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- 1 - Jeunes et anciens diplômés de Sup de Co Reims : des ...

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<strong>Jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong> <strong>de</strong> <strong>Sup</strong> <strong>de</strong> <strong>Co</strong> <strong>Reims</strong> : <strong>de</strong>s représentations du travail<br />

différentes ?<br />

Rachel Beaujolin-Bell<strong>et</strong>, Professeur à <strong>Reims</strong> Management School, avec la collaboration <strong>de</strong><br />

Liza Galopin, Responsable <strong>de</strong>s relations entreprises<br />

De nombreux discours – relayés par la presse <strong>et</strong> par certains cabin<strong>et</strong>s <strong>de</strong> conseil – fleurissent<br />

aujourd’hui sur le caractère « volatile » <strong>de</strong>s jeunes <strong>diplômés</strong>, jugés hyper-réalistes,<br />

cosmopolites, précoces, impatients, <strong>et</strong> tout autant en mouvement que les technologies avec<br />

lesquelles ils sont nés <strong>et</strong> qu’ils utilisent abondamment. L’arrivée <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te génération « Y » <strong>de</strong><br />

personnes nées entre 1980 <strong>et</strong> 1999 <strong>et</strong> baptisée ainsi en référence à la « génération X » que D.<br />

<strong>Co</strong>upland m<strong>et</strong> en scène dans ses romans 1 constituerait une révolution 2 venant perturber<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs du marché du travail, déroutés par <strong>de</strong> nouveaux comportements <strong>de</strong>s<br />

jeunes au travail <strong>et</strong> à l’égard <strong>de</strong> l’entreprise.<br />

Ces jeunes <strong>diplômés</strong> seraient-ils moins investis dans le travail ou moins engagés vis-à-vis <strong>de</strong><br />

leur employeur que leurs aînés ? Auraient-ils moins d’appétence à s’impliquer pour une<br />

entreprise ? Seraient-ils plus détachés que leurs aînés ? Ils semblent en tout cas tout désignés<br />

comme la source <strong>de</strong> nombreux maux, dans le recrutement comme dans la gestion <strong>de</strong>s carrières.<br />

Réciproquement, nombre d’entreprises déploient <strong>de</strong>s trésors d’inventivité pour attirer les<br />

jeunes <strong>diplômés</strong> <strong>et</strong> répondre aux enjeux d’une « guerre <strong>de</strong>s talents ».<br />

Mais nous pouvons nous interroger : les jeunes <strong>diplômés</strong> sont-ils si différents <strong>de</strong> leurs aînés<br />

dans leurs rapports au travail, à l’emploi <strong>et</strong> à la mobilité professionnelle ? Si différence il y a,<br />

constitue-t-elle un phénomène générationnel ou un eff<strong>et</strong> d’âge ? Si les attitu<strong>de</strong>s à l’égard <strong>de</strong><br />

l’employeur <strong>et</strong> <strong>de</strong> la carrière changent, cela ne concerne-t-il que les jeunes ou s’agit-il <strong>de</strong><br />

mutations sociales dans les rapports au travail ?<br />

Dans ce contexte <strong>de</strong> foisonnement <strong>de</strong> discours <strong>et</strong> d’interpellations, <strong>et</strong> pour contribuer au débat,<br />

nous avons mené l’enquête, en l’occurrence auprès <strong>de</strong>s <strong>diplômés</strong> <strong>de</strong> <strong>Sup</strong> <strong>de</strong> <strong>Co</strong> <strong>Reims</strong>, jeunes<br />

<strong>et</strong> plus <strong>anciens</strong>. Avec la participation active d’étudiants <strong>de</strong> 1 ère année 3 , sous la coordination<br />

d’Isabelle Robert, Professeur <strong>de</strong> mark<strong>et</strong>ing à <strong>Reims</strong> Management School, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’association <strong>de</strong>s <strong>anciens</strong>, <strong>et</strong> avec le soutien financier <strong>de</strong> la Caisse d’Epargne Champagne<br />

