15.01.2015 Views

Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Angelo <strong>Manfredi</strong><br />

<strong>Guido</strong><br />

<strong>Maria</strong><br />

<strong>Conforti</strong><br />

N.B.<br />

Si tratta di una prima traduzione francese,<br />

senza note, ancora da rivedere.<br />

N.B.<br />

Il s’agit d’une première traduction à revoir.<br />

Les notes ne sont pas encore disponibles.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 1 – G.M. <strong>Conforti</strong>


PREFACE<br />

LE SUPERIEUR GENERAL DES XAVERIENS<br />

Il y a des personnages qui, au fil des années, se fanent jusqu’à disparaître ; par contre,<br />

d’autres vont en croissance. A propos des premiers, il se peut que prévalaient des aspects<br />

secondaires et contingents, liés à des évènements historiques à la nature passagère ; par contre, à<br />

l’égard des autres est grandissante la conviction selon laquelle, au-delà du contingent, ils aient vécu<br />

quelque chose de durable. Les feuilles une fois tombées, la rumeur une fois éloignée, désormais<br />

disparus ceux qui avaient vécu leurs mêmes évènements, il ressort que ces derniers avaient quelque<br />

chose à dire à notre temps aussi, qui, pour plusieurs aspects, est fort différent de ce qu’ils ont<br />

expérimenté ; pour les autres, rien de tout cela.<br />

Du cortège des personnages qui, au long du temps, gagnent en épaisseur, fait partie <strong>Guido</strong><br />

<strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> (1865-1931), archevêque de Ravenna du 1902 au 1904, évêque de Parma du 1907<br />

jusqu’à son décès, fondateur des Missionnaires xavériens depuis 1895, déclaré bienheureux en<br />

1996.<br />

Il est drôle d’affirmer que, pour découvrir la raison de la persistance d’une personnalité, il<br />

faut reculer dans le temps et la recaser dans le contingent de l’histoire et de la chronique qu’elle a<br />

vécu, en vue de pouvoir distinguer ce qui est caduque de ce qui est pérenne, et ainsi saisir dans les<br />

faits ce qui a poussé cette même personne au fond de sa vie. Cela concerne notamment les saints, à<br />

propos desquels il faut éliminer la patine de l’hagiographie, souvent déroutante et monotone, afin de<br />

les réinsérer dans le contexte historique qu’ils ont vécu, et ensuite, de la façon à eux de l’interpréter,<br />

pouvoir découvrir le fil rouge d’une vie, les valeurs profondes qui l’ont soutenu et dynamisé, et<br />

aussi ce qui est important pour nous.<br />

Il y a pas mal de biographies sur Mgr <strong>Conforti</strong>. Bientôt, au lendemain de sa mort, ses fils les<br />

missionnaires, mais pas ceux-ci seulement, ont averti le besoin de mettre par écrit les aspects<br />

remarquables de cette importante personnalité de l’église italienne au début du XX siècle. Mais,<br />

sans amoindrir l’importance de ces écrits, depuis longtemps, surtout dans la congrégation<br />

xavérienne qu’il a fondée, l’on percevait le besoin d’une étude différente, d’une « biographie<br />

scientifique », bref d’une recherche à même d’encrer le personnage dans l’épaisseur de l’histoire.<br />

La Providence nous a fait croiser la personne calibrée pour cette tâche, l’abbé Angelo <strong>Manfredi</strong>,<br />

prêtre du diocèse de Lodi, jeune chercheur de l’histoire de l’église, lequel, tout juste sur l’église<br />

parmienne de fin siècle XX, avait réalisé ses études de doctorat.<br />

En lisant maintenant cette biographie, qui est agréable aussi du côté littéraire, l’on vient à<br />

connaître un tas d’informations que l’auteur a su savamment exprimer dans une synthèse fort<br />

significative. L’abbé Angelo a su mettre en dialogue ses études et ses connaissances avec ce que<br />

d’autres avaient déjà écrit sur Mgr <strong>Conforti</strong>, en l’examinant à la loupe de l’historien sérieux, mais<br />

aussi humble et <strong>com</strong>pétent. Il y a ici un Mgr <strong>Conforti</strong> « crédible » qui surgit dans sa dimension<br />

multiforme, soit authentiquement humaine et historique, soit chrétienne visant la sainteté, soit<br />

épiscopale dans l’église italienne, soit enfin missionnaire pour le monde.<br />

L’étude requise à l’abbé Angelo voit le jour après quatorze ans de la béatification de Mgr<br />

<strong>Conforti</strong>. Par cet ouvrage les xavériens désirent s’apprêter à l’éventuelle canonisation, puisque cela<br />

montre, preuve historique à la main, la grandeur et l’héroïcité de l’homme et du chrétien, de<br />

l’évêque et du missionnaire.<br />

Nous ne pouvons que remercier l’abbé Angelo, tout en souhaitant que cette biographie soit<br />

lu par beaucoup de monde, xavériens et non xavériens, et ainsi contribuer au renouveau, dan l’église<br />

italienne, de l’élan missionnaire qui a reçu de Mgr <strong>Conforti</strong> un apport de grande autorité.<br />

A plusieurs reprises, l’abbé Angelo <strong>Manfredi</strong> nous a confié que, tout au long de ce travail<br />

qui a exigé de lui plusieurs années de dévouement, il a découvert avec joie un Mgr <strong>Conforti</strong> tout à<br />

<strong>Manfredi</strong> - 2 – G.M. <strong>Conforti</strong>


fait nouveau pour lui aussi, jusqu’à en rester épris. Je ne crois pas que cela soit au détriment du<br />

sérieux de l’analyse historique. Je souhaite la même découverte à tous les lecteurs de cet ouvrage.<br />

P. RINO BENZONI, sx<br />

Rome, le 8 juillet 2009<br />

<strong>Manfredi</strong> - 3 – G.M. <strong>Conforti</strong>


L’EVEQUE DE PARME<br />

Mgr <strong>Conforti</strong> et les Missionnaires xavériens représentent pour moi des personnes et des<br />

situations qui sont devenues toujours moins génériques, évanescentes et toujours plus réelles, une<br />

véritable expérience de vie au fil des années. Celui qui, <strong>com</strong>me dans mon cas, a parcouru tout l’iter<br />

traditionnel du séminaire, a rencontré l’idéal missionnaire, pour ainsi dire, sur les pupitres de sa<br />

formation, pour ensuite le rendre partie prenante de son ministère presbytéral. Je n’ignorais pas<br />

l’histoire de <strong>Conforti</strong> lorsque, avec le Séminaire de Modena, moi, jeune élève en théologie, je<br />

visitais le Scolasticat xavérien de Parma, le Musée d’art chinois et ethnographique, tout en<br />

terminant cette première rencontre par la célébration eucharistique dans la chapelle de l’Institut qui,<br />

en ce temps-là, montrait nettement les signes de la réforme liturgique. Un pas décisif dans cette<br />

connaissance fut ensuite l’enseignement donné aux étudiants xavériens, italiens ou pas. Un contact<br />

duquel j’ai tiré la claire sensation de traiter avec des « membres » d’une famille ayant une<br />

physionomie bien précise, un sens d’appartenance, ou mieux de filiation, fort et bien enraciné. Une<br />

rencontre stimulante pour un professeur de théologie morale du mariage et de la famille, qui m’a<br />

inséré dans le large contexte du monde que les étudiants emmenaient avec, et qui confirmaient la<br />

réflexion théologique et magistérielle par leurs traditions ou bien mettaient en exergue les valeurs et<br />

les éléments qui marquaient fortement leurs cultures. Le una caro et le mysterium magnum<br />

prenaient alors les colorations des continents, tout en témoignant de l’unique Evangile.<br />

Je n’aurais jamais imaginé la rencontre suivante, directe et spéciale, avec le bienheureux<br />

<strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> : ma nomination à évêque de Parma et l’entrée dans la ville ducale le 30 mars<br />

2008, presque après cent ans précis de la sienne. L’apparente coïncidence de cet évènement je la lis<br />

<strong>com</strong>me provenant de la Providence et je ressens un sentiment de paternité bienveillante de la part de<br />

mon insigne prédécesseur. Je l’éprouve souvent et je l’invoque, en traversant volontiers à pied le<br />

« lungo Parma » pour atteindre de mon siège épiscopal le sien, « son Campo di Marte », en vue<br />

d’entrer tout droit dans le Sanctuaire à la recherche, devant son urne, de lumière, force et réconfort.<br />

Étonnante trajectoire pour une connaissance qui a grandi jusqu’au dialogue intime de la foi,<br />

jusqu’aux confidences épiscopales entre un pauvre et, de plus, jeune évêque et un géant du<br />

ministère apostolique. Un parcours, lui aussi, réalisé par l’intermédiation de personnes et de visages<br />

de tous ceux qui, après le martyre de Caio Rastelli, proto-martyr de la Congrégation, ont dit oui au<br />

Seigneur dans le charisme missionnaire xavérien.<br />

Vie tout à fait singulière celle de <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong>, pour sa normalité apparente (mais est-ce<br />

possible pour de vrais chrétiens ), pour les façons dans lesquelles se réalise son appel presbytéral et<br />

épiscopal. Devant ceux qui croient encore fermée et blindée la vie de l’église et de la « fabrique des<br />

prêtres », à savoir le séminaire, <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> nous étonne pour l’unicité de son parcours. Les routes<br />

de Parma qu’il parcourait habituellement pour son instruction, ses expériences spirituelles d’enfant<br />

qui grandit, son dialogue avec le Crucifix et enfin les signes perfides d’une maladie qui pouvait<br />

devenir la dalle tombale de son presbytérat, mais qui, par contre, semble l’entrainer aux dispositions<br />

mystérieuses de Celui qui gardait pour lui une vie encore plus surprenante, tout cela apparaît<br />

<strong>com</strong>me des pièces détachées en fonction d’un dessein nouveau que seulement Celui qui l’a projeté<br />

saura re<strong>com</strong>poser, mais nullement sans la disponibilité réitérée de <strong>Conforti</strong> lui-même. Etre évêque<br />

et fondateur ! Ministère épiscopal vécu, dirions-nous par une image audacieuse, grand le cœur et<br />

haute la tête. Par le cœur de celui qui se dévoue à un service universel, tel qu’un appel apostolique<br />

et un regard pointé très loin, au-delà – je l’affirme ex experientia – le souci <strong>com</strong>préhensible pour<br />

son propre diocèse et les préoccupations, anxiétés presque, pour répondre à un don si totalisant.<br />

C’est surprenant et aussi réconfortant de voir <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> sur des chemins impraticables<br />

lors d’une période historique dramatique et au milieu d’événements personnels et institutionnels en<br />

fluctuation entre satisfactions qui caressent le cœur du pasteur et déceptions humaines,<br />

malentendus, critiques et « échecs » que seulement le Pasteur des pasteurs sait transformer en Grâce<br />

et sait en faire <strong>com</strong>prendre la portée à celui qui, <strong>com</strong>me l’évêque, y est assujetti.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 4 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Je salue d’une profonde gratitude la nouvelle biographie, scientifique, très détaillée au point<br />

d’attirer à la lecture aussi de notes minuscules qui, dans d’autres textes, feraient la joie du lecteur<br />

désireux d’atteindre rapidement la dernière page. Le flux des pages donne justement raison,<br />

illumine le parcours normal et, au même temps, <strong>com</strong>plexe de cette vie, en faisant émerger une<br />

personnalité très haute et moderne, bien que marquée par son temps, de très grande actualité pour la<br />

vie d’un évêque d’aujourd’hui. Une vie poussée encore à regarder loin, au monde particulier que<br />

<strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> a voulu évangéliser avec ses missionnaires et que maintenant vient nous rejoindre ici,<br />

à Parma, en quête de la même lumière et de la même sollicitude, pour les xavériens, à l’égard de la<br />

<strong>com</strong>munion et d’un service nouveau avec l’église de leur fondateur. Raison de gratitude et urgence<br />

pastorale sans hésitation.<br />

Le souhait est de pouvoir bientôt nous retrouver embrassés par la colonnade de Bernini pour<br />

célébrer la canonisation de Mgr <strong>Conforti</strong>, pour en bénéficier de l’expérience universelle de l’église<br />

et pour nous réjouir avec lui et par lui de la Réalité dont l’effigie se trouve dans le bassin de son<br />

Sanctuaire : le Paradis ayant la Vierge Mère, les saints et saint <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong>.<br />

+ ENRICO SOLMI<br />

Parma, le 17 août 2009<br />

<strong>Manfredi</strong> - 5 – G.M. <strong>Conforti</strong>


PRESENTATION<br />

Mû par le sens du devoir, j’ai lu avec une attention pointilleuse cette biographie de Mgr<br />

<strong>Conforti</strong>, inclues les notes (et ce n’est pas une petite chose) ; et bien, <strong>com</strong>me souvent il arrive, j’ai<br />

été ré<strong>com</strong>pensé. Le profit a été remarquable et a largement payé la fatigue.<br />

J’ai croisé depuis toujours la famille missionnaire xavérienne à cause des ses liens avec mon<br />

diocèse d’origine (Reggio Emilia) et avec les diocèses que j’ai servi en tant qu’évêque (Piacenza et<br />

maintenant Brescia).J’ai eu la joie aussi de pouvoir enseigner pour quelques années l’exégèse de<br />

l’Evangile de Jean aux missionnaires en formation à Parma ; je me vois donc un peu membre de la<br />

famille. Connaître le fondateur de la congrégation, et de plus évêque d’un diocèse voisin que j’aime,<br />

cela m’intéresse beaucoup : <strong>com</strong>ment a-t-il réussi à conjuguer de façon harmonieuse vocation<br />

missionnaire et un service pas tout à fait facile à un diocèse Quelles ont été ses prises de position<br />

face aux changements historiques dont il a été témoin <br />

Une biographie est <strong>com</strong>me un « roman de formation » qui décrit la croissance humaine du<br />

protagoniste par ses expériences personnelles, les rencontres, les événements dont il est l’acteur (ou,<br />

parfois, la victime). De telle façon, nous assistons au spectacle surprenant et toujours admirable<br />

d’une personnalité qui prend doucement sa forme en nourrissant rêves et désirs, en se mesurant sur<br />

difficultés et obstacles, succès et échecs, en se confrontant sur la dureté du monde et sur les désirs<br />

d’autrui. Mgr <strong>Conforti</strong> a vécu entre 1865 et 1931. La question romaine est ouverte et crée des<br />

tensions pas des moindres aux croyants. Les gouvernements qui s’ensuivent sont presque toujours<br />

anticléricaux et saisissent toute occasion pour « piquer » l’église. Dans l’église il y a des tensions<br />

désagréables entre transigeants et intransigeants ; l’Œuvre des congrès voit la lumière et sa fin; la<br />

Rerum novarum s’investit dans la question sociale et lance un éventail impressionnant d’initiatives<br />

parmi les catholiques. Il faut prendre position à l’égard de plusieurs événements : les grèves contre<br />

les propriétaires fonciers, la première guerre mondiale, les violences de droite et de gauche, la prise<br />

de pouvoir de la part de Mussolini, la Conciliation. Entrelacée avec cette histoire italienne il y a<br />

l’histoire de Chine où s’ouvre la première mission xavérienne : la révolte des Boxer et la guerre<br />

contre les puissances occidentales, la fin de l’empire et la naissance de la république ; tous ces<br />

événements côtoient la croissance humaine et chrétienne de <strong>Guido</strong> <strong>Conforti</strong>. Il est beau de voir<br />

<strong>com</strong>ment un homme, un croyant a essayé de se mesurer sur cet enchevêtrement d’histoire, <strong>com</strong>ment<br />

il a su trouver sa propre position, <strong>com</strong>ment il a répondu de façon créative et, au même temps, il a<br />

donné à sa vie une forme toujours plus précise et caractéristique.<br />

A la fin de la lecture, il me semble d’avoir <strong>com</strong>pris quelque chose. Il y a dans la vie de Mgr<br />

<strong>Conforti</strong> la clarté d’une existence qui se développe de racines précises : <strong>Conforti</strong> est de Parma, il y<br />

appartient de tout son cœur. Mais, au même temps, de ce fondement fort solide, l’intérêt, le désir, le<br />

service s’élargissent jusqu’à assumer une envergure vraiment universelle, catholique. Mais le trait<br />

plus surprenant est la « normalité » dans laquelle cette dilatation se réalise ; il semble qu’il ne<br />

pouvait pas en être autrement. A juste raison Angelo <strong>Manfredi</strong> remarque que l’existence de Mgr<br />

<strong>Conforti</strong> a été au même temps linéaire et tortueuse. Linéaire puisque la vocation missionnaire est<br />

présente depuis toujours et donc les différents événements s’insèrent dans une ligne de cohérence<br />

interne très profonde ; tortueuse car le chemin pour atteindre le but n’a pas suivi des routes<br />

envisagées et prévues, par contre il s’est développé au milieux d’empêchements qui ont l’obligé de<br />

frayer des sentiers nouveaux.<br />

Il n’y a pas d’événements impressionnants dans la vie de <strong>Conforti</strong>, pas d’éclairs<br />

extraordinaires d’originalité, pas d’aventures qui laissent le souffle court. Il écrit beaucoup mais il<br />

n’est pas exceptionnel dans son style ; il a une spiritualité intense mais celle-ci avance dans le<br />

sillage traditionnel (l’Imitation du Christ, Saint François de Sales, la dévotion au Sacré Cœur) ;<br />

profondément thomiste, mais sans un génie particulier. Au début il y a une expérience mystique (le<br />

« dialogue » avec le Crucifix de la Paix), mais ensuite l’histoire de son rapport avec le Christ se<br />

développe selon les canons d’une droite théologie, d’une morale établie, d’une ascèse précise et<br />

<strong>Manfredi</strong> - 6 – G.M. <strong>Conforti</strong>


épandue. <strong>Conforti</strong> semble être l’incarnation de la sainteté telle que définie par Pie XI : ne pas faire<br />

de choses extraordinaires mais parfaire les choses ordinaires. L’engagement pastoral est très clair<br />

dans ses propres lignes : catéchèse, groupes des jeunes, animation missionnaire. Un engagement<br />

fort, mais encore sans choses extraordinaires. Et pourtant il y a deux traits qui m’ont frappé.<br />

Le premier est la connaturalité que <strong>Conforti</strong> a su créer avec ce qu’il croit, qu’il connaît, qu’il<br />

fait. Lire et <strong>com</strong>prendre une question de Saint Thomas est une question d’intelligence ; mais pas<br />

toujours (plutôt, rarement) ce que l’on <strong>com</strong>prend est capable de façonner désirs et sentiments. Par<br />

contre, cela semble être bien le cas de Mgr <strong>Conforti</strong> : la théologie et la morale qu’il a étudiées sont<br />

devenues son monde intérieur, ses pensées et ses désirs. De sorte que, nous rappelle le biographe, sa<br />

pastorale pourrait être accusée d’un excès d’« intellectualisme » puisque <strong>Conforti</strong> est convaincu<br />

que, si les chrétiens sont instruis dans leur foi, le problème de la persévérance serait pratiquement<br />

résolu. Le point est que c’est lui à se <strong>com</strong>porter de telle façon : lorsqu’il est convaincu d’une vérité,<br />

cette vérité devient partie prenante de sa vie.<br />

Vers la fin de son ouvrage, <strong>Manfredi</strong> rappelle ce qu’il appelle « batailles sanglantes » qui ont<br />

marqué la vie du nôtre, à partir de l’opposition de son père à sa vocation sacerdotale ; ensuite la<br />

maladie qui semble lui empêcher l’ordination et qui en effet empêche son départ pour les missions ;<br />

le refus de l’évêque à son projet de formation missionnaire ; l’échec de la première mission<br />

chinoise ; la fin « sans gloire » de l’épiscopat à Ravenna ; les problèmes récurrents de santé. La liste<br />

est impressionnante. Il semblait que tout arrivait de façon spontanée « presque nécessaire ». Et par<br />

contre nous nous apercevons que tout a été conquis, atteint par une profonde lutte intérieure.<br />

L’auteur reconnaît à <strong>Conforti</strong> une grande « capacité de re<strong>com</strong>mencer », et par cela il veut dire<br />

capacité d’intégrer des événements toujours nouveaux et imprévus dans son propre chemin de vie.<br />

Dans son déroulement concret, la vie de <strong>Conforti</strong> n’a pas été <strong>com</strong>me lui-même l’avait songée ou<br />

désirée. Néanmoins, à travers des impasses, des retours, des échecs, des déceptions, <strong>Conforti</strong> est<br />

arrivé où l’expérience initiale l’orientait. Il se voit missionnaire mais il ne peut pas aller en mission<br />

pour des raisons de santé ; et voilà, il deviendra père et maître de missionnaires. Il soumet à<br />

l’évêque son projet de formation missionnaire et il reçoit un refus ; et voilà, il va attendre et ce sera<br />

<strong>com</strong>me le Seigneur voudra. Et de cette façon la vie avance à travers des renoncements toujours<br />

nouveaux auxquels <strong>Conforti</strong> sait s’adapter. C’est beau de voir qu’il le fait en toute sérénité <strong>com</strong>me<br />

s’il était tout à fait convaincu que le cours des évènements n’était que juste et bon. C’est du moins<br />

ce qui apparaît ; quel ait été pour lui le coût de cette attitude de « sainte indifférence », nous ne<br />

pouvons pas le savoir. En cet homme il y a une pudeur qui l’empêche de trop manifester ses<br />

sentiments. Mais assurément sa capacité de modeler les échecs et de les transformer en opportunité<br />

de croissance est surprenante.<br />

Bref, si je vois bien, Mgr <strong>Conforti</strong> est une personne « normale », ayant de bonnes capacités<br />

mais pas géniale. Son attitude face à la question romaine, à la guerre, au fascisme est équilibré et<br />

sage ; ce n’est pas ce qu’aujourd’hui nous appellerions « prophétique ». Ses choix pastoraux se<br />

situent dans la moyenne supérieure des attitudes des évêques de son temps : remarquables mais pas<br />

innovatrices ou extraordinaires. Sa perception de la révolution « culturelle » qui est en train de se<br />

former n’est pas particulièrement aigue ; mais le problème n’est pas le sien. Très peu de gens, ces<br />

années-là, s’apercevaient que le monde avait pris un chemin nouveau et que l’écart de l’église ne<br />

faisait qu’augmenter. La vision de <strong>Conforti</strong> est nettement ethnocentrique : la civilisation occidentale<br />

chrétienne est « la » civilisation et on doit la considérer <strong>com</strong>me la mesure de toute civilisation<br />

authentique. L’annonce de l’Evangile va se conjuguer avec la diffusion de la civilisation chrétienne<br />

là où prévaut la barbarie. Il faudra encore du temps pour <strong>com</strong>prendre que l’on était en train de<br />

passer d’une vision normative et canonique de la culture à une vision empirique ; qu’il faudra donc<br />

parcourir un chemin long et pénible pour refonder valeurs et projets anciens de façon nouvelle, avec<br />

endurance et lucidité.<br />

Néanmoins, on ne peut pas reprocher <strong>Conforti</strong> de ne pas avoir vu ce que nous-mêmes, après<br />

presqu’un siècle, avons encore du mal à saisir. Et qui sait <strong>com</strong>bien de nos positions vont sembler<br />

insuffisantes pour ceux qui viendront après nous. Et pourtant sa vie est vraiment un chef-d’œuvre de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 7 – G.M. <strong>Conforti</strong>


foi. <strong>Conforti</strong> est un homme authentique. Il a perçu quelle était sa vocation et il l’a réalisée avec<br />

endurance et fidélité, à travers les moments faciles et difficiles de sa vie. Et il a été un homme libre ;<br />

il s’est laissé conduire par les événements, ou plutôt par Dieu à travers les événements. J’ai été<br />

frappé, par exemple, par son attitude face aux critiques peu souples (en vérité imméritées) de<br />

certains missionnaires en Chine. Quelle souffrance cela lui ait causé, ce n’est pas difficile<br />

d’imaginer. Quant même, son attitude ne reflète aucun ressentiment : il ne se plaint pas, il n’accuse<br />

pas, il ne se défend pas ; il cherche seulement de déceler quels choix pourraient correspondre le<br />

mieux aux problèmes de fait existants. Le reste ne dépend pas de lui et il le remet au Seigneur avec<br />

un cœur libre.<br />

J’ai de l’envie (sainte envie, j’espère) pour cette liberté : savoir répondre aux événements<br />

non pas en partant du ressentiment mais de la recherche objective du bien, de ce qui est le mieux<br />

dans la situation concrète. Beaucoup de tensions s’apaiseraient et s’établiraient de véritables<br />

milieux de paix.<br />

+ LUCIANO MOLARI<br />

Evêque de Brescia<br />

Vice-président de la C.E.I.<br />

Le 12 juin 2009<br />

<strong>Manfredi</strong> - 8 – G.M. <strong>Conforti</strong>


INTRODUCTION<br />

Lorsque l’on veut entamer la reconstruction de la biographie d’un évêque de la première<br />

moitié du XX siècle, l’on se trouve inévitablement devant un tel tas de documentation écrite, que la<br />

tentation surgit d’évoquer un « bon cataclysme », expression paradoxale de l’historien Marc Bloch,<br />

lequel, en vérité, voulait dire toute autre chose qu’une rapide et providentielle réduction des<br />

sources. Celles-ci, en outre, sont d’autant plus abondantes, lorsque le personnage à enquêter était au<br />

même temps évêque, fondateur d’une congrégation missionnaire, et aussi doué d’une si grande<br />

capacité de travail, en dépit d’une faible santé, qui lui faisait utiliser abondamment le moyen<br />

épistolaire pour intervenir dans les multiformes questions qui le concernaient.<br />

Mais les traces de la vie de <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> n’ont été nullement amoindries par aucun<br />

incendie providentiel. Par contre, une autre initiative a gardé et a mis à la disposition un immense<br />

matériel documentaire : initiative, celle-ci, tout à fait providentielle, évidemment du côté<br />

historiographique. Parmi les missionnaires qui entrèrent dans la congrégation xavérienne lorsque le<br />

fondateur était encore en vie, un jeune homme originaire du Lazio, Franco Teodori, après une<br />

période de service d’évangélisation en Chine, rentra en Italie, suite aux violences déchainées par<br />

Mao contre les catholiques. Chargé de tâches concernant l’organisation auprès de la maison<br />

généralice des xavériens, le p. Teodori se dédia au même temps à la recherche, à la collecte, à la<br />

reproduction et à la publication de tout ce qui concernait <strong>Guido</strong> <strong>Conforti</strong>, pour lequel il gardait un<br />

souvenir filial. A cette tâche immense il fut encouragé aussi par les différents supérieurs généraux<br />

de la congrégation, et par les postulateurs de la cause de béatification du <strong>Conforti</strong>. Entretemps,<br />

d’autres xavériens, tel que le p. Luigi Grazzi, collectaient souvenirs et témoignages de ceux qui<br />

avaient pu connaître de près l’évêque fondateur.<br />

L’énorme tâche de publication de Teodori, entamée en 1966 et achevée en l’an 2000,<br />

<strong>com</strong>prenant vingt-huit volumes de celles qu’on appelle Fonti <strong>Conforti</strong>ane Teodoriane et d’autres<br />

textes collatéraux, pose au chercheur un problème du côté méthodologique. C’est-à-dire, il faut<br />

considérer toute cette documentation <strong>com</strong>me déjà éditée, et non pas <strong>com</strong>me étant cachée dans les<br />

archives ecclésiastiques et d’autre genre. D’autre part, le travail de Teodori, louable à bien des<br />

égards, présente quelques difficultés du point de vue scientifique. En tout premier lieu, Teodori<br />

organise la matière selon un critère essentiellement chronologique, mais pas toujours respecté : par<br />

exemple, les volumes 4 et 5 de la série, concernant respectivement l’engagement de <strong>Conforti</strong> pour<br />

la fondation de l’Union missionnaire du clergé et les rapports de l’évêque avec la congrégation<br />

parmienne des Petites Filles des Sacrés Cœurs de Jésus et Marie, réunissent des documents relatifs à<br />

d’amples arcs de temps. Par contre, dans les premiers volumes, de claire nature chronologique, la<br />

publication intégrales des lettres de <strong>Conforti</strong> forme le corps du texte, alors que les lettres des<br />

destinataires et de ses autres interlocuteurs, les articles de journal et toute une documentation en<br />

parallèle sont placés parmi les notes par des juxtapositions pas toujours faciles à suivre en relation<br />

aux textes confortiens. En outre, certains textes, soit du protagoniste soit d’autres personnages, sont<br />

placés dans de très amples annexes, non pas au fond des volumes mais à la fin des chapitres<br />

respectifs. Cette organisation objectivement fatigante – pour celui qui a recueilli le tout et pour celui<br />

qui entame la lecture – était facilitée par des tables chronologiques fort fignolées au début du<br />

volume et par de bons index des noms mis à la fin du volume. Mais les dernières années, alors que<br />

le p. Teodori avait atteint les quatre-vingt-dix printemps, la nécessité de publier au moins les textes<br />

de <strong>Conforti</strong> le poussait vers d’ultérieurs changements dans l’organisation des volumes : de chaque<br />

année il présente d’abord les documents officiels (lettres pastorales, décrets), ensuite la<br />

correspondance selon les manuscrits, parfois subdivisés en référence des grandes organisations de<br />

destinataires (évêques, prêtres, laïcs), d’autres fois tout simplement en ordre chronologique. Pour un<br />

petit laps de temps, apparaissent encore les articles du journal déjà recueillis par son acribie ;<br />

ensuite disparaissent eux-aussi. Et surtout, dans les derniers volumes, le p. Franco n’élabore plus,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 9 – G.M. <strong>Conforti</strong>


ien sûr par manque de temps seulement, les index analytiques si précieux, auxquels il nous avait<br />

habitué.<br />

Il faut y ajouter un autre fait, remarquable du point de vue historiographique : le<br />

collectionneur Teodori a l’habitude de donner de brefs résumés de la provenance des données<br />

d’archive, en les situant au début de chaque volume. Cela crée une autre lacune : de chaque<br />

document publié il n’est pas dit explicitement de quel archive provient-il ! Bien sûr, dans nombre de<br />

cas la provenance peut être reconstruite « à vue de nez». Mais il demeure qu’une telle lacune risque<br />

de rendre tout à fait inutile cette immense documentation. En effet, l’œuvre de Teodori n’a pas<br />

consisté dans la seule publication des documents trouvés : tout ce qu’il a repéré, il l’a ensuite<br />

recueilli et gardé en original ou bien en photocopie, en l’annexant à toute la documentation de la<br />

cause de béatification, aux lettres et autre matériel donné par différentes personnes, et aussi<br />

originaux et copies de matériel des archives de la Maison Mère et de la Maison généralice<br />

xavérienne. Par la suite, tout a été adressé à Parme dans le « Centro Studi <strong>Conforti</strong>ani Saveriani »,<br />

formé récemment : là-dedans, maintenant, tout est en train d’être patiemment mis en ordre. S’il est<br />

vrai que dans les volumes de Teodori il n’y a presque jamais d’exactes références d’archive<br />

concernant chaque document, maintenant, grâce à l’ordre chronologique reconstruit par le Centro<br />

Studi, les pièces d’archive peuvent être contrôlées et de celles-ci, en bonne partie, l’on peut établir<br />

l’authenticité et la provenance exacte.<br />

Donc, le premier choix méthodologique a été celui de partir des Fonti <strong>Conforti</strong>ane<br />

Teodoriane en tant qu’édition de base de la très grande partie de documentation sur <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong><br />

<strong>Conforti</strong>. C’est obvie qu’on n’a pas oublié de chercher dans plusieurs archives, bien que dans la<br />

plupart des cas l’on s’est aperçu que Teodori était déjà passé par là et il avait déjà trouvé et publié<br />

tout le matériel utile. Par conséquent, le choix de ce volume a été celui de ne pas ajouter une annexe<br />

documentaire du matériel inédit : il est tout simplement cité où il est utilisé. En outre, l’on a préféré<br />

laisser à la méritoire série de cahiers Parma negli anni d’éventuelles publications intégrales, textes<br />

confortiens et documents strictement liés à lui. Ces cahiers – élaborés à Parme chez le Centro Studi<br />

<strong>Conforti</strong>ani Saveriani, par un groupe de volontaires qui se sont auto-désignés « Amici del<br />

Cinquenovembre » - depuis plus d’une décennie, à savoir de la béatification de <strong>Conforti</strong> en avant,<br />

ils collectent et publient chaque année les actes d’une journée d’étude consacrée d’habitude à<br />

l’analyse de l’an correspondant du siècle. Par exemple : le cahier de 1999 concerne le 1899 ; le<br />

cahier de 2000 vise le 1900, et ainsi de suite. Enfin, chaque cahier prend soin de publier quelque<br />

documentation intéressante, ainsi que de bizarres et fascinantes tables de photos d’époque.<br />

Il reste à éclaircir un ultérieur élément de grande importance, du point de vie<br />

historiographique : l’on ne manque pas de biographies sur <strong>Conforti</strong>. Bien sûr, il s’agit, notamment<br />

pour les biographies publiées – il y en a qui ne sont pas publiées – de textes préparés pour le grand<br />

publique et liés de différentes manières au parcours de la béatification : en d’autres termes, il s’agit<br />

de biographies de « divulgation », essentiellement dépourvues de notes et d’amples références<br />

documentaires, et ainsi de suite. Quant même, cela ne signifie pas que ces livres aient vu le jour<br />

sans un travail préalable de recherche et soient sans qualités particulières, bien au contraire ! Il est<br />

utile de mentionner ici, par exemple, la toute première biographie rédigée par le xavériens, le p.<br />

Giovanni Bonardi déjà en 1936 : précieuse car elle recueille le témoignage du principal<br />

collaborateur de <strong>Conforti</strong> dans l’animation et la direction de la congrégation xavérienne, et aussi les<br />

souvenirs de plusieurs parmi les premiers missionnaires ; ou bien celle titrée Un pastore, due greggi<br />

du xavérien, le p. Vittorino Callisto Vanzin, , lui aussi témoin direct du fondateur, surtout<br />

observateur aigu des événements et capable d’étonnantes intuitions d’interprétation ; ou encore,<br />

celle plus récente du p. Augusto Luca, qui est bien lisible pour son style vivace et qui jouit d’une<br />

connaissance remarquable de documentation, due à son expérience de postulateur de la cause de<br />

béatification. Donc, la vie de <strong>Conforti</strong> était déjà connue et amplement racontée. Et, du côté<br />

historiographique, cela n’est point secondaire.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 10 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Qu’est ce qu’alors l’on a cherché par cette œuvre Tout d’abord, la demande de la<br />

congrégation xavérienne, la quelle, il est beau de la mentionner dans ses propres termes, était celle<br />

d’une œuvre marquée par les attributs scientifiques, censée de « <strong>com</strong>muniquer les racines de son<br />

histoire aux membres jeunes d’une congrégation, qui est en train de s’internationaliser de plus en<br />

plus ». Et pour science l’on entend : précision de la documentation et donc des citations, exactitude<br />

des références bibliographique, ampleur de l’analyse. L’on peut y joindre aussi quelque<br />

intentionnalité mieux ciblée.<br />

Ainsi, <strong>Conforti</strong> ressort mieux inséré dans les événements ecclésiaux, nationaux et – dans les<br />

limites de sa biographie presqu’entièrement en italien – internationaux de son temps. Donc, une<br />

attention remarquable au contexte du temps : aspect qui, bien sûr, ne manquait pas dans les<br />

biographies précédentes, mais qui allait trouver ici un meilleur approfondissement. En outre, cette<br />

intention a eu l’opportunité de se conjuguer avec une autre : prévoyant que parmi les « vingt cinq<br />

lecteurs », au dire de Manzoni, pourrait se trouver de non italiens, l’on a essayé de ne pas partir du<br />

principe que tout le monde avait pour acquis les jalons principaux de l’histoire d’Italie, surtout à<br />

l’égard de ses dernières jonctions croisant la renaissance, l’état libéral unifié, la première guerre<br />

mondiale, et enfin l’instauration du régime fasciste. Il est évident que pour un italien les quelques<br />

lignes qui synthétisent ces événements peuvent apparaître inutiles, et il en est de même pour un<br />

lecteur espagnol. Mais cela n’est point sûr pour un indonésien, un congolais ou un brésilien, à<br />

condition que – ce qui n’est pas aussi évident – que parmi eux se trouve quelqu’un qui ait le<br />

courage d’ouvrir le volume et de se plonger dans sa lecture.<br />

Le caractère scientifique de ces pages est conférée ensuite – surtout, dirais-je – par les<br />

questions qui croisent le style de l’exposé et qui deviennent autant de charnières de ses différentes<br />

parties. A savoir, l’on a essayé d’identifier les questions toujours ouvertes de la biographie<br />

confortienne, et d’en faire surgir d’autres de la documentation récemment acquise. Pas toujours il y<br />

a eu une réponse définitive : mais cela aussi entre dans le travail de recherche, où souvent les<br />

réponses données engendrent plusieurs questions nouvelles. A ce propos, selon une méthode bien<br />

expérimentée dans cette grande école représentée par l’Università Gregoriana di Roma, à l’égard de<br />

chaque chapitre l’on a tâché de rassembler, en plus de quelques lignes de synthèse, aussi<br />

d’ultérieures pistes d’enquête, tel qu’elles émergeaient progressivement.<br />

Au dire des mêmes chercheurs xavériens, <strong>Conforti</strong> a été jusqu’ici connu plus en tant que<br />

fondateur d’une congrégation missionnaire que <strong>com</strong>me évêque de Ravenna et Parma. Le présent<br />

travail se propose d’œuvrer non seulement un rééquilibre mais aussi une meilleure <strong>com</strong>préhension<br />

de l’influx réciproque concernant les deux grands amours qui poussaient <strong>Conforti</strong> : la mission et le<br />

diocèse. Et bien, une particularité du personnage <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> a été ce double dévouement,<br />

qui l’animait depuis son adolescence, et qui a traversé de façon institutionnelle plus de la moitié de<br />

son existence : celui qui écrit croit que pas même Scalabrini, qui était lui-aussi évêque et fondateur,<br />

eut à vivre si profondément les deux aspects. Cela a créé d’emblée un problème d’ordre dans le récit<br />

des faits : les évènements du ministère pastoral de <strong>Conforti</strong> en Italie et ceux de sa responsabilité<br />

vers les xavériens procédaient toujours entrelacés et contemporains, dans l’esprit, dans le cœur et<br />

dans le bureau de l’évêque fondateur, presque chaque jour. Mais celui qui tâche de dessiner son<br />

profil biographique doit obligatoirement les distinguer, puisque « distinguer demeure encore le seul<br />

moyen que l’on ait trouvé pour ne pas confondre ».<br />

Donc, à grandes lignes, l’on a essayé de construire des macro-périodes dans la vie de <strong>Guido</strong><br />

<strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> : la formation, le premier ministère parmien, l’événement de Ravenna, les années de<br />

retrait à Campo di Marte pour s’occuper de sa fondation missionnaire, et quatre périodes de son<br />

long épiscopat parmien. Dans ces thèmes l’on a alterné la description de l’engagement d’abord<br />

sacerdotal et ensuite épiscopal en Italie et l’aperçu des évènements de la congrégation xavérienne.<br />

Souvent dans les chapitres l’ordre est tout juste ceci : tout d’abord l’évêque, ensuite le fondateur. En<br />

effet, pour celui qui voudra lire, l’imbrication est structurée de façon plus <strong>com</strong>plexe et avec<br />

plusieurs renvois. Les synthèses de chaque chapitre sont une tentative visée à la récupération facile<br />

<strong>Manfredi</strong> - 11 – G.M. <strong>Conforti</strong>


du fil d’union. Deux chapitres sont monographiques et transversaux, ils concernent le même<br />

nombre d’aspects de la pastorale de <strong>Conforti</strong> à Parma: le rapport avec le clergé (chapitre six) et le<br />

magistère épiscopal avec certains choix à long terme (chapitre neuf). Il s’agit de thèmes importants<br />

de l’histoire de la pastorale, et pour eux l’on a utilisé des instruments typiques de cette branche de<br />

l’historiographie ecclésiastique : les lettres pastorales et autre documentation institutionnelle, par<br />

exemple ; aussi quelque enquête statistique, très réduite pour ne pas alourdir l’exposé. On a choisi<br />

de ne pas « agresser » d’autre matériel, par exemple tous les questionnaires des visites pastorales,<br />

surtout de la première : et cela, soit pour raison ‘économie d’espace et de temps, soit parce que ce<br />

type de documentation, telle que désormais pacifiquement admise par l’historiographie, est plus<br />

apte à transmettre les visions de chaque curé. En effet, l’histoire de la pastorale n’est pas l’histoire<br />

des évêques, puisque la pastorale n’est pas faite seulement par les évêques : mais ici nous sommes<br />

en train de faire l’histoire d’un évêque, et donc c’est surtout sa vision de la pastorale à nous<br />

intéresser. D’ailleurs, les documents nous consentent d’avoir une idée, retenons-nous, plus que<br />

suffisante des conditions du diocèse de Parme correspondant aux années de la vie de <strong>Conforti</strong>. Et<br />

cela, en attendant que quelqu’un se risque dans la vérification des données en sa possession en<br />

<strong>com</strong>paraison avec les matériaux présentés ici, presqu’inédits.<br />

Le déséquilibre monographique sur <strong>Conforti</strong> évêque de Parma, est, dirions-nous,<br />

partiellement corrigé par le chapitre quatrième, qui décrit les années où, après avoir démissionné de<br />

Ravenna, il est archevêque titulaire de Stauropole et réside à Campo di Marte, totalement engagé à<br />

« éduquer des jeunes missionnaires dans mon humble Institut » : c’était assurément des années-clef<br />

pour la vie de la congrégation xavérienne. Dans cet exposé l’on suit les rangs de ce qui arrive<br />

auparavant et aussi de ce qui conduit ensuite vers une plus grande stabilité de l’Institut. Mais aussi<br />

les quelques mois du voyage en Chine en 1928, relatés dans le huitième chapitre, lesquels, bien que<br />

représentant une expérience survenue vers la fin de la vie de <strong>Conforti</strong>, assument une signification si<br />

haute qu’ils impliquent une importance aussi en quantité : d’ici le fait de nous attarder dans une<br />

description qui frôle parfois la chronique ou bien revisite son Journal.<br />

Le dernier chapitre, concernant la spiritualité de <strong>Conforti</strong>, représente aussi un essai de<br />

synthèse de son profil sur plusieurs dimensions : de fait, sont abordés non seulement la vie de prière<br />

et les éléments essentiels de sa foi, mais aussi certains aspects de sa vision culturelle, de son<br />

approche de ses charges pastorales, et ainsi de suite. En d’autres termes, une tentative d’identifier<br />

quelques traits de sa Weltanschauung, qui est spiritualité et vision chrétienne du monde en tant que<br />

profondément imprégnée de son expérience de croyant. Ce thème aussi, <strong>com</strong>me nous le disons plus<br />

amplement dans ce-même chapitre, est guidé par les instruments et les regards de celui qui fait de<br />

l’histoire et non pas de celui qui fait de la théologie spirituelle : il s’agit, dans les deux cas, de<br />

« <strong>com</strong>prendre », mais par des moyens et des approches différents et <strong>com</strong>plémentaires.<br />

Sommes-nous sûrs, à ce jour, que la documentation concernant <strong>Conforti</strong> soit totalement<br />

connue de nous Il est clair que non. Probablement des archives tant paroissiales qu’épiscopales,<br />

appartenant à des maisons religieuses et de privés, peuvent dévoiler des éléments inédits de sa<br />

correspondance. Trois lacunes sont restées telles jusqu’ici, en dépit des différentes tentatives de les<br />

<strong>com</strong>bler : une partie de la correspondance avec Andrea Carlo Ferrari, notamment celles de la<br />

période 1894-1902 ; presque toutes les lettres de <strong>Conforti</strong> à Pietro Maffi, son auxiliaire à Ravenna ;<br />

une partie de la correspondance relative à l’Union missionnaire du clergé. Il s’agit, surtout à propos<br />

des lettres adressées à Maffi, d’une lacune pas des moindres. Nous espérons que des recherches<br />

supplémentaires de matériel inédit, des enquêtes sur des lignes ici mentionnées un tout petit peu et<br />

d’autres études sur le contexte puissent davantage enrichir, modifier, intégrer ce travail, lequel, au<br />

dire du feu p. Paulius Rabikauskas, professeur de paléographie et diplomatique auprès de<br />

l’Universita Gregoriana, en tant que travail historiographique est destiné à être dépassé sous peu :<br />

« Si vous publiez des documents, votre œuvre restera à jamais ; par contre, si vous tâchez de faire<br />

des synthèses historiques, celles-ci ne dureront que quelques décennies ». Mais afin d’aller de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 12 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’avant dans la <strong>com</strong>préhension, il faut bien que quelqu’un, de temps en temps, essaie de rédiger<br />

quelque récit et quelque synthèse.<br />

Remercier est non seulement un dû, mais aussi une joie, car il indique un tressage de<br />

relations humaines qui soutiennent une recherche. Le premier remerciement va aux xavériens qui<br />

ont demandé, voulu et appuyé cette étude : au supérieur général le p. Rino Benzoni et avec lui la<br />

direction générale de l’Institut xavérien sise à Roma ; à l’équipe de travail du Centro Studi<br />

<strong>Conforti</strong>ani Saveriani qui a promu ce travail, notamment à son coordonnateur, le p. Ermanno Ferro,<br />

qui au fil de ces années m’a ac<strong>com</strong>pagné, soutenu, conseillé, corrigé et pressé toujours avec<br />

bienveillance ; et aussi au p. Mario Menin lequel, depuis plusieurs années, avec le p. Ermanno m’a<br />

proposé de me dévouer dans la recherche sur <strong>Conforti</strong> et l’a toujours regardée avec enthousiasme.<br />

Je retiens de pouvoir affirmer, sans aucune exagération, que cinquante pour cent de cette recherche<br />

revient au mérite du p. Ermanno. Je ne peux nullement oublier les pp. Amato Dagnino et Augusto<br />

Luca, si sages et <strong>com</strong>pétents, lesquels, par leurs attentions et leurs suggestions ont offert un apport<br />

exquis à ce travail ; le p. Guglielmo Camera, actuellement postulateur, toujours si attentif et discret ;<br />

et aussi tous les « correcteurs », à partir du p. Antonio Trettel jusqu’aux pp. Alfio Ceresoli et<br />

Battista Mondin. Je me dois de dire merci aussi à tous les xavériens que j’ai rencontrés au long de<br />

ces années. De différente façon ils ont contribué à l’issue de ce travail : au p. Carlo Pozzobon,<br />

responsable de ce qui concerne l’Italie, aux pères directeurs de la Maison mère, en premier lieu<br />

Mario Giavarini et ensuite Emilio Baldin ; aux pères responsables de la bibliothèque de Parma<br />

Piergiorgio Bettati et Umberto Domine ; au p. Gabriele Ferrari qui, avec les pères Giancarlo<br />

Lazzarini et Luigi Zucchinelli, m’a toujours invité à parler aux xavériens des « Tre-mesi di<br />

aggiornamento » à Tavernerio, du côté Como, desquels je puisais des suggestions précieuses de<br />

<strong>com</strong>paraison ; au p. Emilio Iurman qui ne manquait jamais, lors de notre diner fraternel à la Maison<br />

mère, de se renseigner à quel point <strong>Conforti</strong> était arrivé (quelle satisfaction lorsque j’ai pu lui dire<br />

qu’enfin nous avions fait les funérailles) ; aux nombreux missionnaires rencontrés à la maison mère,<br />

à Tavernerio, à San Pietro in Vincoli près de Ravenna : cette biographie est née de la confrontation<br />

avec ceux qui aujourd’hui donnent une continuité au charisme de <strong>Conforti</strong>. Merci de tout cœur au p.<br />

Piergiorgio Manni et aux xavériens qui, en février 2007, m’ont accueilli au Japon pendant une<br />

merveilleuse semaine de conversations pastorales et confortiennes.<br />

En exprimant mes remerciements, il m’est impossible de passer sous silence <strong>com</strong>bien j’aie<br />

été facilité par ma recherche doctorale sur Evêques, clergé et soin pastoral. Etudes sur le diocèse de<br />

Parme fin Huit-cent, clôturée en 1999 par l’obtention du doctorat chez la Pontificia Università<br />

Gregoriana di Roma. Je ne peux donc pas ne pas exprimer mon merci à tous ceux qui m’avaient<br />

aidé au temps de l’élaboration de ma mémoire de maitrise ci-haut évoquée, notamment au milieu<br />

ecclésial parmien lequel, de façon à la fois similaire et différente, et qui apportent de la continuité à<br />

l’expérience historique des évêques précédents.<br />

Merci encore à ceux qui m’ont dit : « courage, fais ce travail ! » : à mon frère Antonio et à<br />

Betta, à mes amis fraternels Paolo Baroni et Francesca Cerri, alors responsables des jeunes de<br />

l’Azione Cattolica ; au tout premier début, alors qu’ils étaient requis d’un conseil, à savoir si, parmi<br />

le grand tas de mes engagements pastoraux, il y avait lieu aussi pour celui-ci, ils m’ont dit : « Tu es<br />

bien fou, mais tu vas le faire ». A Mgr Gia<strong>com</strong>o Capuzzi, alors évêque (maintenant émérite) de<br />

Lodi, lequel m’a octroyé avec bienveillance la permission de consacrer quelque bout de temps libre<br />

à <strong>Conforti</strong>. A mes chers amis, vrais collaborateurs officiels, docteur Deborah Zoncada Tirinzoni et<br />

Gigi Lombardi, lesquels me remplaçaient lors de mes absences. Aux actuels responsables des<br />

jeunes de l’Azione Cattolica, Lucia Comaschi et Fabio Mazzocchi, qui ont suivi avec sympathie<br />

mes itinéraires parmiens et chinois. A Silvia Bonvini pour son aide à propos de la langue chinoise<br />

(pour le peu qu’heureusement l’on devait parler) et surtout pour son amitié à distance. Merci à tous<br />

ceux qui, par leur hospitalité et gentillesse, m’ont facilité dans mon étude : aux Archives secrètes du<br />

Vatican, à la Bibliothèque palatine de Parme, à la bibliothèque du séminaire de Lodi et ailleurs.<br />

Merci au prof. Gabriella Rossetti et au staff de la bibliothèque Maffiana de Pisa. Merci aux jeunes<br />

qui de temps à autre me questionnaient : « Mais toi, qu’est-ce que tu as à faire avec Parme », et à<br />

<strong>Manfredi</strong> - 13 – G.M. <strong>Conforti</strong>


ce moment-là ils devaient supporter mes longues explications. Parmi ceux-ci je voudrais rappeler<br />

surtout <strong>Maria</strong> et Cesare Ghezzi, avec la petite Emma.<br />

Comme d’habitude, merci à l’abbé Ermanno Livraghi, qui soutient, motive, réconforte, et<br />

merci aussi aux confrères du séminaire de Lodi et des autres coopératives d’écoles théologiques de<br />

Lodi, Crema, Cremona e Vigevano ; merci à l’actuel évêque de Lodi, mgr Giuseppe Merisi.<br />

En outre, merci au p. Gia<strong>com</strong>o Martina, professeur émérite de la « Gregoriana », maître dans<br />

le « métier d’historien » et en humanité : dans chaque page de cette étude il y a, je l’espère, une<br />

empreinte de son précieux enseignement.<br />

Enfin, merci à ceux qui du ciel m’ont sans doute soutenu : à ma mère et à mon père, et aussi<br />

au sujet/objet de cette recherche, que j’ai pris l’habitude de saluer, dans le signe de ses dépouilles<br />

mortelles et dans le simple crucifix de papier mâché, maintenant exposés dans le Santuario<br />

<strong>Conforti</strong>, chaque fois que la Maison mère xavérienne me recevait pour mes recherches. J’ose<br />

espérer que lui, Mgr <strong>Conforti</strong>, ne soit pas mécontent que quelqu’un ait essayé de parler de lui,<br />

réservé qu’il était : dans ses écrits il parle très peu de lui-même.<br />

don ANGELO MANFREDI<br />

Lodi, le 3 mai 2009 – IV dimanche de Pâques<br />

« J’ai d’autres brebis qui n’appartiennent pas à ce troupeau ;<br />

celles-là aussi il faut que je les guide… » (Jn 10,16).<br />

<strong>Manfredi</strong> - 14 – G.M. <strong>Conforti</strong>


PREMIER CHAPITRE<br />

FORMATION ET PREMIÈRES ANNÉES<br />

LA FAMILLE<br />

Le contexte où <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> naît et vit les premières années de son existence, audelà<br />

des souvenirs laissés par ceux qui l’ont connu enfant, souvenirs qui de façon spontanée ont été<br />

adouci par le résultat de sa vie et par d’indéniables modules hagiographiques, distingue cette figure<br />

des typologies familiales de la plus part du clergé de ce temps-là. <strong>Guido</strong> ne provient point d’une<br />

famille noble ou bourgeoise liée à la religiosité traditionnelle, <strong>com</strong>me il en était de la plus part de ce<br />

clergé particulier de la ville, canonique ou « associé », à la culture du jour et d’un vague goût du<br />

XVII siècle. Ni descend-il de ces modestes familles campagnardes, lesquelles, surtout dans la zone<br />

des Apennins, fournissaient la plus part du « bas clergé » en paroisse. L’on ne put pas généraliser,<br />

ni diminuer non plus l’origine à la tendance classiste du clergé du temps, lequel, d’ailleurs,<br />

s’inscrivait dans la structure même des séminaires de Parma. En effet, le clergé « citoyen »<br />

fréquentait le séminaire lui-même ; par contre, le clergé « rural » recevait la formation à Berceto, ou<br />

dans le « Séminaire de Ste Anne pour les clercs pauvres » , ou bien, en partie, vivait « logé », à<br />

savoir en payant un petite somme pour nourriture et logement, chez quelqu’un de la famille, et<br />

suivait de l’extérieur les cours de gymnase, philosophie ou théologie.<br />

La famille de <strong>Conforti</strong> était de tout autre collocation sociale. Sa mère, Antonia Adorni, de<br />

famille bourgeoise de la ville, était une femme à la religiosité vécue sincèrement ; par contre, son<br />

père Rinaldo a une histoire personnelle plutôt intéressante. Les témoins parlent d’un homme ayant<br />

une remarquable habilité technique dans la gestion de son important immobilier rural, et doué d’un<br />

fort dévouement au travail, et il l’exigeait aussi de ses travailleurs. Il est sûr que les immobiliers,<br />

qu’il gérait avec des résultats fort rentables, étaient des possessions ex-ecclésiastiques<br />

réquisitionnées au temps des suppressions « jacobines », ensuite mises aux enchères et acquises,<br />

semble-t-il, par Rinaldo grâce à l’habilité de qui est un connaisseur de terrein pour l’avoir labouré<br />

en tant qu’embauché. Il s’agissait donc d’un « arrivé», mais non pas sans mérite ni capacité<br />

personnelle, dépourvu bien sûr de la formation culturelle de la bourgeoisie de l’époque, mais doué<br />

de <strong>com</strong>pétence pratique et d’esprit d’entreprise qu’il avait valorisés dans son ascension sociale.<br />

Le thème de la religiosité personnelle de Rinaldo <strong>Conforti</strong> ouvre des scénarios de grand<br />

intérêt pour la <strong>com</strong>préhension de l’histoire de son fils <strong>Guido</strong>. A ce propos, les témoins décrivent une<br />

attitude en rien différente de la normalité des hommes de ce temps-là, principalement en Italie du<br />

Nord: pratique sacramentelle respectueuse des normes, langage parfois violent mais pas irréligieux.<br />

La religiosité ressentie, ou mieux manifestée, était l’apanage des femmes plutôt que des chefs de<br />

famille.<br />

Cependant, l’état d’acquéreur de biens ex-ecclésiastiques a engendré une diatribe parmi les<br />

biographes de <strong>Conforti</strong>. Franco Teodori, par exemple, souligne le fait que Rinaldo était de droit, et<br />

probablement lui-même le savait, ex<strong>com</strong>munié, précisément à cause de l’acquisition de biens execclésiastiques,<br />

et à cette prise de distance des mesures canoniques Téodori lie l’opposition de<br />

Rinaldo à la vocation ecclésiastique de <strong>Guido</strong> et son absence lors de la première messe de son fils,<br />

célébrée dans le sanctuaire de Fontanellato le 23 août 1888. La plupart des autres biographes de<br />

<strong>Conforti</strong>, inclu le plus récent Augusto Luca, tend à fort relativiser ce point, en faisant remarquer<br />

qu’il s’agissait de biens qui depuis longtemps étaient transités dans les mains de l’Etat,<br />

contrairement aux réquisitions plus récentes dues aux lois unitaires de 1866-1867, et que, par<br />

conséquent, l’éventuelle ex<strong>com</strong>munication n’était pas valide ou bien elle n’était même pas perçue.<br />

A l’égard de ce qui précède, il serait bien s convenable de donner un éclaircissement de<br />

l’effective hostilité de Rinaldo visant les choix de <strong>Guido</strong>, bien que, au moins en partie, on peut le<br />

rattacher aux attentes de son père, qui probablement songeait de confier à <strong>Guido</strong> l’administration<br />

<strong>Manfredi</strong> - 15 – G.M. <strong>Conforti</strong>


des biens familiaux. En outre, il est sûr que <strong>Guido</strong> demanda et obtint le remède des acquisitions de<br />

son père, opération bien fréquente alors, surtout au fur et à mesure que le temps créait éloignement<br />

des enchères de vente des biens ; mais cela est un signe que les choix du père étaient perçus <strong>com</strong>me<br />

irréguliers, probablement par un scrupule extrême de son fils, désormais prêtre. Il faut ajouter un<br />

ultérieur, petit élément circonstanciel : dans le premier numéro de l’ « Eco della Curia », bulletin<br />

diocésain officiel voulu par <strong>Conforti</strong> peu après être devenu évêque de Parma en 1909, l’on trouve<br />

publié un décret du 1895 qui confirmait l’ex<strong>com</strong>munication de ceux qui possédaient des biens<br />

ecclésiastiques, inclus ceux usurpés avant 1816, avec une référence aux biens des duchés de Parma<br />

et Piacenza. Il est quant même drôle que sur le premier numéro d’un bulletin officiel l’on choisisse<br />

de publier à nouveau un décret depuis près de quinze ans avant, concernant des biens expropriés<br />

pour près d’un siècle ; il est fort probable que <strong>Conforti</strong> était au courant de cette insertion, à moins<br />

que lui-même en était l’inspirateur. A propos de la perception, présente alors dans l’opinion<br />

populaire, que ces biens monastiques confisqués au début du XIX siècle étaient sous la réprobation<br />

tant divine qu’ecclésiastique, au moins dans la même mesure des biens plus récemment expropriés<br />

par l’Etat Risorgimento, il est intéressant de recueillir le témoignage coloré d’un curé de la plaine,<br />

l’abbé Angelo Calzolari, lequel dans le Status Animarum de sa paroisse, Roncopascolo, qui<br />

d’ailleurs était éloigné de Casalora de 11 km à vol d’oiseau, concernant l’an 1889 rapportait pour<br />

chaque ferme la référence à l’ancienne propriété ecclésiastique, en joignant des <strong>com</strong>mentaires de ce<br />

genre:<br />

Confisquées par le Piemonte et par le même vendues le 14 octobre 1871 à Mr Mirteo<br />

Artusi décédé à Parma le mardi saint 6 plutôt 4 avril 1882 par un coup cardiaque<br />

intervenu devant la Chiesa Magistrale della Steccata . Il est décédé sans pouvoir parler<br />

sine lux et sine crux (à savoir, par des funérailles civiles) sans Régularisation.<br />

Ce bon curé un peu agrammatical, et que nous savons être en rapport avec le jeune prêtre<br />

<strong>Conforti</strong>, qui ensuite sera son vicaire général et son évêque, en plus de la rédaction de cet<br />

intéressant de mortibus persecutorum du Pô, il n’est pas improbable qu’il ne touchait les questions<br />

d’ex<strong>com</strong>munication et de régularisation dans sa prédication aussi. Etait-il le seul Il serait<br />

intéressant de recueillir d’autres documents. Quant même, l’on ne peut pas exclure qu’une partie du<br />

clergé, surtout dans les paroisses auparavant mieux équipées en propriétés ecclésiastiques, ait utilisé<br />

la prédication ou d’autres moyens pour faire retentir la condamnation ecclésiastique des<br />

« usurpations ».<br />

<strong>Guido</strong> <strong>Conforti</strong> provient donc d’une famille aisée, bien que sans liens solides avec<br />

l’oligarchie aristocratique et avec la bourgeoisie cultivée de la ville. Cette origine particulière le<br />

distinguait, par rapport à l’état social de provenance, de la plupart du clergé de ce temps-là.<br />

En outre, il est intéressant d’analyser le <strong>com</strong>portement religieux des autres membres de sa<br />

famille. Ses sœurs semblent partager essentiellement l’attitude religieuse de <strong>Guido</strong> : l’une d’elles,<br />

Merope, pas mariée, sera aux côtés de son frère évêque de Parma lors de sa dernière décennie de<br />

vie, de 1921 à 1931, pour s’occuper de ses besoins quotidiens ; d’ailleurs, Paolina sera l’épouse de<br />

l’avocat Angelo Piva, un représentant renommé du mouvement catholique de Parma. Par contre,<br />

différente était la position de son grand frère, Ismaele, qui entra en conflit avec le chef de famille<br />

Rinaldo pour son choix affectif : il était tombé amoureux d’une fille de la campagne, alors que son<br />

père visait un mariage de prestige. Pendant un certain temps Ismaele voulut cohabiter avec sa<br />

femme sans un mariage régulier, juste quand <strong>Guido</strong> venait ordonné prêtre et mettait les premiers pas<br />

dans le ministère pastoral. Dans ce cas aussi ce fut l’intervention directe de <strong>Guido</strong>, à l’occasion<br />

d’une grave maladie de son frère, à régulariser la situation. Cependant, Ismaele semble avoir de<br />

bons rapports avec son frère prêtre, mais pas en ce qui concerne la pratique religieuse : il semble<br />

être le seul à ne pas aller à la <strong>com</strong>munion pascale dans sa paroisse en 1897. En 1914 il s’oppose à ce<br />

que sa fille Jolanda reçoit la première <strong>com</strong>munion à sept ans, <strong>com</strong>me établi en 1910 selon la<br />

directive pastorale de Pie X.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 16 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Les nouvelles concernant la famille de <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> nous renvoient au contexte<br />

social et politique des premières années de sa vie. <strong>Guido</strong> voit le jour à Casalora de Ravadese dans la<br />

<strong>com</strong>mune parmesan de Cortile San Martino le 30 mars 1865, peu après le tournant fondamental<br />

concernant le processus de l’unification italienne, la « deuxième guerre d’indépendance ». Le<br />

lecteur italien connaît bien le long processus de bouillonnements intellectuels, d’hypothèses<br />

politiques, de mouvements révolutionnaires qui répandirent parmi les classes instruites de la<br />

péninsule l’idée d’unifier au niveau étatique ce territoire-là, l’Italie, que le ministre autrichien<br />

Klemens Metternich avait définit <strong>com</strong>me étant seulement « une expression géographique ».<br />

L’Italie n’était pas politiquement unifiée depuis plusieurs siècles. Surtout au XIX siècle,<br />

sous l’action conjointe du désir d’innovation institutionnelle arrivé par les réformes illuministes et<br />

la révolution française, et aussi de l’idée de nationalité répandue par le romantisme, une partie de la<br />

noblesse, de la bourgeoisie et du monde intellectuel italien se rallia au mouvement d’unification qui<br />

ensuite fut appelé « la renaissance d’Italie ». Mais cela impliquait un ensemble d’objectifs à<br />

rejoindre : évincer le contrôle militaire et politique exercé par l’empire d’Autriche-Hongrie,<br />

directement sur le « Regno Lombardo Veneto » et indirectement sur nombre des états dans lesquels<br />

la péninsule était répartie, parmi lesquels le « Ducato di Parma e Piacenza e Stati annessi » ;<br />

absorber et recaser les différentes dynasties qui régnaient sur différents organismes étatiques,<br />

dynasties qui souvent étaient liées par parenté ou intérêts à d’autres états européens : par exemple<br />

les Borbone de Parma et Napoli aux familles régnantes de France et Espagne ; enfin, préciser un<br />

rôle pour l’un de ces monarques, le romain pontife, qui était aussi le chef absolu d’un territoire qui<br />

depuis presque un millénaire s’était sédimenté autour de l’évêque de Rome, et qui maintenant<br />

prenait le nom d’Etat pontifical.<br />

Les ferments de la Renaissance eurent un guide dans une des dynasties, les Savoia, qui<br />

gouvernaient le « Regno di Sardegna », <strong>com</strong>prenant le nord-ouest d’Italie et la grande île de la<br />

Méditerranée. Après la faillite d’une première tentative militaire en 1848-49 et grâce à une patiente<br />

texture d’alliances européennes, les Savoia, appuyés par la France et par un grand nombre d’exilés<br />

de partout en Italie, lancèrent une guerre contre l’Autriche, laquelle non seulement obtint un résultat<br />

positif mais déclencha aussi une série de coups d’état et de désordres dans tout le centre-nord<br />

d’Italie, notamment en Emilia Romagna et Toscana, d’où les dynasties régnantes furent chassées.<br />

Entretemps, un chef militaire, qui avait fait expérience de « guérilla » en Amérique Latine,<br />

Giuseppe Garibaldi, avec un groupe de volontaires avait débarqué au sud d’Italie et était en train<br />

d’abattre la monarchie qui était la plus vaste du côté territorial mais l’une des plus arriérées du côté<br />

politique, le « Regno delle Due Sicilie ». Afin d’éviter que ce mouvement révolutionnaire puisse<br />

devenir une alternative de la leadership politique des Savoia, les troupes du Piemonte allèrent à la<br />

rencontre des garibaldiens, en traversant et en conquérant une grande partie du territoire pontifical,<br />

où étaient déjà en cours des ferments d’union. En 1861 voyait le jour le Royaume d’Italie, qui en ce<br />

moment-là encerclait totalement Rome et la région située autour de la ville du pape ; sous la<br />

domination de l’Autriche restaient les zones du nord-est de la péninsule.<br />

L’Etat unitaire a eu ainsi son début dans une situation de tension à l’égard de la hiérarchie<br />

ecclésiastique, alors que bon nombre de catholiques, croyants sincères, partageaient aussi les idées<br />

et les élans de la renaissance. Les gouvernements unitaires, en continuant dans une politique déjà<br />

entamée par la prise de pouvoir de la part des libéraux dans le « Regno di Sardegna », opérèrent une<br />

série d’options politiques, juridiques et administratives lesquelles, de façon directe ou indirecte,<br />

avaient le sens d’une pression sur la structure ecclésiale.<br />

Un seul an après la naissance de <strong>Guido</strong>, en 1865, recevait l’approbation la première des lois<br />

qui révolutionnaient l’axe ecclésiastique. Après trois ans, l’urgence de balancer le budget de l’Etat<br />

poussa le gouvernement de la soi-disante « droite historique» à imposer la fameuse « taxe sur la<br />

farine », à savoir sur le blé de meunerie, et donc sur l’aliment de base de la population, ce qui<br />

déclencha une tension sociale qui se dégénéra en affrontements violents, surtout dans les<br />

campagnes, et aussi à Parma. L’année suivante, en 1870, pendant qu’à Roma était en train d’être<br />

célébré le Concile Vatican I, la situation politique en Europe, par la guerre entre la Prusse et la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 17 – G.M. <strong>Conforti</strong>


France, jeta les conditions pour l’Etat italien d’occuper ce qui restait de l’Etat pontifical et Roma,<br />

alors que Pie IX se renfermait dans le Vatican en coupant les relations diplomatiques avec le<br />

Gouvernement italien. Ces événements-ci, et leur perception dans les milieux de la campagne<br />

parmienne, ont été soigneusement évoqués par Grazzi dans son manuscrit inédit plusieurs fois déjà<br />

évoqué ici.<br />

ENFANCE ET FORMATION A PARME<br />

<strong>Guido</strong> passe les premières années de sa vie à la ferme de Casalora, dans la « bassa<br />

parmense », propriété de son père. Les biographies recueillent des témoignages de la famille élargie<br />

plusieurs épisodes de son enfance, sur lesquels il convient de ne pas s’attarder. Néanmoins, elles<br />

permettent de déduire – avec toutes les réserves méthodologiques du cas, puisqu’il s’agit<br />

d’interférences postérieures dictées par la lumière de la figure humaine de <strong>Conforti</strong> qui va<br />

s’ensuivre – les signe d’une vivacité normale d’un enfant qui a la chance, aujourd’hui très rare, de<br />

vivre dans la campagne. Elles parlent aussi de la sensibilité intéressante de l’enfant et de quelque<br />

accident qui lui est arrivé : la plus grave fut la chute d’un arbre, qui laissa des signes sur la<br />

constitution, pas robuste dès le début, de <strong>Guido</strong>.<br />

Peu après l’ac<strong>com</strong>plissement de sept ans, à savoir en octobre 1872, <strong>Guido</strong> est conduit à<br />

Parma, accueilli par Dorotea Maini, appelée Dorina, qui était veuve, et par sa fille Giovanna, qui<br />

était célibataire et monitrice ; elles, semble-t-il, faisaient partie de la parenté des <strong>Conforti</strong>. Il<br />

s’agissait d’un hébergement « a dozzena », <strong>com</strong>me l’on disait alors, à savoir avec un petit payement<br />

pour nourriture et logement ; entretemps <strong>Guido</strong> était placé à l’école primaire dirigée par les frères<br />

des écoles chrétiennes, vulgairement appelée « les petits ignorants ». L’école « La Salle » est une<br />

institution ancienne dans la ville, et elle se caractérise <strong>com</strong>me un milieu de formation de bon<br />

niveau, où pouvaient avoir accès aussi les enfants de familles pauvres, avec les garçons de classe<br />

sociale plus élevée, <strong>com</strong>me c’était le cas de l’enfant de Rinaldo <strong>Conforti</strong>. Les frères des écoles<br />

chrétiennes étaient arrivés à Parma sur demande de la duchesse <strong>Maria</strong> Luigia en 1836 et très bientôt<br />

ils avaient vu s’agrandir le nombre de leurs élèves. Au dix-neuvième siècle cette congrégation<br />

religieuse était en pleine expansion et se caractérisait aussi pour son engagement catéchétique,<br />

surtout en Italie.<br />

A partir de ce moment, l’on peut affirmer que Parma représente constamment le scénario de<br />

la vie de <strong>Guido</strong>, sauf, si l’on veut, la courte période d’épiscopat à Ravenna. L’enfant, sans de gros<br />

traumatismes semble-t-il, vit l’éloignement de la famille et l’insertion dans un milieu quant-même<br />

bien protégé. Les témoins décrivent les Maini par les caractéristiques typiques d’un petit monde<br />

ancien : ces deux dames pieuses vivent de façon modeste et accueillent le petit membre de famille<br />

par un fort investissement affectif. Chaque jour <strong>Guido</strong> allait à l’école des « petits ignorants ». Entre<br />

la messe quotidienne, la catéchèse et les autres rendez-vous spirituels typiques des écoles de ce<br />

temps-là, gardés en dépit de la fin presque récente de l’ancien Duché, et le rosaire quotidien dans<br />

l’accueillante maison des Maini, l’enfant recevait une éducation religieuse <strong>com</strong>posée de pratiques<br />

de piété traditionnelles, établies et suivi de l’étude du catéchisme.<br />

Ce n’est pas improbable, d’ailleurs, qu’il ait eu bientôt accès à ces événements religieux « de<br />

pancarte » qui faisaient partie de la vie d’une ville <strong>com</strong>me Parma : les pontificaux solennels, les<br />

carêmes, dans la cathédrale ou ailleurs, d’autres célébrations ou prédications extraordinaires. Bien<br />

que enraillées sous le control de la préfecture, au non d’un Etat qui tout juste dans ces années-là<br />

passait d’un gouvernement de droite, ayant de vagues projets de réforme ecclésiastique, à la<br />

« gauche historique » juridictionnelle par conviction, ces ritualités publiques pouvaient être encore<br />

parmi les grands spectacles qui frappaient l’imaginaire collectif, grâce aux cérémonies anciennes de<br />

la liturgie et à la musique, et elles donc attiraient un large publique, où ne pouvaient pas manquer<br />

« femmes et enfants ». Selon un processus typique d’imitation dans le jeu de ce qui frappe<br />

l’imagination, ce qui a poussé au fil des siècles milliers d’enfants à « jouer à la messe », bien<br />

qu’indépendamment de la vocation qui suivra, de <strong>Guido</strong> l’on rappelle des épisodes dans cette<br />

