primaires<br />

est amenée sur le marché international. Ce<br />

bois circule le plus souvent par le port de<br />

Bangkok ou par celui de Singapour, où il est<br />

possible de le mélanger à celui venant de<br />

Java. Par ailleurs, le fait que des firmes d’Indonésie,<br />

de Thaïlande, de Singapour et de<br />

France participent directement à l’exploitation<br />

du teck permet de penser que du bois issu de<br />

pillage et de contrebande peut parvenir<br />

jusqu’en Europe – et donc en Suisse. Un<br />

contrôle précis de l’origine de ce bois et des<br />

méthodes d’exploitation n’est pas possible en<br />

raison des pratiques illicites se perpétuant<br />

dans le secteur thaïlandais et de l’imprécision<br />

des certificats indonésiens. Le <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong><br />

<strong>Manser</strong> estime par conséquent:<br />

Teck de Costa Rica: pas recommandable.<br />

Teck asiatique: pas toucher!<br />

22


Activités<br />

Fondation de l’association<br />

«Kein Stolz auf Tropenholz»<br />

L’association «Kein Stolz auf Tropenholz»<br />

(pas de quoi être fier du bois tropical) a été<br />

fondée le 11 mars 1995 à Rehetobel AR. Le<br />

but de l’association est de faire baisser la<br />

consommation de bois tropical en Suisse<br />

orientale et d’encourager le recours au bois<br />

indigène. Elle entend y parvenir en informant<br />

de manière détaillée les consommateurs et<br />

les administrations publiques, ainsi que les<br />

personnes et les institutions travaillant dans le<br />

secteur du bois.<br />

Le pillage des forêts, poursuivi sans ménagement<br />

dans le monde entier, et l’extinction<br />

de beaucoup d’espèces animales et végétales<br />

qui en résulte doivent être dénoncés, de<br />

même que les violations des droits de<br />

l’homme commises à l’encontre des indigènes<br />

qui s’opposent à la destruction de leur forêt.<br />

Dans l’immédiat, il s’agit d’amener toutes les<br />

institutions publiques d’Appenzell Rhodes-<br />

Extérieures à renoncer à l’emploi de bois tropical<br />

dans leurs constructions. L’association<br />

«Kein Stolz auf Tropenholz» collabore étroitement<br />

avec le <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> et répercute<br />

ses préoccupations en Suisse orientale.<br />

Pour d’autres informations: «Kein Stolz auf<br />

Tropenholz», Hubert Stahel, 9428 Walzenhausen<br />

AR, tél. 071/44 66 53.<br />

«Jumbo»: un éléphant<br />

atteint de surdité?<br />

Le 10 décembre 1994, Laurence Cotton a<br />

organisé la tenue d’un stand pour le <strong>Fonds</strong><br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>, devant le supermarché Jumbo-<br />

Obirama, à Meyrin près de Genève. L’objectif<br />

était de collecter des signatures pour réclamer<br />

que le bois vendu dans les magasins<br />

Jumbo soit muni d’une déclaration d’origine.<br />

En un jour, 12 militants actifs âgés de 3 à 60<br />

ans ont ainsi réuni le nombre remarquable de<br />

800 signatures – pratiquement toutes de personnes<br />

clientes de Jumbo! Par fax, nous avons<br />

envoyé les signatures au siège de la firme, à<br />

Dietlikon près de Zurich. Pendant longtemps,<br />

l’éléphant a fait la sourde oreille. Le <strong>Fonds</strong><br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> s’apprêtait à déboucher les<br />

oreilles du géant quand celui-ci, enfin, a réagi:<br />

d’ici l’automne 1995, tous les bois et<br />

produits en bois vendus par Jumbo seront<br />

munis d’une déclaration. Reçu cinq sur cinq!<br />

Pour d’autres informations:<br />

Laurence Cotton<br />

113d, route de Soral<br />

1233 Lully GE<br />

Tél. 022/757 55 52<br />

Berne et Bâle: soirées au profit<br />

du <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Venant après celle de Zurich (15 mai<br />