Ar<strong>de</strong>nne <strong>et</strong> d’Ernst & Young, 520 questionnaires ont été instruits d’une part auprès <strong>de</strong> jeunes<br />

<strong>diplômés</strong> <strong>de</strong>s promotions 2005-2007, d’autre part auprès d’<strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong> <strong>de</strong>s promotions<br />

1973-1987. A partir <strong>de</strong> la mobilisation d’échelles quantitatives, ils ont été interrogés sur la<br />

place qu’ils confèrent au travail, sur leurs représentations <strong>de</strong> la réussite au travail, sur leurs<br />

facteurs d’implication <strong>et</strong> <strong>de</strong> motivation au travail, sur leurs représentations du travail idéal <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> l’employeur idéal, <strong>et</strong> enfin sur leurs perspectives pour l’avenir. Nous en présentons ici les<br />

principaux résultats, en m<strong>et</strong>tant en exergue ce qui distingue – ou non – jeunes <strong>et</strong> <strong>anciens</strong><br />

<strong>diplômés</strong> dans leur rapport au travail 4 .<br />

1 <strong>Co</strong>upland D. (1991), Generation X, NY : Saint Martin Kess<br />

2 Chamina<strong>de</strong> B. (2007), « La révolution Y », La Tribune, 19 janvier.<br />

3 Aïda Benzacourt, Yahya Fallah, Gaëtan Fournier, Fabien Duponcel, Carole Fillatre, Charlotte Fillatre, Charlotte<br />

Dubus, Myriam Picot, Adrien Godot, Eugénie Mill<strong>et</strong>, Damien Frey, Elise Taupenot, Stéphanie Piscina, Mélanie<br />

Gazzola, Annabelle Libeau, Mariam Flambard, Antonin Deswert, Guillaume Drey, Lucie Escalier, Saïda<br />

Benhaldoun, Solveig Pierronn<strong>et</strong>, Sofia Bennani, Zineb Guerraoui, Ghislaine Guessous, Alice Pichereau, Matthieu<br />

Pawlak, Elodie Nall<strong>et</strong>.<br />

4 L’étu<strong>de</strong> complète, intitulée « étu<strong>de</strong> sur les représentations du travail chez les <strong>diplômés</strong> <strong>de</strong> <strong>Sup</strong> <strong>de</strong> <strong>Co</strong> <strong>Reims</strong> » est<br />

disponible sur le site <strong>de</strong> l’école : www.reims-ms.fr<br />

- 1 -


Une forte centralité du travail, partagée par tous<br />

Les premières questions adressées aux jeunes <strong>et</strong> <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong> <strong>de</strong> <strong>Sup</strong> <strong>de</strong> <strong>Co</strong> <strong>Reims</strong> ont<br />

porté sur la place du travail dans leur vie, thématique abordée d’une part, en <strong>de</strong>mandant aux<br />

personnes interrogées <strong>de</strong> positionner dans un classement <strong>de</strong> 1 à 3 différentes composantes <strong>de</strong><br />

ce qui est « important dans la vie » (travail, santé, famille, passion, argent, amis, liberté,<br />

engagement) ; d’autre part, en amenant les personnes interrogées à positionner explicitement<br />

l’importance du travail au regard d’autres dimensions <strong>de</strong> la vie. Le choix <strong>de</strong> ces questions s’est<br />

inspiré d’une autre enquête menée auprès <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la population active française 5 , <strong>et</strong><br />

perm<strong>et</strong>tent donc d’en comparer les résultats.<br />

Un tiercé partagé en ressort : pour tous, <strong>et</strong> sans distinction d’âge ou <strong>de</strong> sexe, le plus important<br />

est « d’avoir une vie <strong>de</strong> famille harmonieuse », puis « d’être en bonne santé » <strong>et</strong> enfin « d’être<br />