<strong>Manfredi</strong> - 18 – G.M. <strong>Conforti</strong>


direction. D’autant plus que la maison Maini était l’atelier de confiance de l’entretien des vêtements<br />

liturgiques de l’une des paroisses de la ville : cela aussi est un tableau d’époque.<br />

De la visibilité publique de la religion catholique faisait partie le séminaire aussi. L’image<br />

des séminaristes, aperçus lors de leur promenade quotidienne ou bien dans le service liturgique ou<br />

dans la prière, constitue assurément l’une des voies traditionnelles par lesquelles dans un<br />

préadolescent se dessine la possibilité d’une identification. Cela, parait-il, arriva à <strong>Guido</strong> aussi,<br />

selon le récit d’un témoin :<br />

A propos de l’origine de la vocation du petit <strong>Guido</strong>, je me souviens d’avoir écouté de<br />

lui-même qu’y a contribué une visite faite à la chapelle du séminaire le jour de la<br />

Purification. A ce moment-là il était logé chez une Dame pieuse de Parme. En passant<br />

avec cette Dame devant le Séminaire et voyant la porte décorée et ouverte au publique,<br />

ils y entrèrent, et <strong>Guido</strong> eut la possibilité d’observer certains séminaristes qui priaient<br />

dans la chapelle. Il en resta si fort frappé qu’il eu le désir de revoir ces « petits<br />

prêtres ». Ce fait, disait le serviteur de Dieu, a contribué à mon orientation spirituelle<br />

vers le séminaire.<br />

C’est un parcours classique et, dans un sens positif, assurément pas original, mais<br />

correspondant aux mécanismes intérieurs d’un garçon de 10-11 ans. Cependant, une autre<br />

expérience spirituelle nous offre une connotation plus personnelle et spécifique du chemin du petit<br />

<strong>Guido</strong>. Non seulement tous les biographes ont raconté le fait, mais dans l’église de la Maison mère<br />

des xavériens aussi est gardé jusqu’ici, bien en relief, l’objet qui a déterminé cette expérience : un<br />

grand crucifix en papier mâché, bien fait mais sans connotations artistiques particulières, lequel<br />

auparavant faisait partie de l’église d’une confrérie ou oratoire de Sainte Marie de la Paix., situé<br />

dans le « Borgo delle Colonne », dans la zone nord-est de la ville, entre les murailles anciennes et le<br />

monastère de Saint Jean, tout près de l’emplacement de l’école. Il semble que <strong>Guido</strong> avait<br />

l’habitude de visiter régulièrement cette église et de s’y arrêter pour une prière personnelle : « Je le<br />

regardais, et lui me regardait et il semblait qu’il me disait tant de choses » ; il semble que, après pas<br />

mal d’années, <strong>Conforti</strong> va utiliser ces mots pour raconter ces moments-là. Non seulement nous<br />

n’avons de raison pour exclure ce récit du nombre des données intéressantes dont nous disposons,<br />

mais aussi le fait que ce crucifix-là, une fois abandonné suite à la fermeture de la petite église, ait<br />

été récupéré et restauré par <strong>Conforti</strong> lui-même, quand il était évêque de Parma, en dit assez d’un<br />

lien affectif particulier. Sans doute, il s’agit d’une personnalisation de l’expérience religieuse, je ne<br />

dirais pas précoce, mais bien sûr profonde, à la taille d’un garçon, évidemment, mais ayant une<br />

sensibilité particulière.<br />

LE SEMINAIRE<br />

En novembre 1876, à l’âge d’onze ans, <strong>Guido</strong> entre au séminaire de Parma en tant<br />

qu’étudiant interne. Il semble que papa Rinaldo ne voulait point de ce choix, mais par contre sa<br />

mère y était favorable. L’évêque de Parma était à cette époque (1871-1882) Domenico <strong>Maria</strong> Villa,<br />

de Vicenza, ayant un caractère intransigeant, qui resta pour quelques années privé d’exequatur. Et<br />

juste l’an 1876, «recteur a.i.» du séminaire de la ville fut nommé l’abbé Andrea Ferrari, âgé de 26<br />

ans, qui prendra la charge de recteur l’année suivante. Ferrari, originaire d’un village de « Val<br />

d’Enza » sur les Apennins, de famille modeste, avait été ordonné prêtre en 1874, et après une courte<br />

expérience pastorale à Fornovo était devenu professeur et vice-recteur au séminaire diocésain. Ce<br />

cursus, défini par certains « éclair », ne doit pas étonner plus que ça : en ce temps-là il était plutôt<br />

normal que les recteurs et les enseignants des séminaires étaient plutôt jeunes, alors que les prêtres<br />

expérimentés et âgés s’occupaient de la direction spirituelle des clercs. Ferrari succédait à une<br />

figure typique de recteur, Giuseppe Carcelli (1821-1883), qui après vingt deux ans de rectorat avait<br />

démissionné pour raisons de santé. Membre de la Compagnie de Jésus, il avait introduit dans le<br />

<strong>Manfredi</strong> - 19 – G.M. <strong>Conforti</strong>


séminaire de la ville l’empreinte intransigeante typique des jésuites de la restauration. Sont arrivées<br />

jusqu’à nous ses « Directives aux préfets », fort significatives pour <strong>com</strong>prendre le style éducatif du<br />

séminaire où <strong>Conforti</strong> a été formé. Au temps de Carcelli le séminaire reçut le cadre théorique qui le<br />

marqua ensuite pour beaucoup d’années : un thomisme pur en philosophie et théologie dogmatique,<br />

et un alphonsisme tolérant en théologie morale.<br />

<strong>Conforti</strong> s’insérait donc dans une institution formative déjà bien esquissée dans son<br />

inspiration théorétique, spirituelle et éducative : un séminaire « intransigeant ». Les derniers<br />

représentants de la ligne rosminienne étaient sorti du groupe des professeurs entre 1878 et 1879. Le<br />

thomisme y était cultivé bien avant l’intervention autoritaire de l’Aeterni Patris du pape Pecci, et<br />

avait engendré l’initiative culturelle de l’ « Accademia Leone XIII », qui vit le jour en 1880.<br />

L’enseignement de toute les matières philosophiques et théologiques était géré par des professeurs<br />

aux convictions « ultramontanistes » : Luigi Mercati pour la dogmatique, Carcelli et ensuite Ferrari<br />

pour la morale, l’intransigeant Giovanni Battista Tescari (qui sera évêque de Borgo San Donnino<br />

depuis 1886) pour le droit canonique et l’éloquence, le même Ferrari pour la discipline des Fontes<br />

(aujourd’hui c’est un aspect de la théologie fondamentale) et pour l’histoire ecclésiastique.<br />

Parallèlement à cette planification théorique, est à noter un autre aspect typique de<br />

l’enseignement dans les séminaires de l’époque. Les professeurs sont surtout des jeunes qui passent<br />

directement de l’apprentissage à l’enseignement, sans études de spécialisation, et par un stage<br />

didactique tiré d’un parcours allant des matières du gymnase à celles de l’écoles théologique :<br />

Ferrari fut enseignant de mathématique et physique en 1875, de dogmatique et « sources » en 1878,<br />

d’histoire ecclésiastique en 1879, de morale en 1883.<br />

Quel climat respirait-on dans le séminaire parmien ces années-là Essayons de le dessiner<br />

par des courtes esquisses, en renvoyant ailleurs pour une documentation plus approfondie. Le style<br />

disciplinaire était rigide et le rythme de vie fort intense, bien que, sur certains aspects, pas plus<br />

lourd de ce que celui des autres jeunes qui étaient déjà su travail. Le séminaire était un milieu fermé<br />

et protégé, dont l’objectif était d’habituer les futurs prêtres au détachement de la famille et aussi à se<br />

concevoir « séparés» de la société, mieux encore du « séculier ». Les élèves, provenant pour la<br />

plupart de familles modestes, devaient acquérir un trait pas raffiné mais avec certains aspects de<br />

noblesse – pas parler en dialecte, pas s’adresser le « toi », pas appeler par nom ou surnom mais par<br />

le seul prénom – et une fort emprise sur les sentiments et leurs manifestations. L’ascétique primait<br />

sur la mystique, le chemin spirituel sur l’itinéraire de la formation intellectuelle. Les convictions<br />

étaient strictement papales. Cependant, l’on donnait une certaine place à la créativité, surtout dans<br />

le domaine de la musique et de la littérature : typiques en cette époque sont les « académies » liées à<br />

tant d’évènements, par une ample production de lyriques dans les langues vivantes (italien, français)<br />

et mortes (latin, grecque), en des mesures les plus variées, et par l’apprentissage et l’exécution de<br />

musiques et motets. Mais la rigidité de fond était corrigée non seulement par l’énergie des jeunes et<br />

par la nature joviale des gens parmiens, mais aussi par le présence de personnalités qui savaient<br />

interpréter avec bon sens les indications transmises. L’évêque Villa, beaucoup présent dans le<br />

séminaire, était tant culturellement fermé que généreux dans le service aux pauvres ; et il devait être<br />

un homme affectueux, dans les limites de la mentalité de l’époque : juste le petit <strong>Guido</strong> était parmi<br />

ceux que ce prélat de Vicenza suivait avec attention, en considération aussi de sa santé fragile. Mais<br />

surtout Ferrari, sans jamais manquer aux orientations de la tradition et à la mentalité intransigeante<br />

en politique, vivait son rôle avec cordialité et indulgence. Dans l’homélie à l’occasion du décès de<br />

son ancien recteur, qui, après avoir traversé les épiscopats de Guastalla et Como, avait guidé<br />

l’archidiocèse de Milan de 1894 au 1921, <strong>Conforti</strong> évoquera le charme de la <strong>com</strong>munication de<br />

Ferrari en tant qu’enseignant, son style éducatif et sa capacité de travail.<br />

Le clerc <strong>Conforti</strong> semble s’insérer dans ce monde sans problèmes remarquables, et avec de<br />

bons résultats : par exemple, dans la cinquième année de gymnase il fut le seul de sa classe à obtenir<br />

l’évaluation optime tant dans les écrits que dans l’oral, et lors de sa deuxième année de théologie<br />

(1884-1885) il reçut « éloge distingué » par le corps enseignant à l’unanimité. Les co-écoliers en<br />

rappellent l’esprit de piété et l’application dans les études. Les exercices scolaires et ceux de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 20 – G.M. <strong>Conforti</strong>


prédication, les <strong>com</strong>positions à l’occasion des académies ou d’autres évènements similaires,<br />

recueillies par Teodori dans le sixième volume [que nous continuons de citer], ne montrent aucune<br />

originalité particulière, mais une bonne profondeur spirituelle et un art consommé en littérature et<br />

rhétorique : si d’une part la littérature italienne sera la discipline qu’il enseignera les premières<br />

années de son ministère, d’autre part l’empreinte rhétorique classique sera toujours constante dans<br />

son homilétique et dans sa production pastorale.<br />

Déjà exemplaire dans ses manières et dans ses <strong>com</strong>portements, au point d’être considéré un<br />

élève modèle, <strong>Conforti</strong> montre, bien que dans une constante répression de ses émotions, la<br />

recherche de l’amitié, au sens le plus limpide et serein du terme. Fort significative est sa lettre en<br />

octobre 1886 à Giuseppe Venturini, un jeune presque du même âge. Le style est spontané et sincère,<br />

et nous prenons connaissance d’une « promenade en vélocipède a deux roues » faite par les deux<br />

séminaristes : ce moyen mécanique, qui représentait une nouveauté absolue à l’époque, sera bientôt<br />

totalement interdit au clergé d’Italie toute entière.<br />

PROBLEMES DE SANTE ET ORDINATION SACERDOTALE<br />

Ce fut tout juste le réseau d’amis séminaristes à aider <strong>Conforti</strong> à faire face à une crise qui<br />

aurait pu changer le parcours de son existence. Probablement à partir des années du lycée (1881) et<br />

certainement à partir du 1883, <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>mença à ressentir les symptômes d’un état pathologique<br />

difficile à définir. Ici, réunies en synthèse, certaines expressions dérivées surtout des témoignages<br />

relatives au procès de canonisation. L’abbé Picinotti parle de « crises d’épilepsie et de<br />

somnambulisme » et il dit :<br />

J’étais présent lors d’une des crises qui survinrent pendant les vacances à Carignano et<br />

qui eu la durée de 24 heures. Je trouva le serviteur de Dieu déjà par terre, habillé, sans<br />

la soutane, à la levée à six heures du matin et il ne se reprit que le lendemain à la même<br />

heure. Pendant les crises, il ne souffrait de graves convulsions, mais il restait <strong>com</strong>me<br />

dans un état cataleptique.<br />

L’Abbé Giuseppe Venturini, l’ami plus haut mentionné, déplace à une date ultérieure ces crises, et<br />

il les décrit ainsi :<br />

Vers la fin des études [<strong>Conforti</strong>] fut victime, pendant environs deux ans, de convulsions<br />

épileptiques, qui le frappaient, certaines fois, jusqu’à deux fois par jour, alors que,<br />

dans d’autres moments, elles pouvaient s’espacer deux ou trois jours l’une de l’autre.<br />

Par contre, la brève mention d’Angelo Calzolari semble contredire les souvenirs de Pacinotti e de<br />

Venturini, puisqu’il parle de « rares dérangements et aussi des convulsions ; mais il faut rappeler<br />

que Calzolari rapporte les souvenirs de <strong>Conforti</strong> lui-même. Enfin, nous présentons le témoignage de<br />

l’ami et <strong>com</strong>pagnon de séminaire l’abbé Giuseppe Parma :<br />

J’ai vu Mgr <strong>Conforti</strong> toujours frêle et maladif, notamment lorsqu’il était séminariste.<br />

Il s’agissait alors de souffrances vraiment graves, du fait qu’il était d’ailleurs soumis à<br />

de convulsions avec étirement des nerfs, au point que plusieurs fois nous craignions<br />

qu’il ne suc<strong>com</strong>be au mal. Pendant l’hiver, très souvent il en était frappé et parfois<br />

aussi à l’improviste, au temps de l’office de la Vierge ou au moment de la Lecture<br />

Spirituelle. J’ai dit que plus souvent cela arrivait d’hiver, mais parfois en été aussi. Je<br />

me souviens qu’une fois à Carignano il fut saisi au matin, alors qu’il se levait, vers cinq<br />

heures ; et il ne se reprit que vers minuit. Etaient fréquents en lui ces maux de tête, ces<br />

crampes, cet abasourdissement qui sont des signes antécédents ou effets du mal<br />

souffert, et ceci était toujours suivi d’un affaiblissement impressionnant et de pâleur.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 21 – G.M. <strong>Conforti</strong>


La biographie de Bonardi, qui fut le premier à avoir la possibilité de recueillir les<br />

témoignages directs de ceux qui avaient grandi au séminaire avec <strong>Conforti</strong>, rapporte l’une de ces<br />

crises de somnambulisme, largement confirmée par d’autres témoins :<br />

L’un des phénomènes les plus observés est celui de la lecture les yeux fermés et à<br />

lumière éteinte. Pendant les crises, tout en n’en ayant pas le souvenir, il répondait<br />

convenablement et il soutenait de longues conversations. A Carignano, pendant une<br />

crise, un prêtre, qui était là pour remplacer le Chanoine Ferrari en retraite temporaire<br />

dans son village natal Lalatta, selon les conseils du Doct. Faelli, pour le taquiner il prit<br />

à critiquer les Jésuites et à exalter Pombal, homme de grandes vues – disait-il – qui<br />

avait <strong>com</strong>pris leur méchanceté et qui avait mené contre eux une guerre avec de bons<br />

résultats. Il riposta sur le champ en rappelant l’Histoire Ecclésiastique de Salzano.<br />

- Mais vous, vous fiez-vous de Salzano . Celui-là est un ménestrel.<br />

- Qu’est-ce que vous dites-là. Les faits sont des faits, et c’est la documentation ce qui<br />

<strong>com</strong>pte.<br />

Et en disant cela, il se lève du lit, va à l’étagère des livres, monte sur un tabouret et<br />

prend le livre de Salzano et, en disant la page, il l’ouvre.<br />

- Petit monsieur, savez-vous lire <br />

- Je suis un peu myope, je ne vois pas trop bien (il y avait une obscurité totale).<br />

- Je n’ai jamais su que vous étiez myope. Alors je vais lire moi-même.<br />

Et il lut de suite plusieurs pages. L’on a remarqué que, pendant les lectures qu’il faisait<br />

le jour, il lisait toujours les yeux fermés.<br />

Le diagnose des docteurs qui avaient suivi <strong>Conforti</strong>, notamment le docteur du séminaire<br />

Narciso Faelli et le docteur Luigi Gambara, qui soigna <strong>Conforti</strong> quand il était adulte, parlent de<br />

« crises nerveuses épileptiformes », dues non pas à « névrose épileptique héréditaire ou acquise »<br />

mais à « hypersensibilité du système nerveux ». Faelli liait ces crises au « développement trop<br />

précoce : en effet [<strong>Conforti</strong>] à 14-15 ans avait déjà une taille d’adulte »<br />

Crises épileptiques ou épileptiformes… : même une personne peu experte en médicine<br />

avertit sous ces expressions l’incertitude du diagnostic, avec de vagues réminiscences<br />

manzoniennes. De la documentation semblent surgir deux types de phénomènes : pertes de<br />

conscience prolongées, parait-il sans de vraies convulsions mais avec les membres raides ou un<br />

mouvement léger ; et des formes de somnambulisme ; un seul témoignage parle de crises<br />

fréquentes, aussi plusieurs fois par jour.<br />

Il semble utile anticiper ici d’autres données sur la santé physique de <strong>Conforti</strong>, qui<br />

probablement permettent d’achever le cadre d’une structure psycho-physique qui va conditionner<br />

beaucoup le futur évêque et fondateur des xavériens. L’on a déjà fait allusion à un accident au<br />

temps de l’enfance, une chute d’un arbre qui avait entrainé un évanouissement plutôt prolongé et<br />

peut-être un traumatisme crânien. Une constante était plutôt la prédisposition à des pathologies<br />

respiratoires. En hiver 1890-1891, en écrivant à sa mère, <strong>Conforti</strong> donne des informations sur sa<br />

maladie pulmonaire et parle d’une « troisième » rechute. Malheureusement nous ne savons pas à<br />

quelle époque situer la première. A Ravenna, en relation au moment où (l’on est en été 1903) en<br />

<strong>Conforti</strong> apparaît le phénomène de violents vomissements de sang, à l’instant l’on fait référence « à<br />

la faiblesse des bronches ». Evidemment ce type de fragilité, devenait non seulement une<br />

hypothèque ennuyante pour celui qui devait utiliser fréquemment la voix et sans microphone que ce<br />

soit, mais faisait aussi penser aussitôt à la tant redouté tuberculose pulmonaire. Dans la perspective,<br />

qui in<strong>com</strong>bait sur tous les séminaristes de l’époque, de prêter le service militaire, <strong>Conforti</strong> avança la<br />

demande du soi-disant « volontariat d’un an », qui était l’une des formes d’ « adoucissement » de la<br />

bête noire de la caserne, utilisé par les clercs de fin XIX siècle et début XX siècle : mais il fut<br />

réformé pour déficience thoracique. Déjà adulte, <strong>Conforti</strong> cherchera du soulagement par des cures<br />

<strong>Manfredi</strong> - 22 – G.M. <strong>Conforti</strong>


thermales à Vetrolo di Levico et Rabbi au Trentino, et aussi à Recoaro en Veneto. D’autres<br />

symptômes qui sont identifiés de temps à autre sont : des problèmes d’estomac et d’insomnie.<br />

Même en partant des seules descriptions faites par les <strong>com</strong>pagnons du séminaire, l’on peut<br />

dire que <strong>Conforti</strong> était probablement malade d’épilepsie. Il s’agit de la forme appelée « épilepsie du<br />

haut mal », qui se manifeste d’habitude pendant la période de l’adolescence et qui dans la plupart<br />

des cas disparaît définitivement à l’ac<strong>com</strong>plissement du procès de croissance. Donc, au de là de la<br />

prudence manifestée par les médecins de ce temps-là, <strong>Conforti</strong> était un épileptique. Nous n’avons<br />

pas de nouvelles concernant les gens de sa famille qui aient souffert dans l’adolescence de la même<br />

pathologie, et il serait intéressant de savoir si de fait il y en avait des traces, puisque souvent<br />

l’épilepsie est liée à l’hérédité. En outre, que ces crises aient des liaisons avec des tensions au<br />

niveau psychologique, il est difficile de le dire.<br />

Le fait est que ces crises « épileptiformes » ont été la raison du renvoi de l’ordination<br />

sacerdotale, et raison légitime, car l’épilepsie était un empêchement traditionnel et presque<br />

infranchissable pour accéder aux ordres sacrés. Après avoir reçu les ordres mineurs en septembre<br />

1883, le clerc <strong>Conforti</strong> regarda ses <strong>com</strong>pagnons de cours admis successivement au sous-diaconat,<br />

au diaconat et à l’ordination sacerdotale, alors que sa position restait bloquée par les incertitudes des<br />

supérieurs. Cependant il semble que le doute sur admissibilité de <strong>Conforti</strong> au sacerdoce était de<br />

l’évêque Miotti, successeur de Villa en 1882. Par contre, celui qui ne semblait jamais douter de la<br />

vocation de <strong>Conforti</strong> était son recteur, Andrea Ferrari. Des signes évidents de cette sorte d’intuition<br />

sont : avoir appelé <strong>Conforti</strong>, déjà signé par ces attaques mystérieuses, à la responsabilité de vicedoyen<br />

et ensuite de doyen d’un dortoir ; la décision de Miotti, mais assurément sur demande du<br />

recteur, de garder au séminaire <strong>Conforti</strong>, qui en été 1887 avait achevé les études mais était encore<br />

« mineuriste », <strong>com</strong>me alors se disait, dans le sens qu’il avait reçu les seuls ordres mineures, et en<br />

lui confiant la charge d’enseignant de la première année de gymnase et la tâche de vice-recteur ; et<br />

une série de lettres du 1886, qui nous ont été gardées, dans lesquelles le même Ferrari encourage<br />

<strong>Conforti</strong>.<br />

Les crises s’espacèrent avant 1888, jusqu’à ne plus apparaître, <strong>com</strong>me d’ailleurs aujourd’hui<br />

semble établi qu’il arrive dans beaucoup de cas à la fin de la phase de la puberté. <strong>Conforti</strong> attribua<br />

la guérison à une grâce demandée à la Mère de Dieu, et à l’intercession d’Anna <strong>Maria</strong> Adorni,<br />

fondatrice à Parma d’une Congrégation religieuse féminine engagée dans le domaine de la charité et<br />

de l’assistance. En peu de mois, entre le printemps et l’été 1888, <strong>Conforti</strong> fut promu aux ordres<br />

majeurs, et il fut ordonné prêtre le 22 septembre de cette année-là. Le rapport de confiance et de<br />

soutient qui s’était formé avec Andrea Ferrari, notamment au long des années obscures de la<br />

maladie, restèrent intacts ensuite pour toute l’existence des deux ecclésiastiques, et cela fut<br />

probablement l’issue la plus durable de la mystérieuse pathologie, à part, je pense, une crainte<br />

profonde de la faiblesse de sa propre santé qui marqua la psychologie de <strong>Conforti</strong>.<br />

LA FORMATION SPIRITUELLE<br />

Avant d’examiner les notes spirituelles du clerc <strong>Conforti</strong>, il peut être utile de retrouver ses sources<br />

d’inspiration dans les livres de méditation qu’il a utilisés pendant les années du séminaire. Quelque<br />

témoignage nous offre un peu de nouvelles. Deux ouvrages qu’il a fréquentés sont les classiques<br />

d’Alfonso <strong>Maria</strong> De’ Liguori : la Pratica di amare Gesù Cristo et les Glorie di <strong>Maria</strong>. Son premier<br />

biographe mentionne le livre de Ralese sur le Sacré Cœur qui dans un témoignage devient le<br />

« Relife » et qui enfin, grâce à un autre témoignage, celui de l’abbé Ettore Savazzini, devient<br />

« Callifet ». En réalité, il s’agit de l’œuvre De l’excellence de la dévotion au Cœur adorable de<br />

Jésus Christ du jésuite du XVII-XVIII siècle Joseph de Galliffet. Enfin l’on fait référence à une<br />

« vie de saint François Xavier » qui semble être celle de Giuseppe Massei, ayant des tableaux<br />

illustrés. Pour l’instant nous n’avons d’autres références qui se situent dans les années du séminaire.<br />

Ses résolutions, qu’ensuite nous allons citer analytiquement, font allusion, pour l’an 1884, au<br />

Xempis, au livre de large diffusion Imitazione di Cristo, souvent attribué à Tommaso de Kempis.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 23 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Ce n’est pas beaucoup, mais quant même ce n’est pas néant. Bien sûr, si les témoins,<br />

Bonardi en particulier, collaborateur de <strong>Conforti</strong> pour des années, rappellent ces livres, il est fort<br />

probable qu’ils aient à l’esprit une allusion, une référence personnelle reçue de <strong>Conforti</strong>. Donc,<br />

nous pouvons hypotiser que ceux-ci soient des textes « chers » à notre homme. Sans doute il en aura<br />

lu d’autres aussi, <strong>com</strong>me il était habituel alors dans les séminaires, dans les pratiques de la<br />

« méditation » matinale et de la « lecture spirituelle ». Mais, alors tout <strong>com</strong>me aujourd’hui, il<br />

s’agissait surtout de textes « de consommation », petits traités de dévotion utiles mais pas immortels<br />

ou, du moins, pas si bien rappelés par celui qui les a utilisés. Ce qui nous est transmis, sous le nom<br />

de De’ Liguori, par l’apport de la dévotion au Sacré Cœur et de l’hagiographie jésuite, par<br />

l’Imitazione, nous offre un trajet spirituel répandu dans les séminaires de l’époque, solide et<br />

traditionnel, fortement christocentrique, attentif aussi à l’aspect affectif et pas seulement à l’ascèse,<br />

ayant une veine missionnaire grâce à Xavier mais aussi à De’ Liguori.<br />

Une fois réuni ce peu d’information sur les sources « écrites », ou plutôt imprimées, de la<br />

spiritualité du jeune <strong>Conforti</strong>, nous ne pouvons pas oublier que la physionomie intérieur d’un jeune<br />

homme est modelée pas seulement par les lectures mais aussi, et sous certains aspects surtout, par la<br />

prédication orale, très fréquente au séminaire, et par l’ac<strong>com</strong>pagnement du « père spirituel ». C et t e<br />

figure, avec celle du recteur, est assurément l’origine de la plupart des traces imprimées dans le<br />

profil spirituel des jeunes séminaristes. Malheureusement, il est toujours plutôt difficile que de cette<br />

œuvre presque quotidienne il reste une trace documentaire. Avec le recteur Ferrari, qu’auparavant<br />

nous avons essayé de décrire de façon synthétique, dans les années du séminaire furent directeurs<br />

spirituels du « grand séminaire » le jésuite Labadini du 1879 au 1881, l’abbé Giovanni Orsini (au<br />

moins du 1884 au 1886), ensuite l’abbé Francesco Musetti (pour une seule année, en 1886-1887), et<br />

encore l’abbé Francesco Grassi (1887-1891). A ce moment il nous est impossible de cueillir des<br />

nuances particulières de la spiritualité de ces figures de pères spirituels.<br />

Un autre moment déterminant pour le surgissement et l’établissement d’un profil spirituel<br />

personnel est le temps des exercices spirituels. Dans ce cadre se situent les « résolutions juvéniles »<br />

recueillies déjà par Teodori dans le sixième volume de ses sources confortiennes. Il s’agit de textes<br />

de résolutions rédigées normalement par de courtes phrases au futur (« je ferai », j’éviterai »),<br />

organisées en des listes et souvent écrites sur de petites feuilles de papier ou sur de petits cortons à<br />

garder dans le bréviaire ou dans le livre de prière le plus utilisé. C’est un genre littéraire bien connu<br />

(peut-être peu étudié), pratiqué encore aujourd’hui. Dans le clou des exercices spirituels l’on est<br />

invité à recueillir de façon synthétique les engagements, à revoir au long de l’année, par une<br />

certaine régularité (chaque semaine, ou bien dans la récollection mensuelle), afin de mesurer le<br />

parcours ac<strong>com</strong>pli et les lacunes ou difficultés à dépasser encore. La méthodologie qui est à la base<br />

de cette pratique est plutôt élémentaire et efficace, car elle permet en effet de faire une sorte de<br />

« stabilisation » des intuitions et des objectifs. L’expérience montre que la méthode de la liste des<br />

résolutions, probablement fort répandue, était assurément proposée notamment par les prédicateurs<br />

jésuites, selon un style pas codifié, mais, croyons-nous, transmis oralement par ceux qui étaient<br />

entraînés aux « exercices » de saint Ignace de Loyola. Et jésuites étaient souvent les prédicateurs de<br />

ces semaines de formation spirituelle intense.<br />

La <strong>com</strong>paraison entre ces premiers écrits personnels de <strong>Conforti</strong> et d’autres textes utilisés<br />

par lui au temps de la formation nous permet d’identifier certaines articulations et traits de son<br />

profil intérieur, et aussi d’indiquer des germes intérieurs vitaux qui vont se développer dans la suite<br />

de son histoire personnelle.<br />

L’ensemble des directives que le jeune séminariste donne à son engagement de croissance<br />

spirituelle semble ne pas avoir des traits originaux, <strong>com</strong>me il est obvie que ce soit dans un âge et<br />

dans un parcours à apprécier plus pour les élans d’enthousiasme et de poésie que seulement<br />

l’expérience de vie peut offrir pour faire des choix. Voilà quelques-unes des articulations plus haut<br />

mentionnées : l’acquisition de la régularité dans la vie de prière ; l’identification des « points<br />

faibles » de sa propre structure et l’application ascétique de les contrecarrer par la norme célèbre de<br />

agere contra et par une particulière attention au domaine affectif, sans hésiter d’utiliser les<br />

<strong>Manfredi</strong> - 24 – G.M. <strong>Conforti</strong>


instruments traditionnels de la pénitence, corporelle aussi. Il s’agit d’engagements typiques du<br />

chemin spirituel dictés par saint Ignace. Par ci par là l’on remarque l’absorption de certaines<br />

lectures alphonsines, telles que : l’insistance sur la <strong>com</strong>munion spirituelle proposée par Liguori à<br />

l’occasion de la réception fréquente de l’eucharistie ; la lecture constante de textes spirituels<br />

mariales, que <strong>Conforti</strong> appelait « quelques livres qui parlent de ses gloires », pratique qui devait<br />

aboutir dans l’engagement de parler « de Marie avec quelque copain » ; la préférence donnée à<br />

l’obéissance plutôt qu’à la mortification corporelle, qu’il exprimait par ces termes : « Il est plus<br />

agréé de Dieu une action humble mais informée par l’esprit d’obéissance que d’âpres et dures<br />

pénitences guidées par sa propre volonté ».Sont relativement peu les allusions à la <strong>com</strong>munion<br />

fréquente, beaucoup requise par Liguori : il en parle seulement pour donner une norme à la<br />

préparation ; il semble que, lorsqu’il était séminariste, <strong>Conforti</strong> recevait la <strong>com</strong>munion tous les<br />

vendredis, en relation à la dévotion du Cœur Sacré de Jésus.<br />

Le p. Ermanno Ferro a déjà souligné, dans son <strong>com</strong>mentaire synthétique aux résolutions,<br />

deux traits qui vont devenir constants dans la biographie de <strong>Conforti</strong> : l’attitude de douceur<br />

recherchée dans ses relations avec le prochain et les premières allusions à une profonde vocation<br />

concernant le salut des « infidèles ». Donc, déjà en 1883, un peu au-delà de l’âge de dix-huit ans,<br />

<strong>Conforti</strong> s’engage ainsi : « Je serai jovial et gai avec tous, j’aurai charité et empressement en toute<br />

chose ; mais je vais bien me garder des futilités et des dissipations » ; résolution qui ensuite va<br />

revenir et va se développer encore. La manière gentille et douce des rapports humains sera typique<br />

de <strong>Conforti</strong>, qui avait quant même à faire avec un tempérament « irascible », au moins <strong>com</strong>me on le<br />

voit dans ses résolutions. Cela aussi pouvait être un engagement provenant des lectures alphonsines,<br />

mais bien sûr cela n’est pas exclusif du prédicateur napolitain : on pourrait le qualifier d’une sorte<br />

de style « salésien » (en référence, évidemment, à saint François de Sales) répandu dans le modèle<br />

presbytéral de l’époque. A l’âge de dix-neuf ans, <strong>Conforti</strong>, en choisissant ses « dévotions<br />

principales », outre le Très Saint Sacrement, le Sacré Cœur, l’Immaculée – indications déjà<br />

significatives d’une empreinte ultramontaine – cite aussi « S. Giuseppe, l’Angelo Cust[ode], S.<br />

Luigi Gonz[aga], S. <strong>Guido</strong>, il B. Giovanni Berghamans [sic], il Xaverio ». Luigi Gonzaga et<br />

Giovanni Berchmans sont les modèles typiques des séminaristes de l’époque, et les deux sont des<br />

jésuites. Jésuite est aussi Francesco Saverio : et ici émerge probablement la lecture hagiographique<br />

qui a laissé une trace profonde dans le projet de vie du jeune clerc. Revient régulièrement la prière,<br />

située le dimanche, « à la T.S. Trinité pour tous les hérétiques et infidèles ».<br />

La vie quotidienne du séminariste devient un milieu de croissance spirituelle non seulement<br />

dans le temps consacré à la prière et à l’engagement ascétique, mais aussi dans l’étude, par un<br />

parcours qui va s’affiner au fil du temps. On peut rester étonné, par contre, par l’absence totale de<br />

références à la situation de sa propre santé et aux peines subies. Néanmoins, tout juste dès le 1883,<br />

l’année des premières résolutions écrites, apparaissent les formes d’évanouissements et de<br />

somnambulisme plus haut indiquées : mais il n’y a aucune mention, même <strong>com</strong>me situations à offrir<br />

à Dieu d’une manière quelconque.<br />

De façon synthétique, nous pouvons identifier dans le jeune <strong>Conforti</strong> une physionomie<br />

spirituelle très classique et solide, typique des séminaires du XIX siècle. A l’engagement ascétique<br />

attentif et parfois scrupuleux se rattache une dévotion plus affective, nourrie du Cœur Sacré, de la<br />

figure de Marie, du style alphonsien d’ « aimer Jésus Christ ». L’eucharistie est encore très adorée,<br />

mais relativement peu reçue, bien qu’ayant fait des pas en avant par l’antijansénisme de l’époque.<br />

Lectures et exercices spirituels confèrent l’habitude d’une méditation régulière, d’une vérification<br />

constante par les « examens » quotidiens, hebdomadaires et mensuels. Alfonso De’ Liguori luimême<br />

établit ses traités <strong>com</strong>me des « exercices » très bien structurés. Le sens de Dieu est lu par les<br />

catégories de la « gloire » et de l’amour. Le rapport avec les confrères est marqué par la douceur et<br />

la bienveillance, presque une noblesse spirituelle modérée. L’exigence de Muratori d’une<br />

« dévotion bien réglée » est intégrée par le sens de la mesure, mais dépassée par une connotation<br />

moins intellectuelle et plus affective. Probablement les plus profondes exigences spirituelles et<br />

psychologiques de <strong>Conforti</strong> trouvaient dans cette proposition une ample satisfaction, tout en<br />

<strong>Manfredi</strong> - 25 – G.M. <strong>Conforti</strong>


conférant une empreinte un peu rigide et retenue dans le <strong>com</strong>portement extérieur, ou celle-ci est<br />

l’impression qu’en déduit un lecteur du XXI siècle. Le jeune séminariste probablement n’avait<br />

besoin de rien d’autre pour grandir et développer les intuitions personnelles, sinon d’une base solide<br />

ayant une assurance garantie. Si l’on peut avancer l’hypothèse que l’absence des résolutions de<br />

références à son propre état de santé soit le symptôme d’une sorte d’écartement, non pas<br />

psychologique tout à fait explicable, il ne fait aucun doute que cette structure spirituelle ait aidé<br />

<strong>Conforti</strong> à continuer son chemin, en dépit (ou par le truchement) de la crise psychophysique de sa<br />

première jeunesse, et à projeter un dessin qui allait bien au de là des murs du séminaire et des bords<br />

déjà amples du diocèse de Parma.<br />

L’INTUITION MISSIONNAIRE<br />

Dans une lettre à son ami l’abbé Giuseppe Venturini, avec lequel <strong>Conforti</strong> entretint une<br />

correspondance plutôt fréquente au long des premières années de prêtrise, l’on trouve un premier<br />

signe documenté concernant un projet d’ample envergure : « Les dessins que depuis longtemps je<br />

caresse ». Nous sommes en septembre 1889, un an exact après l’ordination sacerdotale. Il s’agit,<br />

