CH-12 Colmatage des drains et matériaux filtrants
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<strong>CH</strong>APITRE<br />
<strong>12</strong><br />
<strong>Colmatage</strong> <strong>des</strong> <strong>drains</strong> <strong>et</strong> <strong>matériaux</strong> <strong>filtrants</strong><br />
<strong>12</strong>.1 INTRODUCTION<br />
Il est désastreux de constater après l’installation de <strong>drains</strong> qu’ils sont colmatés <strong>et</strong> que l’investissement<br />
est perdu. Le colmatage <strong>des</strong> <strong>drains</strong> est influencé par les caractéristiques du sol, du drain <strong>et</strong> les<br />
conditions d’installation. Pour contrôler le colmatage <strong>des</strong> <strong>drains</strong>, il est important de comprendre les<br />
phénomènes qui y sont associés. Les <strong>matériaux</strong> <strong>filtrants</strong> sont utilisés pour contrôler l’ensablement<br />
<strong>des</strong> <strong>drains</strong> <strong>et</strong> il est nécessaire de les connaître <strong>et</strong> les conditions d’utilisation pour pouvoir faire <strong>des</strong><br />
recommandations adéquates.<br />
<strong>12</strong>.2 TYPES DE COLMATAGES<br />
Avant de décrire les phénomènes de colmatage <strong>des</strong> <strong>drains</strong>, il est important de connaître les formes <strong>et</strong><br />
les origines en terme terminologique.<br />
Le colmatage <strong>des</strong> tuyaux de drainage peut revêtir deux formes :<br />
<br />
<br />
Le colmatage externe est l’obstruction totale ou partielle <strong>des</strong> perforations <strong>et</strong>/ou la réduction de<br />
la conductivité hydraulique du sol au voisinage du drain qui limitent la pénétration de l’eau dans<br />
le drain. Le drain perd alors beaucoup de son efficacité hydraulique.<br />
Le colmatage interne est l’obstruction totale ou partielle du drain par <strong>des</strong> particules de sol, <strong>des</strong><br />
racines ou <strong>des</strong> dépôts de nature chimiques ou biologiques. Ce colmatage amène une réduction<br />
de la section hydraulique du tuyau <strong>et</strong> de sa capacité de transport.<br />
L’origine du colmatage peut être unique ou mixte (combinant plusieurs causes). Les principales sont<br />
:<br />
<br />
Les colmatages minéraux : ils sont provoqués par la migration de particules minérales qui se<br />
déposent dans le tuyau (colmatage interne) <strong>et</strong>/ou qui sont immobilisées dans la zone autour du
192 COLMATAGE DES DRAINS ET MATÉRIAUX FILTRANTS<br />
<br />
<br />
drain. Ce dernier cas amène alors la formation d’une zone peu perméable (colmatage externe).<br />
Ce colmatage peut survenir rapidement après la pose lors de la période de consolidation du sol<br />
dans la tranchée près du drain. Il est alors appelé colmatage primaire. Il est principalement<br />
le fait <strong>des</strong> mauvaises conditions d’installation où le sol est très humide ou saturé. Le colmatage<br />
peut se produire dans les pério<strong>des</strong> subséquentes d’écoulement <strong>et</strong> il est alors appelé colmatage<br />
secondaire. Ce dernier colmatage est principalement dû à la nature du sol. Le colmatage secondaire<br />
<strong>des</strong> <strong>drains</strong> par <strong>des</strong> particules de sol est aussi appelé ensablement <strong>des</strong> <strong>drains</strong>. Il est la principale<br />
forme de colmatage à laquelle les praticiens doivent faire face. Dans certains cas, l’ensablement<br />
<strong>des</strong> <strong>drains</strong> peut se produire très rapidement voire dans l’année qui suit l’installation.<br />
Les colmatages “physico -chimiques” <strong>et</strong> “biologiques” : ils sont dus aux modifications du<br />
