DIT DE L'UPV N° 90 - Université Paul Valéry

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2 ■ ACTUALITÉS BLOC-NOTES ■■■ Le même et l’autre Colloque international et pluridisciplinaire, organisé par l’Équipe de recherche en philosophie (EA 738), les 29, 30 novembre et 1 er décembre 2005 à la Maison des étudiants, salle Charles-Camproux. Jusqu’à quel point la pensée peut-elle appréhender la différence ? Rencontrant la différence, et l’appréhendant comme limite ou comme danger, la pensée n’est-elle pas tentée de contourner l’obstacle par une réduction de la différence à l’altérité – à l’autre par rapport au même – dans un cadre identitaire encore, fût-il dialectique ? Or une pensée, non réductrice, de la différence n’impliquet-elle pas une pensée différente ? La thématique du même et de l’autre franchit les barrières institutionnelles entre les différents champs du savoir : Les sciences humaines, la théologie, le droit ont euxmêmes à répondre à l’obstacle (?) de la différence et l’on voit la question surgir au cœur même des sciences de la matière et du vivant et dans les débats éthiques imposés par les nouvelles biotechnologies. Ce colloque a donc pour ambition de rassembler des chercheurs, venant de disciplines diverses, autour d'une réflexion commune sur le rapport de la rationalité occidentale à la « différence ». Programme détaillé du colloque sur : www.univ-montp3.fr/rech/activites/rechacti-som.htm Renseignement : marie-france.badie@tele2.fr === ■■■ Médecine préventive > Alimentation et santé Le service de Médecine préventive de l’université, en partenariat avec la Mutualité française, la MGEN et la LMDE, vous propose une conférence du professeur Monnier (chef de service des maladies métaboliques au CHU de Montpellier) qui a pour thème «Alimentation et santé». Elle aura lieu le mardi 29 novembre 2005 de 13 h à 14 h dans la salle des colloques, bât C au rez-de-chaussée. Cette conférence s’inscrit dans la prolongation de la manifestation «Petit resto santé» organisée au début du mois. > Parce qu’on ne guérit pas du SIDA Carol Iancu : docteur Honoris Causa de l’université de Cluj en Roumanie Nous avons le plaisir d’annoncer que M. Carol Iancu, historien, professeur à l’université Paul-Valéry, a reçu le titre de Docteur Honoris Causa de l’université Babes-Bolyai de Cluj (Roumanie) comme une reconnaissance de ses contributions de marque à la recherche historique européenne. La cérémonie officielle a eu lieu le 8 novembre dernier dans l’Aula Magna de l’université de Cluj, où le professeur Iancu a donné une conférence intitulée : « Considérations sur l’histoire des Juifs en Roumanie et l’historiographie juive ». Rappelons que Carol Iancu est également directeur de l’École des hautes études du judaïsme et codirecteur du centre de recherches Juifs, Arméniens et chrétiens d’Orient. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Les Mythes fondateurs de l’antisémitisme – De l’Antiquité à nos jours paru aux éditions Privat en 2003. ■ En partenariat avec l’association A.N.G.E.L., une journée d’information et de discussion autour du thème du SIDA aura lieu le mercredi 30 novembre 2005 au service de Médecine préventive de 10 h 30 à 15 h. Un moment d’échange informatif et ludique vous sera proposé entre 13 h et 14 h en présence du docteur Karine Favier, spécialisée en maladies infectieuses ainsi qu’un intervenant du CDAG L’action d’information et de sensibilisation autour du SIDA continue le 1 er décembre 2005 à la cafétéria du restaurant universitaire Vert Bois de 11 h à 14 h. > Collecte de médicaments Le service de la Médecine préventive tient à remercier toutes les personnes ayant déposé des médicaments pour l’association « Espoir pour un enfant ». Cette collecte continue. Infos : SUMPPS au 04 67 14 22 40 === ■■■ Les Jeudis en Musique [Tous les concerts ont lieu à la Maison des étudiants de l’université entre 12 h et 14 h. L’entrée est libre.] > 1 er décembre 2005 : SIMSIM Un voyage au cœur de la Méditerranée. Un répertoire des musiques où se côtoient le monde arabe, tzigane, andalou, sud-saharien, turc, grec et espagnol. > 8 décembre 2005 : TRIO NAT Ce trio de jeunes musiciennes propose un programme autour de la musique Française M. Iancu à l’occasion de la remise du titre de Docteur Honoris Causa à l’université Babes-Bolyai de Cluj (Roumanie). et Russe du XX e siècle, avec des œuvres de Milhaud, Poulenc, Debussy, Khatchaturian