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1t:3 - IREM de Grenoble - Université Joseph Fourier

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JOURNAL POUR LES ENSEIGNANTS DE MATHEMATIQUES DU<br />

PREMIER CYCLE DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE<br />

Ouverture vers les Sciences et les Technologies<br />

petit x<br />

1996-1997 n° 44<br />

Comité <strong>de</strong> rédaction<br />

René Berthelot<br />

IUFM d'Aquitaine<br />

Centre <strong>de</strong> Pau<br />

Annie Bessot<br />

Laboratoire Leibniz<br />

Université J. <strong>Fourier</strong> - <strong>Grenoble</strong><br />

I.R.E.M. <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

Antoine Bodin<br />

Collège d'Ornans<br />

I.R.E.M. <strong>de</strong> Besançon<br />

Bernard Capponi<br />

Lycée Aristi<strong>de</strong> Bergés, Seyssinet<br />

Laboratoire Leibniz<br />

I.R.E.M. <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

Gérard Chauvat<br />

IUT GE II<br />

Tours<br />

François Conne<br />

Chercheur en didactique <strong>de</strong>s mathématiques<br />

La Romanèche<br />

Etoy (Suisse)<br />

Ruhal Floris<br />

Collège Voltaire et FAPSE Université <strong>de</strong> Genève<br />

Carouge (Suisse)<br />

Régis Gras<br />

I.R.M.A.R. Campus <strong>de</strong> Beaulieu<br />

Rennes<br />

Denise Grenier<br />

Laboratoire Leibniz<br />

Université J. <strong>Fourier</strong> - <strong>Grenoble</strong><br />

Paule Kober<br />

IUFM<strong>de</strong>Nice<br />

Alain Mercier<br />

Ecole Nationale <strong>de</strong> formation agronomique .<br />

Castanet<br />

Nadine Milhaud<br />

I.P.R.<br />

Rectorat <strong>de</strong> Toulouse<br />

Robert Noirfalise<br />

<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> Clermont-Ferrand<br />

Marie-Jeanne Perrin-Glorian<br />

I.R.E.M. - Université Paris VII<br />

Paris<br />

Jean Portugais<br />

Didactique <strong>de</strong>s mathématiques<br />

Université <strong>de</strong> Montréal<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Rauscher<br />

Collège Martin Schongauer, Ostwald<br />

!REM <strong>de</strong> Strasbourg<br />

Secrétariat <strong>de</strong> rédaction: Annie Bessot et Bernard Capponi<br />

I.R.E.M. <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

B.P. 41 - 38402 Saint-Martin-d'Hères Ce<strong>de</strong>x<br />

© 1996-1997 - I.R.E.M. <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong> - Tous droits réservés pour tous pays.<br />

ISSN 0759-9188. Directeur <strong>de</strong> publication le Directeur <strong>de</strong> l'I.R.E.M. Clau<strong>de</strong> MOSER<br />

Composition, Annie Bicais, I.R.E.M. <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong>.


petit x<br />

Abonnement : année 96·97<br />

Irem <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

B.P.41 nO 43.44.45<br />

38402 Saint-Martin d'Hères ce<strong>de</strong>x<br />

FRANCE<br />

JOURNAL POUR LES ENSEIGNANTS DE MATHEMATIQUES DU<br />

PREMIER CYCLE DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE<br />

Ouverture vers les Sciences et les Technologies<br />

Abonnez-vous et faites abonner le centre <strong>de</strong> documentation <strong>de</strong> votre collège<br />

Renouvellement D<br />

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1 an (96-97) 190 F 250 F<br />

2 ans (96-97 et 97-98) 340 F 420F<br />

Le numéro hors série "Activités mathématiques au collège" reste disponible au prix <strong>de</strong> 70 F<br />

Renvoyez ce bulletin d'abonnement à l'adresse ci-<strong>de</strong>ssus et joignez un bon <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> ou un chèque à<br />

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banque ou CCP<br />

La revue dispose <strong>de</strong> correspondants en Suisse et au Canada. Si vous· rési<strong>de</strong>z dans ces <strong>de</strong>ux pays,<br />

adressez-vous directement à eux.<br />

En Suisse*, à François CONNE ou Ruhal FLORIS.<br />

Au Canada **,à Jean PORTUGAIS.<br />

* François CONNE, Chercheur en didactique <strong>de</strong>s mathématiques, La Romachère, Etoy.<br />

Ruhal FLORIS, Didactique <strong>de</strong>s mathématiques, équipe <strong>de</strong> Jean Brun, FAPSE, Université <strong>de</strong> Genève, 9, route <strong>de</strong><br />

Drize, CH-1227 Carouge. Tél. (41) 22-705-98-36. Fax (41) 22-300-14-82. E-mail. floris@fapse.unige.ch<br />

** Jean PORTUGAIS, Université <strong>de</strong> Montréal, Faculté <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l'éducation, Département <strong>de</strong> didactique, C.P.<br />

6128, succursale Centre-ville, Montréal (Québec) H3C 317. Tél. (514) 343-7102. Fax (514) 34~-7286. E-mail.<br />

portugai@ere.umontreal.ca


SOMMAIRE<br />

Cohabitation entre le calcul numérique et la calculatrice. Le point <strong>de</strong> vue du contrat<br />

didactique (A.Birebent)......................................................................................................................................... 5<br />

Activité Valeur exacte ou approchée 33<br />

À propos <strong>de</strong> chara<strong>de</strong>s dont la solution est un système d'équations à <strong>de</strong>ux inconnues<br />

(G.Didierjean, C.Dupuis, R.Duval, M-A.Egret, D.Kremer, G.Robert, B.Wenner,<br />

M.Ziegler)....................................................................................................................................................................... 35<br />

Activité. .. <strong>de</strong>ux pamllèles et une sécante<br />

. 49<br />

Activité. " <strong>de</strong>ux tangentes : : .. 50<br />

Actlvlte<br />

.. ,<br />

projectI<br />

..<br />

ons<br />

d<br />

ans un tnang<br />

. 1 e .. 52<br />

De l'économie et <strong>de</strong> l'écologie du travail avec le logiciel cabri-géomètre (T.Assu<strong>de</strong>,<br />

B.Capponi, P. Bertomeu, J-F. Bonnet)<br />

53<br />

Liste <strong>de</strong>s auteurs<br />

80


4<br />

Le journal « petit x» :un journal pour le collège<br />

Le journal «petit x» a été créé en 1983 par l'<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong> pour favoriser la<br />

diffusion <strong>de</strong> réflexions, <strong>de</strong> comptes rendus <strong>de</strong> travaux et d'activités réalisés dans les<br />

classes du premier cycle <strong>de</strong> l'enseignement secondaire principalement dans le domaine<br />

<strong>de</strong>s mathématiques mais avec une ouverture vers les sciences physiques et la technologie.<br />

Ses principaux objectifs sont:<br />

- en ouvrant largement ses pages à <strong>de</strong>s approches diverses, <strong>de</strong> constituer un lieu<br />

d'échanges et <strong>de</strong> débats sur les problèmes soulevés par l'apprentissage et l'enseignement<br />

<strong>de</strong>s sciences au collège.<br />

- d'ajouter un moyen nouveau <strong>de</strong> formation continue à ceux déjà disponibles dans<br />

les <strong>IREM</strong>, et <strong>de</strong> constituer ainsi un complément aux stages <strong>de</strong> formation et aux<br />

publications thématiques déjà existantes. La revue « petit x » est ainsi un outil précieux<br />

pour les professeurs enseignant dans les IUFM.<br />

- <strong>de</strong> constituer plus particulièrement un moyen <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>s travaux sur<br />

l'enseignement notamment en ce qui concerne les recherches en didactique <strong>de</strong>s<br />

mathématiques. La revue « petit x » constitue un lieu d'interactions entre les enseignants<br />

et les chercheurs.<br />

Les articles publiés sont pour l'essentiel <strong>de</strong>s types suivants:<br />

- Vécu dans les classes: présentation et <strong>de</strong>scription d'activités ou <strong>de</strong> séquences<br />

d'enseignement effectivement réalisées dans les classes <strong>de</strong> collège.<br />

- Outils et documents: dans chaque numéro présentation d'activités directement<br />

exploitables dans les classes et régulièrement <strong>de</strong> documents et <strong>de</strong> commentaires sur <strong>de</strong>s<br />

aspects historiques <strong>de</strong> notions.<br />

- Recherches et réflexions : compte rendus <strong>de</strong> travaux portant sur <strong>de</strong>s<br />

problèmes d'enseignement ou d'apprentissages en mathématiques.<br />

La revue « petit x » examine aussi tous les articles qui rentrent dans le cadre <strong>de</strong> ses<br />

préoccupations et déci<strong>de</strong> ou non <strong>de</strong> leur publication, éventuellement sous la forme <strong>de</strong><br />

courrier <strong>de</strong>s lecteurs ou <strong>de</strong> tribune libre.<br />

PROPOSITION DIARTICLE<br />

Les articles soumis pour publication dans la revue « petit x» doivent être envoyés<br />

en trois exemplaires à l'adresse <strong>de</strong> l'<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong> que vous trouverez dans ce<br />

numéro. Indiquer si l'article a déjà été publié ou s'il a été proposé à d'autres revues.<br />

, Les textes sont examinés par <strong>de</strong>ux lecteurs au moins. Dans le cas où ils sont<br />

acceptés pour publication, il est <strong>de</strong>mandé à l'auteur <strong>de</strong> fournir le texte définitif sous la<br />

forme d'un fichier informatique dans un traitement <strong>de</strong> texte courant.<br />

Copyright:<br />

Le « copy right» <strong>de</strong> la revue est détenu par l'<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong> qui accor<strong>de</strong>ra cependant aux auteurs, sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

et sans frais, l'autorisation <strong>de</strong> faire ré-imprimer leurs articles. Ils <strong>de</strong>vront mentionner « petit x» pour première<br />

publication, ainsi que le fait que c'est l'<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong> qui détient le Copyright.


Encore un article sur les calculatrices !<br />

La provocation sera <strong>de</strong> courte durée; l'artifice rhétorique sert d'avertissement au lecteur: qu'il ne<br />

cherche pas dans cet article le prosélytisme d'un professeur <strong>de</strong> mathématiques persuadé <strong>de</strong>s bienfaits du<br />

bon usage <strong>de</strong>s calculatrices en classe. Un titre plus sérieux et plus explicite serait:<br />

COHABITATION ENTRE LE CALCUL NUMÉRIQUE<br />

ET LA CALCULATRICE<br />

LE POINT DE VUE DU CONTRAT DIDACTIQUE<br />

Alain BIREBENT<br />

Lycée Pierre du Terrail, Pontcharra<br />

didactique <strong>de</strong>s mathématiques, Laboratoire Leibniz<br />

Cette cohabitation commença il y a vingt ans. La belle machine, apte à faire <strong>de</strong><br />

belles mathématiques aux yeux d'un amateur <strong>de</strong> mathématiques, en quoi pouvait-elle<br />

servir le professeur <strong>de</strong> mathématiques et ses élèves D'engagements en désillusions,<br />

d'innovations en résistances, les années qui suivirent l'intrusion <strong>de</strong> la calculatrice dans<br />

le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mathématiques scolaires, démontrèrent que <strong>de</strong>s questions didactiques<br />

aussi simples, au premier abord, que l'intégration d'un instrument <strong>de</strong> calcul dans une<br />

classe comportaient <strong>de</strong> redoutables écueils.<br />

L'un <strong>de</strong> ces écueils, et non le moindre, rési<strong>de</strong> dans l'inflation <strong>de</strong>s opinions qui<br />

viennent <strong>de</strong> toutes parts sur le sujet. Monsieur tout le mon<strong>de</strong>: " Avec les calculatrices,<br />

ils ne savent plus calculer <strong>de</strong> tête". Le professeur, votre collègue: "Pour la plus petite<br />

addition, ils se précipitent sur leur calculatrice, quand ils en ont une; cela favorise la<br />

paresse intellectuelle" ou bien "Il faudrait leur apprendre à se servir d'une calculatrice<br />

mais..." ou bien encore "La calculatrice tue le calcul algébrique ". Le constructeur <strong>de</strong><br />

calculatrices: "La calculatrice <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'élève une rigueur tant sur la manière<br />

d'exprimer un problème, que sur la façon d'abor<strong>de</strong>r les simulations numériques; très<br />

vite cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> amène l'élève à faire une analyse détaillée <strong>de</strong>s situations..... En tant<br />

qu'outil individuel, l'élève est confronté à un choix <strong>de</strong> solutions, son initiative étant<br />

sanctionnée par sa seule autocritique, il doit s'auto-évaluer pour, en final, ne proposer<br />

que la solution optimale". Le parent d'élève: "Sans la calculatrice la plus performante,<br />

mon enfant risque d'être pénalisé".<br />

Analyser ces opinions pour en faire autre chose que <strong>de</strong>s opinions, parce que les<br />

questions didactiques sous-jacentes ne <strong>de</strong>vraient pas rester <strong>de</strong>s affaires d'opinion, c'est<br />

un peu ce qui motive mon entrée en Didactique; et le travail que je présente s'inscrit<br />

« petit x » nO 44, pp. 5 à 32, 1996 - 1997


6<br />

dans l'ambition <strong>de</strong> transfonner certaines questions didactiques en questions <strong>de</strong> la<br />

Didactique!.<br />

Première partie<br />

Vingt ans déjà, disions-nous; on peut penser que l'intrusion <strong>de</strong>s calculatrices dans<br />

la classe <strong>de</strong> mathématiques a changé les pratiques <strong>de</strong> calcul, notamment les pratiques <strong>de</strong><br />

calcul numérique. Et voilà notre première restriction : nous nous en tiendrons à cette<br />

partie <strong>de</strong>s mathématiques appelée communément calcul numérique et i<strong>de</strong>ntifiée à la<br />

gestion <strong>de</strong>s nombres à partir <strong>de</strong> leurs représentations symboliques. Justifions cette<br />

restriction par l'idée que la fonction première <strong>de</strong> la calculatrice est <strong>de</strong> calculer avec <strong>de</strong>s<br />

nombres.<br />

Le calcul numérique comprend les opérations numériques et leurs différentes<br />

techniques (mentales, écrites ou instrumentales), les transfonnations d'expressions<br />

numériques et les règles afférentes, le traitement <strong>de</strong>s égalités et inégalités numériques,<br />

les approximations. Cette gestion, originellement conçue au service d'autres activités<br />

mathématiques, (compter, mesurer, repérer, comparer, évaluer, numéroter, partager,<br />

ordonner, etc....), a développé ses propres finalités et défini un territoire mathématique<br />

et didactique. L'enseignement français lui offre une place considérable dans les<br />

programmes du secondaire. En témoigne l'exposé <strong>de</strong>s objectifs et <strong>de</strong>s capacités<br />

valables pour le programme <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> : "Les problèmes et métho<strong>de</strong>s<br />

numériques doivent être largement exploités ; ils jouent un rôle essentiel dans la<br />

compréhension <strong>de</strong> nombreuses notions mathématiques et dans les différents secteurs<br />

d'intervention <strong>de</strong>s mathématiques; ils pennettent aussi d'entraîner les élèves à<br />

combiner l'expérimentation et le raisonnement en mathématiques et concourent au<br />

développement <strong>de</strong>s qualités <strong>de</strong> soin et <strong>de</strong> rigueur. Il convient, en outre, <strong>de</strong> mettre en<br />

valeur les aspects algorithmiques <strong>de</strong>s problèmes étudiés, notamment à propos <strong>de</strong> la<br />

gestion <strong>de</strong> calculs... ".<br />

La richesse du calcul numérique, qui peut tout aussi bien s'incarner dans du<br />

"quotidien" que s'inscrire dans les constructions théoriques les plus fonnalisées, est<br />

travaillée par la transposition didactique 2 . C'est ainsi que nous interprétons<br />

l'élaboration successive <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> nombres 3<br />

- qui sont autant <strong>de</strong> réservoirs numériques dans lesquels on puise les solutions<br />

numériques <strong>de</strong>s problèmes<br />

1. mémoire <strong>de</strong> D.E.A.(juillelI996), réecril el con<strong>de</strong>nsé.<br />

2 Chevallard (1985) : "Toul projel social d'enseignemenl el d'apprenlissage se conslilue<br />

dialectiquemenl avec l'i<strong>de</strong>nlification el la désignalion <strong>de</strong> contenus <strong>de</strong> savoirs comme conlenus à<br />

enseigner ... Un contenu <strong>de</strong> savoir ayant élé désigné comme savoir à enseigner subil dès lors un<br />

ensemble <strong>de</strong> transformalions adaplalives qui vonl le rendre aple à prendre place parmi les objels<br />

d'enseignemenl. Le travail qui d'un objel <strong>de</strong> savoir à enseigner fail un objel d'enseignemenl esl appelé<br />

la transposition didactique".<br />

3. Chevallard (1989) : "On appelle ici syslème <strong>de</strong> nombres lOul ensemble <strong>de</strong> nombres sur lequel on a<br />

défini une addilion, une multiplicalion, une relalion d'ordre lolal... avec <strong>de</strong>s propriélés qui aUlorisenl<br />

loule équation du premier <strong>de</strong>gré, qui n'esl pas une i<strong>de</strong>nlité, à possé<strong>de</strong>r une solulion unique... el en font<br />

un domaine d'intégrité donlla forme rappelle celle d'un corps algébrique clos".


7<br />

- qui sont autant <strong>de</strong> pré-structures sur lesquelles on appuie le calcul algébrique 4.<br />

L'ensemble <strong>de</strong>s entiers naturels, celui <strong>de</strong>s entiers relatifs, celui <strong>de</strong>s décimaux, celui <strong>de</strong>s<br />

rationnels sont les représentants les plus voyants <strong>de</strong> ces systèmes <strong>de</strong> nombres; nous<br />

pouvons y ajouter les ensembles Di (D3 contient tous les décimaux avec exactement 3<br />

chiffres <strong>de</strong>rrière la virgule) et certains sous-corps <strong>de</strong> R comme Q( ..fi.).<br />

Soulignons que cette élaboration débouche sur l'ensemble <strong>de</strong>s nombres réels, R,<br />

espace mythique que tout élève <strong>de</strong> troisième et <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> se doit d'explorer pour être<br />

en mesure d'affronter l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fonctions numériques définies et continues sur les<br />

intervalles <strong>de</strong> R. La bijection entre l'ensemble R et l'ensemble <strong>de</strong>s points d'une droite,<br />

la complétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> R qui répare les insuffisances <strong>de</strong>s ensembles D et Q à résoudre les<br />

équations et à intégrer plus tard les limites <strong>de</strong> fonctions sont autant <strong>de</strong> pré-requis<br />

supposés acquis lorsque débute l'Analyse.<br />

Et voici notre <strong>de</strong>uxième restriction : nous travaillerons au niveau <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong><br />

troisième et <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>, là où s'engage (et se termine officiellement) la construction <strong>de</strong><br />

l'ensemble R.<br />

Dans le même exposé <strong>de</strong>s objectifs et capacités valables pour le programme <strong>de</strong><br />

secon<strong>de</strong>, on peut lire : "L'emploi <strong>de</strong>s calculatrices scientifiques vient renforcer les<br />

possibilités d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s questions numériques, aussi bien pour effectuer <strong>de</strong>s calculs<br />

que pour vérifier <strong>de</strong>s résultats ou alimenter le travail <strong>de</strong> recherche. En particulier.. .les<br />

élèves doivent savoir, au moyen <strong>de</strong> leur calculatrice, effectuer <strong>de</strong>s calculs<br />

numériques..."<br />

Nous assistons à un lent mouvement qui pousse les enseignants et les élèves,<br />

confrontés à l'enjeu didactique que représente le calcul numérique, à installer la<br />

calculatrice comme partenaire particulier <strong>de</strong> leurs ébats.<br />

Quel que soit le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> ce mouvement, il nous semble opportun d'en examiner<br />

les mécanismes, <strong>de</strong> décrire les rapports que construit l'institution scolaire pour faire<br />

vivre ensemble le calcul numérique et la calculatrice. Nous choisissons d'étudier, plus<br />

précisément, le contrat didactique qui a le mérite, à nos yeux, d'objectiver les actes<br />

d'enseignement et les pratiques <strong>de</strong> classe:<br />

- d'une part en les inscrivant dans un ensemble <strong>de</strong> contraintes qui s'imposent aux<br />

partenaires (enseignants et élèves) dans le fonctionnement didactique<br />

- d'autre part en décrivant les comportements <strong>de</strong> ces partenaires dans <strong>de</strong>s règles<br />

contractuelles qu'ils reconnaissent.<br />

Résumons-nous sous la forme d'une question: quel est le contrat actuel, spécifique<br />

à la calculatrice, pour du calcul numérique en classe <strong>de</strong> troisième ou <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> <br />

4. Chevallard (1989) : "Le calcul algébrique constituera le mobile essentiel et l'outil fondamental <strong>de</strong> la<br />

construction <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> nombres successifs".


8<br />

Deuxième partie<br />

Où traquer ce contrat Dans <strong>de</strong>s lieux et à <strong>de</strong>s moments où il officie: dans les<br />

instructions officielles, dans les programmes scolaires, dans les manuels scolaires,<br />

dans l'évaluation scolaire 5 , dans les activités <strong>de</strong> classe.<br />

Voici un premier exemple pris dans l'évaluation organisée par le ministère <strong>de</strong><br />

l'Éducation Nationale à l'entrée en secon<strong>de</strong> (septembre 1996)<br />

Calculer la valeur arrondie à 10- 3 <strong>de</strong>: 4,7 x 6, 7~ 0,95 2<br />

4 7 x 6,76 - 0,95 2 ""<br />

, ..f5+1<br />

5 +1<br />

Selon ses concepteurs, "cet item teste l'utilisation <strong>de</strong> la calculatrice dans un calcul<br />

relativement complexe. Aucune erreur significative ne peut être retenue; <strong>de</strong> par sa<br />

complexité même, l'expression proposée contient plusieurs sources d'erreurs. En<br />

début <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>, les élèves ne maîtrisent pas toujours l'usage <strong>de</strong> leur calculatrice. Les<br />

résultats <strong>de</strong> la classe 6 à cet item permettront d'apprécier le temps qu'il faudra consacrer<br />

à la prise en charge <strong>de</strong> cet apprentissage". .<br />

Que doit faire l'élève Le choix <strong>de</strong>s nombres (décimaux non entiers et irrationnel),<br />

l'absence d'encadrement ou <strong>de</strong> valeur approchée disponibles pour ..f5, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d'une valeur arrondie du résultat, tout pousse l'élève dans les bras d'une calculatrice.<br />

Il <strong>de</strong>vra alors transformer l'expression numérique en une suite d'instructionsmachine,<br />

lire le résultat à l'écran et le tronquer pour obtenir 8,507. Dispose-t-il <strong>de</strong><br />

moyens <strong>de</strong> contrôle capables, notamment, <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r le <strong>de</strong>rnier chiffre En tout cas, la<br />

valeur exacte <strong>de</strong><br />

d'aucun secours.<br />

110121 .<br />

16000<br />

x (..f5 -1), écnte dans Q(..f5) ) lui est inaccessible et<br />

Regardons maintenant dans <strong>de</strong>s manuels.<br />

Nous espérons trouver dans le choix <strong>de</strong>s exercices, la formulation <strong>de</strong>s énoncés, les<br />

relations entre le cours et .les exercices, <strong>de</strong>s manifestations contractuelles entre l'auteur<br />

du manuel (l'enseignant) et l'élève.<br />

En effet, le contrat didactique gouverne la répartition <strong>de</strong>s tâches entre <strong>de</strong>ux pôles<br />

caractérisés: le cours que l'enseignant doit présenter et que l'élève doit savoir (c'est le<br />

5. Joshua et Dupin (1993) "Bien que l'évaluation ne résume pas le contrat didactique, elle en est<br />

révélatrice en certains aspects importants. L'évaluation ne sert pas seulement à juger<strong>de</strong> la conformité<br />

<strong>de</strong> la production d'élèves avec ce qui est attendu par le professeur. Elle sert aussi à une précision fine<br />

<strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> l'objet d'enseignement traité qui seront réellement <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> l'élève. Un<br />

aspect <strong>de</strong> l'objet non inscrit aux contrôles, si cette absence est systématique, se dissout comme base du<br />

contrat didactique. Ceci esl vrai, même si par ailleurs, une part importante <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong> la classe lui<br />

est consacrée."<br />

6. 19% <strong>de</strong> réussite pour le lycée <strong>de</strong> Pontcharra


9<br />

savoir institutionnel, <strong>de</strong> l'institution collège ou lycée), les exercices que l'enseignant<br />

doit fabriquer et que l'élève doit réussir 7 •<br />

- Voici <strong>de</strong>ux exercices, typiques <strong>de</strong>s entraînements au calcul numérique en classes<br />

<strong>de</strong> troisième et secon<strong>de</strong>.<br />

• (P2, p.15)8 Calculer a, b, c. Les résultats seront donnés sous forme <strong>de</strong>fractions<br />

irréductibles.<br />

5 3 2 35 4 9 6 4 3<br />

a=-+---' b=-x-x-' c=-+--­<br />

6 4 3' 36 7 10' 5 3 2<br />

• (n, p.15) Simplifier l'écriture <strong>de</strong>s quotients suivants:<br />

3-~ 4 x9 + 1<br />

A<br />

- __l_·B- 7·C-~5 __<br />

-1 l' - 2' -7<br />

-+­ 5-­ -x9+1<br />

3 5 7 6<br />

Ces énoncés proposent la même activité calculatoire, faite <strong>de</strong> manipulations sur les<br />

fractions <strong>de</strong> nombres entiers; l'un d'entre euX parle d'un jeu d'écriture et l'autre d'un<br />

calcul assorti d'une condition d'écriture sur le résultat. Les rédactions d'énoncés ne<br />

sont pas innocentes et fonctionnent comme <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s intégrés dans le contrat. Ici,<br />

l'insistance sur l'écriture <strong>de</strong>s nombres gui<strong>de</strong> l'élève sur <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s dites <strong>de</strong><br />

simplification.<br />

Remarquons aussi que l'écriture fractionnaire imposée, avec <strong>de</strong>s nombres entiers,<br />

invite l'élève à ne pas utiliser la calculatrice. Pour nous en persua<strong>de</strong>r, remplaçons le<br />

calcul<br />

Al = A par le calcul A 2<br />

= 1+ (l + 3 + 1+ 5) dont la présentation linéaire invite<br />

-+­<br />

3 5<br />

(à table) la calculatrice pour tout élève qui sait (et c'est le cas en troisième ou secon<strong>de</strong>)<br />

que la calculatrice respecte les priorités opératoires. Mais cet élève ne pourra pas écrire<br />

" Al =A = 1,8175 grâce à ma calculatrice" sans s'opposer implicitement à une<br />

-+­<br />

3 5<br />

démarche simplificatrice qu'il doit lire dans l'énoncé et qu'il doit respecter pour faire<br />

valoir son travail.<br />

Enhardissons-nous en concevant l'exercice suivant:<br />

• Utiliser une calculatrice pour donner le nombre a suivant sous forme <strong>de</strong> fraction<br />

irréductible:<br />

7. Etonnant paradoxe: ce que l'élève ne produit pas (le cours), il doit le savoir; ce qu'il produit (la<br />

résolution <strong>de</strong> l'exercice), il peut l'oublier. Mais la réussite <strong>de</strong> l'élève à l'exercice lui permet d'assumer<br />

pleinement, <strong>de</strong> son poinl <strong>de</strong> vue, sa part du contrat. Il revienl à l'enseignant <strong>de</strong> désigner les savoirs en<br />

jeu, <strong>de</strong> les opérationnaliser en exercices pour lesquels la réussite <strong>de</strong> l'élève prouve l'acquisition <strong>de</strong><br />

connaissances sur les savoirs visés.<br />

8. P2= Pythagore secon<strong>de</strong>, T3= Terracher troisième etc...Ces manuels ont été choisis pour leur<br />

renommée dans le milieu enseignant.


