PROJET REGIONAL DE GESTION DURABLE DU ... - PROGEBE
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<strong>PROJET</strong> <strong>REGIONAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>GESTION</strong> <strong><strong>DU</strong>RABLE</strong> <strong>DU</strong> BETAIL<br />
RUMINANT EN<strong>DE</strong>MIQUE EN AFRIQUE <strong>DE</strong> L’OUEST- SENEGAL<br />
Revue des politiques d’élevage en rapport avec la gestion<br />
durable du bétail ruminant endémique<br />
DRAFT<br />
Dr. Adama FAYE<br />
Consultant<br />
Février 2011
SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES<br />
ANB :<br />
ANCAR :<br />
ARD :<br />
AVSF :<br />
BAMTAARE :<br />
BAD :<br />
BCI :<br />
CDSMT :<br />
CE<strong>DE</strong>AO :<br />
CILSS :<br />
CIMEL :<br />
CNAG :<br />
CNB :<br />
CNCAS :<br />
CSE :<br />
CRZ<br />
DIREL :<br />
DSRP :<br />
EISMV :<br />
FAO :<br />
FED :<br />
FEM :<br />
FIDA<br />
FONSTAB :<br />
GIE :<br />
GOANA<br />
GRN :<br />
IDSV<br />
ILRI :<br />
IPAR<br />
IREF :<br />
IRSV<br />
ISRA :<br />
LOASP<br />
LPDA :<br />
LP<strong>DE</strong> :<br />
MDRH :<br />
MEL :<br />
NIS<strong>DE</strong>L :<br />
OGM :<br />
OIE :<br />
OMVG :<br />
PACE :<br />
PADV<br />
PAPEL :<br />
PARC :<br />
P<strong>DE</strong>SO<br />
Autorité Nationale de Biosécurité<br />
Agence National de Conseil Agricole et Rural<br />
Agence Régionale de Développement<br />
Agronomes Vétérinaires Sans Frontières<br />
Base d’Appui aux Méthodes et Techniques pour l’Agriculture, les Autres<br />
Activités Rurales et l’Environnement<br />
Banque Africaine de Développement<br />
Budget Consolidé d’Investissement<br />
Cadre de Dépenses Sectorielles à Moyen Terme<br />
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest<br />
Comité Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel<br />
Centre d’Impulsion pour la Modernisation de l’Elevage<br />
Centre National d’Amélioration Génétique<br />
Comité National de Biosécurité<br />
Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal<br />
Centre de Suivi Ecologique<br />
Centre de Recherches Zootechniques<br />
Direction de l’Elevage<br />
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté<br />
Ecole Inter Etats des Sciences et Médecines Vétérinaires<br />
Food and Alimentation Organisation<br />
Fonds Européen de Développement<br />
Fonds pour l’Environnement Mondial<br />
Fonds International de Développement Agricole<br />
Fonds d’Appui à la Stabulation<br />
Groupement d’Intérêt Economique<br />
Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance<br />
Gestion des Ressources Naturelles<br />
Inspection Départemental des Services Vétérinaires<br />
International Livestock Research Institute<br />
Initiative Prospective Agricole et Rurale<br />
Inspection Régionale des Eaux et Forêts<br />
Inspection Régional des Services Vétérinaires<br />
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles<br />
Loi d’Orientation Agro Sylvo Pastorale<br />
Lettre de Politique de Développement Agricole<br />
Lettre de politique de développement de l’élevage<br />
Ministère du Développement Rural et de l’Hydraulique<br />
Ministère de l’Elevage<br />
Nouvelle Initiative Sectorielle pour le Développement de l’Elevage<br />
Organismes Génétiquement Modifiés<br />
Office International des Epizooties<br />
Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie<br />
Programme Africain de Lutte Contre les Epizooties<br />
Programme d’Aménagement et de Développement Villageois<br />
Projet d’Appui à l’Elevage<br />
Campagne Panafricaine de Lutte contre la Peste Bovine<br />
Projet de Développement de l’Elevage au Sénégal Oriental<br />
2
P<strong>DE</strong>SOC<br />
PIB :<br />
PNAE :<br />
PN<strong>DE</strong> :<br />
PNIR :<br />
PNUD :<br />
POAS :<br />
PPAP :<br />
PPCB<br />
PRO<strong>DE</strong>C<br />
<strong>PROGEBE</strong> :<br />
PRPZ<br />
PSOAP :<br />
SAGNO<br />
SCA :<br />
SERAS<br />
SNSE :<br />
SODAGRI :<br />
SO<strong>DE</strong>FITEX :<br />
SO<strong>DE</strong>SP :<br />
SO<strong>DE</strong>VA<br />
SOGAS<br />
UBT :<br />
UEMOA :<br />
UICN :<br />
USAID:<br />
VSF<br />
Projet de Développement de l’Elevage au Sénégal Oriental et en Casamance<br />
Produit Intérieur Brut<br />
Plan National d’Actions pour l’Environnement<br />
Plan National de développement de l’Elevage<br />
Programme National d’Infrastructures Rurales<br />
Programme des Nations Unies pour le Développement<br />
Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols<br />
Programme Prioritaire d’Aménagements Pastoraux<br />
Peste et Péripneumonie Contagieuse Bovine<br />
Projet de Développement des Espèces à Cycles courts<br />
Projet Régional de Gestion du Bétail Ruminant Endémique en Afrique de<br />
l’Ouest<br />
Programme de Renforcement de la Protection Zoosanitaire<br />
Programme des services agricoles et d’appui aux organisations paysannes<br />
Système d’Amélioration Génétique à Noyau Ouvert<br />
Stratégie de Croissance Accélérée<br />
Société Exploitation des Ressources Animales<br />
Système National de Surveillance Epidémiologique<br />
Société de Développement Agricole et Industriel du Sénégal<br />
Société de Développement des Fibres Textiles<br />
Société de Développement de l’Elevage dans la zone Sylvo-Pastorale<br />
Société de Développement et de Vulgarisation Agricole<br />
Société de Gestion des Abattoirs du Sénégal<br />
Unité de Bétail Tropical<br />
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine<br />
Union Internationale pour la Conservation de la Nature<br />
United States Agency for International Development<br />
Vétérinaires Sans Frontière<br />
3
Résumé exécutif<br />
Cette étude a été ordonnée par l’ILRI dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de Gestion Durable<br />
du Bétail ruminant Endémique (<strong>PROGEBE</strong>), projet destiné à termes à proposer des pratiques<br />
conservatrices et d’amélioration de la productivité du Bétail Ruminant Endémique (BRE). Il s’agit<br />
d’une revue des politiques d’élevage au Sénégal pour évaluer la prise en compte de cette<br />
préoccupation. La démarche est essentiellement basée sur l’analyse des documents disponibles, des<br />
entretiens avec des personnes ressources (cadres du ministère de l’élevage, du Ministère de<br />
l’Economie et des Finances, du Ministère de l’Environnement et du Ministère de l’Agriculture) et des<br />
entretiens avec les acteurs de terrain (éleveurs et autres acteurs des filières d’élevage, agents de<br />
services techniques, de l’administration et des élus locaux).<br />
Ce travail centré sur la période allant des années 60 à 2010, met en évidence une succession de<br />
politiques et leurs instruments de mise en œuvre marqués par la place accordée à l’agriculture par<br />
rapport à l’élevage et leur discontinuité liées à la conjugaison de facteurs climatiques, économiques<br />
et politiques. Dans le sillage des orientations productivistes de la période post indépendance,<br />
l’élevage a fait l’objet dans les années 70 d’initiatives destinées à résoudre les problèmes<br />
d’approvisionnement des villes en viande et de fourniture d’animaux de trait pour l’agriculture :<br />
stratification zonale de la production, intensification, gestion des espaces pastoraux, amélioration<br />
génétique (sélection, métissage), formation des éleveurs.<br />
La Nouvelle Politique Agricole (NPA) appliquée à l’élevage entre 1985 et 1994 a consisté en des<br />
mesures de libéralisation des filières et des marchés dont la suppression du contrôle des prix. Le<br />
désengagement de l’Etat s’est aussi traduit par l’élimination des subventions aux intrants et le<br />
transfert de la distribution de ces intrants, de la commercialisation des produits et du système de<br />
crédit au secteur privé. Une défiscalisation (exonération de prélèvements sur les exportations) a été<br />
effectuée en vue d’accroître les revenus des producteurs et d’assurer la compétitivité des produits<br />
sénégalais sur le marché national et à l’extérieur. Ceci a eu comme effet, entre autres, l’exportation<br />
de géniteurs Ndama vers le Gabon, le Congo et le Nigéria. La NPA a voulu responsabiliser davantage<br />
les éleveurs et leurs organisations pour la prise en charge des dépenses abandonnées par l’Etat et<br />
pour combler le vide créé par l’allègement des effectifs des personnels des secteurs public et<br />
parapublic. Le Projet de Développement de l’Elevage au Sénégal Oriental (P<strong>DE</strong>SO) a ainsi entrepris à<br />
responsabiliser les associations d’éleveurs dans la gestion des unités pastorales du sud-est (plans de<br />
gestion des pâturages, contrats de gestion réglementant l’exploitation de l’eau et l’accès aux<br />
pâturages). Globalement la NPA a cherché à organiser le désengagement de l’Etat, la<br />
responsabilisation des éleveurs et l’engagement des acteurs privés. Mais les changements préconisés<br />
ne pouvaient pas se réaliser dans les délais qui étaient prescrits. La réduction des transferts<br />
budgétaires de l’Etat vers l’élevage n’étaient pas comblée par le secteur bancaire réticent à investir<br />
en milieu pastoral.<br />
Le fait que les effets escomptés de la NPA ne sont pas réalisés et la dévaluation de franc CFA en 1994<br />
ont poussé à concevoir et à mettre en œuvre le Programme d’Ajustement Structurel pour le Secteur<br />
Agricole (PASA) de 1995 à 2003. L’élevage a connu deux postures pendant cette période : intégré au<br />
ministère de l’agriculture de 1995 à 1998 et comme ministère à part entière avec l’élaboration d’une<br />
Lettre de Politique de Développement de l’Elevage (LP<strong>DE</strong>) entre 1998 et 2003.<br />
Le PASA parachève la politique de privatisation au niveau de l’élevage avec : i) la privatisation de<br />
l’exercice de la médecine vétérinaire appuyée par l’Union Européenne, ii) la privatisation de la<br />
Société d’Exploitation des Ressources Animales (SERAS) dont la gestion est transférée en 1996 à une<br />
société privée (Société de Gestion des Abattoirs du Sénégal « SOGAS »), iii) la liquidation de la Société<br />
de Développement de l’Elevage en zone Sylvopastorale (SO<strong>DE</strong>SP). L’objectif de la LP<strong>DE</strong> est de rendre<br />
les différentes filières animales plus compétitives, plus productives en stimulant l’investissement<br />
4
privé et la réalisation d’infrastructures structurantes (ouvrages d’hydraulique pastorale, unités<br />
pastorales…). L’accent est également mis sur l’insémination artificielle des vaches locales avec des<br />
semences d’animaux exotiques à haut potentiel laitier et la formation des éleveurs aux techniques de<br />
constitution de réserves fourragères. Un important programme de réformes institutionnelles a été<br />
mis en place dans le cadre du Programme des Services d’Appui aux Organisations de Producteurs<br />
(PSAOP). Parallèlement des programmes de recherche-développement ont été conduits au Centre de<br />
Recherche Zootechnique (CRZ) de Kolda, en zone Est et Sud sur la production, la transformation et la<br />
commercialisation du lait local et sur un système de sélection à noyau ouvert. Globalement la<br />
privatisation a élargi l’offre de services vétérinaires sur le terrain. Mais ses effets se sont plus<br />
manifestés dans le nord où les programmes ont été concentrés. Les efforts d’organisation et de<br />
formation des éleveurs n’ont pas eu les effets attendus par manque d’ancrage endogène. La zone<br />
sud et les systèmes d’élevage du bétail ruminant n’ont pas reçu dans le cadre de ces politiques<br />
l’attention et les appuis nécessaires.<br />
En juin 2004, au terme d’un long processus de consultation avec les acteurs, l’Etat fait voter une Loi<br />
d’Orientation Agrosylvopastorale (LOASP). Celle-ci prévoit en son article 43 la définition et la mise en<br />
œuvre d’un Plan National de Développement de l’Elevage (PN<strong>DE</strong>) en concertation avec les<br />
collectivités locales et les organisations de producteurs. L’objectif est d’avoir un cadre stratégique<br />
pour la définition des priorités du secteur et la mise en cohérence des différentes initiatives.<br />
En attendant la finalisation du PN<strong>DE</strong>, le ministère de l’élevage nouvellement mis en place en 2004,<br />
élabore la Nouvelle Initiative Sectorielle pour le Développement de l’Elevage (NIS<strong>DE</strong>L). La NIS<strong>DE</strong>L<br />
affiche comme objectifs l’accélération de la modernisation et de la diversification des systèmes de<br />
production, la reconquête du marché intérieur, une nouvelle dynamique d’accès aux marchés<br />
extérieurs, la réduction de la pauvreté et de la malnutrition par l’augmentation des revenus des<br />
pasteurs. Parmi les instruments de mise en œuvre de cette NIS<strong>DE</strong>L figurent les Centres d’Impulsion<br />
pour la Modernisation de l’Elevage (CIMEL) et le Fonds d’Appui à la Stabulation (FONSTAB).<br />
L’insémination artificielle apparaît comme un levier central dans cette approche. Le but visé est de<br />
constituer à l’horizon 2012 un troupeau laitier à haut rendement avec un effectif de 100.000 vaches<br />
métisses et 30.000 vaches de race pure pouvant produire 400 millions de litres de lait par an. La<br />
NIS<strong>DE</strong>L a par ailleurs déployé des programmes de renforcement de la protection zoosanitaire (PRPZ),<br />
de lutte contre les maladies prioritaires, d’aménagements pastoraux (PPAP), de réhabilitation et de<br />
construction d’abattoirs modernes et de foirails et d’identification du bétail. A ce dispositif sont<br />
venus s’ajouter récemment le Projet de Développement de l’Elevage au Sénégal Oriental et en<br />
Casamance (P<strong>DE</strong>SOC) et le Projet de Gestion Durable du Bétail Ruminant Endémique en Afrique de<br />
l’Ouest (<strong>PROGEBE</strong>-WA).<br />
Dans l’ensemble, la NIS<strong>DE</strong>L a pour principal objectif la modernisation avec comme levier principal,<br />
l’insémination artificielle. Les instruments mis en place sont en réalité au service de cet objectif. Les<br />
entretiens avec les acteurs de terrain font état d’une méconnaissance de ces politiques par les<br />
éleveurs et les autres acteurs concernés. Ceci prouve leur non implication dans la définition de ces<br />
politiques et explique leur non engagement à les mettre en œuvre. Ils déplorent l’insuffisance voire<br />
le manque d’investissements pour le maintien et la valorisation de leurs troupeaux. La non<br />
application de programmes de vaccination régulière et globale et l’accès très limité aux diagnostics<br />
(inexistence de laboratoire approprié dans la zone) et aux soins vétérinaires sont encore des causes<br />
d’une forte mortalité et d’une faible productivité. Le <strong>PROGEBE</strong> a amorcé une dynamique de réflexion<br />
et d’action communautaires en matière de santé, d’occupation et de gestion de l’espace prenant en<br />
compte les réalités sociales, la nature des écosystèmes et la complexité des systèmes de production.<br />
L’élevage du Bétail Ruminant Endémique qui comprend le taurin Ndama, le mouton Djallonke et la<br />
chèvre naine ou guinéenne se rattache dans cette zone à un système agropastoral qui présente des<br />
spécificités en termes de potentialités, vocation et enjeux de développement durable. Une analyse<br />
5
approfondie de ces réalités s’avère nécessaire pour aboutir à une vision réaliste de l’avenir de ce<br />
système d’élevage.<br />
Face aux problèmes de dégradation des écosystèmes, des politiques plus soucieuses d’équilibres<br />
entre les composantes des systèmes de production et de préservation de la biodiversité sont<br />
incontournables. Plusieurs documents de stratégies et de plans d’action sectoriels ont été élaborés<br />
par les ministères qui ont eu en charge les services des eaux et forêts et de l’environnement. Tous<br />
ces documents insistent sur la nécessité d’une approche multisectorielle impliquant l’ensemble des<br />
ministères ayant une vocation rurale. Cette approche devrait se concrétiser sur le terrain où elle<br />
aiderait les acteurs locaux (collectivités locales et organisations socioprofessionnelles) à mieux<br />
articuler les actions de développement. La génération de nouveaux projets comme le <strong>PROGEBE</strong> et le<br />
P<strong>DE</strong>SOC peuvent y contribuer. Il urge pour le Ministère de l’élevage de finaliser son PN<strong>DE</strong> en<br />
retournant vers les acteurs de base pour en approfondir et partager les orientations et les stratégies.<br />
La priorité à accorder à la préservation de la biodiversité des animaux domestiques et<br />
particulièrement à la conservation du bétail ruminant endémique (BRE) doit être mise en évidence<br />
dans ce PN<strong>DE</strong>. En partenariat avec les autres départements ministériels à vocation rurale, une<br />
approche intersectorielle permettra de mieux planifier les interventions et de cogérer les ressources<br />
et les espaces convoités pour divers usages.<br />
6
Sommaire<br />
Introduction ............................................................................................................................................. 8<br />
I. Objectifs et méthodologie ............................................................................................................. 10<br />
1.1. Objectifs................................................................................................................................. 10<br />
1.2. Définitions ............................................................................................................................. 10<br />
1.3. Méthodologie ........................................................................................................................ 10<br />
II. L’économie et les politiques de développement agricole et rural: le legs colonial. ................... 13<br />
2.1. Une économie dominée par la satisfaction des besoins en matières premières de la<br />
métropole. ................................................................................................................................ 13<br />
2.2. Des politiques de développement post indépendance marquées par le legs colonial<br />
mais des initiatives en faveur de l’élevage. ............................................................................. 13<br />
III.<br />
Les politiques d’élevage de 1985 à 2010 : quelle contribution à la gestion durable du bétail<br />
ruminant endémique ? .............................................................................................................. 15<br />
3.1. Nouvelle Politique Agricole (NPA) appliquée à l’élevage : 1985-1994 .................................. 15<br />
3.2. PASA (LPDA et LP<strong>DE</strong>): 1995-2003 .......................................................................................... 18<br />
3.3. NIS<strong>DE</strong>L (Nouvelle Initiative Sectorielle pour le Développement de l’Elevage) 2004-2010 ... 24<br />
3.4. Perceptions et analyses des acteurs ..................................................................................... 31<br />
IV. Bilan et perspectives ................................................................................................................. 36<br />
4.1. Principaux constats et analyses ............................................................................................. 36<br />
4.2. Contexte national et sous-régional ....................................................................................... 38<br />
Conclusion ............................................................................................................................................. 41<br />
Bibliographie.......................................................................................................................................... 44<br />
ANNEXES ................................................................................................................................................ 47<br />
Annexe 1 : Termes de références ...................................................................................................... 48<br />
Annexe 2. Outils d’entretiens de terrain ........................................................................................... 54<br />
Annexe 3: Liste des personnes ressources et institutions consultées .............................................. 63<br />
Annexe 4 : Liste des acteurs rencontrés sur le terrain ...................................................................... 64<br />
Annexe 5 ................................................................................................ Error! Bookmark not defined.<br />
