30.11.2014 Views

Médecins du sport 61 - msport.net

Médecins du sport 61 - msport.net

Médecins du sport 61 - msport.net

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

L A R E V U E D U M É D E C I N D E T E R R A I N<br />

DOSSIER<br />

Le surentraînement :<br />

comment faire<br />

le diagnostic ?<br />

MISE AU POINT<br />

Récupération<br />

après infection<br />

virale<br />

Championnats <strong>du</strong> Monde<br />

d’athlétisme<br />

Paris - 23-31 août<br />

La préparation de ce rendez-vous <strong>sport</strong>if exceptionnel<br />

a con<strong>du</strong>it à la mise en place d’un dispositif médical<br />

de grande envergure pour offrir à tous<br />

le meilleur <strong>du</strong> <strong>sport</strong> dans des conditions optimales.<br />

BIMESTRIEL - NUMÉRO <strong>61</strong> - SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003 - 6,5 E


DPPI<br />

Première médaille<br />

pour la France : l’argent,<br />

avec la deuxième place<br />

d’Eunice Barber<br />

à l’heptathlon.<br />

9 es Championnats <strong>du</strong> Monde<br />

d’athlétisme<br />

Paris 23-31 août<br />

Du 23 au 31 août, à l'occasion des 9 es championnats <strong>du</strong> Monde, les “Dieux<br />

<strong>du</strong> Stade” ont écrit une nouvelle page de l’histoire de l’athlétisme. Dans leur<br />

quête de l’or mondial, ils se sont lancés à l’assaut des records de chacune<br />

des disciplines : 20 km marche, 50 km marche, heptathlon, décathlon, 100 m,<br />

200 m, 400 m, 800 m, 1 500 m, 3 000 m steeple, 5 000 m, 10 000 m, 4 x 400 m,<br />

100 m haies, 400 m haies, triple saut, saut à la perche, saut en hauteur, saut<br />

en longueur, lancer de poids, lancer <strong>du</strong> marteau, lancer <strong>du</strong> disque, lancer<br />

<strong>du</strong> javelot…<br />

Les 2 000 athlètes sélectionnés ont offert aux 500 000 spectateurs <strong>du</strong> Stade<br />

de France des moments forts et inoubliables.<br />

A cette occasion, la gestion de la sécurité médicale et l'organisation <strong>sport</strong>ive<br />

nourrissaient un objectif commun : le gage de l'efficacité d'une intervention<br />

rapide auprès de toutes les populations concernées (athlètes, accrédités,<br />

spectateurs). Le Groupement d'intérêt public (GIP) et les diverses équipes<br />

médicales mobilisées se sont donc coordonnés pour offrir aux passionnés le<br />

meilleur <strong>du</strong> <strong>sport</strong> dans des conditions optimales.<br />

■<br />

Evénement: championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

Evénement: championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

MÉDECINS DU SPORT 5 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Evénement: championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

Evénement: championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

Sécurité médicale et organisation<br />

<strong>sport</strong>ive : un objectif commun<br />

Les urgences en milieu <strong>sport</strong>if peuvent<br />

être définies par la survenue<br />

d’un événement soudain et subit engageant,<br />

à court terme, le pronostic vital<br />

ou fonctionnel. Le caractère subit ne<br />

préjuge en rien <strong>du</strong> lieu de survenue qui<br />

peut effectivement être le milieu <strong>sport</strong>if,<br />

favorisant par sa particularité certains<br />

types d’accidents. Mais il ne doit nullement<br />

être un facteur de compromission<br />

<strong>du</strong> pronostic des patients.<br />

Une analyse stratégique des risques accidentels<br />

en milieu <strong>sport</strong>if, variables en<br />

fonction de nombreux paramètres, doit<br />

con<strong>du</strong>ire ensuite à la proposition d’une<br />

tactique globale de prise en charge médicale.Un<br />

dispositif médical adapté doit,<br />

lors de la survenue d’événements accidentels,<br />

indivi<strong>du</strong>els ou collectifs, permettre<br />

la mise en œuvre de moyens humains<br />

et matériels appropriés à la taille<br />

et au type d’événement.En effet,une prévention,même<br />

optimale,ne ré<strong>du</strong>ira jamais<br />

complètement le risque.<br />

La sécurité médicale est un versant important<br />

de la sécurité d’une compétition<br />

<strong>sport</strong>ive.Elle concerne les <strong>sport</strong>ifs,mais<br />

aussi toutes les autres personnes présentes<br />

sur le site de la manifestation,des<br />

accrédités aux spectateurs. La quiétude<br />

<strong>du</strong> quotidien est le piège dans lequel l’organisateur<br />

ne doit pas tomber, le coût<br />

financier doit être intégré aux prévisions<br />

budgétaires,car l’organisateur est le responsable<br />

(d’après la loi <strong>du</strong> 16 juillet 1984<br />

modifiée par le décret <strong>du</strong> 11 juin 1996).<br />

DEUX NIVEAUX<br />

DE PRESTATION<br />

Un dispositif médical dédié doit pouvoir<br />

prendre en charge les urgences indivi<strong>du</strong>elles<br />

et collectives limitées.S’agissant des urgences<br />

collectives,le relais sera pris par les dispositifs<br />

de soin des services publics avec l’intégration,dans<br />

le cadre d’un plan de secours,<br />

<strong>du</strong> service médical de l’organisation.<br />

Le staff médical d’une manifestation <strong>sport</strong>ive<br />

doit comporter 2 niveaux de prestation.<br />

Une équipe médicale et paramédicale<br />

* Directeur délégué médical.<br />

** Adjoint au directeur délégué médical<br />

et médecin fédéral (FFA).<br />

Leslie Johnes<br />

(à droite), lors de<br />

sa qualification pour<br />

la finale <strong>du</strong> 400 m.<br />

DPPI<br />

de professionnels de la médecine <strong>du</strong><br />

<strong>sport</strong> doit gérer les urgences chez les<br />

athlètes, mais s’y ajoute systématiquement<br />

une seconde équipe, proportionnelle<br />

à la taille de l’événement, qui<br />

prendra en charge les urgences concernant<br />

les spectateurs,les différents staffs,<br />

mais aussi les <strong>sport</strong>ifs pour des urgences<br />

autres que celles de médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />

Ces équipes seront constituées d’urgentistes<br />

professionnels entourés de secouristes.<br />

Le concept idéal est l’interconnexion<br />

et la complémentarité des<br />

2 types d’équipes médicales afin d’optimiser<br />

les soins.<br />

La sécurité médicale doit être pleinement<br />

intégrée à l’organisation d’un événement<br />

<strong>sport</strong>if.Une analyse prospective des risques<br />

suivie de l’installation de secours médicaux<br />

spécifiques est l’une des clés <strong>du</strong> succès.<br />

LE DISPOSITIF MÉDICAL<br />

Lors des championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

de Paris Saint-Denis,l’objectif d’excellence<br />

recherché par les athlètes existait<br />

aussi pour le comité d’organisation.<br />

La préparation de ce rendez-vous exceptionnel<br />

a donc con<strong>du</strong>it, entre autres, à la<br />

mise en place d’un dispositif médical adapté<br />

à l’envergure <strong>du</strong> 3 e rendez-vous <strong>sport</strong>if mondial<br />

après les Jeux Olympiques d’été et la<br />

coupe <strong>du</strong> Monde de Football.<br />

Le dispositif médical est intégré au Comité<br />

Quelques chiffres<br />

● 210 pays participants<br />

● 2 000 athlètes<br />

● 20 000 accrédités<br />

● 500 000 spectateurs<br />

● 24 épreuves masculines<br />

● 22 épreuves féminines<br />

● 204 médailles<br />

● 2 salles de régulation (l’une au<br />

Stade de France <strong>du</strong>rant<br />

les compétitions, l’autre au<br />

Village des athlètes)<br />

d’organisation,il permet de dispenser des<br />

soins optimaux de par les compétences<br />

des équipes médicales de professionnels,<br />

leur répartition et leur coordination.<br />

L’organigramme opérationnel<br />

L’analyse préalable et précise des risques<br />

engendrés par cette compétition, dans<br />

un contexte politique international délicat,<br />

a permis de proposer un organigramme<br />

opérationnel.<br />

La sécurité médicale idéale doit stratégiquement<br />

être un des versants de la sécurité<br />

générale.La direction médicale sur cet<br />

événement fut donc confiée à 2 médecins :<br />

- un directeur médical issu de la médecine<br />

d’urgence et de la médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong> :le<br />

Dr Nordine Benameur,praticien au centre<br />

hospitalier régional et universitaire de Lille ;<br />

- assisté d’un adjoint, médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> :<br />

MÉDECINS DU SPORT 6 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


d’une manifestation<br />

le Dr Béchir Boudjemaa,actuellement président<br />

de la commission médicale de la FFA.<br />

Leur tâche fut tout d’abord d’analyser préalablement<br />

les besoins médicaux,avant de<br />

mettre en place un dispositif pragmatique<br />

intégré dans la carte sanitaire régionale et<br />

d’en assumer la coordination tactique.<br />

Plusieurs équipes de soignants issus<br />

de la Fédération Française d’Athlétisme<br />

(médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, kinésithérapeutes,podologues,ostéopathes...),ont<br />

également œuvré pour la prise en charge<br />

des athlètes, sur les différents sites de<br />

la manifestation.<br />

En outre,des équipes médicales d’urgence<br />

et de réanimation (médecins<br />

urgentistes, infirmiers spécialisés, standardistes<br />

spécialisés, personnels administratifs)<br />

furent en charge des urgences<br />

médicales chez les spectateurs et accrédités<br />

dans l’enceinte <strong>du</strong> Stade de<br />

France.<br />

Citons enfin les 120 secouristes présents<br />

lors de cet événement, qui sont<br />

souvent les premiers intervenants,de par<br />

leur positionnement également stratégique<br />

sur tous les sites de l’événement.<br />

L’effectif total <strong>du</strong> staff médical de ces<br />

9 es championnats <strong>du</strong> Monde comptait<br />

plus de 200 personnes.<br />

Sécuriser l’événement<br />

Pour le Groupement d’intérêt public (GIP) en<br />

charge de son organisation, assurer la sécurité<br />

des 9 es championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme, c’est<br />

faire face aux risques. Risques exogènes (attentats,<br />

manifestations, délinquance, etc.), risques<br />

endogènes (internes à l’organisation), chacun a<br />

été identifié, analysé et soupesé en vue de<br />

déterminer le meilleur type d’organisation possible<br />

propre à le ré<strong>du</strong>ire.<br />

L’interface Etat/GIP<br />

L’originalité <strong>du</strong> régime juridique français étant d’être<br />

à la fois précis et souple, le choix a été fait d’une<br />

parfaite adéquation entre le GIP et les services<br />

de l’Etat. Si chacun intervient dans sa sphère de<br />

compétence (l’Etat se chargeant plus particulièrement<br />

des risques exogènes, le GIP se concentrant<br />

sur les risques endogènes), le système trouve<br />

son efficacité dans l’interface Etat/GIP.<br />

Un réseau de partenaires efficaces<br />

L’interconnexion des équipes soignantes<br />

est une des clés de la réussite d’une telle<br />

entreprise.Une véritable complémentarité<br />

est nécessaire, à la fois entre les équipes<br />

précédemment décrites, mais aussi pour<br />

les acteurs de soins des services publics.<br />

En effet, la collaboration avec les SAMU<br />

de Paris,de Bobigny,et les sapeurs pompiers<br />

est souvent quotidienne,tant pour<br />

le relais des acteurs médicaux lors de<br />

la prise en charge de patients indivi<strong>du</strong>els,<br />

qu’en cas d’événement exceptionnel<br />

avec victimes en nombre.<br />

De la même façon,un tel dispositif n’est<br />

pas viable sans un réseau de partenaires<br />

médicaux d’aval :<br />

- partenaires hospitaliers privés et publics<br />

pour la suite des soins prodigués,<br />

- mais aussi prestataires médicaux de l’urgence<br />

omnipraticienne pour les sites hôteliers<br />

et pour les actes médicaux spécifiques,<br />

tels la radiologie, la biologie,<br />

l’ophtalmologie, la gynécologie, la chirurgie<br />

dentaire...<br />

Des salles de régulations étaient chargées<br />

de coordonner les demandes de<br />

soins médicaux, et permettaient une réponse<br />

appropriée aux besoins médicaux<br />

en temps réel.<br />

Dr Nordine Benameur*<br />

Dr Béchir Boudjemaa**<br />

Les différentes infirmeries <strong>du</strong> stade<br />

de France ont également été activées<br />

afin de recevoir les staffs médicaux<br />

et prendre en charge les patients.<br />

Un centre médical opérationnel était<br />

disponible au village des athlètes et chaque<br />

terrain d’entraînement était également doté<br />

d’une structure médicale adaptée.<br />

Les membres <strong>du</strong> service médical ont pu<br />

travailler selon des procé<strong>du</strong>res préétablies,<br />

en étroite collaboration avec les staffs médicaux<br />

des délégations étrangères et dans<br />

le respect des cahiers des charges de l’IAAF<br />

et de la législation française.<br />

Dans sa phase opérationnelle,le service<br />

médical a fait preuve de son efficacité en<br />

s’intégrant parfaitement dans l’offre de<br />

soins de la région Ile de France et a pu<br />

rendre les services atten<strong>du</strong>s par tous, et<br />

fut,sans nul doute,l’un des gages de succès<br />

de cet événement.<br />

■<br />

Pour en savoir plus<br />

Le site des championnats <strong>du</strong> Monde<br />

http://www.paris2003saintdenis.org/fr<br />

Le site de la FFA<br />

www.athle.org/<br />

Benoît Martin*<br />

En ce qui concerne les risques exogènes, le GIP intervient<br />

pour prévenir et rendre aisée l’intervention des<br />

services de l’Etat. C’est le cas en matière de sécurité<br />

générale (attentats, manifestations, délinquance...),<br />

mais aussi en matière de secours médicaux.<br />

L’intégration des équipes <strong>du</strong> GIP dans les dispositifs<br />

de l’Etat et la clarté de la répartition des compétences<br />

sont, selon nous, les clefs de l’efficacité<br />

des interventions. L’arborescence des structures médicales<br />

<strong>du</strong> Dr Benameur en est un exemple. La<br />

position avancée <strong>du</strong> GIP, tant au village des athlètes<br />

qu’au Stade de France ou lors des courses de fond<br />

était tenue par les professionnels <strong>du</strong> Comité d’organisation.<br />

Leur expérience, leur spécialisation, leur<br />

vécu permettait d’envisager avec confiance une<br />

entreprise ren<strong>du</strong>e très délicate par le contexte<br />

international actuel.<br />

■<br />

* Directeur délégué à la sécurité.<br />

Evénement: championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

Evénement: championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

MÉDECINS DU SPORT 7 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Evénement: championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

J.C Gaillet<br />

Avec l’évolution des connaissances et des technologies,<br />

le podologue <strong>du</strong> <strong>sport</strong> est amené à jouer un rôle<br />

important au sein de l’équipe médicale chargée <strong>du</strong> suivi<br />

des <strong>sport</strong>ifs.<br />

Un rôle préventif<br />

En amont des compétitions lors <strong>du</strong> suivi longitudinal,<br />

le podologue établit un bilan stato-dynamique afin d’évaluer<br />

les facteurs de risque, et propose le port d’orthèses<br />

plantaires thermoformées moulées, adaptées au geste<br />

<strong>sport</strong>if si nécessaire. Un contrôle systématique des chaussures<br />

utilisées est effectué (pointure, modèle, usure...).<br />

Nous disposons aujourd’hui de techniques de mesures<br />

et d’investigations, tels que les capteurs embarqués, permettant<br />

une connaissance précise des appuis au cours<br />

<strong>du</strong> geste <strong>sport</strong>if en ambulatoire (temps d’appuis, déroulé<br />

