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un gratuit qui se lit<br />
N°<strong>63</strong> -<br />
du 15/05/13 au 19/06 /13
Politique culturelle<br />
Pas de femmes, la suite 4, 5<br />
La fin du théâtre 6, 7<br />
Événem<strong>en</strong>ts<br />
Confér<strong>en</strong>ce Camille Claudel, Les Papesses 8<br />
Les Informelles, Chaud dehors 9<br />
La nuit des musées,<br />
le Printemps des Marseillais 10<br />
R<strong>en</strong>dez-vous aux jardins,<br />
Contes et Jardins, Les Eauditives 11<br />
Villa Méditerranée<br />
Forum Libération 12<br />
Ouverture 13<br />
Au programme 14<br />
MuCEM<br />
Entreti<strong>en</strong> avec Bruno Suzzarelli 16<br />
La galerie de la Méditerranée 18<br />
Le noir et le bleu 19<br />
Le Bazar du g<strong>en</strong>re 20<br />
Au programme 21<br />
Marseille-Prov<strong>en</strong>ce 2013<br />
Le grand atelier de Midi, J1,<br />
Picasso céramiste 22, 23<br />
Taysir Batniji, La folle histoire des Arts de la rue 24<br />
Arteum 25<br />
Festins d’Aubagne, Yes We Camp 26<br />
GR13 à Martigues, Puits Morandat 27<br />
Cinémas Arabes, Guédiguian,<br />
Ilotopie, Art Comores 28, 29<br />
This is not music 30<br />
Olivier Py, R<strong>en</strong>contres du 9 e art 32<br />
TransHumance 33<br />
Critiques<br />
Théâtre 34 à 39<br />
Rue 40<br />
Danse 42, 43<br />
Musique 44 à 50<br />
Au programme<br />
Musique 52 à 57<br />
Théâtre 58 à 61<br />
Danse 62 à 64<br />
Jeune public 66 à 68<br />
Cinéma 70 à 74<br />
Art et patrimoine 76<br />
Arts visuels 78 à 84<br />
Littérature<br />
R<strong>en</strong>contres 84 à 87<br />
Livres 88 à 91<br />
Art, CD 92, 93<br />
Arts et sci<strong>en</strong>ces<br />
Divines désespérances, Musée Salagon 94<br />
Quelques<br />
(bonnes) nouvelles<br />
Parce que le pessimisme gagne, quelques bonnes nouvelles :<br />
les homosexuels vont pouvoir se marier, le beau temps arrive,<br />
le MuCEM va faire bouillonner les esprits, la fréqu<strong>en</strong>tation de nos<br />
lieux culturels est <strong>en</strong> forte hausse. Mais, surtout, il n’y a jamais<br />
eu si peu de famines, d’épidémies ou de guerres que durant ces<br />
dernières années.<br />
Si l’av<strong>en</strong>ir de la Terre est inquiétant, si ici le chômage et le<br />
Front National mont<strong>en</strong>t, si ailleurs des dictatures persist<strong>en</strong>t et<br />
des toits s’effondr<strong>en</strong>t sur les esclaves de l’industrie textile,<br />
l’homme n’a jamais aussi peu tué son voisin, malgré le dictateur<br />
Syri<strong>en</strong> et les <strong>en</strong>fants américains.<br />
L’humanité n’avance pas à reculons, voilà de quoi se réjouir ! et<br />
passer à des nouvelles, plus personnelles, sur de légers changem<strong>en</strong>ts<br />
éditoriaux.<br />
Pour répondre à la demande nous avons dû augm<strong>en</strong>ter notre<br />
pagination, soit 96 pages dans ce numéro, notre tirage, 32 000<br />
exemplaires, et mettre des articles supplém<strong>en</strong>taires <strong>en</strong> ligne<br />
quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t sur notre site. Pour assumer cette nette<br />
croissance de nos activités, plusieurs journalistes sont v<strong>en</strong>ues<br />
rejoindre notre équipe, dont vous découvrirez les signatures<br />
dans ce numéro.<br />
Nous ne parv<strong>en</strong>ons cep<strong>en</strong>dant pas à suivre la demande ! Les<br />
exemplaires disparaiss<strong>en</strong>t très vite, les sollicitations des structures<br />
culturelles se multipli<strong>en</strong>t, nous ne pouvons plus être<br />
disponibles comme nous le souhaitions, portable ouvert et réponse<br />
aux mails… Les pages de <strong>Zibeline</strong> se surcharg<strong>en</strong>t de<br />
numéro <strong>en</strong> numéro, mais nous n’avons pas les moy<strong>en</strong>s économiques<br />
de tirer davantage, de changer notre périodicité m<strong>en</strong>suelle,<br />
ni d’être exhaustifs sur le territoire.<br />
Nous avons donc choisi de mieux annoncer, et d’annoncer moins.<br />
Cep<strong>en</strong>dant vous trouverez sur notre site, dans l’ag<strong>en</strong>da accessible<br />
par le cal<strong>en</strong>drier, des informations supplém<strong>en</strong>taires que<br />
nous n’avons pas pu glisser dans le magazine. Des critiques<br />
aussi, nombreuses, des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s inédits, qui complèt<strong>en</strong>t nos<br />
articles.<br />
Par ailleurs, pour répondre à ceux qui nous demand<strong>en</strong>t, très<br />
souv<strong>en</strong>t à prés<strong>en</strong>t, d’insérer leurs informations sur notre site,<br />
nous mettons <strong>en</strong> place un système d’annonces, payantes mais<br />
pas chères, pour que ceux dont nous ne connaissons pas le<br />
travail puiss<strong>en</strong>t communiquer leurs informations dans nos<br />
ag<strong>en</strong>das.<br />
Car si nous voulons mettre à disposition du public l’information<br />
et l’analyse culturelles, nous avons besoin de financem<strong>en</strong>ts.<br />
P<strong>en</strong>sez donc à adhérer, et à utiliser ce nouveau service…<br />
AGNÈS FRESCHEL
Assez du féminis<br />
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ULTURELLE<br />
P<strong>en</strong>sant ce milieu a priori cultivé, donc courtois,<br />
nous imaginions qu’ouvrir les yeux de ces<br />
g<strong>en</strong>s policés suffirait à les convaincre qu’une<br />
telle inégalité n’est pas acceptable. Nous<br />
avons donc apposé notre logo <strong>en</strong> expliquant<br />
dans quelles conditions, soit<br />
• sans réclamer une parité difficile à mettre<br />
<strong>en</strong> place<br />
• <strong>en</strong> soulignant les qualités esthétiques ou<br />
intellectuelles de manifestations sans femmes<br />
• <strong>en</strong> décidant de ne pas épingler les très<br />
nombreux solos masculins qui<br />
empliss<strong>en</strong>t pourtant la plupart de<br />
nos pages confér<strong>en</strong>ces, livres et<br />
expos…<br />
Nous p<strong>en</strong>sions que notre démarche<br />
était claire et mesurée, notre<br />
logo ne s’apposant qu’à partir de<br />
moins de 20% de femmes sur<br />
scène et/ou dans l’équipe créatrice.<br />
Tout <strong>en</strong> nous étonnant que<br />
personne n’y ait p<strong>en</strong>sé avant nous,<br />
nous ne p<strong>en</strong>sions pas susciter de<br />
déluge de reproches (des remerciem<strong>en</strong>ts<br />
aussi, de la part de<br />
femmes et d’hommes).<br />
Pour préciser : nous avons reçu<br />
La mise <strong>en</strong> place du<br />
label «pas de femmes»<br />
depuis deux mois dans<br />
<strong>Zibeline</strong> a suscité<br />
des réactions que nous<br />
n’att<strong>en</strong>dions pas…<br />
Interv<strong>en</strong>tion du collectif La Barbe durant la prés<strong>en</strong>tation 2012 de la saison de l'Odéon, exclusivem<strong>en</strong>t<br />
masculine (auteurs, metteurs <strong>en</strong> scène). Luc Bondy avait eu cette réplique culte : "il y a des femmes<br />
dans mon théâtre, à la communication"© Nick Mead<br />
Manifeste du mouvem<strong>en</strong>t H/F (extraits)<br />
égalité femmes hommes<br />
dans l’art et la culture<br />
…Les inégalités invraisemblables qui perdur<strong>en</strong>t dans ces secteurs<br />
hautem<strong>en</strong>t symboliques soulèv<strong>en</strong>t aujourd’hui un vrai problème de<br />
démocratie : quel miroir les arts et la culture offr<strong>en</strong>t-ils à notre<br />
société ? Respect<strong>en</strong>t-ils les principes de partage et de libre accès voulus<br />
par le dispositif public ? Comm<strong>en</strong>t les œuvres et les représ<strong>en</strong>tations qui<br />
y sont produites peuv<strong>en</strong>t-elles parler du monde, si les femmes, qui sont<br />
plus de la moitié de la population française, n’y pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t qu’une part<br />
aussi minime ?<br />
Le mouvem<strong>en</strong>t H/F est convaincu que les inégalités <strong>en</strong>tre femmes et<br />
hommes dans le domaine des arts et de la culture sont le symptôme<br />
d’un dysfonctionnem<strong>en</strong>t profond éloignant nos pratiques de la réalité<br />
et des aspirations de notre pays….<br />
www.snapcgt.org/IMG/pdf/manifeste_HF.pdf<br />
des posts, des mails et mêmes<br />
des lettres anonymes nommant<br />
nos journalistEs par leur prénom<br />
et nous reprochant un «copinage»<br />
relevant du «féminissisme» ;<br />
on nous a écrit qu’on se «trompait<br />
de combat» parce qu’une manifestation<br />
ne pouvait pas à la fois<br />
représ<strong>en</strong>ter les minorités sociales<br />
et les femmes, et qu’aujourd’hui<br />
l’important était le social (Ah<br />
bon ? et quid des femmes des<br />
minorités sociales ?) ; on nous a<br />
écrit «il y <strong>en</strong> a assez, des femmes<br />
incompét<strong>en</strong>tes sont nommées<br />
partout parce qu’il faut des femmes»<br />
(Ah bon ? il ya un réservoir<br />
d’hommes compét<strong>en</strong>ts mais pas<br />
de femmes, parce que… elles sont<br />
plus bêtes ? moins diplômées ?<br />
tourm<strong>en</strong>tées par leurs ovaires ? ).<br />
On nous a reproché d’être féministes,<br />
comme si l’égalité était acquise ! De<br />
poursuivre un combat «ess<strong>en</strong>tialiste» comme<br />
si nous avions jamais parlé d’un art féminin,<br />
ou de la spécificité d’une gouvernance féminine<br />
(nous p<strong>en</strong>sons que les femmes ont tort<br />
de mettre <strong>en</strong> avant des qualités spécifiquem<strong>en</strong>t<br />
féminines, qui à notre s<strong>en</strong>s n’exist<strong>en</strong>t pas).<br />
Le reproche le plus fréqu<strong>en</strong>t remporte la palme<br />
du paternalisme bi<strong>en</strong>veillant. On <strong>en</strong> veut trop<br />
et tout de suite, «parce que quand même pour<br />
les femmes ça a bi<strong>en</strong> avancé». Ce qui est non<br />
seulem<strong>en</strong>t contestable dans les faits durant le<br />
dernier quart de siècle, mais de plus complètem<strong>en</strong>t<br />
insatisfaisant : la loi garantit l’égalité,<br />
et on ne peut pas dire à nos filles qui ont 8<br />
fois moins de chances que nos garçons de dev<strong>en</strong>ir<br />
metteur <strong>en</strong> scène ou musici<strong>en</strong>nes qu’elles<br />
ont déjà plus de liberté que leurs grandmères<br />
: c’est de leurs frères qu’il faut qu’elles<br />
soi<strong>en</strong>t les égales. En termes d’accès aux programmations,<br />
et de rémunération.<br />
Pourquoi l’égalité<br />
dans la culture ?<br />
Une autre question, moins agressive, revi<strong>en</strong>t :<br />
on nous demande pourquoi nous focalisons<br />
notre «combat pour la cause féminine» («féministe»<br />
est décidém<strong>en</strong>t tabou…) dans le<br />
secteur du spectacle et de la culture. En dehors<br />
d’une réponse pragmatique (nous sommes<br />
un journal culturel…), et d’une autre moins<br />
drôle (dans ce secteur-là les inégalités sont<br />
<strong>en</strong>core plus criantes qu’ailleurs), nous r<strong>en</strong>voyons<br />
au raisonnem<strong>en</strong>t du Parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong>, puis<br />
4 ans après jour pour jour du ministère de la<br />
Culture français (voir <strong>en</strong>cadrés) : les inégalités<br />
des chances et des salaires dans ces secteurs<br />
se doubl<strong>en</strong>t d’une grande influ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> terme<br />
d’image et de représ<strong>en</strong>tation de<br />
soi. Ne pas voir de femmes<br />
créatrices, sur les scènes et les<br />
écrans, à la tête des labos ou<br />
possédant une parole d’experte,<br />
empêche nos petites filles de se<br />
projeter dans ces rôles. Comme<br />
<strong>en</strong> politique ou dans le sport, la<br />
rev<strong>en</strong>dication d’égalité dans le<br />
spectacle et les médias est aussi<br />
un combat pour que change<br />
l’image des femmes…<br />
C’est pourquoi il nous semble<br />
urg<strong>en</strong>t de montrer qu’un certain<br />
sexisme s’est installé dans les<br />
manifestations culturelles, et<br />
combi<strong>en</strong> la mixité reste impossible,<br />
les g<strong>en</strong>res étant de plus <strong>en</strong><br />
plus séparés : nous avons reçu<br />
parmi les remerciem<strong>en</strong>ts des mails<br />
de femmes musici<strong>en</strong>nes qui rêv<strong>en</strong>t<br />
de mixité mais ont fini par<br />
créer des groupes de femmes…<br />
parce que les hommes ne veul<strong>en</strong>t<br />
pas d’elles. Et des mails de comédi<strong>en</strong>nes<br />
qui <strong>en</strong> ont assez de<br />
voir que les rares rôles de femmes<br />
du répertoire sont de plus <strong>en</strong><br />
plus souv<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>us par des hommes<br />
sous prétexte de r<strong>en</strong>ouer<br />
avec le théâtre élisabéthain. À<br />
quand des femmes jouant des<br />
rôles d’hommes ? Mais c’est malheureusem<strong>en</strong>t<br />
dans le secteur<br />
des musiques actuelles, là où la<br />
rev<strong>en</strong>dication d’égalité devrait<br />
être la plus forte, que les femmes<br />
sont le moins nombreuses… et<br />
que notre logo, qui constate des faits, doit<br />
s’assortir souv<strong>en</strong>t de comm<strong>en</strong>taires agacés !<br />
Là, c’est trop…<br />
Pour exemple, le site et le dossier de presse<br />
de This is [not] music, manifestation labellisée<br />
MP2013, jeune et branchée, où nombre<br />
de filles vont chercher une id<strong>en</strong>tité… Le<br />
dossier comporte deux images de musici<strong>en</strong>nes<br />
et 64 photos d’hommes musici<strong>en</strong>s. Une de ces<br />
deux images, publicitaire, fait partie de la<br />
campagne du Mouv’ «Non tout n’était pas mieux<br />
avant» : la femme y joue de l’accordéon, et
me ?<br />
représ<strong>en</strong>te le comble du ringard.<br />
Une autre image de femme, issue<br />
d’une œuvre plastique, est assortie<br />
de ce comm<strong>en</strong>taire : «de<br />
belles créatures frottant langoureusem<strong>en</strong>t<br />
leur corps sur des<br />
capots brûlants ornés des<br />
flammes de l’<strong>en</strong>fer». La femme<br />
infernale, le retour !<br />
Quant aux skateuses, elles sont<br />
abs<strong>en</strong>tes de la programmation,<br />
mais prés<strong>en</strong>tes par une exposition<br />
des moulages de leurs<br />
«bustes». En dehors de cette<br />
partie primordiale de l’anatomie<br />
des sportives de la glisse, les 14<br />
images de sportifs sont des hommes<br />
sauf… une qui illustre une<br />
programmation qui «décrit la<br />
capacité inépuisable de l’être<br />
humain à se r<strong>en</strong>dre ridicule lors<br />
de performances sportives» !<br />
Vous avez dit sexiste ?<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Résolution du Parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> (extraits)<br />
A. considérant que les inégalités dans les<br />
possibilités d’emploi et les chances des femmes<br />
et des hommes sont fortem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes et<br />
persistantes dans les arts du spectacle,<br />
F. considérant que l’objectif égalitaire dans les<br />
métiers des arts du spectacle suppose de passer<br />
par l’instauration systématique de la mixité,<br />
G. considérant que le tal<strong>en</strong>t n’explique pas seul<br />
la qualité artistique d’une réalisation ou la<br />
réussite d’un parcours professionnel,<br />
H. considérant <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce qu’il convi<strong>en</strong>t<br />
de modifier les situations de ségrégation<br />
actuelles qui persist<strong>en</strong>t toujours dans les arts<br />
du spectacle,<br />
J. considérant que des préjugés persistants<br />
<strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t trop souv<strong>en</strong>t des comportem<strong>en</strong>ts<br />
discriminants à l’égard des femmes dans les<br />
processus de sélection et de nomination ainsi<br />
que dans les relations de travail, et que les<br />
femmes, <strong>en</strong> dépit d’un niveau de formation<br />
supérieur, d’un intérêt pour la formation<br />
continue et de réseaux plus forts, ont souv<strong>en</strong>t<br />
un rev<strong>en</strong>u plus faible que les hommes,<br />
1. souligne l’ampleur et la persistance des<br />
inégalités <strong>en</strong>tre les hommes et les femmes dans<br />
les arts du spectacle et l’impact que le mode<br />
d’organisation inégalitaire de ce secteur peut<br />
avoir sur l’<strong>en</strong>semble de la société, compte t<strong>en</strong>u<br />
de la nature particulière de ses activités ;<br />
7. souligne que la discrimination à l’égard des<br />
femmes pénalise le développem<strong>en</strong>t du secteur<br />
culturel <strong>en</strong> le privant de tal<strong>en</strong>ts et de<br />
compét<strong>en</strong>ces et fait remarquer que les tal<strong>en</strong>ts<br />
ont besoin de r<strong>en</strong>contres avec le public pour être<br />
reconnus ;<br />
9. invite les acteurs du domaine culturel à<br />
améliorer la prés<strong>en</strong>ce des créatrices et de leurs<br />
œuvres dans les programmations, les<br />
collections, les éditions ou les consultations ;<br />
12. invite la Commission et les États membres<br />
à <strong>en</strong>visager, dès à prés<strong>en</strong>t, une première étape<br />
réaliste dans la lutte contre les inégalités dans<br />
les arts du spectacle, consistant à assurer la<br />
prés<strong>en</strong>ce d’au moins un tiers de personnes du<br />
sexe minoritaire dans toutes les branches du<br />
secteur ;<br />
14. rappelle aux institutions culturelles la<br />
nécessité absolue de traduire dans les faits la<br />
notion démocratique selon laquelle à travail<br />
égal <strong>en</strong>tre un homme et une femme doit<br />
correspondre un salaire égalem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tique,<br />
laquelle, dans le domaine artistique comme dans<br />
bi<strong>en</strong> d’autres secteurs, n’est pas toujours<br />
appliquée.<br />
LE PARLEMENT EUROPÉEN, LE 10 MARS 2009<br />
L’intégralité du texte de loi est consultable<br />
sur www.europarl.europa.eu<br />
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Déclaration du ministère de la Culture et de la Communication (extraits)<br />
Contrairem<strong>en</strong>t à beaucoup d’idées reçues, la<br />
réalité de la situation des femmes dans l’univers<br />
de la culture et des médias est bi<strong>en</strong> peu<br />
satisfaisante.<br />
Le constat est sévère : quand elles apparaiss<strong>en</strong>t,<br />
les femmes ont souv<strong>en</strong>t un statut secondaire,<br />
un rôle social minoré. […] La légitimité du savoir<br />
reste masculine. […] Comm<strong>en</strong>t les spectatrices,<br />
et <strong>en</strong> particulier les plus jeunes d’<strong>en</strong>tre elles,<br />
peuv<strong>en</strong>t-elles trouver les repères pour s’id<strong>en</strong>tifier<br />
et pr<strong>en</strong>dre confiance ?<br />
On sait bi<strong>en</strong> que les différ<strong>en</strong>ts modes d’expression<br />
artistique et culturelle, qu’il s’agisse du<br />
spectacle vivant, du cinéma, de la littérature...,<br />
et bi<strong>en</strong> sûr les médias, véhicul<strong>en</strong>t des représ<strong>en</strong>tations<br />
sexistes et des stéréotypes d’autant<br />
plus puissants qu’ils sont souv<strong>en</strong>t peu visibles,<br />
<strong>en</strong> raison de l’autorité intellectuelle de la création<br />
et de la force de l’image, et qu’ils s’ancr<strong>en</strong>t<br />
dans l’inconsci<strong>en</strong>t collectif. Mais cette puissance<br />
peut à rebours s’exercer pour modifier ces<br />
représ<strong>en</strong>tations réductrices ou erronées. Notre<br />
action dans ce domaine, comme dans celui de<br />
l’éducation, est donc déterminante.<br />
Pour que les choses boug<strong>en</strong>t, pour mettre la<br />
société <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, il faut de la volonté -du<br />
volontarisme peut-être- et un travail de fond.<br />
C’est pourquoi j’ai demandé que figur<strong>en</strong>t dorénavant<br />
dans les lettres de mission de tous les<br />
dirigeants de nos institutions nationales, établissem<strong>en</strong>ts<br />
culturels et médias publics, des<br />
consignes précises pour que la prés<strong>en</strong>ce des<br />
femmes dans les postes de direction comme<br />
dans les programmations soit améliorée ; cette<br />
exig<strong>en</strong>ce figurera égalem<strong>en</strong>t dans les contrats<br />
(contrats de performance, contrats d’objectifs et<br />
de moy<strong>en</strong>s) qu’ils sign<strong>en</strong>t avec le ministère ; et<br />
dans les réseaux du spectacle vivant ou les<br />
réseaux de diffusion de l’art contemporain, ou<br />
<strong>en</strong>core les FRAC, je souhaite, <strong>en</strong> concertation<br />
avec les élus locaux, qui sont comme nous<br />
garants du respect du principe d’égal accès des<br />
femmes et des hommes aux responsabilités, que<br />
nous nous <strong>en</strong>gagions de façon volontariste dans<br />
un processus de respect de la parité.<br />
[…] Parallèlem<strong>en</strong>t à toutes ces mesures incitatives,<br />
quelquefois dissuasives..., il faut aussi<br />
montrer et démontrer tout ce que les femmes<br />
font déjà, et qu’elles peuv<strong>en</strong>t faire avec le même<br />
tal<strong>en</strong>t et les mêmes compét<strong>en</strong>ces que les hommes,<br />
dans tous les domaines. «R<strong>en</strong>dre visible<br />
l’invisible», c’est aussi cela.<br />
AURÉLIE FILIPPETTI, LE 10 MARS 2013<br />
L’intégralité du discours prononcé est consultable<br />
sur le site du ministère de la Culture<br />
www.culturecommunication.gouv.fr<br />
M<strong>en</strong>suel gratuit paraissant<br />
le deuxième mercredi du mois<br />
Edité à 32 000 exemplaires<br />
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Edité par <strong>Zibeline</strong> SARL<br />
76 av<strong>en</strong>ue de la Panouse | n°11<br />
13009 Marseille<br />
Dépôt légal : janvier 2008<br />
Directrice de publication<br />
Rédactrice <strong>en</strong> chef<br />
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Clarisse Guichard,<br />
Christine Rey, Edouard Barthélémy,<br />
Manon Mathieu
La culture sans artiste,<br />
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LITI<br />
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Si l’année capitale<br />
constitue un formidable<br />
accélérateur <strong>en</strong> termes<br />
d’équipem<strong>en</strong>ts culturels<br />
nul ne sait, aujourd’hui,<br />
avec quel arg<strong>en</strong>t<br />
ils vont fonctionner.<br />
Le paysage théâtral<br />
marseillais, <strong>en</strong> particulier,<br />
est dévasté…<br />
L’offre culturelle à l’av<strong>en</strong>ir sera certainem<strong>en</strong>t<br />
augm<strong>en</strong>tée : le MuCEM, la Villa Méditerranée,<br />
le musée des Beaux Arts et demain celui d’Histoire<br />
vont <strong>en</strong> particulier offrir aux Marseillais<br />
des activités culturelles qu’ils n’avai<strong>en</strong>t jamais<br />
pratiquées. Le territoire de MP2013 n’est pas<br />
<strong>en</strong> reste, depuis les Pénit<strong>en</strong>ts Noirs à Aubagne<br />
<strong>en</strong> passant par le Conservatoire d’Aix, les<br />
musées d’Arles ou l’Ed<strong>en</strong> à La Ciotat. La région<br />
toute <strong>en</strong>tière a été poussée à monter des murs :<br />
la FabricA à Avignon, le Théâtre Liberté à<br />
Toulon, ou le Forum à Fréjus et le Théâtre Durance<br />
à Château-Arnoux rééquilibr<strong>en</strong>t le paysage<br />
théâtral sur le territoire… <strong>en</strong> puisant sur les mêmes<br />
«<strong>en</strong>veloppes budgétaires» (le terme consacré<br />
fleure bon le dessous-de-table…). Ce qui forcém<strong>en</strong>t<br />
appauvrit les autres, et met <strong>en</strong> rivalité<br />
les lieux culturels : difficile alors d’imaginer des<br />
productions communes, lorsque les tutelles jou<strong>en</strong>t<br />
la concurr<strong>en</strong>ce de ceux qui devrai<strong>en</strong>t collaborer…<br />
Cette technique de managem<strong>en</strong>t est bi<strong>en</strong><br />
connue des <strong>en</strong>treprises aux cadres surnuméraires<br />
: pour s’<strong>en</strong> débarrasser elles les font<br />
plancher sur le même projet, pour qu’ils s’épuis<strong>en</strong>t<br />
dans la lutte, et intérioris<strong>en</strong>t les raisons de<br />
leur éviction. Combi<strong>en</strong> de directeurs de lieux<br />
se laiss<strong>en</strong>t aller à dénigrer leurs confrères, qu’ils<br />
décriv<strong>en</strong>t comme des adversaires, et qui le sont<br />
de fait, dans les commissions d’attribution des<br />
collectivités ? Combi<strong>en</strong> d’autres jett<strong>en</strong>t l’éponge<br />
tant le combat est dur ?<br />
un idéal libéral<br />
Le chantier du theatre de La Minoterie © Philippe Houssin<br />
Des lieux sans moy<strong>en</strong>s<br />
Aucun de ces équipem<strong>en</strong>ts d’<strong>en</strong>vergure n’est<br />
destiné à faire vivre les artistes, c’est-à-dire la<br />
création. L’exemple le plus frappant est le nouveau<br />
FRAC Paca, avec son budget annuel d’acquisition<br />
dérisoire, à peine supérieur à ce que la<br />
Région attribue au financem<strong>en</strong>t d’une seule<br />
production cinématographique : 215 000 €,<br />
pour irriguer une région <strong>en</strong>tière ? Or c’est cela<br />
qui permet d’acheter des œuvres aux artistes<br />
et de les faire vivre… À la Friche la Tour Panorama<br />
est érigée, le Pôle Théâtre sorti de terre,<br />
l’une et l’autre sans aucun moy<strong>en</strong> de production,<br />
ni pour les arts visuels, ni pour la création<br />
théâtrale. Le lieu, superbe, a seulem<strong>en</strong>t de quoi<br />
ouvrir ses portes, payer son personnel perman<strong>en</strong>t<br />
et les charges courantes… Beau comme un<br />
frigo vide, et tout aussi glaçant !<br />
C’est sans doute pour la vie théâtrale que le tableau<br />
est le plus affolant. Le Gyptis est assuré<br />
qu’il ne fermera pas, mais va sans doute se transformer<br />
<strong>en</strong> «Pôle image», <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dez <strong>en</strong> cinéma.<br />
Le théâtre est perdu pour la création, même si<br />
une partie des moy<strong>en</strong>s doit, <strong>en</strong> principe, se retrouver<br />
à La Friche : nul ne sait si cette «fusion»<br />
(on dit OPA, non, chez les capitalistes ?) se passera<br />
à budget constant, mais il faudra, au mieux,<br />
financer deux lieux avec les moy<strong>en</strong>s d’un seul…<br />
En effet, Catherine Marnas est nommée à la direction<br />
du Théâtre National de Bordeaux –elle<br />
part par lassitude, par désespoir aussi de jamais<br />
obt<strong>en</strong>ir dans sa ville les moy<strong>en</strong>s de produire et<br />
programmer. Que va dev<strong>en</strong>ir le pôle théâtral<br />
qu’elle devait diriger et qui se retrouve privé de<br />
l’arg<strong>en</strong>t de sa compagnie qui ferme dès janvier<br />
2014 ?<br />
Quant à la Minoterie <strong>en</strong> reconstruction et qui<br />
ouvrira <strong>en</strong> septembre, elle devra produire et programmer<br />
avec un budget de fonctionnem<strong>en</strong>t à<br />
peine supérieur à ce que les Minotiers avai<strong>en</strong>t<br />
pour un lieu de moindre taille et où ils accueillai<strong>en</strong>t<br />
à petits prix : la Ville de Marseille a<br />
augm<strong>en</strong>té sa subv<strong>en</strong>tion de fonctionnem<strong>en</strong>t,<br />
mais celle de l’État est supprimée, celle de la<br />
Région <strong>en</strong> forte baisse… si bi<strong>en</strong> qu’ils n’auront<br />
aucune marge artistique supplém<strong>en</strong>taire : une<br />
fois le personnel payé, il restera une somme<br />
dérisoire, largem<strong>en</strong>t insuffisante pour une programmation<br />
régulière, sans parler d’aide à la<br />
production…<br />
Plus de production<br />
Il n’y aura donc, à Marseille, plus de théâtres <strong>en</strong><br />
capacité de financer des créations : le Toursky<br />
ne pratique que l’accueil, dans des conditions<br />
financières forcém<strong>en</strong>t déplorables ; les Bernardines<br />
ne peuv<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>ir que de petites formes<br />
pas chères, Montévidéo que des lectures, tout<br />
comme les autres petits lieux marseillais ; seul<br />
le Gymnase, qui n’y est obligé par aucune<br />
conv<strong>en</strong>tion, la Criée et le Merlan, qui y sont<br />
<strong>en</strong>joints par leur cahier des charges national,<br />
sont <strong>en</strong> capacité de produire des créations<br />
théâtrales. Mais par choix ou par contrainte –<br />
difficultés du quartier, ori<strong>en</strong>tations esthétiques,<br />
nécessité de remplir les salles avec des formes<br />
sans «prise de tête» ou des affiches prestigieusesils<br />
ne produis<strong>en</strong>t que rarem<strong>en</strong>t des compagnies<br />
théâtrales régionales : le Gymnase/Jeu de<br />
paume les a cantonnées cette année au jeune<br />
public, la Criée se cont<strong>en</strong>te d’accueillir dans sa<br />
petite salle un cycle clown de François Cervantes<br />
; et le Merlan préfère nettem<strong>en</strong>t le cirque,<br />
la danse et les balades.<br />
Le tableau n’est pas plus riant ailleurs : partout<br />
les pôles fusionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> «mutualisant les moy<strong>en</strong>s»,<br />
belle périphrase pour désigner des économies<br />
forcées, et des victoires de directeurs qu’on a<br />
transformés <strong>en</strong> compétiteurs. Le théâtre Liberté<br />
à Toulon, qui ne désemplit pas quelles que<br />
soi<strong>en</strong>t ses propositions, voit son budget amputé<br />
tandis que Châteauvallon est dans le flou et<br />
que le théâtre de Draguignan a dû définitivem<strong>en</strong>t<br />
r<strong>en</strong>oncer à rester un pôle de création. La<br />
Scène nationale de Cavaillon bat de l’aile,<br />
abandonnée par la ville. Celle de Martigues<br />
peine à se trouver un directeur, l’État et la Ville<br />
n’étant pas d’accord sur le projet, si bi<strong>en</strong> qu’aucune<br />
production n’est prévisible. La Passerelle<br />
à Gap produit moins de théâtre, le Théâtre<br />
Durance n’a les moy<strong>en</strong>s que de petites formes,<br />
le Sémaphore de Port-de-Bouc est poussé à<br />
«mutualiser» avec les Salins, Ouest Prov<strong>en</strong>ce<br />
depuis la mutualisation programme surtout du
jeune public… Qui va donc proposer du théâtre de création <strong>en</strong><br />
2014 ? Et qui va financer les compagnies régionales ?<br />
Plus de subv<strong>en</strong>tions<br />
Parallèlem<strong>en</strong>t à cette limitation des capacités de productions des<br />
lieux, les compagnies indép<strong>en</strong>dantes subiss<strong>en</strong>t de plein fouet une<br />
diminution importante de leurs moy<strong>en</strong>s propres. Les aides à la création<br />
se réduis<strong>en</strong>t chaque année, et l’on demande à des compagnies<br />
de monter des spectacles parfois avec 2000 €… tout <strong>en</strong> leur reprochant<br />
de ne pas avoir un fonctionnem<strong>en</strong>t professionnel (<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dez :<br />
payer les répétitions… mais avec quoi ?) ou <strong>en</strong> leur disant qu’ils tourn<strong>en</strong>t<br />
peu (qui les achète ?) ou qu’ils coût<strong>en</strong>t cher dès qu’ils ont un projet<br />
à plus de trois personnes, ou avec un petit décor. Pour les quelques<br />
compagnies conv<strong>en</strong>tionnées (qui ne sont pas financées au projet,<br />
mais reçoiv<strong>en</strong>t des subv<strong>en</strong>tions régulières…), les <strong>en</strong>veloppes se réduis<strong>en</strong>t,<br />
les cahiers des charges s’alourdiss<strong>en</strong>t tandis que tous les<br />
coûts augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t. L’ess<strong>en</strong>tiel de leur énergie se perd dans des recherches<br />
de financem<strong>en</strong>t, et une nécessaire médiation avec des<br />
publics nouveaux puisque les collectivités exig<strong>en</strong>t désormais que les<br />
artistes, à moy<strong>en</strong>s au mieux constants, s’occup<strong>en</strong>t de colmater la<br />
désagrégation sociale <strong>en</strong> marche…<br />
Concrètem<strong>en</strong>t : les crédits déc<strong>en</strong>tralisés de l’État sont <strong>en</strong> forte baisse,<br />
avalés au trois quart par quelques grosses structures (C<strong>en</strong>tres Dramatiques,<br />
Chorégraphiques et d’Art de la rue nationaux, et dans une<br />
moindre mesure Scènes nationales et C<strong>en</strong>tres de Création musicale)<br />
qui <strong>en</strong> ont besoin pour fonctionner. Ne pouvant amputer les moy<strong>en</strong>s<br />
de ces structures nationales, l’État se dés<strong>en</strong>gage sur celles qui déjà<br />
ne se partageai<strong>en</strong>t que leurs miettes. À ces réductions au long cours<br />
vi<strong>en</strong>t s’ajouter une diminution sans précéd<strong>en</strong>t du financem<strong>en</strong>t culturel<br />
de la Région Paca, qui ne sait à quoi vont désormais se limiter<br />
ses compét<strong>en</strong>ces, puisque sa dotation d’État est <strong>en</strong> forte baisse. La<br />
diminution de 6% annoncée <strong>en</strong> 2013 se traduit plutôt par 10%, et<br />
on murmure que cela atteindra 25% de plus <strong>en</strong> 2014… Les conseils<br />
généraux baiss<strong>en</strong>t aussi fortem<strong>en</strong>t leurs subv<strong>en</strong>tions aux compagnies<br />
indép<strong>en</strong>dantes (10 à 15% dans les BdR, jusqu’à 50% dans le Var….).<br />
Dans ces conditions non seulem<strong>en</strong>t aucun tal<strong>en</strong>t nouveau ne peut<br />
éclore, ce qui est déjà le cas depuis 15 ans (d’où l’affreuse t<strong>en</strong>dance des<br />
jeunes artistes à vouloir flinguer les anci<strong>en</strong>s), mais bon nombre de<br />
compagnies ont disparu. D’autres vont suivre, malgré les départs à<br />
la retraite de la génération des pionniers de nos théâtres : les collectivités<br />
ne redistribueront pas leurs moy<strong>en</strong>s aux plus jeunes, <strong>en</strong> profitant<br />
pour économiser.<br />
Pr<strong>en</strong>ez-nous la tête<br />
Conséqu<strong>en</strong>ce immédiate ? Elle est déjà s<strong>en</strong>sible, atténuée par la capitale<br />
culturelle qui nourrit les corps, les yeux et aussi les esprits.<br />
Révélée par elle aussi : il est difficile de programmer du bon théâtre<br />
né dans ce territoire. Les compagnies d’ici ne manqu<strong>en</strong>t pas de tal<strong>en</strong>t,<br />
mais d’arg<strong>en</strong>t : sans répétitions, sans décors, sans possibilité de<br />
commander des textes à un auteur, sans capacité d’aller au-delà du<br />
duo ou trio d’acteurs, elles produis<strong>en</strong>t des œuvres d’une qualité insatisfaisante.<br />
Ce qui permet de justifier des déconv<strong>en</strong>tionnem<strong>en</strong>ts,<br />
autre technique de «gestion des ressources humaines» bi<strong>en</strong> connue<br />
des <strong>en</strong>treprises.<br />
Leur seul moy<strong>en</strong> de survivre est de se tourner vers les arts de la rue,<br />
qui ont ici des moy<strong>en</strong>s de production, de faire du jeune public pas cher,<br />
de proposer des relectures light du répertoire. Ou <strong>en</strong>core : de faire des<br />
lectures, de prés<strong>en</strong>ter des étapes de travail. Bref des formes pauvres,<br />
qui de surcroît éloign<strong>en</strong>t le public.<br />
Est-ce la fin du théâtre ? Si nous ne construisons que des musées et<br />
des boîtes à programmer ce qui tourne ailleurs, nous aurons droit à<br />
de la culture <strong>en</strong> conserve, et devi<strong>en</strong>drons un territoire sans parole.<br />
À l’heure où Marseille Prov<strong>en</strong>ce veut constituer une jonction <strong>en</strong>tre<br />
Méditerranée et Europe, ce serait une catastrophe…<br />
Quant à la volonté plus ou moins consci<strong>en</strong>te d’étouffer le g<strong>en</strong>re dramatique,<br />
de le remplacer peu à peu par les arts du corps, des yeux et<br />
du son (celui qui fait bouger les corps), il relève certes d’une volonté<br />
nécessaire d’affirmer l’importance de la chair et de la libérer, mais<br />
aussi d’une méfiance politique <strong>en</strong>vers la force subversive<br />
de cette pratique millénaire née avec la cité.<br />
On sait comm<strong>en</strong>t Jean Louis Barrault définissait<br />
l’art, c’est à dire pour lui le théâtre : «L’art, dans son<br />
ess<strong>en</strong>ce, est contestation, contestation de la mort,<br />
contestation contre les pharisi<strong>en</strong>s de tous poils, contestation<br />
de soi-même.»<br />
Depuis 68 l’histoire lui a donné tort et nombre de<br />
spectacles cons<strong>en</strong>suels sont v<strong>en</strong>us conforter l’action<br />
de Coca-Cola sur nos cerveaux disponibles. Mais cette<br />
utopie française d’un art révolutionnaire financé par<br />
l’État et les collectivités qui <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t reste possible,<br />
à peu de frais : il suffit d’une volonté politique,<br />
c’est-à-dire d’une prise de consci<strong>en</strong>ce de la force de<br />
l’art, qui permette une réori<strong>en</strong>tation vers la création<br />
des crédits culturels, et refasse une place aux artistes.<br />
Un pôle théâtre qui aurait pour mission de produire,<br />
avec des moy<strong>en</strong>s et sans véto esthétique, toutes les<br />
compagnies régionales ? Une obligation pour toutes<br />
ces structures sorties de terre de les accueillir dans<br />
des conditions déc<strong>en</strong>tes ? Un réexam<strong>en</strong> des <strong>en</strong>veloppes<br />
attribuées aux compagnies indép<strong>en</strong>dantes ?<br />
Tout cela est plus que jamais nécessaire, et nettem<strong>en</strong>t<br />
moins coûteux qu’un stade vélodrome, une<br />
Villa Méditerranée ou les ors du Festival de Cannes.<br />
Sans doute moins r<strong>en</strong>table (quoique, le Palais<br />
de la Glace ou la Buzine…), mais cela s’appelle justem<strong>en</strong>t,<br />
dans notre monde libéral, l’exception culturelle.<br />
AGNÈS FRESCHEL
08<br />
É<br />
V<br />
É<br />
N<br />
E<br />
M<br />
E<br />
N<br />
TS<br />
Conjointem<strong>en</strong>t à l’émouvante exposition De la grâce à l’exil réunissant 12 œuvres<br />
de Camille Claudel et un projet sci<strong>en</strong>tifique et culturel au c<strong>en</strong>tre hospitalier<br />
de Montfavet, Avignon poursuivra la célébration de la sculptrice…<br />
Sublimer <strong>en</strong> 3 dim<strong>en</strong>sions<br />
Révolte, fureur créatrice et destruction... le<br />
poignant destin de Camille Claudel n’a pas fini<br />
de fasciner, si l’on <strong>en</strong> croit la très nombreuse<br />
assistance réunie lors du colloque qui vi<strong>en</strong>t de<br />
lui être consacré à Montfavet. De son art, de<br />
sa passion malheureuse pour Auguste Rodin<br />
on a presque tout dit, de même que de ses<br />
t<strong>en</strong>tatives pour échapper à l’ombre écrasante<br />
du maître. Restait à soulever le voile sur la<br />
tragédie familiale : fillette née trop vite après<br />
le décès d’un frère aîné, elle fut un <strong>en</strong>fant de<br />
remplacem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> somme, comme Van Gogh,<br />
comme Courbet... un cas fréqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce XIX e<br />
siècle à la mortalité infantile élevée. L’interv<strong>en</strong>tion<br />
de Michel Autrand montrait qu’au-delà<br />
des appar<strong>en</strong>ces, les destinées si dissemblables<br />
de Paul et Camille Claudel ont un tracé commun<br />
indéniable : celle du jeune frère, «névrotique<br />
et sublimatoire», dont il estimait sur la fin<br />
qu’elle était «une vie manquée» malgré les<br />
succès, et celle de la soeur, dépossédée de<br />
tout, <strong>en</strong>fermée à l’asile de 1913 à 1943. Hervé<br />
Castanet évoquait une femme complexe, qui<br />
«ne ti<strong>en</strong>t pas de l’héroïne hollywoodi<strong>en</strong>ne», <strong>en</strong><br />
incluant dans le tableau son rejet de l’autre,<br />
son antisémitisme, et ses positions anti-dreyfusardes...<br />
peut-être un premier signe de paranoïa<br />
montante. R<strong>en</strong>é Pandelon interrogeait quant<br />
à lui les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre psychose et fécondité artistique,<br />
notamm<strong>en</strong>t chez les femmes où la<br />
folie se décl<strong>en</strong>che globalem<strong>en</strong>t plus tard que<br />
chez les hommes : «Le psychotique met <strong>en</strong> place<br />
son délire là où il y avait un trou ; et la création<br />
peut à certaines conditions faire suppléance.»<br />
Un portrait croisé d’autant plus émouvant qu’il<br />
était livré sur les lieux mêmes où «Camille offrit<br />
ses cheveux au v<strong>en</strong>t», où sont exposées ses<br />
lettres de détresse à sa famille (voir Zib’62). Longtemps<br />
avant sa mort, les médecins estimai<strong>en</strong>t<br />
qu’une sortie de l’hôpital était <strong>en</strong>visageable ;<br />
sa mère a toujours refusé qu’il <strong>en</strong> soit ainsi.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Le colloque Camille Claudel, La femme, la folie,<br />
la création a eu lieu le 26 avril au C<strong>en</strong>tre<br />
Hospitalier de Montfavet. Tous les 1 rs mardis<br />
du mois, le Dr Pandelon y anime un séminaire<br />
intitulé Psychose et création, ouvert à tous<br />
et gratuit.<br />
R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : 04 90 03 92 12<br />
Camille Claudel. De la grâce à l’exil<br />
jusqu’au 2 juin<br />
Musée des Arcades,<br />
C<strong>en</strong>tre hospitalier de Montfavet (84)<br />
04 90 03 90 80<br />
www.camilleclaudel2013.com<br />
…<strong>en</strong> tissant autour d’elle un li<strong>en</strong> avec quatre autres femmes-artistes dans Les Papesses.<br />
Un événem<strong>en</strong>t majeur et passionnant à découvrir dès le 9 juin au Palais des Papes<br />
et à la Collection Lambert<br />
Habemus Papas !<br />
Avec l’exposition Les Papesses, Avignon accueille<br />
un événem<strong>en</strong>t majeur et r<strong>en</strong>oue, après<br />
Picasso <strong>en</strong> 1970 et Barceló <strong>en</strong> 2010, avec les<br />
grandes d’expositions d’été. Grâce au part<strong>en</strong>ariat<br />
accru <strong>en</strong>tre la Collection Lambert et<br />
Avignon Tourisme (société d’économie mixte<br />
gestionnaire du Palais des Papes), la parole<br />
est donnée à cinq femmes artistes. Pour la<br />
première fois, Camille Claudel, Louise Bourgeois,<br />
Kiki Smith, Jana Sterbak et Berlinde De<br />
Bruyckere sont réunies, autour de l’histoire de<br />
Jeanne la Papesse, lég<strong>en</strong>de médiévale longtemps<br />
attestée par l’église romaine, qui prét<strong>en</strong>dait<br />
que cette femme, travestie, élue pape au IX e<br />
siècle, avait accouché un jour à cheval…<br />
300 œuvres tisseront la toile de ces Papesses<br />
de l’art moderne et contemporain, ayant <strong>en</strong><br />
commun une passion pour l’histoire de l’art et<br />
le choix de matériaux complexes, subtilem<strong>en</strong>t<br />
mises <strong>en</strong> dialogue d’un lieu à l’autre par Eric<br />
Mézil directeur de la Collection et commissaire<br />
d’exposition. Si l’hôtel de Caumont accueille<br />
les œuvres les plus fragiles, le Palais des Papes<br />
prés<strong>en</strong>te les pièces monum<strong>en</strong>tales. De la<br />
Grande Chapelle au Jardin B<strong>en</strong>oit XII, jusquelà<br />
inaccessible au public, on découvrira la<br />
Vierge au bûcher ou les tapisseries de Kiki<br />
Smith, l’Araignée ou The Welcoming hands de<br />
Louise Bourgeois, l’installation inédite et<br />
démesurée La Princesse au petit pois de Jana<br />
Sterbak ou les imm<strong>en</strong>ses sphères de verre inspirées<br />
de ses cosmogonies médiévales. Quant<br />
à Camille Claudel, après l’hommage r<strong>en</strong>du à<br />
Montfavet (voir zib’62), près de 30 sculptures,<br />
dont les Causeuses et l’Âge mur, prêtées par le<br />
Musée Rodin et le Grand Palais, seront visibles.<br />
Invitée de la Bi<strong>en</strong>nale de V<strong>en</strong>ise, Berlinde De<br />
Bruyckere prés<strong>en</strong>tera ses inquiétantes vitrines<br />
et sculptures, «du Bacon qui sortirait des tableaux»<br />
selon Eric Mézil. «Il s’agit pratiquem<strong>en</strong>t de monographies<br />
de chaque artiste mais tout va se<br />
croiser, les œuvres vont se parler dans une véritable<br />
interrelation» explique-t-il, ravi des prêts<br />
accordés par les grands musées nationaux :<br />
corps <strong>en</strong> métamorphose de Berlinde De Bruyckère<br />
ou Kiki Smith, alchimie et astrologie<br />
chez Jana Sterbak ou Louise Bourgeois, filiation<br />
chez Claudel ou Kiki Smith. Un résultat<br />
digne de la Cité des Papes, et qui démontre<br />
mine de ri<strong>en</strong> que les femmes peuv<strong>en</strong>t être de<br />
grandes sculptrices à défaut de prélat suprême<br />
! Accessible pour un ticket unique à 15 €<br />
(12 € réduit).<br />
DE.M.<br />
Les Papesses<br />
du 9 juin au 11 novembre<br />
Collection Lambert et Palais des Papes, Avignon<br />
Araignee, Louise Bourgeois © DE.M<br />
www.collectionlambert.com<br />
www.palais-des-papes.com
Chaud dehors capital<br />
La création artistique <strong>en</strong> espace public investit<br />
durant 3 jours la ville d’Aubagne. Issue d’un<br />
part<strong>en</strong>ariat r<strong>en</strong>ouvelé <strong>en</strong>tre le c<strong>en</strong>tre national<br />
de création Lieux Publics et Aubagne, la<br />
manifestation invite le public à suivre les<br />
compagnies régionales dans un nouveau festival<br />
placé sous le signe de Marseille Prov<strong>en</strong>ce<br />
2013 : Chaud dehors 2013.<br />
Dans 1, 2, 3… le plastici<strong>en</strong> Olivier Grossetête<br />
<strong>en</strong>traîne petits et grands à l’édification<br />
de trois bâtim<strong>en</strong>ts éphémères <strong>en</strong> carton. Une<br />
construction collective <strong>en</strong> avant-goût de la<br />
Ville éphémère <strong>en</strong> octobre prochain à Marseille<br />
p<strong>en</strong>dant les Métamorphoses, auxquelles participera<br />
égalem<strong>en</strong>t Archaos qui, avant la Gare<br />
Saint Charles, expérim<strong>en</strong>te les escaliers aubagnais<br />
avec une étape de travail de Run down<br />
issue des duos Stars on stairs. Dans les Urbanologues<br />
associés, le danseur vertical Antoine<br />
le M<strong>en</strong>estrel et Jean-Marie Maddeddu sont<br />
des VRP surréalistes échappés de la Cie Lézard<br />
Bleus pour une déambulation poétique, vue<br />
d’<strong>en</strong> haut ou d’<strong>en</strong> bas, à la découverte de la<br />
mémoire des murs de la ville. Feuilleton théâtral,<br />
plastique et musical à suivre égalem<strong>en</strong>t<br />
avec La Vieille, premier des textes qui constitue<br />
Le Grand ordinaire de la Cie Ambre. Après<br />
avoir illuminé l’inauguration de MP 2013,<br />
Studios de cirque prés<strong>en</strong>te le 3 e volet de la<br />
saga des anges avec Plumes Attacks ou le<br />
dernier jour sur terre. Initié lors de Sirènes et<br />
midi net <strong>en</strong> novembre, Alexandra Tandaim et<br />
la Cie Tandaim (voir p. 35) interrog<strong>en</strong>t dans<br />
We can be heroes © Nicolas Joubard<br />
Le mois du chrysantheme © Vinc<strong>en</strong>t Lucas<br />
Au travail<br />
Chantier au pluriel, performances, résid<strong>en</strong>ces,<br />
visites, cuisines et laboratoires, fabrications<br />
et parcours… il semblerait qu’avec l’arrivée de<br />
Thomas Fourneau à la direction (provisoire<br />
et exceptionnelle) des Informelles 2013 le<br />
monde du théâtre soit <strong>en</strong>fin reconnu comme<br />
partie intégrante de la classe œuvrante sinon<br />
ouvrière, acteurs, metteurs <strong>en</strong> scène et<br />
spectateurs compris. L’invitation est claire à<br />
ne pas rester yeux à moitié ouverts et bras<br />
ballants ni pour les uns, ni pour les autres : il<br />
faudra aller <strong>en</strong> ville sur des places (le cours<br />
d’Esti<strong>en</strong>ne d’Orves pour se mêler aux «héros<br />
chantants» du Group<strong>en</strong>fonction ; les Halles<br />
Delacroix pour découvrir ce que veut vraim<strong>en</strong>t<br />
G<strong>en</strong>eviève Sorin avec son Garçon, s’il vous<br />
plaît ! ; onze fois visiter des chantiers de fin<br />
de résid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> sautant des barrières à la Gare<br />
Franche et aux Argonautes pour r<strong>en</strong>contrer des<br />
artistes v<strong>en</strong>us de Grèce -Kostas Koutsolelosdu<br />
Portugal -le projet Try Romance de Paula<br />
Diogo et Claudia Gaiolas ; le plastici<strong>en</strong><br />
polymorphe Joâo Garcia Miguel- de Norvège<br />
-le tumultueux musici<strong>en</strong> performeur JÆrg<strong>en</strong><br />
Knuds<strong>en</strong>- et puis de France et de Belgique<br />
tous les autres dont les titres claqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pure<br />
énergie comme Blast, duo danse batterie,<br />
sonn<strong>en</strong>t chic (Res Privata ) ou jou<strong>en</strong>t au<br />
Le mois du chrysanthème la relation d’intimité<br />
<strong>en</strong>tre un acteur et des spectateurs, <strong>en</strong> «ram<strong>en</strong>ant<br />
nos morts au c<strong>en</strong>tre de nos villes». D’une<br />
tombe à l’autre, sur des mots issus de Douleur<br />
exquise de Sophie Calle, le public déambule<br />
d’une douleur intime à l’autre. La collection<br />
de spectacles continue avec la danse jukebox<br />
de Mouvim<strong>en</strong>to, une performance de Mathilde<br />
Monfreux, l’atelier musical Artaud cité m<strong>en</strong>é<br />
par le compositeur Wilfried W<strong>en</strong>dling avec<br />
cadavre exquis (Autopsie de Geoffrey Copini<br />
côtoie Barbecues, exploration ambitieuse et<br />
quantique du collectif de Quark à partir de<br />
2666 de Bolaño), la palme rev<strong>en</strong>ant à la<br />
sublime question mijotée aux Bernardines par<br />
Aurélie Leroux et Flor<strong>en</strong>ce Pazzottu, éclairée<br />
par l’incisive Marie Christine Soma Où dois-je<br />
<strong>en</strong>core monter avec mon désir ? Saine fatigue<br />
<strong>en</strong> perspective ! Mais comme pour comm<strong>en</strong>cer<br />
les créations par le 7 e jour, Thomas Fourneau,<br />
avec une exquise politesse, ouvre grand la<br />
porte à la Divine Party des Endimanchés<br />
m<strong>en</strong>és par Alexis Forestier, triptyque de<br />
quatre heures où s’<strong>en</strong>trechoqu<strong>en</strong>t le dantesque<br />
et le kafkaï<strong>en</strong>, paroles, images et musique de<br />
l’Enfer au Paradis. Superbe fête de théâtre qui<br />
augurera sans doute du chemin à parcourir<br />
pour le spectateur plein d’espoir ! Et <strong>en</strong>fin un<br />
lieu de fabrique et de monstration pour<br />
compagnies désarg<strong>en</strong>tées…<br />
MARIE-JO DHO<br />
Du Chantier à l’œuvre<br />
du 22 mai au 8 juin<br />
Les Bernardines, Marseille<br />
04 91 24 30 40<br />
www.theatre-bernardines.org<br />
des amateurs, les duos pour fontaines et marchés<br />
du réseau franco-itali<strong>en</strong> Marcher commun.<br />
DE.M.<br />
Chaud Dehors<br />
les 30, 31 mai et 1 juin<br />
Divers lieux, Aubagne<br />
04 91 03 91 28<br />
www.lieuxpublics.com<br />
www.aubagne.fr<br />
09<br />
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C’est beau un musée,<br />
la nuit<br />
Le 18 mai, pour la neuvième année consécutive,<br />
a lieu <strong>en</strong> Europe la Nuit des musées. Le succès<br />
populaire de cette imm<strong>en</strong>se fête, où s’ouvr<strong>en</strong>t<br />
gratuitem<strong>en</strong>t les portes sur des visites nocturnes,<br />
est indéniable, quoiqu’<strong>en</strong> baisse ces dernières<br />
années à cause des restrictions budgétaires qui<br />
permett<strong>en</strong>t plus difficilem<strong>en</strong>t d’inviter du spectacle<br />
vivant... Mais cette année sur le territoire<br />
la capitale culturelle devrait temporairem<strong>en</strong>t<br />
sauver les appar<strong>en</strong>ces !<br />
À Arles les expositions pr<strong>en</strong>dront d’étranges<br />
formes, comme celle du musée Réattu et son<br />
exposition Nuages (voir p78) ; ou marqueront<br />
des lancem<strong>en</strong>ts, ainsi l’éveil de la Vénus d’Arles,<br />
au MdAA (Zib 62).<br />
Les galeries d’art contemporain s’ouvr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
nocturne à Marseille de même que le premier<br />
étage du J1 et sa superbe exposition Méditerranées,<br />
la Vieille Charité, la Friche qui pr<strong>en</strong>d<br />
de l’avance avec son 48h chrono à partir du 17<br />
mai (voir p 60), le musée Cantini avec l’exposition<br />
Matta (Zib 61), ou <strong>en</strong>core Regards de<br />
Prov<strong>en</strong>ce face à la mer, le nouveau FRAC…<br />
Le musée de la mine de Gréasque organise<br />
un rallie quizz à la lampe de poche et l’atelier<br />
Cézanne d’Aix s’anime de concerts électro-pop.<br />
D’autres font toucher de près une technique,<br />
En 2011 et 2012 les saisons d’été du théâtre Silvain,<br />
organisées par la mairie du 1 er secteur et<br />
sout<strong>en</strong>ue par la Région, avai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>contré un<br />
succès public inatt<strong>en</strong>du, remplissant souv<strong>en</strong>t<br />
les 2800 places, regroupant sur les gradins de<br />
pierre des dizaines de milliers de<br />
personnes v<strong>en</strong>ues profiter à prix<br />
très doux de propositions culturelles<br />
hétéroclites, propres à am<strong>en</strong>er<br />
au spectacle un public familial<br />
d’après la plage, et souv<strong>en</strong>t de<br />
grande qualité : retransmission <strong>en</strong><br />
direct du Festival d’Aix, soirées<br />
cinéma choisies, Orchestre des<br />
Jeunes de la Méditerranée avec<br />
musique <strong>en</strong> création, opéra pour<br />
tous, et une belle soirée avec Fred<br />
Nevchehirlian… En fabriquant sa<br />
programmation sans grand moy<strong>en</strong>s<br />
mais avec les énergies locales et<br />
les structures existantes, le Théâtre<br />
Silvain avait proposé une culture<br />
de qualité, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t musicale,<br />
à tous.<br />
Cette année les propositions sont aussi nombreuses<br />
mais s’ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t davantage, au printemps,<br />
vers le théâtre, versant comique, <strong>en</strong> accueillant<br />
des recalés de MP2013. Mais qui ne l’est pas ?<br />
les choix <strong>en</strong> termes de théâtre se sont jusqu’à<br />
prés<strong>en</strong>t révélés peu pertin<strong>en</strong>ts, et rares ! Le<br />
celle de la mosaïque au musée des Faï<strong>en</strong>ces<br />
de la Tour d’Aigues…<br />
Nouveauté de l’année, le numérique ! Une<br />
application androïd, Urban Pulse, initiative de<br />
Veolia Transdev, «fonctionne comme une véritable<br />
start-up basée à Paris et New York» et a<br />
pour ambition de dev<strong>en</strong>ir «l’application mondiale<br />
incontournable pour tous ceux qui sort<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
ville». Et qui dispos<strong>en</strong>t d’un matériel adéquat, et<br />
cher, alors que la nuit des musées est une <strong>en</strong>treprise<br />
de démocratisation !<br />
Une initiative moins globalisante : un part<strong>en</strong>ariat<br />
a été noué avec le ministère de l’Éducation pour<br />
Mémoire marseillaise populaire<br />
Le Pays des galejeurs © Stef Durel<br />
© Sam Mert<strong>en</strong>s<br />
Printemps des Marseillais part dans le s<strong>en</strong>s<br />
inverse <strong>en</strong> invitant des grands noms nés près<br />
d’ici : Patrick Bossovi<strong>en</strong>t offrir le 11 juinun stand<br />
up unique sur Marseille, où il retrouve et dépeint<br />
l’esprit des ouvriers d’immigration réc<strong>en</strong>te avec<br />
une acuité surpr<strong>en</strong>ante ; les Carboni repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
le 14 juin Au Pays du soleil, opérette<br />
marseillaise qui tourne avec un succès fou à<br />
Paris et Avignon depuis trois ans, et où ils font<br />
preuve d’un savoir faire musical et scénique<br />
dev<strong>en</strong>u très rare <strong>en</strong> son g<strong>en</strong>re ; Philippe Caubère<br />
r<strong>en</strong>ouvelle le 8 juin sa Danse du Diable,<br />
associer les scolaires (primaires, collèges et<br />
lycées) à travers l’opération La Classe. Les élèves<br />
devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t passeurs de culture, transmett<strong>en</strong>t<br />
leur savoir et leurs regards aux visiteurs : 100<br />
musées <strong>en</strong> France sont dans l’av<strong>en</strong>ture, pour<br />
une culture qui ne se disp<strong>en</strong>se pas d’<strong>en</strong> haut<br />
par les ondes, mais se construit <strong>en</strong> rhizome, à<br />
échelle humaine.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Nuit europé<strong>en</strong>ne des musées<br />
le 18 mai<br />
www.nuitdesmusees.culture.fr<br />
inoubliable exploit d’autobiographie scénique<br />
virtuose ; et Serge Valletti vi<strong>en</strong>t le 16 juin mettre<br />
<strong>en</strong> scène Gilles Ascaride dans son propre<br />
texte J’ai tué Maurice Thorez ! un dialogue hilarant<br />
publié aux éditions du Fioupélan et qui<br />
plonge dans la culture ouvrière<br />
marseillaise des années 60. Enfin<br />
Philippe Caubère revi<strong>en</strong>t avec<br />
Michel Galabru pour leur fameux<br />
Jules et Marcel, échanges épistolaires<br />
<strong>en</strong>tre Pagnol et Raimu le 18<br />
juin.<br />
Autour de ce printemps volontairem<strong>en</strong>t<br />
c<strong>en</strong>tré sur des stars qui vont<br />
plaire, et à prix qui rest<strong>en</strong>t petits<br />
(25 euros un spectacle, mais 50<br />
euros les 5..), d’autres propositions,<br />
souv<strong>en</strong>t gratuites : un concert<br />
Hawa et Rive Gauche (Soul et<br />
électro) le 29 mai, les impressionnantes<br />
r<strong>en</strong>contres vocales des<br />
Vallonés avec 42 chorales le 31<br />
mai, puis des projections, concerts,<br />
et… kermesses ! Tout l’été, à la nuit tombée, à<br />
21h30, avec des navettes maritimes et terrestres<br />
au départ du Vieux Port…<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Théâtre Silvain, Marseille 7 e<br />
www.capsur2013.fr
Richesse et diversité botanique<br />
Pour la 11 e année, la Direction du patrimoine<br />
du ministère de la Culture,<br />
toujours <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’association<br />
des Parcs et Jardins de France,<br />
vous donne R<strong>en</strong>dez-vous aux jardins<br />
où le temps d’un week-<strong>en</strong>d (31<br />
mai au 2 juin) quelques 2000 jardins<br />
<strong>en</strong> France ouvr<strong>en</strong>t leurs portes, dont<br />
certains seulem<strong>en</strong>t à cette occasion.<br />
En cette année de commémoration<br />
du 4 e c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la naissance<br />
d’André Le Nôtre, jardinier du roi Louis<br />
XIV, la manifestation posera la question<br />
de la création sous le thème «Le<br />
jardin et ses créateurs». Qui crée<br />
le jardin ? Jardinier, concepteur, propriétaire,<br />
théorici<strong>en</strong> de l’art, artiste,<br />
plastici<strong>en</strong>, écrivain, poète, philosophe,<br />
peintre… tous particip<strong>en</strong>t de cette<br />
création qui se laisse tranquillem<strong>en</strong>t<br />
découvrir au grès de déambulations,<br />
mais aussi de confér<strong>en</strong>ces, r<strong>en</strong>contres,<br />
ateliers, installations… selon les<br />
lieux.<br />
À Bouc-Bel-Air, comme chaque<br />
année depuis 21 ans, les Jardins d’Albertas,<br />
classés monum<strong>en</strong>t historique,<br />
programm<strong>en</strong>t les Journées des plantes<br />
(24 au 26 mai). Au programme<br />
des ateliers (de la vannerie de jardin<br />
pour découvrir le tressage de l’osier<br />
de façon traditionnelle, création de<br />
lettres et art postal), une confér<strong>en</strong>ce<br />
par Emmanuel Gueydon, paysagiste,<br />
sur Arbres, herbes et compagnie…<br />
une cohér<strong>en</strong>ce écologique, un tour<br />
de France des arbres remarquables,<br />
découverte des arbres et de leurs<br />
secrets avec Yvan Gindre, expert<br />
ornem<strong>en</strong>tal, visite guidée des jardins,<br />
interludes musicaux, expositions…<br />
À Mane, dans les Alpes de Haute-<br />
Prov<strong>en</strong>ce, le prieuré de Salagon,<br />
site classé Musée de France et Jardin<br />
remarquable, multiplie les manifestations<br />
(1 er et 2 juin). Côté confér<strong>en</strong>ces,<br />
l’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi<br />
(concepteur des jardins) donnera<br />
Une leçon de pati<strong>en</strong>ce : les jardins de<br />
Salagon <strong>en</strong>tre int<strong>en</strong>tions humaines et<br />
temps du végétal : <strong>en</strong>tre bilan historique<br />
(les jardins de Salagon ont 25<br />
ans) et av<strong>en</strong>ture culturelle, humaniste<br />
et pédagogique (1 er juin à 15h) ; le<br />
l<strong>en</strong>demain le collectif Transition <strong>en</strong><br />
Forcalquierie prés<strong>en</strong>tera Une autre<br />
façon de cultiver son jardin (à 15h),<br />
donnant des méthodes de culture<br />
© Jardins Albertas<br />
aussi astucieuses qu’originales… Une<br />
exposition vi<strong>en</strong>dra informer sur Les<br />
insectes pollinisateurs, créateurs de<br />
biodiversité au jardin, avec les apiculteurs<br />
amateurs de Haute-Prov<strong>en</strong>ce<br />
et l’association pour la promotion de<br />
l’apiculture de loisirs. Les ateliers,<br />
nombreux, donn<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dez-vous autour<br />
de la création d’un jardin de<br />
s<strong>en</strong>teurs, d’un imaginographe (vous<br />
pourrez créer votre propre jardin<br />
dans une boite magique !), de la<br />
création d’un jardin <strong>en</strong> lasagnes<br />
(méthodes de culture astucieuses, à<br />
découvrir), de teintures végétales…<br />
Si vous ne partez pas avec le clown<br />
Jardinus Felix dans son île verte et<br />
fleurie, ou sur les pas de conteuses<br />
qui vous mèneront Au jardin des<br />
rêves…<br />
DO.M.<br />
Salagon, musée et jardins<br />
Mane<br />
04 92 75 70 50<br />
www.musee-de-salagon.com<br />
Les Jardins d’Albertas<br />
Bouc-Bel-Air<br />
04 91 59 84 94<br />
www.jardinsalbertas.com<br />
www.paca.culture.gouv.fr<br />
11<br />
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De l’eau, du délicat<br />
Pour sa 5 e édition, le festival Les Eauditives,<br />
initié par la Zone d’Intérêt<br />
poétique (ZIP) de Plaine Page, à Barjols,<br />
poursuit sa navigation poétique<br />
et artistique, réunissant pour l’occasion<br />
plus de tr<strong>en</strong>te auteurs et artistes<br />
autour des lieux d’eau de Brignoles<br />
et Barjols. Mais pas seulem<strong>en</strong>t, car<br />
cette année le festival investit aussi<br />
les rues et les places, le Pôle culturel<br />
des Comtes de Prov<strong>en</strong>ce, la médiathèque<br />
de Brignoles, la ZIP…<br />
À Brignoles, les fontaines font l’objet<br />
d’un parcours qui donnera lieu à des<br />
