10.05.2014 Views

Droits sexuels et reproductifs & genre. Où en sommes-nous? (mai ...

Droits sexuels et reproductifs & genre. Où en sommes-nous? (mai ...

Droits sexuels et reproductifs & genre. Où en sommes-nous? (mai ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Droits</strong> <strong>sexuels</strong> <strong>et</strong> <strong>reproductifs</strong> & <strong>g<strong>en</strong>re</strong><br />

Application<br />

dans les législations<br />

nationales<br />

Si parfois la ratification ou l’adhésion à certains<br />

traités internationaux <strong>et</strong> grandes conv<strong>en</strong>tions<br />

concernant la lutte contre les viol<strong>en</strong>ces<br />

de <strong>g<strong>en</strong>re</strong> sont <strong>mai</strong>gres, cela ne veut pas nécessairem<strong>en</strong>t<br />

dire qu’il n’y a pas, dans les pays<br />

concernés, d’instrum<strong>en</strong>ts juridiques nationaux<br />

pour la protection des femmes <strong>et</strong> des <strong>en</strong>fants.<br />

La RDC par exemple, qui n’a pas ratifié le Protocole<br />

CEDAW, a intégré dans sa constitution<br />

de 2005 l’élimination de toute forme de discrimination<br />

à l’égard de la femme. L’article 15<br />

de c<strong>et</strong>te constitution oblige aussi les pouvoirs<br />

publics à veiller à l’élimination des viol<strong>en</strong>ces<br />

sexuelles. Sans préjudice des traités <strong>et</strong> accords<br />

internationaux, toute viol<strong>en</strong>ce sexuelle faite<br />

sur toute personne, dans l’int<strong>en</strong>tion de déstabiliser,<br />

de disloquer une famille <strong>et</strong> de faire disparaître<br />

tout un peuple est érigée <strong>en</strong> crime<br />

contre l’humanité, sanctionné légalem<strong>en</strong>t.<br />

Le Maroc, non signataire du Protocole<br />

CEDAW, du protocole de Maputo, ni de la<br />

Charte africaine des droits <strong>et</strong> du bi<strong>en</strong> être de<br />

l’<strong>en</strong>fant, est depuis quelques années, suite aux<br />

réflexions autour de la Moudawana, <strong>en</strong> plein<br />

processus de changem<strong>en</strong>t législatif. Ainsi, aujourd’hui,<br />

un ravisseur d’une mineure ne<br />

pourra plus échapper aux poursuites pénales<br />

<strong>en</strong> épousant sa victime. Chaque femme a le<br />

droit de se constituer partie civile contre son<br />

mari, qui sera poursuivi <strong>et</strong> puni pour viol<strong>en</strong>ces<br />

conjugales.<br />

De même, le Vi<strong>et</strong>nam améliore sa législation,<br />

avec davantage de dispositions protégeant les<br />

femmes <strong>et</strong> un alourdissem<strong>en</strong>t des peines <strong>en</strong>courues<br />

par les personnes qui comm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t<br />

des délits à l’<strong>en</strong>contre des femmes.<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t, à côté de ces points positifs,<br />

<strong>nous</strong> observons aussi de grandes lacunes.<br />

Le Mali, qui a signé toutes les grandes déclarations<br />

<strong>et</strong> résolutions des Nations Unies<br />

concernant l’élimination de la viol<strong>en</strong>ce contre<br />

les femmes <strong>et</strong> des pratiques traditionnelles ou<br />

coutumières préjudiciables à la santé des<br />

femmes, souffre d’une abs<strong>en</strong>ce de pénalisation<br />

des pratiques néfastes à la santé de la<br />

femme, comme par exemple l’excision, le viol<br />

conjugal, le lévirat 94 <strong>et</strong> le sororat. 95<br />

Enfin, <strong>en</strong> ce qui concerne les viol<strong>en</strong>ces vis-à-vis<br />

