09.11.2012 Views

A propos d'une localisation rare de l

A propos d'une localisation rare de l

A propos d'une localisation rare de l

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CAS CLINIQUE<br />

A <strong>propos</strong> d’une <strong>localisation</strong> <strong>rare</strong> <strong>de</strong><br />

l’hydatidose : le kyste hydatique cervical<br />

Youssef Rochdi, Ab<strong>de</strong>laziz Raji, Youssef Elhattab, Hassan Nouri, Fatima Bouchoua, Youssef Narjisse,<br />

Bahssine Ait Mbark<br />

Service d’ORL et Chirurgie cervico-faciale, hôpital El Antaki, CHU Mohamed VI, Marrakech, Maroc<br />

INTRODUCTION<br />

Les tuméfactions cervicales isolées sont d'ori gi n e s<br />

variées, cependant l’origine parasitaire, en particulier<br />

hy d atique est ra re même en pays d’endémie. Nous rapportons<br />

un cas <strong>de</strong> kyste hydatique cervical primitif, au<br />

travers duquel nous soulignons la <strong>rare</strong>té et les difficultés<br />

diagnostiques posées par cette <strong>localisation</strong>.<br />

CAS CLINIQUE<br />

Melle A.R âgée <strong>de</strong> 10 ans, est hospitalisée pour cellulite<br />

cervicale débu t a n t e, surve nue 24 heures après la<br />

ponction <strong>d'une</strong> masse cervicale antéri e u re, qui ava i t<br />

ramené un liqui<strong>de</strong> eau <strong>de</strong> roche.<br />

A l’interrogat o i re, il s’agissait d’une masse évo l u a n t<br />

<strong>de</strong>puis un an, augmentant progressivement <strong>de</strong> volume,<br />

il n’a pas été noté <strong>de</strong> contact avec les chiens. A l’examen<br />

clinique post-ponction, il s'agissait <strong>d'une</strong> masse<br />

c e rvicale antéri e u re, haute, isolée, à ch eval sur les<br />

r é gions sous mentonnière et sous-maxillaire dro i t e<br />

( Fi g u re 1), <strong>de</strong> 5 cm <strong>de</strong> grand diamètre, rénitente. Le<br />

plancher buccal était œdématié et inflammatoire, sans<br />

315 - Fr ORL - 2007 ; 92<br />

(Fr ORL - 2007 ; 92 : 315 - 317)<br />

(Présenté le 10- 12 octobre 2004 au congrès<br />

<strong>de</strong> la société française d'ORL et <strong>de</strong> chirurgie<br />

<strong>de</strong> la face et du cou, PARIS)<br />

Mots clés : Kyste hydatique, Cervical, Chirurgie.<br />

Date <strong>de</strong> soumission : novembre 2005<br />

Date d’acceptation : mars 2007<br />

Auteur correspondant : Youssef Rochdi<br />

Service d’ORL et Chirurgie cervico-faciale, hôpital<br />

El Antaki, CHU Mohamed VI, Marrakech, Maroc.<br />

e-mail : rochdi_86@hotmail.com<br />

Figure 1 : Tuméfaction cervicale à cheval sur la<br />

r é gion sous-mentonnière et sous-maxillaire dro i t e.<br />

Fi g u re 2 : Éch ographie cerv i c a l e. Elle montre une<br />

i m age kystique avec aspect <strong>de</strong> décollement <strong>de</strong> mem -<br />

branes très évocateur <strong>de</strong> kyste hydatique.<br />

adénopathie satellite. La biologie montrait une hyperéosinophilie<br />

sanguine à 384 éléments/mm 3 et une<br />

sérologie hydatique négative à l’hémo-agglutination<br />

indirecte (HI) (inférieure à 160). A l’échographie cervicale,<br />

il s'agissait d’une formation hypoéchogène <strong>de</strong><br />

5 cm <strong>de</strong> diamètre, uniloculaire, siège <strong>de</strong> membra n e s<br />

flottantes évoquant un kyste hydatique avec décollement<br />

<strong>de</strong> membranes (Figure 2), sans autre <strong>localisation</strong><br />

associée. La cellulite a régressé sous traitement antibiotique<br />

par voie pare n t é rale à base d’amox i c i l l i n e -<br />

aci<strong>de</strong> clavulanique, à la dose <strong>de</strong> 1g/125mg toutes les<br />

12 heures pendant 2 semaines, associé à un traitement<br />

anti-inflammatoire à base du diclofénac, à la dose <strong>de</strong><br />

25 mg toutes les 8 heures pendant 4 jours.