10<br />

532<br />

a=-+--­<br />

643<br />

L'élève pourrait effectuer à la calculatrice la séquence suivante:<br />

5+6+3+4-2+3=xI2=, lire 11 et écrire a=.!...!.. Le fera-t-il Nous en<br />

12<br />

doutons fortement. Les parties cours <strong>de</strong>s manuels ne comportent aucune théorisation<br />

susceptible d'appuyer une telle démarche. Ce sont les activités préparatoires, les<br />

travaux pratiques commentés et les "points-métho<strong>de</strong>s" qui, en marge du cours, se<br />

risquent à présenter l'usage d'une calculatrice mais en le restreignant à l'exécution du<br />

calcul sous la forme d'une suite d'instructions directement issue <strong>de</strong>s priorités<br />

opératoires (voir annexe 1).<br />

- Une autre situation algébrique 9 concerne les puissances.<br />

• (P2, p.118) Donner l'écriture simplifiée <strong>de</strong> l'expression :<br />

5 13 3 16 2 11<br />

A =215 X 514 X 315<br />

• (T2, p.27) Simplifier_au maximum:<br />

B =(0,6- 3 )3 X( _~JIO<br />

Interrogeons-nous: simplifier se comprend comme effectuer <strong>de</strong>s simplifications<br />

successives selon <strong>de</strong>s règles connues (ou à connaître) tandis que donner une écriture<br />

simplifiée indique la simplicité <strong>de</strong> l'écriture finale.<br />

Pour A cette simplicité est-elle réalisée par 2 2 X 3 1 X 5- 1 1O par ~ par 2,4 <br />

5<br />

D'autre part cet accès à la simplicité du résultat final est <strong>de</strong> fait quasiment interdit <strong>de</strong><br />

calculatrice à cause <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong> l'écriture initiale.<br />

Toujours pas <strong>de</strong> référence officielle dans les manuels pour la place <strong>de</strong>s calculatrices<br />

sinon en marge du cours. Seuls quelques exercices isolés, clairement étiquetés<br />

proposent d'employer la calculatrice. C'est le cas <strong>de</strong> l'exercice résolu suivant,<br />

accompagné d'un point métho<strong>de</strong>:<br />

• (TI, p.21) Effectuer les calculs suivants à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la calculatrice et présenter les<br />

résultats en notation scientifique:<br />

A = (~ X 10- 3 Y- 2,2 x 6,1 X 10-4<br />

B = 3,01 X 10- 2 + 0,73 x 10- 1<br />

95,2 X 10 3<br />

où toute tentative <strong>de</strong> simplification serait suicidaire!<br />

9. Nous qualifions ainsi une situation où l'enjeu mathématique rési<strong>de</strong> dans la mise en oeuvre <strong>de</strong> règles<br />

<strong>de</strong> simplification liées à la structure sous-jacente au système <strong>de</strong> nombres. Nous distinguerons les<br />

situations algébriques, géométriques, graphiques et statistiques.<br />

10. Dans quel système numérique l'élève est-il invité à travailler


11<br />

- Puis les calculs comportant <strong>de</strong>s radicaux:<br />

• (P3, p.43) Simplifier ~<br />

• (P3, p.46) Calculer et écrire sous la forme la plus simple possible (3-J7 + 1)2<br />

De nouveau <strong>de</strong>s formulations langagières qui se réfèrent à la simplification pour<br />

désigner le calcul. Il s'agit <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>rl'élève "calculateur" que les bons résultats sont<br />

ceux qui s'expriment àvec <strong>de</strong>s nombres entiers, <strong>de</strong> discréditer en conséquence la<br />

calculatrice sous le prétexte qu'elle ne peut pas fournir <strong>de</strong> tels résultats, handicapée<br />

qu'elle est par ses approximations. Pour ces raisons, l'exercice suivant:<br />

• (T3, p.55) "Prouver que A = ...J8 x.fi - 2...fi5 + 5& est un nombre entier"<br />

<strong>de</strong>vra être compris par l'élève comme interdit à sa calculatrice qui pourtant lui fournit<br />

aisément le résultat (exact).<br />

L'autorisation d'utiliser sa calculatrice viendra avec l'exercice (spécifique à la<br />

calculatrice) :<br />

• Vérifier, avec une calculatrice, que: .,J45 -..J8i5 +..J5 = 0<br />

Mais vérifier n'est pas prouver!<br />

Laissons la parole au manuel T2, p.24 qui, dans un point-métho<strong>de</strong>, nous explique<br />

le mot simplifier:<br />

"Sans autre précision, dans le contexte où nous sommes, cela voudra dire: obtenir<br />

l'écriture la plus lisible, accessible et immédiate possible (sans radicaux au<br />

dénominateur, en préférant 4...J3 à ..J48, avec le moins <strong>de</strong> symboles -( possible,<br />

etc....)" et qui note: "certaines expressions ne peuvent être simplifiées telles 3 - -J7,<br />

-,.5+2...J3 , .fi+...J3.,,11<br />

Cette note technique peut-elle lever les réticences <strong>de</strong>s élèves à manipuler les<br />

écritures numériques sous les formes simplifiées proposées Nous en doutons et<br />

nous proposons <strong>de</strong>ux raisons:<br />

1. Ces écritures sont simples pour le mathématicien savant car il les envisage au<br />

sein d'une structure algébrique stable pour certaines opérations (Q, Q (.fi» dont<br />

l'intérêt mathématique n'est pas dégagé ici. Pourrait-il l'être Dans quel type <strong>de</strong><br />

problème autre que celui <strong>de</strong> structure, cette simplification est- elle fonctionnelle<br />

2. Ces écritures ne sont pas simples pour l'élève mathématicien <strong>de</strong> troisième ou <strong>de</strong><br />

secon<strong>de</strong> qui vient <strong>de</strong> les découvrir et qui surtout dispose d'une autre écriture simple<br />

qu'il connaît bien, l'écriture décimale (avec <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> suspension, si nécessaire 12 ).<br />

Cette écriture décimale est stable pour toutes les opérations et l'apparence <strong>de</strong> stabilité<br />

est renforcée chez l'élève par l'usage <strong>de</strong>s calculatrices.<br />

11. Il faut apprécier les efforts d'explicitations présents dans ce manuel et quasi-inexistants dans<br />

d'autres.<br />

12. Il faut imaginer un système numérique hybri<strong>de</strong> <strong>de</strong> D...


12<br />

Nous rejoignons l'hypothèse que la décimalisation <strong>de</strong>s nombres, conçue par<br />

juxtaposition ou même par emboîtement 13 <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> nombres Di, constitue un<br />

obstacle (épistémologique ) au passage conceptuel <strong>de</strong> l'ensemble D à l'ensemble R.<br />

Voici <strong>de</strong>s exercices où le calcul numérique produit une signification géométrique car<br />

les nombres et les opérations renvoient à <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs et à <strong>de</strong>s manipulations <strong>de</strong><br />

nature géométrique. La plupart <strong>de</strong>s activités géométriques qui travaillent le théorème <strong>de</strong><br />

Thalès, celui <strong>de</strong> Pythagore et la trigonométrie comportent <strong>de</strong>s calculs <strong>de</strong> longueurs,<br />

d'aires, <strong>de</strong> volumes, d'angles. Ainsi:<br />

• (P3, p.52) Un rectangle a pour dimensions 28m et 63m :<br />

a) Calculer le diamètre du cercle circonscrit au rectangle,<br />

b) Un carré a la même aire que celle du rectangle. Calculer le périmètre du carré.<br />

• (P3, p.52) Une couturière doit coudre un galon tout autour d'une nappe circulaire<br />

<strong>de</strong> 2m 2 . Quelle longueur <strong>de</strong> galon doit-elle prévoir<br />

• (P3, p.1) La figure ci-<strong>de</strong>ssous représente un triangle ABC rectangle en A tel<br />

que BC = lOcm et AC = 3cm.<br />

a) Calculer AB.<br />

b) Calculer cos C ; en déduire une mesure <strong>de</strong> C à 1 0 près.<br />

c) Sachant que H est le projeté orthogonal <strong>de</strong> A sur BC, calculer une valeur<br />

approchée à0,1 cm près <strong>de</strong> AH.<br />

Remarquons tout <strong>de</strong> suite la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> valeurs approchées pour que les résultats<br />

retrouvent une intelligibilité liée à la situation géométrique. Comment expliquer.<br />

autrement la présence <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> longueur et d'angles Cette présence "appelle"<br />

celle <strong>de</strong>s nombres décimaux alors que les résultats <strong>de</strong>s calculs ne le sont pas<br />

nécessairement.<br />

Dans le premier exercice, la question a) n'attend certainement pas la réponse<br />

D = -J97 mètres mais plutôt D=68,94 mètres obtenue directement par exécution <strong>de</strong><br />

~632 + 28 2 sans simplification.<br />

Dans le <strong>de</strong>uxième exercice, nous n'imaginons pas la couturière couper<br />

2<strong>1t</strong>H mètres <strong>de</strong> galon mais plutôt 503 centimètres. La touche <strong>1t</strong> <strong>de</strong> la calculatrice f~it<br />

affaire, à la place du nombre <strong>1t</strong>. Le couple exact-inexact <strong>de</strong>s exercices précé<strong>de</strong>nts a<br />

laissé place au couple approché-inexact car la valeur exacte, non décimale, ne présente<br />

plus d'intérêt. Au jeu numérique d'approximation, la calculatrice s'impose d'emblée<br />

car il n'est pas question <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s encadrements <strong>de</strong> 2<strong>1t</strong>~ même après sa<br />

transformation en ..j8ii. Et pourtant, quel crédit apporter à la calculatrice La<br />

<strong>de</strong>uxième décimale après la virgule est-elle saine si oui, pourquoi <br />

13. Hypothèse déjà formulée par Izorche en 1977 et Margolinas en 1988 et travaillée par Branner<br />

(1997).


13<br />

Dans le troisième exercice, posé au Brevet <strong>de</strong>s Collèges en 1990, il était possible en<br />

utilisant <strong>de</strong>s relations métriques· ( AH x BC =AB x AC ) <strong>de</strong> conduire l'élève au résultat<br />

exact AH = ..../819 . 11 Ya volonté manifeste <strong>de</strong> passer par les angles quitte à vali<strong>de</strong>r la<br />

10<br />

démarche par le recours à la calculatrice. On a alors :<br />

AH = ACxsin(cos-10,3) = 2,8à'1O- 1 près par défaut.<br />

La calculatrice, maintenant admise, ou justifie une valeur approchée ou réalise un<br />

calcul jugé impossible sans elle, ou exécute un calcul jugé inintéressant.<br />

Les parties cours, maintenant, mentionnent le recours à la calculatrice (les tables<br />

trigonométriques d'autrefois) et les points-métho<strong>de</strong>s y reviennent longuement (T3<br />

p.202, P3 p.169-l70).<br />

Mais pas plus que dans les situations algébriques susmentionnées, la pertinence <strong>de</strong><br />

son usage n'est éclairée ni justifiée.<br />

Tenninons cette analyse préalable par un sourire:<br />

(TI 10)V "fi '1 1 1" (21,08+2,44)x(61,7-8,5) 1995<br />

• , p. en 1er a a ca cu atrIce que: =<br />

1,12xO,56<br />

Par quel miracle mathématique, <strong>de</strong>s calculs si compliqués avec <strong>de</strong>s nombres<br />

décimaux non entiers peuvent-ils donner un nombre entier Faut-il croire la<br />

calculatrice, elle d'ordinaire si suspecte <strong>de</strong> trahisons dans les divisions" Changeons<br />

l'exercice qui <strong>de</strong>vient:<br />

• Expliquer qu'il faut avoir confiance dans la calculatrice quand elle fournit l'égalité<br />

. (21,08+2,44)x(61,7-8,5) 1995<br />

SUIvante: =<br />

1,12xO,56<br />

mais qu'il ne faut pas gar<strong>de</strong>r' cette confiance quand elle indique que<br />

123456,23 + 991 =123457.<br />

1287<br />

Troisième partie<br />

NouS sommes en mesure maintenant <strong>de</strong> présenter <strong>de</strong>ux hypothèses conjointes pour<br />

décrire le contrat:<br />

- il intègre l'appréciation, par chacun <strong>de</strong>s partenaires, du pouvoir mathématique <strong>de</strong><br />

l'instrument <strong>de</strong> calcul,<br />

- il intègre la distinction, dans le calcul numérique, entre exécution et simplification.<br />

Cette <strong>de</strong>scription du contrat, autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sources <strong>de</strong> contraintes, con<strong>de</strong>nse<br />

plusieurs constats:<br />

- la dualité du calcul numérique, à la fois outil <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> problèmes et objet<br />

d'étu<strong>de</strong> pour impulser ou appuyer <strong>de</strong>s démarches algébriques;


14<br />

.: l'existence <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> nombres choisis pour leur plasticité didactique, soit<br />

réselVoirs numériques, soit pré-structures algébriques;<br />

- la prééminence théorique <strong>de</strong> l'ensemble préconstruit R ;<br />

- les capacités, actuelles, <strong>de</strong>s calculatrices, essentiellement axées sur l'exécution <strong>de</strong>s<br />

calculs dans un système numérique inclus dans l'ensemble D ;<br />

- l'obligation <strong>de</strong> mener <strong>de</strong>s approximations numériques avec <strong>de</strong> faibles bagages<br />

théoriques.<br />

Présentons chacune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux hypothèses <strong>de</strong> façon plus détaillée.<br />

Première hypothèse (centrée sur la calculatrice)<br />

La calculatrice dispose d'une autorité mathématique dans la mesure où ce qu'elle<br />

affiche peut faire autorité. Cette autorité relève d'un pouvoir mathématique qui<br />

s'impose <strong>de</strong> facto aux élèves et à l'enseignant. Ceux-ci, conjointement ou séparément<br />

selon les situations, composent avec ce pouvoir.<br />

La reconnaissance du pouvoir<br />

Dans l'exercice <strong>de</strong> P3 p.177, présenté précé<strong>de</strong>mment, la longueur AH s'obtient par<br />

3 xsin(cos- 1 0,3) et chacun s'en remet à la calculatrice en ne doutant pas qu'elle<br />

fournisse un résultat conforme aux exigences mathématiques.<br />

L'égalité ou la suite d'égalités qui résume mathématiquement le calcul <strong>de</strong><br />

l'expression numérique <strong>de</strong>vient une suite d'instructions que réalise la machine. Ce<br />

travail effectué par la machine apparaît à tous comme un travail mathématique et il est<br />

d'autant plus digne d'intérêt que la machine le fait vite et qu'elle est la seule, dans<br />

certaines circonstances, à pouvoir le faire.<br />

Que la calculatrice agisse comme une boîte noire importe peu, puisqu"'elle a la<br />

courtoisie <strong>de</strong> ne rien laisser paraître - ou presque - du travail mathématique cristallisé en<br />

elle." (Chevallard, 1987). Cela se passait ainsi avec les tables trigonométriques. Cela<br />

se passe encore ainsi avec la plupart <strong>de</strong>s algorithmes d'opérations qui, une fois<br />

enclenchés, fournissent un résultat incontesté.<br />

La quantité <strong>de</strong> mathématiques invisibles qu'elle contient renforce le pouvoir <strong>de</strong> la<br />

machine.<br />

La remise en cause du pouvoir<br />

La calculatrice ne donne du pouvoir qu'à celui qui la courtise: l'utilisateur doit<br />

élaborer les instructions, les saisir; il doit lire le résultat et le communiquer; il doit<br />

maîtriser l'instrument et même apprendre son fonctionnement 14.<br />

14. Rabar<strong>de</strong>l (1995) décrit l'impact d'un instrument sur l'activité cognitive <strong>de</strong> son utilisateur et<br />

conclut ainsi: " le contrôle <strong>de</strong> l'ouverture du champ <strong>de</strong>s actions possibles comme <strong>de</strong> l'activité requise<br />

(activité du sujet exigée par l'instrument pour son utilisation et son appropriation) constituent <strong>de</strong>ux<br />

dimensions importantes <strong>de</strong> l'usage éducatif <strong>de</strong>s instruments". Il précise auparavant: "Disposer d'une<br />

machine "à forte puissance <strong>de</strong> calcul peut aussi bien permellre d'explorer <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> tâches<br />

mathématiques autrement inaccessibles, que supprimer <strong>de</strong>s activités en elle-même formatives. De la<br />

même façon, les dimensions <strong>de</strong> structuration <strong>de</strong> l'action dont est porteur l'instrument ont la même<br />

ambivalence. Elles ren<strong>de</strong>nt possibles pour le sujet <strong>de</strong> nouvelles modalités d'organisation <strong>de</strong> son action,<br />

renouveler par exemple les conditions d'implications réciproques <strong>de</strong>s buts et <strong>de</strong>s moyens,


15<br />

De plus la machine travaille en laissant peu <strong>de</strong> traces si bien que la vigilance<br />

mathématique change <strong>de</strong> nature et <strong>de</strong> forme. Elle ne peut plus s'exercer continûment<br />

sur le processus <strong>de</strong> calcul lui-même (la suite d'égalités) mais en <strong>de</strong>ux temps distincts,<br />

l'un en amont (quelles instructions ), l'autre en aval (quel résultat ). Le contrôle sur<br />

les instructions nécessite <strong>de</strong>s apprentissages (et <strong>de</strong>s enseignements) nouveaux, le<br />

contrôle sur le résultat lui-même requiert souvent <strong>de</strong>s connaissances mathématiques<br />

différentes <strong>de</strong> celles qui sont en jeu dans le calcul lui-même (appartenance du nombre à<br />

un ensemble, ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, valeurs approchées, etc....).<br />

N'oublions pas qu'un calcul numérique ne possè<strong>de</strong> d'existence mathématique qu'au<br />

sein d'un système <strong>de</strong> nombres qui englobe tant les nombres <strong>de</strong> l'expression numérique<br />

que le nombre appelé résultat <strong>de</strong> calcul. Même si le système <strong>de</strong> nombres n'est pas<br />

toujours explicité (en fin <strong>de</strong> troisième et en secon<strong>de</strong>, c'est souvent l'ensemble R, par<br />

défaut), il n'est pas absent. Celui <strong>de</strong> la calculatrice n'est ni Q, ni R et encore moins<br />

l'ensemble D, contrairement aux apparences. Aucun <strong>de</strong>s nombres <strong>de</strong> la calculatrice n'a<br />

les propriétés mathématiques du nombre auquel il emprunte son écriture décimale. La<br />

calculatrice fournit un modèle <strong>de</strong> R très performant dans <strong>de</strong> nombreux calculs mais ce<br />

modèle ne peut être confondu avec l'ensemble R officialisé dès la classe <strong>de</strong> troisième.<br />

Deuxième hypothèse (centrée sur le calcul numérique)<br />

Un calcul est une succession d'opérations sur <strong>de</strong>s nombres dont l'aboutissement est<br />

le résultat. Nous appelons simplification du calcul toute conduite qui inscrit la totalité<br />

<strong>de</strong>s opérations dans un système <strong>de</strong> nombres considéré comme une structure algébrique<br />

et qui i<strong>de</strong>ntifie le résultat à un élément <strong>de</strong> cette structure. Nous appelons exécution du<br />

calcul toute conduite qui consiste à produire un nombre reconnu comme le meilleur<br />

représentant du résultat dans un système <strong>de</strong> nombres considéré comme un réservoir<br />

numérique.<br />

L'exécution du calcul<br />

Elle obéit à la nécessité <strong>de</strong> disposer du résultat du calcul sans vraiment s'intéresser<br />

au calcul lui-même. Cette nécessité presque toujours dictée par l'intégration du calcul<br />

dans une autre activité (mathématique ou non) conduit à trouver une valeur 15 (dite<br />

exacte ou dite approchée). Nous l'avons rencontrée dans les situations géométriques<br />

mais elle existe aussi en analyse (les valeurs d'une fonction numérique), en statistiques<br />

(la valeur moyenne d'une série). L'exécution est réalisée essentiellement grâce aux<br />

règles ~e priorité et à divers procédés d'approximation décimale, si besoin est. Dans ce<br />

mo<strong>de</strong>, le calcul peut être interprété comme une suite d'instructions disponibles sur<br />

toute calculatrice scientifique. Il suffit d'i<strong>de</strong>ntifier, entre autres, le signe = avec la<br />

touche EXE. Avec les éditeurs d'expression actuels, la transformation du calcul<br />

ressemble à un recopiage, à condition d'avoir linéarisé l'expression numérique.<br />

d'enchaînement <strong>de</strong>s bulS et souS-bulS, <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> l'action, mais elles fennent la porte à d'autres<br />

possibles."<br />

15 La valeur d'un nombre n'est pas le nombre lui-même. A la question "combien vaut .fi 7", est-il<br />

possible <strong>de</strong> répondre" .fi"7 C'est le système numérique choisi (grâce au contexte) qui "valorise" le<br />

nombre.


16<br />

L'ensemble D fait office <strong>de</strong> réservoir numérique, ce qui renforce la décimalisation <strong>de</strong>s<br />

nombres réels 16 , vivace chez les élèves jusque dans l'enseignement supérieur.<br />

La simplification du calcul<br />

Elle obéit à la nécessité <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r les liens entre les différents nombres et <strong>de</strong><br />

construire <strong>de</strong>s structures numériques, le plus souvent <strong>de</strong>s sous-corps <strong>de</strong> R. Cette<br />

nécessité souvent dictée par <strong>de</strong>s sollicitations algébriques conduit à trouver un<br />

nombre 17 (élément d'un ensemble numérique structuré ). La simplification est réalisée<br />

essentiellement grâce aux règles <strong>de</strong> simplification (appelées onnules au lieu <strong>de</strong><br />

théorèmes et présentées avec <strong>de</strong>s lettres comme (a x b)2 =a 2 x b2) et rarement suivie<br />

<strong>de</strong> procédures d'approximation qui pourraient obliger à sortir du système <strong>de</strong> nombres<br />

choisi. Dans ce mo<strong>de</strong>, la transfonnation du calcul pour le rendre réalisable par la<br />

calculatrice, passe par l'élaboration <strong>de</strong> programmes spécifiques, à moins <strong>de</strong> disposer<br />

d'une calculatrice dont les capacités en calcul fonnel couvrent toutes les gammes<br />

imaginables <strong>de</strong> simplification. Les nombres entiers sont privilégiés même dans R. Les<br />

fonnes ~,a..,Jb, c + a..,Jb , où a, b, c sont <strong>de</strong>s entiers, indiquent l'arrêt du calcul pour<br />

b<br />

empêcher son exécution ou sa simplification abusive. Exécuter 2 + 3-fi est un crime<br />

car le résultat décimal ne contient plus les bonnes informations sur la place du nombre<br />

2 + 3-fi dans l'ensemble structuré R. Simplifier 2 +3-fi en 5-fi renie les règles <strong>de</strong><br />

priorités opératoires. Ces mêmes nécessités conduisent à sanctifier le nombre <strong>1t</strong> et plus<br />

tard le nombre e qui ne sont pas réductibles dans leur écriture à <strong>de</strong>s entiers.<br />

Ces <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s, parce qu'ils n'insèrent pas le calcul numérique <strong>de</strong> la même façon<br />

dans la mathématique, sont distingués au point d'être séparés et même opposés dans<br />

les démarches didactiques. L'exécution y apparaît comme la production d'une valeur,<br />

la simplification comme la production d'égalités numériques. Par la première, le calcul<br />

numérique sert d'outil <strong>de</strong> résolution d'un problème qui lui est extérieur; par la<br />

secon<strong>de</strong>, il est traité comme un objet 18 dont les propriétés, au regard <strong>de</strong> la structure<br />

algébrique, et non les usages, sont jugées intéressantes.<br />

La concurrence pour ne pas dire l'opposition entre les <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calcul est une<br />

création <strong>de</strong> la transposition didactique; on ne la retrouve pas dans les activités<br />

mathématiques libérées <strong>de</strong>s finalités didactiques qui, au contraire, mobilisent la<br />

concourance <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s.<br />

Cette concurrence rejaillit sur les rapports entre l'homme calculateur et la machine<br />

calculatrice. Pour caricaturer, l'exécution est machinale et la simplification est réfléchie.<br />

16. Neyret (1995), en étudiant les rapports aux systèmes <strong>de</strong>s nombres à la fin du collège et à l'entrée à<br />

1'1.U.F.M.( Institut <strong>de</strong> Formation <strong>de</strong>s Maîtres), montre la force el la persiSLance <strong>de</strong> ce phénomène.<br />

17. Plutôt que <strong>de</strong> trouver un nombre, il s'agit <strong>de</strong> retrouver le nombre sous un autre habillage, une autre<br />

écriture.<br />

18. Nous faisons réference à la notion <strong>de</strong> dialectique oUlil-objet que Douady (1986) décrit ainsi: "c'est<br />

un processus cyclique organisant les rôles respectifs <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong>s élèves, au cours duquel les<br />

concepts mathématiques jouent alternativement le rôle d'outil pour résoudre un problème et d'objet<br />

prenant place dans la construction d'un savoir organisé".