1994*), les soirées organisées à Berne (14<br />

mars 1995) et à Bâle (16 mars 1995) ont permis<br />

au total à 420 spectateurs payants de<br />

passer de très bons moments: la comédienne<br />

Maria Becker les a charmés avec des textes<br />

de Tolstoï et l’humoriste Franz Hohler n’a pas<br />

manqué de déclencher l’hilarité dans le public.<br />

Pour terminer, <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> a dressé un<br />

tableau très vivant de la culture des Penans.<br />

Maria Becker et Franz Hohler ayant à nouveau<br />

très généreusement renoncé à leur cachet,<br />

ces deux soirées ont produit un bénéfice<br />

net de 12 000 francs au profit du <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong><br />

<strong>Manser</strong>!<br />

Un grand merci à Barbara Nathan-Weber<br />

(organisation), à Roland Wütrich (Bierhübeli,<br />

Berne) et à Greenpeace (location de la salle,<br />

Bâle), ainsi qu’à toutes les collaboratrices et à<br />

tous les collaborateurs bénévoles.<br />

A une prochaine fois!<br />

(* Compte-rendu dans la lettre circulaire<br />

d’octobre 1994)<br />

Nécrologie<br />

Massimo Krauss est décédé le 19 janvier 1995, à l’âge de 69 ans, à son domicile bâlois.<br />

Massimo s’est occupé bénévolement de la comptabilité du <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>. C’était un<br />

collaborateur fidèle et dévoué.<br />

Nous sommes profondément attristés et garderons de lui un souvenir ému.<br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> et Roger Graf<br />

23


Manifestations<br />

Genève: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

au Musée d’ethnographie<br />

Les carnets tenus par <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> au<br />

Sarawak constituaient le clou de l’exposition<br />

temporaire consacrée à la culture des Penans<br />

au Musée d’ethnographie de Genève, du 26<br />

janvier au 12 mars 1995. Une petite exposition<br />

à grand succès! Nous avons voulu poser<br />

quelques questions à l’ethnologue Christine<br />

Détraz, conceptrice de l’exposition:<br />

D’où est venue l’idée d’une<br />

exposition sur les Penans,<br />

ces nomades de la forêt vierge?<br />

Nous avons saisi l’occasion que représentait<br />

la parution de la version française du livre<br />

de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> chez Georg Editeur SA à<br />

Genève.<br />

des forêts tropicales et par un diaporama de<br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>.<br />

Les visiteurs ont ainsi pu découvrir la<br />

vie quotidienne des Penans, mais aussi la<br />

destruction progressive de leur milieu vital<br />

par déforestation. Le message de l’exposition<br />

était clair: sans une forêt primaire intacte, la<br />

culture des Penans ne peut se perpétuer. En<br />

somme: plus de forêt – plus de Penans.<br />

Le message a-t-il été compris?<br />

Et comment! Ce n’était qu’une modeste<br />

exposition dans la salle d’entrée du musée –<br />

mais quel énorme succès! Nous avons compté<br />

le plus grand nombre d’entrées jamais enregistrées<br />

un dimanche: un millier de visiteurs.<br />

En tout, ce sont 7000 personnes environ<br />

qui ont défilé dans l’exposition, qui a dû être<br />

prolongée de deux semaines en raison de son<br />

Au Musée d’ethnographie de Genève, l’exposition consacrée aux Penans n’était<br />

pas très vaste, mais convaincante. Photo: Musée d’ethnographie, Genève<br />

Quel était le concept<br />

de l’exposition?<br />

Je voulais simplement présenter quelques<br />

aspects de la vie des Penans, à l’aide des carnets<br />

de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> et des objets qu’il nous<br />

a prêtés. Le tout était animé par la projection<br />

quotidienne d’un film vidéo sur la destruction<br />

succès. La moitié environ des visiteurs ont<br />

signé la pétition adressée à la ville de Genève<br />

pour demander qu’elle renonce aux bois<br />

tropicaux dans le secteur des constructions<br />

publiques. Il était très réconfortant de constater<br />

qu’un public jeune et engagé découvrait<br />

notre musée comme un lieu approprié pour<br />

débattre de sujets d’actualité.<br />

24


Une image vivante de la culture des Penans.<br />

Photo: Musée d’ethnographie, Genève<br />

Et quelles impressions<br />

personnelles retirez-vous<br />

de cette exposition?<br />

Je trouve que nous aurions pu exploiter<br />

mieux encore les objets et le message de<br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>. Malheureusement, nous avons<br />