<strong>com</strong>me il est évident du contexte et de bon nombre d’allusions dans cette période, de l’idée<br />

missionnaire.<br />

Quand et <strong>com</strong>ment <strong>Conforti</strong> a-t-il perçu son intuition missionnaire Bonardi, collaborateur<br />

direct de son fondateur pour plusieurs ans, peut-être à partir de souvenirs et de conversations<br />

recueillies de première main, situe la fascination des missions dans la troisième année de gymnase,<br />

donc autour du 1878-1879, à l’occasion de la lecture de la biographie illustrée de Saverio. Un autre<br />

témoignage lie l’intuition missionnaire à une visite à l’Institut de San Calogero °à Milano :<br />

Je me souviens qu’une fois il me confiait toute l’émotion qu’il avait éprouvée lors d’une<br />

visite qu’il avait fait pour la toute première fois à l’Institut des Missions de S. Calogero<br />

à Milano, où, en lisant dans la chapelle les noms des missionnaires de ce Séminaire-là<br />

qui s’étaient sacrifiés dans les terre des infidèles, il dit qu’il éprouva un tel désir de se<br />

faire missionnaire qu’il aurait plutôt renoncé à tout, afin de seconder cette vocation si<br />

ardente.<br />

Il est impossible de situer dans le temps cette visite à San Calogero, et il semble difficile<br />

qu’elle se soit réalisée avant ou simultanément à l’expérience de la lecture de la biographie de<br />

Saverio. Qui a expérience de ces intuitions qui marquent une vie sait bien qu’il s’agit de moments<br />

naturels, ou, pour utiliser un terme de l’esthétique de Jacques Maritain, d’ « intuitions créatives » à<br />

la fois simples et bourgeonnantes, chargées d’attentes et d’utopies, susceptibles de canaliser<br />

énergies personnelles intenses, mais aussi de naître, disparaître, réapparaître <strong>com</strong>me des fleuves<br />

karstiques qui remontent à la surface grâce aux stimulations les plus variées et occasionnelles. Ce<br />

qui est sûr est que la figure de Francesco Saverio ac<strong>com</strong>pagnera toujours <strong>Conforti</strong> dans la<br />

réalisation de son projet, et aussi que l’institution qui naîtra à Parma aura de remarquables points<br />

<strong>com</strong>muns, au moins au début, avec le séminaire lombard pour les prêtres qui voulaient se dévouer à<br />

la mission ad gentes, quitte à se diversifier ensuite dans l’évolution suivante de ces deux réalités.<br />

Donc, un amour d’adolescent pour la vie missionnaire, <strong>com</strong>me il pouvait se déclencher dans<br />

un pourcentage plutôt élevé d’étudiants des séminaires du XIX siècle, où grandissait la diffusion<br />

d’une littérature missionnaire-aventuriste, expression de l’élan populaire dans l’église catholique<br />

européenne en appui des missions étrangères. Mais le clerc <strong>Conforti</strong> semble ne pas s’arrêter aux<br />

rêves et aux fantaisies d’exploits dans la jungle et parmi les tigres.<br />

Les biographes témoignent de deux tentatives de contact avec des instituts religieux à<br />

caractère aussi missionnaire : les jésuites et les salésiens de don Bosco. Le premier cas confirme<br />

que l’intuition originaire émergeait à nouveau dans des occasions particulièrement propices :<br />

pendant un cours d’exercices spirituels, en IV ou V gymnase – les années 1879-1881 – <strong>Conforti</strong><br />

<strong>Manfredi</strong> - 26 – G.M. <strong>Conforti</strong>


interrogea le prédicateur jésuite sur la possibilité d’entrer dans la Compagnie pour se dévouer aux<br />

missions parmi les non chrétiens, et la réponse, d’abord du père prédicateur et ensuite, semble-t-il<br />

par écrit, du provincial, fut que la Compagnie n’acceptait pas de demandes liées à une affectation<br />

ministérielle précise. Au début du 1885, âgé de vingt ans et en pleine période de crise à cause de la<br />

situation de sa santé, <strong>Conforti</strong> écrivit à don Giovanni Bosco, en annexant une offrande, en<br />

demandant des prières pour sa vocation et en se proposant pour une mission salésienne ouverte<br />

depuis dix ans. Peut-être la lettre n’était pas trop claire ou le turinais trop occupé pour faire son<br />

courrier, le fait est que le « préfet de sacristie » du Sanctuaire de l’Auxiliatrice près de l’oratoire de<br />

Valdocco en Torino, au nom de son fondateur, remercia pour l’offrande mais il ne fit aucune<br />

allusion à une éventuelle entrée de <strong>Conforti</strong> parmi les salésiens.<br />

Le fleuve karstique de l’intuition missionnaire, en effet, n’est pas documenté pour les années<br />

qui vont de 1881 en avant : années qui correspondent à la longue période de la maladie de <strong>Conforti</strong> ;<br />

exceptée la tentative avec les salésiens. Probablement le clerc est pris par la situation précaire de<br />

son chemin vers le sacerdoce, et au niveau émotionnel il ne peut supporter une perspective encore<br />

plus haute face à celle, pour lui déjà difficile, de la réalisation de l’ordination sacerdotale. Ou bien il<br />

doit accepter, au niveau rationnel, qu’une personne ayant une santé précaire ne pourra jamais être<br />

admise à une aventure qui, à l’époque, exigeait une condition psychophysique très robuste. Au<br />

contraire, l’expérience même de la mystérieuse maladie pourrait avoir donné au jeune clerc le motif<br />

de relire sa propre vocation missionnaire <strong>com</strong>me un engagement de former et envoyer d’autres dans<br />

les terres « infidèles », dans une sorte de <strong>com</strong>pensation spirituelle due au renoncement forcé au rêve<br />

de partir lui-même pour des pays lointains. Il s’agit, <strong>com</strong>me on le voit bien, de conjectures, à la<br />

lumière de l’évolution suivante du personnage.<br />

Mais, au moment où se débloque la situation critique de la suspension du parcours vers le<br />

sacerdoce, réapparaît l’intuition missionnaire, désormais consolidée, donc non plus une velléité<br />

adolescentine d’aventures exotiques. Dès la lettre à Venturini déjà évoquée de septembre 1889, l’on<br />

peut <strong>com</strong>pter au moins huit références aux « desseins courtisés » dans les deux ans et demie<br />

environs, en grande partie présents dans des lettres et des notes à l’ami prêtre qui devient, dans un<br />

certain sens, le confident du jeune vice-recteur. L’on pourrait même hypotiser que juste dans cette<br />

période, plus sereine soit au niveau physique soit dans les relations humaines, l’intuition créative se<br />

transforme en véritable projet, et probablement dans ce contexte pourrait être situé le contact avec le<br />

séminaire de San Calogero dont nous avons la nouvelle par le témoignage de l’abbé Varesi plus<br />

haut signalé. Plusieurs éléments confluaient dans la direction d’une définition plus concrète de<br />

l’idéal : le choix d’accepter sa propre condition de santé <strong>com</strong>me incapable d’un rôle missionnaire<br />

direct ; l’expérience d’éducateur dans le séminaire, qui ouvrait un scénario possible à sa propre<br />

vocation ; la perception de la consistance des biens qu’une future hérédité paternelle va rendre<br />

disponible pour la réalisation du projet. L’intensification des références à ce « projet », dans la<br />

documentation qui nous a été préservée, exprime une accélération de l’intention de <strong>Conforti</strong>,<br />

motivée par le fait qu’il voyait une possibilité concrète de réalisation.<br />

LES PREMIERES ANNEES DE SACERDOCE ET LA REALISATION DU PROJET<br />

Du point de vue du ministère dans le diocèse, l’ordination sacerdotale ne détermine pas pour<br />

l’abbé <strong>Guido</strong> un changement d’attitude. Il continue dans son service de vice-recteur dans le<br />

séminaire avec le recteur Ferrari, et continue aussi dans son enseignement aux séminaristes, du<br />

gymnase d’abord, et ensuite du lycée. Pour la célébration quotidienne semble-t-il qu’il aimait<br />

choisir fréquemment l’église de S. Lucia, « qui était une église <strong>com</strong>mode pour les professeurs du<br />

Séminaire, sans engagement auprès du Dôme ». Pour un certain temps il se rendait à la paroisse<br />

d’Antognano, à près de 6 km du centre de Parma vers le sud, pour remplacer dans le service<br />

dominical le curé déjà nommé mais pas encore installé. La collaboration avec l’ami et le maître qui<br />

l’avait soutenu au long des années difficiles de la maladie était bien sûr une garantie solide pour<br />

<strong>Manfredi</strong> - 27 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>Conforti</strong> lui-même dans ses incertitudes, et pour les supérieurs aussi, au cas, qui n’eu pas lieu, de<br />

rechute ou de crises.<br />

Selon les habitudes du cursus honorum clérical de l’époque, <strong>Conforti</strong> aurait pu passer un<br />

certain nombre d’années dans ce ministère intense, mais pas trop stressant, et méthodique, pour<br />

passer ensuite, sans aucun besoin de concours, à une paroisse de prestige et de sécurité économique<br />

ou à un canonicat de la ville. Au contraire, le jeune prêtre entame une confrontation avec ses<br />

supérieurs à l’égard de ses « desseins » missionnaires. Et il trouve la forte opposition de l’évêque<br />

Miotti :<br />

Pour ce qui concerne le dessein que je t’ai manifesté la dernière fois que tu étais à<br />

Parma, je vois bien que je ne peux réussir en rien. Sont trop fortes les oppositions qui<br />

surgiraient tout à coup, aussi de la part de ceux qui in altis habitant,<br />

écrit-il à Venturini le Noel 1889, <strong>com</strong>me l’on a rappelé. De plus, son garant, à savoir Ferrari, venait<br />

d’être choisi <strong>com</strong>me évêque de Guastalla : l’on est en juin 1890. L’œuvre de conseil et surtout de<br />

médiation avec Miotti venait à manquer pour la distance géographique et la diversité des rôles qui<br />

maintenant se créaient entre <strong>Conforti</strong> et Ferrari ; et nous savons que dans l’arc de trois ans et demi<br />

le jeune prélat de Lalatta va passer de Guastalla à Como, et enfin à l’archidiocèse de Milano. Il<br />

semble que Miotti ait demandé à <strong>Conforti</strong> de succéder à Ferrari dans la responsabilité du séminaire<br />

de la ville et, ensuite, à la direction du séminaire de montagne à Berceto. <strong>Conforti</strong> réussit à esquiver<br />

ces nominations. Plutôt, dans la première partie de 1891, donc lorsque les jeux étaient déjà faits au<br />

moins pour la succession de Ferrari, <strong>Conforti</strong> faisait allusion à sa mère autour d’un projet de vouloir<br />

concourir pour une paroisse de campagne, pour des raisons de santé et « en vue d’un autre but » qui<br />

était juste la création d’un institut pour la formation de missionnaires. Selon les biographes, la<br />

paroisse devait être celle de Beduzzo, en Val Parma, mais qui était libre en 1888, donc l’an de<br />

l’ordination de <strong>Conforti</strong>, et non pas en 1890-91. Des raisons de santé bloquent cette première<br />

tentative, mais Miotti ne semble pas contraire au choix de <strong>Conforti</strong> pour le ministère pastoral direct,<br />

et semble prévoir la paroisse collinaire de Collecchio, qui en mai 1892 voit le décès du curé l’abbé<br />

Pietro Pellegrini, dans ce siège depuis 1868.<br />

Dans l’esprit de <strong>Conforti</strong> le projet est toujours plus clair et objectivement possible : devenir<br />

curé d’une paroisse économiquement stable et située dans une position géographique favorable à<br />

l’ouverture d’un séminaire pour vocations missionnaires ; le modèle pouvait être Berceto ou<br />

quelque noviciat et école de formation de type religieux. Cette perspective est bouleversée par la<br />

décision de Miotti de nommer <strong>Conforti</strong> à la prébende canonicale « sous-diaconale » de Moletolo,<br />

instituée dans le chapitre de la cathédrale de Parma. La nomination, en avril 1892, était bien sûr<br />

prestigieuse, d’autant plus que conférée à un prêtre de 27 ans. Mais elle <strong>com</strong>portait l’obligation de<br />

la résidence, bien que, par une habitude invétérée, les chanoines de la cathédrale étaient exemptés<br />

de la plupart du service liturgique dans l’église principale de Parma, confié au soi-disant<br />

Consortium des vivants et des morts. Ainsi faisant, <strong>Conforti</strong> était canoniquement lié à la ville de<br />

Parma, et donc il aurait dû trouver éventuellement une autre solution pour ses « desseins ». En<br />

outre, l’évêque Miotti n’hésitait pas à suggérer, tout directement dans la nomination et de façon,<br />

dirions-nous, autoritaire, le champ d’action pour son zèle apostolique : « Nous sommes convaincus<br />

que cet Acte de Notre particulière bienveillance contribuera à vous inspirer les saint désir de<br />

multiplier les Elèves du Sanctuaire, de pourvoir par des institutions de façon spéciale au bien des<br />

garçons abandonnés, que d’hors et déjà vous devez considérer <strong>com</strong>me votre héritage ». Donc,<br />

chanoine en ville pour continuer à servir le séminaire, et pour investir énergies (et richesses) dans<br />

l’entretien des élèves pauvres du même séminaire et dans quelque institution « pour les garçons<br />

abandonnés » : cette deuxième requête coïncidait peut-être avec la première, ou bien pouvait se<br />

rallier, dans les projets de l’évêque, à l’effort de soutenir les fondations récentes en ville : celles des<br />

« stigmatins » (1876) et surtout celle des « salésiens » (1888). D’une ironie débonnaire, quelques<br />

jours après la nomination, <strong>Conforti</strong> écrivait ainsi à son ami l’abbé Clemente Antolini :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 28 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Chaque chose est à son temps, et l’hermine aussi, quondam très précieux, maintenant<br />

est à bon marché ; néanmoins, essaye-toi de prier le Seigneur pour moi, afin que mes<br />

pauvres desseins, objet des plus ardentes aspirations de mon cœur, et que maintenant<br />

viennent d’être un peu troublés, ne restent pas éternellement dans le domaine<br />

tranquille des idéaux.<br />

L’intuition missionnaire de <strong>Conforti</strong> semble souffrir d’une stagnation, face à la nette volonté<br />

du supérieur ecclésiastique qui canalise les énergies personnelles et les ressources financières<br />

(futures) de son jeune et promettant éducateur vers une autre finalité, bien différente des missions<br />

étrangères. L’année suivante, le 30 mars 1893, l’évêque Miotti mourait, et ce qui allait s’ensuivre<br />

était un parcours <strong>com</strong>plètement imprévisible. En printemps 1892 <strong>Conforti</strong> pouvait tout simplement<br />

imaginer une continuation presque indéfinie de son service diocésain, en éducateur au séminaire, et<br />

plus tard peut-être en fonctionnaire de la curie, dans un vie rythmée par des horaires tranquilles et<br />

toujours égales, probablement utiles pour sa santé, mais point pour ses aspirations. Son œuvre en<br />

faveur de la formation des séminaristes permiens était estimée par les élèves, qui découvraient<br />

derrière la totale fidélité aux règlements de leur vice-recteur un esprit attentif aux personnes et<br />

sensible aux perspectives spirituelles et pastorales les plus avancées concernant l’église du XIX<br />

siècle, en tout premier lieu l’idée missionnaire.<br />

La lecture des lettres écrites par <strong>Conforti</strong> ces années-ci, notamment celles pour l’abbé<br />

Giuseppe Venturini et l’abbé Clemente Antolini, révèle la personnalité du jeune prêtre et ses<br />

occupations quotidiennes : l’intéressement dans le séminaire aux évènements, joyeux et tristes, de<br />

ses élèves ; le petit monde ecclésiastique de la ville ; les polémiques entre intransigeants et libéraux,<br />

dont <strong>Conforti</strong> s’intéresse de près et dont il rapporte volontiers à son ami, économe spirituel en<br />

montagne. Mais surtout il exprime une cordialité et un esprit ironique que la discrétion innée et<br />

renforcée par le travail sur lui-même laissait luire juste en face d’amis les plus chers , ou de sa<br />

maman.<br />

Celui qui fréquente les écrits de <strong>Conforti</strong>, toujours fort mesurés dans les expressions gérés<br />

par un style toujours attentif aux normes littéraires de l’époque, est frappé par des expressions<br />

argotiques tel que « Boja d’un mond ! » et par des passages d’ironie légère et sympathique. L’on<br />

peut bien sûr avancer une hypothèse telle que la suivante : <strong>Conforti</strong> avait un esprit très serein et<br />

débonnairement ironique, mais il avait besoin de personnes assurément fiables pour exprimer cette<br />

structure de sa personnalité. Lorsqu’il se sentait tout à fait à l’aise, il exprimait ses sentiments et sa<br />

vivacité innée, alors qu’en général il avait tendance à contrôler ses expressions émotives, peut-être,<br />

non seulement à cause de l’éducation reçue, mais aussi pour une sorte de respect de son<br />

interlocuteur. Il est aussi plausible d’affirmer que <strong>Conforti</strong> ressentait la nécessité d’avoir tout près<br />

des amis desquels avoir une confiance totale. La pertinence de cette hypothèse <strong>com</strong>me clef de<br />

lecture de certains passages de la biographie confortienne va se manifester plus tard.<br />

SPIRITUALITE ET HOMILETIQUE DU JEUNE ABBE GUIDO MARIA<br />

L’on veut ici tracer, presque en forme de synthèse, certains traits de l’assimilation spirituelle<br />

et théologique du jeune <strong>Conforti</strong>, telle que sortis de ses écrits « publics », à savoir de thèses ou bien<br />

de notes rédigées pour des interventions oratoires de différents types : homélies, discours lors d’<br />

« académies », conférences. Les considérations qui seront développées concernent les discours des<br />

dernières années <strong>com</strong>me séminariste et ceux des premières années de prêtrise : en effet, la proximité<br />

chronologique et la continuité d’inspiration consentent d’avoir une vision unitaire.<br />

Tout d’abord, le « discours sur le Rosaire », que le séminariste <strong>Conforti</strong> aurait dû prononcer<br />

dans l’église paroissiale de Carignano en octobre 1886, mais que pour des raisons de santé il put<br />

utiliser seulement l’année suivante, il est riche d’éléments qui se rapportent à ce que Léon XIII était<br />

en train de publier dans ses encycliques sur le rosaire. Ces mêmes traits, à la fois culturels et<br />

<strong>Manfredi</strong> - 29 – G.M. <strong>Conforti</strong>


pastoraux, étaient sans arrêt relancés par l’évêque Miotti dans ses lettres de ces années-là. Dans<br />

l’engagement à diffuser la prière du rosaire il y avait une lecture précise du présent, bâtie à la<br />

lumière de certaines phases historiques du passé. Saint Dominique avait reçu la prière du rosaire de<br />

Marie afin qu’elle soit une arme dans la lutte contre le grand danger de l’hérésie albigeoise.<br />

Aujourd’hui, face à la nouvelle hérésie représentée par le monde moderne et par l’idéologie libérale,<br />

l’on doit reprendre cette arme, que dès Dominique en avant a permis de vaincre toutes les batailles<br />

les plus difficiles, incluse celle de Lépanto et d’autres évènement militaires. Cette vision, que l’on<br />

pourrait appeler la divulgation de la lecture léonienne de l’histoire, est un des produits de<br />

l’intransigeance du XIX siècle, et apparaît aussi dans les dissertations scolaires de type historique,<br />

<strong>com</strong>me sur Grégoire VII, l’œuvre ensuite imprimée sur Léon X et le panégyrique à saint Bernardo<br />

degli Uberti, patron de Parma. <strong>Conforti</strong> s’en est approprié de façon convaincu. L’on peut retenir que<br />

son adhésion aussi, avec son supérieur Ferrari, au Tierce ordre franciscain, puisse se lier à cette<br />

inspiration culturelle-spirituelle : rebâtissons la chrétienté à partir des grands exemples du moyenâge<br />

croyant. <strong>Conforti</strong> également se retrouve pleinement aligné à son évêque Miotti dans l’une des<br />

questions typiques de la pastorale de l’évêque de la Valtellina : la lutte contre le respect humain,<br />

surtout chez les jeunes, l’éducation à un témoignage de foi courageuse.<br />

Dans les discours pour la Semaine sainte, dont il y a trois rédactions de différente longueur<br />

et parfois aussi recouvrables, ayant la date entre 1889 et 1891, l’on peut lire aisément le mouvement<br />

spirituel d’Alfonso De’ Liguori :<br />

Fidèles chrétiens, quelle gratitude, <strong>com</strong>bien d’amour ne peut que susciter en nous la<br />

vue d’un Dieu qui, pour sauver et donner vie à ses misérables créatures, par un excès<br />

de charité infinie sacrifie lui-même dans un océan de peines et de douleurs Quel<br />

esprit ayant un sentiment de foi et de tendresse n’en tirera pas de fermes intentions de<br />

dépenser lui-même pour l’amour et le service d’une telle bonté <br />

C’est le schéma de la Pratique d’aimer Jésus Christ, d’alphonsienne mémoire. « En voyant<br />

que les hommes se font attirer par des bénéfices, par ses dons Dieu a voulu les attirer à son amour »<br />

(chap. 1 n. 3). Alphonsienne aussi, ou d’ailleurs liée à la grande prédication des missions populaires<br />

et aux Exercices ignaciens, est l’approche répétée entre un moment de la passion et certains péchés<br />

des hommes. Y résonne clairement le schéma de la fameuse « chansonnette » alphonsienne : Mon<br />

Jésus, par de dures cordes et, si on y réfléchit, aussi l’autre plus populaire Tu descends des étoiles,<br />

bien qu’à caractère de Noël. Il faut y ajouter que, surtout dans le plus ample discours sur la Passion<br />

de 1890, ne manquent pas des allusions aux clichés concernant les hébreux, qualifiés <strong>com</strong>me<br />

« déicides », mais cela était normal à l’époque.<br />

Les discours sur L’œuvre de propagation de la foi et sur la Sainte Enfance expriment, par<br />

contre, la précoce et toujours plus vivante sensibilité missionnaire du jeune <strong>Conforti</strong>. Celui sur<br />

l’œuvre de propagation de la foi fut ensuite utilisé pour une des lettres pastorales lors de la période<br />

de Ravenna. Dans ces deux discours, <strong>com</strong>me dans l’article écrit pour le centenaire de Cristoforo<br />

Colombo (1892), où, <strong>com</strong>me beaucoup dans cette période, l’on souhaitait l’ouverture du procès de<br />

béatification du navigateur de Genova, il y a des allusions au fameux binôme « foi et civilisation »,<br />

que nous allons retrouver plus tard.<br />

Un lecteur hâtif pourrait rester en partie déçu par ces quelques considérations : au fond, rien<br />

de particulièrement original apparaît en <strong>Conforti</strong>. Mais cette sereine assimilation de la tradition<br />

spirituelle et des indications pastorales de Léon XIII et de l’évêque Miotti en disent assez de<br />

<strong>Conforti</strong> : son obéissance convaincue, sa capacité de s’emparer de ce qui était sûr théologiquement<br />

et spirituellement.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 30 – G.M. <strong>Conforti</strong>


POUR UNE SYNTHESE<br />

Les années de la jeunesse de <strong>Conforti</strong> sont sans doute caractérisées par deux passages à la<br />

nature tant sérieuse qu’intense. Avant la maladie, qui semble mettre en question l’appel au<br />

sacerdoce diocésain qui quant même semblait, à <strong>Conforti</strong> et à son recteur Ferrari, fort claire, au<br />

point de résister, du moins au début, à l’opposition paternelle. Ensuite l’attitude négative de<br />

l’évêque Miotti à la réalisation d’un projet missionnaire qui a des racines anciennes dans l’esprit du<br />

jeune clerc, et qui, juste à cause de la santé fragile, avait dû subir une adaptation : de missionnaire à<br />

formateur de missionnaires.<br />

S’il est vrai que le processus de croissance personnelle se fait juste dans la tension entre<br />

désir et réalité, l’on pourrait dire que les épreuves subies par le jeune <strong>Conforti</strong> l’orientent vers une<br />

maturité précoce. Mais l’expérience enseigne qu’une distance excessive entre le désir profond et la<br />

réalité qu’on réussit à réaliser court le risque de se transformer en frustration excessive, en<br />

résignation, en une sorte de cynisme ou en d’autres conséquences psychologiques lourdes. D’autant<br />

plus dans une structure personnelle sans doute marquée par une fragilité psychophysique.<br />

C’est intéressant de recueillir l’expression de <strong>Conforti</strong>, nommée plus haut : « Le domaine<br />

serein des idéaux ». En toute lucidité le jeune de vingt-sept ans vice-recteur du séminaire sait<br />

distinguer le monde des rêves de l’engagement dans la réalisation, bien que partielle, des projets. Il<br />

ne supprime pas, <strong>com</strong>me intolérable pour son sens de faillite, le projet missionnaire, ni encor moins<br />

il l’idéalise <strong>com</strong>me une illusion inaccessible d’adolescent. <strong>Conforti</strong> reste dans le domaine des<br />

projets et des essais, en acceptant à chaque fois l’attente, l’adaptation, la suggestion. Probablement<br />

l’expérience de la traversée de la mystérieuse pathologie des années de séminaire, fin des fins<br />

positive, a offert une clé de lecture : il a dû attendre, mais enfin il a réussi.<br />

<strong>Conforti</strong> a certainement bénéficié de la proximité de personnes amies et capables de<br />

désamorcer les tensions, à partir de Ferrari. La spiritualité classique acquise et assimilée au long des<br />

années de séminaire a offert les clefs de lecture intellectuels de ces passages. Mais une sorte de<br />

vigueur intérieure, qui n’est pas rigide mais bien capable d’attente et d’adaptation, est la<br />

<strong>com</strong>posante déterminante, je crois, de la personnalité intérieure de <strong>Conforti</strong>. Et le stage humain<br />

vécu dans ces années de jeunesse sera indispensable pour dépasser les autres épreuves qui vont<br />

traverser l’existence de l’évêque fondateur des xavériens.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 31 – G.M. <strong>Conforti</strong>


DEUXIEME CHAPITRE<br />

VICAIRE GENERAL DE L’EVEQUE MAGANI<br />

PREMIERES APPROCHES AVEC MAGANI ET LEDOCHOWSKI<br />

Pendant les années 1893 et 1901 on place la fondation et l’évolution du séminaire émilien<br />

pour les missions étrangères, c’est-à-dire du projet missionnaire, <strong>com</strong>pris par intuition par <strong>Conforti</strong>.<br />

On peut dire que le partisan de cette actualisation soit le nouvel évêque de Parma, Francesco<br />

Magani. Le tournant gravait la vie de <strong>Conforti</strong>, il partira exactement de la mort de Miotti et des<br />

choix du successeur, qui seront déterminants même pour la vocation sacerdotale diocésaine de<br />

<strong>Conforti</strong><br />

Francesco Magani, prêtre du diocèse de Pavia, curé d’une importante <strong>com</strong>munauté de la<br />

ville, érudit d’un certain niveau, il fut indiqué <strong>com</strong>me candidat pour le diocèse de Parma par le<br />

cardinal Ferrari, à l’époque évêque de Como, sollicité aussi par le pape Léon XIII à avancer des<br />

propositions pour Parma à travers l’Auditeur Tancredi Fausti. Ferrari avait connu Magani à travers<br />

l’Académie de saint Tommaso érigée à Parma par l’évêque Villa, dont Magani était membre. Mais<br />

entre la nomination pontificale et l’entrée au diocèse, Magani a du attendre 18 mois, à motif du<br />

retard de la permission de l’état. Sur ce retard ont été diffusées de intéressantes légendes, version<br />

écrite des traditions orales de l’époque. En réalité Magani se trouvait avec une vingtaine<br />

d’archevêques et évêques de l’époque, lorsqu’à un certain moment, même Ferrari et surtout<br />

Domenico Svampa pour le diocèse de Bologna et Giuseppe Sarto pour Venise, <strong>com</strong>me « otage »<br />

d’un pourparler <strong>com</strong>plexe souterrain entre le gouvernement de Giovanni Giolitti et le Saint-Siège,<br />

au sujet d’une prétendu patronage d’état sur le siège patriarcal de Venise, fut le changement du<br />

gouvernement et l’arrivée de Francesco Crispi <strong>com</strong>me président du Conseil des Ministres à<br />

déterminer le déblocage de la permission de l’état, à la place d’une mesure ecclésiastique, de<br />

l’érection de la Préfecture apostolique de l’Erythrée, qui était favorable aux exigences de la<br />

politique coloniale de Crispi.<br />

Le jeune vice recteur du séminaire de Parma avait rencontré pour la première fois Magani à<br />

Como chez Mgr Ferrari, en septembre successif. On connaît cette nouvelle grâce à une lettre de<br />

<strong>Conforti</strong> à l’ami abbé Venturini le 13 septembre 1893 :<br />

« Avec une grande joie j’ai pu voir et présenter mes respects à Mgr Magani qui était venu <strong>com</strong>me<br />

un inconnu pour visiter Mgr Ferrari. Il m’a reçu avec une grande bienveillance, et cela a produit en<br />

moi une très bonne impression. Prions le Seigneur qu’il vienne vite chez nous »<br />

On ne sait rien du colloque et des contacts successifs de <strong>Conforti</strong>, de Ferrari et d’autres. Pendant<br />

cette rencontre le jeune vice recteur avait déjà lancé l’idée de son rêve Magani, quelle impression<br />

a-t-il eue de <strong>Conforti</strong> Ferrari a-t-il intercédé pour son ancien élève Et que pensait-il le chanoine<br />

Pietro Tonarelli, maintenant vicaire capitulaire depuis longtemps, qui estimait son très jeune<br />

collègue dans le chapitre de la cathédrale <br />

Nous pouvons seulement dire que le 9 novembre Tonarelli avait nommé <strong>Conforti</strong> directeur<br />

de la Pieuse œuvre de la propagation de la foi pour le diocèse, à la place du défunt chanoine<br />

Leonida Brignoli. <strong>Conforti</strong> s’était déjà engagé dans cette Pieuse œuvre surtout quand il a été nommé<br />

responsable diocésain Ferrari, après une période de fatigue de l’initiative. Tonarelli dans une<br />

certaine façon confirmait avec un caractère officiel d’idée missionnaire de <strong>Conforti</strong>. Est plus<br />

importante encore la lettre que <strong>Conforti</strong> même le 9 mars 1894 avait adressée au Cardinal Miceslao<br />

Ledochowski, responsable de la Sainte congrégation de la propagation de la foi. Dans cette lettre il<br />

avait exposé d’abord, puis finalement dans une manière achevée et consciente les événements sur sa<br />

propre vocation missionnaire:<br />

<strong>Manfredi</strong> - 32 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Depuis mon jeune âge, j’ai prouvé en moi le désir de me consacrer aux missions étrangères<br />

et puisque je n’ai pas pu réaliser ce désir au temps convenable pour des raisons qui ne<br />

dépendaient pas de ma volonté, j’ai pensé de puis des années de fonder moi-même pour la<br />

région de l’Emilia un séminaire destiné à cette sublime mission.<br />

Il présente une synthétique description de l’institut, de son but missionnaire, de sa référence à la<br />

Congrégation de la propagation de la foi, de l’engagement à donner « une règle uniforme » aux<br />

missionnaires qu’il formera et du désir de se dédier aux missions en Asie, en référence au saint<br />

patron François Xavier. Dans les indications concrètes présentées dans la lettre, on dit que les<br />

élèves, à la fin de la deuxième année du lycée, s’ils décideront, ou de devenir des prêtres séculiers<br />

ou bien de se consacrer irrévocablement aux missions, et dans le premier cas entreront au grand<br />

séminaire diocésain ; en plus, l’institut fréquentera au <strong>com</strong>mencement, pour le manque du personnel<br />

enseignent, les écoles du séminaire diocésain.<br />

C’est évident qu’avant de présenter cette proposition au responsable de Propaganda fide,<br />

<strong>Conforti</strong> devait avoir eu la permission de l’évêque qui venait d’être nommé à Parma, qu’il était<br />

<strong>com</strong>plètement d’accord sur l’intuition missionnaire de son jeune chanoine, avec une telle décision<br />

que, en effet, renversait les indications du prédécesseur du <strong>Conforti</strong>.<br />

Nous connaissons grâce à une lettre écrite à Ferrari le premier mars 1894, que <strong>Conforti</strong><br />

reçoit la nouvelle de l’approbation de Ledochowski à travers une lettre reçue grâce à Tonarelli, qui<br />

s’était rendu à Rome pour des questions concernant le gouvernement diocésain provisoire. Donc<br />

même le vicaire capitulaire approuvait les démarches faites à Propaganda fide, tandis que Ferrari,<br />

même s’il était au courant des désirs missionnaires de <strong>Conforti</strong>, fut renseigné de la nouvelle<br />

situation après l’approbation de Ledochoxski<br />

La première résidence de la fondation de <strong>Conforti</strong>, fut au Borgo del Leon d’Oro, à côté de la<br />

cathédrale et du séminaire, fut achetée entre le 24 avril et décembre 1894, datée d’une lettre<br />

successive de <strong>Conforti</strong> au responsable de Propaganda. Donc <strong>Conforti</strong> agit pendant les mois d’attente<br />

de l’entrée au diocèse de Magani, sûrement avec la totale permission de l’évêque qui venait d'être<br />

nommé et aussi du vicaire capitulaire.<br />

LA QUESTION TONARELLI.<br />

Vraiment les deux personnages qui semblent être d’accord pour approuver le projet<br />

missionnaire de <strong>Conforti</strong>, provoquent, dans leurs rapports, un tournant soudain qui sera déterminant<br />

pour la destinée ecclésiale de <strong>Conforti</strong> même.<br />

Les vicissitudes de la controverse pour l’héritage Ortalli ont été plusieurs fois racontées et<br />

discutées, et ce n’est pas le cas ici de se prolonger davantage. Les faits sont connus. Un riche et<br />

religieux propriétaire de Parma, Mattia Ortalli, un personnage important dans le mouvement<br />

catholique de la ville, en mourant en 1889, avait laissé en héritage à l’évêque Miotti un considérable<br />

patrimoine des biens, pour soutenir économiquement le diocèse en en particulier pour que soient<br />

augmentées les entrées au séminaire. En réalité les biens d’Ortalli étaient en faveur du diocèse, mais<br />

le manque d’une définitive législation sur les biens ecclésiastiques, la crainte de la confiscation de<br />

la part du gouvernement de la gauche anticléricale et l’essai pour éviter les impôts, conseillaient les<br />

églises italiennes à ce qu’on peut appeler « fraudes pieuses » un acte fictif, un héritage de confiance,<br />

etc. En ce cas, le choix était justement celui d’un héritage donné à une personne physique (l’évêque<br />

Miotti) qui devait assurer non seulement l’administration en faveur des organisations<br />

ecclésiastiques, mais aussi le passage héréditaire à d’autres personnes physiques de confiance :<br />

héritage de confiance. Miotti avait confié à Ferrari les biens de Ortalli, qui en devenant d’abord<br />

évêque de Guastalla et en suite de Como, avait remis « la confiance » à Miotti. Celui-ci avait décidé<br />

de nommer héritier de confiance des biens Ortalli, le chancelier Tonarelli, et héritier même des<br />

biens personnels de l’évêque, avec le devoir d’ac<strong>com</strong>plir toute une série des légats. En janvier 1893<br />

mourrait même le vicaire général Giuseppe Burlenghi ; en mars mourrait aussi Miotti, Tonarelli<br />

<strong>Manfredi</strong> - 33 – G.M. <strong>Conforti</strong>


devient vicaire capitulaire et la « confiance », c’est-à-dire le document qui montrait que les biens<br />

Ortalli n’étaient pas une propriété de la personne physique titulaire, mais destinés à être transmis en<br />

faveur du diocèse, on ne l’a plus trouvé, était disparu.<br />

Magani avait connu la question de l’héritage Ortelli, probablement à travers Ferrari et aussi<br />

d’autres, et il s’attendait de venir en possession des biens qui étaient destinés au diocèse. En octobre<br />