7
Introduction<br />
Au Sénégal, les éléments de politiques relatifs au sous-secteur de l’élevage ont<br />
généralement été fondus dans les politiques agricoles où la priorité a été accordée aux<br />
cultures de rente et à la riziculture irriguée. Au cours des dix dernières années, des efforts<br />
considérables ont été consentis par les pouvoirs publics à ce sous-secteur dont l’importance<br />
dans l’économie nationale ne fait plus de doute. L’élevage contribue fortement à<br />
l’alimentation et aux revenus d’une grande partie de la population rurale à travers les<br />
produits (lait, viande, œufs, fumure) et les services d’origine animale (force de traction pour<br />
l’agriculture et le transport). La contribution du sous-secteur au PIB agricole a été estimée à<br />
35,5 % (PNIA, 2010).Plusieurs systèmes d’élevage se sont différenciés et évoluent en<br />
fonction des conditions agro écologiques et des opportunités de marché. Dans le cadre des<br />
objectifs du DSRP et du SCA, un accent particulier a été mis sur la modernisation et<br />
l’intensification des techniques de production en vue de la réduction du déficit en produits<br />
laitiers et du niveau des importations. C’est dans ce contexte que le Projet Régional de<br />
Gestion Durable du Bétail Ruminant Endémique en Afrique de l’Ouest (<strong>PROGEBE</strong>) a démarré<br />
au Sénégal et dans d’autres pays voisins (Mali, Guinée et Gambie).<br />
Dans le but de proposer à terme des pratiques conservatrices d’élevage et d’amélioration de<br />
la productivité du bétail ruminant endémique des zones de prévalence de la<br />
trypanosomiase, le <strong>PROGEBE</strong> a mis en place un dispositif de recherche-action en Gambie, en<br />
Guinée, au Mali et au Sénégal. Ce dispositif est destiné à l’expérimentation dans ces quatre<br />
pays de modes de gestion communautaire durable des ressources de base et des techniques<br />
d’amélioration de la productivité et de valorisation commerciale des produits.<br />
Ce programme se déroule dans un contexte marqué par les orientations de la communauté<br />
internationale à travers les objectifs de développement du millénaire de réaliser la sécurité<br />
alimentaire et de réduire la pauvreté pour la majorité de la population du monde. En même<br />
temps la communauté internationale se préoccupe davantage des questions<br />
environnementales et de la préservation de la biodiversité. Le Sénégal et les trois autres<br />
pays porteurs du <strong>PROGEBE</strong> partagent cette préoccupation. Il apparaît cependant que, les<br />
orientations et stratégies définies par ces pays n’intègrent pas encore suffisamment cette<br />
volonté.<br />
A travers le mandat qui nous a été confié, l’ILRI se propose d’aider le Sénégal, parallèlement<br />
aux autres pays concernés, à revisiter les politiques et les cadres juridiques du secteur de<br />
l’élevage et d’y apporter au besoin, les améliorations permettant entre autres de créer les<br />
conditions de réalisation des finalités du <strong>PROGEBE</strong>. Cette initiative est prise alors que le<br />
Sénégal poursuit l’élaboration de son Plan National de Développement de l’Elevage (PN<strong>DE</strong>)<br />
qui constituera le cadre de référence du secteur.<br />
Le présent rapport est destiné à alimenter la réflexion devant faciliter ce processus. La<br />
première partie rappelle les objectifs de l’étude et présente la méthodologie avec quelques<br />
précisions sur la terminologie. La deuxième partie explique comment l’économie sénégalaise<br />
et les politiques de développement agricole et rural sont restées tributaires du legs colonial.<br />
La troisième partie constitue le cœur de l’étude et porte sur l’examen des politiques et<br />
8
programmes de 1984 (début de l’ajustement structurel) à 2010. Cet examen est basé sur une<br />
revue documentaire et des entretiens avec des personnes ressources et des acteurs de<br />
terrain. La quatrième partie dresse le bilan en faisant ressortir les limites et manquements<br />
des politiques et programmes examinés par rapport aux spécificités de l’élevage du bétail<br />
ruminant endémique. Les politiques nationales des secteurs concernés par la gestion des<br />
ressources naturelles et de l’espace rural y sont examinées. Cette partie examine<br />
brièvement les orientations déclinées en matière d’élevage par les politiques sous-régionales<br />
(ECOWAP) avant de tirer les principales conclusions et de formuler des recommandations.<br />
9
I. Objectifs et méthodologie<br />
1.1. Objectifs<br />
Le présent mandat de consultation, a pour objectifs, au niveau du Sénégal, de passer en<br />
revue les politiques sectorielles et d’analyser l’influence qu’elles ont exercée ou exercent sur<br />
la consistance et le rôle du bétail ruminant endémique et sur les motivations et les capacités<br />
des éleveurs à entretenir efficacement et durablement ce cheptel. Il s’agit principalement<br />
d’examiner comment cette influence s’est traduite dans : i) la conduite technique de<br />
l’élevage et la commercialisation des animaux et des produits, ii) l’occupation et la gestion<br />
de l’espace et des ressources naturelles, iii) la mise en place et l’appui à des institutions et<br />
services de recherche et de conseil publics et privés iv) les investissements et le<br />
développement d’infrastructures et d’équipements hydrauliques, de transport, de marché,<br />
de transformation, d’information et de communication.<br />
1.2. Définitions<br />
Les documents qui ont été consultés et auxquels on se réfère en matière de politique<br />
agricole et rural en général et de politique d’élevage en particulier sont nombreux et divers :<br />
« Lettres de politique », « Plans d’Action », « Stratégies», « Programmes/projets» …<br />
La littérature fournit de nombreuses définitions des termes « politique » et « programme ».<br />
Les différences tiennent souvent au niveau d’élaboration (Gouvernement, Institution<br />
publique ou privée), au champ d’application (économique, sociale…) et à la dimension<br />
temporelle (durée).<br />
Norton (2004) 1 définit la politique comme étant l’ensemble des moyens mobilisés pour<br />
mettre en œuvre une vision. La vision est généralement considérée comme un élément<br />
essentiel d’une politique de développement.<br />
Le terme programme renvoie à une série d’actions mises en œuvre par des entités publiques<br />
ou privées, avec des ressources et un temps limités. Il met en interaction différents groupes<br />
d’acteurs. Le plan d’action peut être considéré comme un élément du programme dont il<br />
constitue la feuille de route.<br />
Au Sénégal les politiques de développement agricole et rural ont une forte connotation<br />
sectorielle. Il en résulte que l’articulation nécessaire et les synergies recherchées ne sont pas<br />
toujours réalisées. L’élevage est ainsi au cœur de nombreux enjeux sectoriels que les<br />
politiques du secteur doivent prendre en compte.<br />
1.3. Méthodologie<br />
Le <strong>PROGEBE</strong> a par ailleurs eu conscience du rôle déterminant que les politiques définies et<br />
mises en œuvre dans le secteur de l’élevage et les autres secteurs connexes (agriculture,<br />
environnement, commerce, aménagement du territoire, etc…) ont joué sur la situation<br />
actuelle et les performances de l’élevage du bétail ruminant endémique.<br />
1 Ugo Pica-Ciamarra, Joachim Otte and Chiara Martini. 2010. “Livestock Sector Policies and programmes in<br />
Developing Countries. A menu for Practitioners”. FAO, Rome<br />
10
La méthodologie se décline en six étapes indiquées dans les termes de références : i) le<br />
recensement et la collecte des documents de politiques et programmes, ii) l’analyse des<br />
documents collectés et des informations recueillies auprès de personnes ressources, iii) des<br />
entretiens avec les acteurs clef (éleveurs, services techniques, autorités administratives, élus<br />
locaux, acteurs des filières sur les principaux produits de cet élevage) dans les sites du<br />
<strong>PROGEBE</strong>, iv) les réalisations du <strong>PROGEBE</strong> par rapport aux résultats attendus du projet, v)<br />
l’identification des questions qui serviront à définir les objectifs des futures analyses et de<br />
l’élaboration de nouvelles politiques et vi) la présentation de la revue bibliographique des<br />
politiques au cours d’un atelier national.<br />
1.3.1. Recensement et collectes des documents<br />
Cette première étape a été consacrée à l’identification et à la collecte des documents de<br />
politiques et de stratégies. Pour saisir la dimension historique du problème cette recherche<br />
documentaire de remonte à la période pré indépendance. La recherche documentaire est<br />
étendue aux politiques auxquelles le Sénégal a souscrit au niveau sous-régional (UEMOA,<br />
CILSS), régional (CE<strong>DE</strong>AO) et international. Les principales sources ciblées sont :<br />
Les ministères de l’élevage, de l’agriculture, de l’environnement, du commerce et de<br />
l’économie et des finances ;<br />
Les directions techniques nationales (Direction de l’Elevage, Direction de<br />
l’Agriculture, Direction de l’Environnement, Direction du commerce);<br />
Des projets et programmes en cours d’exécution dans la zone du bétail endémique et<br />
ayant des effets sur cet élevage ;<br />
les institutions de recherche et d’appui conseil (publics et privés) ;<br />
Les sites internet.<br />
Cette recherche documentaire est combinée à des entretiens avec des responsables de<br />
services et des personnes ressources capables d’aider à un recensement exhaustif des<br />
politiques, des cadres légaux et institutionnels.<br />
1.3.2. Analyse des politiques et des cadres institutionnels<br />
Elle a consisté à exploiter les documents et les informations collectés au cours de l’étape<br />
précédente en s’appuyant sur la grille établie dans les termes de référence (TDR).<br />
Les politiques sont classées en fonction des périodes et des orientations qui ont marqué les<br />
interventions dans le secteur agricole en général, de l’élevage en particulier.<br />
Les effets et les impacts de ces politiques sont analysés à travers les résultats des différents<br />
programmes et dans les domaines suivants : i) la conduite technique de l’élevage et le<br />
commerce des animaux et produits d’élevage, ii) la gestion des ressources naturelles et de<br />
l’environnement, iii) la mise en place et le soutien d’institutions de recherche et de services<br />
d’appui à la mise en œuvre de ces politiques, iv) les infrastructures et les équipements<br />
structurants et vi) le renforcement des capacités organisationnelles et techniques des<br />
éleveurs.<br />
L’objectif est de déterminer le niveau de prise en compte des questions relatives à la<br />
conservation et à l’amélioration des performances physiques et économiques du bétail<br />
11
uminant endémique. Les insuffisances constatées et les opportunités identifiées ouvrent<br />
des pistes de réflexion et d’amélioration des politiques sectorielles en faveur de la gestion<br />
durable du bétail ruminant endémique.<br />
1.3.3. Entretiens avec les acteurs clef concernés par l’élaboration, la mise en œuvre<br />
et les effets de ces politiques<br />
La pertinence des politiques dépend de leur degré d’appropriation par les acteurs concernés<br />
et par les effets qu’elles produisent sur leurs conditions de vie. La participation de ces<br />
acteurs au processus d’élaboration de ces politiques et les stratégies d’information et de<br />
diffusion mises en place sont essentielles pour assurer leur pertinence et leur appropriation.<br />
Il s’agit dans cette partie, de vérifier les niveaux de connaissance des politiques en jeu par les<br />
principaux acteurs et leurs perceptions des effets de celles-ci en termes d’avantages et<br />
d’inconvénients par rapport à l’élevage des ruminants endémiques. Des entretiens seront<br />
organisés sur le terrain avec des éleveurs et leurs responsables, des collectivités locales, des<br />
agents de l’administration déconcentrée, des agents des services d’appui-conseil (services<br />
d’élevage, d’agriculture, des eaux et forêts…), des professionnels de la transformation et du<br />
commerce des produits d’élevage.<br />
Des guides d’entretien et des fiches d’enquête de groupes ou individuels ont été élaborés à<br />
cette fin. Les sites de Wassadou et de Bandafassi ont été visités soit deux sites sur les trois<br />
que couvre actuellement le projet.<br />
1.3.4. Bilan<br />
L’analyse des informations recueillies à travers la revue des documents de politiques et les<br />
entretiens avec des personnes ressources et les acteurs du terrain (éleveurs, agriculteurs,<br />
collectivités locales, administrations locales, services techniques et de recherche,<br />
professionnelles des filières d’élevage du bétail ruminant endémique) devront permettre : i)<br />
de voir les tendances que les politiques actuelles sont entrain de favoriser ii) de vérifier si<br />
des opportunités et des dynamiques d’amélioration de la productivité et de conservation de<br />
ce cheptel existent et peuvent inspirer l’élaboration et la mise en œuvre des politiques<br />
publiques.<br />
12
II.<br />
L’économie et les politiques de développement agricole et<br />
rural: le legs colonial.<br />
Dans cette partie nous allons rappeler brièvement l’emprise de l’économie coloniale sur<br />
l’économie sénégalaise et les conséquences sur les politiques de développement en général<br />
et de l’élevage en particulier.<br />
2.1. Une économie dominée par la satisfaction des besoins en matières premières de la<br />
métropole.<br />
Le rôle assigné au Sénégal par le pacte colonial est de produire des matières premières pour<br />
approvisionner l’industrie de la métropole et d’importer des produits de celle-ci. Il s’agissait,<br />
à travers ce type de relations de permettre à la colonie de prendre en charge les coûts de<br />
son administration et de son développement. Le choix était fait de promouvoir et de<br />
développer la culture de l’arachide qui va progressivement s’intégrer et déstructurer les<br />
systèmes traditionnels de production. Une nouvelle économie s’est ainsi développée autour<br />
de cette culture entraînant une réorganisation sociale (Cruise O’Brian, 1971 ; Diop, et Diouf,<br />
1992; Copans, 2000) et spatiale des terroirs communautaires et du territoire national (Ba,<br />
1986).<br />
La nouvelle économie centrée sur l’arachide s’appuie sur : i) la construction d’infrastructures<br />
portuaires, routières et ferroviaires pour évacuer les récoltes vers les ports puis vers la<br />
métropole et distribuer les produits importés dans le pays, ii) la colonisation des terres<br />
inoccupées et de transhumance, iii) l’introduction de nouvelles technologies (semences,<br />
engrais, traction animale et iv) L’organisation imposée des producteurs dans les Sociétés<br />
Indigènes de Prévoyance (SIP).<br />
Les maisons françaises de commerce gardent le monopole de l’exportation de l’arachide et<br />
de l’importation des produits manufacturés en s’appuyant sur un réseau de traitants libanosyriens<br />
et sénégalais. C’est seulement pendant les deux Guerres que des huileries et autres<br />
industries sont implantées au Sénégal.<br />
Des actions hardies en matière de santé animale ont été entreprises avec succès entraînant<br />
un accroissement considérable des effectifs. Pour faire face à l’augmentation<br />
correspondante des besoins alimentaires de ce cheptel, il y a eu de nombreuses tentatives<br />
de promouvoir des systèmes fourragers améliorés (culture fourragère, fenaison). Mais de<br />
telles innovations n’avaient pas de chance d’être adoptées dans des systèmes d’élevage très<br />
extensifs et faiblement liés au marché. En effet depuis l’abandon du projet<br />
d’approvisionnement de la métropole en viande avec l’échec de la conserverie de Lyndiane<br />
près de Kaolack, il n’y a plus eu un projet d’envergure pour la valorisation des produits de<br />
l’élevage (Mbodj, 1978).<br />
2.2. Des politiques de développement post indépendance marquées par le legs<br />
colonial mais des initiatives en faveur de l’élevage.<br />
Après l’indépendance, l’arachide demeure un produit stratégique et la principale source de<br />
devises pour l’Etat et de revenus pour les exploitations familiales agricoles. Les politiques de<br />
développement rural restent particulièrement favorables à l’extension de la culture et à<br />
13
l’amélioration de sa productivité destinée à compenser les pertes de revenus liées à la<br />
suppression par la France des tarifs préférentiels en 1964. L’opération « Productivité Mil-<br />
Arachide » est lancée la même année pour augmenter les surfaces cultivées et les<br />
rendements dans le but de relever de 25% la production. Un important système<br />
d’encadrement est mis en place. Dans les années 70 des initiatives sont prises pour<br />
s’attaquer aux questions d’alimentation du bétail, d’intensification de la production de<br />
viande, de gestion des espaces pastoraux, d’amélioration génétique. On peut citer les<br />
projets menés par la SO<strong>DE</strong>SP en zone Sylvopastorale du Ferlo et par la SO<strong>DE</strong>FITEX dans le<br />
nord du Sénégal oriental, les opérations d’intensification de l’élevage des petits ruminants et<br />
de développement de la traction animale et de l’embouche bovine par différentes sociétés<br />
de développement (en particulier la SO<strong>DE</strong>VA dans le bassin arachidier), le projet de<br />
développement du ranching avec le ranch de Doly. Il y eu aussi les multiples expériences<br />
d’introduction de races étrangères pour la production de viande et de lait.<br />
Ces tentatives n’ont réellement pas tenu leurs promesses et les années 70 se terminent par<br />
une grave crise de l’agriculture sénégalaise, malgré les politiques productivistes menées<br />
partout sur le territoire national et les investissements très importants réalisés grâce aux<br />
aides extérieures et au financement de l’Etat (IPAR, 2005). Les sécheresses des années 1969-<br />
1973, le choc pétrolier de 1972 et la baisse prolongée des prix des matières premières<br />
agricoles sont évoquées comme causes premières de cette crise.<br />
La politique agricole menée de l’indépendance à 1979, a eu des résultats qualitatifs<br />
déterminants. L’agriculture sénégalaise est passée d’une agriculture manuelle à une<br />
agriculture mécanisée avec la traction animale, même si cela a favorisé l’extension des terres<br />
de cultures au détriment des jachères et pâturages naturels. L’apprentissage à l’entretien des<br />
animaux de trait et plus tard l’embouche, ont contribué à améliorer le savoir-faire des<br />
agropasteurs. La voie à l’intégration agriculture-élevage a été ouverte ainsi que des<br />
perspectives d’alternative à l’élevage extensif, là où les conditions deviendraient favorables.<br />
Mais tout compte fait, ces politiques ont mis l’accent, par la stratification de l’élevage et<br />
l’embouche, sur l’approvisionnement des villes en viande et sur la fourniture d’animaux de<br />
trait à l’agriculture en pleine extension.<br />
14
III.<br />
Les politiques d’élevage de 1985 à 2010 : quelle contribution à<br />
la gestion durable du bétail ruminant endémique ?<br />
Après le rappel précédent, l’étude met l’accent sur la période qui part du début de<br />
l’ajustement structurel en 1984 à 2010. Les années 80 marquent en effet une rupture<br />
brusque dans la politique agricole du Sénégal qui a jusque-là privilégié l’intervention de l’Etat<br />
à tous les niveaux. Depuis cette rupture on assiste à une succession d’initiatives et de<br />
programmes qui n’ont pas abouti à une véritable politique de développement agricole et<br />
rural y compris une politique d’élevage sous-tendue par une vision sur le moyen et long<br />
termes. Dans cette partie, nous examinerons ces initiatives à partir de la revue documentaire<br />
et des informations recueillies lors des entretiens avec différentes catégories d’acteurs du<br />
secteur.<br />
3.1. Nouvelle Politique Agricole (NPA) appliquée à l’élevage : 1985-1994<br />
3.1.1. Contexte<br />
La crise générale enregistrée au niveau du pays à la fin des années 70 et au début des<br />
années 80 s’est traduite par la mise en place d’un Programme d’Ajustement Structurel (PAS)<br />
dont l’objectif principal était de rétablir les équilibres financiers internes et externes les<br />
partenaires au développement ne voulant plus financer les déficits.<br />