lectures et performances, des installations<br />
plastiques, mais aussi et<br />
surtout à un balisage urbain par des<br />
estampes, affichage mis <strong>en</strong> place par<br />
les artistes graveurs de l’Artothèque ;<br />
la médiathèque accueille un débat<br />
de Georges Olivari et Odile Jacquemin<br />
sur les Eaux et fontaines du Var ;<br />
une exposition de Claudie L<strong>en</strong>zi et<br />
Christian Neroni, Délits de l’eau, r<strong>en</strong>d<br />
compte de leur travail sur la matière.<br />
À Barjols, la rue de la République accueille<br />
des poèmes à ciel ouvert, une<br />
installation performative, et la galerie<br />
ZIP 22 une exposition de Lole Saisset,<br />
Kamishibaïs, Histoire d’eau, soit<br />
des petits théâtres de papier issus de<br />
la tradition des colporteurs japonais.<br />
Enfin la manifestation fera l’objet d’une<br />
publication par les éditions Plaine<br />
Page d’un numéro spécial de la<br />
revue Art Matin.<br />
DO.M.<br />
Les Eauditives<br />
les 7 et 8 juin<br />
Brignoles<br />
les 14 et 15 juin<br />
Barjols<br />
ZIP / Plaine Page<br />
04 94 72 54 81<br />
www.plainepage.com<br />
© X-D.R<br />
Dans le secret<br />
des contes<br />
Cela fait 11 ans que le Parc<br />
des Troènes, à La Valettedu-Var,<br />
se transforme <strong>en</strong> village de contes pour accueillir la<br />
manifestation Contes & Jardins. Avec un public de plus <strong>en</strong> plus<br />
nombreux, 9200 spectateurs <strong>en</strong> 2012 contre 7080 <strong>en</strong> 2011, et <strong>en</strong><br />
progression constante chaque année, elle s’inscrit dans les festivals<br />
qui compt<strong>en</strong>t !<br />
Sous les t<strong>en</strong>tes traditionnelles, ce sont 8 conteurs qui transporteront<br />
petits et grands dans leur imaginaire : Flor<strong>en</strong>ce Desnouveaux,<br />
conteuse, rapporteuse, m<strong>en</strong>teuse, collecteuse hors norme ;<br />
Olivier Ponsot, conteur funambule sur corde vocale ; Jean-Louis<br />
Cu<strong>en</strong>ne dont l’univers musical se regarde avec les oreilles et<br />
s’écoute avec les yeux ; Katia Belalimat qui recueille des contes<br />
issus de la tradition orale touarègue ; Christian Tardif, conteur et<br />
comédi<strong>en</strong>, puise dans le répertoire oral mais aussi les récits de<br />
vie ; Catherine Zarcate, qui a initié le r<strong>en</strong>ouveau du conte <strong>en</strong><br />
France, unit dans chaque récit profondeur et humour ; Raphaël<br />
Faure, qui associe la musique à ses contes ; Christele Pim<strong>en</strong>ta,<br />
formée au théâtre, à la danse, au clown, au masque… ; et Luigi<br />
Rignanese, ciseleur de chansons, d’histoires, de musiques et de<br />
danses collectives… Profitez de tout, la convivialité est le maîtremot<br />
de ce festival «hors du temps». Avec une petite nouveauté<br />
cette année, des r<strong>en</strong>contres et des siestes contées qui permettront<br />
de prolonger le plaisir <strong>en</strong> s’ouvrant à de nouvelles s<strong>en</strong>sations<br />
auditives…<br />
DO.M.<br />
Contes et jardins<br />
du 23 au 26 mai<br />
Parc des Troènes, La Valette<br />
04 94 23 62 06<br />
www.lavalette83.fr
La Villa qui ouvre, qui ou<br />
12<br />
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A<br />
M<br />
ÉDITERRANÉE<br />
L’ouverture au public de la Villa<br />
Méditerranée se fait par étapes !<br />
Après un colloque des présid<strong>en</strong>ts<br />
des parlem<strong>en</strong>ts europé<strong>en</strong>s<br />
<strong>en</strong> avril (voir Zib 62), un Forum<br />
du quotidi<strong>en</strong> Libération<br />
a fait bruisser le dialogue…<br />
avant un concert puis un docu.<br />
Le programme se poursuit<br />
et s’int<strong>en</strong>sifie <strong>en</strong> juin (voir p14),<br />
avec l’ouverture des expositions<br />
et pléthore de spectacles,<br />
films et concerts.<br />
Pour nous habituer peu à peu<br />
à l’abondance ?<br />
© Gaelle Cloarec<br />
Libé retrouve son nom<br />
En pleine crise de la presse Libération, qui n’est<br />
parfois pas le dernier à jeter de l’huile sur des<br />
feux inutiles (voir Zib 61), a voulu à Marseille jouer<br />
un rôle fédérateur <strong>en</strong> invitant intellectuels, journalistes,<br />
politiques et citoy<strong>en</strong>s à faire débat autour<br />
de l’actualité méditerrané<strong>en</strong>ne. Huit tables rondes<br />
très ouvertes à la parole du public ont permis<br />
de faire un tour des points chauds du bassin.<br />
Intitulée Agir aujourd’hui <strong>en</strong> Méditerranée, la table<br />
ronde inaugurale réunissait autour d’Alexandra<br />
Schwartzbrod le présid<strong>en</strong>t de la Région PACA<br />
Michel Vauzelle, Samir Dilou, ministre tunisi<strong>en</strong><br />
des droits de l’homme et de la justice transitionnelle,<br />
et Dimitris Kourkoulas, secrétaire d’État<br />
grec aux affaires étrangères. Pour ce dernier, «la<br />
Grèce se trouve plus près de la sortie de crise<br />
que du début, mais cela dép<strong>en</strong>d beaucoup de ce<br />
qui va se passer autour». Pour Samir Dilou, «on<br />
ne peut pas demander aux peuples qui ont souffert<br />
p<strong>en</strong>dant des déc<strong>en</strong>nies d’att<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>core,<br />
pourtant la régulation demande du temps». Pour<br />
Michel Vauzelle <strong>en</strong>fin, la solution apportée par<br />
les élus locaux peut être celle du dialogue avec<br />
la société civile : «Sans att<strong>en</strong>dre que nos gouvernem<strong>en</strong>ts<br />
pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des décisions, nous pouvons<br />
réfléchir <strong>en</strong>semble, car les jeunes ont les mêmes<br />
préoccupations à Alger ou à Marseille : emploi,<br />
drogue, t<strong>en</strong>tations extrémistes...»<br />
Tous s’inquièt<strong>en</strong>t du dev<strong>en</strong>ir de la Syrie, des conséqu<strong>en</strong>ces<br />
de cette crise humanitaire énorme, et<br />
s’interrog<strong>en</strong>t sur le fait d’armer les rebelles au<br />
risque de voir ces armes se retourner contre la<br />
population. La Grèce a vu augm<strong>en</strong>ter de 400%<br />
le nombre de réfugiés syri<strong>en</strong>s cette année. Dans<br />
notre monde globalisé, une économie détruite<br />
pèse sur tous les voisins...<br />
Une révolution aussi ! un débat s’interrogeait :<br />
Jeunes du Caire de Madrid et d’Athènes, même<br />
combat ? Les trois jeunesses révoltées et<br />
indignées sont différ<strong>en</strong>tes, mais ont des points<br />
communs troublants. Encadrés par le correspondant<br />
de Libération François Musseau, les<br />
jeunes racont<strong>en</strong>t leurs <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts et leurs<br />
espérances : «Nous devons réagir, trouver des<br />
solutions.» Une meilleure communication <strong>en</strong>tre<br />
les élus et le public, <strong>en</strong>tre le Nord et le Sud, et<br />
grâce aux réseaux sociaux permettrait selon eux<br />
une meilleure mobilisation citoy<strong>en</strong>ne. Pour évoluer,<br />
pourquoi pas ?, «vers une nouvelle Europe plus<br />
solidaire». Car l’ess<strong>en</strong>tiel pour eux est de voir se<br />
dessiner un av<strong>en</strong>ir qui les pr<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> compte, <strong>en</strong>fin.<br />
Une exig<strong>en</strong>ce plus criante <strong>en</strong>core lorsque les<br />
regards se conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t sur Alger Nouvelle Génération<br />
: <strong>en</strong> 6 courts métrages, on découvre 6<br />
regards différ<strong>en</strong>ts sur Alger rassemblés par les<br />
deux journalistes Aurélie Charon et Caroline<br />
Gillet dans un docum<strong>en</strong>taire. L’objectif, comme<br />
celui de la table ronde qui suit, est de faire<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la voix des jeunes Algéri<strong>en</strong>s <strong>en</strong> ce cinquant<strong>en</strong>aire<br />
de l’Indép<strong>en</strong>dance. Une jeunesse<br />
qui ress<strong>en</strong>t le vide, l’<strong>en</strong>nui et l’immobilisme mais<br />
aussi, comme le fait remarquer Amina Zoubir,<br />
l’une des six cinéastes, le manque d’espace<br />
laissé à l’individu. Dans cette Algérie «<strong>en</strong> quête<br />
d’une autre histoire», la sociologue Fatma Oussedic<br />
rappelle l’importance de la lutte féministe,<br />
puisque l’assujettissem<strong>en</strong>t à l’homme reste<br />
ancré dans le mode de vie, sans réel changem<strong>en</strong>t<br />
générationnel.<br />
Presse et libération<br />
Mais c’est sans doute lorsque les débats ont<br />
abordé l’information qu’ils ont eu le plus de<br />
sincère acuité. Ainsi, pour parler d’AL-Jazzera<br />
au-delà des clichés, Mathieu Guidère, professeur<br />
d’Islamologie à l’université de Toulouse,<br />
retraça brièvem<strong>en</strong>t l’histoire de la chaîne<br />
d’information atypique de sa création <strong>en</strong> 1996<br />
jusqu’à son rôle dans le Printemps Arabe. La<br />
perception de la chaîne a fortem<strong>en</strong>t changé<br />
depuis que, sans être actrice des révolutions<br />
elle <strong>en</strong> a permis la diffusion, et a donné un visage<br />
et une parole à l’opposition. Mais c’est aujourd’hui<br />
qu’elle se banalise : fortem<strong>en</strong>t concurr<strong>en</strong>cée<br />
dans les pays où la parole s’est libérée, Al<br />
Jazzera est <strong>en</strong> perte d’audi<strong>en</strong>ce… et se rec<strong>en</strong>tre<br />
sur le sport, une branche considérable qui<br />
impacte majoritairem<strong>en</strong>t les jeunes.<br />
Le débat sur le traitem<strong>en</strong>t de l’information dans<br />
la presse méditerrané<strong>en</strong>ne a su se préserver<br />
des évitem<strong>en</strong>ts habituels et Nicolas Demorand<br />
a d’emblée précisé les <strong>en</strong>jeux : «les voies et<br />
moy<strong>en</strong>s du journalisme de qualité sont <strong>en</strong> érosion<br />
constante. Et si la presse écrite disparait, les<br />
médias dominants, audiovisuels, ne feront pas le<br />
travail démocratique.» Ignacio Cembrero chiffra<br />
précisém<strong>en</strong>t le problème : El Païs avait <strong>en</strong><br />
2006 420 journalistes et v<strong>en</strong>dait 430 000<br />
exemplaires. Aujourd’hui les v<strong>en</strong>tes ont chuté à<br />
310 000 exemplaires, et les recettes publicitaires<br />
ont diminué de 60%. Le journal autrefois<br />
largem<strong>en</strong>t bénéficiaire est aujourd’hui <strong>en</strong> déficit,<br />
les journalistes sont moins de 300, et font le<br />
même travail qu’avant, augm<strong>en</strong>té de celui pour<br />
les éditions numériques… Le traitem<strong>en</strong>t de l’information,<br />
forcém<strong>en</strong>t, s’<strong>en</strong> ress<strong>en</strong>t, le travail<br />
d’investigation est dev<strong>en</strong>u trop rarem<strong>en</strong>t possible,<br />
les sources sont moins vérifiées, on cherche<br />
des sujets qui se v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, et ce qui coûte cher,<br />
<strong>en</strong>quête au long cours ou à l’étranger, prés<strong>en</strong>ce
vre…<br />
au parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> ou couverture<br />
régionale, tout cela se réduit…<br />
Avirama Golan, journaliste israéli<strong>en</strong>ne,<br />
répondit à une spectatrice<br />
qui l’interpellait sur le traitem<strong>en</strong>t<br />
d’un fait divers à Aubagne, qui avait<br />
été prés<strong>en</strong>té dans Ha’aretz comme<br />
une agression à caractère antisémite<br />
alors qu’il s’agissait d’une simple<br />
altercation : elle avoua, impuissante,<br />
que les faits divers internationaux<br />
ne pouvai<strong>en</strong>t plus être traités<br />
sérieusem<strong>en</strong>t, vérifiés, les témoignages<br />
confrontés, et que son<br />
journal s’<strong>en</strong> remettait comme les<br />
autres à des relais pas toujours<br />
fiables : «Aujourd’hui on sait tout<br />
dans l’instant, c’est magnifique, mais<br />
les fausses nouvelles aussi se multipli<strong>en</strong>t.»<br />
Yannis Pret<strong>en</strong>deris, éditorialiste<br />
pour les quotidi<strong>en</strong>s To Vima et Ta<br />
Nea, fut <strong>en</strong>core plus amer : «La<br />
presse grecque n’a pas vu v<strong>en</strong>ir la<br />
crise, et le peuple le lui reproche,<br />
nous traversons une véritable crise<br />
de confiance parce que nous<br />
n’avons pas été assez bons, et ne<br />
le sommes toujours pas.» Quant au<br />
traitem<strong>en</strong>t de la question europé<strong>en</strong>ne<br />
il est «à côté de la plaque,<br />
la presse se focalise sur Merkel petit<br />
Satan, et n’<strong>en</strong>quête pas.» Et Yannis<br />
Pret<strong>en</strong>deris de conclure : «Nous<br />
devons inv<strong>en</strong>ter un nouveau type de<br />
journalisme, qui sache traiter des<br />
problèmes europé<strong>en</strong>s, qui intervi<strong>en</strong>ne<br />
dans la vie publique, qui dise<br />
pourquoi la Grèce est <strong>en</strong> faillite, qui<br />
voit v<strong>en</strong>ir les choses et les analyse.<br />
Qui cherche à savoir à qui est la<br />
faute et comm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sortir.»<br />
Redonner de la crédibilité et de la<br />
force démocratique à la presse,<br />
débattre de son av<strong>en</strong>ir et de ses<br />
formes, est sans doute le meilleur<br />
moy<strong>en</strong> pour retrouver des lecteurs.<br />
Le Forum Libération a su ouvrir à<br />
la fois un débat sur cet av<strong>en</strong>ir, et<br />
brillamm<strong>en</strong>t inaugurer l’esprit<br />
démocratique de cette nouvelle<br />
maison de la Méditerranée.<br />
AGNÈS FRESCHEL, GAËLLE CLOAREC<br />
ET MANON MATHIEU<br />
Ces débats ont eu lieu<br />
les 19 et 20 avril<br />
Souleyman,<br />
fouteur de oaï<br />
magnifique<br />
L’icône syri<strong>en</strong>ne de la dabhka<br />
a électrisé l’inauguration musicale<br />
de la Villa Méditerranée<br />
La fête sera de courte durée et aura mal comm<strong>en</strong>cé<br />
(des problèmes techniques ont plombé<br />
le démarrage du concert). Pourtant, <strong>en</strong>tre la star<br />
syri<strong>en</strong>ne des mariages et le public marseillais<br />
v<strong>en</strong>u découvrir le nouvel édifice régional, la nuit<br />
de noces est explosive.<br />
Omar Souleyman, <strong>en</strong> dépit d’une allure austère<br />
rappelant un réc<strong>en</strong>t dictateur iraki<strong>en</strong>, sait décl<strong>en</strong>cher<br />
la liesse. L’homme aux moustaches,<br />
keffieh rouge et lunettes noires ne s’<strong>en</strong>combre<br />
pas d’instrum<strong>en</strong>ts traditionnels. Sur fond de<br />
synthétiseurs strid<strong>en</strong>ts qui reproduis<strong>en</strong>t avec<br />
frénésie des sonorités ori<strong>en</strong>tales (luths, violons,<br />
percussions) <strong>en</strong>tortillées dans une électro primaire,<br />
Souleyman chante son désir pour les femmes.<br />
Celles qu’il a connues autant que celles qui lui<br />
ont échappé, comme le montr<strong>en</strong>t les sous-titres<br />
de ses textes, projetés pour l’occasion <strong>en</strong> fond<br />
de scène. Aujourd’hui réfugié <strong>en</strong> Turquie, il est la<br />
voix d’une dabhka r<strong>en</strong>ouvelée, musique festive<br />
traditionnelle liée à une danse folklorique du<br />
Moy<strong>en</strong>-Ori<strong>en</strong>t qui a fini par <strong>en</strong>traîner l’auditorium<br />
de la Villa Méditerranée. Comme il a su séduire<br />
l’Islandaise Björk et le Britannique Damon Albarn.<br />
Après une heure de concert dans une ambiance<br />
exaltée, Omar quitte la scène, sans rappel. Beaucoup<br />
plus chaleureux, Rayess Bek partage avec<br />
son prédécesseur des origines ori<strong>en</strong>tales -lui est<br />
Libanais- et un goût certain pour la musique<br />
électronique qu’il distille dans un hip hop proche<br />
du slam au propos assez finem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gagé, repr<strong>en</strong>ant<br />
Brass<strong>en</strong>s et Vian. Mais l’apport le plus<br />
intéressant est la prés<strong>en</strong>ce d’un joueur de oud qui<br />
anoblit une rythmique plutôt conv<strong>en</strong>tionnelle.<br />
THOMAS DALICANTE<br />
Rayess Bek et Omar Souleyman ont joué<br />
le 3 mai à la Villa Méditerranée, à Marseille<br />
Voyage au bout de la nuit<br />
Pour son premier r<strong>en</strong>dez-vous cinéma du cycle<br />
intitulé Les yeux dans les yeux, la Villa Méditerranée<br />
nous a proposé un voyage au bout de la<br />
nuit avec le film de Yolande Zauberman: Would<br />
you have sex with an arab ?, succession des témoignages<br />
de juifs et palestini<strong>en</strong>s israéli<strong>en</strong>s<br />
dans la nuit festive de Tel Aviv.<br />
Ils sont jeunes, écout<strong>en</strong>t la même musique, se<br />
ressembl<strong>en</strong>t, se crois<strong>en</strong>t dans les bars, les boîtes<br />
et dans<strong>en</strong>t au bord du même précipice creusé<br />
par leur Histoire de haine et de sang. Des Romeo<br />
et Juliette pot<strong>en</strong>tiels à qui la réalisatrice, au<br />
mom<strong>en</strong>t où faibliss<strong>en</strong>t les inhibitions, demande<br />
s’ils ferai<strong>en</strong>t l’amour <strong>en</strong>semble. Question simple,<br />
frontale, fermée. La caméra guette la surprise, la<br />
Would you have sex with an arab de Yolande Zauberman<br />
Omar Souleyman Copyright Alex Woodward © Crimson Glow Photography<br />
gêne, la nervosité des interviewés. Avant les<br />
mots, les visages <strong>en</strong> gros plan révèl<strong>en</strong>t le conflit<br />
intime. Car qu’ils l’ai<strong>en</strong>t déjà fait, le ferai<strong>en</strong>t peutêtre,<br />
ou ne le ferai<strong>en</strong>t jamais, les réponses<br />
montr<strong>en</strong>t que l’id<strong>en</strong>tité de l’autre conditionne le<br />
désir. Qu’on ignore «l’<strong>en</strong>nemi» considéré comme<br />
in-<strong>en</strong>visageable ou qu’on couche avec lui par<br />
conviction pacifiste, on a peur de tomber amoureux,<br />
peur des conséqu<strong>en</strong>ces. La mixité chantée<br />
par les poètes est réservée aux courageux qui<br />
accept<strong>en</strong>t d’être des «électrons libres» ou à ceux<br />
qui ont cru un jour à la paix. «Ce n’est pas au lit<br />
qu’on mettra fin à la guerre» dit <strong>en</strong> substance Juliano<br />
Mer-Khamis, metteur <strong>en</strong> scène né d’un<br />
mariage mixte, assassiné à J<strong>en</strong>ine et auquel le<br />
film est dédié. On ne construit<br />
pourtant que sur le désir, affirme<br />
Yolande Zauberman qui croit <strong>en</strong> la<br />
puissance des marges. La traversée<br />
de la nuit qui suit dans sa<br />
dernière séqu<strong>en</strong>ce la traîne rouge<br />
de la fiancée palestini<strong>en</strong>ne, transsexuel<br />
à l’id<strong>en</strong>tité liquide, s’achève<br />
dans la lumière crue du jour sur les<br />
barbes et les schtreimels des<br />
orthodoxes comme une gueule de<br />
bois après l’ivresse. E.P<br />
13<br />
V<br />
I<br />
L<br />
L<br />
A<br />
M<br />
ÉDITERRANÉE
Une Villa pour<br />
la Méditerranée<br />
14<br />
V<br />
ILL<br />
A<br />
M<br />
ÉDITERRANÉE<br />
Construit autour des <strong>en</strong>jeux contemporains<br />
spécifiques à la Méditerranée, le programme<br />
d’ouverture de la Villa Méditerranée, accessible<br />
au public depuis le 3 mai, dévoile la richesse<br />
créative du bassin méditerrané<strong>en</strong>. Le directeur<br />
de la Villa, François de Boisgelin, confiait dans<br />
un réc<strong>en</strong>t <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (voir zib’57) la particularité<br />
de ce nouveau bâtim<strong>en</strong>t d’être un lieu de r<strong>en</strong>dez-vous<br />
(gratuits pour la plupart) destiné à la<br />
r<strong>en</strong>contre d’experts et à la circulation de tous les<br />
citoy<strong>en</strong>s. En plus de débats et colloques, des<br />
parcours d’exposition sont imaginés et racontés<br />
par un artiste-narrateur (ou une narratrice, promettait<br />
le directeur dans ce même <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>), ainsi<br />
que des manifestations artistiques et culturelles<br />
sout<strong>en</strong>ues cette année par Marseille-Prov<strong>en</strong>ce<br />
2013.<br />
Plus loin que l'horizon, Istanbul, 19-09-2012 © Villa Mediterranee-Bruno Ulmer<br />
Les parcours expositions<br />
Ces parcours, perman<strong>en</strong>ts ou temporaires, validés<br />
par un comité sci<strong>en</strong>tifique, sont la marque<br />
de fabrique de la Villa. Des dispositifs scénographiques<br />
innovants, interactifs, qui plong<strong>en</strong>t<br />
le spectateur dans un récit visuel et sonore.<br />
Ainsi, dès le 14 juin s’ouvre Plus loin que l’horizon,<br />
parcours conçu sur 3 ans et réalim<strong>en</strong>té régulièrem<strong>en</strong>t<br />
par le docum<strong>en</strong>tariste Bruno Ulmer qui<br />
nous plonge, à partir de plusieurs récits des<br />
Ulysses d’aujourd’hui, au cœur des mobilités<br />
méditerrané<strong>en</strong>nes. Tourisme de masse version<br />
croisière dans Welcome on board, ou traversées<br />
humaines avec Les hommes qui march<strong>en</strong>t et Les<br />
clandestins de la mer. Un parcours à vivre <strong>en</strong><br />
pr<strong>en</strong>ant le temps de la contemplation.<br />
Parallèlem<strong>en</strong>t, 2031 <strong>en</strong> Méditerranée, nos futurs !<br />
(du 14 juin à sept 2013), conduit par Régis Sauder,<br />
donne la parole à la jeunesse du pourtour<br />
méditerrané<strong>en</strong>. Après Nous, Princesses de Clèves,<br />
le réalisateur repr<strong>en</strong>d son principe d’ateliers participatifs,<br />
m<strong>en</strong>és à Beyrouth, Izmir, Tunis, et avec<br />
une classe du lycée Saint Exupéry à Marseille,<br />
où des jeunes de 15 à 20 ans dis<strong>en</strong>t librem<strong>en</strong>t<br />
«leur» Méditerranée. Un triple dispositif permettra<br />
de découvrir leurs angoisses, leurs espoirs<br />
et leurs rêves. Le dessinateur «public» B<strong>en</strong>oît<br />
Bonnemaison-Fitte a traduit leurs représ<strong>en</strong>tations<br />
d’av<strong>en</strong>ir p<strong>en</strong>dant qu’une caméra filmait<br />
le travail. Une fresque d’images diffusera les<br />
slogans imaginés par les participants.<br />
La programmation<br />
événem<strong>en</strong>tielle<br />
Des manifestations pluridisciplinaires invit<strong>en</strong>t à<br />
découvrir de nouvelles façons de vivre <strong>en</strong>semble.<br />
Dans le cadre du cycle Exils et retours, le 17<br />
mai, spectacle To Diplo Biblio (Le double livre),<br />
<strong>en</strong> grec surtitré, par la jeune Cie Pequod qui<br />
adapte le roman de Dimitris Hatzis, l’un des<br />
plus importants de la littérature grecque de<br />
l’après-guerre sur le récit d’une émigration <strong>en</strong><br />
Allemagne et d’un retour déraciné. Les 23 et 24<br />
mai, ce sera la pièce bouleversante de Nasser<br />
Djemaï, Invisibles, un hommage aux hommes<br />
v<strong>en</strong>us travailler <strong>en</strong> France et qui vieilliss<strong>en</strong>t ici,<br />
écartelés <strong>en</strong>tre deux rives.<br />
Côté cinéma, beaucoup de projections : le docum<strong>en</strong>taire<br />
les Oubliés de Cassis de Sonia Kichah<br />
(le 21 mai à 19h), les R<strong>en</strong>contres internationales<br />
des cinémas arabes (du 28 mai au 2<br />
juin) avec Aflam (voir p.26) ; Première Passion<br />
de Philippe Baron (4 juin), Pasolini pa* Palestine,<br />
une création making of du collectif Ildi ! eldi<br />
d’après le film d’Avre<strong>en</strong> Anastas (le 6) ; Mur de<br />
Simone Bitton, Une bouteille à la mer de<br />
Thierry Binisti et Le fils de l’autre de Lauraine<br />
Levy (le 8) ; Le cochon de Gaza de Sylvain<br />
Estival (le 9), et le 11 juin à 18h30, confér<strong>en</strong>ce<br />
sur la problématique de l’eau rare L’eau <strong>en</strong><br />
partage. Le soir, concert Une nuit dans le désert<br />
du joueur de oud Yaïr Dalal et le 25 juin, les<br />
pionniers du rap Algéri<strong>en</strong> : Lofti Double Kanon.<br />
Avec Le Trait et Le temps scellé, la chorégraphe<br />
Nacera Belaza prés<strong>en</strong>te le 28 juin deux pièces<br />
hypnotiques qui inocul<strong>en</strong>t l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> cercles<br />
et délicatesse, la force de leur empreinte spirituelle.<br />
La création d’Hubert Colas, Gratte-Ciel, à partir<br />
du docum<strong>en</strong>taire de Sonia Chiambretto créé<br />
sur la base d’archives et témoignages de jeunes<br />
Algéri<strong>en</strong>s conclura cette ouverture, du 3 au 7<br />
juillet.<br />
DE.M.<br />
04 95 09 42 52<br />
www.villa-mediterranee.org<br />
Le Temps scellé<br />
© The Jakarta Post<br />
- Jerry Adiguna
Voyage à l’intérieur du MuCEM<br />
Cet équipem<strong>en</strong>t majeur sera une bulle d’oxygène pour toute la région !<br />
Pourtant, à quelques jours de son ouverture, le cont<strong>en</strong>u et la vocation du musée rest<strong>en</strong>t<br />
mystérieux pour la plupart de ceux qui l’ont vu patiemm<strong>en</strong>t s’ériger au fil des ans…<br />
16<br />
M<br />
UCE<br />
M<br />
Un Musée des civilisations<br />
© Agnès Mellon<br />
Bruno Suzzarelli<br />
Directeur du MuCEM, anci<strong>en</strong> inspecteur général<br />
de l’administration au ministère de la<br />
Culture, il a dirigé depuis novembre 2009 la<br />
création du musée à Marseille, et la construction<br />
des trois pôles : le bâtim<strong>en</strong>t du J4 et ses<br />
passerelles, le Fort saint Jean et ses jardins,<br />
le C<strong>en</strong>tre de ressources et le déménagem<strong>en</strong>t<br />
des collections. Aujourd’hui il coordonne le<br />
fonctionnem<strong>en</strong>t, l’évolution du projet et la<br />
programmation culturelle.<br />
Bruno Suzzarelli © MUCEM-Christophe Fouin<br />
<strong>Zibeline</strong> : Le MuCEM a longtemps passé pour<br />
une Arlési<strong>en</strong>ne muséale, un projet dont tout le<br />
monde parle et que personne ne voit jamais.<br />
Pouvez-vous nous rappeler ses origines ?<br />
Bruno Suzzarelli : C’est le premier Musée national<br />
déc<strong>en</strong>tralisé <strong>en</strong> province, un geste fort,<br />
qui a pris du temps. La décision de principe du<br />
ministère remonte à 2000, les études préparatoires<br />
se sont succédé, les concours… il y a eu<br />
trois ans de flottem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 2005 et 2008, puis<br />
la désignation de Marseille-Prov<strong>en</strong>ce comme<br />
Capitale europé<strong>en</strong>ne de la Culture a permis<br />
d’accélérer le mouvem<strong>en</strong>t, de convaincre les<br />
collectivités de participer à l’investissem<strong>en</strong>t :<br />
dans l’intérêt de tous il fallait que le MuCEM soit<br />
ouvert <strong>en</strong> 2013.<br />
Ce ne sera pas le seul établissem<strong>en</strong>t national <strong>en</strong><br />
région, certains monum<strong>en</strong>ts historiques comme<br />
le Château de Compiègne ont ce statut, et les<br />
ant<strong>en</strong>nes régionales du Louvre ou du C<strong>en</strong>tre<br />
Pompidou relèv<strong>en</strong>t d’un financem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral<br />
d’État. Mais là il s’agissait de faire v<strong>en</strong>ir les collections<br />
du musée parisi<strong>en</strong> des Arts et Traditions<br />
Populaires, ce qui a un tout autre s<strong>en</strong>s.<br />
Il y a eu égalem<strong>en</strong>t, dès le début du projet de<br />
déc<strong>en</strong>tralisation, des hésitations sur le cont<strong>en</strong>u…<br />
Oui, à plusieurs titres. Fallait-il faire v<strong>en</strong>ir à Marseille<br />
les Arts et Traditions Populaires tels qu’ils<br />
étai<strong>en</strong>t, ou changer le format et le projet sci<strong>en</strong>tifique<br />
? Mon prédécesseur, Michel Colardelle,<br />
a compris qu’il fallait élargir le champ géographique<br />
d’un fonds muséal ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t français<br />
et historiquem<strong>en</strong>t colonial, pour l’ouvrir à un XX e<br />
siècle éclaté. Depuis 2009 nous <strong>en</strong>visageons le<br />
MuCEM comme un musée de la Méditerranée dans<br />
son rapport avec l’Europe, changem<strong>en</strong>t qui s’est<br />
opéré ici, <strong>en</strong> nous imprégnant du territoire.<br />
Un autre aspect important est notre vocation<br />
pluridisciplinaire…<br />
Un musée DES civilisations…<br />
Oui. On ne prét<strong>en</strong>d pas être issus de l’ethnologie,<br />
nos témoignages ne sont pas seulem<strong>en</strong>t<br />
ethnographiques. Ils relèv<strong>en</strong>t du quotidi<strong>en</strong>, mais<br />
r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte de tous les regards des sci<strong>en</strong>ces<br />
sociales, des phénomènes de société, des<br />
grandes questions qui agit<strong>en</strong>t la Méditerranée : la<br />
mobilité, la religion, les guerres, l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t…<br />
Outre les expositions perman<strong>en</strong>tes et temporaires<br />
nous voulons que le MuCEM soit un lieu<br />
de r<strong>en</strong>contres, de débats, de propositions artistiques,<br />
dans un esprit très accueillant. Nous avons<br />
une ambition démocratique, nous voulons nous<br />
adresser aux g<strong>en</strong>s qui vont et ne vont pas au<br />
musée <strong>en</strong> multipliant les occasions de les intéresser.<br />
Un musée comme le nôtre doit faire<br />
compr<strong>en</strong>dre sa vocation.<br />
Qui est ?<br />
De créer une nouvelle vision de la Méditerranée,<br />
qui n’impose pas un point de vue européaniste.<br />
De donner du recul, pour permettre d’élever le<br />
niveau de compréh<strong>en</strong>sion de cet espace.<br />
Définir un champ, c’est définir ses frontières.<br />
Vous limiterez-vous à la Méditerranée, irez-vous<br />
vers l’Asie et l’Afrique ?<br />
Nous n’empièterons pas sur les collections et<br />
vocations du Quai Branly !<br />
N’y a-t-il pas quelque chose de gênant dans le<br />
fait de garder à Paris les Musées d’Art, et d’établir<br />
à Marseille les Traditions populaires ?<br />
Marseille est une ville populaire, ce qui n’a pas<br />
de li<strong>en</strong> avec nos collections. On récuse ici cette<br />
idée de la hiérarchie <strong>en</strong>tre les arts : pour construire<br />
un musée des civilisations les questions<br />
de société s’expos<strong>en</strong>t à travers des objets usuels,<br />
des beaux arts, de l’art contemporain : le regard<br />
des artistes est important et différ<strong>en</strong>t, un musée<br />
de société qui s’<strong>en</strong> priverait se couperait une<br />
jambe.<br />
Combi<strong>en</strong> de visiteurs att<strong>en</strong>dez-vous ?<br />
On estime à 250 000 le nombre annuel de visiteurs<br />
dans tous les musées de Marseille. Ce qui<br />
est largem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dessous de villes équival<strong>en</strong>tes<br />
ou plus petites comme Bordeaux, Lille, Toulouse<br />
ou Lyon. Ce retard va être comblé avec tous les<br />
nouveaux équipem<strong>en</strong>ts muséaux. Ici nous comptons<br />
sur 300 000 visiteurs annuels, ce qui semble<br />
un objectif moy<strong>en</strong> ambitieux mais raisonnable.<br />
Nous travaillons sur des segm<strong>en</strong>ts de public,<br />
scolaires, touristes, ou dans le champ social,<br />
pour que tout le monde vi<strong>en</strong>ne…<br />
Le fonctionnem<strong>en</strong>t du MuCEM suppose une<br />
part de recettes propres importante <strong>en</strong> volume.<br />
Comm<strong>en</strong>t comptez-vous l’obt<strong>en</strong>ir ?<br />
Oui, de l’ordre de18 ou 20%, ce qui peut sembler<br />
peu, et le serait à Paris. Mais ici, avec la politique<br />
tarifaire qui correspond à nos ambitions démocratiques,<br />
la billetterie ne suffira pas à fournir<br />
ces recettes. Les cas de gratuité sont nombreux,<br />
il n’y a pas ici le même cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à payer.<br />
Comm<strong>en</strong>t allez-vous faire ?<br />
Le mécénat n’est pas non plus facile à l’heure<br />
actuelle… Nous allons louer les espaces à des<br />
événem<strong>en</strong>ts privés. Il y aura aussi une librairie et<br />
un restaurant. Qui ne transformeront pas ce lieu<br />
<strong>en</strong> temple de la consommation !<br />
Pas de boutiques avec des fac-similé <strong>en</strong> plâtre ?<br />
Avec la Librairie Maupetit je p<strong>en</strong>se que l’on peut<br />
gager sur la qualité !<br />
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
18<br />
M<br />
UCE<br />
M<br />
Exposer la p<strong>en</strong>sée<br />
<strong>Zibeline</strong> : Vous êtes responsable du cont<strong>en</strong>u<br />
sci<strong>en</strong>tifique du musée de l’Europe et de la Méditerranée.<br />
Pourquoi avoir conçu la majeure partie<br />
de sa surface perman<strong>en</strong>te comme des galeries de<br />
la Méditerranée ?<br />
Zeev Gourarier : Il y avait une idée forte préalable<br />
à ma v<strong>en</strong>ue, qui n’était pas une bonne idée : comm<strong>en</strong>t<br />
faire un musée de l’Europe et de la Méditerranée<br />
sans être néocolonialiste ? Les collections des ATP<br />
sont historiquem<strong>en</strong>t constituées d’objets français<br />
et de ses anci<strong>en</strong>nes colonies… et la Méditerranée<br />
n’apparti<strong>en</strong>t pas à l’Europe. Il fallait par ailleurs<br />
construire ce musée autour d’une problématique.<br />
P<strong>en</strong>ser la Méditerranée va de soi.<br />
Pourquoi ?<br />
La méditerranée est un <strong>en</strong>semble cohér<strong>en</strong>t qui<br />
constitue un cas particulier de l’histoire des hommes,<br />
un bassin de civilisation singulier, où les trois grands<br />
monothéismes sont nés. Il y a des histoires parallèles<br />
des civilisations. Certes le bassin méditerrané<strong>en</strong><br />
n’est pas supérieur aux bassins chinois ou aztèque.<br />
Mais on peut y retrouver des traces des grandes<br />
mutations humaines, sur un temps long, conjoncturel<br />
et événem<strong>en</strong>tiel.<br />
C’est-à-dire ?<br />
La première galerie s’appelle, dans cet ordre, Inv<strong>en</strong>tion<br />
de l’agriculture et naissance des Dieux. En<br />
Méditerranée cela se passe il y a 6000 ans, mais<br />
les dieux sont nés aussi ailleurs. Tout se passe<br />
comme si, <strong>en</strong> se séd<strong>en</strong>tarisant, <strong>en</strong> domestiquant<br />
la nature, l’homme ne pouvait plus se s<strong>en</strong>tir un animal.<br />
Et que cette domination de la nature le conduise,<br />
par analogie, à inv<strong>en</strong>ter des dieux le dominant.<br />
Cela se passe partout, chez tous les hommes, de<br />
la même manière.<br />
Et vous allez montrer cela ? Que l’homme inv<strong>en</strong>te<br />
Dieu ?<br />
Les dieux. Oui, je vais essayer ! Ce n’est pas facile<br />
d’exposer des concepts que le visiteur peut appréh<strong>en</strong>der<br />
au gré de ses déambulations… Donc :<br />
Al-Buraq devant la mosquee Al-Aqsa, Nasser Ellefi, Tunisie, vers 2000,<br />
peinture sous verre © MuCEM<br />
l’homme quitte la p<strong>en</strong>sée totémique, celle d’un<br />
aborigène qui se p<strong>en</strong>se kangourou –pas comme<br />
un kangourou, mais véritablem<strong>en</strong>t kangourou. Il<br />
quitte aussi la p<strong>en</strong>sée animiste, celle qui fait que<br />
l’on demande son avis à la montagne, aux élém<strong>en</strong>ts<br />
-la p<strong>en</strong>sée animiste persiste dans la croyance<br />
astrologique, un mode de p<strong>en</strong>sée ne disparait pas<br />
tout à fait quand une autre apparait…<br />
Donc, l’homme inv<strong>en</strong>te les dieux…<br />
Oui, c’est la première révolution de l’humanité. Le<br />
chasseur-cueilleur se séd<strong>en</strong>tarise, partout dans le<br />
monde par vague, et change son mode de p<strong>en</strong>sée.<br />
Il devi<strong>en</strong>t analogique et p<strong>en</strong>se que, puisqu’il plante<br />
et domestique, quelqu’un l’a créé et décide pour<br />
lui. Il n’est plus l’animal, mais comme l’animal.<br />
C’est donc une vision de l’homme que vous exposez<br />
dans vos galeries. Y’at-il une hiérarchie<br />
<strong>en</strong>tre ces modes de p<strong>en</strong>sée, un progrès ?<br />
Zeev Gourarier<br />
Conservateur général du patrimoine, il est le<br />
directeur sci<strong>en</strong>tifique et culturel du MuCEM<br />
depuis novembre 2010, le commissaire des<br />
expositions perman<strong>en</strong>tes des galeries de la<br />
Méditerranée et du Temps des loisirs. Directeur<br />
adjoint des ATP jusqu’à leur fermeture <strong>en</strong><br />
2002, puis directeur du musée de l’homme,<br />
il a publié de nombreux ouvrages, notamm<strong>en</strong>t<br />
sur la fête<br />
et le cirque, et<br />
conçu de grandes<br />
expositions<br />
au Grand Palais<br />
ou à Versailles.<br />
Zeev Gourarier<br />
© MuCEM<br />
L’homme développe des systèmes de p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong><br />
rapport avec le monde dans lequel il vit. Le mode<br />
de p<strong>en</strong>sée du chasseur cueilleur est le meilleur dans<br />
son monde, et ne peut pas être un modèle dans le<br />
nôtre, même si il peut nous appr<strong>en</strong>dre des choses.<br />
Depuis 100 000 ans au moins les capacités cognitives<br />
des hommes n’ont pas changé, il n’y a pas<br />
de supériorité d’une civilisation sur une autre. Tout<br />
au plus des progrès, techniques, et des progrès<br />
dans le respect de l’autre.<br />
La Méditerranée n’est donc pour vous qu’un<br />
exemple ?<br />
Non. Elle a de fortes singularités conjoncturelles,<br />
qui l’ont conduite vers la seconde grande mutation<br />
de l’humanité. L’inv<strong>en</strong>tion des monothéismes,<br />
dont Jérusalem sera le symbole dans l’exposition,<br />
conduit l’homme à p<strong>en</strong>ser que ce ne sont pas les<br />
dieux qui font mal et lui qui subit, mais lui qui agit<br />
mal, qui est responsable et redevable auprès des<br />
autres. Ce qui constitue un progrès moral considérable,<br />
et permet l’inv<strong>en</strong>tion de la citoy<strong>en</strong>neté (objet de<br />
la troisième galerie) qui naît <strong>en</strong> Grèce, mystérieusem<strong>en</strong>t.<br />
Pas pour tous…<br />
Oui la citoy<strong>en</strong>neté grecque est sectorielle, il faut<br />
être homme, libre, avoir une panoplie… Les céramiques<br />
grecques ne montr<strong>en</strong>t pas le citoy<strong>en</strong> qui<br />
vote, mais qui chasse ou banquète. La citoy<strong>en</strong>neté<br />
évolue, <strong>en</strong> particulier parce que le Christ proclame<br />
que tous les hommes ont une âme, y compris le<br />
Rois mages v<strong>en</strong>us d’ailleurs… Peu à peu on se<br />
demande pourquoi Dieu n’a pas donné d’âme aux<br />
Amérindi<strong>en</strong>s, si les noirs, si les femmes ont une<br />
âme, et quelque chose se passe au niveau de la<br />
morale. Même si -nous le montrons avec une guillotine,<br />
le mur de Berlin- le droit à la vie ou le droit<br />
de circuler ne sont pas acquis.<br />
Vous parliez d’une seconde grande mutation, que<br />
nous sommes <strong>en</strong> train de vivre, comme les chasseurs-cueilleurs<br />
?<br />
Oui. Nous sortons du mode de p<strong>en</strong>sée analogique,<br />
c’est la p<strong>en</strong>sée naturaliste qui pr<strong>en</strong>d le dessus.<br />
Nous ne sommes plus des agriculteurs, nous ne<br />
compr<strong>en</strong>ons plus le monde par comparaison, mais<br />
<strong>en</strong> le découvrant, <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>ant que nous sommes<br />
différ<strong>en</strong>ts de la nature, mais constitués de la<br />
même matière.<br />
Donc sans nécessité de Dieu créateur.<br />
L’idée de Dieu comm<strong>en</strong>ce à ne plus être obligatoire<br />
au XVIII e siècle. Avant cela c’est in<strong>en</strong>visageable.<br />
L’homme a découvert le monde ; avec Vasco de Gama<br />
la Méditerranée est dev<strong>en</strong>ue une mer intérieure.<br />
Dans Au-delà du monde connu, la quatrième galerie,<br />
on <strong>en</strong>tre dans le temps événem<strong>en</strong>tiel, on montre<br />
de beaux objets, une sirène des îles Fidji, des<br />
soieries, des porcelaines, des objets précieux… pour<br />
que ceux que j’ai perdu avec mes concepts ai<strong>en</strong>t<br />
au moins le plaisir des yeux ! La navigation, les<br />
cartes des Portulans, un astrolabe, des instrum<strong>en</strong>ts<br />
de précision, une caravelle…<br />
Après cela il n’y aura plus qu’à <strong>en</strong>chainer avec le<br />
Noir et le Bleu ?<br />
Oui, il comm<strong>en</strong>ce où mes galeries finiss<strong>en</strong>t !<br />
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
Les Lumières et leur ombre<br />
<strong>Zibeline</strong> : Le Noir et le bleu est le titre d’un ouvrage que<br />
vous avez publié <strong>en</strong> 1998…<br />
Oui, cette exposition est le fruit d’une vingtaine d’années<br />
de réflexion. Il s’agit de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce ce qui fait de<br />
la lumière et ce qui la nie. C’est-à-dire la barbarie. Les<br />
lumières et leur ombre.<br />
Qui sont donc reliées ?<br />
Oui. L’exposition part des Désastres de la guerre de Goya.<br />
Des idéaux des Lumières qui conduis<strong>en</strong>t à la répression<br />
barbare, à la douleur. Ce qui interroge dès l’<strong>en</strong>trée sur<br />
l’idée de civilisation, et permet d’écrire immédiatem<strong>en</strong>t<br />
ce mot au pluriel. Il faut r<strong>en</strong>verser la carte m<strong>en</strong>tale pour<br />
compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t l’ombre et la lumière sont reliées.<br />
Pourquoi symboliser les contradictions par ces couleurs,<br />
qui d’ailleurs ne s’oppos<strong>en</strong>t pas ?<br />
Parce que les 400 œuvres que nous exposons nous parl<strong>en</strong>t<br />
aussi de notre «obstination à rêver, dans laquelle chaque<br />
civilisation trouve s<strong>en</strong>s et direction» comme l’affirme<br />
Wajdi Mouawad : face à Goya il y a Miro, son bleu, infini, que<br />
le Noir ponctue, plus ou moins, linéaire comme l’écriture.<br />
À partir de ces trois points départ, le Bleu, le Noir, le rêve<br />
méditerrané<strong>en</strong>, vous avez conçu un parcours historique…<br />
…<strong>en</strong> douze mom<strong>en</strong>ts. Nous suivons le fil du temps par<br />
nappes, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant garde d’équilibrer les représ<strong>en</strong>tations<br />
: chaque mom<strong>en</strong>t doit être regardé des deux rives,<br />
sans euroc<strong>en</strong>trisme. Or nous avons, historiquem<strong>en</strong>t, plus<br />
de représ<strong>en</strong>tations europé<strong>en</strong>nes. J’ai donc veillé à ce que<br />
les œuvres exposées se répond<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t possible<br />
<strong>en</strong> miroir. Ainsi, lorsque nous évoquons la conquête<br />
napoléoni<strong>en</strong>ne de l’Égypte, nous mettons <strong>en</strong> regard la<br />
répression du Caire vue par Abel Gance ou Youssef Chahine.<br />
Pour la colonisation française nous montrons les<br />
représ<strong>en</strong>tations algéri<strong>en</strong>nes d’Abd el-Kader, où il apparaît<br />
sur un pied d’égalité avec Napoléon III. Nous montrons aussi<br />
comm<strong>en</strong>t Mehemet Ali, qui se prés<strong>en</strong>te comme le successeur<br />
de Bonaparte, repr<strong>en</strong>d l’argum<strong>en</strong>t de civilisation<br />
pour moderniser l’Égypte.<br />
Les int<strong>en</strong>tions civilisatrices sont donc ambigües, dominatrices,<br />
mais relevant d’une utopie ?<br />
Dès 1832 l’utopie méditerrané<strong>en</strong>ne apparait chez les<br />
Saint Simoni<strong>en</strong>s. Le topos du Rêve méditerrané<strong>en</strong> passe<br />
<strong>en</strong>suite par le philhellénisme, la célébration de l’antique.<br />
La Grèce blanche, comme le dit Philippe Jockey, qui blanchissait<br />
la statuaire pour r<strong>en</strong>dre purs les visages, jusqu’aux<br />
films nazis de L<strong>en</strong>i Rief<strong>en</strong>stahl… On retrouve pourtant le<br />
rêve Saint Simoni<strong>en</strong> autour du percem<strong>en</strong>t du Canal de Suez<br />
avec de belles images d’archives du début du siècle, qui<br />
célèbr<strong>en</strong>t une continuité dev<strong>en</strong>ue possible par la connexion<br />
du chemin de fer et de la navigation à vapeur…<br />
L’idéal du progrès technique…<br />
Ou le même, celui, généreux, de La Civilisation Universelle<br />
nourrie par la Raison, fondée par la Sci<strong>en</strong>ce et agie<br />
par la Technique. En même temps le XIX e siècle a inv<strong>en</strong>té<br />
la mer, la villégiature, le Grand Tour, bâtit des corniches…<br />
Nous montrons cela à travers des affiches, des objets,<br />
des photographies. Puis nous nous attachons à trois villes<br />
composées de multiples populations : Istanbul, Alexandrie,<br />
Beyrouth. Le rêve cosmopolite a plusieurs visages, effrayant<br />
lorsqu’on regarde le Registre des indésirables à<br />
Istanbul même si, à travers les photographies du personnel<br />
de la banque Ottomane, on se r<strong>en</strong>d compte à quel<br />
point ce cosmopolitisme était réel…<br />
Le parcours se poursuit par l’évocation de trois intellectuels…<br />
Oui. Le Gai savoir de Nietzsche, le Cimetière marin de Paul<br />
Valéry, la Prière de Taha Hussein. La Méditerranée est,<br />
pour ces trois hommes-là, un rêve partagé. Il y a aussi,<br />
dans les années 30, une connexion intellectuelle et artistique,<br />
que l’on illustre par le mom<strong>en</strong>t andalou de Lorca<br />
et de Manuel de Falla. Puis le parcours vire au tragique…<br />
Comm<strong>en</strong>t illustrez-vous cette plongée dans le Noir ?<br />
Avec le Minotaure de Masson. On s’interroge sur les représ<strong>en</strong>tations<br />
fascistes, nazies, que l’on met <strong>en</strong> regard avec<br />
la résistance d’Abdelkrim au Maroc ; sur les reconstitutions<br />
des batailles qui servai<strong>en</strong>t la propagande ; sur la<br />
France, qui, pour le c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la conquête algéri<strong>en</strong>ne,<br />
l’a rejouée <strong>en</strong> armes. Avec des arrêts sur les nœuds tragiques<br />
de l’Histoire, qui ont brisé le rêve : l’inc<strong>en</strong>die de<br />
Smyrne <strong>en</strong> 1922, Barcelone 36/40, la destruction de<br />
Marseille <strong>en</strong> 43, Setif 45, Jérusalem 48, Suez 56, avec le<br />
déboulonnage de la statue de Lesseps, Alger 62, avec <strong>en</strong><br />
regard la joie des Algéri<strong>en</strong>s, le désespoir de ceux qui<br />
part<strong>en</strong>t…<br />
Le Noir a-t-il gagné, l’idéal est-il mort ?<br />
Wajdi Mouawad nous dit le contraire dès l’<strong>en</strong>trée. Les<br />
poètes et les artistes le réinv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, ou <strong>en</strong> témoign<strong>en</strong>t :<br />
Thierry Fabre<br />
Responsable du développem<strong>en</strong>t culturel et des relations<br />
internationales du MuCEM, commissaire général<br />
de l’exposition inaugurale Le noir et le bleu, chargé de<br />
la programmation culturelle Les Int<strong>en</strong>sités d’été.<br />
Docteur <strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ces politiques,<br />
il a quitté l’Institut du<br />
Monde Arabe et la revue Al<br />
Qantara qu’il dirigeait pour<br />
fonder à Marseille, <strong>en</strong><br />
1994, les R<strong>en</strong>contres<br />
d’Averroès, et la revue<br />
La P<strong>en</strong>sée de midi qu’il a<br />
dirigé durant ses 10 ans<br />
d’exist<strong>en</strong>ce.<br />
Thierry Fabre © Agnès Mellon<br />
Bleu II, Joan Miro, 1961, C<strong>en</strong>tre National Georges Pompidou, Paris<br />
Soutine, De Staël, Klein et sa Vague<br />
regard<strong>en</strong>t à nouveau vers le Bleu… Il<br />
est réinv<strong>en</strong>té aussi par le savoir, et<br />
nous évoquerons Germaine Tillion, et<br />
Braudel. Avec des salves d’av<strong>en</strong>ir<br />
pour conclure : une installation contemporaine<br />
humoristique de Larissa<br />
Sansour, et l’espoir porté par les<br />
peuples qui aujourd’hui écriv<strong>en</strong>t une<br />
partie significative de l’histoire, avec<br />
les révolutions…<br />
Au long de ce parcours, les œuvres<br />
illustr<strong>en</strong>t-elles une thèse ?<br />
Les œuvres ne sont pas là pour illustrer,<br />
mais pour faire surgir. Avec cet<br />
alliage rare d’œuvres d’art, d’archives<br />
fortes et de créations contemporaines,<br />
nous cherchons à créer une<br />
puissance symbolique, un mode de<br />
préh<strong>en</strong>sion s<strong>en</strong>sible, pour exposer<br />
une p<strong>en</strong>sée visuelle. Un catalogue<br />
complété par un abécédaire, ainsi<br />
qu’un ouvrage évoquant sous forme<br />
de Portraits ceux qui sont évoqués<br />
dans l’exposition, prolongeront la<br />
démarche, et donneront une épaisseur<br />
plus conceptuelle à ce qui est<br />
mis <strong>en</strong> œuvre ici. Tous sont sous<br />
presse, et seront disponibles le jour<br />
de l’inauguration.<br />
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL<br />
Le Noir et le Bleu. Un rêve méditerrané<strong>en</strong><br />
1500 m , J4<br />
jusqu’au 6 janvier 2014<br />
www.mucem.org<br />
19<br />
M<br />
P2013
20<br />
M<br />
UCE<br />
M<br />
Les g<strong>en</strong>res humains ?<br />
<strong>Zibeline</strong> : Pourquoi avez-vous choisi de vous<br />
c<strong>en</strong>trer, pour cette exposition inaugurale temporaire,<br />
sur la question du g<strong>en</strong>re <strong>en</strong> Méditerranée ?<br />
D<strong>en</strong>is Chevallier : Un musée des civilisations doit<br />
aborder les grandes questions de société qui<br />
agit<strong>en</strong>t son espace. Les questions chaudes et<br />
polémiques. Nous <strong>en</strong> avons défini plusieurs : celle<br />
de l’eau, le thème du religieux, les migrations, la<br />
ville, et toutes les interrogations liées à l’altérité,<br />
à comm<strong>en</strong>t vivre «<strong>en</strong>tre autres». Le MuCEM veut<br />
s’emparer de ces sujets brûlants, prés<strong>en</strong>ts aussi<br />
dans les expositions inaugurales… Mais le point<br />
à propos du masculin féminin, fondateur du groupe<br />
social basique, ainsi que la manière dont les<br />
sociétés méditerrané<strong>en</strong>nes codifi<strong>en</strong>t la sexualité,<br />
nous semblai<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiels à poser d’<strong>en</strong>trée.<br />
L’exposition va parler d’homosexualité, de rapport<br />
<strong>en</strong>tre les sexes ?<br />
Entre autres. Nous allons parler de l’égalité hommes<br />
femmes, <strong>en</strong> particulier au travail. De la question<br />
du voile, qui stigmatise les femmes ou qu’elles<br />
rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t comme un signe d’appart<strong>en</strong>ance à<br />
une communauté. Puis de la sexualité, hétéro et<br />
homosexuelle : la virginité, l’âge du mariage, la s<strong>en</strong>sualité.<br />
Et de la rev<strong>en</strong>dication de g<strong>en</strong>re qui est<br />
réc<strong>en</strong>te, des lois répressives sur l’homosexualité<br />
autour de la Méditerranée.<br />
L’actualité, avec la loi du mariage pour tous et les<br />
mouvem<strong>en</strong>ts homophobes, r<strong>en</strong>d ce sujet brûlant…<br />
Le vivez-vous comme un risque ou comme une<br />
chance ?<br />
Cela tombe plutôt bi<strong>en</strong> ! Les g<strong>en</strong>s sont aujourd’hui<br />
intéressés par le sujet. On ne cherche pas<br />
à exciter, il n’y a aucune provocation dans notre<br />
démarche, mais il faut montrer ce qui est. Par<br />
exemple, on pourra nous taxer d’islamophobes <strong>en</strong><br />
regardant la carte des règlem<strong>en</strong>tations sur l’homosexualité.<br />
On a beau atténuer les couleurs,<br />
opposer le gris pâle au bleu plutôt que le noir au<br />
blanc, il apparait clairem<strong>en</strong>t que les pays musulmans<br />
conserv<strong>en</strong>t des lois homophobes. Il faut le dire…<br />
Qu’allez-vous montrer dans ces 500 m 2 ?<br />
Nous avons défini des thématiques -nous n’avions<br />
D<strong>en</strong>is Chevallier<br />
Conservateur du patrimoine, docteur <strong>en</strong> ethnologie,<br />
il est directeur adjoint du MuCEM,<br />
responsable du départem<strong>en</strong>t recherche et<br />
<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, commissaire de l’exposition Au<br />
Bazar du g<strong>en</strong>re, et de<br />
la programmation culturelle<br />
de la Semaine<br />
du g<strong>en</strong>re. Il prépare,<br />
pour 2014 et 2015, des<br />
expositions temporaires<br />
sur le Carnaval,<br />
les Lieux Saints, la<br />
nourriture…<br />
D<strong>en</strong>is Chevallier<br />
© Frederic Presles<br />
pas la place pour une approche historique- et<br />
nous sommes conc<strong>en</strong>trés sur les changem<strong>en</strong>ts<br />
depuis 50 ans. C’est-à-dire depuis la révolution<br />
de la contraception. En Algérie il y a 50 ans les femmes<br />
se mariai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 16 et 18 ans et avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne 6 <strong>en</strong>fants. Aujourd’hui elles se mari<strong>en</strong>t<br />
à 30 et ont 2 <strong>en</strong>fants. Notre section Mon v<strong>en</strong>tre<br />
est à moi retrace cela, et le fait qu’une «femme<br />
accomplie» reste généralem<strong>en</strong>t une mère <strong>en</strong><br />
Méditerranée. Les Chemins de l’égalité pass<strong>en</strong>t<br />
donc par la rev<strong>en</strong>dication des droits politiques,<br />
mais aussi ici par Myriam Lamare championne<br />
de boxe, les féministes qui lutt<strong>en</strong>t contre les images<br />
dégradées de la femme, contre Berlusconi<br />
<strong>en</strong> 2011… On s’attache au combat LGBT à travers<br />
l’histoire des Gay Pride, de leur répression, <strong>en</strong><br />
montrant que les droits, comme le mariage pour<br />
tous, précèd<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t les sociétés… qui continu<strong>en</strong>t<br />
à fabriquer des objets homophobes, des<br />
insultes courantes homophobes. On a ainsi conçu<br />
une douche sonore homophobe, pour faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />
la viol<strong>en</strong>ce des mots…<br />
Cela peut être choquant !<br />
Selon Walter B<strong>en</strong>jamin il faut produire «un petit<br />
choc pour faire <strong>en</strong>trer l’histoire dans les mémoires».<br />
C’est ainsi que je conçois une exposition,<br />
qui pour moi n’est pas un alignem<strong>en</strong>t de beaux<br />
objets.<br />
Y aura-t-il cep<strong>en</strong>dant des œuvres d’art ?<br />
Oui, des commandes contemporaines, à Fred<br />
Sathal par exemple, une tr<strong>en</strong>taine d’œuvres <strong>en</strong><br />
tout, comme cette tapisserie de Sandra Dukiç<br />
qui exhorte Enfante ! Une vingtaine de films aussi,<br />
dont une commande. Les lesbi<strong>en</strong>nes de Nan<br />
Goldin qui répond<strong>en</strong>t aux Damnées de Rodin…<br />
puis des objets issus des collections des ATP, des<br />
amulettes viriles, des vêtem<strong>en</strong>ts… et des collectes<br />
réc<strong>en</strong>tes : des objets acquis lors de pèlerinages<br />
de fertilité, un kit d’hym<strong>en</strong> artificiel, interdit <strong>en</strong><br />
Égypte, preuve que cela marche, des costumes<br />
de Gay Pride, des photos de banderoles rev<strong>en</strong>dicatrices<br />
; des objets plus anci<strong>en</strong>s aussi, une coupe<br />
de XVI e siècle qui montre la femme qui sort de la<br />
côte d’Adam… On évoque aussi la viol<strong>en</strong>ce faite<br />
aux femmes <strong>en</strong> Égypte, les Vierges jurées <strong>en</strong><br />
Afghanistan, qui ont le droit d’être traitées <strong>en</strong><br />
hommes si elles jur<strong>en</strong>t de rester vierges…<br />
Les objets d’art ont-ils pour vous une valeur différ<strong>en</strong>te<br />
des objets du quotidi<strong>en</strong> ?<br />
Pas dans le cadre d’une exposition comme celleci.<br />
L’équilibre art/objet de peu ne compte pas, la<br />
valeur archéologique non plus, il faut que l’objet<br />
dise quelque chose, qu’il ait du s<strong>en</strong>s, la charge<br />
esthétique ou émotionnelle pouvant être plus ou<br />
moins forte. Il faut que l’objet soit rare, ou surpr<strong>en</strong>ant,<br />
mais sa valeur m’importe peu dans ce<br />
cadre. Les objets sont les mots des muséologues,<br />
ils s’articul<strong>en</strong>t les uns aux autres, ils n’ont pas de<br />
s<strong>en</strong>s tout seul…<br />
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL<br />
Au Bazar du g<strong>en</strong>re,<br />
Féminin-Masculin <strong>en</strong> Méditerranée<br />
500 m 2 , J4<br />
jusqu’au 6 janvier<br />
www.mucem.org<br />
Rataj - Enfante, Sandra Dukic, Banja Luka, Bosnie-Herzegovine,<br />
2006, matiere textile © MuCEM, Christophe Fouin
Trois autres expositions inaugurales comm<strong>en</strong>ceront le 7 juin,<br />
ainsi qu’une programmation artistique gratuite<br />
Panneaux de Van Cray<strong>en</strong>est, Charles Van Craey<strong>en</strong>est, France, 1947, bois, matiere textile © MuCEM<br />
Fort Saint-Jean<br />
Le Temps des Loisirs<br />
☛Exposition perman<strong>en</strong>te, accrochage<br />
r<strong>en</strong>ouvelé tous les 3 ans, 850 m 2 .<br />
☛Commissaire général : Zeev Gourarier<br />
Un parcours historique retrace le passage des<br />
fêtes rituelles millénaires à la société des loisirs,<br />
après la Révolution puis au Second Empire (fête<br />
foraine, cirque, magie…). Une exposition riche<br />
<strong>en</strong> objets rares et spectaculaires, trésors de la<br />
collection des ATP ou acquisitions retraçant les<br />
rites de passages (de la naissance à la mort), les<br />
fêtes cal<strong>en</strong>daires (solstices, v<strong>en</strong>danges, moissons,<br />
fêtes religieuses…) puis les fêtes foraines,<br />
cirque et marionnettes…<br />
Expositions photographiques<br />
☛Quatre expositions photographiques<br />
successives, 320 m 2 .<br />
☛Commissaire général : François Cheval<br />
Du 7 juin au 29 juillet : Les choses de ce côté<br />
du monde, une exposition collective prés<strong>en</strong>te le<br />
travail de huit vidéastes et photographes contemporains<br />
autour de Marseille et ses <strong>en</strong>virons<br />
(André Mérian, Stéphane Couturier, Servet<br />
Kocyigit, Ange Leccia, Patrick Tosani…)<br />
Du 9 août au 23 sept : Odyssées d’Antoine<br />
d’Agata, un portrait des migrants auxquels il<br />
s’est mêlé lors de leurs périples aux frontières.<br />
Ateliers de l’Euroméditerranée.<br />
Du 4 oct au 18 nov : Memory of<br />
trees, de Kathryn Cook, séries<br />
<strong>en</strong> noir et blanc et couleur où la<br />
photographe américaine a recherché,<br />
à Marseille et <strong>en</strong> Turquie,<br />
la mémoire effacée du génocide<br />
arméni<strong>en</strong>. Ateliers de l’Euroméditerranée.<br />
Du 29 nov au 28 janv : Mare-<br />
Mater. Patrick Zachmann<br />
voyage à travers la mémoire<br />
juive, confronte son histoire<br />
familiale à celle des migrants<br />
d’aujourd’hui.<br />
La mère du King, Saida, 2001<br />
© Jean-Luc Moul<strong>en</strong>e<br />
21<br />
M<br />
UCEM<br />
C<strong>en</strong>tre de Conservation<br />
et de Ressources<br />
Enseigne de baraque foraine, France, 20e siecle © MuCEM<br />
☛Des personnalités extérieures pos<strong>en</strong>t<br />
sur les collections du MuCEM, conservées<br />
au CCR, un regard libre qui tisse des li<strong>en</strong>s<br />
inédits. 100 m2.<br />
Jusqu’au 6 janv : Prés<strong>en</strong>tée vivante. Jean Blaise,<br />
directeur général du Voyage à Nantes, a fait appel<br />
à l’écrivain Joy Sorman pour relier des objets<br />
divers possédant chacun une histoire propre.<br />
Avec la commissaire d’exposition Patricia Buck,<br />
ils ont mis <strong>en</strong> scène ces objets choisis autour<br />
du texte de Joy Sorman.<br />
Les Int<strong>en</strong>sités d’été<br />
Dès l’ouverture et durant tout l’été, une programmation<br />
de cinéma, concerts, débats et de<br />
spectacles de plein air, offerte aux visiteurs, au<br />
Fort Saint Jean ou dans l’Auditorium Germaine<br />
Tillion… Cela comm<strong>en</strong>ce à Marseille dans les<br />
années 40 pour finir le 1 er septembre <strong>en</strong> évoquant<br />
Marseille aujourd’hui… Autant de propositions<br />
qui s’inscriv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t et écho aux<br />
expositions temporaires et perman<strong>en</strong>tes.<br />
Au programme<br />
Le 7 juin à 22h : Concert d’ouverture avec le<br />
Khoury Project des frères Khoury (oud, violon,<br />
qanoun) qui invit<strong>en</strong>t la chanteuse andalouse<br />
Estrella Mor<strong>en</strong>te<br />
Le 14 juin à 18h30 : une r<strong>en</strong>contre autour de<br />
l’Art <strong>en</strong> guerre à la Villa Air Bel et au camp des<br />
Milles, suivie à 22h de la projection de Transit<br />
de R<strong>en</strong>é Allio, d’après Anna Seghers<br />
Le 15 juin à 14h : Etat de piège ou la filière<br />
marseillaise, docum<strong>en</strong>taire de Terry Wehn Damish,<br />
suivi à 16h30 des Camps du sil<strong>en</strong>ce de<br />
Bernard Mangiante et d’une r<strong>en</strong>contre débat,<br />
à 18h30, autour de Varian Fry et Gilberto<br />
Bosques<br />
À 21h30 : On chantait quand même - Radio transit,<br />
spectacle de Serge Hureau et du hall de la<br />
chanson, autour de la TSF p<strong>en</strong>dant l’occupation<br />
Le 16 juin à 16h30 : Resisting paradise, un docum<strong>en</strong>taire<br />
de Barbara Hammer suivi à 18h30<br />
de Fluchweg nach Marseille (la fuite vers Marseille)<br />
de Ingemo Enstrom<br />
Du 17 au 22 juin : Prix Med (voir p 72) R<strong>en</strong>contres,<br />
projections de docum<strong>en</strong>taires et remise<br />
des prix.<br />
www.mucem.org<br />
Estrella Mor<strong>en</strong>te © X-D.R
22<br />
M<br />
P2013<br />
Le premier temps de la capitale culturelle a su rassembler les foules, proposer<br />
des formes contemporaines, et de singulières surprises. Même si la satiété esthétique<br />
ou intellectuelle ne fut pas toujours au r<strong>en</strong>dez-vous. En sera-t-il de même pour le second<br />
épisode, qui s’annonce <strong>en</strong>core plus fort ?<br />
De Cézanne à Matisse :<br />
notre id<strong>en</strong>tité<br />
culturelle ?<br />
Assurém<strong>en</strong>t, cela va être une grande exposition : tout<br />
le monde l’att<strong>en</strong>d, ces peintres-là sont les préférés des<br />
Français et des touristes qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France. Le<br />
Palais Longchamp et le Musée Granet, chacun dans<br />
son g<strong>en</strong>re, sont des lieux magnifiques, rénovés, tout à<br />
fait prêts à accueillir une grande exposition internationale,<br />
tant au niveau de la sécurité des œuvres que<br />
de la circulation des publics. Cela fait longtemps que<br />
l’on att<strong>en</strong>d un vrai musée des beaux arts à Marseille,<br />
et une fois <strong>en</strong>core la capitale culturelle a permis l’équipem<strong>en</strong>t<br />
d’un lieu indisp<strong>en</strong>sable. Bref tout est réuni<br />
pour que Le Grand Atelier du Midi soit le climax, <strong>en</strong><br />
