Journal de l'Institut Curie n°86 - Mai 2011 - Cancers du Sein - Institut ...
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l’après-cancer<br />
dossier<br />
Phovoir<br />
Gran<strong>de</strong> fatigue, trous <strong>de</strong> mémoire,<br />
difficultés <strong>de</strong> concentration…<br />
les mois qui suivent la fin <strong>de</strong>s<br />
traitements laissent souvent<br />
peu <strong>de</strong> répit. On parle alors<br />
<strong>de</strong> rémission, en attendant <strong>de</strong> prononcer, plus<br />
tard, le mot <strong>de</strong> guérison. Alors que les patients,<br />
heureux <strong>de</strong> tourner la page, ont hâte <strong>de</strong> croquer<br />
la vie à pleines <strong>de</strong>nts, ils comprennent que<br />
ce nouveau départ va réclamer encore un peu<br />
<strong>de</strong> patience. Diététiciennes, kinésithérapeutes<br />
et bien d’autres professionnels sont <strong>de</strong> précieux<br />
recours sur ce chemin <strong>de</strong> l’après-cancer.<br />
Dans ce cadre, le P r Dominique Maraninchi 1 ,<br />
ancien prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Inca (<strong>Institut</strong> national <strong>du</strong><br />
cancer), se félicite d’avoir pu contribuer « à élever<br />
l’après-cancer au rang <strong>de</strong>s priorités », dans<br />
le second Plan cancer 2009-2013, qui accor<strong>de</strong><br />
une large place à l’accompagnement personnalisé<br />
après la maladie.<br />
Ajuster les traitements pour<br />
en ré<strong>du</strong>ire la toxicité<br />
D’abord, comment ré<strong>du</strong>ire les séquelles <strong>de</strong>s<br />
traitements ? La prise <strong>de</strong> poids et les cicatrices<br />
sont souvent là pour rappeler les traitements<br />
en<strong>du</strong>rés et la difficulté <strong>de</strong> ces épreuves passées.<br />
Pour faciliter le « retour à la vie », mé<strong>de</strong>cins et<br />
soignants travaillent donc main dans la main<br />
pour chercher à ré<strong>du</strong>ire autant que possible<br />
les effets secondaires <strong>de</strong>s traitements. Fruits<br />
<strong>de</strong>s nombreuses recherches, <strong>de</strong>s progrès ont<br />
d’ailleurs été enregistrés en France ces <strong>de</strong>rnières<br />
décennies. En matière <strong>de</strong> cancer <strong>du</strong> sein<br />
par exemple : « L’ablation complète <strong>du</strong> sein n’est<br />
plus le traitement <strong>de</strong> référence dans les petites<br />
tumeurs <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 30 ans et la technique <strong>du</strong><br />
ganglion sentinelle permet <strong>de</strong> diminuer l’éten<strong>du</strong>e<br />
<strong>de</strong> la chirurgie et donc <strong>de</strong> ses séquelles », rappelle<br />
le D r Alain Fourquet, chef <strong>du</strong> département <strong>de</strong><br />
Radiothérapie <strong>de</strong> l’<strong>Institut</strong> <strong>Curie</strong>. En effet, ce<br />
geste chirurgical consiste à retirer le premier<br />
ganglion lymphatique, au niveau <strong>de</strong> l’aisselle<br />
voisine <strong>du</strong> sein, pour vérifier si le cancer l’a<br />
atteint, avant <strong>de</strong> retirer les autres ganglions et<br />
seulement si cela est nécessaire. Développée à<br />
l’<strong>Institut</strong> <strong>Curie</strong>, cette technique évite à <strong>de</strong> nombreuses<br />
femmes les conséquences <strong>du</strong> retrait systématique<br />
<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s ganglions, et<br />
1. Nommé en février <strong>2011</strong> directeur général <strong>de</strong> l’Agence française<br />
<strong>de</strong> sécurité sanitaire <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> santé.<br />
A. Lescure/<strong>Institut</strong> <strong>Curie</strong><br />
Trois questions au…<br />
D r Alain Fourquet,<br />
chef <strong>du</strong> département<br />
<strong>de</strong> Radiothérapie<br />
à l’<strong>Institut</strong> <strong>Curie</strong><br />
L’après-cancer <strong>de</strong>vient-il un domaine<br />
d’expertise ?<br />
Il y a 20 ans, on cherchait à sauver la vie <strong>de</strong>s<br />
mala<strong>de</strong>s, avant tout et « à tout prix ».<br />
Désormais, il <strong>de</strong>vient fréquent <strong>de</strong> survivre<br />
plus <strong>de</strong> 20 ans à un cancer <strong>du</strong> sein. Les effets<br />
<strong>de</strong>s traitements doivent donc s’envisager à<br />
long terme et nous attachons <strong>de</strong> plus en plus<br />
d’importance à la qualité <strong>de</strong> cette vie future.<br />
En radiothérapie, on teste l’effet <strong>de</strong>s rayons,<br />
on mène <strong>de</strong>s recherches cliniques pour<br />
mettre au point <strong>de</strong>s protocoles mieux ciblés.<br />
Désormais, le rapport bénéfice/risque est un<br />
élément important dans les indications<br />
thérapeutiques.<br />
Quelles sont les nouvelles précautions<br />
prises en radiothérapie ?<br />
Forte <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s, la préparation<br />
<strong>du</strong> traitement est aujourd’hui une étape plus<br />
longue, pendant laquelle on prend le temps<br />
pour s’adapter à toutes les situations.<br />
Pour repérer la zone à traiter, on réalise<br />
à présent un scanner dans la position exacte<br />
<strong>du</strong> traitement pour reconstruire en 3D la zone<br />
à traiter. Cette vue permet d’établir un plan<br />
<strong>de</strong> traitement bien plus précis et mieux ciblé<br />
qu’avant en adaptant les doses au volume <strong>de</strong><br />
la tumeur. En mo<strong>du</strong>lant différents paramètres,<br />
on évite d’atteindre les organes voisins<br />
en restant au-<strong>de</strong>ssous <strong>du</strong> seuil <strong>de</strong> risque<br />
que nous connaissons <strong>de</strong> mieux en mieux.<br />
Pensez-vous pouvoir encore limiter<br />
les conséquences <strong>de</strong>s traitements ?<br />
Actuellement, nous tentons <strong>de</strong> démontrer que<br />
l’on peut s’abstenir <strong>de</strong> certains traitements, et<br />
ce sans augmenter les risques. La ré<strong>du</strong>ction<br />
<strong>de</strong> la toxicité me semble très prometteuse,<br />
mais comme toute recherche, ces évolutions<br />
prennent <strong>du</strong> temps. Les « signatures<br />
génétiques » <strong>de</strong> la tumeur pourraient par<br />
exemple éviter d’initier certaines<br />
chimiothérapies inutiles dans 20 à 30 % <strong>de</strong>s<br />
cas. Nos équipes investiguent cela.<br />
LE JOURNAL DE<br />
L’INSTITUT CURIE , 09