<strong>du</strong> pas, pression maximale, pression moyenne...).<br />

Ceci permet notamment, en collaboration avec les en-<br />

* Podologue fédéral national (FFA), Reims.<br />

Le podologue met un pied<br />

dans le stade<br />

Trois questions à Muriel Hurtis<br />

Quelles méthodes utilises-tu sur le plan de<br />

la récupération ?<br />

Classiquement le sommeil,l’alimentation et l’hydratation,mais<br />

aussi les soins de kinésithérapie en particulier les massages,<br />

ainsi que les bains glacés et les douches alternées chaud-froid.<br />

Depuis 2 saisons,je suis suivie sur le plan diététique.Cela m’a permis<br />

de perdre <strong>du</strong> poids et de prendre conscience de la nécessité<br />

d’adapter mon alimentation en fonction de mon organisme,<br />

de la quantité d’entraînement et de la récupération.<br />

Peux-tu nous parler <strong>du</strong> rôle<br />

<strong>du</strong> kinésithérapeute ?<br />

Il est important pour la récupération mais aussi pour les<br />

soins en cas de problèmes ;je le vois de façon régulière afin<br />

de contrôler et prévenir les éventuels soucis qui pourraient<br />

arriver et soigner les problèmes chroniques. Il donne aussi<br />

des informations au coach qui en tient compte pour les plans<br />

d’entraînement.<br />

Justement, as-tu eu des soucis physiques à<br />

gérer cette année ?<br />

Au niveau de mon genou, j’ai un problème chronique qui se<br />

tra<strong>du</strong>it de temps en temps par une gêne douloureuse et qui<br />

perturbe certaines séances d’entraînement. Je diminue alors<br />

l’intensité de l’entraînement,fait davantage de soins et c’est reparti<br />

!<br />

DPPI<br />

Jean-Claude Gaillet*<br />

traîneurs, d’optimiser l’appui plantaire (ex : l’appui <strong>du</strong><br />

pied d’appel d’un sauteur).<br />

Un rôle curatif<br />

Le podologue assure aussi le suivi et les soins de la peau<br />

et des phanères, des pieds. Ces pathologies sont fréquentes<br />

et on imagine aisément l’impact douloureux généré<br />

par un ongle incarné ou une hyperkératose chez un<br />

<strong>sport</strong>if de haut niveau.<br />

Lors des championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme, un “camp<br />

de base” a été installé au village des athlètes avec le<br />

même plateau technique qu’un cabi<strong>net</strong> de podologie de<br />

ville.<br />

Par ailleurs, une présence sur le stade d’échauffement<br />

a permis d’effectuer des gestes préventifs (ampoules...)<br />

avant les compétitions.<br />

Une équipe a également été sollicitée pour les courses<br />

hors stade (marathon et marche) nécessitant après<br />

l’épreuve une prise en charge adaptée.<br />

■<br />

Dr Béchir Boudjemaa**<br />

Qualification de<br />

la championne<br />

d'Europe, Muriel<br />

Hurtis, pour les quarts<br />

de finale de l'épreuve<br />

<strong>du</strong> 200 m.<br />

Palmarès :<br />

24 ans<br />

● Championne d’Europe <strong>du</strong><br />

200 m et 4x100 m (2002)<br />

● Championne d’Europe en<br />

salle <strong>du</strong> 100 et 200 m<br />

(2002)<br />

● Championne<br />

de France <strong>du</strong> 200 m (2002)<br />

● Vainqueur de<br />

la Coupe d’Europe<br />

sur 100 m, 200 m<br />

et 4x100 m (2002)<br />

● 2 e de la Coupe<br />

<strong>du</strong> Monde sur 200 m (2002)<br />

MÉDECINS DU SPORT 8 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Equipe de France<br />

Organisation de la couverture médicale<br />

* Kinésithérapeute fédéral national (FFA), Paris.<br />

La Française Manuela<br />

Montebrun accède<br />

à la finale <strong>du</strong> marteau<br />

dames.<br />

DPPI<br />

Agenda <strong>sport</strong>if<br />

grammation <strong>du</strong> suivi indivi<strong>du</strong>el fut établie.<br />

Après 2-3 jours de rassemblements dits<br />

en opération “bulle”, 1 médecin et 3 kinésithérapeutes<br />

ont accompagné les premiers<br />

athlètes à la cité universitaire (Paris),<br />

siège de toutes les délégations mondiales.<br />

Sur place, la salle de soins (6 tables électriques,une<br />

logistique de fonctionnement<br />

équivalant à plus de 400 kg de matériel<br />

médical) était prête à accueillir la continuité<br />

de l’événement.<br />

Un véritable centre de réé<strong>du</strong>cation était ouvert<br />

12 h par jour,et parfois plus en fonction<br />

de l’horaire des compétitions.<br />

L’entrée en lice des épreuves fut marquée<br />

d’émotions croissantes et l’une des<br />

grandes difficultés consistait à gérer la<br />

scission progressive entre les athlètes “dé-<br />

Stage terminal et canicule<br />

Le staff médical chargé <strong>du</strong> suivi de<br />

l’équipe de France lors des championnats<br />

<strong>du</strong> Monde était représenté par 3 médecins<br />

et 5 kinésithérapeutes<br />

Le regroupement de l’équipe de France<br />

s’est d’abord déroulé par vagues au centre<br />

national <strong>du</strong> rugby à Marcoussis.L’ensemble<br />

de la délégation était réuni le 18 août.<br />

Cependant, dès le 4 août, une présence<br />

médicale et paramédicale était organisée<br />

et les “premiers réglages”ont pu débuter,<br />

profitant des installations mises en place<br />

pour l’événement.<br />

Dès leur arrivée, chaque <strong>sport</strong>if a bénéficié<br />

d’une consultation et d’une 1 re séance<br />

de soins au terme desquelles une probutants”<br />

et ceux dont les qualifications<br />

étaient programmées plus tardivement.<br />

L’athlétisme est un ensemble de disciplines<br />

indivi<strong>du</strong>elles et la force <strong>du</strong> directeur technique<br />

national est d’essayer de maintenir<br />

une solidarité dans l’équipe en jouant le<br />

rôle d’un véritable chef d’orchestre.<br />

Les épreuves combinées, la marche et le<br />

marathon nécessitant une couverture spécifique<br />

et éprouvante, monopolisant au<br />

moins 1 médecin et 2 à 3 kinésithérapeutes,l’alternance<br />

des permanences <strong>du</strong><br />

centre de soins,des lieux d’entraînement<br />

et <strong>du</strong> stade d’échauffement fut plus complexe<br />

à organiser et la synthèse de la journée<br />

ainsi que la préparation de la journée<br />

suivante s’effectuaient obligatoirement<br />

à une heure très tardive.<br />

■<br />

Du 4 au 23 août 2003, le centre national de rugby de Marcoussis accueillait les athlètes<br />

français en stage préparatoire terminal. Les <strong>sport</strong>ifs ont ainsi pu bénéficier des<br />

installations optimales mises en place sur ce site (échographe, salles de soins, bassins<br />

froid et chaud, balnéothérapie, renforcement ou réé<strong>du</strong>cation isocinétique…) pour la<br />

récupération, l’entraînement et la préparation.<br />

Seule “ombre” au tableau : la canicule !<br />

De telles températures retardant la récupération, le respect des consignes d’hydratation,<br />

le décalage de certaines plages d’entraînement en fin de journée et la pratique des<br />

étirements à l’ombre ont permis aux <strong>sport</strong>ifs d’aborder les épreuves en pleine forme.<br />

Le Dr Deymié rappelle que « dans des conditions normales de température, un <strong>sport</strong>if<br />

perd en moyenne 1,5 l d’eau pour un entraînement de 1h30, il est donc important de<br />

compenser ces pertes pendant et après les séances par l'absorption de 1,5 l d’eau<br />

équivalant aux pertes, plus une hydratation de base quotidienne, ce qui porte à 3 l la<br />

moyenne de consommation journalière <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if. Aussi, dans les conditions<br />

caniculaires connues début août et malgré un air sec limitant les pertes sudorales,<br />

les <strong>sport</strong>ifs s’exposaient, lors de chaque entraînement, à des pertes pouvant atteindre<br />

les 3 litres. »<br />

Colloque de la commission médicale de la FFA<br />

Rencontres inter-fédérations<br />

20-21 sept 2003, Maison <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, Paris<br />

Dans le cadre des rencontres médicales inter-fédérations initiées lors des Etats généraux <strong>du</strong> <strong>sport</strong>,<br />

la FFA et sa commission médicale organisent un colloque les 20 et 21 septembre prochains.<br />

La Fédération française de taekwondo, la Fédération française de voile, la Fédération française<br />

d'haltérophilie, musculation, force athlétique et culturisme, la Fédération française d'aviron et l'Insep s'associent à ces<br />

premières rencontres et viendront enrichir les réflexions et pratiques spécifiques à chaque discipline, afin de favoriser les<br />

échanges et les connaissances entre les professionnels de santé et de faire converger les expertises “<strong>sport</strong> et santé".<br />

Ce congrès sera consacré à la fois à des sujets traitant des aspects diagnostiques<br />

et thérapeutiques des pathologies liées à la pratique <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, mais aussi à des<br />

sujets traitant de la place de l'activité physique dans la prévention et la prise en<br />

charge de certaines maladies.<br />

DPPI<br />

Philippe Peytral*<br />

Renseignements / Inscriptions :<br />

Clinicpro<strong>sport</strong><br />

Tél : 01 40 65 04 18<br />

Mail : clinicpro<strong>sport</strong>@wanadoo.fr<br />

Evénement: championnats <strong>du</strong> Monde d’athlétisme<br />

MÉDECINS DU SPORT 9 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


DOSSIER ><br />

Le surentraînement<br />

COORDONATEUR : PR FRANÇOIS CARRÉ*<br />

DR ANNE FAVRE-JUVIN**<br />

PR GEORGES CAZORLA***,<br />

DR LAMIA BOUSSAIDI***, DR CYRIL PETIBOIS****<br />

Résultant souvent d’un<br />

déséquilibre entre charges de<br />

travail et périodes de<br />

récupération, le surentraînement<br />

intéresse tous les <strong>sport</strong>ifs et tous<br />

les médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />

Mais, entre fatigue passagère,<br />

pathologies infectieuses et<br />

surentraînement, de quels outils<br />

dispose le médecin pour poser<br />

son diagnostic ?<br />

Sommaire<br />

Intro<strong>du</strong>ction Page 12<br />

Physiopathologie<br />

et aspects biologiques<br />

Mots clés<br />

Surentraînement<br />

Fatigue<br />

Examen clinique<br />

Bilan biologique<br />

Approche clinique<br />

Fatigue ou surentraînement ?<br />

Page 12<br />

● A - Quand savoir si une fatigue après l’effort<br />

est normale ?<br />

● B - La prévention, un rôle majeur<br />

Les signes cliniques <strong>du</strong><br />

surentraînement Page 13<br />

● A - Les symptômes subjectifs<br />

● B - Les symptômes objectifs<br />

Con<strong>du</strong>ite à tenir devant une<br />

suspicion de surentraînement<br />

Page 14<br />

● A - Caractériser la fatigue<br />

● B - Préciser la fatigue<br />

● C - L’enquête alimentaire<br />

● D - L’examen physique<br />

● E - Les tests d’effort<br />

Conclusion Page 15<br />

Entraînement et surentraînement<br />

Page 15<br />

● A - Trois conditions à respecter<br />

● B - Trois types de dysfonctionnements<br />

● C - Etiologie <strong>du</strong> surentraînement<br />

Hypothèses physiopathologiques<br />

<strong>du</strong> surentraînement<br />

Page 21<br />

● A - Hypothèses structurale et métabolique<br />

● B - Hypothèse immunitaire<br />

● C - Hypothèse hormonale<br />

● D - Manifestations psycho-comportementales<br />

Conclusion Page 25<br />

Pour la pratique<br />

on retiendra... Page 26<br />

Questionnaire<br />

de surentraînement Page 27<br />

Bibliographie Page 29<br />

* SERVICE D’EXPLORATIONS<br />

FONCTIONNELLES UNITÉ DE<br />

BIOLOGIE ET MÉDECINE DU<br />

SPORT. HÔPITAL DE PONT-<br />

CHAILLOU, UNIVERSITÉ DE<br />

RENNES.<br />

** UNITÉ FONCTIONNELLE<br />

DE BIOLOGIE ET MÉDECINE<br />

DU SPORT,<br />

SERVICE D’EXPLORATION<br />

FONCTIONNELLE<br />

CARDIO-RESPIRATOIRE,<br />

CHU DE GRENOBLE.<br />

*** LABORATOIRE<br />

EVALUATION SPORT SANTÉ.<br />

FACULTÉ DES SCIENCES DU<br />

SPORT ET DE L’ÉDUCATION<br />

PHYSIQUE,<br />

UNIVERSITÉ VICTOR<br />

SEGALEN, BORDEAUX 2.<br />

**** INSERM U443,<br />

GROUPE DE CHIMIE<br />

BIO-ORGANIQUE,<br />

UNIVERSITÉ VICTOR<br />

SEGALEN, BORDEAUX 2.<br />

MÉDECINS DU SPORT 11 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Le surentraînement<br />

< DOSSIER ><br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Pr François Carré<br />

L’entraînement <strong>sport</strong>if doit être un harmonieux<br />

mélange de périodes de travail et de<br />

récupération, terme qui n’est pas synonyme<br />

d’inactivité.<br />

La charge de travail constitue pour l’organisme<br />

une “agression” qui va rompre son équilibre.<br />

Lors de la phase de récupération qui suit,<br />

l’organisme va se régénérer et doit retrouver<br />

un niveau d’équilibre plus élevé qu’avant<br />

“l’agression”. Ainsi, grâce à un entraînement<br />

régulier et équilibré utilisant des charges<br />

progressivement croissantes et des périodes<br />

de récupération en rapport, le but premier<br />

de l’entraînement, progresser, doit être atteint.<br />

Le surentraînement est le résultat d’un<br />

entraînement mal con<strong>du</strong>it avec un déséquilibre<br />

entre les charges de travail et les périodes<br />

de récupération. Il peut toucher les <strong>sport</strong>ifs de tout<br />

niveau et intéresse donc tous les médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />

L’approche clinique <strong>du</strong> surentraînement a été<br />

abordée par le Dr Anne Favre-Juvin, responsable<br />

<strong>du</strong> groupe de réflexion sur le surentraînement<br />

mis en place par la Société Française de<br />

Médecine <strong>du</strong> Sport. Son existence témoigne<br />

de l’importance actuelle <strong>du</strong> problème. De ce<br />

paragraphe ressort, encore une fois, la place<br />

majeure occupée par un interrogatoire dirigé en<br />

médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />

L’approche biologique et la physiopathologie<br />

<strong>du</strong> surentraînement ont été traitées par le<br />

Pr Georges Cazorla qui mène, avec ses<br />

collaborateurs, des travaux de recherche dans ce<br />

domaine. L’aspect multifactoriel et complexe de<br />

la physiopathologie <strong>du</strong> syndrome <strong>du</strong><br />

surentraînement est indispensable à connaître<br />

pour comprendre les “pistes” qui ont con<strong>du</strong>it à<br />

proposer tel ou tel bilan biologique. Nous verrons<br />

qu’il est encore impossible de proposer un bilan<br />

biologique standard à la recherche <strong>du</strong><br />

surentraînement.<br />

Le dernier paragraphe de ce dossier a pour but<br />

de résumer les éléments indispensables à<br />

connaître par le médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> pour éviter de<br />

