La côte sud du Portugal en huit coups de cœur - ANA Routelab

Nostalgie au crépuscule. Des bateaux et des voiliers croisent
au large de la côte d’où partirent jadis les caravelles
de Henri le Navigateur.
si trente églises. Depuis le pont romain, nous observons les
cubes blancs des maisons qui s’étagent sur le flanc de la colline.
Tavira possède autant de couches qu’une cataplana. “Il
suffit d’enfoncer une bêche dans le sol pour tomber sur des
ruines”, nous assure notre guide.
3. Le clocher de Querença
Toutes les demi-heures, le tintement de la cloche de l’église
de Querença surprend les touristes attablés à la terrasse du
Restaurante de Querença – il n’y en a qu’un seul, alors pourquoi
se compliquer la vie? – tandis que les Portugais, dans les
cafés des alentours, boivent imperturbablement leur bica.
Puis, le calme revient sur la place et je comprends pourquoi
ce village est le paradis sur terre dès que le carillon de l’église
se tait: il ne s’y passe absolument rien. Ni aujourd’hui, ni demain.
Même si les maisons blanches ont un air un petit peu
trop propret et si le nombre de secondes résidences augmente
à mesure que diminue le nombre d’enfants qui fréquentent
l’école, ce lieu reste toujours aussi idyllique. Mais nous
avons déniché bien d’autres villages de rêve. Salir: des ruelles
cahoteuses montent en serpentant vers l’église, qui semble
veiller sur ses paroissiens comme une mère poule. Alte: étonnamment
vivant, avec une fête populaire près d’une source.
Alcoutim: tel un miroir du village espagnol fortifié, situé de
l’autre côté de la rivière et de la frontière. Cacela Velha: grand
comme un mouchoir de poche, mais quelle vue sur les canaux
et les îlots du parc naturel de Ria Formosa! Et d’où
viennent tous ces défunts qui peuplent le cimetière, suscitant
les regrets éternels – eterna saudade – de la poignée d’habitants
actuels?
4. Du liège dans l’espace
“Si le chêne-liège disparaît, la campagne meurt”, affirme
Hélio Alves. Un vent piquant souffle sur les plantations. Les
incendies de forêt de 2004 ont fait d’immenses dégâts. Un
désastre pour toute la région, car il faut attendre 43 ans pour
qu’un jeune chêne-liège soit productif. Hélio me montre le
chiffre zéro sur un arbre. “Cela signifie que le liège a été enlevé
en 2000. On ne peut le récolter que tous les neuf ans.
Donc, cet été, ce sera à nouveau son tour.” Un spécialiste,
muni d’une faucille, entaille le tronc, des racines jusqu’aux
premières branches, en suivant une veine naturelle verticale.
L’écorce se détache ensuite en un seul morceau, comme un
manteau qui s’ouvre.
Le Portugal est le premier producteur mondial et c’est cette
région accidentée, la Serra de Caldeirão, qui donne le meilleur
liège. Pourquoi? “Le liège aime l’océan Atlantique et affectionne
un climat méditerranéen”, explique Hélio. La Rota da
Cortiça, ou ‘route du chêne’, une nouvelle initiative de la
commune de São Brás de Alportel et des producteurs locaux,
met en valeur ce patrimoine exceptionnel. Notre parcours
d’une demi-journée débute dans l’ancien palais d’un magnat
du liège, qui abrite à présent un musée. Sur la centaine d’usines
que comptait São Brás il y a un siècle, il n’en reste que
sept. La répartition des rôles était simple: São Brás récoltait le
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