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L'influence de la forme urbaine sur la mobilité quotidienne. Une ...

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Titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication<br />

Association <strong>de</strong> Science Régionale De Langue Française<br />

XLème Colloque <strong>de</strong> l’ASRDLF<br />

Convergence et disparités régionales au sein <strong>de</strong><br />

l’espace européen<br />

Les politiques régionales à l’épreuve <strong>de</strong>s faits<br />

Bruxelles – 1, 2 et 3 Septembre 2004<br />

L’INTERACTION ENTRE USAGE DU SOL ET<br />

COMPORTEMENTS DE MOBILITE.<br />

METHODOLOGIE ET APPLICATION A L’AIRE<br />

URBAINE DE BORDEAUX<br />

Guil<strong>la</strong>ume POUYANNE<br />

ATER<br />

IERSO, IFReDE-GRES<br />

Université Montesquieu Bor<strong>de</strong>aux IV<br />

pouyanne@u-bor<strong>de</strong>aux4.fr<br />

Résumé :<br />

L’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>quotidienne</strong> est résumée par les « 3D » :<br />

<strong>de</strong>nsité, diversité et <strong>de</strong>sign. Les nombreuses étu<strong>de</strong>s empiriques portant <strong>sur</strong> ce thème<br />

adjoignent aux « 3D » <strong>de</strong>s variables socio-démographiques, supposant implicitement que les<br />

<strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> facteurs agissent séparément <strong>sur</strong> les comportements <strong>de</strong> mobilité.<br />

Nous soulevons dans cet article <strong>la</strong> possibilité d’une re<strong>la</strong>tion causale entre <strong>la</strong> localisation dans<br />

une <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> spécifique et les caractéristiques socio-démographiques, qui viendrait<br />

remettre en cause les résultats précé<strong>de</strong>mment obtenus. Il est donc pertinent <strong>de</strong> compléter le<br />

schéma conceptuel antérieur : nous formulons le cadre <strong>de</strong> « l’interaction triangu<strong>la</strong>ire », qui<br />

nécessite une technique économétrique adaptée. La régression typologique permet le<br />

contrôle statistique d’un type <strong>de</strong> facteurs au profit <strong>de</strong> l’autre. <strong>Une</strong> application empirique <strong>sur</strong><br />

l’aire <strong>urbaine</strong> <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux confirme l’intérêt <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’interaction<br />

entre usage du sol et mobilité.<br />

Mots clés : ville compacte, <strong>de</strong>nsité, <strong>forme</strong>s <strong>urbaine</strong>s, mobilité, usage du sol<br />

C<strong>la</strong>ssification JEL : R12, R14, R41<br />

1


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

L’INTERACTION ENTRE USAGE DU SOL ET<br />

COMPORTEMENTS DE MOBILITE.<br />

METHODOLOGIE ET APPLICATION A L’AIRE<br />

URBAINE DE BORDEAUX<br />

« Comprendre, c’est compliquer. C’est enrichir en profon<strong>de</strong>ur.<br />

C’est é<strong>la</strong>rgir <strong>de</strong> proche en proche. C’est mêler à <strong>la</strong> vie »<br />

Lucien Febvre, Combats pour <strong>la</strong> vie<br />

Le développement durable constitue un gui<strong>de</strong> normatif pour <strong>la</strong> réflexion comme pour<br />

l’action (Hart, 2002), qui met en avant <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> maîtriser les externalités négatives du<br />

développement économique. Face à <strong>de</strong>s enjeux globaux tels que l’effet <strong>de</strong> serre, ou locaux tels<br />

que <strong>la</strong> pollution, le bruit et <strong>la</strong> sécurité, renaît <strong>la</strong> contestation <strong>de</strong> l’automobile <strong>de</strong>s années 1970<br />

(Illitch, 1974 ; Sauvy, 1968). Son usage est remis en question, et plus particulièrement dans<br />

les villes, qui constituent un espace privilégié d’action et <strong>de</strong> réflexion puisque les autres<br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport ont plus <strong>de</strong> possibilité d’y constituer une alternative performante 1 .<br />

Sous cette influence, les objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification <strong>urbaine</strong> évoluent, voire s’inversent :<br />

on passe <strong>de</strong> « l’adaptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville à l’automobile » (comme le vou<strong>la</strong>it le Prési<strong>de</strong>nt<br />

Pompidou) à une limitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’automobile en ville. Cette évolution est avalisée<br />

par les pouvoirs publics : <strong>la</strong> LAURE du 30 décembre 1996 oblige les agglomérations <strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong> 100.000 habitants à se doter d’un document d’urbanisme, le PDU (P<strong>la</strong>n <strong>de</strong> Dép<strong>la</strong>cements<br />

Urbains) qui p<strong>la</strong>nifie <strong>sur</strong> cinq ans les moyens mis en œuvre par les collectivités locales pour<br />

« as<strong>sur</strong>er un équilibre durable entre les besoins en matière <strong>de</strong> mobilité et <strong>de</strong> facilité d’accès<br />

d’une part, et <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé d’autre part » (art. 14). Cette<br />

formu<strong>la</strong>tion est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> « mobilité durable », une équation difficile à résoudre puisqu’il<br />

s’agit <strong>de</strong> protéger l’environnement et <strong>la</strong> santé sans freiner <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements.<br />

Les me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong>stinées à diminuer le trafic automobile se multiplient, et prennent<br />

généralement <strong>de</strong>ux orientations : (1) saper l’avantage comparatif <strong>de</strong> l’automobile <strong>sur</strong> les<br />

autres mo<strong>de</strong>s en réduisant ses performances (vitesse : zones 30 ; souplesse : politique <strong>de</strong><br />

stationnement) ou en lui interdisant l’accès à certains espaces sensibles (piétonisation,<br />

constitution <strong>de</strong> « sanctuaires » hypercentraux) ; (2) fournir une alternative performante à<br />

l’automobile (construction <strong>de</strong> pistes cyc<strong>la</strong>bles, ouverture <strong>de</strong> lignes <strong>de</strong> bus périphériques et<br />

<strong>sur</strong>tout « renaissance » du tramway).<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces me<strong>sur</strong>es se profile une action plus globale <strong>sur</strong> l’urbanisation. Ainsi le<br />

PDU <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux cherche-t-il à « agir <strong>sur</strong> l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> morphologie <strong>urbaine</strong> [pour]<br />

limiter le trafic automobile et sa croissance prévisible » (C.U.B, 2001, p. 31). S’appuyant <strong>sur</strong><br />

l’idée d’une interaction réciproque entre étalement urbain et utilisation <strong>de</strong> l’automobile,<br />

l’objectif affiché est <strong>de</strong> maîtriser l’étalement (ibid., p. 12).<br />

1 Du moins en termes <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> transport. Nous souscrivons à l’analyse <strong>de</strong> M. Wiel (2002), pour qui<br />

l’optimisation du temps <strong>de</strong> transport est <strong>la</strong> force principale qui façonne les comportements <strong>de</strong> mobilité, et plus<br />

particulièrement le choix modal.<br />

2


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

L’automobile, en di<strong>la</strong>tant les isochrones, a permis <strong>de</strong> repousser les limites<br />

géographiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville (LeRoy & Sonstelie, 1983). Prenant appui <strong>sur</strong> l’hypothèse d’une<br />

constance <strong>de</strong>s temps moyens <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement (loi dite « <strong>de</strong> Zahavi » – Zahavi & Ryan, 1980),<br />

l’analyse historique du développement urbain selon le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport dominant distingue<br />

trois « âges » dans l’urbanisation (Dupuy, 1995 ; Newman & Kenworthy, 1998 ; Wiel, 1999).<br />

Le troisième âge est celui <strong>de</strong> l’automobile, qui non seulement étend le périmètre urbanisé <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ville pé<strong>de</strong>stre, alimentant ainsi l’étalement, mais en plus comble les vi<strong>de</strong>s intersticiels<br />

<strong>la</strong>issés par <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième phase, <strong>la</strong> ville <strong>de</strong>s transports en commun et sa traditionnelle structure<br />

en doigts <strong>de</strong> gant (Bordreuil, 1995).<br />

Etant donné <strong>la</strong> rapidité <strong>de</strong> sa formation, <strong>la</strong> ville automobile se caractérise par <strong>la</strong><br />

dispersion et <strong>de</strong> faibles <strong>de</strong>nsités, donc une faible accessibilité, à tel point que « l’usage <strong>de</strong><br />

l’automobile [y] est <strong>de</strong>venu plus une nécessité qu’un choix » (Newman & Kenworthy, 1998,<br />

p. 31). Elle est donc un <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépendance automobile (Dupuy, 1999). Ainsi si <strong>la</strong><br />

démocratisation <strong>de</strong> l’automobile a permis à <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> s’étaler, en retour l’étalement urbain<br />

incite voire oblige à l’usage <strong>de</strong> l’automobile. C’est pourquoi les politiques <strong>de</strong><br />

« désautomobilisation » <strong>de</strong>s villes se sont orientées vers <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’étalement. Le modèle<br />

inspirant ce type <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> « ville compacte », qui propose <strong>de</strong> contenir<br />

l’étalement en encourageant le développement dans les limites existantes <strong>de</strong> l’agglomération,<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>nsification en résultant automatiquement. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> faisabilité (Breheny,<br />

1997), le but est d’atteindre ainsi <strong>de</strong>s seuils <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité et/ou d’accessibilité suffisants pour<br />

fournir une alternative performante à l’automobile (Jenks, Burton & Williams, 1996 ; Ewing,<br />

1997). La ville pé<strong>de</strong>stre est posée ici en idéal <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nification.<br />

Le modèle <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville compacte s’appuie <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s empiriques. L’analyse <strong>de</strong> trente<strong>de</strong>ux<br />

gran<strong>de</strong>s villes dans le mon<strong>de</strong> permet à P. Newman et J. Kenworthy (1989) <strong>de</strong> formuler<br />

leur célèbre courbe, qui relie <strong>de</strong> manière inverse <strong>la</strong> consommation individuelle d’énergie due<br />

aux dép<strong>la</strong>cements et <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité rési<strong>de</strong>ntielle nette. P. Naess (1996) dégage une re<strong>la</strong>tion<br />

croissante entre l’espace habitable par personne (inverse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité rési<strong>de</strong>ntielle nette) et <strong>la</strong><br />

consommation d’énergie pour les transports, d’abord pour 22 gran<strong>de</strong>s villes scandinaves, puis<br />

pour 67 villes suédoises. La réactualisation <strong>de</strong> leur travail <strong>de</strong> 1989 permet à P. Newman et J.<br />

Kenworthy (1998) <strong>de</strong> confirmer leurs principaux résultats tout en les complétant par <strong>de</strong><br />

nombreuses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas (où les villes du Nord <strong>de</strong> l’Europe sont souvent prises pour modèle)<br />

et par l’addition <strong>de</strong> variables explicatives annexes (offre <strong>de</strong> transports en commun, offre <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong> parking au centre-ville, etc.).<br />

La pertinence <strong>de</strong>s comparaisons internationales est mise en doute, pour <strong>de</strong>s raisons qui<br />

tiennent aux différences dans les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, difficilement contrô<strong>la</strong>bles (Gomez-Ibañez,<br />

1991). De nombreuses étu<strong>de</strong>s portant <strong>sur</strong> le lien <strong>de</strong>nsité-mobilité sont alors effectuées au<br />

niveau intra-urbain. En France, elles utilisent <strong>la</strong> méthodologie du BEED (budget énergieenvironnement<br />

<strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements) développée par l’INRETS et l’ADEME. Le BEED évalue<br />

les coûts environnementaux dûs aux dép<strong>la</strong>cements, qui se composent <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation<br />

énergétique et <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> six polluants (Gallez & Hivert, 1998). Pour les communes<br />

d’Ile-<strong>de</strong>-France, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité humaine nette (somme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités rési<strong>de</strong>ntielle et d’emplois) est<br />

négativement corrélée à <strong>la</strong> consommation énergétique comme aux émissions <strong>de</strong> polluants<br />

(Fouchier, 1997). Dans une étu<strong>de</strong> portant <strong>sur</strong> l’agglomération bor<strong>de</strong><strong>la</strong>ise (données 1990), le<br />

BEED varie du simple au double entre les zones situées aux tranches extrêmes <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité<br />

(Hivert, 1998).<br />

3


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

Cet ensemble <strong>de</strong> résultats trouve sa justification dans le fait que <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités élevées<br />

permettent, toutes choses égales par ailleurs :<br />

• <strong>Une</strong> meilleure accessibilité, c’est-à-dire un plus grand nombre d’opportunités<br />

<strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement à distance donnée, et par conséquent <strong>de</strong> plus faibles distances <strong>de</strong><br />

dép<strong>la</strong>cements (Fouchier, 1997) et un transfert modal facilité (Burton, 2000) ;<br />

• <strong>Une</strong> congestion supérieure du réseau viaire qui, selon <strong>la</strong> réciproque <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

conjecture <strong>de</strong> Mogridge 2 (1980), incite au report modal <strong>de</strong> l’automobile vers les<br />

mo<strong>de</strong>s alternatifs – <strong>sur</strong>tout en présence <strong>de</strong> sites propres, ce qui est généralement le<br />

cas dans les zones les plus <strong>de</strong>nses ;<br />

• <strong>Une</strong> plus gran<strong>de</strong> efficacité <strong>de</strong>s transports en commun. Pour les villes<br />

françaises <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100.000 habitants, P.-H. Emangard (1994) constate une<br />

re<strong>la</strong>tion croissante entre <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité et <strong>de</strong>s variables d’efficacité telles que le<br />

coefficient <strong>de</strong> remplissage, le nombre <strong>de</strong> voyages par habitant <strong>de</strong>sservi par an, le<br />

nombre <strong>de</strong> voyageurs par véhicule-kilomètre et <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité du réseau. J. Kenworthy<br />

et F. Laube (1999) obtiennent une corré<strong>la</strong>tion positive entre <strong>de</strong>nsité et taux <strong>de</strong><br />

couverture <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong>s transports en commun pour 46<br />

gran<strong>de</strong>s villes dans le mon<strong>de</strong> 3 .<br />

Les preuves empiriques <strong>de</strong> l’avantage comparatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville compacte en termes <strong>de</strong><br />

mobilité semblent donc soli<strong>de</strong>ment établies et constitue aujourd’hui, malgré un débat encore<br />

vif (Pouyanne, 2004a), une évi<strong>de</strong>nce assez <strong>la</strong>rgement admise (Cameron et alii, 2003). Parce<br />

que « attendre d’en savoir assez pour agir en pleine lumière, c’est se condamner à l’inaction »<br />

(J. Rostand), ce <strong>de</strong>mi-consensus inspire <strong>de</strong> nombreuses politiques d’aménagement urbain, en<br />

Angleterre (Breheny, 1995), aux Pays-Bas avec <strong>la</strong> fameuse politique « ABC » (Van <strong>de</strong>r Walk,<br />

