Psychologie cognitive de l'éducation (A. Lieury & F. de LaHaye)

« J’ai lu pour vous »
« Psychologie cognitive de l'éducation »
Alain Lieury et Fanny de La Hayeéditions
Dunod
Introduction :
Les auteurs partent du constat que le manque de formation scientifique chez de nombreux acteurs
de l'éducation a pu conduire parfois à la diffusion de méthodes, de manuels ou de conseils inadaptés
car sans réel fondement scientifique. Ils étayent leur propos tout au long de l'ouvrage par les
résultats de différents travaux de recherches récentes.
La mémoire
Après un rappel de l'approche constructiviste de Jean Piaget et des approches socioconstructivistes
de Vygotsky et Bruner dans le développement de l'enfant d'âge scolaire, les auteurs s'intéressent
plus précisément au rôle que joue la mémoire dans les apprentissages scolaires.
Ils différencient la mémoire lexicale (et ses fonctions de stockage et de reconnaissance des mots,
que ce soit visuellement ou auditivement) de la mémoire sémantique (qui catégorise les mots et
permet leur compréhension par un accès direct au sens ou par inférence). C'est pourquoi certains
chercheurs pensent que l'intelligence est basée sur la mémoire : plus la mémoire stocke de
connaissances, plus les inférences sont variées et correctes.
Ils abordent également l'apprentissage par l'action, et nous démontrent que celui-ci a peu d'effet
pour l'apprentissage d'un concept théorique mais se révèle en revanche utile lorsqu'il s'agit d'un
apprentissage exigeant des savoir-faire.
Ils nous font part de travaux de chercheurs qui confirment que l'organisation de la mémoire est un
paramètre essentiel à l'apprentissage, et que la sémantique s'apprend également par la répétition
d'épisodes dans des contextes variés, ce qui permet d'acquérir différentes facettes de sens des
concepts.
La mémoire a besoin d'être réactivée, et différents moyens peuvent être utilisés, comme des
procédés mnémotechniques ou encore des résumés, des plans de cours, des schémas.
La compréhension
Après l'étude du rôle que joue la mémoire dans les apprentissages scolaires, les auteurs explorent la
lecture sous l'angle de la compréhension.
L'entrée dans le monde de l'écrit est un préalable indispensable, et ce, dès 3 ans environ (les enfants
se font raconter des histoires par des adultes ou des enfants plus âgés, racontent eux-même des
histoires à partir d'illustrations, écrivent leur prénom sur leur dessin...).
L'école maternelle a ici un rôle extrêmement important à jouer au cours de cet apprentissage
préalable par 3 activités clés:
• le travail sur les sons de la parole ;
• l'acquisition du principe alphabétique ;
• l'acquisition des gestes d'écriture.
Pour accéder à la lecture experte (donc à la compréhension), les élèves doivent d'abord passer par le
stade de l'identification des mots écrits. L'automacité est ensuite indispensable pour soulager
l'attention du lecteur de l'identification des mots et lui permettre de se concentrer sur la
compréhension de ce qu'il lit. Or cette automacité est rendue possible par la répétition de l'activité.
Autrement dit, plus on lit, mieux on lit et mieux on lit, plus on lit.
N Carluec CPC 1/2 novembre 2009

Les différentes méthodes de lecture sont analysées dans leur approche phonographique ou idéovisuelles.
L'élaboration du sens au niveau du texte se construit grâce à la mise en relation des mots et des
phrases et à l'élaboration d'une représentation mentale globale et cohérente de la situation décrite
par le texte. Or cette représentation ne peut se structurer qu'avec la production d'inférences propres
au lecteur.
L'activité de compréhension est donc une activité mentale complexe, car elle met en œuvre
plusieurs éléments:
• l'identification des mots écrits ;
• un lexique mental suffisant ;
• la capacité à produire des inférences ;
• la capacité à élaborer le modèle de la situation décrite par le texte.
Remédiations
La nature du texte, le contexte du lecteur (les consignes données, l'intérêt ou le but du lecteur) et le
rôle du titre sont d'autres composantes impliquées dans la compréhension d'un texte, que les auteurs
développent.
Ils se penchent ensuite sur les difficultés de compréhension en lecture, et proposent des pistes de
remédiations, comme l'accroissement du lexique des élèves, un travail spécifique sur les anaphores,
les connecteurs et la ponctuation, la capacité à dégager l'idée essentielle d'un texte, la production
d'inférences et l'élaboration du modèle de situation, la capacité d'autorégulation (régulation de la
vitesse de lecture, effectuer des retours en arrière dans le texte dans les passages difficiles...).
Les auteurs émettent l'idée que la compréhension peut et doit s'enseigner, au même titre que le
décodage. Ils se réfèrent aux programmes de 2008 et aux travaux de recherches effectués dans ce
domaine pour recommander aux enseignants de l'école maternelle d'enseigner la compréhension à
l'oral, sans attendre que les processus d'identification des mots se soient installés. La question de
l'implicite par exemple, pourra être abordée en parallèle avec l'extension du lexique, l'analyse
syntaxique, la motivation et l'intérêt pour la lecture de textes.
La résolution de problèmes
Un chapitre est consacré à l'intelligence et à la résolution de problèmes, à la question du QI et à
l'histoire des tests d'intelligence, à la construction du nombre et aux mathématiques. Il apparaît
aujourd'hui que lors d'une résolution de problème, différents modes de raisonnements peuvent être
mis en œuvre suivant les élèves: le mode arithmétique, le mode algébrique ...
L'apprentissage de problèmes variés du même type (ou multi-présentation) facilite peut-être la
construction en mémoire d'une structure abstraite correspondant à une classe de problèmes (par
exemple tous les problèmes pouvant être résolus par le théorème de Thales).
L'attention
Le dernier chapitre aborde la question de l'attention (sélective, partagée), des rythmes de l'enfant et
des performances scolaires, le rôle du sommeil, celui de la motivation (intrinsèque et extrinsèque) et
les auteurs concluent sur le fait qu'un élève acteur de ses apprentissages augmente sa motivation
intrinsèque et ses performances, ainsi que sa compétence perçue (estime de soi).
N Carluec CPC 2/2 novembre 2009