épanoui dans son travail ». Les <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong> valorisent relativement plus le fait d’être en<br />

bonne santé, ce qui peut être considéré comme lié à un eff<strong>et</strong> d’âge. Si la proposition « gagner<br />

beaucoup d’argent » est la p<strong>et</strong>ite <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> tous les classements, elle est néanmoins<br />

relativement plus r<strong>et</strong>enue par les hommes que par les femmes, toutes classes d’âge<br />

confondues. Enfin, si 40,6% <strong>de</strong>s répondants ne classent pas du tout le travail dans leur<br />

classement <strong>de</strong> ce qui est important dans la vie, ils n’ont pas <strong>de</strong> caractéristiques particulières en<br />

termes d’âge ou <strong>de</strong> sexe par exemple.<br />

De même, jeunes <strong>et</strong> <strong>anciens</strong> s’accor<strong>de</strong>nt à conférer une place centrale au travail, jugé en gran<strong>de</strong><br />

majorité comme étant « important mais autant que d’autres choses » : c<strong>et</strong>te proportion est<br />

n<strong>et</strong>tement plus faible dans l’enquête Histoire <strong>de</strong> Vie menée auprès <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

population active en emploi (un quart <strong>de</strong>s répondants ont r<strong>et</strong>enu c<strong>et</strong>te proposition, contre 66%<br />

préférant l’affirmation « assez important mais moins que d’autres choses »), confirmant le<br />

poids du facteur sociologique dans la place relative accordée au travail. Dans notre enquête, la<br />

génération ne ressort pas comme un facteur dépendant <strong>de</strong> la hiérarchisation <strong>de</strong> la place du<br />

travail, par contre ce <strong>de</strong>rnier est relativement plus valorisé par les personnes sans enfant.<br />

De votre point <strong>de</strong> vue, diriez-vous que le travail :<br />

(comparaison jeunes <strong>et</strong> <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong>)<br />

80<br />

60<br />

73,4<br />

68<br />

40<br />

20<br />

0<br />

2,7 3,5<br />

Est plus important que tout<br />

le reste<br />

Est important, mais autant<br />

que d'autres choses<br />

22,3<br />

28,5<br />

Est assez important, mais<br />

moins que d'autres choses<br />

1,6 0<br />

N'a que peu d'importance<br />

<strong>Jeunes</strong> <strong>diplômés</strong><br />

Anciens <strong>diplômés</strong><br />

5 Garner H., Méda D., Senik C. (2005), La place du travail dans l’i<strong>de</strong>ntité, Document d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la DARES,<br />

Ministère du travail, n°92, janvier.<br />

- 2 -


Réussir dans le travail : concilier vie professionnelle <strong>et</strong> vie familiale !<br />

La proposition « réussir dans le travail, pour vous, c’est … » voit se distinguer trois critères,<br />

que nous considérerons comme les piliers <strong>de</strong> la réussite dans le travail pour les <strong>diplômés</strong> <strong>de</strong><br />

l’école : la conciliation <strong>de</strong> vies, le fait d’être toujours en situation d’apprendre, <strong>et</strong> le fait d’avoir<br />

<strong>de</strong>s responsabilités importantes. Les résultats à c<strong>et</strong>te question nous ont plutôt surpris, car les<br />

<strong>diplômés</strong>, jeunes <strong>et</strong> <strong>anciens</strong>, y répon<strong>de</strong>nt massivement en étant plus <strong>de</strong> 87,5% à classer la<br />

conciliation entre vie professionnelle <strong>et</strong> vie familiale parmi les trois propositions r<strong>et</strong>enues pour<br />

qualifier la réussite dans le travail (53,1% le classant en premier rang).<br />

Réussir dans le travail pour vous, c'est :<br />

(<strong>Co</strong>mparaison jeunes <strong>et</strong> <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong>)<br />

Ne pas trop travailler<br />

3,9<br />

3,6<br />

proposition<br />

Avoir un emploi stable<br />

Avoir un bon réseau<br />

Avoir une belle carrière<br />

Atteindre un haut niveau <strong>de</strong> rémunération<br />

Avoir <strong>de</strong>s responsabilités importantes<br />

7,4<br />

11,8<br />

15,6<br />

16,4<br />

21<br />

26,2<br />

30,5<br />

35,2<br />

39,9<br />

43<br />

Etre indépendant, être son propre patron<br />

Etre toujours en situation d’apprendre<br />

<strong>Co</strong>ncilier sa vie professionnelle <strong>et</strong> familiale<br />

