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<strong>Vignoble</strong><br />
Les Côtes-de-l’Orbe<br />
exclusif<br />
Ce n’est pas du Jules Verne («Voyage au Centre de la Terre»), mais une plongée dans<br />
le Pays de Vaud viticole profond. Ni au sud du Nord vaudois, ni au midi des Trois-<br />
Lacs, juste au Milieu-du-Monde. Dans ce vignoble des Côtes-de-l’Orbe, dont la<br />
surface a augmenté de 40% en trente ans. Mais il revenait de loin…<br />
• 30 5
Voyage au Milieu-du-Monde<br />
par Pierre Thomas<br />
Photos: Philippe Dutoit<br />
Le vignoble avec<br />
à l’arrière-plan<br />
Valeyres-sous-<br />
Rances.<br />
On ne donnait pas cher de la<br />
vigne et du raisin au début du<br />
XX e siècle. A Orbe, ce n’est pas<br />
l’agriculture qui manquait de<br />
bras, mais l’industrie. Et le phylloxéra<br />
rongeait les ceps par la<br />
racine. On crut que les «plants<br />
directs», hybrides au raisin au<br />
goût incertain, «foxé» disaiton,<br />
allaient sauver le vignoble.<br />
Comme l’écrit un historien<br />
amateur, Jean-Luc Porchet,<br />
longtemps, les Côtes-de-l’Orbe<br />
ont souffert de produire du<br />
«désherbant pour voie de<br />
chemin de fer», un blanc de<br />
fil de fer. Quand le vignoble<br />
vaudois passa de 6700 ha<br />
– le double d’aujourd’hui! –<br />
à 4600 ha, en 1911, le vignoble<br />
urbigène délaissa davantage<br />
que sa quote-part. En 1977, il<br />
ne comptait plus que 120 ha,<br />
soit deux fois et demi moins<br />
qu’au XIX e siècle. Puis, il a regagné<br />
50 ha, soit près de 40%, ces<br />
vingt dernières années.<br />
Un vignoble d’avenir<br />
Avec un climat plus sec<br />
qu’autour des lacs Léman et<br />
de Neuchâtel, un vent déboulant<br />
du Jura, le joran, frais au<br />
contraire du foehn chaud du<br />
Chablais – donc des nuits froides<br />
même quand les jours sont<br />
chauds –, les Côtes-de-l’Orbe<br />
préfigurent le vignoble vaudois<br />
de l’avenir, sauvé à la fois grâce<br />
au – et du – réchauffement<br />
climatique. Mieux, sa proportion<br />
de plus des deux tiers de<br />
vin rouge pour un tiers de blanc<br />
colle à la consommation suisse,<br />
toutes origines confondues.<br />
Optimisme débridé Pas du<br />
tout! Dans cette région où, de<br />
tout temps, on a d’abord été<br />
paysan, avec un revenu accessoire<br />
tiré de la vigne, des<br />
jeunes se forment à Marcelin et<br />
à Changins avec l’intention de<br />
reprendre le domaine viticole<br />
paternel à plein temps. Juste<br />
retour de balancier de l’histoire!<br />
Le tourisme vert aidant, la<br />
consommation de produits de<br />
proximité a le vent en poupe.<br />
Même la Cave d’Orbe et environs<br />
écoule toujours plus de<br />
bouteilles en direct soit près<br />
de 100 000 flacons par an.<br />
• 30
Vendanges à Arnex.<br />
Ni cave, ni à Orbe<br />
Une curiosité cette coopérative,<br />
fondée en 1948: ni cave ni<br />
située à Orbe. Et pourtant, elle<br />
n’est pas un fantôme hantant<br />
le brouillard hivernal (et seulement<br />
hivernal) des talus du pied<br />
du Jura. Elle eut plus de 200 sociétaires,<br />
il y a un demi-siècle,<br />
qui livraient en deux vagues des<br />
raisins de cuve et de table, un<br />
marché perdu. Aujourd’hui, ses<br />
50 sociétaires cultivent 50 ha,<br />
un peu moins du tiers de la<br />
surface de la plus petite région<br />
viticole vaudoise (4,37% du vignoble<br />
cantonal), si l’on excepte<br />
le Vully (1,29%). Et juste derrière<br />
Bonvillars (5,11%), avec<br />
laquelle la coopérative urbigène<br />
a cessé toute coopération dans<br />
les années 80.<br />
Son lieu de vie, c’est la place<br />
du village d’Arnex, où elle a<br />
aménagé un caveau discret.<br />
Aux vendanges, les camions<br />
viennent prendre en charge la<br />
matière première: 200 tonnes<br />
de raisin partent, à Lavaux, chez<br />
Testuz, 100 t à La Côte, chez<br />
Schenk, mais aussi aux coopératives<br />
de Corseaux (depuis un<br />
demi-siècle), de Lutry, Uvavins,<br />
et chez des encaveurs comme<br />
Fonjallaz SA à Epesses; au total,<br />
une quinzaine d’acheteurs.<br />
Seule coopérative vaudoise<br />
sans installation de vinification,<br />
en contrepartie, elle n’exige pas<br />
de ses sociétaires qu’ils livrent<br />
toute leur vendange: ils peuvent<br />
avoir leur propre cave. Le jeune<br />
président, Yvan Monnier, 34 ans,<br />
est aussi le principal fournisseur,<br />
avec 9 ha cultivés à Orbe, sur le<br />
principal coteau qui se prolonge<br />
vers Arnex.<br />
Le duo à la tête de<br />
la Cave d’Orbe et<br />
environs à Arnex:<br />
le président Yvan<br />
Monnier (à g.) et<br />
l’administrateur<br />
Patrick Keller.<br />
• 30 7
Balades dans l’espace et le temps<br />
Quand ils ont esquissé leur premier chemin<br />
du vignoble, les vignerons des Côtes-del’Orbe<br />
ont vu grand: départ de la gare CFF<br />
de Chavornay (trains régionaux Lausanne-<br />
Yverdon), cap au sud sur le Mormont, le canal<br />
d’Entreroches, Pompaples, puis coteau<br />
d’Arnex, montée sur Agiez, traversée des<br />
gorges de l’Orbe, Montcherand, Valeyres,<br />
Rances, Champvent et halte CFF d’Essertsous-Champvent.<br />
Tous les vignobles sont<br />
visités, alternant coteaux et plateaux, mais<br />
en plus de 30 km et huit bonnes heures de<br />
marche sans soif! Dans le guide Balades dans<br />
les vignobles de Suisse romande (Ed. Favre,<br />
2005), un itinéraire se contente de parcourir<br />
le vignoble de la principale commune viticole,<br />
Arnex, à partir de la gare CFF (trains<br />
régionaux Lausanne – Vallorbe). On descend<br />
à Mandrolaire, remonte vers La Vaux Vully et<br />
on retourne du Creux-de-Villars. Dès ce printemps,<br />
cet itinéraire devient «sentier viticole»,<br />
balisé avec des panneaux d’information<br />
sur les travaux de la vigne.<br />
Rares sont les régions vaudoises aussi riches<br />
en histoire que ce Milieu-du-Monde, entre La<br />
Sarraz, Romainmôtier et les abords d’Yverdon-les-Bains,<br />
jalonnés d’églises romanes<br />
et de châteaux moyenâgeux (lire encadrés<br />
pp.13 et 16)... On vient de le découvrir, en été<br />
2006 : au Mormont, chameau calcaire à deux<br />
bosses, le grand et le petit, les Helvètes se<br />
sont installés entre 120 et 80 av. J.-C. Les archéologues<br />
ont mis au jour quelque 170 fosses<br />
contenant bijoux, monnaies, céramiques,<br />
outils et squelettes d’animaux et d’humains.<br />
Une découverte majeure pour l’étude de la<br />
civilisation celte d’il y a 2200 ans, mais invisible<br />
du public : le chantier a été ouvert à<br />
l’occasion de l’extension de la carrière de calcaire<br />
exploitée par la cimenterie d’Eclépens.<br />
Le Nozon à Romainmôtier.<br />
Jusqu’ici, on croyait que le site<br />
archéologique d’Orbe-Boscéaz<br />
