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et si on laissait pousser ? - Saint-Priest

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saint-priest<br />

Envir<strong>on</strong>nement<br />

“L'arrêt des<br />

produits chimiques<br />

était indispensable”<br />

Marie Prévot, jardinier au Château<br />

Depuis quatre ans qu'elle est jardinier au<br />

Château, Marie Prévôt a vu s<strong>on</strong> travail<br />

changer du tout au tout. “Et plutôt en bien”,<br />

explique-t-elle. “L'arrêt des produits chimiques<br />

était indispensable. C'est mieux pour tout le<br />

m<strong>on</strong>de, pour les promeneurs comme pour le jardinier.”<br />

Sur la pelouse où elle taille ses roses ce<br />

matin-là, des pissenlits, du trèfle, des pâquer<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g>tes<br />

repointent le bout de leur nez sans qu'<strong>on</strong><br />

s'en offusque. Plus questi<strong>on</strong> de faire un gaz<strong>on</strong><br />

parfait à l'anglaise. “Cela a été l'un des premiers<br />

gros changements”, se souvient-elle.<br />

”Il y a quatre ans, nous av<strong>on</strong>s arrêté le désherbage<br />

sélectif, qui c<strong>on</strong><str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>ste à tout tuer sauf le<br />

gaz<strong>on</strong>. Aujourd'hui, tout pousse. On obtient ain<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g><br />

un résultat plus naturel <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> moins nui<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>ble pour<br />

l'envir<strong>on</strong>nement”.<br />

Les réacti<strong>on</strong>s po<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>tives des riverains encouragent<br />

alors Marie <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> le reste de l'équipe, qui passent<br />

à l'étape supérieure : ils aband<strong>on</strong>nent aus<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g> les<br />

insecticides <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> des f<strong>on</strong>gicides, ces produits qui<br />

éradiquent les champign<strong>on</strong>s. “Maintenant, les<br />

roses ne s<strong>on</strong>t plus traitées avec des produits.<br />

On tolère un peu de pucer<strong>on</strong>s <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> <strong>on</strong> choi<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>t des<br />

variétés de roses plus ré<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>stantes”, explique-t-elle.<br />

“C'est un travail de diagnostic très intéressant.<br />

On observe plutôt que de traiter à tout prix. Cela<br />

me paraît plus cohérent”. Bien sûr, il y a toujours<br />

quelques promeneurs qui râlent. “Mais il faut<br />

savoir accepter un p<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g>it laps de temps pendant<br />

lequel la plante est malade”, pense la jeune<br />

femme. “Et il n'y a pas de méthodes idéales, c'est<br />

une recherche c<strong>on</strong>stante. Nous le sav<strong>on</strong>s bien”.<br />

“Les papiers gras dans<br />

la rue, ça, c'est sale.<br />

Mais les herbes folles,<br />

certainement pas.”<br />

••• en charge les arbres, expérimente aus<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g><br />

d'autres pratiques. Les traitements préventifs,<br />

c'est-à-dire avant que la plante ne pousse, <strong>on</strong>t<br />

par exemple été aband<strong>on</strong>nés. Le désherbage<br />

thermique ou mécanique (par acti<strong>on</strong> abra<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>ve<br />

de brosses ou de fils en rotati<strong>on</strong>) s<strong>on</strong>t de mises.<br />

On essaie de “faire avec la nature <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> le moins<br />

pos<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>ble c<strong>on</strong>tre”, comme l'écrit le paysagiste<br />

Gilles Clément. On essaie de jardiner durable,<br />

en somme.<br />

Autres pratiques, autres regards<br />

Plus généralement, <strong>on</strong> modère aus<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g> les t<strong>on</strong>tes,<br />

devenues moins fréquentes dans certains<br />

endroits. On privilégie les fauches dans les secteurs<br />

qui n'<strong>on</strong>t pas besoin d'être tirés à quatre<br />

épingles comme les bas<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>ns des Hauts de Feuilly<br />

ou la prairie de la rue Aristide Briand. C'est<br />

mieux pour l'envir<strong>on</strong>nement car plus éc<strong>on</strong>ome<br />

en énergie, <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> cela perm<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> aux biotopes de se restaurer.<br />

“Nous réfléchiss<strong>on</strong>s aus<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g> aux espèces”,<br />

poursuit Pierre-Charles Crozat. “Certaines<br />

pelouses poussent moins vite que d'autres. Il<br />

faut les choi<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>r en priorité. Et pour les plantes,<br />