termes de fréqu<strong>en</strong>tation, d’une année culturelle qui<br />
réunit les foules.<br />
On peut cep<strong>en</strong>dant s’interroger sur l’insistance de<br />
Jean-Claude Gaudin, lors de la confér<strong>en</strong>ce de presse<br />
organisée à Paris, à prés<strong>en</strong>ter cette exposition comme<br />
«le véritable début de la Capitale.» La Mairie de Marseille<br />
souti<strong>en</strong>t pourtant ses artistes et la création. Pourquoi<br />
prés<strong>en</strong>ter ainsi cette exposition qui, si elle ravit le secteur<br />
du tourisme, et va permettre à chacun d’approcher<br />
un patrimoine inégalé pour au plus 19 euros (billet couplé<br />
plein tarif), ne crée aucune richesse culturelle, et dép<strong>en</strong>se<br />
un budget colossal (non communiqué) <strong>en</strong> assurances,<br />
frais de transports, et locations d’œuvres ? Au plus<br />
jette-t-elle des ponts inédits <strong>en</strong>tre des œuvres et des<br />
courants, comme le font l’expo Rodin à Arles ou Picasso<br />
à Aubagne : pour magnifiques qu’elles soi<strong>en</strong>t, ces<br />
expositions ne peuv<strong>en</strong>t s’annoncer comme les événem<strong>en</strong>ts<br />
primordiaux d’une Capitale qui veut avant<br />
tout fabriquer de la culture. Où est aujourd’hui l’atelier<br />
du midi qui permettra de léguer un patrimoine à nos<br />
<strong>en</strong>fants ?<br />
Un événem<strong>en</strong>t exceptionnel<br />
Mais la curiosité du public pour cette période artistique<br />
semble infinie, comme un éternel retour à ce qui figure<br />
<strong>en</strong> déformant, permettant à la fois de reconnaitre le<br />
sujet et d’admirer la distorsion. Dans ce domaine patrimonial<br />
l’exposition est indéniablem<strong>en</strong>t exceptionnelle,<br />
tant au niveau du volume (près de 200 œuvres rassemblées,<br />
dont nombre de grands formats et pléthore<br />
d’œuvres majeures, mais 1 seule femme sur 49 artistes)<br />
que du point de vue adopté. Il s’agit <strong>en</strong> effet de<br />
voir ces œuvres tout à côté des paysages qui les ont<br />
vues naître, dans leur lumière de l’été.<br />
Bruno Ély et Marie-Paule Vial, respectivem<strong>en</strong>t commissaires<br />
des expositions à Granet et à Longchamp,<br />
ont conçu des parcours éclairants, choisis, truffés de<br />
André Derain, Le Faubourg de Collioure, 1905. Huile sur toile, 59.5 x 73.2 cm,<br />
Paris, C<strong>en</strong>tre Pompidou, musée national d’art moderne, achat <strong>en</strong> 1966<br />
© C<strong>en</strong>tre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais – Philippe Migeat<br />
© ADAGP, Paris 2013<br />
Pablo Picasso, Paysage, Juan-les-Pins, 1924. Huile sur toile, 38 x 46 cm,<br />
collection particulière © Succession Picasso 2013<br />
mises <strong>en</strong> perspectives inédites. À<br />
Marseille l’histoire de la couleur,<br />
les fauves, depuis les tourm<strong>en</strong>ts de<br />
Van Gogh, l’éclat de Bonnard,<br />
jusqu’aux années 50 avec Monet,<br />
R<strong>en</strong>oir, Dufy, Signac, Soutine,<br />
Vallotton, Dali. À Aix l’histoire<br />
des formes depuis Cézanne bi<strong>en</strong><br />
sûr, jusqu’à l’abstraction ou aux<br />
papiers découpés <strong>en</strong> passant par<br />
le cubisme, Picasso, Derain, Gauguin,<br />
Man Ray, Modigliani,<br />
Matisse, Braque… L’itinéraire de<br />
ces peintres se croise autour des<br />
mêmes motifs dans les paysages<br />
prov<strong>en</strong>çaux, mais aussi à Collioure,<br />
<strong>en</strong> Espagne, <strong>en</strong> Italie, sur les rives<br />
de cette Méditerranée latine où<br />
tous sont v<strong>en</strong>us séjourner, s’arrêter<br />
et vivre. Et qui éclate indéniablem<strong>en</strong>t<br />
dans leurs œuvres, paysages<br />
marins, Sainte Victoire, Estaque,<br />
voies ferroviaires et jardins éclairés<br />
de la même lumière, faisant jaillir<br />
la couleur et la forme indomptées…<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Le Grand Atelier du midi<br />
du 13 juin au 13 oct<br />
Musée Granet, Aix<br />
Musée des Beaux Arts, Marseille<br />
www.mp2013.fr/le-grand-atelier-dumidi-2<br />
Claude Monet,<br />
Antibes, 1888.<br />
Huile sur toile,<br />
65 x 92 cm,<br />
Londres,<br />
The Courtauld<br />
Institute<br />
© The Samuel<br />
Courtauld Trust,<br />
The courtauld<br />
Gallery London
Picasso<br />
et la<br />
mère méditerranée<br />
Si le magnifique catalogue de 224 pages est trop Femme aux cheveux verts de 1948 dont on voit<br />
lourd pour visiter l’exposition Picasso céramiste<br />
et la Méditerranée à Aubagne, le hors-série tude des thèmes : les faunes cannibalis<strong>en</strong>t les<br />
les «accid<strong>en</strong>ts de cuisson». Pour saisir l’ampli-<br />
Découverte Gallimard écrit par Bruno Gaudichon plats à viande, les pichets, les tomettes ; les<br />
est idéal. Petit, pratique, thématique et abondamm<strong>en</strong>t<br />
iconographié, il dit tout sur son av<strong>en</strong>ture coupelles et des plats espagnols ; les poissons<br />
motifs tauromachiques <strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t l’arène des<br />
de la terre : le rapport du sujet ou du motif au et les grappes de raisin comme des natures mortes<br />
support, l’inspiration tauromachique, «les grecqueries»<br />
ou l’Antiquité revisitée, l’<strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t Par une habile mise <strong>en</strong> perspective de l’anci<strong>en</strong><br />
offertes…<br />
dans la production traditionnelle locale, l’inv<strong>en</strong>tion<br />
perman<strong>en</strong>te… Mais on peut tout aussi touche les néophytes comme les érudits. À la<br />
et du moderne, et par sa générosité, l’exposition<br />
bi<strong>en</strong> appréh<strong>en</strong>der le dialogue du maître avec la manière de l’illustre artiste qui légua la majorité<br />
Méditerranée vierge de toute information tant de ses pièces aux musées de Malaga, de Barcelone,<br />
Céret, Paris, Antibes, et qui travailla main<br />
l’exposition se lit à «œuvre ouverte». Nul besoin<br />
donc de savoir que sa visite de l’exposition des dans la main avec les artisans céramistes de<br />
potiers de Vallauris <strong>en</strong> juillet 1946 fut une révélation<br />
ou que son installation à Antibes à 65 ans à Vallauris. Qui, <strong>en</strong> pleine maturité, «retrouva ce<br />
l’atelier Madoura de Georges et Suzanne Ramié<br />
sera un retour aux sources, décisif et foisonnant, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’appart<strong>en</strong>ir à la culture méditerrané<strong>en</strong>ne»<br />
et ne cessa jamais d’ouvrir de nouveaux<br />
pour admirer ces 160 pièces hors normes. Il suffit<br />
d’aiguiser son regard pour percevoir dans les chemins. Jusqu’à sa mort.<br />
formes l’importance des sources antiques ou MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
populaires méditerrané<strong>en</strong>nes : les gourdes portées<br />
sur le dos se transform<strong>en</strong>t <strong>en</strong> insectes, les<br />
poêlons à châtaignes devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des masques, jusqu’au 13 oct<br />
les tomettes et les lastres sont détournées de Chapelle des Pénit<strong>en</strong>ts noirs-c<strong>en</strong>tre d’art,<br />
leur usage et dans les Tanagra, il réinv<strong>en</strong>te ses Aubagne<br />
propres codes. Pour remarquer la spontanéité www.picasso2013.com<br />
des dessins exécutés d’un seul trait car il réalisait<br />
ses céramiques <strong>en</strong> peintre ! Pour s’étonner À lire<br />
de la matité ou de la brillance des couleurs déclinées<br />
<strong>en</strong> d’infinies variations comme cette Hors-série Découverte Gallimard, 8,30<br />
Catalogue, Gallimard, 39 euros<br />
euros<br />
Tête de femme (recto), Tête d’homme (verso),<br />
12-8-50. Poêlon à châtaignes, terre cuite<br />
rouge chamotte tournée,peinte aux <strong>en</strong>gobes,<br />
intérieur sous alquifoux 32,5 x 7,5 cm.<br />
Diam. 22 cm. Pièce unique. Coll. part.<br />
© Successions Picasso 2012<br />
© Maurice Aeschimann<br />
Oeuvre de Patrice © Gaelle Cloarec<br />
Les beaux<br />
jours J1<br />
Nul ne sait <strong>en</strong>core ce qu’il advi<strong>en</strong>dra de lui<br />
après l’année capitale... mais chic ! Le J1 prolonge<br />
son ouverture jusqu’au 26 mai inclus,<br />
occasion pour ses insatiables visiteurs (150 000<br />
comptabilisés fin avril, soit 10 000 visiteurs<br />
par semaine…) de savourer <strong>en</strong>core ce lieu<br />
d’exception avant la pause estivale.<br />
De se pr<strong>en</strong>dre au jeu du photomaton arg<strong>en</strong>tique<br />
installé par Eddy Bourgeois, qui permet<br />
de composer un petit scénario <strong>en</strong> 4 images,<br />
et remporte un tel succès qu’une exposition<br />
est prévue à l’automne. De se perdre le long<br />
des tombes du Père Lachaise, dont Stéphanie<br />
Solinas a collecté les phrases d’adieu<br />
(«Qu’un nuage d’amour aille jusqu’à toi», «Ma<br />
tristesse est profonde, mais je sais que je te<br />
retrouverai»...) et photographié les médaillons,<br />
qui ressembl<strong>en</strong>t de loin à des empreintes<br />
digitales, et de près à un corps radiographié.<br />
De s’attarder sur les visages composant l’ultime<br />
mosaïque des Chercheurs de midi,<br />
celle des Personnages, après l’épisode des<br />
Paysages et celui des Usages. La plus nostalgique,<br />
la plus touchante peut-être, celle où<br />
l’on voit le plus de photographies anci<strong>en</strong>nes,<br />
qui évolu<strong>en</strong>t du cliché posé «bourgeois» datant<br />
d’une époque où les appareils coûtai<strong>en</strong>t cher<br />
à la démocratisation des prises de vue spontanées.<br />
La Galerie travaille sur un projet de<br />
livre et DVD avec les Éditions Bec <strong>en</strong> l’air,<br />
pour que les très nombreuses images reçues<br />
ai<strong>en</strong>t un av<strong>en</strong>ir...<br />
Occasion surtout de découvrir l’incroyable<br />
travail de Patrice, compagnon d’Emmaüs à<br />
la Pointe Rouge, qui dans son atelier élabore<br />
une multitude d’objets mystérieux et évid<strong>en</strong>ts<br />
à la fois. Un sablier avec des cailloux <strong>en</strong> guise<br />
de sable, pour que le temps passe moins vite ;<br />
une série de couverts aux gestes caressants ;<br />
une pipe qui ne cassera pas, r<strong>en</strong>forcée qu’elle<br />
est par une chaîne... Ce monsieur si discret<br />
qu’il a choisi de n’avoir qu’un prénom risque<br />
de ne pas pouvoir rester anonyme longtemps !<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
Le Corbusier et la question du brutalisme<br />
du 11 octobre au 12 janvier<br />
J1, Marseille<br />
04 91 88 25 13<br />
www.mp2013.fr<br />
23<br />
M<br />
P2013
24<br />
M<br />
P2013<br />
Ri<strong>en</strong> ne s’efface tout à fait<br />
L’artiste palestini<strong>en</strong> Taysir Batniji<br />
inaugure le nouvel espace culturel de<br />
Salon-de-Prov<strong>en</strong>ce. Un premier choix<br />
hardi qui met <strong>en</strong> avant l’art<br />
contemporain<br />
Non loin de l’emblématique fontaine moussue<br />
vi<strong>en</strong>t de s’ouvrir l’Espace culturel Robert de<br />
Lamanon, un nouvel équipem<strong>en</strong>t dédié aux arts<br />
visuels à Salon-de-Prov<strong>en</strong>ce. Cette première<br />
proposition offre aux Salonnais et aux visiteurs<br />
l’opportunité d’une familiarisation avec la création<br />
actuelle <strong>en</strong>couragée par Marseille-Prov<strong>en</strong>ce 2013.<br />
L’exposition propose un panel du travail de l’artiste<br />
sous différ<strong>en</strong>ts médiums photo, dessin,<br />
objet/sculpture, installation dont la pièce réalisée<br />
dans la savonnerie Marius Fabre prés<strong>en</strong>tée<br />
auparavant à Marseille (Ici, Ailleurs, La Friche).<br />
Taysir Batniji réaffirme ici l’article 13 de la Déclaration<br />
des droits de l’homme de 1948 dont la<br />
portée se veut autant locale qu’universelle à<br />
travers un matériau commun au bassin méditerrané<strong>en</strong>,<br />
éphémère (une première version <strong>en</strong><br />
chocolat près de G<strong>en</strong>ève <strong>en</strong> 2007) et symbolique<br />
(soin, pureté, tradition). Plus spectaculaire<br />
et allusive, Mine de ri<strong>en</strong>, écriture murale éphémère<br />
a été réalisée au graphite avec quatre<br />
jeunes salonnais dans le cadre d’un chantier<br />
éducatif (1).<br />
Taysir Batniji, L'homme ne vit pas seulem<strong>en</strong>t de pain #2, Salon-de-Prov<strong>en</strong>ce, 2013, vue partielle © C. Lorin-<strong>Zibeline</strong><br />
L’approche politique et humaniste se retrouve<br />
dans cinq vidéos volontairem<strong>en</strong>t brouillées (projection<br />
sur mur noir) suggérant la confusion des<br />
vies quotidi<strong>en</strong>nes de personnes <strong>en</strong> transit.<br />
Pour une première, ce choix porte une ambition<br />
certaine compte t<strong>en</strong>u d’un public toujours à<br />
conquérir pour la culture. Celui-ci pourra se<br />
tourner <strong>en</strong>suite vers les œuvres d’art singulier<br />
de Raymond R<strong>en</strong>aud, personnalité artistique<br />
salonnaise remarquée par Jean Dubuffet, ou<br />
observer bi<strong>en</strong>tôt depuis le château de l’Empéri<br />
l’anamorphose urbaine éphémère conçue spécialem<strong>en</strong>t<br />
par Felice Varini. Comme d’autres<br />
communes Salon se met à l’art contemporain.<br />
Gageons que le projet se confirme au-delà de<br />
2013 !<br />
CLAUDE LORIN<br />
Taysir Batniji<br />
L’Homme ne vit pas seulem<strong>en</strong>t de pain<br />
jusqu’au 16 juin<br />
Espace Robert de Lamanon, Salon-de-Prov<strong>en</strong>ce<br />
ateliers et visites guidées<br />
04 90 44 89 90<br />
(1) <strong>en</strong> collaboration avec l’Addap13 et l’Aagesc<br />
(Association pour l’Animation des Equipem<strong>en</strong>ts<br />
Sociaux)<br />
Comme une vibrante cathédrale...<br />
Le Vieux-Port transfiguré pour l’inauguration de la Folle histoire !<br />
Personne n’aurait imaginé traverser le Vieux-<br />
Port de Fort à Fort à pied sec, sinon <strong>en</strong> rêve...<br />
Ce rêve est dev<strong>en</strong>u réalité pour plus de 400 000<br />
personnes les 3 et 4 mai grâce à Carabosse<br />
qui, loin d’être la méchante fée du conte, est un<br />
collectif d’artistes multiples, comédi<strong>en</strong>s, plastici<strong>en</strong>s<br />
aimant jouer avec le feu <strong>en</strong> décl<strong>en</strong>chant<br />
des rêves ! Sollicités par Karwan, structure initiatrice<br />
du projet, ils ont imaginé la construction<br />
d’un ponton de 160m, constitué de dalles carrées<br />
flottant sur des boudins gonflants. Dès le début<br />
de la soirée la foule att<strong>en</strong>dait le départ, pressée<br />
de chaque côté du port. À 20h30, les prom<strong>en</strong>eurs<br />
empruntai<strong>en</strong>t la passerelle par vagues<br />
pour contempler l’ét<strong>en</strong>due marine empourprée<br />
par le soleil couchant. Peu à peu des hommes<br />
et des femmes <strong>en</strong> noir ont mis chaque soir le<br />
feu à 6000 pots de terre susp<strong>en</strong>dus à des structures<br />
métalliques, certaines tournant sur<br />
elles-mêmes, d’autres formant un tunnel de<br />
flammes sur 300m devant la mairie. Ainsi<br />
scénographiés, les 230 000 m 2 du port form<strong>en</strong>t<br />
une place publique sur laquelle on peut déambuler<br />
<strong>en</strong> valse l<strong>en</strong>te parmi les parfums agréables<br />
de la cire. Entre les deux Forts une grue de 35m<br />
a élevé peu à peu 5 sphères formant un lustre<br />
monum<strong>en</strong>tal. Du haut des jardins du Pharo, de<br />
l’esplanade de St Victor ou de celle de St Laur<strong>en</strong>t,<br />
la vue sur la ville illuminée avec douceur<br />
est stupéfiante. Les marseillais, les voisins et les<br />
touristes promèn<strong>en</strong>t leur plaisir dans le calme,<br />
se réchauff<strong>en</strong>t aux braséros cylindriques sur le<br />
quai de la Fraternité. Instants magiques de La<br />
folle histoire des Arts de la rue qui <strong>en</strong> est à<br />
sa 4 e édition grâce à la participation de MPM,<br />
de la ville de Marseille et surtout du CG 13 ainsi<br />
que, pour cette année capitale, MP 2013 (budget<br />
un peu moins de 2,5 Md’euros). Aurait-on<br />
pu imaginer des propositions artistiques plus<br />
consistantes pour cette Capitale qui fait déambuler<br />
les foules mais nourrit peu les esprits ?<br />
Sans doute. Mais ainsi Marseille retrouve le<br />
dialogue avec son port et les Arts de la rue lui<br />
ouvr<strong>en</strong>t les portes d’un rêve fraternel.<br />
CHRIS BOURGUE<br />
Le Vieux-Port <strong>en</strong>tre flammes et flots a eu lieu<br />
les 3 et 4 mai sur le Vieux-Port à Marseille<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
Moteurs ! le 17 mai Cité des Arts de la Rue<br />
T’as de la chance d’être mon frère !<br />
No Tunes International le 16 mai à Aureille<br />
Dream City les 18 et 19 mai à L’Estaque<br />
Waterlitz Générik Vapeur le 19 mai sur le J4<br />
The color of times déambulation d’ Artonik<br />
le 20 mai Bd de Paris et aussi à Marignane,<br />
Lambesc, Charleval, Port-Saint-Louis-du-Rhône<br />
© Agnes Mellon<br />
et Aureille<br />
Toutes les manifestations sont gratuites<br />
La Folle histoire jusqu’au 20 mai à Marseille<br />
(voir Zib’62)<br />
www.follehistoire.fr<br />
www.cg13.fr
Parc d’attractions<br />
Après la préfiguration <strong>en</strong> 2012 du projet Le chez soi<br />
et l’ailleurs dans le cadre d’Ulysses (voir p 76),<br />
Arteum explore L’autre côté du rêve avec <strong>en</strong> <strong>en</strong> point<br />
d’orgue une création du Cabanon Vertical<br />
Le château, à la fois musée et hôtel<br />
de ville de Châteauneuf-le-Rouge<br />
avait accueilli l’année précéd<strong>en</strong>te<br />
un premier volet dont les installations<br />
sont toujours visibles dans le<br />
parc et continu<strong>en</strong>t d’évoluer avec<br />
le temps (Zib 53). De l’autre côté du<br />
rêve inscrit le second chapitre <strong>en</strong><br />
occupant autant le musée pour une<br />
exposition collective de pièces empruntées<br />
majoritairem<strong>en</strong>t à plusieurs<br />
organismes publics (Fonds Communal<br />
d’Art contemporain de Marseille et<br />
divers FRACs), que l’extérieur avec<br />
un projet monum<strong>en</strong>tal commandé<br />
au collectif d’artistes du Cabanon<br />
Vertical.<br />
Au dernier étage du bâtim<strong>en</strong>t accueillant<br />
la partie muséale, les<br />
œuvres bénéfici<strong>en</strong>t d’une réc<strong>en</strong>te<br />
rénovation bi<strong>en</strong> v<strong>en</strong>ue. La commissaire,<br />
Christiane Courbon, s’<strong>en</strong><br />
réjouit : «Cela va nous permettre<br />
une meilleure visibilité d’accrochage.<br />
Pour les œuvres nous avons recherché<br />
des pièces qui traduis<strong>en</strong>t ces<br />
questions liées au voyage concernant<br />
le territoire, l’errance ou le<br />
déracinem<strong>en</strong>t. Le périple d’Ulysse<br />
c’est se frotter aux frontières ou aux<br />
pertes de repères, ce qui crée la<br />
r<strong>en</strong>contre aussi. Des questions donc<br />
très contemporaines.» Les regards<br />
sont variés : Marie Bovo, Wolfgang<br />
Laïb, Bouchra Khalili, Tatiana<br />
Trouvé, Yves Belorgey, Mathieu<br />
Mercier…<br />
Dans le jardin à la française composé<br />
de buis taillés datant du XVII e<br />
siècle, un parcours initiatique et<br />
ludique emmène le visiteur par des<br />
passages obligés <strong>en</strong>tre des arbustes<br />
de quatre mètres de haut, tels<br />
des escaliers, porte dérobée, culde-sac,<br />
passerelle, pont susp<strong>en</strong>du,<br />
poste de guet et points de vue <strong>en</strong><br />
pin douglas et jeu de miroir combinant<br />
intériorité du cheminem<strong>en</strong>t et<br />
aménagem<strong>en</strong>t d’ouvertures visuelles<br />
nouvelles offertes sur l’horizon. «Nous<br />
Le Cabanon Vertical, Au risque de se perdre, installation dans le parc du chateau, vue partielle. 2013 © C. Lorin-<strong>Zibeline</strong><br />
avons travaillé comme un éclaté<br />
d’architecture <strong>en</strong> ménageant des<br />
déplacem<strong>en</strong>ts et des pauses. Ce<br />
sont des structures de bois comme<br />
un décor de théâtre qui se r<strong>en</strong>d visible<br />
et praticable. Ça peut évoquer<br />
ce qu’on appelle des folies ou le<br />
jardin du Désert de Retz. Le dispositif<br />
s’intègre au lieu mais il n’est<br />
pas fait pour la contemplation. Avec<br />
cet itinéraire on provoque une expéri<strong>en</strong>ce<br />
déroutante, une sorte de<br />
révélateur où les g<strong>en</strong>s se perd<strong>en</strong>t et<br />
se retrouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> écho au parcours<br />
d’Ulysse chahuté par les dieux» explique<br />
Olivier Bedu qui a travaillé<br />
précédemm<strong>en</strong>t avec Tadashi Kawamata<br />
<strong>en</strong> Camargue (Zib 61).<br />
Cette complexité int<strong>en</strong>tionnelle se<br />
r<strong>en</strong>force d’un dispositif sonore conçu<br />
pour le projet : le poète Maxime<br />
Hort<strong>en</strong>se Pascal a travaillé une<br />
écriture <strong>en</strong> «confrontant poésie<br />
contemporaine, traces homériques,<br />
lignes joyci<strong>en</strong>nes» auxquelles se<br />
joint une déclar’action de Juli<strong>en</strong><br />
Blaine, dans une mise <strong>en</strong> design<br />
sonore de Julian Mannarini et<br />
Jean Baptiste Zellal.<br />
CLAUDE LORIN<br />
Le chez-soi et l’ailleurs,<br />
l’autre côté du rêve<br />
jusqu’au 27 juillet au musée<br />
jusqu’au 27 octobre dans le parc<br />
Marché Noir et extraits<br />
interv<strong>en</strong>tion chorégraphiée<br />
du GUID/Ballet Preljocaj<br />
le 1 er juin à 11h<br />
Arteum-musée d’art<br />
contemporain<br />
Châteauneuf-le-Rouge<br />
04 42 58 61 53<br />
www.mac-arteum.com<br />
25<br />
M<br />
P2013
Le deuxième temps de la capitale culturelle s’annonce, avec les grandes<br />
expos, les festivals et le plein air. Pour vivre la culture autrem<strong>en</strong>t, à table<br />
ou <strong>en</strong> déambulant…<br />
Aubagne, ou l’art de la convivialité<br />
26<br />
M<br />
P2013<br />
Cette ville a quelque chose d’étonnant. Il suffit<br />
qu’un brin de soleil s’y pointe pour que les visages<br />
s’éclair<strong>en</strong>t, que les bonjours <strong>en</strong>tre inconnus<br />
s’échang<strong>en</strong>t, que sur les marchés on vous<br />
r<strong>en</strong>seigne avec un sourire et un acc<strong>en</strong>t qui a<br />
gardé le chant de la Prov<strong>en</strong>ce. Est-ce les transports<br />
gratuits, la proximité des collines, la taille<br />
humaine, l’histoire ouvrière ? Le Festin du 4 mai<br />
avait quelque chose du banquet de mariage où<br />
l’on se retrouve avec des inconnus et quelques<br />
camarades, sauf que les mets préparés par<br />
Christophe Dufau revisitai<strong>en</strong>t avec génie les<br />
traditions populaires prov<strong>en</strong>çales (bouillabaisse<br />
d’épinard, anchoïade, dessert au f<strong>en</strong>ouil et pastis)<br />
ou niçoise (le stockfish), et que le vin choisi<br />
par Philippe Faure-Brac, du Cassis au Beaumesde-V<strong>en</strong>ise,<br />
étai<strong>en</strong>t des nectars. 600 personnes<br />
pour partager ce festin à petit prix sur des nappes<br />
blanches, p<strong>en</strong>dant que quelques comédi<strong>en</strong>s<br />
pass<strong>en</strong>t vous susurrer des recettes littéraires,<br />
que les élèves de l’école d’hôtellerie s’activ<strong>en</strong>t<br />
pour que tout soit parfait… Vous avez dit culture<br />
? Celle du goût sans doute, et du partage<br />
vrai, d’autant que s’inaugure aussi une belle<br />
statue de Manon <strong>en</strong> jean rose de Jorge et Lucy<br />
© A.F<br />
Orta, qu’on offre à chaque convive une assiette<br />
de cette céramique qu’on fabrique là, que des<br />
débats sur le slow food se déroul<strong>en</strong>t sur la<br />
place, à côté d’un marché intellig<strong>en</strong>t, artisanal et<br />
biologique… Un art de vivre, de p<strong>en</strong>ser, dans<br />
cette commune qui a vu naître les AMAP, et sait<br />
aussi exposer de sublimes céramiques de<br />
Picasso (voir p23).<br />
Bi<strong>en</strong>tôt il y aura le Pompidou mobile. Et bi<strong>en</strong>tôt<br />
aussi les Festins de Méditerranée traverseront<br />
d’autres villes, puisqu’il est vraim<strong>en</strong>t question<br />
lors de cette année capitale d’explorer les cultures<br />
culinaires… depuis ces festins partagés<br />
jusqu’aux Carrioles mobiles et aux tables<br />
théâtrales de la Friche <strong>en</strong> septembre.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Programme des prochains festins<br />
www.journalzibeline.fr/programme/manger-<strong>en</strong>semble<br />
Programme culinaire de MP2013<br />
www.mp2013.fr/le-theatre-des-cuisines<br />
Programme de L’An commun <strong>en</strong> Pays d’Aubagne<br />
www.aubagne.fr<br />
www.mp2013.fr<br />
1, 2, 3... c mpez !<br />
Les campeurs utopistes du Quai de<br />
la Lave à l’Estaque ont <strong>en</strong>fin obt<strong>en</strong>u<br />
l’autorisation de concrétiser leur<br />
projet Yes we camp. Le feu vert<br />
du GPMM a pris la forme d’une<br />
conv<strong>en</strong>tion signée jusqu’au 30<br />
novembre 2013, sous réserve de<br />
validation par la commission de<br />
sécurité. Une dernière étape qui ne<br />
devrait pas poser problème, la<br />
mise aux normes étant supervisée<br />
par le Bataillon des Marins Pompiers<br />
et l’APAVE pour la maîtrise des<br />
risques techniques et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux.<br />
C’est un soulagem<strong>en</strong>t pour le porteparole<br />
de l’équipe, Nicolas Détrie :<br />
«Jusqu’à il y a quelques jours, nous<br />
n’étions pas sûrs de pouvoir réaliser<br />
ce projet <strong>en</strong> toute légalité.» Car cette<br />
initiative à l’interface <strong>en</strong>tre MP2013<br />
et son Off a suscité un investissem<strong>en</strong>t<br />
important dans une ville<br />
comme Marseille, singulièrem<strong>en</strong>t<br />
démunie de campings.<br />
Yes we camp <strong>en</strong> quelques chiffres,<br />
ce sont 22 personnes pour le staff<br />
perman<strong>en</strong>t, 43 associations locales<br />
r<strong>en</strong>contrées, 468 «kisskissbankers»<br />
mobilisés pour co-financer l’av<strong>en</strong>ture,<br />
et 207 propositions reçues<br />
suite à l’appel à projet, pour un espace<br />
de 6000 m 2 qui proposera 180<br />
places d’hébergem<strong>en</strong>t. Et l’objectif,<br />
construire un village éphémère<br />
où il fera bon vivre, dans «une sorte<br />
d’été 1936 où flotte dans l’air un<br />
parfum des possibles». Artistes,<br />
bricoleurs, architectes mett<strong>en</strong>t les<br />
bouchées doubles pour que les<br />
Vue aeri<strong>en</strong>ne site integral © Alice Audebert<br />
multiples facettes du projet voi<strong>en</strong>t<br />
le jour au plus vite : scène polyval<strong>en</strong>te,<br />
ateliers, potagers mobiles,<br />
vélo-laveurs (on pédale pour faire<br />
tourner la machine), tours sanitaires<br />
(toilettes sèches au 1 er étage,<br />
douches au 2 e et chauffe-eau solaires<br />
tout <strong>en</strong> haut), sans parler des<br />
espaces de bivouac et des<br />
caravanes relookées.<br />
Lors de la r<strong>en</strong>contre organisée le<br />
17 avril au CAUE13 pour annoncer<br />
le succès des démarches auprès<br />
du Port, on s<strong>en</strong>tait l’effervesc<strong>en</strong>ce<br />
monter : les initiateurs du projet,<br />
Olivier Bedu (du collectif Cabanon<br />
Vertical) et Eric Pringles ont<br />
de quoi être fiers des énergies assemblées<br />
autour d’eux. Avec la<br />
bénédiction de MP2013, si l’on <strong>en</strong><br />
juge d’après la prés<strong>en</strong>ce souriante<br />
de leur parrain Jean-François<br />
Chougnet.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
www.yeswecamp.org
Arp<strong>en</strong>ter le territoire<br />
Au long des 365 kms du GR 2013, six temps<br />
forts sont prévus. Le premier a eu lieu du 12 au<br />
14 avril <strong>en</strong> Pays de Martigues et a proposé,<br />
le temps d’un beau week<strong>en</strong>d, de découvrir un<br />
territoire atypique, méconnu des habitants de<br />
la région. Des paysages inatt<strong>en</strong>dus qu’on a<br />
comm<strong>en</strong>cé à déguster p<strong>en</strong>dant le pique-nique<br />
point de vue organisé par le collectif SAFI.<br />
Les pieds dans l’eau (ou presque) au bord<br />
d’une petite plage délicieuse devant l’étang<br />
couvert de voiles, avec <strong>en</strong> arrière-plan la Sainte-Victoire<br />
et le massif de l’Etoile, qui l’eût cru ?<br />
Des paysages étonnants qu’on a <strong>en</strong>suite appris<br />
à déchiffrer grâce aux nombreuses randonnées<br />
que marcheurs, artistes et sci<strong>en</strong>tifiques<br />
avai<strong>en</strong>t concoctées pour ce week<strong>en</strong>d spécial.<br />
Au nombre de celles-ci, la balade De gare à<br />
Géométrie<br />
Les Ateliers de l’EuroMéditerranée<br />
permett<strong>en</strong>t l’éclosion de<br />
productions atypiques. Oiseaux/<br />
Tonnerre, produit avec le GMEM<br />
dans le cadre de son festival (voir<br />
p 43) <strong>en</strong> est un exemple à la fois<br />
surpr<strong>en</strong>ant et attachant. L’installation<br />
sonore se fonde sur une<br />
géométrie géographique particulière<br />
qui joue de la dualité <strong>en</strong>tre la<br />
nature et des marques de l’activité<br />
humaine. Le puits Morandat<br />
plonge dans les <strong>en</strong>trailles de la<br />
terre à une profondeur équivalant<br />
à la hauteur de la Sainte Victoire<br />
qui lui fait face. Entre les deux,<br />
il y a le paysage naturel, les strates<br />
de son histoire géologique et<br />
sous-marine. Histoire de mémoires,<br />
intimes et collectives, minérales<br />
et humaines, tout cela s’<strong>en</strong>trelace<br />
dans une bande-son composée<br />
par Célia Houdart aux textes et<br />
Sébasti<strong>en</strong> Roux à la création<br />
sonore. Deux années ont été nécessaires<br />
à ce travail à quatre<br />
mains, inspiré de r<strong>en</strong>contres avec<br />
d’anci<strong>en</strong>s mineurs, «de l’acoustique<br />
de leur métier, mais aussi<br />
/////////////////////////////////////////<br />
des oiseaux qui nichai<strong>en</strong>t dans<br />
leurs anci<strong>en</strong>s vestiaires». Le but :<br />
«composer la bande-son d’un film<br />
imaginaire.»<br />
L’écoute se déroule <strong>en</strong> deux temps,<br />
l’un au puits Morandat, pièce emplie<br />
de brumes où grond<strong>en</strong>t le tonnerre,<br />
les machines d’autrefois,<br />
dans des alvéoles plongées dans<br />
la pénombre où elle et lui évoqu<strong>en</strong>t<br />
leur marche par touches<br />
impressionnistes.<br />
Le second réclame plus d’efforts<br />
physiques : démarrant à la Maison<br />
de la Sainte Victoire, il suit un<br />
chemin parfois escarpé, rythmé<br />
par trois stations d’écoute. Les<br />
sons diffusés dans le casque<br />
s’immisc<strong>en</strong>t parmi ceux qui <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t<br />
le marcheur, cré<strong>en</strong>t des<br />
confusions parfois angoissantes.<br />
À l’esthétique du fragm<strong>en</strong>t, proposée<br />
par les artistes, le jeu de<br />
piste du parcours apporte une<br />
homogénéité. La Marbrière clôt<br />
la balade, clin d’œil à la mine !<br />
Ouf !<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Jusqu’au<br />
12 mai installation<br />
au Puits Morandat, Gardanne<br />
Jusqu’à fin 2013 parcours sonore<br />
sur la Montagne Sainte-Victoire<br />
www.mp2013.fr/auprogramme/atelierseuromediterranee/celia-houdart-etsebasti<strong>en</strong>-roux-i-<strong>en</strong>treprises-dupuits-morandat<br />
En file indi<strong>en</strong>ne sur le ch<strong>en</strong>al de Caronte © Pierre Carrelet<br />
gare, emm<strong>en</strong>ée par Sophie Bertran de Balanda.<br />
Pour cette architecte de formation, urbaniste<br />
depuis tr<strong>en</strong>te ans auprès de la collectivité<br />
de Martigues, le territoire martégal constitue<br />
un «très bon laboratoire de lecture du paysage».<br />
Dans les parcours qu’elle imagine elle veut<br />
appr<strong>en</strong>dre aux prom<strong>en</strong>eurs à lire le territoire<br />
qu’ils ont sous les yeux, leur donner une culture<br />
du regard, un véritable point de vue, aux<br />
deux s<strong>en</strong>s du terme. Elle avait donc organisé<br />
une marche de la gare de Croix-Sainte à celle<br />
de Port-de-Bouc, afin de faire appréh<strong>en</strong>der<br />
concrètem<strong>en</strong>t la réalité de cet espace gagné<br />
sur les eaux. Du plateau du Campéou à la passe<br />
de Bouc, le long du ch<strong>en</strong>al de Caronte, <strong>en</strong>tre<br />
voies de chemin de fer et usines abandonnées,<br />
on a suivi l’histoire du lieu, des salines à l’industrie.<br />
On s’est aussi posé la question de son<br />
dev<strong>en</strong>ir : comm<strong>en</strong>t requalifier ces no man’s land,<br />
à quoi les affecter dans un usage qui intéresse<br />
la population ? Plus de 150 personnes ont suivi<br />
cette randonnée inédite, ponctuée de lectures,<br />
au cœur d’un paysage hors-normes.<br />
Reste à savoir ce que devi<strong>en</strong>dra ce nouveau<br />
GR une fois les temps forts passés : cette production<br />
importante de l’année capitale<br />
culturelle, décidém<strong>en</strong>t plus sociétale qu’artistique,<br />
permettra-t-elle, une fois passées les<br />
randonnées organisées, que les citoy<strong>en</strong>s<br />
s’appropri<strong>en</strong>t autrem<strong>en</strong>t les paysages métropolitains<br />
?<br />
FRED ROBERT<br />
www.mp2013/gr2013<br />
© Maryvonne Colombani<br />
27<br />
M<br />
P2013
28<br />
M<br />
P2013<br />
Arabes<br />
Du 28 mai au 2 juin se ti<strong>en</strong>dront à Marseille les premières R<strong>en</strong>contres<br />
Internationales des Cinémas Arabes, un mom<strong>en</strong>t important d’échanges<br />
<strong>en</strong>tre cinéastes, professionnels des rives de la Méditerranée et le<br />
public. L’organisation de ces R<strong>en</strong>contres portées par AFLAM qui porte<br />
depuis des années le cinéma arabe devant des publics diversifiés, et<br />
permet ainsi d’<strong>en</strong> saisir la richesse, n’est pas allé sans difficulté : le mot<br />
Méditerrané<strong>en</strong> si prés<strong>en</strong>t dans les programmations et les discours<br />
politiques serait-il un euphémisme qui cacherait la difficulté à programmer<br />
la culture arabe ? La programmation prévue <strong>en</strong> cette année capitale est<br />
sans doute, par la mise <strong>en</strong> miroir des films des deux rives, par les thèmes<br />
abordés, depuis la jeunesse sans av<strong>en</strong>ir jusqu’à la place des femmes et<br />
le rapport à la religion, la meilleure voie de dialogue et de destruction<br />
raisonnée des rétic<strong>en</strong>ces et racismes ordinaires… D’autant que la prés<strong>en</strong>ce<br />
des réalisateurs s’assortit de nombreuses actions <strong>en</strong>vers les scolaires<br />
et des publics peu habitués à fréqu<strong>en</strong>ter le cinéma d’auteur.<br />
50 films, longs et courts, dont 9 <strong>en</strong> première française, une soixantaine<br />
de cinéastes invités, des tables rondes thématiques, des r<strong>en</strong>contres avec<br />
des critiques, des ateliers, sont au programme de cette manifestation qui<br />
se déroulera à la Villa Méditerranée, au Cinéma Les Variétés, à la Maison<br />
de la Région et au CRDP.<br />
A la Une, à la Villa Méditerranée, propose des longs métrages réc<strong>en</strong>ts<br />
comme Wadjda de la Saoudi<strong>en</strong>ne Haifaa Al Mansour, R<strong>en</strong>gaine de<br />
Rachid Djaïdani, Comme si nous attrapions un cobra de la Syri<strong>en</strong>ne Hala<br />
al Abdallah ou Millefeuille du Tunisi<strong>en</strong> Nouri Bouzid.<br />
En ouverture le 28 mai à 20h, Mort à v<strong>en</strong>dre prés<strong>en</strong>té par un critique et suivi<br />
d’un débat avec le réalisateur Faouzi B<strong>en</strong>saïdi, (comme tous les autres<br />
films), nous plongera dans le quotidi<strong>en</strong> de trois jeunes sans av<strong>en</strong>ir à Tétouan.<br />
Un cinéaste, un parcours mettra <strong>en</strong> lumière le travail d’Ibrahim Batout<br />
qui a joué un rôle important dans le r<strong>en</strong>ouveau du cinéma arabe de la nouvelle<br />
génération dont on pourra voir le travail dans la section Jeunes Tal<strong>en</strong>ts.<br />
Quatre critiques de cinéma, Giuseppe Gariazzo, Jean Michel Frodon,<br />
Jean-Pierre Rehm et Sofiane Hadjadj, prés<strong>en</strong>teront chacun 2 films, un<br />
film arabe et un film non-arabe dans la section Un critique, deux regards.<br />
Le public pourra ainsi voir Rome plutôt que vous de Tarek Teguia<br />
et Copie Conforme d’Abbas Kiarostami, Sur la planche de Leila Kilani<br />
et Nénette et Boni de Claire D<strong>en</strong>is, Ici et ailleurs de Godard et Deux mètres<br />
de cette terre d’Ahmad Natche ; Terra incognita de Ghassan Salhab<br />
et Mill<strong>en</strong>ium mambo de Hou Hsiao Hsi<strong>en</strong>.<br />
Enfin, invité dans la section Le cousin de…, consacrée à un cinéaste v<strong>en</strong>u<br />
d’ailleurs, le Sicili<strong>en</strong> Pasquale Scimeca dont on pourra voir plusieurs<br />
films dont Malavoglia.<br />
Sans nul doute, ces R<strong>en</strong>contres sauront-elles créer des li<strong>en</strong>s durables <strong>en</strong>tre<br />
les réalisateurs, les publics et les acteurs culturels arabes et europé<strong>en</strong>s.<br />
AGNÈS FRESCHEL ET ANNIE GAVA<br />
Wadjda de Haifaa Al Mansour<br />
MP2013 avec<br />
C’est à La Criée qu’a démarré le 23 avril le voyage avec Robert.<br />
Robert, c’est Guédiguian, une des deux «figures emblématiques»<br />
du cinéma à qui MP13 a décidé de r<strong>en</strong>dre hommage du<br />
19 au 30 juin, le deuxième étant R<strong>en</strong>é Allio dont une rétrospective<br />
sera prés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> novembre. MP2013 a donc emm<strong>en</strong>é<br />
le cinéaste et sa bande <strong>en</strong> navette maritime du Vieux Port à<br />
l’Estaque, à l’Alhambra, pour ce qui était aussi une «<strong>en</strong>trée <strong>en</strong><br />
matière» de la programmation cinéma MP 2013, voyage agrém<strong>en</strong>té<br />
d’une escale à La Ciotat, à l’Ed<strong>en</strong>, doy<strong>en</strong>ne des salles de<br />
cinéma du monde qui rouvrira le 9 octobre et accueillera le<br />
Festival Cris du Monde <strong>en</strong> novembre.<br />
Ont donc été rapidem<strong>en</strong>t évoqués Pier Paolo Pasolini, la force<br />
scandaleuse du passé qui comm<strong>en</strong>ce le 14 mai, les Itinéraires<br />
cinématographiques comme Ecrans voyageurs qui se poursuit<br />
<strong>en</strong> plein air, le ciné concert, Monte Cristo, le fantôme du Château<br />
d’If, Etoiles et cinéma, le programme de dix films proposés dans<br />
les parcs de Marseille à partir du 26 juillet. Oubliées : les premières<br />
R<strong>en</strong>contres Internationales des Cinémas Arabes que MP<br />
2013 coproduit avec AFLAM (voir ci-contre). On peut s’interroger !<br />
Robert <strong>en</strong> livre et <strong>en</strong> films<br />
Ce fut aussi l’occasion pour Christophe Kantcheff de prés<strong>en</strong>ter<br />
son superbe livre, Robert Guédiguian, cinéaste, publié<br />
aux éditions Le Chêne, dans lequel il sort de l’exégèse de Robert,<br />
pour analyser et traduire son univers et sa vision du monde.<br />
Robert Guédiguian © A.G<br />
AFLAM<br />
04 91 47 73 94<br />
www.lesr<strong>en</strong>contresdaflam.fr
Robert<br />
C’est aussi ce qu’ont fait brillamm<strong>en</strong>t<br />
son monteur Bernard Sasia<br />
et Clém<strong>en</strong>tine Yelnik. Ils ont plongé<br />
durant un an dans l’œuvre du<br />
cinéaste qui a «le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’une<br />
mission accomplie, qui a été le porte<br />
parole de g<strong>en</strong>s qui n’ont pas la<br />
parole, r<strong>en</strong>dant ainsi la parole à son<br />
père et qui est très fier de ce qu’il a<br />
accompli». Constitué de scènes<br />
des films, remontées, comm<strong>en</strong>tées<br />
souv<strong>en</strong>t avec humour, Robert sans<br />
Robert, dont c’était la deuxième<br />
projection après la Cinémathèque<br />
française, est un vrai film qui nous<br />
donne <strong>en</strong>vie de revoir l’œuvre, qui<br />
nous parle avec finesse du travail<br />
de monteur et nous offre un voyage<br />
dans les strates du temps. Il<br />
sera projeté à l’Alhambra ainsi que<br />
le docum<strong>en</strong>taire de Richard Copans,<br />
En vérité, je vous le dis.<br />
Et l’on pourra égalem<strong>en</strong>t voir et<br />
revoir les films de Robert durant<br />
douze jours, ses 17 longs métrages,<br />
prés<strong>en</strong>tés, le soir, par le cinéaste<br />
ou un des membres de la Tribu<br />
(voir sur notre site son abécédaire)<br />
Gérard Meylan, Ariane Ascaride,<br />
Jean-Pierre Darroussin,<br />
Gérard Boudet qu’on retrouve<br />
dans presque tous les films depuis<br />
Le dernier été, sorti <strong>en</strong> 1980 jusqu’aux<br />
Neiges du Kilimandjaro <strong>en</strong><br />
2011, <strong>en</strong> passant par Marius et Jeannette,<br />
le film qui l’a fait largem<strong>en</strong>t<br />
connaître…<br />
Au Fil d’Ariane<br />
C’est le titre du prochain film que<br />
le cinéaste comm<strong>en</strong>ce à tourner le<br />
13 mai dans la région, avec tous<br />
ses acteurs, «laissant tout le monde<br />
s’exprimer car la mise <strong>en</strong> scène,<br />
c’est aussi laisser chacun faire ses<br />
propositions.»<br />
Dans les salles, dans les rues, allez<br />
donc retrouver Robert !<br />
ANNIE GAVA<br />
Rétrospective intégrale<br />
Robert Guédiguian<br />
du 19 au 30 juin<br />
du 23 au 30 juin<br />
L’Alhambra, Marseille<br />
04 91 03 84 66<br />
www.alhambracine.com<br />
du 19 au 23 juin<br />
La Criée, Marseille<br />
04 91 54 70 54<br />
www.theatre-lacriee.com<br />
Opera d'O © Matthieu Dussol<br />
L’eau de l’av<strong>en</strong>ir<br />
Et revoilà la compagnie Ilotopie à<br />
Martigues ! Pour cette nouvelle expéri<strong>en</strong>ce<br />
aquatique, une cité lacustre,<br />
architecture flottante déjà existante<br />
dans le magasin de la compagnie,<br />
est ici revisitée, agrandie, prête à<br />
fabriquer son électricité avec ses<br />
panneaux photovoltaïques pour ses<br />
bras articulés, sa sonorisation et<br />
ses lumières.<br />
AnApOs, du nom d’un dieu fleuve<br />
de l’est de la Sicile, est une véritable<br />
cité flottante, ancrée au fond<br />
de l’étang, qui avec ses al<strong>en</strong>tours<br />
couvre 2 hectares <strong>en</strong>tre Ferrières<br />
et l’île sur l’étang. Unités d’habitations,<br />
potagers d’énergies, forum,<br />
sculptures, fixes ou <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t,<br />
sous l’eau ou jouant avec l’émerg<strong>en</strong>ce,<br />
tout est à découvrir et à tester. Et<br />
notamm<strong>en</strong>t les 5 Janus, cinq divinités<br />
aquatiques qui laiss<strong>en</strong>t émerger<br />
doucem<strong>en</strong>t de la surface leurs<br />
énormes têtes bifaces, avant de<br />
disparaitre sous l’eau, <strong>en</strong> cycle<br />
aléatoire. Ou <strong>en</strong>core le gr<strong>en</strong>ier<br />
sous-marin, qui laisse voir des personnages<br />
fictifs, des architectures<br />
«intérieures» et des installations<br />
La 1 re édition du Festival Arts Comores<br />
s’annonce comme une<br />
célébration festive de la culture<br />
Comori<strong>en</strong>ne, assez peu connue <strong>en</strong><br />
France, pourtant toujours Française<br />
<strong>en</strong> partie, et faisant partie de<br />
notre histoire coloniale… À Marseille,<br />
où la discrète communauté<br />
Comori<strong>en</strong>ne est pourtant très représ<strong>en</strong>tée<br />
(le chiffre difficilem<strong>en</strong>t<br />
vérifiable de 10% de la population<br />
est fréquemm<strong>en</strong>t avancé), l’événem<strong>en</strong>t<br />
est de taille. Accueilli pour<br />
l’ess<strong>en</strong>tiel au Parc du Grand Séminaire<br />
par la mairie des 13 e et<br />
14 e arr. où l’ess<strong>en</strong>tiel des Comori<strong>en</strong>s<br />
résid<strong>en</strong>t, le festival se veut<br />
démonstratif de la richesse de cette<br />
culture influ<strong>en</strong>cée par l’Afrique et<br />
l’Ori<strong>en</strong>t, par un Islam très souple et<br />
un matriarcat ancestral, par le<br />
Français, le Mahorais et une multitude<br />
de langues vernaculaires, par<br />
des paysages très contrastés et<br />
des niveaux de vie très différ<strong>en</strong>ts<br />
étonnantes visibles <strong>en</strong> embarcation<br />
(canoës, pédalos ou paddle) à la<br />
verticale des scènes visitées. Pour<br />
compléter cette proposition, Ilotopie<br />
pr<strong>en</strong>d l’eau avec sa création<br />
Opéra d’O, spectacle nocturne<br />
féérique à voir les soirs de week<strong>en</strong>d<br />
(31 mai, 1 er , 7 et 8 juin). Cette<br />
fable aquatique pose une loupe<br />
très grossissante sur un état de fait<br />
qui n’aura échappé à personne :<br />
l’eau va manquer. Une réalité qu’il<br />
est bon de rappeler, pour une prise<br />
de consci<strong>en</strong>ce qui passe par un<br />
univers qui oscille <strong>en</strong>tre douce folie<br />
et farce grotesque, un opéra baroque<br />
qui imagine des l<strong>en</strong>demains<br />
inatt<strong>en</strong>dus sans pour autant masquer<br />
un dés<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t grinçant.<br />
DO.M.<br />
AnApOs, cité lacustre<br />
du 31 mai au 9 juin<br />
Place des Aires, sortie du canal<br />
Bauss<strong>en</strong>gue, Martigues<br />
04 42 06 90 61<br />
www.mp2013.fr<br />
www.ville-martigues.fr<br />
www.ilotopie.com<br />
Visibilité Comori<strong>en</strong>ne<br />
sur chaque île, et dans la diaspora…<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t installée dans<br />
une ville qui l’ignore.<br />
Peintures, sculptures, photographies,<br />
installations, mais aussi musique<br />
seront au r<strong>en</strong>dez-vous avec un temps<br />
fort très att<strong>en</strong>du : la dernière œuvre<br />
du chanteur Comori<strong>en</strong>, et créateur<br />
du label Wedoo Music, organisateur<br />
de l’événem<strong>en</strong>t, Chébli Msaïdie.<br />
Heza, le chemin du Taarab est un<br />
spectacle largem<strong>en</strong>t inspiré de son<br />
histoire personnelle, une épopée<br />
africaine dans laquelle il repr<strong>en</strong>d le<br />
répertoire de son père <strong>en</strong> y mêlant<br />
ses propres compositions.<br />
Entre valeurs modernes et pratiques<br />
ancestrales, les Comores s’ouvr<strong>en</strong>t<br />
ainsi sur le monde. Et Marseille,<br />
<strong>en</strong>fin, à elles ? DO.M.<br />
du 28 juin au 6 juillet<br />
Divers lieux, Marseille<br />
09 67 24 36 19<br />
www.mp2013.fr
Eh les mecs,<br />
surfez sur la Friche !<br />
30<br />
M<br />
P2013<br />
Un événem<strong>en</strong>t majeur dans un lieu<br />
magique, pour une culture jeune<br />
et… masculine !<br />
This is (not) music, <strong>en</strong> quelques chiffres, c’est<br />
40 000 m 2 , p<strong>en</strong>dant 47 jours, avec plus de 20<br />
événem<strong>en</strong>ts sportifs, 58 artistes et 60 concerts !<br />
À la croisée <strong>en</strong>tre l’art contemporain, la musique,<br />
l’action sport et le street art, le projet initié<br />
par le Cabaret Aléatoire donne aussi l’occasion<br />
de découvrir la Friche dans ses nouveaux habits<br />
et sous un nouvel angle, celui de la culture<br />
urbaine. Après s’être répandue dans le monde<br />
<strong>en</strong>tier, cette culture est dev<strong>en</strong>ue l’une des sources<br />
d’inspirations de nombreux artistes contemporains.<br />
Ils sont souv<strong>en</strong>t eux-mêmes adeptes de<br />
skate, BMX ou de surf comme le célèbre John<br />
Serverson connu pour son film Big Wednesday,<br />
fondateur de Surfer’s Magazine, et dont la photographie<br />
prise <strong>en</strong> 1964 du surfer Greg Noll face<br />
à la vague mythique de Banzai Pipeline ouvre<br />
l’exposition Dernière Vague.<br />
Ce parcours, ét<strong>en</strong>du sur 2500 m 2 , permet de découvrir<br />
l’influ<strong>en</strong>ce des sports de glisse dans tous<br />
les domaines des beaux arts ou arts appliqués<br />
et visuels, comme l’architecture avec la prés<strong>en</strong>tation<br />
des projets futuristes inspirés de skatepark<br />
de Vito Acconci ; la sculpture avec les œuvres<br />
hybrides de Wilfrid Alm<strong>en</strong>dra s’inspirant des<br />
univers du rock, de la moto, du surf, du skate ou<br />
<strong>en</strong>core BMX ; le graffiti comme l’œuvre dédiée<br />
à l’histoire du skateboard de Tilt, un artiste toulousain<br />
connu mondialem<strong>en</strong>t pour ses flops<br />
(lettrage <strong>en</strong> forme de bulle) qui a fait ses premiers<br />
tags sur des banks de skate.<br />
Des films situ<strong>en</strong>t ces sports dans des pays où<br />
on les att<strong>en</strong>d peu : ils peuv<strong>en</strong>t se pratiquer avec<br />
peu de moy<strong>en</strong>s et quel que soit le niveau de vie,<br />
comme pour ces jeunes ougandais filmés par<br />
Yann Gross évoluant sur des spots qu’ils ont<br />
construits eux-mêmes avec de la brique, et qui<br />
grâce à la débrouille et à leur communauté créée<br />
autour du skateboard organis<strong>en</strong>t leur premier<br />
contest de skate !<br />
Tout aussi émouvant, le film de Pierre Michelon<br />
s’intéresse à la pratique du surf <strong>en</strong> Algérie :<br />
il y suit des jeunes qui ont découvert presque<br />
«par hasard» le plaisir de surfer ces vagues. Un<br />
bonheur qui leur fait oublier, le temps d’une glisse,<br />
les difficultés économiques du pays.<br />
Bref, une très belle exposition prés<strong>en</strong>tant des<br />
figures emblématiques comme Mike Giant,<br />
Jim Phillips ou <strong>en</strong>core Alexander Klein, et un<br />
geste inaugural fort pour la Friche et cette nouvelle<br />
Tour-Panorama impressionnante, comme<br />
l’imm<strong>en</strong>se fresque colorée du street artiste,<br />
Remed.<br />
Vito Acconci, A Skate Park that Glides Over the Land & Drops Into the Sea (detail), 2004, Projet de skatepark (non realise) pour The Third Mill<strong>en</strong>nium<br />
park, San Juan Puerto Rico © Acconci studio<br />
On déplore d’autant plus que cette exposition<br />
soit marquée par le manque d’artistes féminines<br />
(seulem<strong>en</strong>t 4 !) et que justem<strong>en</strong>t une femme artiste<br />
comme Madeleine Berkhemer mette <strong>en</strong><br />
avant dans ses œuvres l’image stéréotypée de<br />
la pin-up américaine légèrem<strong>en</strong>t vêtue dessinée<br />
sur des plateaux de skateboard. Les femmes qui<br />
s’intéress<strong>en</strong>t et pratiqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nombre ce g<strong>en</strong>re<br />
de sport ne sont représ<strong>en</strong>tées dans l’exposition<br />
Op<strong>en</strong> Your Art au skateshop de la Friche, que<br />
par des moulages de bustes de femmes issues<br />
de la street culture (voir p 5).<br />
Ambiance !<br />
Néanmoins, il faut t<strong>en</strong>ter l’expéri<strong>en</strong>ce de passer<br />
une soirée à la Friche ! Le soir sur le toit-terrasse,<br />
l’ambiance est décontractée avec les DJs<br />
aux platines, le bar, les transats, les baby-foot,<br />
la mini-rampe de skate... Côté musique, la soirée<br />
finit souv<strong>en</strong>t au Cabaret Aléatoire qui a proposé<br />
(et proposera <strong>en</strong>core) des artistes de haut niveau.<br />
Ainsi Oy a offert une performance incroyable :<br />
la chanteuse a su avec grâce allier soul et beats<br />
électroniques et Cody Chesnutt a pris la relève<br />
avec tal<strong>en</strong>t. Le programme est très varié, allant<br />
de spécialistes de techno/house comme Shaun<br />
Reeves au provocateur et plus que célèbre<br />
rockeur anglais Pete Doherty. C’est aussi<br />
l’occasion unique de voir l’impressionnant rappeur<br />
américain Mos Def, heureux d’être prés<strong>en</strong>t<br />
sur une scène marseillaise malgré une acoustique<br />
un peu décevante. En espérant que ce ne<br />
sera pas le cas pour le concert tant att<strong>en</strong>du des<br />
Wu-Tan Clan le 24 mai à la Cartonnerie !<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
Prochaine programmation musicale<br />
17 mai : Soirée éclectique / Oiseaux de nuit,<br />
film-docum<strong>en</strong>taire de Chassol + MYSELF + Djs<br />
résid<strong>en</strong>ts de Radio Gr<strong>en</strong>ouille<br />
18 mai : Musique jeune public/ MIC & ROB,<br />
concert goûter<br />
Création jazz, hip hop / Musique Rebelle Round<br />
2013, 50 artistes et musici<strong>en</strong>s invités par le batteur<br />
Ahmad Compoaré<br />
20 mai : Concert hip hop / Grems by Skullcandy<br />
+ NEMIR<br />
23 mai : Concert Rock / La Femme<br />
24 mai : Concert hip hop / Wu-Tan Clan<br />
This is (not) music<br />
jusqu’au 9 juin<br />
04 95 04 95 04<br />
www.lafriche.org
32<br />
M<br />
P2013<br />
Trilogie Eschyle<br />
Le travail qu’Olivier Py a m<strong>en</strong>é sur<br />
Eschyle est <strong>en</strong> tout point remarquable.<br />
Par sa compréh<strong>en</strong>sion profonde<br />
et sa mise <strong>en</strong> perspective limpide<br />
avec notre prés<strong>en</strong>t ; par sa «traduction»<br />
<strong>en</strong> vers qui sans trop<br />
bousculer le texte le fait résonner<br />
avec notre Méditerranée : ses exils,<br />
la viol<strong>en</strong>ce faite aux femmes, le<br />
caractère sacré de l’accueil, la<br />
compassion pour l’<strong>en</strong>nemi. Car le<br />
dépouillem<strong>en</strong>t et le lyrisme d’Eschyle,<br />
à l’origine du théâtre, r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t la<br />
tragédie vers les fondem<strong>en</strong>ts de la<br />
cité, dans la démesure de la décision<br />
politique, loin des délibérations amoureuses<br />
ou des conflits domestiques<br />
qui ont fondé notre théâtre moderne.<br />
Cette démesure parle immédiatem<strong>en</strong>t,<br />
à tous ; aux lycé<strong>en</strong>s malgré<br />
Pas question de buller<br />
Aix serait-elle un paradis des bulles ? Pour le<br />
public qui courait les expositions et préférait<br />
rester <strong>en</strong>fermé dans la Cité du Livre <strong>en</strong> dépit de<br />
la chaleur et d’un soleil radieux les 12, 13 et 14<br />
avril derniers, assurém<strong>en</strong>t oui. Le week<strong>en</strong>d BD,<br />
temps fort des R<strong>en</strong>contres du 9 e art, reste un<br />
mom<strong>en</strong>t privilégié pour les amateurs de tous<br />
âges, qui ne recul<strong>en</strong>t devant aucune file d’att<strong>en</strong>te<br />
afin de pouvoir échanger quelques mots<br />
avec leurs dessinateurs préférés et surtout de<br />
repartir avec une belle dédicace sur la page de<br />
garde de leurs albums. Pour les auteurs, <strong>en</strong> revanche,<br />
ces trois jours de r<strong>en</strong>contres et de<br />
signatures sont un véritable marathon. Ils n’ont<br />
pas été invités pour buller. Car une dédicace de<br />
bédéiste, c’est autre chose que quelques mots.<br />
Un dessin, si possible personnalisé, demande<br />
du temps, de l’énergie. Voilà pourquoi on n’a<br />
parfois fait qu’<strong>en</strong>trapercevoir des crânes (celui,<br />
chauve, du Flamand Herr Seele, créateur du<br />
Cowboy H<strong>en</strong>k, ou ceux, plus chevelus, de l’extravagante<br />
équipe de Métamorphose). P<strong>en</strong>chés<br />
sur les albums, ils dessinai<strong>en</strong>t et dessinai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>core. Un marathon, on vous dit. Mais pour la<br />
librairie du festival, qui regroupait plusieurs <strong>en</strong>seignes<br />
aixoises, une bonne opération commerciale,<br />
la plupart des albums se v<strong>en</strong>dant pas moins<br />
d’une vingtaine d’euros…FRED ROBERT<br />
Les Perses © Alain Fonteray<br />
la langue ardue et l’âpreté ascétique<br />
du dispositif scénique. Car<br />
Olivier Py a voulu adopter les principes<br />
d’un «théâtre d’interv<strong>en</strong>tion»,<br />
forme légère portée par trois acteurs,<br />
sans décor ni attirail technique,<br />
disposant simplem<strong>en</strong>t de leur voix,<br />
de leur corps et du texte, debout<br />
sur des tables qu’ils arp<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t et<br />
devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des terres qu’ils déf<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />
ou désir<strong>en</strong>t. Des acteurs <strong>en</strong><br />
tout point hors du commun :<br />
Mireille Herbstmeyer, Frédéric<br />
Giroutru et Philippe Girard sont<br />
des monstres qui tonn<strong>en</strong>t et pleur<strong>en</strong>t,<br />
s’effondr<strong>en</strong>t et se redress<strong>en</strong>t<br />
là, devant vous, à portée de souffle,<br />
mais si loin dans l’émotion que personne<br />
n’ose avancer la main. (Mais<br />
comm<strong>en</strong>t font-ils pour jouer chaque<br />
jour, deux ou trois fois, des<br />
pièces différ<strong>en</strong>tes ?).<br />
Celui qui n’était pas <strong>en</strong>core le futur<br />
directeur d’Avignon avait prés<strong>en</strong>té<br />
chacune des pièces à l’Odéon qu’il<br />
dirigeait alors, puis aux ATP d’Aix,<br />
<strong>en</strong>fin la trilogie aux ATP d’Avignon.<br />
Soit Les Suppliantes –les Egypti<strong>en</strong>nes<br />
viol<strong>en</strong>tées demand<strong>en</strong>t l’asile<br />
au risque de la guerre-, Les Sept<br />
contre Thèbes –ou comm<strong>en</strong>t Etéocle<br />
combat la terreur m<strong>en</strong>ée aux<br />
portes de la Cité par son frère-, Les<br />
Perses –ou l’arrogance des Grecs<br />
vue par les yeux de leur <strong>en</strong>nemi<br />
victorieux. Trois pièces étonnantes,<br />
qui n’apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas aux mêmes<br />
cycles, mais <strong>en</strong> form<strong>en</strong>t un nouveau,<br />
<strong>en</strong> trois épisodes de 50 mns,<br />
à voir d’un trait pour les plus<br />
accrocs à l’émotion archaïque<br />
débridée.<br />
A.F.<br />
Les Suppliantes<br />
le 5 juin à 15h<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
le 5 juin à 20h<br />
Salle Yves Montand, Saint Cannat<br />
le 11 juin à 15h<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
le 11 juin à 20h<br />
Les Amandiers, Aix<br />
Les Sept contre Thèbes<br />
le 6 juin à 15h<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
le 6 juin à 20h<br />
Les Amandiers, Aix<br />
le 12 juin à 15h<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
le 12 juin à 20h<br />
Voûte Chabaud, V<strong>en</strong>elles<br />
Les Perses<br />
le 7 juin à 15h<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
le 7 juin à 20h<br />
Le Château, Trets<br />
le 13 juin à 15h<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
le 13 juin à 20h<br />
Salle Ferrat, Le Tholonet<br />
L’intégrale Eschyle<br />
le 8 juin à 19h<br />
Fondation Vasarely, Aix<br />
le 14 juin à 19h<br />
Le Château, Peyrolles<br />
ATP, Aix<br />
04 42 26 83 98<br />
www.atpaix.com<br />
© Gaëlle Cloarec<br />
Jacques Ferrandez a lui aussi couru le marathon<br />
des dédicaces ; ce qui ne l’a pas empêché<br />
de s’interrompre <strong>en</strong>tre deux séances pour honorer<br />
son RDV Café BD avec Frédéric Bosser.<br />
Albert Camus, tout particulièrem<strong>en</strong>t célébré <strong>en</strong><br />
cette année c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de sa naissance, a été<br />
au c<strong>en</strong>tre de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Ferrandez a rappelé<br />
l’importance qu’a eue pour lui l’adaptation <strong>en</strong><br />
2009 de L’hôte, ce «cond<strong>en</strong>sé de l’œuvre de<br />
Camus <strong>en</strong> 25 pages». Son adaptation de cette<br />
nouvelle peu connue a été appréciée par la fille<br />
de l’écrivain, Catherine, qui lui a <strong>en</strong>suite donné<br />
le feu vert pour celle de L’Etranger. Evidemm<strong>en</strong>t,<br />
«s’attaquer à un tel monum<strong>en</strong>t, ça fout la trouille»<br />
avoue le dessinateur. Ce qu’il craignait surtout,<br />
c’était de trahir l’imagination du lecteur. Son<br />
souci majeur a d’ailleurs été de donner un visage<br />
à Meursault (lire chronique p90) Mais pour le<br />
reste, il ne s’est pas posé trop de questions. En<br />
ce qui concerne le cadre par exemple, il lui est<br />
apparu évid<strong>en</strong>t qu’il devait garder celui de l’époque<br />
de rédaction du roman, donc de l’Algérie<br />
d’avant la Seconde Guerre Mondiale, celle qu’a<br />
connue Camus. Et quand on l’interroge sur les<br />
raisons de cette adaptation, il redit son attachem<strong>en</strong>t<br />
viscéral à l’Algérie, qui le rapproche de<br />
l’auteur de Noces. Il rappelle aussi l’actualité du<br />
personnage de Meursault et la dim<strong>en</strong>sion universelle<br />
du propos de L’Etranger (qui pose <strong>en</strong>tre<br />
autres la question de la norme sociale). Il affirme<br />
son admiration pour celui qu’il qualifie avec<br />
humour d’«auteur dégagé». D’ailleurs, conclut-il,<br />
aujourd’hui <strong>en</strong> Algérie même ceux qui le jug<strong>en</strong>t<br />
«colonial» reconnaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lui «un très grand<br />
écrivain algéri<strong>en</strong>.» F.R.<br />
Le week<strong>en</strong>d BD des R<strong>en</strong>contres du 9 e art a eu lieu<br />
les 12, 13 et 14 avril à Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce.<br />
Certaines expositions dur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core <strong>en</strong> mai et juin.<br />
www.bd-aix.com
La grande cavalcade<br />
Transhumance 2013, Animaglyphe Crau © Lionel Roux-Theatre du c<strong>en</strong>taure<br />
Répartie sur trois semaines et six temps forts, la TansHumance initiée<br />
par le Théâtre du C<strong>en</strong>taure est l’un des événem<strong>en</strong>ts phares de<br />
ce printemps 2013 sur le territoire de Marseille Prov<strong>en</strong>ce. De son succès<br />
dép<strong>en</strong>dra une bonne part du bilan de l’année capitale, tant au niveau<br />
de la fréqu<strong>en</strong>tation du public que de la qualité artistique…<br />
Sabots fourchus, sabots ferrés... la valse des<br />
ongulés est prête à comm<strong>en</strong>cer, ou plutôt<br />
leur longue marche à travers le territoire de<br />
MP2013. V<strong>en</strong>us de l’autre côté des Alpes,<br />
les chevaux des Mar<strong>en</strong>nes et les vaches<br />
itali<strong>en</strong>nes aux cornes <strong>en</strong> forme de lyre<br />
rejoindront les jum<strong>en</strong>ts de Camargue et les<br />
brebis de la Crau dans un cheminem<strong>en</strong>t qui<br />
débutera le 18 mai à Cuges-les-Pins, et<br />
s’achèvera sur le Vieux Port de Marseille le<br />
9 juin. Entre les deux, une multitude d’étapes<br />
pour se métamorphoser <strong>en</strong> «TransHuman»<br />
le temps d’une randonnée, d’un bivouac ou<br />
d’un pique-nique : Istres, Lambesc, Les<br />
Baux de Prov<strong>en</strong>ce, Salon, Châteaur<strong>en</strong>ard,<br />
Miramas, Saint-Antonin, Saint-Martin-de-<br />
