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expérience = diplôme d'avoir une connaissance fine et objective des compétences de ses collaborateurs. La question est stratégique. Dès lors qu'elle se développe, une entreprise doit avoir une vision sur 3 à 5 ans de ses marchés, ses produits, sa profitabilité et, a fortiori, des compétences et de l'organisation nécessaires pour atteindre ses objectifs. Cependant, bien des sociétés ne prennent pas le temps d'analyser le potentiel de leurs salariés afin de mesurer l'écart entre les forces vives d'aujourd'hui et celles souhaitées demain. Cette analyse requiert un certain nombre d'outils sans quoi, aucun diagnostic n'est pertinent. La constitution d'un référentiel de compétences défini par métier et par fonction et la mise en œuvre d'entretiens individuels d'évaluation deviennent progressivement la base de cette analyse. Le CV2A – centre de validation des CCI d'Alsace – en phase test Afin d’aider les dirigeants à se doter d'outils de mesure de cet écart, les trois CCI d'Alsace ont mis ensemble en œuvre plusieurs actions. Le programme Force, initié par la CCI de Mulhouse, est maintenant développé par les CCI d'Alsace. «C'est d'abord un site Internet qui permet aux chefs d'entreprise de déposer leurs offres d'emploi, et aux ■■■ Pensez-y ! Certaines formations continues peuvent être prises en charge financièrement par les organismes collecteurs des contributions obligatoires. C'est la contrepartie de la dépense légalement obligatoire faite par les employeurs (pour leurs salariés) et les chefs d'entreprise (pour leur formation personnelle) pour financer la formation professionnelle continue (0,15 % minimum du plafond annuel de la Sécurité Sociale pour les travailleurs indépendants). [ Contact CCI ] Véronique Klein 03 88 43 08 52 v.klein@strasbourg.cci.fr n°217 - Octobre 2002 |23
DOSSIER FORMATION Ce qu’en pensent les entreprises ? Jean-Paul Colesse Directeur d'établissement et responsable des ressources humaines de Messier-Bugatti N « ous possédons un bon outil de gestion des compétences que nous avons développé en interne. 26 métiers ont été repérés et pour chacun d'eux une liste de savoir-être, savoir-faire et savoirs nécessaires. Ce référentiel de compétences est lié à un référentiel de formation.» Dans le cadre de notre réflexion sur l'amélioration continue de notre outil de gestion des compétences, ce référentiel a volontairement été intégré dans la procédure des entretiens annuels. Exigeant en terme de préparation, de restitution et d'exploitation, celui-ci souffre cependant d'une certaine réticence de la part des collaborateurs et de la hiérarchie. À juste titre, car la conjoncture industrielle nous conduirait plus naturellement à mettre l'accent sur les priorités de production. Mais notre souci et notre volonté de toujours mieux appréhender les compétences de nos collaborateurs nous guident dans notre démarche d'utilisation optimale de ces outils. Dans la pratique, la démarche de VAE s'avère être un outil complémentaire, qui profite autant à l'entreprise qu'au salarié. À ce jour, nous avons été sollicités par cinq salariés qui se sont engagés dans le processus. Parallèlement, nous nous sommes associés à l'action de la CCI, dont l'objectif est de favoriser le développement des certificats de compétences. Nous devons être partie prenante de ces évolutions qui viennent compléter le dispositif de la VAE. À l'évidence, celui-ci ne concernera jamais tous les salariés. Pour le plus grand nombre, ils sont ou ont été recrutés sur la base d'un diplôme : ceci correspond à notre culture d'entreprise. Par ailleurs, la majorité sont en phase avec les attentes du poste : nos opérateurs sont hautement qualifiés et les évolutions auxquelles ils ont à s'adapter se font, souvent de manière non perceptible, au gré de «formations sur le tas». Notre but est de faire progresser chacun, afin qu'il détienne les compétences et la polyvalence nécessaires à nos divers métiers. ■ ■■■ demandeurs d'écrire en ligne leur CV. Si au bout de quatre semaines les sociétés n'ont pas pourvu leurs postes, elles reçoivent la visite d'un conseiller CCI. Avec elles, nous cherchons des solutions en retravaillant leurs offres, en envisageant d'autres types de contrats (insertion, handicapés, apprentissage...), et en évaluant les compétences internes, parce