<strong>on</strong> veille à prendre des essences qui ne néces<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>tent<br />

pas trop de taille n<strong>on</strong> plus”.<br />

Même type de réflexi<strong>on</strong> au service des travaux<br />

structurants. Certains revêtements stabilisés faits<br />

de sable <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> scories très acides empêchent les<br />

mauvaises herbes de germer, <strong>on</strong> fait d<strong>on</strong>c des<br />

essais. Le parc Brassens vient ain<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g> d'être refait<br />

avec un stabilisé de ce genre. Idem pour le<br />

groupe scolaire Plaine de Saythe.<br />

Peu à peu, le puzzle prend forme, mais c'est sans<br />

doute le regard des habitants qui c<strong>on</strong>stituera la<br />

dernière pièce. Après des années d'utilisati<strong>on</strong><br />

mas<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>ve de produits chimiques, les herbes folles<br />

s<strong>on</strong>t pour nous le <str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>gne d'un espace négligé, mal<br />

entr<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g>enu. Elles s<strong>on</strong>t presque sales à nos yeux.<br />

Saura-t-<strong>on</strong> les accepter C'est ce que souhaite<br />

Gilbert Veyr<strong>on</strong>, adjoint à l'envir<strong>on</strong>nement <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g><br />

aux espaces verts. “Tout l'enjeu pour les San-<br />

Priots, c'est de comprendre que la nature doit<br />

reprendre ses droits, comme <strong>on</strong> l'acceptait il y<br />

a encore une vingtaine d'années. Il faut c<strong>on</strong>tinuer<br />

à se diriger vers une gesti<strong>on</strong> beaucoup<br />

plus douce des espaces verts, qui c<strong>on</strong><str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>ste à<br />

laisser <strong>pousser</strong> un peu plus car ce n'est pas<br />

sale. Les papiers gras dans la rue, ça, c'est<br />

sale. Mais les herbes folles, certainement pas”.<br />

Car après tout, qu'est-ce que quelques pissenlits<br />

sur les trottoirs, <str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>n<strong>on</strong> un peu plus de vie dans<br />

la ville Certainement pas de quoi s'inquiéter en<br />

tout cas. <br />

* Le terme "pesticide" regroupe les herbicides, les<br />

f<strong>on</strong>gicides <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> les insecticides. Les premiers désherbent,<br />

les sec<strong>on</strong>ds tuent les champign<strong>on</strong>s, les derniers éradiquent<br />

les insectes.<br />

> Du fleurissement oui, mais durable !<br />

Près de la salle Mosaïque, sur la RD 306 (ancienne RN6), <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> au square Berli<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g>, vous<br />

avez peut-être observé des parterres de narcisses. Des bulbes avaient été mas<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>vement<br />

plantés en novembre dernier, jusqu'à 35 000 à Berli<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g>. Après c<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g>te première<br />

florais<strong>on</strong>, l'objectif est d'obtenir un fleurissement durable, c'est-à-dire de faire en<br />

sorte que la plante génère un nouveau bulbe d'elle-même, sans interventi<strong>on</strong> <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> sans<br />

produits. Voilà pourquoi <strong>on</strong> a choi<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g> le narcisse, qui a en plus c<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g>te particularité de<br />

se démultiplier en se régénérant.<br />

Directeur des espaces verts de la Ville, Pierre-Charles Crozat explique : “Planter des<br />

chrysanthèmes par là, des géraniums par ci, <str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g> puis tout recommencer d'année en<br />

année, c'est incohérent. Nous av<strong>on</strong>s décidé de<br />

m<str<strong>on</strong>g>et</str<strong>on</strong>g>tre en place des cycles entiers en laissant<br />

faire la nature, tout <str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g>mplement”. Seul hic :<br />

avant de faucher la plante, fin juin au plus<br />

tard, il faudra attendre que le bulbe soit formé,<br />

quitte à laisser sécher les fleurs sur place.<br />

Peu esthétique, certes, mais indolore pour la<br />

nature. Notez aus<str<strong>on</strong>g>si</str<strong>on</strong>g> que l'idée étant de faire<br />

durable, ces narcisses n'<strong>on</strong>t pas vocati<strong>on</strong> à être<br />

cueillis par les habitants. La durée de vie d'une<br />

fleur dans un vase sera toujours plus courte<br />

que dans s<strong>on</strong> milieu naturel.<br />

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