17<br />

Quatrième partie<br />

Comment le contrat didactique, tel que nous le présentons, régit-il les rapports<br />

calculs-calculatrices dans le quotidien <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> troisième ou <strong>de</strong> secon<strong>de</strong><br />

Essentiellement, en produisant <strong>de</strong>s normes, <strong>de</strong>s règles, <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong><br />

conduites chez les élèves et les professeurs. Nous regroupons quelques-unes <strong>de</strong> ces<br />

règles autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lignes <strong>de</strong> force.<br />

La territorialité <strong>de</strong> la calculatrice<br />

Sur initiative <strong>de</strong> l'enseignant, la calculatrice est écartée <strong>de</strong> certains calculs et l'élève<br />

apprend à respecter publiquement cette territorialité, notamment dans la résolution<br />

d'exercices. Cette territorialité cherche, d'une part, à interdire <strong>de</strong> calculatrice tout calcul<br />

que l'enseignant conçoit comme une simplification, d'autre part, à recomman<strong>de</strong>r la<br />

calculatrice s'il s'agit d'une exécution jugée difficilement accessible voire inaccessible à<br />

la main. Cette construction est lisible:<br />

- dans les consignes péremptoires du type "calculer sans calculatrice" ou "calculer<br />

avec calculatrice",<br />

- dans les stratégies langagières déployées par les auteurs <strong>de</strong> manuels : calculer<br />

<strong>de</strong>vient simplifier, écrire, ... ou bien calculer <strong>de</strong>vient calculer une valeur approchée<br />

<strong>de</strong> ...,<br />

- dans l'insistance sur les expressions 'valeurs exactes', 'valeurs approchées',<br />

- dans le choix <strong>de</strong>s nombres et <strong>de</strong>s symboles présents dans les calculs : petits<br />

nombres entiers (2 chiffres au plus) ou nombres décimaux non entiers, écriture<br />

fractionnaire ou écriture décimale, etc....,<br />

- dans le choix du résultat attendu: obtenir un nombre entier, c'est un indice <strong>de</strong><br />

bonne conduite "simplificatoire" !<br />

Cette territorialité différencie les conduites calculatoires qui <strong>de</strong>viennent soit<br />

"simplificatoires", soit "exécutoires". Calculer ~+ 2 relève d'un algorithme manuel<br />

3 4<br />

(dont la machine est exclue; son intervention est acceptée, à la rigueur, dans un<br />

contrôle final) et calculer 4 7t (1,5)3 relève d'un algorithme conçu pour la machine;<br />

3<br />

l'intervention humaine est cantonnée à la mise en place <strong>de</strong> cet algorithme et acceptée, à<br />

la rigueur, dans le contrôle final).<br />

Nous appelons algorithmes machinistes (ou calculogrammes ou séquencesmachines)<br />

les organisations <strong>de</strong>s calculs directement intégrables en machine. Par<br />

4 .<br />

exemple: -7t(1,5)3 = 4+ 3 x 7t x 1,5x Y 3 "" 14,14.<br />

3<br />

Ces algorithmes ont remplacé les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calcul numérique approché bâties sur<br />

les notions d'encadrement, d'erreur absolue, d'erreur relative et sur l'utilisation <strong>de</strong><br />

tables ou <strong>de</strong> règles à calcul 19; ne subsistent que la notion d'ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong><br />

19. A disparu également l'algorithme manuel d'extraction d'une racine carréé qui fournissait<br />

"automatiquement" la valeur décimale approchée par défaut avec la précision désirée. Cet algorithme,


18<br />

chiffres significatifs. L'élève doit apprendre, sans justification théorique sous-jacente,<br />

à se débarrasser <strong>de</strong> chiffres encombrants et douteux grâce aux troncatures et aux<br />

arrondis 20 .<br />

Les trois états du résultat<br />

Le calcul d'une expression numérique se termine avec la production d'un unique<br />

nombre appelé résultat.<br />

Voici une affirmation dont les fon<strong>de</strong>ments théoriques ne sont pas explicités en<br />

classe mais qui agit comme une règle contractuelle entre l'enseignant et l'élève<br />

"calculateurs. L'unicité du résultat qui réalise le calcul (il lui restitue sa réalité) en<br />

permet, en effet, la critique objective. Elle autorise à la fois la contestation et la<br />

validation du résultat mais elle doit s'accommo<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la multiplicité <strong>de</strong>s écritures du<br />

nombre. Le professeur rejette 5,828 qui ne remplace pas 3+ 2.J2 comme résultat <strong>de</strong><br />

(1 + .J2)2 et il accepte 3+ -VS. Notons que la calculatrice maintient l'unicité du résultat<br />

au prix d'une décimalisation qui fournit prétexte à <strong>de</strong> nombreuses contestations.<br />

Une <strong>de</strong>uxième règle contractuelle intervient alors: le résultat est soit exact, soit<br />

approché, soit inexact.<br />

Ces trois états distincts du résultat (aussi appelés valeurs) organisent la coexistence<br />

entre l'exactitu<strong>de</strong> et l'approximation (ou plutôt la proximité), coexistence mise à mal<br />

par l'usage <strong>de</strong> la calculatrice. Les contestations sur l'exactitu<strong>de</strong> du résultat proposé<br />

n'aboutissent pas nécessairement à son rejet car elles peuvent s'accommo<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />

l'annonce publique d'une approximation. L'enjeu est alors quelquefois reporté sur la<br />

précision <strong>de</strong> cette approximation. La précision <strong>de</strong>vient le chemin vers l'exactitu<strong>de</strong>.<br />

Dans le calcul <strong>de</strong> (l + .J2)2, s'il annonce 5,82842712474, avec tous les chiffres <strong>de</strong><br />

sa calculatrice, l'élève manifeste sa volonté <strong>de</strong> répondre le plus exactement possible et<br />

espère que le professeur appréciera ce souci d'exactitu<strong>de</strong>. Mais ce <strong>de</strong>rnier n'accepte pas<br />

la remise en cause du contrat <strong>de</strong> simplification s'il juge qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> doute sur<br />

ses intentions.<br />

La règle n'est pas employée seulement par l'élève qui "fuit" ses responsabilités. Elle<br />

sert aussi au professeur qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> calculer avec le nombre x <strong>de</strong> l'intervalle [0 ;<br />

7t/2], dont le cosinus est 0,3 (x = cos- 1 0,3), qui sait ne pas disposer d'autres écritures<br />

pour engager <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> simplification (avec les nombres transcendants, il<br />

faudrait <strong>de</strong>s outils plus perfectionnés comme les nombres complexes ou les séries<br />

entières) et qui va se contenter, sans justifier pleinement sa démarche, <strong>de</strong> la valeur<br />

approchée fournie par la calculatrice.<br />

Un contrat fonctionne d'autant mieux qu'il peut s'articuler autour <strong>de</strong> quelques<br />

règles pérennes qui permettent aux partenaires (élèves et enseignant) <strong>de</strong> penser et<br />

comme celui <strong>de</strong> la division, normalisait l'approximation sous sa forme décimale et éludait ainsi la<br />

délicate question <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> la précision obtenue par un algorithme.<br />

20. Notons que certaines calculatrices proposent <strong>de</strong>s algorithmes pour simplifier (simplifier les<br />

fractions mais aussi au-<strong>de</strong>là pour la nouvelle TI-92). Outre que leurs performances et leurs champs<br />

d'action sont encore très limités (nombre <strong>de</strong> chiffres par exemple), elles présentent, aux yeux <strong>de</strong><br />

l'enseignant, le vice rédhibitoire d'opacifier la démarche mathématique, <strong>de</strong> transformer la simplification<br />

en exécution dont les qualités formatrices sont jugées douteuses.


19<br />

d'agi~l. Ces règles ne reçoivent pas <strong>de</strong> consécration 'officielle, elles sont sujettes à <strong>de</strong>s<br />

évolutions et à <strong>de</strong>s adaptations locales, elles acceptent <strong>de</strong>s interprétations différentes<br />

chez les uns et chez l'autre, mais, par leur prégnance, elles servent <strong>de</strong> références pour<br />

la poursuite <strong>de</strong> l'enseignement et constituent autant <strong>de</strong> "significations didactiques"<br />

(Joshua, 1988) du savoir concerné.<br />

Celles que nous avons dégagées ici, à partir <strong>de</strong>s hypothèses présentées<br />

précé<strong>de</strong>mment, nous paraissent suffisamment stables et générales pour traduire un<br />

large éventail <strong>de</strong> comportements. Malgré leurs effets contradictoires, elles peuvent<br />

coexister dans une même situation didactique.<br />

Cinquième partie<br />

Pour pouvoir observer certaines manifestations du contrat, nous avons imaginé<br />

pour <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> une série d'exercices qui croise <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s:<br />

- placer les élèves hors du contrat habituel,<br />

- obliger les élèves à un débat suivi d'une décision.<br />

Aussi certains exercices ont été conçus avec l'idée que l'élève cherchera à inscrire sa<br />

réponse dans les règles du contrat alors que la question rompt avec le contrat. Des<br />

qualités <strong>de</strong> cette rupture dépend la possibilité pour nous d'interpréter la réponse 22 .<br />

D'autres exercices provoquent un débat entre <strong>de</strong>ux élèves confrontés à <strong>de</strong>ux résultats<br />

différents et nous essayons <strong>de</strong> comprendre la décision prise par les <strong>de</strong>ux protagonistes.<br />

Nous reproduisons, dans l'annexe 2, l'ensemble <strong>de</strong>s fiches fournies aux élèves lors<br />

<strong>de</strong> cette expérimentation, présentée aux élèves et aux professeurs comme une séance<br />

modulaire (durée <strong>de</strong> la séance: 1 h 20 ; nombre d'élèves ~ 18). Sept classes du lycée<br />

Pierre du Terrail à Pontcharra, soit un peu plus <strong>de</strong> 200 élèves y ont participé, en février<br />

1996.<br />

L'expérimentation contient dix expressions numériques à calculer. Dans un premier<br />

temps, chaque expression (E) reçoit <strong>de</strong>ux réponses RA et RB <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux élèves<br />

A et B. L'élève A dispose d'une feuille <strong>de</strong> brouillon sans calculatrice tandis que l'élève<br />

B dispose d'une calculatrice sans feuille <strong>de</strong> brouillon. Les <strong>de</strong>ux élèves A et B<br />

fournissent <strong>de</strong>s résultats individuels puis sont réunis en paires A-B. Dans un <strong>de</strong>uxième<br />

temps,. chaque paire A-B, disposant <strong>de</strong> calculatrices et <strong>de</strong> feuilles <strong>de</strong> brouillon, examine<br />

les réponses RA et RB puis produit une réponse RAB.<br />

21. Nous pourrions parler <strong>de</strong> clauses mais ce terme juridique évoque <strong>de</strong>s engagements écrits et <strong>de</strong>s<br />

signatures que l'on chercherait en vain dans notre contrat. Citons <strong>de</strong> nouveau Chevallard (1988) : "De<br />

l'entrée dans le contral procè<strong>de</strong> un savoir qui ne peut être mis en texte. Savoir pratique par excellence<br />

(comme dirait Bourdieu), exemplairement rebelle à toute recension qui se voudrait exhaustive, il tire <strong>de</strong><br />

cela même son efficacilé particulière. Toute objectivation intempestive (et nécessairement locale.<br />

partielle) en brouilleraille fonctionnement".<br />

22. D'après Schubauer-Leoni (1988) : "C'est en effet dans ces cas <strong>de</strong> violation du pacte, que certaines<br />

règles sont alors énoncées et que la nature du contrat apparaît...Etudier ce qui est implicite dans la<br />

gestion contracluelle <strong>de</strong> la relation tripolaire (enseignant. élève, savoir), nécessite la mise en oeuvre <strong>de</strong><br />

démarches, <strong>de</strong> recherches aptes à atteindre le jeu <strong>de</strong>s attentes mutuelles sans pour autant en entraver le<br />

fonctionnement" .


20<br />

Nous présentons, ici, un extrait <strong>de</strong> cette expérimentation, autour <strong>de</strong>s trois prenùers<br />

exercices.<br />

Analyse <strong>de</strong>s exercices<br />

Tous les exercices sont bâtis sur le même socle mathématique contenu dans la<br />

consigne : calculer une expression numérique (Ei). L'usage ou le non-usage <strong>de</strong> la<br />

calculatrice est imposé et la rédaction d'explications est fortement suggérée.<br />

En décidant d'indiquer l'action mathématique par le seul verbe calculer, nous<br />

réduisons pour l'élève les possibilités d'interpréter l'intention didactique. Il lui reste la<br />

consigne sur la calculatrice -interdiction ou autorisation - et l'écriture <strong>de</strong> l'expression<br />

numérique dont nous pensons qu'elle sert <strong>de</strong> balise fortement ancrée au contrat.<br />

Pour cette écriture, nous avons croisé- <strong>de</strong>ux variables : la nature <strong>de</strong>s nombres<br />

(entier, décimal non entier, non décimal) et les symboles opératoires (division avec<br />

trait <strong>de</strong> fraction, division avec le symbole: puissances, radicaux).<br />

Nous avons aussi, par référence à nos hypothèses, utilisé la variable "territorialité"<br />

avec trois valeurs: territoire interdit à la calculatrice (Tl), territoire recommandé à la<br />

calculatrice (T2), territoire autorisé à la calculatrice (TI). Nous avons évité que les<br />

calculs soient réalisables mentalement tout en les laissant à la portée d'un élève <strong>de</strong><br />

niveau moyen.<br />

Nous vérifions l'activité <strong>de</strong>s règles contractuelles repérées précé<strong>de</strong>mmment en<br />

examinant les conduites <strong>de</strong>s élèves A, <strong>de</strong>s élèves B, celles <strong>de</strong>s paires A-B et leurs<br />

choix. Par exemple, le calcul <strong>de</strong> 19 - 12: 7 s'intègre, d'après nos hypothèses, dans un<br />

contrat d'exécution dans l'ensemble D, que nous appelons contrat décimal, avec<br />

calculatrice autorisée voire recommandée. Ce contrat induit chez l'élève, même démuni<br />

<strong>de</strong> calculatrice, une conduite décimale. C'est en interdisant la calculatrice à l'élève que<br />

nous dévoilons le contrat car l'effet contractuel continue à s'exercer, en produisant <strong>de</strong>s<br />

nombres d eclmaux " au )' leu <strong>de</strong>-.<br />

121<br />

7<br />

Détaillons les réponses possibles pour chacun <strong>de</strong>s trois calculs choisis,<br />

-(El) 19-12:7<br />

Élève A - Cette division "qui ne tombe pas juste" doit quand même être effectuée<br />

sinon il serait écrit 19 - ~. Telle <strong>de</strong>vrait être la réaction <strong>de</strong> cet élève. Restera le choix<br />

7<br />

du nombre <strong>de</strong> chiffres après la virgule. On peut donc s'attendre principalement aux<br />

réponses suivantes:<br />

17,2 ; 17,28; 17,285 ] conduite décimale<br />

121<br />

Jconduite fractionnaire<br />

7<br />

mais aussi à 1 par refus <strong>de</strong> priorité ou par évitement <strong>de</strong> la division ; et<br />

accessoirement à 17,285714 qui traduit une connaissance sur les écritures décimales<br />

illinùtées <strong>de</strong>s nombres rationnels.


21<br />

Élève B - Pour cet élève, il suffit d'exécuter le calcul et <strong>de</strong> choisir le nombre <strong>de</strong><br />

chiffres après la virgule en arrondissant ou pas.<br />

L'absence <strong>de</strong> consigne et <strong>de</strong> renseignement concernant la précision attendue<br />

conduira, soit à la mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> tous les chiffres <strong>de</strong> la calculatrice (l'exactitu<strong>de</strong><br />

assurée à force <strong>de</strong> précision), soit au choix d'une approximation décimale<br />

"raisonnable" (10-2 , 10- 3 , •• ).<br />

Paire A-B - Nous déduisons <strong>de</strong> nos analyses préalables que la lecture décimale <strong>de</strong><br />

l'expression va primer la lecture fractionnaire et que l'efficacité d'une calculatrice<br />

emportera la conviction <strong>de</strong> tous ceux qui n'associent pas l'exactitu<strong>de</strong> à l'écriture<br />

fractionnaire. Nous envisageons aussi une remise en cause locale <strong>de</strong> l'unicité du<br />

121<br />

résultat sous la forme d'une fausse égalité comme - = 17 285 ou comme<br />

121 "" 17,285.<br />

7<br />

47 1<br />

-+­<br />

13 21<br />

5 12<br />

---<br />

7 39<br />

7 '<br />

Voici un exercice au coeur du contrat fractionnaire habituel exprimé généralement<br />

par le verbe simplifier qui va conduire l'élève A vers 1000 ou toute autre écriture<br />

111<br />

fractionnaire exacte ou inexacte mais gêner l'élève B qui n'imagine pas <strong>de</strong> se retrouver<br />

seul avec la calculatrice pour réussir ce calcul. Le recours aux parenthèses ou aux<br />

mémoires <strong>de</strong> la machine lui est pénible. Pourtant 13x21=7x39 et il reste à effectuer<br />

d'une part, 47x21+l3, d'autre part, 5x39-12x7 pour obtenir l'écriture \~. En fait,<br />

la calculatrice est là pour obtenir <strong>de</strong> "bonnes" valeurs approchées décimales et on peut<br />

s'attendre à toutes les écritures décimales possibles comme 9 ou 9,009 ou 9,1 ; etc....<br />

Lors <strong>de</strong> la confrontation A-B, l'écriture fractionnaire <strong>de</strong>vrait nettement plus se<br />

maintenir que dans l'exercice (El) puisque l'expression numérique à calculer ne<br />

comporte que <strong>de</strong>s fractions.<br />

• (8) 15: 7<br />

14:5<br />

La présence du trait <strong>de</strong> fraction peut conduire l'élève A, malgré la mixité <strong>de</strong><br />

l'écriture (a + b et a), sur les schèmes contractuels <strong>de</strong> la simplification et aboutir à <strong>de</strong>s<br />

b<br />

, 75. 3 2 6<br />

reponses exactes - ou mexactes -, -, .<br />

98 2 3<br />

L'élève B <strong>de</strong>vrait en rester à une exécution du calcul soit sous forme linéaire<br />

(15 + 7) + (14 + 5) soit sous forme arborescente du type:


22<br />

15 + 7 EXE 2,14 _<br />

1 ----------> 2,14+ 2,7<br />

14+ 5 EXE 2,7 -------­<br />

75 .<br />

La confrontation A-B consistera, d'après nous, à vérifier que 98 = 0,765... et<br />

l'importance relative du choix <strong>de</strong> 75 indiquera l'attractivité du contrat fractionnaire.<br />

98<br />

Sixième partie<br />

Nous disposons <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sources d'infonnations sur le comportement <strong>de</strong> l'élève ou<br />

<strong>de</strong> la paire d'élèves: d'une part, le résultat qu'il ou elle présente pour l'expression<br />

désignée, d'autre part, les commentaires et explications qu'il ou elle accepte <strong>de</strong> fournir<br />

sous la fonne <strong>de</strong> calculs intennédiaires, <strong>de</strong> calculogrammes ou <strong>de</strong> commentaires. Il faut<br />

y ajouter quelques indiscrétions orales recueillies par les professeurs qui nous furent<br />

transmises et une séance d'enregistrements <strong>de</strong> certains débats chez les paires A-B 23.<br />

S'il est assez facile <strong>de</strong> recenser et <strong>de</strong> dénombrer les résultats, il s'avère plus délicat <strong>de</strong><br />

prendre en compte les explications associées car elles sont brouillonnes et très<br />

diverses. Nous nous efforcerons cependant d'en intégrer quelques unes dans notre<br />

analyse.<br />

Pour chaque expression numérique (Ei), nous présentons:<br />

- un tableau <strong>de</strong>s effectifs (ramenés à 100) <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> réponses <strong>de</strong>s élèves A et B<br />

- un exemple <strong>de</strong> réponse d'une paire A-B.<br />

~ mmm<br />

IIM<br />

A B A·B<br />

23 6 20<br />

53 58 52<br />

18 12<br />

0 3 3<br />

21 14 7<br />

3 1 0<br />

0 0 6<br />

100 100 100<br />

23. Cene séance a eu lieu fin octobre 1996. Son exploitation n'est pas intégrée dans cet article.<br />

24. 11 s'agit <strong>de</strong>s valeurs décimales approchées, par défaut ou par excès, à lO- n près où n est un entier<br />

naturel.


23<br />

A<br />

B<br />

A-B<br />

17,3<br />

~=17 ; 19-1,7 = 17,3<br />

7 '<br />

17,29<br />

17,29<br />

19-12: 7 = 17,29<br />

nous avœs drisi e caW. avec ~ JD'Ce qœ e caW. nurrMJue ne<br />

peIlmJŒœcrriner ~2 œquifausse~t111I<strong>1t</strong>ereiUhat<br />

A-B<br />

B<br />

8 21<br />

2 5<br />

41 34<br />

11 9<br />

11 7<br />

19 19<br />

1 4<br />

7 1<br />

nx~ 100 100 100<br />

A<br />

1


24<br />

75<br />

15 14 15 5<br />

A - -:-=-x-=<br />

98 7 5 7 14<br />

B 0,765305122449 (15 :7) :(14: 5) on nelX'Jt~ faire <strong>de</strong>fiafuns<br />

A-B 0,765305122449 nftœsItsubats sur ActB (Aen valaIr~)<br />

rmiliœB +<strong>de</strong>cmrrm:s.<br />

Quelques commentaires<br />

L'élève A, privé <strong>de</strong> calculatrice, réagit en respectant la consigne incluse dans les<br />

symboles opératoires ; sa conduite est fractionnaire, là où les fractions sont<br />

i<strong>de</strong>ntifiables. L'élève B, la calculatrice en main, choisit une conduite décimale. La<br />

confrontation A-B effrite sensiblement la conduite fractionnaire au profit <strong>de</strong> la<br />

décimalisation du résultat. Les autres exercices nous conduisent aux mêmes<br />

constatations. Dès que la consigne professorale, directement ou par interprétation,<br />

donne pouvoir à la calculatrice, ce pouvoir n'est guère contesté. Pour preuve,<br />

l'exercice(E6) où presque toutes les réponses proposées par les paires A-B proviennent<br />

d'une exécution par la calculatrice sans recherche apparente du résultat exact. Mais, si<br />

la consigne professorale fait fortement référence au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> simplification, comme<br />

dans l'exercice (E8), le pouvoir <strong>de</strong> la calculatrice est remis en cause : le résultat<br />

proposé peut être celui <strong>de</strong> la simplification après contrôle, grâce à la calculatrice, <strong>de</strong> son<br />

i<strong>de</strong>ntification avec le résultat décimal obtenu par exécution. Ces observations<br />

s'inscrivent dans nos hypothèses.<br />

Par contre, l'expérimentation nous pousse à revenir sur les règles contractuelles que<br />

nous avons formulées en intégrant plus lisiblement la double constatation suivante:<br />

l'élève traduit la recommandation d'utiliser la calculatrice, et encore plus l'obligation,<br />

comme un droit à afficher, pour lieu et place du résultat du calcul, le nombre décimal<br />

obtenu par lecture directe <strong>de</strong> l'écran et il agit comme si l'évaluation professorale portait<br />

sur le maniement <strong>de</strong> la calculatrice alors que l'attente professorale concerne ce que le<br />

professeur appelle la maîtrise du calcul à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la calculatrice. L'élève donne à la<br />

calculatrice la responsabilité du travail mathématique inscrit dans le calcul pour ne<br />

prendre à sa charge qu'un travail <strong>de</strong> transcription du calcul en une suite d'instructions<br />

pour la machine (un calculogramme, dont la ressemblance avec un programme <strong>de</strong><br />

calcul ne doit pas faire illusion mathématique.<br />

Nous mettons le doigt sur un <strong>de</strong>s effets du contrat, qui, dans. sa nature actuelle,<br />

développe très peu d'interactivité mathématique entre le calculateur et la calculatrice.<br />

Septième partie<br />

A parler <strong>de</strong> présence didactique <strong>de</strong> la calculatrice, nous refusions d'emblée l'idée <strong>de</strong><br />

la neutralité <strong>de</strong> la calculatrice dans les actes d'enseignement et les processus<br />

d'apprentissages. La calculatrice, comme instrument <strong>de</strong> calcul, vit dans<br />

l'enseignement actuel du calcul numérique, sous le gouvernement d'un contrat<br />

didactique qui lui est spécifique, dont notre étu<strong>de</strong> a recherché les ressorts. Sa


25<br />

spécificité tient, nous pensons l'avoir montré, dans la définition d'un rôle pour la<br />

calculatrice et dans l'organisation <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> ce rôle.<br />

Les jeux du rôle: se taire dans les calculs dont on attend le résultat exact; intervenir<br />

rapi<strong>de</strong>ment et sûrement dans les calculs, dont on n'attend pas le résultat exact, pour<br />

fournir une valeur décimale approchée fiable <strong>de</strong> ce résultat.<br />

Par l'analyse <strong>de</strong>s manuels et avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'expérimentation, nous avons dégagé<br />

les actes <strong>de</strong> ce contrat, à savoir les règles reconnues par l'enseignant et les élèves<br />

comme régissant leur travail en commun sur le calcul numérique. Cette étu<strong>de</strong><br />

débouche, nous semble-t-il, sur une meilleure connaissance du contrat qui <strong>de</strong>vrait nous<br />

permettre d'expliquer certains comportements <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong>s élèves dans <strong>de</strong>s<br />

situations didactiques mettant en jeu du calcul numérique et l'usage <strong>de</strong> la calculatrice.<br />

Elle rebondit alors sur d'autres questions: ce contrat peut-il évoluer ce contrat doit-il<br />

évoluer questions auxquelles il serait prétentieux <strong>de</strong> répondre en restant dans le cadre<br />

originel <strong>de</strong> cet article. En guise <strong>de</strong> conclusion et pour ne pas esquiver lâchement le<br />

débat, il nous semble qu'on n'échappera pas à une étu<strong>de</strong> plus approfondie <strong>de</strong> la<br />

transposition didactique.<br />

Un <strong>de</strong>s problèmes majeurs <strong>de</strong> la transposition didactique est la construction <strong>de</strong><br />

l'ensemble R. Ce que nous révèle notre étu<strong>de</strong>, c'est la domination <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />

nombres D et Di qui diabolisent les ensembles Q et R et réduisent la construction <strong>de</strong> R<br />

à l'adjonction <strong>de</strong> nombres non décimaux à l'ensemble D. De là découle l'incongruité <strong>de</strong><br />

R par absence <strong>de</strong> sens pour les nombres réels. En effet, la nécessité <strong>de</strong> R n'est révélée<br />

qu'au travers <strong>de</strong> nombres non décimaux présentés comme exceptionnels et traités, soit<br />

par les règles <strong>de</strong> simplification limitées aux fractions et aux radicaux, soit par la<br />

décimalisation. L'accent mis sur la simplification pour s'opposer à la décimalisation<br />

dévolue aux calculatrices, tente en vain <strong>de</strong> remplacer une construction <strong>de</strong> R capable <strong>de</strong><br />

donner un sens numérique au concept <strong>de</strong> nombre réel; nous ne sommes pas sûrs que<br />

le passage par le cadre géométrique, sous la forme d'une bijection entre l'ensemble <strong>de</strong>s<br />

points d'une droite et celui <strong>de</strong>s nombres réels, suffise à combler ce vi<strong>de</strong> numérique.<br />

Un autre problème majeur <strong>de</strong> la transposition didactique est le calcul approché. Ce<br />

que nous révèle aussi notre étu<strong>de</strong>, c'est l'effacement <strong>de</strong> la notion d'approximation qui<br />

se confond maintenant avec celle <strong>de</strong> valeur décimale approchée. L'obligation faite à<br />

l'enseignement du calcul numérique, d'utiliser et d'interpréter les résultats décimaux<br />

<strong>de</strong>s calculatrices, peut expliquer ce phénomène ; le calcul approché, dans<br />

l'enseignement secondaire, privé <strong>de</strong> légitimité, se meurt lentement, entraînant dans son<br />

agonie, savoirs et pratiques qui lui étaient attribués. C'est l'analyse numérique qui<br />

reprend, à sa charge, les besoins en calcul approché et le report, sur la classe <strong>de</strong><br />

secon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s premiers contacts avec la valeur absolue, renforce ce transfert.<br />

Mais nous ne <strong>de</strong>vrions pas enfermer notre réflexion au seul niveau <strong>de</strong> la<br />

transposition didactique. Dégager <strong>de</strong>s repères épistémologiques sur la nature du calcul<br />

numérique 27 et ses rapports avec d'autres sciences, notamment l'algorithmique et<br />

l'informatique, visiter l'histoire comparée du calcul numérique et <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong><br />

27. Le calcul d'un nombre dérivé, celui d'une intégrale, celui <strong>de</strong> la somme d'une série relèvent-ils du<br />

calcul numérique


26<br />

calcul 28 , suivre l'introduction dans l'enseignement secondaire <strong>de</strong> la nouvelle<br />

génération <strong>de</strong> calculatrices capables <strong>de</strong> calculs formels, prendre en compte les<br />

conditions et les conséquences <strong>de</strong> l'appropriation d'un instrument <strong>de</strong> calcul 29 ,<br />

poursuivre l'analyse. <strong>de</strong>s conceptions <strong>de</strong>s élèves et <strong>de</strong>s enseignants sur le calcul<br />

numérique et sur les calculatrices, construire <strong>de</strong>s situations didactiques nouvelles avec<br />

les calculatrices, voilà autant d'approches croisées pour enrichir nos connaissances sur<br />

l'objet premier <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>: la cohabitation, dans l'enseignement secondaire, entre<br />

le calcul numérique et la calculatrice.<br />

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Publication <strong>de</strong> l' <strong>IREM</strong> d'Aix-Marseille.<br />

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l'enseignement <strong>de</strong>s mathématiques au collège, petit x, nOS, n019, n023, <strong>IREM</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Grenoble</strong><br />

28. Dans quelle mesure l'invention d'un instrument <strong>de</strong> calcul agit-elle sur la production mathématique<br />

en accompagnant son intégmtion sociale<br />

29 Nous pensons aussi aux procédures langagières (les caculogrammes, par exemple) sans lesquelles il<br />

n'y a pas d'accès à la calculatrice; dispose-t-on, avec les calculatrices, d'un nouveau registre dans le<br />

langage symbolique mathématique


27<br />

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IZORCHE M.L. (1977) Les réels en classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>, Mémoire <strong>de</strong> D.E.A.<br />

Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux 1<br />

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Petit x, nO 41, <strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

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Interactions Didactiques Recherches, n08. Université <strong>de</strong> Genève.<br />

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mathématiques, Presses Universitaires <strong>de</strong> France : Paris<br />

KUNTZ G. (1993) L'outil informatique ne peut donner que ce qu'il a, Repères <strong>IREM</strong>,<br />

nO11<br />

MARGOLINAS C. (1988) Une étu<strong>de</strong> sur les difficultés d'enseignement <strong>de</strong>s nombres<br />

réels, Petit x, nO 16, <strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

NEYRET R. (1995) Contraintes et déterminations <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> formations <strong>de</strong>s<br />

enseignants: nombres décimaux, rationnels, réels dans les Instituts Universitaires <strong>de</strong><br />

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éducative, n019. C.N.D.P.<br />

ROBERT A. (1993) Éléments <strong>de</strong> réflexion sur l'utilisation <strong>de</strong>s calculatrices<br />

programmables en première S et en terminale C et D, Repères <strong>IREM</strong>, n O ll<br />

SCHUBAUER-LÉONI M.L.(1988) Le contrat didactique dans une approche psychosociale<br />

<strong>de</strong>s situations d'enseignement, Interactions Didactiques Recherches, nO 8,<br />

Université <strong>de</strong> Genève.<br />

TROUCHE L. (1994) Calculatrices graphiques, la gran<strong>de</strong> illusion, Repères <strong>IREM</strong>,<br />

n014.


