Incidents critiques - UQAM
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Des limites à respecter<br />
Date et heure : mardi, 20 février 2001, 15h30<br />
Lieu : dans la classe au cégep<br />
Personnes présentes : tous les étudiants étaient présents, mais seuls deux ou trois<br />
ont eu conscience de l’« incident ».<br />
Activité en cours : les étudiants travaillaient en équipes de 5 à 6 personnes à faire<br />
l’analyse d’un texte littéraire<br />
Ce qui s’est passé et ce qui a causé le problème<br />
J’ai demandé aux étudiants de former des équipes de cinq ou de six<br />
personnes. L’une d’elles s’est retrouvée constituée des six étudiants les plus<br />
dérangeants du groupe, étant tous assis les uns près des autres. Au cours de<br />
l’activité, l’un d’eux a levé sa main pour me poser une question. « Est-ce qu’on va<br />
travailler beaucoup sur cette œuvre (l’œuvre qu’ils avaient à lire pour le cours et sur<br />
laquelle ils avaient eu un test de lecture) ? » « Oui, ai-je répondu, j’en ferai<br />
l’analyse, et tu en auras besoin pour faire ta dissertation. » « Ah! m’a-t-il répondu.<br />
Ça veut dire que je vais devoir l’acheter. » Décontenancée par cette remarque, j’ai<br />
pris les choses avec humour (alors qu’en fait je n’approuvais pas l’attitude de<br />
l’étudiant) et lui ai dit l’air découragée et en lui brassant la casquette dans un geste<br />
amical : « T’es incroyable Jean-François, j’espère bien que tu vas l’acheter! » Or,<br />
son voisin (un étudiant qui participe beaucoup en classe, parfois trop) a répliqué (et<br />
c’est là l’incident critique) : « moi aussi je veux que tu me touches! » Et les deux<br />
compères se sont mis à rire.<br />
Réaction immédiate de la stagiaire et des protagonistes<br />
Je ne m’attendais tellement pas à une telle remarque déplacée que je suis restée<br />
bouche bée. J’étais déconfiturée intérieurement, mais je n’ai rien laissé paraître, du<br />
moins je le crois. J’ai même peut-être eu l’air de le prendre à la légère (puisque<br />
mon visage manifestait une expression ironiquement joyeuse pour la réplique<br />
précédente, celle de Jean-François), mais je me sentais blessée, honteuse et<br />
stupide. Blessée parce que je les voyais impunément se moquer de moi comme si<br />
j’avais été une camarade dont on peut se rire méchamment. Honteuse parce que<br />
cette simple réplique a remis en perspective l’image que j’ai auprès des étudiants :<br />
jamais, si j’avais su dégager une certaine autorité, ils ne se seraient permis de me<br />
dire cela. Sans doute avais-je manifesté trop de familiarité avec eux. Stupide parce<br />
que je n’ai pas eu la vivacité d’esprit de réagir à temps et de la bonne manière.<br />
Résultats à moyen et à long terme<br />
Les conséquences n’ont pas été celles auxquelles je m’attendais. Je croyais que<br />
Marc-André répéterait une telle familiarité (contre laquelle je m’étais<br />
psychologiquement armée), mais il ne l’a pas fait. Au contraire, il a continué de<br />
participer autant en classe. Je croyais que j’aurais à nouveau des problèmes de<br />
discipline, plus généralisés ceux-là, me disant que cette attitude de l’étudiant