était le plus ancien témoignage<br />
laissé par nos ancêtres dans la<br />
région. Une quinzaine de campagnes<br />
de fouilles ont eu lieu<br />
sur ce site gallo-romain, véritable<br />
palais daté de la fin du<br />
II e siè cle apr. J.-C., occupé jusqu’au<br />
IV e , puis détruit par les<br />
invasions barbares. Des thermes<br />
complétaient une vaste<br />
installation à la tête d’un domaine<br />
agricole. Les mosaïques<br />
exhumées, et qui ont, pour<br />
quelques unes, souffert de l’exploitation<br />
de la vigne, sont exposées<br />
sur le lieu-même .<br />
Le Mormont mérite une balade,<br />
le long du canal d’Entreroches.<br />
Son fantasme se prolonge<br />
avec le projet d’une liaison du<br />
Rhin au Rhône par l’Aar, le lac<br />
de Neuchâtel, la Thielle, puis le<br />
Léman... Depuis le Moyen-Age,<br />
des tonneaux de vin ont été<br />
embarqués de l’important port<br />
d’Orbe, puis, de 1648 à 1829,<br />
des bateaux ont fait la navette<br />
jusqu’à Cossonay – Penthalaz.<br />
Pour cela, il a fallu percer le<br />
verrou du Mormont et l’étayer<br />
avec des pierres – le canal d’Entreroches,<br />
qu’on distingue encore.<br />
Sept écluses permettaient<br />
de franchir les 14 m de dénivelé.<br />
Mais il en aurait fallu 40 (!)<br />
pour descendre sur Morges (dénivelé<br />
de 59 m). De moins en<br />
moins rentable, le canal a été<br />
mis hors circuit par l’effondrement<br />
d’un pont en 1829.<br />
Autres richesses liées à l’eau,<br />
les gorges de l’Orbe, qu’on peut<br />
descendre à pied de Vallorbe à<br />
Orbe, en 4 h 30, en passant par<br />
Les Clées et la grotte percée de<br />
Montcherand. Autre magnifique<br />
parcours, de Romainmôtier,<br />
en passant par Croy, la descente<br />
du canyon du Nozon et sa<br />
romantique cascade du Dard.<br />
Un grand Circuit des fontaines,<br />
revient, en 2 h 30, au point de<br />
départ, en traversant la carrière<br />
du Grand Chanay: on y<br />
tailla à même le calcaire gris<br />
plus de 200 bassins jusqu’en<br />
1870. Dans le canton de Vaud,<br />
les fontaines d’avant 1914 sont<br />
protégées. Des bassins portant<br />
l’inscription «sorti du Chanet<br />
de Croy» sont visibles de Nyon<br />
à Grandson.<br />
C’est dans ce bassin que se mélangent les eaux<br />
du Nozon et de la Venoge à Pompaples,<br />
d’où le nom de Milieu-du-Monde.<br />
8 • 30
Relever le niveau<br />
En engageant il y a un an Patrick<br />
Keller, 47 ans, administrateur,<br />
mais aussi maître caviste diplômé,<br />
la coopérative entend<br />
«développer la vente de bouteilles<br />
en visant une plus haute<br />
qualité». Et ne plus reprendre<br />
des flacons, mais «suivre les<br />
vinifications des vins qui nous<br />
reviennent». En 2006, quatre<br />
élaborateurs ont pris en charge<br />
les vins vendus ensuite par<br />
la Cave d’Orbe: Testuz pour le<br />
chasselas Treize Coteaux, mais<br />
Schenk a aussi produit une<br />
part de ce même vin, en plus<br />
du gamay; PVE à Perroy, pour<br />
l’assemblage Balinoir, et l’Association<br />
viticole de Lutry, pour<br />
le gamaret en barriques, un<br />
vin lancé en 2005. A l’avenir,<br />
la coopérative veut diversifier<br />
les cépages (50% de gamay,<br />
30% de chasselas jusqu’ici) et<br />
mettre en place un concept de<br />
récolte volontairement limitée<br />
et de vieilles vignes. Ainsi, l’assemblage<br />
Balinoir devrait être<br />
partiellement élevé en fûts de<br />
chêne, dès le millésime 2006.<br />
Patrick Keller vient de passer<br />
commande de quatre barriques<br />
en chêne de Baulmes, pour la fibre<br />
régionale.<br />
Dugon, l’ouvreur et le guide<br />
S’il y a un modèle de vigneronencaveur<br />
dans la région, c’est<br />
bien Christian Dugon. Certains<br />
lui reprochent de s’être retiré<br />
sur son Olympe de Bofflens, un<br />
village sans le moindre pied de<br />
vigne, mais tous reconnaissent<br />
son rôle de pionnier, car ce vigneron<br />
dans la force de l’âge<br />
(45 ans) vient de signer son<br />
vingt-cinquième millésime. A<br />
Bofflens, il dispose d’une cave<br />
moderne, équipée de deux<br />
cuves à autopigeage, d’un nouveau<br />
chai à barriques-salle de<br />
dégustation et d’une halle de<br />
stockage aux audacieuses poutres<br />
en lamellé collé.<br />
Fils du postier, qui travaillait<br />
déjà quelques vignes, il a accru<br />
petit à petit son vignoble de<br />
7 ha, répartis entre Corcellesprès-Chavornay,<br />
Arnex, Mathod,<br />
Agiez et Bonvillars. C’est un as<br />
de la diversification, avec six<br />
cépages en blanc (20% de la<br />
production) et une douzaine en<br />
rouge. Pour faire court, on dira<br />
qu’il réussit tout ce qu’il entreprend,<br />
autant ses chasselas<br />
que son doral, vinifié parfois en<br />
étonnant passerillé, puis en sec<br />
ces deux dernières années, son<br />
puissant chardonnay en barriques,<br />
ou ses rouges, en cuves, en<br />
barriques ou en assemblages.<br />
Christian Dugon,<br />
un maître de<br />
l’élevage des vins<br />
en barriques.<br />
L’Orbe en amont de la ville homonyme.
L’appellation des Côtes-de-l’Orbe en bref<br />
Superficie<br />
168 ha<br />
Altitude des vignes<br />
450 m à 550 m<br />
Moyenne des précipitations<br />
800 mm/an<br />
Les 22 communes de l’AOC<br />
Quatre communes se répartissent les 65% de l’appellation: Arnex (43,15 ha), Orbe (24,26 ha), Rances<br />
(22,38 ha), Valeyres-sous-Rances (21,51 ha). Derrière ce quatuor, deux communes avec plus de 10 ha de<br />
vignes, Mathod (12,09 ha) et Champvent (11,89 ha). Les autres sont marginales: Agiez (4,48 ha), Baulmes<br />
(1,02 ha), Bavois (1,32 ha), Chamblon (0,83 ha), Chavornay (3,65 ha), Corcelles-sur-Chavornay (3,37 ha),<br />
Eclépens (2 ha), Essert-sous-Champvent (0,92 ha), La Sarraz (4,15 ha), Montcherand (4,61 ha), Orny<br />
(200 m 2 !), Pompales (0,89 ha), Suscévaz (4,20 ha), Villars-sous-Champvent (1,16 ha), Yverdon-les-Bains<br />
(204 m 2 !), Yvonand (0,19 ha). Ces 168,20 ha représentent 4,37% du vignoble vaudois. (Registre cantonal<br />
des vignes 2006)<br />
Le terroir (sous-sol)<br />
Le vignoble des Côtes-de-l’Orbe<br />
est dispersé sur de petits coteaux<br />
de marnes courts (200 m à 300 m<br />
de long) et pentus (30% de pente<br />
en moyenne), exposés pour la<br />
plupart sud-est. Ces talus de raccordement<br />
entre des plateaux et<br />
la plaine sont très secs (86% des<br />
sols ne présentent pas d’excès<br />
d’eau): ils ne reçoivent aucune<br />
alimentation en eau de l’amont.<br />
Selon l’Etude des terroirs viticoles<br />
vaudois, les sols sont, pour plus<br />
de 50% des surfaces, directement<br />
issus de molasses (43% marnogréseuses,<br />
11% jaunes). En Pays<br />
de Vaud, avec le Vully, c’est le secteur<br />
viticole où la molasse est la<br />