Crau, Meyrargues, Trets... On pourra «dessiner<br />
dans le paysage», aussi, <strong>en</strong> réalisant un Animaglyphe<br />
: «œuvre de land art participative»,<br />
chorégraphie mêlant hommes et bêtes, ces<br />
«tracés éphémères pour le regard des oiseaux»<br />
seront filmés depuis les airs sur les<br />
flancs de la Sainte-Victoire comme ils l’ont<br />
déjà été à Rome, Piazza del Popolo, et sur<br />
les plages marocaines. Ou <strong>en</strong>core banqueter<br />
à la camarguaise, danser sous les étoiles,<br />
repr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> chœur l’hymne de Manu<br />
Théron écrit pour l’occasion, goûter les<br />
chansons de Prov<strong>en</strong>ce et d’Italie... R<strong>en</strong>dezvous<br />
à mi-parcours le 1 er juin à l’Etang des<br />
Aulnes pour la Ré-Union des trajectoires,<br />
lors d’un BalBête conçu par Serge Hureau<br />
et chorégraphié par Dominique Rebaud<br />
(avec de vrais musici<strong>en</strong>s pour m<strong>en</strong>er le<br />
branle ! Lo Còr de la Plana, El Maya el Asilah<br />
et Assurd).<br />
Pour s’inscrire, participer à pied ou à cheval,<br />
se r<strong>en</strong>seigner sur les parcours, il faut se<br />
r<strong>en</strong>dre sur le site internet de MP2013, dont<br />
les équipes sont sur les d<strong>en</strong>ts depuis des<br />
mois. Concrétiser le rêve poétique du C<strong>en</strong>taure<br />
d’une communion <strong>en</strong>tre l’homme et<br />
l’animal, nature et cultures sur le pourtour<br />
de la Méditerranée n’a effectivem<strong>en</strong>t pas<br />
été une mince affaire. Outre le retrait des<br />
cavaliers marocains privés de TransHumance<br />
par un Office du Tourisme confondant<br />
capitale culturelle et foire artisanale, il a fallu<br />
gérer les multiples interv<strong>en</strong>ants, et la grogne<br />
des artistes du territoire qui ont eu l’impression<br />
d’être remplacés par des animaux.<br />
Et puis <strong>en</strong>core dialoguer avec les collectivités<br />
concernées, réunir les autorisations<br />
nécessaires au déplacem<strong>en</strong>t des troupeaux,<br />
prévoir la logistique, la sécurité, pr<strong>en</strong>dre des<br />
mesures sanitaires... Un ordre d’idées ? 26<br />
semi-remorques att<strong>en</strong>dront les bêtes au soir<br />
de l’arrivée à Marseille, pour les rapatrier. Et<br />
l’on n’imagine pas le tonnage de crottin qu’il<br />
faudra évacuer...<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
La TransHumance<br />
du 17 mai au 9 juin<br />
www.mp2013.fr/transhumance<br />
Salon de la C<strong>en</strong>tauresse, installations vidéo<br />
Jusqu’au 1 er sept<br />
MdAA, Arles<br />
www.arles-antique.cg13.fr<br />
TransHumance, film d’art de moy<strong>en</strong> métrage<br />
du 28 mai au 11 juin<br />
Carrières de Lumières, Les-Baux-de-<br />
Prov<strong>en</strong>ce<br />
04 90 54 47 37<br />
L’Observatoire du Bout du Monde, installation<br />
multimédia<br />
Juin-juillet et sept-oct tous les v<strong>en</strong>dredis et<br />
samedis<br />
Théâtre du C<strong>en</strong>taure, Marseille<br />
04 91 25 38 10<br />
Vernissage exposition photo de Lionel Roux<br />
et lancem<strong>en</strong>t du livre TransHumance (Actes Sud)<br />
le 13 juillet<br />
Arènes, Saintes-Maries-de-la-Mer<br />
04 90 97 85 86
34<br />
T<br />
H<br />
É<br />
Â<br />
TRE<br />
Radical ?<br />
François-Michel Pes<strong>en</strong>ti a la réputation d’être<br />
un metteur <strong>en</strong> scène «difficile», qui n’hésite pas<br />
à pr<strong>en</strong>dre le spectateur à rebrousse-poil et les<br />
acteurs de front, loin de toute complaisance et<br />
davantage dans la «transaction secrète» que<br />
dans le «donnant donnant» du spectaculaire.<br />
Mais s’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir avec l’homme relève -on ose à<br />
peine le dire sous cette forme- de la partie de<br />
plaisir, tant la parole cisèle, définit et dresse les<br />
contours fermes d’un travail d’artiste.<br />
À bâtons rompus la cohér<strong>en</strong>ce de l’œuvre, passée<br />
et <strong>en</strong> cours, se dessine à partir de quelques<br />
mots tout simples : le «retour» par exemple, terme<br />
avec lequel la presse accueille (<strong>Zibeline</strong> aussi !)<br />
quasim<strong>en</strong>t chaque proposition nouvelle. C’est<br />
que la Compagnie du Point Aveugle -tout un<br />
programme- revi<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t de loin. François<br />
Michel Pes<strong>en</strong>ti rappelle combi<strong>en</strong> sa collaboration<br />
avec les pays asiatiques (Chine, Taïwan,<br />
Japon <strong>en</strong> particulier) a été déterminante dans<br />
son approche de la scène et du traitem<strong>en</strong>t de la<br />
langue, toujours finalem<strong>en</strong>t étrangère comme<br />
un territoire à traverser ; pas d’exotisme dans<br />
cette démarche mais la même logique que celle<br />
qui pousse à s’<strong>en</strong>gager dans les grands textes -<br />
«haute langue» dit-il- aussi bi<strong>en</strong> Duras ou Koltès<br />
que Racine et Kleist avec toute la distance à parcourir<br />
pour le spectateur d’aujourd’hui.<br />
Il parle <strong>en</strong>core de la nécessité absolue du «travail<br />
d’oreille» et de la perception fine de l’autre,<br />
l’acteur, matériau émotionnel fondam<strong>en</strong>tal du<br />
Francois-Michel Pesanti © X-D.R<br />
théâtre : c’est sa manière de faire, la nature propre<br />
de chaque acteur qui construit la dramaturgie<br />
bi<strong>en</strong> davantage qu’une mise <strong>en</strong> scène m<strong>en</strong>ée<br />
de l’extérieur. C’est justem<strong>en</strong>t cette «dramaturgie<br />
sauvage» qui constituait le fond et la forme<br />
du spectacle précéd<strong>en</strong>t A sec, t<strong>en</strong>tative de point<br />
final sinon de «liquidation» d’une expéri<strong>en</strong>ce<br />
collective, quasi «familiale», m<strong>en</strong>ée depuis des<br />
années ; le metteur <strong>en</strong> scène prés<strong>en</strong>t au plateau<br />
y mettait à mal sa fonction dont la mort était<br />
montrée comme une composante subtile...<br />
Pas de cruauté pourtant dans le sourire de<br />
Pes<strong>en</strong>ti mais de la malice, forme première de<br />
l’intellig<strong>en</strong>ce et avec le Solaris de Stanislas Lem<br />
prés<strong>en</strong>té aux Bernardines <strong>en</strong> une version personnelle<br />
sinon allégée, le «retour» est total : ce<br />
texte, nous dit-il, est déjà matière sous-jac<strong>en</strong>te<br />
de bon nombre de ses spectacles et revi<strong>en</strong>t ici<br />
sous forme de lecture-performance dont il est<br />
l’acteur, accompagné de Marcelle Basso,<br />
survivante du dernier opus. Sci<strong>en</strong>ce-fiction métaphysique,<br />
histoire d’amour désincarnée,<br />
fantasmes et interrogations sur l’id<strong>en</strong>tité et le<br />
réel que traduit parallèlem<strong>en</strong>t le trajet stylisé de<br />
la lune et du soleil dans les images de deux<br />
plastici<strong>en</strong>s brésili<strong>en</strong>s auteurs d’une installation<br />
au protocole rigoureux. Expéri<strong>en</strong>ce forte pour le<br />
spectateur, r<strong>en</strong>contre avec sa propre vie et<br />
voyage jusqu’au «seuil noir que tout œuvre suppose»<br />
(Point Aveugle, <strong>en</strong>core) et que tout<br />
homme porte <strong>en</strong> lui, c’est le souhait du metteur<br />
<strong>en</strong> scène. Radicalité bi<strong>en</strong> honnête donc, au s<strong>en</strong>s<br />
noble du terme que F.-M. Pes<strong>en</strong>ti cerne <strong>en</strong> trois<br />
formules qui, l’air de ri<strong>en</strong>, tram<strong>en</strong>t tout l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong><br />
«ne ri<strong>en</strong> dire de moi», «croire <strong>en</strong> quelque<br />
chose», «montrer ce <strong>en</strong> quoi je crois». Radical ?<br />
Limpide !<br />
MARIE JO DHO<br />
Solaris d’après Stanislas Lem / lecture et mise<br />
<strong>en</strong> espace de F.-M. Pes<strong>en</strong>ti dans une installation<br />
de Rafael Lain et Angelica Detanico a été<br />
prés<strong>en</strong>té au théâtre des Bernardines,<br />
Marseille, le 19 et 20 avril<br />
Tête de Maure et Fleur Rouge<br />
Pour la Corse et pour le Parti : si la<br />
mort a un s<strong>en</strong>s, celle du résistant<br />
Jean Nicoli décapité par un soldat<br />
itali<strong>en</strong> le 30 août 1943 convoque<br />
tout un monde de passion et de<br />
fidélité, de trahison aussi peut-être…<br />
ce sont <strong>en</strong> tout cas les images fortes<br />
que dessin<strong>en</strong>t sobrem<strong>en</strong>t le<br />
texte et la mise <strong>en</strong> scène de Noël<br />
Casale pour (ô combi<strong>en</strong> pour) l’actrice<br />
Edith Mérieau quasim<strong>en</strong>t<br />
seule <strong>en</strong> salle, tout près des spectateurs.<br />
C’est d’abord Jeanne l’épouse<br />
qui raconte simplem<strong>en</strong>t la vie d’un<br />
instituteur qui respire large : départ<br />
pour l’Afrique, le Soudan, les rives<br />
du Niger et les premières prises de<br />
consci<strong>en</strong>ce communes des ravages<br />
de la colonisation ; retour au<br />
pays et organisation du maquis qui<br />
<strong>en</strong> Corse relève aussi de la poésie.<br />
Voix posée et mains expressives la<br />
grande jeune femme se déplace<br />
doucem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> une prés<strong>en</strong>ce apaisante<br />
dont on réalise soudain qu’elle<br />
est celle d’une rev<strong>en</strong>ante extralucide<br />
puisque, morte huit ans avant<br />
son mari, elle porte douloureusem<strong>en</strong>t<br />
le récit de son supplice.<br />
L’estrade à claire-voie qu’elle emprunte<br />
parfois laisse filtrer une<br />
étrange lumière, seul artifice avec<br />
quelques échos de Webern pour<br />
accompagner la lég<strong>en</strong>de <strong>en</strong> train<br />
de se construire. Puis, comme toujours<br />
dans le théâtre de Noël Casale,<br />
se lèv<strong>en</strong>t les autres, le fasciste athlétique<br />
qui de sa foulée impériale<br />
occupe la région et pourchasse le<br />
communiste ou l’impayable administrateur<br />
colonial <strong>en</strong> grand singe<br />
dont les gestes ne sont pas moins<br />
monstrueux que les discours : inaltérable<br />
sur la durée, toujours juste<br />
y compris dans l’excès et la caricature,<br />
Edith Mérieau les incarne<br />
tous formidablem<strong>en</strong>t ! À tel point<br />
que la v<strong>en</strong>ue sur scène de Moustapha<br />
Mboupqui <strong>en</strong>tonne un chant<br />
de deuil après lecture des lettres<br />
© Eric Rondepierre<br />
ultimes de celui qui va mourir semble<br />
superflue… Quant au soleil sur<br />
l’Alta Rocca nul doute qu’il continue<br />
à éclairer la vie de Noël Casale !<br />
M.J.D<br />
Vie de Jean Nicoli (texte et mise<br />
<strong>en</strong> scène de Noël Casale)<br />
a été prés<strong>en</strong>té aux Bernardines,<br />
Marseille, du 29 avril au 4 mai
Ni pute ni soumise<br />
Une création de la Comédie Française à Marseille, d’un texte<br />
contemporain traduit de l’arabe, est assurém<strong>en</strong>t un symbole<br />
fort. D’autant que Rituel pour une métamorphose, du Syri<strong>en</strong><br />
Saadallah Wannous, n’est pas anodin : brossant le tableau<br />
d’une société ori<strong>en</strong>tale (Damas, fin XIX e ) soumettant les<br />
femmes ou les prostituant, minée par les conflits politiques et<br />
sombrant dans la folie du mysticisme ou un extrémisme<br />
religieux fondé sur la répression sexuelle, le texte s’attache aux<br />
racines historiques des Islams fondam<strong>en</strong>talistes, tout <strong>en</strong><br />
prônant la libération du désir dans des élans de pureté ou des<br />
vertiges qui font p<strong>en</strong>ser aux contrastes de G<strong>en</strong>êt. La scène<br />
c<strong>en</strong>trale de la métamorphose, dans laquelle Julie Sicard brûle<br />
d’une flamme intérieure fascinante, est un très beau sommet<br />
dramatique. Hélas le reste n’est pas à cette hauteur. Les<br />
comédi<strong>en</strong>s du Français sembl<strong>en</strong>t <strong>en</strong>goncés dans des costumes<br />
ori<strong>en</strong>talisants qui brid<strong>en</strong>t leurs gestes, même D<strong>en</strong>is Podalydès<br />
n’est pas toujours juste, et Thierry Hancisse, <strong>en</strong> dehors de la<br />
scène où il se dévoile, semble inspiré par Iznogoud : gestes<br />
psychologiques, petits yeux qui se fronc<strong>en</strong>t, raideur… les<br />
techniques de jeu sont anci<strong>en</strong>nes (je me déplace je parle je fais<br />
un geste je parle je barytone et articule) dans cette vieille<br />
maison lorsqu’un metteur <strong>en</strong> scène inspiré ne les bouscule<br />
pas… Pourtant la scénographie, riche, est belle, jouant de<br />
transpar<strong>en</strong>ce, d’arabesques subtiles et d’une belle surprise. Et<br />
les allusions à Guantanamo, un peu lourdes, rappell<strong>en</strong>t avec<br />
pertin<strong>en</strong>ce que l’usage de la torture perdure. Peut être que dans<br />
un espace moins restreint, avec le travail du temps, la subtilité<br />
du texte passera mieux ? Car si la religion n’est pas remise <strong>en</strong><br />
cause les fous de dieu <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pour leur grade, et le sort<br />
réservé aux femmes et aux homosexuels dans une société qui<br />
meurt de tuer le désir.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Rituel pour une métamorphose a été créé au Gymnase, Marseille,<br />
du 29 avril au 7 mai<br />
Il sera repris à la Comédie Française, Paris, du 18 mai au 11 juillet<br />
www.comedie-francaise.fr<br />
© Cosimo Mirco Magliocca
36<br />
T<br />
H<br />
É<br />
Â<br />
TRE<br />
Trois pour neuf,<br />
mais…<br />
Ils sont dynamiques, vifs, drôles,<br />
et trois seulem<strong>en</strong>t pour jouer les<br />
neuf personnages du Misanthrope.<br />
La troupe du Cartoun Sardine<br />
Théâtre s’<strong>en</strong> donne à cœur joie<br />
dans cette interprétation. L’idée<br />
Célébrer l’esprit<br />
de troupe<br />
L’amour du théâtre est une chose rare, y compris chez les<br />
metteurs <strong>en</strong> scène. Charles Eric Petit et ses comédi<strong>en</strong>s<br />
aim<strong>en</strong>t le texte, le jeu, jusqu’à plonger dans le répertoire<br />
shakespeari<strong>en</strong> pour y trouver des choses à dire sur notre<br />
monde. Sans le bousculer, <strong>en</strong> y ajoutant aux marges un cadre<br />
qui reflète leur vie d’aujourd’hui.<br />
Car le Songe d’une nuit d’été est une pièce sur le théâtre, et sur<br />
le couple. Les Individus (c’est ainsi que la compagnie se<br />
nomme) emm<strong>en</strong>és par Charles Eric Petit mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> abyme la<br />
pièce de Shakespeare pour y parler d’une troupe d’aujourd’hui,<br />
désarg<strong>en</strong>tée et <strong>en</strong>thousiaste, traversée d’ego, de désirs et de<br />
passions. Dans un décor <strong>en</strong> ruine faits de portants et de<br />
costumes récupérés çà et là ils trouv<strong>en</strong>t le matériau pour jouer<br />
les couples de la comédie, les rois et les dieux qui se<br />
divertiss<strong>en</strong>t du destin des hommes, les citoy<strong>en</strong>s et les artisans<br />
qui les subiss<strong>en</strong>t mais parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à garder leur route <strong>en</strong> dépit<br />
des consignes, manipulations et ratages des instances<br />
supérieures. Et les comédi<strong>en</strong>s-personnages s’amus<strong>en</strong>t,<br />
adoptant le ton parfois philosophique du texte, tournant<br />
g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dérision sa pompe, r<strong>en</strong>dant s<strong>en</strong>sible sa magie à<br />
deux balles, glissant de mise <strong>en</strong> abyme <strong>en</strong> linéarité, fabriquant<br />
au passage de très jolies images dans des cadres, puis<br />
plongeant sans hésitation dans le comique le plus farcesque,<br />
têtes d’ânes et chassés-croisées, parodie de théâtre élégiaque<br />
par des artisans qui sursignifi<strong>en</strong>t la lune ou le lion. Tous les<br />
comédi<strong>en</strong>s sont justes, mesurés ou<br />
déchainés lorsqu’il le faut, incarnant<br />
sans hésitation l’émotion ou la<br />
distance, la viol<strong>en</strong>ce des désirs et la<br />
versatilité dérisoire des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts.<br />
Une troupe et un spectacle qui<br />
devrai<strong>en</strong>t avoir un bel av<strong>en</strong>ir, si les<br />
programmateurs et les<br />
subv<strong>en</strong>tionneurs aimai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core,<br />
un tant soit peu, le théâtre.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Le Songe d’une nuit d’été a été créé<br />
au théâtre Gyptis, Marseille, du 9<br />
au 13 avril<br />
© Mathieu Bonfils<br />
© X-D.R<br />
© RML<br />
est originale, les effets comiques<br />
bi<strong>en</strong> v<strong>en</strong>us, les g<strong>en</strong>s ri<strong>en</strong>t beaucoup<br />
aux facéties des petits<br />
marquis, d’Oronte, poète amateur<br />
et surfait, des minauderies de<br />
Célimène. Tout ce qui correspond<br />
à la superficialité de la vie de cour<br />
est r<strong>en</strong>du avec brio. L’escarpolette<br />
de la coquette r<strong>en</strong>voie à une<br />
Véronique qui ne se laisse pas<br />
cueillir… mais… comme dans la<br />
scène des portraits bi<strong>en</strong> trop<br />
écourtée : à cet allant de commedia<br />
dell’arte, et l’indéniable complicité<br />
avec le public, manqu<strong>en</strong>t profondeur<br />
et nuances. L’atrabilaire<br />
amoureux a davantage d’épaisseur<br />
que celle qui lui est ici accordée.<br />
Les aveuglem<strong>en</strong>ts du rigoriste Alceste,<br />
son intransigeance, sa<br />
volonté héroïque d’absolu dans un<br />
Compassion<br />
ou torture ?<br />
La première mise <strong>en</strong> scène de Vinc<strong>en</strong>t<br />
Franchi est une surprise de<br />
taille : l’assistant de R<strong>en</strong>aud Marie<br />
Leblanc est jeune, et s’attaquer<br />
ainsi à une pièce réc<strong>en</strong>te de Lars<br />
Nor<strong>en</strong>, complexe et rude, dénote<br />
un courage certain… La justesse<br />
de la mise <strong>en</strong> œuvre confirme une<br />
maturité peu commune. Se déroulant<br />
dans un lieu ambigu -est-on<br />
dans une prison, un hôpital psychiatrique,<br />
un espace m<strong>en</strong>tal, une<br />
chambre, un bureau ?– Acte repose<br />
sur des incohér<strong>en</strong>ces psychologiques<br />
et des anachronismes constants<br />
qui dérout<strong>en</strong>t, interdis<strong>en</strong>t aux acteurs<br />
de se réfugier dans une incarnation<br />
facile, et les oblige pourtant à trouver<br />
des ressorts, une id<strong>en</strong>tité, à leurs<br />
personnages. Lui se prét<strong>en</strong>d médecin,<br />
mais est-il un psychiatre, un<br />
tortionnaire, un policier ? Elle, une<br />
terroriste allemande des années<br />
70, semble pourtant se battre<br />
comme une résistante contre un<br />
nazisme sous jac<strong>en</strong>t… Le texte roule,<br />
assume ses ambigüités sans les<br />
résoudre, plongeant les deux personnages<br />
dans un huis clos où ils<br />
se dévoil<strong>en</strong>t, se livr<strong>en</strong>t, s’épaul<strong>en</strong>t,<br />
se révolt<strong>en</strong>t et se désir<strong>en</strong>t même<br />
monde où la frivolité l’emporte, les<br />
nuances chères à Philinte, qui sait<br />
rester droit tout <strong>en</strong> sachant moduler<br />
ses attitudes avec tact, la<br />
finesse d’Éliante, qui analyse avec<br />
justesse la cristallisation de l’amour<br />
d’Alceste pour Célimène, sont<br />
gommés ; de trop nombreux passages<br />
sont supprimés. Aussi,<br />
l’étonnante gravité de la pièce<br />
malgré son appellation de comédie<br />
qui avait déjà surpris les<br />
spectateurs du XVII e , est abs<strong>en</strong>te<br />
cruellem<strong>en</strong>t. La consci<strong>en</strong>ce douloureuse<br />
de cet «<strong>en</strong>nemi du g<strong>en</strong>re<br />
humain» est sacrifiée au seul profit<br />
des effets comiques de ses excès.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Le Misanthrope a été joué<br />
le 3 mai au Toursky, Marseille<br />
parfois, avec dégoût. Vinc<strong>en</strong>t Franchi<br />
met <strong>en</strong> scène ses acteurs dans<br />
un espace neutre dont la lumière<br />
évolue patiemm<strong>en</strong>t, avec des <strong>en</strong>volées<br />
de dialogues troués de<br />
sil<strong>en</strong>ces, des changem<strong>en</strong>ts de ton<br />
injustifiés et pertin<strong>en</strong>ts. La tâche<br />
pour les jeunes acteurs, incarnant<br />
des personnages plus âgés, est<br />
énorme, et ils sont un peu frêles<br />
pour ces rôles écrasants, marchant<br />
dans le bon s<strong>en</strong>s et au bon rythme<br />
mais pas toujours justes s’ils sont<br />
souv<strong>en</strong>t touchants. Quoi qu’il <strong>en</strong><br />
soit, le travail de cette compagnie<br />
toulonnaise est remarquable d’intellig<strong>en</strong>ce<br />
dramatique, interrogeant<br />
notre rapport à la révolte, au<br />
remords et à la culpabilité peut<br />
être, à la soumission et à la terreur<br />
sûrem<strong>en</strong>t. Le texte demeure brut et<br />
lourd comme un bloc de granit, on<br />
voudrait le relire et revoir <strong>en</strong>core,<br />
tant son jeu avec le réalisme<br />
dramatique reste intrigant.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
La Cie la Souricière a joué Acte<br />
de Lars Nor<strong>en</strong> du 16 au 27 avril<br />
au Théâtre de L<strong>en</strong>che,<br />
Marseille
Artaud<br />
Tunisi<strong>en</strong><br />
On le compare à Gide, Rimbaud, Artaud, et<br />
pourtant Mnaouar Smadah, né à Nefta, la<br />
perle du Djerid <strong>en</strong> 1931 et disparu un 28<br />
décembre 1998, poète, luthiste, écrivain,<br />
journaliste, compositeur, responsable de la<br />
qualité des paroles pour les chansons à la<br />
radio tunisi<strong>en</strong>ne, producteur à la radio<br />
algéri<strong>en</strong>ne, est bi<strong>en</strong> peu connu des publics<br />
hors de la Tunisie. La Compagnie Alzhar<br />
s’attache à r<strong>en</strong>dre à un plus large public ce<br />
«pilier de la culture tunisi<strong>en</strong>ne» dont on ne<br />
trouve aucune traduction, explique Jeanne<br />
Poitevin, metteur <strong>en</strong> scène de Affaires et<br />
peines. «Un livre compr<strong>en</strong>ant les poèmes<br />
traduits pour le spectacle est <strong>en</strong> cours<br />
d’élaboration et verra le jour probablem<strong>en</strong>t<br />
l’an prochain», nous assure-t-elle.<br />
Son travail, créé lors du festival de poésie<br />
Les voix de la Méditerranée <strong>en</strong> 2011, s’inscrit<br />
dans la continuité de ceux initiés <strong>en</strong> Tunisie,<br />
depuis sept ans, riches de questionnem<strong>en</strong>t<br />
sur le dev<strong>en</strong>ir des relations nord/sud, des<br />
espoirs suscités par la révolution, et la<br />
volonté d’un réel partage culturel. Symbole<br />
de cette ambition, le choix des deux acteurs<br />
qui interprèt<strong>en</strong>t les textes de Mnaouar<br />
Smadah, issus des deux rives, Maxime<br />
Carasso qui lit d’abord les poèmes <strong>en</strong><br />
français, Heykel Mani, qui les interprète<br />
<strong>en</strong>suite <strong>en</strong> arabe. Le s<strong>en</strong>s est donné, puis on<br />
se plaît à le conjuguer aux sonorités du texte<br />
arabe : douceur des syllabes, échos de<br />
voyelles semblables, âpreté de certains<br />
acc<strong>en</strong>ts, passion première du conteur qui<br />
s’emporte. «C’est le désert qui s’éveille au<br />
v<strong>en</strong>t» pour un poète qui affirmait «dans la<br />
terre des douleurs, je me suis exilé».<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Affaires et peines a été joué le 18 avril<br />
au Hang’Art à Gardanne<br />
© Thierry Mondet<br />
«T’as joué, t’as perdu !»<br />
La nouvelle création de Serge Barbuscia, Droit<br />
dans le mur, s’organise à partir de l’idée cocasse<br />
-et juteuse- de métamorphoser l’anci<strong>en</strong>ne<br />
prison avignonnaise Sainte-Anne <strong>en</strong> hôtel 5<br />
étoiles. Une actualité locale à rebondissem<strong>en</strong>t<br />
que le metteur <strong>en</strong> scène ouvre à la question<br />
universelle du vivre-<strong>en</strong>semble. En convoquant<br />
poésie, chansons <strong>en</strong>gagées et humour, il<br />
continue d’interroger la condition humaine et<br />
pr<strong>en</strong>d position contre l’exclusion (la Fondation<br />
Abbé Pierre souti<strong>en</strong>t le projet). La pièce<br />
intercale dans un aller-retour <strong>en</strong>tre fiction et réel<br />
une mosaïque littéraire (Michaux, Baudelaire,<br />
Aragon, Guéno), la voix et la colère de l’Abbé<br />
Pierre, Coluche, Ferré, et des témoignages vidéo<br />
des visiteurs de cette prison insalubre qui vivrait<br />
«un conte de fée <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ant un palace dédié au<br />
Murmures et cascades<br />
Alexandra Tobelaim aime à travailler sur les<br />
histoires ordinaires, qu’elle pêche ici et là, dans<br />
les transcriptions du réel. Villa Olga est écrit à<br />
partir de faits divers de la Côte d’Azur, sa<br />
Seconde surprise de l’amour frotte Marivaux<br />
avec les confessions impudiques de Sophie<br />
Calle, et Italie Brésil pr<strong>en</strong>d naissance dans un<br />
match culte. Pour débuter une longue<br />
association avec le théâtre de la Minoterie (voir<br />
p 6) elle a conçu une semaine d’événem<strong>en</strong>ts de<br />
rue près de la Joliette. Avec sa bande de<br />
comédi<strong>en</strong>s, elle a donné à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dans des<br />
situations spatiales inatt<strong>en</strong>dues, au creux d’un<br />
confessionnal de papier ou sous une cascades<br />
de mots, des histoires vraies plus<br />
invraisemblables que les sc<strong>en</strong>arii les plus<br />
délirants. Un américain à la double vie qui a tué<br />
© A.F<br />
bonheur». Les trois comédi<strong>en</strong>s, impliqués dans<br />
le refus de l’amnésie, «sinon, on va droit dans le<br />
mur», t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’abattre les murs du sil<strong>en</strong>ce,<br />
vol<strong>en</strong>t sur le mythe d’Icare, se cogn<strong>en</strong>t aux<br />
diagonales labyrinthiques de l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t. La<br />
vie ne serait-elle qu’une grande partie de<br />
Monopoly, sans pitié pour les perdants ? La<br />
faillite ou le pactole, aller direct pour la prison<br />
ou éternel retour à la case départ. Est-ce ainsi<br />
que les hommes viv<strong>en</strong>t ?<br />
DELPHINE MICHELANGELI<br />
Droit dans le mur s’est joué les 13 et 14 avril<br />
au théâtre du Balcon à Avignon,<br />
<strong>en</strong> avant-première le 9 avril au Toursky à Marseille,<br />
dans le cadre du Rapport au mal-logem<strong>en</strong>t 2013<br />
sa famille puis <strong>en</strong> a fondé une autre ; une vieille<br />
dame qui met un voleur <strong>en</strong> fuite… sursaut<br />
d’horreur ou de dignité qui ont occupé un temps<br />
la consci<strong>en</strong>ce commune, et sont ou non restés<br />
dans les mémoires.<br />
Des Faits divers à partager à nouveau l’aprèsmidi<br />
dans le quartier de la Joliette du 21 au 24<br />
mai. On pourra retrouver égalem<strong>en</strong>t la cie<br />
Tandaim le 1 er juin dans Le mois du<br />
Chrysanthème (voir Zib’57) lors du Festival<br />
Chaud Dehors à Aubagne (voir p 9) et dans le<br />
savoureux Italie Brésil au théâtre de<br />
Fontblanche, Vitrolles, le 14 juin.<br />
A.F.<br />
Les Faits divers se sont déroulés du 23 au 27 avril<br />
aux ABD Gaston Defferre<br />
37<br />
T<br />
H<br />
É<br />
Â<br />
TRE
38<br />
T<br />
H<br />
É<br />
Â<br />
TRE<br />
L’art des<br />
liaisons<br />
On savait John Malkovich familier des Liaisons<br />
dangereuses : l’acteur a composé un Valmont<br />
inoubliable, parfaitem<strong>en</strong>t subjectif et crédible à<br />
la fois, émouvant et fidèle à la lettre du texte<br />
épistolaire… Mais l’intellig<strong>en</strong>ce d’un acteur et<br />
celle d’un metteur <strong>en</strong> scène sont-elles de même<br />
nature ? L’habitude de l’écran ne nuit-elle pas à<br />
la scène et John Malkovich, même s’il vit <strong>en</strong><br />
Luberon, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d-il suffisamm<strong>en</strong>t la langue<br />
classique française ?<br />
Dès les premières scènes toutes les craintes<br />
sont balayées. Avec une audace sans esbroufe<br />
Malkovich propose une autre lecture du roman,<br />
une Merteuil plus masculine, un Valmont superficiel,<br />
une Tourvel <strong>en</strong>goncée, une Cécile Volange<br />
nettem<strong>en</strong>t violée… Surtout, tous évolu<strong>en</strong>t dans<br />
un espace placé au c<strong>en</strong>tre de tous les regards,<br />
puisque les comédi<strong>en</strong>s ne quitt<strong>en</strong>t pas la scène<br />
lorsqu’ils sont hors jeu, et que des regards<br />
s’échang<strong>en</strong>t comme si tous manipulai<strong>en</strong>t chacun.<br />
On retrouve le XVIII e dans des accessoires<br />
symboliques et la langue qui adapte les lettres<br />
<strong>en</strong> dialogue sans <strong>en</strong> gommer la saveur. Des<br />
téléphones cellulaires et des tablettes remplac<strong>en</strong>t<br />
les lettres sans choquer, pour rappeler<br />
Jeux dangereux<br />
Seul, sur le plateau du théâtre les Argonautes, un<br />
co-médi<strong>en</strong> formidable <strong>en</strong>dosse tour à tour les quatre<br />
rôles du thriller Pour rire pour passer le temps de<br />
Sylvain Levey. Entouré de quatre micros, chacun<br />
représ<strong>en</strong>-tant l’un des protagonistes, dans une<br />
mise <strong>en</strong> scène épurée où les jeux de lumières ont<br />
toute leur importance, Gilbert Traïna donne vie<br />
au texte avec la virtuosité d’un comédi<strong>en</strong> pour qui<br />
la technique n’interdit pas l’émotion de l’incarnation.<br />
Son travail tant au niveau vocal qu’au niveau<br />
gestuel est impressionnant, et fait éclater la singularité<br />
et le caractère étouffant de la pièce. Une<br />
atmosphère pernicieuse s’installe sur son simple<br />
© Cosimo Mirco Magliocca<br />
l’immaturité de ces personnages désœuvrés,<br />
gâtés et fin de règne. Même le féminisme de<br />
Merteuil apparait pour ce qu’il est : la volonté<br />
de domination d’un être opprimé par son «sexe»,<br />
mais détruisant les autres femmes avec une<br />
infinie cruauté.<br />
Les jeunes comédi<strong>en</strong>s sont l’élégance même,<br />
raffinés et vains comme des aristocrates sadi<strong>en</strong>s.<br />
Seul Valmont, cabot, un brin précieux, <strong>en</strong><br />
fait trop. Mais succéder à John Malkovich sous<br />
sa direction ne doit pas être évid<strong>en</strong>t…<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Les Liaisons dangereuses s’est joué<br />
du 9 au 19 avril au Jeu de Paume, Aix<br />
souffle, ce jeu de bruits et de respiration étant plus<br />
expressif <strong>en</strong>core que les mots eux-mêmes. Un<br />
effet relayé par les casques audio que port<strong>en</strong>t les<br />
spectateurs, et la précision gestuelle insufflée par<br />
Thierry Escarmant, à mi-chemin de la mise <strong>en</strong><br />
scène et de la chorégraphie.<br />
L’histoire, quant à elle, divisée <strong>en</strong> sept scènes, reste<br />
simple : un conc<strong>en</strong>tré de viol<strong>en</strong>ce malsaine et de<br />
barbarie gratuite qui surgit comme un divertissem<strong>en</strong>t.<br />
Car dans ce huis clos se révèle une inconsci<strong>en</strong>ce<br />
dangereuse du mal, qui s’exerce «pour passer le<br />
temps», pour le plaisir de manipuler l’un et de lyncher<br />
l’autre, sans motif appar<strong>en</strong>t.<br />
Un texte saisissant qui<br />
exhibe l’omniprés<strong>en</strong>ce de<br />
la viol<strong>en</strong>ce dans notre<br />
société, sinon pour <strong>en</strong><br />
extirper les racines, au<br />
moins pour qu’on ne<br />
puisse pas l’ignorer.<br />
MANON MATHIEU<br />
© S. Levey<br />
Pour rire pour passer<br />
le temps était au Théâtre<br />
Les Argonautes,<br />
Marseille, du 9 au 11 avril<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
le 17 mai<br />
Les Salins, Martigues<br />
04 42 49 02 00<br />
www.theatre-des-salins.fr<br />
Être ou ne pas...<br />
Cette question fondam<strong>en</strong>tale à tout le moins n’a<br />
pas fini de hanter le théâtre et ce n’est pas Valère<br />
Novarina qui l’élude ou l’esquive dans<br />
l’Espace Furieux dont l’Atelier de Création de<br />
l’Universitéde Prov<strong>en</strong>cea prés<strong>en</strong>té des extraits<br />
significatifs. Une fois de plus les étudiants, sous<br />
la direction de Louis Dieuzayde, nous convoqu<strong>en</strong>t<br />
«devant la parole», devant le Verbe fait chair.<br />
Premier texte de Novarina <strong>en</strong>tré au répertoire<br />
de la Comédie Française, cette version pour la<br />
scène conti<strong>en</strong>t à plein les thèmes, les mots et<br />
quasim<strong>en</strong>t tous les personnages constitutifs de<br />
l’univers du dramaturge. De quoi nourrir l’acte de<br />
théâtre auquel se livr<strong>en</strong>t sans se ménager les<br />
seize jeunes g<strong>en</strong>s qui «sont» sur le plateau et ne<br />
représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>. Pas facile d’explorer le «je<br />
suis» qui, <strong>en</strong> lettres de néon, griffe le mur du fond<br />
sans incarner mais <strong>en</strong> jouant, tout simplem<strong>en</strong>t<br />
l’un après l’autre et parfois plusieurs pour un rôle :<br />
Jean Singulier est trois qui se succèd<strong>en</strong>t dans une<br />
parfaite fluidité et comble d’ironie La Figure Pauvre<br />
aussi pour énumérer dans une belle litanie<br />
cosmique la liste des herbes et des plantes ! Réglées<br />
réglo les apparitions et les disparitions,<br />
rythme impeccable scandé par la couleur des<br />
vêtem<strong>en</strong>ts (costumes?): brun, rouge, orangé,<br />
une certaine chaleur dans la véhém<strong>en</strong>ce des<br />
paroles qui «se» racont<strong>en</strong>t, vies à la diable ou énumérations<br />
de chiffres innombrables. Travail<br />
formidable qui avale les faiblesses de jeu (il y <strong>en</strong><br />
a peu : assis <strong>en</strong> brochette sur un banc, bouche<br />
ouverte, écuelle à la main ils réussiss<strong>en</strong>t tous<br />
l’exam<strong>en</strong> frontal) et recrée le novarimonde à l’id<strong>en</strong>tique,<br />
tableaux compris dans une fidèle littéralité<br />
scénographique. Novarina sans Novarina, c’est<br />
possible!<br />
MARIE JO DHO<br />
L’ Espace Furieux a été donné<br />
au Théâtre Vitez, Aix, du 23 au 27 avril
Sous le squelette<br />
Il y a chez Courteline un art du dialogue qui<br />
relève du croquis. Comme un dessinateur<br />
parvi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> quelques traits appuyés et peu<br />
réalistes à r<strong>en</strong>dre l’idée d’un personnage,<br />
Courteline saisit dans ses échanges verbaux<br />
l’ess<strong>en</strong>ce des relations humaines, qu’il conc<strong>en</strong>tre<br />
<strong>en</strong> saynètes explosives. Monter ces<br />
huit très courtes pièces face public, <strong>en</strong> les<br />
jouant mais à distance, sans décor ni costumes,<br />
sans artifice, permet d’<strong>en</strong> faire surgir,<br />
à sec, la puissante mécanique ; la terrifiante<br />
vision d’une humanité veule et grossière<br />
© Joachim Olaya<br />
C’est que du bonheur !<br />
Longtemps complice d’Olivier Py, Olivier<br />
Balazuc s’est lancé dans la folle av<strong>en</strong>ture<br />
d’adapter pour le théâtre deux textes critiques<br />
de l’anthropologue Éric Chauvier : La<br />
crise comm<strong>en</strong>ce où finit le langage et Que<br />
du bonheur. La mince affaire ! Le résultat<br />
est une réussite totale : l’acteur-metteur <strong>en</strong><br />
scène-scénographe, accompagné de la comédi<strong>en</strong>ne<br />
Valérie Kéruzoré et du musici<strong>en</strong><br />
B<strong>en</strong>jamin Ritter, parvi<strong>en</strong>t à nous faire avaler<br />
termes et jugem<strong>en</strong>ts thétiques avec la<br />
même dextérité qu’un magici<strong>en</strong> lance ses<br />
couteaux. C’est dire le tal<strong>en</strong>t du trio. Sous les<br />
appar<strong>en</strong>ces habiles d’une confér<strong>en</strong>ce, les<br />
voici dissertant, rugissant, s’<strong>en</strong>tredéchirant,<br />
dansant même, sur la crise économique, la<br />
crise de nerfs, la crise immobilière, la crise<br />
exist<strong>en</strong>tielle… À l’aube d’une nouvelle ère,<br />
paraît-il… Paroles d’expert, verbiage critique,<br />
sci<strong>en</strong>tifique, analyses, cotations, stratégies<br />
de v<strong>en</strong>te et de communication : ri<strong>en</strong> n’est<br />
évacué pour nous asséner que «la crise est<br />
comme une nuit sans fin qui nous terrorise».<br />
Bref, un règlem<strong>en</strong>t de comptes <strong>en</strong> bonne et<br />
due forme est <strong>en</strong> train de se jouer <strong>en</strong>tre «un<br />
velléitaire, un homme théâtralem<strong>en</strong>t obscène»<br />
et une optimiste forc<strong>en</strong>ée qui rétrécit son<br />
champ lexical au seul «c’est que du bonheur !».<br />
aussi, petite bourgeoisie à l’idéal plat, et<br />
peuple qui la singe, artistes prét<strong>en</strong>tieux et<br />
femmes acariâtres… Sans décorum Courteline<br />
apparaît sans pitié, avec toute la drôlerie<br />
de la méchanceté. Il faut dire que Michel<br />
Fau est éclatant d’intellig<strong>en</strong>ce du jeu : toujours<br />
hors de ses personnages, et dedans<br />
pourtant, les faisant exister d’un geste, femmes<br />
et hommes, cyniques et naïfs, puis<br />
jouant à ne plus jouer sans étonnem<strong>en</strong>t…<br />
Jérôme Deschamps hélas à ses côtés<br />
n’est pas à sa hauteur. Il adopte une l<strong>en</strong>teur<br />
d’élocution et une posture avachie fatigantes,<br />
systématiques, drôles un instant mais<br />
loin du tourbillon de son compagnon à<br />
mille facettes. Si bi<strong>en</strong> que leurs dialogues,<br />
déséquilibrés, ne pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que lorsque<br />
Michel Fau occupe le premier rôle, ce qui<br />
laisse avec l’impression que Jérôme Deschamps<br />
n’a pas su se mettre <strong>en</strong> scène.<br />
Ou qu’un peu plus de travail n’aurait pas<br />
nui ?<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Courteline <strong>en</strong> d<strong>en</strong>telles a été joué<br />
au Théâtre Liberté, Toulon, les 10 et 11 avril<br />
Et pour faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre leurs dissonances, tout<br />
est possible, comme de transformer la salle<br />
de confér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> jeu télévisuel, <strong>en</strong> ring de<br />
boxe, <strong>en</strong> salle d’interrogatoire. Comme de<br />
pr<strong>en</strong>dre à partie le public qui jubile.<br />
M.G.-G.<br />
La crise comm<strong>en</strong>ce où finit le langage<br />
a été prés<strong>en</strong>té les 10 et 11 avril<br />
au Théâtre liberté, Toulon<br />
© JL Fernandez<br />
Dans le<br />
tourbillon<br />
de la vie<br />
© Philippe Delacroix<br />
Un homme aime une femme, Marie. Ils ont l’âge<br />
de p<strong>en</strong>ser à la mort plus qu’à l’amour, et pourtant<br />
ils s’aim<strong>en</strong>t. Malgré les corps flétris, malgré<br />
la mémoire éparse qui resurgit par bribes.<br />
Toujours dans le désordre. Parfois même ce<br />
sont des cauchemars, voire des fantasmes. La<br />
maladie ne dit pas <strong>en</strong>core son nom, et l’accouchem<strong>en</strong>t<br />
des souv<strong>en</strong>irs est douloureux… À sa<br />
manière très singulière d’<strong>en</strong>trecroiser la parole<br />
théâtrale («nous élaborons une matière textuelle<br />
composée de monologues, de dialogues»), la<br />
chorégraphie aéri<strong>en</strong>ne (Zimmermann et De<br />
Perrot plan<strong>en</strong>t sur le travail des corps <strong>en</strong> apesanteur),<br />
l’acrobatie circassi<strong>en</strong>ne et le jeu des<br />
sons (de Vivaldi, Purcell et Bach interprétés par<br />
l’Ensemble Vocalita à la création sonore), Julie<br />
Bérès inv<strong>en</strong>te une fiction onirique tissée de<br />
morceaux de vie universels. Avec quelle intellig<strong>en</strong>ce<br />
des mots, quelle ingéniosité scénographique,<br />
quelle perfection du jeu ! L<strong>en</strong>demains de fête est<br />
le tableau vivant d’un monde tragique, car<br />
tellem<strong>en</strong>t humain, habité par des fantômes, des<br />
apparitions troublantes, des disparitions comiques,<br />
des funambules de la vie désarticulés. Où<br />
les acteurs, danseurs et chanteurs remont<strong>en</strong>t le<br />
cours de la vie à contre-courant, s<strong>en</strong>s dessus<br />
dessous, r<strong>en</strong>versés, culbutés. Où la pudeur des<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts n’a pas à rougir de l’impudeur des<br />
corps amoureux : c’est cru, c’est beau, c’est<br />
vrai. C’est drôle et absurde aussi. C’est «une<br />
histoire de g<strong>en</strong>s qui se batt<strong>en</strong>t mais qui ne se<br />
plaign<strong>en</strong>t pas.»<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
L<strong>en</strong>demains de fête a été joué les 3 et 4 mai<br />
au Théâtre de Grasse<br />
39<br />
T<br />
H<br />
É<br />
Â<br />
TRE
40<br />
R<br />
U<br />
E<br />
Écoutez<br />
sans voir<br />
Le directeur de Lieux Publics est un compositeur.<br />
Pourtant les installations de Pierre<br />
Sauvageot sont aussi visuelles que sonores :<br />
son Champ harmonique aux Goudes a mis <strong>en</strong><br />
spectacle justem<strong>en</strong>t la fabrique du son, leur<br />
beauté artisanale. Mais il sait programmer de la<br />
musique abstraite lors de ses Sirènes et midi<br />
net. Voire de l’électroacoustique ! Ce qui désori<strong>en</strong>te<br />
un peu son public habitué à voir…<br />
C’est qu’il n’est pas si facile d’écouter. Le 8 mai<br />
lorsque la sirène ret<strong>en</strong>tit elle est captée et relayée<br />
par l‘ordinateur d’Hervé Birolini qui amplifie<br />
son aspect inquiétant, lui donne des graves et<br />
des craquem<strong>en</strong>ts qui tourn<strong>en</strong>t autour du public…<br />
qui se rapproche des deux musici<strong>en</strong>s. Les<br />
<strong>en</strong>fants mont<strong>en</strong>t sur les épaules des par<strong>en</strong>ts,<br />
certains s’éloign<strong>en</strong>t. Puis la vielle à roue de Val<strong>en</strong>tin<br />
Clastrier <strong>en</strong>tre <strong>en</strong> jeu, et tous les regards<br />
s’accroch<strong>en</strong>t à elle : les sons naiss<strong>en</strong>t de gestes<br />
qui se voi<strong>en</strong>t, glissades infinies, bribes de modes<br />
traditionnels puis pulsations <strong>en</strong>fin, qui rassur<strong>en</strong>t.<br />
Les corps des spectateurs désori<strong>en</strong>tés se mett<strong>en</strong>t<br />
à marquer le rythme, berc<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants,<br />
tandis qu’Hervé Birolini fouette l’air comme un<br />
batteur sans caisse claire, sans abandonner ses<br />
nappes et <strong>en</strong>veloppes qui fond<strong>en</strong>t le tapis sonore.<br />
Les musici<strong>en</strong>s mont<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble, cresc<strong>en</strong>do,<br />
vers l’aigu, puis s’arrêt<strong>en</strong>t. La sirène de fin ret<strong>en</strong>tit<br />
comme un rideau qui tombe.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Champ harmonique s’est exposé aux Goudes<br />
du 4 au 28 avril<br />
V<strong>en</strong>ue d’ailleurs, coproduite par le GMEM<br />
et lieux publics, s’est déroulée dans le cadre<br />
du festival les Musiques (voir p 43 et p 47)<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
Chorus, une sirène futuriste, mécanique<br />
et musicale de Ray Lee<br />
Le 5 juin à midi net<br />
Parvis de l’Opéra, Marseille<br />
04 91 03 81 28<br />
www.lieuxpublics.com<br />
© A.F<br />
Sur scène<br />
au quotidi<strong>en</strong><br />
Quand le théâtre se transforme<br />
<strong>en</strong> lieu de vie<br />
Pour 6 semaines, le Merlan est dev<strong>en</strong>u un<br />
navire où les visiteurs peuv<strong>en</strong>t déambuler<br />
librem<strong>en</strong>t, du lac souterrain au grand bivouac<br />
installé directem<strong>en</strong>t sur la scène, <strong>en</strong> passant<br />
par l’hyper médiathèque. Un projet<br />
d’<strong>en</strong>vergure mis <strong>en</strong> place à l’occasion de la<br />
capitale culturelle par les artistes Gr<strong>en</strong>oblois<br />
du collectif Ici même.<br />
Ce refuge, r<strong>en</strong>ommé Foundouk, multiplie les<br />
activités, les mom<strong>en</strong>ts de partages et de<br />
découvertes. Jusqu’au 25 mai le Merlan<br />
ouvre ses portes nuits et jours du jeudi soir<br />
au lundi matin pour des projections, performances<br />
et changem<strong>en</strong>ts scénographiques,<br />
et des balades à la découverte du quartier<br />
et de Marseille. Lors des nocturnes, de 19h<br />
jusqu’au l<strong>en</strong>demain matin 7h, les prom<strong>en</strong>eurs<br />
sont am<strong>en</strong>és à déambuler autour du<br />
Merlan, avec <strong>en</strong> poche un plan stylisé à la<br />
manière d’Ici même, au-devant des r<strong>en</strong>contres<br />
et des explorations de ce monde de<br />
la nuit. En plein jour, l’observation de la ville<br />
continue, mais les yeux fermés. Des concerts<br />
de sons de villes sont organisés tous les<br />
après-midi dans sept lieux différ<strong>en</strong>ts de<br />
En att<strong>en</strong>dant le temps fort de la 13 e édition<br />
des Envies Rhônem<strong>en</strong>ts du 20 au 28<br />
juillet, le Citron Jaune, C<strong>en</strong>tre national des<br />
Arts de la Rue, propose un parcours d’art<br />
contemporain d’avril à fin septembre. Une<br />
idée originale pour faire découvrir au public<br />
des installations plastiques dans ce cadre<br />
unique qu’est la Camargue. L’ouverture de<br />
ce parcours a eu lieu le 5 avril avec la création<br />
contemporaine Les Flûtes du Bois d’Arg<strong>en</strong>t<br />
d’Erik Samakh au domaine de la Palissade.<br />
Vêtu d’une combinaison de chasseur, ce<br />
sympathique personnage n’est pas muni<br />
d’un fusil mais d’un objet beaucoup plus<br />
pacifique qui a la vertu presque magique de<br />
Marseille. Une immersion de tous les s<strong>en</strong>s<br />
et une marche étonnante pour explorer un<br />
secteur, seulem<strong>en</strong>t guidé par la main de<br />
l’accompagnateur auquel il faut donner<br />
toute sa confiance. Le noir d’un parking, le<br />
cliquetis d’une souris d’ordinateur, s’assoir<br />
sur un banc au soleil… tout a un aspect différ<strong>en</strong>t<br />
lorsque l’ouïe pr<strong>en</strong>d le dessus sur la<br />
vue. Et lorsqu’il est question de vivre plutôt<br />
que de regarder…<br />
MANON MATHIEU<br />
Opératour Ici-même Tous travaux d’art<br />
Le Merlan, Marseille<br />
Jusqu’au 25 mai<br />
04 91 11 19 20<br />
www.merlan.org<br />
La Camargue <strong>en</strong>chantée !<br />
© Anne-Lyse R<strong>en</strong>aut<br />
Foundouk © X-D.R<br />
capturer… le v<strong>en</strong>t ! Les flûtes d’Erik Samakh<br />
ont la particularité d’être autonomes. Constituées<br />
d’un tuyau d’orgue et d’une tête<br />
solaire, ces drôles de tiges sont posées<br />
discrètem<strong>en</strong>t sur des branches mortes. Les<br />
flûtes se fond<strong>en</strong>t dans le décor naturel du<br />
Bois d’Arg<strong>en</strong>t qu’elles berc<strong>en</strong>t par leur<br />
musique apaisante.<br />
À travers cette installation, le but du plastici<strong>en</strong><br />
est «d’amplifier la nature du lieu ainsi<br />
que les s<strong>en</strong>s» et plus particulièrem<strong>en</strong>t l’ouïe.<br />
En fonction des v<strong>en</strong>ts et de leurs directions,<br />
la tonalité des flûtes change et attire l’att<strong>en</strong>tion<br />
des visiteurs sur d’autres sons de la nature.<br />
Aux frottem<strong>en</strong>ts des feuilles se mêl<strong>en</strong>t<br />
tantôt les bruits urbains de la ville voisine<br />
tantôt ceux de la mer. Pour Erik Semakh, ce<br />
parcours est «l’occasion de faire v<strong>en</strong>ir les<br />
g<strong>en</strong>s dans un <strong>en</strong>droit qu’ils ne connaiss<strong>en</strong>t<br />
pas ou de le redécouvrir d’une toute autre<br />
manière». De Rio à la Lorraine <strong>en</strong> passant<br />
par l’Italie, ses flûtes ont <strong>en</strong>chanté le monde<br />
<strong>en</strong>tier. Une chance de pouvoir les accueillir<br />
pour la première fois dans cette magnifique<br />
Camargue !<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
Les Flûtes du Bois d’Arg<strong>en</strong>t est un parcours<br />
ouvert du 5 avril à fin septembre au Domaine<br />
de la Palissade, Salin-de-Giraud
42<br />
D<br />
A<br />
N<br />
SE<br />
Nuits câlines<br />
Angelin Preljocaj voulait avec ses<br />
Nuits écrire un chant de gloire à<br />
Shéhérazade, femme suprême qui<br />
peuple les nuits de son Sultan tyran<br />
et gagne le droit de vivre de ses<br />
récits essoufflants. Cela comm<strong>en</strong>ce<br />
au harem, <strong>en</strong>tre femmes lascives,<br />
se poursuit par un bal de virils guerriers,<br />
se peuple d’oppression, puis<br />
peu à peu l’érotisme s’installe, torride,<br />
offrant de magnifiques duos,<br />
Le sport<br />
est une danse<br />
comme<br />
les autres<br />
Quand Frédéric Flamandconçoit<br />
une création pour l’espace public,<br />
il ne le fait pas à moitié. Au contraire,<br />
il offre plus ! Tous les danseurs du<br />
BNM plus ceux de la classe<br />
d’insertion, un dispositif scénographique<br />
impressionnant, pléthore<br />
de costumes… et un allant réjouissant<br />
! De quoi est-il question dans<br />
Sport fiction ? de célébrer le mouvem<strong>en</strong>t<br />
et son pouvoir d’évocation.<br />
À la manière d’une revue, par une<br />
succession de numéro, les danseurs<br />
donn<strong>en</strong>t à voir chaque sport, avec jubilation !<br />
Du foot à la boxe, du vélo au t<strong>en</strong>nis, de la natation au<br />
saut à la perche… avec de légers décalages pour surpr<strong>en</strong>dre<br />
le regard : les footballeurs s’attach<strong>en</strong>t à des<br />
barres horizontales de babyfoot, des femmes box<strong>en</strong>t,<br />
les escrimeurs r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t des ballerines… Les katas<br />
de judo, un ballet d’hommes d’affaires, des patineurs<br />
et des gymnastes évoqu<strong>en</strong>t une esthétique du sport<br />
proche des recherches chorégraphiques : on voit la<br />
danse de chaque discipline, avec un côté suranné<br />
années 30, des t<strong>en</strong>niswom<strong>en</strong> qui ressembl<strong>en</strong>t à Olive<br />
de Popeye, des projections d’archives sportives de<br />
tous les temps surtout anci<strong>en</strong>s, et d’ingénieuses<br />
explorant des déhanchem<strong>en</strong>ts et<br />
des gestes de bras empruntés aux<br />
danses ori<strong>en</strong>tales, un tableau fort<br />
sur This is a man’s world, un autre<br />
ironique inspiré du générique d’un<br />
James Bond… Puis le propos se délite<br />
dans une succession de mom<strong>en</strong>ts<br />
portés par des interprètes sublimes,<br />
mais émaillée de trop peu de<br />
contrastes pour qu’un certain <strong>en</strong>nui<br />
ne s’installe pas, malgré une<br />
© Agnès Mellon<br />
scénographie de lumière subtile.<br />
La s<strong>en</strong>sualité se désincarne <strong>en</strong> dépit<br />
de la beauté des corps, jusqu’aux<br />
deux derniers tableaux qui se c<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>fin sur le propos qui semblait<br />
ess<strong>en</strong>tiel : une Shéhérazade multipliée<br />
dompte l’homme <strong>en</strong> l’<strong>en</strong>robant<br />
des effluves de son narguilé comme<br />
celle des Mille et une nuits<br />
remportait son combat par le charme<br />
de ses récits ; puis elle passe à<br />
travers les grilles de sa prison,<br />
libérée par le Sultan qui la laisse<br />
vivre au terme du combat des s<strong>en</strong>s<br />
et de l’esprit. On r<strong>en</strong>oue alors, <strong>en</strong>fin,<br />
avec l’exceptionnelle inv<strong>en</strong>tivité<br />
du chorégraphe. Avant cela sa<br />
danse reste techniquem<strong>en</strong>t parfaite<br />
mais ses Nuits mériterai<strong>en</strong>t d’être<br />
resserrées, et leur propos plus lisible<br />
: car l’érotisme n’y semble ni<br />
franchem<strong>en</strong>t vaincu, ni vraim<strong>en</strong>t<br />
triomphant. Parce que la douleur<br />
n’y est pas aussi s<strong>en</strong>sible que dans<br />
Liqueurs de chair ?<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Les Nuits ont été crées au GTP,<br />
Aix, les 29 et 30 avril<br />
allusions, sans ral<strong>en</strong>tis ni saccades, aux décompositions<br />
du mouvem<strong>en</strong>t de Muybridge. La musique,<br />
répétitive américaine (John Adams), mais aussi extraite<br />
de cartoons ou des films de Tati, sonne à la fois symphonique<br />
et simple, alerte, burlesque comme cette<br />
célébration de l’épopée sportive, qui évite soigneusem<strong>en</strong>t<br />
ses tragédies et ambiguïtés, pour rechercher<br />
leurs esthétiques. Leurs danses ?<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Sport fiction a été créé à la gare Saint Charles,<br />
Marseille, les 10 et 11 avril dans le cadre<br />
de la Folle histoire des arts de la rue<br />
© Agnès Mellon<br />
Deuxième étape de Constellations à Toulon, KKI au musée d'art © MGG - <strong>Zibeline</strong><br />
De haut<br />
<strong>en</strong> bas<br />
Au premier jour Kubilai Khan Investigations<br />
prit de l’altitude pour<br />
déplacer danses et performances<br />
au sommet du Mont Faron à Toulon.<br />
Un parcours avec haltes inédites<br />
et galaxies sonores… Le l<strong>en</strong>demain<br />
KKI trouvait de belles résonances<br />
avec l’espace de la ville pris «comme<br />
un terrain de jeu», où les formes<br />
hybrides conçues par Franck<br />
Micheletti induisai<strong>en</strong>t «des rapports<br />
moins conv<strong>en</strong>tionnels qu’au<br />
théâtre, au plus près de la danse et<br />
des artistes». Comme dans les<br />
salles vides du Musée d’art propices<br />
aux investigations spatiales<br />
des danseurs aux prises avec le<br />
chambranle d’une porte, une tablechevalet<br />
recouverte de coulures ou<br />
une bicyclette maniée par Camille<br />
Chatelain dont on découvrira à la<br />
Cave de Lilith les tal<strong>en</strong>ts de chanteuse.<br />
Ce fut l’occasion d’une belle<br />
révélation : <strong>en</strong> costume blanc et<br />
chemise noire, le jeune chorégraphe-danseur<br />
Simon Tanguy offrit<br />
un solo époustouflant, tout <strong>en</strong> énergie<br />
démesurée. Tel un cabri dans<br />
l’arène il <strong>en</strong>tra dans une sorte de<br />
fureur de danser et de déclamer,<br />
soufflant, h<strong>en</strong>nissant presque !<br />
Après une halte chez Contrebandes,<br />
la procession s’élança jusqu’à<br />
la galerie Axolotl où Franck Micheletti<br />
et le clarinettiste B<strong>en</strong>oit<br />
Bottex improvisèr<strong>en</strong>t un duo frénétique,<br />
avant de s’<strong>en</strong>foncer dans<br />
d’autres mondes sonores à l’Arbre<br />
à Bulles. Au troisième jour Constellations<br />
bouclait sa trajectoire au<br />
niveau zéro de la mer, transformant<br />
les jardins de la Tour royale <strong>en</strong><br />
scène à ciel ouvert : une manière<br />
de pr<strong>en</strong>dre la large…<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
Constellations s’est déroulé<br />
les 9, 10 et 11 mai à Toulon
Persistance de la lumière<br />
Comme dans un tableau surréaliste<br />
la scène prés<strong>en</strong>te trois espaces<br />
autonomes <strong>en</strong> écho délivrant chacun<br />
un fragm<strong>en</strong>t, un éclat de la<br />
puissante «méditation sur l’éternité»<br />
qu’a voulue Michel Kelem<strong>en</strong>is<br />
avec la création de Siwa (lieu mythique<br />
où Alexandre le grand a eu<br />
la révélation de son caractère divin) :<br />
le quatuor Tana interprète dans<br />
l’ombre du lointain Debussy et Yves<br />
Chauris ; les quatre danseurs<br />
hommes occup<strong>en</strong>t le cœur du plateau,<br />
oasis minérale malicieusem<strong>en</strong>t<br />
convoquée par quelques verres<br />
d’eau, sous un ciel déchiré par le<br />
soleil double à la course à peine<br />
perceptible de la vidéo de Steeve<br />
Calvo. Ambitieux, le projet chorégraphique<br />
livre une danse sagem<strong>en</strong>t<br />
virile : la vie et la mort, l’attirance et<br />
la rupture, la solidarité… les interprètes<br />
se guett<strong>en</strong>t, se cherch<strong>en</strong>t,<br />
s’ébauch<strong>en</strong>t <strong>en</strong> se frôlant ; contacts,<br />
reptations, jeux à trois contre ou<br />
pour un ; grave mais pas trop : ça<br />
se déhanche, ça fait la statue et le<br />
haut-relief, ça offre un bouquet de<br />
visages au projecteur (Jean Basti<strong>en</strong><br />
Nehr au zénith) et ça fait la<br />
nique à la musique qui ne s’<strong>en</strong> porte<br />
que mieux. Le quatuor Tana<br />
paisiblem<strong>en</strong>t, libère Debussy de<br />
ses miroitem<strong>en</strong>ts franchem<strong>en</strong>t impressionnistes<br />
et laisse vivre <strong>en</strong>tre<br />
les mouvem<strong>en</strong>ts de l’œuvre <strong>en</strong><br />
sol(eil) mineur, mélodique et expressive,<br />
les pizzicati, les raclem<strong>en</strong>ts<br />
à sec et les strid<strong>en</strong>ces rêches des<br />
cordes du Paysage emprunté que<br />
le jeune compositeur Yves Chauris<br />
a écrit pour accompagner l’œuvre<br />
© Agnès Mellon<br />
scénique avec une grande intellig<strong>en</strong>ce<br />
de l’univers m<strong>en</strong>tal du<br />
chorégraphe. Beau travail de<br />
correspondances !<br />
MARIE JO DHO<br />
SIWA, pour quatre hommes<br />
et quatuor (dont deux femmes)<br />
a été donné le 4 mai au théâtre<br />
de la Criée, Marseille, dans le cadre<br />
du Festival du GMEM (voir p 47)<br />
43<br />
D<br />
A<br />
N<br />
SE<br />
Osez le Hip rock !<br />
Médaillé d’or <strong>en</strong> Modern Jazz, élève<br />
de la Rosella Hightower à Cannes,<br />
formé <strong>en</strong> danse contemporaine à<br />
New York, Hamid B<strong>en</strong> Mahi est<br />
un ovni du hip hop. Cette large palette<br />
lui a permis d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre un<br />
travail de recherche dont il est l’initiateur,<br />
et de rapprocher le hip hop<br />
de la danse contemporaine. Mais<br />
ici il va jusqu’au rock ! Sans dénaturer<br />
les mouvem<strong>en</strong>ts désarticulés<br />
et les acrobaties performatives du<br />
hip hop, le chorégraphe offre au<br />
public une nouvelle vision de la<br />
danse urbaine, qui détache le hip<br />
hop du rap et l’appar<strong>en</strong>te aux révoltes<br />
du rock.<br />
Sur scène, ce sont les anci<strong>en</strong>s musici<strong>en</strong>s<br />
d’Alain Bashung, Yan<br />
Péchin à la guitare et Bobby Jocky<br />
à la basse, qui revisit<strong>en</strong>t considérablem<strong>en</strong>t<br />
les airs de la figure de<br />
proue du rock français. Une base<br />
sonore qui rythme les pas des danseurs<br />
vêtus de jeans et de vestes<br />
<strong>en</strong> peau. On p<strong>en</strong>se aux habits de<br />
bison des apaches. Ils form<strong>en</strong>t<br />
comme eux une tribu marginalisée,<br />
sembl<strong>en</strong>t égarés dans ce décor de<br />
garage automobile délabré, qui<br />
rappelle ce mouvem<strong>en</strong>t musical<br />
des années 60, précurseur du punk<br />
rock, intitulé «garage rock». Ainsi,<br />
ces danseurs évolu<strong>en</strong>t dans un univers<br />
atypique <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce éloigné<br />
du leur. Cep<strong>en</strong>dant, au fil des tableaux,<br />
les individus sont traversés<br />
par ces s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts universels que<br />
sont l’amour, la mélancolie, la<br />
colère et parfois la folie. Qui sont<br />
les mêmes pour les <strong>en</strong>fants du<br />
rock et du rap ?<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
Apache a été donné le 3 mai<br />
au théâtre de Fos<br />
© Laur<strong>en</strong>t Philippe<br />
Repulsion © Dieter Hartwig<br />
Hip H(electr)op<br />
Dans ce spectacle <strong>en</strong> deux parties, le compositeur, vidéaste et<br />
chorégraphe Hiroaki Umeda s’interroge sur les interactions<br />
<strong>en</strong>tre le réel et le virtuel. La première partie intitulée Duo est <strong>en</strong><br />
fait un solo dans lequel le danseur se retrouve à côté de son<br />
double numérique. Les nouvelles performances technologiques<br />
permett<strong>en</strong>t à cet hologramme de se dédoubler, se brouiller et<br />
parfois même de se zoomer. Le duo semble difficile à mettre <strong>en</strong><br />
place face à ce double aux «superpouvoirs». Mais c’est sans<br />
compter sur le tal<strong>en</strong>t de danseur désarticulé d’Umeda, qui grâce<br />
à sa connaissance du geste et des technologies numériques<br />
réussit à transporter le spectateur dans cet univers singulier <strong>en</strong><br />
double dim<strong>en</strong>sion mi-numérique/mi-humaine, ou les avatars<br />
contamin<strong>en</strong>t le mouvem<strong>en</strong>t des corps.<br />
La musique électronique est le fil continu de ce spectacle. On<br />
la retrouve dans la deuxième partie avec une pièce d’<strong>en</strong>semble<br />
composée de trois danseurs hip hop. 2.repulsion met <strong>en</strong> avant<br />
la mécanisation du corps. L’ondulation des corps de ces<br />
danseurs hors pair suit avec précision les vibrations viol<strong>en</strong>tes de<br />
la musique. Comme si des ondes sonores virtuelles les traversai<strong>en</strong>t.<br />
Ils ne se regard<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant pas et seule leur association<br />
permettra de maîtriser cette énergie.<br />
À travers ces deux chorégraphies expérim<strong>en</strong>tales, Hiroaki Umeda<br />
bouleverse les codes habituels du hip hop. En l’associant à<br />
une musique électrisante et saccadée, procédant par flux, il<br />
inv<strong>en</strong>te une esthétique aussi complexe qu’élégante grâce au<br />
rapport harmonieux ou conflictuel qu’il établit <strong>en</strong>tre corps urbains<br />
et nouvelles technologies. A-L.R.<br />
2.repulsion / Duo a eu lieu les 11 et 12 avril à l’Odéon, Nîmes
44<br />
M<br />
USIQUE<br />
L’art sans<br />
frontière<br />
Nadia Beugre © X-D.R<br />
Chorégraphe et commissaire de cette<br />
exposition, Alain Buffard s’intéresse à ces<br />
individus qui ont subi un va-et-vi<strong>en</strong>t culturel<br />
<strong>en</strong> partie hérité du colonialisme du XIX e siècle.<br />
De gré ou plus souv<strong>en</strong>t de force, ces<br />
r<strong>en</strong>contres ont produit des p<strong>en</strong>sées, des<br />
œuvres et des histoires singulières. Histoires<br />
Parallèles : Pays mêlés ne parle pas de<br />
