18 HENDRICK DE CLERCK ET DIONYS VAN ALSLOOT (Bruxelles vers 1570 - vers 1629) (Bruxelles 1570 - vers 1628) CÉPHALE ET PROCRIS DANS UN PAYSAGE BOISÉ ET MONTAGNEUX Cuivre 21,5 x 33 cm 20 000 / 25 000 € Hendrick de Clerck fut probablement l’élève de Martin de Vos à Anvers. Il voyagea en Italie et à son retour en 1606, considéré comme le meilleur peintre d’histoire de sa génération à Bruxelles, fut employé à la Cour de l’archiduc Ernest, puis des archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays-Bas. En plus d’importantes compositions religieuses, il peignit un grand nombre de petites scènes mythologiques et allégoriques, proches des œuvres de Johann Rottenhammer et de Hendrick van Balen. Il collabora souvent avec Dionys Van Alsloot, Jan Brueghel I, Jacques d’Arthois et Joos de Momper, en plaçant des groupes de nus ou de figures classiques dans des paysages. 19 ATTRIBUÉ À JAN BRUEGHEL LE JEUNE (1601-1678) ALLÉGORIE DES QUATRE ÉLÉMENTS Panneau parqueté 82 x 114 cm 30 000 / 40 000 € 20 21
20 JAN VAN KESSEL ET ADRIAEN VAN STALBEMPT (Anvers 1626-1679) (Anvers 1580-1662) LES CINQ SENS Panneau de chêne, parqueté 72 x 107 cm Une inscription sur le clavecin : Andreas. Ruckers. Me. Fecet. Antwerpia. A° 1619 Au revers une étiquette précisant la provenance du tableau 450 000 / 550 000 € PROVENANCE : Commandé vers 1650 par Angibert Van den Berg né en 1608 à Anvers. Apporté par son fils Georges (1633-1684) à Orléans en 1652. Important négociant en sucre, Georges Van den Berg était un érudit et un grand collectionneur de tableaux flamands, de livres et d’objets d’art ; d’où la présence du clavecin signé de Ruckers. La collection Van den Berg est restée chez ses descendants à Orléans jusqu’à la fermeture de la maison de négoce de sucre lors du blocus continental en 1810. Notre tableau est resté chez les descendants de la famille. Le tableau est une œuvre de collaboration : les éléments de nature morte, les objets déposés sur la table, le mobilier, les animaux et la représentation des tableaux accrochés au mur sont très caractéristiques de la facture fine et minutieuse de Jan van Kessel l’ancien. Les figures féminines, élégantes, aux carnations porcelaine sont une parfaite et caractéristique illustration de l’art de Adriaen van Stalbempt comme peintre de personnages, artiste plutôt peintre paysagiste (voir U. Härting, “Adriaen van Stalbempt als figurenmaler”, Oud-Holland, 1981, pp. 10-12). A gauche du tableau, nous pouvons admirer un clavecin à double clavier, portant la signature suivante Andreas Ruckers me fecit Antwerpiae 1619I. Nous trouvons sur les faces internes de l’instrument un papier décoratif à motif d’arabesques, utilisé par Andreas Ruckers (un de type 6 et un second très proche du type 13 de l’ouvrage de Grent O’Brien sur les Ruckers). Les faces externes du clavecin présentent un décor à l’imitation du marbre typique des décors flamands, et la face interne du couvercle une peinture de qualité. Un clavecin d’Andreas Ruckers à un clavier de 1627, se trouvant au Gemeentemuseum de La Haye, possède un piétement à arcatures semblable. L’ouvrage de Donald Boalch signale un instrument à deux claviers datant de 1619 d’Andreas Ruckers, dont la localisation est actuellement inconnue. Le musée de Bruxelles possède dans ses collections une planche de nom portant la même inscription que celle de notre clavecin. Nous pouvons faire le rapprochement avec l’instrument dans l’Allégorie de L’Ouïe de Jan Brueghel que Monsieur O’Brien a identifié comme étant un Andreas