et Stravinsky. > 15 décembre 2005: SWING OF GOSPEL Cet ensemble de huit chanteurs venant des formations (Gospel Rythm, Black Ness, Black & White gospel, The soul travellers…) trouve sa force et son originalité dans le mélange des cultures et des origines ethniques… Renseignements : Service commun d’action culturelle, université Paul-Valéry. Tél. : 04 67 14 23 78 / 04 67 14 24 81 http://scac.univ-montp3.fr === ■■■ Ciné Campus [Toutes les projections ont lieu à l’amphi A à 18 h 30. Entrée : 2 euros. Infos : SCAC] > 2 décembre 2005 : MONDOVINO Film documentaire de Jonathan Nossiter, France, 2004. > 8 décembre 2005 : MÉMOIRE D’UN SACAGE Film documentaire de Fernando E. Solanas, Argentine, France et Suisse, 2004. === ■■■ Cours à l’IEFE L’Institut d’études françaises pour étrangers organise à l’attention des étudiants étrangers un cours de soutien spécifique : Renforcement linguistique et méthodologie pour les étudiants de l’UPV en master et doctorat. Les lundi et jeudi de 18 h à 19 h 30 (10 semaines) au prix de 150 euros. Début des cours le 21 novembre 2005. Ainsi qu’un nouveau cours : Français pour jeunes filles au pair et étudiants salariés à plein temps. Le samedi de 9 h à 12 h (10 semaines) au prix de 200 euros. Début des cours le 26 novembre 2005. Renseignements/inscriptions : IEFE, bât. I (Eugène-Ionesco), université Paul- Valéry. Tél : 04 67 14 21 01 Mél. : iefe@univ-montp3.fr
BON À SAVOIR ■ 3 Jean Boissel, professeur de littérature générale et comparée à la Faculté des lettres de Montpellier de 1969 à 1985 L'enseignement de la littérature comparée, à Montpellier III, a toujours profité de la compétence de spécialistes du monde oriental. Une tradition s'est forgée. Après le court passage dans les années 1950 de René Étiemble (1909-2002), distingué rimbaldien, grand sinophile sinon sinisant, versé en littérature érotique, vint un nouveau comparatiste, spécialiste du comte Arthur de Gobineau (1816- 1882) et connaisseur du monde persan. 1. Un parcours diplomatique Jean Boissel (1920-2001) est né le 18 mai 1920 à Conches-en-Ouches (Eure). Il étudie aux lycées Fénelon d’Elbeuf, Corneille de Rouen, puis passe sa licence de lettres classiques et un certificat de philosophie générale à Caen (1939-1942). Parmi ses maîtres, F. Alquié, le philosophe, A.-M. Schmidt, dont il suit le cours de littérature comparée, et, semble-t-il, Louis Poirier, le futur Julien Gracq. L’Occupation marque son adolescence : « Les “seigneurs” étaient là et nous obligèrent, étudiants décadents, à pousser la brouette de crottin », rappelle-t-il dans sa thèse d’État. En 1943, réfractaire au Service du Travail Obligatoire, il enseigne sous un faux nom à l’Institution Saint-Joseph des Frères des Écoles Chrétiennes à Caen. À partir de 1946, le voilà professeur au lycée Malherbe de Caen, où il a pour élève Emmanuel Le Roy Ladurie. Il écrit dans des journaux locaux et nationaux : ici, sur « L’âme normande dans la littérature française », dans Réforme, un hebdomadaire local protestant ; là, sur La Pesanteur ou la Grâce de Simone Weil, qu’il citait d’ailleurs souvent dans ses cours. En 1949, il est détaché 5 ans à la Direction des Affaires étrangères pour enseigner à l’ENS d’Ankara (Turquie). En 1954, il fonde l’Institut Français à Izmir. Il sillonne la région, avec des séjours en Iran. De 1955 à 1959, il est membre de la Mission culturelle française à Vienne (Autriche). De 1959 à 1961, attaché culturel au Caire, il croise la route d’A. Miquel et F. Daumas. L’Asie a des poisons « très réels », dira-t-il. De fait, il attrape le typhus, est soigné au chlore, voit ses cheveux blanchir avant l’âge. Entre 1962 et 1967, il devient directeur des Instituts français de Bonn, puis de Brème. Il se remarie avec une étudiante allemande, aujourd’hui Madame Hildegard Boissel, à qui il dédiera sa thèse. Nouveau détachement, de 1967 à 1968, à l’université Domenski de Bratislava, où il assiste à l’invasion soviétique de printemps. Il lui arrive de passer en Autriche, d’où il ramène de la nourriture fraîche pour sa fille, Corinne, qui vient de naître. 