2002), et aux Etats-Unis où le Nouvel Urbanisme recomman<strong>de</strong> « <strong>de</strong> favoriser le<br />

développement par remplissage [infill <strong>de</strong>velopment] plutôt que l’expansion périphérique »<br />

(C.N.U, 2001, traduction <strong>de</strong> l’auteur).<br />

L’application précoce du modèle <strong>de</strong> ville compacte ne doit pas empêcher <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong><br />

continuer. Derrière le débat <strong>sur</strong> l’interaction entre <strong>de</strong>nsité et usage <strong>de</strong> l’automobile est, plus<br />

généralement, <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> <strong>sur</strong> les pratiques <strong>de</strong> mobilité. On<br />

est donc amené à é<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> problématique, en ne se préoccupant plus seulement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité<br />

mais plus généralement <strong>de</strong>s modalités d’occupation du sol. <strong>Une</strong> analyse à l’échelle intra<strong>urbaine</strong><br />

permet <strong>de</strong> caractériser plus finement l’occupation du sol, par exemple en prenant en<br />

compte <strong>la</strong> mixité fonctionnelle ou <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> centres périphériques. Ainsi <strong>la</strong> question<br />

centrale est <strong>la</strong> suivante : quelles sont les re<strong>la</strong>tions entre l’usage du sol et les pratiques <strong>de</strong><br />

mobilité ?<br />

Sans prétendre y apporter une réponse défintive, cet article tente d’éc<strong>la</strong>rcir <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s<br />

interactions entre usage du sol et mobilité <strong>quotidienne</strong> en milieu urbain. Pour ce<strong>la</strong>, après un<br />

<strong>sur</strong>vol <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature consacrée au lien entre usage du sol et mobilité et un rappel <strong>de</strong>s<br />

principaux résultats avancés (I), nous recenserons certains problèmes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> soulevés par<br />

ce type <strong>de</strong> recherche, ce qui nous amènera à formuler un cadre conceptuel qui nous est propre<br />

(II). Enfin, dans une <strong>de</strong>rnière partie, une métho<strong>de</strong> économétrique visant à pallier ces<br />

2 Qui suppose, à <strong>la</strong> suite d’un investissement <strong>de</strong> capacité dans les infrastructures <strong>de</strong> transport, <strong>la</strong> constance du<br />

niveau <strong>de</strong> congestion à travers le jeu <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivité re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport. Nous utilisons<br />

ici sa réciproque : l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité provoque un accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> congestion, donc une<br />

diminiution <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivité-temps <strong>de</strong> l’automobile, d’où un report vers les mo<strong>de</strong>s alternatifs jusqu’à<br />

obtention d’un nouvel équilibre caractérisé par un usage accru <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s alternatifs suite à l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>nsité <strong>urbaine</strong>.<br />

3 Calculé à partir <strong>de</strong>s coûts d’exploitation et <strong>de</strong>s bénéfices d’exploitation, ce taux n’inclut pas les dépenses en<br />

capital ni le service <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte<br />

4


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

problèmes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> sera appliquée à <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> l’interaction entre usage du sol et<br />

mobilité <strong>quotidienne</strong> dans l’aire <strong>urbaine</strong> <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />

I. LE LIEN USAGE DU SOL ET MOBILITE :<br />

RESULTATS ANTERIEURS DE LA RECHERCHE<br />

L’étu<strong>de</strong> du lien entre l’usage du sol en milieu urbain et les comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

s’est considérablement développée <strong>de</strong>puis les années 1990, <strong>de</strong>venant en 2001 le sujet <strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong> cinquante étu<strong>de</strong>s empiriques (Ewing & Cervero, 2001). La méthodologie utilisée va <strong>de</strong>s<br />

approches agrégées à l’analyse <strong>de</strong> données individuelles (Handy, 1996).<br />

Les variables <strong>de</strong> mobilité à expliquer sont habituellement au nombre <strong>de</strong> quatre (Ewing<br />

& Cervero, 2001) : <strong>la</strong> distance moyenne <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement, <strong>la</strong> mobilité individuelle, le partage<br />

modal et le kilométrage individuel effectué en véhicule particulier, qui est <strong>la</strong> résultante <strong>de</strong>s<br />

trois premières, et est habituellement utilisée comme proxy <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation énergétique<br />

individuelle. La caractérisation <strong>de</strong> l’usage du sol se fait à travers les « 3D » (Cervero &<br />

Kockelman, 1997).<br />

1. Densité<br />

La <strong>de</strong>nsité rési<strong>de</strong>ntielle comme <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité d’emplois ont une forte influence <strong>sur</strong> les<br />

variables <strong>de</strong> mobilité, respectivement à l’origine et à <strong>la</strong> <strong>de</strong>stination du dép<strong>la</strong>cement (Frank &<br />

Pivo, 1994). <strong>Une</strong> typologie <strong>de</strong>s zones est possible : l’habituel découpage en couronnes<br />

(suivant <strong>la</strong> distance au centre <strong>de</strong> l’aire <strong>urbaine</strong>) utilisé par exemple par J.-P. Nico<strong>la</strong>s et alii<br />

(2001) dans leur étu<strong>de</strong> <strong>sur</strong> Lyon peut être affiné à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> <strong>la</strong> localisation re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong>s emplois (Mignot et alii, 2004). Sans <strong>sur</strong>prise, les distances <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement<br />

et <strong>la</strong> part modale <strong>de</strong> <strong>la</strong> voiture augmentent avec <strong>la</strong> distance au centre.<br />

2. Diversité<br />

Les pratiques <strong>de</strong> zonage accroissent les distances <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement en générant <strong>de</strong>s<br />

« effets-tunnels » (OCDE, 1994), alors qu’un usage mixte du sol est censé rapprocher origines<br />

et <strong>de</strong>stinations (Wiel, 2001). La diversité est entendue ici au sens <strong>de</strong> pluralité fonctionnelle<br />

<strong>de</strong>s usages du sol. Et si <strong>la</strong> définition et <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité diffèrent, c’est que les<br />

fonctions à prendre en compte diffèrent suivant les auteurs.<br />

La me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> diversité <strong>la</strong> plus simple est donnée par R. Camagni et alii (2002) pour leur<br />

étu<strong>de</strong> <strong>sur</strong> l’aire métropolitaine <strong>de</strong> Mi<strong>la</strong>n, en Italie. Deux fonctions sont envisagées : habiter et<br />

travailler. La me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> <strong>la</strong> mixité <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s sols passe alors par un simple rapport<br />

emploi/popu<strong>la</strong>tion. Celui-ci influence négativement l’impact écologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité 4 , ce<br />

qui signale pour les auteurs « un impact croissant avec […] le renforcement du caractère<br />

rési<strong>de</strong>ntiel <strong>de</strong>s communes » (p. 126).<br />

Dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e où ils ne relèvent pas forcément <strong>de</strong>s mêmes logiques <strong>de</strong> comportement,<br />

il est d’usage <strong>de</strong> différencier dans l’analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité les dép<strong>la</strong>cements domicile-travail<br />

<strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements liés aux achats ou au loisir. Ainsi peut-on être amené, pour une zone<br />

donnée, à distinguer les emplois « <strong>de</strong> proximité » (du type commerce <strong>de</strong> détail ou service aux<br />

particuliers) <strong>de</strong>s autres emplois. Utilisant le NPTS 5 américain <strong>de</strong> 1995, D. G. Chatman (2003)<br />

calcule par exemple <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>s emplois <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> détail dans le total <strong>de</strong>s emplois<br />

4 Me<strong>sur</strong>é à travers une variable synthétique d’impact <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sur</strong> l’environnement.<br />

5 National Personal Transportation Survey (enquête nationale <strong>sur</strong> les dép<strong>la</strong>cements individuels).<br />

5


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

pour tenter d’expliquer le kilométrage total <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements dûs aux achats, mais ne trouve<br />

pas <strong>de</strong> résultat significatif. M. G. Boarnett et S. Sarmiento (1998) me<strong>sur</strong>ent <strong>la</strong> mixité <strong>de</strong><br />

l’usage du sol par <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité d’emplois <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> détail testée conjointement avec <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>nsité d’emplois <strong>de</strong> services (p. 1160). Ces <strong>de</strong>ux variables ne sont pas significatives pour<br />

expliquer les dép<strong>la</strong>cements qui ne sont pas liés au motif domicile-travail.<br />

Les indices d’entropie (dérivés <strong>de</strong> <strong>la</strong> Deuxième Loi <strong>de</strong> <strong>la</strong> Thermodynamique formulée<br />

par Ludwig Boltzmann), permettent <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>er l’homogénéité d’une distribution statistique<br />

catégorisée. En l’occurrence, les catégories correspon<strong>de</strong>nt aux fonctions ou usages du sol<br />

retenus. Dans une étu<strong>de</strong> portant <strong>sur</strong> Washington, L. D. Frank et G. Pivo (1994) assimilent les<br />

usages du sol aux types d’emploi et calculent un indice entropique à partir <strong>de</strong> sept catégories.<br />

Ils concluent que plus les emplois sont diversifiés au sein d’une zone, plus <strong>la</strong> marche à pied<br />

est utilisée pour les dép<strong>la</strong>cements domicile-travail. Un indice entropique est également utilisé<br />

par R. Cervero et K. Kockelman (1997) à partir <strong>de</strong> l’usage principal alloué à chaque hectare<br />

<strong>de</strong> leur aire d’étu<strong>de</strong>. Il est complété par un original indice <strong>de</strong> dissimi<strong>la</strong>rité qui pour chaque<br />

hectare me<strong>sur</strong>e <strong>la</strong> proportion d’hectares contigus (selon <strong>la</strong> règle <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine) dont l’usage du<br />

sol principal est différent. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité dans <strong>la</strong> Baie <strong>de</strong> San Francisco (données<br />

1990) permet seulement <strong>de</strong> conclure à l’influence positive <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> dissimi<strong>la</strong>rité <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

proportion <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements effectués par covoiturage (avec une é<strong>la</strong>sticité <strong>de</strong> 0,111).<br />

3. Dessin urbain<br />

Les caractéristiques du « <strong>de</strong>ssin urbain 6 » pourraient influer <strong>sur</strong> les comportements <strong>de</strong><br />

mobilité. On entend par <strong>de</strong>ssin urbain <strong>la</strong> <strong>forme</strong> générale du réseau <strong>de</strong> rues et <strong>de</strong>s bâtiments qui<br />

<strong>la</strong> bor<strong>de</strong>nt. Plusieurs arguments contradictoires sont avancés : un réseau en <strong>forme</strong> <strong>de</strong> grille<br />

améliorerait l’accessibilité pé<strong>de</strong>stre en offrant <strong>de</strong>s routes plus directes d’un endroit à l’autre,<br />

mais ce même réseau améliore aussi l’accessibilité automobile, en fournissant <strong>de</strong> multiples<br />

chemins pour un même couple origine-<strong>de</strong>stination, ce qui permet <strong>de</strong> disperser le trafic donc <strong>de</strong><br />

diminuer <strong>la</strong> congestion.<br />

Le type <strong>de</strong> réseau viaire est lié aux pratiques <strong>de</strong> mobilité. A Port<strong>la</strong>nd (Oregon), le<br />

pourcentage <strong>de</strong> culs-<strong>de</strong>-sac, typique <strong>de</strong> l’urbanisation <strong>de</strong> l’après-guerre, influe négativement<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> part modale <strong>de</strong> <strong>la</strong> marche à pied (Rajamani et alii, 2003). <strong>Une</strong> étu<strong>de</strong> portant <strong>sur</strong> un<br />

échantillon <strong>de</strong> ménages urbains californiens à Orange County, Los Angeles et San Diego<br />

montre l’influence positive d’un réseau en grille (à partir d’une variable muette) <strong>sur</strong> l’usage<br />

<strong>de</strong> l’automobile <strong>sur</strong> les dép<strong>la</strong>cements autres que domicile-travail (Boarnett & Crane, 2001). A<br />

Puget Sound (Washington), K. Krizek inclut le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> connectivité <strong>de</strong>s rues dans le calcul<br />

d’un indice d’accessibilité locale (neighboorhood accessibility) 7 , qui influence négativement<br />

<strong>la</strong> variation du kilométrage effectué en VP par véhicule, par habitant, et le nombre total <strong>de</strong><br />

dép<strong>la</strong>cements enchaînés (tours).<br />

Comme dans <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> RERC (1974) <strong>sur</strong> les coûts <strong>de</strong> l’étalement 8 , on peut<br />

s’interroger <strong>sur</strong> l’influence du type du logement <strong>sur</strong> les comportements <strong>de</strong> mobilité. A partir<br />

6 Nous avons préféré traduire littéralement urban <strong>de</strong>sign, qui traduit <strong>la</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> « visible » : à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>ssin<br />

(<strong>de</strong>s rues), hauteru <strong>de</strong>s bâtiments, taille <strong>de</strong>s blocs, conception architecturale <strong>de</strong>s bâtiments, etc. On comprendra<br />

dans <strong>la</strong> suite du paragraphe, à travers <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s variables testées, ce qui est généralement entendu par le terme<br />

urban <strong>de</strong>sign.<br />

7 On notera que cet indice d’accessibilité locale est aussi calculé à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> logements et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

diversité <strong>de</strong>s usages du sols, constituant ainsi un indice synthétique <strong>de</strong>s « 3D ».<br />

8 Qui avait conclu à une corré<strong>la</strong>tion négative entre <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> logements individuels et les coûts<br />

environnementaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité. Notons que D. Windsor (1979) a contesté ces résultats à partir <strong>de</strong>s mêmes<br />

données.<br />

6


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

d’une approche typologique, R. Camagni et alii (2002) constatent une influence négative <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux <strong>forme</strong>s <strong>de</strong> développement urbain (contiguïté/linéaire et complètement/contiguïté) <strong>sur</strong><br />

l’impact environnemental <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité. Aux Pays-Bas, les types <strong>de</strong> quartiers entretiennent<br />

une re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> consommation d’énergie due aux dép<strong>la</strong>cements (Van Diepen & Voogd,<br />

2001). On notera que ce type d’influence est redondant avec celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité.<br />

Les « 3D » permettent <strong>de</strong> caractériser <strong>la</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et, indirectement, l’accessibilité<br />

locale d’une zone donnée (Krizek, 2003). S’il semble pertinent d’expliquer les flux <strong>de</strong><br />

dép<strong>la</strong>cements intra-métropolitains à partir <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> l’usage du sol, il paraît tout<br />

aussi nécessaire <strong>de</strong> rep<strong>la</strong>cer les zones dans le contexte <strong>de</strong> l’espace métropolitain. La présence<br />

<strong>de</strong> « générateurs <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements », notamment les centres périphériques, doit donc être prise<br />

en compte. Ainsi R. Cervero et K.-L. Wu (1998) observent que l’augmentation <strong>de</strong> véhiculekilomètres<br />