des droits fondam<strong>en</strong>taux des personnes homosexuelles,<br />

des avancées législatives sont <strong>en</strong>core<br />

à faire dans plusieurs des pays que <strong>nous</strong><br />

avons analysés. Dans nombre d’<strong>en</strong>tre eux,<br />

l’homosexualité est toujours taboue <strong>et</strong> considérée<br />

comme immorale, même si elle n’est<br />

pas réprimée par la loi. 96<br />

Au Maroc <strong>et</strong> au Sénégal, tant l’homosexualité<br />

féminine que masculine est illégale <strong>et</strong> pénalisée.<br />

97 Les poursuites légales sont relativem<strong>en</strong>t<br />

rares, même si au Sénégal l’article 319 du<br />

code pénal est appliqué. 98<br />

En RDC, ni les relations sexuelles <strong>en</strong>tre<br />

femmes ni celles <strong>en</strong>tre hommes ne sont illégales<br />

<strong>en</strong> tant que telles; <strong>mai</strong>s l’article 172 du<br />

Code pénal réprimant les atteintes à la morale<br />

peut être utilisé contre les relations homosexuelles.<br />

Enfin, dans une perspective de santé globale,<br />

on notera que la criminalisation de l’homosexualité<br />

masculine <strong>en</strong>trave les efforts pour<br />

combattre le VIH/SIDA car cela r<strong>en</strong>d les<br />

hommes ayant des relations homosexuelles<br />

<strong>en</strong>core plus rétic<strong>en</strong>ts à discuter de leurs pratiques<br />

sexuelles, que ce soit avec le personnel<br />

médical ou avec d’autres interlocuteurs. Cela<br />

m<strong>et</strong> davantage <strong>en</strong>core <strong>en</strong> danger de contamination<br />

leur épouse, s’ils <strong>en</strong> ont une.<br />

94<br />

Lévirat : le remariage d’une veuve avec le frère de son mari.<br />

95<br />

Sororat : le remariage d’un veuf avec la sœur de son épouse.<br />

96<br />

Aucun des pays que <strong>nous</strong> avons choisis pour notre étude ne figure parmi les sept pays qui prévoi<strong>en</strong>t la peine de mort comme sanction de pratiques<br />

sexuelles <strong>en</strong>tre adultes cons<strong>en</strong>tants de même sexe. Ces pays sont : l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis d’Amérique (certains états), l’Iran, la<br />

Mauritanie, le Nigeria (la Peine de Mort est appliquée par la Charia <strong>en</strong> vigueur dans 12 provinces du Nord du pays), le Soudan, le Yém<strong>en</strong>. Source :<br />

ILGA<br />

97<br />

Maroc : article 489 du code pénal ; l’homosexualité peut être punie par une période pouvant aller de 6 mois à 3 ans d’emprisonnem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> d’une<br />

am<strong>en</strong>de.<br />

Sénégal : Loi de Base n° 65-60 du 21 Juill<strong>et</strong> 1965 portant Code Pénal, Article 319:3. Il prévoit des am<strong>en</strong>des <strong>et</strong> des peines d’emprisonnem<strong>en</strong>t de<br />

un à cinq ans. Source : ILGA.<br />

98<br />

“Le cas le plus réc<strong>en</strong>t est celui de deux homo<strong>sexuels</strong> qui ont eu un désaccord, <strong>et</strong> l’un des deux a porté plainte. Dès l’instant où la police a su qu’il<br />

s’agissait “d’acte contre nature”, ils ont été traduits devant la justice <strong>et</strong> actuellem<strong>en</strong>t ils purg<strong>en</strong>t une peine d’un mois d’emprisonnem<strong>en</strong>t. Il est<br />

urg<strong>en</strong>t de r<strong>en</strong>forcer les gays, lesbi<strong>en</strong>nes, trans<strong>g<strong>en</strong>re</strong>s <strong>et</strong> intersexués, les informer de leurs droits, <strong>mai</strong>s aussi r<strong>en</strong>forcer leur estime de soi <strong>et</strong><br />

affirmation de soi.” (Information fournie par le correspondant de ILGA au Sénégal, par <strong>mai</strong>l <strong>en</strong> décembre 2007).<br />

33

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!