“passer à côté” d’un syndrome de<br />

surentraînement dont le traitement curatif est<br />

simple, puisque basé sur le repos, mais souvent<br />

mal accepté par le <strong>sport</strong>if.<br />

Approche cliniqueDr Anne<br />

Favre-Juvin<br />

Pour le médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, le diagnostic<br />

clinique de surentraînement<br />

devient très fréquent,<br />

compte tenu des performances de plus<br />

en plus élevées dans chaque discipline<br />

<strong>sport</strong>ive ; mais ce diagnostic reste toujours<br />

aussi difficile.<br />

Ce syndrome, qui ne se voyait autrefois<br />

que dans les disciplines à grosses charges<br />

d’entraînement, comme les <strong>sport</strong>s d’en<strong>du</strong>rance,<br />

se rencontre maintenant dans<br />

tous les types de disciplines ; disciplines très<br />

différentes sur le plan des contraintes physiques,<br />

énergétiques, psychologiques...<br />

Fatigue ou surentraînement ?<br />

En pratique de médecine générale, la<br />

fatigue est une plainte fréquente. Elle est<br />

avant tout subjective ; c’est une sensation<br />

souvent mal explicitée et ressentie<br />

de façon variable dans des conditions<br />

d’effort ou de repos. Chez le <strong>sport</strong>if, cette<br />

plainte est peu fréquente, mais peut être<br />

majorée (prétexte à l’arrêt) ou au<br />

contraire cachée (<strong>sport</strong> professionnel).<br />

C’est pour cette raison qu’il est important<br />

d’avoir une approche clinique de repos<br />

et d’effort objective.<br />

En médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, la définition<br />

“physiologique” de la fatigue paraît la<br />

plus adaptée ; il s’agit de l’impossibilité<br />

pour un muscle, ou un groupe de<br />

muscles, de maintenir sa puissance de<br />

contraction initiale. Elle est d’abord<br />

locale, et entraîne des contre-performances,<br />

mais elle s’accompagne très<br />

vite de fatigue générale.<br />

MÉDECINS DU SPORT 12 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


DOSSIER ><br />

Le surentraînement<br />

■A - Quand savoir si<br />

une fatigue après<br />

l’effort est normale ?<br />

Une fatigue normale après l’effort est <strong>du</strong>e<br />

aux facteurs limitants habituels et définie<br />

par une période de récupération :<br />

- < 24 heures, si l’effort est habituel ;<br />

- < 48 heures, si l’effort est inhabituel (très<br />

intense ou très long).<br />

Une fatigue pathologique est une rupture<br />

d’équilibre entre les réactions d’adaptation<br />

déclenchées par la répétition des efforts et<br />

les processus de récupération ; elle est définie<br />

par un temps de récupération plus long<br />

que ceux définis précédemment.<br />

Cette fatigue peut être passagère, aiguë<br />

(c’est “l’overeaching”). Si la récupération est<br />

incomplète, la fatigue augmente chaque<br />

jour et la capacité de travail diminue de<br />

façon parallèle. Si le sujet est mis au repos<br />

rapidement, le retour à la normale pourra<br />

se faire en 15 jours.<br />

Si ce signal d’alarme n’est pas respecté,<br />

le <strong>sport</strong>if risque la fatigue chronique<br />

(“overtraining”), correspondant à l’état<br />

de surentraînement. Dans ce cas, le<br />

retour à la normale est beaucoup plus<br />

long. Il se fera en 2 à 3 mois, voire plus,<br />

6 à 12 mois dans certains cas.<br />

■B - La prévention,<br />

un rôle majeur<br />

La prévention joue donc un rôle majeur et<br />

consiste à rechercher les signes d’alarme <strong>du</strong><br />

surentraînement qui doivent être codifiés.<br />

Dans ce but, un questionnaire (appelé plutôt<br />

questionnaire de “forme” que de “surentraînement”,<br />

pour éviter une connotation<br />

péjorative) a été récemment validé par un<br />

groupe de travail de la Société Française de<br />

Médecine <strong>du</strong> Sport.<br />

Ce questionnaire comprend 2 parties (cf.<br />

p 27-28) :<br />

1 - 54 questions à réponses binaires,<br />

explorant les symptômes physiques et<br />

psychologiques ;<br />

2 - des questions d’ordre général et des<br />

échelles analogiques permettant d’établir<br />

une note de performance, de forme,<br />

de fatigue, de récupération, d’anxiété,<br />

de force et d’en<strong>du</strong>rance.<br />

Dans les premières études réalisées sur<br />

ce questionnaire, nous avons pu montrer<br />

qu’à partir de 20 items cochés (et audelà),<br />

un syndrome de surentraînement<br />

devait être suspecté. Cette approche a<br />

permis de préciser les signes cliniques les<br />

plus représentatifs <strong>du</strong> syndrome de surentraînement<br />

chez des <strong>sport</strong>ifs français.<br />

Les signes cliniques <strong>du</strong> surentraînement<br />

Classiquement, et de façon souvent schématique,<br />

2 syndromes de surentraînement,<br />

sympathique et parasympathique,<br />

ont été décrits (Tab. I).<br />

Le surentraînement sympathique semble<br />

le plus fréquent et toucherait en majorité<br />

les <strong>sport</strong>ifs jeunes et de disciplines<br />

explosives.<br />

Le surentraînement parasympathique<br />

concernerait plutôt les <strong>sport</strong>ifs plus âgés<br />

et les spécialistes d’en<strong>du</strong>rance. Il se pourrait<br />

que les signes de type sympathique<br />

constituent la première phase <strong>du</strong> surentraînement<br />

qui évoluerait ensuite vers la<br />

forme parasympathique.<br />

Tableau I : les 2 syndromes <strong>du</strong> surentraînement.<br />

Syndrome “sympathique”<br />

Troubles <strong>du</strong> sommeil<br />

Instabilité émotionnelle<br />

Baisse de l’appétit<br />

Tachycardie de repos<br />

Augmentation de la PA de repos<br />

Augmentation <strong>du</strong> métabolisme de base<br />

avec diminution de la masse maigre<br />

Dans l’étude décrite précédemment, des<br />

symptômes subjectifs et objectifs ont pu<br />

être distingués.<br />

■A - Les symptômes<br />

subjectifs<br />

Les symptômes subjectifs <strong>du</strong> surentraînement<br />

sont retrouvés par l’interrogatoire<br />

dirigé.<br />

• Contre-performance et fatigue<br />

Les plaintes les plus fréquentes chez ces<br />

<strong>sport</strong>ifs sont tout d’abord la fatigue qui<br />

accompagne la contre-performance.<br />

Celle-ci est complète : physique, psychologique,<br />

sensorielle, voire sexuelle.<br />

Syndrome “parasympathique”<br />

Hyperfatigabilité<br />

Troubles digestifs<br />

Anémie d’installation progressive<br />

Majoration de la bradycardie de repos<br />

Baisse de la PA de repos<br />

Baisse rapide de la fréquence<br />

cardiaque à l’arrêt de l’exercice<br />

Des troubles <strong>du</strong> sommeil soit à type de<br />

difficultés d’endormissement ou de réveils<br />

nocturnes, soit à type d’hypersomnie sont<br />

toujours retrouvés.<br />

• Les autres symptômes<br />

Il s’agit, par ordre de fréquence : d’une<br />

baisse de l’appétit, de symptômes musculaires<br />

à type de crampes, de tétanie<br />

voire de myalgies, de “malaises” et, de<br />

façon moins fréquente, de migraines et<br />

de troubles digestifs.<br />

Les blessures sont fréquentes, soit à type<br />

de pathologies bénignes répétées, soit à<br />

type de douleurs chroniques. Un contexte<br />

infectieux est souvent retrouvé dans les<br />

6 mois précédant l’état de fatigue. Une<br />

aménorrhée est rapportée par la majorité<br />

des athlètes féminines concernées.<br />

Enfin, un changement socio-familial a<br />

souvent été précurseur. Il peut entraîner<br />

une fragilisation supplémentaire sans<br />

que l’on puisse préciser sa place exacte<br />

dans le syndrome : cause ou conséquence<br />

?<br />

■B - Les symptômes<br />

objectifs<br />

L’examen physique peut retrouver des<br />

signes objectifs variés.<br />

MÉDECINS DU SPORT 13 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Le surentraînement<br />

< DOSSIER ><br />

• Une variation de poids<br />

Elle peut être positive ou négative, et<br />

varier de 2 à 5 kg. Il existe une relation<br />

entre la variation <strong>du</strong> pourcentage de<br />

masse grasse et le score au questionnaire<br />

de forme. Plus le sujet présente des<br />

signes subjectifs de fatigue, plus la variation<br />

de masse grasse, dans un sens ou<br />

dans l’autre, est importante.<br />

• Des erreurs nutritionnelles<br />

Si le niveau d’hydratation est satisfaisant,<br />

on note 1 fois sur 3 des rations caloriques<br />

<strong>net</strong>tement insuffisantes, en particulier en<br />

ce qui concerne les féculents et les protéines.<br />

• Les paramètres cardio-respiratoires<br />

Au repos, la fréquence cardiaque peut<br />

être abaissée très <strong>net</strong>tement ou franchement<br />

augmentée, ce qui rend difficile<br />

le diagnostic différentiel entre<br />

dysentraînement, désentraînement et<br />

surentraînement.<br />

La pression artérielle est souvent “pincée”,<br />

avec diminution de la pression systolique et<br />

élévation de la pression diastolique.<br />

Les électrocardiogrammes de repos et/ou<br />

d’effort sont rarement modifiés.<br />

Sur le plan respiratoire au repos, on<br />

retrouve, dans la moitié des cas, un<br />

contexte allergique et/ou asthmatique.<br />

Il peut s’agir d’une symptomatologie avec<br />

des explorations fonctionnelles respiratoires<br />

normales ou, à l’inverse, de l’absence de<br />

symptomatologie, mais avec un bronchospasme<br />

sur les explorations fonctionnelles<br />

respiratoires de base.<br />

• Les anomalies observées à l’effort<br />

Cette étude n’a pas retrouvé les perturbations<br />

classiques de la fréquence cardiaque.<br />

Ainsi, les fréquences cardiaques sous-maximales<br />

classiquement augmentées ont été<br />

trouvées soit beaucoup plus hautes, soit<br />

beaucoup plus basses et les classiques baisses<br />

de la fréquence cardiaque maximale et de<br />

VO 2 max n’ont pas été observées. En<br />

revanche, comme dans la littérature, les lactatémies<br />

sous-maximales étaient plus élevées<br />

et la lactatémie maximale abaissée.<br />

Les critères de récupération sont, en<br />

général, beaucoup moins bons.<br />

Il n’existe donc pas de signe clinique<br />

pathognomonique unique, aussi bien<br />

subjectif qu’objectif, de surentraînement,<br />

mais un faisceau de symptômes qui va<br />

permettre de faire le diagnostic.<br />

Con<strong>du</strong>ite à tenir devant<br />

une suspicion de surentraînement<br />

Devant un <strong>sport</strong>if qui se plaint d’une sensation<br />

de fatigue, l’interrogatoire caractérisera,<br />

précisera, objectivera celle-ci et éliminera<br />

toute autre pathologie débutante. Il sera<br />

complété par une enquête alimentaire et un<br />

examen physique de repos et d’effort.<br />

■A - Caractériser<br />

la fatigue<br />

- Ancien<strong>net</strong>é ?<br />

- Périodicité dans la journée, le mois, l’année ?<br />

- Fatigue uniquement physique, ou également<br />

intellectuelle, sensorielle, sexuelle ?<br />

- Amélioration par le repos ?<br />

- Fatigue uniquement locale et donc plutôt<br />

musculaire et/ou générale ?<br />

- Fatigue isolée ou accompagnée d’autres<br />

symptômes ?<br />

■B - Préciser la fatigue<br />

• Activité <strong>sport</strong>ive et professionnelle<br />

- Objectifs en compétition.<br />

- Modifications d’entraînement récentes<br />

ou dans les 6 mois précédents (stage en<br />

altitude ?).<br />

- Disponibilité pour cet entraînement.<br />

- Activité professionnelle (suractivité ou<br />

désintérêt ?).<br />

- Changement socio-familial récent.<br />

• Les signes subjectifs physiques<br />

- Insomnie et son type.<br />

- Troubles <strong>du</strong> comportement alimentaire<br />

(anorexie ou boulimie).<br />

- Céphalées.<br />

- Nausées ou autres troubles digestifs.<br />

• Antécédents récents<br />

- Nombre et type de blessures.<br />

- Episodes infectieux récents.<br />

- Augmentation de la sensibilité et de la<br />

sévérité des allergies.<br />

- Troubles menstruels (aménorrhée ou oligoménorrhée).<br />

- Prise médicamenteuse (laxatifs, anti-émétiques,<br />

diurétiques, anti-hypertenseurs centraux,<br />

anti-arythmiques, anti-histaminiques,<br />

anti-diabétiques oraux, anti-viraux, vaccins,<br />

métaux, anti-dépresseurs, anxiolytiques...).<br />

- Utilisation d’électrostimulation, d’une<br />

kinésithérapie intensive...<br />

- Etat des vaccinations.<br />

- Liste des voyages récents à l’étranger<br />

(décalage horaire).<br />

• Les signes subjectifs<br />

psychologiques<br />

- Dépression ou apathie.<br />

- Changement de personnalité.<br />

- Baisse de l’estime de soi.<br />

- Augmentation de l’instabilité émotionnelle.<br />

- Difficultés de concentration.<br />

- Diminution de la capacité d’intégration<br />

de nombreuses informations (<strong>sport</strong>s acrobatiques...).<br />

- Augmentation de la sensibilité au stress.<br />

- Appréhension de la compétition...<br />

■C - L’enquête<br />

alimentaire<br />

Elle recherchera une insuffisance dans<br />

l’hydratation, les rations de protéines, de<br />

féculents, de fer, en particulier d’origine<br />

animale, et précisera le type d’alimentation<br />

pendant l’effort.<br />

■D - L’examen physique<br />

L’examen physique sera orienté et devra :<br />

● rechercher une diminution ou une augmentation<br />

franche <strong>du</strong> poids ou de la<br />

masse grasse et chez l’enfant, un arrêt<br />

de croissance staturale ou un arrêt de la<br />

maturation pubertaire ;<br />

● inspecter la peau, les phanères, les<br />

conjonctives et les aires ganglionnaires<br />

(tout <strong>sport</strong>if même de haut niveau peut<br />

débuter une hémopathie ou un cancer) ;<br />

● rechercher, sur le plan cardio-pulmonaire,<br />

une augmentation ou une diminution<br />

franche de la fréquence cardiaque de repos,<br />

MÉDECINS DU SPORT 14 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


DOSSIER ><br />

Le surentraînement<br />

Le diagnostic de surentraînement n’est<br />

pas facile pour le médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />

Il ne doit pas être sous-estimé, ni surestimé.<br />

Les troubles <strong>du</strong> comportement, souvent<br />

banalisés, sont des signes précurseurs<br />

importants (bien expliqués sur le plan<br />

physiopathologique lors d’une fatigue<br />

musculaire). C’est l’association de sympune<br />

anomalie de la tension artérielle mesurée<br />

en position couchée et debout, une<br />

anomalie de l’électrocardiogramme, surtout<br />

si l’on a des examens antérieurs.<br />

■E - Les tests d’ effort<br />

Ils permettront de rechercher une augmentation<br />

<strong>du</strong> métabolisme de base.<br />

A l’effort sous-maximal, une modification<br />

de la fréquence cardiaque, une élévation<br />

éventuelle des paramètres ventilatoires<br />

(fréquence respiratoire et volume courant)<br />

et une augmentation des lactatémies sousmaximales.<br />

Enfin, une diminution <strong>du</strong><br />

temps d’en<strong>du</strong>rance au “seuil”.<br />

A l’exercice maximal, une diminution de<br />

Conclusion<br />

tômes subjectifs physiques et psychologiques,<br />

et de signes objectifs à l’examen<br />

physique au repos et à l’effort qui permettra<br />

de poser le diagnostic et d’envisager<br />

la con<strong>du</strong>ite à tenir.<br />

Le bilan biologique de repos apportera<br />

une aide complémentaire au diagnostic.<br />

Ce diagnostic sera d’autant plus facilité si<br />

VO 2 max, de la lactatémie et de la fréquence<br />

cardiaque. Plus que les tests de laboratoire,<br />

les tests de terrain peuvent être, dans chaque<br />

activité <strong>sport</strong>ive, d’un grand intérêt pour<br />

objectiver la contre-performance, la baisse<br />

de la force musculaire, la baisse de rendement<br />

ou la baisse d’en<strong>du</strong>rance, voire l’augmentation<br />

<strong>du</strong> temps de récupération.<br />

le <strong>sport</strong>if est suivi régulièrement et si le<br />

médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> est en possession de son<br />