28<br />

Annexe 1<br />

Extrait <strong>de</strong> Terracher (1994) Maths Secon<strong>de</strong>, éd Hachette, pp. 19 et 21<br />

B - PRAllQUE DU CALCUL NUMÉRIQUE<br />

1 1 Cela est sûr: le calcul est l'activité <strong>de</strong> base dans tous les problèmes numériques. D'où la présence ici<br />

• <strong>de</strong> quelques problèmes calculatoires, mais pas n'importe comment...<br />

L'échantillon <strong>de</strong> tels problèmes est certes mo<strong>de</strong>ste, mais veuf être sign((icat(f <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong>s<br />

réponses qu'amènent le calcul exal'1 (


29<br />

2 LE CALCUL-MACHINE<br />

Exercice Effectuer les calculs suivants à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la calculatrice et présenter les résultats en<br />

résolu notation scientifique:<br />

3,01 x 10 - 2 + 0,73 x 10 - 1<br />

A= -x<br />

5 10- )2 3 -22x61 x IO-~' B = ------~--<br />

( 3 ' , 95,2 X 10 3<br />

• Calculons A par la séquence-machine suivante:<br />

5 EXP] 3 + / -] ....:::..J 3 ....:..J ..L:..J ~ 2,2 ~ 61 EXP] 4 .:.L.::J ....:..J .<br />

Vient à l'affichage - :=: •:=::::: '-:: -; .::.•<br />

Et donc, en notation scientifique, A = -<br />

1. J-t 1il x 10 - 2 •<br />

• Le calcul <strong>de</strong> B pourra s'effectuer par la séquence :<br />

3,01 EXP] 2 .:.L.::J ....:::..J 0,73 EXP] 1 +/-] ....:..J ....:::..J 95,2 Expl 3 ....:..J .<br />

Le résultat affiché :. :=: :::: .::' .:: :::: -, est en rotation scientifique. Nous écrirons :<br />

II:::::: 1,082 98 x 10 - 1••<br />

Aussi sophistiquée soit-elle, une calculatrice ne pense pas!<br />

C'est à nous <strong>de</strong> réfléchir et, pour le moins, sur les <strong>de</strong>ux points suivants :<br />

• L'organisation <strong>de</strong>s calculs<br />

Une séquence-machine doit respecter les priorités algébriques du calcul :<br />

touches fonctionnelles d'abord ('1/X] , : ;r'] , ~x-2l ); ensuite et dans l'ordre:<br />

les puissances 2!J ;<br />

les produits et quotients'~ et :-+-1 ;<br />

les sommes et différences ;....::.J et r-.: ].<br />

Noter que l'instruction ;-;;] permet d'effectuer un calcul partiel sans avoir recours<br />

aux parenthèses W et r- ï] .<br />

• Lecture du résultat<br />

Le résultat n'est pas toujours exprimé en notation scientifique.<br />

Certaines calculatrices travaillent en notation scientifique dans un «mo<strong>de</strong>» spécial<br />

(MODE SCI) qui permet <strong>de</strong> choisir le nombre <strong>de</strong> chiffres significatifs désirés.<br />

En tout état <strong>de</strong> cause, il n'est que temps <strong>de</strong> retrouver le manuel d'utilisation <strong>de</strong> sa<br />

calculatrice.<br />

lrp<br />

[ï] Écrire en notation scientifique :<br />

- 519; 0,00085; 471,08.<br />

"~4<br />

~ Quels sont les nombres à l'affichage<br />

-. ,-,:.0,1. :...: -cs<br />

- '.'-.'-.' ,'-."-.'<br />

Il' Une <strong>de</strong>s trois égalités ci-contre est<br />

fausse. Laquelle<br />

a) 29,1 x 10- 3 - 1,05 X 10- 1<br />

= - 7,59 x 10 - 2 ;<br />

b) (41,5 X 10- 7 ) X (- 9 x lOS)<br />

= - 747 x 200 -) ;<br />

c) 51 x 10 - 4 + 51 x 10 4 = 0 .<br />

Il Écrire a et b en notation scientifique :<br />

a= (~x 10 _4)2 - 51 73 x 10 -6.<br />

7 ' ,<br />

10- 7 - 3 X 10- 6<br />

b= .<br />

10- 7 + 3 x 10.- 6


30<br />

Annexe 2<br />

Fiches élèves<br />

Secon<strong>de</strong>... - Modules <strong>de</strong> mathématiques - Janvier 1996<br />

Calculs numériques avec ou sans calculatrice<br />

Première partie (25 - 35 minutes)<br />

Il vous est <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> calculer chacune <strong>de</strong>s dix expressions numériques. Vous disposez d'une feuille<br />

<strong>de</strong> brouillon sans calculatrice. Présentez les résultats sur le tableau <strong>de</strong> résultats nO 1, en les<br />

accompagnant <strong>de</strong> quelques calculs intermédiaires et <strong>de</strong>s commentaires que vous jugez nécessaires.<br />

47 1<br />

-+­<br />

(El) 19-12:7 (E2) 13 21<br />

5 12<br />

---<br />

7 39<br />

(E5) 1,26 x 6,5<br />

2,1 x 0,26<br />

(E7)<br />

31250 25 X 0,04 75<br />

lA Il<br />

15:7<br />

(E3) -­ (E4) (9~ - 1285) x 7000<br />

14:5<br />

(E6) ( 5 213 865,813 + 4786 134,18721 ) : ( 3 712458 + 6287542 )<br />

(E9)<br />

<strong>1t</strong>:3 x 2,5 2 x 2,4<br />

(<strong>1t</strong>+5 1-<strong>1t</strong>) 3<br />

(ElO) ----- x­<br />

(E8) ..fi +-J9S 6· 2 2<br />

TABLEAU DE RÉSULTATS N° 1<br />

El<br />

E2<br />

E3<br />

E4<br />

ES<br />

E6<br />

E7<br />

E8<br />

E9<br />

Elü<br />

Résultats<br />

Calculs intermédiaires et commentaires


31<br />

Secon<strong>de</strong> ... - Modules <strong>de</strong> mathématiques - Janvier 1996<br />

Calculs numériques avec ou sans calculatrice<br />

Première partie (25 - 35 minutes)<br />

Il vous est <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> calculer chacune <strong>de</strong>s dix expressions numériques. Vous disposez d'une<br />

calculatrice sans feuille <strong>de</strong> brouillon. Présentez les résultats sur le tableau <strong>de</strong> résultats nO l, en les<br />

accompagnant <strong>de</strong>s calculogrammes (séquences <strong>de</strong> touches <strong>de</strong> la calculatrice) et <strong>de</strong>s commentaires que<br />

vous jugez nécessaires.<br />

lB 1 1<br />

(E7)<br />

(E9)<br />

31250 25 X 0,04 75 <strong>1t</strong> :3 x 2,5 2 x 2,4<br />

(EIO) (<strong>1t</strong>+5 ----- 1-<strong>1t</strong>) x­ 3<br />

47 1<br />

-+­<br />

3) 15 :7<br />

(El) 19 -12:7 (E2)<br />

13 21<br />

5 12 (E 14:5<br />

---<br />

7 39<br />

(E4) (9~ - 1285) x 7000<br />

(E5) 1,26 x 6,5<br />

2,1 x 0,26<br />

(E6) (5213865,813 + 4786 134,18721 ): (3712458 + 6 287 542)<br />

(E8) "fï +.../98 6 2 2<br />

TABLEAU DE RÉSULTATS N° 1<br />

El<br />

E2<br />

E3<br />

E4<br />

E5<br />

E6<br />

E7<br />

E8<br />

E9<br />

E1ü<br />

Résultats<br />

CalculoRrammes et commentaires


32<br />

Secon<strong>de</strong>... - Modules <strong>de</strong> mathématiques - Janvier 1996<br />

Calculs numériques avec ou sans calculatrice<br />

IAB 1 1<br />

Deuxième partie (15 - 25 minutes)<br />

Il vous est <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> comparer vos résultats <strong>de</strong> la première partie. Vous disposez <strong>de</strong> calculatrices<br />

sans feuille <strong>de</strong> brouillon. Après discussion entre vous, vous inscrivez sur le tableau <strong>de</strong> résultats nO 2<br />

un seul résultat par expression numérique et vous accompagnez votre choix d'une courte<br />

explication. Notez que ce choix peut différer <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux résultats obtenus dans la première partie.<br />

(E7)<br />

(E9)<br />

31250 25 X 0,04 75 <strong>1t</strong>:3 X 2,5 2 X 2,4<br />

(ElO) (<strong>1t</strong>+5 ----- I-<strong>1t</strong>) x­ 3<br />

47 1<br />

-+­ 15:7<br />

(El) 19-12:7 (E2) 13 21<br />

5 12<br />

(E3) 14 :5<br />

---<br />

7 39<br />

(E4) (9~ - 1285) x 7000<br />

(ES) 1,26 x 6,5<br />

2,1 x 0,26<br />

(E6) (5213 865,813 + 4786134,18721): (3712458 + 6287542)<br />

(E8) -fi +.../98 6 2 2<br />

TABLEAU DE RESULTATS N°2<br />

El<br />

E2<br />

E3<br />

E4<br />

E5<br />

E6<br />

E7<br />

E8<br />

E9<br />

E1Ü<br />

Résultats<br />

Explications


ACTIVITÉ<br />

VALEUR EXACTE OU APPROCHÉE<br />

Philiben CLAPPONI<br />

!REM <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong> .<br />

J. Exact ou approche<br />

1. Sans calculer le nombre 665 857 2 précise quel est le chiffre <strong>de</strong> ses unités.<br />

2. À l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ta càlculatrice, calcule 665857 2 . Le nombre obtenu est-i1le résultat exact<br />

ou approché<br />

II. Mulhpllcahon exacte<br />

1. Observe la disposition suivante. Complète-la pour obtenir le résultat exact <strong>de</strong><br />

123456 x 789 870 (tu peux utiliser la calculatrice pour les résultats intermédiaires).<br />

"<br />

123 456 x<br />

789<br />

870<br />

190 720<br />

À l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la distributivité <strong>de</strong> la multiplication par rapport à l'addition, justifie pourquoi<br />

cette disposition permet d'obtenir le produit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nombres.<br />

« petit x » nO 44, pp. 33 à 34, 1996 - 1997


34<br />

2. Utilise la même disposition pour trouver la valeur exacte <strong>de</strong> 665 857 2 . Compare avec<br />

le résultat obtenu sur une calculatrice.<br />

x<br />

- -­<br />

III. "./ 2 a-t-if une écriture fractionnaire <br />

. 1" d d"' 665 857 "1 1 h'<br />

En partICU 1er on se eman e ICI: 470 832 est-I une va eur exacte ou approc ee<br />

<strong>de</strong>...J2 <br />

1. Avec ta calculatrice<br />

665 857<br />

Compare<br />

470832<br />

2. Sans la calculatrice<br />

et<br />

Cherche à répondre à la question précé<strong>de</strong>nte sans utiliser directement la calculatrice.<br />

3. Défi<br />

. . 886731 088 897 ,<br />

Tu peux aUSSI chercher SI 627 013 566048 est une valeur exacte ou approchee <strong>de</strong><br />

{2.


À PROPOS DE CHARADES DONT LA SOLUTION EST<br />

UN SYSTÈME D'ÉQUATIONS À DEUX INCONNUES.<br />

Geneviève DIDIERJEAN, Claire DUPUIS,<br />

Raymond DUVAL, Marie-Agnès EGRET,<br />

Daniel KREMER, Gilles ROBERT,<br />

Brigitte WENNER, Michèle ZIEGLER.<br />

<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> Strasoourg<br />

Il Ya dans l'enseignement <strong>de</strong>s mathématiques'<strong>de</strong>s points sensibles sur lesquels il faut<br />

passer sans appuyer si l'on veut éviter tout désagrément aux élèves comme aux<br />

enseignants. La démonstration en est un, bien connu, la résolution <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> mise<br />

en équations en est un autre.<br />

D'un point <strong>de</strong> vue mathématique, l'enjeu peut sembler <strong>de</strong> moindre importance pour les<br />

problèmes <strong>de</strong> mise en équations que pour la démonstration. Il ne s'agit, après tout, que<br />

d'appliquer <strong>de</strong>s techniques algébriques élémentaires à <strong>de</strong>s problèmes extramathématiques.<br />

Et si les élèves, <strong>de</strong> troisième, <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> et parfois <strong>de</strong> première, qui ont<br />

appris avec pas mal <strong>de</strong> succès à résoudre <strong>de</strong>s équations et <strong>de</strong>s systèmes, échouent quand il<br />

s'agit d'écrire un système d'équations à partir d'un énoncé, ne sommes-nous pas là aux<br />

marges d'une activité proprement mathématique Et la faute, n'en déplaise aux<br />

enseigna;nts <strong>de</strong> français, n'en reviendrait-elle pas à <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> langage ou <strong>de</strong><br />

compréhension <strong>de</strong>s textes<br />

Du point <strong>de</strong> vue du rôle que les mathématiques peuvent jouer dans la formation<br />

générale <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s élèves, l'enjeu apparaît bien plus important, car il s'agit pour le<br />

moins <strong>de</strong> montrer à quoi peuvent servir les mathématiques que l'on apprend. Et l'on<br />

connaît la vague <strong>de</strong> fond, qui dans beaùcoup <strong>de</strong> pays, tend à porter au premier rang un<br />

enseignement <strong>de</strong>s mathématiques qui serait effectué à partir <strong>de</strong> leurs applications concrètes<br />

et qui serait centré sur ces applications. Demain, il n'y aura peut-être <strong>de</strong> mathématiques<br />

socialement et éducativement acceptables qu'appliquées. Dans ces conditions...<br />

Il ya là matière à débat. Mais un tel type <strong>de</strong> débat surgit souvent comme un écran pour<br />

éviter le problème <strong>de</strong> fond que posent les difficultés systématiquement rencontrées par les<br />

« petit x » nO 44, pp. 35 à 48, 1996 - 1997


36<br />

élèves pour «écrire un système d'équations» : quelles sont les opérations requises pour<br />

effectuer cette tâche, ou en quoi consiste la complexité <strong>de</strong> cette tâche Tant qu'on ne<br />

dispose pas d'éléments <strong>de</strong> réponse précis pour ce problème, toute proposition <strong>de</strong><br />

métho<strong>de</strong>s pour apprendre à mettre en équations ne peut que relever d'une démarche un<br />

peu aveugle.<br />

C'est à cette question qu'est consacrée la brochure (Problèmes <strong>de</strong> mise en équations,<br />

groupe Math-Français <strong>de</strong> l'<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> Strasbourg 1 , 1996) sur laquelle s'appuie cet article.<br />

Nous ne reprendrons pas ici le premier chapitre <strong>de</strong> la brochure qui présente un bilan<br />

critique <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mise en équations que l'on trouve dans les manuels.<br />

L'apprentissage <strong>de</strong> la mise en équations, c'est-à-dire du passage du texte <strong>de</strong> l'énoncé à<br />

l'équation ou au système d'équations est trop souvent court-circuité. Tout se passe comme<br />

si donner un énoncé était une formalité obligée, les choses sérieuses intellectuellement et<br />

mathématiquement ne commençant qu'avec la résolution technique <strong>de</strong>s équations!<br />

Pour dégager toutes les opérations, explicites ou implicites, que l'on effectue quand on<br />

passe d'un énoncé à l'écriture d'un système, nous n'avons pas pu nous contenter<br />

d'utiliser <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> problèmes mais nous avons dû déterminer un ensemble<br />

d'énoncés <strong>de</strong> problèmes possibles. Car d'un énoncé à un autre, il peut y avoir <strong>de</strong>s<br />

variations qui vont modifier radicalement la complexité <strong>de</strong> la tâche. Nous avons également<br />

pris en compte un autre passage: le passage <strong>de</strong> ce que nous avons appelé «la présentation<br />

complète» d'une situation extra-mathématique à l'écriture <strong>de</strong> plusieurs systèmes<br />

différents 2 . L'examen <strong>de</strong> ces passages nous permet <strong>de</strong> voir que les problèmes <strong>de</strong> mise en<br />

équations mobilisent <strong>de</strong>s opérations discursives <strong>de</strong> désignation d'objet et d'expression <strong>de</strong><br />

relations à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> mots comme à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> symboles. Ces opérations sont beaucoup plus<br />

fines que celles habituellement mobilisées dans la lecture courante d'un texte ou dans la<br />

manipulation calculatoire d'équations. Et nous touchons là quelque chose d'essentiel pour<br />

l'apprentissage <strong>de</strong>s mathématiques. Car cette mobilisation <strong>de</strong>s opérations discursives <strong>de</strong><br />

désignation d'objets n'a pas seulement un intérêt pour la mise en équations, elle est<br />

également requise pour que l'introduction <strong>de</strong>s écritures littérales ou que l'exigence d'un<br />

langage précis aient un sens aux yeux <strong>de</strong>s élèves.<br />

Naturellement nous ne négligeons pas la question pratique, : comment faire pour<br />

apprendre aux élèves à résoudre les problèmes <strong>de</strong> mise en équations Mais nous ne<br />

développerons pas ce sujet dans le présent article 3 .<br />

1 Les auteurs en sont: Isabelle Beek, Nicole Cordier, Geneviève Didierjean, Claire Dupuis, Raymond<br />

Duval, Marie-Agnès EgreL, Daniel Kremer, Gilles Robert, Michèle Vaillant, Brigitte Wenner, Ghislaine<br />

Werguet, Michèle Ziegler.<br />

2 Voir dans op. cit.<br />

3 On trouvera dans la brochure (op. cit.) la suite <strong>de</strong> l'analyse développée ici et la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> séquences<br />

<strong>de</strong> travail pratiquées par <strong>de</strong>s membres du groupe dans leurs classes.


37<br />

1. De la lecture <strong>de</strong> l'énoncé à l'écriture du système<br />

d'équations<br />

La question essentielle concernant les problèmes <strong>de</strong> mise en équations est celle-ci :<br />

comment passe-t-on <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong> l'énoncé du problème à l'écriture du système<br />

d'équations<br />

Généralement les enseignants regar<strong>de</strong>nt à peine l'énoncé. Un bref regard sur les <strong>de</strong>ux<br />

ou trois lignes pour repérer les inconnues, un peu comme on cherche un article sur un<br />

rayon, et ils savent écrire le système. Pour eux, hormis le cas où il y <strong>de</strong>s astuces, un<br />

énoncé en vaut un autre: non seulement la distance qui sépare l'énoncé et l'écriture du<br />

système ne change pas mais elle se franchit sans qu'on s'en aperçoive. Alors pourquoi<br />

tant d'élèves restent-ils «plantés» <strong>de</strong>vant l'énoncé Pour expliquer cette difficulté et pour<br />

la faire surmonter, il ne s'agit pas <strong>de</strong> décrire un algorithme performant qui peut-être<br />

n'existe pas, ni d'analyser toutes les erreurs observables <strong>de</strong>s élèves, il s'agit d'abord <strong>de</strong><br />

comprendre la tâche cognitive que constitue ce passage.<br />

Arrêt sur lecture: J'énoncé<br />

Deux remarques sur la compréhension <strong>de</strong>s énoncés <strong>de</strong> problèmes vont gui<strong>de</strong>r l'analyse<br />

<strong>de</strong> ce passage:<br />

1. D'une façon générale, la compréhension d'un énoncé <strong>de</strong> problème consiste<br />

dans l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s objets que l'énoncé décrit et dans l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s relations<br />

qu'il établit entre ces objets.<br />

Ce ne sont ni les mêmes objets ni les mêmes relations que l'on i<strong>de</strong>ntifie dans un énoncé<br />

<strong>de</strong> problème, s'il s'agit <strong>de</strong> comprendre la situation extra-mathématique décrite ou évoquée<br />

par l'énoncé ou s'il s'agit d'écrire un traitement mathématique à partir <strong>de</strong> l'énoncé: par<br />

exemple un système d'équations.<br />

2. Dans les problèmes <strong>de</strong> mise en équations, les objets à i<strong>de</strong>ntifier sont <strong>de</strong>s<br />

quantités inconnues ,. les relations entre ces objets sont les relations qui permettent<br />

d'articuler en une équation les quantités inconnues i<strong>de</strong>ntifiées.<br />

Les quantités inconnues ne sont pas ce que l'on appelle habituellement les<br />

«inconnues», et que l'on représente dans l'écriture <strong>de</strong>s équations par les lettres x et y. Un<br />

système d'équations à <strong>de</strong>ux inconnues requiert généralement, comme nous le verrons plus<br />

loin, quatre quantités inconnues exprimées à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong> base x et y.<br />

Ces quantités inconnues peuvent être décrites ou désignées par <strong>de</strong>s expressions<br />

linguistiques à chaque fois différentes ou par <strong>de</strong>s expressions linguistiques ayant une<br />

partie commune. Nous appellerons «dénomination <strong>de</strong> base» une expression désignant ou<br />

décrivant une quantité inconnue. Un énoncé peut donc présenter <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong><br />

base ou quatre dénominations <strong>de</strong> base.<br />

Comprendre l'énoncé consiste donc d'abord à i<strong>de</strong>ntifier les expressions linguistiques


38<br />

décrivant les quantités inconnues.<br />

Les relations entre les quantités inconnues sont <strong>de</strong>s relations d'égalité ou <strong>de</strong>s relations<br />

qui articulent <strong>de</strong>s quantités, connues ou inconnues, en un membre d'équation.<br />

L'analyse du passage <strong>de</strong> l'énoncé à l'écriture du système d'équations doit donc porter<br />

sur <strong>de</strong>ux points :<br />

- l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s quantités inconnues décrites ou désignées dans l'énoncé et la<br />

conversion <strong>de</strong> leur expression linguistique en une expression algébrique,<br />

- l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s expressions correspondant aux relations.<br />

Nous verrons qu'il s'agit là <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux opérations totalement indépendantes l'une <strong>de</strong><br />

l'autre. Les difficultés auxquelles elles peuvent donner lieu ne sont pas <strong>de</strong> même nature<br />

car elles ne relèvent pas <strong>de</strong>s mêmes fonctions discursives.<br />

1.1. L'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s quantités inconnues et la conversion <strong>de</strong> leur<br />

expression linguistique<br />

Cette première opération cognitive comprend <strong>de</strong>ux étapes très différentes:<br />

La première porte directement sur l'énoncé. Elle suppose une lecture dirigée par<br />

une liste <strong>de</strong> questions pour i<strong>de</strong>ntifier toutes les quantités inconnues qui sont désignées ou<br />

décrites dans l'énoncé et il est possible 4 <strong>de</strong> donner un moyen <strong>de</strong> faire générer ces<br />

questions par l'élève lui-même, ceci sans lui donner une liste <strong>de</strong> questions toutes prêtes à<br />

l'emploi et qui ne seraient pas utilisables pour un autre type d'énoncé.<br />

La <strong>de</strong>uxième étape porte sur la conversion du texte en écriture algébrique et<br />

comporte une difficulté spécifique. Comment traduire les expressions linguistiques<br />

décrivant les quantités inconnues en expressions algébriques décrivant ces mêmes<br />

quantités, étant donné que l'on ne dispose pas nécessairement du même nombre <strong>de</strong><br />

dénominations <strong>de</strong> base dans chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux registres En effet, l'écriture algébrique<br />

d'un système <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux équations n'autorise que <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong> base, <strong>de</strong>ux lettres<br />

désignant les <strong>de</strong>ux inconnues, pour exprimer les quatre quantités inconnues, alors que le<br />

nombre <strong>de</strong> dénominations <strong>de</strong> base utilisés dans l'énoncé peut varier.<br />

Deux cas peuvent alors se présenter:<br />

a) L'énoncé exprime lui aussi les quatre quantités inconnues à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

dénominations <strong>de</strong> base. Et alors, la conversion <strong>de</strong>s expressions linguistiques en<br />

expressions algébriques est immédiate. A la lecture, l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s quantités<br />

inconnues coïnci<strong>de</strong> avec le choix <strong>de</strong>s inconnues. C'est le cas <strong>de</strong> transparence.<br />

Problème 1<br />

Un bassin est alimenté par <strong>de</strong>ux fontaines A et B. Si on laisse couler A pendant 4 h et B pendant 2 h,<br />

on obtient 64 1. Si on laisse couler A pendant 3 h et B pendant 4 h, on obtient 62 1. Quel est le débit <strong>de</strong><br />

chaque fontaine<br />

. 4 Voir le chapitre IV <strong>de</strong> la brochure (op. cil.)