Ruckers. Au milieu du XV e siècle, Anvers devint le plus grand centre économique du Nord, et le trafic international exporta loin le renom de la vie artistique qui s’y était installé. La facture instrumentale y tient une place importante. En effet, les peintres de clavecin (facteurs), les peintres et les sculpteurs étaient tenus d’appartenir à la Guilde de Saint Luc pour exercer leur activité. Il fallut attendre une ordonnance datée de 1558, pour que les peintres de clavecin soient reconnus en tant que facteur ayant le droit de réaliser eux-mêmes les décorations de leurs clavecins, ce qui explique l’appartenance des facteurs flamands à la même corporation que les peintres et sculpteurs. En 1579, Hans Ruckers, l’un des plus grands facteurs de clavecin au monde est admis à la Guilde de Saint Luc. Hans Ruckers, dit le Vieux, est né à Malines vers 1550. Le 25 juin 1575, il épouse Adriana Knaeps à Notre-Dame d’Anvers. Il mourut entre juillet 1597 et décembre 1599. Deux des dix enfants de Hans Ruckers reçurent son enseignement et continuèrent la facture à l’enseigne de Cleine Clavesingel dans la Jodenstraat à Anvers (rue située à 200 mètres de la maison de Pierre Paul Rubens). Johann II (baptisé à Anvers le 15 juillet 1578 et mort à Anvers le 19 septembre 1642) entre en 1611 à la Guilde de Saint Luc. A partir de 1615 il entretient les clavicordes et les épinettes de la cour de Bruxelles, les orgues de l’église Saint Jacques et ceux de la Jacobskerk. De 1616 jusqu’à sa mort, il est le facteur des clavecins et d’orgues de l’Archiduc à Bruxelles. En 1623, avec Pierre Paul Rubens, Jan Brueghel, Robrecht de Nole et Rombout Rasiers, il est exempté de veille sur les remparts de la ville, en raison de son service à la cour. A la mort de sa mère survenue en mars 1604, il hérite en tant qu’aîné de l’atelier et de la maison familiale. Il épouse Maria Waelrant, la même année et auront deux filles, Maria et Elizabeth. En 1636, sa fille Maria reçoit une dot considérable, lors de son mariage avec le peintre Snaeyers. Son atelier est repris par son neveu Johannes Couchet. Andreas I er , dit l’Aîné (baptisé à Anvers le 30 août 1579 et mort à Anvers entre juin 1651 et mars 1653) entre à la Guilde de Saint Luc en 1610. Il épouse le 25 juillet 1605 Catharina de Vries, belle-sœur du peintre Jacob Jordaens. De cette union naquit un fils Andreas II et une fille Anna qui deviendra la seconde épouse de Johann Davidsz de Heem, l’un des plus célèbres peintres de fleurs et de nature morte d’Anvers. Andreas travaille avec son frère en 1604, et en 1605 il signe ses propres instruments. En 1616, il habite près du cimetière de la cathédrale, dans la Huidevetterstraat (rue des Tanneurs). Les instruments des Ruckers répondent à une technique de construction de qualité qui leur est propre comme le confirme l’Encyclopédie : “Les meilleurs clavecins qu’on ait eu jusqu’ici pour le beau son de l’harmonie, sont ceux des trois RUCKERS ainsi que de Jean COUCHET, qui tous établis à Anvers dans le siècle passé ont fait une immense quantité de clavecins dont il y a à Paris un très grand nombre d’originaux”. Parmi les clavecins royaux de Versailles (Inventaire de 1780), nous notons un clavecin décoré de chinoiseries et un autre avec des figures sur fond jaune. Tous les deux sont de la famille Ruckers. Nous remercions Odile Vérot (expert en Instruments de Musique) pour sa collaboration (123, rue des Dames - 75017 Paris - tél. : 01 43 87 19 76) Un détail du tableau est reproduit en page 24 20 22 23