état antérieur et a su établir une relation<br />

de confiance avec lui et son entraîneur.<br />

Ceci permettra de mettre le <strong>sport</strong>if au repos<br />

complet ou relatif pour une <strong>du</strong>rée plus ou<br />

moins longue selon l’intensité et le nombre<br />

de symptômes trouvés.<br />

■<br />

Physiopathologie<br />

et aspects biologiques<br />

Quel <strong>sport</strong>if ou quel entraîneur n’a<br />

pas un jour pensé qu’augmenter<br />

toujours et encore la charge d’entraînement<br />

(volume ou/et intensité) devrait<br />

permettre d’améliorer la performance ?<br />

La mésaventure dont fut victime au cours<br />

des années 1960 -1970 le marathonien<br />

Ron Hill résulte de cette croyance. Alors<br />

qu’en s’entraînant entre 160 et 180 km par<br />

semaine, son niveau de performance le<br />

situait très <strong>net</strong>tement devant les meilleurs<br />

mondiaux, afin d’augmenter (pensait-il !)<br />

un peu plus la différence avec ses concurrents,<br />

il passa à un kilométrage hebdomadaire<br />

supérieur à 200 km. Conséquence :<br />

il fut largement battu par un illustre<br />

inconnu, Ian Thompson, qui ne parcourait<br />

pas plus de 110 km par semaine!<br />

Pr Georges Cazorla,<br />

Dr Lamia Boussaidi,<br />

Dr Cyril Petibois, Pr François Carré<br />

Cette conception inflationni


DOSSIER ><br />

Le surentraînement<br />

cause. D’autres facteurs, comme la<br />

monotonie des contenus d’entraînement,<br />

les erreurs nutritionnelles et les stress de<br />

la vie courante, interviennent (Fig. 1).<br />

■B - Trois types de<br />

dysfonctionnements<br />

Les définitions des différents états de<br />

fatigue et <strong>du</strong> surentraînement, et leur<br />

filiation probable mais non formellement<br />

prouvée, ont été fournies dans le chapitre<br />

précédent de ce dossier.<br />

Dans le cas <strong>du</strong> surentraînement, la<br />

fatigue s’accumule, ne peut être résorbée<br />

et in<strong>du</strong>it des dysfonctionnements qui<br />

se manifestent sous 3 formes :<br />

1 - défaut d’adaptation irréversible avec<br />

perte d’efficacité des programmes<br />

moteurs et des gestes techniques ;<br />

2 - fragilisation de l’organisme <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if<br />

qui nécessite une plus longue période de<br />

récupération par rapport à la normale ;<br />

3 - et incapacité de l’organisme à résorber<br />

la fatigue accumulée alors que l’athlète<br />

est mis au repos.<br />

■C - Etiologie <strong>du</strong><br />

surentraînement<br />

Issue <strong>du</strong> dépassement fonctionnel des différents<br />

systèmes de l’organisme (musculaires,<br />

neurologiques, métaboliques,<br />

hormonaux, immunitaires et organiques),<br />

l’étiologie <strong>du</strong> surentraînement est complexe<br />

et obligatoirement systémique. Même<br />

si certains auteurs ont proposé de différencier<br />

2 types cliniques, sympathique et<br />

parasympathique, <strong>du</strong> surentraînement,<br />

celui-ci se manifeste par un ensemble de<br />

symptômes variables selon les disciplines<br />

pratiquées et selon les <strong>sport</strong>ifs considérés.<br />

L’ubiquité de ses manifestations explique<br />

la rareté des éléments diagnostiques cliniques<br />

stables actuellement disponibles.<br />

Les seuls marqueurs universels <strong>du</strong> surentraînement<br />

sont les modifications <strong>du</strong><br />

comportement habituel associées à une<br />

diminution <strong>du</strong>rable de la performance,<br />

malgré le maintien ou l’augmentation des<br />

charges d’entraînement. La démarche<br />

actuelle, qui consiste à interpréter les variations<br />

<strong>du</strong> niveau de performance et physiologiques<br />

de façon conjointe à celles <strong>du</strong><br />

comportement, semble constituer une<br />

bonne alternative diagnostique et ouvre des<br />

perspectives nouvelles à la recherche.<br />

Il est possible que ces manifestations soient<br />

interdépendantes, mais on s’interroge encore<br />

sur les facteurs déclenchants en cause. Sontils<br />

liés à des altérations périphériques structurales<br />

et/ou métaboliques au niveau <strong>du</strong><br />

muscle, à l’origine des modifications des<br />

concentrations des neurotransmetteurs <strong>du</strong><br />

système nerveux central et plus particulièrement<br />

de ceux de l’axe hypothalamo-pituitaire,<br />

déclenchant à leur tour des<br />

perturbations hormonales en cascade ? Ou<br />

bien ont-ils leur origine uniquement au<br />

niveau central, expliquant notamment les<br />

modifications psycho-comportementales ?<br />

Hypothèses physiopathologiques<br />

<strong>du</strong> surentraînement<br />

Le suivi biologique <strong>du</strong> surentraînement<br />

doit être guidé par sa physiopathologie.<br />

Nous allons donc essayer de préciser le<br />

pour et le contre de chaque hypothèse<br />

physiopathologique et <strong>du</strong> bilan biologique<br />

qui peut en découler.<br />

■A - Hypothèses structurale<br />

et métabolique<br />

• Les radicaux libres<br />

Lors de l’exercice intense, des altérations<br />

de la structure cellulaire <strong>du</strong> muscle peuvent<br />

apparaître tant pour des causes<br />

mécaniques (rupture d’éléments de l’architecture<br />

de la cellule), que métaboliques<br />

(agressions chimiques de ces<br />

mêmes éléments).<br />

Au plan métabolique, la pro<strong>du</strong>ction de radicaux<br />

libres est constante au sein des processus<br />

biochimiques aérobies. Lors de<br />

l’exercice, la consommation d’oxygène au<br />

sein de la chaîne de tran<strong>sport</strong> des électrons<br />

peut augmenter jusqu’à 40 fois sa valeur<br />

basale et il a été estimé que 1 à 3 % de l’oxy-<br />

gène consommé est incorrectement ré<strong>du</strong>it,<br />

augmentant d’autant la pro<strong>du</strong>ction de radicaux<br />

libres. Ces radicaux libres possèdent<br />

au moins un électron dissocié, ce qui les rend<br />

particulièrement réactifs, essayant d’extraire<br />

un électron à une autre molécule.<br />

Cet événement déclenche une série de<br />

réactions biochimiques qui peuvent altérer,<br />

à terme, le bon fonctionnement cellulaire.<br />

Au départ de ces réactions, les radicaux<br />

superoxydes (O 2 - • ) sont le plus fréquemment<br />

pro<strong>du</strong>its et peuvent in<strong>du</strong>ire, entre<br />

autres, une peroxydation des phospholipides<br />

membranaires de la cellule musculaire<br />

(Fig. 2). Cette “agression” a pour<br />

effet majeur d’augmenter la perméabilité<br />

de la membrane de la cellule musculaire,<br />

ce qui favorise la libération de certaines<br />

molécules dans la circulation sanguine,<br />

telles la CPK (créatine-phosphokinase), la<br />

myoglobine, la troponine I, la LDH (lacticodéhydrogénase).<br />

Les actions des radicaux libres peuvent aussi<br />

provoquer une altération des protéines<br />

contractiles susceptible de limiter fortement<br />

les capacités contractiles et métaboliques<br />

des cellules musculaires. La combinaison de<br />

ces 2 types d’altérations, chimique et mécanique,<br />

peut, à terme, altérer les performances<br />

de la structure musculaire.<br />

MÉDECINS DU SPORT 21 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Le surentraînement<br />

< DOSSIER ><br />

➎<br />

➍<br />

Stress mécanique<br />

(rupture) et/ou<br />

oxydatif<br />

Troponine i, CPK, LDH,<br />

MDA, myoglobine,<br />

3-méthylhistidine<br />

LOO .<br />

LO .<br />

H 2 O 2<br />

Troponine<br />

➌<br />

➋<br />

O 2<br />

-.<br />

Figure 2 : récapitulatif des altérations des structures cellulaires musculaires et diffusion des protéines<br />

métaboliques et/ou contractiles. ➊ : processus d’oxydo-ré<strong>du</strong>ction mitochondriaux. 1 à 3 % de l’oxygène<br />

consommé peuvent entraîner la formation de radicaux libres : ➋ : O 2<br />

-• (superoxydes), LOO• (lipoperoxyles), LO •<br />

(alkoxyles), H 2 O 2 (peroxyde d’hydrogène). ➌ : Ceux-ci peuvent altérer les structures contractiles et extraire<br />

notamment des protéines i et ➍ : membranaires rendant perméable la membrane cellulaire ➎ : à la troponine i,<br />

à la CPK (créatine phosphokinase), à la LDH (lacticodéhydrogénase), au MDA (malondialdhéhyde), à la myoglobine,<br />

et à la 3-méthylhistidine dont les dosages plasmatiques peuvent renseigner sur l’état de détresse de la fonction<br />

musculaire après un exercice intense de longue <strong>du</strong>rée (D’après Petibois et Coll. 2001).<br />

Le surentraînement pourrait apparaître<br />

à partir de ces phénomènes si des entraînements<br />

intenses étaient répétés sans<br />

permettre la restructuration <strong>du</strong> système<br />

musculaire. Ainsi, il a été proposé mais<br />

non encore démontré qu’une balance<br />

négative entre les actions des radicaux<br />

libres et les capacités anti-oxydantes des<br />

cellules musculaires à l’exercice puisse<br />

être un des mécanismes fondateurs <strong>du</strong><br />

processus de surentraînement.<br />

Il reste néanmoins vrai que, dans les<br />

48 heures suivant un exercice particulièrement<br />

intense et prolongé, l’étude<br />

conjointe des cinétiques des concentrations<br />

en vitamine E, MDA, CPK, myoglobine<br />

et troponine I peut donner un<br />

profil <strong>du</strong> stress structural des cellules<br />

musculaires et peut être utilisé comme<br />

un outil de diagnostic <strong>du</strong> surmenage<br />

musculaire, souvent à l’origine de traumatismes<br />

incapacitants (myalgies, déchirures,<br />

ruptures, œdèmes...).<br />

• Modifications d’utilisation des<br />

substrats énergétiques<br />

- Les glucides<br />

Lors de l’exercice d’en<strong>du</strong>rance, une hypoglycémie<br />

transitoire peut témoigner de la<br />

fatigue métabolique. Après plusieurs jours<br />

LDH<br />

GLYC. → Pyruvate ⇔ lactate<br />

ADP + Pi<br />

O 2 ↑ : exercice intense<br />

aérobie<br />

O 2<br />

CPK<br />

PCr ⇔ C + Pi<br />

ATP<br />

Tropomyosine<br />

Phospholipides<br />

membranaires<br />

1 à 3 % d’O 2<br />

Myoglobine<br />

➊<br />

Mitochondrie<br />

d’entraînement particulièrement longs et<br />

intenses et en l’absence d’une ingestion<br />

appropriée de glucides, une déplétion<br />

chronique <strong>du</strong> glycogène peut apparaître.<br />

Dans ce cas, la réplétion <strong>du</strong> glycogène est<br />

alors plus lente et retardée, ce qui entraîne<br />

une fatigue musculaire s’accumulant d’un<br />

entraînement à l’autre.<br />

Ces altérations <strong>du</strong> stockage <strong>du</strong> glycogène<br />

peuvent avoir plusieurs retentissements<br />

métaboliques.<br />

La lactatémie d’exercice baisse aussi bien<br />

pour une même intensité infra-maximale<br />

d’exercice chez des athlètes surentraînés,<br />

que pour une intensité maximale. La lactatémie<br />

est aussi étroitement liée à la<br />

concentration plasmatique de catécholamines.<br />

Le <strong>sport</strong>if surentraîné peut présenter<br />

une désensibilisation de son organisme<br />

aux catécholamines, probablement in<strong>du</strong>ite<br />

par une diminution de la densité des<br />

récepteurs ß adrénergiques ; cette perturbation<br />

de l’activité sympathique pourrait<br />

affecter la pro<strong>du</strong>ction musculaire d’acide<br />

lactique.<br />

Cette moindre lactatémie pourrait être <strong>du</strong>e<br />

à une utilisation minorée de la glycolyse<br />

pour la fourniture énergétique globale à<br />

l’exercice. Celle-ci serait alors plus largement<br />

alimentée par les substrats<br />

lipidiques dans le cas d’exercices inframaximaux.<br />

Par ailleurs, de faibles niveaux de glycogène<br />

peuvent con<strong>du</strong>ire à une oxydation<br />

accrue des acides aminés ramifiés qui,<br />

eux-mêmes, peuvent être à l’origine d’un<br />

processus menant à l’installation d’une<br />

fatigue centrale et/ou à une perturbation<br />

de l’action des neurotransmetteurs<br />

susceptibles d’expliquer le dysfonctionnement<br />

de l’axe hypothalamo-hypophysaire<br />

observé chez les sujets surentraînés.<br />

Enfin, la déplétion répétée en glycogène<br />

accompagnée d’un apport insuffisant en<br />

glucides pourrait aussi entraîner une sollicitation<br />

plus importante <strong>du</strong> métabolisme<br />

des purines nucléotides dont certains<br />

métabolites jouent un rôle dans la survenue<br />

de sensation de fatigue.<br />

Cependant, chez des athlètes surentraînés,<br />

même lorsque la déplétion <strong>du</strong><br />

glycogène s’avère significativement supérieure,<br />

la réplétion de ses stocks entre les<br />

entraînements apparaît généralement<br />

optimale. Le surentraînement ne serait<br />

donc pas directement lié à la déplétion<br />

chronique des stocks de glycogène,<br />

mais ceux-ci pourraient en être un facteur<br />

aggravant. L’hypoglycémie transitoire<br />

à l’exercice d’en<strong>du</strong>rance n’apparaît<br />

que légèrement plus importante chez<br />

l’athlète surentraîné ce qui ne permet pas<br />

de l’utiliser comme un outil de diagnostic<br />

discriminant.<br />

- Les acides aminés ramifiés (AAR)<br />

Lors de l’exercice de longue <strong>du</strong>rée, lorsque<br />

les stocks en glycogène sont en déplétion,<br />

les acides gras libres (AG) sanguins sont utilisés<br />

par le muscle comme substrats énergétiques<br />

de même que, à un moindre<br />

degré, les AAR (leucine, isoleucine, valine)<br />

dont l’oxydation contribue à un apport<br />

complémentaire en énergie.<br />

Les AG non hydrosolubles, et un autre<br />

acide aminé le tryptophane (Trp), ont un<br />

tran<strong>sport</strong>eur commun, l’albumine (Fig. 3).<br />

En conséquence de cette compétition, une<br />

consommation musculaire accrue en AG<br />

entraînera une libération importante de<br />

Trp libre dans la circulation sanguine.<br />

Comme les AAR et le Trp utilisent le même<br />

tran<strong>sport</strong>eur pour franchir la barrière cérébrale<br />

et que la concentration en Trp augmente<br />

tandis que celle des AAR diminue<br />

(<strong>du</strong> fait de leur utilisation musculaire), le Trp<br />

MÉDECINS DU SPORT 22 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


DOSSIER ><br />

Le surentraînement<br />

➊<br />

Acides aminés ramifiés (AAR) Acides gras (AG) Tryptophane (Trp)<br />

➋<br />

Energie = CO 2 + H 2 O<br />

↓ Glycogène ⇒↑ AG + ↑ AAR<br />

↑ AG +<br />

↑ AAR<br />

Relations physiologiques normales<br />

↑AG<br />

AAR<br />

↑ fTrp<br />

Figure 3 : compétition entre les acides aminés ramifiés (AAR) et le tryptophane (Trp) pour leur entrée dans<br />

le cerveau (fTrp : tryptophane libre). Plus les AAR sont utilisés par le muscle, plus de tryptophane entre dans<br />

le cerveau et plus de sérotonine (5-HT) est formée.<br />

➊ : une déplétion accrue <strong>du</strong> glycogène augmente la captation musculaire d’AAR et en acides gras (AG) par<br />

l’intermédiaire de l’albumine qui les tran<strong>sport</strong>e. ➋ : en conséquence une fraction <strong>du</strong> Trp est libérée par<br />

l’albumine dans le sang. ➌ : la baisse de la concentration sanguine en AAR (utilisés par le travail musculaire)<br />

et l’augmentation Trp libre favoriseront le passage de ce dernier à travers la barrière cérébrale. Dans le<br />

cerveau, le Trp favorisera une synthèse accrue de 5-hydroxytriptamine (5-HT = sérotonine), ce qui pourrait être<br />