1894 Tonarelli donnait sa démission <strong>com</strong>me « délégué diocésain » Pendant ces semaines on a une<br />

série d’épisodes qui montrent la mésentente entre le nouvel évêque et Tonarelli. Magani d’ailleurs<br />

ne manquait pas d’un caractère autoritaire et surtout il montrait depuis le <strong>com</strong>mencement, d’avoir<br />

un projet bien précis sur Parma : il avait été envoyé à mettre de l’ordre dans le diocèse, pour enlever<br />

les abus du pouvoir et les désordres en chaque direction, du congrès de la musique sacrée, à<br />

l’autonomie excessive de la part des religieux.<br />

Entre octobre 1894 et janvier 1895 sont adressés les classiques recours à Rome sur la<br />

question : Magani écrivait de longues lettres au secrétaire d’état du Vatican <strong>Maria</strong>no Rampolla del<br />

Tindaro, mais aussi Tonarelli ne manquait pas des appuis dans la curie vaticane. La controverse, qui<br />

divisait en deux parties le clergé, surtout celui de la ville, et avait contribué à former une<br />

psychologie dans le vieil évêque la mentalité du <strong>com</strong>plot, s’est prolongée pendant toute la période<br />

de l’épiscopat de Magani, jusqu’en 1907 avec de successives conséquences.<br />

Au-delà de la raison ou du tort dans le siège juridique, sans oublier que ces vicissitudes ne<br />

pouvaient être présentées devant un tribunal civil, car justement, il s’agissait des « fraudes<br />

pieuses », il me semblait dans un autre lieu de pouvoir interpréter cette vicissitude et d’autres qui<br />

sont nées pendant la période de l’épiscopat de Magani, <strong>com</strong>me symptômes d’un sort d’accrochage<br />

entre deux visions de l’église diocésaine. Tonarelli représentait une structure capitulaire corporative<br />

des diocèses italiens : l’assemblage ecclésial, strictement lié à la société citadine, voit dans le<br />

chapitre le point de synthèse entre groupes, les notables, les familles aristocratiques, les ordres<br />

cléricaux et les religieux, l’évêque doit traiter avec le chapitre toutes les questions, et s’appuyer sur<br />

les notables ecclésiastiques, pour tout ce qui concerne l’administration diocésaine. Est la vision que,<br />

avec des racines profondes du moyen âge, s’incarne dans le fonctionnement capitulaire citadin des<br />

siècles XVII et XVIII en Italie <strong>com</strong>me en Allemagne et ailleurs, et que reflète en particulier la<br />

structure sociale d’une ville capitale aristocratique et cléricale <strong>com</strong>me Parma. Tandis que Magani le<br />

cultivé, ironique et agressif porte-parole d’une vision plus centralisée "épiscopocentrique" du<br />

diocèse, qui était proche de la théologie « ultramontana » Comme le pape est le souverain absolu et<br />

infaillible de l’assemblée ecclésiale, ainsi l’évêque envoyé par le pape, est le vrai centre et réalité de<br />

synthèse dans le diocèse, et selon le droit canonique est appelé à réorganiser, à enlever les abus, à<br />

faire justice des privilèges présumés parmi les puissants locaux, au nom d’un élan pastoral et<br />

reconquête de la société à la foi.<br />

En effet l’évolution culturelle et sociale de l’Italie du XIX et XX siècles, en enlevant les<br />

ressources économiques proprement aux églises collégiales, en plus que aux religieux souvent alliés<br />

aux chapitres, et à plus long terme en causant un procès qui fera sauter la structure oligarchique des<br />

villes-état, créa les conditions pour l’échec de la conception « capitulaire » du diocèse. Pour le<br />

moment Tonarelli est le représentant d’une structure bien enracinée à Parma. Tous reprocheront ses<br />

<strong>com</strong>portements vis-à-vis de l’évêque, mais beaucoup seront ses alliés, et en effet Tonarelli<br />

continuera, avec les biens Ortalli, à financier les maisons religieuses, organismes de bienfaisance et<br />

plusieurs activités ecclésiales. Sauf celles où l’évêque Magani avait établit son plein et absolu<br />

contrôle<br />

Ferrari et <strong>Conforti</strong> ont toujours essayé d’être des médiateurs entre les deux contendants,<br />

mais sans aucun résultat. Mais ce qui <strong>com</strong>pte est la collision de Magani – Tonarelli qui portera<br />

<strong>Conforti</strong> à être vicaire général du diocèse. Le 10 octobre 1894, <strong>com</strong>me on disait en haut, Tonarelli<br />

donne sa démission <strong>com</strong>me délégué épiscopal, une nomination reçue de Magani depuis 20 jours<br />

seulement. Le 8 janvier 1895 Magani nomme <strong>Conforti</strong> son délégué « ad instar vicarii generalis », en<br />

l’obligeant après à prendre des diplômes ecclésiastiques en théologie pour pouvoir le nommer<br />

vicaire général à plein titre, ce qu’il arrivera le 7 mars 1896.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 34 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Franco Teodori dans l’introduction au volume qui recueillit la documentation sur ces<br />

événements, rapporte la surprise pour la nomination d’un prêtre très jeune, mais avec un « véritable<br />

plébiscite d’approbation ». Les biographes de <strong>Conforti</strong> offrent d’autres éléments : Bonardi affirme<br />

que Magani même, en faisant « une chose qui était contraire aux vénérables traditions du passé »<br />

voyait juste. Tellement juste que bientôt il s’est aperçu de quelle précieuse aide était pour l’évêque<br />

le jeune prêtre, qui très vite a pu recevoir l’estime et l’affection de son clergé, sans par autant<br />

manquer à son devoir. Donc le premier biographe cherche aussi à exalter la personne de Magani.<br />

Cioni fait allusion seulement au fait que « quelques vieux n’étaient pas d’accord, mais la<br />

nomination fut bien acceptée » Vanzin avec toujours sa finesse, approfondit les réactions du clergé<br />

à la nomination de <strong>Conforti</strong>, en soulignant la persuasion diffusée que le jeune vicaire général avait<br />

une spiritualité tellement profonde, de ne pas devenir un homme de pouvoir et du carriérisme, et<br />

d’un autre côté peut-être en agrandissant par induction quelques signes de Magani même, affirme<br />

que l’évêque qui était originaire de Pavia voyait en <strong>Conforti</strong> le <strong>com</strong>plément nécessaire en<br />

spiritualité et contact avec la réalité qu’à lui-même manquait, homme d’étude, théorique qui aimait<br />

l’érudition. Aussi, même Luca parle « d’échos d’une générale satisfaction » au sujet de l’accueil de<br />

cette nomination, tandis qu’il souligne « l’excellente impression » que Magani avait eue depuis les<br />

premières rencontres avec le jeune vice recteur.<br />

Qu’est-ce que a poussé effectivement Magani à nommer <strong>com</strong>me vicaire général un prêtre<br />

qui avait moins de 30 ans, inexpert dans l’administration et du droit, le plus jeunes des capitulaires <br />

Est certain, mais aussi difficilement qu’on peut documenter, que Magani devait estimer<br />

beaucoup <strong>Conforti</strong>. Certaines rencontres avant et après l’entrée officielle à Parma, auraient sans<br />

aucun doute généré en Magani une admiration et attention pour ce jeune éducateur animé d’un<br />

nouvel élan missionnaire. Je répète, nous pouvons déduire tout cela à travers les faits successifs,<br />

mais à cause du manque des documents directs, nous devons placer cette estime dans le demain des<br />

expériences individuelles qu’on ne peut pas mesurer avec des pauvres mètres de l’historiographie.<br />

Il est aussi possible, mais même ici les documents font défaut, que quelqu’un a pu signaler<br />

<strong>Conforti</strong> à l’évêque, peut-être le même Ferrari, qui pouvait aussi <strong>com</strong>pter sur un son « agent » fidèle<br />

dans l’œuvre d’appui et de réconciliation d’ac<strong>com</strong>plir même à distance, dans le diocèse d’origine.<br />

Qu’il me soit permis cependant, d’avancer une hypothèse, nous sommes toujours dans la<br />

maîtrise du possible non de la certitude, que peut-être peut expliquer <strong>com</strong>me l’estime envers ce<br />

prêtre soit devenue un choix positif et, si nous voulons un hasard d’une nomination, aussi<br />

importante. <strong>Conforti</strong> était un chanoine, probablement le plus jeune. La tradition exigeait que les<br />

plus importants collaborateurs de l’évêque puissent être des chanoines. <strong>Conforti</strong> avait toutes les<br />

conditions formelles pour être vicaire général, mais aussi pour être <strong>com</strong>plètement dehors de tous les<br />

jeux du parti et de toutes les prétentions hégémoniques du chapitre. En d’autres termes, Magani<br />

peut-être dans un éclair de son instinct impétueux, pourrait avoir raisonner ainsi : le vicaire doit être<br />

un capitulaire Et bien, moi je nomme le capitulaire le plus jeune.<br />

Cela ne signifiait pas qu’était aussi importante pour Magani l’estime envers <strong>Conforti</strong> :<br />

davantage l’admiration devant ce jeune vice recteur pouvait être la motivation déterminante pour<br />

cette décision. Cependant il me semble que cela puisse être insérée très bien dans la mentalité de<br />

Magani, porté à trouver tous les chemins pour faire prévaloir son dessin « d’organisateur et<br />

centralisateur » Et un vicaire général jeune, très doux et sans expérience dans l’administration<br />

pouvait être l’instrument plus apte dans son but, où l’administration était lui-même Magani.<br />

Il faut aussi dire que l’évêque « ré<strong>com</strong>penserait » <strong>Conforti</strong> surtout du point de vue de son but<br />

missionnaire. On reprendra après, en traitant de la nouvelle fondation missionnaire, les choix de la<br />

part de Magani qu’on peut dès maintenant citer : en soutenant juridiquement et moralement le<br />

« séminaire émilien », en plaçant à côté de <strong>Conforti</strong> en succession deux vices recteurs choisis entre<br />

les personnes plus dotées parmi son jeune clergé, <strong>com</strong>me l’abbé Caio Rastelli et après Ormisda<br />

Pellegri, dans un temps où diminuait le clergé, dans l’approbation diocésaine des normes de la<br />

nouvelle institution, sans aucune intervention, là où on connaît la précision presque méticuleuse que<br />

Magani mettait dans le contrôle de ce qui est propre du droit canonique, dans le même choix de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 35 – G.M. <strong>Conforti</strong>


faire du nouveau séminaire missionnaire « le monument au Christ Rédempteur » que le diocèse de<br />

Parma aurait financé pour l’année sainte 1900 ; sans parler de l’appui inconditionné auprès des<br />

congrégations vaticanes. On a une claire impression que Magani ait de la sympathie pour cette<br />

nouvelle réalité avec un <strong>com</strong>portement diamétralement contraire vis-à-vis de la méfiance du même<br />

évêque devant les Dames Ursulines, un institut pour l’éducation, présent depuis 300 ans à Parma<br />

mais qu’en ces années, grâce à une supérieure générale d’un grand épaisseur religieux et d’une<br />

remarquable énergie, la mère Lucrezia Zilieri Del Verme, était en train de mettre à la page le<br />

règlement de son institut.<br />

VICAIRE GENERAL<br />

Depuis janvier 1895 au juin 1902, <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> dans le diocèse de Parma occupait<br />

le ministère de collaborateur immédiat et ordinaire de l’évêque, d’abord <strong>com</strong>me délégué ad instar<br />

vicarii generalis, puis <strong>com</strong>me « pro vicaire général » (23 février 1895) et enfin après avoir présenté<br />

les examens pour les titres académiques en théologie, <strong>com</strong>me vicaire général à plein titre. Il semble<br />

que son enseignement au séminaire était réduit à des cours de « religion » une espèce de cours<br />

d’apologétique au lycée et au même temps dans les premiers mois de son nouveau ministère,<br />

s’occupe de l’arrangement de la nouvelle maison missionnaire au Borgo del Leon d’Oro et du<br />

recrutement de premiers élèves.<br />

En effet, <strong>com</strong>me montre l’entrelacement même d’édition de cette partie des « sources<br />

confortiennes » de Teodori, les années en question verront le développement parallèle de<br />

l’engagement dans le diocèse à côté de l’évêque Magani et des premiers pas de la congrégation<br />

xavérienne.<br />

Quel type de vicaire général fut <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> Pour <strong>com</strong>prendre l’état de la<br />

documentation de cette période de son ministère presbytéral diocésain, il faut faire le point sur le<br />

rôle confié au jeune chanoine. Généralement, le vicaire général n’écrit pas beaucoup et donc il ne<br />

laisse pas une grande documentation directe. La même correspondance au niveau quantitatif montre<br />

que les lettres de <strong>Conforti</strong> en tant que vicaire général sont en général moins nombreuses à l’égard de<br />

sa correspondance en tant qu’évêque.<br />

Un vicaire général, selon les traditions non écrites par des évêques et par beaucoup de<br />

diocèses italiens, reçoit beaucoup de personnes spécialement pour des colloques, il intervient à<br />

plusieurs rencontres et il donne beaucoup d’avis, surtout à l’évêque. Il est donc un sort de Ghost<br />

Writer mais pas tellement dans les homélies de l’évêque : pour autant Magani ne demandait l’aide à<br />

personne, selon sa qualité d’orateur et écrivant. Est plutôt devant des déterminations décisives et<br />

décrets qu’on pourrait entrevoir, mais non prouver le conseil et l’intervention du vicaire général. La<br />

même quantité des documents officiels signés par <strong>Conforti</strong> l’an 1895, dans une situation de santé<br />

précaire de l’évêque, montre avec clarté non seulement la situation typique du vicaire général, mais<br />

aussi le choix de Magani de centraliser le plus possible en soi-même les actes du gouvernement.<br />

Donc il nous reste très peu pour <strong>com</strong>prendre son rôle et son <strong>com</strong>portement pendant ces<br />

années pas faciles pour l’église de Parma. En général les biographes écrivent sur sa douceur et la<br />

capacité d’être médiateur devant un supérieur intransigeant et rigoureux, jusqu’à voir l’image<br />

biblique – cléricale de David qui avec son harpe rend plus douce la colère de Saul. Les<br />

témoignages, qu’on a classés après plusieurs années, en parlant de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me du « vicaire de<br />

grâces » et il semble que ces images venaient prononcées par les blagues plaisantes du même<br />

Magani. Bonardi parle d’équanimité équilibrée et inviolée révérence à l’évêque, mais il doit<br />

admettre que <strong>Conforti</strong> « n’a pas réussi <strong>com</strong>plètement dans son intention »Vanzin emploie le<br />

terme « drame caché » : <strong>Conforti</strong> ne partageait pas les façons d’agir de son évêque et au moment de<br />

la demande du Pie X pour le ministère d’évêque coadjuteur il en parlera avec des termes plus<br />

explicites mais avec un surprenant contrôle de son équilibre intérieur il professait toujours une<br />

totale docilité à son supérieur. Dans la question de l’accrochage entre Magani et Tonarelli, Vanzin<br />

doit reconnaître l’échec de l’action pacificatrice de <strong>Conforti</strong> tandis que dans d’autres controverses<br />

<strong>Manfredi</strong> - 36 – G.M. <strong>Conforti</strong>


émergeait avec une plus grande efficacité. Enfin Augusto Luca emploie les métaphores de « se<br />

débrouiller » et d’amortir les coups dans l’action de <strong>Conforti</strong> entre les colères et la détermination de<br />

Magani et les réactions des confrères prêtres et religieux de Parma.<br />

Pendant les années dans lesquelles <strong>Conforti</strong> était à côté de Magani dans le gouvernement du diocèse<br />

de Parma, une suite des tensions et controverses animent la scène ecclésiale, surtout citadine,<br />

<strong>com</strong>me si la rupture avec Tonarelli aurait agi <strong>com</strong>me catalyseur dans les nœuds non résolus, en<br />

générant un sort de réaction en chaîne. Les signes du climat turbulent on les avait eus avec la<br />

question du congrès de la musique sacrée, où Magani s’était placé <strong>com</strong>me gardien de l’orthodoxie<br />

liturgique voulue par le Saint-Siège et il avait créé un précédent avec l’abbé Carlo <strong>Maria</strong> Baratta et<br />

les salésiens, qu’en ce moment n’ont pas voulu soulever des polémiques. Le contraste avec<br />

Tonarelli a fait de détonateur pour d’autres vicissitudes : le journal diocésain « La Sveglia » u n<br />

journal tout proche du groupe des jeunes catholiques de Giuseppe Micheli mais en tension avec les<br />

ultra intransigeants du journal « L’Eco di san Tommaso », une revue de l’Académie, fut supprimé,<br />

et le nouvel hebdomadaire catholique « La Provincia » fut confié à la partie plus extrémiste et<br />

polémique du clergé intransigeant. La Provincia a <strong>com</strong>mencé à attaquer les différents responsables<br />

du clergé et les religieux de Parma, et en particulier c’est opposée durement à un tentative cléri<strong>com</strong>odéré<br />

pendant les élections administratives citadines en 1895, avec les tons d’Albertario et peutêtre<br />

encore plus extrémistes jusqu’à quand un représentant du mouvement catholique, le philosophe<br />

et poète Mansueto Tarchioni ( mais le nom ne correspond pas au caractère) n’avait pas pris des<br />

positions sur le journal libéral « La Gazzetta di Parma » en générant une dénonciation diffamatoire<br />

qui a été présentée au tribunal en impliquant Tonarelli, le salésien Baratta et les noms plus<br />

significatifs du laïcat catholique. Au même temps l’évêque Magani est intervenu même<br />

publiquement contre certaines congrégations religieuses, accusées de négliger les droits légitimes de<br />

l’autorité épiscopale. Encore l’évêque avait prétendu d’intervenir avec un contrôle canonique vis-àvis<br />

de l’ancienne corporation cléricale du « Consorzio des vivants et des morts », que depuis<br />

toujours assurait le service liturgique en cathédrale, pendant une phase très délicate des controverses<br />

juridiques, où les Hospices civils de Parma ont avancé une requête pour soumettre le Consorzio aux<br />

lois éversives sur les corporations ecclésiastiques. Le Consorzio doté discrètement des biens<br />

jusqu’en se moment exempt des confiscations des lois 1866-67, a du être en jugement contre les<br />

Hospices civils, avec une intervention du chapitre auquel Magani s’est opposé, en soulevant les<br />

réactions du clergé « consortial » et capitulaire citadin. Une autre controverse avait opposé l’évêque<br />

à l’Almo Collegio Teologico dans lequel le chef du diocèse avait vu pour la même fois allié de<br />

« l’ennemi » l’abbé Tonarelli et des religieux. La même Provence et puis quelques lettres pastorales<br />

de Magani ont pris position contre les jeunes démocrates chrétiens, un groupe nombreux à Parma,<br />

agressif et guidé par un leader expéditif <strong>com</strong>me Giuseppe Micheli. Magani ami de Gianbattista<br />

Paganuzzi avait identifié en Micheli un parmi ses ennemis plus cruels, en demandant entre autre de<br />

lui refuser la présidence au congrès catholique de Bologna en 1903.<br />

J’ai ici résumé, dans une manière non hiérarchique, mais selon les modalités, justement de<br />

« réactions en chaîne » qui avaient caractérisé cette phase, les principales controverses qui ont<br />

bouleversé le clergé et le laïcat catholique de Parma pendant les années de <strong>Conforti</strong> quand il était<br />

vicaire général. Quel était le rôle du jeune vicaire en ces enchevêtrements des tensions Si ont<br />

examine la tension concernant ces controverses, on pourrait conclure que l’action médiatrice de<br />

<strong>Conforti</strong> fut fondamentalement inefficace. Ainsi, d’ailleurs, <strong>com</strong>me celle de Ferrari. Magani<br />

procédait sur le chemin de l’accrochage, et parfois il trouvait des personnes et des groupes que<br />

essayaient d’atténuer et diminuer les tons mais bientôt les tensions étaient telles qu’elles terminaient<br />

jusqu’à la curie romaine ou bien dans les tribunaux civils. Comme on a vu en haut, les biographes,<br />

avec des nuances différentes, confirment cette première lecture.<br />

Pourtant peut être utile approfondir au moins deux des controverses qui agitaient l’église de<br />

Parme en ces années, pour essayer de voir s’il est possible une plus grande clarté sur le rôle et le<br />

<strong>com</strong>portement de <strong>Conforti</strong>.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 37 – G.M. <strong>Conforti</strong>


La première est « la mère de toutes les controverses », c’est-à-dire l’accrochage entre<br />

Magani et Tonarelli. L’archevêque Ferrari s’interpose activement pour essayer une médiation et un<br />

arrangement, d’ailleurs approuvé par la congrégation vaticane pour les évêques et religieux. A<br />

cause des entêtements et des rencontres manquées et éclaircissements, la tentative de Ferrari<br />

échoue. D’où savons-nous ces nouvelles Aussi à travers la continuelle correspondance entre<br />

Ferrari et <strong>Conforti</strong>. Apparemment <strong>Conforti</strong> n’a aucun rôle « officiel » en ce pourparler, en réalité<br />

l’information continue de Ferrari, le configure <strong>com</strong>me une aide « in loco » de l’œuvre de médiation,<br />

à travers des chemins informels, non écrits, visites non officielles. Comme dire : Ferrari met le<br />

poids de son autorité et du caractère officiel, mais le travail de <strong>com</strong>munication, de contact d’une<br />

progressive approche est mené en grande partie par <strong>Conforti</strong>. Cet événement n’a pas eu une issue<br />

espérée par Ferrari et par <strong>Conforti</strong>. C’est déroulée différemment la controverse entre les dames<br />

ursulines et l’évêque Magani, d’ailleurs après une première période d’excellents rapports. Etait une<br />

institution nobiliaire éducative née à la fin du XVI siècle sous le guide spirituel des jésuites, le<br />

Collège des dames ursulines de Parma avait vécue l’évolution typique d’analogues<br />

« conservateurs ». Une école estimée pour les filles de la noblesse locale, des siècles XVIII et XIX<br />

avait continué son service éducatif, mais à l’intérieur du type de la vie religieuse sans les vœux<br />

solennels avait supporté les contrecoups le changement social. La vie <strong>com</strong>mune n’était pas plus que<br />

formelle, et le guide spirituel des pères jésuites n’existait plus à cause de la suppression de la<br />

Compagnie et de successives vicissitudes. En cette situation de faible survie de la vie religieuse un<br />

décret royal du 1873 avait déclaré les dames ursulines « congrégation religieuse » en confisquant<br />

les biens et en contrôlant strictement l’admission de nouvelles dames. En1884 avait été élue prieure<br />

la <strong>com</strong>tesse Lucrezia Zilieri qui se proposait le double objectif de libérer l’institut du contrôle de<br />

l’état et de restituer consistance à la vie religieuse. Le premier objectif fut obtenu en 1888 avec la<br />

victoire auprès du tribunal civil : le Collège fut reconnu « institut laïc de fondation privée », et donc<br />

rendu indépendant dans la gestion des biens et dans la structure interne. Une fois assurée<br />

l’indépendance civile du Collège, la mère Ziliani a voulu voir de nouveau l’ancien règlement, pour<br />

faire des dames ursulines une congrégation religieuse avec les vœux. Pour l’état, le Collège,<br />

institution laïque était distingué des dames en tant que personnes privées. La révision des<br />

constitutions, conduite avec <strong>com</strong>pétence et prudence aussi grâce à l’intervention du cardinal<br />

protecteur Camillo Mozzella et après par son successeur <strong>com</strong>me protecteur Andrea Ferrari, s’est<br />

résolue avec l’approbation pontificale en 1899, et avec le chapitre général qui avait élu de nouveau<br />

<strong>com</strong>me prieure la mère Lucrezia en octobre 1900. Selon le droit canonique, les dames ursulines ne<br />

émettaient pas les trois vœux classiques, mais le vœu de chasteté et de persévérance dans l’institut,<br />

aussi pour éviter les éventuelles interventions des lois éversives. Cette solution se rattachait aux<br />

anciennes règles du Collège.<br />

Magani avait présidé, avec la délégation du cardinal protecteur Ferrari le chapitre général et<br />

ses interventions ont été appréciées beaucoup par les religieuses. Mais l’attention de la part de la<br />

mère Zilieri à éviter tout ce que publiquement puisse donner accès à la révocation de la « situation<br />

laïque » de l’institut devant l’état et la coutume du Collège à une certaine indépendance (<strong>com</strong>me il<br />

était normal dans ses structures Ancien Régime) ont créé bientôt des tensions avec Magani. Les<br />

dames acceptaient les novices et délibéraient la prise d’habit et professions de nouvelles religieuses,<br />

sans demander la permission à la curie. En automne 1901 Magani se lamentait de cela auprès du<br />

père jésuite Antonio Zamboni, qui était en train de prêcher la retraite à la <strong>com</strong>munauté des dames.<br />

Immédiatement la mère Zilieri demandait un rendez-vous avec le vicaire général <strong>Conforti</strong>, pour<br />

expliquer les motifs de ce choix. Depuis ce moment en avant, <strong>Conforti</strong> deviendra le médiateur<br />

patient entre l’évêque et la prieure. Il y a aussi réussi à faire surmonter le coup à Magani, d’une<br />

lettre du cardinal Girolamo Gotti préfet de la Sacrée congrégation des évêques et des religieux, que<br />

dans les intentions de Rome devait être « exhortative » en demandant à l’évêque de « suspendre »<br />

les décrets, même si reconnus légitimes selon la juridiction pour étudier les interventions de l’état,<br />

mais Magani l’a considérée <strong>com</strong>me un reproche et une injuste intervention, en présumant<br />

immédiatement un <strong>com</strong>plot fait par la mère Zilieri, Ferrari et les jésuites contre sa personne. En<br />

<strong>Manfredi</strong> - 38 – G.M. <strong>Conforti</strong>


avril 1902 d’abord à travers <strong>Conforti</strong>, en suite par lettre, Magani même en réclamant son droit de<br />

contrôle de l’institut, s’engage à déléguer pour la prise d’habit et les professions et à éviter qu’on<br />

fasse des actes officiels en curie.<br />

Le dépouillement de la documentation au sujet de ces controverses et d’autres, dans un<br />

recueil minutieusement par Teodori dans les volumes 7 et 9 de son œuvre, on peut confirmer le<br />

jugement exprès par les biographes de <strong>Conforti</strong>, avec quelques approfondissements.<br />

Le jeune vicaire général resta fidèle à l’obéissance, non seulement extérieure à son évêque et<br />

il cherche de faire le possible pour être médiateur entre les différentes positions. Comme Ferrari,<br />

<strong>Conforti</strong> n’approuve pas le <strong>com</strong>portement de l’ex chancelier et vicaire capitulaire Tonarelli, mais<br />

même pas les <strong>com</strong>portements virulents de la Province et de son directeur l’abbé Comelli, violent<br />

dans les polémiques et toujours dans l’attitude de défenseur de l’évêque persécuté par les <strong>com</strong>plots.<br />

L’action de <strong>Conforti</strong> plus que sur les contenus et sur les solutions de type juridique, canonique, est<br />

sur le plan des relations humaines. Il maintient les contacts avec tous : non seulement avec son<br />

évêque et Ferrari, mais aussi avec les chanoines, les religieux, avec les représentants du mouvement<br />

catholique impliqués dans les controverses. Ses rapports ne sont pas perçus par personne <strong>com</strong>me<br />

formels, de l’utilitarisme ou remplis d’hypocrisie. En autres paroles : tous savent ce qu’il pense et<br />

dans quel côté se trouve, même s’il est sincère et flexible au sujet des solutions. Et qu’il n’abuse pas<br />

de sa position de « pouvoir ». La description plus expressive de sa personne vient de Magani, qu’il<br />

le définit « un honnête homme ».<strong>Conforti</strong> même semble distenguer dans ses interlocuteurs l’estime<br />

pour les personnes et pour les rôles occupés, et les choix concrets plus au moins partagés. Son<br />

évêque qu’il voyait des ennemis partout, y <strong>com</strong>pris, <strong>com</strong>me on avait vu au sujet de la question des<br />

dames ursulines, ses très estimés jésuites et le cardinal Ferrari, il n’avait jamais eu vis-à-vis de<br />

<strong>Conforti</strong> la minime impression d’un double jeu ou d’une pleine syntonie.<br />

A la lumière de ces éléments il faut chercher d’éclairer quel à été le « drame caché », du<br />

jeune vicaire général, <strong>com</strong>me le définit Vanzin. Su ce thème j’ai eu déjà l’occasion de dire quelque<br />

chose ailleurs. L’unique expression directe du malaise de <strong>Conforti</strong> n’est pas de ces années quand il<br />

était vicaire général, mais au moment de la proposition du pape Pie X de l’élire évêque coadjuteur<br />

cum jure successionis, donc en 1907 après l’expérience de Ravenna. Malgré la distance<br />

chronologique et aussi l’évolution de l’expérience de <strong>Conforti</strong>, sont écoulés plus de douze ans<br />

depuis la nomination <strong>com</strong>me « délégué épiscopal »,et au milieu il y a eue la période de Ravenna,<br />

asseyons de récupérer ici la lecture du rapport entre Magani et <strong>Conforti</strong> tenté par ce dernier dans sa<br />

réponse au pape Pie X.<br />

<strong>Conforti</strong>, après les habituelles protestations d’inadéquation, en lui sûrement sincères, mais<br />

que, nous pouvons dire, qu’elles font partie du genre littéraire, décrit son point de vue sur son<br />

diocèse d’origine:<br />

Tous en effet connaissent les conditions actuelles de ce diocèse, plutôt rempli de larmes,<br />

dues en grande partie à un système de gouvernement que moi je n’ai pas le courage<br />

d’approuver et avec lequel on continue même aujourd’hui. Je connais très bien les<br />

personnes et les choses pour pouvoir affirmer que ma promotion à coadjuteur de Mgr<br />

Magani ne servirait point à améliorer le <strong>com</strong>portement et serions inutiles mes bonnes<br />

interventions, <strong>com</strong>me j’ai pu expérimenter dans le passé, et avec moi l’ont expérimenté des<br />

personnages éminents plus influents que moi-même. Devant le diocèse, je viendrais<br />

seulement à partager une terrible responsabilité.<br />

L’allusion à Ferrari est ici transparente. La lecture de <strong>Conforti</strong> est celle de l’inefficacité de<br />

son action vis-à-vis d’un « système de gouvernement » que <strong>Conforti</strong> même n’a pas intention<br />

d’approuver. L’expression est générique et elle peut signifier beaucoup de choses. <strong>Conforti</strong> pourrait,<br />

avec ses paroles, montrer sa dissociation de l’orientation centralisatrice de Magani, mais aussi son<br />

style des relations avec le clergé, les religieux et avec les laïcs. Il pourrait encore faire allusion à la<br />

fermeture du groupe qui dirige le diocèse, en effet en ce moment représenté par Magani, de son ex<br />

<strong>Manfredi</strong> - 39 – G.M. <strong>Conforti</strong>


secrétaire et maintenant vicaire général et chanoine Pietro Del Soldato et du secrétaire (et futur<br />

biographe… ou mieux encore hagiographe de Magani) l’abbé Enrico Grassi. Est indice intéressant<br />

que <strong>Conforti</strong> dans le brouillon de sa lettre au pape, puis refaite entièrement, il fait référence à ce<br />

dernier aspect :<br />

(le diocèse) enfin ne serait <strong>com</strong>prendre la nécessité d’un évêque coadjuteur tandis que<br />

Magani, malgré l’âge avancé, est toujours dans un état d’intelligence claire et solide d’un<br />

corps vigoureux, et pour la direction diocésaine il a un vicaire général très jeune, qui jouit<br />

de toute sa confiance et il habite dans son même évêché.<br />

On doit noter que l’évêque Magani avait aussi demandé depuis longtemps un coadjuteur,<br />

mais il espérait vraiment en Del Soldato, que <strong>Conforti</strong> avait aussi décrit dans une précédente lettre à<br />

Ferrari :<br />

Mgr Del Soldato ne serait pas l’homme apte, soit car il ne possède pas toutes les qualités<br />

qu’on demanderait, soit aussi car il ne jouit pas de l’estime et de la sympathie de la plus<br />

grande partie du clergé et du laïcat. Se perpétuerait peut-être un état douloureux des<br />

choses. J’observe en plus qu’on n’ait pas besoin pour le moment, se retrouvant S.E Mgr<br />

Magani en parfaite santé.<br />

Vraiment ce courrier à Ferrari écrit par <strong>Conforti</strong> dans des temps non suspects, c’est-à-dire un<br />

an et demi avant la demande de Pie X, peut éclairer l’idée que <strong>Conforti</strong> avait de Magani, dont il<br />

parle <strong>com</strong>me « d’un mètre usagé à doubles cloches, c’est- dire, si l’image ne nous déroute pas,<br />

d’un gouvernement pénible, agressif et rigide.<br />

Etant donné la délicatesse et la discrétion de <strong>Conforti</strong>, est difficile établir ce que lui-même<br />

ne partageait pas dans le gouvernement de son évêque, en particulier pendant les années quand<br />

il était vicaire général. Sûrement, on n’a pas dit beaucoup en haut, il n’approuvait pas les façons<br />

pénibles et le <strong>com</strong>portement qui excluait à priori le <strong>com</strong>promis et le dialogue. Autant il prenait<br />

les distances du choix des collaborateurs immédiats, en particulier vis-à-vis de Del Soldato. Au<br />

sujet des déterminations concrètes au niveau pastoral, il semble certain que <strong>Conforti</strong> était<br />

substantiellement du côté de Magani au sujet de la controverse Tonarelli, tandis qu’il a<br />

maintenu même après un <strong>com</strong>portement réservé et éloigné vis-à-vis des rédacteurs de<br />

l’intransigeante Provincia.<br />

En plus il semble difficile spécifier à partir des documents. On peut par autant faire deux<br />

hypothèses. <strong>Conforti</strong> pourrait ne pas être <strong>com</strong>plètement d’accord devant les positions du<br />

gouvernement épiscopal de Magani, et alors il serait admirable son obéissance et sa reddition,<br />

qu’en effet pourrait ressembler à une dissociation intérieure, supportée pendant plusieurs<br />

années, en échange de la pleine disponibilité de Magani à ac<strong>com</strong>pagner et à approuver la<br />

fondation missionnaire de son vicaire général. Et peut-être d’un sort d’influence « certaine » du<br />

fort Magani sur la psychologie de <strong>Conforti</strong>. Ou bien <strong>Conforti</strong> ne partageait pas quelques aspects<br />

de l’épiscopat de Magani, particulièrement les méthodes du gouvernement, sans être tout à fait<br />

en opposition à ses objectifs pastoraux et éventuellement en augmentant les distances avec le<br />

temps et avec le raidissement progressif du même Magani, dù aussi à l’œuvre de ceux qui sont<br />

succédés à <strong>Conforti</strong> en curie. Il semble sùr que <strong>Conforti</strong> aurait eu pour Magani une estime<br />

sincère et admiration, <strong>com</strong>me on voit même dans le discours en 1920 à l’occasion de la<br />

translation de la dépouille mortelle du cimetière de la Villetta à la cathédrale. L’estime objective<br />

et sereine de <strong>Conforti</strong> était rechangée par Magani avec une confiance remarquable, soit dans<br />

l’œuvre du contact informel avec les différentes réalités diocésaines, soit pour le départ du<br />

projet missionnaire xavérien.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 40 – G.M. <strong>Conforti</strong>


LE MOUVEMENT CATHOLIQUE DE PARMA<br />

Avant de décrire les vicissitudes du séminaire émilien pour les missions étrangères, peut être<br />

utile tourner l’attention sur un aspect des vicissitudes diocésaines, c’est-à-dire le mouvement<br />

catholique. Ne manquent pas les études mises à la page sur cette réalité et sur qui, en partant de<br />

Parma, fut un protagoniste d’importance nationale avant et après les années « glaciales » du<br />

régime fasciste, c’est-à-dire Giuseppe Micheli. Ici nous intéresse d’une façon particulière le<br />

<strong>com</strong>portement et le rôle du jeune <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong>, que, même s’il n’était pas directement<br />

engagé dans l’activité sociale, on peut dire que <strong>Conforti</strong> ne fut jamais un « prêtre du<br />

mouvement » <strong>com</strong>me a été son élève et ensuite son collaborateur l’abbé Giovanni Del Monte,<br />

ne manquaient pas des relations et des interventions vis-à-vis du mouvement catholique local.<br />

Nous rappelons ici, sans approfondissements ultérieurs, la situation de Parma dans les<br />

derniers quinze ans du XX siècle. Après l’élan intransigeant imprimé par l’évêque Villa, né à<br />

Vicenza, et après quelques années de crise, avec l’épiscopat de Miotti, on été posés les<br />

fondements pour une lente mais effective reprise du mouvement catholique, finalement libéré<br />

des hypothèques légitimes de l’ancienne noblesse filoborbone. Nous pourrions dire que à partir<br />

du 1889, l’année de la fondation de l’école de religion pour des jeunes étudiants, sur la scène de<br />