La NPA a consisté en un programme de réformes spécifiques engagées en 1984 et mises en<br />
application à partir de 1985. Elle définit les premières mesures d’ajustement structurel<br />
concernant le secteur agricole. Ces mesures vont dans le sens du repli de l’Etat et de la<br />
création d’un environnement d’incitation susceptible de faire de l’agriculture une activité<br />
économiquement rentable donc attrayante pour des acteurs privés. En même temps le<br />
relèvement des prix et des revenus en faveur des producteurs était visé.<br />
3.1.2. Orientations stratégiques<br />
Sur le plan de l’élevage, la politique de stratification zonale et d’intensification des<br />
productions animales qui était le cadre de référence de la plupart des actions de<br />
développement entreprises dans le sous-secteur de l’élevage depuis le milieu des années 70<br />
est maintenue, mais avec un certain nombre d’adaptations.<br />
Au plan interne, il y a eu une libéralisation des filières et des marchés, avec notamment, la<br />
suppression du contrôle des prix. Le désengagement de l’Etat s’est aussi traduit par<br />
l’élimination des subventions aux intrants agricoles et le transfert de la distribution des<br />
intrants, de la commercialisation des produits et du système de crédit au secteur privé. Il a<br />
également été procédé à un allègement des effectifs de personnel des secteurs public et<br />
parapublic et à une responsabilisation des producteurs. Le rôle ainsi dévolu au secteur privé<br />
est considérablement accru et central.<br />
Au plan externe, une défiscalisation (exonération de prélèvements sur les exportations) a<br />
été effectuée en vue d’accroître les revenus des producteurs et d’assurer la compétitivité<br />
des produits sénégalais sur le marché international.<br />
15
Ces réformes s’inscrivaient globalement dans l’objectif d’une relance de la production<br />
agricole et d’une réduction concomitante du rôle de l’Etat.<br />
3.1.3. Instruments de mise en œuvre<br />
La libéralisation des prix de la viande et des marchés a fait l’objet du décret n°87-1341 du 30<br />
octobre 1987. Jusqu’en 1987, la caractéristique fondamentale du système de<br />
commercialisation était la fixation administrative de prix plafonds à la cheville et au détail en<br />
fonction de la localisation géographique sur le territoire national.<br />
Mais les prix fixés ainsi étaient généralement bas et privilégiaient le consommateur, ce qui<br />
créait des distorsions préjudiciables au développement des productions animales. La<br />
libéralisation introduite vise à redresser cette situation et à stimuler l’accroissement de<br />
l’offre et l’amélioration des techniques de production.<br />
La promotion d’organisations professionnelles fortes est apparue essentielle pour la<br />
responsabilisation des éleveurs. Cela a d’abord consisté à accélérer la création de<br />
groupements d’intérêt économique d’éleveurs susceptibles de participer financièrement et<br />
de manière autonome au développement de l’élevage et à son intensification.<br />
Des tentatives de réorganisation des anciennes coopératives d’éleveurs ont également été<br />
entreprises, suite à la réforme du mouvement coopératif instituant à la place des<br />
coopératives sectorielles, la coopérative rurale, multisectorielle et multifonctionnelle, à<br />
l’échelle de la communauté rurale, avec des sections villageoises et des commissions<br />
spécialisées.<br />
Les éleveurs étaient invités à participer effectivement aux investissements et aux charges<br />
financières engendrées par leurs productions (participation aux coûts de l’eau, des<br />
campagnes de vaccination du bétail, de la protection des pâturages contre les feux de<br />
brousse, etc.). Ils avaient aussi une responsabilité dans la gestion des infrastructures<br />
pastorales (forages et puits pastoraux, mares aménagées, parcs à vaccination), avec la<br />
création de comités de gestion spécialisés.<br />
Le développement des soins vétérinaires de base est recherché à travers la formation<br />
d’auxiliaires d’élevage pour le compte des organisations professionnelles, notamment avec<br />
le P<strong>DE</strong>SO, le Volet Elevage de la SO<strong>DE</strong>FITEX et quelques ONGs. La déflation opérée avec le<br />
programme de départs volontaires et la mise en place d’un fonds de réserve a engendré une<br />
sortie de la Fonction publique de près de 40% des effectifs d’agents de l’élevage.<br />
Parallèlement à cela, les grands programmes antérieurs se sont poursuivis avec :<br />
La SO<strong>DE</strong>SP pour le programme de stratification zonale de la production et<br />
l’organisation des éleveurs du Ferlo dans le cadre du nouveau contexte de<br />
désengagement de l’Etat ;<br />
Le P<strong>DE</strong>SO qui a entrepris de responsabiliser les associations pastorales dans la gestion<br />
des unités pastorales du sud-est, avec en particulier des plans de gestion des<br />
pâturages et des contrats de gestion réglementant l’exploitation de l’eau et des<br />
pâturages ;<br />
16
Le démarrage avec la SO<strong>DE</strong>SP et le P<strong>DE</strong>SO d’actions d’alphabétisation fonctionnelle ;<br />
Les interventions de la SERAS, allant dans le sens de l’organisation des marchés et de<br />
la régulation de l’offre.<br />
Plus spécifiquement en zone sud, zone d’élevage du bétail ruminant endémique, la SODAGRI<br />
a entrepris l’édification d’un Complexe intégré au niveau de l’Anambé (barrage hydroagricole),<br />
avec le PAPI (Projet Agropastoral Intégré), comprenant entre autres, un atelier<br />
d’embouche bovine, une unité de fabrique d’aliment de bétail et un abattoir.<br />
Toutefois, ce complexe installé sans concertation avec les principaux acteurs de la zone que<br />
sont les éleveurs et professionnels de la filière viande, n’a fonctionné que quelques années<br />
avant d’être fermé depuis plus de 10 ans.<br />
Des tentatives de facilitation de l’accès au crédit ont été initiées pour le compte des<br />
organisations d’éleveurs, auprès de la CNCAS. Mais d’une manière générale, le secteur<br />
bancaire est demeuré réticent à investir en milieu pastoral, considéré comme coûteux et<br />
risqué, à un moment où le secteur ne disposait pas de lignes de crédit spécifiques ni de<br />
fonds de garantie.<br />
3.1.4 Effets et impacts<br />
Au titre des effets et impacts positifs on peut noter deux points :<br />
L’amorce d’organisation et de formation des éleveurs et leur début de<br />
responsabilisation, même si la fonctionnalité des organisations n’a pas toujours été<br />
bonne ;<br />
Les mesures fiscales prises au niveau de l’Etat, notamment l’exonération à<br />
l’exportation ont permis une amorce de développement d’un circuit d’exportation de<br />
géniteurs Ndama vers les pays côtiers (Gabon, Congo, Nigeria), avec des flux<br />
contrôlés gravitant autour de 3000 bovins par an.<br />
Sur le plan des effets et impacts négatifs (problèmes posés), il y a :<br />
La baisse des investissements en direction du secteur de l’élevage dans un contexte<br />
de moins d’Etat. L’ajustement structurel s’est effectivement traduit par une<br />
réduction des transferts budgétaires vers le secteur de l’élevage ;<br />
La forte déflation du personnel a réduit les possibilités d’appui technique pour les<br />
éleveurs et a hypothéqué les actions d’organisation et de formation ;<br />
Le manque d’appuis financiers aux éleveurs pour le développement de leurs activités<br />
et en particulier l’absence d’un programme de crédit pour l’équipement, la<br />
production et la commercialisation n’a pas permis d’impacter sur l’offre et la<br />
commercialisation de bétail et de viande. Cela a été accentué par le manque<br />
d’infrastructures de commercialisation (foirails aménagés, abattoirs aux normes) ;<br />
17
Les schémas d’intervention mis en place n’ont généralement pas fonctionné parce<br />
que n’ayant pas pris en compte les contraintes et processus de prise de décision des<br />
producteurs dits traditionnels ;<br />
L’accent mis sur la génération de produits commercialisables au détriment des autres<br />
fonctions des troupeaux a souvent été un frein à l’adhésion des éleveurs ;<br />
Le maintien, en dehors des situations d’urgence, des opérations de sauvegarde du<br />
bétail avec des aliments subventionnés n’a pas permis de développer des solutions<br />
alternatives durables aux contraintes alimentaires.<br />
Globalement, la NPA a cherché à organiser le désengagement intempestif de l’Etat, la<br />
responsabilisation des producteurs et l’entrée en jeu des acteurs privés. Il s’agit de<br />
changements profonds qui demandent du temps pour que les conditions nécessaires à leur<br />
réalisation soient progressivement réunies.<br />
3.2. PASA (LPDA et LP<strong>DE</strong>): 1995-2003<br />
3.2.1. Contexte<br />
La NPA n’a pas eu d’effets positifs immédiats sur la production agricole qui a poursuivi sa<br />
tendance à la baisse. C’est dans ce contexte marqué aussi par la dévaluation du franc CFA en<br />
1994 qu’a été conçu le Programme d’Ajustement Structurel pour le Secteur Agricole (PASA).<br />
Le PASA va accentuer et préciser davantage les orientations de la NPA principalement dans<br />
deux domaines : i) l’achèvement du programme de libéralisation des prix et du commerce<br />
intérieur et extérieur des produits et des intrants agricoles (entamé sous la NPA); ii) le<br />
désengagement de l’État et la suppression des monopoles.<br />
3.2.2. Politique de l’élevage dans le cadre du PASA<br />
Dans le cadre du PASA, la politique de l’élevage a connu deux évolutions majeures :<br />
Une première phase (1995-1998), lors de laquelle l’élevage est resté intégré au<br />
Ministère de l’Agriculture et lors de laquelle a été parachevée la politique de<br />
privatisation au niveau du secteur;<br />
Une seconde phase (1998-2003) pendant laquelle l’élevage est érigé en un ministère<br />
plein et une Lettre de Politique de Développement de l’Elevage (LP<strong>DE</strong>) est adoptée.<br />
3.2.2.1. Parachèvement de la politique de privatisation au niveau de l’élevage<br />
Cette politique rentre dans la logique du désengagement de l’Etat et s’est traduite par les<br />
différentes mesures ci-dessous :<br />
18
a) La privatisation de l’exercice de la médecine vétérinaire.<br />
Elle a été amorcée au milieu des années 90 avec l’appui de l’Union Européenne et a consisté<br />
à autoriser des vétérinaires et techniciens d’élevage à s’installer en clientèle privée sur le<br />
terrain (médecine vétérinaire, distribution de produits vétérinaires).<br />
Ce processus a été appuyé par l’Union Européenne dans le cadre du projet PARC (Projet<br />
Panafricain de Contrôle de la Peste Bovine). En effet, dans la composante sénégalaise du<br />
PARC, l’Union Européenne a domicilié à la Caisse nationale de crédit Agricole du Sénégal<br />
(CNCAS) un fonds de garantie de 200 millions FCFA. Ce fonds permet aux jeunes vétérinaires<br />
déflatés de l’administration ou sortant des écoles de formation de bénéficier de crédits pour<br />
s’équiper en matériel vétérinaire et constituer un fonds de roulement pour les produits<br />
vétérinaires. Des cabinets vétérinaires privés se sont installés ainsi dans les régions.<br />
b) La privatisation de la Société d’Exploitation des Ressources Animales (SERAS)<br />
Intervenue en 1996, elle procède de la logique d’allègement du secteur parapublic retenue<br />
dans le cadre du PASA. Les abattoirs publics antérieurement gérés par la SERAS sont<br />
désormais sous la gestion d’une société privée, la SOGAS. Il s’agit des abattoirs industriels de<br />
Dakar, Thiès, Louga, Saint-Louis, Diourbel, Kaolack, Tambacounda et Ziguinchor.<br />
c) La liquidation de la SO<strong>DE</strong>SP<br />
La Société de développement de l’Elevage dans la Zone Sylvopastorale (SO<strong>DE</strong>SP) a été le<br />
pivot de la politique de stratification de l’élevage conduite à partir du milieu des années<br />
70.Outre l’encadrement des éleveurs du Ferlo et la distribution d’intrants et de matériel<br />
d’élevage à crédit, elle a également eu à jouer un rôle appréciable dans la commercialisation<br />
du bétail en vue de la régulation de l’offre de viande. L’appui aux éleveurs lors des épisodes<br />
de sécheresse a aussi été une de ses actions majeures. Toujours dans la logique<br />
d’allègement du secteur parapublic, cette société a également été liquidée en 1999, après<br />
un processus de privatisation infructueux.<br />
S’il est établi que la liquidation de la SO<strong>DE</strong>SP a un impact négatif sur l’élevage sénégalais en<br />
général, notamment en termes de perte d’un dispositif clé d’intégration verticale de la filière<br />
bétail-viande, il reste que cet impact est moins ressenti en zone d’élevage du bétail<br />
trypanotolérant qui n’était en réalité pas touché par les actions de cette société.<br />
3.2.2.2. Adoption de la Lettre de Politique de Développement de l’Elevage<br />
(LP<strong>DE</strong>)<br />
Inspirée du Programme d’Ajustement Sectoriel de l’Agriculture (PASA), la LP<strong>DE</strong>, pour<br />
l’essentiel, visait à :<br />
créer un environnement institutionnel, législatif et réglementaire propice à la relance<br />
des productions animales ;<br />
améliorer les techniques d’exploitation des ressources animales ;<br />
promouvoir un partenariat entre les Organisations socioprofessionnelles et l’Etat ;<br />
19
impliquer davantage le secteur privé dans le développement de l’élevage ;<br />
gérer de façon durable les ressources naturelles ;<br />
améliorer les infrastructures sociales et physiques de base.<br />
Au total, l’objectif majeur de la LP<strong>DE</strong> était de créer les conditions favorables à une relance<br />
durable des productions animales à travers la stimulation de l’investissement privé et la<br />
réalisation d’infrastructures structurantes.<br />
3.2.3. Orientations stratégiques<br />
Pour atteindre ces objectifs, les grandes orientations stratégiques définies par l’Etat pour le<br />
secteur de l’élevage se déclinaient comme suit :<br />
Rendre les différentes filières animales plus compétitives, plus productives et plus<br />
diversifiées ;<br />
Développer l’initiative privée et renforcer la professionnalisation des producteurs et<br />
leurs organisations socio – professionnelles ;<br />
Adapter l’environnement financier aux besoins des producteurs privés qui<br />
investissent pour l’intensification de l’élevage ;<br />
Assurer la qualité des services fournis par l’Etat ;<br />
Assurer une saine gestion des ressources naturelles pour un développement durable.<br />
3.2.4. Instruments de mise en œuvre<br />
La mise en œuvre de la LP<strong>DE</strong> s’appuie sur le plan d’action pour la relance de l’élevage (1999-<br />
2003), élaboré en octobre 1998.<br />
Ce plan comprend les principaux instruments ci-après :<br />
a) Le Programme agricole financé sur ressources internes dans le cadre duquel ont été<br />
conduites:<br />
des activités de vulgarisation de la pratique de l’insémination artificielle des vaches<br />
locales dans toutes les régions du pays, suite aux essais jugés concluants conduits en<br />
milieu villageois au niveau de quelques localités de Fatick et de Kaolack dans le cadre<br />
du PAPEL. Les gènes introduits ont été des gènes laitiers (Montbéliard et Holstein),<br />
pour des effectifs d’environ 3000 vaches locales par an (y compris des taurins<br />
Ndama), à partir de 1999.<br />
la formation des éleveurs aux techniques de constitution des réserves fourragères et<br />
de valorisation des fourrages pauvres;<br />
Ces activités, qui visaient à favoriser la maîtrise de l’alimentation par les éleveurs, ont<br />
consisté en des démonstrations de techniques de fauche, de fanage et de<br />
conservation du fourrage, y compris avec des traitements des pailles à l’urée.<br />
Exécutées dans des sites limités de démonstration, ces formations n’ont pas pu être<br />
démultipliées à grande échelle et leur application reste très limitée.<br />
20
) Les projets bénéficiant d’un concours extérieur dont :<br />
b1. Le PAPEL (Projet d'Appui à l'Elevage) financé par la BAD et qui a conduit dans sa<br />
première phase (1993-2000) les actions suivantes :<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
une expérience de développement pastoral au niveau du Ferlo (régions de Louga, de<br />
Saint-Louis et de Matam) avec la mise en place d’unités pastorales, la réalisation<br />
d’infrastructures (d’hydraulique pastorale notamment pour environ 3 milliards FCFA),<br />
l’appui à la mise en place de plans de gestion des ressources pastorales, le<br />
développement de cadres de concertation et de mécanismes de prévention et de<br />
gestion des conflits pastoraux ;<br />
une expérience d’intégration agropastorale au niveau du Bassin Arachidier (régions<br />
de Kaolack et de Fatick) avec l’appui à la mise en place d’exploitations mixtes<br />
intensifiées(EMI) ;<br />
le développement du crédit pour le financement de projets communautaires<br />
d’activités génératrices de revenus avec la CNCAS (près de 1,2 milliard FCFA de crédit<br />
octroyé dans sa première phase) ;<br />
le renforcement des capacités locales de planification et de gestion des<br />
communautés pastorales, y compris par le biais de l’alphabétisation fonctionnelle.<br />
b2. Le PARC (Projet Campagne Panafricaine de lutte contre la Peste bovine), financé par le<br />
FED (Fonds Européen de Développement) qui a été relayé en 1999 par le PACE (Programme<br />
Panafricain de Contrôle des Epizooties) et qui est principalement intervenu en appui à<br />
l’amélioration de la santé animale, principalement avec :<br />
<br />
<br />
<br />
le développement de systèmes de surveillance des maladies animales prioritaires<br />
(peste bovine, PPCB, fièvre de la vallée du Rift, peste porcine africaine) ;<br />
le renforcement du contrôle aux frontières, avec la réhabilitation et la construction<br />
de postes vétérinaires frontaliers, notamment en zone sud ;<br />
l’appui aux cabinets vétérinaires privés (fonds de roulement, formation en gestion).<br />
b3. Le PRO<strong>DE</strong>C (Projet de Développement des Espèces à cycle Court) financé par la<br />
Coopération Française (1995-1999) et qui a essentiellement appuyé les aviculteurs ruraux<br />
(poulaillers de démonstration, prévention de la maladie de Newcastle, mise en place d’une<br />
interprofession avicole).<br />
b4. Le PADV (Projet d’Aménagement et de Développement Villageois) financé par le FIDA et<br />
dont l’emprise a été limitée à la région de Louga, est intervenu dans la réalisation<br />
d’infrastructures d’hydraulique villageoise et pastorale, de pistes de production et de<br />
renforcement des capacités locales.<br />
b5. Le volet élevage du PSAOP<br />
La première phase du PSAOP (Juin 2000 à Décembre 2004) a essentiellement consisté en un<br />
programme de réformes institutionnelles visant à renforcer les missions de service public et<br />
à décentraliser et restructurer les services de l’agriculture et de l’élevage. Dans ce cadre, les<br />
activités dominantes réalisées au niveau de l’élevage s’articulent autour de :<br />
21
La restructuration des services de l’Elevage avec la création des Inspections<br />
Régionales et Départementales des Services Vétérinaires (IRSV et IDSV) dans le cadre<br />
d’une ligne de commande unique avec comme missions régaliennes : le<br />
renforcement du contrôle des DAOA (Denrées Alimentaires d’Origine Animale) et de<br />
la protection zoo sanitaire et l’amélioration du système d’information et de gestion<br />
de l’élevage ;<br />
L’acquisition d’équipements (véhicules, motocyclettes et micro-ordinateurs) ;<br />
L’amélioration des capacités des ressources humaines par des formations<br />
qualifiantes et diplômantes ;<br />
L’amélioration de la communication entre les services centraux et décentralisés à<br />
travers un réseau intranet installé ;<br />
La réhabilitation des laboratoires régionaux et leur équipement ;<br />
L’amélioration de la protection zoo sanitaire par la formation et la prise en charge du<br />
mandat sanitaire;<br />
L’amélioration de la prise en charge de la sécurité sanitaire des aliments par la<br />
formation et l’équipement des agents et des professionnels.<br />
c) Programmes de recherche-développement<br />
<br />
<br />
Des programmes importants ont été également conduits dans ce domaine,<br />
notamment:<br />
les programmes de recherche-développement conduits en zone Sud et Est (Kolda et<br />
Tambacounda) sur les étables fumières et laitières, avec l’ISRA/CRZ de Kolda, la<br />
SO<strong>DE</strong>FITEX et l’ONG Vétérinaires Sans Frontières. Ils ont pu démontrer aux<br />