à l’origine d’une fatigue centrale inhibant certains des principaux signaux d’alarme de l’organisme.<br />

est favorisé pour entrer dans le cerveau.<br />

Il est alors converti en un neurotransmetteur,<br />

la sérotonine (5-hydroxytryptamine)<br />

qui a plusieurs rôles au niveau des<br />

aires corticales spécifiques. Elle intervient<br />

dans l’in<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> sommeil, la ré<strong>du</strong>ction<br />

de l’excitabilité des motoneurones<br />

(notamment lors de l’exercice) et l’inhibition<br />

de facteurs de libération des hormones<br />

sécrétées dans l’hypothalamus,<br />

ce qui peut perturber les régulations<br />

endocriniennes de l’organisme. Une<br />

baisse <strong>du</strong> rapport des concentrations sanguines<br />

Trp/AAR a donc été proposée<br />

comme outil de diagnostic <strong>du</strong> surentraînement<br />

chez les <strong>sport</strong>ifs d’en<strong>du</strong>rance.<br />

Cependant, les résultats expérimentaux<br />

acquis à ce jour ne permettent pas de<br />

conclure sur d’éventuelles relations de<br />

cause à effet entre les déplétions chroniques<br />

des stocks de glycogène à l’exercice<br />

et l’in<strong>du</strong>ction d’une fatigue centrale<br />

liée à la baisse <strong>du</strong> rapport Trp/AAR.<br />

- La glutamine<br />

La glutamine (Gln) est l’acide aminé le<br />

plus abondant et le plus versatile de l’organisme<br />

humain. Elle est métabolisée<br />

par certaines cellules <strong>du</strong> système immunitaire,<br />

dont les lymphocytes et les macrophages.<br />

Le muscle est un des principaux lieux de<br />

+ Albumine (compétition) ⇒ ↑ f Trp<br />

➌<br />

↓ AAR<br />

↑ fTrp<br />

➩<br />

Tran<strong>sport</strong>eur commun<br />

(compétition) = + fTrp<br />

↓ AAR ⇒ ↓ Protéines<br />

↑ Trp ⇒ 5-HT<br />

Relations dans le surentraînement<br />

synthèse de la Gln qui est alors libérée<br />

dans le plasma. Ceci suggère qu’une<br />

baisse de la concentration plasmatique<br />

en Gln pourrait être responsable, <strong>du</strong><br />

moins partiellement, d’insuffisances<br />

fonctionnelles <strong>du</strong> système immunitaire.<br />

Ainsi, la concentration plasmatique en<br />

Gln pourrait représenter le lien métabolique<br />

entre le muscle squelettique et le<br />

système immunitaire. Au niveau des<br />

concentrations plasmatiques, les exercices<br />

intenses et/ou de longue <strong>du</strong>rée<br />

provoquent 2 types de réponse : les<br />

concentrations en Gln s’élèvent au cours<br />

de l’exercice, mais baissent significativement<br />

lors de la récupération. Leur retour<br />

aux conditions basales nécessite plusieurs<br />

heures. Si la récupération entre les<br />

séances d’entraînement est insuffisante,<br />

la libération de Gln depuis le tissu musculaire<br />

devient de plus en plus limitée à<br />

mesure que ce type de récupération se<br />

répète, ne permettant plus au système<br />

immunitaire de remplir correctement ses<br />

fonctions. La persistance de ce schéma<br />

pourrait donc contribuer à l’installation<br />

<strong>du</strong> surentraînement, les infections affaiblissant<br />

encore les capacités immunitaires<br />

de l’organisme alors qu’un stress métabolique<br />

est déjà présent dans l’entraînement<br />

intense.<br />

Tableau II : principaux paramètres sanguins<br />

et immunitaires à établir.<br />

● Numération formule sanguine<br />

● Numération des lymphocytes B et T<br />

● Activité des cellules NK<br />

● Tryptophane libre (Trp)<br />

● Acides aminés ramifiés (AAR)<br />

● Trp/AAR<br />

● Glutamine<br />

● Immunoglobulines A et G<br />

Ce schéma n’est toutefois pas systématique.<br />

Ainsi, une forte déplétion des<br />

réserves, notamment musculaires, de la<br />

Gln est souvent, mais pas toujours, observée<br />

chez les athlètes surentraînés. Le suivi<br />

des concentrations en Gln apparaît<br />

donc comme un des outils potentiels<br />

de diagnostic <strong>du</strong> surentraînement.<br />

Cependant, à cause de l’insuffisance de<br />

son pouvoir discriminant, il devrait être<br />

couplé à l’analyse d’autres paramètres<br />

sanguins et immunitaires (Tab. II).<br />

• Hypothèse de la leptine<br />

La leptine est une hormone spécifiquement<br />

libérée par les adipocytes. Elle<br />

reflète les contenus de l’organisme en<br />

lipides. Outre ses fonctions métaboliques<br />

(c’est-à-dire un signal putatif de la satiété),<br />

elle semble affecter les mécanismes de<br />

feed-back de l’axe hypothalamo-pituitairegonadal.<br />

Chez l’homme, la sécrétion de leptine est<br />

régulée de manière complexe. Il a été<br />

démontré que l’insuline stimule la sécrétion<br />

de leptine, alors que les catécholamines<br />

et la teneur sanguine en AG libres<br />

l’inhibent.<br />

Si l’exercice exhaustif ne semble pas avoir<br />

d’effet sur la concentration de leptine circulante,<br />

plusieurs études ont montré<br />

qu’un exercice d’en<strong>du</strong>rance baissait la<br />

concentration de leptine après<br />

48 heures, ceci étant associé à une<br />

baisse préliminaire de l’insuline.<br />

Globalement, il apparaît que les niveaux<br />

de leptine baissent chez les athlètes très<br />

entraînés en en<strong>du</strong>rance. Ces changements<br />

de concentration sont parallèles<br />

à la baisse des contenus lipidiques. Des<br />

travaux sont actuellement en cours pour<br />

préciser si la leptine, au même titre que<br />

d’autres hormones, pourrait servir de<br />

MÉDECINS DU SPORT 23 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Le surentraînement<br />

< DOSSIER ><br />

“transmetteur” entre une surcharge de<br />

travail musculaire et le cerveau. Ceci permettrait,<br />

en retour, de limiter ou d’inhiber<br />

le turnover métabolique des tissus<br />

concernés.<br />

Cependant, il n’a pas été mis en évidence<br />

d’altération <strong>du</strong> métabolisme de la leptine<br />

chez des patients présentant un syndrome<br />

de fatigue chronique, proche sur<br />

le plan métabolique <strong>du</strong> syndrome de surentraînement.<br />

De plus, la leptine ne<br />

semble pas sensible à l’augmentation <strong>du</strong><br />

volume d’entraînement. Elle ne peut<br />

donc pas encore être considérée comme<br />

un marqueur biochimique <strong>du</strong> surentraînement.<br />

En conclusion, à l’heure actuelle, les<br />

modifications <strong>du</strong> métabolisme de la leptine<br />

au cours de l’entraînement, de son<br />

intensité et de son volume, ne semblent<br />

pas suffisamment comprises pour en faire<br />

un critère de diagnostic fiable dans le<br />

cadre <strong>du</strong> surentraînement.<br />

Figure 4 : axe hypothalamo-hypophysaire <strong>du</strong><br />

surentraînement. Cette figure ne tente pas de<br />

dresser le portrait de la complexité des régulations<br />

hormonales, mais plutôt celui des effets que la<br />

dérégulation in<strong>du</strong>ite par le surentraînement peut<br />

avoir sur plusieurs systèmes de l’organisme. Dans ce<br />

sens, et sur bien des aspects, le système hormonal<br />

constitue la relation entre l’étiologie centrale et<br />

périphérique <strong>du</strong> surentraînement<br />

(D’après Fry et Coll., 1991).<br />

↓ A.A.<br />

Dysfonction<br />

hypothalamopituitaire<br />

LH<br />

FSH<br />

GH<br />

ACTH<br />

TSH<br />

Thyroxine<br />

Triiodothyronine<br />

Calcitonine<br />

Hormone parathyroïdienne<br />

■B - Hypothèse<br />

immunitaire<br />

L’immunosuppression semble récurrente<br />

chez les athlètes d’en<strong>du</strong>rance souffrant<br />

de surentraînement. Nous avons déjà vu<br />

l’interaction proposée entre le métabolisme<br />

de la glutamine et le système immunitaire.<br />

Il est aussi possible que le<br />

métabolisme des acides gras (AG) interagisse<br />

avec le système immunitaire. En<br />

effet, les ganglions lymphatiques sont associés<br />

au métabolisme <strong>du</strong> tissu adipeux.<br />

Lors de l’exercice, notamment lorsque les<br />

stocks de glycogène ne sont pas assez<br />

rapidement reconstitués, la concentration<br />

plasmatique en AG libérés par les<br />

adipocytes augmente. Ainsi, les cellules<br />

contenues à l’intérieur des ganglions lymphatiques<br />

peuvent être exposées à de<br />

hautes concentrations en AG polyinsaturés<br />

qui pourraient ainsi inhiber la prolifération<br />

des lymphocytes. Cependant,<br />

cette hypothèse attend toujours une vérification<br />

expérimentale sur des athlètes<br />

en état de surentraînement, notamment<br />

via l’étude <strong>du</strong> turnover et de la différenciation<br />

des AG synthétisés en réponse à<br />

l’exercice intense.<br />

Par ailleurs, des exercices intenses réalisés<br />

quotidiennement semblent avoir des<br />

effets cumulatifs et diversifiés sur les paramètres<br />

immunitaires, incluant les leucocytes<br />

circulants, les concentrations<br />

plasmatiques en cytokines, l’activité des<br />

cellules tueuses, la sécrétion d’immunoglobuline<br />

A et l’activité phagocytaire des<br />

macrophages et des neutrophiles. L’entraînement<br />

intense sans récupération suffisante<br />

pro<strong>du</strong>it des traumatismes<br />

musculaires, squelettiques et articulaires.<br />

Ceci peut favoriser une inflammation systémique<br />

pouvant devenir incapacitante.<br />

Plusieurs marqueurs immunitaires d’états<br />

de fatigue <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if ont été proposés,<br />