<strong>la</strong> plus forte a eu lieu dans les centres périphériques les plus éloignés et les plus<br />

dynamiques. Il semble donc nécessaire d’adjoindre aux variables d’accessibilité locale une<br />

me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> l’accessibilité régionale. Celle-ci se fait généralement par le biais d’un modèle<br />

gravitaire, c’est-à-dire au moyen du nombre d’emplois affectés négativement par<br />

l’exponentielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> distance. C’est le cas par exemple chez K. Krizek (2003), où<br />

l’accessibilité régionale au lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce influe négativement <strong>sur</strong> <strong>la</strong> variation <strong>de</strong>s véhiculekilomètres,<br />

du kilométrage individuel, et du nombre <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements enchaînés ; pour J.<br />

Rajamani et alii (2003), l’indice d’accessibilité détermine positivement le nombre <strong>de</strong><br />

dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong> loisir ; enfin, R. Cervero et K. Kockelman (1997), constatent une corré<strong>la</strong>tion<br />

négative entre le nombre <strong>de</strong> véhicule-kilomètres et l’accessibilité régionale.<br />

On comprendra aisément que l’accessibilité interfère avec <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité, puisque <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité<br />

est censée rapprocher l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>stination (cf. <strong>la</strong> première justification théorique), et que<br />

l’accessibilité pondère le nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinations possibles par <strong>la</strong> distance. De fait, le<br />

problème <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions entre variable constitue une limite importante pour <strong>la</strong> recherche,<br />

<strong>sur</strong>tout à partir du moment où sont prises en considération les caractéristiques sociodémographiques<br />

<strong>de</strong>s individus.<br />

II. PROBLEMES METHODOLOGIQUES LIES A<br />

L’ETUDE DES LIENS ENTRE FORME URBAINE ET<br />

MOBILITE<br />

1. La prise en compte <strong>de</strong>s caractéristiques socio-démographiques<br />

Les caractéristiques socio-démographiques individuelles influencent les comportements<br />

<strong>de</strong> mobilité. Ainsi malgré <strong>la</strong> démocratisation <strong>de</strong> l’automobile dans les pays occi<strong>de</strong>ntaux, le<br />

revenu conserve une influence forte <strong>sur</strong> sa possession comme son usage (Jullien, 2002). Le<br />

niveau d’éducation, l’âge, <strong>la</strong> composition familiale, etc. à travers <strong>la</strong> constitution d’un « style<br />

<strong>de</strong> vie » déterminent également les comportements <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement (Kaufmann et alii, 2001).<br />

Il semble donc nécessaire <strong>de</strong> considérer ces influences et <strong>de</strong> les intégrer dans l’étu<strong>de</strong> du<br />

lien entre <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et mobilité. Habituellement l’influence <strong>de</strong>s variables sociodémographiques<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> mobilité est traitée <strong>de</strong> manière assez simple, suivant le schéma<br />

conceptuel que l’on doit à L. S. Frank et G. Pivo (1994, figure 1) : on suppose une séparation<br />

stricte entre les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> facteurs, ceux liés à <strong>la</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et ceux relevant <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques socio-démographiques. Techniquement, ces <strong>de</strong>rnières sont « contrôlées<br />

statistiquement », c’est-à-dire simplement ajoutées au modèle, souvent en distinguant un<br />

modèle <strong>de</strong> base et un modèle complet (e.g. Boarnett & Crane, 2001 ; Boarnett & Sarmiento,<br />

1998 ; Rajamani et alii, 2003).<br />

7


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

Figure 1. Le cadre conceptuel <strong>de</strong> détermination <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>quotidienne</strong><br />

Source : Frank & Pivo, 1994<br />

Cette métho<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> faire ressortir les facteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité qui ne sont pas liés à<br />

l’usage du sol : le revenu (avec parfois un effet quadratique – Boarnett & Crane, 2001 ;<br />

Rajamani et alii, 2003), <strong>la</strong> taille du ménage (à Puget Sound, l’influence du nombre d’enfants<br />

<strong>sur</strong> le nombre <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements chaînés est significative - Krizek, 2003), le niveau d’éducation<br />

(aux Pays-Bas, <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> diplômés du supérieur est négativement reliée à l’usage <strong>de</strong><br />

l’automobile – Dieleman et alii, 2002), ou encore le genre (on notera avec M. G. Boarnett et<br />

S. Sarmiento (1998) l’influence positive <strong>de</strong> <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> femmes dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> les<br />

dép<strong>la</strong>cements automobiles non professionnels). Cependant cette approche pose un certain<br />

nombre <strong>de</strong> problèmes, aussi bien techniques que méthodologiques.<br />

2. Le problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> multicolinéarité<br />

Au point <strong>de</strong> vue technique, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s portent <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s données en coupe<br />

transversale. Or <strong>sur</strong> ce type <strong>de</strong> données émergent fréquemment <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong><br />

multicolinéarité entre variables. Ainsi <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité recouvre-t-elle plusieurs influences<br />

possibles : « Density has often been used to proxy a <strong>la</strong>rge number of exclu<strong>de</strong>d urban form<br />

mea<strong>sur</strong>es » (Rajamani et alii, 2003). Le problème est ici celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion entre variables<br />

internes à chaque bloc, qui biaise les résultats. En effet en cas <strong>de</strong> multicolinéarité, l’estimateur<br />

<strong>de</strong>s MCO n’est pas efficient (Greene, 1999, 6.7.). Lorsque plusieurs facteurs covarient, les<br />

résultats obtenus sont extrêmement fragiles : selon R. Cervero et K Kockelman (1997, 203),<br />

« it is questionable whether many built environment variables will show up as statistically<br />

significant. This is partly because of the colinearity between factors like neighbourhood<br />

<strong>de</strong>nsities, mixed use levels and pe<strong>de</strong>strian amenities ».<br />

On peut alors s’interroger <strong>sur</strong> <strong>la</strong> pertinence d’utiliser <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité comme facteur explicatif<br />

<strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> mobilité. Comment interpréter son influence lorsqu’elle est<br />

significative ? Quel est le phénomène à l’œuvre dont <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité n’est que l’indicateur ? Ce<br />

dilemme est résumé par R. Ewing et R. Cervero (2001, 100) : « an unresolved issue is<br />

whether the impact of <strong>de</strong>nsity on travel patterns is due to <strong>de</strong>nsity itself or other variables with<br />

which <strong>de</strong>nsity covaries (central location, good transit service, etc.). [S.] Handy puts this issue<br />

this way : ‘many studies focus on <strong>de</strong>nsity, but is it <strong>de</strong>nsity that matters ? No, probably not.<br />

Probably what matters is what goes along with <strong>de</strong>nsity’ ». Il <strong>de</strong>vient alors nécessaire<br />

d’expliquer <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité elle-même pour comprendre « ce qui accompagne <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité » : « the<br />

exp<strong>la</strong>nation for <strong>de</strong>nsity is itself an important yet often neglected part of the story » (Boarnett<br />

& Crane, 2001, 285).<br />

Formellement, le problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion entre variables internes à chaque bloc peut<br />

être réglé par le test <strong>de</strong> plusieurs modèles explicatifs différents, construits <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

8


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

significativité du coefficient <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Pearson. Cette technique ne résoud pas<br />

cependant le problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> causalité.<br />

3. Le problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> causalité<br />

Au point <strong>de</strong> vue méthodologique, le problème posé est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> causalité. Il semble<br />

en effet difficile d’isoler c<strong>la</strong>irement les déterminants <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> mobilité, dans <strong>la</strong><br />

me<strong>sur</strong>e où l’on est en droit <strong>de</strong> supposer que les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité ne sont<br />

pas séparés distinctement, mais en interaction réciproque. L’existence d’un troisième lien<br />

entre <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et caractéristiques socio-économiques et démographiques, qui viendrait<br />

compléter le schéma <strong>de</strong> L. S. Frank et G. Pivo, n’est pas improbable. D’après R. Dunphy et K.<br />

Fischer, « the patterns [of higher levels of transit use and lower automobile travel in higher<br />

<strong>de</strong>nsity communities] is not as clear cut because of the intervening re<strong>la</strong>tionship between<br />

<strong>de</strong>nsity and the <strong>de</strong>mographic characteristics of certain households » (cité in Boarnett &<br />

Crane, 2001, 824-825).<br />

On est cette fois confronté à un problème <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions entre variables <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux blocs<br />

<strong>de</strong> variables expliquées. Il paraît pertinent <strong>de</strong> considérer que les comportements <strong>de</strong> mobilité,<br />

l’usage du sol et les caractéristiques individuelles interagissent entre elles. Dans ce cadre, on<br />

est confronté à une indétermination logique et les techniques quantitatives habituellement<br />

utilisées ne permettent pas <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s liens causaux c<strong>la</strong>irs et univoques (Pouyanne,<br />

2004b). Les étu<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> le lien entre <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et comportements <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement « reveal<br />

corre<strong>la</strong>tions between the built environment and travel behaviour but do not prove causality »<br />

(Handy, 2002, 15).<br />

Fréquemment, le problème <strong>de</strong>s interactions entre variables socio-démographiques et<br />

variables <strong>de</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> n’est qu’évoqué. Or, il est essentiel pour as<strong>sur</strong>er <strong>la</strong> robustesse <strong>de</strong>s<br />

interprétations avancées. Le « saut » d’une corré<strong>la</strong>tion constatée empiriquement à une<br />

interprétation <strong>de</strong> nature causale doit être effectué avec toutes les précautions possibles. Il est<br />

notamment nécessaire <strong>de</strong> vérifier qu’il n’existe pas d’autre interprétation possible, qui<br />

passerait par un tiers facteur s’interposant entre les <strong>de</strong>ux termes <strong>de</strong> <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion constatée.<br />

C’est pourquoi <strong>la</strong> possibilité d’un lien entre <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et caractéristiques sociodémographiques<br />

est si important dans <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité.<br />

Ce lien peut prendre <strong>la</strong> <strong>forme</strong> d’une causalité directe ou indirecte, que nous expliciterons<br />

en les illustrant par un exemple tiré <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong> mobilité dans l’aire<br />

<strong>urbaine</strong> <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, et qui justifient l’adoption d’un cadre conceptuel alternatif,<br />

« l’interaction triangu<strong>la</strong>ire ».<br />

3.1. La causalité directe entre caractéristiques socio-démographiques et <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong><br />

La démonstration <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> causalité appelle une illustration empirique. Les<br />

données utilisées dans cet article sont issues <strong>de</strong> l’enquête-ménages-dép<strong>la</strong>cements (E.M.D),<br />

menée en 1998 par <strong>la</strong> Direction Régionale Aquitaine <strong>de</strong> l’INSEE. Cette enquête a concerné<br />

les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong>s 801.309 habitants <strong>de</strong> l’aire <strong>urbaine</strong> <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, à travers<br />

un échantillon <strong>de</strong> 4329 ménages. L’aire d’enquête a été divisée en 66 zones <strong>de</strong> différentes<br />

tailles, pour lesquelles aux données <strong>de</strong> mobilité on a adjoint <strong>de</strong>s données sociodémographiques<br />

et d’usage du sol.<br />

9


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

Les caractéristiques individuelles peuvent être à l’origine directe <strong>de</strong> <strong>la</strong> localisation dans<br />

une <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> spécifique. Il ne s’agit pas <strong>de</strong> remettre en cause <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion entre<br />

caractéristiques individuelles et mobilité, que l’analyse <strong>de</strong>s données rend irréfutable, mais<br />

plutôt <strong>de</strong> proposer une interprétation causale alternative, qui postule <strong>la</strong> localisation dans une<br />

<strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> particulière comme « médiation causale » entre caractéristiques individuelles<br />

et comportement <strong>de</strong> mobilité. La figure 2 exprime <strong>la</strong> possibilité d’une corré<strong>la</strong>tion constatée<br />

(ou apparente) justifiée par d’autres liens causaux.<br />

Figure 2. La causalité directe entre les caractéristiques socio-démographiques et <strong>la</strong> <strong>forme</strong><br />

<strong>urbaine</strong><br />

La possibilité d’un lien causal direct entre caractéristiques sociodémographiques et<br />

<strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> s’énonce ainsi : (1) les caractéristiques <strong>de</strong>s agents déterminent leur localisation<br />

dans une <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> particulière. Par suite, (2) cette localisation détermine leur<br />

comportement <strong>de</strong> mobilité, par <strong>la</strong> vertu d’un lien postulé entre <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et mobilité.<br />

Ainsi une corré<strong>la</strong>tion constatée entre caractéristiques individuelles et mobilité se révèleraitelle<br />

en fait être un lien causal que l’on peut dédoubler en (1) influence <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

individuelles <strong>sur</strong> <strong>la</strong> localisation dans une <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> spécifique, et (2) influence <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

localisation dans une <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> spécifique <strong>sur</strong> les comportements <strong>de</strong> mobilité.<br />

La corré<strong>la</strong>tion entre composition familiale et mobilité paraît tout à fait caractéristique <strong>de</strong><br />

ce phénomène. Plusieurs étu<strong>de</strong>s soulignent en effet l’influence du nombre d’enfants <strong>sur</strong> le<br />

partage modal (Rajamani et alii, 2003), <strong>de</strong> l’âge moyen <strong>sur</strong> <strong>la</strong> consommation d’énergie due<br />

aux transports (van Diepen & Voogd, 2001), du nombre d’actifs dans le ménage <strong>sur</strong> le partage<br />

modal (Dieleman et alii, 2002), etc. La position dans le cycle <strong>de</strong> vie influence les<br />

comportements <strong>de</strong> mobilité, et le lien causal constaté <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 2 paraît soli<strong>de</strong>ment fondé :<br />

l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du ménage s’accompagne d’un accroissement <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong><br />

mobilité du ménage, notamment du nombre <strong>de</strong> pérégrinations, et incite à l’équipement<br />

automobile, ce mo<strong>de</strong> étant particulièrement adapté aux dép<strong>la</strong>cements multi-objectifs.<br />

La taille du ménage est ainsi une importante variable explicative <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité. Dans le<br />

cas <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, il est donc normal <strong>de</strong> constater une influence positive <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du ménage<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> mobilité et <strong>la</strong> motorisation du ménage, ainsi que <strong>sur</strong> les distances moyennes <strong>de</strong><br />

dép<strong>la</strong>cement, et négative <strong>sur</strong> <strong>la</strong> part modale <strong>de</strong> <strong>la</strong> marche à pied et <strong>de</strong>s transports en commun.<br />

Néanmoins, on pourra trouver plus suprenant <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion positive entre taille du ménage et<br />

kilométrage par habitant pour les dép<strong>la</strong>cements domicile-travail ou taille du ménage et<br />

motorisation individuelle (Pouyanne, 2004b).<br />

Il ne s’agit donc pas <strong>de</strong> nier le lien entre taille du ménage et mobilité, mais plutôt <strong>de</strong> le<br />

resituer dans un contexte qui est l’espace métropolitain. Ainsi au lieu d’une influence directe<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> composition familiale <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mobilité, on peut adopter l’hypothèse suivante : <strong>la</strong><br />