producteurs les bénéfices pouvant être tirés de la stabulation de vaches laitières en<br />
saison sèche, aussi bien en termes de production additionnelle de lait que de<br />
production de fumier de qualité pour l’amélioration des cultures ;<br />
les essais d’amélioration génétique type SAGNO (système d’amélioration génétique à<br />
noyau ouvert) entrepris au CRZ de Kolda vers le milieu des années 90 et qui était<br />
ouverts aux éleveurs de la zone d’influence du centre. Il est cependant à regretter<br />
que cette expérience se soit arrêtée prématurément.<br />
d) Organisation des éleveurs<br />
Sur le plan organisationnel, l’action majeure a été la mise en place des « Maisons des<br />
Eleveurs » ou M<strong>DE</strong>, cadre fédérateur des organisations d’éleveurs et de professionnels de<br />
l’élevage au niveau de la région.<br />
Ce processus, entrepris à partir de 1997, a été entièrement piloté par l’administration au<br />
détriment d’une véritable appropriation par les éleveurs et de leur autonomisation.<br />
Une branche consacrée aux femmes éleveurs a également été mise en place dans chaque<br />
région sous l’appellation de « Directoire Régional des Femmes en Elevage » ou DIRFEL qui<br />
seront chapeautés plus tard par la Directoire National des Femmes en Elevage (DINFEL).<br />
22
3.2.5. Effets et impacts<br />
3.2.5.1. Concernant la privatisation<br />
La politique de privatisation de la médecine vétérinaire a connu un impact positif dans la<br />
mesure où elle a permis d’élargir l’offre de services vétérinaires sur le terrain, avec plus de<br />
120 vétérinaires et techniciens d’élevage installés dans toutes les régions, y compris celles<br />
de Ziguinchor, Kolda et Tambacounda où se trouve le bétail trypanotolérant.<br />
Outre la disponibilité des médicaments vétérinaires qui a été améliorée, les vétérinaires<br />
privés se sont également engagés dans le conseil technique et la formation des éleveurs, ce<br />
qui permet à ces derniers d’améliorer la conduite de leurs exploitations.<br />
Cependant, le réseau de vétérinaires privés est encore assez lâche et mérite d’être encore<br />
renforcé sur le terrain.<br />
La privatisation de la SERAS a par contre eu un impact négatif dans la mesure où tous les<br />
abattoirs dont la gestion a été concédée à la SOGAS (y compris ceux de Ziguinchor et de<br />
Tambacounda) sont en état de dégradation avancée. Pour les zones sud en particulier, cela<br />
s’est traduit par une réduction des opportunités de valorisation de leur bétail dans des<br />
circuits locaux de transformation répondant à des normes de qualité.<br />
3.2.5.2. Concernant la LP<strong>DE</strong><br />
On peut relever au titre de la LP<strong>DE</strong> plusieurs effets et impacts positifs dont :<br />
a)La disponibilité améliorée en infrastructures pastorales au niveau des zones du<br />
Ferlo et du Bassin Arachidier, liée à l’intervention du PAPEL et du PADV. Elle a permis<br />
aux éleveurs engagés dans des systèmes pastoraux au niveau de ces zones de mieux<br />
valoriser les pâturages et d’améliorer la production pastorale.<br />
b) C’est également avec le PAPEL qu’un système de crédit performant (1,2 milliard<br />
FCFA avec 92% de taux de remboursement) a été mis en place au niveau du secteur,<br />
permettant aux éleveurs et aux agropasteurs de s’investir dans des activités<br />
génératrices de revenus. Cependant, ces impacts n’ont pas bénéficié aux zones<br />
d’élevage du bétail trypanotolérant qui, depuis la fin du P<strong>DE</strong>SO en 1989, n’ont plus<br />
bénéficié d’un programme d’appui d’envergure.<br />
c) Les stratégies mises en place concernent la stabulation bovine au niveau des zones<br />
centre (Kaolack et Fatick par le PAPEL) et sud (Kolda et Tambacounda par le Pôle<br />
Recherche-Développement ISRA-SO<strong>DE</strong>FITEX-VSF), avec l’émergence d’étables mixtes<br />
permettant la production de lait et de fumier constituent des modèles d’amélioration<br />
des productions animales et de renforcement de l’intégration agriculture-élevage. La<br />
structuration et le développement de la filière lait local qui en découle ouvre des<br />
perspectives nouvelles d’amélioration de la productivité et d’exploitation du bétail<br />
endémique.<br />
d) Le cadre fédérateur des organisations d’éleveurs créé au niveau de la région, s’il<br />
est consolidé, peut servir de point d’ancrage pour la conception de programmes<br />
concertés en relation avec les différents partenaires.<br />
23
S’agissant des effets et impacts négatifs, on note que:<br />
a) le processus organisationnel n’a pas résulté d’une dynamique endogène et les cadres<br />
fédérateurs régionaux souffrent d’un problème de représentativité et de légitimité.<br />
b) La concentration des programmes majeurs du secteur dans les zones nord et centre du<br />
pays a privé les éleveurs de bétail trypanotolérant d’appuis conséquents susceptibles de leur<br />
permettre d’améliorer les techniques de production agropastorale et la productivité de ce<br />
bétail et de générer d’importants revenus additionnels. L’enclavement de la zone pèse<br />
négativement sur la valorisation des productions et leur commercialisation pour lesquels les<br />
débouchés rémunérateurs ont été limités. En dehors des quelques initiatives avec la<br />
SO<strong>DE</strong>FITEX, le peu de crédit obtenu par les éleveurs des zones sud l’a été pour la<br />
commercialisation de moutons à l’approche des fêtes de tabaski, dans le cadre de lignes<br />
spéciales négociées avec la CNCAS.<br />
c) La nouvelle dynamique en matière de conseil agricole ne s’est pas traduite par une bonne<br />
articulation entre les Directions Régionales de l’ANCAR et les IRSV et les éleveurs ont peu<br />
bénéficié de conseil avec l’ANCAR. Les rares actions en la matière l’ont été dans le cadre de<br />
la mise en place et la gestion de bergeries et de poulaillers améliorés dans les régions de<br />
Kolda et de Tambacounda.<br />
3.3. NIS<strong>DE</strong>L (Nouvelle Initiative Sectorielle pour le Développement de l’Elevage)<br />
2004-2010<br />
3.3.1. Contexte<br />
La Loi d’Orientation Agrosylvopastorale (LOASP) a été promulguée le 4 Juin 2004 à un<br />
moment où l’agriculture et l’élevage ont été à nouveau réunis dans un même ministère,<br />
mais avec un Ministre délégué chargé des questions spécifiques concernant l’élevage.<br />
La Loi d’Orientation Agrosylvopastorale a défini le cadre d’évolution des secteurs concernés<br />
et le statut socioprofessionnel des producteurs et a décidé de réformer le foncier rural. La<br />
LOASP prévoit en son article 43 la définition et la mise en œuvre par l’Etat d’un Plan National<br />
de Développement de l’Elevage (PN<strong>DE</strong>), en concertation avec les collectivités locales et les<br />
organisations de producteurs concernés. Le PN<strong>DE</strong> doit donc, s’il est finalisé, servir de cadre<br />
stratégique pour la définition des priorités pour le secteur de l’élevage, l’orientation des<br />
interventions dans ce domaine et la mise en cohérence des différentes initiatives.<br />
Sa formulation doit suivre un processus participatif, avec l’ensemble des acteurs du secteur<br />
de l’élevage. Le processus de formulation du PN<strong>DE</strong> a été lancé et est toujours en cours, mais<br />
avance très lentement. Les concertations à la base n’ont démarré qu’au second semestre de<br />
2007 et des ateliers de synthèse ont été organisés en 2008-2009 pour approfondir le<br />
diagnostic sur le secteur. Mais depuis lors, il n’y a pas d’évolution notable ; il semble que sa<br />
finalisation soit imminente.<br />
L’élevage étant redevenu un ministère plein en Octobre 2004 et dans l’attente de la<br />
finalisation du PN<strong>DE</strong>, la NIS<strong>DE</strong>L a été élaborée et tient lieu actuellement de stratégie<br />
opérationnelle au niveau du secteur. Il convient de noter que la NIS<strong>DE</strong>L ne découle pas d’un<br />
processus participatif.<br />
24
3.3.2. Orientations<br />
L’objectif général de cette initiative est d’accélérer le développement de l’élevage, en<br />
profitant des opportunités du sous-secteur et de l’environnement socio-économique du<br />
Sénégal. La NIS<strong>DE</strong>L vise, en particulier :<br />
l’accélération de la modernisation et la diversification durables des systèmes de<br />
production ;<br />
la reconquête du marché intérieur ;<br />
le développement d’une nouvelle dynamique pour l’accès aux marchés extérieurs ;<br />
la réduction de la pauvreté et la malnutrition en augmentant les revenus des éleveurs<br />
et des agropasteurs.<br />
3.3.3. Stratégies<br />
Les stratégies définies dans le cadre de la NIS<strong>DE</strong>L vont dans trois directions :<br />
l’assainissement de l’environnement de la production (renforcement de la sécurité<br />
sanitaire des aliments et de la protection zoo-sanitaire, la prophylaxie médicale du<br />
cheptel) ;<br />
la sécurisation de l’élevage pastoral ;<br />
l’intensification de la production et la modernisation de l’élevage à travers la création<br />
de fermes privées modernes (FPM) grâce à la mise en place d’un Fonds d’appui à la<br />
Stabulation (FONSTAB) et de Centres d’Impulsion pour la Modernisation de l’Elevage<br />
(CIMELs).<br />
3.3.4. Instruments de mise en œuvre<br />
La NIS<strong>DE</strong>L est en réalité tournée vers la modernisation de l’élevage. Aussi, les principaux<br />
leviers sur lesquels elle s’appuie concernent essentiellement le binôme CIMEL/FONSTAB et<br />
l’insémination artificielle.<br />
a) Le binôme Centres d’Impulsion pour la Modernisation de l’Elevage(CIMEL) / Fonds d’appui<br />
à la stabulation (FONSTAB)<br />
Les CIMELs sont conçus comme étant des structures:<br />
de démonstration pour l’application des résultats de recherche au sein d’unités de<br />
production viables ;<br />
d’incitation et d’appui à la mise en place de fermes privées modernes, par<br />
l’identification et la conception des projets et la mise en synergie des actions des<br />
différents acteurs devant aboutir à un financement ;<br />
de formation permanente des personnels des fermes mises en place ;<br />
de suivi permanent de la mise en œuvre des innovations techniques et<br />
technologiques au sein des fermes privées modernes.<br />
25
Ces centres auront pour principales cibles les jeunes du terroir, les jeunes diplômés, les<br />
promoteurs privés et les exploitants agricoles dont les activités sont totalement ou<br />
partiellement axées sur les pratiques modernes de production animale.<br />
Au stade actuel, trois CIMELs sont en cours d’opérationnalisation :<br />
Celui de Dahra pour la zone du Ferlo, qui est adossé au CRZ de Dahra et qui abrite un<br />
noyau de géniteurs zébus brésiliens Nelore et Gir et taurins Holstein et Montbéliard ;<br />
Celui de Makhana qui est appelé à fonctionner à partir d’un noyau laitier de Gir ;<br />
Celui de Mbao, dédié à l’aviculture.<br />
En zone sud, il est prévu la mise en place de deux CIMELs : celui de Kolda qui doit être<br />
adossé au CRZ de Kolda et celui de Guérina qui sera implanté au niveau de l’ancien centre<br />
apicole du même nom. Mais la réalisation des infrastructures nécessaires pour l’amorce de<br />
ces deux CIMELs tarde à être effective.<br />
Le Fonds d’appui à la stabulation (FONSTAB) est le second outil pour la promotion de fermes<br />
privées modernes (FPM).<br />
Institué par décret du 6 novembre 2007, il a pour objet de faciliter le financement à des taux<br />
bonifiés (7,5% par an maximum) de :<br />
la réalisation d’infrastructures respectant les normes modernes d’élevage ;<br />
l’acquisition d’équipements de production, de transformation, de conditionnement<br />
et de commercialisation des produits animaux ;<br />
la pratique de cultures fourragères ;<br />
l’acquisition d’intrants et de facteurs de production pour les animaux en stabulation<br />
et la modernisation des pratiques ;<br />
l’installation d’unités artisanales, semi-industrielles et industrielles de modernisation<br />
et d’intensification des techniques de production animale.<br />
Au stade actuel, le FONSTAB est doté de 2,3 milliards FCFA à partir du Budget Consolidé<br />
d’Investissement (BCI) et a financé par le biais de la CNCAS 131 projets pour près de 600<br />
millions FCFA au 20 octobre 2010.<br />
b) L’insémination artificielle, autre levier important, vise à améliorer le potentiel génétique<br />
des races locales à travers le croisement avec des races exotiques à haut potentiel.<br />
Au stade actuel, les gènes laitiers sont privilégiés, en vue d’une réduction rapide de la<br />
facture laitière qui ne cesse d’augmenter annuellement. Une campagne nationale<br />
d’insémination est organisée chaque année et touche toutes les régions.<br />
Initialement limité à une moyenne de 3000 vaches par an, les objectifs ont été<br />
considérablement revus dans le cadre du Volet Elevage de la GOANA où un Programme<br />
Spécial d’Insémination Artificielle (P.S.I.A) a été inscrit, visant à faire inséminer 500.000<br />
vaches entre 2008 et 2012. Le but visé est de constituer progressivement un troupeau laitier<br />
à haut rendement avec un effectif de 100.000 vaches laitières métissées et 30.000 vaches<br />
laitières de race pure, pouvant produire 400 millions de litres de lait par an.<br />
26
Pour 2008-2009, sur un objectif de 50.000 vaches, près de 30000 vaches ont été<br />
effectivement inséminées, avec des taux de gestation qui tournent autour de 45% pour un<br />
financement de 2,232 milliards de F.CFA.Pour 2009-2010 les prévisions portaient sur<br />
100.000 vaches.<br />
Des contrats sont conclus annuellement avec des prestataires privés en insémination<br />
auxquels des objectifs précis sont assignés. Près d’une centaine d’inséminateurs ont été<br />
formés.<br />
Le dispositif « CIMEL-FONSTAB-Insémination » vise à développer des fermes privées<br />
modernes sur l’ensemble du pays.<br />
Des modèles d’étables, de capacité variable, dans des exploitations ciblées, sont en cours de<br />
test et leur démultiplication se fera à travers le FONSTAB. Elles devront permettre une<br />
amélioration des conditions d’élevage à même d’extérioriser le potentiel génétique des<br />
vaches métisses issues de l’insémination.<br />
c) Le Centre National d’Amélioration Génétique (CNAG) basé à Dahra, est opérationnel<br />
depuis 2005. C’est la principale institution garante de l’application de la loi n° 2002-24 du 9<br />
décembre 2002 portant amélioration génétique des espèces animales domestiques ainsi que<br />
du décret N°2002/24 du 09/12/02 portant sur l’amélioration génétique des espèces<br />
animales.<br />
Il a aussi pour vocation de favoriser la production locale de semences, de mettre en place<br />
des dépôts décentralisés de semences au niveau des régions et des départements (dépôts<br />
primaires et secondaires) et d’en assurer le contrôle de la qualité.<br />
Un cadre législatif et réglementaire relatif à l’amélioration génétique a été mis en place à<br />
travers la Loi du 9 décembre 2002 portant sur l’amélioration génétique des espèces<br />
animales domestiques et son décret d’application du 24 avril 2007.<br />
Ces textes précisent les modalités d’introduction et de diffusion de sang améliorateur<br />
(reproducteurs, semences et embryons), les normes applicables, les garanties exigées. Ils<br />
prévoient également la mise en place d’un comité consultatif sur l’amélioration génétique<br />
animale chargé de formuler des recommandations pour la conservation et l’amélioration du<br />
patrimoine génétique des races locales.<br />
Les autres instruments mis en place dans le cadre de la NIS<strong>DE</strong>L ont trait au :<br />
a) Programme de renforcement de la protection zoosanitaire (PRPZ)<br />
Ce programme inscrit au BCI a permis, comme nous l’avons déjà signalé, d’instituer le<br />
Système National de Surveillance Epidémiologique (SNSE) qui prend en charge l’alerte et la<br />
détection précoce des maladies prioritaires à travers un dispositif de surveillance passive et<br />
active.<br />
Le PRPZ permet aussi l’amélioration de la couverture sanitaire du cheptel avec l’organisation<br />
de campagnes annuelles contre des maladies ciblées (dermatose nodulaire contagieuse<br />
bovine, peste des petits ruminants, peste équine, maladie de Newcastle, pasteurellose<br />
porcine notamment).<br />
27
Le Programme Spécial de Lutte contre les Maladies Prioritaires mis en place dans le cadre de<br />
la GOANA vient compléter les actions du PRPZ.<br />
b) Le Programme Prioritaire d’Aménagements Pastoraux (PPAP), également inscrit au BCI,<br />
est conçu pour renforcer les infrastructures pastorales et contribuer à la sécurisation de<br />
l’élevage pastoral. Les quelques réalisations faites dans le cadre de ce programme ont<br />
surtout concerné des infrastructures productives individuelles pilotes en appui à la<br />
modernisation.<br />
c) Le Programme de réhabilitation et de construction d’abattoirs modernes et foirails<br />
s’inscrit dans le cadre de la modernisation de la chaîne de transformation et de distribution<br />
des viandes. Il a à son actif la réalisation en cours à Tivaouane, Kolda et Matam de nouveaux<br />
abattoirs répondant aux normes. Ce programme prévoit également la promotion de<br />
boucheries modernes et d’étals normalisés, en vue d’améliorer la distribution de la viande<br />
au détail.<br />
d) Le Programme national d’identification du bétail est destiné à professionnaliser davantage<br />
la gestion des élevages et la commercialisation du bétail et à évoluer vers une traçabilité des<br />
produits animaux à long terme. Il fait partie des instruments de lutte contre le vol de bétail.<br />
Son lancement a eu lieu en 2007 dans les deux régions tests de Kolda et de Thiès.<br />
e) Outre ces programmes inscrits au BCI, les grands projets appuyés par l’extérieur se sont<br />
poursuivis jusqu’à leur terme (le PAPEL dans sa seconde phase entre 2002 et 2007, le PACE<br />
qui a pris fin en 2006 et le PADV qui s’est achevé en 2008).<br />
f) Le P<strong>DE</strong>SOC (Projet de développement de l’élevage au Sénégal Oriental et en Haute<br />
Casamance) vient de démarrer. Appuyé par la BID, il constitue un projet d’envergure appelé<br />
à combler le vide qui avait été laissé par le P<strong>DE</strong>SO dans la zone sud-est. Il est bâti autour de 4<br />
composantes :<br />
Renforcement des infrastructures pastorales<br />
Concernera la mise en place et la réhabilitation d’infrastructures d’hydraulique<br />
pastorale avec la réalisation de 7 nouveaux forages équipés, la réhabilitation de 10<br />
forages existants, de 30 puits pastoraux avec abreuvoirs et l’aménagement de deux<br />
bassins de rétention;<br />
Infrastructures collectives d'élevage: appui à la réalisation de 10 magasins de<br />
stockage; d'intrants, de 25 parcs à vaccination, de 6 marchés à bétail et de 4 mini<br />
laiteries, en plus de la réalisation / réhabilitation de 50 postes vétérinaires;<br />
Appui à la production et aux organisations d'agropasteurs;<br />
Mise en place d'une ligne de crédit pour appuyer les activités génératrices de revenus<br />
(production, commercialisation du bétail et des produits animaux) ;<br />
Appui à la gestion des ressources naturelles (lutte contre les feux de brousse,<br />
activités de reforestation, d'agroforesterie et d'amélioration des pâturages naturels).<br />
28
g) Le <strong>PROGEBE</strong>-Sénégal<br />
C’est la composante sénégalaise du Projet de Gestion Durable du Bétail Ruminant<br />
endémique en Afrique de l’Ouest (<strong>PROGEBE</strong>-WA), principalement financé par la Banque<br />
Africaine de Développement (BAD) et le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM).<br />
Ce projet qui est également à ses débuts, a pour objectif de développer, tester et mettre en<br />
œuvre des modèles d’approches communautaires de conservation et de gestion durable au<br />
niveau de sites pilotes.<br />
Ces modèles vont aider à préserver des traits génétiques uniques et d’habitats complexes<br />
qui sont d’une importance globale et régionale.<br />
Le <strong>PROGEBE</strong> vise aussi à renforcer la production, la commercialisation et les politiques<br />
environnementales d’appui à ces races, en vue d’améliorer les conditions de vie des<br />
éleveurs.<br />
Dans un contexte marqué par des menaces de divers ordres à l’endroit du bétail<br />
trypanotolérant (dégradation des écosystèmes, croisements incontrôlés avec du bétail<br />
exotique), ce projet vient proposer des réponses pour une conservation et une gestion<br />
durable des races locales adaptées à cet environnement.<br />