39<br />

Dans cet énoncé, les quantités inconnues sont exprimées par <strong>de</strong>s propositions qui<br />

présentent <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux une même dénomination <strong>de</strong> base :<br />

« A coule pendant 4h », « A coule pendant 3h ». (Dénomination <strong>de</strong> base: A coule ... (débit <strong>de</strong> la<br />

fontaine A»<br />

« B coule pendant 2h », « B coule pendant 4h ». (Dénomination <strong>de</strong> base: B coule ... (débit <strong>de</strong> la<br />

fontaine B»<br />

Ces quatre expressions désignent quatre quantités inconnues différentes à partir <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong> base (en caractère gras ci-<strong>de</strong>ssus). La conversion est donc<br />

immédiate. En redésignant ces <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong> base respectivement par x et par y<br />

on a les quatre désignations algébriques: 4x. 3x, 2y. 4y.<br />

b) L'énoncé exprime les quatre quantités inconnues en recourant à plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

dénominations <strong>de</strong> base. Un travail <strong>de</strong> redésignation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s quantités inconnues est<br />

alors nécessaire pour passer aux expressions algébriques. C'est le cas d'opacité.<br />

Problème 2<br />

Un vélomoteur monte une colline à la vitesse <strong>de</strong> 15 mètres par secon<strong>de</strong>; puis il re<strong>de</strong>scend <strong>de</strong> l'autre<br />

côté à la vitesse <strong>de</strong> 21 mètres par secon<strong>de</strong>. Le parcours total a duré 270 secon<strong>de</strong>s. et la montée est <strong>de</strong> 126<br />

mètres plus longue que la <strong>de</strong>scente. Combien <strong>de</strong> temps a duré la montée<br />

Dans cet énoncé les quantités inconnues sont désignées par <strong>de</strong>s expressions n'ayant<br />

aucune dénomimition <strong>de</strong> base commune:<br />

« Le parcours total a duré.... » qui se nominalise en «la durée <strong>de</strong> la montée» et la « la durée <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>scente»<br />

« la montée est <strong>de</strong> 126 mètres plus longue que la <strong>de</strong>scente» qui exprime une comparaison entre « la<br />

longueur <strong>de</strong> la montée» et « la longueur <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente ».<br />

Le problème que soulève la formulation <strong>de</strong> l'énoncé n'est pas à chercher dans les<br />

légères modifications <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux propositions <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> phrase, mais dans le fait que<br />

nous avons quatre dénominations <strong>de</strong> base. Une conversion immédiate, comme dans le<br />

problème 1 ci-<strong>de</strong>ssus, nous donnerait une désignation algébrique <strong>de</strong>s quantités inconnues<br />

par quatre inconnues. Ce qui conduirait au système d'équations suivant:<br />

x + y = 270<br />

z =w + 126<br />

Ce système a quatre quantités inconnues; il faut donc, pour pouvoir écrire un système<br />

d'équations pouvant être résolu, redésigner <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s quatre quantités inconnues <strong>de</strong> façon<br />

à ne plus avoir que <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong> base au lieu <strong>de</strong> quatre. Par exemple « la<br />

longueur <strong>de</strong> la montée» équivaut à « la durée <strong>de</strong> la montée multipliée par la vitesse <strong>de</strong> la montée» et<br />

« la longueur <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente» équivaut à «la durée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente multipliée par la vitesse <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>scente ». Cette redésignation est une opération <strong>de</strong> réduction à <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong><br />

base: «la durée <strong>de</strong> la montée» et la «la durée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente». L'expression algébrique <strong>de</strong>s quatre<br />

quantités inconnues <strong>de</strong> l'énoncé <strong>de</strong>vient alors immédiat: x, y, 15x, 21y .<br />

Le <strong>de</strong>ssin ci-<strong>de</strong>ssous, fait par un élève <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>, illustre bien <strong>de</strong>ux choses:<br />

- l'hésitation entre les objets extra-mathématiques (montée, <strong>de</strong>scente) et les objets<br />

mathématiques (quantités inconnues) auxquels l'énoncé réfère,<br />

- la confusion entre les dénominations <strong>de</strong> base et l'expression <strong>de</strong>s quantités inconnues


40<br />

Extrait du travail d'un élève <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>:<br />

"Nous interprétons les données par un <strong>de</strong>ssin<br />

explicatif:<br />

15m+21 m: 2705<br />

Nous choisissons x pour la longueur <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente et y pour le temps.<br />

Nous avons trouvé: (126 + x )15 y + x + 21y =270s."<br />

On remarque que la redésignation <strong>de</strong>s quatre quantités inconnues se fait dans ce<br />

problème en fonction d'une relation multiplicative entre <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> nature<br />

différente, relation correspondant à la notion <strong>de</strong> vitesse: v =dit. Mais cette redésignation<br />

peut aussi se faire en fonction d'une relation additive comme dans le problème suivant:<br />

Problème 3<br />

Trouver un nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux chiffres sachant que la somme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nombres que ces chiffres<br />

représentent est 13, et que la différence entre le nombre cherché et le nombre obtenu en permutant les <strong>de</strong>ux<br />

chiffres est 45.<br />

Il Ya quatre quantités inconnues: « un nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux chiffres» (= « le nombre cherché »),<br />

« les <strong>de</strong>ux nombres que ces chiffres représentent », c'est-à-dire « le nombre représenté par le premier<br />

chiffre» et « le nombre représenté par le <strong>de</strong>uxième chiffre », « le nombre obtenu en permutant les <strong>de</strong>ux<br />

chiffres ». La désignation <strong>de</strong> ces quatre quantités inconnues se fait à partir <strong>de</strong>s<br />

dénominations <strong>de</strong> base dont une est implicite: les <strong>de</strong>ux chiffres, le nombre représenté par<br />

les <strong>de</strong>ux chiffres, et la position <strong>de</strong>s chiffres (dizaine, unité). Pour opérer la réduction, il<br />

faut donc utiliser la relation additive qui permet <strong>de</strong> convertir « le nombre représenté par les<br />

<strong>de</strong>ux chiffres» en « lOx +y » et « le nombre obtenu en permutant les <strong>de</strong>ux chiffres» en 10y + x.<br />

Pas un scientifique ne confond un objet et sa dénomination. Pas un mathématicien ne<br />

confond un nombre et un chiffre. On pourrait donc s'attendre naturellement à ce qu'aucun<br />

enseignant ne confon<strong>de</strong> les quantités inconnues, qui sont <strong>de</strong>s objets pouvant être décrits<br />

linguistiquement et redésignés algébriquement, et les «inconnues» qui sont <strong>de</strong>s<br />

dénominations <strong>de</strong> base pour désigner algébriquement <strong>de</strong>s quantités inconnues. Pourtant<br />

on parle allègrement <strong>de</strong> « commencer par choisir les (<strong>de</strong>ux) inconnues ». Qu'est-ce que<br />

cela veut dire commencer par choisir <strong>de</strong>s dénominations <strong>de</strong> base (lesquelles ne sont pas<br />

<strong>de</strong>s objets) I<strong>de</strong>ntifier ces (quatre) objets que sont les quantités inconnues Redésigner


41<br />

algébriquement ces objets<br />

Dans le cas transparent, il n'y a pas à se poser ce genre <strong>de</strong> questions, puisque<br />

l'expression linguistique <strong>de</strong>s quatre quantités inconnues se fait à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

dénominations <strong>de</strong> base que l'on peut mettre directement en correspondance avec les <strong>de</strong>ux<br />

inconnues marquées par <strong>de</strong>ux lettres. Le choix <strong>de</strong>s dénominations <strong>de</strong> base, l'i<strong>de</strong>ntification<br />

<strong>de</strong>s quantités inconnues et la redésignation algébrique se confon<strong>de</strong>nt dans une seule et<br />

même étape.<br />

Il n'en va plus <strong>de</strong> même dans le cas opaque, si on ne s'autorise que l'écriture d'un<br />

système à <strong>de</strong>ux inconnues. L'énoncé utilise plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong> base pour<br />

décrire ou désigner les quantités inconnues. Il faut donc opérer une réduction à <strong>de</strong>ux<br />

dénominations <strong>de</strong> base pour avoir une correspondance avec les <strong>de</strong>ux «inconnues». Or,<br />

pour pouvoir être effectuée, cette réduction requiert <strong>de</strong>ux conditions:<br />

- avoir pris conscience <strong>de</strong> la différence entre le choix <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong> base<br />

pour désigner les quantités inconnues et la désignation <strong>de</strong>s objets que sont les quantités<br />

inconnues. De même que 6 ou 9 peuvent être <strong>de</strong>ux chiffres permettant d'écrire <strong>de</strong>s<br />

nombres (699, 969...) ou <strong>de</strong>ux nombres, <strong>de</strong> même x et y peuvent être <strong>de</strong>ux<br />

dénominations <strong>de</strong> base ou <strong>de</strong>ux expressions <strong>de</strong> quantités inconnues (cf. problème 3)<br />

- avoir pris conscience qu'un même objet, ici une quantité inconnue, peut être désigné<br />

<strong>de</strong>façon très différente selon les dénominations <strong>de</strong> base choisies, et cela aussi bien dans le<br />

registre <strong>de</strong> la langue naturelle que dans celui <strong>de</strong> l'écriture algébrique. Et cela renvoie à une<br />

opération discursive fondamentale qui ne relève pas d'une question <strong>de</strong> bonne ou mauvaise<br />

connaissance du français (Duval 1995, p.99-100).<br />

1.2. L'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s relations<br />

L'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s quantités inconnues auxquelles les formulations <strong>de</strong> l'énoncé<br />

réfèrent et leur conversion en expressions algébriques ne sont pas <strong>de</strong>s opérations<br />

suffisantes pour écrire l'équation. Il faut aussi i<strong>de</strong>ntifier les relations que l'énoncé établit<br />

entre ces quantités inconnues et qui vont permettre d'i<strong>de</strong>ntifier les membres <strong>de</strong> chaque<br />

équation. Ces relations sont, d'une part, celles articulant <strong>de</strong>ux quantités inconnues en un<br />

membre d'équation et, d'autre part, les plus importantes, celles qui désignent les relations<br />

d'égalité. Deux cas peuvent se présenter:<br />

1.2.1. Cas <strong>de</strong> marquage explicite <strong>de</strong>s relations<br />

Reprenons l'énoncé du problème 1 ci-<strong>de</strong>ssus:<br />

Si on laisse couler A pendant 4 h et B pendant 2 h, on obtient 64 I.<br />

+ =<br />

Si on laisse couler A pendant 3 h et B pendant 4 h, on obtienl62 I.<br />

+ =<br />

Nous avons mis en caractère italique les expressions qui marquent les relations<br />

pertinentes pour l'écriture <strong>de</strong> l'équation. Le marquage ne peut pas être plus explicite<br />

puisque la relation d'égalité est exprimée ici par le verbe <strong>de</strong> la proposition principale et que<br />

la conjonction « et » se convertit directement en un signe d'addition! En réalité, le cas


42<br />

explicite classique est celui où d'une part, nous avons une phrase (ou une proposition<br />

indépendante) par équation, et où, d'autre part, l'organisation syntaxique <strong>de</strong> la phrase peut<br />

être mise en correspondance terme à terme avec l'organisation <strong>de</strong> l'équation. Très<br />

souvent, le marquage <strong>de</strong> la relation d'égalité est donnée dans une proposition qui exprime<br />

une relation additive entre les <strong>de</strong>ux situations décrites. C'est le cas, par exemple, <strong>de</strong><br />

l'énoncé du problème 2:<br />

la montée est <strong>de</strong> 126 mètres plus longue que la <strong>de</strong>scente<br />

se traduit par<br />

longueur montée = 126 + longueur <strong>de</strong>scente.<br />

et<br />

le parcours total a duré 270s<br />

peut être paraphrasé par<br />

la somme <strong>de</strong>s durées est égale à 270s.<br />

Cet exemple permet en outre <strong>de</strong> voir que les énoncés peuvent être opaques pour<br />

l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s objets et transparents ou explicites pour l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s relations.<br />

Ce sont là <strong>de</strong>ux facteurs totalement indépendants pour la compréhension et la conversion<br />

<strong>de</strong>s énoncés.<br />

Dans le problème ci-<strong>de</strong>ssus, les quantités sont continues mais on peut avoir la même<br />

situation avec <strong>de</strong>s quantités discrètes:<br />

Problème 4<br />

Un enfant dispose <strong>de</strong> 15 jetons blancs et <strong>de</strong> 12 jetons noirs. Les jetons <strong>de</strong> la même couleur ont le<br />

même diamètre. Le diamèLre d'un jeton blanc mesure 6 mm <strong>de</strong> plus que le diamètre d'un jeton noir. La<br />

rangée <strong>de</strong>s 15 jetons blancs alignés côte à côte dépasse <strong>de</strong> 144 mm la rangée <strong>de</strong>s 12 jetons noirs alignés<br />

côte à côte.<br />

Quel est le diamètre d'un jeton blanc<br />

Dans cet exemple les quantités inconnues sont: «le diamètre d'un jeton blanc», «le diamètre<br />

d'un jeton noir», «la longueur <strong>de</strong> la rangée <strong>de</strong>s jetons blancs», «la longueur <strong>de</strong> la rangée <strong>de</strong>s jetons noirs».<br />

Les relations entre les quantités inconnues sont données par:<br />

la rangée <strong>de</strong>s 15 jetons blancs alignés côte à côte dépasse <strong>de</strong> 144m la rangée <strong>de</strong>s 15 jetons noirs alignés<br />

côte à côte<br />

qui se traduit par<br />

longueur <strong>de</strong> la rangée <strong>de</strong>s jetons blancs = 144 + longueur <strong>de</strong> la rangée <strong>de</strong>s jetons noirs.<br />

Le diamètre d'un jeton blanc mesure 6 mm <strong>de</strong> plus que le diamètre d'un jeton noir<br />

qui se traduit par<br />

le diamètre d'un jeton blanc = 6 + le diamètre d'un jeton noir<br />

1.2.2. Cas <strong>de</strong> marquage semi-implicite ou entièrement implicite<br />

<strong>de</strong>s relations<br />

problème 5<br />

Une usine fabrique <strong>de</strong>ux sortes d'objets A et B. L'objet A nécessite 2,4 kg d'acier et 3 h <strong>de</strong> fabrication.<br />

L'objet B nécessite 4 kg d'acier et 2 h <strong>de</strong> fabrication. Calculer le nombre d'objets <strong>de</strong> chaque sorte sachant<br />

que l'on a utilisé, pour les produire, 80 kg d'acier et 67 h <strong>de</strong> travail.


43<br />

Cet énoncé est intéressant puisqu'il rentre dans le cas transparent, pour l'i<strong>de</strong>ntification<br />

<strong>de</strong>s objets. En revanche, les relations nécessaires pour écrire l'équation ne sont pas toutes<br />

marquées explicitement. La proposition « on a utilisé pour les produire» permet d'i<strong>de</strong>ntifier<br />

la relation d'égalité pour les <strong>de</strong>ux équations. Mais il faut paraphraser l'expression « le<br />

nombre d'objets <strong>de</strong> chaque sorte... » par « le nombre d'objets <strong>de</strong> A et le nombre d'objets <strong>de</strong> B»<br />

pour constituer le premier membre <strong>de</strong> chaque équation. En outre la conjonction «et»<br />

fonctionne comme un séparateur <strong>de</strong>s quantités inconnues pour chacune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

équations. Ici l'emploi <strong>de</strong> la conjonction «et» peut donc être trompeur, car cette indication<br />

ne sert à rien pour écrire le système d'équations. L'organisation <strong>de</strong> l'énoncé correspond<br />

en réalité à une <strong>de</strong>scription du tableau suivant:<br />

(SITUATION 1 ) L'objet A nécessite 2,4 kg d'acier (et) 3 h <strong>de</strong> fabrication.<br />

(SITUATION 2) L'objet B nécessite 4 kg d'acier (et) 2 h <strong>de</strong> fabrication<br />

Le nombre d'objets <strong>de</strong> chaque sorte... 80 kg d'acier (et) 67 h <strong>de</strong> travail<br />

pour les produire...<br />

« Production <strong>de</strong>s objets A 2,4 nA + 4 no = 80<br />

et<br />

<strong>de</strong>s objets B »<br />

(Relation entre les <strong>de</strong>ux situations)<br />

Voici maintenant un exemple d'énoncé où le marquage <strong>de</strong> la relation principale est<br />

complètement implicite.<br />

Problème 6<br />

Un avion décolle <strong>de</strong> sa base à 7 h, vole en ligne droite jusqu'à une balise radio, retourne vers sa base et<br />

atterrit à 10 h 30 min. A l'aller la vitesse <strong>de</strong> l'avion était <strong>de</strong> 960 km/h, au retour <strong>de</strong><br />

no km/h.<br />

Calculer les temps mis pour aller à la balise puis pour retourner à la base.<br />

Dans cet énoncé, qui relève du cas opaque pour l'i<strong>de</strong>ntification et la désignation <strong>de</strong>s<br />

quantités inconnues, la relation permettant d'écrire l'une <strong>de</strong>s équations est: «la distance <strong>de</strong> la<br />

base à la balise est la même que la distance <strong>de</strong> la balise à la base».<br />

On voit donc la différence entre l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s quantités inconnues et<br />

l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s relations. Alors que la désignation <strong>de</strong>s quantités inconnues est toujours<br />

explicite, même si elle n'est pas toujours directement utilisable, en revanche le marquage<br />

<strong>de</strong>s relations non seulement n'est pas toujours explicite, mais il peut parfois être omis,<br />

ceci sous prétexte d'évi<strong>de</strong>nce.<br />

Avant d'en finir avec notre arrêt sur lecture, rappelons que les énoncés <strong>de</strong> problèmes<br />

<strong>de</strong> mise en équations présentent <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> difficultés entièrement indépendantes l'une<br />

<strong>de</strong> l'autre. La première est générale: c'est le caractère explicite ou implicite <strong>de</strong>s<br />

informations. Pour les problèmes <strong>de</strong> mise en équations cette difficulté porte très<br />

exactement sur les informations relatives aux relations. En revanche, la secon<strong>de</strong> est<br />

spécifique aux problèmes <strong>de</strong> mise en équations: c'est la différence entre les inconnues<br />

qui sont <strong>de</strong>s dénominations <strong>de</strong> base dans le registre <strong>de</strong> l'écriture algébrique et dont le


44<br />

nombre est déterminé par le nombre d'équations, et les quantités inconnues qui sont les<br />

objets décrits dans l'énoncé à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> dénominations <strong>de</strong> base dans le registre linguistique<br />

et dont le nombre est variable.<br />

2. A propos <strong>de</strong>s énoncés <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> mise en équations<br />

2.1. Classification <strong>de</strong>s énoncés <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> mise en équations<br />

Les exemples <strong>de</strong> problèmes que nous venons d'analyser suffisent à montrer que les<br />

énoncés <strong>de</strong> problèmes ne sont pas du tout équivalents. L'importance <strong>de</strong>s variations que<br />

nous venons <strong>de</strong> dégager joue qualitativement (nature <strong>de</strong>s opérations à effectuer, addition<br />

ou multiplication) et quantitativement (distance entre la lecture <strong>de</strong> l'énoncé et l'écriture du<br />

système d'équations) sur la complexité <strong>de</strong> la tâche globale <strong>de</strong> résolution. Il est donc<br />

important <strong>de</strong> disposer d'une catégorisation <strong>de</strong>s différents types d'énoncé possibles <strong>de</strong><br />

problème <strong>de</strong> mise en équations.<br />

Pour déterminer le type d'un énoncé, il faut se poser <strong>de</strong>ux questions:<br />

1. La conversion requiert-elle une réduction à <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s dénominations <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s<br />

quantités inconnues (et si oui, la redésignation se fait-elle en utilisant une procédure<br />

additive ou une procédure multiplicative)<br />

2. Le marquage linguistique <strong>de</strong>s relations est -il explicite ou non <br />

Selon les réponses à ces questions, on obtient un énoncé qui est <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong>s six<br />

types suivants:<br />

EXPRESSION DES QUANTITÉS INCONNUES<br />

Transparente Opaque<br />

(réduction à <strong>de</strong>ux dénominations <strong>de</strong> base)<br />

quantités discrètes qui<br />

pennetlent<br />

le recours à une<br />

procédure additive<br />

quantités continues<br />

qui obligent<br />

le recours à une<br />

procédure multiolicative<br />

INDICATIONS<br />

RELATIVES<br />

explicite<br />

et<br />

conversion immédiate<br />

Pb. 1<br />

A.I<br />

Pb. 4<br />

B.J<br />

Pb.2<br />

C.I<br />

AU<br />

MARQUAGE<br />

DES<br />

RELATIONS<br />

partiellement implicite ou<br />

complètement implicite<br />

(relativement à une relation<br />

d'égalité)<br />

Pb.5<br />

A.2<br />

Pb.3<br />

B.2<br />

Pb.6<br />

C.2<br />

Les caractères italiques, dans chaque case, désignent chacun un type <strong>de</strong> problème.


45<br />

On peut éventuellement envisager d'autres variations, comme par exemple la présence<br />

<strong>de</strong> pourcentages: «si la longueur d'un rectangle augmente <strong>de</strong> 10 %... ». Mais ces<br />

variations ne concernent plus la structure <strong>de</strong> l'énoncé ou du système d'équations mais<br />

seulement la présentation <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s quantités connues ou inconnues.<br />

On voit tout <strong>de</strong> suite que le type <strong>de</strong> conversion à effectuer change selon la rédaction <strong>de</strong><br />

l'énoncé. On peut avoir un passage direct et immédiat dans le cas <strong>de</strong> problèmes du type<br />

Al ou au contraire un passage exigeant un détour par une représentation intermédiaire<br />

dans le cas <strong>de</strong>s problèmes du type B ou C.<br />

Pour les problèmes du type A2, cela peut dépendre <strong>de</strong>s indications relatives aux<br />

relations que la rédaction laisse implicites. Rappelons que le <strong>de</strong>gré d'implicite ne concerne<br />

pas les quantités inconnues mais les indications relatives aux relations.<br />

Le passage <strong>de</strong> l'énoncé à l'écriture du système d'équations dépend du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

correspondance entre l'organisation <strong>de</strong> l'énoncé qui est proposé comme problème et celle<br />

du système d'équations à écrire.<br />

Représentation intermédiaire:<br />

organisation <strong>de</strong>s quantités<br />

Inconnues en tableau<br />

Problèmes t B, C<br />

(et A2 complète ent implicites)<br />

(ENONCE)I------------I.. ~r SYSTEME D'EQUATIONS<br />

- - Problèmes type Al<br />

et type A2 partiellement implicites<br />

La compréhension <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> mise en équations ne dépend pas d'une<br />

« compétence» générale <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong>s énoncés <strong>de</strong> problème, comme cela est quelque<br />

fois affirmé, mais d'un développement intériorisé d'une organisation en tableau <strong>de</strong><br />

données relatives à <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs, qu'elles soient reliées ou non par une relation<br />

multiplicative.<br />

Ces remarques sont importantes car elles permettent <strong>de</strong> mieux analyser la nature <strong>de</strong>s<br />

difficultés rencontrées pour la mise en équations <strong>de</strong> ces problèmes. Et elles montrent aussi<br />

que proposer <strong>de</strong> commencer par « choisir les inconnues» est un non-sens. D'ailleurs ce<br />

conseil aveugle est non seulement inefficace mais il peut conduire à renforcer <strong>de</strong>s<br />

comportements <strong>de</strong> choix impressionnistes chez les élèves qui vont associer les inconnues<br />

à un mot <strong>de</strong> l'énoncé, celui-ci étant en général choisi dans la question posée.<br />

2.2. Aperçu <strong>de</strong>s variations possibles d'énoncés <strong>de</strong> problèmes<br />

extraits d'une même situation<br />

A partir d'une situation complète, donnée sous la forme d'un texte <strong>de</strong>scriptif ou narratif<br />

ou sous la forme d'un tableau, on peut construire différents types d'énoncés. Voici par<br />

exemple la présentation complète sous forme <strong>de</strong> tableau d'une situation comportant les


46<br />

valeurs numériques <strong>de</strong> six objets ainsi que les relations entre les objets <strong>de</strong> même nature (le<br />

problème 2 ci-avant est un <strong>de</strong>s problèmes que l'on peut construire à partir <strong>de</strong> cette<br />

~ituation) :<br />

vitesse en mis durée en s distance en m<br />

montée VI = 15 tl = 161 dl = 2415<br />

<strong>de</strong>scente vz= 21 tz = 109 dz = 2289<br />

relations vz - VI = 6 tl + tz =270 dl - dz = 126<br />

Il Ya évi<strong>de</strong>mment un saut cognitif important quand on passe <strong>de</strong> la forme textuelle à la<br />

forme tabulaire pour la présentation complète d'une situation. Dans un cas, les données<br />

sont mélangées et, dans l'autre, elles sont classées. Qu'il faille ou non faire travailler les<br />

élèves sur ce saut est évi<strong>de</strong>mment une question importante qui est abordé au chapitre IV <strong>de</strong><br />

la brochureS.<br />

Mais la présentation complète d'une situation ne constitue pas un problème. Pour que<br />

la situation présentée <strong>de</strong>vienne la matière d'un problème, il faut choisir parmi les données,<br />

celles qui figureront dans le texte <strong>de</strong> l'énoncé et celles qui seront <strong>de</strong>s quantités inconnues.<br />

Ainsi, à partir d'une même situation, nous pouvons générer <strong>de</strong>s problèmes très différents<br />

les uns <strong>de</strong>s autres 6 .<br />

Il ne resterait plus pour fermer la boucle qu'à analyser les énoncés <strong>de</strong> ces problèmes en<br />

fonction <strong>de</strong> la classification proposée. Et on aurait alors une vue globale et précise <strong>de</strong> tout<br />

le fonctionnement cognitif impliqué par les problèmes <strong>de</strong> mise en équations.<br />

3. Conséquences et perspectives pour l'enseignement<br />

Nous venons <strong>de</strong> voir la complexité du passage d'un énoncé à l'écriture d'un système<br />

d'équations. Il n'est donc pas surprenant que les élèves ne le réussissent pas après<br />

quelques conseils ou quelques exemples ! Car un tel passage, dans le cas opaque,<br />

présente plein <strong>de</strong> fausses pistes. On peut d'abord se tromper sur la nature <strong>de</strong>s objets à<br />

i<strong>de</strong>ntifier: on établit alors une correspondance représentative entre les objets physiques<br />

(montée-<strong>de</strong>scente, aller-retour...) <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la situation extra-mathématique<br />

évoquée et les objets qui sont pertinents pour la conversion en équations, à savoir <strong>de</strong>s<br />

quantités inconnues. Mais <strong>de</strong> façon plus subtile et plus durable, on peut confondre les<br />

dénominations <strong>de</strong> base utilisées pour désigner les quantités inconnues et les objets qu'elles<br />

permettent <strong>de</strong> désigner: on établit alors <strong>de</strong> fausses correspondances entre les inconnues,<br />

c'est-à-dire les <strong>de</strong>ux lettres utilisées comme dénominations <strong>de</strong> base dans l'écriture<br />

algébrique (pour un système <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux équations), et certains mots ou certaines expressions<br />

linguistiques qui, elles, désignent les quatre quantités inconnues.<br />

5 Op. cit.<br />

6 Voir page 40 <strong>de</strong> la même brochure (op. cit.)


47<br />

On ne peut donc pas être surpris <strong>de</strong> voir les élèves emprunter toutes les fausses pistes<br />

possibles. Elles conduisent à une gran<strong>de</strong> variété d'erreurs que l'on retrouve toujours pour<br />

les énoncés qui relèvent du cas d'opacité. Dans son travail <strong>de</strong> thèse, Kourkoulos (1990)<br />

en a établi une typologie <strong>de</strong> base. Il les a caractérisées comme <strong>de</strong>s «défauts <strong>de</strong><br />

représentation» <strong>de</strong>s élèves. Vu la complexité <strong>de</strong> la tâche cognitive requise, dans le cas<br />

d'opacité, pour passer <strong>de</strong> l'énoncé à l'écriture du système d'équations, et en l'absence<br />

d'un apprentissage spécifiquement adapté à cette tâche, ces erreurs sont inévitables. Et il y<br />

a peu <strong>de</strong> chances que la plupart <strong>de</strong>s élèves les surmontent au fur et à mesure qu'ils<br />

avancent dans le curriculum. On peut donc se poser une première question: comment<br />

apprendre aux élèves à /ire les énoncés, dont les rédactions peuvent beaucoup varier, <strong>de</strong><br />

façon à ce qu'ils <strong>de</strong>viennent capables <strong>de</strong> reformuler sous une forme algébrique les<br />

informations lues, c'est-à-dire sélectionnées<br />

Toute lecture intégrée à une tâche implique que cette lecture se fasse <strong>de</strong> manière plus ou<br />

moins interrogative; car c'est en fonction <strong>de</strong> cette interrogation que les informations en<br />

relation avec la tâche à effectuer peuvent être sélectionnées. En d'autres termes, cela<br />

implique que le lecteur ait, implicitement ou explicitement, une grille <strong>de</strong> questions en tête.<br />

C'est en fonction <strong>de</strong> cette grille qu'il « voit» se détacher <strong>de</strong> l'énoncé les informations qui<br />

lui paraissent <strong>de</strong>voir ou pouvoir être utilisées. Nous pouvons donc préciser la première<br />

question en une <strong>de</strong>uxième: quelle grille <strong>de</strong> questions peut-on construire pour la tâche <strong>de</strong><br />

reformulation sous forme algébrique et comment les élèves peuvent-ils se l'approprier<br />

En ce qui concerne la première partie <strong>de</strong> cette question, on voit que la grille <strong>de</strong><br />

questions doit être orientée vers <strong>de</strong>ux types d'informations:<br />

(1) les informations concernant les quantités inconnues ainsi que celles concernant les<br />

relations que l'énoncé établit ou présuppose entre ces quantités inconnues,<br />

(2) les informations permettant d'organiser toutes les informations <strong>de</strong> (1) sous une<br />

forme qui permette un traitement dans le registre d'arrivée, à savoir un système<br />

d'équations.<br />

Pour véritablement discriminer le type d'informations décrit en (1), c'est-à-dire pour<br />

être en mesure <strong>de</strong> comprendre les questions pouvant s'y rapporter, il faut avoir pris<br />

conscience <strong>de</strong> la distinction entre les objets désignés (les quatre quantités inconnues) et<br />

les dénominations que l'on utilise respectivement pour les désigner dans l'énoncé et dans<br />

l'écriture du système d'équations. Le point délicat consiste dans le fait que les<br />

«dénominations <strong>de</strong> base» (le lexique) utilisables dans l'écriture algébrique pour<br />

désigner les objets est plus restreint que celui qui est utilisé dans l'énoncé. Et pour<br />

véritablement discriminer le type d'informations décrit en (2), il faut avoir pris conscience<br />

que les objets désignés dans l'énoncé le sont en fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dimensions sémantiques<br />

(durée et distance, être un chiffre et représenter un nombre, nombre d'objets produits et ce<br />

que nécessite cette production, pour reprendre les énoncés cités plus haut), et que la<br />

reformulation sous fomle algébrique doit conserver cette désignation en fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

dimensions sémantiques.<br />

Cette double prise <strong>de</strong> conscience, qui doit se faire simultanément, s'explicite dans une<br />

grille <strong>de</strong> questions ou peut émerger dans une activité où l'on apprend un type <strong>de</strong><br />

questionnement orienté vers ces <strong>de</strong>ux types d'informations. Une grille <strong>de</strong> questions ne<br />

saurait donc être codifiée à l'avance une fois pour toutes. C'est pourquoi, le biais du


48<br />

recours à la représentation <strong>de</strong> type tableau s'avère précieux.<br />

