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Etude de cas du Sénégal

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Pour ce qui concerne les effets <strong>de</strong> la crise mondiale sur l’économie <strong>du</strong> <strong>Sénégal</strong>, les analyses<br />

menées suggèrent que les effets directs <strong>de</strong> la crise financière sur le système bancaire et<br />

financier <strong>du</strong> <strong>Sénégal</strong> sont globalement faibles, notamment vu les mesures <strong>de</strong> protection en<br />

vigueur dans l’UEMOA, la faible exposition <strong>de</strong>s banques sur les marchés internationaux et le<br />

fait que la plupart sont <strong>de</strong>s filiales implantées au <strong>Sénégal</strong> sont indépendantes, disposent <strong>de</strong><br />

leurs propres capitaux et n’ont que <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> crédit limitées auprès <strong>de</strong> leurs sociétés mères<br />

(MEF/CEPOD, 2009 ; FMI, 2008). Cependant, la crise économique mondiale pourrait<br />

entraîner une détérioration <strong>de</strong> la qualité <strong>du</strong> portefeuille <strong>de</strong> prêts au niveau national (FMI,<br />

2008).<br />

Par contre, les économies <strong>de</strong> la sous-région et en particulier celle <strong>du</strong> <strong>Sénégal</strong>, <strong>de</strong>vraient subir<br />

les effets indirects <strong>de</strong> la crise économique. Vu le manque <strong>de</strong> données sur le sujet, aucune<br />

prévision chiffrée <strong>de</strong>s impacts <strong>de</strong> la crise n’est encore disponible, 21 mais on a déjà pu<br />

i<strong>de</strong>ntifier les principaux canaux <strong>de</strong> contagion suivants (FMI, 2008, 2009 ; MEF/CEPOD,<br />

2009) :<br />

- Une diminution <strong>de</strong>s envois <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong>s migrants, qui représentent près <strong>de</strong> 10% <strong>du</strong> PIB<br />

annuel, entraînée par le ralentissement économique marqué en Europe et aux Etats-Unis.<br />

Toutefois, d’après les premiers chiffres disponibles à la BCEAO, aucune diminution<br />

n’aurait été enregistrée en 2008 – au contraire, on constate encore une hausse <strong>de</strong>s<br />

transferts. Malgré tout, une baisse est à craindre – ou <strong>du</strong> moins à surveiller – pour 2009.<br />

- Le report ou l’annulation <strong>de</strong> projets d’IDE, 22 dont la part dans le PIB aurait dû passer <strong>de</strong><br />

0,5% à 5% <strong>de</strong> 2005 à 2010 (FMI, 2008), ainsi qu’une ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> financement<br />

(retard <strong>de</strong>s projets conclus et tarissement <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> capitaux frais). Certaines<br />

projections font état d’une diminution possible <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s IDE au <strong>Sénégal</strong>. Toutefois, les<br />

grands projets d’investissement réalisés dans le cadre <strong>de</strong> partenariats public-privé (par<br />

exemple, le nouvel aéroport, l’autoroute à péage, l’extension <strong>du</strong> port à containers)<br />

<strong>de</strong>vraient être maintenus, mais pourraient être retardés si les conditions <strong>de</strong> financement et<br />

la situation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mondiale <strong>de</strong>meurent défavorables. Certains étu<strong>de</strong>s font état<br />

présagent même d’une possible augmentation <strong>de</strong>s IDE en provenance <strong>de</strong> Chine vers<br />

l’Afrique suite à la crise (IDS In Focus Policy Briefing 7.6). Le projet minier d’Arcelor-<br />

Mittal semble par contre en cours d’annulation.<br />

- Une ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s flux d’ai<strong>de</strong>, qui représente elle aussi près <strong>de</strong> 10% <strong>du</strong> PIB annuel, <strong>du</strong>e<br />

aux contraintes budgétaires <strong>de</strong>s pays donateurs attribuables aux opérations <strong>de</strong> sauvetage<br />

en cours sur leur territoire. Le pays pourrait être désavantagé dans la répartition future <strong>de</strong><br />

l’ai<strong>de</strong>, d’autant plus que vu les dérapages budgétaires majeurs enregistrés en 2008. 23<br />

- S’agissant <strong>de</strong>s exportations sénégalaises par contre, le Ministère <strong>de</strong> l’Economie et <strong>de</strong>s<br />

Finances (MEF) présageait que l’impact <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong>vrait être modéré car leur<br />

<strong>de</strong>stination première est l’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest (qui compte pour plus <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s<br />

exportations) avec <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> base ; l’Europe ne compte que pour environ 25% <strong>de</strong>s<br />

21 La Direction <strong>de</strong> la Prévision et <strong>de</strong>s <strong>Etu<strong>de</strong></strong>s Economiques (DPEE) est en train <strong>de</strong> faire une analyse quantitative<br />

sur les impacts <strong>de</strong> la crise sur les agrégats économiques, mais elle ne sera pas disponible avant quelques mois.<br />

22 Les taux <strong>de</strong> croissance records enregistrés en Afrique au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années sont en partie <strong>du</strong>s aux<br />

investissements privés étrangers qui jouent un rôle <strong>de</strong> plus en plus important dans le développement économique<br />

<strong>du</strong> continent (MEF/CEPOD, 2009).<br />

23 Suite à la découverte par le FMI <strong>de</strong>s dérapages budgétaires et <strong>de</strong> misreporting mi-2008, plusieurs donateurs<br />

faisant <strong>de</strong> l’appui budgétaire (AB) avaient suspen<strong>du</strong> leurs financements jusqu’à une normalisation <strong>de</strong>s rapports<br />

avec le FMI, et n’ont décaissé qu’au mois <strong>de</strong> décembre. L’accord conclu avec le Fonds fin 2008 l’a été à coup <strong>de</strong><br />

forceps et tout nouveau dérapage mettrait les donateurs face à un dilemme cornélien : continuer à soutenir une<br />

gouvernance qui laisse à désirer ou risquer <strong>de</strong> laisser le pays face à d’importants troubles sociaux – ce qui n’est<br />

pas envisageable pour beaucoup <strong>de</strong> partenaires <strong>du</strong> <strong>Sénégal</strong>.<br />

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