25,4<br />

32<br />

53,6 60,9<br />

88,3<br />

86,7<br />

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

<strong>Jeunes</strong> <strong>diplômés</strong><br />

Anciens <strong>diplômés</strong><br />

C<strong>et</strong>te proposition <strong>de</strong> conciliation est citée avec plus d’importance par les <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong>, par<br />

les femmes, <strong>et</strong> par les personnes ayant déjà constitué un foyer (personnes mariées <strong>et</strong> personnes<br />

avec enfants). A l’inverse, les jeunes <strong>diplômés</strong>, qui ont toute leur carrière à construire,<br />

valorisent relativement plus le fait d’avoir <strong>de</strong>s responsabilités importantes, d’avoir une belle<br />

carrière, <strong>et</strong> d’atteindre un haut niveau <strong>de</strong> rémunération. Ici, ce sont donc plus <strong>de</strong>s critères d’âge<br />

<strong>et</strong> d’avancement dans la vie que <strong>de</strong> génération qui semblent distinguer le plus les souspopulations<br />

<strong>de</strong> l’échantillon. Notons en outre que les <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong>, à c<strong>et</strong>te question<br />

comme à d’autres du questionnaire, m<strong>et</strong>tent particulièrement en avant une volonté<br />

d’indépendance <strong>et</strong> d’autonomie.<br />

La primauté accordée à la conciliation <strong>de</strong> vies se trouve ici fortement plébiscitée : il s’agit<br />

vraisemblablement d’un <strong>de</strong>s résultats massifs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te enquête. Les personnes y ayant répondu<br />

sont particulièrement attachées à c<strong>et</strong>te dimension <strong>et</strong> restent en permanence cohérentes avec<br />

elles-mêmes concernant c<strong>et</strong>te attente <strong>et</strong> ce, quelle que soit leur génération. Par contre, il<br />

apparaît que les jeunes <strong>diplômés</strong> <strong>et</strong> les femmes semblent plus que les <strong>anciens</strong> assimiler<br />

conciliations <strong>et</strong> conditions <strong>de</strong> travail.<br />

- 3 -


S’impliquer dans le travail : réaliser les objectifs<br />

Quant aux façons que les uns <strong>et</strong> les autres ont <strong>de</strong> s’impliquer dans le travail, ils s’accor<strong>de</strong>nt à<br />

considérer que le fait <strong>de</strong> « réaliser les objectifs » est très important (moyenne <strong>de</strong> 4,5 sur 5),<br />

critère particulièrement r<strong>et</strong>enu par les jeunes <strong>diplômés</strong>. Derrière c<strong>et</strong>te logique <strong>de</strong> résultats dans<br />

l’implication au travail, les <strong>anciens</strong> m<strong>et</strong>tent particulièrement en exergue la loyauté, <strong>et</strong> tous<br />

s’accor<strong>de</strong>nt à n’accor<strong>de</strong>r que peu <strong>de</strong> place à la proposition « travailler beaucoup » (soir, weekend,<br />

vacances, …).<br />

Il semblerait ainsi que l’implication au travail ne soit que faiblement associée à une logique <strong>de</strong><br />

moyens ni pour les uns ni pour les autres, mais bien plus à une logique <strong>de</strong> résultats (dominant<br />

chez les jeunes) <strong>et</strong> à un type <strong>de</strong> posture au regard <strong>de</strong> l’employeur, incarné par la relation<br />

hiérarchique (critère <strong>de</strong> loyauté dominant chez les <strong>anciens</strong>). Enfin, les parents semblent adapter<br />

leur façon <strong>de</strong> s’impliquer à un ensemble <strong>de</strong> contraintes qu’il s’agit <strong>de</strong> concilier : sur c<strong>et</strong>te<br />

question portant sur la façon <strong>de</strong> s’impliquer au travail, les différences significatives concernent<br />

finalement plus le statut familial <strong>et</strong> le nombre d’enfants que d’autres variables, telle que la<br />

