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BEAUCOUP D’INTOLERANCE<br />
résidents, comme le font les autorités et la<br />
population pour qui, perception ordinaire<br />
ici, même les étrangers installés restent<br />
des turis… à vie. Dans la même veine,<br />
l’Association du tourisme indonésien (GIPI-<br />
Bali) a demandé au gouvernement indonésien<br />
de reconsidérer sa politique de tourisme de<br />
masse. Elle l’a toutefois fait d’une façon pour<br />
le moins abrupte en affirmant, comme lu<br />
dans Kompas, qu’« il y a beaucoup de touristes<br />
étrangers qui viennent à Bali pour chercher du<br />
travail, certains font du commerce, d’autres<br />
ouvrent des petits warung et travaillent comme<br />
guides illégaux. » Au sujet de cette association<br />
d’idée étrangers/criminalité, rappelons que<br />
l’Indonésie fournit une importante main<br />
d’œuvre non qualifiée, qui se chiffre par<br />
millions, dans les pays de la région et du<br />
Moyen-Orient. Une partie non négligeable<br />
d’entre eux sont des sans-papiers (comme<br />
en Malaisie) et ils sont des centaines à être<br />
condamnés à mort pour des crimes graves,<br />
comme l’affaire Satinah en Arabie Saoudite<br />
nous l’a rappelé récemment.<br />
Notons que pour GIPI-Bali aussi, la frontière<br />
entre les notions d’« étranger » et de<br />
« touriste » est floue, et de continuer<br />
ainsi d’une façon plutôt choquante :<br />
« Beaucoup de ces gens sont incapables de<br />
faire carrière dans leur propre pays, ils sont<br />
des rebus de leur pays d’origine. Qui plus est,<br />
il y a des touristes étrangers qui sont soignés<br />
à Bali pour des maladies mentales, ils sont<br />
sans le sou, sans même un billet de retour.<br />
D’autres, meurent à Bali, abandonnés, sans<br />
lien familial. » Pour ces raisons, GIPI-Bali<br />
demande aux responsables politiques de<br />
trouver des moyens pour filtrer les visiteurs<br />
de l’île. « Ne regardez pas combien d’argent<br />
ils amènent, mais considérez plutôt combien<br />
ils vont réellement dépenser et la durée de<br />
leur séjour », a-t-il lancé. Quelqu’un avait<br />
inventé l’immigration choisie, GIPI-Bali vient<br />
d’inventer le « tourisme choisi »…<br />
Les pendatang, populations originaires des<br />
autres îles, étaient jusqu’à présent les boucs<br />
émissaires ordinaires dans la vindicte balinaise.<br />
Les temps ont changé, notamment à cause<br />
de ces discours populistes et racoleurs<br />
distillés par les élites pensantes de l’île. Il<br />
est vrai que nous sortons d’une période<br />
d’élection législative où les politiciens s’en<br />
sont donné à cœur joie de promesses et<br />
de remèdes miracle dans une Indonésie<br />
qui semble ne jamais vouloir guérir de son<br />
nationalisme outrancier. La tendance a donc<br />
été portée à son comble ces derniers temps.<br />
En contrepartie, notre devoir à nous autres,<br />
résidents étrangers à Bali, est de continuer<br />
à respecter la loi en nous munissant de<br />
tous les papiers nécessaires à nos activités,<br />
de connaitre nos droits et d’espérer de les<br />
savoir respecter en retour, de montrer que<br />
nous sommes informés de ce qui se dit sur<br />
notre compte, de faire remonter les abus<br />
dont nous serions victimes à nos consulats<br />
ou ambassades respectifs, de faire circuler<br />
nos problèmes sur les réseaux sociaux, bref<br />
de faire savoir que nous ne souhaitons pas<br />
être les dindons de la farce.<br />
Eric Buvelot