manqué de temps, d’espace et de moyens<br />

financiers. Car le sujet aurait mérité une<br />

exposition dix fois plus importante.<br />

Propos recueillis par Boris Treyer<br />

25


Activités<br />

La chaîne de jeûne<br />

Deux ans se sont déjà écoulés depuis que<br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>, Martin Vosseler et quelques<br />

amis ont fait la grève de la faim (jusqu’à 60<br />

jours) à Berne/Bärenplatz. Depuis lors, des<br />

dizaines d’autres personnes ont pris la relève.<br />

Il y a pratiquement sans interruption quelqu’un<br />

qui jeûne: c’est une véritable chaîne de<br />

jeûne qui se poursuit en faveur de la forêt<br />

pluviale du Sarawak et des Penans qui y<br />

vivent.<br />

Ceux qui ont eu l’occasion de jeûner un<br />

certain temps peuvent peut-être se faire une<br />

idée de ce que la famine représente. En<br />

Europe, nous avons le privilège de ne jamais<br />

souffrir de la faim. Pendant que d’autres<br />

voient leur milieu vital se réduire de plus en<br />

plus, et leurs ressources alimentaires progressivement<br />

disparaître, nous pouvons même<br />

choisir nos périodes de jeûne! Ce qui n’est<br />

pas plus facile: nous avons tous tellement<br />

d’obligations qui nous contraignent à manger<br />

…<br />

Compatir, c’est aussi partager un peu la<br />

peine des autres pour la rendre plus supportable,<br />

même à des milliers de kilomètres. C’est<br />

pourquoi nous continuons de chercher des<br />

personnes souhaitant jeûner pendant une semaine<br />

ou davantage, pour concentrer toutes<br />

leurs forces en faveur de la protection de la<br />

forêt pluviale. Ce n’est pas seulement vital<br />

pour les habitants de cette forêt, mais aussi<br />

pour nous. Dites-le autour de vous, de manière<br />

que la chaîne se prolonge jusqu’au jour<br />

où les Penans en ressentiront les effets: le respect<br />

de leur existence et de leur milieu vital.<br />

La chaîne de la solidarité est comme un arbre<br />

vigoureux, qui ne doit pas faiblir mais continuer<br />

de croître!<br />

Un paquet contenant un pull, des gants,<br />

des chaussons, une cassette, deux plumes et<br />

un livre circule d’un jeûneur ou d’une jeûneuse<br />

à l’autre. Ce trait d’union t’accompagnera<br />

pendant ton jeûne.<br />

D’autres informations chez: Jacqueline<br />

Piso, Donnerbühlweg 33, 3012 Berne<br />

(tél. 031/301 08 88).<br />

Daniela Strub, Robi Strub, Marianne Pfeffer,<br />

Kathrin Borer, Michelle Froideveaux, Esther<br />

Weitnauer, Jacqueline Piso, Guy Morin, Christa<br />

Zürer, Judith Baumann, Ruedi Baumann,<br />

Michael Leuenberger, Margrit Leuenberger,<br />

Silvia Buser, Gaby Rutschmann, Margrit<br />

Bachmann, Barbara Rubin, Jutta Kraus, Hans<br />

Schweizer, Gabriela Kocsis, Nicole Widmer,<br />

Ruth Hauswirth, Anita Beerli, Meret Kammer,<br />

Lisa Greve, Siegfried Roth, Rolf Scheidegger,<br />

Werner Handschin, Christian Kuster, Barbara<br />

Hartmann, Heinz Binzegger, Esther Trefzer,<br />

Silvana Fava, Jürg Fava, Lydia Megert, Elisabeth<br />

Gasser, Manu Torrent, Selina Burger,<br />

Katharine Gasser, Anneliese Gasser, Roswitha<br />

Koch, Hanna Vogel, Peter <strong>Manser</strong>,<br />

Johanna Hartmuth, Sibylla Marelli-Simon,<br />

Erich <strong>Manser</strong>, Wolfgang Wild, Nathalie<br />

Gholisadet, Hansruedi Hottinger, Verena<br />

Diener, Michael Mettler, Rahel Lämmler,<br />

Charlotte Kehl, Jessica Kehl, Susanne Romer,<br />

Mary-Louise Mettler, Kaspar Zürcher, Michelle<br />

Passauer, Vrene Passauer, Hilde Stutz,<br />

Barbara Stocker, Petra Bolick, Laurence<br />

Cotton, Sylvie Lamperti, Rahel Wunderli,<br />

Elsbeth Wunderli, Ida Dober, Herbert Holzinger,<br />

Marion Pfaffen, Walter Brunner, Marc<br />