génération.<br />

Ce qui motive pour aller travailler : le relationnel Vs l’autonomie ?<br />

Les critères <strong>de</strong> motivation pour aller travailler laissent apparaître <strong>de</strong> légères différences entre<br />

jeunes <strong>et</strong> <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong>, ces <strong>de</strong>rniers continuant ici à promouvoir une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’autonomie dans le travail, tandis que les plus jeunes m<strong>et</strong>tent plus volontiers en avant les<br />

relations avec les collègues. Tous se rejoignent néanmoins pour valoriser les responsabilités <strong>et</strong><br />

la possibilité d’apprendre dans ce qui motive pour aller travailler.<br />

Ce qui motive pour aller<br />

travailler (notes sur 5)<br />

<strong>Jeunes</strong> <strong>diplômés</strong><br />

1 er rang Les relations avec<br />

les collègues (4,4)<br />

Anciens <strong>diplômés</strong><br />

L’autonomie (4,28)<br />

2 ème rang Les responsabilités (4,34) Les responsabilités (4,19)<br />

3 ème rang La possibilité d’apprendre<br />

(4,33)<br />

4 ème rang Les perspectives<br />

d’évolution (4,32)<br />

La possibilité d’apprendre<br />

(4,18)<br />

Les relations avec les<br />

collègues (4,11)<br />

C<strong>et</strong>te question sur ce qui motive pour aller travailler est néanmoins celle qui fait ressortir le<br />

plus <strong>de</strong> différences.<br />

Les femmes attachent relativement plus d’importance que les hommes à la reconnaissance<br />

comme élément <strong>de</strong> motivation, au climat social, aux relations avec les collègues, à la<br />

possibilité d’apprendre, à la diversité <strong>de</strong>s tâches, aux conditions <strong>de</strong> travail, au sentiment d’être<br />

utile, <strong>et</strong> à la stabilité <strong>de</strong> l’emploi. Le seul critère qui est mieux évalué par les hommes que par<br />

les femmes est celui qui correspond aux primes <strong>et</strong> bonus. Serait-ce à dire que les femmes ont<br />

<strong>de</strong>s attentes plus diversifiées que les hommes à l’égard du travail, traduisant implicitement une<br />

- 4 -


plus gran<strong>de</strong> variété d’exigences, à la fois en termes relationnels <strong>et</strong> affinitaires, en termes<br />

d’épanouissement, <strong>et</strong> en termes d’employabilité ?<br />

D’autre part, les <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong> ne se concentrent, relativement aux jeunes <strong>diplômés</strong>, que<br />

sur un seul item : l’autonomie. Parmi eux, les travailleurs indépendants <strong>et</strong> gérants d’entreprise<br />

sont particulièrement porteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’autonomie, tandis que les salariés m<strong>et</strong>tent<br />

plus en avant <strong>de</strong>s dimensions affinitaires <strong>et</strong> <strong>de</strong> relation d’emploi. Il y a là une forte cohérence<br />

entre aspirations <strong>et</strong> statut <strong>de</strong> travail.<br />

A l’inverse, les jeunes <strong>diplômés</strong> survalorisent une série <strong>de</strong> critères par rapport aux <strong>anciens</strong><br />

<strong>diplômés</strong>, qui ont trait aux dimensions affinitaires <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> travail (relations avec les<br />

collègues <strong>et</strong> climat social), à la carrière <strong>et</strong> à ses attributs i<strong>de</strong>ntitaires (perspectives d’évolution<br />

<strong>et</strong> reconnaissance sociale), mais aussi au développement personnel (apprendre <strong>et</strong> utilité).<br />

La situation professionnelle idéale : être son propre employeur ?<br />

A la question posée sur la situation professionnelle idéale, une proportion très importante<br />