Il n'est pas besoin d'expliquer pourquoi ce type <strong>de</strong> représentation s'impose<br />

structurellement par rapport à d'autres types <strong>de</strong> représentations comme celles auxquelles<br />

certains élèves recourent spontanément pour constater ensuite qu'ils sont en impasse (cf.<br />

l'exemple plus haut où est produite l'image <strong>de</strong> la montée et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente). En revanche,<br />

il est important <strong>de</strong> préciser que ce n'est pas tant le tableau qui importe que la fonction<br />

qu'on lui donne dans l'organisation <strong>de</strong>s activités. Il ne s'agit pas <strong>de</strong> donner un tableau<br />

déjà rempli, ou même à remplir. Car alors tout le travail <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> conscience relatif à la<br />

génération d'un grille <strong>de</strong> questions serait court-circuité. Il s'agit, au contraire, <strong>de</strong> faire<br />

construire le tableau, ce qui implique que l'on s'interroge sur la nature <strong>de</strong>s infonnations à<br />

mettre dans les marges (détenninations sémantiques) et dans les cases (les quantités<br />

inconnues refonnulées en fonction d'un lexique à <strong>de</strong>ux lettres). Bref, il ne s'agit pas <strong>de</strong><br />

faire utiliser <strong>de</strong>s tableaux déjà partiellement construits (activité en aval <strong>de</strong> la représentation)<br />

mais <strong>de</strong> le faire construire (activité en amont). Car en amont on ne travaille plus sur un<br />

seul registre <strong>de</strong> représentation, l'énoncé pris en lui-même ou le tableau seul en oubliant le<br />

texte, on travaille sur la conversion <strong>de</strong>s représentations. M. Kourkoulos (1990) et plus<br />

explicitement N. Cordier (1993) ou, plus récemment, une équipe d'enseignants (op. cit.)<br />

ont élaboré et expérimenté dans <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong>s séquences d'apprentissage allant dans ce<br />

sens. C'est à ce sta<strong>de</strong> d'une construction <strong>de</strong> tableau, en tant qu'elle porte sur une activité<br />

<strong>de</strong> conversion et sur les moyens pour effectuer l'opération discursive <strong>de</strong> désignation<br />

d'objets dans chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux registres, que se fait la réelle compréhension <strong>de</strong> la mise en<br />

équations. Naturellement, on peut vouloir ignorer l'importance <strong>de</strong> cette tâche, mais alors<br />

autant donner directement le système d'équations à résoudre et ne pas donner un (pré)texte<br />

comme énoncé <strong>de</strong> problème.<br />

Bibliographie<br />

CORDIER N. (1993) Les problèmes <strong>de</strong> mise équation en troisième et en secon<strong>de</strong>,<br />

. Annales <strong>de</strong> didactique et <strong>de</strong> sciences cognitives, <strong>IREM</strong> <strong>de</strong> Strasbourg, n05<br />

DUVAL R. (1995) Sémiosis et pensée humaine, Peter Lang.<br />

GROUPE MATH-FRANCAIS <strong>de</strong> l'<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> STRASBOURG (1996) Problèmes <strong>de</strong> mise<br />

équations: ces chara<strong>de</strong>s dont la solution est un système d'équations à <strong>de</strong>ux inconnues,<br />

<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> Strasbourg<br />

KOURKOULOS M. (1990) Modélisation mathématique <strong>de</strong> situations aboutissant à <strong>de</strong>s<br />

équations du premier <strong>de</strong>gré, Strasbourg, thèse Université Louis Pasteur


ACTIVITÉ •.. DEUX PARALLÈLES ET UNE SÉCANTE<br />

Philibert CLAPPONI<br />

<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

Construis un segment [CD] et <strong>de</strong>ux droites parallèles (d) et (d').<br />

A est un point quelconque.<br />

Construis une droite (e) sécante aux droites (d) et (d') qui coupe (d) en E et (d') en F <strong>de</strong><br />

facon que le segment [CD] ait le même longueur que le segment [EP].<br />

Explique soigneusement ta construction.<br />

Justifie.<br />

« petit x » n° 44, pp. 49 à 52, 1996 - 1997


50<br />

ACTIVITÉ ... DEUX TANGENTES ...<br />

Philibert CLAPPONI<br />

<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

Construis un triangle équilatéral ABC et le cercle (C) <strong>de</strong> centre C passant par B.<br />

Le cercle (C) passe-t-il par A pourquoi<br />

Construis la tangente au cercle (C) en A. Elle coupe la droite (BC) au point P.<br />

Construis la tangente en B au cercle (C). S est un point quelconque <strong>de</strong> cette tangente.<br />

Que peut-on dire du triangle SPC Justifie soigneusement.


51<br />

ACTIVITÉ ... DEUX TANGENTES<br />

Philibert CLAPPONI<br />

lREM <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

[Ax et [Ay sont 2 <strong>de</strong>mi droites et 1 un point du plan.<br />

Construis un parallelogramme ABCD qui vérifient les conditions suivantes:<br />

• B est sur Ax<br />

• D est sur Ay<br />

• 1est le centre du parallélogramme.<br />

x<br />

B r------__ c<br />

. 1<br />

A-·------;D~-~Y---<br />

Justifie soigneusement ta construction.


52<br />

ACTIVITÉ ... PROJECTIONS DANS UN TRIANGLE<br />

Philibert CLAPPONI<br />

lREM <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

Construis un triangle ABC et les milieux E et F <strong>de</strong> [AC] et [AB].<br />

Construis la projection orthogonale K <strong>de</strong> E sur [Bc].<br />

Construis la projection orthogonale H <strong>de</strong> F sur [Bc].<br />

1 - EFHK est-il un rectangle Pourquoi<br />

A<br />

c<br />

H<br />

B<br />

2 - Compare l'aire du triangle ABC et du quadrilatère EFHK.<br />

3 - Soit J le milieu <strong>de</strong> [BC]. E et J se projettent orthogonalement en G et L sur [AB].<br />

Compare les aires <strong>de</strong>s quadrilatères EFHK et EJLG.


DE L'ÉCONOMIE ET DE L'ÉCOLOGIE DU TRAVAIL<br />

AVEC LE LOGICIEL CABRI-GÉOMÈTRE<br />

Teresa ASSUDE, Bernard CAPPONI<br />

Laboratoire Leibniz, <strong>Grenoble</strong> 1<br />

Pierre BERTOMEU, Jean-François BONNET<br />

<strong>IREM</strong><strong>de</strong>Nice<br />

Introduction<br />

Dans cet article, nous voulons donner quelques exemples <strong>de</strong> l'articulation entre<br />

l'économie et l'écologie du travail avec Cabri-géomètre. Pour cela, nous exposerons tout<br />

d'abord ce que nous entendons par ces termes d'économie et d'écologie. Ensuite, à l'ai<strong>de</strong><br />

d'exemples observés, vécus ou pris dans d'autres travaux, nous essayerons <strong>de</strong> montrer<br />

comment ces <strong>de</strong>ux notions interagissent à la fois dans le travail <strong>de</strong> l'élève et dans<br />

l'évolution du type <strong>de</strong> problèmes géométriques proposés en classes <strong>de</strong> Collège. Précisons<br />

tout <strong>de</strong> même que cet article n'est pas une étu<strong>de</strong> exhaustive car il s'appuie sur un travail <strong>de</strong><br />

recherche actuellement en cours; ainsi certaines <strong>de</strong> nos affirmations ne sont que <strong>de</strong>s<br />

hypothèses, et elles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à être soumises encore au contrôle <strong>de</strong> l'expérience.<br />

Par économie du travail (relativement à <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> savoir) nous entendons à la fois :<br />

-la manière <strong>de</strong> gérer les savoirs dans un certain système didactique (et dans notre cas<br />

un système didactique où on utilise Cabri-géomètre) ce qui va nous renvoyer, en<br />

particulier, aux conditions <strong>de</strong> travail;<br />

- la manière <strong>de</strong> gérer les savoirs dans ses multiples parties (au sens où on dira<br />

"l'économie du corps humain") ce qui nous renvoie, entre autres, à la possibilité d'une<br />

organisation "économe" (à savoir celle qui permet <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s économies).<br />

Dans ce sens, nous ne pouvons pas alors séparer l'économie du travail <strong>de</strong> son écologie,<br />

c'est-à-dire l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s relations entre le savoir et son milieu. Ceci nous amènera à<br />

considérer, plus précisément, les conditions <strong>de</strong> possibilité d'existence (et corrélativement<br />

d'absence) d'un certain savoir ou d'un certain type <strong>de</strong> problèmes dans les systèmes<br />

didactiques.<br />

« petit x » nO 44, pp. 53 à 79, 1996 - 1997


54<br />

Nous nous situerons dans une approche "économico-Iogique" que Yves Chevallard a<br />

appelé "écologie didactique <strong>de</strong>s savoirs", que nous tenterons <strong>de</strong> compléter par<br />

l'introduction systématique <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> l'économie du système. Ce point <strong>de</strong> vue<br />

correspond à "une certaine manière <strong>de</strong> problématiser le réel didactique" (Chevallard 1994,<br />

p.114). Dans cette perspective, et comme outils <strong>de</strong> base <strong>de</strong> notre analyse, <strong>de</strong>ux notions<br />

sont importantes: celles d'''habitat'' et <strong>de</strong> "niche". Ces notions sont en quelque sorte "le<br />

lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce" et les "fonctions" exercées par le savoir dans ce lieu. De plus, nous leur<br />

rajouterons la notion "économie <strong>de</strong> travail", dans un sens analogue à celui <strong>de</strong> "économie<br />

<strong>de</strong> pensée".<br />

Nous verrons que l'économie <strong>de</strong> travail procurée par l'usage d'un logiciel comme<br />

Cabri-géomètre n'est pas donnée au départ mais est à construire. Nous montrerons ensuite<br />

quelques exemples <strong>de</strong>s interactions entre l'économie et l'écologie du travail avec Cabrigéomètre.<br />

2. Matérialité du travail avec Cabri ou besoin <strong>de</strong> construire<br />

une "économie <strong>de</strong> travail"<br />

Comme nous l'avons dit, l'utilisation <strong>de</strong> Cabri-géomètre peut procurer une économie<br />

<strong>de</strong> travail mais cette économie n'est pas « un donné» mais « un construit ». De ce fait,<br />

les activités initiales <strong>de</strong> familiarisation du logiciel sont très importantes pour que les élèves<br />

puissent établir un rapport adéquat au logiciel. Par conséquent, nous ne pouvons pas<br />

négliger la question <strong>de</strong> la matérialité <strong>de</strong> l'activité mathématique. Celle-ci est une <strong>de</strong>s<br />

composantes essentielles <strong>de</strong> cette activité mais elle est le plus souvent considérée comme<br />

transparente, allant <strong>de</strong> soi. Or ce n'est pas ce que nous avons constaté lors <strong>de</strong><br />

l'observation d'élèves en classe <strong>de</strong> quatrième. Ceux-ci avaient une option informatique<br />

tous les 15 jours et l'utilisation du logiciel posait problème. Ce qu'on aurait pu gagner en<br />

économie d'un côté, était freiné <strong>de</strong> l'autre par cet obstacle. Nous rapprochons ce point<br />

essentiel <strong>de</strong> familiarisation du logiciel à ce que Charles Méray faisait pour initier les élèves<br />

aux problèmes <strong>de</strong> construction dans son livre Nouveaux Éléments <strong>de</strong> Géométrie 1 :<br />

«En Géométrie, le mot construction s'applique au tracé méthodique <strong>de</strong>s<br />

diverses parties d'une figure quelconque, cela dans telles ou telles conditions<br />

précises qui ont été préalablement assignées.<br />

Le <strong>de</strong>ssin géométrique ne comporte, en fait, que <strong>de</strong>s constructions <strong>de</strong> figures,<br />

chacune exclusivement plane.<br />

Un tel <strong>de</strong>ssin se nomme une épure, et s'exécute, au crayon ou au tire-ligne,<br />

sur une feuille <strong>de</strong> papier, rendue plane et maintenue telle par son collage en<br />

état <strong>de</strong> tension, sur une face d'une planchette qui a été taillée suivant un plan.<br />

On peut ainsi y tracer <strong>de</strong>s droites (24, 1), (27, 1), et la facilité extrême <strong>de</strong> ces<br />

tracés les rend prédominants dans toute épure.<br />

A cet effet, on gui<strong>de</strong> la pointe traçante par une règle, instrument taillé dans une<br />

plaque mince <strong>de</strong> quelque substance rigi<strong>de</strong> (bois ou métal), et possédant<br />

essentiellement <strong>de</strong>ux faces planes qui se coupent; l'une, plus étendue, est le<br />

plat <strong>de</strong> la règle, et s'applique sur l'épure; l'autre, très réduite, en est le<br />

1 Méray (1906), Nouveaux Eléments <strong>de</strong> Géométrie, PJobard, Imprimeur-Editeur, Dijon, p.13.


55<br />

biseau, et leur intersection mutuelle, nécessairement rectiligne (28, VII),<br />

constitue l'arête <strong>de</strong> l'instrument.<br />

Les points isolés se marquent le plus souvent par <strong>de</strong>s piqûres d'aiguille, faites<br />

aussi légères que possible. »<br />

Et, l'auteur n'hésite pas par la suite à proposer un problème qu'il appelle "pratique" à<br />

ses lecteurs 2 :<br />

« Construire la droite qui passe par <strong>de</strong>ux points donnés sur une épure ».<br />

et suit la correction du problème.<br />

Nous avons longuement cité cet auteur pourmontrer que ce qui peut nous paraître<br />

insignifiant a une fonctionnalité dans le texte. L'auteur crée par là une <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />

possibilité <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong> l'élève concernant les problèmes <strong>de</strong> construction. Nous sommes<br />

là dans la matérialité <strong>de</strong> l'activité mathématique. Cette matérialité est souvent implicite pour<br />

les professeurs, en ce qui concerne les instruments utilisés. Or ce n'est pas le cas lorsque<br />

les enseignants commencent à faire travailler leurs élèves avec le logiciel Cabri-géomètre.<br />

Une <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong> l'activité proprement dite consiste à passer une<br />

certaine durée pour initier les élèves à la maîtrise <strong>de</strong> ce nouveau moyen <strong>de</strong> travail<br />

mathématique qu'est Cabri-géomètre.<br />

Donnons ici un exemple <strong>de</strong>s difficultés qu'un élève peut rencontrer si l'on néglige un<br />

apprentissage du type <strong>de</strong> celui décrit dans l'exemple précé<strong>de</strong>nt :"Soit à construire un<br />

segment 1AB]."<br />

La construction <strong>de</strong> ce segment nécessite le choix <strong>de</strong> l'article "Segment" du menu<br />

"Création" 3, le choix d'un point (déjà existant ou en le créant par un clic <strong>de</strong> souris puis<br />

le choix d'un <strong>de</strong>uxième point <strong>de</strong> la même façon). Bien qu'une ai<strong>de</strong> en ligne soit<br />

disponible, ces actions mobilisent une habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'interface et une manipulation minimale<br />

<strong>de</strong> la souris (déplacement, pointage et clic). Nommer les <strong>de</strong>ux points implique un nouveau<br />

choix dans les menus et une nouvelle action mettant en œuvre le clavier et <strong>de</strong> nouveau la<br />

souris; <strong>de</strong> surcroît sortir <strong>de</strong> l'environnement d'édition <strong>de</strong>s noms nécessite une action par<br />

défaut qui est souvent un obstacle pour les élèves. Des constructions comportant<br />

davantage d'éléments nécessiteront <strong>de</strong>s savoir-faire liés à l'environnement Cabri. Les<br />

obstacles les plus observés dans les classes tiennent, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong>s<br />

propriétés géométriques elles-mêmes, au statut <strong>de</strong>s points: "point", "point sur objet" et<br />

surtout "point d'intersection" dont nous parlerons plus loin.<br />

Beaucoup d'actions sont nécessaires pour une construction simple. Cependant<br />

l'interface est suffisamment "naturelle" pour que la plupart <strong>de</strong> ces actions se fassent sans<br />

difficultés, mise à part les obstacles liés au type <strong>de</strong> points et la mise en œuvre <strong>de</strong>s<br />

propriétés géométriques.<br />

Toutefois ce n'est pas en vain qu'on mettra en œuvre cette initiation à Cabri-géomètre:<br />

il faut que cela vaille la peine d'être fait, c'est-à-dire que le travail par la suite soit vraiment<br />

2 i<strong>de</strong>m, p.14.<br />

3 Les exemples fournis ici sont tous donnés pour la version 1 <strong>de</strong> Cabri-géomètre (1.7 sous MS-DOS ou<br />

2.1 sur Macintosh). La nouvelle version II change sensiblement les aspects cités en apportant plus <strong>de</strong><br />

souplesse, <strong>de</strong> fluidité dans l'enchaînement <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s: possibilité <strong>de</strong> nommer les points «à la<br />

volée », par exemple.


56<br />

simplifié ou modifié d'une manière qualitativement satisfaisante. Nous passons donc à la<br />

<strong>de</strong>scription ce que nous avons fait pour familiariser <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> sixième avec Cabrigéomètre.<br />

3. Comment démarrer avec Cabri<br />

3.1. Création d'une "écologie" du travail<br />

La présentation suivante s'appuie sur un choix préliminaire: ne pas faire d'une bonne<br />

maîtrise du logiciel un préalable au démarrage <strong>de</strong>s activités mathématiques proprement<br />

dites. Après une phase très courte <strong>de</strong> découverte <strong>de</strong> l'inteiface Cabri, les élèves sont mis<br />

en situation <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s objets et <strong>de</strong> les manipuler.<br />

Très vite il apparaît que la géométrie <strong>de</strong> Cabri 1 donne une place hégémonique au point<br />

due au fait que la plupart <strong>de</strong>s objets sont crées à partir <strong>de</strong> points <strong>de</strong> base et que c'est en<br />

manipulant ces points que l'on déforme ou déplace les objets. En fait, les objets "Droite"<br />

et "Cercle" qui échappent à la règle ne sont pratiquement pas utilisés 4.<br />

Au bout <strong>de</strong> cinq ou six activités, il apparaît indispensable <strong>de</strong> faire une mise au point sur<br />

les différents types <strong>de</strong> points. Ceci se fait à travers l'activité "Cabri juge pour points III"<br />

(Annexe 1). Cette leçon est un peu un tournant pour une bonne utilisation du logiciel, et<br />

par la suite, les élèves y font très souvent référence. A ce moment <strong>de</strong> l'apprentissage,<br />

l'élève a tous les éléments pour travailler efficacement, les notions liées aux objets<br />

construits interviendront au fur et à mesure <strong>de</strong> leur utilité.<br />

Nous considérons alors les étapes suivantes pour créer une "écologie" favorable au<br />

travail avec Cabri :<br />

- utilisation <strong>de</strong> l'interface Cabri,<br />

- création d'objets Cabri,<br />

- travail sur les différents types <strong>de</strong> points,<br />

- construction d'objets Cabri.<br />

Nous présentons ces différentes phases en pointant quelques éléments, parfois<br />

évi<strong>de</strong>nts, constitutifs <strong>de</strong> la matérialité du travail développée auparavant.<br />

3.2. Utilisation <strong>de</strong> l'interface Cabri<br />

3.2.1. Utilisation <strong>de</strong> la souris<br />

La manipulation à la souris est incontestablement un point fort <strong>de</strong> Cabri. Il n'y a besoin<br />

d'aucun apprentissage pour les élèves qui trouvent très naturellement la correspondance<br />

cliquer/montrer et enfoncer/prendre.<br />

3.2.2. Les menus déroulants (version 1)<br />

Les élèves s'habituent très facilement à cette logique <strong>de</strong> travail. Parfois ils ont du mal à<br />

trouver où se trouvent les comman<strong>de</strong>s qu'ils cherchent. Il faut avouer que la répartition<br />

<strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s en "Édition - Création - Construction - Divers" n'est pas toujours très<br />

logique. Par exemple, "Point sur objet" et "Intersection <strong>de</strong>ux objets" ne sont pas, pour<br />

. 4 De fait les obstacles liés à l'usage <strong>de</strong> ces objets dans les premiers apprentissages conduisent beaucoup<br />

d'enseignants à inciter les élèves à ne pas les utiliser. Ces objets Cabri 1 ont disparu dans la version II.


57<br />

eux, <strong>de</strong>s constructions. Et il n'y a pas <strong>de</strong> repère simple pour savoir si "Nommer" ou<br />

"Mesurer" sont dans "Édition" ou "Divers". Ceci étant dit, quand on ne sait pas, "on<br />

cherche" en parcourant les menus. 5<br />

3.2.3. L'ai<strong>de</strong> en ligne<br />

Le travail en salle informatique génère toujours un peu plus d'agitation et<br />

l'occasion permet <strong>de</strong> montrer que l'on peut, sans déranger tout le mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />

Cabri comment exécuter une comman<strong>de</strong> grâce à l'ai<strong>de</strong> en ligne. Cette ai<strong>de</strong> est textuelle et<br />

permet aux élèves <strong>de</strong> savoir pour une construction donnée quels objets sont nécessaires et<br />

dans quel ordre on les sélectionne. Par exemple pour la construction d'une droite<br />

perpendiculaire, après sélection <strong>de</strong> l'article "Droite perpendiculaire" on montre un point<br />

par où passe cette droite puis la direction à laquelle elle est perpendiculaire 6. Tout au plus<br />

il faut remarquer que pour les élèves jeunes (l0-12 ans) l'ai<strong>de</strong> textuelle est parfois un peu<br />

complexe dans la mesure où les phrases ont une construction proche du langage utilisé en<br />

mathématiques, souvent très con<strong>de</strong>nsé (Labor<strong>de</strong> 1982).<br />

3.2.4. Les "jokers"<br />

Il est important que les élèves ne restent pas bloqués et puissent avoir toujours le droit à<br />

l'erreur.<br />

a - La touche ESC<br />

La touche ESC permet <strong>de</strong> faire marche arrière dans un menu ouvert par inadvertance.<br />

Ceci arrive souvent avec les comman<strong>de</strong>s du menu" Fichier ".<br />

b - La comman<strong>de</strong> Édition/Annuler<br />

Il est souvent beaucoup plus simple d '" Annuler" que <strong>de</strong> passer par<br />

"Divers/Supprimer". Exemple: " J'ai construit le cercle <strong>de</strong> centre A passant par B au lieu<br />

du cercle <strong>de</strong> centre B passant par A"<br />

3.3. Créer <strong>de</strong>s objets Cabri<br />

3.3.1 Création d'objets nouveaux<br />

a - Création et manipulation<br />

Il faut remarquer que l'on peut créer <strong>de</strong>s objets multiples, mais que l'on manipule<br />

principalement <strong>de</strong>s points. Ce sont les points qui permettent le déplacement <strong>de</strong>s figures.<br />

En outre, il est important <strong>de</strong> montrer comment nommer les points car les élèves, dans les<br />

premières manipulations font <strong>de</strong> très grands déplacements <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> la figure avec la<br />

souris et ont tendance à la déplacer hors <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> l'écran. Ils obtiennent aussi <strong>de</strong>s<br />

figures dont ils ne reconnaissent plus les points initiaux. D'autre part, ils sont souvent<br />

5 Cabri II pennet à chaque uLilisateur <strong>de</strong> redéfinir complètement les boîtes à outils~<br />

6Cabri II auLorise différenLes séquences pour tracer cette perpendiculaire.


58<br />

curieux <strong>de</strong> voir ce qui se passe dans les cas limites qui engendrent <strong>de</strong>s messages<br />

d"'Ambiguïté" illisibles si les objets sont anonymes.<br />

b - Mesurer <strong>de</strong>s segments<br />

Les activités où la mesure intervient sont capitales car elles posent le problème <strong>de</strong>s<br />

objets mesurables. Sur Macintosh (Version 2.1) ou avec Cabri II, il est important <strong>de</strong><br />

montrer aux élèves comment on peut gérer la précision <strong>de</strong>s mesures en obtenant plus ou<br />

moins <strong>de</strong> décimales. 7<br />

3.3.2 Création d'objets qui utilisent <strong>de</strong>s points existants<br />

Ceci représente une réelle difficulté pour les élèves, au début du Collège. Pour eux, il<br />

n'est pas évi<strong>de</strong>nt que les segments [AB] et [AC] ont un point commun. La règle du jeu qui<br />

consiste à n'avoir droit qu'à un seul point A dans une figure n'est pas acquise en arrivant<br />

en sixième et constitue un <strong>de</strong>s apprentissages <strong>de</strong> cette classe.<br />

3.4. Travail sur les différents types <strong>de</strong> points<br />

3.4.1 Points libres<br />

Le point libre est lin point qui "peut aller où il veut dans l'écran". Le comportement<br />

d'une figure dans le déplacement et le statut <strong>de</strong>s points dans ce déplacement est souvent<br />

mal perçu par les élèves: souvent, ceux-ci disent que le point A <strong>de</strong> la droite (AB) n'est pas<br />

libre car il reste toujours sur cette droite.<br />

3.4.2 Notion <strong>de</strong> trace d'un point libre<br />

Il apparaît très vite que le mouvement <strong>de</strong>s points dans Cabri 1 est du type <strong>de</strong> la<br />

matérialité <strong>de</strong> la trace dans l'eau: on ne sait rien <strong>de</strong>s déplacements effectués. Pour pallier<br />

ceci, on peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le "Lieu d'un point" quant on le déplace lui-même: voir par<br />

exemple l'activité "Des points à égale distance d'un même point" (Annexe 2) ou bien<br />

l'activité "Des points à égale distance d'une même droite" (Annexe 4) 8<br />

3.4.3. Points sur objet<br />

Deux difficultés principales apparaissent dans l'utilisation <strong>de</strong>s points liés à <strong>de</strong>s objets.<br />

La première est <strong>de</strong> trouver dans l'énoncé l'indication qui évoque un point sur objet: " On<br />

place un point sur [AB] ... ", " '" point <strong>de</strong> [AB] ... ". La <strong>de</strong>uxième est <strong>de</strong> se rendre<br />

compte, non seulement qu'il est sur l'objet au moment où on le met, mais qu'il y reste<br />

dans les actions <strong>de</strong> modification <strong>de</strong> la figure. On abor<strong>de</strong> là un <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> la différence<br />

entre <strong>de</strong>ssin et figure dans Cabri-géomètre.<br />

7 Uniquement possible avec Cabri II sur les versions PC.<br />

8 Dans Cabri II, une option "Trace" a été ajoutée en donnant au lieu à la fois une gestion automatique et<br />

une pennanence dans les déplacements qui n'existait pas dans les premières versions.


59<br />

3.4.4. Point d'intersection<br />

Le principal problème pour les élèves rési<strong>de</strong> dans le fait qu'il faut montrer les objets<br />

dont on veut l'intersection et non pas le point d'intersection lui-même. 9<br />

Un <strong>de</strong>uxième problème provient <strong>de</strong> la nécessité d'expliciter les points<br />

d'intersection pour les utiliser dans les constructions. Or ceci représente une rupture<br />

importante avec le mon<strong>de</strong> du papier/crayon dans lequel l'existence du point d'intersection<br />

n'est pas posée.<br />

Par contre Cabri peut prendre en compte l'existence conditionnelle d'une<br />

intersection, et donc <strong>de</strong>s objets qui en découlent, ce qu'on n'imaginait même pas sur<br />

papier: voir par exemple l'activité "Droite <strong>de</strong>s centres, droites <strong>de</strong>s intersections" (Annexe<br />

3)<br />

3.4.5. Statut <strong>de</strong>s points<br />

a - Phase <strong>de</strong> théorisation<br />

Une fois les premières activités réalisées par les élèves, il paraît indispensable <strong>de</strong><br />

bien préciser les choses en ce qui concerne le statut <strong>de</strong>s points. Ceci se fait à travers<br />

l'activité "Cabri juge pour point Ill" (Annexe 1) qui a été rédigée pour sa première<br />

mouture en collaboration avec une classe. Les termes "libre", "liberté surveillée",<br />

" prisonnier" sont <strong>de</strong>s mots d'élèves. Dans la suite du travail toute figure est l'occasion<br />

<strong>de</strong> donner à chaque point son statut.<br />

b - Modifier le statut d'un point<br />

Comme nous l'avons vu plus haut, il est fréquent et durable que les élèves placent<br />

un point "libre" sur un objet au lieu d'utiliser un "point sur objet" ; les dysfonctionnements<br />

apparaissent alors le plus souvent une fois la figure terminée quand on déplace les objets<br />

<strong>de</strong> base. Pour ne pas avoir à refaire la figure, il est important <strong>de</strong> connaître "lier un point à<br />

un objet" 10. Il faut cependant noter que la redéfinition <strong>de</strong>s objets ne va pas <strong>de</strong> soi chez les<br />

élèves. Nous avons parfois observé <strong>de</strong>s élèves qui utilisent la redéfinition <strong>de</strong>s objets pour<br />

tenter <strong>de</strong> placer un point qu'il n'arrivent pas à construire à l'ai<strong>de</strong> une construction<br />

géométrique.<br />

3.5. Construction d'objets<br />

3.5.1. Fabrication <strong>de</strong> figures complexes<br />

A ce moment là, la phase <strong>de</strong> démarrage est terminée. Les élèves ont une maîtrise<br />

convenable du logiciel. Les problèmes qui se posent à eux sont d'ordre mathématique. On<br />

peut complexifier les figures et utiliser <strong>de</strong>s objets construits.<br />

9 Cabri II offre les <strong>de</strong>ux possibilités et propose la construction du point d'intersection quand on pointe à<br />

l'intersection.<br />

10 Cet article <strong>de</strong> menu est propre à la version MS-DOS. Sur les autres versions (Macintosh 2.1 ou Cabri<br />

II) on utilise l'article "Redéfinir un objet" ou "Redéfinir un point".