Parma du mouvement catholique social restaient trois lignes, en contact mais aussi avec des<br />

différences remarquables entre elles. Résistait avec de nouvelles attentions, l’ancienne tendance,<br />

typiquement citadine, à l’alliance entre catholiques et modérés – constitutionnels pour endiguer<br />

l’énorme pouvoir, ainsi nommés partis « populaires » (d émocrates, radicaux, républicains et<br />

socialistes) au moins pendant les élections administratives. Représentée par l’avocat Luigi De<br />

Giorgi et par le <strong>com</strong>te Raffaele Boselli, la ligne que plus tard sera appelée « clérico-modérée »<br />

répondait aux tendances du « Parti de l’Ordre »les classe nobles et bourgeoises catholiques de la<br />

vieille Parma. Tout près du collège salésien de San Benedetto, un groupe des jeunes ex élèves<br />

salésiens ou amis du recteur, l’abbé Carlo Baratta se distinguait pour l’élaboration d’une ligne<br />

économique sociale qui sera appelée néo physiocratique,ayant <strong>com</strong>me intelligence élaboratrice<br />

l’abbé Baratta et la figure originale de Stanislao Solari. La néo physiocratie de Solari a eu un<br />

certain espace dans le congrès catholique de Fiesole en 1896, mais elle incarnait une utopie<br />

rurale inexécutable. Elle venait de ce groupe, mais assumait très vite une position différente,<br />

Giuseppe Micheli, jeune dirigeant des universitaires catholiques de Parma. Les jeunes de<br />

Micheli s’engageaient dans une série d’initiatives sociales que les approchaient bientôt aux<br />

autres représentants de la même génération catholique ceux qui seront un jour les démocrates<br />

chrétiens : Filippo Meda, Angelo Murri, l’abbé Romolo Murri. La ligne démocratique<br />

chrétienne de Micheli était cependant moins extrémiste de celle de l’abbé Murri, et elle ne<br />

méprisait pas de s’approcher à des alliances même au-delà des frontières strictement<br />

confessionnelles. N’est pas par hasard que le <strong>com</strong>te Giovanni Girasoli, pour le congrès<br />

catholique de Bologna en 1903 en face de la perspective d’un accrochage entre «jeunes »<br />

démocrates catholiques et « anciens » catholiques intransigeants légitimistes, a voulu choisir<br />

Micheli <strong>com</strong>me vice président.<br />

Le groupe des jeunes guidés par Micheli fut le plus actif dans la fondation des <strong>com</strong>ités<br />

paroissiaux, associations, caisses rurales et coopératives, surtout dans la zone traditionnellement<br />

« blanche » (catholique) de la montagne et avec l’appui de quelques prêtres, par exemple l’abbé<br />

Ormisda Pellegri, curé de Cassio sur le chemin de la Cisa. Ce travail de propagande a eu son<br />

sommet en 1897, quand le jeune leader avait seulement 23 ans. Aussi dans la même année, en<br />

février, on célébrait le procès entre l’abbé Comelli et la Gazzetta di Parma, qui impliquait même<br />

le plus grand nombre des représentants, prêtres et laïcs, du mouvement catholique : De Giorgi<br />

sera un des avocats de la Gazzetta di Parma, et Baratta avec Micheli seront appelés à témoigner.<br />

Comment <strong>Conforti</strong> se présentait en cette intrigue des forces et des rapports Le jeune<br />

vicaire général sortait d’une formation intransigeante, et dans ses lettres aux amis, pendant les<br />

premières années de son ministère ne manquait pas de reprendre les polémiques contre les<br />

<strong>Manfredi</strong> - 41 – G.M. <strong>Conforti</strong>


catholiques « libéraux », liés au <strong>com</strong>te Filippo Linati, et à apprécier la plume polémique du<br />

chanoine Martino <strong>Maria</strong> Martini qui écrivait sur les journaux catholiques locaux. Quelques<br />

gestes de soutien au club de la jeunesse « Léon XIII » et au travail éducatif de l’abbé Baratta<br />

montrent sa substantielle syntonie avec la nouvelle intransigeance des « jeunes » Comme vicaire<br />

général il participait à une infinité des bénédictions de drapeaux, des inaugurations des clubs,<br />

rencontres, et manifestations pendant lesquelles il prenait la parole pour des discours de<br />

circonstance qui ne nous ont pas été transmis, si non par des notes des journaux locaux, que audelà<br />

d’un constant enthousiasme et appréciation que <strong>Conforti</strong> recevait ne semblent pas<br />

remarquer des originalités particulières du point de vue du progrès social. D’ailleurs le vicaire<br />

général, en ces cas, n’est pas le théorétique du mouvement catholique, mais il a le rôle de<br />

confirmer, avec sa présence, l’appui que l’évêque et le diocèse offrent à cette réalité des<br />

associations. Paolo Trionfini souligne en plus le travail patient de tissage opéré entre les<br />

« jeunes » et l’évêque par le vicaire général <strong>Conforti</strong>. Encore une fois : il semble un refrain,<br />

mais ceci est ce qui nous vient continuellement rendu par les documents et les témoignages.<br />

<strong>Conforti</strong> donc non théorétique de la sociologie catholique ni stratège du mouvement, mais<br />

capable de tenir les contacts, de chercher les équilibres et de soutenir des initiatives positives<br />

pour la croissance des personnes. Il ne semble pas approfondir les différents revers et les<br />

différentes positons entre les jeunes : il apprécie les élaborations de la néo physiocratie, dont<br />

quelques uns de ses missionnaires appliqueraient les aspects techniques en Chine, sans pour<br />

autant marier totalement la ligne de Solari.<br />

La situation subit un certain changement après 1898, quand, au sommet d’une crise de la<br />

production agricole et des salaires en cours depuis des années, la hausse de prix des denrées<br />

alimentaires de la première nécessité, portait à quelques émeutes et grève en différentes villes de<br />

la zone d’Italie. A Milan les manifestations en général pacifiques, furent réprimées par l’armé<br />

avec l’emploi des armes de feu et pas mal de victimes civiles. Le nouveau gouvernement,<br />

conservateur en partisan du militarisme avait mise en accusation non seulement, les socialistes,<br />

mais aussi les associations catholiques les plus avancées dans le domaine social. Les désordres<br />

du 1898, que la presse favorable au gouvernement présentait <strong>com</strong>me un essai de révolution<br />

socialiste, présentait <strong>com</strong>me un essai de révolution socialiste, ont porté aussi à une forte crise<br />

intérieure dans le monde catholique, dans lequel « les jeunes » ont été vus <strong>com</strong>me<br />

dangereusement portés à la revendication sociale. La répression du gouvernement pour les<br />

mouvements populaires paralyse l’activité de l’associationnisme catholique, que reprend<br />

successivement à Parma et voit encore davantage l’important rôle de Micheli, qui en 1900 fonde<br />

le journal La Giovane Montagna. La différence entre jeunes et anciens au niveau national<br />

s’approfondit, et Magani, ancien ami du leader des « anciens » intransigeants, Giovanni Battista<br />

Paganuzzi, et persuadé que le mouvement catholique est en train de s’éloigner de la dimension<br />

seulement religieuse et de revendication de la question romaine, prend une série des positions,<br />

publiques et non seulement, contre Micheli. <strong>Conforti</strong> en ces années devient évêque de Ravenne<br />

et il se trouve au milieu du conflit entre jeunes et anciens et il manifeste encore de maintenant,<br />

sa préoccupation pour les positions toujours plus extrêmes de l’abbé Romolo Murri. La réaction<br />

à la crise de l’Ouvre des congrès et à la dérive moderniste de Murri et de quelques « ex<br />

démocrates chrétiens », qui se définissent avec orgueil les « jeunes » catholiques; le radicalisme<br />

des positions socialistes qui deviennent de plus en plus menaçantes soit pour des projets éversifs<br />

de l’ordre constitué, soit pour des expressions anticléricales et antireligieuses ; la « conciliation<br />

silencieuse » favorisée par Pie X et du chef du gouvernement Giovanni Giolitti porteront<br />

<strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me d’ailleurs Ferrari depuis les positions originaires intransigeantes et temporelles<br />

au <strong>com</strong>portement patriotique et d’appui à l’alliance avec les « partis de l’ordre » que<br />

termineront au niveau national avec le « pacte Gentiloni » en 1913. Evolution <strong>com</strong>mune <strong>com</strong>me<br />

la plus part des évêques italiens, qui avec des instruments culturels limités à leur disposition ils<br />

cherchent de lire les dynamiques sociales italiennes avec des résultats sans doute conservateurs,<br />

à différence des « spécialistes » <strong>com</strong>me Micheli et davantage Luigi Sturzo. L’amitié avec<br />

<strong>Manfredi</strong> - 42 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Micheli de la part de <strong>Conforti</strong> ne diminuera pas, tandis que les positions politiques viseront à<br />

s’éloigner. Mais de cela on parlera plus tard.<br />

LA FONDATION XAVERIENNE : DE BORGO DEL LEON D’ORO A CAMPO DI<br />

MARTE<br />

Ces années tellement intenses pour le ministère diocésain de <strong>Conforti</strong> sont aussi les temps de<br />

la naissance de sa fondation missionnaire. C’est une demande légitime celle qui naît de la<br />

surprise en voyant un prêtre relativement jeune et physiquement peu robuste qui affronte au<br />

même temps les tensions d’une responsabilité diocésaines pendant des temps problématiques et<br />

l’engagement de donner naissance à un projet missionnaire d’un impact très grand.<br />

Après avoir obtenu en principe une approbation de la part de Propaganda fide, <strong>Conforti</strong><br />

s’assume la charge d’acheter une structure pour loger les premiers jeunes pour un « séminaire<br />

émilien pour les missions étrangères » tout à inventer. L’investissement économique semble être<br />

de cette consistance : 15 mille lires pour acheter la maison, 20 mille lires pour l’adaptation,<br />

dépenses auxquelles <strong>Conforti</strong> avait fait face avec le capital de son bénéfice d’ordination (c’està-dire<br />

avec les biens que provenaient de sa famille) et avec la « générosité d’une bienfaisante »<br />

inconnue. Aussi Bonardi, un parmi les premiers habitants de Borgo del Leon d’Oro N° 12 décrit<br />

le travail d’arrangement. Les parois cloisons mur de repend de différentes chambres furent<br />

abattues, on a fait trois dortoirs dont deux capables de plus de 20 lits chacun avec des<br />

chambrées, éviers, réfectoire, chambres pour les supérieurs, petites salles et chapelle, en plus<br />

une petite cour pour la récréation au grand air. Les travaux se prolongeaient pendant toute l’été<br />

1895, en autre avec la provisoire hospitalité offerte dans l’établissement en arrangement au<br />

journal catholique La Provincia. Le décret d’érection canonique de l'institut fut promulgué par<br />

Magani le 1 novembre 1895. A demi novembre 1895 le premier groupe des séminaristes entrait<br />

dans l’immeuble: 14 selon Bonardi, 17 selon Teodori, que de toute façon sont devenus à la fin<br />

de novembre 21 et en plus <strong>Conforti</strong> et le vice recteur l’abbé Caio Rastelli, qui avait été ordonné<br />

prêtre le 24 novembre 1895. La première image photographique du groupe a été celle de<br />

décembre, et elle montre une <strong>com</strong>pagnie de petits jeunes hommes, par le plus part des<br />

adolescents. De ce premier groupe personne n’est devenu missionnaire xavérien, tandis que 8<br />

sont devenus prêtres diocésains, parmi lesquels on verra quelques intimes collaborateurs de<br />

<strong>Conforti</strong>, en particulier : l’abbé Antonio Comelli (1875-1956) il fut secrétaire de <strong>Conforti</strong> à<br />

Ravenna et ensuite enseignant dans le séminaire, l’abbé Giovanni del Monte (1882-1956) fut<br />

représentant distengué du mouvement catholique, journaliste et studieux d’histoire, anti fasciste.<br />

Oliviero Meghenzani est mort à cause d’une méningite en 1896 quand il avait 15 ans et sa<br />

personne sera mentionnée et évoquée par l’écrivain Guareschi, son neveu du côté de sa mère.<br />

D’où venaient ces premiers élèves Pourquoi avaient-ils choisi le séminaire de <strong>Conforti</strong> <br />

On avait eu une « propagande » Comment le jeune fondateur avait-il agit pour accueillir ces<br />

premières vocations Quelques unes venaient du petit séminaire diocésain, <strong>com</strong>me Caselli,<br />

peut-être invité par l’abbé Caio Rastelli qui méditait de partir pour les missions et il cherchait de<br />

« contagionner » d’autres condisciples. Mais les plus petits <br />

La liste des provenances que nous tirons du même témoignage du fondateur, est sans aucun<br />

doute intéressante : 4 étaient originaires de la ville, deux de san Prospero, deux de san<br />

Sebastiano, un de san Leonardo, un de Colorno, un de sant Andrea, un de Soragna, un de<br />

Marore, un de Fraore, un de Coloreto, un de Valera, un de Gaione, un de Fontanelle, un de<br />

Cassio et un hors du diocèse, Scandiano dans la province de Reggio Emilia. Quelques uns de<br />

ces villages pour beaucoup de lecteurs ne disent rien. San Prospero et san Lazzaro étaient des<br />

centres importants à l’entrée de la ville de Parma, sur la via Emilia à l’est et Marore et Coloreto<br />

étaient des hameaux de san Lazzaro : san Leonardo était la paroisse où il y avait le siège de<br />

vicariat de Cortile san Martino, toujours très proche de Parma mais vers le nord. Fraore et<br />

Valera étaient des hameaux de san Pancrazio Parmense, toujours sur la via Emilia aussi tout<br />

<strong>Manfredi</strong> - 43 – G.M. <strong>Conforti</strong>


proches de Parma, mais cette fois à l’ouest ; Gaiano était hameau de Vigatto, vers les collines à<br />

sud de Parma. Toutes les <strong>com</strong>munes jusqu’à maintenant citées appartenaient pour le moment à<br />

la mairie de Parma, que jusqu’aux années ’40 du XX siècle se limitait à l’ancienne enceinte des<br />

murs.<br />

Donc ces nouveaux élèves de <strong>Conforti</strong> venaient immédiatement de la banlieue. San<br />

Secondo, Colorno et Soragna sont des centres importants de la basse pleine, <strong>com</strong>me aussi<br />

appartenaient Fontanelle et Roccabianca ; Cassio est sur le chemin de la Cisa, à plus de 800<br />

mètres d’altitude dans la <strong>com</strong>mune de Lesignano Palmia. Enfin, sur 20 nouveaux élèves, 4<br />

étaient originaires de la ville, 8 des villages de la banlieue dans un rayon de quelques<br />

kilomètres, 5 de la basse pleine, un peut-être de la colline (sant Andrea, mais il pourrait être de<br />

la baisse pleine) un de la montagne, plus un de Reggio. Est suffisant <strong>com</strong>parer ces simples<br />

données géographiques avec les provenances des prêtres diocésains ordonnés de 1895 au 1906<br />

pour se rendre <strong>com</strong>pte des différences intéressantes : les séminaristes diocésains de cette période<br />

( il s’agit des situations presque constantes) venaient surtout de la montagne (43 ordinations<br />

sacerdotales) en deuxième lieu de la basse pleine (24 ordinations) puis se classaient la moyenne<br />

pleine (les paroisse à côté de Parma, 20 ordinations), la ville 17 ordinations, toujours la dernière<br />

était la colline (11 ordinations). Le manque des élèves missionnaires de la montagne est<br />

expliqué en partie par l’existence du petit séminaire de Berceto, qui ramassait les séminaristes<br />

des zones les plus « fécondes » de vocations au moins jusqu’au Gymnase ou lycée, donc dans<br />

des classes d’âge dont une grande partie était constituée l’institut Borgo del Leon d’Oro.<br />

Reste de toute façon la surprenante présence des élèves de la ville et des zones de proximité<br />

<strong>com</strong>plètement « hors escalier » vis-à-vis non seulement aux données du séminaire de Parma de<br />

ce temps, mais, <strong>com</strong>me on disait, à lignes de tendance suffisamment consolidée. Comment cette<br />

provenance « proche » de premiers élèves missionnaires de <strong>Conforti</strong> <br />

Sans exclure naturellement un <strong>com</strong>mencement au moins une initiale identité missionnaire<br />

diffusée parmi ces adolescents, et qu’après, <strong>com</strong>me il arrive souvent, vient à s’atténuer le long<br />

du chemin, on peut tracer différentes hypothèses. Avant tout peut-être que la nouvelle de ce<br />

nouveau séminaire a été diffusée parmi le clergé de la ville et des environs, sans rejoindre les<br />

centres plus éloignés. Autant qui était connue la personnalité de <strong>Conforti</strong>, dans un diocèse<br />

<strong>com</strong>me celui de Parma et en tenir <strong>com</strong>pte du rythme de vie et du déplacement du temps, n’est<br />

pas improbable que pas tous les curés ont su de cette nouvelle initiative et donc ont pu conseiller<br />

les parents à envoyer les possibles élèves. <strong>Conforti</strong> même pourrait avoir proposé l’envoi de<br />

quelques jeunes pleins de promesses aux prêtres les plus proches et qu’on peut atteindre plus<br />

facilement. Mais peut-être le successif résultat de la plus grande partie de ces premiers élèves et<br />

de beaucoup qui pendant les premières années peuplaient les salles des classes et chambrées du<br />

séminaire missionnaire peut suggérer une autre indication.<br />

Depuis quelques années à Parma était terminé « le séminaire sainte Anne pour les<br />

séminaristes pauvres » une espèce de structure de « deuxième catégorie » pour ceux qui<br />

n’avaient pas les moyens pour payer une pension entière. Cette réalité analogue à d’autres<br />

institutions éducatives de beaucoup de villes d’Italie, a été d’abord déplacée dans « le grand<br />

séminaire » avec les travaux de restructuration organisés par l’évêque Villa, et puis était resté<br />

seulement <strong>com</strong>me distinction entre deux menses : les séminaristes des familles qui avaient des<br />

biens payaient plus et ils mangeaient mieux, les autres devaient se contenter. Mais de cette<br />

situation nous avons des traces depuis 1890. En plus, jusqu’à la fin du XIX siècle restait aussi<br />

un certain nombre des séminaristes externes (.d’ailleurs a été aussi Ferrari pendant ses premières<br />

années de formation au séminaire) ; des jeunes qui fréquentaient les cours au séminaire, mais,<br />

ayant des appuis des membres de la famille, <strong>com</strong>me des parents des familles laïques ou des<br />

prêtres, en ville épargnaient sur le taux de la vie <strong>com</strong>mune en restant dans la maison de ces<br />

familiers. Probablement une grande partie des ces élèves externes provenait de la ville même ou<br />

des villages voisins, vue la majeure probabilité d’avoir des parents en ville.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 44 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Donc « le séminaire émilien » pouvait être vu, pendant ces premières années, <strong>com</strong>me « un<br />

séminaire pour les pauvres », c’est-à-dire de certains jeunes, enfants des familles d’un modeste<br />

revenu, que pour une vocation embryonnaire et capacité d’étude auraient pu parcourir au moins<br />

en partie les années de formation cléricale, mais qu’ils cherchaient des moyens pour diminuer<br />

l’investissement économique nécessaire. Le fondateur assurait un taux abordable jusqu’au<br />

moment de la décision définitive pour la vocation missionnaire. La proposition pédagogique<br />

était plus avantageuse que la vie cléricale externe.<br />

Donc un certain nombre des curés et familles que peut-être auraient envoyé ces adolescents dans<br />

une situation de séminaristes externes, ils les confient au jeune fondateur. Ceci ne se réalisait pas<br />

pour les séminaristes de la montagne, où Berceto opérait déjà cette fonction.<br />

Commence aussi l’affaire du séminaire émilien pour les missions étrangères. Comme souvent il<br />

arrive, le départ ne coïncidait pas avec la solennelle inauguration qu’on avait eue quelques semaines<br />

après, précisément le 3 décembre 1895, jour de saint François Xavier, avec le décret officiel de<br />

l’érection et le mémorable discours de Magani. De toute ceci fut informé naturellement le cardinal<br />

Lédochowcki. « Les notes historiques » écrites 25 ans après, en courtes lignes décrivaient la vie<br />

quotidienne de Borgo del Leon d’Oro.<br />

Les élèves du nouvel institut fréquentaient les cours du séminaire épiscopal qui était tout<br />

proche et ils s’en profitaient aussi de l’œuvre du fameux père spirituel le chanoine<br />

Giovanni Scauri, homme rempli de charité qui inspirait une grande confiance aux jeunes<br />

et en plus il était très dévoué à l’institut et à son fondateur. A la maison le chanoine<br />

<strong>Conforti</strong>, pendant ses heures libres de multiples occupations, s’appliquait au soin spirituel<br />

des élèves avec la prédication du dimanche, avec les enseignements moraux du jeudi et<br />

avec la méditation que chaque jour <strong>Conforti</strong> faisait dans la chapelle. Les élèves<br />

participaient aussi aux offices religieux à la cathédrale, quand était présent l’évêque, sans<br />

pour autant se prêter au service liturgique.<br />

Le témoignage d’un des premiers élèves, après presque 50 ans de distance, évoque avec<br />

immédiateté le climat spirituel du jeune institut et de ses adolescents élèves.<br />

Moi j’ai l’impression précise <strong>com</strong>ment nous étions formés aux nouvelles sur les missions.<br />

Nous avons lu beaucoup, bon Dieu, <strong>com</strong>ment nous avons lu ! Calza et moi…et ensuite les<br />

autres ; étaient fréquentes les conversations missionnaires soit de la part du fondateur, soit<br />

de la part des autres supérieurs. « Les Missioni cattoliche » de Milano ont été achetées par<br />

Mgr <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>plètement, et nous avons lu les articles des années précédentes qui<br />

étaient d’ailleurs palpitants sous la tendre fraîcheur de notre nouveauté idéale.<br />

Ici <strong>com</strong>mence une expérience fondamentale de l’existence de <strong>Conforti</strong>, que l’ac<strong>com</strong>pagnera<br />

d’une façon différente, pendant le reste de sa vie. Prêtre diocésain, vicaire général, chaque matin<br />

partageait la prière avec ses élèves et dictait la méditation. Probablement dans la chapelle était aussi<br />

célébrée l’eucharistie sur un simple autel qui appartenait au chanoine défunt, professeur abbé<br />

Leonida Brignoli, déjà professeur du séminariste. <strong>Conforti</strong> et son prédécesseur dans la charge de la<br />

direction des œuvres missionnaires à Parma. Il se rendait aussi à la curie, éloignée seulement<br />

quelques minutes de route à pied, elle deviendra une promenade un peu plus longue quand l’institut<br />

sera déplacé au Campo di Marte, sans passer par la cathédrale, où le Chapitre, depuis une séculaire<br />

habitude, n’était pas obligé à assurer la prière publique quotidienne. Il restait pendant toute la<br />

matinée dans le bureau. A l’heure du repas il retournait parmi ses élèves et il était à leur disposition<br />

et probablement dans sa chambre, il assurait aussi de répondre aux courriers et aux rencontres avec<br />

les jeunes élèves, ou bien il se rendait encore à la curie où sortait pour faire des visites. Après,<br />

quand les véritables « élèves missionnaires » seront obligés à faire une seconde méditation, celle-ci<br />

sera dictée encore par lui-même, avant le souper, dans son bureau. Puis, après le souper, il<br />

participait à la récréation et à la prière du soir.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 45 – G.M. <strong>Conforti</strong>


L’abbé <strong>Guido</strong>, avec l’abbé Caio, le vice recteur, ne vivaient pas isolés des élèves, <strong>com</strong>me<br />

était le cas de beaucoup de séminaires italiens, mais ils avaient un contact fréquent avec les<br />

séminaristes : style de « famille », probablement <strong>com</strong>mencé par Ferrari, et continué après au Campo<br />

di Marte. Quand il était évêque, sa présence ne sera plus quotidienne, mais de toute façon <strong>Conforti</strong><br />

voudra être toujours présent le plus possible. En été, selon une ligne toujours plus forte dans les<br />

séminaires du XIX siècle et à partir de son expérience <strong>com</strong>me vice recteur, <strong>Conforti</strong> permettait aux<br />

élèves de se rendre en famille seulement pendant quelques jours chaque année en transférant le<br />

rythme du Borgo del Leon d’Oro, un peu mitigé à la campagne : d’abord à Carignano dans le même<br />

village où il y avait le lieu des vacances du séminaire, puis du 1897, presque toujours à Vigatto.<br />

Depuis le <strong>com</strong>mencement de l’année scolaire 1896-1897 les élèves étaient presque le double,<br />

jusqu’à être au nombre de 36 : 3 en théologie et les autres dans des classes du gymnase, aucun au<br />

lycée. Le même nombre on l’a eu l’année suivante. Mais finalement <strong>Conforti</strong> a pu distenguer parmi<br />

les élèves de « l’école apostolique » (le petit séminaire) et les « aspirants missionnaires », les plus<br />

grands, ceux qui avaient déjà fait un choix pour la vocation missionnaire. Les premiers seront :<br />

Odoardo Manini, Gaetano Zilioli, Bonfiglio Conti et Luigi Calza. Calza sera un jour le premier<br />

vicaire apostolique de la mission de l’Honan en Chine, Conti et Zilioli deviendront prêtres<br />

diocésains ; on parlera après de Manini, un parmi les premiers deux missionnaires envoyés en<br />

Chine.<br />

La résidence primitive était déjà depuis la seconde année scolaire. Ne manquaient pas de<br />

demandes pour entrer au séminaire missionnaire, et le fondateur devait répondre négativement à<br />

quelques jeunes. Probablement depuis le jour où il avait acheté la maison de Borgo del Leon d’Oro,<br />

ou peu de temps après, <strong>Conforti</strong> pensait à une solution plus grande.<br />

Mais pour financier l’opération, <strong>Conforti</strong>, on ne sait pas sur quel conseil reçu ou à l’exemple<br />

de quelque autre initiative, il a eu l’idée d’essayer de faire une loterie nationale. Les lots en espèce<br />

auraient été financés grâce à une réserve de 50.000 mille lires déjà disponibles en août 1897, et la<br />

loterie aurait agi <strong>com</strong>me une « multiplication » en permettant de mettre à côté une réserve suffisante<br />

non seulement pour la construction ex novo du siège de l’institut, mais aussi pour les frais d’un bon<br />

nombre de élèves. <strong>Conforti</strong> a pris aussi contact avec le député de la zone de Parma Domenico Oliva,<br />

qui c’est chargé de proposer à la Chambre de Députés « la petite loi » qui aurait approuvé la loterie.<br />

Au même temps <strong>Conforti</strong> avait écrit à tous les vicaires généraux de tous les diocèses italiens pour<br />

qu’ils puissent intéresser le plus grand nombre des députés locaux pour approuver la loi constitutive<br />

de la loterie. Cette opération de <strong>Conforti</strong>, que d’ailleurs avait eu un résultat très positif, est<br />

intéressante car elle montre d’un côté, une façon de procéder qu’aujourd’hui serait définie<br />

« lobbystico » et de l’autre côté, di <strong>com</strong>bien, au temps de « l’expedit » (intervention de l’état sur la<br />

nomination des évêques) l’intervention des curies diocésaines pouvait être considérée efficace, si<br />

non pour tous les députés, ou moins de la plus part.<br />

L’intervention de la Chambre des Députés du député Oliva, le 26 mai 1898, qu’on peut lire<br />

dans les notes historiques de Teodori, a bougé en ordre des idées pour pouvoir être bien acceptée<br />

par les politiciens italiens de ce temps. Les missionnaires que <strong>Conforti</strong> était en train de former iront<br />

porter la civilisation au milieu de la barbarie, et ils se dévoueront aussi avec les émigrants italiens<br />

en Amérique. Et il continuait :<br />

Nous ne nous occupons pas d’une frivole objection qui concernerait le caractère religieux<br />

de l’œuvre. A cette objection répondent avant tout le nom des proposant, la faveur avec<br />

laquelle tous, sans distinction du parti ou de foi religieuse, accueillent les missions<br />

chrétiennes : enfin la certitude que ici ne se cache pas aucun pauvre but politique. On ne<br />

peut pas douter qu’ici il s’agit d’un intérêt général : il s’agit d’une véritable et très haut<br />

intérêt national. Rien de plus italien, d’une école italienne des missionnaires italiens<br />

L’argumentation fructifie la valeur patriotique non seulement en Italie, était attribuée aux<br />

actions missionnaires de l’église du XIX siècle. Ici il nous est facile citer les anticléricaux français<br />

<strong>Manfredi</strong> - 46 – G.M. <strong>Conforti</strong>


qui pendant qu’ils confisquaient les biens ecclésiastiques, ils affirmaient que l’anticléricalisme<br />

n’était pas une marchandise d’exportation. Une mission italienne était toujours une présence<br />

italienne dans les territoires où il y avait la course au pouvoir colonial des personnes occidentales.<br />

Oliva, après attribuait à l’institution un engagement vis-à-vis des émigrants italiens. Celui-ci<br />

pourrait sembler un rôle qui n’existait pas dans le projet de <strong>Conforti</strong>. Mais quelques mois avant,<br />

précisément en août 1897, le cardinal Ledochowski envoyait à <strong>Conforti</strong> une demande d’un évêque<br />

brésilien, précisément Claude José Gonçalves Ponce de Leao de la ville de Rio Grande du Sud, pour<br />

avoir un clergé italien pour son soin pastoral des colonies italiennes dans son diocèse. Même ces<br />

interventions étaient sous la juridiction de Propaganda fide, et <strong>Conforti</strong> avait manifesté la pleine<br />

disponibilité pour aller où Propaganda fide envoyait, même en exprimant la préférence pur les<br />

missions de l’Orient ; en syntonie avec l’œuvre du saint patron François Xavier. La demande pour<br />

les émigrants n’a pas eu une suite à cause du manque, en ce moment, des missionnaires à envoyer,<br />

mais il a laissé deux traces dans l’histoire de la congrégation xavérienne : dans l’intervention du<br />

député Oliva, qui en citant l’émigration savait de pouvoir touché une touche d’un grand intérêt<br />

politique ; et dans le règlement le 31 décembre 1898, qui est l’unique cité parmi les buts de<br />

séminaire les « missions parmi les émigrants italiens dans les lointaines régions de l’Amérique »<br />

La proposition de la loi qui convient devait passer à travers une <strong>com</strong>mission spéciale<br />

parlementaire. Les temps semblaient s’allonger, sûrement à cause aussi de la situation politique<br />

interne italienne, après les désordres de Milano et d’autres villes d’Italie en mai 1898 et la<br />

conséquente chute du ministre Di Rudini. Le chemin du projet semblait se reprendre entre<br />

novembre et décembre 1898, mais la <strong>com</strong>mission oblige <strong>com</strong>me condition que l’institut de <strong>Conforti</strong><br />

soit érigé <strong>com</strong>me un organisme moral reconnu par les lois. Cette procédure, qu’aujourd’hui ne<br />

créerait aucun perplexité car il s’agit d’une légitime demande de légalisation, pour le monde<br />

ecclésiastique de la fin XIX siècle générait une immédiate réaction négative. Les lois éversives du<br />

1866-67, et tous les décrets qu’en ces années soudain privaient une institution ecclésiale des biens<br />

car déclarée « une congrégation religieuse » ou bien une « confrérie », <strong>Conforti</strong> avait suivi de tout<br />

proche les vicissitudes des dames ursulines, et il était en train d’affronter la longue controverse sur<br />

le Consorzio des vivants et des morts, étaient en effet une menace toujours in<strong>com</strong>bant. <strong>Conforti</strong><br />

refuse avec décision l’idée de la loterie et donc aussi pour des éventuelles hypothèques du service à<br />

l’émigration italienne. Et ceci car son projet prévoyait une congrégation religieuse, et donc la<br />

reconnaissance et le contrôle d’état pouvait devenir un dangereux boomerang dans le cas<br />

d’aggravation des interdictions aux congrégations religieuses. Alors <strong>Conforti</strong> repliait sur une<br />

initiative plus limitée, de charge locale, « une foire de bienfaisance », qui se tenait dans les locaux<br />

de la délégation de l’évêché de Parma du 23 au 27 mai 1900, avec une grande préparation qui<br />

impliquait surtout les dames des classes élevées de la ville, et qu’elle apportait une recette de pas<br />

mal de milliers de lires. La Giovane Montagna annonçait une recette de 7.000 lire, et aussi une<br />

remarquable résonance dans le circuit de la ville et dehors pour l’œuvre missionnaire du fondateur.<br />

Au même temps murait le déplacement du séminaire émilien dans la nouvelle et définitive<br />

résidence Reprenons ici notre attention à cet aspect « du bâtiment » mais aussi pratique de<br />

l’engagement de <strong>Conforti</strong>. Comme on avait dit, depuis la deuxième et la troisième année de vie de<br />

l’institut l’espace de la maison de Borgo del Leon d’Oro était résultat insuffisant. On ne peut pas<br />

oublier que en 1895, précisément l’8 mars, mourrait le papa de <strong>Conforti</strong>, le vieux patriarche<br />

Rinaldo, qui avait laissé aux enfants un remarquable héritage. Sûrement, après la période du deuil et<br />

les pourparlers nécessaires pour le partage des biens, <strong>Conforti</strong> avait eu à disposition un ultérieur<br />

apport financier, si non suffisant, au moins utile pour la recherche d’un arrangement plus vaste. En<br />

juillet - août 1899, pendant qu’il était en train de réaliser le projet de la foire de bienfaisance,<br />

<strong>Conforti</strong> entamait des négociations avec la <strong>com</strong>tesse Anna Simonetta Pallavicino, dame patronnesse<br />

de la même foire, pour un terrain hors de la Porta sain Michele sur la via Emilia. Les pourparlers<br />

semblaient définitifs, mais en réalité n’ont rient obtenu. Le deuxième essai fut en automne 1899,<br />

avec les Hôpitaux de Parma pour acheter une structure qui était l’ancien conservatoire des Esposte,<br />

mais l’hypothèse fut bientôt abandonnée. Un pas plus concret fut celui de l’achat qui est allé à bon<br />

<strong>Manfredi</strong> - 47 – G.M. <strong>Conforti</strong>


terme, d’un jardin entre les prisons de saint Francesco et l’institut de San Benedetto, dont la<br />

marquise Faustina Lalatta Malaspina était la propriétaire, elle aussi dame patronne de l’institut. Le<br />

contrat fut signé en novembre 1899. Mais aussi le jardin « Malaspina » ne fut pas considéré apte<br />

aux projets de <strong>Conforti</strong> car il fut jugé insalubre.<br />

Aussi maintenant en 1900, on a eu un bon résultat pour le pourparler pour l’achat d’un<br />

consistent terrain au Campo di Marte. Le propriétaire était Virginio Marchi, fils d’Antonio<br />

acquéreur des biens ex ecclésiastiques. Le projet fut tracé par l’ingénieur Carlo Pelleri de<br />

Collecchio, qui avait été déjà négocié quand il semblait que la Maison mère devait naître sur le<br />

terrain de la <strong>com</strong>tesse Pallavicino, et que non seulement s’occupait du projet, mais aussi il avait<br />

suivi les travaux gratuitement. Même la firme qu’au <strong>com</strong>mencement avait assumé la charge de<br />

travaux était la même qui avait suivi l’aménagement du Borgo del Leon d’Oro avec le maître maçon<br />

Quirino Zamboni, qui après a du confier les travaux à d’autres personnes.<br />

La première pierre fut posée par l’évêque Magani le 24 avril 1900, <strong>com</strong>me signe du »<br />

monument au « Christ Rédempteur » et pour « l’année jubilaire », et peut être aussi en souvenir de<br />

la première lettre du cardinal Ledochowiski, datée le 24 avril 1894. Une fois de plus Magani est<br />

affectueusement à coté de <strong>Conforti</strong> pendant les actes plus importants du parcours de la nouvelle<br />

institution. Son discours en se mettant lui aussi dans le cadre d’une vision épique et civilisatrice du<br />

missionnaire, termine avec des allusions beaucoup personnelles :<br />

Viendra un jour, lorsque mes os se reposeront au cimetière de la Villetta, et il s’est tourné<br />

à garder les deux longs filés des peupliers très hauts qui conduisaient au cimetière, de ce<br />

nid béni s’envoleront les aiglons de l’évangile, pour porter la foi à ceux qui sont encore<br />

dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort et mon âme tressaillira à la vision de<br />

magnifiques conquêtes qu’ils opéreront.<br />

Le nid des aiglons sera pour Bonardi et la première génération des xavériens, le titre<br />