métissage culturel mais plutôt de ces<br />
richesses indescriptibles produites par un<br />
voyage au-delà des frontières ou par l’arrivée<br />
d’un étranger sur ses terres. Pour cela, le<br />
chorégraphe a choisi un <strong>en</strong>droit qu’il considère<br />
comme «emblématique de notre histoire<br />
coloniale», le muséum d’Histoire naturelle<br />
ainsi que la chapelle des Jésuites de la ville de<br />
Nîmes. Dans ces lieux publics s’insèr<strong>en</strong>t des<br />
histoires qu’on ne trouve pas dans les livres<br />
d’école. Des histoires parfois locales, comme<br />
les portraits d’Anna-Katharina Scheidegger,<br />
de ces travailleurs indochinois am<strong>en</strong>és <strong>en</strong><br />
France <strong>en</strong> 1914 qui ont apporté, par exemple,<br />
leur savoir à la riziculture camarguaise (voir p<br />
70). Parfois touchantes comme la r<strong>en</strong>contre<br />
émouvante <strong>en</strong>tre la mère de l’artiste turque<br />
Ferhat Özgür qui porte le foulard traditionnel<br />
et échange ses vêtem<strong>en</strong>ts avec sa voisine, une<br />
professeure habillée de façon moderne. Parfois<br />
illégales comme The Mapping Journey Project,<br />
de l’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili,<br />
qui montre à travers 8 vidéos ces migrants<br />
racontant leur parcours <strong>en</strong> dessinant sur la<br />
carte officielle leur propre carte clandestine.<br />
Le concert des tal<strong>en</strong>tueux Ballaké Sissoko et<br />
Vinc<strong>en</strong>t Segal a donné l’occasion d’admirer le<br />
flux int<strong>en</strong>se des notes délicates de la kora,<br />
une harpe-luth Mali<strong>en</strong>ne à 21 cordes, et le<br />
génie du violoncelliste qui pince, frappe, et<br />
fait vibrer les cordes de son instrum<strong>en</strong>t avec<br />
une aisance déconcertante.<br />
Quant à Nadia Beugré, c’est sur scène qu’elle<br />
trouve ses Quartiers libres. La danseuse<br />
<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d une lutte effrontée contre un<br />
monde asservissant, symbolisé par ce câble de<br />
micro <strong>en</strong>chainé à son cou, ou <strong>en</strong>core cette<br />
multitude de bouteilles <strong>en</strong> plastique vides<br />
dont elle est recouverte. Cette vision<br />
particulière du monde est le fruit du<br />
croisem<strong>en</strong>t des cultures qu’elle a vécues et<br />
permet ainsi la création d’œuvres aussi<br />
précieuses qu’uniques !<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
L’exposition Histoires parallèles : pays mêlés<br />
s’est t<strong>en</strong>ue au muséum d’Histoire naturelle<br />
et à la chapelle des Jésuites<br />
du 7 mars au 28 avril, Nîmes<br />
Ballaké Sissoko et Vinc<strong>en</strong>t Segal ont joué<br />
le 19 avril au Théâtre de Nîmes<br />
Quartier Libres a eu lieu le 20 avril<br />
à l’Odéon, Nîmes<br />
Service ferroviaire<br />
maximum<br />
Dénicher des musici<strong>en</strong>s tal<strong>en</strong>tueux des quatre coins de la<br />
planète, B<strong>en</strong>jamin MiNiMuM <strong>en</strong> a l’habitude à travers Mondomix,<br />
magazine de référ<strong>en</strong>ce des musiques du monde dont<br />
il est le rédacteur <strong>en</strong> chef. Lorsque ses amis de la Mesón lui<br />
ont proposé une carte blanche, il <strong>en</strong> a profité pour faire coup<br />
double : prés<strong>en</strong>ter aux Marseillais l’univers underground naïf<br />
des m a r y s e et leur création commune Ferroviaire. La r<strong>en</strong>contre<br />
<strong>en</strong>tre la musique acoustique et ludique des sœurs<br />
jumelles parisi<strong>en</strong>nes d’origine philippine et les mix bruitistes<br />
de l’artiste reporter donne vie à un tableau musical aux<br />
pigm<strong>en</strong>ts urbains d’ess<strong>en</strong>ce traditionnelle.<br />
Rappelant Björk ou <strong>en</strong>core Camille, les m a r y s e jou<strong>en</strong>t, au<br />
s<strong>en</strong>s propre, avec une multitude d’instrum<strong>en</strong>ts (principalem<strong>en</strong>t<br />
du violon et de la harpe) ou d’objets dont elles ont décidé qu’ils<br />
le devi<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t. Petits cris tribaux et soupirs s<strong>en</strong>suels <strong>en</strong><br />
boucle, ambiance minimaliste, elles sembl<strong>en</strong>t s’inspirer aussi<br />
bi<strong>en</strong> de l’air que du feu, de l’eau que de la terre. Des morceaux<br />
auxquels les collages sonores de MiNiMuM, réalisés à partir<br />
de sons <strong>en</strong>registrés <strong>en</strong>tre autres dans la gare Saint-Charles,<br />
font étonnamm<strong>en</strong>t écho. T.D.<br />
© X-D.R<br />
B<strong>en</strong>jamin MiNiMuM<br />
et m a r y s e ont<br />
prés<strong>en</strong>té Ferroviaire<br />
le 5 avril à la Mesón,<br />
à Marseille<br />
An Pierle © X-D.R<br />
An Pierlé,<br />
une sobre<br />
mélancolie<br />
Elle a voulu r<strong>en</strong>ouer avec ses premières amours. Un tête-à-tête avec son<br />
piano. Sur scène, la formule lui réussit toujours aussi bi<strong>en</strong>. An Pierlé<br />
a égalem<strong>en</strong>t retrouvé avec un plaisir affirmé le Poste à Galène, salle qui<br />
l’avait accueilli avec son groupe de rock White Velvet. Cette fois-ci,<br />
l’exc<strong>en</strong>tricité de l’artiste belge n’est pas dans ses mélodies poétiques<br />
aux arrangem<strong>en</strong>ts tout <strong>en</strong> sobriété. C’est plutôt <strong>en</strong>tre deux ballades<br />
que la blonde dévie. Reconnaissant elle-même que les morceaux de<br />
son dernier album, Strange Days, ne sont pas d’une grande gaîté, elle<br />
plaisante avec la mélancolie de certains textes, tous <strong>en</strong> anglais.<br />
S’amuse à aguicher le public, assise sur un ballon de grossesse <strong>en</strong> guise<br />
de tabouret de piano. À presque 39 ans, elle évolue dans un univers<br />
malicieux. Sa voix puissante et limpide, dont elle joue avec s<strong>en</strong>sualité<br />
et espièglerie, rappelle inévitablem<strong>en</strong>t celle de Kate Bush. R<strong>en</strong>due<br />
célèbre <strong>en</strong> France par une version cocasse d’Il est cinq heures de<br />
Jacques Dutronc, An Pierlé a fait de la reprise une spécialité.<br />
Aujourd’hui, c’est le tube de Talk Talk, Such a shame, qu’elle se<br />
réapproprie avec la douceur <strong>en</strong>voutante qui la caractérise.<br />
THOMAS DALICANTE<br />
An Pierlé s’est produite le 25 avril au Poste à Galène à Marseille
46<br />
M<br />
USIQUE<br />
L’esprit d’inv<strong>en</strong>tion<br />
Sur son luxueux clavecin à pédalier<br />
(copie d’un instrum<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong><br />
du XVIII e siècle), sonore, conçu<br />
pour l’opéra, le 11 avril <strong>en</strong> la Salle<br />
Musicatreize, Freddy Eichelberger<br />
<strong>en</strong>tame une desc<strong>en</strong>te chromatique<br />
qui rappelle la Chaconne illustrant<br />
la Mort de Didon de Purcell. À ce<br />
figuralisme baroque, le claveciniste<br />
superpose des arpèges qui<br />
frapp<strong>en</strong>t illico l’oreille… Malgré<br />
l’incongruité proposée, on reconnait<br />
une fameuse intro, d’ordinaire jouée<br />
à la guitare, celle du tube de Led<br />
Zep : Stairway to heav<strong>en</strong> ! Mais où<br />
donc veut nous conduire le musici<strong>en</strong>,<br />
à l’issue d’une heure d’improvisations<br />
virtuoses, classiques, un brin<br />
monocordes, durant laquelle il a<br />
r<strong>en</strong>oué avec l’esprit d’inv<strong>en</strong>tion<br />
de Bach, après qu’il s’est joué du<br />
Opéra Série A ?<br />
contrepoint et des susp<strong>en</strong>sions,<br />
de la basse continue et des marches<br />
harmoniques, d’ornem<strong>en</strong>ts,<br />
L’idée d’assister à trois plombes d’opéra seria, même mozarti<strong>en</strong>, faisait<br />
craindre qu’Orphée cédât à… Morphée ! C’est que le livret de La Clém<strong>en</strong>ce<br />
de Titus n’a pas l’allant des trois grands opéras écrit par Da Ponte.<br />
Foin de la comédie dans ce testam<strong>en</strong>t du g<strong>en</strong>re créé trois mois avant<br />
la mort de Mozart. On y trouve toutefois des ressorts, comme au final<br />
du 1 er acte, quand les quiproquos nou<strong>en</strong>t une situation captivante, le<br />
Capitole flambe et qu’on manque d’assassiner l’empereur… et qu’un<br />
magnifique Quintette avec chœur, aussi, fonde un sommet de l’histoire<br />
de l’Opéra.<br />
Finalem<strong>en</strong>t conquis, le public a cédé à la perfection de récits, aux merveilles<br />
d’arie… à une riche distribution et la direction minimale, épousant<br />
le chant, de Mark Shanahan. La mise <strong>en</strong> scène de David Mc Vicar (Festival<br />
d’Aix 2011), souligne la gémellarité de l’ouvrage avec La Flûte<br />
<strong>en</strong>chantée : car La Clem<strong>en</strong>za di Tito se nourrit aussi de symboles maçonniques.<br />
Quand Titus apparait, souverain éclairé rayonnant dans son<br />
habit des Lumières (Paolo Fanale superbe ténor), c’est le jeune Tamino<br />
qu’on imagine, après qu’il aurait remplacé Sarastro à la tête du Temple,<br />
mais étrangem<strong>en</strong>t protégé par une poignée de sbires aux postures (un<br />
peu ridicules) de samouraïs. Seule la blanche Servilia (Clém<strong>en</strong>ce Barrabé,<br />
jeune soprano française pleine d’av<strong>en</strong>ir) est <strong>en</strong> mesure de suppléer<br />
sa Bérénice (Pamina ?) perdue. Sinon, Rome est <strong>en</strong> noir, <strong>en</strong> prise aux passions<br />
! En tête, la diabolique Vittelia (héroïque Teresa Romano !) qui<br />
se démarque toutefois de la «Reine de la nuit» lorsqu’elle trouve la<br />
voie de l’Initiation. L’œuvre vire au rouge au final, celui du cœur, certes,<br />
mais aussi du sang, plaie ouverte dans l’esprit de Titus, meurtri, trahi<br />
par son ami Sesto (belle Kate Aldrich <strong>en</strong> travesti !) gagné à son tour<br />
par la confusion des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts qu’exprim<strong>en</strong>t si bi<strong>en</strong> les ultimes accords<br />
syncopés de l’orchestre.<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
La Clém<strong>en</strong>ce de Titus<br />
de Mozart a été<br />
prés<strong>en</strong>té<br />
du 4 au 12 mai<br />
à l’Opéra de Marseille<br />
© Christian Dresse<br />
© Lucas Belhatem<br />
Freddy Eichelberger © Robin Davies<br />
Pharaonique<br />
modes ou chorals, pour former une<br />
espèce de vaste «Suite» baroque ?<br />
L’empilage final affiche une «collision»<br />
frappante, originale, dont<br />
les flèches s’oppos<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> s<strong>en</strong>s<br />
inverse… Car on ne sait s’il faut<br />
suivre la «mise au tombeau» ou<br />
«l’asc<strong>en</strong>sion» au Paradis ?<br />
On n’aura pas de réponse… si ce<br />
n’est un délicieux bis offert sous<br />
la forme de variations sur une mélodie<br />
<strong>en</strong>têtante, «tube» égalem<strong>en</strong>t…<br />
mais d’un autre temps : «Une jeune<br />
fillette» qu’on a «r<strong>en</strong>du nonette»<br />
et qui «n’att<strong>en</strong>d que la mort»…<br />
On la fredonne à l’issue d’un programme<br />
plaisant, mais qu’on aurait<br />
p<strong>en</strong>sé plus «iconoclaste», usant<br />
trop peu, hormis quelque ostinato<br />
contemporain ou tango chaloupé,<br />
de recyclages, métissages…<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
En ce début de printemps, l’Opéra de Toulon a programmé<br />
Aïda, un des imm<strong>en</strong>ses succès lyriques de Verdi, dans une<br />
reprise de production de l’Opéra de Nice. Commande créée<br />
<strong>en</strong> 1871 au Caire alors que le compositeur était au sommet<br />
de son art, cet ouvrage lyrique surpr<strong>en</strong>d par son sujet<br />
exotique mais aussi par ses proportions imposantes. Verdi<br />
prônant la libération du joug ? On aurait tort <strong>en</strong> tout cas d’y<br />
voir un simple exercice de style ori<strong>en</strong>taliste destiné à mettre<br />
<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce un tal<strong>en</strong>t que nul ne contestait à l’époque. En<br />
effet, le compositeur dans son souci de réalisme jetait déjà<br />
les bases de ce qu’allait dev<strong>en</strong>ir plus tard le vérisme, <strong>en</strong><br />
explorant l’intimité de ses personnages avec une infinie<br />
délicatesse tout <strong>en</strong> offrant une synthèse musicale des<br />
traditions française, itali<strong>en</strong>ne et allemande.<br />
Fort d’un plateau vocal puissant et homogène sur le plan<br />
dynamique, et de premiers rôles vocalem<strong>en</strong>t convaincants<br />
malgré les graves peu sûrs du rôle titre (Mardi Byers), ce<br />
spectacle mettait <strong>en</strong> lumière cette recherche de vérité dans<br />
l’expression des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Cep<strong>en</strong>dant, les décors massifs<br />
et monum<strong>en</strong>taux, ainsi que la prés<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> nombre des<br />
chœurs auxquels s’ajoutait parfois un ballet, confinai<strong>en</strong>t<br />
parfois les protagonistes dans un statisme dommageable et<br />
étouffai<strong>en</strong>t une mise <strong>en</strong> scène très classique inspirée par une<br />
Égypte Antique de carte postale. Fort heureusem<strong>en</strong>t, la<br />
direction souple et aéri<strong>en</strong>ne du chef Alberto Hold-Garrido<br />
a su avec bonheur éviter l’écueil d’un style orchestral<br />
imposant et parfois pompier, tout <strong>en</strong> ménageant un espace<br />
confortable aux chanteurs.<br />
ÉMILIEN MOREAU<br />
Aïda a été prés<strong>en</strong>té du 7 au 13 avril à l’Opéra de Toulon
Répertoire et création<br />
contemporains<br />
Le festival les Musiques du GMEM s’éclate <strong>en</strong>tre<br />
Aperghis et Dusapin<br />
O M<strong>en</strong>sch © Marthe Lemelle<br />
Donati<strong>en</strong>ne Michel-Dansac © Mikael Libert<br />
Ça redonde et bégaie le 3 mai à La Criée, s’accumule<br />
et récite… musique des mots, chant schizo, gymnastique<br />
des tocs et des maux de mémoire… chez<br />
Georges Aperghis, ce compositeur qui explore depuis<br />
quarante ans l’univers singulier du «théâtre musical» !<br />
Inspirée du quotidi<strong>en</strong>, sa langue, poétique, absurde<br />
et drôle, a trouvé son clown blond, burlesque, au visage<br />
angélique : Donnati<strong>en</strong>ne Michel-Dansac. Depuis<br />
près de dix ans, elle jongle <strong>en</strong>tre Tourbillons et Calmes<br />
plats (1989-92) et des textes, fragm<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> inserts,<br />
d’Olivier Cadiot. Au prix d’un travail scénique colossal,<br />
d’une précision métronomique, une heure durant,<br />
l’artiste joue de décalages, cassures de rythmes et de<br />
la voix, des int<strong>en</strong>tions, alors que son visage projeté<br />
sur écrans <strong>en</strong> jardin et cour, guide le spectateur dans<br />
un jeu subtil de champ-contrechamps, chant-contrechants,<br />
au croisem<strong>en</strong>t des arts. Brava !<br />
Un couple d’heures plus tard, alors que sur les quais<br />
du port Flammes et Flots bat son plein, l’Ensemble<br />
C Barré (dir. Sébasti<strong>en</strong> Boin) livre un programme qu’on<br />
considère aujourd’hui comme classique. Pourtant, le<br />
geste créateur de Ligeti dans son Concerto pour violoncelle<br />
(1966) conserve toute sa force d’antan : un<br />
continuum sonore qui dévoile toute une palette de<br />
textures, jusqu’au sil<strong>en</strong>ce (certes, brouillé par les flonflons<br />
de la fête extérieure) et sa cad<strong>en</strong>ce fantomatique<br />
(Alexis Descharmes). X<strong>en</strong>akis aussi, et son architecture<br />
chaotique, strid<strong>en</strong>te et mécanique, déshumanisée<br />
(Thalleïn, 1984), ou le masque pointilliste de Donatoni<br />
(Flag, 1987), gravit<strong>en</strong>t autour d’opus de Pascal<br />
Dusapin Ces derniers mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> jeu la voix (Françoise<br />
Kubler) dans un folklore dépouillé d’accroches<br />
géographique et temporelle (Ask, 1987), l’exclamation<br />
douloureuse (Ô Berio, 2006) ou la relation<br />
dantesque au Créateur (Comoedia, 1992). Une complexité<br />
où chacun peut trouver son chemin, suivre<br />
une voie énigmatique… au demeurant stimulante !<br />
L’héritage allemand<br />
O M<strong>en</strong>sch est le fruit de la r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre Pascal<br />
Dusapin et l’œuvre de Nietzsche. Créé le 30 avril à<br />
la Criée <strong>en</strong> 27 mom<strong>en</strong>ts, dont 4 Interludes au piano.<br />
Nietzsche ne résume t-il pas tout l’héritage romantique<br />
germanique ? Dusapin aime ce vague, sa lumière<br />
douce, l’homme qui erre dans le brouillard, le dépouillem<strong>en</strong>t,<br />
le voyageur… Ces mille peintures défil<strong>en</strong>t<br />
à travers O M<strong>en</strong>sch, un «opéra» pour baryton et piano<br />
appuyé par des vidéos, des jeux de lumières, des<br />
ajouts de musique concrète. Les textes provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
de poésies de jeunesse puis d’aphorismes, et construis<strong>en</strong>t<br />
un parcours, qui part du rejet de Wagner à<br />
travers le Prélude de Tristan, que Dusapin se plaît à<br />
r<strong>en</strong>dre besogneux sous les doigts magiques de Vanessa<br />
Wagner ; car Nietzsche fut si déçu par Wagner<br />
tombant aux pieds de la croix (Parsifal 1883) ! Ayant<br />
découvert le Sud, Naples, l’Italie, Nietzsche souhaite<br />
une mutation du goût et Carm<strong>en</strong> le fascine. Mais comm<strong>en</strong>t<br />
se libérer de Wagner ? Georg Nigl représ<strong>en</strong>te<br />
cette puissance dans la lutte, incarnant la musique<br />
inclassable, expressive, l<strong>en</strong>te ou vivace, tonale, atonale,<br />
méta tonale, habitée d’images de films expressionnistes<br />
(Fritz Lang, Murnau). Les accords l<strong>en</strong>ts sont<br />
<strong>en</strong>trecoupés de longues plages de sil<strong>en</strong>ces d’une<br />
troublante l<strong>en</strong>teur : C’est la guerre qui grandit. Le<br />
baryton-acteur, impressionnant, exploite tous les<br />
registres de sa voix si souple, de la basse profonde<br />
au contre ténor, voix de tête pour les passages plus<br />
exaltés, légers ou philosophiques. En contorsions<br />
inspirées de photographies anci<strong>en</strong>nes, il est tour à<br />
tour clown, acrobate, funambule, p<strong>en</strong>seur. Il s’éveille<br />
au désir, convoque une soif de méchanceté. Puis<br />
bondit comme l’oiseau sur les toits : le piano devi<strong>en</strong>t<br />
joueur, modal. Jusqu’à ce qu’un aigle convoque la<br />
nuit, l<strong>en</strong>to, voix de tête, le v<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fond.<br />
Dieu est mort, mais cette musique contemporaine<br />
est bi<strong>en</strong> vivante.<br />
JACQUES FRESCHEL ET YVES BERGÉ<br />
Voir égalem<strong>en</strong>t Siwa p 43 et V<strong>en</strong>ue d’ailleurs p 40<br />
Tradition,<br />
prolongem<strong>en</strong>t<br />
et<br />
fusion<br />
Philippe Boivin, compositeur, professeur<br />
au CFMI, s’est lancé dans<br />
un pari d’écriture assez fou, <strong>en</strong><br />
mêlant les polyphonies de Musicatreize<br />
aux sonorités traditionnelles<br />
du gamelan Bintang Tiga, dirigé<br />
par Gaston Sylvestre ! La création<br />
Trio Bhuwana (id<strong>en</strong>tité bouddhique<br />
des trois mondes) se décline<br />
<strong>en</strong> deux parties : Swah Swara et<br />
Bhur Gong. Elle associe des poèmes<br />
sur la méditation, le savoir, et se<br />
conclut par une pièce étrange et<br />
puissante (Syllabaire des consonnes)<br />
où les basses lugubres figur<strong>en</strong>t<br />
la mort. La seconde partie fait apprécier<br />
le duo des 2 soprani (Kaoli<br />
Isshiki et Claire Gouton) comme<br />
deux flûtes solistes sur des textes<br />
de Jean-Antoine de Baïf et François<br />
Villon. Les notes du gamelan<br />
étant dans une gamme non tempérée,<br />
Roland Hayrabédian a du<br />
jongler, dans sa direction et son<br />
écoute, avec des problèmes de<br />
hauteurs, r<strong>en</strong>dant un <strong>en</strong>semble<br />
parfois instable, la résonance des<br />
gongs, xylophones, métallophones,<br />
percussions brouillant, <strong>en</strong> nappes<br />
sonores et gammes p<strong>en</strong>tatoniques,<br />
les échelles plus tonales des parties<br />
vocales. La musique cyclique<br />
dans l’esprit de la tradition balinaise<br />
et javanaise, où l’individu<br />
se met toujours au service du collectif,<br />
est r<strong>en</strong>due par un <strong>en</strong>semble<br />
percussif coloré, tons rouge et or,<br />
où chacun pr<strong>en</strong>d sa place, att<strong>en</strong>d,<br />
écoute, partage, s’efface pour<br />
laisser <strong>en</strong>trer les voix. Une énergie<br />
vibratoire pour un pari réussi,<br />
<strong>en</strong>tre tradition et modernité.<br />
YVES BERGÉ<br />
Ce concert a eu lieu le 19 avril à la<br />
Salle Musicatreize, Marseille<br />
© Yves Bergé<br />
47<br />
M<br />
USIQUE
48<br />
M<br />
USIQUE<br />
Entre l’anci<strong>en</strong><br />
et le nouveau<br />
De manière atypique se dessinait<br />
la formation de l’Ensemble Les<br />
Voix animées, pour l’interprétation<br />
du deuxième volet de la<br />
trilogie du cycle Entre terre et mer,<br />
Gaudeamus : une soprano, deux<br />
contre-ténors, deux ténors, un<br />
baryton, Luc Coadou, égalem<strong>en</strong>t<br />
à la direction musicale. Le programme<br />
s’orchestre autour de la<br />
Missa «Viri Galilaei» de Palestrina,<br />
à la jointure <strong>en</strong>tre la R<strong>en</strong>aissance<br />
et le baroque. Vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’intercaler<br />
des motets de Josquin des<br />
Prés et de Tomas Luis de Victoria,<br />
tous deux ayant appart<strong>en</strong>u<br />
comme l’illustre maître à la<br />
Chapelle Pontificale. Les pièces<br />
s’appui<strong>en</strong>t sur l’assise de la basse,<br />
s’élèv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cathédrales, sonn<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> cloches victorieuses, recherch<strong>en</strong>t<br />
la plénitude, s’emport<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> un langoureux vertige. Les<br />
lumières du soir ocr<strong>en</strong>t les murs<br />
de l’abside, les chants des oiseaux<br />
répond<strong>en</strong>t aux chanteurs.<br />
Les voix superbes se gliss<strong>en</strong>t<br />
avec aisance dans ce répertoire,<br />
cisèl<strong>en</strong>t les phrases musicales,<br />
sculpt<strong>en</strong>t la matière, définiss<strong>en</strong>t<br />
de nouveaux et subtils équilibres.<br />
Par trois fois, <strong>en</strong> nappes sonores<br />
aéri<strong>en</strong>nes, juste appuyées par<br />
une pulsation monocorde, le motet<br />
Sicut cervus de Dimitri Tchesnokov<br />
(commande des Voix animées)<br />
auquel <strong>en</strong> bis répondra <strong>en</strong> écho<br />
lointain le Sicut cervus de Palestrina.<br />
Dimitri Tchesnokov, particulièrem<strong>en</strong>t<br />
heureux de pouvoir écrire<br />
pour un tel chœur -deux autres<br />
motets accompagneront bi<strong>en</strong>tôt<br />
Les voix animees, Gaudeamus, abbaye du Thoronet © Bernard Vanste<strong>en</strong>berghe<br />
ce concert-, a écrit, explique-t-il,<br />
ce motet avec le souti<strong>en</strong> de la<br />
SACEM, spécialem<strong>en</strong>t pour ces voix<br />
et le cadre acoustique de l’abbaye<br />
du Thoronet. La qualité du<br />
sil<strong>en</strong>ce qui laisse résonner les<br />
dernières harmoniques, suffit à<br />
<strong>en</strong> dire la réussite.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Le concert a été donné le 14 avril<br />
à l’Abbaye du Thoronet<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
«Music Divine»<br />
le 11 mai<br />
Eglise de l’Immaculée<br />
Conception, Toulon<br />
le 12 mai<br />
Abbaye du Thoronet<br />
06 51 <strong>63</strong> 51 65<br />
www.lesvoixanimees.com<br />
Marseille baroque<br />
En cette année capitale, Jean-Marc Aymes<br />
et l’<strong>en</strong>semble Concerto Soave, nous emmèn<strong>en</strong>t<br />
de Naples à Marseille, à la découverte<br />
de musici<strong>en</strong>s méconnus. Marseille comptait<br />
de nombreux maîtres de chapelle de tal<strong>en</strong>t<br />
aux XVII e et XVIII e siècles ! Le napolitain<br />
Pergolesi est le seul compositeur référ<strong>en</strong>t<br />
du concert, r<strong>en</strong>du immortel par le Stabat<br />
Mater, écrit juste avant sa mort à… 29 ans !<br />
Dans son sublime Salve Regina, la voix de<br />
Maria-Cristina Kiehr se fond dans le legato<br />
des cordes, avec une magnifique montée<br />
chromatique...<br />
Les surprises comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t avec l’Ouverture<br />
de l’opéra Andromaque de Leonardo Leo,<br />
rappelant l’énergie des opéras itali<strong>en</strong>s. L’<strong>en</strong>semble<br />
(10 cordes, basson, clavecin) imprime<br />
de belles <strong>en</strong>volées. On se pose alors dans<br />
la cité phocé<strong>en</strong>ne pour se délecter du Dies<br />
Irae d’Alexandre Louët, né à l’angle de la<br />
rue Grignan et de la rue Paradis <strong>en</strong> 1743 !<br />
La soprano dévoile son art parfait du style<br />
baroque : vocalises, longues t<strong>en</strong>ues, sons <strong>en</strong>flés,<br />
relâchés. L’esprit du concerto grosso<br />
est très prés<strong>en</strong>t ; les musici<strong>en</strong>s s’<strong>en</strong> donn<strong>en</strong>t<br />
à cœur joie, dans un jeu de questionsréponses<br />
jubilatoire, prouvant que les<br />
voyages étai<strong>en</strong>t incessants <strong>en</strong>tre Marseille<br />
et l’Italie. On p<strong>en</strong>se à Corelli, Vivaldi, ou<br />
Gluck et Bach.<br />
De Chalabreuil on ne sait pratiquem<strong>en</strong>t<br />
ri<strong>en</strong>, mais son Exultate Deo a tout le charme<br />
du motet à la française, avec alternance<br />
de vocalises et de phrases plus déclamées.<br />
Une Sonate, brillante et dansante, de Pierre-Gabriel<br />
Buffardin, virtuose et pédagogue<br />
hors pair de la flûte, complète ce riche<br />
programme, qui permet de redécouvrir le<br />
génie de ces compositeurs prov<strong>en</strong>çaux<br />
oubliés, fuss<strong>en</strong>t-il de répertoire !<br />
YVES BERGÉ<br />
Ce concert a eu lieu le 27 avril dans le cadre<br />
du Festival de musique sacrée de Marseille<br />
Concerto soave © Yves Bergé<br />
Des flûtes<br />
pour des violons<br />
L’<strong>en</strong>semble des Festes d’Orphée, spécialisé dans<br />
le répertoire baroque, s’est amusé à décliner les<br />
flûtes dans son dernier concert, Flûtes <strong>en</strong> fête, de<br />
la ténor à la «sopranino». Le programme très éclectique<br />
musarde <strong>en</strong>tre les auteurs baroques. Le<br />
Concerto IV de Schickhardt dont l’allegro aurait<br />
pu servir d’indicatif pour l’anci<strong>en</strong>ne ORTF, laisse la<br />
Canzoni francese de Frescobaldi accorder à la<br />
partie de la viole de gambe une indép<strong>en</strong>dance visà-vis<br />
des flûtes qu’elle ne faisait que sout<strong>en</strong>ir<br />
précédemm<strong>en</strong>t. Boismortier apporte une construction<br />
plus complexe dans un style fleuri et<br />
narratif ; Pachelbel reste très sage avec ses variations<br />
de flûtes <strong>en</strong> canon sur l’ostinato de la viole<br />
de gambe. Michel Corrette ouvre la deuxième partie<br />
la plaçant dans le registre mutin et léger, avec<br />
le Concerto comique La servante au bon tabac où<br />
chacun reconnaît l’air de la comptine. L’<strong>en</strong>train du<br />
morceau fait passer les curieux frottem<strong>en</strong>ts du<br />
Concerto a quatro de Telemann, transcrit pour quatre<br />
flûtes. La Fantazia de Purcell guide alors les auditeurs<br />
dans un univers étrange, travail de demandes<br />
et réponses, échos, auxquels succède l’écriture<br />
lumineuse de Vivaldi dans son Concerto pour quatre<br />
violons transcrit pour flûtes et basse continue.<br />
Le bis quitte totalem<strong>en</strong>t ces univers pour une<br />
œuvre «retrouvée par John Towner Williams»,<br />
dixit <strong>en</strong> souriant Guy Laur<strong>en</strong>t. Il s’agit du thème<br />
d’Indiana Jones qui achève ce concert sinon dans<br />
la création du moins dans la bonne humeur.<br />
M.C.<br />
L’Ensemble des Festes d’Orphée s’est produit le 30 avril<br />
à la Chapelle des Oblats, Aix
Premiers de cordées<br />
Juste après qu’on a assisté à quelques<br />
concerts de musique de chambre dans la<br />
(trop) grande salle du GTP lors du Festival<br />
de Pâques à Aix, on se retrouve le 9 avril<br />
à l’Auditorium de la Timone, dans des conditions<br />
optimales d’écoute et de vision, pour<br />
le dernier récital de la saison 2012-2013<br />
de la Société de Musique de Chambre de<br />
Marseille (SMCM). On y ré<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d le Quatuor<br />
Modigliani, toujours jeune <strong>en</strong>semble<br />
qui s’invite à la Faculté Médecine pour la<br />
5 e fois… <strong>en</strong> à peine dix ans ! De fait, ces<br />
quatre garçons surdoués, dont le parcours<br />
commun est époustouflant, ont comm<strong>en</strong>cé<br />
à jouer <strong>en</strong>semble <strong>en</strong> 2003 : ils souffl<strong>en</strong>t<br />
dix bougies musicales <strong>en</strong> notre compagnie.<br />
On loue, par ailleurs, le «flair» de l’équipe<br />
de Bernard Camau l’intimant à découvrir,<br />
avant tout le monde, de jeunes tal<strong>en</strong>ts !<br />
Dans la salle palissée de bois, près de 500<br />
personnes appréci<strong>en</strong>t l’acoustique nette<br />
du lieu comme la proximité avec les artistes.<br />
Si les quatre instrum<strong>en</strong>ts itali<strong>en</strong>s des<br />
XVII e et XVIII e siècles mett<strong>en</strong>t un temps<br />
avant de trouver leur plein régime, justesse,<br />
cohésion, pâte sonore dans l’Opus 50<br />
n°1 de Haydn ou l’ultime Quatuor n°16 de<br />
Beethov<strong>en</strong>, et de fulgurants mom<strong>en</strong>ts de<br />
grâce inv<strong>en</strong>tive, les Modigliani recouvr<strong>en</strong>t<br />
la hauteur de leur (déjà grand) r<strong>en</strong>om dans<br />
Ravel. Ils nous embarqu<strong>en</strong>t dans la sonorité<br />
soyeuse, féerique et colorée, pointilliste<br />
et expressive du génial Quatuor <strong>en</strong> fa qui<br />
rythma les images d’Un cœur <strong>en</strong> hiver de<br />
Sautet.<br />
La prochaine saison<br />
Placée sous le signe de la jeunesse, d’octobre<br />
2013 à avril 2014, le programme s’appuie<br />
sur de jeunes artistes récemm<strong>en</strong>t et brillamm<strong>en</strong>t<br />
primés à Bordeaux, Vi<strong>en</strong>ne, Pékin,<br />
G<strong>en</strong>ève, New York comme les quatre filles<br />
du Quatuor Zaïde ou, canadi<strong>en</strong>nes, celles<br />
du Cecilia String Quartet pour une étape<br />
dans leur tournée europé<strong>en</strong>ne, les cordes<br />
mixtes du Quatuor Hermès ou la belle<br />
pianiste russe Natasha Paremsky. En duos,<br />
on retrouve Lise Berthaud (alto) et Adam<br />
Laloum, Julian Steckel (violoncelle) et<br />
Paul Rivinius (piano), Nurit Stark (violon)<br />
et Cédric Pescia (piano), <strong>en</strong> trio <strong>en</strong>fin Liana<br />
Gourdjia (violon), Marc Coppey<br />
(violoncelle) et Peter Paul (piano). Traditionnellem<strong>en</strong>t,<br />
la SMCM accueille la<br />
Bi<strong>en</strong>nale Internationale de Quintette à<br />
V<strong>en</strong>t pour une belle affiche de Dixtuors.<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
Dev<strong>en</strong>ir adhér<strong>en</strong>t :<br />
Espace Culture 04 96 11 04 60<br />
Par courrier : Société de Musique de<br />
Chambre de Marseille, 21 Bd Hagu<strong>en</strong>au,<br />
6 allée Ste Colombe 13012 Marseille -<br />
smcm@laposte.net<br />
www.musiquedechambremarseille.org<br />
Quatuor Modigliani © Andrew Fr<strong>en</strong>ch<br />
Abdel Rahman el Bacha © Mitsuta<br />
Abdel Rahman<br />
«le Pacha»<br />
Ce n’est pas Le Vaisseau fantôme que dirige<br />
Fabrizio Maria Carminati au Silo le 12 avril !<br />
De fait, dans la vaste nef de l’anci<strong>en</strong> magasin<br />
à grain transmuté <strong>en</strong> salle de concert, l’Orchestre<br />
de Philharmonique de Marseille possède<br />
un bi<strong>en</strong> «Capitaine», bondissant, électrique…<br />
C’est Wagner, cep<strong>en</strong>dant qu’il conduit à la baguette,<br />
Ouvertures des Maîtres Chanteurs de<br />
Nuremberg et de Tannhäuser : on les voudrait<br />
plus augustes, célestes quand on les trouve<br />
militaires, pompières, grossières... Avec le chef<br />
itali<strong>en</strong>, c’est un peu «Chico» qui s’introduit au<br />
V<strong>en</strong>usberg ! Alors on ferme les yeux, car on se<br />
dit que la vue brouille parfois l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t…<br />
et l’orchestre joue bi<strong>en</strong>, sans faille, ni accroc.<br />
Il aurait sans doute mérité une plus grande<br />
hauteur de vue, échelle de nuances dans l’équilibre<br />
des pupitres, un dessin plus précis des<br />
traits instrum<strong>en</strong>taux dans les tutti…<br />
Aussi, quand il attaque la longue introduction<br />
orchestrale du 1 er Concerto de Brahms, tranchante<br />
comme une hache… on pr<strong>en</strong>d peur !<br />
Mais, ouf, le Silo trouve son «Pacha» ! Dès les<br />
premières mesures du piano, Abdel Rahman<br />
el Bacha impose son tempo, son style, sa<br />
vision détachée, puissante et articulée. Il marie<br />
le souffle romantique au lyrisme mystique, tire<br />
à lui l’orchestre, impose une écoute mutuelle,<br />
oscille <strong>en</strong>tre la fusion et le combat, détaille…<br />
On r<strong>en</strong>oue avec l’ess<strong>en</strong>tiel : la justesse du ton<br />
et l’émotion !<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
49<br />
M<br />
USIQUE
50<br />
M<br />
USIQUE<br />
Alexandre Tharaud © Marco Borggreve<br />
Tharaud l’explosif<br />
Alexandre Tharaud a une élégance naturelle,<br />
et une posture de dandy toujours juvénile. Ses<br />
44 ans passés sembl<strong>en</strong>t une erreur administrative<br />
! D’abord les Neuf pièces lyriques de Grieg,<br />
où le pianiste joue de toutes les atmosphères<br />
chères au compositeur de Peer Gynt : lyrisme,<br />
thèmes populaires, technique parfaite, phrases<br />
larges très affirmées dans le registre grave.<br />
Puis les Kindersz<strong>en</strong><strong>en</strong> op. 15 de Schumann, de<br />
caractère apaisé et passionné, qui contrast<strong>en</strong>t<br />
avec le refus de Wieck d’accorder la main de sa<br />
fille Clara à Robert. Tharaud surpr<strong>en</strong>d par un<br />
jeu parfois assez marqué, puis soudain, plein<br />
de finesse : Der Dichter spricht (le poète parle),<br />
l<strong>en</strong>te, si déchirante.<br />
On att<strong>en</strong>dait la transposition de l’Adagietto,<br />
extrait de la 5 e symphonie de Mahler. Tout aussi<br />
brillant que soit cet exercice de haute volée,<br />
on est très éloigné de l’esprit de l’œuvre : le<br />
génie de Mahler était de r<strong>en</strong>dre invisible, planant,<br />
éthéré son orchestre, cordes à peine effleurées.<br />
Tharaud <strong>en</strong> fait quelque chose de très<br />
symphonique, démarrant par un mezzoforte où<br />
Mahler <strong>en</strong>trait sur la pointe des pieds, nappe<br />
immuable et magique, immortalisée sublimem<strong>en</strong>t<br />
par Visconti (Mort à V<strong>en</strong>ise). Tharaud<br />
a voulu prouver au piano ce que Mahler avait<br />
refusé à l’orchestre, mais transposer le génie<br />
orchestral de Mahler au piano n’est-il pas une<br />
inutile gageure ?<br />
Dans l’Appassionata de Beethov<strong>en</strong>, l’Allegro<br />
ma non troppo est brillant, jouissif, la technique<br />
époustouflante, malgré un Andante con<br />
moto nerveux. Tharaud aime apprivoiser les<br />
résonances finales, maîtriser les ultimes vibrations,<br />
et la main tourne après le sil<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>core,<br />
comme pour dire : j’ai le son que je veux. Un<br />
pianiste exceptionnel, qui sera unique lorsqu’il<br />
trouvera l’équilibre <strong>en</strong>tre technique et humanité,<br />
affirmation et poésie.<br />
YVES BERGÉ<br />
Le récital a été donné le 20 avril<br />
à l’Auditorium du Pharo, Marseille<br />
Verdi ma non troppo !<br />
Foin des «La donna è mobile», «Questa o quella» et autre «De miei<br />
bol<strong>en</strong>ti spiriti» ! Ces airs «ténorissimes» tirés de Rigoletto et La Traviata,<br />
on ne les <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dra pas, lors même qu’ils sont communém<strong>en</strong>t associés<br />
au «Re d’Italia» dont Rolando Villazòn célèbre le bic<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire le 2<br />
mai au Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce ! Le plus beau «lirico» actuel y<br />
repr<strong>en</strong>d seulem<strong>en</strong>t la partie la moins «courue» de son dernier disque<br />
Villazon Verdi publié <strong>en</strong> 2013 pour Deutsche Grammophon.<br />
Pas une concession de la part du franco-mexicain, même <strong>en</strong> bis où<br />
certains att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t de reconnaitre quelques notes familières ! La star<br />
n’<strong>en</strong> a pas besoin pour triompher, faire lever les foules : elle remplit la<br />
salle sur son nom seul, génère une minute d’acclamation lorsqu’elle<br />
n’a pas <strong>en</strong>core ouvert le clapet à contre-ut… Hormis Ah la paterna<br />
mano de Macbeth ou Quando le sere al placido de Luisa Miller, les airs<br />
d’I Lombardi, Il Corsaro ou Oberto écrits par Verdi autour de la tr<strong>en</strong>taine,<br />
contrevi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux us et recettes consistant à livrer à l’auditoire ce qu’il<br />
att<strong>en</strong>d, plutôt que l’emm<strong>en</strong>er vers des terres nouvelles.<br />
Pas d’effet de cirque non plus ! Tout au plus passe-t-il par un si naturel,<br />
<strong>en</strong> début de récital, aigu <strong>en</strong> accroche de funambule : il n’y revi<strong>en</strong>dra<br />
plus ! De surcroit, c’est avec une série de Romanze méconnues du<br />
maître de l’opéra, orchestrées avec gout par Luciano Berio, que<br />
Villazòn l’emporte (avec l’Orchestre National Symphonique<br />
Tchèque), par son tal<strong>en</strong>t propre. C’est qu’à quarante ans le ténor est<br />
au faîte de la maturité : son timbre est d’une beauté lumineuse, art du<br />
chant maîtrisé au<br />
millimètre, un métier<br />
théâtral hors pair<br />
© Agnès Mellon<br />
doublé d’une<br />
personnalité<br />
éminemm<strong>en</strong>t<br />
humaine,<br />
généreuse, dont<br />
la conniv<strong>en</strong>ce, le<br />
s<strong>en</strong>s du partage<br />
avec le public, à<br />
fleur de peau,<br />
ravit !<br />
JACQUES<br />
FRESCHEL<br />
Dans le monde des pianistes<br />
virtuoses, gravit<strong>en</strong>t au firmam<strong>en</strong>t<br />
des interprètes<br />
illustres quelques femmes<br />
d’exception telles que Martha<br />
Argerich ou <strong>en</strong>core la<br />
locale Hélène Grimaud.<br />
Dans cet aréopage très<br />
fermé de dames de caractère,<br />
la pianiste portugaise<br />
Maria Jo o Pires, par son<br />
charisme, sa discrétion, son<br />
amour de la transmission,<br />
est une figure emblématique.<br />
Interprète d’un soir au<br />
GTP dans le Concerto n°2 <strong>en</strong> fa mineur opus 21 du juvénile<br />
Chopin, le public aura pu apprécier l’excell<strong>en</strong>ce de son toucher,<br />
la grâce de son jeu, sans emphase, tout <strong>en</strong> intériorité,<br />
d’une virtuosité aristocratique exempte de démonstration<br />
pyrotechnique comme l’aimait le pianiste polonais. Avec<br />
quelle poésie elle mit <strong>en</strong> valeur l’élégance mélodique du<br />
Larghetto ! Chaque note, chaque ornem<strong>en</strong>tation, pesée, soupesée,<br />
trouva sa juste place au sein d’un discours ciselé,<br />
d<strong>en</strong>telle de mots muets écorchée d’une douce mélancolie. Le<br />
très bel Orchestre de Chambre de Bâle, tout à l’écoute et<br />
au service de la soliste, mit parfaitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> relief la beauté<br />
de cette pièce de pianiste pour pianiste ! Mais le célèbre chef<br />
Trevor Pinnock, à la tête de cet <strong>en</strong>semble tal<strong>en</strong>tueux, bi<strong>en</strong><br />
équilibré, avec une belle pâte de cordes, aurait été bi<strong>en</strong> inspiré<br />
d’<strong>en</strong>tourer le chef-d’œuvre de Chopin d’autres pièces que<br />
l’insipide Siegfried Idyll de Wagner, poème symphonique<br />
interminable <strong>en</strong> hommage à la naissance de son fils et de la<br />
sempiternelle «Jupiter» de Mozart. Mais dès la sortie du concert<br />
ces pièces étai<strong>en</strong>t oubliées et restai<strong>en</strong>t dans les oreilles<br />
les magnifiques pages dessinées par la grande Maria.<br />
CHRISTOPHE FLOQUET<br />
Maria-Joao Pires © Felix Broede<br />
Concert donné au GTP, à Aix, le 4 mai<br />
Madame M.
52<br />
A<br />
U<br />
P<br />
R<br />
O<br />
GR<br />
A<br />
M<br />
M<br />
E<br />
M<br />
USIQUE<br />
Le Gyptis <strong>en</strong> Surprise[s]<br />
L’événem<strong>en</strong>t est majeur à Marseille, émouvant<br />
pour tous ceux ont suivi l’av<strong>en</strong>ture du couple<br />
Chatôt-Vouyoucas dans l’histoire théâtrale de<br />
la ville, au Théâtre de la Belle de Mai depuis 1987<br />
et même une dizaine d’années auparavant au<br />
petit Théâtre Massalia de la rue Grignan… Ti<strong>en</strong>s<br />
on se souvi<strong>en</strong>t avec nostalgie d’un Godot ou<br />
d’un Claudel qu’on y découvrait à l’époque ! Cygnes<br />
blancs, Françoise et Andonis chant<strong>en</strong>t leurs<br />
dernières notes <strong>en</strong> Surprise[s] le 23 mai à 19h15<br />
au Théâtre Gyptis qui devi<strong>en</strong>dra un Pôle image,<br />
sans doute, dans la foulée du départ. Mais<br />
le duo n’a pas manqué de cultiver l’art de la transmission,<br />
car la belle équipe qu’il a formée, et<br />
qui mène maint<strong>en</strong>ant la danse, ne manquera pas<br />
de développer l’ouvrage, explorer de nouvelles<br />
voies… on le dit… à quelques <strong>en</strong>cablures de là !<br />
La musique a toujours occupé une part honnête<br />
de la programmation du Gyptis, <strong>en</strong>core dernièrem<strong>en</strong>t<br />
avec Lettres d’amour et des amours.<br />
Pour cette ultime quinzaine de mai, <strong>en</strong> guise<br />
de flèches du Parthe, comme pour signifier que<br />
le combat continue, noble, tourné vers l’av<strong>en</strong>ir<br />
et la création, c’est l’Ensemble Télémaque qui<br />
joue l’invité Surprise[s] !<br />
D’abord avec la Mort Marraine, beau conte de<br />
Grimm mis <strong>en</strong> musique par Raoul Lay, joué par<br />
Agnès Audiffr<strong>en</strong> et mis <strong>en</strong> scène par Julie<br />
Cordier. Un spectacle à succès, pour tout public,<br />
qui tourne depuis cinq ans. Puis c’est vers<br />
l’un des compositeurs phare de la création contemporaine<br />
que le directeur musical se tourne.<br />
Passion opéra !<br />
Après La Clém<strong>en</strong>ce de Titus, l’affiche de la Place<br />
Reyer reste classique, antique… La reine Cléopâtre<br />
mise <strong>en</strong> musique par Jules Mass<strong>en</strong>et, pr<strong>en</strong>d<br />
la suite du Mozart Imperator ! C’est un «Drame<br />
passionnel» sur le poème de Louis Pay<strong>en</strong> qu’on<br />
suit, qu’on vit, <strong>en</strong>tre la mythique et s<strong>en</strong>suelle<br />
Egypti<strong>en</strong>ne, dompteuse d’aspics, (Béatrice Uria-<br />
Monzon) et son amoureux jusqu’au-boutiste<br />
Marc-Antoine qui trahira et se tuera pour elle<br />
(Jean-François Lapointe)… Et (ouf !), on découvre<br />
un nouveau chef-d’œuvre de l’auteur de<br />
Manon, Thaïs, Le Cid, Werther, C<strong>en</strong>drillon ou Don<br />
Quichotte sur la Canebière, car Cléopâtre n’y a<br />
jamais été représ<strong>en</strong>té depuis sa création posthume<br />
<strong>en</strong> 1914. Pour cette nouvelle production,<br />
on met le paquet : pour la vue, avec le trio<br />
Roubaud / Favre / Duflot et pour l’ouïe, au<br />
La Mort marraine © Agnès Mellon<br />
Thierry Machuel effectue un travail singulier<br />
sur le chant choral, la poésie contemporaine,<br />
explore une nouvelle poétique musicale autour<br />
Gospel, du Nô, des chants traditionnels palestini<strong>en</strong>s,<br />
basques… Si bi<strong>en</strong> qu’aujourd’hui on<br />
étudie son œuvre au baccalauréat !<br />
Nous d’ici-bas<br />
Dans son dernier oratorio, joué le <strong>en</strong> création<br />
mondiale Thierry Machuel évoque à nouveau<br />
service d’un chant français qu’on retrouve toujours<br />
avec plaisir, une distribution royale<br />
<strong>en</strong>richie de Luca Lombardo, l’un des meilleurs<br />
ténors contemporains pour interpréter l’esclave<br />
Spakos dev<strong>en</strong>u amant-fou de la Reine,<br />
ou Kimy Mc Lar<strong>en</strong> <strong>en</strong> Octavie, épouse délaissée.<br />
C’est le «king» Laur<strong>en</strong>ce Foster qui dirige<br />
l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra.<br />
Auparavant, l’Orchestre Philharmonique de<br />
Marseille aura achevé sa saison dans le cadre<br />
de l’ultime concert du 18 e Festival de Musique<br />
Sacrée <strong>en</strong> accompagnant le Chœur PACA (dir.<br />
Michel Piquemal) et un beau quatuor de solistes<br />
dans un programme Dvorak (Psaume, Te<br />
deum et Messe <strong>en</strong> ré majeur).<br />
Le dernier concert de musique de chambre nous<br />
emmène du côté ibéro-latin de Turina, Falla<br />
l’univers carcéral, à partir d’ateliers qu’il a animé<br />
à la prison de Clairvaux (elle fut aussi autrefois<br />
un monastère). Là, aux côtés de musici<strong>en</strong>s<br />
professionnels, comme la soprano Brigitte<br />
Peyré, près d’une c<strong>en</strong>taine de jeunes choristes<br />
marseillais chant<strong>en</strong>t l’ombre et rêv<strong>en</strong>t de lumière,<br />
récit<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t, l’exclusion, l’espoir<br />
et la peur de liberté, intérieure, fantasmée…<br />
chuchot<strong>en</strong>t, trembl<strong>en</strong>t, cri<strong>en</strong>t, questionn<strong>en</strong>t<br />
le sil<strong>en</strong>ce, les conv<strong>en</strong>tions, les flous de la mémoire<br />
et de l’id<strong>en</strong>tité… Un hymne à la vie et<br />
aux songes d’<strong>en</strong>fants !<br />
70 jeunes filles<br />
L’Ensemble Télémaque repr<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>t,<br />
pour la 70 e fois, La jeune fille aux mains d’arg<strong>en</strong>t,<br />
opéra créé <strong>en</strong> 2006, pour comédi<strong>en</strong> (Franck Manzoni)<br />
et marionnettes, chœur et instrum<strong>en</strong>ts,<br />
mis <strong>en</strong> musique par Raoul Lay sur un livret<br />
d’Olivier Py (d’après Grimm), mis <strong>en</strong> scène par<br />
Catherine Marnas.<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
MARSEILLE. La Mort Marraine le 16 mai<br />
à 14h30 et 19h15<br />
SAINT-MARTIN DE CRAU. Le 24 mai à 20h30.<br />
Salle Mistral (scolaire à 14h30)<br />
04 91 39 29 13 www.<strong>en</strong>semble-telemaque.com<br />
Nous d’ici-bas. Le 31 mai à 14h30 et 18h30.<br />
Entrée libre sur réservation<br />
04 91 11 00 91 Théâtre Gyptis<br />
www.theatregyptis.com<br />
www.theatregyptis.com<br />
ou Piazzolla, avec Laur<strong>en</strong>ce Stevaux (soprano),<br />
Elisabeth Soulignac (violon) et Agathe<br />
Dipiro (piano). J.F.<br />
MARSEILLE. Cléopâtre. Les 15, 18, 20 juin à 20h<br />
et le 23 juin à 14h30. Opéra<br />
Confér<strong>en</strong>ce Opéra. Le 8 juin à 15h. Foyer Opéra<br />
et R<strong>en</strong>contre à l’Alcazar. Le 12 juin à 17h.<br />
Salle de confér<strong>en</strong>ce. Entrée libre<br />
Concert Dvorak. Le 29 mai à 20h30.<br />
Eglise Saint-Michel<br />
Musique de chambre Le 25 mai à 17h.<br />
Foyer Opéra<br />
04 91 55 11 10<br />
http://opera.marseille.fr<br />
RetrouveZ sur notre site tous nos articles et d’autres <strong>en</strong>core !<br />
-l’Abécédaire Guédiguian<br />
- Vinc<strong>en</strong>t Peirani 5tet au théâtre Fontblanche, Vitrolles<br />
-Polyphonie System à la Machine à Coudre, MArseille<br />
- Martine Joséphine Thomas au Méjan, Arles<br />
- C’est la faute à Vénus à la Chapelle Saint-Joseph, Marseille<br />
- Orphée aux <strong>en</strong>fers au théâtre du Lacydon, Marseille<br />
- le Sextuor Cattanea au Château des Remparts, Trets<br />
- Barbe Bleue à l’Odéon, Marseille<br />
-Adam Laloum à la Criée, MArseille<br />
- Baptiste Trotignon au GTP, Aix<br />
- Jeanne Garraud à Théâtre et Chansons, Aix<br />
- Choré de Jean-Christophe Maillot au Grimaldi Forum de Monaco<br />
-Le Catalogue de l’exposition Rodin à la lumière de l’antique<br />
- Steph<strong>en</strong> Sondheim de R<strong>en</strong>aud Machart, Actes Sud<br />
- Saint Georges regardait ailleurs de Jabbour Douaihy, Actes sud<br />
www.journalzibeline.fr
Giono salutaire !<br />
Commande 2013 du Festival de Chaillol, dirigé<br />
par Michaël Dian (<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le<br />
GMEM) au Marseillais Georges Bœuf, L’homme<br />
qui plantait des arbres, d’après la nouvelle<br />
de Giono, est créée <strong>en</strong> avant-première dans la<br />
ville du compositeur. Elle essaimera <strong>en</strong>suite<br />
ses graines sonores, sa poésie écolo-humaniste,<br />
fera rimer répertoires et territoires du côté<br />
de Gap et du Champsaur (du 23 au 26 mai<br />
Week-<strong>en</strong>d musicaux & les 24 et 27 juillet Festival).<br />
Quel autre texte que celui du berger<br />
Elzéard Bouffier (prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> 1953 comme auth<strong>en</strong>tique)<br />
peut incarner aussi int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t<br />
l’espoir de la r<strong>en</strong>aissance des vallées alpines ?<br />
À la lecture sobre, «radiophonique» de la comédi<strong>en</strong>ne<br />
Bénédicte Debilly, Georges Bœuf joint<br />
un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t sonore, non illustratif, mais<br />
s<strong>en</strong>sible, explorant la matière acoustique à<br />
l’image de la musique concrète, soulignant les<br />
articulations du récit : ce sont Claudio Bettinelli<br />
aux percussions (minérales, végétales,<br />
collectées dans les Alpes…) et Joël Versavaud<br />
au souffle de ses saxophones, qui traceront<br />
cette harmonie de l’homme et la nature que<br />
chantait Giono.<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
MARSEILLE. L’homme qui plantait des arbres. Le 22<br />
mai à 20h. Salle Musicatreize<br />
04 91 00 91 31 www.musicatreize.org<br />
Joel Versavaud © X-D.R.<br />
Duo et quatuor<br />
Le formidable jeune pianiste David Kadouch<br />
et Edgar Moreau, violoncelliste récemm<strong>en</strong>t<br />
révélé aux Victoires de la Musique 2013, propos<strong>en</strong>t,<br />
dans le cadre du Festival de La Roque<br />
d’Anthéron hors-saison une beau programme<br />
de Sonates de Debussy (n°1), Schubert (Arpeggione)<br />
et Chostakovitch (op.40 – le 21 mai<br />
à 20h).<br />
On poursuit dans l’anci<strong>en</strong>ne halle aux poissons<br />
avec de la musique de chambre et le Jerusalem<br />
String Quartet qui joue les Quatuors n°1<br />
de Smetana, n°3 de Chostakovitch et les Bagatelles<br />
de Mark Kopytman (le 27 mai à 20h <strong>en</strong><br />
part<strong>en</strong>ariat avec Marseille Concerts). J.F<br />
MARSEILLE. La Criée<br />
04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com<br />
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Programme de salle…<br />
L’Ensemble Musicatreize dirigé par Roland<br />
Hayrabedian retrouve son «chez-soi» pour un<br />
beau programme vocal autour du Cycle des<br />
berceuses : deux pièces <strong>en</strong> création de Félix<br />
Ibarrondo et Daniel Tosi s’ouvr<strong>en</strong>t à la lumire<br />
méditerrané<strong>en</strong>ne, nouvelles fleurs <strong>en</strong>racinées<br />
dans la tradition orale et le monde de l’efance.<br />
Maurice Ohana (Berceuse et Sybille) comme la<br />
«liturgie du métal», alchimique Maadann de<br />
Zad Moultaka, complèt<strong>en</strong>t l’affiche (le 12 juin<br />
à 20h).<br />
C’est aussi l’accordéoniste Pascal Contet qui<br />
s’invite dans un programme mixant le baroque<br />
Couperin à la bossa nova ou Piazzolla, comme<br />
le contemporain Bruno Mantovani ou l’inclassable<br />
Jacques Rebotier… (le 14 juin à 20h).<br />
J.F.<br />
Concerts à 20h. Salle Musicatreize<br />
Réservations au 04 91 00 91 31<br />
www.musicatreize.org<br />
De Fuchs à Imbert<br />
Julie Fuchs (Révélation lyrique aux Victoires<br />
de la Musique 2011) est de ces jeunes sopranos<br />
capables de passer de la comédie musicale<br />
ou l’opérette à l’opéra (belle Galatée au Festival<br />
d’Aix 2011 !). On la découvre <strong>en</strong> récital<br />
dans l’écrin aixois (le 24 mai à 20h30. Théâtre<br />
du Jeu de Paume).<br />
On att<strong>en</strong>dait à Marseille la v<strong>en</strong>ue du saxophoniste<br />
Raphaël Imbert, depuis son Mozart<br />
Ellington initié au GTP <strong>en</strong> 2011et la sortie du<br />
disque Heav<strong>en</strong>s Amadeus & the Duke (CD Jazz<br />
Village-harmonia mundi JV 570011). Avec les<br />
sbires jazzy de la Compagnie Nine Spirit, la<br />
voix chaleureuse de Marion Rampal, les cordes<br />
classieuses du Quatuor Manfred ou Flor<strong>en</strong>t<br />
Héau à la clarinette, les éclats du swing d’Ellington<br />
et les Lumières mozarti<strong>en</strong>nes «se fond<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> une seule et même lueur», <strong>en</strong>fin sur la<br />
Canebière ! (le 15 juin à 20h30. Théâtre du<br />
Gymnase).<br />
08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />
Festival<br />
d’Aix-<strong>en</strong>-Avance<br />
Dès la mi-juin, le Festival d’Aix pr<strong>en</strong>d les devants<br />
sur les traditionnelles dates lyriques de<br />
juillet (Don Giovanni, Rigoletto, Elektra… <strong>en</strong><br />
2013). Toute une série de programmes autour<br />
de Francis Poul<strong>en</strong>c, à l’occasion du cinquant<strong>en</strong>aire<br />
de sa disparition <strong>en</strong> 19<strong>63</strong>, est donnée<br />
à Aix (GTP, Hôtel Maynier d’Oppède, Bois de<br />
l’Aune), Rousset et Marseille (La Criée). On<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d Les Mamelles de Tirésias avec les chanteurs<br />
de l’Académie Europé<strong>en</strong>ne de Musique,<br />
«Je fais ce qui me chante», spectacle mis <strong>en</strong><br />
scène par Olivier Balazuc, et sa belle musique<br />
de chambre par des spécialistes du g<strong>en</strong>re (Eric<br />
le Sage, Lise Berhaud, François Salque…).<br />
J.F<br />
Festival d’Aix <strong>en</strong> juin. Hommage à Francis Poul<strong>en</strong>c<br />
du 14 au 18 juin<br />
Programme complet sur www.festival-aix.com<br />
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54<br />
A<br />
U<br />
P<br />
R<br />
O<br />
GR<br />
A<br />
M<br />
M<br />
E<br />
M<br />
USIQUE<br />
ICLA dans la rue !<br />
La bi<strong>en</strong>nale d’art contemporain tunisi<strong>en</strong>ne<br />
Dream City fait escale à l’Estaque et propose<br />
trois parcours artistiques imaginés <strong>en</strong> collaboration<br />
avec les artistes «estaqué<strong>en</strong>s» Jean-Marie<br />
Arnaud Sanchez et Ali B<strong>en</strong>rezkallah. On parcourt<br />
les rues, pénètre des espaces inatt<strong>en</strong>dus,<br />
découvre des créations, installations, performances,<br />
ballades sonores, visuelles... Quai de<br />
la Lave on écoute Solange Baron (accordéon)<br />
et Christina Bini (percussions) interpréter Icla,<br />
pièce de la jeune compositrice itali<strong>en</strong>ne Alice<br />
Berni. Un subtil dialogue, énergique ou hypnotique,<br />
à goûter l’après-midi ! J.F<br />
L’ESTAQUE. Les 18 et 19 mai à 14h, 15h, 15h45,<br />
16h30 et 17h30. Quai de la Lave<br />
www.<strong>en</strong>semble-telemaque.com<br />
De la Terre au ciel<br />
Après les Sonates de Mozart données à Marseille<br />
(Salle Musicatreize) ou le programme De<br />
Naples à Marseille joué au Festival de Musique<br />
Sacrée, Jean-Marc Aymes embarque les<br />
musici<strong>en</strong>s de Concerto Soave pour la V<strong>en</strong>ise<br />
prov<strong>en</strong>çale. Pour le dernier concert de la saison<br />
de la Scène Nationale Les Salins, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />
des merveilles baroques : la cantate Ariane<br />
d’Alessandro Scarlatti, le Salve Regina et des<br />
extraits de l’oratorio La Resurrezione d’Ha<strong>en</strong>del,<br />
servis par la voix unique de María Cristina<br />
Kiehr. J.F.<br />
MARTIGUES. Le 21 mai à 20h30.<br />
Eglise de la Madeleine<br />
04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr<br />
L’Art de la fugue<br />
© Christophe Manquillet<br />
L’une des plus belles œuvres de Bach ! Sa<br />
dernière fugue écrite d’après les lettres (notes)<br />
de son nom (B.A.C.H.) est inachevée, susp<strong>en</strong>due,<br />
au milieu d’une phrase, comme si le Kantor<br />
avait laissé-là… tomber sa plume… définitivem<strong>en</strong>t<br />
pris la «fuite» ! C’est la pianiste Célimène<br />
Daudet qui joue l’opus et dialogue avec les<br />
corps <strong>en</strong> apesanteur du circassi<strong>en</strong> Yoann<br />
Bourgeois, la danseuse Marie Fonte, au gré<br />
d’une scénographie poétique signée Goury. J.F<br />
GAP. Les 30 et 31 mai à 20h30.<br />
Théâtre La Passerelle<br />
04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu<br />
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Toujours le dimanche !<br />
Les quatre dimanches du 26 mai au 16 juin<br />
sont à réserver ! Pour sa 7 e édition, le festival<br />
Autour des Claviers, initié par le Duo KW (les<br />
pianistes Clara Kastler & Hubert Woringer),<br />
nous emporte dans un voyage empli d’évocations<br />
littéraires et musicales.<br />
Dans l’ordre : Diane de Montlivault et l’inénarrable<br />
virtuose François-R<strong>en</strong>é Duchâble<br />
mêl<strong>en</strong>t textes et partitions romantiques, Chopin,<br />
Sand, Liszt, Marie d’Agout, Schumann et<br />
sa Clara («Langages croisés»). Deux générations<br />
de sopranos turques Aytül Büyüksaraç<br />
et Elif G<strong>en</strong>ek, nous font découvrir la musique<br />
classique du XX e siècle de leur pays <strong>en</strong> compagnie<br />
du pianiste Sylvain Souret («Les Voix<br />
d’Izmir»). La jeune Sarah Lavaud met toute<br />
sa s<strong>en</strong>sibilité au service de «Saint-Ex.» avec<br />
maître Bertrand Perier à la lecture («Un Petit<br />
Prince»). Enfin, l’<strong>en</strong>semble Ad Fontes (dir. Jan<br />
Heiting) sout<strong>en</strong>u par le Duo KW jou<strong>en</strong>t la Création<br />
de Haydn et r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t hommage à Poul<strong>en</strong>c<br />
avec son Gloria.<br />
Qualité et éclectisme, deux conditions du<br />
bonheur ? M.C.<br />
LE THOLONET. Les 26 mai, 9 et 16 juin, les dimanches<br />
à 18h30. Eglise St-Joseph, domaine Aubrun. Et le<br />
2 juin à l’Eglise du Tholonet.<br />
04 42 96 96 96 www.autourdesclaviers.com<br />
Dalberto vs El Bacha<br />
Michel Dalberto © J.-P. Raibaud<br />
Ou Schubert vs Beethov<strong>en</strong> ! Deux soirées,<br />
deux magnifiques pianistes, chacun pour un<br />
programme majeur ! Les derniers feux artistiques<br />
de la saison du Théâtre de Nîmes sont<br />
allumés (et <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>us !), lors de deux concerts<br />
<strong>en</strong>chaînés, par Michel Dalberto et Abdel<br />
Rahman El Bacha. Ils interprèt<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t<br />
les quatre ultimes Sonates de Schubert<br />
et Beethov<strong>en</strong>… Monum<strong>en</strong>tal ! J.F<br />
NÎMES. Les 7 et 8 juin à 20h et 22h.<br />
Théâtre de Nîmes<br />
04 66 36 65 10www.theatred<strong>en</strong>imes.com<br />
//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />
Mísia <strong>en</strong> Liberté<br />
© B. Aragao<br />
Voilà une petite vingtaine d’année que l’une<br />
des belles figures du fado moderne, héritière<br />
d’Amália Rodrigues, tangue son train nocturnal,<br />
la «saudade» portugaise, <strong>en</strong>tre passion et<br />
élégance ! Mísia livre, au pied du Faron, un<br />
florilège de son dernier album <strong>en</strong>chanteur : La<br />
Reine de la Nuit. J.F<br />
TOULON. Le 21 mai à 20h30. Théâtre Liberté<br />
04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr<br />
Symphonique<br />
Jean-Christophe Spinosi s’invite à la tête de<br />
l’Orchestre de l’Opéra de Toulon dans Beethov<strong>en</strong><br />
(7 e symphonie), Haydn («L’ours») et le<br />
1 er concerto pour violoncelle de Saint-Saëns avec<br />
Jérôme Pernoo (le 31 mai à 21h30. Opéra de<br />
Toulon).<br />
Jean-François Heisser dirige l’O. L.R.A.P. dans<br />
un programme symphonique et lyrique (Turina,<br />
Ravel, Falla…) augm<strong>en</strong>té de marionnettes<br />
(le 7 juin à 20h30. Opéra d’Avignon). J.F<br />
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr<br />
04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr<br />
Roméo et Juliette<br />
Sonia Yoncheva © Javier Del Real<br />
L’opéra de Gounod, mis <strong>en</strong> scène par Paul<br />
Emile Fourny et dirigé par Alain Guingual !<br />
Les amants de Vérone sont interprétés par<br />
Sonya Yoncheva et Florian Laconi. J.F<br />
AVIGNON. Le 26 mai à 14h30<br />
et le 28 mai à 20h. Opéra<br />
04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr
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Couleurs Urbaines<br />
5 e édition du Festival Couleurs Urbaines dans<br />
le Var avec des stars internationales, les révélations<br />
de demain ou la scène locale. À la<br />
Seyne-sur-Mer : hip hop avec K<strong>en</strong>y Arkana<br />
(30 mai, Bourse du travail), r<strong>en</strong>contre de danse<br />
avec la Battle sur Seyne (15 juin, <strong>en</strong>trée libre) et<br />
Biga Ranx, HK & les Saltimbanks et Flavia<br />
Coelho (14 juin, esplanade Marine sur invitation).<br />
Groundation Meta & The Cornestones<br />
joueront à Six-Fours (31 mai, espace Malraux),<br />
Idir à Ollioules (7 juin, Châteauvallon) et Elisa<br />
Do Brasil à Toulon (8 juin, Bar à Thym). La ville<br />
accueille égalem<strong>en</strong>t une Roller jam session (1 er<br />
juin, Statepark) et la projection du film docum<strong>en</strong>taire<br />
sur la Côte d’Ivoire Sabadou de Samir<br />
B<strong>en</strong>chikh (29 mai, cinéma le Royal).<br />
du 29 mai au 15 juin<br />
Toulon, Six-fours les plages, Ollioules, la Seynesur-Mer<br />
www.festival-couleursurbaines.com<br />
Esprit Musique<br />
Les 3 groupes Lauréats du Concours Jeunes<br />
Tal<strong>en</strong>ts Caisse d’Epargne 2013 sont <strong>en</strong><br />
tournée dans la Région et c’est au Cargo de<br />
Nuit qu’ils offriront leur deuxième date, <strong>en</strong> <strong>en</strong>trée<br />
libre. Les nancé<strong>en</strong>s de Backstage Rodeo<br />
déploieront leur rock underground déjanté<br />
teinté de blues. Mélange disco synthétique et<br />
cold wave avec The George Kaplan Conspiracy<br />
