Histoire et patrimoine... Exposition France 1500 : <strong>en</strong>tre Moy<strong>en</strong>-Âge et R<strong>en</strong>aissance Une exposition prés<strong>en</strong>tée au Grand Palais à Paris revi<strong>en</strong>t sur la période correspondant aux règnes de Charles VIII (1483-1498) et de Louis XII (1498-1515). Une époque méconnue, mais riche d'un point de vue artistique et architectural, dont <strong>Albi</strong> a particulièrem<strong>en</strong>t profité. Où finit le Moy<strong>en</strong>-Âge ? Où comm<strong>en</strong>ce la R<strong>en</strong>aissance ? Grande question à laquelle l'exposition intitulée France 1500, <strong>en</strong>tre Moy<strong>en</strong>-Âge et R<strong>en</strong>aissance, prés<strong>en</strong>tée jusqu'au 10 janvier à Paris, a le mérite de se p<strong>en</strong>cher. Cette période charnière située <strong>en</strong>tre la fin du XV e siècle et le début du XVI e n'est pas sans intérêt pour l'histoire d'<strong>Albi</strong>. Au sortir de la Guerre de C<strong>en</strong>t ans, la France <strong>en</strong>tre dans une période de reprise économique, de croissance démographique et de r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t artistique sans précéd<strong>en</strong>t. L'imprimerie connaît un développem<strong>en</strong>t important, ainsi que d'autres techniques comme la tapisserie, le vitrail ou les émaux. A la question de départ, l'exposition parle donc plutôt de transition voire de mutation, mais pas de rupture. « La réalité est plus complexe », reconnaît Elisabeth Taburet-Delahaye, un des trois commissaires de l'exposition et directrice du musée national du Moy<strong>en</strong>-Âge. « Il s'agit d'une période de foisonnem<strong>en</strong>t artistique très riche et marquée par une diversité d'influ<strong>en</strong>ces notamm<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong>nes et flamandes qui se diffus<strong>en</strong>t dans toute la France, y compris à <strong>Albi</strong>. » Cela aboutit à une synthèse de ces différ<strong>en</strong>ts courants, le réalisme flamand se conjuguant au raffinem<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong> par exemple et inspirant fortem<strong>en</strong>t les artistes français. La statuaire du chœur de la cathédraSainte-Cécile, un chef d’œuvre de la fin du XV e siècle. Les fresques de la voûte de la cathédrale ont été commandées, au début du XVI e siècle, par l’évêque Louis II d’Amboise à des artistes itali<strong>en</strong>s de Carpi. Effervesc<strong>en</strong>ce artistique A <strong>Albi</strong>, de grands chantiers ont lieu à cette époque, notamm<strong>en</strong>t à la cathédrale Sainte-Cécile dont l'intérieur est une belle illustration de cet apport de styles artistiques. Il y a d'abord le chœur consacré <strong>en</strong> 1480 avec son jubé et sa magnifique statuaire attribuée à différ<strong>en</strong>ts ateliers français mais avec une forte influ<strong>en</strong>ce bourguignonne. La peinture murale du Jugem<strong>en</strong>t dernier achevée <strong>en</strong> 1484 par des artistes flamands ou du Nord de la France, ainsi que les fresques exceptionnelles de la voûte (1509- 1512) que l'on doit à des artistes itali<strong>en</strong>s de Carpi sont deux autres illustrations de cette période. « La France, à cette époque-là, est une terre très ouverte. On perçoit très bi<strong>en</strong> les relations étroites <strong>en</strong>tre les commanditaires (souverains, nobles, religieux...) et les artistes auxquels ils font appel et qui sont sources de création et de diffusion », ajoute Elisabeth Taburet-Delahaye. « C'est un mom<strong>en</strong>t où chacun cherche à se démarquer des autres, à surpr<strong>en</strong>dre tout <strong>en</strong> étant au goût du jour, du roi voire du pape... Le décor religieux va de fait connaître un foisonnem<strong>en</strong>t inédit. » période à tel point que leur mécénat a été considéré comme la « première R<strong>en</strong>aissance française ». Plusieurs membres se sont ainsi distingués dans ce domaine comme l'évêque d'<strong>Albi</strong>, Louis d'Amboise, (1474-1503) qui a fait édifier la clôture du chœur de la cathédrale ou demandé au Tourangeau Jean Bourdichon un missel <strong>en</strong>luminé prêté pour l'exposition parisi<strong>en</strong>ne par la bibliothèque nationale de Naples. Si le nom du commanditaire n'est pas attesté ici, on découvre dans l'ouvrage la messe de saint Salvi... Mécène généreux des arts, Louis d'Amboise a fait aussi exécuter une mise au tombeau exceptionnelle pour la chapelle du château de Combefa (actuellem<strong>en</strong>t à Monesties sur Cérou). Quant à son neveu, Louis II d'Amboise, c'est lui qui commande les peintures de la voûte. On note ici à travers les œuvres à la fois une volonté de sout<strong>en</strong>ir la piété (Jugem<strong>en</strong>t dernier d'<strong>Albi</strong>, par exemple), et, à l'inverse, une aspiration à la sérénité que l'on retrouve sur les voûtes. Des évêques commanditaires La famille d'Amboise, proche du pape et du roi Louis XII, a joué un rôle prépondérant dans cette Plus d'infos : exposition France 1500, galeries nationales du Grand Palais, jusqu'au 10 janvier 2011. Voir : www.rmn.fr 32 // albimag Déc.10-Janv.11
sortir albi déc.10 - fév.11 Le magazine de la ville d'<strong>Albi</strong> - www.mairie-albi.fr albimag Déc.10-Janv.11 // 33