« fleuri » de leur séminaire, et sera aussi le titre d’une parmi les premières productions<br />

cinématographiques réalisées dans les laboratoires artisanaux de Campo di Marte.<br />

Ici nous suivrons les différentes phases de la construction du bâtiment qui voyait une<br />

continuelle présence de <strong>Conforti</strong> à côté de Pelleri, un effort remarquable du point de vue<br />

économique et aussi un prix des vies humaines : un malheureux maçon fut écrasé par une voûte<br />

désarmée trop tôt. Un registre intéressant et beaucoup de factures sur des papiers à en-tête fin-de<br />

siècle, témoignent le fatigant mais aussi diligent travail. Les séminaristes de <strong>Conforti</strong> sont entrés<br />

dans le bâtiment en automne en 1901, et avec eux le Fondateur, qui reprenait sa vie normale entre la<br />

curie et la formation de futurs missionnaires, seulement en allongeant un peu le chemin de son<br />

parcours quotidien.<br />

PREMIERE REALISATION MISSIONNAIRE ET SA RECONNAISSANCE COMME<br />

CONGREGATION RELIGIEUSE<br />

A cause de la droiture de l’exposition, nous avons résumé ici en haut les vicissitudes de la<br />

« base du départ » des xavériens. Au même temps, en ces années cruciales entre 1897 et 1901, ont<br />

été crées les circonstances pour le premier envoi en Chine de deux jeunes de l’institut, et, en cette<br />

occasion, est née formellement la congrégation religieuse que <strong>Conforti</strong> avait depuis toujours<br />

projetée et dont « le séminaire émilien » devait être la première phase.<br />

Nous récapitulons brièvement les vicissitudes de Parma, pour donner une première vision<br />

rapide du parcours qui avait porté les premiers deux xavériens en Chine.<br />

Comme on avait dit, en automne 1895 les premiers séminaristes trouvent leur maison au<br />

Borgo del Leon d’Oro. Entre 1897 et 1898 prend corps l’essai de la loterie nationale, qu’après<br />

échoue. Au même temps Ledochowski demande des missionnaires pour les italiens émigrés au sud<br />

du Brésil : on est en août 1897. <strong>Conforti</strong> répond de ne pas avoir encore des sujets disponibles. Le<br />

<strong>Manfredi</strong> - 48 – G.M. <strong>Conforti</strong>


projet de la loterie est abandonné au <strong>com</strong>mencement de 1899. L’année suivante <strong>Conforti</strong> cherche un<br />

terrain apte pour la construction d’un bâtiment, et entre avril 1900 et novembre 1901 naît le<br />

premier lot de l’actuelle Maison mère.<br />

Mais en 1898, à l’occasion de la Grande exposition des Missions catholiques de Torino, était<br />

arrivé en Italie le père franciscain Francesco Fogolla, originaire des Apennins de Parma,<br />

missionnaire en Chan-Si septentrional, dans la graphie normative pingyn qu’on emploie<br />

actuellement on doit écrire Shanxi, vicariat apostolique confié aux frères franciscains mineurs, qui à<br />

Parma depuis toujours ont un centre important et beaucoup apprécié par la population de la ville,<br />

l’église de l’Annunziata au centre de l’Autre Torrent. Fogolla emmenait avec lui quelques jeunes<br />

chinois, selon l’habitudes des missionnaire de ce temps, en plus beaucoup d’objets pour l’exposition<br />

de Torino En août, à Paris, il sera consacré évêque, <strong>com</strong>me pro vicaire apostolique pour aider le<br />

vieux vicaire en charge le père Gregorio Grassi. Fogolla avait fait une étape à Parma en mars 1898,<br />

en rencontrant de différentes réalités ecclésiales, <strong>com</strong>me il arrive toujours avec les missionnaires. Il<br />

a célébré la messe aussi dans le petit séminaire émilien au Borgo del Leon d’Oro, en provoquant<br />

admiration et intéresse. Le jeune vice recteur Caio Rastelli et un parmi les élèves missionnaires les<br />

plus « anciens » et les plus avancés dans les études, Odoardo Manini, en <strong>com</strong>prenant que Fogolla<br />

avait demandé à <strong>Conforti</strong> de lui agréger quelques uns des missionnaires, ont insisté auprès du jeune<br />

fondateur pour partir. Fogolla s’est offert d’intervenir auprès de la congrégation de Propaganda fide<br />

afin d’obtenir toutes les permissions nécessaires. Il y avait pratiquement tout l’été pour mettre au<br />

point la préparation de premiers deux envoyés. Enfin, en septembre, Magani avait mis à disposition<br />

de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me vice recteur un autre prêtre diocésain, l’abbé Ormisda Pellegri, jeune curé de<br />

Cassio sur les Apennins et engagé dans le mouvement catholique, mais depuis toujours<br />

« sympathisant »des missions. Tout semblait montrer que le passage de Fogolla était providentiel.<br />

Certes, Manini n’était pas encore prêtre et il montrait quelques lacunes surtout dans l’engagement<br />

de la vie spirituelle, tandis que l’abbé Caio montrait un enthousiasme, mais aussi une maturité, des<br />

idéaux. Manini fréquentait quelques cours de médecine à l’université de Parma, pour recueillir des<br />

<strong>com</strong>pétences ultérieures utiles en Chine.<br />

En ce contexte, Confortai décidait de <strong>com</strong>pléter le projet qui s’était délinée. Le « séminaire<br />

émilien » différemment, par exemple de l’institut de la Lombardie de San Calogero, celui qui<br />

deviendra un jour le « PIME » devait former des missionnaires religieux, à plein titre avec les vœux<br />

traditionnels de chasteté, pauvreté et obéissance, et en plus un vœu spécifique, que dans la formule<br />

émise par Rastelli et Manini le 3 décembre 1898 sonnait ainsi : « Firmissime propono ac statuo per<br />

biennium, sub voti obligatione, juxta regulas huius instituti me totum dicare atque impendere pro<br />

conversione infidelium »<br />

Donc, en été et en automne de l’année très intense 1898, entre les ambages des passages<br />

parlementaires de la petite loi pour la loterie nationale, <strong>Conforti</strong> rédige un règlement provisoire pour<br />

la nouvelle congrégation, qui était en train de naître, en prenant <strong>com</strong>me exemple les règles de<br />

l’institut de Sain Calogero, en demandant à Magani l’approbation diocésaine pour la nouvelle<br />

congrégation, en prévenant contextuellement Propaganda fide de la démarche formelle ac<strong>com</strong>plie.<br />

Encore une fois Magani approuvait le projet de son vicaire général, naturellement ad experimentum<br />

mais sans beaucoup de délais : en connaissance sa méticulosité, on doit penser non seulement à une<br />

grande indulgence pour son collaborateur, mais aussi à son apport, au moins des conseils et des<br />

indications générales. Le décret de fondation de la congrégation de droit diocésain est daté le 3<br />

décembre 1898, l’approbation de Ledochowski on la trouve dans une lettre du premier janvier<br />

successif.<br />

En effet dans la lettre de souhaits de <strong>Conforti</strong>, dans laquelle <strong>com</strong>muniquait au<br />

Leodochowski aussi l’approbation épiscopale de la nouvelle congrégation, était présente la nouvelle<br />

de l’accord avec Fogolla pour l’envoi en Chine. Il a été surprenant pour ne pas dire étonnant pour le<br />

jeune fondateur une lettre successive du préfet de Propaganda fide, datée le 19 janvier, dans laquelle<br />

il demande des explications :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 49 – G.M. <strong>Conforti</strong>


J’estime donc nécessaire et opportun de rappeler à V.S que l’affectation pour les missions<br />

de ces élèves doit être faite par la S.Cong. de Propaganda fide ; et donc dès maintenant<br />

pour éviter des inconvénients et abus qui pourraient redonder à des préjugés aux élèves<br />

mêmes, la S.V lorsqu’elle aura à disposition des prêtres pour les missions, sera<br />

<strong>com</strong>plaisant de donner participation à cette S. Congrégation, laquelle confiera à euxmêmes<br />

la mission.<br />

Qu’est-ce qu’il était arrivé La réponse humble et déférente de <strong>Conforti</strong>, nous éclaircit une<br />

partie des vicissitudes. L’accord entre <strong>Conforti</strong> et Fogolla était que celui-ci prenait des accords avec<br />

Propaganda fide, et probablement cela était arrivé, ou directement ou à travers la curie de l’ordre<br />

des franciscains mineurs de Rome. Peut-être de l’approbation de Propaganda n’avait pas été fait un<br />

document écrit, peut-être il s’agissait d’une conversation orale dans laquelle pas tout était bien clair<br />

parmi les deux interlocuteurs. Sûrement <strong>Conforti</strong> était sùr que Propaganda était informée et<br />

d’accord à tel point qu’il parlait presque en passant dans sa lettre à la fin décembre à Ledochowski,<br />

tandis que peut-être la Congrégation attendait des actes plus formels et précis.<br />

Peut-être qu’on avait eu un autre fait. Au le préfet de Propaganda, <strong>com</strong>me on avait dit en<br />

haut, était déjà arrivée à <strong>Conforti</strong> l’autre demande pour la colonie italienne à Rio Grande do Sud, en<br />

août 1897. Dans la réponde <strong>Conforti</strong> affirmait d’espérer d’avoir après un an et demi quelques<br />

prêtres déjà préparés à aller partout ou l’obéissance voudra les envoyer. Faits les calculs, peut-être<br />

le préfet, ou mieux celui qui était à sa place, pourrait avoir soupçonné d’un <strong>com</strong>portement pas clair<br />

du coté de la direction du nouvel institut. A posteriori on peut <strong>com</strong>prendre <strong>com</strong>ment les prévisions<br />

de <strong>Conforti</strong> ont été faussées surtout par le zèle de Rastelli auquel s’est uni Manini qui n’était pas<br />

encore prêtre.<br />

Surmonté même à travers un voyage rapide à Rome de <strong>Conforti</strong>, l’accident diplomatique<br />

avec Propaganda, qui doit avoir mis à une dure épreuve la sérénité de <strong>Conforti</strong>, tellement<br />

scrupuleux dans le choix de dévotion et d’obéissance vers le Saint-siège, sont avancés les<br />

préparatifs <strong>com</strong>plexes pour le départ de deux missionnaires pour la Chine. Le 5 février Manini avait<br />

reçu le sous-diaconat. Le 4 mars 1899 dans la grande salle de l’évêché était fixé le rite de la remise<br />

du Crucifix. Le soir précédent, dans la chapelle de Borgo del Leon d’Oro, il y avait eu un moment<br />

de prière qui avait impliqué les jeunes de la congrégation qui était en train de naître. Les deux<br />

seraient partis le même jour, de Parma à Genova, pour se diviser après : Manini se serait embarqué<br />

à Marseille avec Fogolla, Rastelli aurait pris un navire à Genova. L’arrivée à Shanxi était prévue<br />

pour le mois successif. Le soir qui précédait le départ, une infraction disciplinaire plutôt grave de<br />

Manini accentuait les doutes de <strong>Conforti</strong> sur la capacité spirituelle de ce jeune<br />

N’est pas ici le siège pour suivre les vicissitudes de cette première avant-garde missionnaire<br />

qui passa en Chine peu de mois en pleine révolte de Boxers. Rastelli s’est enserré très bien dans la<br />

mission, il avait appris dans une brève délai de temps un peu de la langue chinoise, et il fut bientôt<br />

envoyé dans les stations missionnaires dans le vaste territoire. Manini s’est jeté âme et corps dans le<br />

dispensaire de la mission, il fut suivi, même si avec fatigue et avec des moments de tension de la<br />

part de son « supérieur », l’abbé Caio. Mais quand celui-ci fut envoyé dans le ministère<br />

missionnaire effectif, Manini avait montré un relâchement dans l’engagement spirituel et un<br />

excessif activisme uni à un manque d’engagement pour l’étude de la langue. Le fondateur suivait<br />

ces évolutions de lointain, dans la fragmentation de va-et-vient des lettres de la Chine. Puis est<br />

éclatée la tension politique, qu’a interrompu <strong>com</strong>plètement la <strong>com</strong>munication entre l’Italie et le<br />

Céleste Empire. En novembre 1899 sont <strong>com</strong>mencés les premiers attaques aux missions<br />

diplomatiques et religieuses occidentales, en touchant bientôt le Shanxi.<br />

Le 9 juillet 1900 à Tayuan-fu ont été tués avec cruauté les évêques Grassi et Fogolla, aussi<br />

des frères franciscains, des religieuses italiennes et quelques chinois, tandis que le corps de<br />

l’expédition occidentale était en train de se diriger de Tiensin vers Pékin, qu’aurait été occupé en<br />

août. Rastelli et Manini, hors des lieux au moment du massacre, ont pu prendre la fuite dans une<br />

<strong>Manfredi</strong> - 50 – G.M. <strong>Conforti</strong>


ésidence fortifiée par les pères de Scheut dans la Mongolia interne (Siao-Kiao-pan) où avec<br />

d’autres missionnaires et chrétiens réfugiés ont du subir un long siège.<br />

Doucement, et seulement vers la fin du 1900, sont arrivées à Parma les nouvelles d’abord du<br />

martyr de Fogolla (fin septembre) et beaucoup plus tard, du danger manqué pour les deux xavériens<br />

(23 décembre). Les deux, aussi à la suite des indications de <strong>Conforti</strong>, se inséraient dans la mission<br />

franciscaine en plein reconstruction, en plus Rastelli est nommé procureur, mais en février 1901,<br />

après un mois de maladie, il meurt. La nouvelle arrive à Parma le 3 mai successif, <strong>Conforti</strong> ordonne<br />

à Manini, au même temps ordonné prêtre, de rentrer en Italie : où il arriva le 21 décembre 1901, il<br />

débarqué à Napoli et, en faisant une pause à Roma, il arrive à Parma le 13 janvier 1902.<br />

Si on pense que toutes ces vicissitudes, et en particulier les longs mois sans des nouvelles<br />

certaines même pas à travers le Ministère des affaires étrangères, entre l’été et décembre 1900,<br />

arrivent pendant qu’on bâtit les murs du bâtiment au Campo di Marte, on est étonné de la capacité<br />

de l’endurance de <strong>Conforti</strong>. Le stress de ces longues attentes, des nouvelles incertaines et carrément<br />

négatives, devait être très haut. En plus, il continuait le ministère de vicaire général et la<br />

responsabilité d’une œuvre qui demandait attention, investissements financières, responsabilité. En<br />

plus, quand après dans le printemps avancé du 1901, <strong>Conforti</strong> s’est rendu <strong>com</strong>pte que son meilleur<br />

sujet, le père Caio, était mort en Chine, et la bas restait un jeune séminariste qui avait manifesté les<br />

limites très graves, <strong>com</strong>me témoignent les dernières douloureuses relations du même p. Caio.<br />

<strong>Conforti</strong> restera toujours lié avec affection à la mémoire de Rastelli. Mais on peut faire une<br />

hypothèse que entre mai et décembre 1901, il s’est au moins posé le problème, si cette première<br />

mission n’a pas été trop inconsidérée. Nous n’avons pas ces textes qui nous permettent d’éclairer<br />

mieux son état d’âme, mais une fois de plus probablement fut nécessaire une nouvelle lecture des<br />

vicissitudes de ces mois. <strong>Conforti</strong> peut-être fut aidé en considérant l'abbé Caio Rastelli <strong>com</strong>me un<br />

martyr, même si ne s’agissait pas proprement du martyr. Son enthousiasme qui avait traîné<br />

Confortai même à adhérer à la proposition de Fogolla, son engagement missionnaire brève mais<br />

diligent, le martyr de la chrétienté du Shanxi septentrional ont justifié, aux yeux de fondateur, un<br />

parcours que de toute façon, au moins sur le versant de Manini, montrait les signes évidents d’un<br />

échec.<br />

L’EVOLUTION DU « SEMINAIRE MISSIONNAIRE EMILIEN »<br />

Toujours en ces peu de mois au <strong>com</strong>mencement du siècle murait un ultérieur changement<br />

vis-à-vis de la première expérience du séminaire émilien. Dans les « notes historiques » écrites 20<br />

ans après, <strong>Conforti</strong> raconte :<br />

Après avoir constaté en effet que très peu étaient les élèves qui sont entrés à l’institut<br />

encore adolescents décidaient après d’embrasser la vie missionnaire, on a <strong>com</strong>mencé à<br />

réfléchir si n’était pas avantageux limiter pour le futur l’acceptation (sic) des jeunes qui<br />

venaient de terminer au moins le gymnase pour ne pas censurer presque tout le but de la<br />

fondation. On a décidé au même temps de retenir jusqu’au lycée terminé ceux qui avaient<br />

voulu continuer à rester dans l’institut.<br />

Cette nouvelle, selon <strong>Conforti</strong> se réfère à l’année scolaire 1989-99. Après quelques années<br />

d’engagement éducatif, l’ancien vice recteur s’est rendu <strong>com</strong>pte que le séminaire émilien était<br />

considéré <strong>com</strong>me un petit séminaire au pris plus convenable vis-à-vis de celui du diocèse, sans<br />

réussir à donner aux adolescents qui fréquentaient, une vraie passion missionnaire.<br />

En écrivant aux deux xavériens en Chine, le 23 décembre 1900, tandis qu’il exprime toute sa<br />

joie pour avoir eu finalement de bonnes nouvelles de leur vie. <strong>Conforti</strong> les informe sur le choix<br />

ac<strong>com</strong>pli au sujet des élèves missionnaires plus jeunes :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 51 – G.M. <strong>Conforti</strong>


J’ai déjà adopté le système de ne pas accepter des jeunes qui n’ont pas au moins terminé la<br />

troisième année du gymnase et qu’ils montrent quelques inclinations à la difficile vie du<br />

missionnaire. C’est vrai que diminuerait le nombre des ceux qu’on accepté, mais au<br />

même temps notre congrégation prendra une forme homogène et pourra mieux répondre<br />

au but très saint pour lequel elle a été fondée. Parmi les beaucoup de jeunes qui ont été<br />

acceptés depuis le <strong>com</strong>mencement, avec une largeur des critères que vous bien connaissez,<br />

à mon avis personne n’est sorti missionnaire.<br />

En effet donc, en 1900 venait clôturé, ou mieux était en train d’être conclue l’expérience des<br />

élèves de premières trois classes du gymnase, tandis qu’on continuait à essayer à travailler avec les<br />

petits que maintenant augmentaient depuis quelques années dans l’institut et aussi avec ceux du<br />

lycée. On note que ceci arrivait exactement au moment dans lequel l’institut entrait dans la nouvelle<br />

résidence ; <strong>com</strong>me <strong>Conforti</strong> pouvait facilement prévoir, toute cette structure risquait d’être habitée<br />

par peu d’adolescents et jeunes. Le choix de <strong>Conforti</strong> pourrait sembler à la première vue beaucoup<br />

limité : pourquoi ne pas admettre seulement ceux qui venaient de terminer le lycée Mais pour les<br />

temps, était déjà une intervention à la racine.<br />

Est connu que les petits séminaristes, en <strong>com</strong>mençant de ceux de la montagne qui existaient<br />

en beaucoup de diocèses des Apennins tosco-émilien, développaient la fonction principale des<br />

écoles « secondaires du premier degré » (<strong>com</strong>me on disait selon la terminologie actuelle) c’est-àdire<br />

des écoles successives au cours élémentaire, plus accessibles économiquement à l’égard des<br />

gymnases et lycée d’état plus chers. Davantage une réalité <strong>com</strong>me le séminaire missionnaire qui<br />

demandait un apport de la contribution familiale plus modeste. Beaucoup moins de familles<br />

pouvaient penser de projeter un gymnase supérieur et un lycée pour leurs enfants, donc il y avait<br />

alors une remarquable sélection.<br />

Pour <strong>com</strong>prendre l’importance et l’intuition du parcours intérieur de <strong>Conforti</strong>, vaut la peine<br />

faire quelques considérations globales sur les étudiants du nouvel institut missionnaire, à partir des<br />

sommaires mais intéressantes données tirées du registre des Dozzene et publiées par Teodori, pour<br />

les années 1895-1907. Qui étaient et d’où venaient les premiers candidats pour devenir des<br />

missionnaires dans la congrégation de <strong>Conforti</strong> Nous <strong>com</strong>plétons ici quelques considérations pour<br />

toutes les premières années de vie à Borgo del Leon d’Oro, déjà anticipées dans un paragraphe<br />

précédent.<br />

Pendant les premières douze ans d’activité du séminaire émilien pour les missions<br />

étrangères sont enregistrés en total 82 élèves. Parmi ceux-ci, 19 seront effectivement xavériens<br />

(quelques uns quitteront après la congrégation), 22 deviendront des prêtres diocésains, 31<br />

quitteront le parcours de formation cléricale ; 2 mourront avant d’avoir conclu les études et sur 8<br />

nous n’avons pas des données précises (puisque souvent auront quitté). Donc, pour faire un<br />

pourcentage, moins du 25%( précisément le 23, 17%) sera effectivement xavérien, le 26, 83%<br />

entrera parmi le clergé de Parma (21 cas), viennent du Borgo San Donnino (1 seulement) presque la<br />

moitié quittera <strong>com</strong>plètement le parcours vers le sacerdoce.<br />

De quels diocèses venaient-ils ces 82 élèves 55 venaient des centres du diocèse de Parma<br />

(le 67,07 %) 10 des diocèses émiliens (12, 2%) et précisément 3 de Borgo San Donnino, 6 de<br />

Reggio, un de Modena. Donc le séminaire émilien, malgré les interventions publiques des évêques<br />

de l’Emilia, restera pendant ces premières années substantiellement séminaire de Parma. D’autres<br />

viennent de différentes régions ecclésiastiques (le 19, 51%) tandis que sur deux nous n’avons pas<br />

des indications. Ces dernières provenances sont décidément curieuses : 6 viennent du diocèse de<br />

Noto en Sicilia du sud (le même nombre des candidats de Reggio Emilia), 2 de Cremona et 2 aussi<br />

du diocèse d’Arezzo et San Sepolcro. On a un élève pour chacun de ces diocèses : Trento, Lodi,<br />

Brescia, Mileto et Boston (USA) le p. Bonardi que nous pouvons considéré de Parma à tous les<br />

effets, car son acte de naissance fut enregistré à Berceto, 6 ans après, quand sa famille est rentrée en<br />

Italie.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 52 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Tous les étudiants de ces diocèses plus lointains arrivent à la Maison mère après 1911 : Camillo<br />

Gentilini de Trento en cette année ; Eugenio Berselli de Modena en 1902 ; Emilio Peviani de<br />

Casalpusterlengo et Corrado Di Natale de Noto en 1903 ; en 1904 on a eu un autre de la Sicilia et 3<br />

de Reggio ; en 19O5 un de la Sicilia, un de Brescia et un d’Arezzo (Assuero Bassi, futur vicaire<br />

apostolique à Louyang) en 1906 il n’y a eu aucun nouveau de Parma, tandis qu’on a registré<br />

Sabatino Pucci de Mileto ; Stefano Chieli de San Sepolcro et 3 de la Sicilia.<br />

On peut donc dire que le tournant imprimé par <strong>Conforti</strong> en 1901 a porté à un changement<br />

total de provenances des nouveaux élèves. Il serait intéressant étudier la motivation de ces afflux<br />

localisés dans les zones d’Italie particulièrement Noto et Arezzo, mais ce n’est pas ici le lieu pour<br />

cet approfondissement. Plutôt est intéressant noter que parmi les 19 élèves qui sont devenus<br />

effectivement xavériens, 12 sont de cette période, sur 28 qui sont entrés, le 42, 86% ont persévéré,<br />

tandis qu’un seulement, Rodolfo Barilla, deviendra prêtre diocésain. Donc un efficace inversion de<br />

tendance : bien sur pas tous sont arrivés à la conclusion des études ecclésiastiques, mais au moins le<br />

séminaire missionnaire avait cessé d’être un passage économiquement avantageux vers le<br />

séminaire diocésain de Parma. Alors le séminaire est devenu au moins italien et non seulement<br />

émilien.<br />

Au niveau des résultats finals, ceux qui n’étaient pas de Parma ont eu cette destinée : sont<br />

devenus xavériens deux de Fidenza sur trois, un de Reggio sur 6 (le père Pietro Uccelli entré<br />

lorsqu’il était déjà prêtre) un de Modena sur un, un de la Sicilia sur 6, deux d’Arezzo sur 2, 2 de<br />

Cremona sur 2, un de la Calabria (Mileto) sur un, tandis que celui de Trento (d’ailleurs était citoyen<br />

de l’empire d’Autriche), un de Brescia et de Lodi ne sont pas devenus xavériens ou bien ont quitté<br />

tôt la congrégation. Le niveau de motivation pour ceux –ci est très élevé, si on a l’exception,<br />

suffisamment <strong>com</strong>préhensible, de la Sicilia (11 xavériens sur 24 qui sont entrés, presque la moitié)<br />

Retournons maintenant au 55 de Parma, dont seulement 8 (14, 55%) sont devenus xavériens.<br />

Quelle était leur provenance Aux toutes premières années, <strong>com</strong>me plus en haut on avait dit, la<br />

plus grande partie provenait de la ville et de ses environs. Essayons maintenant d’évaluer les<br />

provenances pendant tous les 12 ans, de 1895 au 1907 pour vérifier si cette première ligne de<br />

tendance a été confirmée aussi après. De Parma proviennent 13 élèves (le 23,64%) Selon la<br />

répartition entre la basse pleine, moyenne plaine (autour de Parma ou pas loin) colline et montagne,<br />

on a les résultats suivants : dans la basse plaine 13, moyenne plaine 14, la colline 2, la montagne 12,<br />

tandis que Delfino Menegalli, entré parmi les premiers en 1895 a quitté en 1899. On dit qu’il est né<br />

à San Andrea. A part le bas nombre des vocations de la colline, qui est la ligne de la tendance<br />

typique de la situation du diocèse de Parma, au moins en partie la situation singulière du séminaire<br />

de <strong>Conforti</strong> vis-à-vis des vocations diocésaines de Parma est confirmé : la montagne qui dans le<br />

clergé diocésain occupe la première place (39,13%) ici est au même niveau (21, 82%) au contraire<br />

un peu inférieur à la ville et à la moyenne plaine, tandis que dans la marche du séminaire diocésain<br />

ont une capacité plus limitée dans le recrutement du clergé. On peut expliquer en partie le fait, et<br />

nous l’avons déjà écrit plus en haut : jusqu’à quand le séminaire de Borgo del Leo d’Oro était une<br />

succursale économiquement plus convenable du séminaire diocésain, les adolescents des villages de<br />

la montagne chercheront à opter pour le séminaire plus proche, Berceto, qui était, au niveau<br />

pratique une offrande analogue.<br />

Tandis que on confirme l’étroit rapport entre l’institut de <strong>Conforti</strong>, la ville et ses environs.<br />

Deviendront après xavériens un de Ghiara et un de Paroletta de Fontanellato et 4 de San Secondo,<br />

un de Roccaprebalza (Luigi Calza) et un de Bergotto (montagne, toutes les deux paroisses dans la<br />

mairie de Berceto),un de Noceto (moyenne plaine) : est surprenant l’exploit de San Secondo (4<br />

xavériens sur 7 élèves) et en général le résultat positif de ceux qui venaient de la basse plaine<br />

occidentale (6 xavériens sur 14 qui son entrés) tandis que se distribue dans une manière<br />

suffisamment équilibrée le nombre de ceux qui deviendront des prêtres diocésains : 21, 7 de la<br />

moyenne plaine, 4 de la basse plaine et 2 de Parma (le plus bas nombre des persévérances en<br />

général : sur 13 qui sont entrés, seulement 2 prêtres diocésains et 11 qui, ont quitté ,2 de la colline et<br />

6 de la montagne.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 53 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Le numéros sont (ou ils semblent) <strong>com</strong>me des os arides mais sans aucun doute sur un<br />

échantillon de ce genre disent beaucoup. L’impression de <strong>Conforti</strong> selon laquelle parmi les premiers<br />

qui sont entrés, personne n’était pour devenir missionnaire, est substantiellement confirmée. Et lui,<br />

avec tout l’amour pour son diocèse et pour son séminaire, n’avait pas fondé un institut qui avait<br />

demandé une énorme investissement non seulement économique, uniquement pour rétablir un<br />

« séminaire pour les séminaristes pauvres » Sa conscience l’avait fait opter pour un choix sans<br />

doute douloureux, et, pour plusieurs aspects, impopulaire Non plus un séminaire plein de jeunes et<br />

« employé » par le clergé et les familles du lieu pour un premier apprentissage d’étude et de<br />

formation spirituelle, puis après dérouter le flux majeur vers le clergé diocésain : mais une<br />

institution éducative projetée dans un horizon italien et plus directement et visiblement orientée<br />

vers la formation des jeunes missionnaires.<br />

On <strong>com</strong>prend alors la connexion, non seulement du temps, entre ce choix plus sélectif et le<br />

départ de l’Apostolat de Foi et Civilisation. En mars 1900, <strong>Conforti</strong>, après avoir demandé<br />

l’autorisation à Ledochowiski et avoir obtenu l’habituel consentement de Magani, écrit à tous les<br />

évêques italiens et aux vicaires généraux pour proposer une forme de financement populaire pour la<br />

formation de futurs missionnaires, appelée justement Apostolat de Foi et Civilisation, qui consistait<br />

dans une offrande annuelle de 10 centimes. Chaque diocèse à travers le vicaire général, devait<br />

présenter le nom d’un pieux prêtre ou laïque qu’il devienne promoteur. La proposition, analogue<br />

dans la forme à celles plus anciennes de Propaganda fide et la Sainte enfance, selon <strong>Conforti</strong><br />

n’aurait pas diminué le soutien à ces deux propositions populaire de sensibilisation missionnaire,<br />

mais elle se mettait dans un champ, celui du soutien à la formation des missionnaires, qui n’avait<br />

pas une initiative directe déjà existante. Pour faire démarrer la proposition, <strong>Conforti</strong> avait rédigé un<br />

« unique numéro », que fut envoyé aux évêques de toute l’Italie.<br />

L’approche entre cette initiative à horizon italien et le choix qui concernait le séminaire du<br />

Campo di Marte est, selon moi, extrêmement significative. <strong>Conforti</strong> connaît par expérience que<br />

pour la formation des missionnaires ont été nécessaires, et davantage, remarquables moyens.<br />

Beaucoup il les avait investis directement, les autres les a trouvés, et il continue à les chercher. Mais<br />

il connaît aussi que cet argent doit être employé selon le but pour lequel a été recueilli, et donc il est<br />

nécessaire que l’orientement missionnaire de l’institut soit plus incisif et réel. Enfin on peut<br />

s’imaginer que <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>prenne par intuition qu’à travers cette diffusion à tapis de l’Apostolat<br />

de Foi et Civilisation, aussi même l’institut se fera connaître et peut-être <strong>com</strong>mencera à récolter<br />

d’autres vocations, vu que l’intervention explicite des évêques émiliens n’avait pas donné beaucoup<br />

de fruit. Il est intéressant que entre les premières adhésions épiscopales, on a eu, le 2 avril 1900<br />

celle de l’évêque de Noto, Giovanni Blandini.<br />

POUR UNE SYNTHESE<br />

L’engagement, les relations, les décisions. Je ferais une synthèse de ce qui ressort toujours<br />

plus nombreuses les nouvelles au sujet du jeune vicaire général et fondateur de l’institut des<br />

xavériens. Du point de vue méthodologique vaut la peine souligner que pendant abonde le<br />

documentation de ce qui concerne les premiers pas de la congrégation, est plus limitée, partielle et<br />

fragmentaire celle qui concerne le ministère de vicaire général. Mais une vision, au tant que<br />

possible se croise et, nous espérons, non confondue, du double mouvement de <strong>Conforti</strong> nous permet<br />

d’éclaircir réciproquement et l’un et l’autre centre de sa vicissitude en ces années à la fin du siècle.<br />

L’intensité de l’engagement demandé au jeune prélat est sûrement remarquable, en tenant<br />

<strong>com</strong>pte de la santé pas tellement vigoureuse et florissante. Certes, fut un engagement surtout de<br />

contacts, du travail du bureau, et moins des voyages et efforts physiques. Mais le stress<br />

psychologique devait être important surtout pour l’attention qui était demandée sur deux fronts.<br />

Dans les années 1899-1901 puis l’exposions arriva au limite : deux jeunes élèves en Chine en état<br />

de persécution, le bâtiment au Campo di Marte qu’il devait suivre, les tensions dans le diocèse qui<br />

<strong>Manfredi</strong> - 54 – G.M. <strong>Conforti</strong>


augmentaient, les choix stratégiques d’employer dans la sphère des futurs missionnaires. Tout<br />

ensemble et au même temps, et le soin quotidien pour les élèves.<br />

Portant non seulement la santé résiste, mais <strong>Conforti</strong> n’hésite pas à se lancer dans de<br />

nouvelles initiatives : à part l’œuvre au Campo di Marte, d’abord l’essai de la loterie nationale,<br />

avec des lettres pour tous les vicaires généraux ; puis la pêche de bienfaisance, puis encore l’œuvre<br />

de l’Apostolat de Foi et Civilisation, avec ultérieurs lettres et publications. Ne diminue pas, semblet-il,<br />

le soin de la réalité diocésaine, qu’en vérité donnait très peu des satisfactions. Dans la<br />

correspondance de ces années on ne lit point une expression de fatigue ou de plaine.<br />

Qu’est-ce qu’a transformé une personne avec une santé fragile et de la psychologie signée<br />

par les crises de l’adolescence en cette espèce de machine de travail Je crois de pouvoir dire que<br />

<strong>Conforti</strong> soit continuellement motivé par la réalisation de son rêve. Le séminaire maintenant est là,<br />

les élèves affluent et le supérieur peut les suivre directement ; Propaganda fide encourage,<br />

carrément s’ouvre la Chine. Mais ce projet qui se réalise n’est pas une alternative à l’engagement du<br />

ministère diocésain, tandis que le soutient et l’alimente d’élan de patience. <strong>Conforti</strong> ne se « refuge »<br />

pas, au Campo di Marte pour oublier simplement les tensions de la curie et du diocèse, mais il<br />

trouve au Campo di Marte et dans les lettres de Manini et Rastelli l’enthousiasme et l’abnégation<br />

pour continuer la patiente œuvre de couture diocésaine.<br />

Ceci arrive aussi car <strong>Conforti</strong> sent le « devoir » beaucoup à son nouvel évêque Magani, qui<br />

n’hésite jamais à appuyer le proget missionnaire. Et sûrement, sans Magani la congrégation aurait<br />

encore pendant beaucoup de temps pénible à décoller au moins du point de vue économique. Donc<br />

on peut penser (c’est une hypothèse) à un sort de « restitution » de la part de <strong>Conforti</strong>, vécue de<br />

toute façon <strong>com</strong>me une partie intégrante de sa propre vocation.<br />

Cet engagement infatigable est animé et motivé par cet ancien rêve que maintenant<br />

concrètement se réalise. Cependant <strong>Conforti</strong> n’idéalise jamais son projet. Il part avec prudence au<br />

moment du premier possible départ de ses missionnaires, sûrement il vérifie le résultat à la lumière<br />

des faits tragiques causés par la persécution. En face un séminaire tellement riche de présences,<br />

mais pauvre de résultats missionnaires, il ne se perd pas dans des fantaisies mais il opère un fort<br />

coup, disposé à réduire les numéros. Il rapporte à ses deux missionnaires lointains ces choix, avec<br />

des paroles qui disent une remarquable lucidité.<br />

La deuxième parole que j’utiliserais pour faire une synthèse de ces années laborieuses est<br />

«relations ». Sûrement les lettres que <strong>Conforti</strong> écrit sont seulement une partie, aussi suffisamment<br />

limitée surtout du côté diocésain, des formes de contrat que le jeune vicaire général tient ouvertes.<br />