que Force est aussi un logiciel de gestion de ressources humaines en cours de test. Il permet d'identifier l'écart entre l'existant et les besoins», explique Fred Muller, le responsable du dispositif Force à la CCI de Mulhouse. Mais ce n'est là qu'un aspect de la démarche entreprise par les chambres de commerce alsaciennes. Car, qui dit diagnostic des ressources, dit aussi validation des acquis de l'expérience et prescription de formation. Ainsi, en septembre a démarré la phase test du centre de validation agréée par l'ACCP. Dans le Bas-Rhin, les premières entreprises partenaires sont engagées dans le dispositif de certification des compétences en entreprises (CCE) : Hager Electro, France Télécom, Spie Trindel et Messier-Bugatti. Le principe est simple. Les CCE s'adressent à l'entreprise et aux salariés sur un projet commun. Ils s'obtiennent indépendamment de toute formation, en constituant un portefeuille de preuves extraites des situations réelles de travail. «À titre d'exemple, dans le domaine du management douze compétences peuvent être vérifiées dont animer une équipe de travail, recruter le personnel ou encore organiser et animer une réunion. Le candidat possède deux à trois mois pour apporter les preuves tangibles qu'il est en capacité d'assurer ces activités», commente Danielle Diligent, vérificateur au sein de ce dispositif (1) à la CCI de Strasbourg et du Bas- Rhin. Validation des acquis : des avantages pour les employeurs et les salariés ” Les enjeux sont aussi financiers ” C'est un évaluateur formé à cette fonction et professionnel de la discipline qu'il évalue, qui vérifie les aptitudes du candidat par rapport à un référentiel de compétences de tâches commun à toutes les CCI et établi par l'ACCP. En final, c'est l'ACCP qui valide, certifie et délivre le ou les certificats de compétences en entreprises au salarié. «Pour les salariés, c'est avant tout un signe de reconnaissance, souligne Dominique Pillard qui dirige depuis deux ans le centre de validation des compétences de la CCI de Lyon.Celuici est d'autant plus important dans un pays où le diplôme initial demeure la référence alors que 40 % des français en âge de travailler n'ont pas atteint le CAP. Certains gardent toujours un complexe. D'autres, depuis longtemps dans la même entreprise, perdent l'occasion de mesurer leurs pratiques professionnelles. C'est aussi l'espoir d'évoluer dans la société. C'est enfin une façon de garantir son employabilité. Plus de 50 % des salariés n'ont pas le diplôme correspondant à leur activité.» Du côté des chefs d'entreprise, les avantages ne sont pas non plus négligeables. Ce dispositif leur permet tout d'abord d'obtenir des indications précises et objectives sur les compétences des salariés, de déterminer leurs points forts et leurs points faibles et de mettre en œuvre des parcours professionnels qui les fidélisent et les motivent. Il permet ensuite d'améliorer le contenu de la formation continue proposée par l'entreprise. Ces enjeux sont aussi financiers. Chercher une main d'œuvre sur le marché ouvert est très onéreux. L'entreprise n'a de retour sur investissement que 6 à 12 mois après l'embauche, le temps pour le recruté de se former à la culture de la société. Enfin, la certification des compétences peut aussi apporter un plus aux procédures d'évaluation annuelles car elle finalise un engagement qualité de l'entreprise. Seule ombre au tableau dans l'esprit des chefs d'entreprise, la hausse salariale qui peut accompagner la validation des acquis. En France toutes les entreprises travaillent à partir d'une grille de qualification signée par les partenaires sociaux dans le cadre des conventions collectives. À chaque niveau correspond un salaire. La réévaluation est incontournable au risque de perdre son collaborateur, sauf si ce droit à qualification est la condition sine qua non pour maintenir sa compétitivité aux besoins du marché. ■ [ Contact CCI] Danielle Diligent, 03 88 43 08 15 d.diligent@strasbourg.cci.fr (1) Danielle Diligent est vérificateur, un nouveau métier instauré au sein de l'ACCP. Il forme une équipe d'évaluateurs, est garant de leur impartialité, de leur professionnalisme, et vérifie les preuves recueillies pour la constitution du portefeuille de preuves des candidats. 24 | Octobre 2002 - n°217
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