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produits. On essaie d’élaborer des<br />
vins tendres qui plaisent, d’une<br />
belle couleur, avec des tanins<br />
présents, même si on peut leur reprocher<br />
un manque de longueur.»<br />
L’essentiel du domaine produit<br />
du rouge. On retrouve, comme<br />
ailleurs, gamay, gamaret, garanoir,<br />
pinot noir et merlot planté depuis<br />
dix ans sur les murs, mais aussi en<br />
pleine terre à Rances.<br />
Passionné de travaux viticoles,<br />
il laissait les vinifications à son<br />
ami Gustave Fonjallaz d’Epesses.<br />
Son fils, Marc-Antoine,<br />
reprit le domaine en 1973 et<br />
relança le mouvement des vignerons,<br />
tombé en profonde<br />
déprime vingt ans durant… Il y a<br />
un quart de siècle, il était encore<br />
«le seul à faire de la bouteille».<br />
En 2003, c’est Benjamin, 31 ans,<br />
qui a repris le flambeau, après<br />
avoir suivi Changins.<br />
Une gamme<br />
en tandem pour<br />
Fréderic Hosttetler,<br />
viticulteur, et<br />
Benjamin Morel,<br />
œnologue à la Cave<br />
du Château de<br />
Valeyres.<br />
Le pittoresque village de<br />
Valeyres, et ses deux rues qui<br />
montent, l’une sur le plateau<br />
de Baulmes, l’autre sur Rances,<br />
a deux châteaux, le Manoir,<br />
profondément remanié, mais<br />
qui conserve des parties du<br />
XVI e siècle, et celui de Valeyres.<br />
Ce dernier a joué un rôle historique<br />
autant dans le cours du<br />
temps que dans la viti-viniculture<br />
des Côtes-de-l’Orbe. A la<br />
dynastie bernoise des savants<br />
de Bonstetten, Charles-Victor,<br />
philosophe, puis Charles-David,<br />
archéologue d’Orbe-Boscéaz,<br />
a succédé, dès 1945, celle des<br />
Morel. L’avocat lausannois,<br />
d’abord, Alphonse, venu ici à<br />
41 ans et qui a mis sur orbite<br />
la section locale de la Fédération<br />
vaudoise des vignerons.<br />
Croire au gamay<br />
Le domaine de 11 ha a été démantelé<br />
et les vignes vendues.<br />
Mais la Cave du Château travaille<br />
en partenariat avec quatre<br />
viticulteurs du village et met en<br />
valeur le produit de 2 ha loués<br />
et de la vendange achetée de<br />
4 ha. «Il y a trois ans, on vendait<br />
15 000 bouteilles; en 2005,<br />
35 000!» On a conservé, ici, du<br />
riesling X sylvaner, planté en<br />
1945 par Alphonse Morel, à quoi<br />
s’ajoutent du doral, du pinot<br />
blanc et du chardonnay cueilli à<br />
haute maturité.<br />
Avec Frédéric Hostettler, fils<br />
de Michel, vigneron de 27 ans,<br />
Benjamin Morel travaille sur<br />
une ligne au packaging sophistiqué,<br />
la gamme Confidentiel. Le<br />
duo est partisan de muscler le<br />
gamay en barrique: «On doit redonner<br />
une image au gamay. Ça<br />
va prendre dix ans, mais il faut<br />
se lancer.» Les Morel se sont<br />
aussi attelés à la rénovation de<br />
leur belle demeure et ont mis au<br />
jour d’intéressantes peintures<br />
murales de 1639, malheureusement<br />
pas visibles pour le public.<br />
Ambitieux, Benjamin affirme<br />
qu’«il y a le vin: le produit certes,<br />
mais aussi toute l’image qui<br />
va avec».<br />
Autre Morel, autre château<br />
A Arnex, un autre jeune Morel,<br />
plein de promesses, loge sa<br />
nouvelle cave dans un autre<br />
château, cossue demeure bernoise<br />
de 1604. En attendant son<br />
fils, qui doit revenir ce soir-là de<br />
Vevey, où il vinifie des rouges et<br />
des spécialités d’Obrist et gère<br />
un parc de deux cents barriques,<br />
Raymond Morel, 55 ans, admet<br />
qu’il «n’aurait jamais osé se<br />
lancer dans la vinification». Le<br />
produit de ses 4,3 ha, plantés il<br />
y a trente ans, il les vendait en<br />
«raisins ronds» à la coopérative.<br />
Et il a tout fait pour décourager<br />
de la terre son fils, Landry… A 25<br />
ans, celui-ci, qui a fait son gymnase<br />
à Lausanne, puis Changins,<br />
dont il est sorti avec le diplôme<br />
d’ingénieur œnologue, est revenu<br />
sur le domaine. Il vinifie<br />
un tiers de la vendange depuis<br />
Landry et<br />
Raymond Morel au<br />
Château d’Arnex.<br />
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