La définition d'une stratégie d'intervention - ICOMOS Open Archive
La définition d'une stratégie d'intervention - ICOMOS Open Archive
La définition d'une stratégie d'intervention - ICOMOS Open Archive
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>La</strong> définition d’une stratégie d’intervention.<br />
<strong>La</strong> definición de una estrategia de intervención<br />
Defining a strategy for intervention<br />
Patrimoine en cas d’urgence : le cas de<br />
Bint Jbeil<br />
Oula Aoun<br />
Bref Curriculum (profession et activité professionnelle relevante,<br />
jusqu’à 50 mots): Architecte diplômée en 2003 – Université Libanaise<br />
– Actuellement étudiante en DESS – restauration et conservation des<br />
monuments historiques. Etudiante en Master ‘Sciences et Métiers de la<br />
ville’ – UL – Je prépare actuellement un mémoire dont le sujet est ‘<strong>La</strong><br />
démocratie participative au Liban, le cas d’un cadre patrimonial’.<br />
Adresse courrier électronique:<br />
oulaaoun@gmail.com<br />
Téléphone:<br />
9613662564<br />
Le mot patrimoine, qui désigne des multiples aspects de la mémoire et<br />
des produits de l’homme, a été défini de manières différentes à travers<br />
les époques. Ca reste toujours un terrain de débat et d’investigation et<br />
il est d’ailleurs utilisé sous différentes acceptations.<br />
Au Liban, dans un premier temps, la notion du patrimoine se limitait<br />
aux vestiges archéologiques. Après, elle fut étendue pour englober les<br />
anciennes habitations, bourgeoises mais aussi vernaculaires.<br />
Un nouveau symbole fétiche de l’architecture libanaise apparaît : la<br />
maison à trois arcs.<br />
Mais est-ce que cette construction mentale du patrimoine construit<br />
libanais et cette nouvelle conscience du « Patrimoine » qui animent<br />
spécialistes et associations trouvent t-elles un écho populaire?<br />
En effet, une catégorie de la population exprime une certaine fierté<br />
face aux objets patrimoniaux et manifeste des actions d’entretien et de<br />
protection, mais souvent l’ancien est synonyme de vieux, de dégradé :<br />
le grand public libanais s’est rarement mobilisé pour défendre un objet<br />
de patrimoine.<br />
Cette situation s’aggrave dans les cas de situations d’urgence :<br />
malheureusement, le Liban connaît souvent des situations de<br />
destruction suivies par des phases de reconstruction où le patrimoine se<br />
trouve menacé, au détriment de nouveaux projets de reconstruction.<br />
Durant la guerre de Juillet 2006, les villages du sud du Liban détruits<br />
par les bombardements Israéliens étaient nombreux, et les tissus du<br />
bâti ancien n’y ont pas échappé : des maisons qui remontent au 17 ème ,<br />
18 ème et 19 ème siècle se sont transformées en amas de débris !<br />
Nous limiterons ici notre intervention à la ville de Bint Jbeil, qui résume<br />
la situation des villages du Sud, et qui est dotée par un tissu formé<br />
d’un grand nombre d’habitations anciennes, et ayant subi le plus<br />
de destruction, puisque c’est là où se sont déroulées les principales<br />
confrontations.<br />
Bint Jbeil, qui signifie la fille du soleil, ou encore la fille de la petite<br />
montagne, se caractérise, comme tous les villages du sud, par un tissu<br />
formé de maisons anciennes et un souk commercial, dont quelques<br />
constructions datent du 17 ème siècle.<br />
Suite aux bombardements aériens, la perte au niveau de ces maisons<br />
fut énorme.<br />
<strong>La</strong> multiplicité des acteurs après la guerre<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Bint Jbeil n’est pas inscrit sur la liste des<br />
monuments historiques de la DGA (direction générale des<br />
antiquités). De plus, la présence de l’état au sud, après la guerre, était<br />
modeste, et ses institutions n’arrivaient pas à contenir la situation<br />
– d’ailleurs trop compliquée. Ce qui fait que l’état et en particulier la<br />
DGA sont des acteurs peu efficaces dans ce contexte.<br />
<br />
d’après guerre : ce sont principalement les partis Hezbollah et Amal,<br />
représentant la majorité de la population Chiite au Liban, qui se<br />
trouvent comme acteurs principaux sur la scène ; Jihad el binaa,<br />
une association sociale proche du parti Hezbollah s’est occupée de<br />
la reconstruction durant les différentes guerres du Liban avec Israël<br />
(en 1978, 1993, 1996 et en 2000), mais vu la destruction énorme<br />
de la guerre de juillet 2006, l’intervention de cette association s’est<br />
limitée aux indemnités qui seront payées aux familles dont l’habitat<br />
a été détruit, totalement ou en partie.<br />
<br />
offert des dons et des aides pour la reconstruction. Quelques<br />
journaux déclarent, non sans ironie, que les Etats-unis et l’Iran se<br />
rivalisaient pour attribuer des aides au Liban après cette guerre.<br />
<br />
Qatariote pour un projet de reconstruction du centre ville ancien.<br />
Le déroulement du projet de reconstruction<br />
Une enquête sur le terrain, faite par jihad el binaa, a mené à un inventaire<br />
des dégâts, tout en préparant une étude préliminaire prête à servir<br />
comme un document de base pour les bailleurs de fond potentiels.<br />
C’est le premier inventaire des dégâts qui a été entrepris, mais<br />
malheureusement, on n’a pas pris en considération la différenciation<br />
du bâti à valeur patrimonial ; il s’agissait de repérer le degré et la<br />
quantité de destruction. Ces premières équipes ne comprenaient pas<br />
des professionnels en patrimoine.<br />
Ainsi il a fallu commencer par enlever les quantités énormes de débris.<br />
Malheureusement, dans cette situation d’urgence où, les familles étaient<br />
sans abris, le montage financier complexe avec multiples bailleurs de<br />
fond assez nombreux, l’instabilité politique de l’après-guerre qui ne<br />
fait qu’augmenter, a engendré une anarchie complète des actions<br />
visant la reconstruction: les travaux des bulldozers ont précédé ceux<br />
de l’évaluation et de l’enquête des professionnels. Bref on a ravagé des<br />
maisons revenant au 18 ème siècle sans chercher à savoir si ces maisons<br />
pourraient être restaurées ou non.<br />
Cette situation alarmante a mobilisé une catégorie de la population au<br />
niveau national, surtout des étudiants, des ONG, des journalistes, des<br />
écrivains, etc....<br />
<strong>La</strong> situation était, et est toujours encore, tellement complexe au point<br />
de ne plus pouvoir gérer la répartition des taches et des responsabilités<br />
: Une forte corrélation entre la situation politique et les projets de<br />
<br />
s’est trouvée face aux multiples tensions politiques et financières, la<br />
DGA n’a pas les moyens techniques, ni le personnel pour en prendre<br />
la charge. Ainsi il a fallu un énorme travail d’urgence de relevé fait par<br />
des universitaires pour arrêter les bulldozers qui avaient déjà rasé grand<br />
121