10


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

composition familiale détermine un type <strong>de</strong> localisation, qui par suite influe <strong>sur</strong> les<br />

comportements <strong>de</strong> mobilité.<br />

On constate en effet une forte représentation <strong>de</strong>s ménages <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille dans les<br />

parties périphériques et peu <strong>de</strong>nses <strong>de</strong> l’agglomération. Inversement, <strong>la</strong> taille du ménage est<br />

nettement plus faible dans les parties centrales et <strong>de</strong>nses. Il est donc p<strong>la</strong>usible <strong>de</strong> supposer <strong>la</strong><br />

prégnance d’un « effet localisation » <strong>sur</strong> les comportements <strong>de</strong> mobilité <strong>de</strong>s ménages. La<br />

figure 3 montre bien <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion positive entre taille du ménage et motorisation<br />

individuelle, et comment <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité humaine 9 interfère dans ce lien en tant que tiers facteur.<br />

Figure 3. Motorisation individuelle et taille du ménage (<strong>la</strong> <strong>sur</strong>face <strong>de</strong>s bulles est<br />

proportionnelle à <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité humaine)<br />

Motorisation individuelle<br />

0,9<br />

0,8<br />

0,7<br />

0,6<br />

0,5<br />

0,4<br />

0,3<br />

0,2<br />

1,2 1,7 2,2 2,7 3,2<br />

Taille du ménage<br />

Source : EMD Bor<strong>de</strong>aux, 1998 (I.N.S.E.E, DR Aquitaine), traitement <strong>de</strong> l’auteur<br />

Nous voyons à cet « effet localisation » <strong>de</strong>ux interprétations causales possibles, qui ne<br />

sont pas exclusives l’une <strong>de</strong> l’autre :<br />

• <strong>Une</strong> interprétation en termes d’aménités :<br />

On peut supposer un phénomène <strong>de</strong> « fuite du centre » lorsque <strong>la</strong> taille du ménage<br />

s’accroît, dans le but <strong>de</strong> protéger ses enfants <strong>de</strong>s externalités négatives du centre – pollution<br />

ou insécurité – et au contraire <strong>de</strong> leur faire profiter <strong>de</strong>s aménités positives <strong>de</strong> <strong>la</strong> périphérie –<br />

par exemple <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nature. Plus généralement, l’avancée dans le cycle <strong>de</strong> vie<br />

correspond à <strong>la</strong> possibilité d’émigrer du centre vers <strong>la</strong> périphérie 10 .<br />

• <strong>Une</strong> interprétation en termes <strong>de</strong> disponibilité foncière :<br />

L’abondance <strong>de</strong> logements <strong>de</strong> petite taille dans les parties centrales <strong>de</strong> l’agglomération<br />

est un phénomène assez <strong>la</strong>rgement documenté. R.F. Muth (1969) l’explique par une<br />

dissociation entre le gradient <strong>de</strong> rente et le gradient <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité 11 : alors que <strong>la</strong> rente augmente<br />

continûment et à <strong>de</strong>s taux souvent élevés, l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité qui doit en résulter est<br />

9 Somme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités rési<strong>de</strong>ntielles et d’emploi, qui me<strong>sur</strong>e l’intensité <strong>de</strong> l’occupation du sol par les activités<br />

humaines.<br />

10 Ce qui suppose <strong>de</strong> poser une structure <strong>de</strong> préférences particulière, qui valorise l’habitat périphérique. Si cette<br />

hypothèse est habituellement posée pour expliquer <strong>la</strong> suburbanisation aux Etats-Unis (e.g. Mills & Lubuele,<br />

1997), elle est sujette à débat ici en Europe où <strong>la</strong> préférence pour le centre est plus répandue (Camagni, 1996, pp.<br />

164-166 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong>s théorèmes <strong>de</strong> Wheaton).<br />

11 Rappelons l’équivalence théorique entre variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> rente et variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité. La démonstration<br />

repose <strong>sur</strong> <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion d’une fonction <strong>de</strong> production <strong>de</strong> logements (Muth, 1969, chap. 5).<br />

11


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

entravée par <strong>la</strong> durabilité du bâti. Dans les centres-ville, <strong>sur</strong>tout ceux <strong>de</strong>s villes européennes,<br />

les bâtiments sont souvent protégés <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction pour <strong>de</strong>s raisons esthétiques et<br />

historiques. A Paris par exemple, <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s bâtiments ne peut légalement excé<strong>de</strong>r celle<br />

<strong>de</strong>s constructions haussmaniennes, qui datent <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième moitié du XIX° siècle.<br />

Si <strong>la</strong> pression <strong>de</strong> <strong>la</strong> rente ne peut s’atténuer par <strong>la</strong> verticalité, elle se traduira par une<br />

réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s logements afin d’en augmenter le nombre. Pour R. F. Muth,<br />

« durability affects primarily exteriors of the buildings » (1969, 97) : <strong>la</strong> seule possiblité pour<br />

faire correspondre gradients <strong>de</strong> rente et <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité est l’aménagement intérieur <strong>de</strong>s bâtiments.<br />

On comprend donc que, pour une raison <strong>de</strong> disponibilité foncière, l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille<br />

du ménage incite à fuir le centre et à adopter une localisation périphérique, où l’abondance <strong>de</strong><br />

maisons individuelles est tout à fait adaptée à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

On peut donc dans une certaine me<strong>sur</strong>e s’affranchir <strong>de</strong> l’habituel raisonnement <strong>sur</strong> les<br />

arbitrages individuels, qui suppose parfois <strong>de</strong>s hypothèses fortes, pour relier simplement <strong>la</strong><br />

taille du ménage et sa localisation à <strong>la</strong> structure du parc <strong>de</strong> logements. Cette interprétation est<br />

confirmée lorsque l’on remp<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité humaine par <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face moyenne <strong>de</strong>s logements (en<br />

m 2 ). On constate à nouveau une interaction entre les trois variables (figure 4).<br />

Figure 4. Le lien entre taille du ménage et motorisation individuelle (<strong>la</strong> <strong>sur</strong>face <strong>de</strong>s bulles est<br />

proportionnelle à <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face moyenne du logement)<br />

1<br />

Motorisation individuelle<br />

0,9<br />

0,8<br />

0,7<br />

0,6<br />

0,5<br />

0,4<br />

0,3<br />

1,4 1,9 2,4 2,9 3,4<br />

Taille du ménage<br />

Source : EMD Bor<strong>de</strong>aux, 1998 (I.N.S.E.E, DR Aquitaine), traitement <strong>de</strong> l’auteur<br />

Ainsi <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion entre taille du ménage et mobilité n’est pas frocément un lien causal<br />

direct, comme postulé habituellement, mais peut également dériver <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong><br />

localisation, périphérique pour les ménages <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille et centrale pour les ménages <strong>de</strong><br />

petite taille, qui dérivent elles-même <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> logement. On est ainsi<br />

confronté à une indétermination logique, c’est-à-dire à l’impossibilité <strong>de</strong> séparer <strong>la</strong> cause <strong>de</strong><br />

l’effet. On ne peut trancher entre le lien causal « apparent » et le lien causal « caché » (cf.<br />

figure 2). On est obligé <strong>de</strong> simplement noter l’interaction réciproque entre ces trois variables<br />

contre <strong>la</strong>quelle, sans analyse approfondie, vient se briser toute tentative d’explication causale.<br />

Si l’exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion entre taille du ménage et mobilité peut révéler une<br />

causalité directe entre caractéristiques socio-démographiques et <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong>, cette causalité<br />

peut également être indirecte.<br />

12


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

3.2. La causalité indirecte entre caractéristiques socio-démographiques et <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong><br />

Nous nous réferrerons pour illustrer ce lien causal à <strong>la</strong> notion d’autosélection (selfselection).<br />

Celle-ci « questions the direction of the causal re<strong>la</strong>tionship between urban form<br />

and travel » (Krizek, 2003, 268). Le lien <strong>de</strong> causalité entre usage du sol et mobilité<br />

habituellement postulé dans <strong>la</strong> littérature est renversé : ce ne sont pas tant les caractéristiques<br />

<strong>de</strong> l’environnement bâti qui déterminent les comportements <strong>de</strong> mobilité, mais plutôt les<br />

préférences <strong>de</strong>s agents en termes <strong>de</strong> mobilité qui déterminent leur localisation au sein d’un<br />

environnement particulier. Les individus préférant <strong>la</strong> marche ou les transports en commun à <strong>la</strong><br />

voiture particulière choisiront une localisation dans un environnement adapté à cette<br />

prédilection, c’est-à-dire <strong>de</strong>nse et mixte, où davantage <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinations à distance donnée sont<br />

disponibles, et où <strong>la</strong> <strong>de</strong>sserte en transports en commun est plus importante. Ce sont donc bien<br />

les préférences en termes <strong>de</strong> mobilité qui déterminent <strong>la</strong> localisation, et non l’inverse. On peut<br />

généraliser le concept d’autosélection dans <strong>de</strong>ux directions.<br />

• Sur le critère <strong>de</strong> localisation :<br />

On peut supposer que ce n’est pas tant <strong>la</strong> préférence pour un mo<strong>de</strong> particulier qui<br />

détermine <strong>la</strong> localisation, mais tout simplement <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> disposer d’un choix modal.<br />

La corré<strong>la</strong>tion entre <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et mobilité est en effet interprétée en termes <strong>de</strong><br />

« dépendance automobile » : dans les zones périphériques <strong>de</strong> faible <strong>de</strong>nsité, <strong>la</strong> marche à pied<br />

est quasiment impossible et <strong>la</strong> <strong>de</strong>sserte en transports en commun insuffisante, voire<br />

inexistante. L’usage <strong>de</strong> l’automobile y est nécessaire. On peut donc supposer que c’est <strong>la</strong><br />

possibilité d’avoir le choix entre plusieurs mo<strong>de</strong>s (même si ce choix se porte parfois <strong>sur</strong><br />

l’automobile) qui influence <strong>la</strong> localisation <strong>de</strong>s individus : dans ce cas ce n’est pas tant tel ou<br />

tel mo<strong>de</strong> qui est préféré, mais le choix modal lui-même.<br />

• Sur le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong>s individus :<br />

L’autosélection suppose que <strong>la</strong> localisation <strong>de</strong>s individus dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong>de</strong> leurs<br />

préférences, c’est-à-dire qu’elle résulte d’un arbitrage entre avantages et inconvénients (en<br />

termes <strong>de</strong> choix modal) pour chaque localisation, étant données certaines contraintes,<br />

notamment <strong>de</strong> revenu. Il peut arriver cependant que les contraintes soient telles que l’arbitrage<br />

n’est plus possible. La localisation est alors presque intégralement contrainte. Les popu<strong>la</strong>tions<br />

n’ayant pas accès à l’automobile, que ce soit pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> revenu, d’âge, <strong>de</strong> handicap<br />

« ne peuvent vivre dans <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> faible <strong>de</strong>nsité, caractérisés par l’absence ou<br />

l’éloignement <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> base. Elles se retrouvent donc, par une sorte « d’effet<br />

grégaire », concentrés dans <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> plus forte <strong>de</strong>nsité dans lesquels l’automobile n’est<br />

pas indispensable » (Dupuy, 2002, 150). Cet effet grégaire constitue bien une contrainte <strong>de</strong><br />

localisation, puisqu’elle oblige les individus n’ayant pas accès à l’automobile à se concentrer<br />

dans <strong>de</strong>s espaces où « <strong>la</strong> vie [n’est possible] que sous condition d’une <strong>de</strong>nsité minimale »<br />

(ibid., 149).<br />

Le concept d’autosélection inverse le lien causal entre mobilité et <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong>. La<br />

double généralisation que nous avons opérée peut se résumer <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière suivante : (1) ce<br />

n’est pas tant <strong>la</strong> préférence pour un mo<strong>de</strong> particulier qui détermine <strong>la</strong> localisation dans une<br />

<strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> particulière, que <strong>la</strong> préférence pour le choix modal et <strong>la</strong> volonté d’échapper à <strong>la</strong><br />

dépendance automobile ; (2) <strong>la</strong> préférence peut s’effacer <strong>de</strong>rrière <strong>la</strong> contrainte pour les<br />

popu<strong>la</strong>tions qui n’ont pas accès à l’automobile. Dans ce cas, ce sont donc bien les<br />

caractéristiques socio-démographiques (revenu, âge, etc.) qui, par un effet direct <strong>sur</strong><br />

l’équipement automobile, déterminent indirectement <strong>la</strong> localisation dans une <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong><br />

spécifique (figure 5).<br />

13


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

Figure 5. La causalité indirecte entre les caractéristiques socio-démographiques et <strong>la</strong> <strong>forme</strong><br />

<strong>urbaine</strong><br />

Il est possible d’illustrer cet argument par le cas <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux. Les popu<strong>la</strong>tions<br />

susceptibles d’être « captives » <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport alternatifs à <strong>la</strong> voiture s’inscrivent en<br />

négatif par rapport aux actifs occupés : les chômeurs et les étudiants, pour <strong>de</strong>s raisons<br />

pécuniaires ou d’accès au permis <strong>de</strong> conduire ; les retraités, pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> handicap 12 .<br />

Nous avons donc construit un indicateur simple qui me<strong>sur</strong>e <strong>la</strong> proportion d’individus<br />

susceptibles d’être captifs <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s alternatifs, calculé simplement comme <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong><br />

chômeurs, <strong>de</strong> retraités et d’étudiants dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion totale. La figure 6 montre une<br />

corré<strong>la</strong>tion positive entre ce taux et <strong>la</strong> motorisation individuelle et une corré<strong>la</strong>tion négative<br />

entre ce taux et <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité humaine. En complétant par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion positive entre <strong>de</strong>nsité<br />

humaine et motorisation individuelle, on se trouve à nouveau confronté à une interaction<br />

triangu<strong>la</strong>ire entre ces trois variables, qui empêche <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s liens causaux<br />

univoques.<br />

Figure 6. Le lien entre popu<strong>la</strong>tion susceptible d'être captive <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s alternatifs et<br />

motorisation individuelles (<strong>la</strong> <strong>sur</strong>face <strong>de</strong>s bulles est proportionnelle à <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité humaine)<br />

Motorisation individuelle<br />

0,9<br />

0,8<br />

0,7<br />

0,6<br />

0,5<br />

0,4<br />

0,3<br />

0,2<br />

0,15 0,25 0,35 0,45 0,55 0,65<br />

Proportion <strong>de</strong> chômeurs, <strong>de</strong> retraités et d'étudiants dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion totale<br />