pour une électropop mutine et dansante.<br />
Puis, blues rock psychédélique avec le trio breton<br />
The Same Old Band, qui promet une expéri<strong>en</strong>ce<br />
proche de la transe, avec ses guitares<br />
tortueuses et lancinantes. À l’issue du concert,<br />
les spectateurs repartiront avec la compilation<br />
Esprit Musique #2.<br />
le 22 mai<br />
Cargo de Nuit, Arles<br />
04 90 49 55 99<br />
www.cargod<strong>en</strong>uit.com<br />
Flavia Coelho © Roch Armando<br />
Festival Flam<strong>en</strong>co<br />
Dans le cadre du XXIII e Festival Mai-Diterranée,<br />
le Toursky vibrera au son du flam<strong>en</strong>co<br />
sous la direction artistique de José-Luis Gomez.<br />
Danse d’une dynamique impressionnante<br />
avec Jairo Barrull qui, <strong>en</strong>tre gestes épurés et<br />
aéri<strong>en</strong>s, retrace dans Her<strong>en</strong>cia son héritage<br />
artistique à travers sept générations (le 23 mai).<br />
Un zapateado d’une virtuosité hors du commun.<br />
Le 24 mai, Visitando el Mundo signe le retour de<br />
Chispa Negra qui mêle flam<strong>en</strong>co traditionnel<br />
et reprises de titres de Leonard Coh<strong>en</strong> à Hotel<br />
California. Explosif et virtuose.<br />
IX e Festival International Flam<strong>en</strong>co<br />
les 23 et 24 mai<br />
Théâtre Toursky, Marseille<br />
0 820 300 033<br />
www.toursky.org<br />
Chispa Negra © Nathalie Goux<br />
Les R<strong>en</strong>dez-Vous...<br />
De mai à juillet, les publics sont invités à découvrir<br />
à l’heure de l’apéro des artistes de la<br />
scène musicale régionale. Un festival convivial<br />
et gratuit organisé par le Bureau Intermédiaire<br />
de Production, avec six r<strong>en</strong>contres<br />
musicales qui r<strong>en</strong>ou<strong>en</strong>t avec la tradition populaire<br />
<strong>en</strong> lieu et place de l’emblématique Kiosque à<br />
musique des Réformés et un programme<br />
élargi à des ateliers jeune public et des Djs<br />
chaque soir. Premier r<strong>en</strong>dez-vous avec Mysterlô,<br />
OK Bonnie et Girls on the rocks le 19 mai, Sugarcraft<br />
et Nassim Dj le 2 juin, Bal décalé le 30 juin,<br />
Date With Elvis, Gaïo et Del’Amott le 7 juil et<br />
Hugo Kant, Markovo et Eve Dahan le 21 juil.<br />
Nouvelle destination à l’Estaque avec un R<strong>en</strong>dez-vous<br />
Barg’eau sur une scène flottante, le<br />
15 juin, avec Wayaz, Hyph<strong>en</strong> Hyph<strong>en</strong> et Maniacx.<br />
Les r<strong>en</strong>dez-vous du kiosque<br />
du 19 mai au 21 juillet<br />
Kiosque à musique des Réformés, Marseille 1 er<br />
Espace Mistral de l’Estaque, Marseille 16e<br />
06 84 52 99 15<br />
www.r<strong>en</strong>dezvousdukiosque.fr<br />
www.mp2013.fr<br />
Rona Hartner © Dana Stephane Maitec<br />
OK Bonnie © Marc Thirouin<br />
Mai <strong>en</strong> musique<br />
Carte blanche à Nathalie Joly qui propose p<strong>en</strong>dant<br />
15 jours spectacles musicaux, r<strong>en</strong>contres<br />
d’artistes, confér<strong>en</strong>ce et exposition autour du<br />
thème des Diseuses avec un dytique consacré<br />
au parlé chanté d’Yvette Guilbert. Paris-Bukarest<br />
r<strong>en</strong>dra hommage à la chanteuse roumaine<br />
Maria Tanase (16 au 18 mai), le spectacle sur<br />
la correspondance d’Yvette Guilbert et Freud Je<br />
ne sais quoi (30 mai) succèdera au second<br />
épisode sur le destin de la «Reine du Caf’conç»<br />
dans En v’là une drôle d’affaire (21 au 25 mai).<br />
Confrontation <strong>en</strong>tre Slam et Rap avec à la<br />
participation du groupe DGT Crew, dans Diseuses<br />
d’hier à aujourd’hui (28 et 29 mai).<br />
du 16 au 30 mai<br />
Théâtre de L<strong>en</strong>che, Marseille<br />
04 91 91 52 22<br />
www.theatredel<strong>en</strong>che.info<br />
Les 20 ans de<br />
la Fête du Panier<br />
En plein cœur de Marseille, l’incontournable Fête<br />
du Panier célèbre l’été et son 20 e anniversaire.<br />
L’événem<strong>en</strong>t populaire et festif Marseillais<br />
rassemble durant 2 jours petits et grands <strong>en</strong><br />
alliant propositions artistiques v<strong>en</strong>ues du monde<br />
<strong>en</strong>tier et interv<strong>en</strong>tions associatives, dans le<br />
quartier mythique du Panier. Avec la Cumbia<br />
Chicharra, le duo d’Aixoises Andromakers, le<br />
groupe de jazz funk marseillais Accoules Sax,<br />
les chansons napolitaines et tradition comique<br />
avec I Posteggiatori & Hélène Coriace, l’électro<br />
tsigane de Rona Hartner & Dj’Tagada. Et<br />
<strong>en</strong>core : Ablaye Cissoko, Moussu T e Lei<br />
Jov<strong>en</strong>ts, D’Aqui Dub, Mad Professor, le projet<br />
marseillais Gainsbourg Confid<strong>en</strong>tiel, New<br />
York Gypsy All Stars… À noter égalem<strong>en</strong>t le<br />
21 juin, la v<strong>en</strong>ue du groupe mythique reggae des<br />
années 70, the Abyssinians, et le 22 la performance<br />
originale de l’égypti<strong>en</strong> Mina Ghobrial<br />
qui allie flûte traversière et beat box.<br />
les 21 et 22 juin<br />
Divers lieux, quartier du Panier, Marseille<br />
04 91 91 09 28<br />
www.fetedupanier.com
Sons du Lub<br />
En une journée, les Sons du Lub’ plong<strong>en</strong>t les ruelles<br />
de Beaumont de Pertuis dans une av<strong>en</strong>ture musicale<br />
festive et populaire, la 9 e du nom. 20 concerts donnés<br />
gratuitem<strong>en</strong>t sur 4 scènes, une traditionnelle bourse<br />
aux instrum<strong>en</strong>ts, des spectacles de rue, des ateliers<br />
pour <strong>en</strong>fants. Au programme : les gagnants du Tremplin<br />
Rock Underplane, le blues agricole de Free Beans,<br />
hip hop rock avec Gamac, arabian rock avec Tem<strong>en</strong>ik<br />
Electric, les incontournables Raoul Petite suivis de<br />
Scarecrow. Mais <strong>en</strong>core Solsista, Junky Monkies, la<br />
Pétank Elektro, Nell Sin, Ottilie B et l’opéra comique<br />
Carm<strong>en</strong> par l’OPI. Pour les <strong>en</strong>fants, B.A.B. ou initiation<br />
au répertoire classique avec Famille Maestro. Mirabeau<br />
accueillera égalem<strong>en</strong>t un concert de Lina And.<br />
Et si la pluie s’invite, un chapiteau est prévu.<br />
le 19 mai<br />
Divers lieux, Beaumont de Pertuis<br />
et Mirabeau (84)<br />
06 95 13 97 73<br />
www.arc<strong>en</strong>solasso.fr<br />
Joutes musicales<br />
Au cœur de la Prov<strong>en</strong>ce Verte, la 16 e édition du Festival<br />
des nouvelles musiques traditionnelles du monde,<br />
labellisée Marseille-Prov<strong>en</strong>ce 2013, donne à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />
pour l’occasion les métissages des musiques de la<br />
Méditerranée : les Sérénades du Mélonious Quartet,<br />
la Nouba contemporaine de Montanaro, Mascarimirí<br />
et le GitanistanOrkestra, Françoise Atlan, Sébasti<strong>en</strong><br />
Bertrand et le concert bal Grand’Danse Connection<br />
Club. L’occasion égalem<strong>en</strong>t de relier les <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts<br />
du label Silex depuis 20 ans aux projets accueillis<br />
aujourd’hui au Chantier avec André Ricros, Val<strong>en</strong>tin<br />
Clastrier, Jacques Pell<strong>en</strong> et Eric Barret, Jean-François<br />
Vrod, B<strong>en</strong>jamin Mélia et Belouga Quartet,<br />
Isabelle Bazin, Lo Còr de la Plana…<br />
Joutes musicales de printemps<br />
du 17 au 19 mai<br />
Divers lieux, Corr<strong>en</strong>s<br />
04 94 59 56 49<br />
www.lechantier.com<br />
Jean-Francois Vrod © X-D.R<br />
Le Vaisseau voyageur © X-D.R<br />
Le Monde est chez nous<br />
Organisée par la Régie Culturelle Régionale<br />
dans le cadre de l’année Capitale,<br />
<strong>en</strong> prolongem<strong>en</strong>t des précéd<strong>en</strong>tes Bi<strong>en</strong>nales<br />
autour des pratiques <strong>en</strong> amateur, la<br />
manifestation Le Monde est chez nous<br />
prés<strong>en</strong>te les 8 et 9 juin 40 spectacles gratuits,<br />
800 artistes rassemblés sur 5 scènes<br />
à Aubagne. Musiques, danses et créations<br />
rythmeront ces 2 jours de fête et de<br />
rassemblem<strong>en</strong>t pour «une République des<br />
Musiques» où se côtoi<strong>en</strong>t artistes et citoy<strong>en</strong>s<br />
passeurs de cultures du monde.<br />
La Région Paca, terre d’accueil des ces<br />
artistes issus des rives de la Méditerranée,<br />
met ainsi <strong>en</strong> valeur les «patrimoines<br />
culturels immatériels coexistant sur son<br />
territoire»et développe l’échange des savoirs.<br />
Deux grandes étapes au programme : des<br />
ateliers dédiés à la pratique et à la création,<br />
m<strong>en</strong>és toute l’année par des artistes<br />
de la région, dont un premier r<strong>en</strong>dez-vous<br />
accueilli sur le territoire <strong>en</strong> avant-première<br />
à Cuges-les Pins, le 18 mai, pour l’ouverture<br />
de TransHumance, projet phare de<br />
Scènes de bistrots<br />
BATpointG © Matthieu Wassik<br />
MP2013. Puis le public pourra découvrir<br />
<strong>en</strong> juin les cultures constituant l’id<strong>en</strong>tité<br />
de la région dans un Tour du monde des<br />
cultures de 48h : danses prov<strong>en</strong>çales et<br />
occitanes, capoeira, doudouks arméni<strong>en</strong>s<br />
et tambours africains, rap et chants comori<strong>en</strong>s,<br />
musique tsigane et voix du<br />
monde, balèti et bal sévillan, musiques et<br />
danses de Grèce, de Chine, d’Inde et des<br />
Balkans, traditions juives, soufis, berbères...<br />
Un Passo-carriero méditerrané<strong>en</strong> et<br />
afro-américain composé de 300 musici<strong>en</strong>s<br />
<strong>en</strong> déambulation ouvrira la fête tandis qu’un<br />
village associatif, esplanade Charles de<br />
Gaulle, prés<strong>en</strong>tera les actions artistiques<br />
de nombreuses associations régionales.<br />
Une fête multicolore, fédératrice et métissée<br />
pour un patrimoine et une diversité<br />
culturels partagés.<br />
DE.M.<br />
les 8 et 9 juin<br />
Divers lieux, Aubagne<br />
www.laregie-paca.com<br />
Les artistes de la région<br />
s’invit<strong>en</strong>t à vos tables de<br />
Bistrots de Pays, transformées<br />
<strong>en</strong> scènes de<br />
spectacle pour l’occasion.<br />
20 r<strong>en</strong>dez-vous musicaux,<br />
sout<strong>en</strong>us par la<br />
Région Paca et initiés par<br />
la Régie Culturelle, s’inscriv<strong>en</strong>t<br />
sur le territoire et<br />
notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> milieu<br />
rural. Le Trio Fernandez<br />
distillera son flam<strong>en</strong>co<br />
(le 17 mai à Massoins,<br />
le 18 à Caille et Aiglun),<br />
et BATpointG son hip<br />
hop musette (le 16 à La<br />
Bastidonne, le 18 à Puimichel, le 24 à<br />
Bras d’Asse et le 25 à La Tour-sur-<br />
Tinée). Quant au choro brésili<strong>en</strong> du duo<br />
Luzi-Nascim<strong>en</strong>to et la chanson traditionnelle<br />
des Balbelettes, ils assureront<br />
une tournée régionale à l’automne prochain.<br />
Liste des bistrots concernés sur<br />
www.bistrotdepays.com.<br />
du 9 au 25 mai<br />
04 42 94 92 00<br />
www.regionpaca.fr<br />
www.bistrotdepays.com<br />
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HÉÂTRE<br />
Les Suppliantes<br />
© Raphael Arnaud<br />
Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>t réunit cinquante femmes<br />
et quelques hommes amateurs de la cité<br />
phocé<strong>en</strong>ne, passionnés de théâtre, pour faire<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le texte d’Eschyle et révéler cette<br />
intrigue d’une évid<strong>en</strong>te clarté autour de la<br />
démocratie, du respect des femmes, de<br />
l’étranger, la viol<strong>en</strong>ce et l’hospitalité. Plus d’un<br />
an de travail pour raconter l’histoire des arrières<br />
petites-filles de la prêtresse Lo, fugitives<br />
att<strong>en</strong>dant l’asile dans la plus emblématique des<br />
cités grecques Argos.<br />
du 10 au 13 juin<br />
Théâtre du Gymnase, Marseille<br />
08 2013 2013<br />
www.lestheatres.net<br />
Tartuffe<br />
La musique de Marylin Manson rythme la<br />
reprise du Tartuffe de Molière par Laur<strong>en</strong>t<br />
Delvert. Une intrigue transposée dans une<br />
famille bobo d’aujourd’hui où Tartuffe redevi<strong>en</strong>t<br />
un homme d’église, ange démoniaque<br />
mystérieux, séduisant et repoussant. Le jeune<br />
metteur <strong>en</strong> scène rajoute à la version initiale<br />
c<strong>en</strong>surée une formidable puissance dramatique,<br />
fait tomber les masques et offre à cet Imposteur<br />
un contrepoint autour des dérives destructrices<br />
des religions.<br />
du 23 au 25 mai<br />
La Criée, Marseille<br />
04 91 54 70 54<br />
wwwtheatre-lacriee.com<br />
© Paul Delort<br />
© Brigitte Enguerand<br />
Le jeu de l’amour…<br />
Galin Stoev fait partager son attirance pour la<br />
langue labyrinthique de Marivaux et <strong>en</strong>traine<br />
la Comédie-Française dans sa prose, laissant<br />
maîtres et serviteurs se défier et se pr<strong>en</strong>dre<br />
dans les filets de la confusion amoureuse. En<br />
rapprochant l’espace de la scène et celui des<br />
coulisses, le metteur <strong>en</strong> scène bulgare faire<br />
éclater les contradictions subtiles de l’être<br />
humain et dévoile la cruauté d’un r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t<br />
social éphémère.<br />
Le jeu de l’amour et du hasard<br />
du 29 mai au 1 er juin<br />
La Criée, Marseille<br />
04 91 54 70 54<br />
wwwtheatre-lacriee.com<br />
Mangeront-ils ?<br />
Laur<strong>en</strong>t Pelly met <strong>en</strong> scène la comédie <strong>en</strong> vers<br />
débridée et ins<strong>en</strong>sée de Victor Hugo. Tout<br />
juste créée au théâtre national de Toulouse<br />
(dirigé par le prolifique metteur <strong>en</strong> scène), la<br />
pièce nous plonge dans l’audace et la liberté de<br />
l’auteur, auprès de deux tourtereaux rebelles,<br />
d’une sorcière c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, un clochard céleste,<br />
une nature empoisonnée et des talismans. Et<br />
derrière la fable rocambolesque, Hugo parle de<br />
justice et de vérité, de la puissance des faibles<br />
et de la grandeur des petits.<br />
du 12 au 15 juin<br />
La Criée, Marseille<br />
04 91 54 70 54<br />
wwwtheatre-lacriee.com<br />
© Cordula Treml<br />
© X-D.R<br />
Oh les beaux jours<br />
Qui att<strong>en</strong>drait les Nono dans Becket ? Un<br />
théâtre à l’écriture sèche et serrée, peu<br />
primesautière, maniant plutôt l’humour du<br />
désespoir dans un monde <strong>en</strong> ruine qui ne cesse<br />
de continuer à mourir… Mais ses personnages<br />
sont aussi des clowns, et les cabarets des Nono<br />
ont montré que Serge Noyelle savait être<br />
grinçant. Sa Winnie (Marion Coutris) s’<strong>en</strong>fonce<br />
dans la terre, mais garde des couleurs aux<br />
joues, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant… Godot qu’ils mont<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
novembre.<br />
du 16 mai au 8 juin<br />
Théâtre Nono, Marseille<br />
04 91 75 64 59<br />
www.theatre-nono.com<br />
Reine de beauté<br />
Au cours du Festival Mai-diterranée, la capitale<br />
europé<strong>en</strong>ne de la Culture 2013 slovaque s’invite<br />
au Toursky. Ainsi, le théâtre National de Ko ice<br />
prés<strong>en</strong>te un huis clos tragi-comique de Martin<br />
McDonagh. La comédie met <strong>en</strong> scène une mère<br />
qui refuse toute liberté à sa fille de 40 ans. Sous<br />
les échanges acerbes, la société tout <strong>en</strong>tière est<br />
démontée. Un repas slovaque à la sortie pour<br />
se remettre de ses émotions !<br />
La reine de beauté de Le<strong>en</strong>ane<br />
le 17 mai<br />
Théâtre Toursky, Marseille<br />
0 820 300 033<br />
www.toursky.org
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HÉÂTRE<br />
48 h chrono<br />
L’an dernier la première édition s’était déroulée<br />
dans une convivialité et effervesc<strong>en</strong>ce dignes<br />
<strong>en</strong>fin du bouillon de culture de la Friche, partant<br />
dans tous les s<strong>en</strong>s et ins<strong>en</strong>sé, sauf que quelque<br />
chose se trame là d’irremplaçable. Cette année<br />
rebelote, avec Thierry Bédard <strong>en</strong> maître<br />
d’œuvre qui a proposé aux artistes résid<strong>en</strong>ts de<br />
nous livrer leur vision, actuelle et future, utopiste<br />
ou réaliste, de la ville. Lui même prés<strong>en</strong>te Slums<br />
et La Planète (voir p66), et ses 48h chrono<br />
s’inscriv<strong>en</strong>t dans This is [not] Music (voir p28).<br />
Mais il y aura près d’une soixantaine de<br />
propositions <strong>en</strong> 48h, depuis une visite de la<br />
crèche <strong>en</strong> chanson ou des jardins<br />
communautaires, jusqu’à une séance d’aérobic<br />
township d’Auréli<strong>en</strong> Desclozeaux, <strong>en</strong> passant<br />
par un avant goût musical d’El Cachafaz (Alain<br />
Aubin), une scène embarquée de Radio<br />
Gr<strong>en</strong>ouille, Zinc et Ornicar, de la musique<br />
Nord et Sud…<br />
La compagnie Alzhar, sous la houlette de<br />
Jeanne Poitevin, fait partager sa lecture du<br />
texte apocryphe d’Albert Camus, Le Premier<br />
homme. Il est mis <strong>en</strong> résonnance <strong>en</strong>tre les<br />
acteurs sur scène et la vidéo qui transcrit<br />
l’évolution de cette création depuis 2010 à<br />
travers des ateliers miroirs, réalisés <strong>en</strong> PACA, <strong>en</strong><br />
Tunisie, Algérie, Espagne, Italie… 70 artistes sur<br />
des images de la mémoire méditerrané<strong>en</strong>ne.<br />
Nord et Sud dans nos histoires<br />
le 24 mai<br />
Théâtre du Golfe, La Ciotat<br />
04 42 08 92 87<br />
www.laciotat.com<br />
Balade contée<br />
Sylvie Viéville de la Compagnie Amarande<br />
vous <strong>en</strong>traîne dans une prom<strong>en</strong>ade par les<br />
s<strong>en</strong>tiers (prévoir de bonnes chaussures ! et un<br />
goûter) qu’elle peuple de contes. Les elfes<br />
s’éveill<strong>en</strong>t, lutins, farfadets, gnomes,<br />
apparaiss<strong>en</strong>t. À partir de 8 ans, r<strong>en</strong>dez-vous au<br />
domaine des Marres<br />
le 25 mai à 14h<br />
Simiane-Collongue<br />
04 42 22 62 34<br />
www.simiane-collongue.fr<br />
© B<strong>en</strong>jamin Tavaron<br />
répétitive américaine <strong>en</strong> quatuor pour s’éveiller<br />
le dimanche matin, Unframed de JR qui<br />
s’inaugure, le groupedunes qui fait visiter son<br />
installation, une prom<strong>en</strong>ade dansée d’Appaix,<br />
une visite peuplée de fantômes par l’Erac guidé<br />
par les Parnas, et du côté des intellectuels<br />
Lettre d’une inconnue<br />
Le texte bouleversant de Stefan Zweig est<br />
interprété par Sarah Biasini, dans une mise <strong>en</strong><br />
scène de Christophe Lidon. Un écrivain reçoit<br />
un jour une lettre anonyme, celle d’une femme<br />
qui vi<strong>en</strong>t de perdre son <strong>en</strong>fant et qui avant de<br />
disparaître elle-même lui déclare son<br />
inconditionnelle passion. Un texte éblouissant<br />
que Max Ophuls avait porté au cinéma <strong>en</strong> 1945.<br />
le 24 mai<br />
Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis<br />
04 42 48 52 31<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
© Bonlieu sc<strong>en</strong>e nationale<br />
© F. Lot<br />
© Guy Delahaye<br />
tchacheurs Bruce Bégout et Marc Rosmini,<br />
Christian Salmon, Jean Luc Brisson… Ne<br />
ratez pas non plus les Écrans multiples, docu ou<br />
vidéo expérim<strong>en</strong>tales, fiction même, et télé. Et<br />
surtout, La République Marseille de D<strong>en</strong>is<br />
Gheerbrant proposé par Marseille Objectif<br />
danse (voir p 74). Le tout est gratuit, sauf<br />
exception rare, dans cet «espace public <strong>en</strong><br />
perpétuelle transformation» comme aime à le<br />
dire son directeur Alain Arnaudet. Mais dont<br />
on aimerait qu’il ait les moy<strong>en</strong>s de se<br />
transformer plus efficacem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> espace de<br />
production (voir p 6) ! A.F.<br />
du 17 au 19 mai<br />
La Friche, Marseille<br />
04 91 11 45 <strong>63</strong><br />
www.lafriche.org<br />
Influ<strong>en</strong>ces<br />
«Par quelles influ<strong>en</strong>ces sommes-nous traversés ?<br />
Et comm<strong>en</strong>t ces influ<strong>en</strong>ces diverses color<strong>en</strong>telles<br />
notre perception du monde et de<br />
nous-mêmes ?» Dans son spectacle interactif et<br />
théâtral, Thierry Collet utilise la magie m<strong>en</strong>tale<br />
comme un outil de questionnem<strong>en</strong>t sur notre<br />
libre arbitre. Il établit des parallèles troublants<br />
<strong>en</strong>tre ses procédés de manipulation et ceux des<br />
stratégies de marketing et de publicité… À partir<br />
de 15 ans.<br />
Les 29 et 30 mai<br />
Théâtre de Grasse<br />
04 93 40 53 00<br />
www.theatredegrasse.com<br />
Forever young<br />
Léo et sa sœur Léa reçoiv<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t<br />
de la voix de Gilles, l’ami, l’amant, disparu. Il leur<br />
demande post mortem de se livrer à un Grand<br />
Jeu par lequel ils doiv<strong>en</strong>t fonder une cellule hors<br />
du monde où leurs utopies pr<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t vie. Les<br />
grands thèmes de la vie de la lutte de la mort<br />
sont abordés à travers les textes d’Artaud,<br />
Céline, Ferré, Péguy et tant d’autres. Une révolte<br />
où la vie et la littérature se rejoign<strong>en</strong>t dans une<br />
mise <strong>en</strong> scène de Jean-François Matignon<br />
avec la compagnie Fraction.<br />
le 17 mai<br />
Le Sémaphore, Port-de-Bouc<br />
04 42 06 39 09<br />
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Le Mare nostrum<br />
Dans le cadre de sa résid<strong>en</strong>ce d’auteur au<br />
Conservatoire du Grand-Avignon, Jean-Yves<br />
Picq a travaillé avec les élèves de dernière<br />
année du cycle spécialisé théâtre. C’est au<br />
milieu de la Méditerranée qu’on les retrouve, sur<br />
un radeau de fortune alors qu’ils étai<strong>en</strong>t partis<br />
pour une croisière de luxe… L’occasion de<br />
r<strong>en</strong>dre hommage à la littérature maritime et à<br />
la mythologie.<br />
du 7 au 9 juin<br />
Théâtre des Halles, Avignon<br />
04 32 76 24 51<br />
www.theatredeshalles.com<br />
© X-D.R<br />
Le Dindon<br />
En résid<strong>en</strong>ce artistique à la Fabrik’Théâtre, le<br />
Théâtre du Kronope y crée Le Dindon de<br />
Georges Feydeau, dans une mise <strong>en</strong> scène de<br />
Guy Simon. En plus du délire burlesque et<br />
décalé qu’on leur connaît, le Kronope fera se<br />
confronter les codes de la Commedia dell’arte<br />
avec ceux du vaudeville… Avec cinq comédi<strong>en</strong>s<br />
pour une vingtaine de rôles !<br />
les 24 et 25 mai<br />
Fabrik’Théâtre, Avignon<br />
04 90 86 47 81<br />
fabriktheatre.fr<br />
PinKpunK CirKus<br />
Pink et punk sont deux jumeaux qui viv<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
Ardoisie, près de la Pampa. Après la disparition<br />
soudaine de leur mère, directrice d’un vieux<br />
cirque, ils décid<strong>en</strong>t de repr<strong>en</strong>dre le flambeau,<br />
avec leurs copains Ficelle, joueur de blues, et<br />
Manouche, danseuse de séguedille et<br />
fandango… Joël Jouanneau met <strong>en</strong> scène son<br />
propre texte à la langue fluide et musicale qui<br />
mêle toujours le grave au léger.<br />
le 15 mai<br />
La Passerelle, Gap<br />
04 92 52 52 52<br />
www.theatre-la-passerelle.eu<br />
© Juli<strong>en</strong> Piffaut<br />
© Frederic Iovino<br />
… À la française !<br />
Nouveau cabaret pour l’inclassable Edouard<br />
Baer, qui décide, avec sa troupe de fidèles<br />
lurons, de redorer l’image de la France, pays<br />
dev<strong>en</strong>u mal aimé. Luigi, un de ses personnages<br />
fétiches, devi<strong>en</strong>t VRP attitré d’une Semaine pour<br />
la France, et mènera sa troupe, de chansons<br />
improbables <strong>en</strong> tableaux loufoques, pour une<br />
déclaration d’amour… irrésistible ?<br />
le 16 mai<br />
Théâtre Liberté, Toulon<br />
04 98 00 56 76<br />
www.theatre-liberte.fr<br />
Retour à Argos<br />
Au mom<strong>en</strong>t où Olivier Py (voir p29) les repr<strong>en</strong>d<br />
dans la région et où Jean-Pierre Vinc<strong>en</strong>t les<br />
monte au Gymnase (voir p 56), Irène Bonnaud<br />
revisite elle aussi Les Suppliantes d’Eschyle pour<br />
<strong>en</strong> révéler l’actualité. Elle y associe une réflexion<br />
contemporaine sur «la forteresse Europe», et sa<br />
politique <strong>en</strong>vers les migrants, et met <strong>en</strong> scène<br />
ces demandeuses d’asile nées <strong>en</strong> Afrique,<br />
parties requérir l’hospitalité <strong>en</strong> Europe, pour fuir<br />
le mariage forcé qu’on leur impose <strong>en</strong> Egypte…<br />
les 24 et 25 mai<br />
Théâtre Liberté, Toulon<br />
04 98 00 56 76<br />
www.theatre-liberte.fr<br />
© Daniel Angeli<br />
© Pascal Victor<br />
Les trois Parques…<br />
Dix ans après le premier volet de sa trilogie<br />
Rêve, Evénem<strong>en</strong>t, Souv<strong>en</strong>ir, Jacques Rebotier<br />
donne une suite à son spectacle Les Ouvertures<br />
Sont. Assises dans un nulle part contemporain,<br />
derrière des masques représ<strong>en</strong>tant leurs<br />
propres visages, elles détourn<strong>en</strong>t les discours,<br />
réordonn<strong>en</strong>t le monde et coup<strong>en</strong>t net le cours<br />
des exist<strong>en</strong>ces. Furies, fées ou grâces, elles sont<br />
les réincarnations des figures mythiques<br />
féminines.<br />
Les trois Parques m’att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t dans le parking<br />
les 30 et 31 mai<br />
Théâtre Liberté, Toulon<br />
04 98 00 56 76<br />
www.theatre-liberte.fr<br />
© Victor Tonelli<br />
La locandiera<br />
Mirandolina est une femme libre... Dans son<br />
auberge les hommes de passage la séduis<strong>en</strong>t,<br />
sauf un, chevalier misogyne qui s’est juré de ne<br />
jamais donner son cœur à une femme. En<br />
cherchant à le mettre à g<strong>en</strong>ou, elle tombera<br />
dans le piège qu’elle a fom<strong>en</strong>té, victime des<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts avec lesquels elle aura<br />
imprudemm<strong>en</strong>t joué. Dominique Blanc et André<br />
Marcon font merveille dans les rôles-titres, dans<br />
une mise <strong>en</strong> scène de Marc Paqui<strong>en</strong>.<br />
les 30 et 31 mai<br />
Théâtre Liberté, Toulon<br />
04 98 00 56 76<br />
www.theatre-liberte.fr<br />
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Paysages et campagnes<br />
À l’image du filet auquel se susp<strong>en</strong>dait Bill T.<br />
Jones dans l’un de ses tout premiers combats<br />
avec la pesanteur, dans les années 1980, le<br />
Festival de Marseille ressemble à un <strong>en</strong>trelacs<br />
de géographies, d’écritures, de générations<br />
artistiques. Où s’<strong>en</strong>châss<strong>en</strong>t, avec de belles<br />
lignes de force, 6 créations, 1 première <strong>en</strong> Europe,<br />
7 premières <strong>en</strong> France et 3 grandes compagnies<br />
invitées pour la première fois à Marseille... dont<br />
Bill T. Jones, justem<strong>en</strong>t ! L’<strong>en</strong>semble maillant le<br />
territoire de 9 points de r<strong>en</strong>contres, <strong>en</strong>tre nouveaux<br />
(Villa Méditerranée, Campagne Pastré,<br />
Gard<strong>en</strong>s-Cité des arts de la rue inaugurée à<br />
cette occasion…), anci<strong>en</strong>s (La Criée, le Silo, l’Alcazar-BMVR…)<br />
et retrouvailles (le BNM). Exit la<br />
salle Vallier pourtant plébiscitée par les artistes…<br />
Cette 18 e édition ne déroge pas à la règle<br />
d’un festival «passeur et rassembleur» qui capte<br />
dans sa nasse les figures prestigieuses (Ohad<br />
Naharin, Sasha Walz, Pierre Droulers, Ryoji<br />
Ikeda), les perles souv<strong>en</strong>t insaisissables (Gregory<br />
Maqoma, le plastici<strong>en</strong> suédois Christian<br />
Partos) tout <strong>en</strong> restant à l’écoute des expressions<br />
régionales (Hubert Colas et Sonia Chiambretto,<br />
Christophe Haleb, Georges Appaix,<br />
le Gmem). Enfin, à année particulière, tempo<br />
particulier : le festival comm<strong>en</strong>cera le 19 juin,<br />
profitera des chaleurs de fin d’été <strong>en</strong> compagnie<br />
Bill-T. Jones, Body Against Body © Paul B. Goode<br />
de Christophe Haleb du 29 août au 21 sept<br />
(dans le cadre du nouveau temps fort du BNM<br />
«Août <strong>en</strong> danse»), programmera une création<br />
d’Alexandros Markeas et Eli Commins<br />
portée par Piano et Cie le 5 nov, et jouera même<br />
les prolongations jusqu’au 19 déc avec le<br />
mythique Alonzo King LINES Ballet.<br />
Un programme ambitieux donc, malgré des<br />
péripéties qui mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> danger son financem<strong>en</strong>t<br />
: si la Ville de Marseille reste toujours<br />
aussi fidèle à «son Festival», si Jean-Claude Gaudin<br />
réaffirme années après années sa «fierté»<br />
de ce festival «de stature internationale», le brutal<br />
dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la Région surpr<strong>en</strong>d. Car<br />
ce festival, doté de 1.333 M d’euros par la Ville<br />
de Marseille, a vu le Conseil Régional diminuer<br />
sa participation de 40%, ram<strong>en</strong>ant celle-ci à<br />
50 000 euros. Or le festival de Marseille est un<br />
des rares programmateurs du territoire à coproduire<br />
<strong>en</strong>core des compagnies régionales, et<br />
Apolline Quintrand affirmait que malgré cette<br />
diminution les 120 000 euros affectés à ces productions<br />
n’étai<strong>en</strong>t pas touchés… grâce <strong>en</strong> partie<br />
au grand retour du Conseil Général 13, abs<strong>en</strong>t<br />
depuis 2003 du financem<strong>en</strong>t du Festival, qui<br />
remet la main à la bourse à hauteur de 50 000<br />
euros… On s<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> dans ces affectations et<br />
désaffections des alliances et froids politiques,<br />
dont il faudrait préserver le financem<strong>en</strong>t des<br />
manifestations culturelles, qui ne sont pas des<br />
outils de campagne…<br />
M.G.-G. ET A.F.<br />
Festival de Marseille<br />
du 19 juin au 12 juillet<br />
04 91 99 02 50<br />
www.festivaldemarseille.com<br />
Tous les plaisirs sont permis<br />
La Croisée des Danses ne m<strong>en</strong>t pas qui conjugue<br />
trois écritures portées par deux artistes de<br />
la scène régionale (Système Castafiore installé<br />
à Grasse et Kubilai Khan Investigations à Toulon),<br />
et la compagnie Käfig qui fit le buzz à la<br />
Bi<strong>en</strong>nale de la danse de Lyon <strong>en</strong> 2010 avec Boxe<br />
boxe. Comme Système Castafiore le fit <strong>en</strong> 2009<br />
à la Bi<strong>en</strong>nale de danse de Cannes avec Stand<br />
Alone Zone… Pas de création donc, mais le plaisir<br />
de revoir trois univers à des années lumière<br />
les uns les autres. Gants de velours et sacré<br />
dose d’humour pour Mourad Merzouki qui mixe<br />
Stand alone a Zone, Systeme Castafiore © Karl Biscuit<br />
l’art de l’esquive et du mouvem<strong>en</strong>t dans un ballet<br />
où les droites et les coups de pied s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t<br />
avec virtuosité, où les crochets s’étir<strong>en</strong>t dans<br />
les cordes à l’infini, où les sauts et les rebonds<br />
rythm<strong>en</strong>t les échanges. Un grand jeu de séduction<br />
<strong>en</strong>tre la boxe et le hip hop sur une musique<br />
décalée interprétée par le Quatuor Varèse…<br />
Dans Stand Alone Zone, Karl Biscuit et Marcia<br />
Barcellos orchestr<strong>en</strong>t créatures hybrides, métaphores<br />
poétiques et images de synthèse pour<br />
peindre, au fil des saynètes, un monde visuel à<br />
la lisière du réel et du fantastique. Habitué à se<br />
fondre dans l’espace public, Franck Micheletti<br />
déplace sa compagnie KKI sur le plateau tout <strong>en</strong><br />
la plongeant dans la réalité urbaine. Celle des<br />
mégalopoles dont sont issus ses danseurs :<br />
Suède, Singapour, Mozambique, Hongrie, Japon.<br />
Leur univers sonore mixé <strong>en</strong> live dédoublant,<br />
dans un puissant écho, la t<strong>en</strong>sion des corps<br />
lancés dans la folie des villes.<br />
M.G.-G.<br />
La Croisée des Danses<br />
du 18 au 25 mai<br />
La Croisée des arts, Saint-Maximin<br />
04 94 59 84 59<br />
www.var.fr<br />
Tous dehors<br />
La Scène nationale de Gap offre une fin de<br />
saison c<strong>en</strong>trée sur les arts du cirque et le<br />
théâtre de rue. Après PinKpunK Cirkus de Joël<br />
Jouanneau (15 mai), le collectif Ivan Mosjoukine,<br />
dans De nos jours (notes on the circus)<br />
déroule 80 saynètes sur le quotidi<strong>en</strong>, la vie et<br />
les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts (18 mai, réservé aux adultes). Du<br />
21 au 29 mai, le collectif AOCmêle dans K’Boum<br />
(dès 6 ans, <strong>en</strong> exc<strong>en</strong>trés) humour, performance,<br />
hip hop, danse contemporaine, capoeira et BMX.<br />
Le relai sera passé les 30 et 31 mai au circassi<strong>en</strong><br />
danseur Yoann Bourgeois et la danseuse<br />
Marie Fonte dans l’Art de la fugue, pour un<br />
dialogue des corps <strong>en</strong> apesanteur.<br />
Du 31 mai au 2 juin, Tous dehors <strong>en</strong>fin ! distillera<br />
dans le c<strong>en</strong>tre de Gap et au col de Gleize théâtre,<br />
musique de rue, déambulation, cirque. Au<br />
programme : Urbaphonix de la cie Décor sonore,<br />
Mademoiselle de la cie Jeanne Simone, une<br />
traversée <strong>en</strong> 12 minutes de Phèdre dans Les<br />
Racines par la cie Didascalie & co, Commandos<br />
poétiques des Souffleurs et Cavale de Yoann<br />
Bourgeois avec un duo virtuose qui relativise<br />
avec l’attraction terrestre.DE.M.<br />
Théâtre la Passerelle, Gap<br />
04 92 52 52 52<br />
www.theatre-la-passerelle.eu
Ouverture 22<br />
Comme à son habitude le Ballet National de<br />
Marseille ouvre ses portes pour accueillir deux<br />
créations très différ<strong>en</strong>tes, qu’il coproduit <strong>en</strong> ses<br />
murs : Trikonanga est un solo de danse<br />
indi<strong>en</strong>ne interprété par Hemabharathy Palani,<br />
qui transforme la danse codifiée kuchipudi <strong>en</strong><br />
abstraction sur les triangles du corps… Emio<br />
Greco et Pieter C.Scholt<strong>en</strong> repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la<br />
pièce pour 12 danseurs qu’ils avai<strong>en</strong>t créée <strong>en</strong><br />
octobre pour le Ballet : Double Points :<br />
Extremalism, qui sait à la fois être athlétique et<br />
ondulante, brutale et s<strong>en</strong>suelle…<br />
du 23 au 25 mai<br />
Studio du BNM, Marseille<br />
04 91 327 327<br />
www.ballet-de-marseille.com<br />
À bas bruit<br />
Le circassi<strong>en</strong> Mathurin Bolze poursuit sa<br />
quête artistique autour de la place de l’homme<br />
face à des situations de risque et de solitude. Il<br />
met <strong>en</strong> scène trois artistes (Mitia Fedot<strong>en</strong>ko,<br />
Elise Legros et Cyrille Musy) qui contribu<strong>en</strong>t à<br />
créer le spectacle à partir de récits de<br />
marcheurs, de films, et notamm<strong>en</strong>t celui du<br />
ciné-ethnologue Jean Rouch, Jaguar. Les<br />
acrobaties -roue de hamster à taille humaine,<br />
tapis roulant- figur<strong>en</strong>t toutes les marches,<br />
immobiles, sautillantes ou disloquées, ode à la<br />
prom<strong>en</strong>ade voire à l’errance…<br />
les 24 et 25 mai<br />
Les Salins, Martigues<br />
04 42 49 02 00<br />
www.theatre-des-salins.fr<br />
Extremalism © Agnès Mellon<br />
Nubes<br />
Tous les nuages sont-ils des brebis ? Inspirée de<br />
l’univers de Magritte, la compagnie de danse<br />
madrilène Aracaladanza invite le public (dès 4<br />
ans) à <strong>en</strong>trer dans un monde imaginaire où les<br />
tableaux du peintre devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t support au rêve<br />
et à l’émerveillem<strong>en</strong>t. La créativité débordante<br />
du chorégraphe Enrique Cabrera allie fantaisie,<br />
imagination et magie.<br />
le 29 mai<br />
Théâtre des Salins, Martigues<br />
04 42 49 02 00<br />
www.theatre-des-salins.fr<br />
© Eduardo Garcia Gonzalez<br />
Vinática<br />
Consacrée meilleure interprète par le Prix<br />
national de la danse <strong>en</strong> Espagne à 26 ans,<br />
reconnue pour son audace, sa transgression et<br />
sa souplesse, Rocío Molina prés<strong>en</strong>te sa<br />
sixième création qui porte le titre de celle qui ne<br />
met pas d’eau dans son vin. Dans un décor<br />
inspiré de Brueghel, la danseuse dessine son<br />
flam<strong>en</strong>co transgressif et auth<strong>en</strong>tique,<br />
accompagnée de trois musici<strong>en</strong>s, d’un chi<strong>en</strong> et<br />
de restes d’<strong>en</strong>fance.<br />
le 15 juin<br />
Théâtre de l’Olivier, Istres<br />
0810 006 826<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
© Jean Barak<br />
Aquatique © X-D.R<br />
Gr<strong>en</strong>ade les 20 ans<br />
20 ans après la création du groupe Gr<strong>en</strong>ade, la<br />
chorégraphe Josette Baïz retrace un panorama<br />
éclectique de la danse contemporaine. Un<br />
spectacle rassemblant des extraits du répertoire<br />
de chorégraphes emblématiques : Jérôme Bel,<br />
Philippe Découflé, Michel Kelem<strong>en</strong>is, Angelin<br />
Preljocaj… réinterprété par des danseurs, petits<br />
et grands, d’origines et de cultures différ<strong>en</strong>tes.<br />
le 31 mai<br />
Théâtre de Fos<br />
0810 006 826<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
Danse le Monde !<br />
Le festival Danse le monde ! <strong>en</strong>traine le public<br />
sur le thème de l’Asie, précisém<strong>en</strong>t <strong>en</strong> direction<br />
de la Chine et l’Inde. Un voyage au cœur des<br />
racines de l’écriture chorégraphique avec deux<br />
créations de la compagnie San Tuo Qi :<br />
Aquatique (6 juin) et Dieu Tonnerre (le 7).<br />
Natyarambh<strong>en</strong> de la Cie Natya clôturera la 4 e<br />
édition, le 8 juin, pour une démonstration des<br />
prouesses techniques et rythmiques de la danse<br />
indi<strong>en</strong>ne, dans le respect du répertoire<br />
traditionnel.<br />
du 6 au 8 juin<br />
Théâtre Golovine, Avignon<br />
04 90 86 01 27<br />
www.theatre-golovine.com<br />
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© Christophe Raynaud De Lage<br />
© Felix Vazquez<br />
Tes jambes nues<br />
Immergée tout au long de la saison au cœur du<br />
village de Noves, part<strong>en</strong>aire de la Scène<br />
nationale dans ses tournées Nomade(s), la<br />
chorégraphe Julie Desprairies emmène ses<br />
interprètes, professionnels et amateurs, dans<br />
une danse agricole, emprunte d’universel et<br />
porteuse d’un imaginaire poétique.<br />
le 7 juin<br />
<strong>en</strong> Nomade(s) au Théâtre de Verdure, Noves<br />
Théâtre de Cavaillon<br />
04 90 78 64 64<br />
www.theatredecavaillon.com
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ANSE<br />
Contes tordus<br />
Sur une musique d’Alexandre Meyer, Julie<br />
Nioche et Christophe Huysman ont conçu et<br />
interprèt<strong>en</strong>t ce spectacle où la danse et<br />
l’<strong>en</strong>fance se rejoign<strong>en</strong>t (à partir de 14 ans).<br />
Balles multicolores, drôles de skis, équilibres<br />
improbables, leurs permett<strong>en</strong>t d’évoquer la<br />
précarité inhér<strong>en</strong>te à la vie. Le jeu et l’illusoire<br />
pour atteindre une certaine réalité…<br />
le 18 mai<br />
Théâtre d’Arles<br />
04 90 52 51 55<br />
www.theatre-arles.com<br />
Demain, je n’ai plus...<br />
Anci<strong>en</strong> du collectif AOC, Sylvain Decure se<br />
lance dans la création d’un spectacle solo. Le<br />
chall<strong>en</strong>ge est de taille. Enfermé dans une boîte<br />
vitrée de 60 cm de large sur 2m20 de haut avec<br />
un tas d’objets du quotidi<strong>en</strong>, ce personnage<br />
atypique t<strong>en</strong>te de répondre à sa manière aux<br />
problèmes de l’isolem<strong>en</strong>t du corps et de l’esprit.<br />
Une performance physique unique aussi<br />
burlesque que dramatique.<br />
Demain je n’ai plus ri<strong>en</strong><br />
le 18 mai<br />
Théâtre d’Arles<br />
04 90 52 51 51<br />
www.theatre-arles.com<br />
© Celie Vald<strong>en</strong>aire © Christophe Raynaud de Lage<br />
La Curva<br />
Vinc<strong>en</strong>te Escudero se produisait <strong>en</strong> 1924 dans<br />
un petit théâtre parisi<strong>en</strong> du même nom. À partir<br />
de ce mot, Israel Galvan compose une<br />
chorégraphie superbe, rythmée par le piano jazz<br />
très contemporain de Sylvie Courvoisier, la voix<br />
flam<strong>en</strong>ca d’Inés Bacán, les palmas de Bobote.<br />
Israel Galvan danse, infléchissant les courbes<br />
de l’espace pour créer un univers de t<strong>en</strong>sions<br />
et de courbes. Magnifique !<br />
les 24 et 25 mai<br />
Châteauvallon, Ollioules<br />
04 94 22 02 02<br />
www.chateauvallon.com<br />
À louer<br />
La compagnie belge Peeping Tom, familière du<br />
pavillon Noir qui a programmé tous ses<br />
spectacles, revi<strong>en</strong>t avec les mêmes danseurs,<br />
chanteurs, comédi<strong>en</strong>s. Ils se retrouv<strong>en</strong>t dans un<br />
château hanté où domine l’incertitude, où les<br />
codes spatiaux temporels se perd<strong>en</strong>t. La<br />
virtuosité de la danse et la mise <strong>en</strong> scène<br />
théâtralis<strong>en</strong>t un univers fantasmagorique,<br />
scénographiquem<strong>en</strong>t superbe.<br />
les 15 et 16 mai<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
04 42 26 83 98<br />
www.preljocaj.org<br />
Atonkoun<br />
Serge Somé, originaire du pays Dagara<br />
<strong>en</strong>seigne la danse traditionnelle et afro<br />
contemporaine à l’École de Danse<br />
Internationale Irène Tassembedo et <strong>en</strong> Europe.<br />
Dans Atonkoun, il évoque le thème des<br />
cérémonies funéraires, au son des balafons,<br />
quand les proches vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pleurer le défunt, lui<br />
port<strong>en</strong>t des offrandes. S’inscrivant <strong>en</strong>tre<br />
tradition et modernité, cette chorégraphie joue<br />
sur la plastique et l’énergie.<br />
le 19 juin<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
04 42 26 83 98<br />
www.preljocaj.org<br />
Le Sacre © JC Carbonne<br />
© Felix Vazquez<br />
© Julie Verlind<strong>en</strong><br />
Sacre et Royaume<br />
Deux pièces d’Angelin Preljocaj, pour le<br />
bonheur des spectateurs du GTP. Le Sacre du<br />
Printemps, charnel, puissant, met <strong>en</strong> scène la<br />
danse cruelle du désir ; le Ballet Preljocaj<br />
interprète avec fougue cette œuvre maîtresse<br />
qui revisite sans le dévoyer l’argum<strong>en</strong>t de<br />
Stravinski. Royaume Uni créé pour quatre<br />
danseuses hip hop à Suresne, voit la r<strong>en</strong>contre<br />
de deux esthétiques, et parie que la danse<br />
contemporaine peut introduire du féminin dans<br />
le hip hop. Les énergies se mêl<strong>en</strong>t, créant un<br />
g<strong>en</strong>re nouveau.<br />
Sacre du Printemps/ Royaume Uni<br />
du 23 au 25 mai<br />
Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce, Aix<br />
04 42 91 69 69<br />
www.grandtheatre.fr<br />
Rêv’illusion<br />
Première mondiale au Bois de l’Aune pour cette<br />
création de Taoufiq Izeddiou qui poursuit ainsi<br />
son compagnonnage avec la salle. Cette<br />
chorégraphie veut bousculer les codes,<br />
évoquant ainsi les bouleversem<strong>en</strong>ts qui ont eu<br />
lieu de l’autre côté de la Méditerranée. Une<br />
saine insol<strong>en</strong>ce pour se libérer de la c<strong>en</strong>sure et<br />
de l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t. L’artiste rev<strong>en</strong>dique la folie<br />
pour ses danseurs de la Compagnie Anania.<br />
«Laissez-moi danser le rire !».<br />
Les 7 et 8 juin<br />
Bois de l’Aune, Aix<br />
04 42 93 85 40<br />
www.agglo-paysdaix.fr
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UBLIC<br />
Festival François Cervantes<br />
Il est un résid<strong>en</strong>t assidu un familier des scènes<br />
de la Friche depuis 2004 mais c’est la première<br />
fois que François Cervantes se produira à La<br />
Criée. Ce passionné travaille depuis 20 ans sur<br />
la figure du clown, <strong>en</strong> particulier avec la grande<br />
comédi<strong>en</strong>ne qu’est Catherine Germain-<br />
Arletti. Le Festival qui lui est consacré est<br />
l’occasion de montrer à de nouveaux<br />
spectateurs les multiples facettes du clown<br />
théâtral, individu aussi mystérieux<br />
qu’extravagant. Un mom<strong>en</strong>t composé de quatre<br />
spectacles et d’une r<strong>en</strong>contre-échanges, La<br />
Petite histoire du clown, illustrée avec l’équipe<br />
de la cie L’<strong>en</strong>treprise.<br />
La curiosité des anges met <strong>en</strong> scène la<br />
naissance de deux clowns, Zig et Arletti. Deux<br />
êtres à part et si purs qu’ils n’ont besoin que<br />
très peu de mots pour aller à la r<strong>en</strong>contre de<br />
l’autre. Arletti se retrouvera seule dans le 6 e jour.<br />
Elle qui n’est pas sûre d’être homme, femme…<br />
veut désormais compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t<br />
l’av<strong>en</strong>ture humaine a comm<strong>en</strong>cé à travers les<br />
multiples épisodes de la G<strong>en</strong>èse. Dans Le<br />
concert, Arletti r<strong>en</strong>contre Philippe, un musici<strong>en</strong><br />
pour qui elle se passionne mais qui a une toute<br />
autre conception de la musique, et de l’amour.<br />
Carnages est une fête collective où les clowns<br />
H<strong>en</strong>riette & Matisse<br />
Aussi subtil qu’ingénieux, le chorégraphe<br />
Michel Kelem<strong>en</strong>is fait découvrir au jeune<br />
public l’univers coloré du peintre H<strong>en</strong>ri<br />
Matisse accompagné de l’une de ses muses<br />
préférées, Mademoiselle H<strong>en</strong>riette. Il offre une<br />
mise <strong>en</strong> scène ludique et pétillante sur l’acte de<br />
création savamm<strong>en</strong>t orchestrée par quatre<br />
personnages : l’artiste, le modèle, le pinceau du<br />
trait et celui de la couleur. À partir de 5 ans.<br />
les 14 et 15 mai<br />
Salle Aristide Briand, Saint-Chamond<br />
04 77 31 04 41<br />
www.saint-chamond.fr<br />
© Daniela Nieri<br />
© Agnes Mellon<br />
investiss<strong>en</strong>t les hauts lieux du théâtre et de la<br />
littérature à partir du répertoire des célèbres<br />
clowns du XX e siècle, comme les frères<br />
Fratellini.<br />
Un voyage à suivre étape par étape, pour qu’une<br />
relation unique se crée avec ces personnages<br />
émouvants qui décal<strong>en</strong>t le réel pour ouvrir un<br />
espace onirique. À partir de 11 ans.<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
La curiosité des anges<br />
le 4 juin<br />
Le 6 ème jour<br />
le 6 juin<br />
La Petite histoire du clown<br />
le 7 juin<br />
Carnages<br />
les 6 et 7 juin<br />
Le concert<br />
Le 7 juin<br />
La criée, Marseille<br />
04 91 54 70 54<br />
www.theatre-lacriee.com<br />
Western<br />
Le Sixieme jour © Christophe Raynaud de Lage<br />
Terres<br />
L’un est grand et plutôt terre à terre, l’autre est<br />
petit et naïf. Mais c’est <strong>en</strong>semble qu’ils<br />
s’appropri<strong>en</strong>t une parcelle de terrain. Tout<br />
bascule lorsqu’une jeune femme sans attache<br />
s’invite dans leur propriété et qu’un homme<br />
décrète qu’il a hérité du bi<strong>en</strong>. Une fable<br />
émouvante et philosophique : revisitant le «ceci<br />
est à moi» de Rousseau, Elise Martin traite<br />
avec légèreté des origines de la propriété et de<br />
la socialité. À partir de 9 ans.<br />
Le 15 mai<br />
Théâtre La Colonne, Miramas<br />
04 90 58 37 86<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
le 25 mai<br />
Théâtre de Nîmes<br />
04 66 36 65 10<br />
www.theatred<strong>en</strong>imes.com<br />
«Le western… nous a offert toute une galerie de<br />
héros simples et humains dans lesquels nous<br />
reconnaître». Conteur et acteur d’exception,<br />
Massimo Schuster est un marionnettiste qui<br />
transforme la pacotille <strong>en</strong> rêves éveillés. Grâce<br />
à la dynamique «cinématographique» du théâtre<br />
de papier, il fait voyager petits et grands au plein<br />
cœur du Far West à travers les av<strong>en</strong>tures du<br />
jeune cow-boy Tom, qui n’est autre que… luimême<br />
? À partir de 8 ans.<br />
le 18 mai<br />
Théâtre des Salins, Martigues<br />
04 42 49 02 00<br />
www.theatre-des-salins.fr<br />
La Planète…<br />
Johanna Mariama Bah ou Mame Fama Ly<br />
donn<strong>en</strong>t un autre regard sur le monde. Avec un<br />
globe terrestre gonflable, pour observer et<br />
p<strong>en</strong>ser le monde à l’<strong>en</strong>vers, la confér<strong>en</strong>ce<br />
sci<strong>en</strong>tifique et pédagogique reste ludique. La<br />
planétologue détourne la vision des <strong>en</strong>fants et<br />
des adolesc<strong>en</strong>ts, comme de leurs par<strong>en</strong>ts.<br />
La Planète (ou comm<strong>en</strong>t se représ<strong>en</strong>ter le monde ?)<br />
les 18 et 19 mai<br />
Théâtre Massalia, Marseille<br />
04 95 04 95 70<br />
www.theatremassalia.com
Le Schpountz<br />
Mildiou…<br />
© X-D.R<br />
Ali Baba…<br />
Métilde Weyergans et Samuel Hercule revisit<strong>en</strong>t<br />
le conte des Mille et une Nuits <strong>en</strong> le plongeant<br />
dans un burlesque proche du film muet. Cassim<br />
et Ali Baba sont gérants de station-service, chevauch<strong>en</strong>t<br />
des Harley Davidson et combl<strong>en</strong>t leurs<br />
soirées vides de westerns télévisés. Dès 8 ans.<br />
Ali Baba et les 40 voleurs<br />
le 7 juin<br />
La Croisée des Arts, Saint-Maximin<br />
04 94 59 84 59<br />
www.var.fr<br />
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Pour clore son Cycle la Comp. Marius livre une<br />
version sobre mais généreuse de la pièce de<br />
Pagnol, la r<strong>en</strong>dant universelle de son acc<strong>en</strong>t<br />
belge… L’œuvre célèbre la simplicité du peuple<br />
et des villages, au travers de ce personnage<br />
désordonné aux habits rapiécés, né sur le<br />
tournage du film Angèle. Comme à son<br />
habitude la troupe délaisse les théâtres<br />
préférant jouer dans les paysages naturels où<br />
Pagnol aimait tourner.<br />
du 6 au 9 juin<br />
Domaine de Lavalduc, Istres<br />
0810 006 826<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
Une belle, une bête<br />
C’est <strong>en</strong> ombres et lumières que Flor<strong>en</strong>ce<br />
Lavaud rapporte son interprétation du célèbre<br />
conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont.<br />
Les vidéos projetées et les sons guid<strong>en</strong>t plus<br />
<strong>en</strong>core que la voix. Un mélange de mystère,<br />
effroi et fascination pour retracer l’histoire de<br />
ces deux êtres que tout oppose. Dès 9 ans.<br />
le 29 mai<br />
Théâtre de l’Olivier, Istres<br />
0810 006 826<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
Le Schpountz, Marcel Pagnol © Christian Loubradou<br />
Ainé, second ou dernier, quelle place t<strong>en</strong>ir dans<br />
la famille, dans la fratrie ? Ce conte fantastique<br />
écrit par Gérard Potier parle de la préfér<strong>en</strong>ce<br />
familiale comme de la quête d’égalité. Un<br />
voyage imaginaire à partager <strong>en</strong> famille, que<br />
propose la compagnie Le Bazar Mythique,<br />
accompagné par l’accordéon de Maryse Roux.<br />
Dès 7 ans.<br />
Mildiou, l’<strong>en</strong>fant du champ de patates<br />
le 24 mai<br />
Espace Robert Hossein, Grans<br />
0810 006 826<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
Léon le nul<br />
Un plongeon au cœur d’une vie, celle de Léon.<br />
Cette fable sociétale et réaliste parle de famille<br />
sans patriarche, d’une mère un peu trop<br />
débordée, et d’un <strong>en</strong>fant à l’imagination<br />
débordante qui veut grandir. La compagnie<br />
Visavies rapporte ses peurs mais aussi ses<br />
amours, au travers de sons et vidéos pour un<br />
spectacle à mi-chemin <strong>en</strong>tre théâtre et dessin<br />
animé. Dès 11 ans.<br />
le 31 mai<br />
La Croisée des Arts, Saint-Maximin<br />
04 94 59 84 59<br />
www.var.fr<br />
© Francois Saint Remy<br />
© Michel Jacquelin<br />
© Laur<strong>en</strong>t Combe<br />
We dance to forget<br />
De Michael Jackson aux Velvet Underground<br />
<strong>en</strong> passant par U2, les danseurs de l’équipe<br />
belge des fABULEUS invit<strong>en</strong>t le spectateur à<br />
cette joyeuse «party» rythmées par les musiques<br />
pop et <strong>en</strong>diablées de ces dernières<br />
déc<strong>en</strong>nies. Ce couple déjanté déborde d’énergie<br />
qu’il communique avec force et optimisme<br />
dans des chorégraphies survoltées. Att<strong>en</strong>tion :<br />
bonne humeur contagieuse à l’horizon.<br />
le 31 mai<br />
PôlejeunePublic, Le Revest<br />
04 94 98 12 10<br />
www.polejeunepublic.com<br />
L’Art Tang<strong>en</strong>t…<br />
L’Art Tang<strong>en</strong>t désigne d’après ses concepteurs<br />
toutes ces œuvres ou p<strong>en</strong>sées qui, par leurs trajectoires<br />
aléatoires, se trouv<strong>en</strong>t proches de l’art<br />
contemporain. S’inspirant d’artistes comme<br />
Marcel Duchampet Pierre Dac, Odile Darbelleyet<br />
Michel Jacquelincré<strong>en</strong>t une performance<br />
à la fois plastique et théâtrale à travers des<br />
r<strong>en</strong>dez-vous nomades et ludiques.<br />
L’Art Tang<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Valise et Party T<br />
Du 24 au 30 mai<br />
Le 24 mai, Bibliothèque de Peynier<br />
Le 25 mai, Bibliothèque des 2 Ormes, Aix<br />
Le 26 mai, Jardins d’Albertas dans le cadre de la<br />
journée des jardins, Bouc-Bel-Air<br />
Le 27 mai, C<strong>en</strong>tre social des Amandiers, Aix<br />
Le 28 mai, Bois de L’Aune, Aix<br />
04 42 93 85 40<br />
www.agglo-paysdaix.fr
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Une trop longue nuit<br />
Sorti au niveau national le 30<br />
janvier, malgré une critique favorable,<br />
le souti<strong>en</strong> de la ligue des<br />
droits de l’homme, l’appui de<br />
Lilian Thuram et de Christiane<br />
Taubira, Công Binh de Lam Lê<br />
n’a trouvé de salle ni à Marseille<br />
ni à Aix pour éclairer cette «longue<br />
nuit indochinoise» (sous-titre du<br />
film) et dissiper une amnésie<br />
historique mâtinée de culpabilité.<br />
C’est pourtant à Marseille<br />
au camp de Mazargues qu’une<br />
partie de ce drame colonial s’est<br />
déroulé. C’est pourtant au cimetière<br />
St Pierre que M. Than,<br />
nonagénaire de l’Estaque <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t<br />
le carré des Indochinois<br />
oubliés. Le Chambord sollicité<br />
par la région qui a aidé à la production<br />
du film, a mis fin à cette<br />
aberration le 4 avril pour une<br />
séance, hélas, unique. Les Công<br />
Cong Binh, la longue nuit indochinoise de Lam Le<br />
Binh (littéralem<strong>en</strong>t ouvrierssoldats)<br />
étai<strong>en</strong>t 20 000 jeunes<br />
vietnami<strong>en</strong>s. Enrôlés de force <strong>en</strong><br />
1937 pour aller sout<strong>en</strong>ir l’(a)mère<br />
patrie qu’ils p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t invincible,<br />
bloqués <strong>en</strong> France par la défaite<br />
de 40, parias corvéables à merci<br />
p<strong>en</strong>dant près de dix ans, ils fur<strong>en</strong>t<br />
14 000 à rev<strong>en</strong>ir chez eux, repris<br />
dans la tourm<strong>en</strong>te de la guerre<br />
d’Indochine, injustem<strong>en</strong>t considérés<br />
comme des traîtres. Le<br />
réalisateur donne la parole aux<br />
quelques survivants. Ils racont<strong>en</strong>t<br />
avec dignité, humour parfois, sans<br />
haine, sans plainte, l’arrachem<strong>en</strong>t<br />
aux familles, le voyage<br />
étouffant dans les cales, l’arrivée<br />
à Marseille, le transfert aux Baumettes,<br />
les camps, les poudrières<br />
qui brûl<strong>en</strong>t les poumons, le sel<br />
des Salins de Giraud qui ronge la<br />
peau, le froid, la faim, la soif, la<br />
culture du riz <strong>en</strong> Camargue dont<br />
ils fur<strong>en</strong>t pionniers, la prise de<br />
consci<strong>en</strong>ce progressive de leur<br />
condition, la politisation des camps,<br />
les affrontem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre trotskistes<br />
et communistes, les faux-espoirs<br />
de la Libération, le mal du<br />
pays, la v<strong>en</strong>ue d’Oncle Hô <strong>en</strong> 46.<br />
Puis, le retour, l’opprobre, le<br />
soupçon, la torture pour certains.<br />
Ils dis<strong>en</strong>t la honte, le sil<strong>en</strong>ce, la<br />
surdité de la France pour reconnaître<br />
leurs droits. Le réalisateur<br />
les accouche peu à peu de ce<br />
passé douloureux, suit la chronologie,<br />
intercale leurs propos<br />
d’images d’archives, met <strong>en</strong><br />
scène leurs petits-<strong>en</strong>fants <strong>en</strong><br />
quête de réhabilitation, convoque<br />
le discours d’Aimé Césaire<br />
dont la petite-fille d’un de ces<br />
malgré-eux lit des extraits. L’interv<strong>en</strong>tion<br />
des Marionnettes sur<br />
l’eau de Hanoï qui, tel un chœur<br />
antique comm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le destin<br />
des Công Binh du point de vue<br />
de ceux qui les att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, rythm<strong>en</strong>t<br />
le docum<strong>en</strong>taire, les<br />
intégrant déjà, par l’intermédiaire<br />
d’un art ancestral, à la mémoire<br />
collective. On songe aux «dépatriés<br />
expatriés» de Prévert ces<br />
«étranges étrangers» auxquels<br />
on a r<strong>en</strong>voyé leurs «petits couteaux<br />
dans le dos» et on sort de<br />
la salle indignés de n’<strong>en</strong> avoir<br />
ri<strong>en</strong> su.<br />
ELISE PADOVANI<br />
Công Binh, la longue nuit<br />
indochinoise,<br />
film de Lam Lê<br />
Le Cinéma s’expose (mal) à la Buzine<br />
Des caméras uniques <strong>en</strong> leur g<strong>en</strong>re <strong>en</strong>tassées<br />
dans une salle-couloir, des affiches les unes sur<br />
les autres, du matériel précieux <strong>en</strong> hauteur grâce<br />
à des cartons ornés de tissus colorés… Le tout<br />
ressemble davantage à une brocante qu’à une<br />
exposition, au grand dam de François et Hervé<br />
Loubeau, organisateurs du Cinéma s’expose, qui<br />
déplor<strong>en</strong>t leurs conditions d’accueil au Château de<br />
la Buzine. L’adjointe au maire déléguée au cinéma,<br />
Éliane Zayan, ne cache pas sa colère. Originellem<strong>en</strong>t<br />
prévue dans la grande salle du rez-de-chaussée,<br />
<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t rénovée et vide de surcroit, la collection<br />
cinématographique des frères Loubeau a été<br />
délogée, arbitrairem<strong>en</strong>t semble-t-il, au dernier<br />
étage du Château. Une «salle multimédia» peu<br />
apte à recevoir expositions et visiteurs. La v<strong>en</strong>ue<br />
des scolaires et les projections de films et docum<strong>en</strong>taires<br />
sur l’inv<strong>en</strong>tion du cinéma prévues sont<br />
donc compromises, au grand regret de la directrice<br />
de l’établissem<strong>en</strong>t Christine Fillette, instauratrice<br />
de cet évènem<strong>en</strong>t exceptionnel à la Buzine. Parce<br />
qu’<strong>en</strong> effet, «le cinéma s’expose» n’<strong>en</strong> est pas à<br />
son coup d’essai. L’association qui déti<strong>en</strong>t une<br />
imm<strong>en</strong>se collection de plus de 8 000 appareils et<br />
80 000 titres, a déjà effectué près de 400 expositions<br />
<strong>en</strong> France. De ville <strong>en</strong> ville, l’exposition cumule<br />
les visiteurs et les succès puisque comme le dit<br />
François Loubeau «le cinéma intéresse tout le<br />
monde, je n’ai jamais r<strong>en</strong>contré une personne qui<br />
n’aime pas ça !».<br />
Malgré tout, le public pourra apercevoir la caméra<br />
utilisée lors du tournage du film Les tontons flingueurs,<br />
celle de Charlie Chaplin ou <strong>en</strong>core l’une<br />
des premières télévisions au monde : le phénakistiscope,<br />
mise au point <strong>en</strong> 1832 par le Belge Joseph<br />
Plateau. Lanternes magiques, zootropes, lampascopes,<br />
praxinoscopes… et autres appareils sont<br />
ainsi réunis pour un voyage historique vers le temps<br />
des pionniers. Somme toute, une exposition passionnante<br />
et de qualité, à voir… dans un autre lieu,<br />
qui lui octroiera l’espace et l’ampleur mérités ?<br />
MANON MATHIEU<br />
jusqu’au 30 juin<br />
Château de la Buzine, Marseille<br />
04 91 45 27 60<br />
www.labuzine.com<br />
Drôles<br />
de dames<br />
Le 10 avril, au Prado à Marseille,<br />
était prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong><br />
avant-première, Cheba Louisa,<br />
le premier long métrage de<br />
Françoise Charpiat, un film<br />
qu’elle a co-écrit avec Mariem<br />
Habidat et qu’a produit Anne<br />
Derré. Un film de femmes<br />
donc, d’autant qu’il raconte,<br />
<strong>en</strong>tre autre, l’amitié qui se<br />
noue <strong>en</strong>tre deux femmes que<br />
tout semble opposer au départ<br />
et qui se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t par<br />
hasard. Emma (Isabelle Carré),<br />
une rousse extravertie et<br />
aux t<strong>en</strong>ues exc<strong>en</strong>triques qui<br />
élève seule ses deux <strong>en</strong>fants,<br />
pour éviter une saisie d’huissier,<br />
force presque la porte de<br />
Djemila (Rachida Brakni), issue<br />
de l’immigration, juriste et<br />
(trop ?) intégrée qui vi<strong>en</strong>t de<br />
pr<strong>en</strong>dre un appartem<strong>en</strong>t pour<br />
essayer d’échapper à sa mère<br />
(Biyouna) qui veut tout décider<br />
pour elle.<br />
Quand Djemila découvre dans<br />
une valise que lui donne discrètem<strong>en</strong>t<br />
son père, ce qu’on<br />
lui a tu jusque là ; les disques<br />
de sa grand-mère, Cheba<br />
Louisa, une star du chaâbi, des<br />
films <strong>en</strong> super-8 où on la voit<br />
danser dans les cabarets, c’est<br />
le début de sa prise de consci<strong>en</strong>ce.<br />
Elle comm<strong>en</strong>ce à<br />
assumer l’héritage familial, ce<br />
qui va lui permettre de se<br />
libérer.<br />
On sort de ce film qui parle du<br />
poids des racines et de la<br />
famille, de préjugés et de tabous<br />
mais aussi de solidarité,<br />
d’ouverture à l’autre, d’amitié<br />
et de liberté, ragaillardi, avec<br />
l’<strong>en</strong>vie de chanter rai et chaâbi.<br />
Une bouffée d’oxygène qu’on<br />
doit à la superbe interprétation<br />
et à l’énergie des comédi<strong>en</strong>nes<br />
ainsi qu’à la musique de<br />
Rachid Taha.<br />
ANNIE GAVA<br />
Sortie <strong>en</strong> salles le 8 mai<br />
Rachida Brakni, Biyouna et Francoise Charpiat © A.G.