Figure 3 : Masse kystique au contact <strong>de</strong> la base<br />

<strong>de</strong> la langue, en <strong>de</strong>ssous du plancher buccal, adhérante<br />

aux structures adjacentes.<br />

Fi g u re 4 : L’ o u ve rt u re <strong>de</strong> la masse découvre la<br />

présence d’une vésicule hydatique.<br />

Une cervicotomie exploratrice a été réalisée, avec un<br />

ab o rd intéressant la région sous mentonnière et sous<br />

m a x i l l a i re dro i t e, découvrant un kyste hy d atique (KH)<br />

au contact <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> langue adhérant aux muscles<br />

adjacents (Fi g u res 3 et 4). L’ exérèse du kyste a été effe ctuée<br />

en monobloc emportant les tissus péri ky s t i q u e s .<br />

La « stérilisation » <strong>de</strong> la cavité résiduelle a été effectuée<br />

à l’eau oxygénée. L’examen histologique du kyste<br />

a confi rmé le diagnostic d’hy d at i d o s e. Aucune récidive<br />

n’a été observée avec un recul <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 4 ans.<br />

DISCUSSION<br />

L’ é chinococcose est une parasitose commune à<br />

l’Homme et certains mammifères, elle se re n c o n t re surtout<br />

dans les pays méditerranéens, l’Amérique du sud,<br />

l’Australie et l’Asie centrale [1- 2]. L’atteinte <strong>de</strong>s parties<br />

molles <strong>de</strong> la tête et du cou est <strong>rare</strong> (2% <strong>de</strong>s cas) [2],<br />

les sièges les plus fréquents <strong>de</strong>meurent la thyroï<strong>de</strong> et la<br />

paroti<strong>de</strong> [1].<br />

L’homme est infecté après contact direct avec <strong>de</strong>s ch i e n s<br />

infectés ou après ingestion d’aliments contaminés. A<br />

partir <strong>de</strong>s intestins, l’embryon hexacanthe passe dans<br />

la circulation porte [1-5] puis au foie ou aux poumons.<br />

L’embryon est ensuite véhiculé jusqu’aux muscles par<br />

la circulation sanguine.<br />

Le kyste hydatique cervical<br />

L'hydatidose est <strong>rare</strong>ment évoquée <strong>de</strong>vant une masse<br />

cervicale en l’absence d’autres <strong>localisation</strong>s associées,<br />

comme c’était le cas dans notre observation ce qui fait<br />

discuter un abcès fro i d, un kyste congénital ou une<br />

lésion tumorale bénigne. Le tableau peut être enri chi par<br />

<strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> compression laryngo-trachéale [6] voire<br />

une infection loco-régionale suite à la ponction ou la<br />

ru p t u re du ky s t e. Le re t rait <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> eau <strong>de</strong> ro ch e<br />

o riente fo rtement le diag n o s t i c, mais elle est contre -<br />

indiquée vu le risque <strong>de</strong> dissémination parasitaire et <strong>de</strong><br />

choc anaphylactique.<br />

Les aspects échographiques du KH cervical sont comp<br />

a rables à ceux <strong>de</strong>s autres <strong>localisation</strong>s viscérales, l’aspect<br />

mu l t iv é s i c u l a i re étant classique (4). Dans notre<br />

observation, la suspicion <strong>de</strong> KH sur l’aspect <strong>de</strong> membranes<br />

flottantes a été renforcée par la notion <strong>de</strong> retrait<br />

<strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> eau <strong>de</strong> ro che à la ponction. La TDM peut<br />

être d’un grand apport diagnostic par la mise en évi<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> calcifi c ations pariétales et par l’absence <strong>de</strong><br />

rehaussement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité après injection <strong>de</strong> produit<br />