plus directement impliquée dans<br />
la formation des sols. Les formations<br />
glaciaires représentent<br />
30% des surfaces, réparties entre<br />
moraine de fond (20%) et moraine<br />
de retrait caillouteuse (10%).<br />
Les coteaux ont été taillés par<br />
les eaux de fonte des glaciers du<br />
Rhône et du Jura. Les molasses<br />
datent de 30 millions d’années.<br />
Trois fois plus ancien (105 millions<br />
d’années), un particularisme<br />
unique pour le Pays de Vaud: à<br />
Rances, on trouve des calcaires<br />
durs de l’Urgonien, reliefs d’un<br />
ancien récif qui s’étendait de<br />
Neuchâtel aux Cévennes françaises.<br />
Ne concerne que 5% du<br />
vignoble.<br />
Mode cultural: Taille guyot ou cordon royat, quelques rares gobelets, en mi-haute, avec une densité<br />
de 6500 pieds/ha.<br />
Quantité produite: Un peu plus de 1 million de litres (1 062 000), répartis en 4 /5 de rouge (825 000 l)<br />
et 1/5 de blanc (236 000 l). (Contrôle des vendanges 2006)<br />
Manifestations liées au vignoble en 2007<br />
• Arnex, 28 avril: pour la première fois, les artistes<br />
et artisans du village s’associent aux vigneronsencaveurs<br />
pour une animation sous le nom des<br />
«Ateliers ouverts d’Arnex». Spectacles musicaux<br />
le soir. Renseignements: 024 441 52 00.<br />
• Orbe, 20 mai: Marché des senteurs et saveurs.<br />
Renseignements: 024 441 52 00 (lu et me matin).<br />
• Restoroute de Bavois, deux semaines avant les<br />
vendanges: Ode à la vigne, pressée à l’ancienne,<br />
vente de raisin et de moût.<br />
Renseignements: 079 463 68 63.<br />
• Romainmôtier, 19 au 21 octobre:<br />
Foire d’automne et bourse aux sonnailles.<br />
Renseignements: 024 453 13 54.<br />
• Dans toute l’appellation, début décembre:<br />
Caves ouvertes.<br />
Renseignements: 079 463 68 63.<br />
• Orbe, Arnex (à l’approche des fêtes), et Baulmes<br />
(fin novembre): Marchés de Noël.<br />
Renseignements: 024 441 52 66.<br />
• Romainmôtier: Caveau des vignerons<br />
(voir «Adresses utiles», p. 21).<br />
10 • 30
Producteurs de l’appellation<br />
Plus des 2/3 des raisins des Côtes-de-l’Orbe sont achetés<br />
par les principaux négoces vaudois. Cela est dû au fait que<br />
le principal producteur est la Cave d’Orbe et environs,<br />
qui n’a pas de locaux de vinification, vend la vendange<br />
en «raisins ronds» à une dizaine d’acheteurs (cf. p. 7).<br />
Quelques maisons, comme Jean & Pierre Testuz SA, prennent<br />
en charge des vignes commercialisées sous le nom<br />
du village (par exemple Baulmes). Les Etablissements<br />
pénitentiaires de la plaine de l’Orbe ont leur propre vignoble,<br />
le Clos de la Renarde. La plupart de la trentaine<br />
de vignerons sont aussi paysans de grandes cultures (céréales<br />
panifiables, betteraves à sucre, pommes de terre,<br />
fourrage). Plusieurs donnent leur vin à élaborer à La Côte<br />
ou à Lavaux et reprennent des bouteilles.<br />
Cépages blancs<br />
chasselas<br />
muller-thurgau<br />
chardonnay<br />
pinot gris<br />
pinot blanc<br />
gewurztraminer<br />
doral<br />
auxerrois<br />
charmont<br />
viognier<br />
muscat<br />
TOTAL<br />
24,64 ha<br />
2,05 ha<br />
1,24 ha<br />
0,78 ha<br />
0,68 ha<br />
0,32 ha<br />
0,32 ha<br />
0,22 ha<br />
0,08 ha<br />
0,03 ha<br />
0,03 ha<br />
30 ha<br />
Cépages rouges<br />
gamay 76,40 ha<br />
pinot noir 33,05 ha<br />
garanoir 12,59 ha<br />
gamaret 10,56 ha<br />
cabernetsauvignon<br />
0,09 ha<br />
ancellotta 0,07 ha<br />
merlot 0,06 ha<br />
diolinoir 0,05 ha<br />
syrah 0,05 ha<br />
cabernet franc 0,04 ha<br />
TOTAL 133 ha<br />
S’ajoutent près de 5 ha d’autres cépages rouges (1,56 ha) et<br />
d’indéterminés (3,21 ha).<br />
Une collection de rouges<br />
Son pinot noir, pour une part de<br />
la variété locale, le «petit salvagnin»,<br />
qui fit jadis la réputation<br />
d’Orbe, est aussi remarquable<br />
que ses cépages «de Changins»:<br />
outre le doral, le gamaret, le<br />
garanoir et leur frère jumeau,<br />
le C 41, qu’il a conservé sur le<br />
conseil de son ami, l’œnologue<br />
cantonal Denis Jotterand. Le<br />
meilleur est sans doute à venir,<br />
avec de nouveaux cépages rouges,<br />
comme le cabernet-dorsa,<br />
le dunkelfelder et plusieurs<br />
variétés résistantes mises au<br />
point par le génial obtenteur<br />
jurassien Valentin Blattner.<br />
Christian Dugon est au bénéfice<br />
d’une solide formation: après<br />
Marcelin, ses cépages «maison»,<br />
il les a suivis auprès de<br />
Jean-Louis Simon, à la Station<br />
fédérale d’essais de Pully; la<br />
vinification, il l’a apprise chez<br />
Bernard Bovy, à Chexbres,<br />
avant de suivre «viti-œno» à<br />
Changins, dans la même volée<br />
que l’icône valaisanne Marie-<br />
Thérèse Chappaz.<br />
Ses pairs vaudois lui reconnaissent<br />
son talent: ils l’ont intégré<br />
au cercle d’excellence Arte<br />
Vitis, qui regroupe douze des<br />
meilleurs vignerons du pays.<br />
Comment voit-il ce quart de<br />
siècle écoulé «Il y avait tout à<br />
faire! C’était plus facile de s’établir<br />
ici qu’à Lavaux, où le prix<br />
des vignes était exorbitant. Et je<br />
suis attaché à ma région: j’avais<br />
des oncles viticulteurs à Arnex<br />
et Valeyres-sous-Rances.» Et<br />
l’avenir des Côtes-de-l’Orbe Il<br />
le juge prometteur, grâce à trois<br />
axes: «Le bon rapport-qualité de<br />
nos vins, la prédominance des<br />
rouges et le potentiel du gamaret<br />
et du garanoir.»<br />
Dans les Côtes-del‘Orbe,<br />
les raisins<br />
rouges sont<br />
très largement<br />
majoritaires:<br />
82% des surfaces.<br />
• 30 11
Georges et<br />
François de Coulon,<br />
châtelains d’Eclepens.<br />
Où il est question<br />
du Milieu-du-Monde<br />
Ce discours, raisonné et raisonnable,<br />
François de Coulon,<br />
38 ans, le tient aussi. Fils de<br />
Georges, châtelain d’Eclépens,<br />
cet universitaire en sciences<br />
économiques se partage désormais<br />
à mi-temps entre la<br />
promotion économique vaudoise<br />
et ses vignes. «Je suis presque<br />
né dans une cuve et je fais les<br />
vendanges depuis toujours»,<br />
explique cet enthousiaste, devant<br />
la carte des terroirs éclatés.<br />
Eclépens et ses 5,4 ha de vignes,<br />
en pente douce sur la face sud<br />
du Mormont, traversés par la<br />
«Vy Etraz», la voie romaine, a<br />
été classé d’autorité, en 1949,<br />
parmi les Côtes-de-l’Orbe.<br />
Alors que les vignes abritées de<br />
la bise tournent le dos à l’Orbe<br />
et penchent vers la Venoge…<br />
Le partage des eaux se fait non<br />
loin du château de La Sarraz, là<br />
où, en 1550, on dériva le Nozon<br />
pour faire tourner le moulin<br />
Bornu. Au pied des silos à grains<br />
se trouve le bassin en demi-cercle<br />
d’où les eaux s’écoulent pour<br />