Moser, Eya Brühlmann, Fredy Krauer, Daniela<br />

Strub, Pierre Strub, Roswitha Koch, Monika<br />

Unterberger, Martin Richner, Martin Vosseler,<br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>.<br />

La chaîne de jeûne compte déjà 84<br />

participantes et participants:<br />

Barbara Jäckli, Nicolas Barth, Thomas<br />

Michel, Juana Moreno, Toni Reichmuth,<br />

Dessin de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

26


Nouveautés<br />

de notre assortiment<br />

Livre<br />

Vidéo<br />

Le livre de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> «Voix de la forêt<br />

pluviale» vient de paraître en version française<br />

chez Georg Editeur SA. C’est un ouvrage<br />

de 319 pages, illustré de nombreux<br />

dessins et de photographies de l’auteur. La vie<br />

dans la forêt pluviale, la situation des Penans<br />

nomades et la destruction de la forêt au Sarawak<br />

malaysien en sont les thèmes principaux.<br />

Prix de vente: CHF 39.–/FRF 139,–<br />

En vente dans les librairies et à notre secrétariat:<br />

<strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>, Heuberg 25,<br />

CH-4051 Bâle.<br />

T-shirts<br />

Le secrétariat du <strong>Fonds</strong> <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> vend<br />

dorénavant deux t-shirts «Green Cotton»<br />

(tailles S/M/L/XL). Le coton utilisé a été<br />

produit sans pesticides et cueilli à la main,<br />

sans recours aux défoliants. Les t-shirts ont été<br />

apprêtés et teints sans l’aide de chlore ni<br />

d’aldéhyde formique.<br />

Les deux versions proposées sont l’une de<br />

couleur noire (avec un dessin de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

représentant un Penan) et l’autre de couleur<br />

olive (avec dessin d’un calao-rhinocéros).<br />

Prix de vente: CHF 30.–/FRF 120,–/DM<br />

32,–<br />

A commander au secrétariat du <strong>Fonds</strong><br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>, Heuberg 25, CH-4051 Bâle.<br />

Quel rapport entre la biodiversité ou la<br />

technologie génétique d’une part, et les peuples<br />

indigènes d’autre part? Comment les<br />

grands consortiums du Nord pillent-ils les ressources<br />

du Sud en portant atteinte à la biodiversité?<br />

Quelles conséquences résulteront de<br />

la mainmise sur la diversité vivante par certains<br />

groupes industriels, quand ils auront breveté<br />

des gènes, puis des organismes vivants?<br />

En octobre 1994, un symposium organisé<br />

à Berne par Swissaid et le WWF a traité de<br />

ces thèmes. Des experts de renommée internationale<br />

et des représentants de peuples de culture<br />

traditionnelle ont présenté des exposés et<br />

discuté de la biodiversité, des peuples autochtones,<br />

de la technologie et des brevets génétiques.<br />

Mandatée par l’institut INFOE Suisse,<br />

Sonja Merten a réalisé un film de 45 minutes<br />

sur le symposium. Ce film vidéo donne entre<br />

autres la parole à Vandena Shiva, Pat Roy<br />

Meoney, Christine von Weizsäcker et à des<br />

représentants d’organisations indigènes. Cette<br />

documentation est livrée en langue anglaise<br />

et allemande. Elle se prête bien à une exploitation<br />

publique dans le cadre de la décennie<br />

des peuples autochtones décrétée par l’ONU.<br />

Les organisations de défense de ces peuples<br />

souhaitent d’ailleurs précisément aborder<br />

aussi la question de leurs droits sur leurs propriétés<br />

intellectuelles à cette occasion.<br />

A commander à l’adresse suivante: INFOE<br />

Suisse, Zypressenstrasse 76, 8037 Zurich.<br />

27


Photo: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>

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