Ses actions vont notamment en direction de :<br />
L’amélioration des systèmes de production du bétail ruminant endémique ;<br />
La mise en place de systèmes d’amélioration génétique adaptés ;<br />
Le renforcement des capacités de gestion des ressources naturelles et de stratégie de<br />
conservation de l'habitat du bétail endémique ;<br />
La valorisation des produits du bétail endémique et l’amélioration des revenus et des<br />
conditions de vie des éleveurs concernés.<br />
3.3.5. Effets et impacts<br />
A l’analyse, la NIS<strong>DE</strong>L produit deux types d’effets et impacts que nous distinguons comme<br />
suit :<br />
a). Effets et impacts positifs<br />
L’opérationnalisation d’un système national de surveillance épidémiologique a<br />
commencé à engendrer des impacts positifs dont le plus notable est le statut<br />
indemne de peste bovine reconnu au Sénégal par l’Organisation Mondiale de la<br />
Santé Animale (OIE) en 2005 et reconfirmé chaque année depuis lors ;<br />
Le statut indemne de PPCB est également en voie d’être obtenu ;<br />
L’institutionnalisation du FONSTAB apporte une solution aux besoins spécifiques de<br />
crédit pour l’élevage qui n’avaient pas trouvé solution avec les dispositifs classiques<br />
qui existaient jusqu’ici ; en particulier, la question du crédit moyen terme pour des<br />
investissements dans des infrastructures et équipements d’élevage est prise en<br />
charge par le Fonds.<br />
Avec l’insémination artificielle, un noyau de vaches métisses pouvant produire autour<br />
de 10 litres de lait est en constitution, ce qui ouvre des perspectives d’amélioration à<br />
terme de la production nationale de lait et de la sécurité alimentaire, mais aussi de<br />
réduction de la facture laitière.<br />
29
Des perspectives de conservation et d’amélioration du bétail trypanotolérant et plus<br />
globalement de relance de l’élevage en zone sud et est, s’ouvrent de nouveau avec<br />
les interventions conjuguées des nouveaux projets <strong>PROGEBE</strong> et P<strong>DE</strong>SOC.<br />
b). Effets et impacts négatifs et problèmes posés.<br />
La NIS<strong>DE</strong>L est trop focalisée sur la modernisation de l’élevage et marginalise l’élevage<br />
pastoral (inclus l’élevage agropastoral du bétail ruminant endémique) qui constitue<br />
pourtant plus de 90% du cheptel ;<br />
L’essentiel des investissements et appuis est orienté vers l’élevage moderne au<br />
détriment des infrastructures pastorales et d’une amélioration des ressources<br />
pastorales ;<br />
<br />
Au moment où l’accent est mis sur l’insémination pour l’obtention de vaches<br />
métisses au potentiel laitier amélioré, le lait local produit dans les zones pastorales<br />
n’est pas valorisé, en raison d’un manque notable d’appui dans la collecte et la<br />
transformation ;<br />
De fait, les éleveurs non engagés dans des dynamiques d’intensification et de<br />
modernisation sont exclus des appuis existants ;<br />
Cette option, fait peser une menace sur la viabilité de l’élevage pastoral et la<br />
conservation du bétail trypanotolérant ;<br />
La vulgarisation à grande échelle qui est en cours sur l’insémination artificielle a pour<br />
corollaire une dilution génétique croissante sur le cheptel local et se traduira à terme<br />
par une perte de biodiversité sur les races locales qui sont adaptées à leur<br />
environnement ;<br />
La menace est sans doute plus grande en zone sud où les caractéristiques uniques<br />
que recèle le bétail trypanotolérant pourraient être perdues à terme ;<br />
Cette préoccupation se justifie d’autant que l’insémination est conduite en dehors<br />
d’un schéma cohérent d’amélioration génétique murement réfléchi et<br />
consensuellement arrêter avec les différents acteurs concernés.<br />
En fait l’introduction de gènes exotiques par l’insémination artificielle n’est pas<br />
articulée à la sélection en parallèle sur les races locales et à la constitution de<br />
banques de gènes.<br />
le comité consultatif qui a été mis sur pied sur l’amélioration génétique animale est<br />
très peu fonctionnel et n’a jusqu’à présent pas développé de propositions concrètes<br />
pour la conservation et l’amélioration du patrimoine génétique des races locales.<br />
Le renforcement des capacités institutionnelles des organisations professionnelles<br />
aux différents niveaux n’a pas encore reçu la priorité nécessaire pour leur permettre<br />
de rendre à leurs membres les services dont ils ont besoin pour améliorer<br />
durablement la productivité de ces races et mieux valoriser la production;<br />
La concertation entre les structures ministériels, les services techniques d'une part et<br />
les organisations professionnelles d’autre part n’est pas équilibrée et cela se<br />
répercute négativement sur la qualité des politiques et programmes en terme de<br />
réalisme, d’appropriation et d’engagement des acteurs qui doivent les mettre en<br />
œuvre.<br />
30
Il apparaît ainsi que, dans l’attente du PN<strong>DE</strong>, la NIS<strong>DE</strong>L tient lieu depuis 2004, de cadre de<br />
référence des stratégies, des programmes et projets conçus et exécutés par le département<br />
ministériel en charge du secteur. La NIS<strong>DE</strong>L s’inscrit dans la volonté des pouvoirs publics de<br />
promouvoir une agriculture de type entrepreneurial, capable de moderniser rapidement la<br />
production en adoptant des techniques nouvelles et en se dotant d’animaux plus productifs<br />
pour ce qui concerne l’élevage. Cette option est justifiée par la forte dépendance du pays des<br />
importations de produits d’origine animale notamment du lait et de ses dérivées. L’accent est<br />
ainsi mis sur la création d’un troupeau de vaches laitières issues en majorités d’un croisement<br />
entre les races locales et des races exotiques à haut potentiel. La réalisation de cet objectif<br />
nécessite beaucoup de ressources et pose le problème de choix prioritaires et d’équilibres à<br />
préserver entre les différents systèmes d’élevage. Les CIMEL prévus dans les zones d’élevage<br />
du BRE (Kolda et Guérina) ne sont pas encore réalisés. Le <strong>PROGEBE</strong> et le P<strong>DE</strong>SOC sont<br />
attendus pour qu’un rééquilibrage s’opère en faveur de cet élevage.<br />
3.4. Perceptions et analyses des acteurs<br />
En jonction avec le consultant chargé des aspects juridiques et règlementaires nous avons eu<br />
à rencontrer dans un premier temps des cadres du Ministère de l’élevage, du Ministère de<br />
l’Economie et des Finances, des chercheurs et des agents de services d’appui conseil. Nous<br />
n’avons cependant pas pu avoir tous les entretiens sollicités et espérons nous rattraper avec<br />
une forte participation à l’atelier de restitution. Au niveau des deux sites du projet que nous<br />
avons visités (Bandafassi dans la région de Kédougou et Wassadou dans la région de Kolda)<br />
les principaux acteurs ont été rencontrés.<br />
3.4.1. Les personnes ressources<br />
Avec le premier groupe les initiatives et programmes ont été passées en revue pour en<br />
clarifier le contexte, les orientations et objectifs, les stratégies, les instruments de mise en<br />
œuvre, les réalisations, les effets et impacts en général. La question sur la prise en compte<br />
par ces initiatives et programmes des spécificités du bétail ruminant endémique a été posée<br />
lors de ces rencontres. La mission a bien apprécié la disponibilité des personnes rencontrées<br />
et leur maîtrise du sujet ce qui a permis d’approfondir et de clarifier la compréhension des<br />
documents consultés. Ces personnes ont souligné l’importance accrue de l’élevage dans<br />
l’économie et les défis qu’il doit relever dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et<br />
l’aspiration à la sécurité alimentaire. Tout en reconnaissant les efforts consentis pour le<br />
secteur elles regrettent l’insuffisance des ressources qui lui sont allouées. L’absence d’une<br />
véritable politique est soulignée et la finalisation du PN<strong>DE</strong> est attendue pour combler ce<br />
vide. Les lenteurs constatées dans l’élaboration de ce document sont liées entre autres, aux<br />
changements institutionnels (séparation versus fusion du ministère de l’agriculture et de<br />
l’élevage) qui n’ont pas facilité la conduite à terme du processus engagé depuis 2000. Les<br />
orientations issues des diagnostics prospectifs au niveau départemental, régional et national<br />
n’ont pas été exploitées. C’est dans ce contexte que la NIS<strong>DE</strong>L est conçue et est devenue le<br />
cadre de référence de l’action du Ministère. Il est reconnu que la mise en œuvre de la<br />
NIS<strong>DE</strong>L est dominée par l’insémination artificielle. Le bétail ruminant endémique dont le<br />
mode d’élevage repose sur le pâturage naturel n’est pas favorisé par ces orientations. Il est<br />
attendu que le P<strong>DE</strong>SOC prenne en charge les besoins de cet élevage.<br />
31
Au niveau du Ministère de l’Economie et des Finances on souligne que la contribution des<br />
partenaires externes au financement du secteur est en baisse ce qui amène l’Etat à faire plus<br />
d’efforts. Il est aussi souligné que l’insémination artificielle avec près d’un milliard et demi<br />
(1,750 milliard) par an, est l’activité phare du ministère de l’élevage. Les nombreux<br />
réaménagements qui sont effectués par le ministère sur son budget en cours de réalisation<br />
sont attribués à l’absence d’une politique globale et d’une planification cohérente. On lie<br />
aussi à cela l’incapacité d’absorber les crédits alloués alors que le report de reliquats<br />
budgétaires n’est plus possible.<br />
3.4.2. Les acteurs de terrain<br />
Les visites des deux sites qui sont situés dans les région de Kédougou (Bandafassi) et de<br />
Kolda (Wassadou) ont permis d’avoir des entretiens avec les principales catégories d’acteurs<br />
concernées par le développement agricole et rural de ces régions en général et de l’élevage<br />
en particulier. Il s’agit d’autorités administratives, de collectivités locales, d’organisations<br />
professionnelles (éleveurs, dioula, bouchers…), des agents des services publics et privés<br />
(élevage, foresterie/environnement, agriculture).Dans l’ensemble la connaissance des<br />
initiatives et des programmes d’élevage est faible au niveau de ces acteurs.<br />
3.4.2.1. Les éleveurs<br />
Les éleveurs perçoivent et apprécient les politiques d’élevage à travers les actions concrètes<br />
qu’ils vivent n’étant pas réellement impliqués dans leur élaboration. Aussi bien à Bandafassi<br />
qu’au Wassadou, ils déplorent le manque d’investissements capables de valoriser davantage<br />
l’élevage qui est une activité à laquelle s’adonne la majorité des exploitations familiales à<br />
différents niveaux et avec différentes espèces. L’élevage reste également étroitement<br />
associé à l’agriculture mais ce sont les options politiques qui ont mis l’accent sur l’agriculture<br />
et qui ont ainsi déréglé les équilibres préexistants entre ces deux piliers des économies<br />
locales. L’agriculture est privilégiée dans l’accès à la terre, au crédit et au marché<br />
notamment pour certaines filières comme le coton et l’arachide. Les infrastructures<br />
(ouvrages hydrauliques, parcs de vaccination, abattoirs…) réalisées sont insuffisantes et<br />
souvent vétustes. Les opérations Sauve Garde du bétail sont sporadiques et sans commune<br />
mesure avec les besoins. Le programme d’insémination artificielle est diversement apprécié.<br />
Certains regrettent qu’il soit limité à quelques éleveurs, mais pour tous les produits métissés<br />
survivent moins bien que les produits purs Ndama. Par contre la présence d’agents des<br />
services techniques notamment ceux des services vétérinaires est bien appréciée même s’ils<br />
ne disposent pas des moyens nécessaires à la réalisation de leurs missions et à l’efficacité<br />
attendue par les éleveurs.<br />
Les actions les mieux perçues par les éleveurs sont celles menées par les sociétés de<br />
développement comme la SO<strong>DE</strong>FITEX, la SODAGRI et par les ONG telles que AVSF. Dans la<br />
région de Kolda où se situe le site de Wassadou, la stabulation et la promotion de la filière<br />
lait local ont engendré des innovations dans la conduite de l’élevage et la valorisation du lait<br />
là où les conditions d’accès au marché sont réunies. Cette expérience n’a pas prospéré à<br />
Kédougou selon les éleveurs qui expliquent cela par la disproportion entre les efforts à<br />
fournir, les exigences des unités de transformation et le prix offert. L’exploitation la plus<br />
commune des cheptels bovin, ovin et caprin se fait par la vente d’animaux sur pied (filière<br />
viande). Pour tous les éleveurs rencontrés dans les deux sites les niveaux d’intervention pour<br />
32
une action efficace sur la conservation et l’amélioration de la productivité du bétail ruminant<br />
endémique sont trois : la Brousse (eau et pâturage), les éleveurs et les autres acteurs<br />
(organisation, formation) et le marché (intrants, crédit, infrastructures et équipements de<br />
mise en marché). Un bon réseau de points d’eau pour l’abreuvement permettrait aux<br />
éleveurs d’avoir une meilleure maîtrise de leurs animaux qu’ils n’arrivent pas à surveiller<br />
pendant la saison sèche à cause de la divagation qui rend difficile la vaccination et les<br />
opérations sanitaires sur le bétail.<br />
3.4.2.2. Les intervenants de la filière viande locale<br />
La vente d’animaux sur pied est le principal mode d’exploitation du bétail par lequel les<br />
éleveurs tirent des revenus monétaires importants. Elle fait intervenir plusieurs types<br />
d’acteurs et des circuits plus ou moins longs. Les acteurs rencontrés dans ce cadre en plus<br />
des éleveurs sont des dioulas dits de brousse 2 , des téfanké, des emboucheurs et des<br />
bouchers. L’éleveur peut se retrouver à cumuler plusieurs de ces fonctions. Pour le site de<br />
Bandafassi, Kédougou est le marché de regroupement et le point d’embarquement vers des<br />
marchés de transit ou des marchés terminaux. Les circuits varient semble-t-il selon les<br />
espèces. Ces opérateurs qui évoluent au niveau local déplorent l’enclavement des zones de<br />
collecte, le manque d’infrastructures appropriées, les difficultés et les coûts de transports à<br />
partir des marchés de regroupement et d’embarquement. Ils reconnaissent que leur faible<br />
niveau d’organisation limite leurs capacités à surmonter les difficultés rencontrées. Pour eux<br />
la levée de ces contraintes améliorerait considérablement la contribution de l’élevage de ces<br />
zones à l’offre national de viande pour faire face aux besoins croissants en produits carnés.<br />
3.4.2.3. L’administration décentralisée et les collectivités locales<br />
Les entretiens avec les autorités rencontrées au niveau des deux sites montrent que même<br />
s’ils connaissent les orientations et les stratégies en matière de politiques d’élevage leur<br />
niveau d’information est faible sur le déroulement des programmes, les résultats obtenus et<br />
les problèmes qui se posent au secteur. La problématique du <strong>PROGEBE</strong> est loin d’être<br />
maîtrisée et mise en perspective dans le développement local.<br />
Par rapport aux actions initiées par le <strong>PROGEBE</strong> les collectivités locales n’ont pas toujours eu<br />
l’engagement attendu d’eux pour les décisions relevant de leur compétence. C’est le cas<br />
dans la délimitation et la matérialisation des parcours du bétail au Wassadou où<br />
l’indisponibilité du Conseil Rural retarde l’exécution des activités programmées.<br />
En dépit de ces difficultés de départ le rôle de ces autorités dans gestion des ressources<br />
naturelles et des conflits notamment entre éleveurs et agriculteurs en fait des acteurs clef<br />
pour la réussite du <strong>PROGEBE</strong> et la généralisation des bonnes pratiques qui peuvent en<br />
découler.<br />
3.4.2.4. Les services techniques<br />
2 Le terme dioula désigne un collecteur itinérant d’animaux qu’il achète comptant ou à crédit sous l’arbitrage<br />
du téfanké qui est un facilitateur et arbitre entre le vendeur (un éleveur ou un dioula) et l’acheteur (un dioula)<br />
ayant confiance en lui. On distingue le dioula de brousse qui collecte au niveau des marchés de brousse (louma,<br />
forages, petits foirails) du dioula de ville ou chevillard ou boucher grossiste qui est au bout du circuit vif.<br />
33
Les agents des services publics (élevage, eaux et forêts, agriculture…) connaissent les textes<br />
qui régissent ces services et les missions qui en découlent. Partenaires à part entière du<br />
<strong>PROGEBE</strong> (signature de protocoles), leur appropriation de ce projet n’est pas encore acquise.<br />
Leur participation à la planification et à la mise en œuvre des activités du projet ne semble<br />
pas être perçue comme faisant partie de leur mission. Ils soulignent la tendance à la<br />
dégradation des écosystèmes et la nécessité de mesures hardies pour infléchir cette<br />
tendance. Contrairement les moyens dont ils disposent sont plutôt en baisse. Le<br />
développement de synergies entre les nouveaux projets et programmes qui s’implantent<br />
dans ces régions peut permettre de réaliser des activités portant sur la préservation de<br />
l’environnement (pare-feux, lutte contre les feux déclenchés) et l’aménagement du milieu<br />
(aménagement de mares, forages, puits, pistes…).<br />
Les diverses interventions menées dans les zones englobant les deux sites offrent des<br />
expériences dont il est possible de tirer des leçons et des pratiques pour orienter ces actions<br />
avec l’appui du <strong>PROGEBE</strong>. On peut citer parmi ces interventions celles de la SODAGRI, la<br />
SO<strong>DE</strong>FITEX/BAMTAARE, l’OMVG, World Vision, AVFS, etc… portant sur :<br />
le renforcement de capacité en santé et productions animales par la formation<br />
d’auxiliaires en hygiène et transformation du lait ;<br />
l’organisation de campagnes de vaccinations (AVSF) ;<br />
l’encadrement et l’organisation d’éleveurs en GIE et associations;<br />
l’alimentation: constitution de réserves et pratiques de cultures fourragères;<br />
la conservation des pâturages par la lutte contre les feux de brousse, l’ouverture de<br />
pare-feu, l’organisation de Comités de Lutte (surtout au niveau des services des eaux<br />
et forêts);<br />
la contribution à la réduction des conflits agriculteurs / éleveurs par la mise en place<br />
de matériaux et de couloirs du bétail et d’ouverture de parcours pastoraux;<br />
la facilitation de l’abreuvement par la création et / ou l’amélioration des points<br />
d’eau: curage de mare, réparation ou installation de forages;<br />
l’augmentation de la production laitière par la promotion des étables fumières,<br />
l’appui dans l’acquisition d’aliments concentrés et l’Insémination artificielle.<br />
Les agents techniques soulignent que les deux sites se situent dans des zones de<br />
transhumance et de zones frontalières, conditions favorables au métissage notamment avec<br />
les animaux venant du nord. Cette situation et la pratique non régulée de l’insémination<br />
artificielle ne facilitent pas la réalisation des objectifs du <strong>PROGEBE</strong>. Il est nécessaire de se<br />
donner les moyens de suivre et de contrôler ces phénomènes.<br />
3.4.3. Le <strong>PROGEBE</strong><br />
Les objectifs déclinés par ce projet et les actions mises en route suscitent beaucoup d’espoir<br />
auprès des éleveurs et des professionnels de l’élevage rencontrés sur le terrain. Sa finalité et<br />
sa démarche traduisent une vision alternative à celle qui favorise la dégradation des<br />
écosystèmes et menace la biodiversité. Les principaux axes d’intervention mettent l’accent<br />
sur la responsabilisation des communautés de base et la concertation autour de la gestion<br />
34
négociée des ressources de leur environnement et sur la conservation et la valorisation du<br />
bétail ruminant endémique.<br />
Des activités d’identification de couloirs de passage et des espaces de pâturage sont en<br />
cours, soutenues par une sensibilisation intense des acteurs dans les deux sites. Dans ce<br />
processus il est en partenariat avec les collectivités locales, l’administration et les services<br />
concernés par la réalisation de ses objectifs, la pérennisation et la généralisation des acquis à<br />
terme. Les Plan d’Occupation et d’Aménagement des Sols (POAS) expérimentés par d’autres<br />