milieu induites par la pose <strong>des</strong> <strong>drains</strong> qui provoque la prolifération d’une microflore adaptée aux<br />
nouvelles conditions <strong>et</strong>/ou à <strong>des</strong> dépôts résultant de transformations chimiques. Les colmatages<br />
“ferriques” sont le type le plus répandu : ils combinent <strong>des</strong> dépôts d’oxyde de fer obstruant les<br />
perforations <strong>et</strong> le développement d’un gel bactérien à l’intérieur du drain.<br />
Les colmatages racinaires : ils sont dus à l’accumulation d’un chevelu racinaire dans le drain.<br />
Ils se produisent principalement dans les situations de <strong>drains</strong> transportant l’eau provenant d’une<br />
source. Le drain est alors un milieu privilégié pour l’attraction racinaire car il constitue une<br />
réserve d’eau <strong>et</strong> d’air facilement utilisable. Les radicelles pénètrent dans le drain par les perforations<br />
<strong>et</strong> lorsqu’elles meurent, elles créent <strong>des</strong> bouchons dans les tuyaux qui gênent alors l’écoulement<br />
de l’eau.<br />
<strong>12</strong>.3 PROCESSUS D’ENSABLEMENT<br />
Le processus d’ensablement <strong>des</strong> <strong>drains</strong> commence lorsque les particules de sol sont arrachés <strong>et</strong><br />
emportés dans le drain par le mouvement de l’eau au travers <strong>des</strong> perforations. Pour comprendre le<br />
phénomène, il est important d’analyser les forces que subit un volume élémentaire de sol à la surface<br />
de suintement. Dans un premier temps, nous allons analyser le cas d’un volume élémentaire de sol<br />
pulvérulent (figure <strong>12</strong>.1). L’élément est soumis à la force de la gravité <strong>et</strong> à une force ascendante due<br />
à l’écoulement. La force de gravité correspond au poids déjaugé (poids - poussée d’Archimède) :<br />
F g = (γ s − γ e<br />
) (1 − n) ∆x ∆y ∆z<br />
[<strong>12</strong>.1]<br />
F g<br />
= Force gravitationnelle<br />
γ s = Poids spécifique <strong>des</strong> particules de sol (g/cm 3 )<br />
γ e = Poids spécifique <strong>des</strong> particules de l’eau (g/cm 3 )<br />
n = porosité<br />
La force due à l’écoulement est provoquée par la différence de potentiel ou gradient hydraulique :<br />
F e = γ e<br />
1 − 2<br />
∆x ∆y = γ e 1 − 2<br />
∆z<br />
∆x ∆y ∆z = γ e i ∆x ∆y ∆z<br />
[<strong>12</strong>.2]<br />
F e = Force d’écoulement
PROCESSUS D’ENSABLEMENT<br />
193<br />
F écoulement<br />
2<br />
∆z<br />
1<br />
∆y<br />
∆x<br />
F gravité<br />
Figure<br />
<strong>12</strong>.1 Bilan <strong>des</strong> forces sur un élément soumis à un écoulement ascendant.<br />
φ = Potentiel<br />
i = 1 − 2<br />
= gradient hydraulique<br />
∆z<br />
L’élément se soulèvera lorsque la force due à l’écoulement sera plus grande que la force de gravité <strong>et</strong><br />
ce phénomène est appelé “boulance” :<br />
F e ≥ F g [<strong>12</strong>.3]<br />
[<strong>12</strong>.4]<br />
γ e i ≥ (γ s − γ e<br />
) (1 − n))<br />
Le gradient qui perm<strong>et</strong> l’amorce du phénomène est appelé gradient critique (i c ):<br />
i c ≥ γ s − γ e<br />
γ e<br />
(1 − n)<br />
[<strong>12</strong>.5]<br />
En supposant que les particules de sol ont un poids spécifique de 2,65 g/cm 3 <strong>et</strong> que les particules sont<br />
<strong>des</strong> billes arrangées de la façon la plus compacte avec une porosité de 0,35, le gradient critique est<br />
alors de 1,07. Dans le cas d’un sol idéal possédant une porosité de 0,50, le gradient critique est alors<br />
de 0,83. Dans les sols pulvérulents, nous constatons que le gradient critique est de l’ordre de l’unité,<br />
ce qui est très élevé.<br />
Dans le cas d’un sol réel, les forces de cohésion <strong>et</strong> de friction doivent être considérées <strong>et</strong> elles sont<br />