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INÉMA<br />
Rêver révolte…<br />
Découvrir les portraits cinématographiques d’une<br />
jeunesse prise <strong>en</strong>tre rêves et réalité, parfois <strong>en</strong><br />
perte de repères mais toujours <strong>en</strong> quête d’un av<strong>en</strong>ir<br />
meilleur, c’est ce que propose nouv.o.monde<br />
de Rousset, à travers 12 longs métrages et 11 films<br />
courts de jeunes cinéastes ou de réalisateurs<br />
confirmés. Après Indignation/Révolution <strong>en</strong> 2012,<br />
ce festival qui a pour objectif d’éclairer les mouvem<strong>en</strong>ts<br />
du monde, se focalise cette année sur les<br />
Jeunesses de Rêves et de Révoltes.<br />
On y découvrira des films inédits comme La jeunesse<br />
a-t-elle une histoire ? de Jacques Royer,<br />
Electrick Childr<strong>en</strong> de l’Américaine Rebecca Thomas,<br />
la révélation du dernier festival de Sundance,<br />
La Guerra del Maiale de David Maria Putortì<br />
adapté du roman d’Adolfo Bioy Casares ou The<br />
Comedian de Tom Shkolnik. En avant-première,<br />
Eat, Sleep, die de la Suédoise Gabriela Pichler,<br />
Grand Prix du Jury au Festival Premiers Plans<br />
d’Angers, nous fera suivre Raisa, une jeune immigrante<br />
d’Europe de l’Est dev<strong>en</strong>ue<br />
ouvrière <strong>en</strong> Suède, qui se<br />
retrouve lic<strong>en</strong>ciée malgré sa<br />
rigueur et son dévouem<strong>en</strong>t<br />
professionnels. Son interprète<br />
principale, Nermina Lukac, une<br />
institutrice dont c’est le premier<br />
rôle, a obt<strong>en</strong>u le prix «Shooting<br />
stars» à la <strong>63</strong> e Berlinale. On pourra<br />
partager aussi les soucis de<br />
trois jeunes au Maroc dans Mort<br />
à v<strong>en</strong>dre de Faouzi B<strong>en</strong>saïdi<br />
(voir Zib’57), suivre les av<strong>en</strong>tures<br />
de deux amis tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aires dans<br />
Mobile Home de François Pirot.<br />
Quant à Guerrière de David<br />
Wn<strong>en</strong>d, une plongée dans l’univers<br />
néo-nazi actuel, c’est le<br />
film coup de poing du festival,<br />
multi primé aux German Awards<br />
2012.<br />
Une séance de 6 courts, tous primés dans des<br />
festivals internationaux, mettra aussi l’acc<strong>en</strong>t sur<br />
«La jeunesse», avec les excell<strong>en</strong>ts Brûleurs de<br />
Farid B<strong>en</strong>toumi et Froz<strong>en</strong> Stories de Grzegorz<br />
Jaroszuk ainsi que La fugue de Jean- Bernard<br />
Marlin, sout<strong>en</strong>u par la Région et Ours d’Or du<br />
court-métrage à la Berlinale 2013.<br />
Les projections sont accompagnées de r<strong>en</strong>contres,<br />
d’une exposition autour de l’affiche de film et pour<br />
la 1 e fois une séance aura lieu hors les murs le 28<br />
mai, au cinéma Le Casino à Trets : Wadjda de<br />
Haifaa Al Mansour.<br />
ANNIE GAVA<br />
Eat, Sleep, die de Gabriela Pichler<br />
nouv.o.monde<br />
du 30 mai au 2 juin<br />
Salle Émili<strong>en</strong> V<strong>en</strong>tre, Rousset<br />
04 42 53 36 39<br />
www.filmsdelta.com/nouvomonde.html<br />
Un tour <strong>en</strong> Méditerranée<br />
Du 17 au 22 juin, se ti<strong>en</strong>dra la 17 e édition du PRI-<br />
MED (Prix international du docum<strong>en</strong>taire et du<br />
reportage méditerrané<strong>en</strong>), organisé par le CMCA<br />
(C<strong>en</strong>tre Méditerrané<strong>en</strong> de la Communication<br />
Audiovisuelle), un r<strong>en</strong>dez-vous important qui propose<br />
au public une sélection de docum<strong>en</strong>taires et<br />
de reportages liés à la Méditerranée. Ainsi, parmi<br />
les 440 films reçus, on pourra voir gratuitem<strong>en</strong>t au<br />
MuCEM et à la Villa Méditerranée, 31 films v<strong>en</strong>us<br />
de 36 pays et répartis dans différ<strong>en</strong>tes sections :<br />
«Enjeux méditerrané<strong>en</strong>s, Mémoire de la Méditerranée,<br />
Art, patrimoine et cultures de la Méditerranée,<br />
Première œuvre, Reportage, Court méditerrané<strong>en</strong><br />
et prix multimédia de la Méditerranée.»<br />
Italy love it or leave it<br />
Parmi les thèmes abordés, la condition des femmes,<br />
(Dance of outlaws ; Ich liebe dich) des jeunes<br />
(We are here) ou des <strong>en</strong>fants (Living skin), la résistance<br />
(Five brok<strong>en</strong> cameras ; Italy : love it or leave<br />
it ; Maudit soit le phosphate), la mémoire de luttes<br />
ou de la guerre (In utero Srebr<strong>en</strong>ica ; Troufions),<br />
ou d’exils (Tinghir Jerusalem, les échos du Mellah),<br />
les conséqu<strong>en</strong>ces de l’arrivée du progrès (Le<br />
Thé ou l’électricité) ou de la pollution (Méditerranée,<br />
une soupe de plastique).<br />
Le 21 juin à 17h au MuCEM, les jurys présidés par<br />
Hala Zureiqat et Samah Soula remettront les prix<br />
aux réalisateurs dont vous pourrez voir les docum<strong>en</strong>taires<br />
et reportages le 22 juin, au MuCEM de<br />
12h à 19h et à la Villa méditerranée de 18h30 à<br />
22h30. Et comme les années précéd<strong>en</strong>tes, durant<br />
2 mois, l’Alcazar offrira les visionnem<strong>en</strong>ts à la<br />
demande.<br />
ANNIE GAVA<br />
CMCA<br />
04 91 42 03 02<br />
http://primed.tv/le-cmca<br />
Comme chaque<br />
ce que les autres<br />
Tapis rou<br />
Trois films sout<strong>en</strong>us par la<br />
Région PACA avec une <strong>en</strong>veloppe<br />
de 150 000 € à 200 000 €<br />
chacun seront prés<strong>en</strong>tés à<br />
Cannes cette année. Deux font<br />
partie de la sélection officielle<br />
Un certain regard : Grand<br />
C<strong>en</strong>tral de Rebecca Zlotowski,<br />
avec Tahar Rahim et Léa<br />
Seydoux, et L’inconnu du lac<br />
d’Alain Guiraudie, film gay<br />
audacieux qui n’aurait pu se<br />
faire sans l’appui de la Région.<br />
Le troisième ouvrira la<br />
Semaine de la Critique : Suzanne,<br />
de Katell Quillévéré,<br />
histoire d’amour avec dans le<br />
rôle principal Sara Forestier,<br />
sur la p<strong>en</strong>te savonneuse de la<br />
délinquance.<br />
Les interv<strong>en</strong>tions de la collec-<br />
Quatorze<br />
Depuis plusieurs années, la<br />
Quinzaine des Réalisateurs,<br />
manifestation née après Mai<br />
68 au Festival de Cannes pour<br />
protester contre l’éviction<br />
d’H<strong>en</strong>ri Langlois de la Cinémathèque<br />
Française, propose<br />
des reprises à Paris, Marseille,<br />
Bruxelles et G<strong>en</strong>ève...<br />
Ainsi, du 28 mai au 4 juin,<br />
l’Alhambra Cinémarseille<br />
accueille 14 longs métrages<br />
sur les 21 que comporte la<br />
sélection.<br />
Cinq films français : H<strong>en</strong>ri, la<br />
r<strong>en</strong>contre de deux êtres <strong>en</strong><br />
marge, prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> ouverture<br />
le 28 à 20h30, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />
du délégué général Edouard<br />
Waintrop et de la réalisatrice<br />
Yolande Moreau. Tip top de<br />
Serge Bozon où deux femmes<br />
de l’IGPN <strong>en</strong>quêt<strong>en</strong>t sur<br />
la mort d’un indic. Les<br />
Apaches, premier long de<br />
Thierry de Peretti qui nous<br />
emmène à Porto Vecchio et,<br />
<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du réalisateur le<br />
31 à 20h30, La fille du 14<br />
juillet, premier long d’Antonin<br />
Peretjatko qui nous fait<br />
parcourir les routes estivales<br />
d’une France <strong>en</strong> crise. Une<br />
comédie, Les Garçons et
année <strong>Zibeline</strong> annonce de Cannes<br />
ne diront pas…<br />
ge et lunettes noires<br />
tivité <strong>en</strong> faveur de l’audiovisuel ne se limit<strong>en</strong>t<br />
pas à ce souti<strong>en</strong> financier. Pour que<br />
ces 10 jours soi<strong>en</strong>t une occasion d’explorer<br />
un patrimoine autant que de découvrir des<br />
nouveautés, un part<strong>en</strong>ariat a été noué avec<br />
le Festival dans le cadre de l’opération<br />
«Cinéma de la Plage» : classiques, avantpremières<br />
et grands succès populaires<br />
seront projetés gratuitem<strong>en</strong>t tous les soirs.<br />
Cette année comme les précéd<strong>en</strong>tes, ce<br />
sont égalem<strong>en</strong>t près de 20 000 élèves qui<br />
ont bénéficié du dispositif «lycé<strong>en</strong>s et appr<strong>en</strong>tis<br />
au cinéma», visant à «promouvoir<br />
auprès des plus jeunes une culture cinématographique<br />
qui les conduira à dev<strong>en</strong>ir<br />
des spectateurs curieux, exigeants et<br />
critiques» <strong>en</strong> leur donnant accès à des<br />
œuvres de qualité. 500 d’<strong>en</strong>tre eux iront à<br />
Cannes assister à une multitude de séances…<br />
et à une montée des marches à<br />
grand r<strong>en</strong>fort de paillettes.<br />
à la Quinzaine !<br />
H<strong>en</strong>ri de Yolande Moreau<br />
Guillaume à table ! de Guillaume Galli<strong>en</strong>ne<br />
adapté de son spectacle théâtral.<br />
Trois films américains : Blue Ruin de<br />
Jeremy Saulnier, l’histoire d’un vagabond<br />
solitaire qui, après une terrible nouvelle, se<br />
met <strong>en</strong> route pour la maison de son <strong>en</strong>fance<br />
afin d’accomplir sa v<strong>en</strong>geance. Le<br />
Congrès, mi-film réaliste, mi-dessin<br />
animé fantastique d’Ari Folman, adapté<br />
d’un roman culte de Stanislaw Lem et<br />
Jodorowsky’s Dune, un docum<strong>en</strong>taire de<br />
Franck Pavich sur les coulisses d’un projet<br />
avorté, l’adaptation du roman de sci<strong>en</strong>cefiction<br />
Dune par le Chili<strong>en</strong> Alejandro<br />
Jodorowsky dans les années 1970. Ce film<br />
P<strong>en</strong>dant la durée du Festival, la Région<br />
occupera un stand avec une programmation<br />
spécifique : on notera la remise du prix<br />
Med in Sc<strong>en</strong>ario le 18, la prés<strong>en</strong>tation du<br />
Manifeste pour une exploitation cinématographique<br />
indép<strong>en</strong>dante par le Groupem<strong>en</strong>t<br />
National des Cinémas de Recherche le 20,<br />
et une réunion d’information sur les<br />
nouvelles conditions de tournage dans les<br />
Calanques le 21.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Festival de Cannes<br />
du 15 au 26 mai 2013<br />
www.festival-cannes.com<br />
sera prés<strong>en</strong>té le 1 er juin à 14h avant La<br />
danse de la réalité, adapté de l’autobiographie<br />
d’Alejandro Jodorowsky qui n’avait<br />
plus réalisé de film depuis 1990. V<strong>en</strong>u<br />
aussi du Chili, L’été des poissons volants,<br />
premier film de Marcela Said, qui nous fait<br />
partager les vacances d’une adolesc<strong>en</strong>te<br />
dans la riche maison familiale, alors que<br />
la m<strong>en</strong>ace de la guérilla gronde. Dans Ugly<br />
d’Anurag Kashyap, une fillette de dix ans<br />
dont les par<strong>en</strong>ts sont divorcés a disparu et<br />
c’est le périple de deux adolesc<strong>en</strong>ts dans le<br />
monde du vol de cuivre que l’on suit dans<br />
Le géant égoïste de Clio Barnard. Tout<br />
juste sorti de prison, Sombra se dit que,<br />
vraim<strong>en</strong>t, il aurait peut-être mieux fait de<br />
rester à l’ombre dans Après la nuit de<br />
Basil da Cunha ; quant à Saul, il découvre<br />
à Haïfa, un père transformé, un monde<br />
réinv<strong>en</strong>té et, peut-être, l’espoir d’une vie<br />
nouvelle dans A Strange Course of Ev<strong>en</strong>ts<br />
de Raphaël Nadjari.<br />
Ce sont les deux tiers de la sélection de la<br />
Quinzaine que nous permet de voir cette<br />
année l’Alhambra et tous les cinéphiles<br />
s’<strong>en</strong> réjouiss<strong>en</strong>t !<br />
A.G.<br />
Alhambra Cinémarseille<br />
04 91 03 84 66<br />
www.alhambracine.com<br />
Visions<br />
Sociales<br />
Parrainée par le réalisateur Costa-Gavras<br />
et organisée par la CCAS 1 <strong>en</strong> marge du<br />
Festival de Cannes, la 11 e édition de Visions<br />
Sociales, un «cinéma pour éveiller<br />
nos consci<strong>en</strong>ces», aura lieu du 18 au 26<br />
mai. Une manifestation <strong>en</strong> accès libre qui<br />
s’attache à montrer un cinéma d’auteur<br />
questionnant l’ordre social et l’état du<br />
monde avec une mise <strong>en</strong> avant cette année<br />
du cinéma indép<strong>en</strong>dant américain (les<br />
Bêtes du sud sauvage de B<strong>en</strong>h Zeitlin,<br />
Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, There<br />
will be blood de Paul-Thomas Anderson,<br />
The Que<strong>en</strong> of Versailles de Laur<strong>en</strong> Gre<strong>en</strong>field,<br />
A little Closer de Matthew Petock).<br />
Un focus sur le cinéma des femmes, actrices<br />
ou réalisatrices, sera égalem<strong>en</strong>t proposé :<br />
Violeta d’Andrés Wood (<strong>en</strong> ouverture le 18<br />
mai à 21h), Blancanieves de Pablo Berger,<br />
Wadjda de Haifaa Al-Mansour, Djeca, Enfants<br />
de Sarajevo d’Aida Begic, Les<br />
Invisibles de Sébasti<strong>en</strong> Lifshitz…).<br />
16 longs métrages, des courts, une exposition,<br />
des r<strong>en</strong>contres Métiers du cinéma<br />
(le 21 mai à 18h avec Jean-Baptiste Thoret),<br />
des débats (avec Costa-Gavras le 25 mai à<br />
15h à l’issue de la projection de son film Le<br />
Capital ; Gérard Mordillat le 18 mai à 15h<br />
pour Le grand retournem<strong>en</strong>t) et 7 films<br />
inédits des part<strong>en</strong>aires de la manifestation<br />
(ACID, Semaine de la Critique, Quinzaine<br />
des Réalisateurs, Cinéfondation : Un certain<br />
Regard, Festival de Cannes Sélection<br />
officielle).<br />
Soirée de clôture le 25 mai à partir de 21h<br />
(5 € <strong>en</strong> faveur d’une association).<br />
DE.M.<br />
Visions Sociales<br />
du 18 au 26 mai<br />
Château des Mineurs, Domaine d’Agecroft<br />
Mandelieu-La Napoule, Cannes<br />
www.ccas-visions-sociales.org<br />
1<br />
Caisse C<strong>en</strong>trale d’Activités Sociales<br />
de l’énergie<br />
Violeta de Andres Wood<br />
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INÉMA<br />
Escales <strong>en</strong> plein air<br />
Certains l’aim<strong>en</strong>t chaud de Billy Wilder<br />
Écrans voyageurs, qui a accueilli sept<br />
cinéastes depuis le mois de février dans<br />
différ<strong>en</strong>tes salles du territoire, continue <strong>en</strong><br />
plein air, proposant huit grands mom<strong>en</strong>ts de<br />
l’histoire du cinéma sur des sites particuliers.<br />
Ainsi le 24 mai, au bord de l’Étang de<br />
l’Olivier à Istres, <strong>en</strong> ouverture du Festin de<br />
Méditerranée (voir p. 25) ce sera Certains<br />
l’aim<strong>en</strong>t chaud de Billy Wilder.<br />
L’escale suivante sera au bord de l’Huveaune,<br />
le 15 juin à Roquevaire avec La mort aux<br />
trousses d’Hitchcock, projection qui clôturera<br />
un tournoi de joutes sur l’Huveaune,<br />
remise <strong>en</strong> eaux pour l’occasion. Les spectateurs<br />
sont invités à v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> famille, pour<br />
profiter du site et pique-niquer sur place.<br />
04 91 91 07 99<br />
http://ecransvoyageurs.blogspot.fr<br />
La République<br />
Marseille<br />
Le 17 mai de 23h à 5h sur le toit-terrasse de<br />
La Friche, projection de sept films du cinéaste<br />
voyageur D<strong>en</strong>is Gheerbrant, qui nous<br />
emmèn<strong>en</strong>t dans «sept univers qui compos<strong>en</strong>t<br />
une ville comme une république, celle<br />
des dockers, des militants ouvriers, des<br />
femmes d’une cité jardin ou des habitants<br />
d’une énorme cité ghetto et, dans ses replis,<br />
à la r<strong>en</strong>contre de tout un peuple, anci<strong>en</strong><br />
junkie, boxeur, ou toutes jeunes filles devant<br />
la vie.» Film produit par Les Films d’Ici et<br />
Les Films du Tambour de Soie.<br />
Marseille objectif DansE<br />
04 95 04 96 42<br />
www.marseille-objectif-danse.org<br />
Les Femmes de la cite Saint-Louis de D<strong>en</strong>is Gheerbrant<br />
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Frontières<br />
dedans/dehors<br />
Du 13 au 30 juin à la Friche, Lieux Fictifs<br />
propose un dialogue <strong>en</strong>tre l’art, la prison et<br />
la société, développé de 2009 à 2013, avec le<br />
souti<strong>en</strong> de MP 2013. Deux projets de créations<br />
partagées <strong>en</strong>tre artistes, personnes<br />
dét<strong>en</strong>ues (ceux du dedans), et personnes<br />
libres (ceux du dehors) sont ainsi prés<strong>en</strong>tés :<br />
Dans la solitude des champs de coton de<br />
Bernard-Marie Koltès, une installation cinématographique<br />
de 120 mn interprétée par<br />
27 dét<strong>en</strong>us des Baumettes et habitants de<br />
Marseille, réalisée par Caroline Caccavale et<br />
Joseph Césarini et coproduite par la Cie<br />
Alzhar. Images <strong>en</strong> mémoire, images <strong>en</strong> miroir,<br />
une exposition vidéographique de courts<br />
métrages réalisés <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’INA<br />
à partir d’images d’archives dans le cadre<br />
d’ateliers participatifs composés de personnes<br />
dét<strong>en</strong>ues et de groupes extérieurs, <strong>en</strong><br />
France, <strong>en</strong> Europe et <strong>en</strong> Méditerranée.<br />
04 95 04 96 37<br />
www.lieuxfictifs.org<br />
Prado made in China<br />
La troisième édition du Festival du Cinéma<br />
Chinois <strong>en</strong> France se ti<strong>en</strong>dra du 13 mai au<br />
12 juin, à Paris, Lyon, Marseille, Cannes,<br />
Strasbourg, Biarritz et La Réunion.<br />
À Marseille, du 4 au 7 juin, c’est le cinéma Le<br />
Prado qui accueille 10 films inédits <strong>en</strong> France.<br />
Trois comédies : Love in the Buffde Ho Cheung,<br />
Prix du Public au Festival d’Osaka 2013 ;<br />
Perdus <strong>en</strong> Thaïlande de Xu Zh<strong>en</strong>g (le plus<br />
gros succès commercial de tous les temps<br />
<strong>en</strong> Chine !) ; et Full Circle de Zhang Yang,<br />
prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> ouverture le 4 juin à 20h.<br />
Un «fantasy action film», Painted Skin 2 de<br />
Wu Ershan avec Zhao Wei (invitée d’honneur<br />
de cette édition) dont sera prés<strong>en</strong>té le 1 er<br />
film, So Young.<br />
Deux drames : Caught in the Web, le dernier<br />
film de Ch<strong>en</strong> Kaige qui avait réalisé Adieu<br />
ma concubine et 1942 de F<strong>en</strong>g Xiaogang,<br />
«meilleur film chinois» aux 32e Hong-Kong<br />
Film Awards.<br />
Un biopic qui raconte le destin tragique de<br />
Xiao Hong, très proche du grand écrivain Lu<br />
Xun, Falling Flowers de Huo Jianqi.<br />
Deux films d’action : La porte du dragonde Tsui<br />
Hark et The Bullet Vanishes d’Er Dongsh<strong>en</strong>g<br />
F<strong>en</strong>g Shuide Wang Jingnous permettra de voir<br />
l’actrice Yan Bingyan, invitée de cette édition.<br />
Le Prado, Marseille<br />
www.cinema-leprado.fr<br />
Caught in the Web de Ch<strong>en</strong> Kaige<br />
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Ciné-concerts<br />
Du 15 au 17 mai à 20h, à l’Auditorium du Thor,<br />
festival de ciné-concerts. Le 15, Métropolis<br />
de Fritz Lang (1927, version intégrale restaurée<br />
2011), accompagné par Actuel Remix,<br />
groupe électro de l’Arfi, qui mixe les musiques<br />
de Richie Hawtin et l’œuvre de Iannis<br />
X<strong>en</strong>akis. Le 16, L’homme à la camérade Dziga<br />
Vertov et la musique d’Archipass. Pour finir<br />
le 17, avec le souti<strong>en</strong> de l’association des<br />
amis de Georges Méliès, 16 parmi les 520<br />
films de ce pionnier du cinéma, sur une musique<br />
originale composée et interprétée par<br />
l’arrière petite-fille de Méliès, Marie-Hélène<br />
Lehérissey, avec Lawr<strong>en</strong>ce Lehérissey : de<br />
La T<strong>en</strong>tation de Saint Antoine (1898) à La Fée<br />
Carabosse (1906).<br />
04 90 33 96 80<br />
www.artsvivants<strong>en</strong>vaucluse.fr<br />
Force scandaleuse<br />
du passé<br />
Mama Roma de Pier Paolo Pasolini<br />
En coproduction avec Marseille-Prov<strong>en</strong>ce<br />
2013, le FIDMarseille, Alphabetville, l’INA et<br />
le cipM célèbr<strong>en</strong>t du 14 mai au 29 juin l’œuvre<br />
de Pier Paolo Pasolini, poète, romancier,<br />
dramaturge, essayiste, polémiste, chroniqueur,<br />
cinéaste et peintre : 23 films, des<br />
expositions thématiques, des lectures, des<br />
confér<strong>en</strong>ces, performances et vidéos d’archive<br />
seront proposés dans différ<strong>en</strong>ts lieux<br />
de Marseille.<br />
Au CRDP, du 16 au 25 mai, 8 films dont<br />
Mama Roma, Le Décameron, Accatone… À<br />
partir du 28 mai, au cinéma Le Miroir, à la<br />
Vieille Charité, les films de Pasolini dont<br />
Médée, Œdipe roi et une programmation de<br />
docum<strong>en</strong>taires INA sur cet auteur-réalisateur.<br />
On pourra voir aussi des films au MuCEM,<br />
à la Villa Méditerranée et à la Friche La Belle<br />
de Mai. De plus, le FIDMarseille repr<strong>en</strong>dra<br />
l’intégrale du 2 au 8 juillet.<br />
www.mp2013.fr
76<br />
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ATRIMOINE<br />
Moebius et l’Odyssée<br />
Pour les 30 ans des FRAC, trois<br />
régions, Languedoc-Roussillon,<br />
Bretagne et PACA, se sont unies<br />
autour des Ulysses. Le Pont du<br />
Gard, <strong>en</strong> Languedoc-Roussillon,<br />
accueille deux créateurs, Sophie<br />
Dejode et Bertrand Lacombe.<br />
Ils s’intéress<strong>en</strong>t à la figure d’Ulysse<br />
à travers l’œuvre fondatrice d’Homère<br />
et son écho dans le roman<br />
de Joyce. Qui donne l’articulation<br />
de l’exposition avec les deux<br />
figures de Bloom et Dedalus, inextricablem<strong>en</strong>t<br />
imbriquées par un<br />
ruban de Moebius : une boucle<br />
infinie qui conduit du voyage au<br />
repli, r<strong>en</strong>dant indissociables qualités<br />
et défauts, et effaçant leurs<br />
limites. En maths on parle de surface<br />
non-ori<strong>en</strong>table, dans l’épopée<br />
homérique d’un retour qui éloigne<br />
: une construction de bois<br />
habillée de diverses couleurs <strong>en</strong><br />
utilise le schéma, constituant<br />
dans ses boucles 18 petites salles<br />
L’idée est née d’un trio complice :<br />
Véronique Legrand, directrice de<br />
l’abbaye de Montmajour, Isabelle<br />
Reiher du C<strong>en</strong>tre International de<br />
Recherche sur le Verre et les Arts<br />
Plastiques (CIRVA) et Christian<br />
Lacroix, arlési<strong>en</strong> de naissance.<br />
Des souv<strong>en</strong>irs d’<strong>en</strong>fance, d’anci<strong>en</strong>nes<br />
collaborations ou <strong>en</strong>core<br />
cette inclination commune pour<br />
l’art contemporain leur ont permis<br />
d’initier ce projet inédit. «Suite à<br />
la baisse de fréqu<strong>en</strong>tation du public,<br />
cette exposition est l’occasion<br />
d’habiller ces lieux vides au XXI e<br />
siècle sans les dénaturer !» nous<br />
confie Véronique Legrand. L’anci<strong>en</strong>ne<br />
administratrice du château<br />
de Tarascon gardait <strong>en</strong> elle depuis<br />
longtemps cette <strong>en</strong>vie de collaborer<br />
avec le CIRVA (la sélection<br />
prés<strong>en</strong>tée ici vaut à elle seule la<br />
visite !) et sa r<strong>en</strong>contre avec Lacroix<br />
lui a permis de concrétiser<br />
ses souhaits.<br />
Cette abbaye construite sur des<br />
marécages, inscrite au patrimoine<br />
mondial de l’Unesco, est pour Christian<br />
Lacroix «l’île» sur laquelle il<br />
s’amusait à chercher des trésors<br />
disparus. Comme le lég<strong>en</strong>daire collier<br />
de la reine Marie-Antoinette<br />
caché par le cardinal de Rohan,<br />
anci<strong>en</strong> prieur de l’abbaye ! Des<br />
trésors que l’on retrouve à travers<br />
Beautiful Steps #4 de Lang_Baumann, bois et peinture, 2009 © C. Lorin_<strong>Zibeline</strong><br />
ou plutôt alvéoles dans lesquelles<br />
sont exposées des œuvres qui<br />
rappell<strong>en</strong>t les thèmes mythologiques<br />
homériques ou les organes<br />
du corps humain, ceux qui tiss<strong>en</strong>t<br />
une trame dans le roman de<br />
Joyce.<br />
Les œuvres sont pour la plupart<br />
issues des collections des FRAC,<br />
d’autres ont été créées spécialem<strong>en</strong>t<br />
dans le cadre de ce projet,<br />
par les deux artistes. Ils ont même<br />
dupliqué, ont remanié certaines<br />
œuvres pour les besoins de l’exposition.<br />
Le ruban autour duquel<br />
ont été érigés des points d’observation<br />
qui permett<strong>en</strong>t une vue<br />
<strong>en</strong> hauteur, a été construit sur<br />
place, un chantier de 5 semaines<br />
confie Hervé Hubidos, directeur<br />
culture et médiation du Pont du<br />
Gard. «Ce n’est pas une exposition<br />
conceptuelle, tout le monde peut<br />
y trouver quelque chose. Les installations<br />
assez ludiques plais<strong>en</strong>t<br />
les broderies d’or et d’arg<strong>en</strong>t des<br />
chasubles exposés dans la sacristie<br />
<strong>en</strong> écho avec d’autres, plus<br />
Ulysse Pirate, Pont du Gard © Beaux Arts<br />
aux <strong>en</strong>fants.» Et <strong>en</strong> effet, <strong>en</strong>tre<br />
le chat de Troie, le cerveau à vapeur,<br />
le lapin étrange, la sirène<br />
<strong>en</strong> baskets jaunes, l’imaginaire<br />
jubile. Dehors, le bateau d’un<br />
Ulysse-pirate nous att<strong>en</strong>d, le<br />
Holy Glory. Un art contemporain<br />
qui, s’il n’oublie pas ses racines,<br />
sait aussi trouver ses propres<br />
voies. Est-ce le roman de Joyce,<br />
l’épopée d’Homère ou la majesté<br />
inébranlable de l’aqueduc romain<br />
Lacroix, mes trésors cachés<br />
contemporains mais tout aussi<br />
somptueux, comme ces costumes<br />
créés par le styliste pour le chœur<br />
qui leur a inspiré cette foison de<br />
détails, indép<strong>en</strong>dants et fondus<br />
dans la structure ?<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Ulysse Pirate<br />
jusqu’au 31 octobre<br />
Pont du Gard<br />
04 66 37 50 99<br />
www.pontdugard.fr<br />
Lire égalem<strong>en</strong>t p.25<br />
de femmes d’Aïda à l’Opéra de<br />
Cologne flottant sous une arcade<br />
rocheuse de la crypte.<br />
Dans le cœur de la tour de Mons<br />
Majoris (la plus haute colline), on<br />
découvre avant d’atteindre la vue<br />
spectaculaire sur Arles et ses<br />
plaines, le Cortège <strong>en</strong>dormi de<br />
Jean-Michel Othoniel dont les<br />
croix de verres soufflés sont sublimées<br />
par la couleur sablée de<br />
la pierre du donjon du XIV e . Le<br />
parcours est semé d’union insolite<br />
<strong>en</strong>tre le verre, la peinture, le<br />
bois, le tissu ou même le bronze…<br />
et la pierre de l’abbaye,<br />
comme avec cet escalier monum<strong>en</strong>tal<br />
<strong>en</strong> lévitation de Lang/<br />
Baumann dans la croisée du<br />
transept, les tableaux de Bernard<br />
Quesniaux, les œuvres Erik Dietman<br />
ou Pierre Charpin : la volonté<br />
de Christian Lacroix était de<br />
«montrer Montmajour sous un jour<br />
inatt<strong>en</strong>du et auth<strong>en</strong>tique», et la<br />
r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre patrimoine et art<br />
contemporain a lieu.<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
Mon île de Montmajour<br />
jusqu’au 3 novembre<br />
Abbaye de Montmajour, Arles<br />
04 90 54 64 17<br />
montmajour.monum<strong>en</strong>ts-nationaux.fr
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Le corps<br />
du nuage<br />
Pour sa dernière exposition au sein<br />
du musée Réattu, Michèle Moutashar<br />
explique ses choix et sa démarche<br />
singulière de commissaire.<br />
Plus proche d’un corps à corps<br />
avec les œuvres que<br />
de l’int<strong>en</strong>tion démonstrative<br />
L'oeuvre de Jaume Pl<strong>en</strong>sa <strong>en</strong> cours d'installation- Nuage IV, 2012, acier, 180x122x196cm © C. Lorin_<strong>Zibeline</strong><br />
<strong>Zibeline</strong> : Quelle a été la g<strong>en</strong>èse de ce projet ?<br />
Michèle Moutashar : Cela vi<strong>en</strong>t de loin. D’un premier<br />
étonnem<strong>en</strong>t avec Le Corrège à Parme, plus<br />
tard d’une réflexion de Arp à propos de la concrétisation<br />
des nuages, <strong>en</strong>suite de la r<strong>en</strong>contre avec<br />
Hubert Damisch qui part lui aussi du Corrège pour<br />
son livre sur la théorie du nuage.<br />
Pourquoi le nuage a-t-il soulevé un tel intérêt ?<br />
Il est différ<strong>en</strong>t pour le moine taôiste, le berger mali<strong>en</strong><br />
<strong>en</strong> att<strong>en</strong>te de la pluie, le peintre occid<strong>en</strong>tal, mais le<br />
nuage touche à l’anthropologie, à la vie quotidi<strong>en</strong>ne,<br />
la sci<strong>en</strong>ce, l’histoire de l’art. Mais pour toucher<br />
au nuage si vous restez dans le ciel vous êtes foutu !<br />
Bi<strong>en</strong> des g<strong>en</strong>s ont essayé de faire une typologie de<br />
cet insaisissable mais ça ne marche pas, on ne<br />
peut les dépeindre complètem<strong>en</strong>t. En Asie le nuage<br />
exprime l’énergie vitale. Une des pièces fondam<strong>en</strong>tales<br />
au début de l’exposition est une pierre<br />
de lettré chinoise façonnée dans les torr<strong>en</strong>ts qui<br />
<strong>en</strong> a gardé l’énergie dans ses formes et sert de<br />
support de méditation. Arp a montré comm<strong>en</strong>t le<br />
nuage s’incarne, peut être à portée de main, à<br />
portée de hanche, à portée de corps. Le nuage est<br />
au-delà des notions d’abstraction et de figuration,<br />
totalem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>suel pour ne pas dire sexuel.<br />
Dans cet esprit comm<strong>en</strong>t avez-vous conçu cette<br />
exposition ?<br />
Pour moi il y a deux manières de faire des expositions.<br />
La première, la plus fréqu<strong>en</strong>te : vous avez<br />
une théorie et vous allez chercher des œuvres qui<br />
confirm<strong>en</strong>t votre théorie. C’est la meilleure façon<br />
d’empêcher le spectateur d’<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> contact avec<br />
l’œuvre d’art. Pour moi une œuvre d’art est un<br />
corps vivant qui parle, le minimum est de pouvoir<br />
lui donner la possibilité de s’exprimer. L’autre façon<br />
d’exposer est de faire comme les pêcheurs<br />
méditerrané<strong>en</strong>s à la palangrotte. Vous avez une<br />
sorte de ligne que vous lancez, moi ma ligne c’était<br />
Arp et une certaine empathie avec le sujet, les<br />
émotions produites par Le Corrège. J’ai constitué<br />
un corpus d’œuvres qui sont des<br />
bombes d’énergie, qui exprim<strong>en</strong>t<br />
tout : la notion de métamorphose,<br />
de flux continu, d’incarnation.<br />
Tout <strong>en</strong> constituant cela, j’avais<br />
<strong>en</strong> tête ce bâtim<strong>en</strong>t, son paysage<br />
: la quantité d’eau qui tourne<br />
sous ses f<strong>en</strong>êtres, le mistral qu’il<br />
se pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> pleine figure, la lumière<br />
qui est excessive. Réattu<br />
y a fait son atelier. Sa chambre<br />
des nuages. C’est comme ça que<br />
les Chinois désign<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>droit<br />
où ils réfléchiss<strong>en</strong>t.<br />
L’exposition <strong>en</strong>tière est un nuage<br />
moulé par le bâtim<strong>en</strong>t. Nous<br />
sommes dans une partition organique<br />
où le visiteur <strong>en</strong> est la<br />
clef. C’est lui qui combine tous<br />
les élém<strong>en</strong>ts d’une façon mouvante.<br />
Nous nous éloignons de la part<br />
conceptuelle…<br />
En mettant le visiteur comme<br />
acteur physique et m<strong>en</strong>tal vous<br />
dépassez les clivages d’érudition.<br />
La fréqu<strong>en</strong>tation d’une exposition<br />
ne peut pas être uniquem<strong>en</strong>t<br />
intellectuelle. Regardez les tasses<br />
à café de Bailly-Maître-Grand,<br />
il n’y a pas plus trivial et plus<br />
exist<strong>en</strong>tiel.<br />
PROPOS RECUEILLIS PAR CLAUDE LORIN<br />
Nuage<br />
jusqu’au 31 octobre<br />
Musée Réattu, Arles<br />
04 90 49 37 58<br />
www.museereattu.arles.fr<br />
Électrons libres<br />
Peu d’élus et peu de pièces, De<br />
main <strong>en</strong> main resserre son propos<br />
sur la sculpture du XX e siècle<br />
dans le Sud autour de 9 artistes<br />
et 33 œuvres. Un choix réalisé par<br />
Jean-Roch Bouiller, conservateur,<br />
chargé de l’art contemporain<br />
au MuCEM, pour dire sa conviction<br />
: «C’est une histoire d’artistes<br />
charismatiques qui ont laissé<br />
des empreintes profondes chez<br />
ceux qui les ont r<strong>en</strong>contrés», et<br />
son interrogation : «Dessin<strong>en</strong>t-ils,<br />
bout à bout, les contours d’une<br />
géographie artistique propre à la<br />
sculpture ?» Constitu<strong>en</strong>t-ils un<br />
foyer artistique, ri<strong>en</strong> n’est moins sûr.<br />
Mais des filiations apparaiss<strong>en</strong>t,<br />
des préoccupations communes,<br />
des admirations partagées. Plus<br />
<strong>en</strong>core, une indép<strong>en</strong>dance d’esprit.<br />
Richard Baquié traça sa route<br />
<strong>en</strong> solitaire, comme Judith Bartolani<br />
(superbe sélection de 3<br />
Fourmi-lion, 1993, 25 x 87 cm, grains de verre fondus sur des grains de sable CIRVA (Marseille)<br />
© Richard Monnier (Galerie Arlogos Frac Paca)<br />
œuvres à la fragilité puissante),<br />
tous deux influ<strong>en</strong>cés par Toni<br />
Grand qui transmit son goût de<br />
la liberté à Richard Monnier (ces<br />
Sablier réalisés au CIRVA ouvr<strong>en</strong>t<br />
une voie de transpar<strong>en</strong>ce<br />
sur sa sculpture <strong>en</strong> gravier et<br />
plâtre Tout tas est-il ôté d’un tout ?)<br />
et Arnaud Vasseux, merveilleux<br />
observateur de la réaction des<br />
matériaux qu’il assemble (résine,<br />
<strong>en</strong>cre, plâtre). Natif de Briançon,<br />
professeur à Nice, aujourd’hui<br />
Marseillais, Dominique Angel<br />
est insaisissable, même si sa Pièce<br />
supplém<strong>en</strong>taire le met <strong>en</strong> scène<br />
piégé par la glaise, sculpture<br />
éphémère que l’on appréh<strong>en</strong>de<br />
à travers la trace photographique…<br />
Des œuvres mises <strong>en</strong><br />
perspective avec celles d’André<br />
Masson, César et Germaine<br />
Richier qui leur ouvrir<strong>en</strong>t une<br />
voie royale.<br />
M.G.-G.<br />
De main <strong>en</strong> main<br />
jusqu’au 9 juin<br />
Galerie d’art du Conseil général,<br />
Aix<br />
Catalogue, éd. SilvanaEditorial,<br />
22 €<br />
04 13 31 50 70<br />
www.culture-13.fr
Un cru gouleyant<br />
Les chiffres sont éloqu<strong>en</strong>ts et les artistes<br />
loquaces : le Sm’art est une réussite ! Ce ne<br />
sont pas les 20 000 personnes qui ont flâné<br />
au Parc Jourdan qui le dém<strong>en</strong>tiront : 30 %<br />
de hausse de fréqu<strong>en</strong>tation depuis son implantation<br />
<strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre ville, sans compter<br />
l’augm<strong>en</strong>tation des v<strong>en</strong>tes de 10 % par<br />
rapport à 2012. Ces chiffres record n’étonn<strong>en</strong>t<br />
pas Christiane Michel, créatrice et<br />
commissaire du Sm’art. «Je fais tous les<br />
salons d’art et je sais que depuis une dizaine<br />
d’années le métier de galeriste est <strong>en</strong> zone<br />
de turbul<strong>en</strong>ces. Celles qui ont plus de 25 ans<br />
ont des artistes connus, mais pas les autres…<br />
À raison de 58 000 professionnels inscrits à<br />
la Maison des artistes, il est clair qu’il y a un<br />
déséquilibre ! Beaucoup de g<strong>en</strong>s de tal<strong>en</strong>t<br />
ne sav<strong>en</strong>t pas où prés<strong>en</strong>ter leurs œuvres.»<br />
Quant aux salons de décoration qui flirt<strong>en</strong>t<br />
avec l’art contemporain, ils ferai<strong>en</strong>t fausse<br />
route : «Ce n’est pas la même démarche.<br />
Les g<strong>en</strong>s veul<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>contrer des artistes et<br />
non pas des décorateurs.» Au Sm’art, impossible<br />
de ne pas les voir devant leur t<strong>en</strong>te<br />
blanche munis de pressbook, de catalogues,<br />
de cartes de visite et d’un large sourire. Car<br />
s’il y a compétition, il y a «une belle coopération<br />
et une vraie émulation». Sourski, installée<br />
à Auriol, a participé au salon l’an dernier<br />
Sourski dans son atelier au Sm'art, mai 2013 © MGG/<strong>Zibeline</strong><br />
avec l’Art-Gallery Laramée et revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nom<br />
propre : «Quand on fait un salon, il faut persévérer<br />
pour que le public s’habitue à votre<br />
travail, pour transformer les coups de cœur<br />
<strong>en</strong> désir d’achat. Je participe au SIAC à<br />
Marseille depuis 3 ans, j’expose dans les<br />
jardins d’Albertas pour les Journées des<br />
plantes. Depuis 12 ans que je me consacre à<br />
la sculpture, c’est comme si je jetais des<br />
bouteilles à la mer… aujourd’hui je suis ravie<br />
des v<strong>en</strong>tes et des contacts.» Même <strong>en</strong>thousiasme<br />
de l’association La Bourguette qui<br />
lutte contre l’autisme et prés<strong>en</strong>te les œuvres<br />
de Chantal et Frédéric réalisées dans les<br />
ateliers ferronnerie et céramique. Avec 15<br />
pièces v<strong>en</strong>dues, dont 3 mini David, répliques<br />
de la sculpture du Parc de Bagatelle à la<br />
mairie du 8 e de Marseille, c’est toute la motivation<br />
des équipes et des pati<strong>en</strong>ts qui est<br />
boostée. Pour sa première participation, le<br />
sculpteur seynois Mimi est positif : «Avec les<br />
v<strong>en</strong>tes je couvre mes frais et le pot<strong>en</strong>tiel dans<br />
l’av<strong>en</strong>ir est intéressant. C’est un bon investissem<strong>en</strong>t.<br />
Après le SIAC, j’ai retrouvé des<br />
collectionneurs fidèles.» Il faut dire que même<br />
installées au fond d’une allée, ses sculptures<br />
monum<strong>en</strong>tales <strong>en</strong> résine noire et<br />
blanche respir<strong>en</strong>t à pleins poumons à l’orée<br />
de la canopée.<br />
M.G.-G.<br />
Le Sm’art s’est déroulé<br />
à Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce du 2 au 6 mai<br />
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Animaux au bestiaire<br />
À Istres et sur le territoire<br />
Ouest-Prov<strong>en</strong>ce Animal<br />
Paradise nous emmène à<br />
la r<strong>en</strong>contre d’un bestiaire<br />
peu commun où Darwin<br />
aurait du mal à reconnaitre<br />
une généalogie…<br />
Noé œuvra sur ordre pour recréer<br />
un paradis. De l’éd<strong>en</strong> à<br />
l’<strong>en</strong>fer nombre d’artistes n’ont<br />
pas att<strong>en</strong>du qu’on leur montre<br />
un chemin pour emprunter d’autres<br />
voies. Animal Paradise, <strong>en</strong><br />
convoquant les bons et mauvais<br />
g<strong>en</strong>res, déployé <strong>en</strong> divers lieux<br />
istré<strong>en</strong>s et villes part<strong>en</strong>aires<br />
(Œuvres <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t), montre<br />
comm<strong>en</strong>t des artistes -une<br />
tr<strong>en</strong>taine dont la moitié sont des<br />
femmes, pour ça aussi ça nous<br />
plaît !- s’empar<strong>en</strong>t de la figure<br />
animal dans des dispositifs signifiants<br />
complexes et inatt<strong>en</strong>dus.<br />
Après l’installation historique de<br />
Gloria Friedmann ou I’m an animal<br />
de Myriam Méchita, une des<br />
pièces les plus signifiantes avec<br />
Farm set pigs de Pascal Bernier,<br />
la mythologie animale se décline<br />
sous de multiples tournures. Animal<br />
naturalisé, hybride (Grünfeld,<br />
Gagliardi), trophée, robotisé (Cadet,<br />
Blanchard), squelettique/<br />
Mickey (Rubinstein) ou sublimé/<br />
or (Zanca), pop (Jabbour,Ciavaldini),<br />
pseudo sci<strong>en</strong>tifique (Duchêne),<br />
r<strong>en</strong>ouvelant la tradition du dessin<br />
(Otero Torres), <strong>en</strong> paradis exotique<br />
(Ghelloussi), abs<strong>en</strong>t/prés<strong>en</strong>t<br />
(Castell)… Sans pour autant<br />
I'm an animal too, Myriam Mechita, 2010/2013 © C. Lorin/<strong>Zibeline</strong><br />
confiner les œuvres dans des<br />
catégories commodes, l’animalité<br />
s’expose <strong>en</strong> postures incongrues,<br />
inquiétantes ou dés<strong>en</strong>chantées<br />
comptant que le visiteur saura<br />
construire sa part d’appropriation<br />
dans cette arche fantastique<br />
où <strong>en</strong> filigrane une autre part de<br />
l’Homme est donnée à voir avec<br />
ses résonnances actuelles. Le<br />
travail <strong>en</strong>tamé voici deux ans par<br />
Catherine Soria et l’équipe de la<br />
POPARTs se confirme tant par<br />
l’approche conceptuelle que par<br />
le choix des œuvres sans craindre<br />
le grand public ni les ouvertures<br />
plus pointues. Seul bémol, le<br />
bâtim<strong>en</strong>t dont on rappelle les<br />
limites. Confér<strong>en</strong>ces, visites nature,<br />
évènem<strong>en</strong>ts ponctu<strong>en</strong>t la<br />
programmation.<br />
CLAUDE LORIN<br />
Animal Paradise<br />
jusqu’au 12 octobre<br />
Poparts, C<strong>en</strong>tre d’Art<br />
Contemporain Intercommunal<br />
Istres et autres lieux<br />
04 42 55 17 10<br />
www.ouestprov<strong>en</strong>ce.fr
5 e P.A.C.<br />
Pour sa 5 e édition le Printemps de l’Art Contemporain joue<br />
les contretemps mais reste à l’heure de MP2013. Le réseau<br />
Marseille Expos propose <strong>en</strong> 3 jours, 3 parcours pour<br />
une quarantaine de lieux <strong>en</strong> 3 quartiers : r<strong>en</strong>contres avec<br />
les artistes, lectures, colloque, performances et nocturnes.<br />
Ouverture de tous les lieux dès le 17 mai, de 11h à 22 h, soirée<br />
d’inauguration à la maison de v<strong>en</strong>te Leclere à partir de 22h,<br />
<strong>en</strong>trée libre. C.L.<br />
Printemps de l’Art Contemporain #5<br />
les 17, 18 et 19 mai<br />
Marseille<br />
www.marseilleexpos.com<br />
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Lionel Scoccimaro, Customize Vanity Thing, 2010. courtesy Galerie Olivier Robert<br />
Marc Heller<br />
«Ciel, la terre !» s’exclame le photographe marseillais Marc Heller lorsqu’il est aux<br />
commandes d’un avion, fasciné depuis les années 70 par la photo, la nature et le<br />
vertige des airs. De série <strong>en</strong> série, la réalité des paysages s’efface derrière un jeu<br />
abstrait de couleurs : terre ? eau ? sable ? Oui, mais pas uniquem<strong>en</strong>t : harmonies<br />
de vert acide et d’orange <strong>en</strong>flammé, ét<strong>en</strong>dues irréelles, frontières floues,<br />
géométries variables… M.G.-G.<br />
Ciel ! La terre, balade aéri<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce<br />
du 14 mai au 23 juin<br />
Office de tourisme, Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce<br />
04 42 16 11 61<br />
www.aix<strong>en</strong>prov<strong>en</strong>cetourism.com<br />
© Marc Heller<br />
Animal design<br />
Quel fabuleux bestiaire ! De tout temps les animaux ont été l’objet de représ<strong>en</strong>tations<br />
et les designers ne dérog<strong>en</strong>t pas au plaisir de combiner formes et symboles. En témoigne<br />
l’exposition du C<strong>en</strong>tre Design Marseille qui réunit une quarantaine de pièces, et presque<br />
autant de matières et de fonctionnalités aussi inatt<strong>en</strong>dues que poétiques, aussi<br />
humoristiques qu’inutiles parfois… M.G.-G.<br />
du 15 mai au 29 juin<br />
Galerie Montgrand, Marseille 6 e<br />
06 72 43 19 55<br />
www.designmarseille.org<br />
© Frederique Morrel<br />
Les Arts éphémères<br />
Le festival des Arts éphémères souligne les relations inv<strong>en</strong>tives de l’art<br />
contemporain au paysage et à la nature à travers une sélection d’artistes qui jou<strong>en</strong>t<br />
avec la tradition du land art (Caroline le Méhauté, Julia Cottin, Olivier Millagou, Jean-<br />
Marc Voillot, Ugo Schiavi), mais pas uniquem<strong>en</strong>t. D’autres trouv<strong>en</strong>t «naturellem<strong>en</strong>t»<br />
leur place, dehors comme dedans : Anne-Valérie Gasc, Ilana Salama Ortar, Frédéric<br />
Pradeau, Aymeric Louis, Véronique Rizzo, Alain Pontarelli, Pascale Mijares, Karine<br />
Rougier, Solange Trigger, Laur<strong>en</strong>t Perbos… M.G.-G.<br />
Ongles © Laur<strong>en</strong>t Perbos<br />
du 23 mai au 13 juin<br />
Parcs et salons de Maison Blanche, Marseille 9 e et 10 e<br />
04 91 14 <strong>63</strong> 50<br />
www.marseille9-10.fr
Réservoir Rock<br />
Le Château-musée Edgar Melik cache des espaces insolites, comme ce réservoir<br />
où les œuvres de Jean-Baptiste Gaubert se métamorphoseront «<strong>en</strong> prestations<br />
audiovisuelles inédites». Le temps d’une performance le 26 mai, peintures, photos<br />
et vidéos réinv<strong>en</strong>teront un déjeuner sur l’herbe impressionniste, superposition de<br />
petites touches picturales et de musique improvisée avec son groupe. La toile et<br />
l’installation sonore in situ composeront la pièce Réservoir Rock… M.G.-G.<br />
Performance <strong>en</strong> live de Jean Baptiste Gaubert © X.D-R<br />
jusqu’au 30 septembre<br />
Château-musée Edgar Melik, Cabriès<br />
04 42 22 42 81<br />
www.musee-melik.fr<br />
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Tableau historique<br />
Jérôme Cavalière, Camila Oliveira Fairclough, Cécile Meynier,<br />
Olivier Mosset, Frédéric Sanchez, Hugo Schuwer Boss<br />
compos<strong>en</strong>t une sorte de best of autour de l’œuvre abstraite et<br />
radicale d’Olivier Mosset. On évoquera sans doute l’audace du<br />
jeune Rausch<strong>en</strong>berg gommant les dessins du grand De Kooning.<br />
Le geste est passé dans l’histoire de l’art. Les œuvres le ferontelles<br />
avec autant de radicalité ? C.L.<br />
Tableau Historique<br />
du 17 mai au 28 juin<br />
GAD-Galerie Arnaud Deschin, Marseille 1 er<br />
06 75 67 20 96<br />
http://lagad.eu<br />
Jerome Cavaliere, Entreti<strong>en</strong> avec une oeuvre d'art,<br />
Essai #1, #2 et #3 2012 Video HDV, 16-9, 14' © courtesy artiste et galerie A. Deschin<br />
Fabrice Lauterjung, photographie de la serie Et quand il eut passe le pont (© F. Lauterjung<br />
Escales<br />
Le projet Ulysses (FRAC PACA) propose quatre escales<br />
dans le Pays de Martigues. Le patrimoine résonnera avec l’art<br />
contemporain : à la Chapelle Notre Dame de Miséricorde, Et quand<br />
il eut passé le pont de Fabrice Lauterjung, Aquarelles d’Yvan<br />
Salomone au C<strong>en</strong>tre d’Art Fernand Léger à Port-de-Bouc<br />
et sur le site archéologique de Saint-Blaise/Saint-Mitreles-Remparts<br />
Jean-Jacques Rullier expose Fragm<strong>en</strong>ts<br />
de la coexist<strong>en</strong>ce des mondes et à partir du 21 juin<br />
Le glissem<strong>en</strong>t des croyances au musée Ziem. C.L.<br />
Escale sur la Petite Mer<br />
Pays de Martigues<br />
du 18 mai au 13 octobre<br />
www.paysdemartigues.fr<br />
www.villedemartigues.fr<br />
www.portdebouc.fr<br />
Photomed<br />
C’est sous le cèdre du Liban qu’est placé le 3 e Festival de la<br />
photographie méditerrané<strong>en</strong>ne concocté par Jean-Luc<br />
Monterosso, directeur de la Maison europé<strong>en</strong>ne de la<br />
photographie. Avec la même exig<strong>en</strong>ce : promouvoir des tal<strong>en</strong>ts<br />
méconnus (la photographie slovène), r<strong>en</strong>dre hommage à de<br />
grandes figures (Gabriel Basilico, Nino Migliori, Fouad Elkoury),<br />
découvrir des œuvres inédites (Costa-Gavras), organiser des<br />
workshops ou <strong>en</strong>core provoquer des r<strong>en</strong>contres impromptues. M.G.-G.<br />
du 23 mai au 16 juin<br />
Sanary, Bandol, B<strong>en</strong>dor, Toulon<br />
www.festivalphotomed.com<br />
Serie Watercolor, 2012 © Maz<strong>en</strong> Jannoun (selection La jeune photographie libanaise)
Fake off<br />
Enfin une galerie marseillaise loin du triangle d’or ! Celle-ci<br />
opère au cœur des Puces, parmi ses antiquaires… <strong>en</strong> offrant<br />
une large sélection particulièrem<strong>en</strong>t inspirée d’artistes<br />
contemporains vivant pour la plupart à Marseille. Il y <strong>en</strong> a<br />
pour tous les bons goûts, à des prix franchem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
dessous du marché, et tous les artistes qui compt<strong>en</strong>t y sont,<br />
avec plusieurs oeuvres (Clavère, B<strong>en</strong>istri, Sémiramoth,<br />
Dantzer, Rizzo, Scoccimaro, Olmeta, Perbos, Discepolo…).<br />
Les Vierges de Maila Gracia, et les blocs de marbre évidés<br />
d’Attila Rath Geber donn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vie d’investir indifféremm<strong>en</strong>t<br />
dans la pierre et la plume ! Un nouvel accrochage à partir du<br />
6 juin. A.F.<br />
Maila Gracia, Vierge noire, technique mixte, moules bois, 2010, Dame Blanche, technique mixte cauris velour,<br />
2013, Cousine Madeleine, technique mixte, cheveux humains, 2013 © Galerie Saint Laur<strong>en</strong>t<br />
Publications d’artistes<br />
Deuxième édition de Publications d’artistes pour des Paroles croisées autour de la<br />
Bibliothèque Mobile d’Andrea Blum avec L’atelier cinq, Jouke Kleerebezem, wip-art,<br />
L’éditions des petits livres, monotone press, La fabrique s<strong>en</strong>sible et le C<strong>en</strong>tre de<br />
docum<strong>en</strong>tation du FRAC PACA. La fabrique s<strong>en</strong>sible propose aussi <strong>en</strong> souscription<br />
Merveilles de Marie Ducaté, une exposition de l’artiste et une installation d’Eric Watier.<br />
Vernissage le 8 juin à 18h30. C.L.<br />
jusqu’au 25 mai<br />
Galerie Saint laur<strong>en</strong>t, Marseille 15 e<br />
06 76 91 42 61<br />
www.galeriesaintlaur<strong>en</strong>t.com<br />
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les 7, 8, 9 juin<br />
Les Baux-de-Prov<strong>en</strong>ce<br />
04 90 54 34 39<br />
www.publicationsdartistes.org<br />
www.lafabriques<strong>en</strong>sible.com<br />
Merveilles de Marie Ducate, 2013, livre d'artiste,<br />
éditions la fabrique s<strong>en</strong>sible<br />
Patrimoine r<strong>en</strong>ouvelé<br />
En organisant un des concours artistiques les mieux dotés de France, la CCI<br />
Marseille-Prov<strong>en</strong>ce récomp<strong>en</strong>se chaque année des artistes qui se sont intéressés<br />
aux <strong>en</strong>jeux économiques de son territoire. Cette exposition rétrospective est<br />
l’occasion de découvrir les œuvres primées depuis 2008 de jeunes tal<strong>en</strong>ts comme<br />
Marc Quer, Mohamed Bourouissa ou Sandra Lor<strong>en</strong>zi. Originaires de la région ou du<br />
monde <strong>en</strong>tier, ils se distingu<strong>en</strong>t par l’originalité, la qualité et l’innovation technique<br />
de leurs créations. A-L.R.<br />
De l'eternel avec une date de peremption,tirage sur papier<br />
archive Editions P, 60x80 cm, laureat 2012 © Marc Quer<br />
Un patrimoine r<strong>en</strong>ouvelé - Acquisitions 2008-2013<br />
du 2 mai au 12 juin<br />
Palais de la Bourse, Marseille<br />
0810 113 133<br />
www.palaisdelabourse2013.ccimp.com<br />
Flâneries d’Art<br />
Andréa Ferréol et ses complices sav<strong>en</strong>t ouvrir les portes des lieux<br />
secrets, parfums du XVIIIe conjugués aux arts contemporains.<br />
Pour la septième édition de ses flâneries, pas moins de 21 artistes<br />
internationaux (Sophia Vari, Titouan Lamazou…) essaimeront les<br />
jardins aixois, tandis que des musici<strong>en</strong>s partageront des airs<br />
d’opéra, de jazz, de tango, une création chorégraphique de<br />
Nicolas Zemmour… M.C.<br />
Titouan Lamazou © X-D.R<br />
les 15 et 16 juin<br />
Divers lieux, Aix<br />
www.aix-<strong>en</strong>-oeuvres.com/flaneries-2013
Les voix du sil<strong>en</strong>ce<br />
84<br />
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ENCONTRES<br />
Largem<strong>en</strong>t amorcé l’an dernier, le déploiem<strong>en</strong>t du Festival du Livre de La<br />
Canebière, organisé par l’association Couleurs Cactus, se poursuivra lors<br />
de sa prochaine édition. Il s’ét<strong>en</strong>dra cette année sur dix jours, du 7 au 16<br />
juin, et <strong>en</strong> de nombreux lieux autres que le désormais traditionnel square<br />
Léon Blum. Si le festival reste amarré dans le premier arrondissem<strong>en</strong>t,<br />
investissant plusieurs espaces du c<strong>en</strong>tre ville, comme Les Grands Terrains,<br />
l’Alcazar, l’Espace Culture ou La Compagnie, il regarde de plus <strong>en</strong> plus<br />
vers la mer. Il fera ainsi escale au Vieux-Port, dans l’anse de la Fausse-<br />
Monnaie, au Frioul et même à L’Estaque, puisque la mairie des 15 e et 16 e<br />
arrondissem<strong>en</strong>ts l’y a invité toute une journée (le 15). Les r<strong>en</strong>contres, ateliers<br />
d’écriture, lectures et performances proposés cette année, sans compter les<br />
concerts, bals et autres événem<strong>en</strong>ts purem<strong>en</strong>t festifs, s’y multipli<strong>en</strong>t allègrem<strong>en</strong>t.<br />
Mais cette manifestation qui semble vouloir voguer toutes voiles<br />
dehors parvi<strong>en</strong>t à conserver ses lignes de force !<br />
Le thème ret<strong>en</strong>u pour cette édition est celui du sil<strong>en</strong>ce : sil<strong>en</strong>ce de la c<strong>en</strong>sure,<br />
de l’omerta, des non-dits et des interdits, sil<strong>en</strong>ce égalem<strong>en</strong>t du rêve,<br />
du souffle poétique, de l’inspiration. Le sil<strong>en</strong>ce sera donc décliné sous toutes<br />
ses formes, parlé, chanté et écrit. Parmi les invités, le journaliste, dramaturge<br />
et plastici<strong>en</strong> algéri<strong>en</strong> Mustapha B<strong>en</strong>fodil jouera un rôle important : il<br />
prés<strong>en</strong>tera son installation Sans têtes, c<strong>en</strong>surée <strong>en</strong> 2011 lors de la Bi<strong>en</strong>nale<br />
des Emirats Arabes Unis, proposera une performance et parlera de son<br />
dernier texte, Le point de vue de la mort (Al Dante) qui sera mis <strong>en</strong> scène<br />
au Off d’Avignon cet été. Plusieurs occasions donc de mieux connaître cet<br />
artiste <strong>en</strong>gagé contre la c<strong>en</strong>sure.<br />
On pourra égalem<strong>en</strong>t découvrir le thriller déjanté de l’Espagnol Javier<br />
Calvo (Le jardin susp<strong>en</strong>du ; éditions Galaade), le roman graphique d’Antonin<br />
Dubuisson et Alain Glykos (La grande catastrophe ; Cambourakis)<br />
et bi<strong>en</strong> d’autres ouvrages. On retrouvera aussi avec plaisir R<strong>en</strong>é Frégni<br />
autour de son dernier roman Sous la ville rouge (Gallimard), dont l’intrigue<br />
se situe à Marseille. Le principe de la mini résid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> duo sera égalem<strong>en</strong>t<br />
reconduit cette année avec le romancier Marcus Malte et le photographe<br />
Abed Abidat. Tous deux ont un projet commun autour du sil<strong>en</strong>ce, qu’ils<br />
vi<strong>en</strong>dront prés<strong>en</strong>ter à la fin du festival, mom<strong>en</strong>t où sera décerné le Prix de<br />
la Nouvelle, dont <strong>Zibeline</strong> est part<strong>en</strong>aire.<br />
Pas de doute, <strong>en</strong> 2013, le Festival du Livre va faire du bruit !<br />
FRED ROBERT<br />
Lire <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce © Jose Caddy<br />
5 e Festival du Livre de la Canebière Carnets de route<br />
du 7 au 16 juin<br />
Marseille<br />
www.couleurs-cactus.com<br />
L’universalisme politique<br />
Dernière confér<strong>en</strong>ce de la saison<br />
pour Échange et diffusion<br />
des savoirs, avec Mireille<br />
Delmas-Marty. La juriste de<br />
r<strong>en</strong>ommée internationale vi<strong>en</strong>dra<br />
parler de l’universalisme<br />
politique à l’épreuve de la<br />
mondialisation, partant du<br />
cosmopolitisme, rêvé notamm<strong>en</strong>t<br />
par Kant, qui devi<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
partie réalité avec l’actuelle<br />
mondialisation du droit. Avec<br />
des obstacles visibles dans le<br />
droit du commerce et des<br />
finances, le droit des droits de<br />
l’homme ou celui applicable<br />
aux nouvelles technologies.<br />
DO.M.<br />
le 30 mai à 18h45<br />
Hôtel du départem<strong>en</strong>t,<br />
Marseille<br />
04 96 11 24 50<br />
www.cg13.fr<br />
Mireille Delmas-Marty © Emmanuelle Marchadour<br />
Cultures croisées<br />
Pour sa 11 e édition, la manifestation l’Espagne des trois cultures n’a<br />
de cesse d’ouvrir un espace de solidarité, de dialogue, de reconnaissance<br />
pour aboutir à une fête de tolérance et de culture. À l’image d’une<br />
Espagne harmonieuse qui vivait harmonieusem<strong>en</strong>t la cohabitation<br />
des trois grands monothéismes, musulman, juif, chréti<strong>en</strong>. Un<br />
patrimoine hispano-judéo-musulman que l’association marseillaise<br />
Horizontes del sur explore dans différ<strong>en</strong>tes interfaces culturelles,<br />
du 21 mai au 10 juin. Parmi les temps forts de ces r<strong>en</strong>contres, des<br />
confér<strong>en</strong>ces, nombreuses, sont programmées à l’Alcazar, notamm<strong>en</strong>t<br />
celle d’Antonio Soler autour de son dernier livre, Boabdil, ou de<br />
Virginie Ruiz sur Moga-dor au cœur des trois cultures méditerrané<strong>en</strong>nes<br />
chréti<strong>en</strong>ne, juive et musulmane : un pont jeté <strong>en</strong>tre le Mexique et le<br />
Maroc dans l’œuvre d’Alberto Ruy-Sánchez. Seront aussi projetés les<br />
docum<strong>en</strong>taires de Vivian Imar et Marcelo Trotta, Legado et celui de<br />
Miguel E. López Lorca, Los expulsados, ainsi que le film de Maria<br />
Victoria M<strong>en</strong>is, La Cámara oscura. Sans oublier l’expo sur les<br />
«gauchos juifs», le café littéraire, la programmation musicale…<br />
DO.M.<br />
L’Espagne des trois cultures<br />
du 21 mai au 10 juin<br />
Divers lieux, Marseille<br />
04 91 08 53 78<br />
www.horizontesdelsur.fr
86<br />
L<br />
ITTÉ<br />
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RE<br />
Ouvrages de l’Atelier du Tilde © Juliette Luck2<br />
Que viva CoLibriS<br />
Faut-il multiplier les mom<strong>en</strong>ts festifs (concerts,<br />
milongas…) pour qu’un festival littéraire soit jugé<br />
digne d’être financièrem<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>u ? À l’issue<br />
de la sixième édition de CoLibriS, on peut se<br />
poser la question. Depuis sa création, la manifestation<br />
a déployé ses ailes, ouvrant des perspectives<br />
inédites, comme le croisem<strong>en</strong>t de regards latinoarabes<br />
pour la prés<strong>en</strong>te édition, et gagnant année<br />
après année une notoriété internationale. Le<br />
travail de fond, que les acteurs de ce festival mèn<strong>en</strong>t<br />
avec <strong>en</strong>thousiasme pour faire connaître et<br />
apprécier les littératures contemporaines d’Amérique<br />
latine, ne semble pourtant pas convaincre<br />
les institutions. Celles-ci ne cess<strong>en</strong>t de réduire<br />
leurs aides, au point que l’équilibre financier de<br />
la manifestation relève aujourd’hui de la gageure.<br />
Le budget de la culture est <strong>en</strong> baisse et à l’intérieur<br />
dudit budget, la littérature est loin de se<br />
tailler la part du lion : trop peu visible, dis<strong>en</strong>t les<br />
uns ; trop élitiste, critiqu<strong>en</strong>t les autres. S’ils avai<strong>en</strong>t<br />
assisté aux échanges stimulants qui se sont t<strong>en</strong>us<br />
à La Friche, ils aurai<strong>en</strong>t constaté qu’exig<strong>en</strong>ce littéraire<br />
et accessibilité, même lorsque les sujets<br />
abordés sont complexes, sont compatibles. C’est<br />
d’ailleurs une des grandes qualités de CoLibriS,<br />
qui n’est pas un salon où l’on vi<strong>en</strong>t faire ses courses,<br />
mais un véritable lieu, stimulant, de recherche,<br />
d’échange et de découvertes.<br />
Parmi les r<strong>en</strong>contres passionnantes de cette<br />
édition, la table ronde qui a réuni Carlos Liscano,<br />
Matias Néspolo, Maïssa Beyet Kamel Daoud<br />
autour du thème de «l’écrivain, voix politique».<br />
Hernan Harispe a lancé le débat. Constatant le<br />
bouleversem<strong>en</strong>t politique et social du contin<strong>en</strong>t<br />
sud-américain depuis deux déc<strong>en</strong>nies, voyant le<br />
même changem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> germe dans le monde<br />
arabe, il a demandé si la littérature accompagnait<br />
ou non ces mutations. Selon l’Uruguay<strong>en</strong> Liscano,<br />
il y a actuellem<strong>en</strong>t un «divorce» <strong>en</strong>tre littérature<br />
et politique <strong>en</strong> Amérique latine, ce que corrobore<br />
le jeune écrivain arg<strong>en</strong>tin Néspolo (voir p. 88)<br />
pour les années 1990 du moins. Cette période<br />
d’évolution néolibérale de tout le contin<strong>en</strong>t a<br />
favorisé l’éclosion d’une littérature plus légère,<br />
plus formaliste, moins <strong>en</strong>gagée. Mais les temps<br />
chang<strong>en</strong>t ; de nombreux écrivains de sa génération<br />
r<strong>en</strong>ou<strong>en</strong>t aujourd’hui avec des thèmes<br />
politiques, liés au poids de l’héritage des dictatures.<br />
Face à des auteurs sud-américains «impliqués»,<br />
les Algéri<strong>en</strong>s se dis<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t «<strong>en</strong>gagés».<br />
Kamel Daoud (voir p. 88) rappelle brillamm<strong>en</strong>t<br />
la nécessité de la littérature face à la dictature. À<br />
quoi Maïssa Bey ajoute que «toute prise de parole<br />
dans un pays où la transgression des codes est<br />
sévèrem<strong>en</strong>t punie est un acte politique.» Daoud<br />
conclura pourtant que l’expéri<strong>en</strong>ce de l’Amérque<br />
latine l’intéresse mais ne répond pas à sa question<br />
fondam<strong>en</strong>tale : comm<strong>en</strong>t vaincre la dictature<br />
religieuse ?<br />
CoLibriS permet aussi des découvertes. D’auteurs,<br />
comme le Chili<strong>en</strong> d’origine palestini<strong>en</strong>ne<br />
Walter Garib ; un octogénaire flamboyant à<br />
l’élocution magistrale (voir p. 89). D’éditeurs<br />
égalem<strong>en</strong>t. L’Atelier du Tilde, à qui l’on doit<br />
l’édition du Voyageur au tapis magique de Garib,<br />
était à l’honneur cette année. Cette maison lyonnaise<br />
(créée <strong>en</strong> août 2010) est née de la volonté<br />
de trois jeunes traducteurs de diffuser des œuvres<br />