projets au nord constituent les outils de cette démarche.<br />
Au Wassadou le <strong>PROGEBE</strong> a mis à la disposition des éleveurs un recueil de textes législatifs<br />
traduits en pulaar (code des collectivités locales ; code de l’environnement, code forestier ;<br />
code de la chasse et de la protection de la faune ; code minier ; code de l’hygiène etc.)<br />
Il participe au renforcement des capacités des éleveurs par la formation en fenaison et<br />
cultures fourragères, et en protection de la nature avec les services de l’élevage, des eaux et<br />
forêt, des sociétés de développement et des ONG. Le projet organise les éleveurs et les<br />
appuie dans la mise en place de systèmes durables d’accès et de gestion des vaccins,<br />
médicaments et soins de leurs animaux.<br />
Les éleveurs et les professionnels de la filière viande ne cachent pas leur impatience pour la<br />
réalisation des ouvrages hydrauliques (forages, puits, aménagements de mares…) et des<br />
infrastructures (marchés, abattoirs,…) prévus par le projet. Avec le PRO<strong>DE</strong>SOC, le <strong>PROGEBE</strong><br />
offre des possibilités d’améliorer les conditions d’élevage et d’exploitation du bétail<br />
ruminant endémique et de préserver le milieu naturel des menaces et risques de<br />
dégradation que craignent les populations.<br />
35
IV.<br />
Bilan et perspectives<br />
La revue documentaire et les informations tirées des entretiens de terrain permettent de<br />
faire quelques constats et de livrer des éléments d’analyse sur les politiques et stratégies<br />
d’élevage et celles des autres secteurs intervenant dans les mêmes sphères. Les<br />
considérations sur l’élevage et sa place dans les politiques sous-régionales (ECOWAP) sont<br />
examinées.<br />
4.1. Principaux constats et analyses<br />
Nous avons rappelé comment depuis la période coloniale, les systèmes d’accès et<br />
d’utilisation des terres ont été modifiés en faveur de l’extension des cultures et d’une<br />
réduction de l’espace pastoral dans les principales zones agro écologiques. Cette option a<br />
introduit et amplifié le cloisonnement entre les systèmes de production de ces zones et la<br />
rupture de la complémentarité et de l’interdépendance qui les caractérisaient.<br />
Malgré les efforts récents de changement de paradigmes, la mise en valeur agricole<br />
représente toujours le type d’utilisation hautement prioritaire par rapport aux activités<br />
d’élevage (déclassement de forêts à des fins agricoles au détriment des activités pastorales,<br />
marginalisation du bétail dans les aménagements hydroagricoles, etc.). La politique de<br />
décentralisation et le transfert des compétences aux collectivités locales en matière de<br />
gestion des ressources naturelles ont dans certains cas aggravé les distorsions dans la<br />
répartition de l’espace entre les différentes activités (Touré et Planchon, 2008).L’extension<br />
du bassin des cultures de rente (coton et arachide) vers le sud constitue une véritable<br />
menace pour les écosystèmes et les pâturages exploités par le Bétail Ruminant Endémique.<br />
Les politiques d’élevage menées au Sénégal depuis l’indépendance ont renforcé le contrôle<br />
des principales maladies qui ravageaient le cheptel et ont permis de ce fait d’accroitre les<br />
effectifs. Mais elles n’ont généralement pas atteint les objectifs qu’elles se sont données en<br />
termes de productivité et de production, de contribution à augmenter les revenus des<br />
familles, d’autonomisation et de professionnalisation des organisations d’éleveurs et des<br />
autres acteurs des filières animales, de préservation de l’environnement et de la<br />
biodiversité. Ces résultats sont en partie très liés aux changements des conditions<br />
climatiques avec de grandes sécheresses. Cette revue montre toutefois que les orientations<br />
et les modalités de mises en œuvre des politiques agricoles en général et du secteur en<br />
particulier ont joué un grand rôle par les limites et les manquements qui viennent d’être<br />
soulignés. Généralement élaborées sous la pression des partenaires financiers (ajustement<br />
structurel) ou sur la base d’objectifs éminemment productivistes, ces politiques ne sont pas<br />
adossées à des analyses approfondies des réalités sociales, culturelles, physiques et<br />
économiques nécessaires à la construction d’une vision partagée du devenir des différents<br />
systèmes d’élevage.<br />
Les politiques et programmes qui ont été examinés dans cette étude sont dominées par la<br />
volonté récurrente de promouvoir la modernisation et l’intensification de l’élevage. Les<br />
efforts déployés dans cette perspective ont surtout porté sur la stratification de l’élevage<br />
pour la production de viande en partant de la zone Sylvopastorale, sur l’embouche dite<br />
paysanne avec l’utilisation des résidus de culture dans le bassin arachidier et plus<br />
récemment, depuis 1998, sur la promotion de la production laitière. Cette dernière option<br />
36
met l’accent sur le métissage avec des races exotiques à haut potentiel laitier comme le<br />
montre l’ambitieux objectif de créer, à l’horizon 2012, un troupeau de 100.000 vaches<br />
métisses et 30.000 vaches de races exotiques à haut potentiel réalisant une production<br />
annuel de 400.millions de litres de lait par an.<br />
Les programmes ainsi déployés ont privilégié les systèmes agropastoraux et les systèmes<br />
intensifs d’une partie de l’aire d’élevage du Zébu Gobra. Les priorités de l’élevage du Bétail<br />
Ruminant Endémique qui comprend le taurin Ndama, le mouton Djallonke et la chèvre naine<br />
ou guinéenne sont faiblement prises en compte par ces orientations et les programmes qui<br />
en découlent. Les systèmes agropastoraux auxquels se rattache ce bétail présentent des<br />
spécificités dans leurs potentialités, leur vocation et leurs enjeux de développement en<br />
rapport avec les caractéristiques des zones agro écologiques correspondant à leurs habitats.<br />
Face aux difficultés liées à la dégradation des écosystèmes et à l’extension des cultures, il est<br />
indispensable de s’interroger sur les traits dominants qui marqueront l’élevage de demain.<br />
Le pâturage naturel au sens large (fourrage et eau) constitue et restera encore longtemps le<br />
socle sur lequel repose l’élevage dans ces agrosystèmes aujourd’hui fragilisés par des<br />
interventions mal régulées. L’élevage peut cependant jouer un rôle déterminant dans la<br />
restauration et le maintien des équilibres rompus.<br />
Depuis quelques années, le système d’élevage extensif traditionnel s’est différencié faisant<br />
émerger en son sein, un sous-système. Ce dernier est basé sur la stabulation et la<br />
complémentation en saison sèche, d’un noyau de vaches en lactation dont la production est<br />
prioritairement vendue à des unités de transformation situées dans les centres urbains. Ce<br />
sous-système en pleine évolution est devenu le réceptacle privilégié d’innovations et de<br />
changement des pratiques d’élevage du bétail ruminant endémique. Il s’agit principalement :<br />
i) de la stabulation qui consiste à mettre les animaux sous abri et à produire également du<br />
fumier, ii) de la complémentation (apport de sous-produits agricoles et agroindustriels), iii)<br />
de la systématisation de quelques mesures de prophylaxie. Le système agropastoral<br />
traditionnel comprend ainsi deux composantes très liées et dont l’évolution sera<br />
déterminant sur son avenir et sur son rôle dans les économies locales. Les politiques<br />
d’élevage sont appelées à accompagner cette évolution en veillant à ce qu’elle préserve la<br />
biodiversité tout améliorant les performances de production du bétail endémique et les<br />
revenus qui en découlent.<br />
Dans cette perspective, les politiques publiques du secteur doivent favoriser entre autres:<br />
un système d’élevage centré sur le milieu et sur le Bétail Ruminant Endémique ;<br />
un système d’élevage qui renforce ou recrée les équilibres et l’interdépendance entre<br />
il s’agit de<br />
l’élevage<br />
développer<br />
et les<br />
des<br />
autres<br />
programmes<br />
composantes<br />
renforcés<br />
du système<br />
de mise<br />
de<br />
en<br />
production<br />
place d’ouvrages<br />
: agriculture,<br />
d’hydraulique<br />
foresterie<br />
pastorale,<br />
(exploitation<br />
d’aménagement<br />
des ressources<br />
et de gestion<br />
naturelles),<br />
communautaire<br />
écotourisme<br />
des pâturages,<br />
(protection<br />
de<br />
de<br />
prophylaxie<br />
la faune, de<br />
et<br />
la<br />
de soins<br />
flore<br />
vétérinaires<br />
et des sites<br />
dont<br />
à vocation<br />
les effets<br />
touristique)<br />
positifs<br />
;<br />
sur la productivité sont manifestes. Les<br />
recherches<br />
un système<br />
et les actions<br />
d’élevage<br />
en<br />
qui<br />
cours<br />
tout<br />
dans<br />
en s’ouvrant<br />
le cadre<br />
davantage<br />
du <strong>PROGEBE</strong><br />
au marché<br />
sur l’amélioration<br />
répond aux besoins<br />
des<br />
performances<br />
d’autoconsommation<br />
et la conservation<br />
et<br />
du<br />
préserve<br />
Bétail Ruminant<br />
les valeurs<br />
Endémique<br />
comme<br />
doivent<br />
la solidarité,<br />
être poursuivies<br />
l’autonomie,<br />
audelà<br />
de ce<br />
la<br />
créativité,<br />
projet et<br />
le<br />
les<br />
dynamisme<br />
acquis généralisés.<br />
des populations… ;<br />
un système d’élevage autour duquel se mobilisent les différents acteurs et se créent 37<br />
des synergies entre les intervenants.
Le Ministère en charge des politiques d’élevage doit être au cœur de politiques favorisant le<br />
renforcement et la recréation d’équilibres et d’interdépendances entre ce secteur et les<br />
autres secteurs qui, à cette fin doivent être fortement impliqués dans l’élaboration des<br />
politiques d’élevage, notamment l’élaboration du PN<strong>DE</strong> en cours. Des opportunités de<br />
réflexion et d’action (orientation et mise en commun de ressources et de compétences<br />
complémentaires) avec d’autres acteurs existent.<br />
Lors de notre mission à Bandafassi nous avons croisé une mission d’un programme de<br />
l’USAID («Woula Nafa») travaillant sur la préservation des Chimpanzés dont la population est<br />
réduite semble-t-il à quelque 450 sujets entre le Sénégal et la Guinée. Ce programme<br />
s’adresse, en partie, aux mêmes acteurs que le <strong>PROGEBE</strong> avec le souci de les impliquer dans<br />
la gestion de l’espace forestier en vue de préserver l’habitat de ces singes. Les responsables<br />
du programme se réfèrent aux mêmes outils de gestion communautaire : POAS, réserves<br />
communautaires, conventions locales, etc… Tout cela appelle à une collaboration dans les<br />
approches et une mise en commun de certaines ressources.<br />
L’ouverture au marché déjà amorcée par différentes réalisations doit être renforcée pour<br />
cette zone sud où l’enclavement reste un handicap majeur. Une politique plus hardie et des<br />
investissements plus conséquents sont nécessaires pour la mise en place d’infrastructures et<br />
d’équipements capables de stimuler la production destinée au marché. Cette option ne doit<br />
cependant pas assujettir les éleveurs au «tout marché » mais doit leur aménager une marge<br />
d’autonomie et d’épanouissement liés à des valeurs et à des besoins non marchands.<br />
4.2. Contexte national et sous-régional<br />
Depuis 1968, le Sénégal a initié des études et des politiques environnementales pour<br />
préserver les ressources naturelles qui conditionnent un développement agricole et rural<br />
durable. Le Plan National d’Action pour l’Environnement (PNAE) en 1997 s’inscrit dans cette<br />
logique conformément aux recommandations du Sommet de la Planète-Terre, tenu en juin<br />
1992, à Rio de Janeiro. Le Sénégal a aussi élaboré en 1998 un Programme d’Action Nationale<br />
de Lutte contre la Désertification (PAN/LCD), une Stratégie et un Plan National d’Action pour<br />
la Conservation de la Biodiversité. En 1999 a été élaborée une Stratégie Nationale de Mise<br />
en Œuvre (SNMO) de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements<br />
Climatiques (CCNUCC) suivie en 2005 par le Plan d’Action Nationale pour l’Adaptation<br />
(PANA) aux changements climatiques.<br />
De façon globale, les PNAE devaient permettre d'identifier les priorités environnementales<br />
et de définir les bases de systèmes efficaces de planification et de gestion durable des<br />
ressources naturelles et de l'environnement. Une approche intersectorielle était retenue et<br />
devait, sur la base d’un large consensus permettre d’opérationnaliser le PNAE.<br />
Avec le document de « Politique Forestière du Sénégal 2005-2025 », l’Etat réaffirme son<br />
souci d’avoir une stratégie de gestion des ressources naturelles sur le long terme.<br />
L’existence de tant de cadres stratégiques et de plans d’action n’a pas pour autant permis<br />
d'enrayer le processus de dégradation des écosystèmes qui continuent à faire l’objet de<br />
multiples usages et pressions. Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale et<br />
du plan national d’action pour la diversité biologique, « les décrets et arrêtés relatifs aux<br />
ressources pastorales portent surtout sur l'organisation des parcours du bétail et des<br />
conditions d'utilisation des pâturages. Ici, les objectifs de conservation de la biodiversité ne<br />
38
sont pas suffisamment pris en compte dans le droit positif. Il importe d'intégrer ces<br />
considérations dans la mise en œuvre future d'un éventuel Code pastoral »3.<br />
Dans les zones d’élevage du Bétail Ruminant Endémique (sud et sud est), la volonté de<br />
maîtriser l’occupation de l’espace et l’exploitation des ressources naturelles se heurte à<br />
divers obstacles dont : la péjoration des conditions climatiques, la pression démographique<br />
humaine et animale, l’urbanisation, les comportements et les pratiques orientés par les<br />
besoins immédiats. Ces zones accueillent de plus en plus de migrants venant du nord. Cette<br />
migration entraîne l’avancée du front des cultures (arachide et coton notamment) et le recul<br />
des espaces sylvopastoraux (voir carte ci-dessus). Ces espaces correspondent généralement<br />
à des sols peu évolués d’érosion lithique présents principalement dans le sud est (régions de<br />
Kédougou et de Tambacounda) et sur les plateaux de la Casamance. Le défrichement et les<br />
façons culturales que nécessite leur mise en culture fragilisent le milieu. D’autres zones<br />
aujourd’hui ouvertes aux animaux risquent d’être moins accessibles dans la perspective de<br />
développer l’irrigation au Sénégal. Le fleuve Gambie et ses affluents ainsi que la Falémé sont<br />
ciblés avec un potentiel de100.000 hectares irrigables à partir des barrages de Kekréti et<br />
Samba Gatou en projets. Dans la région de Kolda, les aménagements du bassin de l’Anambé<br />
et le barrage de Niandouba offrent des possibilités d’irriguer 20.000 hectares.<br />
Bien qu’elles prônent des approches intégrées et intersectorielles, les politiques forestières,<br />
environnementales et agricoles n’ont pas produit les résultats attendus. La dégradation des<br />
ressources naturelles reste une tendance forte. Dans ce contexte, l’élevage pastoral voit sa<br />
base productive se restreindre progressivement.<br />
Expansion des zones agricoles.<br />
(Carte tirée du document « Plan National d’Action pour l’Environnement. Ministère de l’Environnement )<br />
3 Tiré du document de la Stratégie Nationale de la biodiversité, cette observation traduit la marginalité de la<br />
prise en compte de l’élevage dans la stratégie. La stratégie met plus l’ accent sur les écosystèmes en général et<br />
sur la faune sauvage. La diversité biologique au niveau des animaux domestiques n’est que globalement<br />
évoquée.<br />
39
Le Sénégal partage ces difficultés avec de nombreux pays de la sous région où les zones<br />
d’élevage du BRE sont de plus en plus convoitées avec l’avancée continue des cultures.<br />
Ces zones sont également prises d’assaut par des troupeaux qui viennent du nord et qui<br />
augmentent les conflits sociaux et la dégradation des ressources. Ces mouvements font ainsi<br />
peser une menace sur le BRE par la modification de son habitat, la concurrence sur les<br />
ressources (eau et pâturage), la transmission de maladies et la dilution génétique.<br />
Par le passé, moins intégré que les productions agricoles et forestières dans les échanges<br />
mondiaux et moins organisé à l’échelle sous régional, le secteur de l’élevage est aujourd’hui<br />
bien présent dans les politiques communautaires.<br />
Au niveau de la CE<strong>DE</strong>AO, les politiques communes mettent l’accent pour l’élevage, sur<br />
l’augmentation de la production et de la productivité, la complémentarité entre les pays et la<br />
compétitivité par rapport aux produits d’origine extérieure à la communauté. Ces pays sont<br />
invités dans cette perspective de l’intégration régionale à élaborer des Plans Nationaux<br />
d’Investissement Agricole (PNIA) qui sont appelés à consacrer plus de ressources à l’élevage<br />
lequel reçoit globalement moins de 10% des budgets nationaux.<br />
Un programme sous-régional est conçu dans le cadre de la politique agricole de la CE<strong>DE</strong>AO<br />
pour faire face aux contraintes liées au pastoralisme transhumant. Il comprend trois<br />
dimensions : (i) la délimitation de couloirs de transhumance et l’aménagement des zones de<br />
parcours et des points d’eau ; (ii) la prévention et le traitement sanitaires et (iii) la définition<br />
de règles d’usage et de règlement de conflits. Dans cette mouvance sous-régionale, les<br />
organisations d’éleveurs 4 se renforcent, réfléchissent sur l’avenir de l’élevage et les<br />
adaptations nécessaires aux changements du contexte politique, économique et bioclimatique.<br />
Elles deviennent des partenaires autonomes capables de contribuer positivement à<br />
l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques d’élevage plus adaptées aux réalités et aux<br />
aspirations des éleveurs.<br />
Alors que les conditions d’élevage deviennent plus contraignantes, la croissance<br />
démographique et l’urbanisation offrent des opportunités liées à une forte augmentation de la<br />
demande de produits d’origine animale. Divers modèles de production sont développés de par<br />
le monde avec plus ou moins de succès. Au Sénégal, plusieurs modèles coexistent avec des<br />
avantages et des inconvénients propres à chaque système. L’analyse rigoureuse de cette<br />
complexité est essentielle pour bâtir des politiques adaptées qui garantissent les équilibres<br />
nécessaires et l’efficience des ressources investies. Les changements bioclimatiques qui<br />
préoccupent à l’échelle du globe tous les pays, mettent l’élevage au centre de la réflexion pour<br />
les mesures à prendre pour réduire l’émission de gaz à effet de serre. L’élevage extensif est<br />
moins mis en cause ce qui constitue un élément de compétitivité.<br />
4 Bilitaal Marobe est une organisation d’éleveurs implantée au Niger avec des ramifications dans d’autres pays<br />
de la sous-région et qui s’occupe de la transhumance transfrontalière. L’Association pour l’Elevage au Sahel et<br />
en Savane (APESS) existe depuis 1978 dans le but d’aider les éleveurs à développer des innovations aptes à<br />
affranchir le bétail des variations saisonnières du disponibles fourrager.<br />
40
Conclusion<br />
Cette revue montre que le Sénégal a sans cesse tenté de mettre en place des politiques<br />
d’élevage destinées à favoriser l’augmentation de la productivité et de la production. Ces<br />
politiques ont mis l’accent sur la promotion de systèmes d’élevage intensifs par la recherche<br />
et la vulgarisation de nouvelles techniques de production : cultures fourragères, aliments<br />
concentrés et rationnement, amélioration génétique, prophylaxie et soins sanitaires,<br />
habitats. Elles ont aussi permis de développer des infrastructures et des équipements pour<br />
faciliter l’accès aux principaux marchés de consommation, d’organiser et de former des<br />
éleveurs, de former des techniciens et des cadres pour concevoir et exécuter les<br />
programmes. Des programmes d’aménagement et de gestion d’ouvrages d’hydraulique<br />
pastorale et de gestion de pâturages ont été réalisés. IL apparaît cependant que la plupart<br />
des programmes ont été localisés au centre et au nord du pays. Les zones abritant le Bétail<br />