représentées par la résistance au cisaillement (τ) (figure <strong>12</strong>.2) :<br />
τ = F c + W sin θ f = F c + F f<br />
[<strong>12</strong>.6]<br />
τ = Résistance au cisaillement<br />
F c = Force de cohésion<br />
W<br />
= Charge appliquée sur le sol<br />
sin θ f = angle de friction ou coefficient de friction
194 COLMATAGE DES DRAINS ET MATÉRIAUX FILTRANTS<br />
F f = Force de friction<br />
(τ)<br />
Force de cisaillement<br />
Friction<br />
Cohésion<br />
sin θ f<br />
<strong>CH</strong>ARGE (W)<br />
Figure<br />
<strong>12</strong>.2 Résistance au cisaillement.<br />
Nous allons analyser le cas d’une perforation située dans la partie inférieure du drain <strong>et</strong> une autre<br />
située dans la partie supérieure (figure <strong>12</strong>.3).<br />
F écoulement<br />
F cohésion<br />
F friction<br />
DRAIN<br />
F cohésion<br />
F gravité<br />
F écoulement<br />
F gravité<br />
PERFORATION AU<br />
BAS DU DRAIN<br />
PERFORATION AU<br />
HAUT DU DRAIN<br />
Figure<br />
<strong>12</strong>.3 Bilan <strong>des</strong> forces sur un élément de sol à l’entrée d’un perforation.<br />
Pour une perforation au bas du drain, la force de friction est nulle (W = 0) <strong>et</strong> le bilan <strong>des</strong> forces donne :<br />
F e ≥ F g + F c [<strong>12</strong>.7]<br />
[<strong>12</strong>.8]<br />
γ e i ≥ (γ s − γ e<br />
) (1 − n)) + F c<br />
[<strong>12</strong>.9]<br />
i c ≥ γ s − γ e<br />
γ e<br />
(1 − n)) + F c<br />
γ e
FORMATION DE PONTS<br />
195<br />
Pour une perforation au haut du drain, le bilan <strong>des</strong> forces donne :<br />
F e ≥ F c + F f<br />
− F g<br />
[<strong>12</strong>.10]<br />
La force de friction est causée par le poids de la colonne de sol au -<strong>des</strong>sus de l’élément. Le gradient<br />
critique est :<br />
i c ≥ F c<br />
γ + W e γ sin θ e f − γ s − γ e<br />
(1 − n))<br />
γ e<br />
[<strong>12</strong>.11]<br />
Comme nous le voyon,s les forces de cohésion <strong>et</strong> de gravité essaient de contrer les forces d’écoulement<br />
pour une perforation au bas du drain alors que les forces de cohésion <strong>et</strong> de friction moins la force<br />
de gravité essaient de contrer les forces d’écoulement pour une perforation au haut du drain. Au haut<br />
du drain, les forces de friction sont importantes compte tenu du poids de la colonne (W) de sol au -<strong>des</strong>sus<br />
du drain.<br />
<strong>12</strong>.4 FORMATION DE PONTS<br />
La section précédente analysé les forces provoquant le mouvement d’un élément de sol dans une<br />
situation de stabilité beaucoup après l’installation du drain. Dans la réalité, les particules de sol arraché<br />
par le mouvement de l’eau seront emportées vers la perforation. Si la particule ou la motte est<br />
beaucoup plus p<strong>et</strong>ite que la perforation, elle entrera facilement dans le drain. Par contre, si elle est de<br />
la taille de la perforation ou plus grande, elle sera r<strong>et</strong>enue par la perforation <strong>et</strong> il se créera un pont à<br />
l’entrée de la perforation. Le pont empêchera les particules suivantes de pénétrer dans le drain. Ce<br />
pont joue alors le rôle d’un filtre. La figure <strong>12</strong>.4 de l’analyse micromorphologique de lames minces<br />
de sol à l’interface avec le drain montre clairement la formation d’arches par <strong>des</strong> agrégats (p<strong>et</strong>ites<br />
mottes de terre).<br />
<strong>12</strong>.5 ASPECTS THÉORIQUES<br />
L’analyse <strong>des</strong> résultats de recherche perm<strong>et</strong> de décrire théoriquement les processus se produisant<br />
suite à l’installation d’un drain. Après l’installation du drain, le drain est recouvert plus ou moins<br />
