qualites paysageres et viticulture - Union des oenologues de France
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Vinification<br />
Tableau 4 : Bilan <strong><strong>de</strong>s</strong> apports d’oxygène (mg/L) lors <strong>de</strong> l’élaboration<br />
d’un vin tranquille ou effervescent type champagne<br />
Au sta<strong>de</strong> bouteilles, les apports d’oxygène sont à la fois aussi importants<br />
en volume, mais ils sont surtout la source principale <strong>de</strong> l’hétérogénéité<br />
entre bouteilles d’une même cuvée.<br />
Sur le Schéma 8 ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, on peut visualiser où se situent ces sources<br />
d’hétérogénéité <strong>et</strong> évaluer les progrès, accomplis ou en cours, pour<br />
améliorer encore la régularité entre bouteilles d’un même lot.<br />
Schéma 8 : Hétérogénéité en bouteilles (les points <strong>de</strong> couleurs différentes<br />
représentent schématiquement l’hétérogénéité entre bouteilles,<br />
en fonction <strong>de</strong> l’oxygène reçu)<br />
Au tirage, les vins ont <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en oxygène assez variables, mais la<br />
prise <strong>de</strong> mousse rétablit l’homogénéité. Pendant le séjour sur lattes, le<br />
changement <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules à joint liège par <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules à joint synthétique<br />
a constitué un progrès considérable pour la filière, en matière <strong>de</strong><br />
régularité entre bouteilles. Toutefois, le choix <strong>de</strong> la capsule doit être<br />
bien réfléchi <strong>et</strong> la décision dépend <strong>de</strong> chaque cuvée <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tination<br />
commerciale. L’autre exigence sur ce poste est une parfaite maîtrise<br />
du sertissage, tout au long <strong>de</strong> la campagne. Le dégorgement<br />
représente le poste où la variabilité entre bouteilles est potentiellement<br />
la plus forte, du fait d’apports instantanés importants <strong>et</strong> avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
écarts entre bouteilles qui peuvent être considérables, <strong>de</strong> 0 à 10 mg/L<br />
pour les extrêmes. La para<strong>de</strong> passe nécessairement par l’inertage du<br />
ciel gazeux <strong>de</strong> la bouteille. Ce procédé perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> limiter le sulfitage<br />
qui constitue une solution imparfaite <strong>et</strong> même une source supplémentaire<br />
d’irrégularités entre bouteilles, en générant <strong><strong>de</strong>s</strong> arômes soufrés<br />
peu souhaitables.<br />
Pour l’ultime étape du bouchage d’expédition, on r<strong>et</strong>rouve une problématique<br />
i<strong>de</strong>ntique à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules <strong>de</strong> tirage même si le liège est<br />
un matériau plus complexe qu’un joint <strong>de</strong> capsule. Il n’est pas inerte<br />
car susceptible <strong>de</strong> libérer <strong><strong>de</strong>s</strong> composés favorables ou défavorables<br />
dans le vin, il est par nature hétérogène <strong>et</strong> pour finir son comportement<br />
peut évoluer au cours du temps du fait <strong>de</strong> son contact avec le<br />
vin. Nul doute que les évolutions du bouchage d’expédition<br />
(boucheuses, bouchons, <strong>et</strong>c.) <strong>de</strong>vront à l’avenir prendre en compte la<br />
maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux.<br />
Si l’on fait abstraction <strong>de</strong> certaines pratiques particulières évoquées<br />
précé<strong>de</strong>mment, comme le transport dans <strong><strong>de</strong>s</strong> citernes en vidange ou<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> soutirages avec envoi par le haut <strong>de</strong> la cuve, les données du<br />
tableau 4 montrent que le sta<strong>de</strong> bouteille est en fait primordial en ce<br />
qui concerne les apports d’oxygène que connaît un vin, notamment<br />
dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> vins effervescents élaborés en bouteilles qui ont <strong>de</strong>ux<br />
bouchages successifs. Le raisonnement peut être élargi à tous les vins<br />
tranquilles <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, notamment quand les précautions d’inertage ne<br />
sont pas prises à la mise en bouteilles.<br />
C<strong>et</strong>te prise en compte <strong>de</strong> l’oxygène dans les opérations d’embouteillage<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> bouchage a été trop longtemps négligée en œnologie, alors<br />