moitié dans le Rhin, pour moitié<br />
dans le Rhône… Voilà non<br />
pas l’origine du monde, chère à<br />
Gustave Courbet, mais celle du<br />
Milieu-du-Monde.<br />
L’héritier de la famille neuchâteloise,<br />
dont le grand-oncle<br />
Gustave replanta le vignoble<br />
d’Eclépens en gamay après le<br />
grand gel de 1956, et fut ainsi un<br />
des premiers en Pays de Vaud à<br />
«faire du rouge», ambitionne de<br />
vinifier davantage dans la ferme<br />
de 1698. La rénovation de la<br />
cave, d’où disparaîtront les cuves<br />
en ciment revêtues, va démarrer.<br />
Un vigneron, Ewald Mols, travaille<br />
les vignes du château, mais<br />
aussi des communes d’Eclépens<br />
et de La Sarraz, et du Clos de<br />
Mauremont planté hardiment de<br />
pinot noir à même la roche par<br />
le docteur Emile Bonard et vinifié<br />
par le Genevois Berthaudin.<br />
L’essentiel du gamay du château<br />
d’Eclépens est pris en charge par<br />
l’œnologue Alain Gruaz, responsable<br />
technique de Schenk à<br />
Rolle. Mais, depuis cinq ans, sur<br />
place, on élabore de A à Z des<br />
spécialités, pinot noir, gamaret<br />
et gamay élevé en fûts de chêne.<br />
«On a une terre à gamay et<br />
à gamaret, martèle François de<br />
Coulon, pour faire des vins dont le<br />
prix correspond à ce qu’on boit!»<br />
Et le domaine, qui a bien développé<br />
la vente dans un carnotzet<br />
aménagé dans une dépendance,<br />
fait partie de l’Association Clos,<br />
Domaines et Châteaux (CD & C),<br />
dont les exigences sont supérieures<br />
aux AOC.<br />
Valeyres et ses châteaux<br />
L’autre pilier de CD & C se trouve,<br />
côté nord – ou versant rhénan, si<br />
l’on peut dire – à Valeyres-sous-<br />
Rances. Le domaine du Manoir<br />
appartient au patrimoine des<br />
familles morgiennes Oulevay et<br />
Geissmann, réunies dans Cofigo<br />
SA. Michel Hostettler, 54 ans,<br />
président de l’appellation Côtesde-l’Orbe,<br />
veille depuis bientôt<br />
trente ans sur les 16 ha cultivés,<br />
dont 12 à Rances, à quoi<br />
s’ajoutent 8 ha à Champagne,<br />
dans l’appellation Bonvillars.<br />
Complété par 50 ha de terres<br />
agricoles, le domaine a été reconstitué<br />
il y a cinquante ans.<br />
Michel Hosttetler, président des<br />
Côtes-de-l’Orbe.<br />
Dans la brume hivernale,<br />
l’abbatiale de Romainmôtier.<br />
Les raisins sont récoltés et mis<br />
en cuve sur place. Mais le jeune<br />
vin s’en va, après la fermentation<br />
malolactique, en citerne<br />
chez Schenk et est commercialisé<br />
par Obrist à Vevey.<br />
A la tête de l’appellation des<br />
Côtes-de-l’Orbe depuis vingt<br />
ans, Michel Hostettler juge le<br />
travail accompli: «On a gagné en<br />
notoriété. Naguère, on surprenait<br />
avec nos vins, maintenant on<br />
commence à nous respecter. On<br />
a tous pris conscience qu’il n’y a<br />
plus de place pour de mauvais<br />
12
Le circuit des églises<br />
romanes<br />
Si les vignerons des Côtes-del’Orbe<br />
ont ouvert depuis bientôt<br />
dix ans (1998) un caveau à<br />
deux pas de la fontaine à l’emblème<br />
de la bourgade, les clés<br />
de saint Pierre et le glaive de<br />
saint Paul, c’est pour capter les<br />
visiteurs d’un des rares sites<br />
clunysiens de Suisse romande,<br />
Romainmôtier.<br />
On ne refera pas l’histoire<br />
de cette sœur de l’admirable<br />
Tournus: ici, la pierre dorée du<br />
Jura, là, la rose de Bourgogne.<br />
De l’oratoire de saint Romain<br />
(qui a donné son nom au lieu) à<br />
l’édification de l’église par saint<br />
Odilon, juste avant l’an 1000,<br />
puis la tranquille prospérité du<br />
monastère, jusqu’à l’arrivée des<br />
Bernois, en 1536, Romainmôtier<br />
a exercé une influence prépondérante.<br />
En 753, le pape<br />
Etienne II la fit dépendre directement<br />
de Rome, la mettant à<br />
l’écart de l’évêché de Lausanne<br />
et des autres abbayes qui<br />
obéissaient à Cîteaux, comme<br />
Haut-Crêt (près de Palézieux,<br />
d’où les moines partirent défricher<br />
le Dézaley). Au temps<br />
de sa splendeur, Romainmôtier<br />
contrôlait un vaste territoire<br />
allant du Léman (Bursins et<br />
Apples) au Jura français (Lonsle-Saulnier).<br />
Si les Confédérés (cf. encadré<br />
p. 16) occupaient les pieds du<br />
Jura depuis 1475, les Bernois,<br />
réformés, interdirent la messe<br />
à l’abbatiale le 24 décembre<br />
1536. Ils saccagèrent église et<br />
bâtiments conventuels, transformèrent<br />
le narthex en cave,<br />
installèrent leur bailli dans<br />
la maison du prieur. Au fil du<br />
temps, jusqu’à leur départ en<br />
1803, ils considérèrent pourtant<br />
la bourgade comme une ville et<br />
y construisirent quelques solides<br />
maisons. Romainmôtier a<br />
conservé trois tours: de l’Horloge,<br />
qui permet d’accéder à<br />
l’église, de la Torture et des<br />
Prisons, outre quelques belles<br />
demeures, comme la maison de l’industriel<br />
Lerber, où habita le patriote vaudois Pierre-<br />
Maurice Glayre, membre du Directoire helvétique<br />
(1798-1800). Mais, quand les Vaudois,<br />
à l’indépendance, lui préférèrent Orbe, elle<br />
retourna à sa quiétude campagnarde...<br />
Romainmôtier n’a pas la seule église romane<br />
des pieds du Jura. A Orny, un curieux<br />
clocher massif de tuf; à Baulmes, un autel<br />
romain dédié à Apollon; à Valeyres-sous-<br />
Rances, l’église Saint-Jacques, qui domine<br />
le village, remaniée au XIV e siècle; à Bavois,<br />
où le clocher sépare la partie romane de la<br />
gothique, deux styles qui se juxtaposent encore<br />
à Bretonnières; enfin, au-dessus d’Orbe,<br />
à Montcherand, toutes méritent une visite.<br />
Dans la dernière, on admire des peintures du<br />
XII e siècle uniques en Suisse romande, qui<br />
représentent un Christ en partie effacé, et<br />
sept apôtres.<br />
Orbe et La Sarraz ne sont pas en reste, avec<br />
des sanctuaires plus tardifs. A Orbe, l’église<br />
et ses curieux chapiteaux (où un personnage<br />
baisse sa culotte sur le mécréant !) fut aménagée<br />
dans une ancienne tour au XV e siècle.<br />
Tandis qu’au château de La Sarraz, c’est<br />
la chapelle Saint-Antoine, dite le Jaquemart,<br />
qui intrigue avec son gisant aux yeux dévorés<br />
par des crapauds de pierre.<br />
• 30 13
produits. On essaie d’élaborer des<br />
vins tendres qui plaisent, d’une<br />
belle couleur, avec des tanins<br />
présents, même si on peut leur reprocher<br />
un manque de longueur.»<br />
L’essentiel du domaine produit<br />
du rouge. On retrouve, comme<br />
ailleurs, gamay, gamaret, garanoir,<br />
pinot noir et merlot planté depuis<br />
dix ans sur les murs, mais aussi en<br />
pleine terre à Rances.<br />
Passionné de travaux viticoles,<br />
il laissait les vinifications à son<br />