Ruminant Endémique (BRE) ont faiblement bénéficié de ces interventions.<br />
La crise de l’agriculture des années 70 a conduit les pouvoirs publics à revoir leurs politiques<br />
volontaristes marquées par la présence de l’Etat à tous les niveaux (conception,<br />
financement, mise en œuvre, …). Les politiques d’ajustement (retrait de l’Etat, privatisation,<br />
responsabilisation des producteurs) appliquées de 1985 à 2000 n’ont pas permis de soutenir<br />
l’élevage au moment où il avait un besoin pressant d’adaptation à un environnement<br />
écologique, économique et social en pleine mutation. Les systèmes d’élevage traditionnels<br />
se sont vulnérabilisé davantage avec la raréfaction de l’eau et des pâturages plus marquée<br />
dans la partie nord dont les troupeaux s’orientent de ce fait vers la zone d’élevage du BRE.<br />
Depuis la fin de l’ajustement structurel, à partir de 2000, des politiques de relance sont<br />
entreprises dans un contexte de croissance démographique soutenue et d’urbanisation<br />
rapide entrainant une forte augmentation de la demande de produits d’élevage. Le souci des<br />
pouvoirs de répondre à cette demande par une offre interne accrue explique les options<br />
prises. La « promotion d’exploitations de type nouveau (fermes privés modernes) » avec un<br />
accent particulier sur l’amélioration génétique centrée sur la production laitière devient<br />
l’option prioritaire. Elle est portée par la NIS<strong>DE</strong>L en l’absence d’une politique formelle qui<br />
devrait être déclinée par le PN<strong>DE</strong> en cours d’élaboration depuis 2004. La NIS<strong>DE</strong>L qui sert de<br />
cadre de référence aux divers programmes du secteur semble privilégier une approche<br />
technique au détriment d’une construction basée sur une analyse des réalités de l’élevage<br />
sénégalais et de ses perspectives d’avenir. La stratégie d’intervention de la NIS<strong>DE</strong>L et<br />
l’allocation des ressources budgétaires au cours des dix dernières années ne prennent pas<br />
en charge les spécificités et les besoins des différents systèmes et zones d’élevage. Dans ce<br />
cadre le <strong>PROGEBE</strong> et plus récemment le P<strong>DE</strong>SOC constituent une génération alternative de<br />
projets centrés sur l’élevage agropastoral des zones sud et sud-est où se localise le BRE.<br />
L’examen des programmes de la NIS<strong>DE</strong>L montre également un déclin des programmes zoosanitaires<br />
qui ont bénéficié auparavant des appuis des partenaires financiers. Les objectifs<br />
de vaccinations établis chaque année ne sont pas atteints. La nécessité de redresser cette<br />
tendance est évidente car les pertes de production et de productivité restent encore très<br />
liées aux taux élevés de morbidité et de mortalité dans les systèmes extensifs.<br />
La biodiversité animale, en particulier la conservation des races locales dont le bétail<br />
ruminant endémique, n’apparaît pas dans les politiques examinées (avant le <strong>PROGEBE</strong>)<br />
41
comme une question prioritaire faisant l’objet d’une démarche propre. L’option pour<br />
l’intensification et la modernisation avec une orientation constante pour des animaux plus<br />
productifs (en termes de rendements laitiers, vitesse de croissance, taille adulte, etc.) n’a<br />
pas été favorable au BRE en général. Le bélier Djallonké ne jouit pas de prestige à côté des<br />
races sahéliennes recherchées pour la tabaski qui constitue un moment exceptionnel de<br />
vente pour les éleveurs. Malgré des atouts certains de ces animaux, les études et le travail<br />
nécessaires à leur de promotion ne sont pas entrepris. La décentralisation n’a pas encore<br />
conduit les responsables locaux à prendre conscience de l’importance de préserver ce<br />
cheptel et de faire sa promotion économique. L’agriculture continue ainsi à lui restreindre<br />
son espace.<br />
Avec les appuis de ses partenaires que sont la BAD et le FEM, le Sénégal a eu l’opportunité<br />
de reconsidérer l’importance qu’il doit accorder à la préservation de ce bétail en inscrivant<br />
sa démarche, à travers le <strong>PROGEBE</strong>-Sénégal, dans celle de ses voisins de la sous- région.<br />
En conclusion on peut retenir que les systèmes d’élevage du BRE comme les autres systèmes<br />
basés sur le pastoralisme, connaissent des difficultés. Les éleveurs s’inquiètent des<br />
tendances défavorables et recherchent sans cesse des solutions à leur niveau. Mais la nature<br />
des problèmes fait que les solutions seront plus complexes. Elles devront être portées par<br />
des politiques volontaristes basées sur une vision porteuse et largement partagée par les<br />
acteurs qu’elles engagent.<br />
Recommandations<br />
Les politiques d’élevage qui ont été passées en revue, ont généralement été<br />
élaborées sans ou avec peu d’implication des acteurs concernés. Leur élaboration ne<br />
s’appuie pas toujours sur des études et des analyses mettant en perspectives les<br />
différents systèmes d’élevage et leur avenir. Pour changer d’approche, la finalisation<br />
du PN<strong>DE</strong> peut être une opportunité à saisir pour un approfondissement et une<br />
validation impliquant largement les acteurs concernés à travers des ateliers zonaux<br />
et par filière.<br />
Concernant le BRE, les orientations et les objectifs stratégiques du <strong>PROGEBE</strong> doivent<br />
faire l’objet d’une prise en charge sur le long terme par la future politique du secteur.<br />
En cela, des stratégies de mobilisation et d’allocation des ressources sont à définir<br />
pour faire face au besoin d’infrastructures et d’équipements collectifs nécessaires à<br />
la production, à la transformation et à la commercialisation des produits de cet<br />
élevage.<br />
Le Ministère gagnera à développer une politique d’ouverture et de négociation avec<br />
les collectivités locales, les organisations des professionnels de l’élevage et les autres<br />
secteurs (agriculture, foresterie, environnement et tourisme). Une approche<br />
intersectorielle de la préservation et de la gestion des ressources naturelles et de<br />
l’espace agrosylvopastoral est à développer par le Ministère en partenariat avec les<br />
départements ministériels comme celui de l’environnement déjà favorable à cette<br />
orientation pour la mise en œuvre de ses plans d’action. Les cadres de concertation<br />
entre services et au niveau communautaire mis en place par le <strong>PROGEBE</strong> doivent être<br />
42
enforcés et soutenus par les tutelles pour devenir de véritables instruments de<br />
cogestion et d’orientation au niveau local et régional.<br />
Le foncier a été la question la plus délicate à traiter dans le cadre la Loi d’Orientation<br />
ce qui explique le retard de la sortie du décret d’application relatif à ce sujet. Le<br />
Ministère doit en suivre l’évolution et animer une réflexion avec les éleveurs sur les<br />
différentes propositions.<br />
Dans le cadre de la conservation des races des espèces constituant le BRE (Ndama,<br />
Djallonke et chèvre naine), des associations de protection et de promotion par race<br />
peuvent jouer un rôle déterminant dans la prise de conscience de la nécessité de leur<br />
conservation et dans leur promotion. Les éleveurs des cites pilotes des différents<br />
pays peuvent en constituer les noyaux fondateurs.<br />
Toutes ces démarches devront s’appuyer sur des informations fiables et<br />
régulièrement disponibles sur les cheptels et sur leur environnement physique et<br />
économique. Une connaissance fine des effectifs et de la composition des cheptels<br />
endémiques bovin, ovin et caprin est indispensable tout comme la connaissance des<br />
effectifs et produits faisant l’objet de commerce. Des études économiques sont à<br />
intégrer dans les activités du ministère en renforçant les moyens de la Direction<br />
concernée.<br />
43
Bibliographie<br />
Ouvrages consultés<br />
Ba, C. 1986. Les Peuls du Sénégal : Etude Géographique. Dakar. Les Nouvelles Editions<br />
Africaines.<br />
Copans, J. 1972 ; « Notion de dynamisme différentiel dans l’analyse sociale ». Maintenance<br />
sociale et changement économique au Sénégal: Doctrine économique et pratique chez les<br />
Mourides. Paris<br />
Copans, J. 1988. Les marabouts de l’arachide : la confrérie mouride et les paysans du<br />
Sénégal. Paris. Le Sycomore.<br />
Dieye, P.N. 2005. Filières laitières locales au Sénégal : dynamiques d’innovation et formes de<br />
gouvernance. Journée Politiques laitières de Montpellier septembre 2005.<br />
Diop, M. C. et Diouf. M. 1992. « L’administration sénégalaise, les confréries religieuses et<br />
les paysanneries ». Africa Development 7:2:65-87<br />
FAO. 1998. Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture.<br />
11eme session. « Stratégie Mondiale pour la gestion des ressources génétiques des animaux<br />
d’élevage.<br />
Kamounga,M.J.B., Somda, J. Sanon, Y. et Kagoné H. 2008. Élevage et marché régional au<br />
Sahel et en Afrique de l’Ouest. Potentialités et défis. CE<strong>DE</strong>AO/CSAO/OC<strong>DE</strong><br />
Ly. C. 1989. La politique de développement de l’élevage au Sénégal ; repères sur l’évolution,<br />
les réalités et les perspectives de l’élevage des bovins et des petits ruminants 1960-1986.<br />
ISRA-ISSN 0850-8798 Vol. N°1<br />
Mbaye M. 1985. Elevage du bétail trypanotolérant au Sénégal : situation de la production<br />
nationale et résultats de recherches. Atelier nouvelles techniques de lutte.<br />
Mbodj. M. 1978. Un exemple d’économie coloniale, le Sine Saloum de 1887 à 1940. Cultures<br />
arachidières et mutations sociales.<br />
Touré,O. et Planchon, F.K.L.. 2008. « La difficile intégration de l’élevage dans les politiques<br />
agricoles ». in Tarik Dahou (ed.). Libéralisation et politique agricole au Sénégal. CREPOS-<br />
KARTALA-ENDA GRAF DIAPOL<br />
Liste de documents de politiques et programmes consultés<br />
1. CE<strong>DE</strong>A/ECOWAS. 1998. Décision A/<strong>DE</strong>C/.5/10/98 relative à la réglementation de la<br />
transhumance entre les Etats membres de la CE<strong>DE</strong>AO. UNDP/GEF: In- situ<br />
conservation of endemic ruminant livestock in West Africa. Project brief<br />
2. I<strong>DE</strong>L Vélingara Rapport annuel 2008.<br />
3. Ministère de l’Elevage/DIREL. 2004. Rapport annuel<br />
4. Ministère de l’Elevage/Direl 2005. Rapport annuel<br />
44
5. Ministère de l’Elevage. 2009. Rapport annuel<br />
6. Ministère de l’Elevage. 2009. Cadre de Dépenses Sectorielles à Moyen Terme 2010-<br />
2012<br />
7. Ministère de l’Elevage. 2010. Rapport annuel.<br />
8. Ministère du Développement rural. 1986. Etude du secteur agricole. Filière élevage.<br />
9. Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage. 2002. Atelier national de réflexion sur le<br />
développement de l’élevage. Actes.<br />
10. Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de l’Hydraulique. 2004. Nouvelle Initiative<br />
Sectorielle pour le Développement (NIS<strong>DE</strong>L)<br />
11. Ministère du développement Rural et de l’Hydraulique. 1992. Plan d’Action de<br />
l’Elevage.<br />
12. Ministère de l’Environnement et de la protection de la Nature. 1997. Plan National<br />
d’Action pour l’Environnement.<br />
13. Ministère de l’Environnement et de la protection de la Nature. 1997. Rapport<br />
National sur la biodiversité : la stratégie et le plan d’action pour la conservation de<br />
la biodiversité<br />
14. Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature. 2005. Politique<br />
forestière du Sénégal. 2005-2025. Version finale<br />
15. Ministère de l’Intérieur/Ministère délégué chargé des collectivités locales 2003.<br />
Plan d’Action. Décentralisation 2003- 2005.<br />
16. Ministère de l’Elevage. 1998. Plan d’Action de l’Elevage 1998-2003<br />
17. Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage 2001. Proposition de Stratégie<br />
Opérationnelle du Secteur Agricole. Rapport principal. Version finale.<br />
18. Ministère du Développement Rural. 1980. Décret portant organisation des parcours<br />
du bétail et fixant les conditions d’utilisation des pâturages.<br />
19. Ministère de l’agriculture et de l’élevage 2002. Décret N° 2002. Décret N° 2002-1094<br />
du 4 Novembre 2002. Abrogeant et remplaçant le décret 62-0258 du 5 juillet 1962<br />
relatif à la police sanitaire des animaux. Rapport de présentation<br />
20. Ministère de l’Elevage. 2006. Atelier de partage méthodologie pour les<br />
concertations à la base dans le cadre du processus de formulation du PN<strong>DE</strong>.<br />
21. République du Sénégal. 2004. Loi d’Orientation AgroSylvoPastorale .<br />
22. République du Sénégal. 2002. Loi N° 2002 – 24 Portant sur l’amélioration génétique<br />
des espèces animales domestiques.<br />
45
23. République du Sénégal. 2007. Décret N° 2007-544 du 24 Avril 2007 Portant<br />
application de la Loi N° 2002- 24 sur l’amélioration génétique des espèces animales<br />
domestiques.<br />
24. République du Sénégal. 2004. Loi N° 2004- 1- du 4 juin 2004 portant sur Orientation<br />
Agro sylvo pastorale ; publié au Journal officiel de la République du Sénégal.<br />
25. République du Sénégal 1999. Lettre de Politique de développement de l’Elevage.<br />
26. UEMOA. 2001. Acte additionnel portant N°3 portant adoption de la politique<br />
agricole de l’UEMOA.<br />
27. UEMOA. 2006. Règlement N°02/2006/CM/UEMOA portant sur Etablissement des<br />
procédures communautaires pour l’autorisation de mise sur le marché et de<br />
surveillance des médicaments vétérinaires et instituant un comité régional du<br />
médicament vétérinaire.<br />
28. UNDP/GEF. In situ conservation of endemic ruminant livestock in West Africa<br />
29. Protocoles de partenariat <strong>PROGEBE</strong>-Bamtare, <strong>PROGEBE</strong>-CSE, <strong>PROGEBE</strong>-DIREL,<br />
<strong>PROGEBE</strong>-Eaux, Forêt, Chasse, conservation des sols de Kolda, Ziguinchor,<br />
Kédougou, ISRA<br />
30. Dossier. L’avenir de l’élevage africain. Quel élevage au vingt et unième siècle ? N°<br />
98-décembre 2010, Janvier 2011.<br />
46
ANNEXES<br />
47
Annexe 1 : Termes de références<br />
TERMS OF REFERENCE<br />
for the recruitment of a team of consultants (a lawyer and an agricultural economist) to conduct<br />
desk review of policy and legal frameworks pertaining to sustainable management of endemic<br />
ruminant livestock’<br />
Sustainable management of globally significant endemic ruminant livestock of West Africa<br />
(<strong>PROGEBE</strong>)<br />
Background<br />
Populations of endemic ruminant livestock in four West African countries represent unique diverse<br />
genetic resources, which are under increasing threat of genetic dilution. The project on ‘Sustainable<br />
management of globally significant endemic ruminant livestock of west Africa (<strong>PROGEBE</strong>) seeks to<br />
analyze the barriers to in-situ conservation and sustainable management of three priority endemic<br />
ruminant livestock species – N’dama cattle, Djallonke sheep, and the West African Dwarf goat. The<br />
objective of the project is to develop, test and implement models in twelve project pilot sites<br />
community-based conservation and management approaches of critical genetic habitat for these<br />
species. These models will help demonstrate the strategies for preserving unique genetic<br />
trait/habitat complexes that are of global and regional significance. Being implemented in four<br />
countries in West Africa, Senegal, Mali, Guinea and The Gambia, the <strong>PROGEBE</strong> aims also at<br />
strengthening production, market, and policy environments in support of these breeds with the<br />
ultimate goal of improving the livelihoods of livestock keepers.<br />
The strategy of the project is to make endemic ruminant livestock rearing in the sub-region attractive<br />
over the long-term. To do so, the project will attempt to assess and consolidate existing incentives<br />
for the conservation and productive use of endemic breeds, while also creating additional policy<br />
incentives (productivity, market value) by removing production and marketing policy distortions,<br />
which hinder the development of endemic livestock production. <strong>PROGEBE</strong> Outcomes are listed in<br />
Annex 1.1.<br />
Outcome 4 of <strong>PROGEBE</strong> focuses on policy and legal frameworks. The project will assist in the<br />
identification of policy constraints to the conservation and sustainable use of indigenous livestock,<br />
and contribute to the development of policies and laws to address identified policy, legal and<br />
institutional policies. This will include i) reforming economic and marketing policies and incentives, ii)<br />
strengthening policies and regulatory frameworks for sustainable community resource management<br />
(within the context of the larger decentralization processes taking place in each country), iii)<br />
assessing and integrating traditional practices and uses for land and livestock management (including<br />
transhumance) and for the preservation of biological diversity, iv) addressing broader agricultural<br />
policies that affect sustainable management of ERL and v) developing of cohesive and mutually<br />
supporting policies and regulations among the countries of the sub-region. Outputs and activities<br />
under Outcome 4 are listed in Annex 2.<br />
TORs<br />
48
The main objective of is to review national and sub-regional policies and laws relevant to<br />
conservation, promotion, trade and management (including land tenure) of endemic ruminant<br />
livestock and livestock products in the 4 countries where the project is being implemented. The main<br />
question is to what extent policies and legal frameworks influence the competitiveness of ERL and<br />
the motivation and capacity of farmers to keep endemic ruminant livestock. Considerations will be<br />
given to instruments that will affect the production environment, livestock management and trade,<br />
the supporting institutions and infrastructures and farmers capacities to access resources, knowledge<br />
and information. The following tasks will be conducted:<br />
1. Obtain relevant information. Collect copies of most recent plans, policies, institutional and<br />
legal instruments affecting the management of endemic ruminant livestock in specific<br />
countries.<br />
2. Analyze policy, institutional and legal instruments (see annex 1 on key policy areas) using the<br />
following framework:<br />
Plans/Law/<br />
Policy /<br />
Strategy<br />
Lead Implementat<br />
Institution ion mechanism<br />
Instrum<br />
ents<br />
Measures<br />
(options)<br />
Opportu<br />
nities<br />
Contrai<br />
nsts<br />
Incentiv<br />
es<br />
Effect et<br />
impact<br />
3. Conduct interview of key local, national and regional stakeholders who are involved in policy<br />
formulation and implementation or who are affected by policies that influence the<br />
management of endemic ruminant livestock. Targeted stakeholders include : farmers and<br />
their organizations, actors in the ERL value chains, national R&D institutions, private and<br />
public service providers. The interview will focus on their knowledge on policy and legal<br />
frameworks, their experience regarding the implementation of various policy strategies and<br />
options and their perception of the effects and impacts of the implementations of such<br />
strategies and options.<br />
4. Review <strong>PROGEBE</strong> Outcome 4 strategy and activity matrix (see below original and current<br />
activity matrices) and logframe indicators<br />
5. Identify policy and legal issues which will set the objectives of future policy analysis and<br />
formulation based on results from analysis of policy and legal frameworks, <strong>PROGEBE</strong> baseline<br />
study reports and outcomes of stakeholders consultations.<br />
49
6. Present the finding of the desk review during country feedback workshops on policy and<br />
legal frameworks.<br />
Deliverables<br />
1. Country report on analysis of policy and legal frameworks pertaining to conservation and<br />
management of ERL by end of ……..<br />
2. Report on policy and legal issues from baseline studies and stakeholders consultation conducted<br />
by <strong>PROGEBE</strong> by end of……..<br />
3. Report of the validation workshop by …..<br />
5. Reporting relations<br />
The Consultant will closely work with, and report to the ILRI <strong>PROGEBE</strong> Coordinator (Bamako, Mali)<br />