rapidement par <strong>des</strong> mottes de sol qui laissent beaucoup de vi<strong>des</strong>. Le processus de tassement du sol<br />
débute lentement avec la déformation <strong>des</strong> mottes causée par la pression de la masse de sol au -<strong>des</strong>sus<br />
de celles -ci. Le tassement est influencé par la consistance du sol <strong>et</strong> son niveau s’accroit avec le<br />
temps. Lorsque l’eau commence à couler le long <strong>des</strong> mottes, elle brise tous liens de cohésion non<br />
permanents <strong>et</strong> les mottes s’effritent. La gravité <strong>et</strong> les forces de l’écoulement emportent les mottes<br />
brisées, les agrégats <strong>et</strong> les particules de sol vers les perforations du drain. Si les agrégats ou les mottes<br />
sont de l’ordre de grandeur ou plus large que les perforations, elles vont former rapidement un pont<br />
face à la perforation. Si les agrégats ou les particules sont plus p<strong>et</strong>ites que l’ouverture, elles entrerons<br />
facilement dans le drain <strong>et</strong> le processus se poursuivra jusqu’à ce qu’un agrégats ou groupe de particule<br />
ou d’agrégats de plus grande dimension vienne former un pont au -<strong>des</strong>sus de l’ouverture ou que
196 COLMATAGE DES DRAINS ET MATÉRIAUX FILTRANTS<br />
Figure<br />
<strong>12</strong>.4 Formation d’une arche par <strong>des</strong> p<strong>et</strong>its agrégats <strong>et</strong> chemin préférentiel vers une<br />
perforation (Gallaicahnd <strong>et</strong> al. , 1987).<br />
le drain soit rempli. Si un pont se forme, tous les autres agrégats ou particules s’accumuleront derrière<br />
le pont <strong>et</strong> le solidifieront. Lorsque ce processus, le haut du drain doit être considéré différemment<br />
du bas du drain. Au haut du drain, le gradient hydraulique <strong>et</strong> la gravité s’additionne pour pousser<br />
le sol dans les ondulations du drain face aux ouvertures. Au bas du drain, l’écoulement est vers le<br />
haut <strong>et</strong> agit contre la gravité. Dans c<strong>et</strong>te situation, la pression est nécessairement plus p<strong>et</strong>ite qu’au -<br />
<strong>des</strong>sus du drain. Alors, le sol sera moins bien consolidé dans les ondulations sous le drain qu’au -<strong>des</strong>sus<br />
du drain <strong>et</strong> les ponts seront plus difficile à bâtir <strong>et</strong> seront moins stables. Le sol plus lâche dans les<br />
ondulations au bas du drain offre moins de résistance à l’écoulement <strong>et</strong> plus d’eau va entrer par les<br />
perforations situées au bas du drain. Si la force de traction de l’eau sur les particules est suffisante<br />
pour les soulever (phénomène de boulance), les particules entrerons en grande quantité dans le drain.<br />
Le sol lâche dans les ondulations au bas du drain peut expliquer pourquoi il semble entrer plus de sol<br />
par le bas du drain que par le haut. La formation de ponts amène à considérer un cas particulier : si un<br />
agrégat ou une motte épouse exactement la forme de la perforation, celle -ci obstruera complètement<br />
la perforation <strong>et</strong> l’eau ne pourra pénétrer dans le drain. Si c<strong>et</strong>te situation est intéressante pour prévenir<br />
l’ensablement <strong>des</strong> <strong>drains</strong>, elle l’est moins en terme de drainage.
ASPECTS THÉORIQUES<br />
197<br />
Lors de l’irrigation souterraine, l’écoulement de l’eau est inversée par rapport au drainage <strong>et</strong> il peut<br />
alors fragiliser les ponts. Les particules de sol seront plus susceptibles d’entrer dans le drain lors <strong>des</strong><br />
pério<strong>des</strong> drainage subséquentes.<br />
Figure<br />
<strong>12</strong>.5 Évolution de la tranchée suite à l’installation d’un drain.