ami Gustave Fonjallaz d’Epesses.<br />
Son fils, Marc-Antoine,<br />
reprit le domaine en 1973 et<br />
relança le mouvement des vignerons,<br />
tombé en profonde<br />
déprime vingt ans durant… Il y a<br />
un quart de siècle, il était encore<br />
«le seul à faire de la bouteille».<br />
En 2003, c’est Benjamin, 31 ans,<br />
qui a repris le flambeau, après<br />
avoir suivi Changins.<br />
Une gamme<br />
en tandem pour<br />
Fréderic Hosttetler,<br />
viticulteur, et<br />
Benjamin Morel,<br />
œnologue à la Cave<br />
du Château de<br />
Valeyres.<br />
Le pittoresque village de<br />
Valeyres, et ses deux rues qui<br />
montent, l’une sur le plateau<br />
de Baulmes, l’autre sur Rances,<br />
a deux châteaux, le Manoir,<br />
profondément remanié, mais<br />
qui conserve des parties du<br />
XVI e siècle, et celui de Valeyres.<br />
Ce dernier a joué un rôle historique<br />
autant dans le cours du<br />
temps que dans la viti-viniculture<br />
des Côtes-de-l’Orbe. A la<br />
dynastie bernoise des savants<br />
de Bonstetten, Charles-Victor,<br />
philosophe, puis Charles-David,<br />
archéologue d’Orbe-Boscéaz,<br />
a succédé, dès 1945, celle des<br />
Morel. L’avocat lausannois,<br />
d’abord, Alphonse, venu ici à<br />
41 ans et qui a mis sur orbite<br />
la section locale de la Fédération<br />
vaudoise des vignerons.<br />
Croire au gamay<br />
Le domaine de 11 ha a été démantelé<br />
et les vignes vendues.<br />
Mais la Cave du Château travaille<br />
en partenariat avec quatre<br />
viticulteurs du village et met en<br />
valeur le produit de 2 ha loués<br />
et de la vendange achetée de<br />
4 ha. «Il y a trois ans, on vendait<br />
15 000 bouteilles; en 2005,<br />
35 000!» On a conservé, ici, du<br />
riesling X sylvaner, planté en<br />
1945 par Alphonse Morel, à quoi<br />
s’ajoutent du doral, du pinot<br />
blanc et du chardonnay cueilli à<br />
haute maturité.<br />
Avec Frédéric Hostettler, fils<br />
de Michel, vigneron de 27 ans,<br />
Benjamin Morel travaille sur<br />
une ligne au packaging sophistiqué,<br />
la gamme Confidentiel. Le<br />
duo est partisan de muscler le<br />
gamay en barrique: «On doit redonner<br />
une image au gamay. Ça<br />
va prendre dix ans, mais il faut<br />
se lancer.» Les Morel se sont<br />
aussi attelés à la rénovation de<br />
leur belle demeure et ont mis au<br />
jour d’intéressantes peintures<br />
murales de 1639, malheureusement<br />
pas visibles pour le public.<br />
Ambitieux, Benjamin affirme<br />
qu’«il y a le vin: le produit certes,<br />
mais aussi toute l’image qui<br />
va avec».<br />
Autre Morel, autre château<br />
A Arnex, un autre jeune Morel,<br />
plein de promesses, loge sa<br />
nouvelle cave dans un autre<br />
château, cossue demeure bernoise<br />
de 1604. En attendant son<br />
fils, qui doit revenir ce soir-là de<br />
Vevey, où il vinifie des rouges et<br />
des spécialités d’Obrist et gère<br />
un parc de deux cents barriques,<br />
Raymond Morel, 55 ans, admet<br />
qu’il «n’aurait jamais osé se<br />
lancer dans la vinification». Le<br />
produit de ses 4,3 ha, plantés il<br />
y a trente ans, il les vendait en<br />
«raisins ronds» à la coopérative.<br />
Et il a tout fait pour décourager<br />
de la terre son fils, Landry… A 25<br />
ans, celui-ci, qui a fait son gymnase<br />
à Lausanne, puis Changins,<br />
dont il est sorti avec le diplôme<br />
d’ingénieur œnologue, est revenu<br />
sur le domaine. Il vinifie<br />
un tiers de la vendange depuis<br />
Landry et<br />
Raymond Morel au<br />
Château d’Arnex.<br />
14
2005. Et avoue un attrait pour<br />
des vins rouges structurés. Il<br />
a planté du diolinoir: «C’est la<br />
limite, pour le climat. Mais on<br />
vendange dans les Côtes-del’Orbe<br />
en même temps que<br />
dans le Chablais. Je pourrais aller<br />
vers le merlot: sa vinification<br />
est plus difficile.»<br />
La Cave des Murailles n’en est<br />
qu’à son deuxième exercice. Elle<br />
a déjà vendu 15 000 bouteilles<br />
grâce au bouche à oreille. Pour<br />
valoriser les 4,3 ha, il faudra encore<br />
du temps: «Heureusement,<br />
notre région, même si elle est<br />
en retard en matière de reconnaissance,<br />
a pu rester en marge<br />
des problèmes de mévente»,<br />
constate Landry Morel.<br />
Du goût et des couleurs<br />
Autre jeune qui a monté sa<br />
cave à Arnex, Bernard Gauthey,<br />
33 ans. Il est encore agriculteur,<br />
mais, en dix ans, est devenu vigneron<br />
«à 70%». Si le rouge<br />
est son cheval de bataille, il<br />
ne délaisse pas le blanc, que la<br />
clientèle réclame: «Le chasselas<br />
est un joli vin qui se vend bien.»<br />
Il y ajoute un passerillé à base<br />
de chasselas et de chardonnay<br />
et élève certains de ses rouges<br />
en barriques, comme un assemblage<br />
de gamaret et de garanoir.<br />
Et vinifie de petits volumes<br />
pour des vignerons qui font<br />
quelques bouteilles… En effet,<br />
parmi la vingtaine de viticulteurs-paysans<br />
d’Arnex, tous ne<br />
peuvent pas transformer toute<br />
leur vendange, comme Maryline<br />
Lavenex. La seule vigneronneencaveuse<br />
des Côtes-de-l’Orbe<br />
met en bouteille le fruit de 1 ha<br />
et demi de vignes. Elle espère<br />
que sa fille, Amélie, 23 ans, la<br />
suivra… Elle travaille aussi les<br />
600 m 2 de vignes de la commune<br />
d’Orbe, qui donneront d’ici<br />
2009 leurs premières bouteilles<br />
de chasselas et de pinot-gamay.<br />
Cette ex-assistante sociale dans<br />
un centre pour alcooliques dut<br />
s’improviser vinificatrice au décès<br />
de son mari en 1999. «La<br />
vinification a changé, parce que<br />
je fais d’après mon goût: j’aime<br />
bien mon pinot noir, très parfumé,<br />
issu de neuf clones, le blanc<br />
bien sec et mes deux rosés, le<br />
gamay et l’œil-de-perdrix. Et je<br />
n’apprécie pas la barrique: ce goût<br />
de bois n’amène rien au vin.»<br />
Un gamay plutôt fûté<br />
Tout autre discours chez les<br />
Poget, à Agiez, André, 60 ans,<br />
laisse gentiment les rênes de la<br />
cave à Pierre-Yves, 25 ans, formé<br />
à Châteauneuf, en Valais, et à<br />
Changins. Le vin vedette, ici, est<br />
un gamay de vignes replantées<br />
en 1980, sur une parcelle où les<br />
ceps furent arrachés en 1956,<br />
Le Clos, un quart des 2,4 ha<br />
de vignes cultivées. Depuis vingt<br />
ans, le père a recommencé à vinifier<br />
et le fils suit depuis trois<br />
ans. Son gamay 2003 en barriques<br />
a obtenu un Coup de cœur<br />
à la sélection vaudoise du Guide<br />
Hachette des Vins 2006. Courte<br />
macération à froid, puis long cuvage<br />
et une année en barriques<br />
ont donné un vin habilement<br />
construit. La passion des rouges<br />
ne se dément pas: les Poget<br />
ont planté des cabernets –<br />