60<br />

3.5.2. Supprimer ou gommer<br />

Il sera, à ce niveau, important <strong>de</strong> faire la différence entre la nécessité <strong>de</strong> supprimer un<br />

objet dont on ne désire plus la présence et la volonté <strong>de</strong> gommer un objet qui doit<br />

continuer à exister sans apparaître à l'écran ce qu'on peut mettre en relation avec les traits<br />

<strong>de</strong> construction en papier/crayon.<br />

3.6. En conclusion <strong>de</strong> cette phase <strong>de</strong> familiarisation<br />

L'importance du statut du point induit un niveau d'abstraction et <strong>de</strong> rigueur qu'il faut<br />

travailler tout au long <strong>de</strong> l'année et qui ne peut être atteint qu'avec une fréquentation<br />

régulière <strong>de</strong> Cabri. Mais un <strong>de</strong>s points forts <strong>de</strong> Cabri est <strong>de</strong> permettre <strong>de</strong> mettre très vite les<br />

élèves au travail sans perdre <strong>de</strong> temps puisqu'on fait tout <strong>de</strong> suite <strong>de</strong> la géométrie sans que<br />

les problèmes liés à l'interface viennent perturber gravement l'activité <strong>de</strong> l'élève. Son<br />

ergonomie naturelle est parfaitement assimilée sans étu<strong>de</strong> préalable. Il n'en reste pas moins<br />

que le principal problème qui se pose, "faire la différence entre <strong>de</strong>ssiner et construire",<br />

n'en est pas résolu pour autant. Mais la maîtrise <strong>de</strong> cet aspect du logiciel va <strong>de</strong> pair avec la<br />

reconnaissance <strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong>s relations qui lient les objets d'une figure<br />

géométrique: c'est l'un <strong>de</strong>s objectifs assigné aux activités <strong>de</strong> construction (sur Cabri ou<br />

en papier-crayon) que <strong>de</strong> donner à l'élève cette familiarité avec la figure qui est un <strong>de</strong>s<br />

éléments fondamentaux pour l'amener à élaborer une démarche logico-déductive en<br />

géométrie.<br />

4. Quelques aspects <strong>de</strong> l'économie du travail avec Cabri<br />

Lorsque les élèves utilisent ce logiciel avec une maîtrise suffisamment bonne, leurs<br />

travaux géométriques s'en trouvent facilités et ils sont conscients <strong>de</strong>s avantages acquis<br />

lorsque nous les questionnons par écrit. Avant <strong>de</strong> présenter une sélection <strong>de</strong> citations<br />

d'élèves, précisons notre méthodologie <strong>de</strong> travail.<br />

Ayant choisi un nombre limité <strong>de</strong> thèmes mathématiques - issus essentiellement du<br />

programme <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> sixième, cinquième et quatrième - nous les avons proposés en<br />

activités Cabri et papier/crayon entrelacées. A la fin <strong>de</strong> chaque séance - qui durait entre<br />

IhOO et 2hOO selon les classes et les créneaux horaires - nous avons <strong>de</strong>mandé aux élèves<br />

d'écrire un journal <strong>de</strong> bord: expression écrite, « à chaud », <strong>de</strong> leurs impressions sur le<br />

travail effectué. Notre recueil <strong>de</strong> données comportait alors, outre le journal <strong>de</strong> bord, les<br />

activités proposées par le professeur, les cahiers <strong>de</strong>s élèves ainsi que <strong>de</strong>s notes d'un<br />

observateur (pour quelques séances), complété par quelques entretiens individuels que<br />

nous avons fait quelque temps après les activités (environ <strong>de</strong>ux mois plus tard). Pour ce<br />

qui nous intéresse ici et afin <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce les aspects choisis, nous ne<br />

présenterons qu'un choix restreint <strong>de</strong> types <strong>de</strong> problèmes proposés aux élèves et <strong>de</strong><br />

citations tirées <strong>de</strong> leur journal <strong>de</strong> bord.<br />

4.1. De la quantité et <strong>de</strong> la possibilité d'observation<br />

Insistons sur les aspects que nous avons rencontré dans notre travail et que nous avons


61<br />

retrouvé dans d'autres travaux. La maîtrise du logiciel Cabri passe, entre autres, par la<br />

distinction entre <strong>de</strong>ssin etfigure (Labor<strong>de</strong> et Capponi 1994), le <strong>de</strong>ssin étant ce qu'on voit à<br />

l'écran ou sur la feuille <strong>de</strong> papier et la figure étant une classe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins associée à un<br />

certain nombre d'invariants géométriques. Cet aspect, bien i<strong>de</strong>ntifié actuellement, est lui<br />

aussi mis en évi<strong>de</strong>nce par <strong>de</strong>s productions écrites d'élèves et surtout par leur pratique:<br />

lorsqu'on bouge, une droite perpendiculaire à une autre doit rester perpendiculaire. Nous<br />

soulignons qu'il est important dans l'économie du travail avec Cabri <strong>de</strong> faire beaucoup <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssins: la quantité <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins et leur rapidité d'exécution sont <strong>de</strong>ux variables didactiques<br />

qui ne sont pas négligeables dans l'économie du travail. Dans le "faire beaucoup <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssins", nous incluons aussi la possibilité d'observation <strong>de</strong> ces mêmes <strong>de</strong>ssins et les<br />

conséquences <strong>de</strong> ces observations dans une démarche d'expérimentation ou <strong>de</strong> conjectures<br />

sur les techniques à mettre en oeuvre. Nous sommes là, non seulement, dans <strong>de</strong>s activités<br />

d'introduction ou <strong>de</strong> présentation d'un objet (ou d'un problème) mais aussi dans ce que<br />

Yves Chevallard appelle le travail <strong>de</strong> la technique. Autrement dit, la possibilité <strong>de</strong> faire un<br />

nombre important <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins peut être l'effet d'un activisme boulimique ("je passe <strong>de</strong> l'un<br />

à l'autre sans réfléchir vraiment aux ressemblances ou aux différences, comme un jeu",<br />

que l'on peut observer chez certains élèves) ou le symptôme qu'un autre style <strong>de</strong> travail<br />

mathématique se met en place. Ce style <strong>de</strong> travail comporte notamment le fait que<br />

l'observation <strong>de</strong>vient systématique et que l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas limites <strong>de</strong>vient désormais facilitée.<br />

Le travail <strong>de</strong> la technique qui a permis <strong>de</strong> résoudre un problème est alors le moyen, non<br />

seulement, <strong>de</strong> reconduire cette technique pour d'autres problèmes du même type mais il est<br />

aussi le moyen d'analyser les cas pour lesquelles la technique n'est plus utilisable, à savoir<br />

la délimitation par l'élève <strong>de</strong> la portée d'une certaine technique (Chevallard 1996).<br />

4.2. "BoÎte à outils"<br />

Nous reprenons ici une métaphore proposée par Charnay et Mante (1995-p.25) quand<br />

ils présentent la conception socio-constructiviste <strong>de</strong> l'enseignement/apprentissage:<br />

"Imaginons un bricoleur confronté à un problème <strong>de</strong> bricolage nouveau<br />

pour lui. Sa première réaction sera d'ouvrir sa boîte à outils et d'essayer<br />

<strong>de</strong> trouver l'outil qui lui semblera le mieux adapté à la situation. Si cet<br />

outil ne convient pas (c'est-à-dire s'il ne lui permet pas <strong>de</strong> résoudre son<br />

problème ou si l'utilisation <strong>de</strong> l'outil risque d'être coûteuse en temps), il<br />

en cherchera alors un autre et l'essayera... C'est seulement après<br />

plusieurs tentatives infructueuses qu'il prendra conscience que, dans sa<br />

boîte à outils, il n'y a pas d'outil adéquat et qu'en conséquence il va<br />

falloir, pour résoudre son problème, construire un outil nouveau ou<br />

bi~n s'approprier celui qui lui proposera un ami ou un spécialiste."<br />

Il nous semble que cette métaphore s'applique bien à la pratique que les élèves peuvent<br />

avoir <strong>de</strong> Cabri: quand ils ont à résoudre un problème, ils essayent les différents outils à<br />

leur disposition, parfois dans une sorte <strong>de</strong> combinatoire, (Labor<strong>de</strong>, Capponi 1994). La<br />

facilité et la possibilité <strong>de</strong> changer d'outil est à la fois un avantage et un inconvénient: un<br />

avantage car pour résoudre un problème nouveau on ne connaît pas au départ les outils<br />

pertinents donc le fait <strong>de</strong> pouvoir essayer plusieurs outils permet <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s expériences<br />

graphiques. Toutefois faire <strong>de</strong>s expériences sans un contrôle minimum peut s'avérer, pour<br />

les élèves, source <strong>de</strong> contradictions. Or ce contrôle peut être donné, en partie, par l'article


62<br />

"Historique" du menu" Divers ", boîte d'enregistrement du logiciel: par exemple, les<br />

élèves qui auraient retrouvé une solution sans arriver à reconstituer le processus peuvent<br />

utiliser l'historique et l'analyser 11. Ceci permet <strong>de</strong> mettre en place un style <strong>de</strong> travail avec<br />

les élèves qui les incite à analyser les processus et ne pas se tenir seulement au produit<br />

fini. D'où l'intérêt <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un programme <strong>de</strong> construction à la fin d'un travail.<br />

Un <strong>de</strong>s inconvénients <strong>de</strong> la disponibilité <strong>de</strong>s outils ou <strong>de</strong> la facilité du travail avec Cabri<br />

est celui <strong>de</strong> l'activité frénétique qui ne correspond pas à ce qu'on appelle les expériences<br />

graphiques: on fait <strong>de</strong>s choses et on a l'impression qu'on travaille car il y a à la fois la<br />

"peur <strong>de</strong> la feuille blanche" et la réponse <strong>de</strong> l'élève à une contrainte <strong>de</strong> réactivité<br />

fonctionnelle du système. A savoir, on fait quelque chose car il faut trouver un état<br />

d'équilibre entre le moment où le professeur pose un problème et celui où l'on doit rendre<br />

compte <strong>de</strong> ce qu'on a fait à ce propos. Ce type <strong>de</strong> contrainte est plus général : il existe<br />

même pour d'autres systèmes que ceux où Cabri est intégré mais il peut y être<br />

complètement transparent car, malgré tout, les élèves font quelque chose. Le problème est<br />

la signification <strong>de</strong> cette activité pour les élèves.<br />

On peut cependant remarquer que l'activité <strong>de</strong>s élèves, souvent combinatoire l2 , au<br />

niveau <strong>de</strong>s objets disponibles dans la figure et <strong>de</strong>s outils à leur disposition dans les menus,<br />

les conduit à <strong>de</strong>s expériences graphiques où le perceptif est relayé par le géométrique.<br />

Cette approche mène vers une interprétation <strong>de</strong> la figure en terme <strong>de</strong> relations géométrique<br />

entre les objets. Le déplacement joue aussi un rôle dans la mesure où les invariants<br />

géométriques (parallélisme, orthogonalité, appartenance d'un point à une droite ou un<br />

cercle etc..) peuvent être perçus par les élèves puis analysés à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs<br />

connaissances géométriques. Labor<strong>de</strong> et Capponi citent (1994) <strong>de</strong> tels exemples<br />

d'invariants.<br />

Donnons ici un autre exemple dans une activité <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> parallèles observé<br />

chez <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> cinquième. La tâche 13 est la construction <strong>de</strong> la parallèle à une droite<br />

(EF) donnée passant par un point A donné.<br />

.<br />

A<br />

Figure 1<br />

Cette construction est à réaliser dans Cabri mais avec un menu "papier crayon", élaboré<br />

d'ailleurs avec les élèves. Ce menu (Figure 2) comporte les outils du menu "Création" (à<br />

l'exception <strong>de</strong> "Droite" et "Cercle") et le menu "Construction" ne comporte que "Point sur<br />

objet" et "Intersection <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux objets" auquel on ajoute une macro "Compas" permettant<br />

11 Dans Cabri II, l'article "Revoir la construction" du menu "Édition" a perdu en lisibilité: les relations<br />

utilisées dans la construction ne sont plus explicitées à chaque pas.<br />

12 Les élèves appliquent systématiquement tous les outils disponibles sur les objets <strong>de</strong> la figure. Ceci a<br />

été particulièrement observé quand les menus sont réduits et que la figure comporte peu d'objets (voir<br />

annexes 6 et 7).<br />

13 Nous reviendrons sur cette tâche dans la suite <strong>de</strong> l'article.


63<br />

<strong>de</strong> construire un cercle en sélectionnant <strong>de</strong>ux points pour définir le rayon puis un point<br />

pour le centre.<br />

( n:>ation Construction Diuers<br />

Point <strong>de</strong> base<br />

Segment<br />

Droite passant par 2 points<br />

Triangle<br />

Cercle déf. par centre et point<br />

(ons trU( tion ' Dluers<br />

Point sur objet<br />

Intersection <strong>de</strong> 2 objets<br />

'-_Ci_o._m_'P_8._'S ... Figure 2<br />

Après un travail <strong>de</strong> 20 à 30 minutes trois types <strong>de</strong> constructions apparaissent chez la<br />

plupart <strong>de</strong>s élèves.<br />

Première construction<br />

.<br />

A<br />

Cercle <strong>de</strong> centre A <strong>de</strong> rayon EF construit avec<br />

la macro "Compas".<br />

(AB) est la parallèle à construire.<br />

Cercle <strong>de</strong> centre F <strong>de</strong> rayon EA construit avec la<br />

macro "Compas". B est l'Intersection <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

cercles<br />

Deuxième construction<br />

.<br />

A<br />

Cercle<strong>de</strong> centre A <strong>de</strong> myon EF construit avec<br />

la macro "Compas".<br />

(AC) est la parallèle à construire.<br />

" ./<br />

Cercle <strong>de</strong> centre E <strong>de</strong> rayon EA construit avec la<br />

macro "Compas". C est l'Intersection <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

cercles


64<br />

Troisième construction<br />

.<br />

A<br />

CercIe <strong>de</strong> centre F <strong>de</strong> rayon AB construit avec<br />

la macro "Compas".<br />

(AD) est la parallèle à construire.<br />

CercIe <strong>de</strong> centre E <strong>de</strong> rayon AF construit avec la<br />

macro "Compas". Dest l'Intersection <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

cercles<br />

Ces trois constructions 14 utilisent <strong>de</strong>ux fois <strong>de</strong> suite la macro compas et recouvrent<br />

toutes les constructions possibles avec cette macro et les trois points A, E et F. En effet la<br />

macro ne permet pas <strong>de</strong> sélectionner un même point pour définir le rayon et le centre. Les<br />

observations montrent que l'aspect combinatoire est présent chez tous les élèves dans un<br />

premier temps. C'est ensuite le déplacement et la conservation du parallélisme qui<br />

conduisent les élèves vers une analyse géométrique (présence du parallélogramme) et la<br />

justification <strong>de</strong> cette construction. Seule la troisième construction qui conduit les élèves à<br />

construire un trapèze isocèle n'est en général pas analysée correctement. Les<br />

connaissances géométriques ne sont pas disponibles pour celui-ci et la combinatoire ne<br />

débouche pas ici sur une activité à caractère géométrique.<br />

Cet exemple montre que l'activité <strong>de</strong> l'élève peut être combinatoire, elle l'est souvent<br />

au début, mais que ce sont les connaissances géométriques et le contrat établi dans la<br />

classe qui pousse vers une activité géométrique.<br />

On trouve cependant <strong>de</strong>s exemples où les élèves construisent sans mettre en œuvre <strong>de</strong><br />

procédure combinatoire et s'appuient sur un projet <strong>de</strong> construction intermédiaire. Capponi<br />

(Capponi 93) donne l'exemple d'un élève qui pour construire une parallèle envisage la<br />

construction d'un carré, "parce que le carré a les côtés opposés parallèles", et toute son<br />

activité consistera à utiliser les outils disponibles pour réaliser sa construction. Cet élève<br />

se place d'emblée au niveau géométrique sans passer par la phase combinatoire.<br />

Pour nous, l'économie <strong>de</strong> travail avec Cabri offre les possibilités suivantes:<br />

- faire beaucoup <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins avec une gran<strong>de</strong> précision,<br />

- faire <strong>de</strong>s expériences graphiques dans les cas usuels et dans les cas limites,<br />

- avoir à disposition <strong>de</strong>s outils, peu coûteux en temps dans leur utilisation<br />

- augmenter sa boîte d'outils par les macro-constructions.<br />

Cette économie crée <strong>de</strong>s conditions favorables pour que <strong>de</strong> nouvelles "écologies<br />

didactiques du savoir" puissent exister d'une façon stable, et "presque" conséquemment,<br />

pour que les élèves puissent avoir un autre type <strong>de</strong> rapport à la géométrie: le rapport à<br />

14 Dans ces trois construclions le parallélisme n'est pas conservé quand on déplace A <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> la<br />

droite. Ceci est ici sans inconvénient dans l'activité en classe où l'objectif était d'étudier la construction<br />

d'une parallèle dans l'environnement papier crayon.


65<br />

l'espace serait en quelque sorte lié au rapport au "possible" (cette <strong>de</strong>rnière assertion fait<br />

partie <strong>de</strong> nos hypothèses non confinnées).<br />

Ajoutons aussi l'importance que revêtent les macro-constructions dans l'environnement<br />

<strong>de</strong> géométrie que constitue Cabri-géomètre. Cette possibilité met bien en évi<strong>de</strong>nce ce<br />

qu'on appelle l'économie du travail mathématique dans un autre domaine que l'algèbre. Si<br />

l'élève a construit la tangente à un cercle passant par un point extérieur au cercle, il peut<br />

alors créer une macro-construction 15 qui lui pennet <strong>de</strong> faire, lors d'un autre problème, <strong>de</strong>s<br />

constructions peu coûteuses en temps: les macro-constructions sont <strong>de</strong>s formes<br />

con<strong>de</strong>nsées <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> construction qui peuvent être réactivées à n'importe quel<br />

moment ce qui n'est pas négligeable lors du travail <strong>de</strong> l'élève (et ceci à condition aussi que<br />

l'élève ait un rapport à cette macro-constuction). Nous avons observé <strong>de</strong> nombreux<br />

élèves, maîtrisant bien Cabri, qui après avoir réalisé <strong>de</strong>s constructions classiques comme<br />

le carré ou l'hexagone les enregistraient comme macros avec le projet <strong>de</strong> les réutiliser à<br />

l'occasion, ultérieurement.<br />

5. Des changements <strong>de</strong> l'écologie didactique <strong>de</strong>s savoirs<br />

Yves Chevallard présente la problématique écologique comme pennettant <strong>de</strong> se poser<br />

<strong>de</strong>s questions sur les objets et les interrelations d'objets, sur le pourquoi <strong>de</strong> l'existence ou<br />

<strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong> ces objets et <strong>de</strong> leurs interrelations. Dans son article Les processus <strong>de</strong><br />

transposition didactique, il donne un exemple <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux objets dont l'interrelation n'existe<br />

pas dans l'enseignement au Collège. Nous allons voir que l'usage <strong>de</strong> Cabri pennet <strong>de</strong> faire<br />

vivre <strong>de</strong>s interrelations qui n'existaient pas auparavant.<br />

- Le premier objet est un problème:<br />

"Étant donné une droite (d) et un point P n'appartenant pas à cette droite<br />

(d), construire à la règle non graduée et au compas, la droite parallèle à (d)<br />

passant par P"<br />

- Le second objet est le "théorème <strong>de</strong>s milieux" que les élèves apprennent en classe <strong>de</strong><br />

quatrième.<br />

Dans ,Son article, Chevallard présente <strong>de</strong>s solutions au problème qui prennent appui sur<br />

<strong>de</strong>s interrelations diverses (par exemple avec le parallélogramme) et ensuite il écrit<br />

(Chevallard 1994, p.144) :<br />

"quand un élève (ou un professeur) rencontre le problème <strong>de</strong> la construction<br />

<strong>de</strong> la parallèle, il ne songe pas à le mettre en relation avec le ~héorème <strong>de</strong>s<br />

milieux. Pourtan t, à ne considérer que la dimension mathématique <strong>de</strong> la<br />

question, on voit immédiatement qu'une telle interrelation pourrait fort bien<br />

exister. En d'autres tennes, le théorème <strong>de</strong>s milieux est susceptible <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r<br />

un procédé, non moins intéressant qu'un autre, et au <strong>de</strong>meurant très simple,<br />

15 Les macros-constructions <strong>de</strong> Cabri constituent une possibilité <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> nouveaux outils accessibles<br />

directement dans les menus. Elles sont rapi<strong>de</strong>ment mises en œuvre par les élèves.


66<br />

<strong>de</strong> construction <strong>de</strong> la parallèle: tracez (avec la règle) une droite passant par P<br />

et sécante à (d) en M ; puis marquez (avec le compas) le point A symétrique<br />

<strong>de</strong> P par rapport à M ; tracez ensuite (à la règle) une autre droite passant par<br />

A, sécante à (d) en N ; enfin marquez (avec le compas) le point Q symétrique<br />

<strong>de</strong> A par rapport à N ; la droite (PQ) est la droite cherchée."<br />

Et il rajoute:<br />

"Pourquoi cette interrelation n'existe-t-elle pas 1 Est-ce simplement qu'elle<br />

n'existe pas encore 1 Mais alors sous quelles conditions pourrait-elle se<br />

créer 1 Et ferait-elle alors disparaître l'ancienne interrelation 1"<br />

et il affirme que ce problème ne peut pas être analysé tout seul mais en rapport au "tout<br />

structuré" dans lesquels il pourrait vivre en présentant ensuite le "savoir enseigné" comme<br />

"résultante d'un système complexe <strong>de</strong> conditions et <strong>de</strong> contraintes, d'une écologie<br />

spécifique qui, pour chaque question posée, appelle un examen particulier."<br />

Or, c'est dans ce contexte que nous voulons poser le problème <strong>de</strong> l'écologie du travail<br />

avec Cabri. Ce logiciel va introduire, par son économie, un ensemble <strong>de</strong> contraintes qui<br />

vont permettre l'émergence <strong>de</strong> nouveaux objets et/ou <strong>de</strong> nouvelles interrelations. Comme<br />

nous l'avons déjà dit, ce logiciel est une authentique "boîte à outils" 16, très économe, où<br />

les élèves peuvent puiser un certain nombre d'outils. Cabri-géomètre fournit <strong>de</strong>s outils<br />

difficilement accessibles directement dans un environnement papier/crayon avec le compas<br />

et la règle. Par exemple, l'outil "Symétrie" est disponible dans la "boîte à outils" <strong>de</strong> Cabri<br />

(menu standard) et les élèves s'en servent comme l'a montré Capponi B. (1992-1993) à<br />

propos du problème précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Chevallard. Il s'agit là, pour <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> quatrième, <strong>de</strong><br />

construire la parallèle à une droite passant par un point donné et la procédure utilisant le<br />

théorème <strong>de</strong>s milieux est utilisé par 8 <strong>de</strong>s 22 binômes observés. Pour plus <strong>de</strong> détails, nous<br />

renvoyons à l'article cité mais il nous semble important <strong>de</strong> souligner que certains élèves<br />

justifient leur procédure <strong>de</strong> la façon suivante (Capponi, p.63) :<br />

"Notre droite passant par P est parallèle à (d). Quand on/ait une droite qui passe par le<br />

milieux <strong>de</strong>s 2 côtés, la droite est parallèle au troisième et elle/ait la moitié <strong>de</strong> la droite."<br />

L'interrelation entre les <strong>de</strong>ux objets existe pour ces élèves ainsi que l'écrivent<br />

explicitement Labor<strong>de</strong> et Capponi (1994), à propos <strong>de</strong> cette expérimentation:<br />

"Ce qu'on énonce classiquement comme un théorème (comme celui <strong>de</strong> "la droite <strong>de</strong>s<br />

milieuX dans un triangle" ou celui <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux symétries centrales)<br />

<strong>de</strong>vient ici un outil opératoire <strong>de</strong> tracé. L'environnement permet une extension <strong>de</strong><br />

l'ensemble <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong>s situations attachées à ces théorèmes."<br />

Or on pourrait penser que ces changements dans l'écologie <strong>de</strong>s savoirs ne sont pas<br />

stables et qu'ils sont donc éphémères. Notre hypothèse est que les changements<br />

écologiques provoqués dans l'ordre <strong>de</strong>s savoirs (et conséquemment dans le rapport<br />

personnel <strong>de</strong>s élèves à ces savoirs) par le travail avec· Cabri sont d'autant plus stables (et<br />

donc méritent d'être vraiment pris en compte dans le développement curriculaire) qu'ils<br />

sont entrelacés avec l'économie du logiciel. Autrement dit, <strong>de</strong>s interrelations peuvent<br />

16 Aspect renforcé dans l'interface <strong>de</strong> Cabri II : la barre d'icônes donne accès à <strong>de</strong>s boîtes d'outils. Voir la<br />

présentation dans la documentation <strong>de</strong> Cabri II.