<strong>de</strong> contraste dans les KH <strong>de</strong> structure hétérogène.<br />

L’hyperéosinophilie est souvent absente [6].<br />

Le séro d i agnostic permet un diagnostic biologique dans<br />

80 à 90% <strong>de</strong>s cas, mais, sa négativité n’élimine pas le<br />

d i ag n o s t i c. Il comporte au moins <strong>de</strong>ux techniques [7]:<br />

l’une quantitative (Immunofluorescence indirecte, HI,<br />

ELISA), l’autre qualitat ive (Immu n o é l e c t ro p h o r è s e ) ,<br />

L’élévation post-opératoire du taux sérique indique la<br />

récidive [3].<br />

Le traitement repose sur l’exérèse totale en monobloc,<br />

la périkystecomie ou la résection du dôme saillant en<br />

cas d’adhérences aux axes vasculo-nerveux ou à l’axe<br />

aéro-digestif avec stérilisation du champ opératoire au<br />

s é rum salé hy p e rtonique ou à l’eau oxygénée [1, 6]. Les<br />

d é rivés imidazolés sont indiqués dans les fo rmes inopérables<br />

[8], sans unanimité sur la durée du traitement.<br />

CONCLUSION<br />

La <strong>localisation</strong> cervicale <strong>de</strong> l'hydatidose est <strong>rare</strong> mais<br />

non exceptionnelle. Elle doit être évoquée <strong>de</strong>vant toute<br />

masse cervicale isolée dans un contexte <strong>de</strong> conservation<br />

<strong>de</strong> l’état général même en l’absence d’autre local<br />

i s ation associée. L’ é ch ographie facilite la démarch e<br />

d i agnostique et thérap e u t i q u e, en vue d’une ex é r è s e<br />

chirurgicale complète.<br />

Fr ORL - 2007 ; 92 : 316


RÉFÉRENCES<br />

1. Abi F, Fa res F, Khaiz D, Bouzidi A. Les localisat i o n s<br />

i n h abituelles du kyste hy d at i q u e, A <strong>propos</strong> <strong>de</strong><br />

44 cas. J Chir Paris. 1989; 126: 307-312.<br />

2. B o u ck a e rt MMR, Raubenheimer EJ, Jacobs FJ.<br />

Maxillo-facial hydatid cysts. Oral Surg Oral Med<br />

O ral Pathol Oral Radiol Endod. 2000; 89: 338-342.<br />

3. Gangopadhyay K, Abuzeid M, Kfoury H. Hydatid<br />

cyst of the pterygopalatine-infratemporal fossa. J<br />

Laryngol Otol. 1996; 110; 10: 978-980<br />

4. Kehila M, Allegue M, Ab<strong>de</strong>ssalem M et al. Le<br />

kyste hy d atique du mu s cle psoas, A <strong>propos</strong> d’un<br />

cas. J Radiol, 1987; 68: 256-268.<br />

317 - Fr ORL - 2007 ; 92<br />

Le kyste hydatique cervical<br />

5. Pe t avy AF, Debl o ck S, Walbaum S. Épidémiologie<br />

et prévention <strong>de</strong>s echinococcoses en France. Rev<br />

Prat Paris, 1990; 40: 191-197<br />

7. Zerhouni. H , Amrani A, Kadd o u ri N, Ab<strong>de</strong>lhak M,<br />

B e n h m a m o u ch N, Barahioui M. Dyspnée laryngée<br />

r é v é l at rice d’une <strong>localisation</strong> cervicale d’hy d atidose :<br />

à <strong>propos</strong> d’un cas. Arch Pédiat r. 2001; 8: 1341-1343.<br />

8. Biava MF, Kures L. Diagnostic biologique <strong>de</strong>s<br />

é chinococcoses. Rev Prat. Pa ris, 1990, 40 : 201-204.<br />

9. On<strong>de</strong>r G, Kayhan O, Yalc_n K, Olcay E, Osman A.<br />

S u b m a n d i bular and intra c ranial Hydatid Cyst in an<br />

Adolescent. Lary n goscope 2002; 112: 1857-1860.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!