Les relations professionnelles au Luxembourg - Conseil ...
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Chapitre 6<br />
Le « modèle » luxembourgeois de <strong>relations</strong><br />
<strong>professionnelles</strong><br />
6.1. Un « modèle »<br />
C’est volontairement que nous avons placé le mot « modèle » entre guillemets. En effet, depuis que<br />
nous nous intéressons <strong>au</strong>x <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong> luxembourgeoises, nous avons pu constater que<br />
dans notre petit pays ces <strong>relations</strong> sont considérées comme un véritable modèle. La manière dont<br />
certains problèmes socio-économiques y ont été réglés relève <strong>au</strong>ssi de ce prétendu modèle, comme<br />
nous le verrons plus loin. Le mot « modèle » est tantôt utilisé seul, tantôt il est adjoint à d’<strong>au</strong>tres<br />
expressions pour devenir « modèle luxembourgeois de dialogue social » ou « modèle luxembourgeois<br />
de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong> ». Toutefois, nous devons bien constater qu’à <strong>au</strong>cun moment <strong>au</strong><br />
cours de nos trav<strong>au</strong>x nous n’avons réellement pu trouver de matéri<strong>au</strong> permettant d’indiquer en quoi<br />
il existerait bien <strong>au</strong> <strong>Luxembourg</strong> un modèle spécifique de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong>, marqué par des<br />
particularités ou des attributs propres à ce pays.<br />
Nous voudrions avancer ici trois types d’exemples afin d’étayer notre propos. Tout d’abord, dans<br />
la littérature luxembourgeoise consacrée <strong>au</strong>x <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong>, force est de constater que<br />
les analyses et les études sur le sujet sont peu nombreuses. Mais toutes y affirment l’existence d’un<br />
modèle. Ainsi, le principal, sinon le seul véritable ouvrage consacré <strong>au</strong> thème qui nous occupe a<br />
pour titre : « L’Histoire, le présent et l’avenir du modèle luxembourgeois ». La plupart des textes<br />
qui y sont consignés ne placent pas le mot « modèle » entre guillemets. De même, les tentatives de<br />
définir les spécificités dudit modèle sont rares. Certes, des considérations de type historique tentent<br />
de déterminer l’origine du modèle, mais une analyse sur la spécificité et l’originalité du modèle,<br />
surtout en comparaison avec d’<strong>au</strong>tres, n’a toujours pas été réalisée à ce jour <strong>au</strong> <strong>Luxembourg</strong>. Il en<br />
va de même lorsqu’il s’agit de vérifier si la valeur exemplative attribuée <strong>au</strong> prétendu modèle a pu<br />
être exportée et inspirer d’<strong>au</strong>tres Etats et systèmes de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong>. Si cet exemple que<br />
nous venons de donner consiste en des trav<strong>au</strong>x d’historiens, économistes, politologues ou <strong>au</strong>tre<br />
spécialistes, un <strong>au</strong>tre de type similaire consiste en la publication de textes et trav<strong>au</strong>x signés cette<br />
fois par des personnalités politiques luxembourgeoises, mettant à nouve<strong>au</strong> en évidence l’existence<br />
d’un modèle luxembourgeois sans le justifier. Citons ainsi l’étude réalisée par l’ancien Ministre<br />
des affaires étrangères Jacques POOS intitulée : « Crise économique et petites nations : le modèle<br />
luxembourgeois » 140 . Ici, le mot « modèle » ne figure toujours pas entre guillemets, mais l’idée d’un<br />
modèle luxembourgeois existant <strong>au</strong> sein d’<strong>au</strong>tres nations y apparaît. Mieux, la référence est publiée<br />
dès 1977, date à laquelle se mettra réellement en place, comme nous l’avons vu, le « modèle national<br />
» <strong>au</strong> <strong>Luxembourg</strong> avec l’avènement du Comité de coordination tripartite.<br />
Un deuxième exemple est à trouver dans l’implication du Comité de coordination tripartite, considéré<br />
comme une institution majeure <strong>au</strong> <strong>Luxembourg</strong>, dans la constitution du PAN de 1999. L’exposé<br />
des motifs de la loi instituant le PAN prétend que le <strong>Luxembourg</strong> est le seul pays de l’Union<br />
européenne à avoir intégré l’ensemble des partenaires soci<strong>au</strong>x dans l’élaboration du PAN. Or, en<br />
France 141 , par exemple, le PAN a été discuté <strong>au</strong> sein du comité de dialogue social pour les questions<br />
européennes et internationales. Composé de manière tripartite, ce comité comprend du côté gouvernemental<br />
des représentants du Ministre chargé de l’économie et des finances, du Ministre des<br />
affaires européennes et des <strong>au</strong>tres Ministres concernés par l’élaboration et la mise en œuvre du PAN.<br />
Du côté des partenaires soci<strong>au</strong>x, il est composé d’un nombre égal, de représentants des principales<br />
organisations syndicales.<br />
Dans le PAN français 142 de 1998, le Premier Ministre de l’époque, Lionel JOSPIN, pouvait d’ailleurs<br />
écrire en préambule : « Ce plan d’action, point de départ d’un nouve<strong>au</strong> processus dans la cohérence<br />
des actions et dans la méthode, a fait l’objet d’une concertation avec les partenaires soci<strong>au</strong>x lors de<br />
son élaboration, (…) ». Bref, l’allégation concernant le PAN luxembourgeois pourrait être qualifiée<br />
140 J. POOS, Crise économique<br />
et petites nations : le modèle<br />
luxembourgeois, Centre de<br />
recherches européennes, L<strong>au</strong>sanne,<br />
1977.<br />
141 Négocier l’emploi. Comparaison<br />
des formes de régulation de<br />
l’emploi en Europe, op. cit., p. 25.<br />
142 www.europa.eu.int.<br />
Le « modèle » luxembourgeois de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong> / 75