comme par exemple le rapport de<br />

2 sous-classes de lymphocytes T circulants<br />

(CD4/CD8) qui baisse systématiquement<br />

à l’exercice mais encore plus en<br />

cas de surentraînement. Cependant, la<br />

complexité <strong>du</strong> fonctionnement <strong>du</strong> système<br />

immunitaire et la versatilité de ses<br />

réactions au cours et entre les séances<br />

d’entraînement intenses en limitent<br />

encore fortement l’approche diagnostique.<br />

Un profil <strong>du</strong> statut immunitaire de<br />

l’athlète, incluant les concentrations plasmatiques<br />

en immunoglobulines A et G, la<br />

numération formule sanguine et des lymphocytes<br />

B et T et l’activité des cellules NK,<br />

Stress physiques<br />

et psychologiques<br />

excessifs et répétés<br />

↓ Synthèse d’androgènes<br />

↓ Synthèse de progestérone<br />

Cortisol<br />

Aldostérone<br />

Adrénaline<br />

Noradrénaline<br />

Métabolisme énergétique<br />

Croissance et différentiation cellulaire<br />

Minéralisation osseuse<br />

Ejection systolique<br />

Variations de la FC<br />

Faiblesse musculaire<br />

Tolérance au chaud et au froid<br />

Menstruation<br />

Léthargie, fatigue, nervosité<br />

Frémissements<br />

Baisse intellectuelle<br />

Ostéoporose<br />

Causes possibles<br />

<strong>du</strong> surentraînement<br />

Détérioration<br />

de la fonction<br />

de repro<strong>du</strong>ction<br />

Aménorrhée<br />

Anovulation<br />

↓ Pro<strong>du</strong>ction de sperme<br />

↓ Pulsions sexuelles<br />

Régulation des substrats<br />

Cétogénèse<br />

Glycémie<br />

Métabolisme de AGL<br />

Contrôle cardiovasculaire<br />

Variation de la PA<br />

Variation de la FC<br />

Système immunitaire<br />

Allergie<br />

Pathologies auto-immunes<br />

Infection virale/bactérienne<br />

Equilibre hydrique et sel<br />

Sensation de soif<br />

Déshydratation<br />

Equilibre anabolisme/<br />

catabolisme<br />

Perte de masse maigre<br />

Atrophie musculaire<br />

Elévation sérique de l’urée<br />

et de l’acide urique<br />

MÉDECINS DU SPORT 24 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


DOSSIER ><br />

Le surentraînement<br />

pourrait être suivi au cours des différentes<br />

phases d’entraînement de la saison. Plus<br />

que la détection d’un paramètre immunitaire<br />

réagissant spécifiquement à<br />

l’installation de la fatigue chronique<br />

<strong>du</strong> surentraînement, ce sera surtout<br />

l’apparition d’une réponse non spécifique<br />

qui tra<strong>du</strong>ira un déséquilibre fonctionnel<br />

profond.<br />

■C - Hypothèse<br />

hormonale<br />

Une moindre synthèse des neurotransmetteurs<br />

<strong>du</strong> système nerveux central<br />

(SNC) pourrait être à l’origine <strong>du</strong> dysfonctionnement<br />

hypothalamique rapporté<br />

chez le <strong>sport</strong>if surentraîné. Ces<br />

perturbations <strong>du</strong> SNC pourraient aussi<br />

être à l’origine de troubles psycho-comportementaux<br />

très souvent observés<br />

chez les sujets surentraînés.<br />

L’hypothalamus est un centre de coordination<br />

entre le système hormonal, le<br />

système nerveux autonome et l’environnement.<br />

Des stress environnementaux<br />

fréquents peuvent perturber le fonctionnement<br />

hyphotalamo-hypophysaire et<br />

entraîner des dérèglements en cascade<br />

de l’ensemble <strong>du</strong> système hormonal<br />

(Fig. 4). Il semble que seul le fonctionnement<br />

hypothalamique soit altéré dans le<br />

surentraînement. Les perturbations sécrétoires<br />

de l’hypophyse ne seraient donc<br />

que la conséquence <strong>du</strong> dysfonctionnement<br />

hypothalamique.<br />

Lors <strong>du</strong> surentraînement, la concentration<br />

en hormone lutéinisante (LH)<br />

chute pour les <strong>sport</strong>s d’en<strong>du</strong>rance, alors<br />

qu’elle reste stable pour des <strong>sport</strong>s de<br />

vitesse ou de puissance. Cependant, ce<br />

marqueur n’est pas vraiment utilisable<br />

pour le diagnostic précoce <strong>du</strong> surentraînement,<br />

étant donnée l’extrême lenteur<br />

de la réaction négative de l’axe<br />

hypothalamo-pituitaire aux surcharges<br />

d’entraînement.<br />

Au niveau de la symptomatologie, si les<br />

modifications des taux hormonaux en<br />

LH et en folliculo-stimuline (FSH) in<strong>du</strong>ites<br />

par le surentraînement sont amples, les<br />

synthèses de la testostérone et de la progestérone<br />

seront modifiées, provoquant<br />

chez la femme une anovulation, des oligoménorrhées,<br />

voire des aménorrhées,<br />

et chez l’homme une décroissance de la<br />

pro<strong>du</strong>ction de sperme accompagnée<br />

d’une baisse de la libido caractéristique<br />

chez le <strong>sport</strong>if surentraîné.<br />

En outre, en interaction avec une<br />

moindre pro<strong>du</strong>ction de l’hormone de<br />

croissance (GH), une moindre synthèse<br />

de testostérone et de progestérone<br />

déséquilibre la balance anabolisme/<br />

catabolisme en faveur de ce dernier,<br />

entraînant une perte de la masse musculaire,<br />

une augmentation de l’urée et<br />

de l’acide urique sérique tra<strong>du</strong>isant un<br />

turnover protéique déficitaire. Un déficit<br />

en GH perturbe aussi la régulation<br />

d’utilisation des substrats, plus particulièrement<br />

de la cétogenèse, de la<br />

glycémie et des AG libres.<br />

L’adrénocorticotrophine (ACTH) régule la<br />

sécrétion de cortisol et la pro<strong>du</strong>ction des<br />

catécholamines. En cas de surentraînement,<br />

les réponses de l’ACTH aux exercices<br />

intenses et le contrôle de la<br />

sécrétion de cortisol sont altérés. De fines<br />

fluctuations avec augmentation de la cortisolémie<br />

de repos, peu ou pas significatives<br />

sur le plan purement statistique,<br />

peuvent être des marqueurs tout à fait<br />

discriminants d’un état de surentraînement.<br />

L’étude <strong>du</strong> rapport des concentrations<br />

en testostérone libre et en cortisol<br />

(fT/C) a été proposée comme un indice<br />

<strong>du</strong> statut anabolique/catabolique de l’athlète.<br />

Une chute de ce rapport de plus de<br />

30 % pourrait indiquer un état de surentraînement<br />

dans les <strong>sport</strong>s de résistance<br />

ou de vitesse.<br />

Il est important de noter que les<br />

entraînements très poussés in<strong>du</strong>isent<br />

des perturbations hormonales<br />

proches de celles observées lors <strong>du</strong><br />

surentraînement. Des contrôles hormonaux<br />

isolés ne sont donc pas suffisamment<br />

pertinents pour diagnostiquer<br />

le surentraînement, car ils peuvent tout<br />

simplement tra<strong>du</strong>ire des effets transitoires<br />

<strong>du</strong>s à une charge d’entraînement<br />

exhaustive et non un dysfonctionnement<br />

déjà installé. En conséquence,<br />

l’étude <strong>du</strong> profil hormonal, standardisé<br />

et régulier, ne doit être à considérer que<br />

comme un complément d’information<br />

sur l’évolution de la situation physiologique<br />

d’un athlète s’entraînant intensément.<br />

Notons par ailleurs, qu’il est actuellement<br />

de plus en plus évident que des interactions<br />

très complexes entre le dysfonctionnement<br />

hypothalamo-hypophysaire, le<br />

système hormonal et le système immunitaire<br />

jouent un rôle essentiel dans l’explication<br />

des immunomo<strong>du</strong>lations, voire de<br />

l’immunosuppression, ouvrant la voie aux<br />

nombreuses maladies infectieuses observées<br />

chez le <strong>sport</strong>if surentraîné.<br />

■D - Manifestations<br />

psychocomportementales<br />

Les mécanismes responsables <strong>du</strong> surentraînement<br />

associent souvent des facteurs<br />

émotionnels et physiologiques.<br />

Probablement liées aux perturbations<br />

<strong>du</strong> système nerveux central, mais peutêtre<br />

aussi à certains dysfonctionnements<br />

périphériques, voire même à des événements<br />

extérieurs (pression accrue au<br />

travail, problèmes familiaux, domestiques<br />

ou matériels), les manifestations<br />

psycho-comportementales <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if surentraîné<br />

peuvent revêtir plusieurs<br />

aspects variables selon les indivi<strong>du</strong>s.<br />

Comme cela est décrit dans le paragraphe<br />

précédent de ce dossier, ces<br />

manifestations sont évaluées par des<br />

questionnaires adaptés.<br />

Conclusion<br />

Au terme de cette analyse physiopathologique<br />

<strong>du</strong> surentraînement, il<br />

apparaît difficile de proposer aujourd’hui<br />

aux <strong>sport</strong>ifs un bilan biologique de base<br />

permettant de prévenir en temps suffisant<br />

et à tous les coups la survenue d’un<br />

surentraînement. Des études complémentaires<br />

sont nécessaires pour affiner<br />

le contenu de ce suivi biologique. ■<br />

MÉDECINS DU SPORT 25 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Le surentraînement<br />

< DOSSIER ><br />

Pour la pratique<br />

on retiendra...<br />

Pr François Carré<br />

■A - Le déséquilibre<br />

charges / récupération<br />

Le surentraînement peut toucher les<br />

<strong>sport</strong>ifs de tous les niveaux de performance.<br />

Il est, le plus souvent, le résultat<br />

d’un déséquilibre entre les charges d’entraînement<br />

et les périodes de récupération<br />

qui sont les 2 éléments clés de<br />

la préparation physique pour progresser<br />

et réaliser une performance <strong>sport</strong>ive.<br />

■B - Une physiopathologie<br />

multifactorielle<br />

et complexe<br />

La physiopathologie <strong>du</strong> surentraînement<br />

est multifactorielle et complexe. Plusieurs<br />

hypothèses probablement intriquées les<br />

unes avec les autres sont proposées. Une<br />

hypothèse “musculaire” qui regroupe des<br />

altérations structurales et fonctionnelles <strong>du</strong><br />

muscle avec une altération de l’équilibre<br />

d’utilisation des substrats énergétiques.<br />

Une hypothèse immunitaire bien illustrée<br />

par la formule classique et empirique des<br />

entraîneurs “angine de forme”, laquelle<br />

pourrait représenter la limite avec le stade<br />

<strong>du</strong> surentraînement. Une hypothèse hormonale<br />

dans laquelle l’axe de régulation<br />

hypothalamo-hypophysaire et les glandes<br />

sécrétrices pourraient être impliqués.<br />

■C - Un diagnostic<br />

difficile<br />

Malgré les progrès dans la compréhension<br />

<strong>du</strong> surentraînement, qui ressemble<br />

beaucoup au syndrome de<br />

fatigue chronique qui peut toucher des<br />

sédentaires, il est difficile de proposer<br />

des critères biologiques simples et<br />

faibles pour son diagnostic positif. Le<br />

diagnostic <strong>du</strong> surentraînement reste<br />

actuellement clinique et peut être<br />

défini comme une baisse <strong>du</strong>rable de<br />

performances inexpliquée par une diminution<br />

de l’entraînement, ni par une<br />

pathologie intercurrente. La difficulté<br />

peut être de distinguer un état passager<br />

de fatigue rapidement résolutif avec<br />

un réel syndrome de surentraînement.<br />

■D - L’importance<br />

“des” interrogatoires<br />

La clinique <strong>du</strong> surentraînement repose<br />

sur un interrogatoire dirigé au mieux<br />

guidé par un questionnaire approprié.<br />

Il permettra de mettre en évidence des<br />

manifestations psycho-comportementales<br />

variées. Il devra être complété par<br />

une enquête nutritionnelle. Parfois, il faudra<br />

aussi savoir interroger l’entraîneur et<br />

consulter le car<strong>net</strong> d’entraînement <strong>du</strong><br />

<strong>sport</strong>if pour mettre en évidence le déséquilibre<br />

responsable. L’examen physique<br />

est souvent pauvre. Il peut retrouver des<br />

petits signes variés comme des modifications<br />

cardio-respiratoires, des modifications<br />

de l’équilibre staturo-pondéral,<br />

des signes de déséquilibre hormonal...<br />

Surtout, cet examen clinique cherchera<br />

à éliminer une pathologie intercurrente,<br />

le fait d’être <strong>sport</strong>if n’éliminant pas la<br />

possibilité d’être malade. Les tests d’effort,<br />

éventuellement réalisés sur le terrain<br />

apportent souvent des renseignements<br />

complémentaires cliniques et biologiques<br />

(cinétique des lactates) majeurs.<br />

■E - Le double intérêt<br />

<strong>du</strong> bilan biologique<br />

La réalisation d’un bilan biologique a un<br />

double intérêt, il permet d’abord d’éliminer<br />

une pathologie intercurrente et<br />

peut aider à confirmer le diagnostic. Le<br />

bilan de base sera donc simple, cherchant<br />

à éliminer une pathologie infectieuse<br />

virale et/ou bactérienne et un<br />

syndrome inflammatoire. Il pourra dans<br />

certains cas difficiles, ou chez des athlètes<br />

de haut niveau, être complété par<br />

un bilan immunitaire, hormonal et enzymatique.<br />

■F - Un traitement<br />

curatif simple<br />

Le traitement curatif <strong>du</strong> surentraînement<br />

est simple, c’est le repos plus ou moins<br />

actif. Sa <strong>du</strong>rée sera fonction de la profondeur<br />

<strong>du</strong> syndrome. Il pourra autoriser<br />

des activités physiques d’intensité<br />

modérée, parfois différentes de la discipline<br />

<strong>sport</strong>ive pour lutter contre la lassitude<br />

morale souvent associée.<br />

■G - Rien ne vaut le<br />

traitement préventif<br />

En fait, le traitement <strong>du</strong> surentraînement<br />

doit être préventif. Il repose sur l’établissement<br />

d’une confiance et d’une<br />

bonne collaboration entre le médecin, le<br />

<strong>sport</strong>if et l’entraîneur, chacun respectant<br />

sa “place”. Le couple <strong>sport</strong>if/entraîneur<br />

doit respecter une programmation de<br />

la saison <strong>sport</strong>ive avec une progressivité,<br />

une régularité et un équilibre entre<br />

les charges d’entraînement et les phases<br />

de récupération.<br />

L’équilibre nutritionnel occupe aussi une<br />

place majeure dans cet équilibre.<br />

Le <strong>sport</strong>if doit tenir à jour un car<strong>net</strong> d’entraînement<br />

qui comprendra bien sûr les<br />

séances d’entraînement réalisées. Sur ce car<strong>net</strong><br />

doivent aussi figurer des renseignements<br />

cliniques de base comme le poids, la fréquence<br />

cardiaque au réveil, les sensations<br />

personnelles, en particulier au décours des<br />

séances d’entraînement.<br />

Il est important que l’athlète réalise régulièrement<br />

des circuits “test” qui le renseigneront<br />

sur son état de “forme” ; une<br />

baisse des performances inexpliquée doit<br />

alerter et doit imposer une adaptation de<br />

l’entraînement.<br />

Le rôle <strong>du</strong> médecin sera d’écouter le <strong>sport</strong>if<br />

qui n’est pas un patient comme les<br />

autres. C’est ici que la possession d’un bilan<br />

de référence lorsque “tout va bien” prend<br />

toute son importance, la comparaison pouvant<br />

grandement aider au diagnostic.<br />

Dans l’idéal, et au moins chez tout <strong>sport</strong>if<br />

de haut niveau, ce bilan sera clinique avec<br />

un électrocardiogramme de repos et complété<br />

par un bilan biologique simple et<br />

par un test d’effort.<br />

■<br />

MÉDECINS DU SPORT 26 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


DOSSIER ><br />

Le surentraînement<br />

QUESTIONNAIRE DE SURENTRAÎNEMENT<br />

Nom : ....................... Prénom : ....................... Date <strong>du</strong> jour : .................................................<br />

Date de naissance : .....................................................................................................................<br />

Profession : ..................................................................................................................................<br />

Si vous êtes étudiant, êtes-vous en période d’examens ? OUI ❏ NON ❏<br />

● Discipline <strong>sport</strong>ive principale ? ..............................................................................................<br />

Niveau de pratique : Internat. ou National Régional ou Départ. Loisir<br />

Nombre d’heures d’entraînement réalisées dans ce dernier mois : ................................................<br />

Nombre d’heures réalisées cette dernière semaine dans la discipline principale : ...........................<br />

L’intensité de cet entraînement est : (entourer la mention utile)<br />

Extrêmement facile - Très facile - Facile - Modérée - Forte - Très forte - Extrêmement forte<br />

Nombre d’heures réalisées cette dernière semaine hors de cette discipline principale : ...................<br />

Nombre de compétitions dans le mois qui précède (en journées de compétition) : ........................<br />

Si vous pratiquez d’autres disciplines <strong>sport</strong>ives, citez les : ...............................................................<br />

● Y a-t-il eu au cours <strong>du</strong> dernier mois, un événement important ayant perturbé votre vie personnelle<br />

ou familiale ? OUI ❏ NON ❏<br />

● Avez-vous arrêté votre entraînement pour maladie ou blessure ? OUI ❏ NON ❏<br />

● Prenez-vous un traitement actuellement ? OUI ❏ NON ❏<br />

Lequel ?.......................................................................................................................................<br />

● Avez-vous effectué un stage récent en altitude (dans les derniers 15 jours) ? OUI ❏ NON ❏<br />

● Avez-vous été privé de sommeil dans la dernière semaine<br />

(décalage horaire ou autres raisons) ? OUI ❏ NON ❏<br />

● Avez-vous des troubles des règles ? OUI ❏ NON ❏<br />

Mettre une croix pour se situer entre ces deux extrêmes :<br />

Mon niveau de performance est : Excellent Mauvais<br />

Mon état physique : Grande forme Méforme<br />

Je me fatigue : Plus lentement Plus rapidement<br />

Je récupère de mon état de fatigue : Plus lentement Plus rapidement<br />

Je me sens : Très déten<strong>du</strong> Très anxieux<br />

J’ai la sensation que ma force musculaire a : Augmenté Diminué<br />

J’ai la sensation que mon en<strong>du</strong>rance a : Augmenté Diminué<br />

MÉDECINS DU SPORT 27 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Le surentraînement<br />

< DOSSIER ><br />

Ce dernier mois :<br />

1 Mon niveau de performance <strong>sport</strong>ive / mon état de forme a diminué OUI ❏ NON ❏<br />

2 Je ne soutiens pas autant mon attention OUI ❏ NON ❏<br />

3 Mes proches estiment que mon comportement a changé OUI ❏ NON ❏<br />

4 J’ai une sensation de poids sur la poitrine OUI ❏ NON ❏<br />

5 J’ai une sensation de palpitation OUI ❏ NON ❏<br />

6 J’ai une sensation de gorge serrée OUI ❏ NON ❏<br />

7 J’ai moins d’appétit qu’avant OUI ❏ NON ❏<br />

8 Je mange davantage OUI ❏ NON ❏<br />

9 Je dors moins bien OUI ❏ NON ❏<br />

10 Je somnole et baille dans la journée OUI ❏ NON ❏<br />

11 Les séances me paraissent trop rapprochées OUI ❏ NON ❏<br />

12 Mon désir a diminué OUI ❏ NON ❏<br />

13 Je fais des contre-performances OUI ❏ NON ❏<br />

14 Je m’enrhume fréquemment OUI ❏ NON ❏<br />

15 J’ai des problèmes de mémoire OUI ❏ NON ❏<br />

16 Je grossis OUI ❏ NON ❏<br />

17 Je me sens souvent fatigué OUI ❏ NON ❏<br />

18 Je me sens en état d’infériorité OUI ❏ NON ❏<br />

19 J’ai des crampes, douleurs musculaires fréquentes OUI ❏ NON ❏<br />

20 J’ai plus souvent mal à la tête OUI ❏ NON ❏<br />

21 Je manque d’entrain OUI ❏ NON ❏<br />

22 J’ai parfois des malaises ou des étourdissements OUI ❏ NON ❏<br />

23 Je me confie moins facilement OUI ❏ NON ❏<br />

24 Je suis souvent patraque OUI ❏ NON ❏<br />

25 J’ai plus souvent mal à la gorge OUI ❏ NON ❏<br />

26 Je me sens nerveux, ten<strong>du</strong>, inquiet OUI ❏ NON ❏<br />

27 Je supporte moins bien mon entraînement OUI ❏ NON ❏<br />

28 Mon cœur bat plus vite qu’avant au repos OUI ❏ NON ❏<br />

29 Mon cœur bat plus vite qu’avant à l’effort OUI ❏ NON ❏<br />

30 Je suis souvent mal fichu OUI ❏ NON ❏<br />

31 Je me fatigue plus facilement OUI ❏ NON ❏<br />

32 J’ai souvent des troubles digestifs OUI ❏ NON ❏<br />

33 J’ai envie de rester au lit OUI ❏ NON ❏<br />

34 J’ai moins confiance en moi OUI ❏ NON ❏<br />

35 Je me blesse facilement OUI ❏ NON ❏<br />

36 J’ai plus de mal à rassembler mes idées OUI ❏ NON ❏<br />

37 J’ai plus de mal à me concentrer dans mon activité <strong>sport</strong>ive OUI ❏ NON ❏<br />

38 Mes gestes <strong>sport</strong>ifs sont moins précis, moins habiles OUI ❏ NON ❏<br />

39 J’ai per<strong>du</strong> de la force, <strong>du</strong> punch OUI ❏ NON ❏<br />

40 J’ai l’impression de n’avoir personne de proche à qui parler OUI ❏ NON ❏<br />

41 Je dors plus OUI ❏ NON ❏<br />

42 Je tousse plus souvent OUI ❏ NON ❏<br />

43 Je prends moins de plaisir à mon activité <strong>sport</strong>ive OUI ❏ NON ❏<br />

44 Je prends moins de plaisir à mes loisirs OUI ❏ NON ❏<br />

45 Je m’irrite plus facilement OUI ❏ NON ❏<br />

46 J’ai une baisse de rendement dans mon activité scolaire ou professionnelle OUI ❏ NON ❏<br />

47 Mon entourage trouve que je deviens moins agréable à vivre OUI ❏ NON ❏<br />

48 Les séances <strong>sport</strong>ives me paraissent trop difficiles OUI ❏ NON ❏<br />

49 C’est ma faute si je réussis moins bien OUI ❏ NON ❏<br />

50 J’ai les jambes lourdes OUI ❏ NON ❏<br />

51 J’égare plus facilement les objets (clefs, etc.) OUI ❏ NON ❏<br />

52 Je suis pessimiste, j’ai des idées noires OUI ❏ NON ❏<br />

53 Je maigris OUI ❏ NON ❏<br />

54 Je me sens moins motivé, j’ai moins de volonté, moins de ténacité OUI ❏ NON ❏<br />

MÉDECINS DU SPORT 28 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


DOSSIER ><br />

Le surentraînement<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Approche clinique<br />