latino-américaines et espagnoles inédites <strong>en</strong><br />
français, d’où le nom «tilde», tout <strong>en</strong> soignant<br />
l’objet de façon très artisanale, d’où le terme<br />
d’«atelier». Les jeunes éditeurs font presque tout<br />
eux-mêmes, traduction, fabrication, diffusion…,<br />
ce qui leur permet de proposer de très beaux<br />
livres à des prix très doux. Une démarche peu<br />
lucrative mais généreuse !<br />
Pour l’équipe de La Marelle, l’heure est désormais<br />
aux bilans. Qu’advi<strong>en</strong>dra-t-il de CoLibriS<br />
<strong>en</strong> 2014 ? Sans doute faudra-t-il l’associer à<br />
d’autres événem<strong>en</strong>ts (le festival de cinéma sudaméricain<br />
?). L’ouverture au public scolaire et<br />
universitaire, largem<strong>en</strong>t amorcée cette année<br />
devrait croître <strong>en</strong>core. Afin que (sur)vive un<br />
festival littéraire de grande qualité !<br />
FRED ROBERT<br />
Le festival CoLibriS s’est déroulé à Marseille<br />
(La Friche) et dans la région du 24 au 30 avril<br />
Traduire<br />
l’implicite<br />
En conclusion du festival littéraire,<br />
CoLibriS proposait à l’Espace Van<br />
Gogh d’Arles, au siège du CITL*,<br />
une r<strong>en</strong>contre animée par Yann<br />
Nicol <strong>en</strong>tre Alberto Ruy-Sanchez<br />
(voir p. 89) et son traducteur, Gabriel<br />
Iaculi. L’échange extrêmem<strong>en</strong>t riche<br />
permettait un nouveau déchiffrem<strong>en</strong>t<br />
des arcanes de l’œuvre de<br />
Ruy-Sanchez et une approche passionnante<br />
de l’art de la traduction.<br />
Il n’est pas de meilleure lecture, plus<br />
approfondie que celle de la traduction<br />
affirme Gabriel Iaculi : «Ma<br />
méthode est très hétérodoxe, il s’écoule<br />
un an ou deux <strong>en</strong>tre ma première<br />
lecture et la traduction.» «Comm<strong>en</strong>t<br />
faire s<strong>en</strong>tir <strong>en</strong> français au lecteur les<br />
allusions du texte ? En traduisant, je<br />
compr<strong>en</strong>ds le chemin de l’auteur et je<br />
suis obligé d’emprunter le mi<strong>en</strong> par<br />
un tour à la fois totalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t<br />
et qui à l’issue est à peu près semblable.»<br />
Dans l’écriture baroque de<br />
l’écrivain mexicain, tout se joue sur<br />
la polysémie, l’implicite, c’est ce<br />
qu’il faut r<strong>en</strong>dre, absolum<strong>en</strong>t ! Dans<br />
le roman, un personnage ess<strong>en</strong>tiel,<br />
le potier : Gabriel Iaculi s’initie alors<br />
à la poterie. «Quelle chance pour moi<br />
d’avoir un tel traducteur ! sourit<br />
Alberto Ruy-Sanchez. De toute façon,<br />
comme pour un chorégraphe, mon<br />
livre ne m’apparti<strong>en</strong>t plus <strong>en</strong> français,<br />
il est l’œuvre de Gabriel !» Quel<br />
bonheur pour le lecteur !<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
© M.C<br />
Cette r<strong>en</strong>contre au eu lieu le 30 avril<br />
à l’Espace Van Gogh, Arles<br />
*CITL : Collège International<br />
des traducteurs littéraires
Des Américains<br />
à Draguignan<br />
Débarquem<strong>en</strong>t américain dans le Haut-Var pour<br />
la troisième édition des Escapades Littéraires,<br />
organisées par l’association Libraires du Sud. Ce<br />
festival littéraire est des plus plaisants. Grâce au<br />
lieu d’abord : au fond d’une placette ombragée<br />
de platanes et aménagée <strong>en</strong> café se ti<strong>en</strong>t la Chapelle<br />
de l’Observance. Acquis par la commune<br />
<strong>en</strong> 1992 et restauré jusqu’<strong>en</strong> 2005, ce bel édifice<br />
du XVIe siècle est aujourd’hui dédié aux expositions<br />
d’art contemporain et aux manifestations<br />
culturelles. On y circule à l’aise, mais tout est<br />
conc<strong>en</strong>tré. Grâce <strong>en</strong>suite à l’accueil, excell<strong>en</strong>t, et<br />
à l’ambiance, conviviale et propice aux échanges.<br />
Ici, tout le monde se parle et tous -bénévoles de<br />
l’association, lecteurs, équipe de la municipalité,<br />
interprètes, journalistes, auteurs, libraires- sont<br />
«à fond» pour faire de ce jeune festival une manifestation<br />
qui compte dans le paysage littéraire<br />
de la région.<br />
Ils y réussiss<strong>en</strong>t aussi grâce à la qualité des r<strong>en</strong>contres<br />
proposées. En une journée, on a ainsi pu<br />
redécouvrir Mark Twain à travers l’hommage<br />
que lui a r<strong>en</strong>du Bernard Hoepffner. Le traducteur<br />
vi<strong>en</strong>t de proposer une version nettem<strong>en</strong>t<br />
moins édulcorée que les précéd<strong>en</strong>tes de Tom<br />
Sawyer (voir p .91) et Huckleberry Finn, plus <strong>en</strong><br />
accord avec l’esprit des deux romans, pas vraim<strong>en</strong>t<br />
politiquem<strong>en</strong>t corrects ni destinés aux<br />
<strong>en</strong>fants (surtout le second). On a égalem<strong>en</strong>t pu<br />
r<strong>en</strong>contrer Richard Russo et Iain Levison dont<br />
les romans bross<strong>en</strong>t le portrait d’une Amérique<br />
<strong>en</strong> crise. On a parlé comics et romans graphiques<br />
avec Gilbert Shelton, créateur des Freaks Brothers,<br />
Marc Voline, qui a énormém<strong>en</strong>t fait pour<br />
qu’on n’oublie pas George Harriman et son<br />
Krazy Kat, et le tal<strong>en</strong>tueux quadra Anthony Pastor,<br />
qui a redit l’importance de la culture US<br />
pour sa génération. Ses romans graphiques jou<strong>en</strong>t<br />
constamm<strong>en</strong>t avec les codes du western ou du<br />
roman hard boiled. Une table ronde a réuni Rick<br />
Bass, Adam Novy et David Vann sur le thème<br />
des « grands espaces américains » (voir p. 90). Bass<br />
a rappelé l’influ<strong>en</strong>ce de Jim Harrison sur lui.<br />
Celui qui dit préférer les ours au métro vit aujourd’hui<br />
dans le Montana, au fond d’une vallée<br />
sauvage ; une expéri<strong>en</strong>ce assez proche de celle que<br />
Thoreau rapporte dans Wald<strong>en</strong>. Vann dit avoir<br />
été marqué pour toujours par son <strong>en</strong>fance sur<br />
une île, près de l’océan, <strong>en</strong> bordure d’«une forêt<br />
très humide et très d<strong>en</strong>se» puis par son adolesc<strong>en</strong>ce<br />
près de Sacram<strong>en</strong>to, dans une propriété<br />
qui ressemble fort à celle qu’il évoque dans Impurs<br />
(lire chronique p. 90). La description du paysage<br />
est pour lui une façon de figurer l’émerg<strong>en</strong>ce de<br />
l’inconsci<strong>en</strong>t. Pour le très pince-sans-rire Adam<br />
Novy <strong>en</strong> revanche, la forêt reste «un lieu d’échec<br />
personnel» (il est nul <strong>en</strong> feux de camp) ; pas de<br />
forêt donc dans sa Cité des oiseaux mais une «géographie<br />
de la dislocation» et la création d’un<br />
nouvel espace, d’un monde souterrain surpeuplé.<br />
De belles r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong> vérité, et un festival à<br />
découvrir absolum<strong>en</strong>t.<br />
FRED ROBERT<br />
Les Escapades littéraires ont eu lieu à Draguignan<br />
(Var), Chapelle de l’Observance, du 3 au 5 mai<br />
© Hass<strong>en</strong> Haddouche/filtrages<br />
Bouquet<br />
final<br />
Le 12 avril, au Portail Coucou à<br />
Salon, se clôturait la 8e édition de<br />
Lire Ensemble, manifestation intercommunale<br />
autour du livre et de<br />
la lecture organisée par Agglopole<br />
Prov<strong>en</strong>ce, où durant une quinzaine<br />
de jours les 17 communes du territoire<br />
ont accueilli nombre de<br />
manifestations au sein de leurs<br />
bibliothèques.<br />
Lors de cette soirée tous étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts,<br />
les participants des concours<br />
qui att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t la remise des prix,<br />
mais aussi ceux qui avai<strong>en</strong>t participé<br />
aux ateliers graphiques et<br />
d’écriture (notamm<strong>en</strong>t avec Jo Ros,<br />
Jihad Darwiche etThomas Azuelos)<br />
et dont était visible la richesse<br />
de production ! La compagnie Tout<br />
Samba’L offrait aussi un beau mom<strong>en</strong>t<br />
avec une lecture-spectacle<br />
autour d’une sélection de portraits<br />
littéraires écrits par Jo Ros, haute <strong>en</strong><br />
couleurs, à l’image de ces habitants<br />
qui lui ont ouvert leur porte et leur<br />
vie. Un kaléidoscope de personnalités<br />
qui, selon les mots de l’auteur,<br />
lie «tradition et modernisme <strong>en</strong> préservant<br />
la mémoire, la sauvegarde des<br />
patrimoines [...] Pour que ri<strong>en</strong> ne<br />
s’oublie de ces vies, de ces tranches<br />
d’histoire locale adossée à celle de la<br />
planète». Le recueil est <strong>en</strong> ligne sur<br />
le site de l’Agglopole, surfez-y...<br />
Émotion et belles r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong>fin<br />
autour des lauréats des concours de<br />
nouvelles ados (sur le thème R<strong>en</strong>contres<br />
du 13 e type) et adultes (sur<br />
celui de G<strong>en</strong>s d’ici et d’ailleurs), avec<br />
deux beaux premiers Prix de chaque<br />
côté. Une participation importante,<br />
dont la qualité fut soulignée par les<br />
membres des jurys. Et notamm<strong>en</strong>t<br />
celle d’Hélène Katsaras, Grand<br />
Prix Agglopole Prov<strong>en</strong>ce, G<strong>en</strong>s qui<br />
ri<strong>en</strong>t, g<strong>en</strong>s qui pleur<strong>en</strong>t, déclinaison<br />
emballante du thème imposé, unanimem<strong>en</strong>t<br />
saluée. Ses écrits à v<strong>en</strong>ir<br />
sont att<strong>en</strong>dus avec impati<strong>en</strong>ce...<br />
DO.M.<br />
Lire Ensemble s’est déroulé<br />
du 29 mars au 12 avril<br />
sur le territoire d’Agglopole Prov<strong>en</strong>ce<br />
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I<br />
V<br />
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ES<br />
Pour parler d’eux<br />
Michèle Lesbre s’intéresse à la façon dont les<br />
événem<strong>en</strong>ts de notre vie personnelle s’insèr<strong>en</strong>t<br />
dans une écriture romanesque <strong>en</strong> une sorte<br />
d’incrustation, pas toujours volontaire, dit-elle...<br />
Ce n’est pas le récit de soi qui l’intéresse mais<br />
plutôt comm<strong>en</strong>t l’histoire du monde et des hommes<br />
traverse notre propre histoire. En décembre<br />
2003, avant de se précipiter sous un wagon du<br />
métro, un vieil homme a souri à Michèle Lesbre<br />
(voir Zib’62). Tu p<strong>en</strong>dant des années, ce récit<br />
ouvre le roman : trois pages coups de poing qui<br />
introduis<strong>en</strong>t une fiction, celle d’une femme<br />
amoureuse qui, bouleversée par ce qu’elle vi<strong>en</strong>t<br />
de vivre, r<strong>en</strong>once à rejoindre son amant.<br />
Beaux, riches et moraux<br />
Milieu du XXIe siècle. La Norvège, <strong>en</strong>richie par<br />
ses gisem<strong>en</strong>ts sous-marins, domine un monde<br />
que la crise a appauvri et que la pénurie d’or noir<br />
paralyse (le baril de brut est à plus de 300 dollars).<br />
Pourtant, il y a quelque chose de pourri dans ce<br />
royaume d’anticipation, où tous jouiss<strong>en</strong>t de la<br />
manne pétrolière, où on <strong>en</strong>voie les vieux vivre<br />
des retraites dorées sur les côtes méditerrané<strong>en</strong>nes,<br />
où l’on se battrait presque pour aller <strong>en</strong><br />
prison tant ces lieux de dét<strong>en</strong>tion sont agréables<br />
à vivre. Car il s’avère difficile de concilier richesse<br />
et vertu, même lorsque cette alliance paradoxale<br />
est au cœur du système politique… Lorsque Brut<br />
Selon Matias Néspolo, il y aurait sept façons de<br />
tuer un chat. Dans son livre pourtant, on n’<strong>en</strong> verra<br />
que deux, «la g<strong>en</strong>tille et la dégueulasse» ; c’est ce<br />
que professe Chueco (le Tordu) à son copain<br />
Gringo, le narrateur. Dès les premières lignes, on<br />
plonge : dans la misère, la débrouille, la mort et<br />
l’argot des rues. La scène inaugurale donne le<br />
ton, percutant. Et ce chat que Chueco exécute<br />
g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t, d’un coup, dans un bruit «de branche<br />
morte qui casse» parcourra le roman, comme une<br />
métaphore de l’exist<strong>en</strong>ce m<strong>en</strong>acée des habitants<br />
du bidonville de la banlieue de Bu<strong>en</strong>os Aires où<br />
se déroul<strong>en</strong>t ces quelques jours décisifs de l’exist<strong>en</strong>ce<br />
du Gringo. Un chat qu’on tue parce qu’il<br />
faut bi<strong>en</strong> manger, dont la peau ferait un joli manteau<br />
de poupée si elle ne se mettait à grouiller<br />
La vie de Victor Dojlida, personnage c<strong>en</strong>tral du<br />
récit de 2001 qui vi<strong>en</strong>t d’être réédité, l’a fascinée<br />
au même titre. Ce polonais réfugié à Homécourt,<br />
puis résistant et déporté, fut emprisonné<br />
<strong>en</strong> France p<strong>en</strong>dant 40 ans après avoir voulu se<br />
v<strong>en</strong>ger de son arrestation par un policier français.<br />
À sa libération <strong>en</strong> 1989, Michèle Lesbre l’a r<strong>en</strong>contré,<br />
est dev<strong>en</strong>ue son amie, considérant comme<br />
un «geste citoy<strong>en</strong>» de parler de cet homme <strong>en</strong><br />
colère. Elle témoigne ainsi de l’influ<strong>en</strong>ce du<br />
politique sur la vie privée, naviguant <strong>en</strong>tre réalité<br />
et fiction, prés<strong>en</strong>t et passé, <strong>en</strong> un dosage subtil.<br />
CHRIS BOURGUE<br />
Qui aime bi<strong>en</strong> châtie bi<strong>en</strong><br />
Il faut être du pays pour se permettre de t<strong>en</strong>ir un<br />
discours aussi noir sur l’Algérie, sur Alger la Blanche<br />
(«vaste estomac», «évier d’histoires»),sur un peuple<br />
«souffrant de désœuvrem<strong>en</strong>t», «tellem<strong>en</strong>t écrasé que<br />
le jour où nous nous sommes levés notre échine est<br />
restée courbée». À travers ses personnages d’anci<strong>en</strong>s<br />
militaires, de coureur de fond ou de nègre pour<br />
anci<strong>en</strong> combattant analphabète, Kamel Daoud<br />
t<strong>en</strong>te d’exorciser un défaitisme quasim<strong>en</strong>t décrit<br />
comme atavique, une malédiction gravée par des<br />
années de colonisation sur l’arbre généalogique<br />
est paru <strong>en</strong> 2011, ce premier roman de Dalibor<br />
Frioux a été remarqué. De fait, cette cynique<br />
contre-utopie ne manque ni de brio ni d’à-propos,<br />
la réflexion sur les li<strong>en</strong>s pervers qu’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
morale et arg<strong>en</strong>t étant largem<strong>en</strong>t d’actualité. Mais<br />
si certaines scènes sont de vraies trouvailles, celle<br />
par exemple où les privilégiés invités à une «réunion<br />
de baptême d’un nouveau champ pétrolier»<br />
doiv<strong>en</strong>t se rincer la bouche au pétrole pour trouver<br />
l’inspiration, l’<strong>en</strong>semble pâtit de la distance<br />
volontaire que l’auteur mainti<strong>en</strong>t avec des personnages-marionnettes<br />
qui ne sembl<strong>en</strong>t exister<br />
que pour illustrer sa thèse. FRED ROBERT<br />
des algéri<strong>en</strong>s.<br />
Car dans ces quatre nouvelles, sous des mots rageurs<br />
d’amour ambival<strong>en</strong>t, on perçoit une note<br />
de détermination infinie. Cet auteur-là ne baissera<br />
pas la garde, il a le souffle du marathoni<strong>en</strong> qui<br />
ne s’arrêtera plus de courir, une fois la ligne de la<br />
victoire franchie, derrière «les petits détails qui<br />
continu<strong>en</strong>t de tinter comme des casseroles, les<br />
grandes questions qui n’ont pas de porte, et les rêves<br />
qui traîn<strong>en</strong>t par terre».<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
La g<strong>en</strong>tille et la dégueulasse<br />
d’asticots… Mort subite ou mort l<strong>en</strong>te, putréfaction,<br />
à l’image d’une Arg<strong>en</strong>tine plongée dans la<br />
crise. Ce court récit, qu’on dévore, peut se lire<br />
comme un roman noir : batailles rangées <strong>en</strong>tre<br />
clans rivaux pour le contrôle de la rev<strong>en</strong>te de drogue,<br />
cambriolages, prostitution, corruption, scènes<br />
nocturnes, bars glauques et morts viol<strong>en</strong>tes, tout<br />
y est. Mais Néspolo va plus loin. En soignant l’épaisseur<br />
psychologique de son jeune héros, tout<br />
<strong>en</strong> angoisse et <strong>en</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts mêlés, d’amour, de<br />
culpabilité, plein du désir de sortir de là mais<br />
consci<strong>en</strong>t de la nécessité d’aller jusqu’au bout de<br />
son destin, comme Achab dans Moby Dick, un<br />
livre que Gringo traîne partout avec lui et dont<br />
il comm<strong>en</strong>te les épisodes de manière très personnelle.<br />
Mais surtout, <strong>en</strong> brossant <strong>en</strong> filigrane le<br />
Écoute la pluie<br />
Michèle Lesbre<br />
Sabine Wespieser, 14 €<br />
Victor Dojlida, une vie dans<br />
l’ombre<br />
Michèle Lesbre<br />
Sabine Wespieser, 14 €<br />
Cette r<strong>en</strong>contre du cycle Écrivains <strong>en</strong> dialogue a eu lieu<br />
aux ABD le 9 avril, à Marseille<br />
Brut<br />
Dalibor Frioux<br />
Seuil, 21,50 €<br />
Dalibor Frioux sera invité<br />
le 18 mai à Gardanne<br />
et à Marseille dans le cadre<br />
des Escales <strong>en</strong> Librairies<br />
(association Libraires à<br />
Marseille)<br />
www.librairie-paca.com<br />
Le Minotaure 504<br />
Kamel Daoud<br />
Sabine Wespieser Éditeur,<br />
13 €<br />
Kamel Daoud était prés<strong>en</strong>t<br />
lors du festival CoLibriS<br />
(voir p. 86) qui s’est déroulé<br />
du 24 au 30 avril<br />
portrait saisissant de son pays au bord du chaos,<br />
Néspolo signe un premier roman prometteur.<br />
F.R<br />
Sept façons de tuer<br />
un chat<br />
Matias Néspolo<br />
traduit de l’espagnol<br />
(Arg<strong>en</strong>tine) par D<strong>en</strong>ise<br />
Laroutis<br />
Thierry Magnier,<br />
22,30 €<br />
Matias Néspolo était invité<br />
au festival CoLibriS
Hamsa, la loi du cinq<br />
Surtout, ne pas déduire de la photographie de<br />
couverture la nature du texte ! Il ne s’agit absolum<strong>en</strong>t<br />
pas d’une espagnolade parfumée d’eau de<br />
rose de mauvaise qualité ! À mon corps désirant,<br />
sixième volume consacré à Mogador (actuelle<br />
Essaouira), clôt un cycle consacré au désir où<br />
tous les écueils du g<strong>en</strong>re sont évités. L’écriture<br />
d’une grande pureté est celle du conteur à laquelle<br />
parfois se mêl<strong>en</strong>t des fragm<strong>en</strong>ts poétiques.<br />
Les récits s’<strong>en</strong>trelac<strong>en</strong>t ; les lieux, les époques<br />
trouv<strong>en</strong>t d’étranges échos, <strong>en</strong>tre le Mexique et le<br />
Maroc, surgissem<strong>en</strong>ts dans le désert, chasseurs<br />
d’orchidées et insectes de lumière. Scand<strong>en</strong>t les<br />
articulations de l’ouvrage les blasons de chaque<br />
doigt de la main. Cinq doigts, cinq étapes, cinq<br />
mouvem<strong>en</strong>ts, cinq, comme le chiffre sacré de<br />
l’islam, comme les cinq doigts de la main de<br />
Hamsa avec, <strong>en</strong> vague de fond, le livre d’Ibn<br />
Hazm, La loi de Hamsa, véritable art d’aimer.<br />
Cet art se retrouve sublimé dans la mort : l’amante<br />
passe une commande étrange au potier, un<br />
objet parfaitem<strong>en</strong>t inutile qui serait façonné des<br />
c<strong>en</strong>dres des deux amants à leur mort. Alchimie<br />
de la terre et du feu, alchimie de l’écriture, «j’écris<br />
comme l’artisan travaille la matière». Les narrations<br />
se mêl<strong>en</strong>t, chacune ancrée dans ses songes,<br />
son appréh<strong>en</strong>sion du monde, «du délire qu’est la<br />
vie», dont «la réalité ultime est le désir». «Les corps<br />
amoureux sont des dunes que le v<strong>en</strong>t déplace <strong>en</strong><br />
contant leur histoire.» Alberto Ruy-Sanchez nous<br />
emporte dans un ouvrage inclassable, baroque et<br />
subtil d’une émouvante profondeur. Est-ce ainsi<br />
que naiss<strong>en</strong>t les lég<strong>en</strong>des ?<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
À mon corps désirant<br />
Albert Ruy-Sanchez<br />
Galaade, 21 €<br />
89<br />
L<br />
I<br />
V<br />
De haute laine<br />
C’est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du sur un tapis volant que l’aïeul<br />
Aziz, au début du XXe siècle, a rejoint les<br />
Amériques depuis sa Palestine natale et sa desc<strong>en</strong>dance<br />
ébahie le croit sur parole ; il faut dire que<br />
ses tal<strong>en</strong>ts de conteur et de commerçant ambulant<br />
converg<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong> faire un «Magnifique»<br />
dont les av<strong>en</strong>tures sont au cœur du roman de<br />
Walter Garib, auteur chili<strong>en</strong> de r<strong>en</strong>om, desc<strong>en</strong>dant<br />
de ces émigrants arabes qui ont fait souche<br />
<strong>en</strong> t<strong>en</strong>tant de préserver l’ess<strong>en</strong>tiel de leur id<strong>en</strong>tité<br />
culturelle. Et c’est, semble-t-il, pour r<strong>en</strong>iem<strong>en</strong>t<br />
des origines du clan familial qu’à la troisième<br />
génération Bachir Magdalani -dont le nom n’a<br />
ri<strong>en</strong> d’itali<strong>en</strong>, malgré ses t<strong>en</strong>tatives pathétiques de<br />
s’<strong>en</strong> persuader- subit la cinglante humiliation<br />
sociale qui ouvre magistralem<strong>en</strong>t ce récit labyrinthique.<br />
Mosaïque bigarrée, emboîtem<strong>en</strong>t vertigineux<br />
de scènes <strong>en</strong> abyme, ruptures spatio-temporelles<br />
et arboresc<strong>en</strong>ce des souv<strong>en</strong>irs décl<strong>en</strong>chés par un<br />
mot, une odeur ou une saveur exig<strong>en</strong>t un lecteur aux<br />
aguets prêt à suivre le narrateur hyper-omnisci<strong>en</strong>t<br />
dans ses sauts et gambades sur un territoire truffé<br />
de noms et de référ<strong>en</strong>ces historiques lointaines<br />
(la guerre du Chaco <strong>en</strong>tre Bolivie et Paraguay<br />
1932-1935...). La traductrice Solène Bérodot a<br />
r<strong>en</strong>du ce coupé-collé de motifs proliférants, âme<br />
du récit tout autant que la personnalité du grandpère<br />
et de ses femmes, <strong>en</strong> virtuose du passé-simple<br />
qui donne à chaque scène remémorée sa d<strong>en</strong>sité<br />
de prés<strong>en</strong>t. Comble de bonheur, ce texte si d<strong>en</strong>se<br />
a trouvé «son» livre : coutures et nœuds appar<strong>en</strong>ts,<br />
reliure japonaise à l’aiguille, coffret à la<br />
vignette chatoyante, les petites mains non plus<br />
ne chôm<strong>en</strong>t pas à l’atelier du tilde, maison<br />
d’édition lyonnaise associative respectueuse du<br />
travail (très) bi<strong>en</strong> fait. Aucune résistance vraim<strong>en</strong>t<br />
à se laisser emporter par ce Tapis Magique !<br />
MARIE JO DHO<br />
Le voyageur au tapis<br />
magique<br />
Walter Garib<br />
L’atelier du tilde, 22 €<br />
www.atelier-du-tilde.org<br />
Walter Garib et l’atelier<br />
du tilde étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts<br />
au Festival CoLibris<br />
«Regards latino-arabes» du<br />
24 au 30 avril (voir p. 86)<br />
R<br />
ES<br />
Le visage de Meursault<br />
Il a osé ! Jacques Ferrandez a osé donner un visage<br />
et un corps à cet homme sans prénom, dont<br />
tous les lecteurs de L’étranger se sont forgé une<br />
image personnelle. Un sacré défi. Mais qui d’autre<br />
que lui pouvait le relever ? Comme Camus,<br />
Ferrandez connaît bi<strong>en</strong> l’Algérie où il est né et<br />
où il séjourne régulièrem<strong>en</strong>t ; ses Carnets d’Ori<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> sont la preuve. Il connaît aussi très bi<strong>en</strong> l’œuvre<br />
de Camus, dont il a déjà adapté une nouvelle<br />
L’hôte (Gallimard, 2009). Son adaptation <strong>en</strong><br />
bande dessinée du célèbre roman n’est donc pas<br />
si choquante. D’autant plus qu’il réalise ici une<br />
œuvre d’une grande force plastique et d’une<br />
indéniable fidélité au texte et à l’esprit de Camus.<br />
Son Meursault blond aux faux airs de James Dean<br />
est assez proche du personnage originel de jeune<br />
adulte qui refuse de jouer le jeu. Et ses traits<br />
imprécis reflèt<strong>en</strong>t son caractère énigmatique. De<br />
même, le cadre, réaliste, est celui de l’Alger coloniale<br />
des années tr<strong>en</strong>te, époque à laquelle Camus<br />
écrivit son roman (paru seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1942).<br />
Quant au texte, du début à la fin, c’est celui du<br />
romancier. Ferrandez a seulem<strong>en</strong>t pris soin de<br />
transformer la «voix off» du livre <strong>en</strong> paroles<br />
directes. Il l’a fait habilem<strong>en</strong>t : ainsi sa façon<br />
d’insérer le célèbre incipit «Aujourd’hui maman<br />
est morte…» est tout à fait judicieuse. Certaines<br />
scènes, celle du meurtre par exemple, se pass<strong>en</strong>t<br />
de mots ; sur une double page aquarellée figurant<br />
la plage vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’incruster les vignettes qui<br />
rythm<strong>en</strong>t l’action. Une technique chère au dessinateur,<br />
qu’on retrouve tout au long de l’album et<br />
qui donne à cette (re)lecture de L’étranger sa<br />
couleur particulière.<br />
FRED ROBERT<br />
L’étranger d’après l’œuvre d’Albert Camus<br />
Jacques Ferrandez<br />
Gallimard, 22 €<br />
Lire aussi p. 32 le compte-r<strong>en</strong>du de la r<strong>en</strong>contre<br />
avec Jacques Ferrandez dans le cadre<br />
des R<strong>en</strong>contres du 9 e art à Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce
90<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES<br />
Les joies de la famille<br />
Sukkwan Island puis Désolations avai<strong>en</strong>t plongé le<br />
lecteur dans l’humidité et les glaces de l’Alaska.<br />
Le troisième roman de David Vann, Impurs,<br />
l’étouffe dans la fournaise californi<strong>en</strong>ne. Dans<br />
tous les cas, des conditions extrêmes et très vite<br />
l’<strong>en</strong>fer. Un <strong>en</strong>fer dont la nature glacée ou ard<strong>en</strong>te<br />
n’est que le miroir. Car le véritable <strong>en</strong>fer est celui<br />
que subiss<strong>en</strong>t les personnages au sein de familles<br />
mortifères. Le démontage <strong>en</strong> règle de la sacrosainte<br />
famille et la mise à jour de ses non-dits, de<br />
ses viol<strong>en</strong>ces, de ses perversions de toutes sortes,<br />
tels sembl<strong>en</strong>t être les projets principaux de Vann.<br />
Les deux romans précéd<strong>en</strong>ts dressai<strong>en</strong>t un tableau<br />
terrifiant de la relation père/fils. Avec Impurs,<br />
le romancier (qui est né <strong>en</strong> Alaska et a grandi <strong>en</strong><br />
Californie ; ti<strong>en</strong>s, ti<strong>en</strong>s…) s’attaque aux rapports<br />
malsains qui uniss<strong>en</strong>t Gal<strong>en</strong>, un jeune adulte de<br />
22 ans, oisif, adepte du new age et de la masturbation,<br />
et sa mère SuzieQ. Dès les premières<br />
pages, tout est dit : «L’air était irrespirable. Si<br />
brûlant que sa gorge était un tunnel desséché, […]<br />
et il ne savait pas pourquoi il ne parv<strong>en</strong>ait pas à<br />
partir, tout simplem<strong>en</strong>t. Elle avait fait de lui une<br />
sorte d’époux, lui, son fils. […] et chaque jour il<br />
avait le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t qu’il ne pourrait supporter un<br />
jour de plus, mais chaque jour il restait.» Le roman<br />
de Vann rappelle la tragédie grecque ou racini<strong>en</strong>ne,<br />
son déroulem<strong>en</strong>t inéluctable, ses héros<br />
accablés par un destin familial qui fait d’eux des<br />
maudits, des «impurs». Par son rapport à la nature<br />
à la fois concret et symbolique, il se place aussi<br />
dans la lignée des grands romans américains. Un<br />
drame tellurique se joue, dans la sueur et la<br />
poussière ; le titre originel est d’ailleurs Dirt<br />
(saleté). Un style remarquable mais une lecture<br />
difficile, surtout pour les femmes et mères.<br />
FRED ROBERT<br />
Yaak la vérité qui compte<br />
«La Nature est l’étalon-or d’un système biologique et<br />
flexible» nous explique Rick Bass. Anci<strong>en</strong> géologue<br />
installé depuis des déc<strong>en</strong>nies dans la vallée<br />
du Yaak («flèche» <strong>en</strong> indi<strong>en</strong> Koot<strong>en</strong>ai), il lutte pour<br />
que son territoire devi<strong>en</strong>ne réserve naturelle.<br />
Dans un combat inégal qui l’oppose aux compagnies<br />
forestières, il t<strong>en</strong>te de faire interdire les<br />
coupes à blanc, ces déboisem<strong>en</strong>ts ultimes dévastant<br />
parcelles et forêts comme on vide les rayons<br />
des supermarchés. Une belle cause pour un beau<br />
plaidoyer lyrique, quand on ajoute <strong>en</strong>core que<br />
pumas, grizzlys, loups, aigles royaux et ombles<br />
plates constitu<strong>en</strong>t les habitants de cet Éd<strong>en</strong><br />
calfeutré dans le nord du Montana. Sans parler<br />
des parterres de fleurs nommées lys des glaciers,<br />
castillèjes d’Amérique, sabots de la vierge, orchidées<br />
colombe, lune-fougères… Mais les bons<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts ne génèr<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>t la belle<br />
Sonate d’automne<br />
Ce livre pourrait se prés<strong>en</strong>ter ainsi : <strong>en</strong> vingt-etune<br />
adresses et soixante-quatre années de<br />
pérégrinations, voici toute la vérité sur le corps<br />
dans lequel «habite» la personne nommée Paul<br />
Auster. Ri<strong>en</strong> n’y manque des chutes, pincem<strong>en</strong>ts,<br />
morsures, maladies, souffrances, glissem<strong>en</strong>ts,<br />
paniques et pertes irrémédiables subies par le<br />
vaisseau fragile dont le capitaine est aussi le<br />
coryphée. Enfin, comme bon nombre de critiques<br />
ou d’interviews l’ont souligné jusqu’ici, on<br />
n’oubliera pas de saluer au passage la grande<br />
«sincérité» de l’écrivain, sa manière pudique et<br />
pourtant lyrique de transformer les larmes <strong>en</strong><br />
écriture. Sauf qu’à y regarder de près, ri<strong>en</strong> n’est<br />
Vrai. Bi<strong>en</strong> sûr, Brooklyn, Manhattan, les morts<br />
subites du père et de la mère, la recherche compulsive<br />
des corps à aimer, les crises de panique, la<br />
douleur, tout est véridique. Mais Paul Auster est<br />
littérature, et Rick Bass n’est pas Giono. Sans<br />
aller vers l’allégorie de L’homme qui plantait des<br />
arbres, on se pr<strong>en</strong>d à rêver d’un Chant du monde<br />
des espaces américains, avec cette urg<strong>en</strong>ce viol<strong>en</strong>te<br />
et passionnée qui se garde du p<strong>en</strong>sum. Bass,<br />
qui prét<strong>en</strong>d traquer le Vrai et ri<strong>en</strong> d’autre, exprime<br />
nombre de banalités -Si un lieu est source de<br />
paix, ne peut-il transmettre cette paix à ceux qui<br />
l’habit<strong>en</strong>t ?- voire des idées réactionnaires -Les<br />
rythmes sanguins de la terre qui persist<strong>en</strong>t dans nos<br />
veines affirm<strong>en</strong>t qu’il nous faut nous reconnecter à<br />
des rythmes stables et naturels-. Quelques passages<br />
(Quatre coyotes et Cette terre sauvage) nous laiss<strong>en</strong>t<br />
pourtant imaginer qu’un autre livre était<br />
possible, puisé aux mystères et aux eaux glacées<br />
des sombres forêts du Nord.<br />
ÉDOUARD BARTHELEMY<br />
un imm<strong>en</strong>se écrivain, c’est-à-dire un grand<br />
m<strong>en</strong>teur. Son travail consiste à éclairer certaines<br />
scènes tandis que d’autres rest<strong>en</strong>t dans l’ombre.<br />
Et progressivem<strong>en</strong>t, sinueusem<strong>en</strong>t, sans jamais<br />
ri<strong>en</strong> y laisser paraître, c’est ce travail d’ombres et<br />
de lumières qui, par ses manques et l’habileté de<br />
l’auteur, insinue peu à peu un vertige (Vertigo ?)<br />
<strong>en</strong> nous. Quelle est cette sœur schizophrène dont<br />
on ne dit <strong>en</strong> tout et pour tout que deux mots ?<br />
Pourquoi cette grand-mère a-t-elle abattu son<br />
mari ? Qu’est-ce qui r<strong>en</strong>dait ce père si taciturne ?<br />
Loin d’avoir produit une bluette sur le temps qui<br />
passe et les ravages de la vieillesse, Auster<br />
manipule sous nos yeux un théâtre de morts et<br />
de vivants qui nous glace et nous <strong>en</strong>ivre. De la<br />
grande littérature de fiction.<br />
E.B.<br />
Impurs<br />
David Vann<br />
traduit de<br />
l’américain par<br />
Laura Derajinski<br />
Gallmeister,<br />
23,10 €<br />
David Vann et son éditeur Olivier Gallmeister<br />
étai<strong>en</strong>t invités aux Escapades littéraires de Draguignan<br />
(voir p. 87)<br />
Le Livre de Yaak<br />
Rick Bass<br />
Gallmeister,<br />
20,90 €<br />
Rick Bass était prés<strong>en</strong>t lors des Escapades littéraires<br />
de Draguignan<br />
Chronique d’hiver<br />
Paul Auster, trad.<br />
Pierre Furlan<br />
Actes Sud,<br />
22,50 €
In the pocket<br />
On pourrait parier sans risque que Tom et son<br />
indécrottable copain Huck n’aurai<strong>en</strong>t pas r<strong>en</strong>ié<br />
la nouvelle av<strong>en</strong>ture que se pai<strong>en</strong>t les éditions<br />
Tristram basées à Auch dans le Gers : le lancem<strong>en</strong>t<br />
d’une collection de poche, économique<br />
donc, douze titres par an, dans un format maniable,<br />
au poids plume et à la couverture au<br />
pelliculage brillant -miroir d’appoint au cas où ?<br />
«Souple» c’est son nom, sa qualité plastique et<br />
sans doute morale au vu de la diversité du catalogue<br />
! Nous y retrouvons parmi les premiers<br />
parus la «nouvelle traduction» (2008) des Av<strong>en</strong>tures<br />
de Tom Sawyer, ressuscitées par la foi <strong>en</strong><br />
l’impureté fertile de la langue de Mark Twain qui<br />
anime le traducteur Bernard Hoepffner. Roman<br />
pour «garçons et filles» peut-être mais dont l’auteur<br />
«espère qu’il ne sera pas esquivé par les<br />
adultes» ce classique de la littérature américaine<br />
(1876), ici rétabli <strong>en</strong> version intégrale, explore<br />
les territoires les moins exposés à la facilité narrative<br />
et à l’angélisme sucré! Pesanteur d’une<br />
Femme et irlandaise<br />
Témoignage étonnant que celui de cette écrivaine<br />
qui décide à 78 ans d’écrire sa biographie,<br />
ne voulant pas <strong>en</strong> laisser le soin à d’autres ! Il lui<br />
aura fallu trois ans pour <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir à bout. Nécessairem<strong>en</strong>t,<br />
bi<strong>en</strong> que non exhaustif et non linéaire, le<br />
récit se développe <strong>en</strong> un gros volume dont on<br />
regrette parfois les longues digressions sur la vie<br />
sociale et surtout mondaine d’Edna O’Bri<strong>en</strong>.<br />
Car elle a côtoyé <strong>en</strong> toute simplicité, et souv<strong>en</strong>t<br />
au cours de soirées bi<strong>en</strong> arrosées, des artistes, des<br />
célébrités, tels Samuel Beckett, Paul Mac Cartney,<br />
Jackie Onassis, Martha Graham... Elle a<br />
connu la pauvreté et l’opul<strong>en</strong>ce, l’opprobre et<br />
l’adulation. Un grand nombre de ses livres ont<br />
été condamnés par les austères autorités ecclésiastiques<br />
irlandaises qui ne plaisantai<strong>en</strong>t pas avec<br />
la morale dans les années 60, lors de la parution<br />
de son premier livre, traité d’«immondice». Car<br />
communauté villageoise d’avant la guerre civile,<br />
réglée par le puritanisme, École et l’Église indissociables<br />
(saveur acide des sermons des dames<br />
patronnesses ou du Révér<strong>en</strong>d), lutte perman<strong>en</strong>te<br />
<strong>en</strong>tre le Bi<strong>en</strong> et le Mal dans les consci<strong>en</strong>ces, perman<strong>en</strong>ce<br />
des superstitions et omniprés<strong>en</strong>ce de la<br />
mort sur les bords du l<strong>en</strong>t Mississipi : les «bêtises»<br />
et les écarts de conduite de Tom et Huckleberry<br />
Finn ne sont que la manifestation d’un élan vital<br />
vers la liberté d’être.<br />
Le traducteur reste finem<strong>en</strong>t proche de la littéralité<br />
au risque mesuré de semer un léger trouble<br />
de lecture face aux incorrections ou ellipses langagières<br />
de certains personnages tel Injun Joe (le<br />
très très méchant indi<strong>en</strong>) et n’hésite pas à conserver<br />
certaines proximités avec le lexique biblique<br />
qui imprègne nombre de situations. Belle occasion<br />
que nous offre Tristram de fuguer avec Tom<br />
dans la poche-revolver !<br />
MARIE JO DHO<br />
Marseille, capitale littéraire<br />
Rémi Duchêne dédie son ouvrage à son père,<br />
Roger Duchêne, le génial dixseptièmiste que<br />
tous les étudiants de lettres aixois ont un jour<br />
croisé. L’embarcadère des lettres est un bel hommage,<br />
garant d’une transmission de l’amour des<br />
écrivains... S’attachant à une période couvrant la<br />
première moitié du XX e siècle, l’auteur évoque,<br />
quasim<strong>en</strong>t au s<strong>en</strong>s premier du terme, les grandes<br />
figures littéraires qui ont vécu ou passé par<br />
Marseille, ville incontournable à l’époque pour<br />
tout voyage vers les ori<strong>en</strong>ts. Le cont<strong>en</strong>u est érudit,<br />
précis, fourni d’anecdotes mais aussi d’analyses<br />
rapides et pertin<strong>en</strong>tes des œuvres. Un tableau<br />
esquissé des situations historiques et économiques<br />
accorde à l’<strong>en</strong>semble les contextualisations<br />
nécessaires. Les vies des écrivains tels Camus,<br />
Colette, Simone de Beauvoir, Sartre, Éluard,<br />
Malraux, Apollinaire, Coh<strong>en</strong>, G<strong>en</strong>êt, Pagnol...<br />
les li<strong>en</strong>s qui les ont unis, les raisons qui les ont<br />
m<strong>en</strong>és à Marseille, se dessin<strong>en</strong>t au fil des chapitres,<br />
et finiss<strong>en</strong>t par définir une alchimie <strong>en</strong>tre<br />
la littérature et ses sources d’inspirations : trames<br />
romanesques, visions poétiques et philosophiques,<br />
trouv<strong>en</strong>t ici leur cristallisation. On compr<strong>en</strong>d<br />
l’effervesc<strong>en</strong>ce créatrice, qui trouvait alors l’une<br />
de ses expressions les plus vivantes dans le creuset<br />
des Cahiers du Sud de Jean Ballard. Sans<br />
jamais édulcorer la vision de Marseille, Rémi<br />
Duchêne tisse d’une plume alerte et passionnée<br />
un imm<strong>en</strong>se poème amoureux pour cette ville,<br />
«blanc coquillage/ Bruissant de lointaines rumeurs»<br />
(Louis Brauquier). Car Marseille est une ville<br />
où l’on a beaucoup écrit…<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
la jeune femme d’alors n’a pas hésité à parler<br />
crûm<strong>en</strong>t de sexualité et d’émancipation.<br />
Les mémoires relat<strong>en</strong>t son «initiation brutale» à<br />
la sexualité dès les années de couv<strong>en</strong>t, puis la fuite<br />
et le mariage <strong>en</strong> 1954 avec l’écrivain Ernest Gébler<br />
qui jalousera rapidem<strong>en</strong>t son succès littéraire et<br />
qu’elle quittera <strong>en</strong> 1962, luttant pour la garde de<br />
ses deux fils. Le récit témoigne aussi de son<br />
amour des livres et des mots, de l’admiration de<br />
la poésie de Yeats, et de l’attachem<strong>en</strong>t au pays<br />
qu’elle a ancré au cœur, et dont elle évoque<br />
l’histoire sanglante dans des chapitres poignants.<br />
CHRIS BOURGUE<br />
Fille de la campagne<br />
Edna O’Bri<strong>en</strong><br />
Sabine Wespieser, 25 €<br />
Les av<strong>en</strong>tures de Tom Sawyer<br />
Mark Twain<br />
Traduction de Bernard Hoeffpner<br />
Collection souple des éditions Tristram, 9,95 €<br />
L’embarcadère<br />
des lettres<br />
Rémi Duchêne<br />
JC Lattès, 23 €<br />
Edna O’Bri<strong>en</strong> sera à Lyon le 1er juin dans le cadre<br />
des Assises internationales du roman (AIR)<br />
www.villagillet.net<br />
91<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES
92<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES<br />
Déambulations princières<br />
L’attachem<strong>en</strong>t du photographe ciotad<strong>en</strong> Michel<br />
Eis<strong>en</strong>lohr pour Marseille est tel qu’il lui a déjà<br />
consacré deux ouvrages : Trésor des églises de<br />
Marseille <strong>en</strong> 2010 (Éd. Ville de Marseille) et<br />
Aime comme Marseille <strong>en</strong> 2002 chez Images du<br />
Sud. Le même éditeur publie aujourd’hui Palais<br />
Longchamp, monum<strong>en</strong>tal et secret, fruit d’une<br />
errance dans les lieux <strong>en</strong>tre 2005 et 2007, avant<br />
sa remise <strong>en</strong> valeur. Un travail d’ombres et de<br />
lumières, de courbes et de droites, d’abs<strong>en</strong>ce et<br />
de prés<strong>en</strong>ce qui fait la part belle à la patine du<br />
temps. Et une approche sil<strong>en</strong>cieuse et respectueuse<br />
digne d’un «photographe romantique»<br />
auquel Rudy Ricciotti voue une sincère<br />
admiration : «En revoyant ses photos, j’ai p<strong>en</strong>sé à<br />
Curzio Malaparte comme à Pierre Paolo Pasolini<br />
quand les récits accroch<strong>en</strong>t le cœur.» Par petites<br />
touches, Michel Eis<strong>en</strong>lohr saisit l’âme du Palais<br />
Un lieu, une histoire, une rue, une scène, une<br />
personne : chaque fois que Roland Laboye décl<strong>en</strong>che<br />
son appareil photo c’est une part de<br />
lui-même qu’il offre <strong>en</strong> partage. Petites tranches<br />
de vies plurielles qu’il fait si<strong>en</strong>nes par sa proximité<br />
et son empathie. Un voyou coiffé d’une banane<br />
r<strong>en</strong>contre un flic au costume repassé, un coup de<br />
v<strong>en</strong>t voile de pied <strong>en</strong> cap une none, une femme<br />
au chemisier fleuri se fond dans le décor d’une<br />
pépinière, un chi<strong>en</strong> bondissant et un cheval à<br />
bascule partag<strong>en</strong>t le même élan, triste visage d’un<br />
homme surmonté d’un trophée de tête de<br />
taureau… Quels li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre tous si ce n’est son<br />
regard aimable sur les objets et les g<strong>en</strong>s ? Si ce<br />
n’est sa manière décalée (et caustique) de débusquer<br />
l’inatt<strong>en</strong>du, l’absurde ou l’incongru pour<br />
vriller <strong>en</strong> un éclair le sérieux des appar<strong>en</strong>ces !<br />
et de son château d’eau, l’usure des pierres, la<br />
majesté des caryatides, la vie sil<strong>en</strong>cieuse des<br />
tableaux posés à même le sol, le temps susp<strong>en</strong>du<br />
des réserves, les saisons du parc dont on <strong>en</strong>trevoie<br />
les traces de l’anci<strong>en</strong> jardin zoologique. Une série<br />
romantique peut-être, classique certainem<strong>en</strong>t,<br />
qui laisse au sujet le premier rôle comme la mise<br />
<strong>en</strong> page sans chichi privilégie les photos.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
Palais Longchamp, monum<strong>en</strong>tal et secret<br />
Images du Sud, 22 €<br />
R<strong>en</strong>contre et dédicace le 13 juin à 17h30,<br />
Espace culture, Marseille<br />
Exposition au Pavillon M du 12 au 19 juillet :<br />
vernissage et concert le 11 juillet à 18h ;<br />
r<strong>en</strong>contre et dédicace le 12 juillet de 10h à 15h<br />
En tête à tête avec Laboye<br />
Roland Laboye attrape le monde par le petit bout<br />
de la lorgnette, toujours à l’arrière des paysages<br />
ou derrière ses sujets, à tel point qu’on le croirait<br />
invisible. D’abord on sourit, puis on se gausse,<br />
et <strong>en</strong>fin on éclate d’un rire franc face à tant de<br />
situations désopilantes et d’angles de vue<br />
inatt<strong>en</strong>dus ! Fruit du hasard ou d’une mise <strong>en</strong><br />
scène, Le sirop de la rue se déguste par petites<br />
lampées pour faire durer le plaisir. M.G-G.<br />
À lire<br />
Le sirop de la rue, Le Bec <strong>en</strong> l’air, 28 €<br />
À voir<br />
Au Musée des Tapisseries à Aix jusqu’au 2 juin<br />
(04 42 23 09 91), <strong>en</strong> collaboration avec l’association<br />
La photographie (Aix)<br />
Exposition au C<strong>en</strong>tre culturel,<br />
Saint-Raphaël du 15 juin au 3 août<br />
R<strong>en</strong>contre et confér<strong>en</strong>ce le 28 juin à 18h<br />
animée par Rémy Kerténian, responsable<br />
de la Maison de la photographie de Toulon<br />
Photographier ?<br />
Le photographiable réunit les actes du colloque<br />
qui s’est déroulé à la Bibliothèque de l’Alcazar<br />
(BMVR) à Marseille <strong>en</strong> novembre 2009, doublé<br />
d’une exposition intitulée explicitem<strong>en</strong>t Aux<br />
limites du photographiable dont nous retrouvons<br />
certaines œuvres <strong>en</strong> fin d’ouvrage. La proposition<br />
des initiateurs, Michel Guérin et Jean Arrouye,<br />
professeurs à l’université d’Aix-Marseille, s’articule<br />
à partir d’un essai de référ<strong>en</strong>ce Pour une philosophie<br />
de la photographie de Vilém Flusser paru <strong>en</strong><br />
1996 où l’auteur s’interroge sur le rôle programmatique<br />
des techniques et des appareils dans<br />
l’acte photographique, le photographiable. La<br />
notion fait l’objet de nombreux développem<strong>en</strong>ts<br />
et controverses, suscite aussi l’ext<strong>en</strong>sion vers des<br />
champs de réflexion relatifs notamm<strong>en</strong>t à notre<br />
société postmoderne, les limites et possibilités des<br />
technologies, la redéfinition de la photographie,<br />
de ses effets de réalité ou de déréalisation du<br />
monde, appuyés sur divers exemples artistiques<br />
comme sociétaux.<br />
Cette tâche complexe s’ordonne selon trois champs<br />
de réflexion pour autant de chapitres : Questions<br />
philosophiques, anthropologiques, éthiques puis<br />
Esthétiques <strong>en</strong>fin selon les Paradigmes littéraires et<br />
artistiques. On va jusqu’à supposer que dans tout<br />
art du visuel il y aurait du photographique avant<br />
même l’avènem<strong>en</strong>t de la photographie. On suggère<br />
aussi que «les limites du photographiable»<br />
sont «faites pour être reculées et déplacées».<br />
L’ouvrage <strong>en</strong>couragerait à aller plus loin, et à<br />
travailler à la modification de ces limites, pour<br />
toucher à l’ess<strong>en</strong>ce de l’artistique vs des usages<br />
plus prosaïques, à l’instar des artistes prés<strong>en</strong>tés<br />
dans Aux limites du photographiable.<br />
CLAUDE LORIN<br />
Le photographiable<br />
Ouvrage collectif sous la direction de Michel Guérin<br />
et Jean Arrouye<br />
Presses Universitaires de Prov<strong>en</strong>ce, 24 €
Schubert limpide<br />
Maria-Joao Pires était <strong>en</strong> concert le 4 mai au<br />
Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce où elle a joué le 2 e<br />
concerto de Chopin <strong>en</strong> compagnie de l’Orchestre<br />
de chambre de Bâle (dir. Trevor Pinnock) (voir<br />
article p. 50). Au disque, la pianiste portugaise,<br />
depuis son Voyage magnifique gravé <strong>en</strong> 1997,<br />
poursuit le dialogue intime qu’elle noue avec<br />
Schubert, tout <strong>en</strong> limpidité dans l’élan instrum<strong>en</strong>tal<br />
qu’elle impulse au clavier, jamais brumeux,<br />
et dont le fil sonore reste ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t mélodique.<br />
Avec les Sonates «tardives» n°16 (D.845) et<br />
la testam<strong>en</strong>taire n°21 (D.960), Pires s’attache à<br />
r<strong>en</strong>dre le caractère méditatif, aéri<strong>en</strong> de ce romantisme<br />
vi<strong>en</strong>nois, si singulier… chefs-d’œuvre qui<br />
touch<strong>en</strong>t à tous coups !<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
Schubert<br />
Maria-Joao Pires<br />
CD Deutsche<br />
Grammophon<br />
477 8107<br />
À l’improviste<br />
L’altiste Guillaume Roy prés<strong>en</strong>te, <strong>en</strong> solo, pour<br />
le label marseillais émouvance, onze plages improvisées<br />
tirées de sessions d’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts<br />
qu’on suit au fil d’idées, travaillées <strong>en</strong> coulisse ou<br />
écloses sur le vif, motifs polaires sur lesquels on<br />
s’appuie et qui hant<strong>en</strong>t comme une obsession<br />
qu’on ne parvi<strong>en</strong>t pas à refouler. On se frotte à<br />
ses cordes, ondule dans ses boucles <strong>en</strong> trémolos,<br />
on y pr<strong>en</strong>d le jus, s’immisce au creux du sil<strong>en</strong>ce<br />
<strong>en</strong>tre deux souffles, harmoniques qui s’étiol<strong>en</strong>t<br />
vers le grave… Gouttelettes qui claqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pizzicati<br />
ou sonorités qui sembl<strong>en</strong>t issues de trames<br />
électroniques, <strong>en</strong> trompe-oreille, l’alto chante<br />
d’une voix rauque, ou à peine, à l’oreille et s’<strong>en</strong>hardit<br />
au fil de mots/sons grommelés (Corinne<br />
Frimas), crachotant comme un disque rayé…<br />
Un chemin insolite !<br />
J.F.<br />
From scratch<br />
Guillaume Roy<br />
CD émouvance<br />
EMV 1035<br />
www.emouvance.com<br />
91<br />
C<br />
D<br />
«Chat noir»<br />
Ça comm<strong>en</strong>ce par une Grève générale, slogans de<br />
rue qui s’emboit<strong>en</strong>t aux syncopes d’un reggae<br />
revisité, au riff à l’unisson d’une guitare et d’un<br />
violon jazzy-gipsy… Alors surprise : on perçoit un<br />
discours <strong>en</strong>registré, habilem<strong>en</strong>t intégré, superposé<br />
<strong>en</strong> une espèce de slam distancié et onirique…<br />
on reconnait une voix : celle de… Stéphane Hessel,<br />
l’auteur d’Indignez-vous disparu <strong>en</strong> février<br />
dernier ! Le ton est donné : coloré et festif, composite…<br />
La douzaine de morceaux qui se<br />
succèd<strong>en</strong>t doiv<strong>en</strong>t beaucoup à leur auteur<br />
Philippe Esch<strong>en</strong>br<strong>en</strong>ner (guitare, chant,<br />
bouzouki) et m<strong>en</strong>eur du groupe marseillais<br />
Djanamango, qui arrange aussi des standards de<br />
jazz, des traditionnels tziganes pour piano et<br />
synthé, batterie, violon, basse. À découvrir !<br />
J.F.<br />
Chat noir<br />
Djanamango<br />
CD Voilà du Son<br />
203459<br />
www.myspace.com/<br />
djanamango<br />
Sorti des dunes<br />
De l’electro-pop-rock arabisant made in Marseille.<br />
Tem<strong>en</strong>ik Electric, c’est un peu tout ça, et<br />
mais pas seulem<strong>en</strong>t. Après quelques années de<br />
maturation qui ont façonné une tonalité méditerrané<strong>en</strong>ne<br />
profondém<strong>en</strong>t actuelle, le groupe<br />
sort son premier album, Ouesh Hada ? Même si<br />
la recherche de comparaisons est souv<strong>en</strong>t vaine et<br />
dévalorisante, on p<strong>en</strong>se inévitablem<strong>en</strong>t à Rachid<br />
Taha et c’est, dans ce cas, plutôt gratifiant. «On est<br />
des <strong>en</strong>fants du rock et du chaâbi, de la pop et des<br />
musiques ori<strong>en</strong>tales», explique simplem<strong>en</strong>t Mehdi<br />
Haddjeri, auteur et interprète. Les textes <strong>en</strong> arabe<br />
(algéri<strong>en</strong> dialectal) sont autant de regards sur<br />
le monde d’aujourd’hui. Parfois sans concessions,<br />
<strong>en</strong> résonnance avec les guitares musclées, les<br />
transes gnawa et les rythmes electro. Les instrum<strong>en</strong>ts<br />
traditionnels du Maghreb ne sonn<strong>en</strong>t pas<br />
comme des pièces rapportées par nécessité<br />
culturelle, mais apport<strong>en</strong>t leur douce rugosité.<br />
Ils font eux aussi le son Tem<strong>en</strong>ik. Un son qui<br />
invite à la révolte <strong>en</strong> dansant.<br />
THOMAS DALICANTE<br />
Ouesh Hada ?<br />
L’autre distribution<br />
disponible depuis le<br />
29 avril<br />
Marsatac revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> galette<br />
Mixatac #1 Bamako est le premier chapitre d’une<br />
collection d’albums faisant suite à des créations<br />
<strong>en</strong>tre musici<strong>en</strong>s marseillais et d’autres rives, initiées<br />
par le festival Marsatac. C’est <strong>en</strong> 2008 que<br />
le projet «Mixup» voit le jour à travers deux<br />
résid<strong>en</strong>ces à Bamako puis à Marseille. Enregistré<br />
au mythique studio Bogolan, l’album offre une<br />
r<strong>en</strong>contre réussie <strong>en</strong>tre la musique mandingue et<br />
les rythmes électroniques, un dialogue <strong>en</strong>tre instrum<strong>en</strong>ts<br />
traditionnels -kora, percussions, balafon,<br />
sokou- et les machines d’aujourd’hui. Plus de<br />
quinze artistes ont participé à l’av<strong>en</strong>ture parmi<br />
lesquels de grands noms de la scène actuelle<br />
mali<strong>en</strong>ne : Ahmed Fofana, Massaran Kouyaté,<br />
Issa Bagayogo, Aboubacar Koné, Neba Solo, Sidiki<br />
Diabaté... On n’est pas étonné de retrouver,<br />
côté français, les alchimistes David Walters et Alif<br />
Tree. À noter : les deux prochains albums de la<br />
série Mixatac prolongeront les créations Essaouira<br />
2009 (disponible fin mai) et Beyrouth 2012<br />
(sortie <strong>en</strong> septembre). Il aurait été dommage de<br />
ne pas immortaliser des concerts qui ont marqué<br />
les esprits.<br />
T.D.<br />
Mixatac #1 Bamako<br />
Orane/L’autre<br />
distribution
94<br />
A<br />
RTS<br />
E<br />
T<br />
S<br />
CIE<br />
N<br />
CES<br />
La carpe et le lapin<br />
Certes, l’exposition Un loisir érudit<br />
n’occupe que deux salles à l’étage<br />
du prieuré de Salagon, mais le<br />
cont<strong>en</strong>u est assez d<strong>en</strong>se, nourri de<br />
repères chronologiques précis et<br />
pose d’intéressantes problématiques.<br />
Il s’agit par le biais de la<br />
prés<strong>en</strong>tation de travaux du marquis<br />
François de Ripert-Montclar, plaques<br />
de verre et photographies appart<strong>en</strong>ant<br />
au fonds du musée de Salagon,<br />
d’aborder la photographie et ses<br />
usages au XIXe siècle. Court historique,<br />
des recherches de Niepce<br />
(1812) à l’inv<strong>en</strong>tion de la plaque à<br />
gélatine sèche (1880), biographie<br />
de la famille de Monclar, s’esquiss<strong>en</strong>t<br />
au fil des photographies. Elles<br />
répond<strong>en</strong>t à la double fonction<br />
d’objet de mémoire, et d’affirmation<br />
de soi, par la collation des possessions<br />
matérielles. «Photographier,<br />
précise l’un des textes exposés, c’est<br />
posséder», se faire photographier,<br />
c’est aussi une rev<strong>en</strong>dication de<br />
classe : par ce biais, la bourgeoisie<br />
montante du XIX e siècle manifeste<br />
son pouvoir. Bi<strong>en</strong> vite cep<strong>en</strong>dant,<br />
avec l’inv<strong>en</strong>tion de la photo-carte<br />
On n’imagine pas la carpe et le lapin<br />
s’aimer d’amour t<strong>en</strong>dre... Pas plus<br />
qu’on ne voit un sci<strong>en</strong>tifique et un<br />
dramaturge collaborer aisém<strong>en</strong>t, tant<br />
leurs champs sont éloignés. C’est<br />
bi<strong>en</strong> l’a priori sur lequel a travaillé<br />
Thibaut Rossigneux lorsqu’il a créé<br />
sa série de Binômes, persuadé que la<br />
sci<strong>en</strong>ce peut «dev<strong>en</strong>ir une source<br />
d’inspiration féconde pour le théâtre<br />
contemporain».<br />
Et il a eu raison ! La r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre<br />
Thierry Tatoni, chercheur d’Aix-Marseille<br />
Université, et l’auteur Simon<br />
Grangeat a donné naissance à une<br />
œuvre étonnante. Le premier se dit<br />
écologue, et non écologiste, ce qui<br />
n’<strong>en</strong>lève ri<strong>en</strong> à la t<strong>en</strong>eur hautem<strong>en</strong>t<br />
politique de son discours... très clairem<strong>en</strong>t<br />
repris dans la pièce par le<br />
second, d’une manière humoristique<br />
qui fait honneur à son titre :<br />
Divines désespérances.<br />
Et il <strong>en</strong> faut de l’humour et de la<br />
pertin<strong>en</strong>ce pour faire passer les<br />
perspectives alarmantes de l’humanité<br />
: au rythme où s’accélèr<strong>en</strong>t le<br />
réchauffem<strong>en</strong>t climatique, la pollution<br />
et l’épuisem<strong>en</strong>t des ressources,<br />
«Il va y avoir beaucoup de morts. Oh,<br />
l’espèce humaine ne disparaîtra pas,<br />
il n’y a pas de raisons qu’elle sorte<br />
du schéma classique de l’évolution,<br />
mais sur 6 milliards d’individus, il<br />
n’<strong>en</strong> restera peut-être qu’un, et la vie<br />
sera très différ<strong>en</strong>te.»<br />
C’est tout l’intérêt de cette démarche,<br />
souligné par Thierry Tatoni qui<br />
Objectifs et gélatine<br />
de Disderi, cet art se «démocratise»,<br />
quittant les guéridons, la<br />
photo rejoint les albums.<br />
Plus curieusem<strong>en</strong>t, apparaiss<strong>en</strong>t les<br />
photos-cartes de visite souv<strong>en</strong>t<br />
portraits de personnages importants,<br />
Napoléon III <strong>en</strong> était un<br />
adepte ! On glissait ces photos dans<br />
l’album familial, lustre de la proximité<br />
! La photo-carte connaît aussi<br />
un vif <strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t, on y joue déjà<br />
avec les codes figés qu’imposai<strong>en</strong>t<br />
© Ugo Mechri<br />
avoue avoir pris consci<strong>en</strong>ce grâce à<br />
ce projet de ses difficultés à communiquer<br />
son travail. Bi<strong>en</strong> sûr, on<br />
ne résume pas 30 ans de recherches<br />
<strong>en</strong> une représ<strong>en</strong>tation, mais ce format<br />
mêlant <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> vidéo et texte<br />
théâtral est extrêmem<strong>en</strong>t percutant.<br />
15 Binômes ont vu le jour avec des<br />
biologistes, climatologues, physici<strong>en</strong>s,<br />
immunologistes... D’autres<br />
sont <strong>en</strong> préparation, toujours avec<br />
les mêmes contraintes : une r<strong>en</strong>contre<br />
de 50 minutes <strong>en</strong>tre l’auteur<br />
et le sci<strong>en</strong>tifique, puis deux mois<br />
d’écriture sans contacts autorisés.<br />
La pièce est <strong>en</strong>suite créée par la<br />
compagnie Le s<strong>en</strong>s des mots, dont<br />
les 5 membres se relai<strong>en</strong>t, successivem<strong>en</strong>t<br />
metteur <strong>en</strong> scène, assistant<br />
et acteurs.<br />
«Les sci<strong>en</strong>tifiques ont toujours peur<br />
d’être <strong>en</strong>nuyeux face à des artistes<br />
supposés m<strong>en</strong>er une vie excitante.<br />
Les artistes ont peur de ne ri<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre,<br />
d’être bêtes.» Élisabeth<br />
Mazev a même rêvé à la veille d’une<br />
r<strong>en</strong>contre avec un mathématici<strong>en</strong>...<br />
qu’elle devait repasser le bac ! Voilà<br />
au grand bénéfice du spectateur<br />
une jolie démonstration qu’il n’y a<br />
pas de rapprochem<strong>en</strong>t impossible,<br />
pour peu que l’on accepte de surmonter<br />
ses appréh<strong>en</strong>sions initiales.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
les poses des balbutiem<strong>en</strong>ts. La<br />
photographie reste néanmoins un<br />
art réservé à une élite, noble ou<br />
bourgeoise. On s’approvisionne chez<br />
Lumière à Lyon (1882), on s’essaie<br />
aux portraits, aux compositions…<br />
on <strong>en</strong>tre à la Société française de<br />
photographie (1852) à celle de Marseille<br />
ou à l’Office aixois (1860).<br />
Les membres de la Société française<br />
d’archéologie, dont notre<br />
marquis fait partie, s’attach<strong>en</strong>t à<br />
L'aperitif au pied du chateau d'Allemagne, dernier quart du XIXe siecle, Musee de Salagon © Francois de Ripert-Monclar<br />
La représ<strong>en</strong>tation de Divines<br />
désespérances a eu lieu le 3 mai<br />
au Théâtre de la Cité (Marseille).<br />
La compagnie Le s<strong>en</strong>s des mots<br />
sera prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> Avignon<br />
p<strong>en</strong>dant tout le festival 2013<br />
avec d’autres Binômes.<br />
Sous les flots<br />
R<strong>en</strong>dez-vous au Point de Bascule<br />
pour un Bar des Sci<strong>en</strong>ces consacré<br />
aux rejets de polluants <strong>en</strong> mer, et à<br />
leur place dans un débat citoy<strong>en</strong>.<br />
Comm<strong>en</strong>t nous emparer de cette<br />
question cruciale pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
et la santé ? En prés<strong>en</strong>ce de<br />
Philippe Mioche, professeur d’histoire<br />
contemporaine à l’Université<br />
Aix-Marseille, Présid<strong>en</strong>t de l’Association<br />
Mémoire Industrie et Patrimoine<br />
<strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce, Jacques Mordini, ingénieur<br />
retraité de l’Usine Péchiney,<br />
Yves Lancelot, Océanographe, anci<strong>en</strong><br />
Directeur de recherche au CNRS, et<br />
B<strong>en</strong>jamin Durand, Directeur du<br />
Parc National des Calanques. G.C.<br />
le 16 mai à 18h30<br />
Le Point de Bascule, Marseille<br />
06 11 05 87 54<br />
www.levillagedesfacteursdimages.org<br />
étudier les monum<strong>en</strong>ts antiques et<br />
médiévaux de la région (une mission<br />
héliographique est mandatée<br />
<strong>en</strong> 1851 pour archiver une vaste partie<br />
du patrimoine architectural français.<br />
Mistral y participe). Photographie<br />
de mémoire, photographie sci<strong>en</strong>tifique,<br />
on la retrouve aussi dans<br />
l’espionnage ! Avec le Photo-éclair<br />
de Fetter, que l’on camoufle sous<br />
une veste, dans un chapeau, un<br />
livre, un sac…déjà <strong>en</strong> 1849, il sert<br />
à id<strong>en</strong>tifier les m<strong>en</strong>eurs d’une grève<br />
de tramways. Il est aussi l’instrum<strong>en</strong>t<br />
de prédilection des ancêtres<br />
des paparazzis ! Le droit à l’image<br />
déjà se pose pour une pratique si<br />
<strong>en</strong>racinée dans nos habitudes, que<br />
l’on oublie à quel point elle est<br />
réc<strong>en</strong>te.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
jusqu’au 30 juin, Salagon (Mane)<br />
04 92 75 70 50<br />
www.musee-de-salagon.com<br />
Catalogue de l’exposition : 10 €<br />
Voir égalem<strong>en</strong>t : R<strong>en</strong>dez-vous aux<br />
jardins p.11