who will approve payments according to terms of the contract between UNOPS and the Consultant.<br />
6. Appointment period: September 2010 (30 days of consultancy including 10 days for site visits<br />
and participation to national workshop)<br />
7. Financial arrangements<br />
The Consultant will be paid a total amount of ….Honorarium: … ; Perdiems: ….<br />
Payment schedule. ……….<br />
50
Annex 1.1 : Key Policy Areas<br />
1. Policy and legal instruments related to livestock management and trade<br />
• National policies on management of Animal Genetic Resources (import/export of<br />
germplasm, breeding strategies, use of biotechnologies, and domestication of international<br />
conventions)<br />
• National animal health policies and laws<br />
• Transhumance policy and legal frameworks<br />
• National plan and strategies for livestock development<br />
• National and regional livestock and livestock products trade policy frameworks<br />
2. Policy and legal frameworks related to the environment<br />
• Land tenure systems<br />
• Decentralization policy and legal frameworks<br />
• National forest policy/protected areas<br />
• National environmental plans and strategies for sustainable use<br />
• Agricultural intensification policies<br />
• Local conventions<br />
3. Policy and legal frameworks related to support institutions, infrastructures and services<br />
• National extension, research and development policies<br />
• Policies on infrastructure development: transport, markets, processing, information and<br />
communication technologies<br />
• Policies on farmers associations<br />
Annex 1.2. Original Outcome 4 matrix of activities<br />
1. Original matrix of activities<br />
Outcome 4: Legal, policy and institutional frameworks established for in-situ conservation of<br />
endemic ruminant livestock<br />
Output 4.1: Harmonize national and sub-regional policies and laws for conservation, promotion,<br />
trade, and management (including land tenure) of endemic ruminant livestock and livestock<br />
products<br />
4.1.1 Participatory review of existing policies and laws<br />
4.1.2 Revise, test and evaluate policies and laws, at project pilot zone level and national level<br />
4.1.3 Develop regulations and enforcement mechanisms to support revised policy and laws<br />
51
4.1.4 Translate and publish revised policies, laws, and regulations<br />
4.1.5 Ongoing participatory review and fine-tuning of policy, legislative, and regulatory changes<br />
Output 4.2: Develop and/or strengthen national and sub-regional policies and incentives in<br />
support of sustainable resource management related to endemic ruminant livestock<br />
4.2.1 Develop policy/economic decision support tool at sub-regional level to study existing and<br />
potential subsidies, incentives/disincentives, and other financial mechanisms<br />
4.2.2 Demonstrate fair valuation of natural ecosystem services<br />
4.2.3 Identification of incentive options following demonstration of the total economic value of<br />
endemic livestock raising<br />
Output 4.3: Strengthen local capacity to participate in the creation and the application of policies,<br />
laws, and regulations for the management of endemic ruminant livestock and their habitat<br />
4.3.1 Conduct local stakeholder analysis and engage relevant interest groups/stakeholders<br />
4.3.2 Test/evaluate/adapt mechanisms for developing and implementing actions at the local level<br />
4.3.3 Develop mechanisms for replicating local-level decision-making processes at other rural<br />
communities<br />
Output 4.4: Develop mechanisms for supporting local decisions and actions<br />
4.4.1 Perform function analysis for professional associations, grassroots organizations, and others<br />
4.4.2 Strengthen capacity of existing national and sub-regional research and extension centers<br />
4.4.3 Test, evaluate and fine-tune best-bet technical services and information delivery systems<br />
2. Revised activity matrix<br />
Outcome 4: Legal, policy and institutional frameworks established at the local, national, and subregional<br />
level for in-situ conservation of endemic ruminant livestock<br />
Output 4.1: Reviewing national and sub-regional policies and laws relevant to conservation,<br />
promotion, trade and management (including land tenure) of endemic ruminant livestock and<br />
livestock products<br />
4.1.1 Identification of local expertise<br />
4.1.2 Literature review<br />
4.1.3 Survey<br />
4.2 Legal, policy and institutional frameworks established at the local, national, and sub-regional<br />
level to facilitate sustainable management of NR relevant to ER (link to Outcome 3)<br />
4.2.1 Development of proposed policy, regulatory or other institutional options--land tenure/use<br />
policies; transborder transhumanance (ADB3.1.10)<br />
52
4.2.2Development of proposed legislative options with partners and other key stakeholders<br />
4.2.3Formulation of final recommendations<br />
4.3 Legal, policy and institutional frameworks established at the local, national, and sub-regional<br />
level to facilitate the establishment of genetic improvement systems around ER (link to Outcome 1)<br />
4.3.1 Development of proposed policy, regulatory or other institutional options<br />
4.3.2Development of proposed legislative options with partners and other key stakeholders Link<br />
with ADB3.1.10)<br />
4.3.3Formulation of final recommendations (link with 3.1.10 ADB)<br />
4.4 Legal, policy and institutional frameworks established at the local, national, and sub-regional<br />
level for to reduce constraints on livestock markets, especially as they relate to markets for ER<br />
animals, products and breeding materials (Link to Outcome 2).<br />
4.4.1 Development of proposed policy, regulatory or other institutional options<br />
4.4.2Development of proposed legislative options with partners and other key stakeholders<br />
4.4.3Formulation of final recommendations<br />
53
Annexe 2. Outils d’entretiens de terrain<br />
E<br />
Date /__/__/ /__/__/ 201__<br />
Guide d’Entretien avec les éleveurs<br />
Enquêteur : Prénom(s) et nom ………………………………………Tél.<br />
……………………………………………………………<br />
Eleveur : Prénom(s) et nom ………………………………………………………âge :………Sexe(M /F) Village :<br />
……......................................................Communauté Rurale…………………………………………………………………..<br />
Département............................ ………………………………… Cheptel : Bovin – Ovin- Caprin<br />
(encadrer)…………..<br />
I.CONNAISSANCE <strong>DE</strong>S POLITIQUES D’ELEVAGE ET <strong>DE</strong>S CADRES LEGAUX.<br />
Quelles sont les mesures à votre connaissance, que l’Etat a prises, par le passé et<br />
récemment, concernant l’élevage (alimentation, abreuvement, santé, pâturage,<br />
amélioration génétique, production de viande et de lait, cuirs et peaux, commercialisation,<br />
etc.) et de la gestion des ressources naturelles (ressources foncières, hydriques,<br />
forestières) ?<br />
(Indiquer dans l’ordre ces mesures et si possible les années où elles ont été prises)<br />
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………<br />
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………<br />
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
Pour chaque mesure, indiquer les espèces concernées<br />
Bovins : ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
Ovins : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
Caprins :<br />
……………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
II.MISE EN ŒUVRE.<br />
Comment avez – vous été informé de ces mesures ?<br />
J’ai été impliqué dans l’élaboration . Par les médias par les agents d’élevage<br />
les autorités locales autre (A PRECISER)°…………………………………………………………………………………………………………<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
Ces mesures ont-elles été appliquées ?<br />
E<br />
54
Entièrement Partiellement Pas du tout Pourquoi ?<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
Ont – elles eu des effets ? Non Oui lesquels<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
………………………………………….……………………………………………………………………………………………………………….<br />
III. APPRECIATION <strong>DE</strong> CES POLITIQUES.<br />
Comment ces mesures ont – elles été accueillies par les éleveurs et pourquoi ?<br />
Bien Mal parce que :<br />
……………………………………………………………………………………………………………...………………………………………<br />
……………………………………………………………………………………………………………...…………………………………………….<br />
Quelles sont les mesures – à votre avis- qui ont aidé les éleveurs à :<br />
1. Améliorer la productivité et les productions du bétail ruminant endémique (réduction de la<br />
mortalité, production améliorée de lait, etc.)?<br />
……………………………………………………………………………………………………….………………………………………………….<br />
…………………………………………………………………………………………………………….…………………………………………….<br />
2. Conserver et transformer ces produits ?<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
3. Commercialiser ces<br />
produits ?………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
4. Faciliter la circulation du bétail et l’accès aux pâturages?<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
5. Sécuriser le bétail contre le vol ?<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
..................................................................................................……………………………………………………………<br />
Quelles sont les mesures les plus aptes à appuyer les éleveurs dans la conservation et la rentabilité<br />
de l’élevage ?<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
……………………………………………….………………………………………………………………………………………………………….<br />
E<br />
55
………………………………………….……………………………………………………………………………………………………………….<br />
Que pensez-vous de l’Insémination Artificielle ?<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
……………………………………………….………………………………………………………………………………………………………….<br />
Appartenez-vous à une ou plusieurs organisations d’éleveurs ? laquelle (lesquelles) ?<br />
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….<br />
……………………………………………….………………………………………………………………………………………………………….<br />
……………………………………………………………………………………………..……..…………………………………………………….<br />
56
T<br />
Date /__/__/ /__/__/ 201__<br />
ENQUETES / TRANSFORMATEURS- BOUCHERS-AUTRES<br />
Enquêteur : Prénom(s) et nom ………………………………………Tél.<br />
……………………………………………………………<br />
Eleveur : Prénom(s) et nom ………………………………………………………âge :………Sexe(M /F) Village :<br />
……......................................................Communauté Rurale…………………………………………………………………..<br />
Département............................ ………………………………… Cheptel : Bovin – Ovin- Caprin (encadrer)<br />
I.CONNAISSANCE <strong>DE</strong>S POLITIQUES D’ELEVAGE ET <strong>DE</strong>S CADRES LEGAUX.<br />
Quelles sont les mesures à votre connaissance, que l’Etat a prises, par le passé et<br />
récemment, concernant votre domaine d’activité (METTRE UNE DATE ET UN NUMERO POUR CHAQUE MES<br />
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..<br />
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..<br />
……………………………………………………………………………………………………………………………………………<br />
II.MISE EN ŒUVRE.<br />
Comment avez – vous été informé de ces mesures ?<br />
J’ai été impliqué dans l’élaboration . Par : les médias les agents d’élevage les autorités<br />
locales autre (à préciser)<br />
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..<br />
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..<br />
Ces mesures ont-elles été appliquées ?<br />
Entièrement Partiellement Pas d tout parce que :<br />
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..<br />
……………………………………………….……………………………………………………………..…………………………………………….<br />
Ont – elles eu des effets ? Non Oui lesquels :<br />
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..<br />
……………………………………………….…………………………………………………………………………………………………………..<br />
……………………………………………………………………………………………..……..……………………………………………………..<br />
T<br />
57
III. APPRECIATION <strong>DE</strong> CES POLITIQUES.<br />
Quelles appréciations faites-vous de ces mesures ?<br />
‣ AVANTAGES<br />
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..<br />
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..<br />
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..<br />
‣ INCONVENIENTS<br />
……………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………<br />
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..<br />
…….……………………………………………………………………………………………………….……………………………………………..<br />
Quelles mesures souhaiteriez – vous que l’Etat prenne pour une amélioration durable de votre<br />
activité ?<br />
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..<br />
……………………………………………….…………………………………………………………….……………………………………………..<br />
……………………………………………………………………………………………..…….……………………………………………………….<br />
Appartenez-vous à une ou plusieurs organisations dans votre domaine d’activité ? Non<br />
laquelle (lesquelles)?<br />
Oui<br />
...................................................................................................................................................................<br />
…….………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………….<br />
58
GUI<strong>DE</strong> D’ENTRETIEN AVEC ADMINISTRATION <strong>DE</strong>CONCENTREE ET COLLECTIVITES<br />
<strong>REGIONAL</strong>ES COMMUNALES ET LOCALES<br />
A<br />
Date /__/__/ /__/__/ 201__<br />
Enquêteur : Prénom(s) et nom ………………………………………Tél.<br />
Interlocuteur: Prénom(s) et nom<br />
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………<br />
Fonction :……………………………………………………………………………………………………………………….Sexe (M /F)<br />
Division administrative/collectivité...............................…………………………………………………………………<br />
1. Connaissance du projet <strong>PROGEBE</strong> par l’autorité (domaine d’intervention, objectifs,<br />
intérêt pour l’économie de la zone et l’économie nationale, ….).<br />
2. Mesures d’ordre politique ou administratif prises au niveau national, régional,<br />
communal ou local en faveur des élevages, bovins, ovins et caprins de la zone :<br />
2.1. En matière de préservation des espaces de pâturage face à l’extension des terres<br />
cultivées (Existence et niveau d’application et d’efficacite des conventions locales et<br />
POAS)<br />
2.2. En matière d’infrastructures hydrauliques, routières ou de pistes, de couloirs de<br />
passage du bétail, parcs de vaccination<br />
2.3. En matière d’équipement de transport, de transformation (abattoir, magasin<br />
frigorifique, laiteries, collecteurs de lait…)<br />
3. Ces politiques/mesures sont-elles appliquées ? Quelles sont les conséquences de leur<br />
application ou non application ?<br />
4. Quels sont les freins de leur application (incompréhension, non appropriation par les<br />
acteurs concernés, inefficacité, inadaptation aux réalités, absence de mesures<br />
d’accompagnement…) ?<br />
59
5. Quelles politiques, quelles mesures faudra –t-il mettre en place pour garantir la<br />
conservation et l’intérêt économique et social des cheptels de ruminants<br />
endémiques (bovins, ovins, caprins) de la zone ?<br />
60
GUI<strong>DE</strong> D’ENTRETIEN AVEC SERVICES TECHNIQUES D’APPUI CONSEIL ET RECHERCHE<br />
S<br />
(Services veterinaires, Services forestiers, Services de l’Agricultures, ect)<br />
Date /__/__/ /__/__/ 201__<br />
Enquêteur : Prénom(s) et nom ………………………………………Tél. ……………………………………………………….<br />
Interlocuteur: Prénom(s) et nom<br />
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………<br />
Fonction :……………………………………………………………………………………………………………………….Sexe (M /F)<br />
Service...............................…………………………………………………………………………………………………………………<br />
1. Situation des élevages bovins, ovins et caprins endémiques (importance numérique,<br />
importance économique, tendances, contraintes/difficultés)<br />
2. Mesures d’ordre politique ou administratif prises au niveau national, régional,<br />
communal ou local en faveur de ces élevages (en matière de santé, d’amélioration de<br />
la productivité, de préservation des pâturages, d’ouvrages hydrauliques,<br />
d’équipements de transformation, de stockage, de conservation et de<br />
commercialisation des animaux et produits de l’élevage, organisation des éleveurs et<br />
professionnels des filières, financement des filières ).<br />
3. Implication et rôle de votre institution dans la conception et la mise en œuvre de ces<br />
mesures<br />
4. Niveaux d’application des ces mesures et conséquences sur l’évolution des effectifs,<br />
la productivité, les avantages économiques et sociaux pour les acteurs et pour les<br />
économies locales, régionales et nationales.<br />
5. Difficultés et obstacles à la mise en œuvre de ces mesures de façon générale et<br />
particulièrement pour votre institution.<br />
6. Quels risques cette situation et les tendances actuelles font-elles- courir aux cheptels<br />
bovins, ovins et caprins trypanotolérants (conservation, productivité, compétitivité,<br />
…) ?<br />
61
7. Connaissez-vous le <strong>PROGEBE</strong> ? Si oui croyez que ses objectifs sont réalisables ? A<br />
quelles conditions ?<br />
62
Annexe 3: Liste des personnes ressources et institutions consultées<br />
MINISTERES ET SERVICES TECHNIQUES A DAKAR<br />
- Abdou FALL, Coordonnateur Régional ILRI-CGIAR ;<br />
- Mamadou DIOP, Coordonnateur National <strong>PROGEBE</strong> ;<br />
- Malick FAYE, Ancien Directeur de l’Elevage ;<br />
- Abdoulaye DIENG, Ministère de l’Elevage, Dakar ;<br />
- Aliou KA, pastoraliste, Centre de Suivi Ecologique, Dakar ;<br />
- Oussouby TOURE, Socio-économiste, EDPA ;<br />
- Ibrahima CISSE, Conseiller technique, MEL ;<br />
- Mamadou Ousseynou SACKHO, Directeur de l’Elevage ;<br />
- Babacar POUYE, DIREL ;<br />
- Mamadou NIANG, DIREL ;<br />
- Mme Aba Leye SALL, DIREL ;<br />
- Yatma Mody NDIAYE, Directeur de Cabinet, MEL ;<br />
- Saliou NIANG, Ingénieur des Travaux d’Elevage ;<br />
- Mme DIOP, Direction de la Coopération Economique et Financière, Ministère de l’Economie<br />
et des Finances.<br />
63
Annexe 4 : Liste des acteurs rencontrés sur le terrain<br />
KEDOUGOU ET SITE <strong>DE</strong> BANDAFASSI<br />
- Samba MBAYE, Chef de site Bandafassi, <strong>PROGEBE</strong> ;<br />
- Guimba Bécaye DAGNOGO, animateur site Bandafassi, <strong>PROGEBE</strong> ;<br />
- Abdoulaye DIALLO, animateur site Bandafassi, <strong>PROGEBE</strong> ;<br />
- Momar FALL, IREF de Kédougou ;<br />
- Tidiane GUISSE, Inspecteur Départemental des Eaux et Forêts de Kédougou ;<br />
- Mamadou DIOP, Chef de Brigade des Eaux et Forêts de Bandafassi ;<br />
- Colonel Cheikh Tidiane TOURE, Projet Wula Nafa ;<br />
- Kikala DIALLO, PCR de Dindéfello ;<br />
- Ibrahima CISSE, Chef de village de Tiokoye ;<br />
- Elhadj Souleymane DIANE, Responsable du Loumo ;<br />
- Ibrahima Daddè TOURE, Président des Eleveurs;<br />
- Cheikh Oumar BAL<strong>DE</strong>, Chef de poste vétérinaire Bandafassi ;<br />
- Kalidou CISSOKO, ARD de Kédougou ;<br />
KOLDA, VELINGARA ET SITE <strong>DE</strong> WASSADOU<br />
- Ibra DIAW, Chef de service Départemental Elevage Vélingara ;<br />
- Issaga MBALLO, Président de la Maison des Eleveurs Région de Kolda ;<br />
- Souley DIOUF, Inspecteur Régional Elevage Kolda ;<br />
- Lieutenant Elhadj Maoudo BA, adjoint IREF Kolda ;<br />
- Lieutenant Gotte DIENG, IREF kolda ;<br />
- Lieutenant Moussa TOUNKARA, IREF Kolda ;<br />
- Thomas THIAW, Agent d’Elevage site de Wassadou, <strong>PROGEBE</strong> ;<br />
- Thierno Binta BAL<strong>DE</strong>, Président du Conseil rural de Wassadou;<br />
- Maidé MBALLO, animateur site de Wassadou, <strong>PROGEBE</strong> ;<br />
- Daouda DIEDHIOU, Chef de triage Communauté Rurale de Wassadou ;<br />
- Oumar BAL<strong>DE</strong>, Président Commission Environnement Conseil Rural de Wassadou ;<br />
- Barsa SOUMBOUNDOU, Président du Conseil Rural de Wassadou ;<br />
- Ndènaanè CISSE, Présidente du GIE des femmes de Wassadou ;<br />
- Kadiatou SOW, Vice- Présidente du GIE des femmes de Wassadou ;<br />
- Daouda NDOYE, Sous Préfet de Wassadou ;<br />
- Ababacar DIA, Chef de poste vétérinaire de Kounkané ;<br />
- Fatou SENGHOR, Coordonnatrice locale AVSF Vélingara ;<br />
- Pierre FAYE, Superviseur des activités d’Elevage ;<br />
- Omar BAL<strong>DE</strong>, Trésorier LAROGAL AYNAKOBE, Vélingara ;<br />
- Sadio MBALLO, Président LAROGAL AYNAKOBE, Vélingara ;<br />
- Mamadou BAL<strong>DE</strong>, Secrétaire Général LAROGAL AYNAKOBE ; Vélingara ;<br />
- Mahmoud NDIAYE, Agent chargé des ressources animales, SODAGRI ;<br />
- Mansour DIAO, Auxiliaire d’Elevage à Kounkané, transformateur de lait ;<br />
TAMBACOUDA SO<strong>DE</strong>FITEX<br />
- Goulé GUEYE, Directeur de BAMTAARE, SO<strong>DE</strong>FITEX Tambacounda ;<br />
- Massirin SAVANE, BAMTAARE, SO<strong>DE</strong>FITEX Tambacounda ;<br />
64