67<br />

commencer à exister sous la condition que l'usage <strong>de</strong>s .outils du logiciel soit économe. De<br />

même on peut faire l'hypothèse que <strong>de</strong> nouveaux types <strong>de</strong> problèmes (et <strong>de</strong> nouveaux<br />

objets) émergent alors sous la contrainte <strong>de</strong> l'économie. Le paragraphe suivant en donne<br />

un exemple.<br />

6. Des nouveaux types <strong>de</strong> problèmes<br />

Quand on commence à utiliser le logiciel Cabri, on observe la tendance <strong>de</strong>s professeurs<br />

(ceci est une hypothèse à vérifier) à proposer aux élèves le même type <strong>de</strong> travail que dans<br />

le cadre papier/crayon. Par exemple, on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux élèves <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s figures, <strong>de</strong><br />

reconnaître <strong>de</strong>s propriétés, ...etc. Et, c'est la pratique systématique du logiciel, non<br />

seulement avec les élèves mais encore dans leur usage personnel qui va conduire les<br />

enseignants vers d'autres types <strong>de</strong> problèmes à poser à eux-mêmes et à leurs élèves. Ces<br />

professeurs changent ainsi, d'une certaine manière leur rapport au logiciel mais aussi à la<br />

géométrie. Nous considérons ici seulement <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> problèmes que nous avons pu<br />

observer dans les classes avec lesquelles nous avons travaillé.<br />

6.1. Dès "lieux mous" au Collège<br />

Le problème <strong>de</strong> lieux géométriques est un <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> problème qui existe au Collège<br />

mais reste très limité. Par exemple, en sixième on présente la médiatrice d'un segment<br />

[AB] comme l'ensemble <strong>de</strong>s points équidistants <strong>de</strong>s points A et B ou en quatrième la<br />

bissectrice comme l'ensemble <strong>de</strong>s points équidistants <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux droites. Mais dans les<br />

classes <strong>de</strong> Collège, ces problèmes sont peu présents. Or, la dynamique du logiciel Cabri<br />

va permettre <strong>de</strong> créer les conditions pour que ce type <strong>de</strong> problème puisse apparaître plus<br />

fréquemment au Collège et l'une <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> le faire vivre est d'utiliser ce que nous<br />

appellerons un "lieu mou".<br />

6.1.1. En guise <strong>de</strong> définition<br />

Un problème <strong>de</strong> lieu géométrique peut être défini <strong>de</strong> la manière suivante: on donne une<br />

figure F et un point M. A cet ensemble, on peut attacher certaines gran<strong>de</strong>urs (longueurs,<br />

angles, aires,...) entre lesquelles est donnée une certaine relation R. Supposons que la<br />

relation.R soit réalisée pour certains points M, et pour ces points seulement, alors<br />

l'ensemble L <strong>de</strong> ces points constitue, par définition, le lieu géométrique <strong>de</strong>s points M<br />

satisfaisant la relation R. Dans la pratique, la relation R n'est pas toujours explicitée: en<br />

général, le lieu géométrique apparaît comme l'ensemble <strong>de</strong> points liés à une configuration<br />

mobile ou définis par <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> distance ou d'angles.<br />

Dans Cabri-géomètre (version 1), on ne peut pas imposer <strong>de</strong> condition se rapportant à<br />

une relation numérique. C'est à dire qu'il n'est pas possible <strong>de</strong> faire construire<br />

automatiquement par le logiciel un lieu <strong>de</strong> points tel que <strong>de</strong>ux mesures restent égales 17.<br />

Pour construire le lieu d'un point, celui ci doit dépendre d'un autre point qui appartient<br />

à un objet donné comme une droite, un cercle... Dans la mesure où cette contrainte<br />

géométrique n'existe pas ou n'est pas connue <strong>de</strong>s élèves, on la remplace par un contrôle<br />

17 Pour le faire il faut interpréter la condition numérique et l'exprimer géométriquement­


68<br />

"manuel". C'est à dire qu'on gar<strong>de</strong> la trace d'un point pendant qu'on le déplace en<br />

essayant <strong>de</strong> conserver une relation visible à l'écran ( <strong>de</strong>ux longueurs égales, une droite<br />

passant par un point, un cercle <strong>de</strong> rayon donné ...). Nous appelons "lieu mou" la trace<br />

laissée par le point sous la contrainte mise en œuvre par l'utilisateur qui essaye <strong>de</strong><br />

conserver la relation pendant le déplacement du point avec la souris. Ainsi, la trace du<br />

point dans le déplacement permet <strong>de</strong> conjecturer le lieu d'un point. Il en est ainsi dans<br />

l'activité "Des points à égale distance d'un même point" (Annexe 2) ou <strong>de</strong> la distance<br />

d'un point à une droite "Toujours à la même distance ... " (Annexe 4). C'est la trace<br />

laissée à l'écran par ce déplacement effectué sous contrôle manuel que nous appelons "lieu<br />

mou".<br />

Le "lieu mou" donne donc la possibilité au logiciel d'approcher <strong>de</strong>s lieux qui ne sont<br />

pas obtenus directement. Nous sommes là dans une phase d'approche d'une démarche<br />

théorique <strong>de</strong>s lieux géométriques. Nous nous sommes placés ici du point <strong>de</strong> vue du<br />

logiciel mais expliquons maintenant l'usage que nous en faisons en classe.<br />

6.1.2. Utilisation en classe<br />

Nous utilisons les "lieux mous" à partir <strong>de</strong>s étapes suivantes:<br />

- problème <strong>de</strong> lieu proposé aux élèves. Par exemple, quel est l'ensemble <strong>de</strong> points<br />

situés à 6 cm d'une droite donnée (Annexe 4);<br />

- phase locale d'approche du lieu, par l'intermédiaire du lieu mou: les élèves<br />

construisent la trace du point vérifiant la condition donnée, trace assez tordue et<br />

irrégulière, mais qui permet aux élèves <strong>de</strong> dire qu'il est vraisemblable que le lieu soit<br />

une ligne déterminée, un objet cabri déterminé (dans notre cas, l'ensemble <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

droites: les élèves ont plutôt vu l'une <strong>de</strong>s droites);<br />

- phase <strong>de</strong> vérification: on construit l'objet (l'une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux droites), on place un<br />

point M sur l'objet et on vérifie si le point satisfait la condition donnée;<br />

- phase <strong>de</strong> validation géométrique: on démontre qu'on est bien en présence du lieu<br />

(ou on admet dans certains cas: c'est au professeur <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r).<br />

La notion <strong>de</strong> "lieu mou" nous permet d'approcher la notion <strong>de</strong> lieu géométrique et nous<br />

sommes là dans une situation du vraisemblable. Les élèves peuvent alors dire qu'il est<br />

vraisemblable que le lieu <strong>de</strong>s points soit une droite ou un cercle mais ils ne peuvent pas<br />

affIrmer que le lieu est vraiment la droite ou le cercle sans le prouver, ce qui change le type<br />

<strong>de</strong> travail mathématique <strong>de</strong>s élèves. On sort <strong>de</strong> la dichotomie vrai/faux pour entrer dans<br />

·une démarche heuristique par essais/erreurs où le vraisemblable <strong>de</strong>ssine en quelque sorte<br />

le domaine <strong>de</strong>s interprétations recevables. La démarche ne consiste plus à produire la seule<br />

réponse vraie possible mais à s'assurer que les réponses obtenues sont compatibles avec<br />

un certain nombre <strong>de</strong> contraintes.<br />

Il est vrai que cette approche <strong>de</strong>s lieux a <strong>de</strong>s limites notamment en ce qui concerne le<br />

problème <strong>de</strong> la réciproque: avec nos élèves, ce problème n'a pas été posé et la validation<br />

du lieu était faite par le professeur. Toutefois il nous semble que l'usage du lieu mou<br />

permet à la fois <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s expériences graphiques et <strong>de</strong> faire émerger aussi <strong>de</strong>s<br />

conjectures sur les lieux <strong>de</strong> points qui vérifient certaines propriétés. Et cette démarche est<br />

intéressante à développer dans la pratique mathématique <strong>de</strong> nos élèves. Nous pouvons dire<br />

que cet usage correspond vraiment à une pratique institutionnalisée dans les classes avec<br />

lesquelles nous avons travaillées: ceci ne passe pas inaperçu à certains élèves qui<br />

l'écrivent dans leur journal <strong>de</strong> bord. Par exemple, une élève, Fleur, écrit: "Cabri m'a


69<br />

aidée dans mon travail car dans ces activités lieu <strong>de</strong> points était utile et que sur le papier ce<br />

n'est pas possible." Gilles, lui, écrit: "Cabri m'a aidé dans mon travail car on peut tracer<br />

<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> point facilement et les effacer; sur du papier se serai plus dur car au bout<br />

d'un moment la feuille serai déchirée." Ou encore Gregory : "Il m'a aidé car il me<br />

permettait <strong>de</strong> faire les lieux <strong>de</strong> points. Ce qui est très difficile à faire sur une feuille avec<br />

une règle et un crayon. Aussi je pouvais tracer les milieux facilement".<br />

Là, encore, il nous semble que c'est l'économie du travail avec Cabri qui va permette<br />

l'émergence <strong>de</strong> nouveaux types <strong>de</strong> problème qui peuvent s'institutionnaliser dans une<br />

classe donnée (à défaut <strong>de</strong> pouvoir pour le moment le généraliser). On peut penser, par<br />

exemple, que <strong>de</strong>s objets comme la médiatrice, vue comme ensemble <strong>de</strong> points équidistants<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux point donnés, peuvent <strong>de</strong>venir plus accessibles à travers ces expériences<br />

graphiques.<br />

6.2. Des problèmes d'existence<br />

Nous avons travaillé avec les élèves <strong>de</strong> cinquième et <strong>de</strong> quatrième sur les quadrilatères<br />

et sur les conditions qui permettent <strong>de</strong> définir un quadrilatère particulier. Ce n'est pas, bien<br />

sûr, un type <strong>de</strong> problème nouveau mais le fait <strong>de</strong> pouvoir bouger les figures peut être un<br />

moyen très utile pour que les élèves se ren<strong>de</strong>nt compte qu'on peut, par exemple,<br />

transformer un parallélogramme quelconque en un rectangle sous certaines conditions<br />

(Voir Annexes 4 et 5).<br />

Ces activités, dont l'une d'entre elles est construite d'après un exercice du manuel <strong>de</strong><br />

l'<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> Strasbourg, ne sont pas nouvelles mais le fait qu'on puisse déplacer les points<br />

<strong>de</strong> base et "déformer" pour "reformer" un quadrilatère particulier va créer un nouveau<br />

rapport qui pourrait presque se situer dans un cadre topologique.<br />

On peut conduire l'élève à mieux comprendre puis analyser certains types <strong>de</strong><br />

questions:<br />

Peut-on transformer une figure géométrique en une autre Sous quelles conditions<br />

A partir d'un quadrilatère quelconque (on peut aussi bien analyser le cas <strong>de</strong>s quadrilatères<br />

non convexes) peut-on toujours obtenir un carré<br />

Existe-t-il toujours un losange obtenu à partir d'un parallélogramme quelconque<br />

Voilà quelques-unes <strong>de</strong>s questions proposées aux élèves dont le traitement peut<br />

provoquer un débat utile dans la classe. Certains élèves, dans leur journal <strong>de</strong> bord, font<br />

référence à cette activité. Thomas écrit: "au moins j'ai pu voir que les parallélogrammes<br />

ont un centre <strong>de</strong> symétrie" et il rajoute "j'ai mieux compris l'histoire <strong>de</strong>s carrés, <strong>de</strong>s<br />

losanges, <strong>de</strong>s rectangles, tous sont <strong>de</strong>s parallélogrammes. Le rôle <strong>de</strong>s diagonales est très<br />

important dans un parallélogramme car elles peuvent en faire un rectangle ou un losange."<br />

Les problèmes d'existence, surtout au Collège, ne sont pas très fréquents car on part du<br />

principe que c'est un problème difficile pour les élèves <strong>de</strong> cet âge. Or le travail avec Cabri<br />

permet, en changeant certains conditions, <strong>de</strong> reprendre <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> problèmes usuels<br />

sous une problématique existentielle.<br />

Donnons pour terminer un exemple <strong>de</strong> travail proposé à <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> cinquième sur le<br />

cercle circonscrit :<br />

1. a) Place un point A et construis un cercle passant par A.<br />

b) Existe-t-il toujours un cercle passant par A Si oui, est-il le seul Combien <strong>de</strong><br />

cercles peux-tujaire passer par A <br />

2. a) Place <strong>de</strong>ux points A et B et construis un cercle passant par A et B.


70<br />

b) Existe-t-il toujours un cercle passant par ces <strong>de</strong>ux points Si oui, est-il le seul<br />

Combien <strong>de</strong> cercles peux-tufaire passer par A et B <br />

3. a) Place trois points A, B et C et construis un cercle passant par A, B et C.<br />

b) Existe-t-il toujours un cercle passant par ces trois points Si oui, est-Ule seul<br />

Combien <strong>de</strong> cercles peux-tufaire passer par A, B et C <br />

Après un travail d'exploration <strong>de</strong>s élèves sur Cabri-géomètre, une phase collective <strong>de</strong><br />

bilan permet d'instaurer un débat dans la classe pour que les élèves se mettent d'accord<br />

sur les réponses à donner à ces questions.<br />

Les questions que se posent les élèves ne sont pas anodines. Par exemple: l'infini <strong>de</strong> la<br />

première réponse est-il plus grand que l'infini <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième<br />

Nous sommes là au coeur du travail mathématique: les élèves peuvent se poser <strong>de</strong>s<br />

questions sur <strong>de</strong>s problèmes plus avancés que ceux <strong>de</strong> leur niveau. Par la suite, le<br />

professeur pourra alors institutionnaliser ce qu'ils doivent savoir à propos du cercle<br />

circonscrit.<br />

7. Conclusion<br />

Cet article a tenté <strong>de</strong> montrer que, dans l'environnement Cabri-géomètre, la pratique<br />

mathématique <strong>de</strong> l'élève change par rapport à une pratique où on utilise uniquement le<br />

support papier/crayon et les instruments traditionnels (règle, compas et équerre).<br />

Ce changement tient à la nature <strong>de</strong>s outils mis à sa disposition ainsi qu'à la possibilité<br />

<strong>de</strong> déplacer <strong>de</strong>s objets ( principalement <strong>de</strong>s points) tout en conservant les propriétés<br />

déclarées <strong>de</strong> la figure. Quand l'élève est suffisamment familiarisé avec cet environnement,<br />

c'est à dire que celui-ci est <strong>de</strong>venu pour lui un lieu plus économe pour la réalisation précise<br />

<strong>de</strong>s figures et la résolution <strong>de</strong> certains problèmes, la nature <strong>de</strong>s problèmes qui lui sont<br />

proposés peut aussi être transformée.<br />

Cette évolution résulte <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s interactions entre la tâche proposée et à sa<br />

réalisation effective dans l'environnement logiciel. Il s'agit notamment<br />

- <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> figures réalisables, leur rapidité d'exécution,<br />

- la possibilité d'observation d'invariants <strong>de</strong> la figure en déplaçant les points,<br />

- la possibilité <strong>de</strong> construire <strong>de</strong> nouveaux outils avec les macro-constructions,<br />

-la possibilité <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s expériences graphiques<br />

Ce sont ces éléments essentiels <strong>de</strong> l'économie <strong>de</strong> travail qui permettent <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s<br />

conditions favorables à <strong>de</strong> nouvelles écologies didactiques <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> savoir et<br />

notamment à l'existence <strong>de</strong> nouveaux types <strong>de</strong> problèmes. La réalisation <strong>de</strong> macroscontructions<br />

en fait partie. Nous avons aussi donné l'exemple <strong>de</strong>s "lieux mous" qui<br />

constituent un moyen <strong>de</strong> contrôler le déplacement d'un point tout en gardant la mémoire <strong>de</strong><br />

sa trajectoire permettant. ainsi une approche nouvelle <strong>de</strong> notions difficiles comme<br />

l'équidistance <strong>de</strong>s points d'une médiatrice ou même la définition d'un cercle à partir <strong>de</strong> la<br />

conservation du rayon. Les annexes fournissent plusieurs exemples <strong>de</strong> ce type.<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces questions en est à ses débuts et <strong>de</strong>s recherches à venir apporteront <strong>de</strong>s<br />

éléments à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces nouvelles écologies didactiques. L'une <strong>de</strong> nos hypothèses <strong>de</strong><br />

travail est que les changements écologiques provoqués dans l'ordre <strong>de</strong>s savoirs sont<br />

d'autant plus stables - et ont alors <strong>de</strong>s conséquences curriculaires - qu'ils sont en<br />

. interaction avec l'économie <strong>de</strong> travail du logiciel. Nous avons notamment pu observer que


71<br />

ces changements ont par exemple <strong>de</strong>s conséquences dans le "style" <strong>de</strong> travail<br />

mathématique <strong>de</strong> l'élève.<br />

Bibliographie<br />

ASSUDE T. (1996) De l'écologie et <strong>de</strong> l'économie d'un système didactique: une étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> cas, Recherches en Didactique <strong>de</strong>s Mathématiques, (pp 47-70), Vol. 16/1, <strong>Grenoble</strong>:<br />

La Pensée Sauvage<br />

BELLEMAIN F., CAPPONI B. (1992) Spécificité <strong>de</strong> l'organisation d'une séquence<br />

d'enseignement lors <strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong> l'ordinateur, Educational Studies 23, nO 1 (pp. 37­<br />

68)<br />

CAPPONI B., (1993) Modifications <strong>de</strong>s menus dans Cabri-géomètre, <strong>de</strong>s symétries<br />

comme outils <strong>de</strong> construction, Petit x, (pp. 37 à 68), nO 33, lREM <strong>de</strong> <strong>Grenoble</strong><br />

CHARNAY R., MANTE M. (1995) Préparation à l'épreuve <strong>de</strong> mathématiques du<br />

concours <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong>s écoles, Paris: Hatier.<br />

CHEVALLARD Y. (1992) Concepts fondamentaux <strong>de</strong> la didactique: perspectives<br />

apportées par une approche anthropologique. Recherches en Didactique <strong>de</strong>s<br />

Mathématiques, (pp. 73-112), Vol. 12/1, <strong>Grenoble</strong>: La Pensée Sauvage<br />

CHEVALLARD Y. (1994) Les processus <strong>de</strong> transposition didactique et leur théorisation.<br />

ln Arsac et alii (ed) La transposition didactique à l'épreuve, (pp. 135-180), <strong>Grenoble</strong>: La<br />

Pensée Sauvage<br />

CHEVALLARD Y. (1995). La fonction professorale: esquisse d'un modèle didactique.<br />

ln Noirfalise R. et Perrin M.-J. (ed.) Actes <strong>de</strong> la Vll/ème Ecole d'Eté <strong>de</strong> Didactique <strong>de</strong>s<br />

Mathématiques, (pp.83-122), lREM <strong>de</strong> Clermont-Ferrand<br />

LABORDE C. (1982) Langue naturelle et écriture symbolique. Deux co<strong>de</strong>s en interaction<br />

dans l'enseignement mathématique, Thèse d'État, Université <strong>Joseph</strong> <strong>Fourier</strong>, <strong>Grenoble</strong> 1<br />

LABORDE C. (1994) Les rapports entre visuel et géométrique dans un EIAO. In Artigue<br />

et alii (ed) Vingt ans <strong>de</strong> didactique <strong>de</strong>s mathématiques en France, (pp. 387-394).<br />

<strong>Grenoble</strong>: La Pensée Sauvage<br />

LABORDE C. (1994) Enseigner la géométrie: permanences et révolutions, Bulletin <strong>de</strong><br />

l'APMEP, (pp.523-548), nO 396<br />

LABORDE C., CAPPONI B. (1994) Cabri-géomètre constituant d'un milieu pour<br />

l'apprentissage <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> figure géométrique. Recherche en didactique <strong>de</strong>s<br />

mathématiques, Vol 14/1-2, <strong>Grenoble</strong>: La Pensée Sauvage<br />

MÉRAY C (1906), Nouveaux Éléments <strong>de</strong> Géométrie, P.Jobard, Imprimeur-Editeur,<br />

Dijon.


72<br />

ANNEXE 1<br />

Cabri, juge pour points !!!<br />

Pour Cabri-géomètre, il y a trois sortes <strong>de</strong> points<br />

A<br />

• ~ ce point<br />

~"""t<br />

ce point<br />

Les points libres Les points en liberté<br />

surveillée<br />

Ils sont créés par: Ils sont créés par :<br />

[Création] Point (ou toute [Construction] Point sur objet (<br />

création d'objet utilisant <strong>de</strong>s ou si on lie un point libre à un<br />

points nouveaux: droite, objet avec [Divers] Lier un point<br />

segment, ...)<br />

à un objet).<br />

Ils sont «Cabri-mobiles» Ils sont « Cabri-mobiles », mais<br />

on peut les prendre avec la ils ne peuvent pas sortir <strong>de</strong> l'objet<br />

main <strong>de</strong> CABRI. On peut les sur lequel ils ont été placés<br />

amener n'importe où sur (segment, droite ou cercle)<br />

l'écran.<br />

Les points prisonniers<br />

' ,<br />

Ils sont crees par<br />

[Construction] Intersection<br />

<strong>de</strong> 2 objets (ou s'ils sont<br />

construits à partir <strong>de</strong> points<br />

Iparticuliers : milieu, ...).<br />

Ils ne sont pas «Cabrimobiles»<br />

ils ne se<br />

déplaceront que si on<br />

déplace leur « prison ».<br />

Exemple 1. Voici un programme <strong>de</strong> construction;<br />

1. Trace un cercle <strong>de</strong> centre 0 passant par un point X.<br />

2. Place un point A sur ce cercle.<br />

3. Trace la médiatrice du segment [AO] : elle coupe le<br />

cercle en E et F.<br />

4. Trace le triangle AOE.<br />

Que peux-tu dire <strong>de</strong> ce triangle<br />

Pour cette construction, voici le bilan du statut <strong>de</strong> chaque point :<br />

OetX<br />

A<br />

EetF<br />

Points libres; création cercle déf. par 2 points<br />

Point en liberté surveillée; point sur cercle<br />

Points prisonniers (Intersections cercle/droite)


73<br />

Exemple 2. Voici un autre programme <strong>de</strong><br />

construction.<br />

1. Trace un segment [AB].<br />

2. Place un point 0 sur [AB].<br />

3. Trace 1 milieu <strong>de</strong> [AO].<br />

4. Trace le cercle <strong>de</strong> centre 0 passant par B.<br />

5. Trace le cercle <strong>de</strong> centre 1 passant par A.<br />

6. Trace M et N intersections <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

cercles.<br />

7. Trace les droites (AM) et (AN).<br />

Manipule la figure et réfléchis ...<br />

Pour cette construction, quel est le statut <strong>de</strong> chaque point<br />

Point(s) libre(s)<br />

Point(s) en liberté swveillée<br />

Point(s) prlsonnier(s)


74<br />

ANNEXE 2<br />

Compte rendu <strong>de</strong> séance nOl<br />

1 - Des points à égale distance d'un même point.<br />

., ..<br />

."<br />

~_::.....--t<br />

..<br />

••<br />

Tous les points, qui sont à égale distance <strong>de</strong> 0, sont sur un même cercle. 0 est le<br />

centre ce cercle. La distance commune est la longueur du rayon du cercle.<br />

Si on déplace A en maintenant sa distance à 0 à 6 cm, le plus possible, la trace ainsi<br />

obtenu <strong>de</strong>ssine un cercle <strong>de</strong> centre 0 et <strong>de</strong> rayon 6.<br />

2 - Cercle et triangle isocèle; cercle et médiatrice d'une cor<strong>de</strong>.<br />

E<br />

F<br />

Le triangle, formé par le centre du cercle<br />

et <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> sa circonférence, est<br />

isocèle.<br />

La médiatrice d'une cor<strong>de</strong> du cercle<br />

passe par le centre <strong>de</strong> ce cercle.


75<br />

ANNEXE 3<br />

Compte rendu <strong>de</strong> séance n02<br />

1 • Position relative <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cercles<br />

X<br />

°A<br />

Pas d'intersection Pas d'intersection Cercles sécants:<br />

<strong>de</strong>ux points d'intersection<br />

X<br />

X<br />

Cercles tangents: Cercles tangents: Cercles confondus:<br />

un point d'intersection un point d'intersection tous les points sont communs<br />

2· Droites <strong>de</strong>s centres, droites <strong>de</strong>s intersections<br />

La droite (U) n'existe que si les <strong>de</strong>ux cercles sont sécants. Dans ce cas, elle est<br />

perpendiculaire à la droite (AB).<br />

3 • Condition d'obtention <strong>de</strong> la médiatrice du segment [AB].<br />

B<br />

X<br />

Si les <strong>de</strong>ux cercles ont le même rayon, la droite (U) est la médiatrice du segment [AB].


76<br />

ANNEXE 4<br />

Toujours à la même distance<br />

1 Trace une droite (d).<br />

2 Trace un point M, hors <strong>de</strong> (d).<br />

3 Trace M' projeté orthogonal <strong>de</strong> M sur (d).<br />

4 Ajuste le point M à 6 cm <strong>de</strong> (d).<br />

Fais le bilan <strong>de</strong>s objets utilisés :<br />

Objets <strong>de</strong> base<br />

Obiets intermédiaires<br />

Objets finaux<br />

5 Déplace M en gardant cette même distance<br />

<strong>de</strong> 6 cm.<br />

6 Avec le maximum <strong>de</strong> précision, peux-tu<br />

.....- ......-_If<br />

dire où se balla<strong>de</strong> le point M <br />

Tu peux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la TRACE laissé par M :<br />

utilise la comman<strong>de</strong> /CONSTRUCTION] Lieu<br />

<strong>de</strong> points<br />

Indique le point M.<br />

Saisis-le, en gardant ton in<strong>de</strong>x appuyé sur<br />

le bouton droit <strong>de</strong> la souris et déplace M.<br />

Observe. Écris <strong>de</strong>s remarques.<br />

Efface ce lieu.<br />

7 Construis toutes les positions lors du déplacement <strong>de</strong> M.<br />

8 Par une construction d'un point N, trouve une vérification. Comment démontrer cette<br />

propriété<br />

(i)<br />

1)<br />

If'


77<br />

ANNEXE 5<br />

À la recherche <strong>de</strong> quadrilatères particuliers<br />

D'après l'<strong>IREM</strong> <strong>de</strong> Strasbourg, livre <strong>de</strong> quatrième, Éditions Casteilla 1988.<br />

Voici un programme <strong>de</strong> construction :<br />

1 Dessine un segment [AC] <strong>de</strong> longueur 14 cm.<br />

2 Place un point B et un point D, à 6 cm <strong>de</strong> la droite (AC), les points B et D étant <strong>de</strong><br />

part et d'autre <strong>de</strong> la droite (AC).<br />

3 Trace le milieu 1 du segment [AB], le milieu J du segment [BC], le milieu K du<br />

segment [CD], le milieu L du segment [AD].<br />

Recherche 1<br />

Peux-tu exécuter ce programme avec <strong>de</strong>s points B et D tels que le quadrilatère ABCD<br />

soit:<br />

- un parallélogramme <br />

- un losange <br />

- un rectangle <br />

- un carré<br />

Sur ton cahier, fais <strong>de</strong>s remarques:<br />

- sur la position <strong>de</strong>s points 1, J, K et L.<br />

- sur la nature <strong>de</strong>s quadrilatères I~.<br />

o Refais chaque figure trouvée sur la feuille blanche ci-jointe.<br />

Recherche 2 :<br />

Peux-tu choisir B et 0 pour que le quadrilatère IJKL soit:<br />

- un rectangle <br />

- un l()sange <br />

- un carré<br />

- un parallélogramme <br />

o Refais chaque figure trouvée sur la feuille blanche ci-jointe.


1 .<br />

78<br />

ANNEXE 6<br />

Parallélogramme sans parallèle<br />

Vous disposez <strong>de</strong> ce menu où on a enlevé Parallèle, Perpendiculaire et Milieu.<br />

Point<br />

Droite<br />

cercle<br />

Construction<br />

f on'> t.11l tlon Dluers<br />

Point sur objet<br />

Intersection <strong>de</strong> 2 objets<br />

Segment<br />

Droite déf 2 pts<br />

Triangle<br />

Symétrique d'un point<br />

Bissectrice<br />

1 . Parallélogramme à partir <strong>de</strong> centre P<br />

p<br />

•<br />

E et P sont <strong>de</strong>ux points quelconques.<br />

Construisez un parallélogramme dont E est un sommet et P le centre.<br />

Justifiez votre construction.<br />

E<br />

•<br />

2. Parallélogramme à partir d'un .:ôté<br />

A et B sont <strong>de</strong>ux points quelconques.<br />

Construisez un parallélogramme dont [AB] soit un côté.<br />

Justifiez ensuite votre construction.<br />

B<br />

A<br />

1


Vous disposez <strong>de</strong> ce menu réduit.<br />

79<br />

ANNEXE 7<br />

Carré sans perpendiculaires<br />

( reation<br />

Point <strong>de</strong> base<br />

Segment<br />

Droite passant par 2 points<br />

Cercle déf. par centre et point<br />

(ons1ruc tion<br />

Point sur objet<br />

Intersection <strong>de</strong> 2 objets<br />

Milieu<br />

B<br />

A<br />

On donne un segment [AB].<br />

Construisez un carré <strong>de</strong> côté [AB] avec ces outils.<br />

Décrivez votre métho<strong>de</strong>:<br />

Quelles propriétés mathématiques assurent que vous obtenez un carré<br />

li existe plusieurs autres métho<strong>de</strong>s. Essayez d'en trouver le plus possible.<br />

Donnez chaque fois <strong>de</strong>s indications sur la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> construction et les propriétés<br />

mathématiques utilisées.<br />

Métho<strong>de</strong> 2.....<br />

Métho<strong>de</strong> 3.....


LOUIS-JEAN<br />

avenue d'Embrun, 05003 GAP ce<strong>de</strong>x<br />

Tél.: 04.92.53.17.00<br />

Dépôt légal: 313 - Avril 1997<br />

Imprimé en France

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