Source : EMD Bor<strong>de</strong>aux, 1998 (I.N.S.E.E, DR Aquitaine), traitement <strong>de</strong> l’auteur<br />

Les <strong>de</strong>ux effets détaillés ci-<strong>de</strong>ssus décrivent <strong>la</strong> possibilité d’existence d’un lien unissant<br />

les caractéristiques socio-démographiques <strong>de</strong>s individus et leur localisation dans une <strong>forme</strong><br />

<strong>urbaine</strong> particulière. Nous nous sommes p<strong>la</strong>cés dans le cadre conceptuel formulé par L. D.<br />

12 Les mineurs ont été exclus, car <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> covoiturage familial risque <strong>de</strong> masquer le phénomène observé,<br />

<strong>sur</strong>tout étant données les observations supra <strong>sur</strong> <strong>la</strong> tendance <strong>de</strong>s ménages <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille à se localiser dans les<br />

zones où <strong>la</strong> dépendance automobile est forte.<br />

14


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

Frank et G. Pivo (1994) et adopté par beaucoup d’autres à leur suite, qui sépare très<br />

distinctement, parmi les facteurs influant <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>quotidienne</strong>, ceux ayant trait à <strong>la</strong><br />

<strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et ceux liés aux caractéristiques socio-démographiques. Nous avons montré<br />

qu’il était possible <strong>de</strong> compléter ce schéma par un lien entre ces <strong>de</strong>ux facteurs jusqu’ici<br />

séparés. Cette re<strong>la</strong>tion, observée empiriquement dans le cas <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, peut se justifier<br />

théoriquement par un lien causal, qu’il soit direct ou indirect. Le cadre conceptuel que nous<br />

souhaitons adopter pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s liens entre <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

décrit donc <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions complexes, une « interaction triangu<strong>la</strong>ire » généralisée entre les trois<br />

grands blocs <strong>de</strong> variables (figure 7).<br />

Figure 7. « L'interaction triangu<strong>la</strong>ire »<br />

On notera non seulement l’apparition d’un troisième lien, mais aussi <strong>la</strong> généralisation <strong>de</strong><br />

l’usage <strong>de</strong>s doubles flèches. Celles-ci reflètent notre incertitu<strong>de</strong> <strong>sur</strong> le sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> causalité.<br />

Ainsi les trois blocs <strong>de</strong> variables sont en interaction réciproque. Ce schéma exprime une<br />

causalité circu<strong>la</strong>ire généralisée, c’est-à-dire <strong>de</strong>s interactions complexes entre <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques individuelles, <strong>de</strong>s caractéristiques d’environnement, et ce que l’on cherche à<br />

expliquer, <strong>de</strong>s comportements. Nous avons montré qu’il était impossible <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s<br />

re<strong>la</strong>tions causales simples, c’est pourquoi <strong>la</strong> <strong>forme</strong> adoptée est celle d’un circuit, pour lequel<br />

par définition n’existe pas <strong>de</strong> théorie causale (Mouchot, 2003, p. 172).<br />

Paradoxalement, l’adoption <strong>de</strong> ce schéma complexe est rendu indispensable par<br />

l’avancée <strong>de</strong>s recherches <strong>sur</strong> le lien entre <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et mobilité, qui ont finalement<br />

davantage soulevé <strong>de</strong> questions qu’apporté <strong>de</strong>s résultats : « although the connections between<br />

transportation and <strong>la</strong>nd use seem both obvious and simple, our appreciation of these<br />

connections increases as the research on these connections progresses : the more we know,<br />

the less we seem to know » (Handy, 2002, 3).<br />

On comprendra que l’adoption <strong>de</strong> « l’interaction triangu<strong>la</strong>ire » comme cadre conceptuel,<br />

s’il est imposé par l’honnêteté intellectuelle, complique sévèrement <strong>la</strong> tâche du chercheur. Il<br />

n’est possible d’extraire d’une étu<strong>de</strong> empirique que <strong>de</strong> simples corré<strong>la</strong>tions entre variables. La<br />

détermination <strong>de</strong> liens causaux univoques <strong>de</strong>vient extrêmement difficile dans un système où<br />

tout est en interaction réciproque. <strong>Une</strong> solution intéressante serait <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> « maîtriser » un<br />

ensemble <strong>de</strong> facteurs afin <strong>de</strong> trans<strong>forme</strong>r une re<strong>la</strong>tion tripartite en simple re<strong>la</strong>tion binaire.<br />

L’objectif est le « contrôle statistique » : « Since complete statistical control is never fully<br />

introduced, any re<strong>la</strong>tionships that are uncovered are necesarily associative rather than<br />

causal. » (Cervero & Kockelman, 1997, 201)<br />

La question est <strong>de</strong> savoir si les techniques quantitatives sont susceptibles <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s<br />

outils adaptés au problème. La solution rési<strong>de</strong> alors dans <strong>la</strong> construction d’une métho<strong>de</strong><br />

permettant <strong>de</strong> contrôler l’influence d’un ensemble <strong>de</strong> facteurs afin d’isoler dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e du<br />

possible l’influence <strong>de</strong> l’autre ensemble <strong>de</strong> facteurs. La section suivante résume <strong>la</strong> métho<strong>de</strong><br />

employée et donne quelques résultats pour l’aire <strong>urbaine</strong> <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux (France).<br />

15


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

III. ANALYSE DES FACTEURS DE LA MOBILITE<br />

QUOTIDIENNE DANS L’AGGLOMERATION<br />

BORDELAISE<br />

1. Méthodologie : <strong>la</strong> technique <strong>de</strong>s régressions typologiques<br />

Le contrôle statistique d’un ensemble <strong>de</strong> facteurs pouvant interférer avec l’autre<br />

ensemble <strong>de</strong> facteurs a été réalisé à partir d’une approche typologique qui a servi <strong>de</strong> base pour<br />

effectuer <strong>de</strong>s régressions contraintes. C’est <strong>la</strong> technique <strong>de</strong>s « régressions typologiques ».<br />

L’approche typologique permet <strong>de</strong> constituer, dans une popu<strong>la</strong>tion donnée, <strong>de</strong>s sousgroupes<br />

que l’on considère homogènes du point <strong>de</strong> vue du critère adopté pour effectuer <strong>la</strong><br />

typologie. On suppose ainsi pouvoir « contrôler » un type <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité<br />

<strong>quotidienne</strong>, et analyser l’influence <strong>de</strong> l’autre type <strong>de</strong> facteurs. Ce<strong>la</strong> revient à « mettre entre<br />

parenthèses » un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux blocs explicatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion triangu<strong>la</strong>ire, qui <strong>de</strong>vient une simple<br />

re<strong>la</strong>tion binaire, par conséquent beaucoup plus facile à tester.<br />

Ici, c’est le critère <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité que l’on a choisi <strong>de</strong> contrôler. Nous avons souligné à<br />

quel point cet indicateur synthétique, sans véritable signification théorique autre que<br />

l’intensité <strong>de</strong> l’occupation <strong>de</strong> l’espace par l’homme et ses activités et dont l’interprétation<br />

pose tant problème (Bailly et alii, 1992), faisait débat. La puissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité pour<br />

expliquer les comportements <strong>de</strong> mobilité est telle qu’elle <strong>la</strong>isse insatisfait et incite à<br />

comprendre quelles sont les influences cachées par celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité.<br />

On a donc divisé <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion étudiée (les 66 zones <strong>de</strong> l’enquête-ménages <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux)<br />

en trois sous-échantillons homogènes du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité : fortes, moyennes et<br />

faibles <strong>de</strong>nsités (cf. annexe cartographique). Comme il n’y avait qu’un critère, <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

c<strong>la</strong>ssification adoptée a été celle du tri ordonné <strong>de</strong>s observations. La présence <strong>de</strong> seuils<br />

éventuels a pu être décelée « visuellement » grâce à <strong>la</strong> représentation graphique d’une<br />

fonction <strong>de</strong> log-<strong>de</strong>nsité cumulée. Etant donné le faible nombre d’observations, il a semblé<br />

préférable <strong>de</strong> constituer <strong>de</strong>s sous-échantillons <strong>de</strong> taille à peu près égale plutôt que d’utiliser<br />

une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification automatique. La limite que nous nous sommes fixé à <strong>la</strong> taille<br />

<strong>de</strong>s sous-échantillons est 66/3 = 22 ( + / - 10%). Ainsi <strong>la</strong> partition est-elle exogène, mais <strong>la</strong> taille<br />

<strong>de</strong>s sous-groupes est suffisante pour que les résultats soient significatifs.<br />

La technique économétrique utilisée est celle <strong>de</strong>s régressions contraintes. L’objectif <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> recherche est <strong>de</strong> savoir si l’effet <strong>de</strong>s variables explicatives est différencié ou non selon le<br />

sous-groupe. On va donc d’abord effectuer <strong>la</strong> même régression pour chacun <strong>de</strong>s sous-groupes,<br />

puis contraindre les coefficients <strong>de</strong> régression à être égaux entre eux. On testera ensuite <strong>la</strong><br />

significativité <strong>de</strong> ces contraintes (ou restrictions) linéaires. On dispose ainsi d’un modèle dit<br />

« contraint » (MC, où les coefficients <strong>de</strong> chaque variable explicative sont les mêmes quel que<br />

soit le sous-groupe) et d’un modèle dit « non contraint » (MNC, où tous les coefficients sont<br />

théoriquement différents).<br />

MNC :<br />

y<br />

i<br />

K<br />

3<br />

= ∑∑<br />

k= 1 h=<br />

1<br />

i = 1,...,66<br />

α . z<br />

h,<br />

k<br />

i,<br />

h,<br />

k<br />

+ ε<br />

i<br />

16


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

MC :<br />

y<br />

i<br />

3<br />

= ∑∑α<br />

h,<br />

k<br />

. zi,<br />

h,<br />

k<br />

+ ∑∑α<br />

k<br />

. zi<br />

k≠ l h= 1<br />

k= l h=<br />

1<br />

i = 1,...,66<br />

où y<br />

i<br />

est <strong>la</strong> variable expliquée, α<br />

h, k<br />

un vecteur <strong>de</strong> coefficients indicés par h, <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>nsité, z<br />

i , h , k<br />

<strong>la</strong> matrice <strong>de</strong>s k variables explicatives. Les ε i sont les termes d’erreur, que l’on<br />

2<br />

suppose i<strong>de</strong>ntiquement distribués, d’espérance nulle et <strong>de</strong> variance σ . Ici, les contraintes<br />

linéaires imposées au modèle portent <strong>sur</strong> les variables explicatives indicées en l : on voit que<br />

le coefficient <strong>de</strong> régression est le même quelle que soit <strong>la</strong> catégorie h.<br />

L’intérêt est que l’on peut tester ensuite <strong>la</strong> significativité <strong>de</strong> ces contraintes, et ainsi<br />

effectuer un choix entre les différents modèles. L’hypothèse testée est l’égalité <strong>de</strong>s<br />

coefficients <strong>de</strong> régression pour un certain nombre <strong>de</strong> variables explicatives données :<br />

H 0 : α<br />

h, k<br />

= α<br />

k<br />

soit pour tout k, soit pour certaines valeurs <strong>de</strong> k<br />

ce qui correspond à un certain nombre <strong>de</strong> contraintes linéaires imposées au modèle. Nous<br />

avons en effet choisi <strong>de</strong> tester les contraintes d’égalité <strong>de</strong>s coefficients variable par variable<br />

(et non modèle par modèle), car il se peut qu’au sein d’un modèle certaines variables aient un<br />

effet différencié et d’autres un effet i<strong>de</strong>ntique selon le sous-groupe.<br />

La statistique G du test suit une loi <strong>de</strong> Fischer-Snédécor et s’apparente à celle utilisée<br />

dans les tests <strong>de</strong> stabilité structurelle (dits « <strong>de</strong> Chow »). La différence est qu’ici on cherche à<br />

savoir s’il y a stabilité dans l’espace (c’est-à-dire pour chacun <strong>de</strong>s trois sous-échantillons) et<br />

non dans le temps. La statistique, dont <strong>la</strong> formule est :<br />

( b)<br />

G a<br />

⎡<br />

⎢<br />

⎢⎣<br />

66<br />

66<br />

∑ ( ε<br />

i,<br />

MC<br />

) − ∑ ( ε<br />

i,<br />

MNC<br />

)<br />

i=<br />

1<br />

i=<br />

1<br />

, =<br />

2<br />

66<br />

∑ ( ε<br />

i,<br />

MNC<br />

)<br />

i=<br />

1<br />

2<br />

b<br />

3<br />

2<br />

⎤<br />

⎥<br />

⎥⎦<br />

a<br />

, h,<br />

k<br />

+ ε<br />

→ F(<br />

a,<br />

b)<br />

où ε<br />

i, MC<br />

sont les résidus du modèle contraint, ε<br />

i, MNC<br />

sont les résidus du modèle non contraint<br />

(on pose les hypothèses habituelles <strong>sur</strong> ces résidus, i.e ils sont i<strong>de</strong>ntiquement distribués), a est<br />

le nombre <strong>de</strong> contraintes linéaires imposées au modèle, et b le nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> liberté du<br />

modèle contraint, soit le nombre d’observations auquel on retranche le nombre <strong>de</strong> paramètres<br />

à estimer et le nombre <strong>de</strong> contraintes linéaires imposées au modèle (cf. annexe mathématique<br />

pour plus <strong>de</strong> précisions).<br />

Selon <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> statistique , on sera donc amené à rejeter ou pas l’hypothèse d’un<br />

effet différencié selon le sous-groupe <strong>de</strong>s variables explicatives <strong>sur</strong> <strong>la</strong> variable expliquée.<br />

Formellement, <strong>la</strong> sélection <strong>de</strong>s modèles se fait grâce à <strong>la</strong> statistique F. Si plusieurs fois<br />

l’hypothèse d’égalité <strong>de</strong>s coefficients n’a pu être rejetée, plusieurs modèles contraints se<br />

trouvent en compétition. On s’en tiendra alors aux critères me<strong>sur</strong>ant <strong>la</strong> force explicative <strong>de</strong><br />

ces modèles, c’est-à-dire le R 2 ajusté et/ou le critère d’Akaike (qui doit être minimisé).<br />

Les résultats et commentaires s’inspireront beaucoup <strong>de</strong> <strong>la</strong> comparaison avec le modèle<br />

global, obtenu en régressant le même ensemble <strong>de</strong> variables explicatives pour l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

zones composant <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion étudiée.<br />

i<br />

17


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

2. Premiers résultats : l’aire métropolitaine <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux<br />

Suivant <strong>la</strong> littérature habituelle <strong>sur</strong> le lien entre usage du sol et mobilité, quatre variables<br />

<strong>de</strong> mobilité sont généralement retenues pour être expliquées : <strong>la</strong> mobilité individuelle (nombre<br />

<strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements par jour), <strong>la</strong> longueur moyenne <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements, les parts modales et,<br />

résultante <strong>de</strong>s trois précé<strong>de</strong>ntes, le kilométrage effectué en voiture particulière (VP) par<br />

habitant, que l’on considère comme approximation <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation énergétique<br />

individuelle. Nous avons dû exclure <strong>de</strong> l’analyse les parts modales parce qu’elles exigent <strong>la</strong><br />

formu<strong>la</strong>tion d’un modèle <strong>de</strong> choix discret (<strong>de</strong> Palma & Thisse, 1987), pour lequel <strong>la</strong> technique<br />

<strong>de</strong>s régressions contraintes est inadaptée. Nous avons en revanche ajouté <strong>la</strong> motorisation<br />

individuelle.<br />

Parmi les cinq modèles testés initialement, nous n’avons voulu en retenir que <strong>de</strong>ux, car<br />

les résultats sont déjà conséquents. Pour éviter les problèmes <strong>de</strong> multicolinéarité, ils ont été<br />

construits <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> significativité <strong>de</strong>s coefficients <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Pearson.<br />

Le premier modèle testé est le modèle dit « <strong>de</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> », qui regroupe <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité<br />

rési<strong>de</strong>ntielle, l’écart-type <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité, et <strong>de</strong>ux variables <strong>de</strong> mixité <strong>de</strong> l’usage du sol qui se<br />

réfèrent aux approches signalées plus haut : le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> mixité entre fonction rési<strong>de</strong>ntielle et<br />

fonction productive est me<strong>sur</strong>é par le ratio emplois/popu<strong>la</strong>tion active ; <strong>la</strong> mixité <strong>de</strong>s fonctions<br />

productives est indiquée par un indice khi-<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> spécialisation sectorielle.<br />

Le second est le modèle dit « <strong>de</strong> taille » qui regroupe <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion totale <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone, <strong>la</strong><br />

taille moyenne <strong>de</strong>s firmes (en nombre d’employés), <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face habitable par personne et <strong>la</strong><br />

taille du ménage (cf. annexe – variables utilisées pour une définition précise <strong>de</strong>s variables).<br />

On trouvera les résultats <strong>de</strong>s régressions dans les tableaux 1 à 5 en annexe.<br />

2.1. L’analyse du modèle <strong>de</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong><br />

En ce qui concerne les trajets domicile-travail, l’hypothèse d’une influence négative <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité rési<strong>de</strong>ntielle <strong>sur</strong> le kilométrage VP individuel semble confirmée pour les zones <strong>de</strong><br />

faibles et moyennes <strong>de</strong>nsités. Dans les zones <strong>de</strong> faible <strong>de</strong>nsité, ce résultat peut s’expliquer à <strong>la</strong><br />

fois par une plus faible mobilité (tableau 4) et par <strong>de</strong> moindres distances <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement<br />

(tableau 3) avec <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité. Dans les zones <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité moyenne en revanche, aucune <strong>de</strong> ces<br />

explications ne paraît prévaloir, et l’on doit supposer que l’influence négative <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>sur</strong><br />

le kilométrage VP individuel passe par un partage modal en défaveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> voiture.<br />

Pour les zones <strong>de</strong> forte <strong>de</strong>nsité, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité rési<strong>de</strong>ntielle n’a pas d’influence significative<br />

ni <strong>sur</strong> le kilométrage VP par habitant (tableau 1), ni <strong>sur</strong> les distances moyennes <strong>de</strong><br />

dép<strong>la</strong>cement (tableau 3), non plus que <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mobilité (tableau 4). La comparaison avec le<br />

modèle global nous permet <strong>de</strong> constater que l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité, avérée pour le<br />

kilométrage individuel et <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement pour l’ensemble <strong>de</strong>s zones, disparaît<br />

pour ces zones.<br />

On peut conclure soit <strong>sur</strong> <strong>la</strong> pertinence du découpage, soit <strong>sur</strong> le fait que l’hypothèse <strong>de</strong><br />

départ, qui postu<strong>la</strong>it que <strong>la</strong> capacité d’explication <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité est finalement limitée dans <strong>la</strong><br />

me<strong>sur</strong>e où elle voile d’autres influences qu’il appartient au chercheur <strong>de</strong> découvrir, n’est pas<br />

infirmée. L’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>sur</strong> le kilométrage VP individuel pour dép<strong>la</strong>cements non<br />

professionnels disparaît d’ailleurs complètement à <strong>la</strong> suite du découpage en trois échantillons<br />

(tableau 1). Il semble en effet normal que l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité soit plus limitée pour ce<br />

18


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

type <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements que pour les dép<strong>la</strong>cements domicile-travail, car non seulement les<br />

attributs <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sont sans doute plus déterminants dans le choix <strong>de</strong> localisation<br />

rési<strong>de</strong>ntielle, mais en plus leur régu<strong>la</strong>rité (leur pendu<strong>la</strong>rité) les rend plus susceptibles d’un<br />

transfert modal ; au contraire, les dép<strong>la</strong>cements d’achats ou <strong>de</strong> loisirs peuvent être l’objet <strong>de</strong><br />

« pérégrinations » (Wiel, 2001), comportements beaucoup plus complexes qui s’accomo<strong>de</strong>nt<br />

beaucoup plus facilement <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> l’automobile et <strong>de</strong> ses attributs <strong>de</strong> souplesse et <strong>de</strong><br />

rapidité.<br />

Quel que soit le motif, l’influence <strong>de</strong> l’écart-type <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>sur</strong> le kilométrage VP<br />

individuel n’est significatif que pour les zones <strong>de</strong> faible <strong>de</strong>nsité. Ce qui est extrêmement<br />

<strong>sur</strong>prenant est <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> signe du coefficient <strong>de</strong> régression, qui tend à signifier que pour<br />

cet échantillon l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités est opposé suivant le motif du<br />

dép<strong>la</strong>cement :<br />

• Pour les dép<strong>la</strong>cements domicile-travail une distribution homogène <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités<br />

diminue le kilométrage VP individuel ; peut-être peut-on voir dans un faible écarttype<br />

une condition qui facilite <strong>la</strong> localisation du domicile à proximité du lieu<br />

d’emploi.<br />

• Pour les dép<strong>la</strong>cements non professionnels, l’homogénéité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités<br />

augmente le kilométrage VP individuel. Ce résultat est moins <strong>sur</strong>prenant : en effet<br />

une distribution hétérogène <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités rési<strong>de</strong>ntielles suppose une concentration<br />

<strong>de</strong> l’habitat dans certaines parties <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone, et il n’est pas étonnant que cette<br />

re<strong>la</strong>tive concentration diminue les distances parcourues. Ceci confirme les<br />

habituels arguments <strong>sur</strong> les inconvénients d’un habitat diffus 13 ou, à l’inverse, <strong>sur</strong><br />

les avantages d’une structure <strong>urbaine</strong> polycentrique en réseau (Camagni & Gibelli,<br />

1997 ; Mignot et alii, 2004). Celle-ci permet en effet <strong>de</strong> désigner <strong>de</strong>s espaces<br />

d’intervention pertinents pour les autorités et <strong>de</strong> pouvoir structurer plus<br />

efficacement l’offre <strong>de</strong> transports en commun, qui viendrait s’adosser à ces centres<br />

<strong>de</strong> développement périphériques (selon les principes du transit-oriented<br />

<strong>de</strong>velopment – Laliberté, 2002). On notera d’ailleurs l’influence négative <strong>de</strong><br />

l’écart-type <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités <strong>sur</strong> <strong>la</strong> motorisation, <strong>de</strong> manière indifférenciée suivant le<br />

sous-groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité, qui vient renforcer cet argument : plus les <strong>de</strong>nsités<br />

rési<strong>de</strong>ntielles sont réparties <strong>de</strong> manière hétérogènes, plus <strong>la</strong> motorisation est faible.<br />

Il est possible <strong>de</strong> raisonner également en termes d’aménités : une distribution<br />

hétérogène <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités rési<strong>de</strong>ntielles peut supposer une re<strong>la</strong>tive abondance<br />

d’espaces dévolus aux loisirs ou d’espaces libres. L’abondance <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinations<br />

possibles permet par suite <strong>de</strong> diminuer les distances parcourues.<br />

En ce qui concerne <strong>la</strong> mixité dans l’usage <strong>de</strong>s sols, il est possible <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>ux<br />

résultats principaux :<br />

1. L’influence positive du ratio emplois/popu<strong>la</strong>tion active <strong>sur</strong> le kilométrage VP<br />

individuel est significative quel que soit le dép<strong>la</strong>cement. Cet effet est différencié selon les<br />

sous-groupes <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité (tableau 1). On notera que ce résultat est strictement opposé à celui<br />

<strong>de</strong> R. Camagni et alii (2002, voir supra). Il paraît difficile <strong>de</strong> l’interpréter, mais on peut le<br />

rapprocher <strong>de</strong> l’impact positif du ratio emplois/popu<strong>la</strong>tion active <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mobilité individuelle,<br />

impact qui n’est pas différencié selon les sous-groupes <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité (tableau 4). Il ne paraît pas<br />

ab<strong>sur</strong><strong>de</strong> que <strong>la</strong> <strong>sur</strong>représentation en emplois d’une zone donnée encourage <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s<br />

13 Certains vont même jusqu’à définir l’étalement (sprawl) par le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> l’habitat : le concept <strong>de</strong><br />

« ville diffuse » (citta diffusa) relève <strong>de</strong> cette logique (Secchi, 2002).<br />

19


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

rési<strong>de</strong>nts, et par suite le kilométrage individuel sans agir forcément <strong>sur</strong> les distances <strong>de</strong><br />

dép<strong>la</strong>cement. Et l’on peut supposer que <strong>la</strong> différenciation <strong>de</strong> son effet <strong>sur</strong> le kilométrage<br />

individuel selon le sous-groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité provienne d’une légère différence dans les<br />

distances <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement, bien que le ratio emplois/popu<strong>la</strong>tion active ne soit pas significatif<br />

pour <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong>s trajets domicile-travail (tableau 3). Etant donné le caractère extrêmement<br />

synthétique <strong>de</strong> ce ratio, il reste difficile d’interpréter <strong>de</strong> manière univoque le résultat obtenu.<br />

En ce qui concerne <strong>la</strong> motorisation individuelle, le signe <strong>de</strong>s coefficients est celui<br />

attendu (tableau 5) : plus une zone est spécialisée dans <strong>la</strong> fonction rési<strong>de</strong>ntielle, plus le besoin<br />

d’équipement automobile est élevé. Ce résultat conforte l’argumentation <strong>sur</strong> les modalités<br />

d’usage du sol dominées par l’usage rési<strong>de</strong>ntiel et qui encouragent à l’équipement (si ce n’est<br />

l’usage) <strong>de</strong> l’automobile. Ce qui est re<strong>la</strong>tivement original est que l’effet semble indifférencié<br />

suivant les sous-groupes <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité, indiquant ainsi un effet structurel <strong>de</strong> <strong>la</strong> spécialisation<br />

rési<strong>de</strong>ntielle <strong>sur</strong> <strong>la</strong> motorisation (effet qui d’ailleurs n’apparaissait pas dans le modèle global),<br />

alors que l’argumentation <strong>sur</strong> les usages du sol qui alimentent <strong>la</strong> dépendance automobile (car<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt<br />

<strong>la</strong>nd use patterns) concerne habituellement les zones périphériques où les maisons<br />

individuelles constituent une part importante <strong>de</strong>s logements.<br />

2. L’influence positive <strong>de</strong> <strong>la</strong> spécialisation sectorielle <strong>de</strong>s espaces <strong>sur</strong> le kilométrage VP<br />

par personne pour les dép<strong>la</strong>cements domicile-travail (tableau 1) est con<strong>forme</strong> aux hypothèses<br />

posées <strong>sur</strong> le lien entre mixité et mobilité (voir supra) : plus un espace est spécialisé dans un<br />

type d’emploi, plus les distances parcourues par personnes sont élevées. On notera que cet<br />

effet est indifférencié suivant le sous-groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité, il est donc impossible <strong>de</strong> l’expliquer<br />

par une re<strong>la</strong>tive diversité <strong>de</strong>s emplois dans les zones centrales et une re<strong>la</strong>tive spécialisation<br />

<strong>de</strong>s zones périphériques. Cette hypothèse n’est d’ailleurs pas tenable dans le cas <strong>de</strong><br />

Bor<strong>de</strong>aux : F. Gaschet (2001) montre que <strong>la</strong> spécialisation sectorielle est va<strong>la</strong>ble aussi bien<br />

pour les zones périphériques que pour les zones centrales, même si elle n’est pas <strong>la</strong> même.<br />

Sans doute ici cet aspect <strong>de</strong>man<strong>de</strong>-t-il à être creusé en testant l’influence du type <strong>de</strong><br />

spécialisation <strong>sur</strong> les comportements <strong>de</strong> mobilité.<br />

2.2. L’analyse du modèle <strong>de</strong> taille<br />

Pour les dép<strong>la</strong>cements domicile-travail, l’influence négative <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> le<br />

kilométrage VP individuel, avérée dans le modèle global, s’efface dans les régressions par<br />

sous-groupes (tableau 2) : on peut avancer l’hypothèse selon <strong>la</strong>quelle cette influence recoupe<br />

celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité, c’est-à-dire qu’elle est due à un effet du découpage, les zones les plus<br />

vastes étant en général les moins <strong>de</strong>nses (cf. annexe cartographique), mais aussi les plus<br />

peuplées. Il semble néanmoins que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ait un impact négatif <strong>sur</strong> le kilométrage VP<br />

individuel pour motifs non professionnels, et positif <strong>sur</strong> <strong>la</strong> motorisation. Cet impact ne varie<br />

pas selon le sous-groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité.<br />

Le test <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille moyenne <strong>de</strong>s firmes (en nombre d’employés par firme)<br />

est assez instructif. La tendance est à une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille avec <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité : les gros<br />

établissements, fortement consommateurs d’espace, s’établiront plutôt en périphérie si leur<br />

activité ne nécessite pas d’accessibilité au centre. C’est notamment le cas <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong><br />

back-office (Imai, 1982 ; Ota & Fujita, 1993).<br />

L’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face habitable par personne est assez erratique : elle est positive<br />

<strong>sur</strong> le kilométrage VP individuel pour les dép<strong>la</strong>cements non professionnels dans les zones <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>nsité moyenne (tableau 2), <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mobilité individuelle dans l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone (tableau<br />

20


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

4). L’interprétation que nous suggérons est que son influence recoupe celle du revenu. En<br />

effet le revenu moyen et <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face habitable par personne sont fortement corrélées (R 2 =<br />

0,79). Dès lors, il est possible d’interpréter <strong>la</strong> significativité du coefficient <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face<br />

habitable par personne en termes <strong>de</strong> revenu.<br />

Des résultats non reproduits ici montrent que le revenu influe négativement <strong>sur</strong> le<br />

kilométrage VP individuel pour les dép<strong>la</strong>cements non professionnels, traduisant soit une plus<br />

gran<strong>de</strong> mobilité pour ce motif, soit <strong>de</strong>s distances plus faibles, autrement dit <strong>la</strong> possibilité pour<br />

les catégories à revenu élevé <strong>de</strong> se localiser à proximité <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinations, c’est-à-dire<br />