1. Favre Juvin A, Flore P, Rousseaux Blanchi MP.<br />

Approche clinique <strong>du</strong> surentraînement.<br />

Article en cours de publication : Sciences et<br />

<strong>sport</strong>s 2003.<br />

2. Fry RW, Morton AR, Keast D. Overtraining<br />

in athletes : un update. Sports Med<br />

1991 ; 12 (1) : 32-65.<br />

3. Lawrence E, Armstrong JL. The unknown<br />

mechanism of the overtraining syndrome.<br />

Sports Medecine 2002 ; 32 (3) : 185-200.<br />

4. Legros P et le groupe “surentraînement”<br />

(Desmarais Y, Jousselin E, Legros P, Medelli J,<br />

Paruit C, Serrurier B). Le surentraînement.<br />

Sciences et <strong>sport</strong>s 1992 ; 7 : 51-7.<br />

5. Legros P et le groupe “surentraînement”.<br />

Le surentraînement : diagnostic des manifestations<br />

psychocomportementales précoces.<br />

Sciences et <strong>sport</strong>s 1993 ; 8 : 71-4.<br />

6. Legros P, Bosquet L, Leger L. Blood lactate<br />

response to overtraining in male<br />

en<strong>du</strong>rance athletes. Eur J Appl Physiol<br />

2001 ; 84 : 107-14.<br />

7. Lehman M, Foster C, Keul J. overtraining<br />

in en<strong>du</strong>rance athletes : a brief review. Med<br />

Sci Sports Exerc 1993 ; 25 (7) : 854-62.<br />

8. Urhausen A, Kindermann W. Diagnosis<br />

of overtraining : what tools do we have ?<br />

Sports Med 2002 ; 32 (2) : 95-102.<br />

Physiopathologie et<br />

aspects biologiques<br />

9. Bosquet L. Le surentraînement dans les<br />

activités physiques de longue <strong>du</strong>rée. Etude<br />

de plusieurs marqueurs physiologiques.<br />

Thèse de doctorat en STAPS. Faculté des<br />

Sciences <strong>du</strong> <strong>sport</strong> de l’Université de Poitiers.<br />

Dec 2 000.<br />

10. Cleare AJ, O’Keane V, Miell J. Plasma<br />

leptin in chronic fatigue syndrome and a<br />

placebo-controlled study of the effects of<br />

low-dose hydrocortisone on leptin secretion.<br />

Clin Endocrinol 2001 ; 55 : 113-9.<br />

11. Fry A, Kraemer W. Resistance exercise<br />

overtraining and overreaching. Neuroendocrine<br />

responses. Sports Med 1997 ; 23 :<br />

106-29.<br />

12. Gastmann UA, Lehmann MJ. Overtraining<br />

and the BCAA hypothesis. Med Sci<br />

Sports Exerc 1998 ; 30 : 1173-8.<br />

13. Halliwell B. Free radicals and antioxidants:<br />

a personal view. Nutr Rev 1994 ; 52 : 253-65.<br />

14. Israel S. The problems of overtraining with<br />

reference to performance physiology and internal<br />

medicine. Med Sport 1976 ; 16:1-12.<br />

15. Lehmann M, Foster C, Dickhuth HH et<br />

al. Autonomic imbalance hypothesis and<br />

overtraining syndrome. Med Sci Sports Exerc<br />

1998 ; 30 (7) : 1140-5.<br />

16. Mackinnon L. Immunity in athletes. J<br />

Sports Med 1997 ; 18 (Suppl 1) : S 62-8.<br />

17. Newsholme EA, Leech T, Duester G.<br />

« L’esprit et le cerveau » et « Lorsque l’entraînement<br />

évolue mal » in : La course à<br />

pied. Bases scientifiques, entraînement<br />

et performances : 1998 ; 125-133 et 157-<br />

167.<br />

18. Petibois C, Cazorla G, Déléris G et al.<br />

L’examen sanguin pour la détection <strong>du</strong> surentraînement<br />

: état des connaissances. Rev<br />

Méd Int 2001 ; sous presse.<br />

19. Smith LL. Cytokine hypothesis of overtraining:<br />

a physiological adaptation to<br />

excessive stress ? Med Sci Sport Exerc 2000 ;<br />

32 : 317-31.<br />

20. Snyder AC. Overtraining and glycogen<br />

depletion hypothesis. Med Sci Sports Exerc<br />

1998 ; 30 : 1146-50.<br />

B U L L E T I N D ’ A B O N N E M E N T<br />

6 numéros par an<br />

Prix au numéro: 6,5 e*<br />

Abonnement: 36 e*<br />

Etudiant: 26,50 e* (joindre photocopie de la carte d’étudiant)<br />

* + 12,50 e par avion pour les DOM-TOM et la CEE<br />

+ 23,50 e par avion pour l’étranger autre que la CEE<br />

MDS <strong>61</strong><br />

❏ Pr ❏ Dr ❏ M. ❏ M me Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Spécialité<br />

❏ Rhumatologue ❏ Réé<strong>du</strong>cateur fonctionnel ❏ Médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> ❏ Médecin généraliste<br />

❏ Autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .❏ Étudiant Année : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Adresse d’expédition : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Adresse et lieux d’exercice : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Règlement<br />

Tél. : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _ ; Fax : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _<br />

❏ Chèque à l’ordre d’Expressions Santé ❏ Carte bancaire N°<br />

Expire le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature obligatoire :<br />

Suggestions d’articles / commentaires : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ❏ Je désire recevoir une facture justificative (dé<strong>du</strong>ctible frais professionnels)<br />

Retourner ce bulletin accompagné d’un chèque à l’ordre d’Expressions Santé<br />

2, rue de la Roquette - Passage <strong>du</strong> Cheval Blanc - Cour de Mai - 75011 Paris - Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax: 01 49 29 29 19.<br />

Un reçu vous sera envoyé.


Récupération après<br />

infection virale<br />

A propos de 2 cas de myocardite<br />

en athlétisme<br />

La fréquence et l’impact<br />

des infections virales<br />

chez les <strong>sport</strong>ifs sont<br />

souvent sous-estimés<br />

et des complications<br />

musculaires sont toujours<br />

à redouter. La survenue<br />

possible de myocardites<br />

doit inciter à la prudence<br />

lors de la reprise de<br />

l’entraînement intensif.<br />

Au cours de tout processus infectieux<br />

viral, il peut exister une atteinte<br />

musculaire dont l’expression<br />

est très variable. A côté des véritables<br />

myosites, les patients se plaignent fréquemment<br />

d’asthénie ou de myalgies.En<br />

fait,toute infection virale déclenche,chez<br />

le sujet atteint,des réactions musculaires.<br />

Certaines sont spécifiques et d’autres non<br />

spécifiques.<br />

Les atteintes spécifiques liées à l’agent<br />

causal sont souvent médiées par un processus<br />

immunitaire.<br />

Les réactions non spécifiques sont identiques,<br />

quel que soit l’agent infectieux<br />

impliqué.Ces atteintes musculaires peuvent<br />

apparaître précocement au cours<br />

de la maladie, cela dès la phase d’incubation,<br />

avant même qu’un processus<br />

catabolique musculaire ne s’installe.Au<br />

contraire, plusieurs virus sont susceptibles<br />

d’entraîner des atteintes subaiguës<br />

ou chroniques.<br />

INFECTIONS VIRALES ET<br />

CATABOLISME PROTÉIQUE<br />

Face à toute infection, les macrophages<br />

libèrent des cytokines qui, par leur<br />

action au niveau cérébral,font apparaître<br />

la fièvre. Une anorexie accompagne généralement<br />

ces mécanismes.Au cours<br />

d’un processus infectieux, l’apport alimentaire,ainsi<br />

insuffisant,ne comble pas<br />

les besoins issus <strong>du</strong> catabolisme protéique<br />

in<strong>du</strong>it par les cytokines.<br />

Les acides aminés libérés par le muscle<br />

squelettique, voire par le muscle cardiaque,<br />

sont réutilisés par le foie pour<br />

synthétiser des protéines de novo, afin<br />

de lutter contre l’infection.Le foie utilise<br />

également ces substrats pour la néoglycogenèse.<br />

Ces substrats protéiques servent de signal<br />

pour enclencher les défenses immunitaires<br />

au niveau de la moelle osseuse<br />

et des organes immuno-compétents. Le<br />

catabolisme musculaire est étroitement<br />

corrélé à l’importance et à la <strong>du</strong>rée de la<br />

fièvre dans la phase aiguë de l’infection.<br />

Ce sont les cytokines qui régulent les différentes<br />

réponses métaboliques (Fig.1).<br />

Sur le plan biochimique, il faut remarquer<br />

la diminution régulière d’activité<br />

de plusieurs enzymes de la glycolyse<br />

et des voies oxydatives. Le phénomène<br />

infectieux entraîne également des<br />

Anorexie<br />

Estomac<br />

Fièvre<br />

Cerveau<br />

Cœur<br />

Macrophages<br />

Muscles<br />

Drs Gérard Dine*,<br />

Jacques Pruvost**<br />

et Didier Polin***<br />

Mots clés<br />

Myocardite<br />

Athlétisme<br />

Infection virale<br />

modifications ultra-structurales musculaires,en<br />

particulier une dégénérescence<br />

myofibrillaire qui peut être visualisée par<br />

microscope électronique.<br />

CONSÉQUENCES<br />

PHYSIOPATHOLOGIQUES<br />

La dégradation des protéines musculaires<br />

lors de l’infection, ou au décours de<br />

l’infection,se manifeste cliniquement par<br />

une perte de la capacité à l’effort.Ainsi,<br />

après une infection fébrile d’une <strong>du</strong>rée<br />

d’une semaine, la force musculaire globale<br />

sur un effort de type isométrique est<br />

diminuée de 15 % environ. L’aptitude<br />

musculaire à l’effort est ré<strong>du</strong>ite de 25 %<br />

quand il s’agit d’un effort aérobie.Cette<br />

ré<strong>du</strong>ction plus importante s’explique à<br />

la fois par le catabolisme des protéines<br />

Glycogenèse<br />

Acides<br />

Aminés<br />

Foie<br />

Réactions<br />

à la phase<br />

aiguë<br />

Moelle<br />

osseuse<br />

Cellules immunocompétentes<br />

Mise au point<br />

* Institut de médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, Troyes.<br />

** Médecine et traumatologie <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, Marseille.<br />

*** Institut régional de médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, Rouen.<br />

Figure 1 : impact physio-pathologique de l’infection virale : rôle des cytokines.<br />

MÉDECINS DU SPORT 31 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Mise au point<br />