que dans la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> vins <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ce sta<strong>de</strong> là n’est souvent que celui<br />
<strong>de</strong> l’adolescence.<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la maîtrise du vieillissement, ce thème <strong>de</strong> l’oxygène en<br />
vinification est la source <strong>de</strong> réponses, au moins partielles, à <strong><strong>de</strong>s</strong> questions<br />
que se posent les professionnels <strong>et</strong> les consommateurs. Certaines<br />
d’entre elles sont un peu anecdotiques, d’autres, au contraire, sont<br />
fondamentales pour notre filière comme celles <strong>de</strong> l’hétérogénéité d’évolution<br />
entre les bouteilles d’un même lot ou celles <strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> au<br />
vieillissement d’un vin.<br />
3.1 VARIABILITÉ ENTRE BOUTEILLES D’UNE MÊME CUVÉE<br />
Le constat d’hétérogénéité entre bouteilles que nous venons <strong>de</strong> faire<br />
sur les vins effervescents est extrapolable à tous les vins, alors que l’on<br />
évoque souvent <strong><strong>de</strong>s</strong> phases <strong>de</strong> maturation ou <strong><strong>de</strong>s</strong> évolutions cycliques<br />
du vin. Ne sont-elles pas la plupart du temps que les fluctuations sensorielles<br />
liées aux variations <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux bouteille à bouteille<br />
Qu’en serait-il en garantissant une homogénéisation <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges<br />
gazeux <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchons pour un même lot <strong>de</strong> bouteilles L’exemple<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> capsules couronne du bouchage <strong>de</strong> tirage est révélateur. Les professionnels<br />
du champagne reconnaissent à ce jour que la maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
entrées d’oxygène, grâce au remplacement <strong><strong>de</strong>s</strong> joints liège par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
joints synthétiques, perm<strong>et</strong> une remarquable homogénéité entre bouteilles<br />
<strong>et</strong> le contrôle <strong>de</strong> l’évolution d’un vin.<br />
Malgré cela, certains vinificateurs préten<strong>de</strong>nt que la différence d’évolution<br />
sensorielle entre bouteilles fait partie <strong>de</strong> la « magie » du vin. En<br />
tant que consommateur, lorsque l’on ouvre <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles (parfois<br />
cher) « la magie » s’évanouit quand la première bouteille est superbe<br />
<strong>et</strong> que sa p<strong>et</strong>ite sœur issue <strong>de</strong> la même caisse est plus que décevante.<br />
La maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux du bouchage est donc une voie <strong>de</strong><br />
progrès <strong>et</strong> <strong>de</strong> satisfaction indéniables pour la profession vinicole <strong>et</strong><br />
pour la clientèle.<br />
3.2 L’EXPÉRIMENTATION ŒNOLOGIQUE<br />
On peut s’interroger sur la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses <strong>de</strong> certaines expérimentations<br />
dans lesquelles les auteurs cherchent à juger <strong>de</strong> l’impact<br />
sur le vieillissement d’un vin, d’une technique <strong>de</strong> vinification, ou d’une<br />
pratique comme le séjour sur lies par exemple, voire d’un phénomène<br />
comme l’autolyse, sans prendre en considération l’oxygène <strong>et</strong> sans<br />
maîtriser les conditions <strong>de</strong> mise en bouteilles <strong>et</strong> <strong>de</strong> bouchage.<br />
De la même façon, à l’heure actuelle, beaucoup d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sont mises en<br />
place pour étudier l’eff<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux <strong>de</strong> différents types <strong>de</strong><br />
bouchons. Quand les teneurs en oxygène du vin <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> tête<br />
ne sont pas contrôlées, il est illusoire <strong>de</strong> vouloir évaluer le rôle du bouchon<br />
sur l’évolution oxydative <strong><strong>de</strong>s</strong> vins.<br />
En eff<strong>et</strong>, dans ce cas, l’entrée d’oxygène via le bouchon est négligeable,<br />
du moins dans les premiers mois, par rapport à l’oxygène contenu<br />
dans le vin lui-même <strong>et</strong> l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> la bouteille. De surcroît la<br />
teneur en oxygène d’un vin après embouteillage est souvent très variable<br />
d’une bouteille à l’autre.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
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