à proximité d’un certain type d’aménités. Ce raisonnement converge avec l’influence négative<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face habitable par personne <strong>sur</strong> <strong>la</strong> distance moyenne dans les zones <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsités<br />

élevées (tableau 3) : les ménages à haut revenu, <strong>de</strong> par leur pouvoir d’enchère, ont sans doute<br />

<strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> se localiser à proximité <strong>de</strong> leur lieu <strong>de</strong> travail. De plus, les emplois les plus<br />

qualifiés étant en général localisés au centre, il peut paraître normal que cette re<strong>la</strong>tion ne soit<br />

va<strong>la</strong>ble que pour les zones <strong>de</strong> forte <strong>de</strong>nsité.<br />

Enfin, l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face habitable par personne <strong>sur</strong> <strong>la</strong> motorisation est<br />

extrêmement intéressante à étudier : celle-ci est positive, comme attendu, dans les zones <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>nsité moyenne et élevée (tableau 5). Mais elle n’est pas significative dans les zones <strong>de</strong><br />

faible <strong>de</strong>nsité, ce que l’on peut interpréter en termes <strong>de</strong> dépendance automobile : si <strong>la</strong><br />

dépendance automobile (comme état) est <strong>la</strong> différence entre l’accessibilité offerte à<br />

l’automobiliste et l’accessibilité offerte au non-automobiliste (Dupuy, 2002, 144), alors le fait<br />

que le lien traditionnel entre revenu et motorisation ne soit plus va<strong>la</strong>ble pour les zones <strong>de</strong><br />

faible <strong>de</strong>nsité indique que dans ces zones le différentiel d’accessibilité est tel qu’il incite,<br />

voire oblige à s’équiper. Cet argument est renforcé par l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité rési<strong>de</strong>ntielle<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> motorisation, dont le signe négatif est celui attendu. Elle n’est cependant significative<br />

que dans les zones <strong>de</strong> moyennes et fortes <strong>de</strong>nsités, ce qui signifie que dans les zones <strong>de</strong> faible<br />

<strong>de</strong>nsité, l’incitation à s’équiper est si forte que le lien taditionnel entre motorisation et <strong>de</strong>nsité<br />

est rompu.<br />

Enfin, l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du ménage vient confirmer les attendus <strong>sur</strong> <strong>la</strong> causalité<br />

directe entre caractéristiques socio-démographiques et <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong>. On remarque en effet<br />

que l’influence positive <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du ménage <strong>sur</strong> le kilométrage VP individuel et <strong>sur</strong> les<br />

distances <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement est fortement significative dans le modèle global (les t <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt<br />

sont re<strong>la</strong>tivement élevés). Cette significativité disparaît dès lors que le modèle est testé<br />

suivant les sous-groupes <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité. Ceci corrobore <strong>de</strong> manière forte l’hypothèse évoquée<br />

supra d’une interdépendance entre <strong>de</strong>nsité et taille du ménage, qui passerait par<br />

l’intermédiaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s logements. Dans le modèle global, l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du<br />

ménage <strong>sur</strong> les variables <strong>de</strong> mobilité pouvait en fait recouvrir l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité puisque<br />

ces <strong>de</strong>ux variables covarient. La division <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion en sous-groupe selon <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité<br />

permet <strong>de</strong> tester l’influence réelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du ménage. On remarquera que l’influence<br />

positive <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du ménage <strong>sur</strong> <strong>la</strong> motorisation ne disparaît pas, mais est <strong>la</strong> même quel que<br />

soit le sous-groupe, ce qui n’infirme pas notre hypothèse. Ainsi l’utilité d’une métho<strong>de</strong><br />

typologique divisant <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion en plusieurs sous-groupes homogènes du point <strong>de</strong> vue d’un<br />

critère déterminé paraît démontrée, puisqu’elle permet <strong>de</strong> ne pas infirmer une hypothèse posée<br />

au départ.<br />

21


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

CONCLUSION<br />

Le débat <strong>sur</strong> <strong>la</strong> ville compacte, suite à <strong>la</strong> parution <strong>de</strong> Cities and Automobile Depen<strong>de</strong>nce<br />

(Newman & Kenworthy, 1989), n’a fait que reprendre une controverse <strong>sur</strong> les avantages et les<br />

inconvénients <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité. Ce débat a opposé partisans et adversaires <strong>de</strong>s fortes <strong>de</strong>nsités,<br />

parfois avec violence (Pouyanne, 2004a, 9). Ce questionnement plus que sécu<strong>la</strong>ire semble en<br />

effet voué au glissement vers <strong>la</strong> confrontation <strong>de</strong> jugements <strong>de</strong> valeur (Breheny, 1993).<br />

Personne ne semble capable en effet <strong>de</strong> réunir suffisamment <strong>de</strong> preuves en faveur ou en<br />

défaveur <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsités élevées pour emporter <strong>la</strong> décision d’un côté ou <strong>de</strong> l’autre.<br />

« Un problème sans solution est un problème mal posé », disait Albert Einstein : <strong>la</strong><br />

question <strong>de</strong> l’interaction entre l’usage du sol et les comportements <strong>de</strong> mobilité a émergé en<br />

tant que questionnement objectif venant se substituer à <strong>la</strong> problématique « mal posée » <strong>de</strong>s<br />

avantages comparatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> compacité. La littérature abondante issue <strong>de</strong> ce questionnement a<br />

produit <strong>de</strong> nombreuses avancées, tant <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> que <strong>sur</strong> celui <strong>de</strong>s résultats.<br />

Elle a servi <strong>de</strong> base à <strong>de</strong> nombreuses réalisations et politiques qui visaient à réduire <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />

l’automobile dans les dép<strong>la</strong>cements quotidiens, dont on commence juste à pouvoir me<strong>sur</strong>er<br />

l’efficacité.<br />

Néanmoins <strong>de</strong>s critiques <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> peuvent être adressées à certaines <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s. Il<br />

nous a semblé que <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong> certaines interactions était indispensable pour <strong>la</strong><br />

compréhension <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> phénomènes. Nous avons été ainsi conduit à l’adoption d’un<br />

schéma conceptuel, « l’interaction triangu<strong>la</strong>ire ». Pour remédier à <strong>la</strong> complexité accrue par ce<br />

schéma explicatif, et les difficultés <strong>de</strong> compréhension du réel qui en découlent, nous avons<br />

adopté une métho<strong>de</strong> économétrique particulière, qui est à notre connaissance inédite dans ce<br />

champ <strong>de</strong> recherche. Les quelques résultats issus d’une application <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> à l’aire<br />

<strong>urbaine</strong> <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux grâce aux données <strong>de</strong> l’E.M.D 1998 permettent <strong>de</strong> comprendre un peu<br />

mieux l’interaction entre l’usage du sol, les caractéristiques individuelles et les<br />

comportements <strong>de</strong> mobilité.<br />

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(2002), pp. 201-210<br />

WIEL M., 1999, La transition <strong>urbaine</strong>, Maspero, Paris<br />

WIEL M., 2001, Ville et automobile, Paris, Descartes & Cie<br />

WIEL M., 2002, Agencement spatial et optimisation du temps, Rapport effectué pour <strong>la</strong> DRAST-<br />

Ministère <strong>de</strong>s Transports pour le compte du PREDIT, n° 00 MT 36<br />

ZAHAVI Y. & RYAN J. M., 1980, Stability of Travel Components over Time, Transportation<br />

Research Record, 750, pp. 19-26.<br />

25


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

TABLES (1)<br />

Tableau 1. Modèle d’usage du sol pour le kilométrage individuel par motif<br />

Kilométrage VP par habitant (motif : domicile-travail, domicile-étu<strong>de</strong>s)<br />

Modèle d'usage du sol<br />

Modèle d'usage du sol<br />

Modèle global<br />

Densités<br />

faibles<br />

Densités<br />

moyennes<br />

Densités<br />

élevées<br />

Constante 3,574 8,419 5,596 3,588<br />

5,929 8,085 4,754 3,277<br />

Densité rési<strong>de</strong>ntielle -0,029 -1,844 -0,163 -0,012<br />

-6,407 -4,930 -2,506 -1,206<br />

Ecart-type <strong>de</strong>nsités -0,006 0,157 0,030 -0,008<br />

-0,818 2,256 1,586 -0,558<br />

Ratio emplois / pop active 1,431 1,523 0,659 0,297<br />

5,799 4,574 2,263 1,533<br />

Indice khi-2 <strong>de</strong> spécialisation sectorielle 7,259 3,957 3,957 3,957<br />

3,845 2,639 2,639 2,639<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,645<br />

0,795 (4,215)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(2,51) = 0,0914 ; Proba = 0,9128<br />

Kilométrage VP par habitant (motif : loisirs, achats, autres)<br />

Modèle global<br />

Densités<br />

Densités<br />

Densités<br />

faibles moyennes élevées<br />

Constante 12,185 16,295 8,189 6,727<br />

9,488 7,751 3,446 3,043<br />

Densité rési<strong>de</strong>ntielle -0,055 -0,73 -0,0409 -0,0193<br />

-4,147 -0,967 -0,312 -0,961<br />

Ecart-type <strong>de</strong>nsités -0,042 -0,295 -0,043 -0,0035<br />

-2,062 -2,089 -1,15 -0,118<br />

Ratio emplois / pop active 2,319 3,558 3,788 1,636<br />

3,604 5,29 6,434 4,178<br />

Indice khi-2 <strong>de</strong> spécialisation sectorielle 3,825 5,279 5,279 5,279<br />

1,147 1,744 1,744 1,744<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,532<br />

0,746 (5,620)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(2,51) = 0,8120 ; Proba = 0,4496<br />

Note : les t <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt sont en italique ; les coefficients significatifs au seuil <strong>de</strong> 5% sont en gras.<br />

26


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

TABLES (2)<br />

Modèle <strong>de</strong> taille<br />

Modèle <strong>de</strong> taille<br />

Tableau 2. Modèle <strong>de</strong> taille et kilométrage individuel par motif<br />

Kilométrage VP par habitant (motif : domicile-travail, domicile-étu<strong>de</strong>s)<br />

Modèle global Densités<br />

faibles<br />

Densités<br />

moyennes<br />

Densités<br />

élevées<br />

Constante 0,079 -14,395 6,938 -1,988<br />

0,013 -2,105 1,278 -0,411<br />

Popu<strong>la</strong>tion -1,85E-04 -2,50E-04 2,39E-05 -1,31E-04<br />

-2,095 -1,507 0,219 -0,976<br />

Taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> firme 0,292 0,893 0,487 0,0378<br />

1,741 5,342 2,069 0,306<br />

Surface habitable par personne -0,031 0,14 0,14 0,14<br />

0,244 1,836 1,836 1,836<br />

Taille du ménage 3,243 5,712 -3,692 1,161<br />

2,193 2,474 -1,903 0,572<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,272<br />

0,544 (5,016)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(2,51) = 0,669 ; Proba = 0,5165<br />

Kilométrage VP par habitant (motif : loisirs, achats, autres)<br />

Modèle global Densités<br />

faibles<br />

Densités<br />

moyennes<br />

Densités<br />

élevées<br />

Constante -6,319 39,128 -23,07 13,234<br />

-0,572 3,073 -1,242 0,874<br />

Popu<strong>la</strong>tion -5,29E-04 -3,77E-04 -3,77E-04 -3,77E-04<br />

-3,62 -2,607 -2,607 -2,607<br />

Taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> firme -0,155 1,043 0,335 0,0334<br />

-2,763 3,287 0,781 0,147<br />

Surface habitable par personne -0,007 -0,062 1,283 0,0193<br />

-0,084 -0,408 3,2 0,063<br />

Taille du ménage 3,243 -6,991 -2,764 0,092<br />

6,344 -1,623 -0,764 0,026<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,254<br />

0,511 (6,276)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(2,51) = 0,005 ; Proba = 0,9995<br />

Note : les t <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt sont en italique ; les coefficients significatifs au seuil <strong>de</strong> 5% sont en gras.<br />

27


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

TABLES (3)<br />

Tableau 3. Modèles d’usage du sol et <strong>de</strong> taille, et distance moyenne parcourue en VP par<br />

motif<br />

Modèle <strong>de</strong> taille Modèle d'usage du sol<br />

Distance moyenne parcourue en VP (motif : domicile-travail)<br />

Modèle global Densités<br />

faibles<br />

Densités<br />

moyennes<br />

Densités<br />

élevées<br />

Constante 9,724 15,284 9,162 5,586<br />

13,442 18,73 9,552 6,335<br />

Densité rési<strong>de</strong>ntielle -0,018 -1,211 -0,092 0,005<br />

-3,966 -4,184 -1,745 0,571<br />

Ecart-type <strong>de</strong>nsités -0,019 -0,034 0,014 0,029<br />

-1,738 -0,885 0,966 2,5<br />

Ratio emplois / pop active 0,043 0,069 0,069 0,069<br />

0,387 0,564 0,564 0,564<br />

Indice khi-2 <strong>de</strong> spécialisation sectorielle 2,366 -0,418 -0,418 -0,418<br />

1,013 -0,341 -0,341 -0,341<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,185<br />

0,709 (3,907)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(4,51) = 0,1467 ; Proba = 0,9637<br />

Distance moyenne parcourue en VP (motif : domicile-travail)<br />

Modèle global Densités<br />

faibles<br />

Densités<br />

moyennes<br />

Densités<br />

élevées<br />

Constante 3,572 11,141 11,808 21,569<br />

0,901 4,368 2,479 5,263<br />

Popu<strong>la</strong>tion -9,58E-05 6,85E-05 2,36E-05 -1,48E-04<br />

-2,16 0,698 0,392 -2,137<br />

Taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> firme -0,155 -0,211 0,0758 -0,0884<br />

-2,763 -2,238 0,589 -1,274<br />

Surface habitable par personne -0,007 0,0496 -0,119 -0,311<br />

-0,084 0,951 -1,015 -3,4<br />

Taille du ménage 3,243 -0,0855 -0,0855 -0,0855<br />

6,344 -0,123 -0,123 -0,123<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,293<br />

0,694 (3,871)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(2,51) = 0,1068 ; Proba = 0,8989<br />

Note : les t <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt sont en italique ; les coefficients significatifs au seuil <strong>de</strong> 5% sont en gras<br />

.<br />

28


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

TABLES (4)<br />

Tableau 4. Modèles d’usage du sol et <strong>de</strong> taille, et mobilité individuelle<br />

Modèle d'usage du sol<br />

Modèle <strong>de</strong> taille<br />

Mobilité individuelle (nb <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements tous motifs/personne/jour)<br />