Mise au point<br />

<strong>du</strong> muscle cardiaque,mais aussi avec l’apparition<br />

d’anomalies circulatoires générées<br />

par l’alitement. L’estimation semiquantitative<br />

<strong>du</strong> catabolisme protéique<br />

musculaire peut être obtenue par mesure<br />

de la 3 méthyle-histidine dans les urines.<br />

Il faut, pour cela, placer le sujet en alimentation<br />

végétarienne, afin de ne pas<br />

avoir d’interférences vis-à-vis de la viande<br />

d’origine alimentaire.<br />

La convalescence métabolique postinfectieuse<br />

peut ainsi être appréciée.<br />

Elle est de 3 semaines pour une infection<br />

virale commune au cours de laquelle la<br />

<strong>du</strong>rée de l’épisode fébrile n’aurait été que<br />

de 24 ou 48 heures. Cette constatation<br />

est applicable lors d’une infection d’origine<br />

virale aussi banale que la grippe.<br />

Pour les infections virales les plus agressives<br />

ou les plus longues, la convalescence<br />

peut parfois s’allonger de façon<br />

spectaculaire.<br />

INFECTIONS VIRALES ET<br />

ACTIVITÉS ENZYMATIQUES<br />

MUSCULAIRES<br />

L’activité enzymatique musculaire peut<br />

être perturbée par l’alitement ren<strong>du</strong> nécessaire<br />

par la maladie virale. C’est surtout<br />

le processus infectieux lui-même qui<br />

perturbe l’activité enzymatique musculaire.On<br />

note,lors d’une infection banale,<br />

un impact négatif sur la citrate-synthétase,<br />

la lactico-déshydrogénase, la glycéraldéhyde<br />

3 phosphate déshydrogénase<br />

et la cytochrome oxydase. Les prostaglandines<br />

peuvent être également impliquées<br />

dans le processus de perte protidique<br />

musculaire.<br />

Au cours de l’épisode infectieux, il<br />

n’est pas prudent de conserver un<br />

entraînement musculaire intense,<br />

étant enten<strong>du</strong> que les impacts musculaires<br />

de l’exercice sont en tout point<br />

comparables aux phénomènes pervers<br />

in<strong>du</strong>its par l’infection elle-même (Fig.2).<br />

Le repos est donc largement souhaitable.<br />

La remise en route de l’exercice<br />

physique doit être progressive.Il faut<br />

commencer par le reconditionnement<br />

cardiovasculaire.Lors de la période aiguë<br />

de l’infection, on peut proposer au sujet<br />

d’alterner le décubitus et la position<br />

debout régulièrement toutes les demiheures.<br />

Une telle gymnastique préventive<br />

permet ensuite d’améliorer la réhabilitation<br />

musculaire post-infectieuse.<br />

Lorsque la fièvre et les autres symptômes<br />

ont disparu, en particulier les myalgies,<br />

la remise en route doit être progressive,<br />

Phosphocréatine<br />

(mol)<br />

0,02<br />

0,032<br />

0,003<br />

Normal<br />

0 5 10 15<br />

Temps (mn)<br />

Phosphocréatine<br />

(mol)<br />

0,02<br />

Post-infection<br />

0,032<br />

0,003<br />

0 5 10 15<br />

Temps (mn)<br />

Figure 2 : vitesse de récupération de la<br />

phosphocréatine analysée par spectroscopie<br />

P31.<br />

sauf s’il y a suspicion de myocardite.Un<br />

effort physique intempestif réalisé lors<br />

d’une période infectieuse ou post-infectieuse<br />

virale peut régulièrement se compliquer<br />

d’une décompensation myocardique,<br />

qui doit amener à la prudence<br />

quant à la reprise de l’exercice physique<br />

intense.<br />

ASTHÉNIE POST-VIRALE<br />

Plusieurs virus peuvent avoir des effets<br />

pervers à distance <strong>du</strong> processus infectieux<br />

lui-même. Les sujets décrivent généralement<br />

une grande difficulté à récupérer<br />

des efforts qu’ils accomplissent<br />

à nouveau.Ils se plaignent d’une fatigue<br />

plus ou moins chronique avec participation<br />

mentale. Ils décrivent des myalgies<br />

qui ne sont plus documentées biologiquement<br />

par l’élévation des CPK.Les<br />

explorations habituelles de type électroencéphalogramme,<br />

électro-nystagmogramme,<br />

électromyogramme sont négatives.<br />

Le bilan immunologique révèle<br />

régulièrement des anomalies des souspopulations<br />

lymphocytaires T,notamment<br />

les cellules NK. L’élévation des immuns<br />

complexes circulants est également notée.<br />

L’étude in vivo par résonance magnétique<br />

nucléaire au phosphore 31 met<br />

en évidence une acidose musculaire d’effort<br />

prématurée et intense. La chute <strong>du</strong><br />

pic de phosphocréatine est un élément<br />

significatif de documentation positive.<br />

La récupération <strong>du</strong> pH musculaire après<br />

effort est ralentie.Il existe en fait une acidose<br />

intracellulaire anormale.Beaucoup<br />

de virus peuvent entraîner des phénomènes<br />

post-viraux de ce type :EBV,CMV,<br />

adénovirus, virus coxsackie. L’intérêt<br />

d’une étude in vivo est d’objectiver le<br />

dysfonctionnement une fois les étiologies<br />

classiques d’asthénie éliminées.L’acidose<br />

cellulaire anormale notée tra<strong>du</strong>it<br />

l’insuffisance des processus oxydatifs<br />

musculaires, l’incapacité de la cellule<br />

musculaire à stabiliser le pH et la difficulté<br />

à éliminer l’acide lactique.L’hyperammoniémie<br />

cellulaire est régulièrement<br />

rencontrée.Il faut rappeler que de telles<br />

constatations sont aussi notées lors de<br />

tout effort musculaire intense. La<br />

conjonction des désordres physiologiques<br />

in<strong>du</strong>its par l’effort ne peut pas<br />

faire bon ménage avec les perturbations<br />

cellulaires post-virales. La compréhension<br />

des mécanismes impliqués est bien<br />

loin d’être acquise.<br />

Certains auteurs incriminent des perturbations<br />

auto-immunes avec pro<strong>du</strong>ction<br />

d’anticorps contre certaines protéines<br />

enzymatiques ou protéines<br />

tran<strong>sport</strong>euses <strong>du</strong> muscle.Ces désordres<br />

immunitaires ont été retrouvés au cours<br />

de myocardites post-virales. Les recherches<br />

menées actuellement dans<br />

le syndrome de fatigue chronique se<br />

tournent vers la dérégulation de la réaction<br />

immune après l’in<strong>du</strong>ction virale<br />

et mettent en cause le rôle des interférons,<br />

des protéines anti-virales et de<br />

certaines enzymes comme la RNase.<br />

Une des cibles de ces désordres régulationnels<br />

post-viraux pourrait être l’actine<br />

elle-même.<br />

QUELS RISQUES EN<br />

PRATIQUE SPORTIVE ?<br />

La survenue de myocardites au cours d’infections<br />

virales est une complication toujours<br />

redoutée des cardiologues et des<br />

pédiatres.<br />

Pour les médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, le diagnostic<br />

d’atteinte myocardique post-virale est<br />

habituellement soulevé dans le cadre des<br />

morts subites chez les jeunes <strong>sport</strong>ifs.En<br />

effet, les myocardites peuvent être responsables<br />

de mort subite au stade aigu.<br />

Sur le plan anatomo-pathologique,la nécrose<br />

cellulaire est alors associée à un infiltrat<br />

dense et inflammatoire principalement<br />

lymphocytaire.<br />

A un stade chronique, la maladie se manifeste<br />

par une fibrose cicatricielle avec<br />

quelques foyers inflammatoires (11).<br />

MÉDECINS DU SPORT 32 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Cas clinique N° 1<br />

Un malaise inexpliqué<br />

Une championne d’athlétisme à très haut niveau présente un malaise<br />

inexpliqué à l’occasion d’une séance de musculation en juin 1998.<br />

Cette <strong>sport</strong>ive est ensuite handicapée pendant plusieurs semaines par<br />

une dyspnée d’effort attribuée à une bronchite “traînante”.<br />

En septembre 1998, elle consulte le médecin en charge <strong>du</strong> suivi des<br />

équipes de France et décrit, à l’interrogatoire, des antécédents récents<br />

d’adénopathies cervicales multiples pouvant évoquer, a posteriori, une<br />

mononucléose infectieuse.<br />

Perturbations auto-immunes<br />

L’ECG de repos est normal. L’échocardiographie et la scintigraphie<br />

myocardique sont en faveur d’une myocardite évoluée. L’épreuve<br />

d’effort est ininterprétable <strong>du</strong> fait de l’importance de l’asthénie<br />

musculaire. La sérologie EBV est en faveur d’une réactivation virale<br />

à distance d’une infection inaugurale survenue un an plus tôt (4).<br />

Le profil immunitaire portant sur l’étude des lymphocytes NK en<br />

cytométrie de flux montre des perturbations de type auto-immun.<br />

Mise au point<br />

Mise au point<br />

Suspension<br />

Un traitement par glucocorticoïdes sous surveillance stricte hospitalière<br />

avec monitoring cardiaque est mis en place. Après amélioration de la<br />

symptomatologie et à la suite de cette hospitalisation, un certificat<br />

médical d’incompatibilité avec la pratique <strong>sport</strong>ive est prescrit pour<br />

plusieurs semaines.<br />

Myocardite et mort subite<br />

Une étude suédoise portant sur 16 cas<br />

de décès chez des coureurs d’orientation<br />

entre 1979 et 1992 a fait la preuve anatomo-pathologique<br />

que 5 cas (30 %)<br />

étaient en rapport avec une myocardite<br />

virale (12). Pour les auteurs nord-américains,<br />

la myocardite est la 3 e cause de<br />

mort subite aux USA :8 cas sur 158 dossiers,<br />

soit 6 % (16).<br />

Une étude italienne concernant 200 cas<br />

de morts subites, survenues entre 1978<br />

et 1993 chez des <strong>sport</strong>ifs de moins de<br />

35 ans, montre la responsabilité d’une<br />

myocardite dans 7,5 % des cas étudiés (3).<br />

Chlamydiae pneumoniae, cytomégalovirus,<br />

virus coxsackie et virus d’Epstein-<br />

Barr sont le plus souvent mis en cause.<br />

Les deux cas cliniques décrits ici montrent<br />

que,chez un <strong>sport</strong>if de haut-niveau,<br />

la possibilité d’une atteinte myocardique<br />

doit être aussi envisagée devant des douleurs<br />

thoraciques et/ou une dyspnée inhabituelle<br />

et récente (cas clinique n° 1).<br />

La symptomatologie peut être plus frustre<br />

avec une simple baisse des performances<br />

à l’effort (cas clinique n° 2).<br />

Ces 2 cas de myocardite permettent de<br />

mieux préciser l’approche cardiologique<br />

et médico-légale chez les <strong>sport</strong>ifs.Si l’ECG<br />

de repos oriente rarement le diagnostic,<br />

l’échocardiographie peut être faussement<br />

Cas clinique N° 2<br />

Fatigue musculaire<br />

Un champion de France présente, pendant la saison estivale 2000, une baisse<br />

de performances inexpliquée, alors que son entraînement est inchangé tant en<br />

qualité qu’en quantité.<br />

Le <strong>sport</strong>if décrit une fatigabilité musculaire anormale avec difficultés de<br />

récupération à l’entraînement et en compétition. L’ensemble des symptômes est<br />

mis sur le compte d’un choc psychologique en rapport avec un deuil familial brutal.<br />

Une épreuve d’effort douteuse<br />

En novembre 2000, six mois après le début de l’asthénie, une épreuve d’effort<br />

sur bicyclette ergométrique révèle la survenue d’un bloc de branche gauche<br />

complet pour un niveau de fréquence cardiaque à 120/mn. Ce bloc de branche<br />

n’avait jamais été décrit sur les épreuves d’effort antérieures.<br />

L’échocardiographie est normale, mais une scintigraphie myocardique montre<br />

une hétérogénéité de fixation antérolatérale au niveau <strong>du</strong> ventricule gauche.<br />

Le diagnostic de myocardite cicatrisée avec fibrose de remplacement est alors<br />

posé.<br />

Les analyses biologiques et les diverses sérologies virales ne permettent pas<br />

d’identifier le virus in<strong>du</strong>cteur de la myocardite. L’étude des sous-populations<br />

lymphocytaires et des lymphocytes NK en cytométrie de flux est normale en<br />

février 2001. Le profil immunitaire de ce patient n’est donc pas perturbé et ne<br />

révèle pas de prédisposition expliquant une agression virale sur le myocarde.<br />

La fin <strong>du</strong> haut-niveau<br />

Les tests d’effort sur bicyclette ergométrique pratiqués tous les six mois à<br />

partir de janvier 2001 montreront la persistance <strong>du</strong> bloc de branche complet.<br />

Ce <strong>sport</strong>if n’a pu reprendre l’entraînement intensif et a fortiori le <strong>sport</strong> de<br />

haut-niveau.<br />

MÉDECINS DU SPORT 33 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003


Mise au point<br />

rassurante à distance de l’infection<br />

inaugurale (cas clinique n° 2).L’épreuve<br />

d’effort à visée cardiologique est toujours<br />

contributive au diagnostic.Les médecins<br />

<strong>du</strong> <strong>sport</strong> doivent savoir poser son indication<br />

en cas de baisse <strong>du</strong>rable et inexpliquée<br />

des performances.<br />

IMPLICATIONS PRATIQUES<br />

Les infections virales sont fréquentes chez<br />

les <strong>sport</strong>ifs intensifs et leurs complications<br />

musculaires toujours à redouter.<br />

Mais la fréquence et l’impact de ces infections<br />

sont souvent sous-estimés.<br />

La survenue d’un tableau clinique<br />

avec symptômes localisés au-dessus<br />

et/ou au-dessous <strong>du</strong> cou associant<br />

myalgies, toux ou troubles digestifs<br />

et fièvre, doit faire évoquer une infection<br />

virale. L’encadrement médical<br />

des <strong>sport</strong>ifs intensifs devrait insister sur<br />

les conseils de prudence et de surveillance<br />

à la reprise après tout syndrome<br />

fébrile. Du fait de lésions<br />

musculaires toujours possibles, l’entraînement<br />

intensif ou la compétition<br />

seront absolument proscrits pendant<br />

3 semaines minimum (5).La reprise de<br />

l’entraînement doit être progressive<br />

avec un reconditionnement cardiovasculaire.<br />

CONCLUSION<br />

Rappelons que l’article L.3621-2 <strong>du</strong> code<br />

de la Santé publique impose aux fédérations<br />

d’organiser un suivi médical<br />

annuel systématisé pour leurs <strong>sport</strong>ifs<br />

inscrits sur les listes de haut-niveau.Pour<br />

ces <strong>sport</strong>ifs, une épreuve d’effort maximale<br />

doit être réalisée chaque année à la<br />

recherche d’éventuelles anomalies ou inadaptations<br />

survenant à l’effort. Du fait<br />

de difficultés pratiques pour la mise en<br />

œuvre de cette récente disposition préventive,<br />

son intérêt est encore trop souvent<br />

discuté, voire critiqué, par l’encadrement<br />

technique et médical des<br />

<strong>sport</strong>ifs.La survenue de deux cas de myocardite<br />

dans la population restreinte des<br />

<strong>sport</strong>ifs “Elite”en athlétisme et le retard<br />

au diagnostic (5 à 6 mois en moyenne<br />

Pour en savoir plus<br />

après la symptomatologie clinique inaugurale)<br />

prouvent que les pathologies virales<br />

intercurrentes peuvent être responsables<br />

de la survenue inopinée de<br />

pathologies cardiovasculaires graves.<br />

C’est un argument de plus pour continuer<br />

à imposer annuellement cette<br />

épreuve d’effort maximale avec enregistrement<br />

électrocardiographique à tous<br />

les <strong>sport</strong>ifs inscrits sur la liste ministérielle<br />

de haut-niveau, bientôt à tous les<br />

<strong>sport</strong>ifs inscrits en filière d’accès au hautniveau<br />

(espoirs et partenaires d’entraînement).<br />

■<br />

1. Arnold DL, Bore PJ, Radda GK et al. Excessive intracellular acidosis of skeletal<br />

muscle on exercise in a patient with a post-viral exhaustion/fatigue syndrome. A<br />

31 P Nuclear mag<strong>net</strong>ic resonance study. Lancet 1984 ; 1 : 1367-9.<br />

2. Aström E, Friman G, Pilstrom L. Effects of viral and myco-plasma infections<br />

on ultra-structure and enzyme activities in human skeletal muscle. Acta Path<br />

Microbiol Scand Sect 1976 ; A84 : 113-22.<br />

3. Basso C, Corrado D, Thiene G. Cardiovascular causes of sudden death in young<br />

indivi<strong>du</strong>al including athletes. Cardiol Rev 1999 ; 7 (3) : 127-35.<br />

4. Buisson M, Fleurent B, Mak M. Novel immunoblot assay using four recombinant<br />

antigens for diagnosis of Epstein Barr virus primary infection and reactivation.<br />

Journal of clinical microbiology 1999 ; 2709-14.<br />

5. Carre F, Guinot M, Bermon S. Hématologie et <strong>sport</strong>. Médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong> 2001 ;<br />

41 : 11-20.<br />

6. Cozzone PJ, Bendahan D. 31 P NMR spectroscopy of metabolic changes associated<br />

with muscles exercise : physiopathological applications. In : Gillies RJ,<br />

ed. NMR in physiology and biomedicine. Academic Press Inc 1994 ; p 389-403.<br />

7. Chemin P. Muscle, fatigue, <strong>sport</strong> et infection. Revue de Médecine Interne<br />

1999 ; 20 : 794-803.<br />

8. Dine G. Altérations musculaires observées lors de l’effort physique intense chez<br />

l’homme. in “Référence” Paris Elsevier, 1998 ; p 5-8.<br />

9. Dine G, Pruvost J. Récupération après infection virale. Deuxième Euro-congrès<br />

Médical d’Athlétisme. Paris, 2 septembre 2002.<br />

10. Dumoulin P. La mort subite au cours <strong>du</strong> <strong>sport</strong>. Médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong> 1997 ; 12 : 11-<br />

22.<br />

11. Fornes P, Lecomte D. Mort subite et activité physique et <strong>sport</strong>ive. Revue <strong>du</strong><br />

Praticien. 2001 ; 51 : 31-5.<br />

12. Friman G, Larsson E, Rolf C. Interaction between infection and exercise with<br />

special reference to myocarditis and the increased frequency of sudden deaths<br />

among young Swedish orienteers. Scand J Infect Dis 1997 ; suppl 104 : 41-9.<br />

13. Friman G, Ilback NG. Acute infection : metabolic responses, effects on performance,<br />

interaction with exercice, and myocarditis. Int J Sports Med 1998 ; 19<br />

(suppl 3) : 178-82.<br />

14. Jamal GA, Miller RG. Neurophysiology of postviral fatigue syndrome. Br Med<br />

Bull 1991 ; 47 : 815-25.<br />

15. Laure P, Dine G. Exploration et suivi biologique <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if. Paris : Masson, 2001.<br />

16. Maron BJ et al. Sudden death in young competitive athletes. JAMA 1996 ;<br />

276 : 199-204.<br />

17. Philip P, Bermon S. Intensive triathlon training in<strong>du</strong>ces low peripheral CD 34<br />

+ stem cells. Br J of Haematol 120 : 914-5.<br />

18. Sahling K, Edstrom L, Sjohom H. Fatigue and phosphocreatine depletion <strong>du</strong>ring<br />

carbon dioside-in<strong>du</strong>ces acidosis in rat muscle. Am J Physiol 1983 ; 245 :<br />

C15-C20.<br />

MÉDECINS DU SPORT 34 N°<strong>61</strong>-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2003

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!