198 COLMATAGE DES DRAINS ET MATÉRIAUX FILTRANTS<br />
<strong>12</strong>.6 PRÉDICTION DE LA SÉDIMENTATION<br />
Très peu d’étu<strong>des</strong> ont essayé de prédire le niveau de sédimentation dans le drain.<br />
La première est basée sur l’analyse granulométrique <strong>et</strong> l’analyse <strong>des</strong> agrégats sous tamisage dans<br />
l’eau (Lagacé <strong>et</strong> Skaggs, 1984) :<br />
ln(SED) = <strong>12</strong>, 25 + 0, 038 AGR_1 − 0, <strong>12</strong>2 SM + 0, 144 lnAGR_25_50<br />
− 0, 046 AGR_10_25 + 0, 502 lnAGR_100_200<br />
− 0, 160 Argile − 0, 049 Sable − 2, 964 ln(Limon)<br />
+ 0, 0<strong>12</strong> CU + 0, 046 Argile Larg<br />
+ 0, 848 lnLimon Larg<br />
[<strong>12</strong>.<strong>12</strong>]<br />
SED = Épaisseur de sédiments (mm)<br />
AGR_1 = Agrégats < 0,1 mm (%)<br />
SM =Sable moyen (%)<br />
AGR_25_50 = Agrégats [ 0,25 - 0,50 mm] (%)<br />
AGR_10_25 = Agrégats [ 0,10 - 0,25 mm] (%)<br />
AGR_100_200 = Agrégats [ 1,00 - 2,00 mm] (%)<br />
Argile = Argile (%)<br />
Sable =Sable (%)<br />
Limon = Limon (%)<br />
CU = Coefficient d’uniformité<br />
Larg = Largeur <strong>des</strong> pertuis (mm)<br />
Le coefficient de corrélation obtenu a été de 0,886 <strong>et</strong> la figure 11.6 présente la relation entre les épaisseurs<br />
de sédiments prédites <strong>et</strong> observées pour les cas analysés.<br />
En utilisant les résultats de plusieurs expériences Gallichand <strong>et</strong> Lagacé (1987) ont présenté une synthès<br />
présentée à la figure x. Les résultats peuvent être représntés par l’équation suivante qui peut aider<br />
à prédire le niveau de sédiments dans les sols pulvérulents :<br />
CF HR + Fsol < 0, 5<br />
[<strong>12</strong>.13]<br />
CF = Coefficient = 1,0 (pertuis ronds), = 1,1 (pertuis rectangulaires)<br />
HR = Rayon hydraulique <strong>des</strong> pertuis (mm)<br />
Fsol = Facteur sol = 0,68 - (1,187 D60)
199<br />
Figure<br />
<strong>12</strong>.6 Relation entre les épaisseurs de sédiments prédites <strong>et</strong> observées (Lagacé <strong>et</strong><br />
Skaggs, 1985).<br />
FRACTION<br />
Broadhead, 1981<br />
Broughton <strong>et</strong> al. 1982,<br />
<strong>et</strong> Lagacé, 1983<br />
Gallichand <strong>et</strong> Lagacé, 1987<br />
Lagacé, 1983<br />
Trafford <strong>et</strong> Mice, 1972<br />
Wiiardson, 1979<br />
Figure<br />
CF HR + FSOIL (mm)<br />
<strong>12</strong>.7 Prédiction de la fraction de sédiment occupant l’espace libre en utilisant différents<br />
résultats de la littérature (adapté de Gallichand <strong>et</strong> Lagacé, 1988).
200<br />
<strong>12</strong>.7 MEMBRANES GÉOTEXTILES<br />
Il existe différentes catégories de membranes géotextiles.<br />
<strong>12</strong>.7.1 Les membranes tissées<br />
Les membranes tissées sont constituées de fibres orientées en deux directions perpendiculaires <strong>et</strong> qui<br />
s’entrecroisent mutuellement. Comparativement aux autres métho<strong>des</strong> de fabrication, le tissage<br />
représente une méthode plus coûteuse, mais il a l’avantage de conduire à un produit ayant une structure<br />
simple : la distribution de la taille <strong>des</strong> pores est jusqu à un certain point uniforme, simple <strong>et</strong> facile<br />
à déterminer. D’autre part, la géométrie relativement simple <strong>des</strong> membranes tissées perm<strong>et</strong> de relier<br />
directement leurs propriétés mécaniques à celles <strong>des</strong> fibres.<br />
Il faut noter cependant que les caractéristiques de contrainte <strong>des</strong> membranes tissées sont presque toujours<br />
présentées en termes de direction de chaîne ou de trame, mais si les membranes sont soumises à<br />
un effort dans une autre direction (diagonale), leurs propriétés sont considérablement modifiées.<br />
Dans l’ensemble les membranes tissées offrent quand même <strong>des</strong> résistances moyennement fortes à<br />
très fortes <strong>et</strong> possèdent aussi une structure de pores simples.<br />
<strong>12</strong>.7.2 Les membranes tricotées<br />
Alors que pour les membranes tissées les brins sont essentiellement rectilignes, les membranes tricotées<br />
sont constituées par <strong>des</strong> boucles de fibres reliées par <strong>des</strong> segments linéaires. Ainsi, de par c<strong>et</strong>te<br />
structure, les membranes tricotées peuvent être soumises à <strong>des</strong> tensions dans une ou plusieurs directions<br />