(42,4%) <strong>de</strong>s personnes interviewées valorise en premier lieu le statut <strong>de</strong> dirigeant ou gérant<br />

d’entreprise. Si l’on ajoute à cela la proportion <strong>de</strong> personnes se positionnant sur un statut <strong>de</strong><br />

travailleur indépendant (20,7%), c<strong>et</strong>te question révèle que près <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers (63,1%) <strong>de</strong> la<br />

population estiment que la situation professionnelle idéale s’inscrit en <strong>de</strong>hors d’une relation <strong>de</strong><br />

subordination salariale.<br />

Selon vous, quelle est la situation professionnelle idéale ?<br />

(Population globale)<br />

4,5 4,9 2,1<br />

20,7<br />

42,4<br />

Dirigeant / Gérant d'entreprise<br />

Salarié dans le secteurs privé<br />

Travailleur indépendant<br />

Fonctionnaire<br />

Autres<br />

Non réponses<br />

25,4<br />

Or, seuls 12,1% <strong>de</strong>s répondants – <strong>et</strong> 24,2% <strong>de</strong>s <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong> – occupent <strong>de</strong> fait un statut<br />

similaire. Cela signifie t-il que les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> la population <strong>de</strong>s <strong>diplômés</strong> souhaitent <strong>de</strong>venir<br />

dirigeant, gérant ou travailleur indépendant ? Peut-être pas en tant que tel : cela traduit bien<br />

plus une valorisation très forte <strong>de</strong> ces statuts, auxquels il peut être attribué <strong>de</strong>s vertus<br />

d’autonomie (par ailleurs plébiscitée par les <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong>), <strong>et</strong> une assimilation <strong>de</strong> ces<br />

situations professionnelles au fait d’être acteur dans ses choix, <strong>de</strong> se placer en situation d’être<br />

déci<strong>de</strong>ur, <strong>et</strong> finalement, <strong>de</strong> se détacher d’une relation <strong>de</strong> subordination salariale, entendue<br />

comme plus contraignante, <strong>et</strong> peut-être moins favorable à la conciliation <strong>de</strong> vies.<br />

- 5 -


Des attentes semblables à l’égard du travail mais <strong>de</strong>s stratégies différentes ?<br />

L’étu<strong>de</strong> confirme un attachement fort <strong>de</strong>s jeunes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong> au travail, voire une<br />

centralité relativement plus importante qu’ils lui accor<strong>de</strong>nt au regard <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

population active. D’une façon générale, les <strong>diplômés</strong> <strong>de</strong> <strong>Sup</strong> <strong>de</strong> <strong>Co</strong> <strong>Reims</strong>, <strong>et</strong> en particulier les<br />

jeunes, sont prêts à s’impliquer dans le travail, sous forme <strong>de</strong> réponse aux exigences <strong>de</strong><br />

résultats qui leur sont adressées (par exemple, atteindre les objectifs), plus que sous forme <strong>de</strong><br />

surinvestissement quantitatif (par exemple, travailler beaucoup). De ce point <strong>de</strong> vue, il apparaît<br />

que les <strong>diplômés</strong> <strong>de</strong> l’école, qu’ils aient une longue expérience du travail ou non, ont fortement<br />

intériorisé les logiques <strong>de</strong> résultats qui peuvent peser sur eux.<br />

Le <strong>de</strong>uxième résultat majeur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te enquête est l’unanimité <strong>et</strong> la persévérance dont font<br />

preuve les répondants dans leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong> vies. C<strong>et</strong>te quête <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong><br />

vies, partagée par tous, doublée d’une conscience aigue <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> résultats qui leur<br />

incombent, se traduisent chez les <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong> par une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> récurrente d’autonomie<br />

voire d’indépendance, nous amenant à penser que d’une façon générale, ils cherchent à<br />

s’affranchir <strong>de</strong> relations <strong>de</strong> subordination qui ressortent en creux comme contraignantes au<br />

regard <strong>de</strong> leurs enjeux (se consacrer à soi-même, se consacrer à sa famille, se former <strong>et</strong><br />

développer ses compétences, se consacrer à son travail, <strong>et</strong>c.). Simultanément, <strong>et</strong> d’autant plus<br />

s’ils ont une charge <strong>de</strong> famille, ils traduisent un état <strong>de</strong> difficile recherche d’équilibre entre<br />

dimensions personnelles <strong>et</strong> professionnelles. Equilibristes cherchant à s’affranchir, les <strong>anciens</strong><br />