sauvignon, franc et dorsa – et<br />
du merlot. Les premiers essais<br />
de vinification sont en fûts. Pour<br />
le blanc, du gewurztraminer: le<br />
2005, premier millésime, était<br />
très riche (plus de 100 degrés<br />
Œchslé) et le vinificateur lui a<br />
laissé un peu de sucre.<br />
Pierre-Yves et André Poget:<br />
succession assurée à Agiez.<br />
Depuis dix ans,<br />
Bernard Gauthey<br />
passe progressivement<br />
de l’agriculture<br />
à la viticulture.<br />
Amélie et Maryline Lavenex:<br />
la maman espère que sa fille<br />
reprendra le domaine.<br />
15
Une leçon (sanglante) d’histoire suisse<br />
Quand, à l’occasion des guerres de Bourgogne,<br />
en 1475, les Suisses vinrent chatouiller les<br />
pieds du Jura, ils ne firent pas de détail. Ils<br />
mirent à feu et à sang les châteaux construits<br />
par les seigneurs alliés des Savoyards.<br />
Plusieurs appartenaient aux héritiers de la famille<br />
de Grandson, qui régnait sur la région depuis<br />
la Bourgogne transjurane de Rodolphe III,<br />
trois siècles plus tôt. Cette domination n’excluait<br />
pas des conflits familiaux: Hugues de<br />
Châlon dut batailler ferme pour reprendre le<br />
château de Grandson à son frère Guillaume.<br />
Cinq ans après qu’il en eut relevé les murs,<br />
la forteresse résista une première fois aux<br />
Suisses, en 1475, avant de capituler l’année<br />
suivante. Les Confédérés s’y mirent à vingt<br />
mille, en rangs serrés, pour faire fuir Charles<br />
le Téméraire, renvoyé outre-Jura trois mois<br />
plus tard, à la bataille de Morat.<br />
Auparavant, les Suisses s’emparèrent des<br />
Clées, poste avancé sur la route du col de<br />
Jougne. Ce passage jouait un rôle crucial<br />
depuis la nuit des temps: Croy, à côté de<br />
Romainmôtier, porte le nom du carrefour entre<br />
les routes du pied du Jura. L’une, à l’époque<br />
romaine, permettait de rallier Genève à<br />
Bâle (Vindonissa), et l’autre reliait Rome à<br />
la Gaule, plus tard la Savoie à<br />
la Bourgogne. Champvent (en<br />
photo ici), parfait exemple du<br />
«carré savoyard», sur sa colline<br />
– unique position du genre<br />
en Suisse romande – subit la<br />
même capitulation.<br />
Mais c’est Orbe qui paya le<br />
plus lourd tribut aux guerres de<br />
Bourgogne. Son château, bâti<br />
entre le XII e et le XIV e siècle, n’a<br />
conservé que son donjon rond<br />
de 1255, œuvre d’Amédée de<br />
Châlon. La forteresse perdit sa<br />
superbe en mai 1475. Si la ville<br />
se rallia aux Confédérés sans<br />
coup férir le 2 mai, la garnison<br />
se défendit jusqu’au bout.<br />
Le lendemain, les Suisses pointèrent<br />
leurs canons de l’église,<br />
puis prirent d’assaut le château,<br />
tuant à l’arme blanche,<br />
poignard et pique, plus d’une<br />
centaine d’hommes. Certains<br />
furent précipités des tours et<br />
des murailles. Le château fut<br />
incendié et ruiné... Orbe de-<br />
vint un bailliage commun des<br />
Bernois et des Fribourgeois<br />
qui l’administraient depuis<br />
Echallens. Jadis aussi fière que<br />
San Gimignano, Orbe laissa<br />
partir ses ruines, tour après<br />
tour, pierre après pierre: en<br />
1835, on rasa un pan de rempart<br />
et une tour.<br />
Aujourd’hui, sur son éperon<br />
rocheux, la bourgade retrouve<br />
des couleurs. A la rue de la<br />
Tourelle, les maisons sont repeintes<br />
en rouge, jaune ou<br />
orange. La rue du Moulinet a<br />
gardé tout son charme, à côté<br />
de l’ancien hôpital, devenu bibliothèque<br />
et théâtre pour les<br />
jeunes. Au coin de la rue pentue,<br />
une «pierre à sabot» qui<br />
enjoint de freiner les chars à la<br />
descente...<br />
Orbe, sous le double signe<br />
«gastrologique» de la saucisse<br />
aux choux et du café (Nescafé<br />
d’abord, puis Nespresso), regagne<br />
une prospérité certaine.<br />
16 • 30
Jean-Daniel Gauthey et l’olivier<br />
qu’il a planté dans le coteau<br />
d’Arnex.<br />
Une foison de cépages<br />
Cette foison de cépages, on la<br />
retrouve à Arnex chez Jean-<br />
Daniel Gauthey. A 55 ans, et<br />
vingt ans d’encavage, il fait figure<br />
d’ancien, déjà. «En 1986,<br />
c’est l’agriculture qui faisait notre<br />
beurre, aujourd’hui, s’il n’y<br />
avait pas la vigne, il n’y aurait<br />
plus vingt familles qui vivent de<br />
la terre ici», constate cet ancien<br />
de la coopérative qui fut parmi<br />
les premiers à voler de ses propres<br />
ailes. Pour les vingt ans de<br />
la cave, il a planté un arbre et<br />
baptisé sa cave «Domaine de<br />
l’Orme». Le feuillu s’ajoute à un<br />
olivier, à l’orée du coin le mieux<br />
exposé – plein sud – de ses vignes<br />
dans le coteau d’Arnex,<br />
là où poussent syrah, plantrobert,<br />
et même de la petite<br />
arvine! Logiquement, le vigneron<br />
se dit opposé «à réserver<br />
certains cépages à une seule<br />
région». Merlot, cabernet-sauvignon<br />
et viognier complètent<br />
la panoplie, en plus des classiques<br />
chasselas, gamay et pinot<br />
noir, de la variété «petit salvagnin».<br />
La nouvelle génération,<br />
Jean-Daniel Gauthey l’applaudit:<br />
«Plus nombreux on est,<br />
mieux on s’en sortira. C’est une<br />
excellente stimulation et un<br />
bon signe.»<br />
Champagne au dessert<br />
Fin de parcours avec Daniel Marendaz,<br />
54 ans, qui cultive 5,5 ha<br />
de vignes à Mathod. Il vient de<br />
laisser à son fils les 40 ha de<br />
grandes cultures du domaine<br />
pour se consacrer en plein à sa<br />
passion. Son grand-père cultivait<br />
14 ha jusqu’en 1956, où<br />
le gel le poussa à arracher les<br />
ceps, à condition de ne pas replanter<br />
dans les vingt-cinq ans.<br />
Le vignoble n’a donc ressuscité<br />
qu’en 1983. Autodidacte,<br />
le paysan-vigneron a toujours<br />
voulu «faire sa bouteille». Il a<br />
poussé l’exercice jusqu’à l’extrême:<br />
non content d’élaborer une<br />
quinzaine de vins, il s’est lancé,<br />
il y a dix ans, dans le mousseux<br />
«méthode traditionnelle».<br />
«L’idée a été très mal perçue…<br />
Pourtant, il faut appeler un<br />
chat, un chat: on est au pied<br />
du Jura. On devrait s’inspirer<br />
de la Champagne, climatiquement<br />
peu favorisée, mais qui a<br />
réussi à commercialiser le vin le<br />
plus connu de la planète! Chez<br />
nous, la qualité des raisins de<br />
base est supérieure à celle de<br />
la Champagne.» Aujourd’hui,<br />
il vend 8000 bouteilles par an<br />
de vin effervescent et assure la<br />
prise de mousse à façon pour<br />
quelque 20 000 bouteilles. «Le<br />
mousseux est un vin super qui<br />
nous oblige à adapter la viticulture<br />
et la vinification au résultat<br />
qu’on veut obtenir.»<br />
On croyait être dans le Pays<br />
de Vaud, on s’est retrouvé parfois<br />
en Bourgogne, dans les<br />