Modèle global Densités<br />

faibles<br />

Densités<br />

moyennes<br />

Densités<br />

élevées<br />

Constante 3,757 3,815 3,398 3,802<br />

32,852 18,476 13,742 18,342<br />

Densité rési<strong>de</strong>ntielle 0,003 -0,191 0,00676 -0,00154<br />

1,906 -2,543 0,504 -0,728<br />

Ecart-type <strong>de</strong>nsités -7,00E-04 0,00335 0,00335 0,00335<br />

-0,285 1,441 1,441 1,441<br />

Ratio emplois / pop active 0,069 0,0762 0,0762 0,0762<br />

2,556 2,775 2,775 2,775<br />

Indice khi-2 <strong>de</strong> spécialisation sectorielle -0,546 0,0689 0,0689 0,0689<br />

1,316 0,216 0,216 0,216<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,049<br />

0,2804 (1,077)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(6,51) = 0,0819 ; Proba = 0,9977<br />

Mobilité individuelle (nb <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements tous motifs/personne/jour)<br />

Modèle global<br />

Constante 2,263<br />

2,878<br />

Popu<strong>la</strong>tion<br />

2,65E-07<br />

0,027<br />

Taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> firme 0,017<br />

1,65<br />

Surface habitable par personne 0,049<br />

2,973<br />

Taille du ménage -0,174<br />

-1,703<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,133<br />

N 66<br />

Restrictions : F(10,51) = 1,0046 ; Proba = 0,4524<br />

Note : les t <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt sont en italique ; les coefficients significatifs au seuil <strong>de</strong> 5% sont en gras.<br />

29


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

TABLES (5)<br />

Tableau 5. Modèles d’usage du sol et <strong>de</strong> taille et motorisation<br />

Modèle d'usage du sol<br />

Modèle <strong>de</strong> taille<br />

Variable expliquée : Motorisation (nombre <strong>de</strong> VP par personne)<br />

Modèle global Densités<br />

faibles<br />

Densités<br />

moyennes<br />

Densités<br />

élevées<br />

Constante 0,745 0,808 0,808 0,808<br />

37,465 29,022 29,022 29,022<br />

Densité rési<strong>de</strong>ntielle -7,00E-04 -0,0199 -0,006 -0,0015<br />

-3,322 -1,952 -4,008 -4,935<br />

Ecart-type <strong>de</strong>nsités -0,003 -0,0023 -0,0023 -0,0023<br />

-7,775 -5,446 -5,446 -5,446<br />

Ratio emplois / pop active -0,007 -0,0117 -0,0117 -0,0117<br />

-0,918 -2,246 -2,246 -2,246<br />

Indice khi-2 <strong>de</strong> spécialisation sectorielle 0,048 0,0148 0,0148 0,0148<br />

0,802 0,245 0,245 0,245<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,589<br />

0,648 (-2,251)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(8,51) = 0,6094 ; Proba = 0,7657<br />

Variable expliquée : Motorisation (nombre <strong>de</strong> VP par personne)<br />

Modèle global Densités<br />

faibles<br />

Densités<br />

moyennes<br />

Densités<br />

élevées<br />

Constante -0,581 0,326 -0,43 -0,614<br />

-4,512 2,848 -1,992 -3,426<br />

Popu<strong>la</strong>tion 6,16E-06 7,70E-06 7,70E-06 7,70E-06<br />

4,045 4,004 4,004 4,004<br />

Taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> firme 0,212 -0,012 0,00148 0,00316<br />

11,426 -2,799 0,255 1,005<br />

Surface habitable par personne 0,017 -0,0029 0,015 0,189<br />

5,983 -1,413 2,793 4,602<br />

Taille du ménage 0,212 0,176 0,176 0,176<br />

11,426 5,755 5,755 5,755<br />

R2 ajusté (Critère d'Akaike) 0,697<br />

0,685 (-2,312)<br />

N 66 22 23 21<br />

Restrictions : F(4,51) = 0,9518 ; Proba = 0,4420<br />

Note : les t <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt sont en italique ; les coefficients significatifs au seuil <strong>de</strong> 5% sont en gras<br />

30


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

ANNEXE - VARIABLES UTILISEES<br />

Variables <strong>de</strong> mobilité<br />

Kilométrage par habitant effectué <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> zone origine pour le motif 1 (domicile-travail<br />

et domicile-étu<strong>de</strong>s)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998 et MS AutoRoute ©<br />

Kilométrage par habitant effectué <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> zone origine pour le motif 2 (loisirs, achats,<br />

autres)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998 et MS AutoRoute ©<br />

Distance moyenne par dép<strong>la</strong>cement, effectuée <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> zone origine pour le motif 1<br />

(domicile-travail et domicile-étu<strong>de</strong>s)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998 et MS AutoRoute ©<br />

Mobilité individuelle (en nombre <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements par jour et par personne)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998<br />

Motorisation individuelle (nombre <strong>de</strong> véhicules particuliers possédés par personne)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998<br />

Modèle <strong>de</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong><br />

Densité rési<strong>de</strong>ntielle brute (en nombre d’habitants par hectare)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998<br />

Mixité fonctionnelle 1 : ratio emplois/popu<strong>la</strong>tion active, normalisé à 1 pour l’ensemble<br />

<strong>de</strong> l’agglomération<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998 et IRIS 5000, 1998<br />

Mixité fonctionnelle 2 : indice khi-<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> spécialisation sectorielle 14<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998 et IRIS 5000, 1998<br />

Ecart-type <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité rési<strong>de</strong>ntielle (à partir d’un regroupement du zonage IRIS 2000<br />

en zonage Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998 et IRIS 2000, 1999<br />

Modèle <strong>de</strong> taille<br />

Popu<strong>la</strong>tion (nombre d’habitants)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998<br />

Taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> firme (nombre d’emplois par établissement)<br />

Source : IRIS 2000, 1999<br />

Surface habitable par personne (en m 2 par habitant)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998 et IRIS 2000, 1999<br />

Taille du ménage (nombre <strong>de</strong> personnes par ménage)<br />

Source : Enquête Ménages Dép<strong>la</strong>cement, 1998<br />

14 Calculé à partir du découpage <strong>de</strong>s établissements selon <strong>la</strong> nomenc<strong>la</strong>ture NES 36. L’indice khi-<strong>de</strong>ux <strong>de</strong><br />

spécialisation sectorielle <strong>de</strong>s espaces est normalisé à l’ensemble <strong>de</strong> l’agglomération. Il se calcule à <strong>la</strong> manière<br />

d’un indice entropique : plus il est élevé, plus <strong>la</strong> zone est spécialisée, c’est-à-dire plus <strong>la</strong> distribution sectorielle<br />

<strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone est éloignée <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution totale <strong>de</strong> l’agglomération. Pour plus <strong>de</strong> précisions <strong>sur</strong><br />

le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul, voir LAJUGIE, DELFAUD & LACOUR, 1985, pp. 700-701.<br />

31


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

ANNEXE MATHEMATIQUE<br />

Le modèle global est :<br />

Y<br />

( N ,1)<br />

= X . β + ε avec N = 66 (nombre d’individus statistiques)<br />

( N , K ) ( K ,1)<br />

( N ,1)<br />

K : nombre <strong>de</strong> variables explicatives<br />

incluses dans le modèle<br />

Y est le vecteur <strong>de</strong> variables expliquées (variables <strong>de</strong> mobilité), X est une matrice <strong>de</strong> variables<br />

explicatives (variables <strong>de</strong> <strong>forme</strong> <strong>urbaine</strong> et/ou socio-démographiques), β est le vecteur <strong>de</strong>s<br />

coefficients <strong>de</strong> régression, et ε est le terme d’erreur.<br />

Pour chaque zone, le modèle s’écrit :<br />

y<br />

i<br />

K<br />

= ∑ β<br />

k<br />

. x<br />

k = 1<br />

∀ i = 1,...,66<br />

2<br />

ε . . (0, )<br />

On pose : i<br />

→ i i d σ<br />

∀ i = 1,...,66<br />

i,<br />

k<br />

+ ε<br />

i<br />

• Construction d’un nouveau modèle :<br />

Dh<br />

= d<br />

ij,<br />

h<br />

(1) Soient 3 matrices <strong>de</strong> format (N,N) : ( N , N )<br />

h = 1,2,3<br />

Elles sont composées pour partie <strong>de</strong> 1 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> diagonale principale, le reste étant composé <strong>de</strong> 0,<br />

et se définissent ainsi :<br />

- Elles sont uniquement composées <strong>de</strong> 0 et <strong>de</strong> 1 ;<br />

- Elles respectent les conditions suivantes :<br />

(2) On pose :<br />

Z<br />

h, k<br />

= Dh<br />

. X<br />

k<br />

( N ,1) ( N , N ) ( N ,1)<br />

3<br />

N<br />

∑∑<br />

h= 1 i=<br />

1<br />

3<br />

N<br />

∑∑<br />

h= 1 j=<br />

1<br />

d<br />

ij, h<br />

= 1(somme en colonne)<br />

d<br />

,<br />

= 1(somme en ligne)<br />

ij h<br />

Le vecteur Z<br />

h , k<br />

est obtenu en prémultipliant chaque vecteur <strong>de</strong> variable explicative X<br />

k<br />

par<br />

les trois matrices D<br />

h<br />

définies ci-<strong>de</strong>ssus. Ce<strong>la</strong> revient à séparer le vecteur X en trois vecteurs Z<br />

<strong>de</strong> même dimension, composés <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> X pour les zones appartenant à <strong>la</strong> catégorie h et<br />

<strong>de</strong> 0 pour les zones non incluses dans <strong>la</strong> catégorie h.<br />

(3) On pose <strong>la</strong> matrice en <strong>forme</strong> partagée :<br />

= Z Z Z<br />

( Z Z ... Z ... Z Z Z )<br />

Z<br />

1,1 2,1 3,1 2,1 2,2 h,<br />

k 1, K 2, K 3,<br />

K<br />

( N ,3K<br />

)<br />

32


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

La matrice Z est composée <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s vecteurs Z<br />

h , k<br />

( h = 1,2,3 ; k = 1,..., K)<br />

. Elle<br />

( N ,3K<br />

)<br />

constitue les variables explicatives du nouveau modèle.<br />

(4) Ce nouveau modèle s’écrit :<br />

ou encore, pour chaque zone :<br />

Y<br />

( N ,1)<br />

y<br />

i<br />

=<br />

Z<br />

.<br />

α +<br />

( N ,3K<br />

) (3K<br />

,1)<br />

3K<br />

= ∑α<br />

k<br />

. z<br />

k = 1<br />

∀ i = 1,...,66<br />

i,<br />

k<br />

(5) On peut écrire le nouveau modèle sous une <strong>forme</strong> différente, en indiçant également par<br />

rapport à h :<br />

ε<br />

( N ,1)<br />

+ ε<br />

i<br />

y<br />

i<br />

K<br />

3<br />

= ∑∑<br />

k= 1 h=<br />

1<br />

α<br />

∀ i = 1,...,66<br />

h,<br />

k<br />

. z<br />

i,<br />

h,<br />

k<br />

+ ε<br />

i<br />

• Modèle contraint et non contraint :<br />

(1) Ce nouveau modèle est appelé modèle non contraint (MNC). Il est obtenu assez<br />

simplement, en partageant le modèle initial en trois modèles, avec les mêmes variables, mais<br />

en indiçant par rapport à <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité d’appartenance <strong>de</strong>s zones-individus<br />

statistiques. Le modèle contraint (MC) s’obtient tout simplement en imposant <strong>de</strong>s contraintes<br />

linéaires <strong>sur</strong> les coefficients. On va chercher notamment, soit pour tout k (pour l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

variables explicatives), soit pour certaines valeurs <strong>de</strong> k (certaines valeurs explicatives<br />

seulement), à savoir si les coefficients sont les mêmes pour tout h = 1,2,3. La contrainte porte<br />

donc <strong>sur</strong> les coefficients <strong>de</strong> tout ou partie <strong>de</strong>s variables explicatives<br />

Le modèle contraint peut alors s’écrire :<br />

y<br />

i<br />

3<br />

= ∑∑α<br />

h,<br />

k<br />

. zi,<br />

h,<br />

k<br />

+ ∑∑α<br />

k<br />

. zi<br />

k≠ l h= 1<br />

k= l h=<br />

1<br />

∀ i = 1,...,66<br />

où l est l’indice <strong>de</strong>s variables explicatives <strong>sur</strong> les coefficients <strong>de</strong>squels porte les contraintes.<br />

(2) Chercher à tester <strong>la</strong> significativité du modèle non contraint revient à tester :<br />

H 0 : α<br />

h, k<br />

= α<br />

k<br />

soit pour tout k, soit pour certaines valeurs <strong>de</strong> k.<br />

(3) La statistique <strong>de</strong> test est : G( a,<br />

b)<br />

où<br />

⎡<br />

⎢<br />

⎢⎣<br />

=<br />

3<br />

, h,<br />

k<br />

+ ε<br />

66<br />

66<br />

∑ ( ε<br />

i,<br />

MC<br />

) − ∑ ( ε<br />

i,<br />

MNC<br />

)<br />

i= 1<br />

i=<br />

1 ⎥ ⎥ ⎦<br />

66<br />

∑ ( ε<br />

i,<br />

MNC<br />

) b<br />

i=<br />

1<br />

ε<br />

i, MC<br />

sont les résidus du modèle contraint, et<br />

i, MNC<br />

2<br />

2<br />

i<br />

2<br />

⎤<br />

a<br />

ε sont les résidus du modèle non<br />

contraint (on pose les hypothèses habituelles <strong>sur</strong> ces résidus, i.e ils sont i<strong>de</strong>ntiquement<br />

distribués). De plus, a est le nombre <strong>de</strong> contraintes linéaires imposées au modèle, et b le<br />

nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> liberté du modèle contraint, soit le nombre d’observations auquel on<br />

33


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

retranche le nombre <strong>de</strong> paramètres à estimer et le nombre <strong>de</strong> contraintes linéaires imposées au<br />

modèle.<br />

(4) La statistique G suit une loi <strong>de</strong> Fischer-Snédécor <strong>de</strong> mêmes paramètres :<br />

G( a,<br />

b)<br />

→ F(<br />

a,<br />

b)<br />

. On sera alors amené à rejeter H 0 (c’est-à-dire à ne pas rejeter le modèle<br />

non contraint) si <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> G est inférieure à <strong>la</strong> valeur critique <strong>de</strong> F au niveau <strong>de</strong> 5 %.<br />

34


L’interaction entre usage du sol et comportements <strong>de</strong> mobilité<br />

ANNEXE CARTOGRAPHIQUE<br />

1. Le partage <strong>de</strong> l’aire d’étu<strong>de</strong>s en trois sous-échantillons suivant le critère <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité<br />

2. Un exemple : <strong>la</strong> motorisation individuelle (sept c<strong>la</strong>sses d’égale amplitu<strong>de</strong>)<br />

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