<strong>diplômés</strong> ne semblent ainsi pas désenchantés par le travail en lui-même, mais plutôt<br />

désenchantés par les relations d’emploi qu’ils connaissent ou ont connues, <strong>et</strong> inscrits dans une<br />

perspective <strong>de</strong> recentrage sur <strong>de</strong>s composantes essentielles <strong>de</strong> la vie (d’ailleurs, leurs réponses<br />

attestent d’une moins gran<strong>de</strong> dispersion que les jeunes <strong>diplômés</strong>).<br />

La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong> vies est <strong>de</strong> même très présente chez les jeunes <strong>diplômés</strong> <strong>et</strong> se<br />

traduit par une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> explicite <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail comme dimension<br />

importante dans le travail. Nous pouvons ici ém<strong>et</strong>tre l’hypothèse qu’ils expriment clairement<br />

c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comme une composante <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l’échange avec leur employeur, tandis<br />

que leurs aînés étaient – <strong>et</strong> sont toujours – plus discr<strong>et</strong>s voire pudiques à c<strong>et</strong> égard. Oseraientils<br />

ainsi affirmer une exigence dont tous rêvent ? C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> n’évince pas pour autant une<br />

dominante carriériste dans leur posture : ils réitèrent en permanence leur souhait <strong>de</strong> connaître<br />

<strong>de</strong>s évolutions professionnelles, d’atteindre <strong>de</strong>s niveaux importants <strong>de</strong> responsabilités, voire<br />

d’avoir une belle carrière. Ainsi, ils affirment clairement s’impliquer, être prêts à faire plus que<br />

ce qui est attendu, être prêts à continuer en permanence à apprendre, être prêts à connaître <strong>de</strong>s<br />

mobilités professionnelles majeures, y compris dans un contexte international.<br />

Si, relativement aux <strong>anciens</strong> <strong>diplômés</strong>, ils insistent peu sur les critères d’autonomie comme<br />

facteurs <strong>de</strong> motivation, ils envisagent beaucoup plus que leurs aînés <strong>de</strong> connaître <strong>de</strong>s mobilités<br />

professionnelles <strong>et</strong> géographiques, voire <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir travailleur indépendant ou gérant<br />

d’entreprise. Cela pourrait signifier qu’ils cherchent autant que possible à capitaliser sur leurs<br />

expériences comme gage d’employabilité <strong>et</strong> donc d’indépendance qu’ils se construiraient euxmêmes.<br />

Si la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong> vies est donc explicite, elle ne traduit pas pour autant<br />

un renoncement à ce qui a pu fon<strong>de</strong>r leur choix <strong>de</strong> suivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures dans une école<br />

<strong>de</strong> commerce, soit <strong>de</strong> connaître une carrière professionnelle valorisante <strong>et</strong> enrichissante. Par<br />

contre, ils semblent faire <strong>de</strong> l’investissement dans le travail, <strong>et</strong> plus précisément dans les<br />

résultats à produire pour réussir, un levier pour négocier les conditions d’un travail comme<br />

moyen <strong>de</strong> se réaliser eux-mêmes.<br />

- 6 -


Les jeunes <strong>diplômés</strong> ne ressortent ainsi pas comme étant désenchantés par le travail en luimême,<br />

mais exigeants quant aux contreparties attendues <strong>de</strong> leur investissement dans le travail,<br />

tout en étant conscients <strong>de</strong>s conditions à réunir, notamment en termes d’employabilité, pour<br />

pouvoir être en mesure <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre les employeurs à l’épreuve <strong>de</strong> leurs exigences. Se consacrer à<br />

soi-même ne s’inscrirait ainsi pas pour eux en contradiction avec l’investissement dans le<br />

travail, mais serait une façon d’en construire les conditions <strong>de</strong> négociation, tout en se<br />

protégeant le cas échant <strong>de</strong>s turbulences <strong>de</strong> leur environnement professionnel.<br />

- 7 -

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