Côtes-du-Jura, voire le Valais,<br />
et maintenant, en Champagne.<br />
Un microcosme: le Milieu-du-<br />
Monde, quoi!<br />
Daniel Marendaz avec son<br />
nouveau robot de remuage<br />
pour mousseux.<br />
• 30 17
La dégustation<br />
Les meilleurs assemblages rouges<br />
excellent vin<br />
très bon vin<br />
bon vin<br />
Merci à tous<br />
les vignerons de s‘être<br />
prêtés à l‘exercice.<br />
Que valent gustativement les vins<br />
des Côtes-de-l’Orbe Pour obtenir<br />
un instantané, fixé par une dégustation,<br />
nous avons choisi des<br />
assem blages rouges. Car, comme<br />
l’explique Christian Dugon, «le mariage<br />
de cépages permet d’élaborer<br />
des vins plus complexes, mais<br />
aussi plus stables dans le temps.<br />
L’assemblage permet de tirer le<br />
meilleur parti du fruit, du gras et<br />
des tanins spécifiques de chaque<br />
cépage, comme pour les bordeaux<br />
ou les côtes-du-rhône. Il n’y a que<br />
le pinot noir qui échappe à la règle,<br />
comme pour les bourgognes.»<br />
Réunis par Bernard Gauthey, sept<br />
assemblages bicépages (par exemple<br />
gamaret-garanoir) et huit multicépages<br />
(sans détail sur l’étiquette<br />
– dommage pour le consommateur!)<br />
ont été soumis à la dégustation<br />
à l’aveugle à un quatuor<br />
d’experts: Nathalie Borne, meilleur<br />
sommelier romand 2003 et depuis<br />
peu, patronne de l’Auberge communale<br />
d’Aclens (cf. p. 55); Jean Solis,<br />
dou ble champion suisse de dégustation,<br />
membre de la commission<br />
de dégustation du label Terravin,<br />
commerçant en vins et en eaux-devie;<br />
Nicolas Bourassin, sommelier<br />
au Montreux-Palace, restaurant Le<br />
Jaan, et Pierre Thomas, auteur de ce<br />
dossier, membre de la commission<br />
de dégustation du label Terravin et<br />
de plusieurs jurys internationaux.<br />
Ce quatuor a l’habitude de déguster,<br />
une fois par mois, pour le magazine<br />
de consommation Tout Compte<br />
Fait. Le verdict Huit vins mis en<br />
évidence, équitablement répartis<br />
entre les bi et les multicépages, distingués<br />
par des étoiles.<br />
Les autres vins dégustés: Gamaret-<br />
Ga ranoir 2004, Marcel Petermann,<br />
A giez; Cabernet-Merlot, Cuvée Prestige<br />
2004, Daniel Marendaz, Mathod;<br />
Gamaret-Garanoir, Les Pallins 2005, et<br />
Les Sonnailles 2005, Maryline Lavenex,<br />
Arnex; Balinoir 2004 et 2005, Cave d’Orbe<br />
et environs; Cépages Nobles 2004,<br />
Jacques et Bernard Gauthey, Arnex.<br />
Gamaret-Garanoir 2005<br />
André et Pierre-Yves Poget, Agiez<br />
Robe violacée; nez intense,<br />
marqué par la maturité, arômes<br />
de fruits noirs; attaque sur le<br />
friand, le fruité, la texture fine;<br />
en bouche, on retrouve les épices;<br />
un vin gras, charnu, corsé, flatteur<br />
sur les fruits mûrs. A boire sur<br />
une côtelette de porc charcutière.<br />
Arpège 2005<br />
Christian Dugon, Bofflens<br />
Robe noire opaque; nez ouvert,<br />
arômes de fruits compotés, note<br />
de réglisse et de toasté; attaque<br />
intense sur les fruits rouges et<br />
noirs, le poivre; texture grasse et<br />
veloutée, tanins un peu lourds;<br />
un vin très mûr, consistant et<br />
à la longue persistance gustative.<br />
A boire sur un carré d’agneau<br />
au thym.<br />
Garanoir-Gamaret,<br />
Le Courson 2005<br />
Cave du Château de Valeyres,<br />
Benjamin Morel, Valeyres-sous-Rances<br />
Robe violacée; nez de fruits noirs,<br />
de cassis, de poivre blanc avec une<br />
nuance anisée; attaque sur la pureté<br />
du fruit; assez tendre, aux tanins<br />
fins; un vin charmeur, avec une<br />
finale un peu chaude (alcool).<br />
A boire sur une terrine de lapereau<br />
aux pistaches.<br />
Gamay-Gamaret,<br />
Château d’Eclépens 2005<br />
Réserve du Château,<br />
G. et F. de Coulon, Eclépens<br />
Robe presque noire; nez réservé,<br />
jeune, aux notes d’encre et de<br />
mûre; attaque fruitée, épicée;<br />
un vin tonique, sur des tanins<br />
fermes, rustiques; équilibré et de<br />
belle longueur. A boire avec des<br />
pieds de porc ou une bavette de<br />
bœuf à l’échalote.<br />
18 • 30
De droite à gauche, les dégustateurs: Jean Solis, Nathalie Borne, Nicolas Bourassin et Pierre Thomas.<br />
Méganoir 2004<br />
Domaine du Manoir,<br />
Valeyres-sous-Rances<br />
Robe violacée; nez de fruits noirs,<br />
de fraise, épicé; attaque fraîche,<br />
qui rappelle un cabernet<br />
sauvignon très mûr; notes de<br />
mûre sauvage; un vin gourmand<br />
soutenu par une bonne acidité.<br />
A boire avec un filet de cerf<br />
sauce grand veneur.<br />
Assemblage 2005<br />
Cave du Château de Valeyres,<br />
Benjamin Morel, Valeyres-sous-Rances<br />
Robe atramentaire; nez ouvert,<br />
exubérant, parfumé, de noix de<br />
coco, de banane mûre; attaque<br />
fraîche, mais marquée lourdement<br />
par la barrique; sucrosité enrobée;<br />
un vin du style Nouveau Monde,<br />
difficile à situer... A boire sur un<br />
émincé de volaille au curry,<br />
genre riz Casimir.<br />
Gamaret-Diolinoir,<br />
Diamant 2005<br />
Raymond et Landry Morel,<br />
Cave des Murailles, Arnex-sur-Orbe<br />
Rouge profond; nez de cassis, de<br />
fruits noirs et empyreumatique;<br />
attaque tendre, sur des arômes de<br />
chêne; milieu de bouche doucereux;<br />
tanins serrés; un vin attendri<br />
et un peu asséché par le passage<br />
en barriques. A boire avec un<br />
canard à l’orange.<br />
Arnoir 2005<br />
Domaine de l’Orme,<br />
Jean-Daniel Gauthey, Arnex<br />
Robe à reflets violacés; nez de<br />
girofle, un peu animal; attaque<br />
souple, marquée par le gaz<br />
carbonique; un vin rond et mûr,<br />
qui manque un peu de matière,<br />
et assez rustique. A boire avec<br />
une viande grillée ou un steack<br />
d’autruche...d’Arnex!<br />
• 30 19
Adresses utiles<br />
Informations<br />
générales<br />
Association touristique de<br />
Romainmôtier et du Vallon<br />
du Nozon<br />
La Porterie<br />
1323 Romainmôtier<br />
Tél. 024 453 14 65<br />
www.romainmotier.ch<br />
Office du Tourisme d’Orbe<br />
Rue de la Poste 2<br />
1350 Orbe<br />
Tél. 024 441 52 66<br />
www.orbe.ch/tourisme<br />
Office du Tourisme<br />
Venoge – Milieu du Monde<br />
Grand-Rue 1<br />
1315 La Sarraz<br />
Tél. 021 866 02 29<br />
www.tourisme-lasarraz.ch<br />
Principaux<br />
vignerons-encaveurs<br />
En général, les caves sont ouvertes le<br />
samedi de 10 h à 12 h. Plusieurs encaveurs<br />
font des journées portes ouvertes<br />
au printemps et/ou en automne.<br />
Caveau des vignerons<br />
des Côtes de l’Orbe<br />
1323 Romainmôtier<br />
Tél. 024 441 07 01<br />
Fax 024 441 03 73<br />
De Pâques à fin septembre.<br />
Samedi et dimanche, de 11 h à 19 h.<br />
35 places. Réservations pour groupes<br />
dès 10 personnes.<br />