sans augmenter de façon significative l’effort sur les fibres.<br />
Le procédé de tricotage a deux avantages sur le tissage. Il est moins cher <strong>et</strong> il offre la possibilité de<br />
fabriquer <strong>des</strong> tubes.<br />
Une <strong>des</strong> applications de ces tubes est leur utilisation comme filtres autour <strong>des</strong> <strong>drains</strong> agricoles.<br />
<strong>12</strong>.7.3 Les membranes non tissées<br />
On inclut dans ce groupe toutes les membranes qui ne sont ni tissées ni tricotées. Elles sont constituées<br />
par <strong>des</strong> fibres reliées entre elles par différents procédés qui leur confèrent <strong>des</strong> propriétés particulières.<br />
Dans l’ensemble, les membranes non tissées sont relativement bon marché <strong>et</strong> elles présentent <strong>des</strong><br />
résistances à l’effort allant de faible à moyennement forte. Elles ont également une très grande déformabilité.<br />
Elles sont largement utilisées comme filtres, comme <strong>drains</strong>, comme agent séparateur ou<br />
dans <strong>des</strong> travaux de renforcement léger.<br />
<strong>12</strong>.7.4 Les membranes aiguill<strong>et</strong>tées<br />
L’aiguill<strong>et</strong>age est un procédé mécanique qui consiste à entremêler les filaments au moyen d’aiguilles,<br />
ce qui confère une certaine résistance à la nappe obtenue. Pour obtenir une plus grande résistance,<br />
on peut aussi superposer plusieurs nappes qui seront aiguill<strong>et</strong>tées ensemble.
MEMBRANES GÉOTEXTILES<br />
201<br />
Les membranes aiguill<strong>et</strong>tées sont épaisses comparativement à leur poids (85 à 90% de vide) <strong>et</strong> la<br />
structure <strong>des</strong> pores est assez complexe. Ceci peut représenter un avantage en filtration.<br />
<strong>12</strong>.7.5 Les membranes liées thermiquement<br />
Les fibres sont liées entre elles par passage entre deux cylindres chauffés <strong>et</strong> sous une importante pression.<br />
On obtient ainsi une soudure <strong>des</strong> filaments les uns aux autres aux points de contact. La membrane<br />
formée est relativement mince ; la configuration <strong>et</strong> la dimension <strong>des</strong> pores sont indépendantes<br />
de la contrainte appliquée à la membrane. Cependant, il arrive souvent que si la nappe de fibres est<br />
chauffée suffisamment pour créer une liaison solide entre les fibres, il s’en suit une dégradation de<br />
leurs propriétés mécaniques ainsi qu’une réduction de leur orientation.<br />
<strong>12</strong>.7.6 Les membranes liées chimiquement<br />
Ces membranes sont produites par imprégnation de la nappe de fibres avec une résine qui sert à les<br />
lier ensemble. L’épaisseur <strong>et</strong> la structure de ces membranes sont intermédiaires entre les membranes<br />
aiguill<strong>et</strong>tées <strong>et</strong> celles liées thermiquement.<br />
C<strong>et</strong>te méthode est cependant la plus coûteuse <strong>et</strong>, toutes choses égales d’ailleurs, les membranes liées<br />
chimiquement ont moins de vide <strong>et</strong> une perméabilité plus faible.<br />
<strong>12</strong>.7.7 Autres types<br />
On peut également trouver <strong>des</strong> membranes fabriquées à l’aide d’une combinaison de ces techniques<br />
de liaison. Ainsi, <strong>des</strong> membranes liées chimiquement sont souvent aiguill<strong>et</strong>tées.<br />
D’autre part, de nombreuses membranes sont produites en utilisant plus d’une technique de construction<br />
<strong>et</strong> de liaison : par exemple. il est courant d’aiguill<strong>et</strong>ter <strong>des</strong> fibres sur un support tissé.<br />
Il apparaît donc qu’il existe une grande variété de membranes <strong>et</strong> il est également évident qu’on peut<br />
en obtenir un éventail encore plus grand avec le développement de nouvelles techniques <strong>et</strong> de nouveaux<br />
<strong>matériaux</strong>. Le domaine <strong>des</strong> caractéristiques de ces membranes est très étendu aussi bien du<br />
point de vue <strong>des</strong> caractéristiques <strong>des</strong> pores que <strong>des</strong> propriétés mécaniques. Leur durée de vie peut<br />
également être très différente. L’ingénieur devra donc reconnaître ces différences <strong>et</strong> choisir les membranes<br />
qui conviennent le mieux pour chaque application particulière.
202