Ombres chinoises : dessins de Jean Kerhor - Takey
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Les papillons <strong>de</strong> Fanchette 427<br />
coup <strong>de</strong> puissance, mais on a aussi beaucoup <strong>de</strong> <strong>de</strong>voirs et,<br />
quand on les oublie une seule fois, la punition est cruelle.<br />
J'étais donc la Fée <strong>de</strong>s fleurs et ma fonction était <strong>de</strong> les<br />
faire éclore ; pour cela, je <strong>de</strong>vais sans cesse leur donner<br />
l'eau qui les fait vivre. Cette besogne était très assujettissante,<br />
mais J'avais avec moi une servante qui s'appelait La<br />
Rosée et qui m'aidait dans mon travail. Elle était très<br />
paresseuse, et, chaque matin, je <strong>de</strong>vais la réveiller pour<br />
qu'elle allât dans les champs. Alors elle se levait <strong>de</strong> mauvaise<br />
humeur et se mettait à pleurer avec une telle abon-<br />
dance que ses larmes suffisaient pour arroser les fleurs.<br />
Un jour, jour fatal ! je dormis plus longtemps que d'habi-<br />
tu<strong>de</strong> et j'oubliai <strong>de</strong> réveiller La Rosée. Quand j'ouvris les<br />
yeux, je vis toutes mes pauvres fleurs qui penchaient la<br />
tête, leurs pétales jonchaient la terre, leurs tiges étaient<br />
sèches, elles se mouraient. Vite, je pris un arrosoir pour<br />
réparer ce désastre; je suppliai un gros nuage noir qui<br />
passait <strong>de</strong> se répandre sur la terre, mais il était trop tard.<br />
La Reine <strong>de</strong>s Fées faisait en ce moment sa ron<strong>de</strong>, le nuage<br />
avait fui à son approche et je frémis en songeant à la<br />
punition qu'elle allait m'infliger.<br />
mon Dieu ! Et alors ?<br />
FANCHETTE,<br />
LA FÉE.<br />
Alors je baissai la tête et la Reine <strong>de</strong>s Fées prenant sa<br />
grosse voix me dit : a Je t'avais donné la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> mes<br />
fleurs et tu les as laissées mourir, tu seras punie. Tu étais<br />
jeune, tu vas <strong>de</strong>venir vieille, tu étais jolie, tu seras lai<strong>de</strong>,<br />
et comme c'est par le manque d'eau que ces fleurs ont été<br />
détruites, je te condamne à pleurer éternellement. » Au<br />
même instant, je <strong>de</strong>vins comme vous me voyez maintenant<br />
et la Reine <strong>de</strong>s Fées passa sans me jeter un seul re-<br />
gard.