Cave coopérative d’Orbe<br />
et environs<br />
Caveau au centre du village<br />
1321 Arnex-sur-Orbe<br />
Tél. 024 441 39 93<br />
Orbe: le donjon et la tour-clocher de l’église.<br />
Cave du Château<br />
Benjamin Morel<br />
1358 Valeyres-sous-Rances<br />
Tél. 024 441 07 01<br />
ou 079 658 26 14<br />
www.chateauvaleyres.ch<br />
Domaine du Château d’Eclépens<br />
Georges & François de Coulon<br />
1312 Eclépens<br />
Tél. 021 866 11 84 ou 866 11 70<br />
ou 079 350 51 42<br />
www.chateau-eclepens.ch<br />
Domaine du Manoir<br />
Michel Hostettler<br />
1358 Valeyres-sous-Rances<br />
Tél. 024 441 02 32<br />
ou 078 601 02 32<br />
Christian Dugon<br />
La Grande-Ouche<br />
1353 Bofflens<br />
Tél. 024 441 35 01<br />
ou 079 410 17 87<br />
Bernard Gauthey<br />
1321 Arnex-sur-Orbe<br />
Tél. 024 441 12 11<br />
ou 079 463 68 63<br />
Jean-Daniel Gauthey et famille<br />
Domaine de l’Orme<br />
1321 Arnex-sur-Orbe<br />
Tél. 024 441 12 64<br />
ou 079 709 17 10<br />
Maryline Lavenex<br />
1321 Arnex-sur-Orbe<br />
Tél. 024 441 24 27<br />
ou 079 371 17 50<br />
Daniel Marendaz<br />
Rue de la Laiterie 2 bis<br />
1438 Mathod<br />
Tél. 024 459 17 90<br />
ou 079 310 71 16<br />
Romainmôtier: la Tour de l‘horloge.<br />
Raymond et Landry Morel<br />
Cave des Murailles – Le Château<br />
1321 Arnex-surOrbe<br />
Tél. 024 441 10 79<br />
ou 079 729 77 51<br />
André et Pierre-Yves Poget<br />
1352 Agiez<br />
Tél. 024 441 37 56<br />
ou 079 320 95 09<br />
Hôtels, Cafés<br />
et Restaurants<br />
Au Bras d’Or<br />
Agnès & Eric Poulard<br />
1438 Mathod<br />
Tél. 024 459 18 33<br />
Avec chambres.<br />
L’Auberge<br />
Christiane Martin<br />
1446 Baulmes<br />
Tél. 024 459 11 18<br />
www.lauberge.ch<br />
Fermé le soir (sauf jeudi et vendredi),<br />
ouvert à midi (sauf lundi et mardi).<br />
Avec chambres.<br />
Auberge communale<br />
A l’Ecusson Vaudois<br />
1312 Eclépens<br />
Tél. 021 866 72 01<br />
Fermé dimanche soir et lundi.<br />
Avec chambres.<br />
Auberge de La Croix-Blanche<br />
Théo Schweizer<br />
1356 Les Clées<br />
Tél. 024 441 91 71<br />
Fermé dimanche soir et lundi, et le<br />
dernier mardi du mois.<br />
Au Gaulois<br />
Pascal Locatelli<br />
1322 Croy<br />
Tél. 024 453 14 89<br />
www.augaulois.ch<br />
Fermé lundi et mardi.<br />
• 30<br />
21
Bed & Breakfast à la ferme<br />
Christine de Raad Iseli<br />
1315 La Sarraz<br />
Tél. 021 866 66 01<br />
et 079 762 87 11<br />
Café de la Croix-d’Or<br />
Daniel Grivet<br />
Place du Marché 3<br />
1350 Orbe<br />
Tél. 024 441 34 43<br />
Fermé le mercredi d’avril à septembre,<br />
mardi et mercredi l’hiver.<br />
La Croix-Fédérale<br />
Loïc et Maryline Nohazic<br />
1431 Vugelles-la-Mothe<br />
Tél. 024 436 31 10<br />
Fermé mardi et mercredi.<br />
Guignard-Desserts<br />
Grand-Rue 17, 1350 Orbe<br />
Tél. 024 442 81 20<br />
www.guignard-desserts.com<br />
Magasin et salon de thé fermés lundi<br />
et mardi. Restaurant ouvert à midi<br />
du mercredi au samedi; vendredi et<br />
samedi le soir.<br />
La Maison du Prieur<br />
Salon de thé<br />
1323 Romainmôtier<br />
Tél. 024 453 13 50<br />
Brunchs-concerts et dîners «Meurtres<br />
et mystères» (www.eventsetsaveurs.ch),<br />
et d’exquises tartes<br />
maison dans la cour pavée, près de<br />
la fontaine...<br />
Le Môtier Café culturel<br />
1323 Romainmôtier<br />
Tél. 024 453 20 43<br />
www.le-motier.ch<br />
Le Môtier (photo ci-contre) est un<br />
espace ouvert à la musique et aux<br />
arts: concerts, expositions, performances,<br />
lectures, poésie, conférences...<br />
Le Toucan<br />
1321 Arnex-sur-Orbe<br />
Tél. 024 441 33 13<br />
www.letoucan.ch<br />
Fermé dimanche et lundi.<br />
Le Normand<br />
Jacques Le Normand<br />
1352 Agiez<br />
Tél. 024 441 15 45<br />
Produits<br />
du terroir<br />
Boucherie Olivier Bühlmann<br />
Grand-Rue 7<br />
1350 Orbe<br />
Tél. 024 441 32 09<br />
Boucherie André Plancherel<br />
Rue du Grand-Pont 2<br />
1350 Orbe<br />
Tél. 024 441 31 50<br />
Les amateurs sont partagés sur les<br />
mérites réciproques de ces deux<br />
bouchers spécialisés dans les charcuteries<br />
vaudoises. Le premier est<br />
aussi présent sur les marchés de Lausanne,<br />
Montreux et Paudex.<br />
CaroChoco<br />
Grand’Rue 11<br />
1350 Orbe<br />
Tél. 024 441 72 64<br />
Des chocolats raffinés et surprenants,<br />
belges et français.<br />
Château d’Arnex<br />
Pierre Morel<br />
Elevage d’autruches, d’émeus et<br />
de nandous<br />
1321 Arnex-sur-Orbe<br />
Tél. 079 625 03 30<br />
Viande, terrines, etc., en vente tous<br />
les vendredis de 19 h à 20 h 30.<br />
Huilerie du Pré-Girard<br />
Pierre Monnier<br />
1318 Pompaples<br />
Tél. 021 866 62 69<br />
D’anciennes installations du moulin<br />
de Pompaples donnent des huiles<br />
artisanales de noix, de noisette et<br />
de colza.<br />
Le Pectinarium<br />
Rue de la Forge<br />
1323 Romainmôtier<br />
Tél. 024 453 16 11<br />
www.pectine.ch<br />
Le temple des confitures au mariage<br />
de fruits, d’épices, de vin parfois,<br />
insolites, apprêtées par Véronique<br />
Kinal. Ouvert l’après-midi du mercredi<br />
au samedi et le dimanche de<br />
10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h.<br />
Culture<br />
et curiosités<br />
Château de La Sarraz<br />
Tél. 021 866 64 23<br />
www.tourisme-lasarraz.ch<br />
Musée du cheval, unique en Suisse.<br />
Salles de réception à louer. Anniversaires<br />
pour enfants. Visite guidée du<br />
château de 13 h à 17 h, les weekends<br />
et jours fériés, d’avril à octobre;<br />
tous les jours, sauf le lundi en juin,<br />
juillet, août.<br />
Concerts<br />
à Romainmôtier<br />
Programme complet sous<br />
www.concerts-romainmotier.ch.<br />
Concerts classiques les dimanches de<br />
printemps et d’été à 17 h dans l’abbatiale<br />
(du 18 mars au 6 mai, puis du<br />
1 er juillet au 26 août) et les dimanches<br />
d’hiver à 16 h (du 11 novembre<br />
au 9 décembre).<br />
Mosaïques romaines<br />
de Boscéaz<br />
Quatre pavillons<br />
abritent les plus<br />
remarquables mosaïques<br />
romaines<br />
de Suisse, voire<br />
d’Europe, datant<br />
du III e siècle apr.<br />
J.-C. Scènes de chasse, divinités représentant<br />
les jours de la semaine,<br />
etc., viennent d’une vaste villa galloromaine<br />
et ont été restaurées en<br />
2000. A la sortie d’Orbe, direction<br />
entrée de l’autoroute Vallorbe – Yverdon-les-Bains.<br />
Ouvert de Pâques à<br />
fin octobre, du lundi au vendredi, de<br />
9 h à 12 h et de 13 h à 17 h; samedi,<br />
dimanche, jours fériés, de 13 h 30 à<br />
17 h 30. Visites guidées possibles,<br />
pour groupes et hors saison.<br />
tél. 024 441 52 66 ou 079 745 98 47<br />
Page ci-contre: le vignoble et l‘église Saint-Jacques<br />
dominent Valeyres-sous-Rances.<br />
22 • 30