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Afrique
Les filières agricoles génèrent des emplois
Depuis 2008, Brücke · Le pont expérimente une nouvelle méthode: l’analyse et le développement de filières agricoles.
Derrière ce terme se cachent des réorientations simples: mieux écouter la demande régionale, mieux définir la qualité des
produits, et amener paysan-nes et commerçant-es à collaborer.
En avril 2008, les responsables du programme
Afrique de Brücke · Le pont et
la plupart des partenaires locaux se sont
formés pendant une semaine à l’analyse
et au développement de filières. Lors
d’un exercice, ils sont allés rencontrer
les grossistes dans la capitale béninoise.
Et là, surprise lorsqu’un de ces puissants
commerçants dit franchement: «Si
j’achète du riz béninois? Mais je m’en
fiche, cher Monsieur! Ce qui compte,
c’est la qualité du produit, la qualité et
c’est tout. Après on discutera du prix.
D’ailleurs, avez-vous des échantillons?
Sinon, désolé, je n’ai pas le temps, il faut
que je travaille.»
Bien sûr, nous aurions pu argumenter
que la qualité du riz importé est discutable,
sachant qu’il a parfois été stocké
plus de trois ans. Mais la leçon était là:
si les riziculteurs africains veulent regagner
leurs marchés, ils doivent connaître
exactement ce que demandent leurs
clients. Les riziculteurs (et rizicultrices)
béninois que nous soutenons en ont
déjà tiré les conséquences: ils se sont
organisés et équipés pour produire du
riz bien blanc, propre, avec 20% de brisures
et qui gonfle bien.
Une filière, c’est l’ensemble des acteurs
et des activités, depuis la production
agricole jusqu’à la consommation finale
du produit. Il faut donc travailler avec
les commerçant-es, indispensables pour
la distribution; avec les financeurs qui
interviennent à toutes les étapes; et avec
les artisans, voire les industriels, transformant
ces produits. Développer une
filière, c’est agir pour que tous tirent à la
même corde.
Dans le cas des légumes, travailler sur la
collaboration entre maraîchers et commerçants
a porté des fruits en quelques
mois. Une simple petite étude réalisée en
commun par les uns et les autres a fait
éclore un dynamisme inespéré, qui pourrait
déboucher sur une association entre
plusieurs centaines de cultivateurs, collecteurs,
transporteurs et restaurateurs
(femmes et hommes).
Même phénomène pour la culture du
maïs, du manioc, des tomates, du soja
et de l’élevage de poulets: de nouvelles
perspectives se sont ouvertes en 2008.
Décorticage manuel de
l’arachide: sur la base
de commandes fermes,
pour une qualité définie,
de tels emplois peuvent
se créer.
Le meilleur écoulement des produits, répondant
mieux aux demandes des villes
de la région, permet une augmentation
des revenus à différents niveaux. A la
clef, des emplois se créent, chacun valant
de l’or dans le contexte économique
si morose.
Thierry Pleines, responsable du programme
Afrique
L’Afrique de l’Ouest a été rudement
secouée par «la vie chère» en 2008.
Suite au doublement du prix des
aliments, une part importante de la
population a dû se serrer la ceinture
encore davantage. En réponse, les
gouvernements béninois et togolais
ont déclaré des programmes de relance
de la production agricole vivrière.
Ce nouvel engagement étatique
pour leur agriculture vivrière crée
un contexte favorable au développement
agricole. Possibles effets des
modifications climatiques globales:
la variabilité des pluies et les inondations
semblent empirer.
Togo: le partage du pouvoir politique
progresse à petits pas, dans le cadre
d’un dialogue entre le parti dominant
et ceux de l’opposition. La reprise
de la coopération internationale, qui
soulevait beaucoup d’espoir, n’a pas
vraiment pris de l’ampleur.
Bénin: la lutte contre la corruption au
plus haut niveau central se poursuit.
Avec le temps, les communes commencent
à définir leur rôle.