2. Une carrière universitaire À partir de 1969, à l’instigation du doyen d’alors, P. Laubriet, il devient maître de conférences à la Faculté des lettres. Cette année-là, à Paris IV, il soutient sa thèse complémentaire sur Victor Courtet, un maître oublié de Gobineau. En 1974, il soutient sa thèse d’État, Gobineau, l’Orient et l’Iran. Le jury est présidé par Jean Gaulmier, maître des études gobiniennes. Passé professeur, Jean Boissel exerce à Montpellier III jusqu’à sa retraite. Il a pour collègue immédiate Marianne Cermakian qui avait d’abord séjourné en Europe puis longtemps enseigné aux États-Unis. Outre la publication de sa thèse, Gobineau, l’Orient et l’Iran (1973), et d’une vie de son auteur, Gobineau (1816-1882) : un Don Quichotte tragique (1981), il co-édite les œuvres de Gobineau en Pléiade, surtout l’Essai, et publie aussi sur l’Iran, notamment L’Iran moderne (1975). Des prix le récompensent : France-Iran de l’Association des écrivains de langue française (1977) ; Fondation Biguet de l’Académie Française (1981). En 1978, il créa un cours de langue et de civilisation persanes. Maint étudiant iranien venait alors s’inscrire en thèse avec lui. En 1985, l’année où il se retire après dix-sept ans de bons services, il est élu membre de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier sur le siège de l’égyptologue François Daumas, ancien professeur à l’université Paul-Valéry, dont il fera l’éloge. Retraite studieuse à Castries où, après avoir habité Roussillon (Vaucluse), il a déménagé à la fin des années 1970. Il y écrit son dernier livre, Gobineau : biographie : mythes et réalité, et classe les archives de Georges Vacher de Lapouge, autre figure de l’Université de Montpellier, connu comme théoricien de la race. Les forces de Jean Boissel déclinent : maladie, opération, diminution des facultés intellectuelles, décès au terme d’un long et douloureux affaiblissement. 3. Un historien de l’idée de race au XIX e siècle L’homme pouvait être attachant. Petit, cheveux frisants, teint bronzé et un rien oriental, style vieille France et baise-main, d’une sobre élégance, Jean Boissel jouissait de l’aura du voyageur au long cours, en Orient et ailleurs. Fort de son expérience du monde et de son immense culture, il avait le don de l’orateur, le talent du causeur, la plume du styliste. Surtout, il alliait le flair du chercheur et la rigueur du savant. Il fallait l’entendre raconter son enquête pour retrouver les archives de la famille Courtet, source essentielle de l’Essai sur l’inégalité des races humaines. Dans ses cours au pessimisme inoxydable et parfois communicatif, le professeur Boissel passionnait par sa connaissance de l’histoire des mouvements de pensée en France au XIX e siècle. Il maîtrisait avec brio Les Structures anthropologiques de l’imaginaire (1969) de G. Durand, sa grande référence méthodologique, mais prisait peu le structuralisme et la linguistique, les sciences montantes. Notre faculté voyait alors s’affronter l’histoire littéraire et l’analyse structurale, la droite et la gauche, Pierre Laubriet et Claude Richard ou Jacques Proust. Jean Boissel, lui, se voulait historien des idées, et il écrivit sur Tocqueville, Ballanche, de Maistre, etc. C’était dans ces années où Michel Foucault, avec Les Mots et les Choses (1966), se faisait le fossoyeur de l’histoire des idées, secteur des études de littérature comparée qui disparut quasiment à la fin des années 1980. J. Boissel s’attacha à réhabiliter l’œuvre du comte Arthur de Gobineau, lequel passait pour avoir exalté l’idée de race et inspiré Adolf Hitler pour Mein Kampf. Aussi bien dans son étude des œuvres de Victor Courtet de l’Isle que dans son édition critique de l’Essai en Pléiade, Jean Boissel prouva que tout le XIX e siècle européen était racialiste et que Gobineau n’avait rien inventé. Ernest Renan, son contemporain, appliquant le principe non démontré d’identité de la langue et de la race, professait sans broncher la supériorité des langues indo-européennes sur les langues sémitiques et la hiérarchie de races qui s’ensuivait. Tocqueville lui-même… J. Boissel montra aussi que si Gobineau postulait le développement organique des civilisations selon le mélange des races inégales en leur principe civilisateur, il retraçait l’histoire de l’humanité en argumentant que la race blanche avait dégénéré en s’alliant avec la noire et la jaune et que les nations « accablées sous une morne somnolence, vivront dès lors engourdies dans leur nullité, comme les buffles ruminants dans les flaques stagnantes des marais Pontins » (Conclusion générale) : un processus irréversible. Rien à voir, donc, avec Die Grundlagen des neunzehnten ➔
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