Beaucoup apprécient sa personne et sa modalité discrète, jamais autoritaire, de se mouvoir dans le<br />

monde civil et clérical autour de lui. Avec patience tisse chaque jour la toile de Pénélope des<br />

rapports entre l’évêque, le clergé et les religieux que son supérieur tende toujours à déchirer avec<br />

son style dur et sarcastique. Au chanoine Martino Martini à qui il doit <strong>com</strong>muniquer une grave<br />

punition de l’éveque, il écrit de telle façon de ne pas invalider l’inchangée estime pour sa propre<br />

personne. Les religieux présents en ville, souvent en collision avec le chef du diocèse, tiennent les<br />

contacts avec le vicaire général <strong>Conforti</strong>. Les dames de la noblesse et les députés apprécient<br />

l’œuvre, ainsi <strong>com</strong>me le mouvement catholique local.<br />

En mettant en jeu le double habit de vicaire général et fondateur de l’institut, <strong>Conforti</strong> avait<br />

tissé en ces années un filet de contacts avec les curies diocésaines de toute l’Italie. Il s’agit sans<br />

doute de la préparation lointaine, et non cherchée en tant que telles, au prestige qui fera de <strong>Conforti</strong><br />

l’évêque influent que sera nécessaire pour faire démarrer l’Union Missionnaire du Clergé.<br />

Le style qu’on tire de la lecture des textes est sobre et réservé : un peu selon le genre<br />

littéraire, un peu pour l’éducation reçue au séminaire. Avec ses deux religieux envoyés dans « la<br />

Chine des boxers », est paternel, mais avec une cordialité toujours beaucoup maîtrisée.<br />

Probablement pendant les rencontres personnelles <strong>Conforti</strong> savait faire ressortir davantage la<br />

cordialité. Mais ce que ici intéresse est que le style des relations constamment vécu par <strong>Conforti</strong> en<br />

cette période semble éviter un ton supérieur et détaché dans le sens négatif, <strong>com</strong>me une affectation<br />

<strong>Manfredi</strong> - 55 – G.M. <strong>Conforti</strong>


qui fait ressortir la recherche du pouvoir ou de la popularité. La discrétion est aussi une capacité des<br />

rapports équilibrés et non agressifs ni indiscrets.<br />

En effet le chemin des relations est l’unique possibilité efficace pour opérer dans le difficile<br />

champ du ministère diocésain, dans une époque des collisions, tensions et rancunes : <strong>Conforti</strong> en<br />

tant que vicaire général, n’a pas un pouvoir de décider devant la personne autoritaire de l’évêque<br />

Magani., Il ne peut pas modifier les lignes substantielles des intensions et de la mentalité de son<br />

supérieur. Il peut conserver les contacts, modérer les tons des interventions, chercher des occasions<br />

pour le dialogue et de la médiation à travers une autre personne. Au contraire le même <strong>Conforti</strong> est<br />

fréquemment cette personne avec toute la douceur et la souffrance du rôle, mais justement avec les<br />

ressources qui viennent de pouvoir se mettre au milieu car il est estimé par toutes les parties en<br />

cause. Les vicissitudes successives, avec la nomination épiscopale à Ravenna beaucoup soufferte et<br />

son résultat, nous confirment, s’il est nécessaire, que son <strong>com</strong>portement de médiateur n’était pas<br />

pour chercher la « carrière » et si ceci est arrivé, la cause fut l’estime de beaucoup de personnes,<br />

même influentes à la cour de Rome, que son rôle a su attirer sa sympathie.<br />

Si <strong>Conforti</strong> ne pouvait pas assumer, des décisions au niveau diocésain, si non en de petits<br />

espaces de manœuvre, restait tout le champ d’action de son naissant institut. <strong>Conforti</strong> en cette<br />

période a dù prendre différentes délibérations. Quelques unes étaient de type pratique, et en tant que<br />

importantes, impliquaient substantiellement une évaluation des prix et bénéfices : On pense en<br />

particulier aux acquisitions d’abord de la maison de Borgo del Leon d’Oro, puis aux différentes<br />

essaies qui débouchaient dans la construction de Campo di Marte ; mais aussi aux vicissitudes<br />

concernant le financement de son œuvre, de la loterie nationale, à la pêche de bienfaisance. D’autres<br />

décisions étaient au niveau bien plus stratégiques<br />

En face de différents modèles d’institut, <strong>Conforti</strong> a porté en avant le dessin d’une vraie<br />

congrégation religieuse, avec les vœux, donc avec un engagement canonique plus fort mais aussi<br />

plus <strong>com</strong>plexe à gérer. Au même temps on a du penser au « champ missionnaire » de l’institut<br />

même, avec le rêve de la Chine et des propositions « américaines » de Propaganda fide. Rastelli et<br />

Manini semblent forcer la main du fondateur, quand le franciscain Fogolla est venu à Parma. En<br />

réalité les temps et les façons on été soigneusement suivis par <strong>Conforti</strong>, qui n’a pas montré d’être<br />

pressé et, pour ce qui dépendait de lui, il a maintenu l’intention de <strong>com</strong>muniquer tout à<br />

Propaganda. Enfin, toujours dans les mêmes années, l’expérience du reclutement de futurs<br />

missionnaires avait demandé un tournant qui engage, vraiment stratégique : si le choix restrictif<br />

aurait porté à la drastique baisse des présences à Campo di Marte, l’œuvre risquait de échouer entre<br />

le dommage et les moqueries.<br />

<strong>Conforti</strong> révèle, en plus qu’une remarquable sagesse vis-à-vis de l’âge et à une intéressante<br />

capacité de mobiliser des ressources non seulement économiques, fruit elles aussi de multiples<br />

relations une disposition à lire avec réalisme les situations et à façonner continuellement son projet.<br />

Son rêve ne le éloigne pas de la réalité, il ne le rend pas rigide et<br />

Idéaliste. Certes, l’appui de Ledochowski, de Magani, des personnages importants de la société et<br />

de la politique de Parma facilitent la tâche et accélèrent les passages, presque une <strong>com</strong>pensation des<br />

années passives et d’attente de la période de Miotti. On doit tenir présent que même ces appuis ne<br />

pouvaient pas remplacer <strong>Conforti</strong> en quelques décisions déterminantes, <strong>com</strong>me, par exemple, celle<br />

de la « fermeture », du reclutement avant la IV année du gymnase. En ces aspects le rêve ne<br />

devient pas une manie, un entêtement, mais une capacité d’essayer, d’évaluer, réfléchir. Puis au<br />

delà de cette reformulation du nouveau le projet sera déterminant pour donner à <strong>Conforti</strong> la force<br />

de repartir.<br />

En ces réflexions synthétiques vaut la peine indiquer un motif périodique dans la mentalité<br />

et dans l’élaboration du <strong>Conforti</strong> des ces années, différé à après dans les années successives. Est le<br />

binôme de Foi et Civilisation, avec les deux lettres majuscules <strong>com</strong>me les aurait écrites <strong>Conforti</strong>. Il<br />

ne s’agit pas certainement d’une catégorie originale : les racines remontent au moins à<br />

Châteaubriant et à toute une publicité catholique intransigeante du XIX siècle. Il s’agit d’une<br />

constellation de références aussi des « mythes » dans le sens positif du terme : Les idées guides<br />

<strong>Manfredi</strong> - 56 – G.M. <strong>Conforti</strong>


capables de synthétiser une gerbe <strong>com</strong>plexe d’intuitions et motivations. La vraie foi, la foi<br />

catholique est capable non seulement de sauver chaque personne, mais l’éclairer avec une vraie<br />

civilisation tous les peuples, car Dieu a fait les nations guérissables et la santé spirituelle des<br />

peuples peut venir seulement de la civilisation catholique. Le peu de paroles reporte à la fameuse<br />

revue des jésuites qu’ensemble aux lectures strictement missionnaires du premier <strong>Conforti</strong>, les<br />

Annales de Propaganda fide, et beaucoup d’autres contributions littéraires ou orateurs que peut-être<br />

on ne peut plus les retrouver, avait contribué à la formation de cette conception de <strong>Conforti</strong>.<br />

N’est pas ici le lieu pour évaluer <strong>com</strong>bien on peut parler d’identification entre christianisme<br />

et civilisation européenne, ou pour soutenir sur le concept discutable de civilisation. Serait, je crois,<br />

intéressante une étude d’histoire de la mentalité sur les premières années de ce périodique, né<br />

propre à la Maison mère, qu’aura <strong>com</strong>me titre « Fede et Civiltà » jusqu’en 1978, quand se<br />

transforma dans la revue d’aujourd’hui « Missione Oggi » Sûrement en <strong>Conforti</strong> on aura une<br />

évolution de la signification attribuée au binôme en connexion avec le changement de son approche<br />

à la mission en Chine. Nous notons ici l’apparition du slogan, qui sera beaucoup remarquable<br />

<strong>com</strong>me chiffre synthétique de l’idéal missionnaire de <strong>Conforti</strong>.<br />

On doit cependant souligner que le binôme Foi et Civilisation fut aussi une clé d’approche<br />

au monde culturel et politique italien de ce temps. On ne peut pas nier que <strong>Conforti</strong> ait eu une<br />

formation et conviction quoique intransigeantes, et s’il ne fut jamais un fanatique du temporel, est<br />

du à son caractère équilibré et à la pédagogie de Ferrari. En cette fin du XIX siècle, en plus,<br />

certaines tensions et quelques structures mentales sont allées se délayer en face à l’apparition de<br />

nouveaux problèmes, du socialisme du colonialisme, et grâce aussi à l’apport de nouvelles<br />

réflexions des « jeunes » démocrates chrétiens. Mais pendant que ceux-ci cherchaient la synthèse<br />

entre catholicisme et culture de l’engagement économique, social et aussi dans une certaine<br />

élaboration historique littéraire du moyen âge qui pouvait interpréter ensemble l’idéal de Léon XIII<br />

et celui de Giosué Carducci, <strong>Conforti</strong> croise dans un autre espace de rencontre, celui de l’expansion<br />

de l’Italie à l’étranger. L’Orient et l’Afrique, l’immigration vers les Amériques, donc non seulement<br />

colonisation militaire mais des thèmes aussi culturels et sociaux, étaient désormais à l’ordre du jour<br />

de la classe dirigeante unitaire entre Crispi et Giolitti.<br />

Le binôme Foi et Civilisation permettait de créer un pont entre une possibilité d’un accord<br />

que peut-être seulement la maçonnerie plus anticléricale, et peut-être même pas celle-ci aurait<br />

refusé. Et non plus la réalité ecclésiastique se serait opposée à des contacts et collaborations en ces<br />

directions. Je voudrai éclairer qu’ici si on observe les données offertes par la documentation, il ne<br />

s’agit pas des accords sous mains des tolérances et <strong>com</strong>promissions, des « pieuses fraudes » que<br />

tous connaissaient et personne ne démasquait puisque étaient utiles à tous. Le vrai saut de qualité<br />

offert par les entreprises missionnaires, vaut l’analogie de l’assistance à l’émigration en Europe par<br />

Bonomelli et encore pour l’ac<strong>com</strong>pagnement aux italiens en Amérique construit par Scalabrini et la<br />

mère Cabrini, était l’intervention sur un terrain <strong>com</strong>mun de haut niveau et d’un engagement<br />

qualifié. Chacun après conservait ses convictions sur la réalité italienne, mais le travail <strong>com</strong>mun<br />

aurait lentement donné son apport à celle qui a été appelée la « Conciliation silencieuse » de<br />

l’époque du pape Pie X.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 57 – G.M. <strong>Conforti</strong>


TROISIEME CHAPITRE<br />

CONFORTI A RAVENNA<br />

UN CAS D’EMERGENCE<br />

On peut fixer toute de suite deux dates, qui scandent les événements dont nous nous<br />

occupons : Le 25 avril 1902, meurt à Ravenna presque soudain, le cardinal Agostino Riboldi ; le 9<br />

juin 1902, à Roma pendant le consistoire selon une formalité prévue par la tradition, Léon<br />

XIII « propose » <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> » <strong>com</strong>me archevêque de Ravenna.<br />

Presque au milieu de ces 45 jours, précisément le 16 mai, se déroule au Vatican le<br />

dramatique colloque entre Léon XIII et <strong>Conforti</strong> qui est reporté ici, évoqué selon le récit fait « à<br />

chaud » par le même <strong>Conforti</strong> à André Ferrari, archevêque de Milano:<br />

C’est avec l’esprit agité par mille affections et sentiments et non sans confusion que cette<br />

fois je me persuade à écrire à votre Eminence à laquelle je n’ai jamais rien caché que<br />

d’une certaine façon me concernait. Mercredi passé, je venais appelé à Rome par<br />

l’Auditeur à travers une lettre urgente, et tout de suite je me suis mis en voyage vers cette<br />

ville et je suis arrivé le jour après, alors je me suis présenté vers 10h00 du même jour, et<br />

avec ma grande surprise il m’invitait au Vatican le même jour à 18h00, pour être reçu en<br />

audience par le Saint Père qui désirait me parler.<br />

A l’heure convenue je me suis trouvé sur place et tout de suite j’étais mis à la présence de<br />

l’Auguste Souverain Pontife ensemble à Mgr Maffi, actuel administrateur apostolique de<br />

Ravenne, lui aussi appelé d’urgence à Rome. Mon cœur battait fortement car je ne savais<br />

pas ce qui était en train d’arriver, mais lorsque sa Sainteté m’a dit que j’étais affecté<br />

<strong>com</strong>me archevêque de Ravenna et Mgr. Maffi <strong>com</strong>me mon auxiliaire, je me suis senti très<br />

mal et j’ai <strong>com</strong>mencé à pleurer. J’ai prié le Saint Père à m’épargner ce grand poids en lui<br />

présentant ma faible vertu et doctrine, mon inexpérience, la santé chancelante, la faiblesse<br />

de mon caractère, les besoins que j’ai dans mon institut missionnaire, mais le pape n’a<br />

accepté aucun de ces motifs. Alors je l’ai supplié de changer les nominations : de nommer<br />

à ma place Mgr Maffi, et moi son auxiliaire devant qui je me sens un petit, rien à faire, le<br />

pape n'a pas accepté. Je l’ai supplié enfin, si cela était sa volonté, que s’il voulait me<br />

nommer évêque, qu’il me donne un diocèse plus petit et moins fameux. Alors le pape d’une<br />

manière très vibrante m’a répondu avec ces précises paroles que jamais je pourrais<br />

oublier : « N’insistez pas davantage et ne faites pas intervenir d’autres personnes, si non<br />

vous m’obligerez à vous <strong>com</strong>mander par obéissance. Au vicaire de Jésus Christ il fait<br />

obéir promptement. Je vous ai invité à venir vous-même en personne à Rome exprès pour<br />

rompre tous atermoiements et pour que vous entendiez de la bouche du pape ce que lui<br />

veut de vous. Disposez-vous donc à faire la volonté de Dieu car alors il sera généreux dans<br />

ces grâces»<br />

Je suis sorti du Vatican avec un esprit profondément agité et une forte fièvre m’a fait<br />

souffrir pendant toute la nuit.<br />

La scansion temporelle peut aider à individualiser une première, pour de différents aspects,<br />

hypothétique réponse à cette demande : qui a suggéré la nomination de <strong>Conforti</strong> pour Ravenna <br />

Comme nous savons, le temps entre la mort de Riboldi et la nomination de <strong>Conforti</strong> est pour<br />

les rythmes et les habitudes de l’époque, plutôt limité. Mais encore plus nous devons rester en garde<br />

devant une autre constatation, peut-être moins connue, au sujet du consistoire. Depuis l’antiquité<br />

millénaire, les nominations épiscopales, sauf quelques unes confiées « pour brève » et à déterminées<br />

conditions, elles passaient à travers cette réunion des cardinaux. Maintenant il s’agissait d’une<br />

<strong>Manfredi</strong> - 58 – G.M. <strong>Conforti</strong>


formalité : les évêques étaient choisis ailleurs. Cependant on employait encore le terme « proposer »<br />

au collège des cardinaux. Naturellement tous étaient d’accord. Mais quelle était la fréquence de ces<br />

consistoires Le rythme était d’un ou deux chaque année. Celui du 9 juin 1902 aurait été l’unique<br />

consistoire de cette année. Douze mois et plus seraient écoulés avant un autre consistoire, et depuis<br />

plus de six mois à été célébré le précédent. A savoir : les sièges vacants venaient résolus avec un<br />

rythme très différent de celui auquel nous sommes aujourd’hui habitués. Chaque six mois ou bien<br />

un an, le pape pourvoyait à une série des nominations, aujourd’hui on dirait à « rafales »<br />

On n’est pas en mesure de savoir avec certitude si, à la mort de Riboldi en avril, était déjà<br />

fixée en principe la date du consistoire. Souvent les nominations épiscopales étaient faites le mois<br />

de juin. Nous pouvons cependant avec légitimité penser que Léon XIII voulait faire vite à résoudre<br />

le siège vaquant de Ravenna. Car rien n’interdisait du point de vue canonique, aussi le renvoi de la<br />

nomination à un successif consistoire. Mais pour Ravenna était nécessaire faire vite.<br />

L’hypothèse de travail que nous présentons ici, naît de celle qu’on pourrait appeler une<br />

intuition : le motif de la nomination de <strong>Conforti</strong> à Ravenna ne se trouve pas principalement en<br />

<strong>Conforti</strong> ou à Parma. Elle est à Ravenna. Ceci non pour diminuer la figure du candidat, mais pour<br />

éviter de se faire fourvoyer.<br />

La clé d’interprétation du choix de l’an 1902 semble de la placer avant tout dans la situation<br />

de Ravenna, qui était telle de faire intervenir deux fois, d’abord l’archevêque de Ferrara, puis<br />

l’évêque doyen de cette Provence ecclésiastique, précisément l’évêque de Cervia, Federico Foschi,<br />

près du secrétaire d’Etat du Vatican, <strong>Maria</strong>no Rampolla del Tindaro, pour éviter que le chapitre de<br />

la cathédrale, <strong>com</strong>me d’une situation normale, puisse élire le vicaire capitulaire dans le siège<br />

vacant. Cette intervention externe était arrivée à la mort de Sebastiano Galeati en janvier 1901 et<br />

puis encore à la soudaine disparition, depuis peu de mois de gouvernement, du cardinal Agostino<br />

Riboldi. Comme on connaît, à la mort d’un évêque on devait normalement procéder de la part du<br />

chapitre de la cathédrale à l’élection d’un vicaire capitulaire, sauf si le pape aurait nommé un<br />

administrateur apostolique. Pour Ravenna la situation était tellement grave que la procédure<br />

ordinaire fut bloquée dans tous les deux cas. Le problème qui pesait sur le diocèse de Saint<br />

Apollinaire est bien décrit par Domenico Svampa, archevêque de Bologna :<br />

Le clergé est profondément divisé : ici le laïcat est presque païen, la jeunesse grandit sans<br />

foi : le socialisme est dominant. Que le nouvel archevêque puisse réparer, au tant que<br />

possible, tan de maux, et concilier ensemble les esprits des prêtres. En plus il convient que<br />

l’élu soit un homme nouveau, qu’il ne soit en aucune manière engagé par des relations<br />

précédentes, ni avec le suspect de prendre parti pur l’un ou pour l’autre autrement<br />

l’esprit funeste du schisme on ne pourra pas l’enlever facilement. Il est aussi nécessaire<br />

qu’il connaisse bien le droit canonique, pour élever la curie, et être capable de faire tout<br />

seul.<br />

Donc il s’agissait de faire vite : on ne pouvait pas laisser un diocèse, d’ailleurs responsable<br />

d’une province ecclésiastique non limitée et stratégique, sans un pasteur qui aurait un mandat clair<br />

d’intervention. En particulier on doit noter que dans l’église de Ravenna un personnage pas<br />

tellement clair <strong>com</strong>me Paolo Peppi, avec la totale confiance du bon vieux archevêque Galeati, avait<br />

pris dans ses mains les rênes du chapitre et de la curie : après on décrira mieux l’état du diocèse<br />

avec sa présence.<br />

Cette nécessité d’intervention immédiate, et si possible avec un « homme nouveau » avec un<br />

outsider, de prestige selon les indications de Svampa, dépuis 1901 avait probablement déterminé<br />

Léon XIII à viser « sur un cheval de race »<br />

Agostino Riboldi, évêque de Pavia mais un personnage influent dans la Région ecclésiastique de la<br />

Lombardia et intransigeant à toute preuve : certainement âgé, mais sûrement expert et influent aussi<br />

que totalement étranger aux jeux de Ravenna et de la Région de la Romagna. Pourtant<br />

<strong>Manfredi</strong> - 59 – G.M. <strong>Conforti</strong>


malheureusement la santé de Riboldi n’était pas florissante, avait bouleversé l’opération, ainsi qu’en<br />

quelques mois le cas de Ravenna retournait sur le bureau du pape.<br />

QUI A SUGGERE CONFORTI <br />

En considérant l’hypothèse à travers laquelle le choix de <strong>Conforti</strong> on le <strong>com</strong>prend à partir de<br />

Ravenna, et aussi de la suggestion de Svampa qui proposait un outsider, la personne du vicaire<br />

général de Parma, convenait très bien. Avant tout, <strong>Conforti</strong> était émilien, et que un émilien puisse<br />

aboutir en Romagna était <strong>com</strong>plètement es<strong>com</strong>pté, à l’époque de Léon XIII. Une recherche rapide<br />

sur les nominations épiscopales de son pontificat, qui est encore en phase d’élaboration mais qu’elle<br />

a offert beaucoup de premiers mots, montre avec une certaine clarté que dans les critères des<br />

nominations dans les diocèses italiens le pape Léon XIII préférait nommer dans la même province,<br />

ou bien il optait pour le passage entre provinces ecclésiastiques voisines ; et mentalement tenait<br />

beaucoup présentes les frontières des Etats avant l’unité d’Italie. Normalement étaient nommés les<br />

lombards en Emilia et les émiliens en Lombardie (Ferrari par exemple), mais en Romagna on<br />

préférait des évêques de la même région ou de la région des Marche. En 1902 les sept diocèses sous<br />

la présidence de Ravenna avaient quatre évêques de la Romagna, deux des Marche et un de<br />

Viterbo : tous donc en provenance de l’ex Etat pontifical. En plus, les nominations du pape Léon<br />

XIII étaient signées par un rapide turn over : le cas de Ferrari, en quelques années à Parma est<br />

nommé à Guastalla, puis à Como et enfin à Milano, et tout autre cas isolé, et de toute façon<br />

généralement aux sièges épiscopaux on arrivait après un apprentissage, plus ou moins long, dans<br />

des sièges mineurs. Donc pour <strong>Conforti</strong> on fait une exception importante pour de différents aspects,<br />

et accentuée d’une façon extraordinaire par son jeune âge.<br />

A partir de ces données, encore plus intéressante peut être la question : <strong>com</strong>ment propre<br />

<strong>Conforti</strong> Ou, mieux encore : qui a suggéré <strong>Conforti</strong> à Léon XIII <br />

En affirmant que quelqu’un ait proposée au pape la personne de <strong>Conforti</strong>, on ne veut pas ici<br />

certainement diminuer sa qualité humaine et spirituelle, ni les capacités de mémoire et connaissance<br />

des personnes de Léon XIII, d’ailleurs en 1902, très âgé. Mais, sauf postuler une illumination<br />

particulière du pape, possible mais habituellement non documentée, est plus logique individualiser<br />

et faire des hypothèses que parmi les collaborateurs du pape pouvaient suggérer une solution<br />

décidément courageuse. Et en plus, est bien connue la capacité du pape de s’entourer des<br />

collaborateurs valides et de les faire travailler pour lui. Qui pourrait être le souffleur de cette<br />

décision <br />

Des documents directs pour la solution de ce cas, pour le moment, on ne les a pas trouvés<br />

des décisifs. Il faut donc déclarer tout d’abord qu’il s’agit des hypothèses, et de ce que les<br />

magistrats et enquêteurs appelleraient un cas suspect. Qui pourrait être le soupçonné Dans une<br />

enquête très sérieuse, on ferait l’hypothèse du cardinal Ferrari. Ou bien Magani même, en rapports<br />

continuels avec le cardinal Rampolla, Ou enfin Svampa de Bologna. Pourtant l’acribie de Teodori<br />

n’a pas réussi à individualiser aucune lettre de Ferrari au Saint Siège avec cet avis : tandis qu’il y a<br />

celle qui offre des indications pour substituer Riboldi à Pavia. Alors Magani Pourtant la nouvelle<br />

inattendue de la convocation à Roma semble arriver de surprise même pour Magani. Et pour ce<br />

qu’on puisse imaginer de son caractère, il me semble de pouvoir dire que, si Magani aurait deviné<br />

quelque chose, il n’aurait pas renoncé de l’indiquer au moins avec sa finesse à son collaborateur. Et<br />

aussi pour ce qui concerne cette possibilité, on ne trouve aucun signe à Ravenna dans les longues<br />

missives de Magani à Rampolla.<br />

Pour <strong>com</strong>mencer l’enquête, partir de Ravenna il semble nécessaire ; et non de Ravenna de<br />

l’an 1902, mais de Ravenna de l’an 1901, depuis la nomination de Riboldi. Une opération gérée<br />

avec une certaine audace, et que trouve en Lombardie, et précisément à Pavia, « l’homme<br />

nouveau » qui semblait nécessaire pour Ravenna.<br />

On doit ajouter un autre élément : dans la nomination de <strong>Conforti</strong>, Pavia ne disparaît pas. Au<br />

contraire, il faut lire la décision du 1902 non <strong>com</strong>me nomination de <strong>Conforti</strong> et ça suffit, mais<br />

<strong>Manfredi</strong> - 60 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>com</strong>me nomination de <strong>Conforti</strong> avec Pietro Maffi : un signe fort de continuité de la ligne à peine<br />

ébauchée de Riboldi, même si après, Maffi bien tôt sera nommé évêque de Pavia. La nomination de<br />

juin 1902 a pour Ravenna une signification précise : la nouveauté constituée, à travers Maffi, et elle<br />

est prise par un jeune prélat qu’avec Maffi on connaît aussi par des fréquentations <strong>com</strong>munes :<br />

pensons aux rapports de Magani avec Pavia.<br />

Pavia ne disparaît pas. Mais ce n’est pas Magani ; et même Ciceri, qui vient d’être nommé<br />

au diocèse du Ticino, à suggérer cette solution.<br />

Si on réfléchit sur ces connaissances, et si on garde d’un côté aux documents recueillis par<br />

Teodori, et d’autre côté à qui collaborait avec le pape pour la nomination des évêques italiens, un<br />

nom semble répondre aux indices recueillis en les rangeant dans une manière surprenante : Lucido<br />

<strong>Maria</strong> Parocchi. Originaire de Mantova, intransigeant à toute épreuve fut évêque de Pavia du 1871<br />

au 1877 ; il fut nommé après à Bologna, où il est resté depuis 1877 jusqu’en 1882, sans jamais<br />

recevoir l’exequatur. Léon XIII l’avait appelé à Rome, où pendant des années a été vicaire du pape<br />

et menait différentes changes, souvent délicates, entre autre beaucoup d’affaires qui regardaient les<br />

instituts religieux ; ne manquaient pas les contacts avec les Bénédictins de Parma, où Parocchi se<br />

montrait bien ajourné sur la situation délicate du diocèse, en recueillant dans ses colloques de<br />

ultérieures nouvelles. Parocchi participe à la <strong>com</strong>mission cardinalice pour l’élection des évêques<br />

italiens, instituée exactement par Léon XIII et peu après supprimée par Pie X dans sa reforme de la<br />

curie.<br />

Non seulement Parocchi connaissait Parma, mis il était aussi un des cardinaux impliqués<br />

dans les opérations de Léon XIII pour diminuer la tension de ce diocèse : c’était en vérité lui à<br />

convaincre le chanoine Pietro Tonarelli à se retirer à Rome, et il l’avait impliqué dans le travail de<br />

la curie de Roma. Sûrement Parocchi avait connu <strong>Conforti</strong> pendant les exténuants pourparlers au<br />

sujet du cas de Tonarelli.<br />

Mais d’autres indices nous confirment cette hypothèse.<br />

Pendant que <strong>Conforti</strong> était engagé pour la reconnaissance du séminaire émilien de la part de<br />

la Congrégation de Propaganda fide, il s’est adressé directement à Parocchi, qui lui avait donné des<br />

indications utiles. <strong>Conforti</strong> même, quand il était à Rome en janvier 1902, allait au palais de la<br />

Chancellerie pour recueillir des nouvelles sur la santé du cardinal, qui s’était soudain aggravée.<br />

Parocchi avait surmonté cette crise, en se transférant après dans son diocèse de Porto à cause d’un<br />

meilleur climat : c’était ici qu’il avait su la mort de Riboldi, et ainsi écrivait à Rampolla :<br />

Si pour n’importe quelle cause, sa sainteté trouve opportun mon retour, même avant<br />

dimanche prochain, je suis tout prêt à laisser ici toute chose, même la fête patronale, qu’on<br />

la célèbre dimanche prochain.<br />

Le 28 avril Rampolla répondait : « Au sujet de l’archidiocèse, le saint Père n’a pas laissé de prendre<br />

toute de suite les déterminations qui étaient du moment…n’est pas nécessaire donc que votre<br />

éminence anticipe son retour pour cette affaire…Comme dire : l’émergence a été résolue avec la<br />

nomination de l’administrateur apostolique. Maintenant nous pouvons attendre quelques jours.<br />

Retournons à la chronologie : le 25 avril, meurt Riboldi. Le 30 avril, est nommé<br />

l’administrateur apostolique de Ravenna. Le premier dimanche de mai, c’est-à-dire le 4, Parocchi<br />

célèbre la fête patronale à Porto, puis il rentre à Roma le jour après, c’est-à-dire le 5 mai. Le 13 mai<br />

<strong>Conforti</strong> vient en toute vitesse convoqué à Roma. Parocchi, et peut-être d’autres, a pu traiter avec<br />

Léon XIII sur les hypothèses de la solution de la question de Ravenna. En ces jours le nom de<br />

<strong>Conforti</strong> sera sans aucun doute ressorti.<br />

Qu’on fasse encore attention à ce qui est arrivé après. Le 16 mai <strong>Conforti</strong> recevait la<br />

nomination. Le jour successif, il se rendait beaucoup éprouvé, chez Parocchi, en tant que sa<br />

connaissance et sa référence à Roma.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 61 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Pour voir s’il était possible obtenir pour son appuis la dispense : mais aussi le cardinal<br />

Parocchi l’avait persuadé qu’il était impossible et il lui disait que même avant le Saint<br />

Père l’avait désigné pour le diocèse de Livorno et puis de Reggio Emilia, et que,<br />

seulement grâce à la prière de Mgr Magani, que le estimait indispensable dans le<br />

diocèse de Parma, alors il ne fut pas nommé pour ces sièges. Et que le même Saint Père<br />

cette fois n’avait consulté personne.<br />

Ainsi réfère la déposition jurée de Angelo Calzolari, pendant des années domestique de<br />

<strong>Conforti</strong>. Mais dans les lettres de Magani on ne trouve aucune trace de ces précédentes<br />

nominations. C’est un discutable l’argument et silence, mais ces nouvelles racontées par Parocchi<br />

semblent vraiment typiques des ces instruments de la curie pour convaincre, faciles à employer pour<br />

celui qui peut couvrir ses interventions derrière des déterminations bien plus influentes. Tout ceci<br />

n’exclut pas que Léon XIII puisse avoir présente la personnalité de <strong>Conforti</strong>, qui répondait aux<br />

caractéristiques de ceux qui pouvaient être évêques de son pontificat, de culture théologique<br />

rigoureusement et intelligemment Thomiste.<br />

LE DESSIN STRATEGIQUE ROMAIN ET LA LECTURE DE LA SITUATION DE<br />

RAVENNA<br />

Peut-être qu’il semblerait trop grande l’attention à cette enquête, que nous répétons pour le<br />

moment n’a pas eu une preuve documentaire. Mais il me semble qu’on puisse tirer un parcours des<br />

vicissitudes et des vecteurs capables d’éclairer mieux les décisions d’avril-mai 1902 et, par réflexe ,<br />

la personne de <strong>Conforti</strong> d’autant plus le résultat successif de la brève expérience de Ravenna.<br />

N’importe qui a été le souffleur au pape Léon XIII sur le nom du vicaire général de Parma,<br />

est évident que se relève en cette opération, en continuité avec la nomination de Riboldi du 1902, un<br />

dessin visé. Ravenna avait besoin de tourner la page, en <strong>com</strong>mençant de la situation du clergé,<br />

divisé et en plus, pour certains aspects, déchiré par des présences en<strong>com</strong>brantes. <strong>Conforti</strong><br />

représentait le choix hors des logiques habituelles, le jeune prélat d’un zèle bien connu et d’une<br />

grande clarté. Mais celui qui connaissait les vicissitudes de Parma, et en particulier Rampolla et<br />

Parocchi, savait bien aussi du grand équilibre, de la capacité médiatrice et de la patience de <strong>Conforti</strong><br />

dans la gestion d’une situation pour différents aspects analogues.<br />

Une figure idéale, que entre autre chose, différemment de Riboldi, pouvait garantir aussi un<br />

gouvernement prolongé du diocèse : dans le document en vue du consistoire étonne le jeune âgé,<br />

seulement de 37 ans du candidat à l’égard d’autres qui recevaient la nomination.<br />

On ne peut pas nier une certaine hâte dans l’individualisation de la solution pour Ravenna.<br />

D’ailleurs, était un cas urgent, et le consistoire était tout proche. Mais sans aucun doute, du point de<br />

vue théorique, <strong>Conforti</strong> représentait une carte idéale à jouer, sauf le fait d’une santé chancelante,<br />

mais peut-être les informations à Roma étaient plus positives en cet aspect, vu que dans les temps<br />

récents ne s’étaient pas manifestés des symptômes importants.<br />

Le long gouvernement de l’ancien et malade cardinal Galeati avait laissé une situation aussi<br />

<strong>com</strong>promise, pour induire le Saint-Siège à <strong>com</strong>missionner le diocèse. Le choix était au début tombé<br />

sur un évêque prestigieux, expert et avec un caractère résolu <strong>com</strong>me Riboldi. Sa mort soudaine<br />

après peu de mois d’épiscopat avait reporté le jeu à la même situation d’impasse en janvier 1901 : la<br />

nomination d’un administrateur apostolique avant que le chapitre métropolitain puisse élire le<br />

vicaire capitulaire, et la recherche d’une personne apte. Cette fois non le vieux expert, mais le jeune<br />

outsider, expérimenté dans la médiation et, <strong>com</strong>me je crois justement, souligne Vanzin, inattaquable<br />

du point de vue de la spiritualité, de la moralité et de la droiture personnelle. La mineure expérience<br />

des affaires techniques et juridiques, ainsi embrouillées à Ravenna, pouvaient être <strong>com</strong>pensée par la<br />

présence de Pietro Maffi, qui avait déjà ac<strong>com</strong>pagné Riboldi de Pavia, et qu’aurait (selon les<br />

intentions de Léon XIII) fermé définitivement en un peu de mois les trop de questions ouvertes, et il<br />

serai allé après ailleurs, en attirant loin les hostilités des beaucoup de mécontents. Depuis ici, en<br />

<strong>Manfredi</strong> - 62 – G.M. <strong>Conforti</strong>


avant <strong>Conforti</strong>, jeune et rempli de zèle, aurait eu un terrain libre pour reconstruire le tissu pastoral<br />

de l’ancien siège.<br />

Sans doute, en particulier pendant le long colloque avec Léon XIII le 14 juin 1902 et<br />

d’autres contacts de ces mois en attendant l’exequatur, <strong>Conforti</strong> aurait eu la passibilité d’être mis au<br />

courrant sur les différentes affaires pendantes encore ouvertes. Je rappelle ici brièvement les points<br />

saillants. Galeati avait confié la totale gestion diocésaine à son secrétaire particulier, l’abbé Paolo<br />

Peppi. Il semble que celui-ci aurait eu deux attitudes d’un particulier relief : la gestion économique<br />

dégagée des biens épiscopaux et le choix, pour les charges plus importantes du gouvernement<br />

diocésain, de quelques personnes du clergé contre d’autres, aussi de se créé une majorité favorable<br />

dans le chapitre et en arrivant cependant à mécontenter d’autres groupes du clergé.<br />

L’action de Peppi avait créé une série de controverses juridiques qui s’étaient soudain<br />

ouvertes à la mort de Galeati, et incroyablement embrouillées entre elles : avec difficulté Reboldi et<br />

Maffi les avaient <strong>com</strong>prises aussi car dans une lettre à Rampolla en septembre 1902, Maffi avait<br />

réussi « rapidement » à les cataloguer.<br />

Ensemble à cette série des procès, souvent du type ecclésiastiques mais toujours sous la<br />

menace d’être mis « sur la première page » des chroniques judiciaires locales, l’autre problème était<br />

l’évidente fente du clergé citadin en deux partis, scission qui pesait d’une façon beaucoup<br />

remarquable au séminaire, où aussi Maffi avait été préfet des études et il avait <strong>com</strong>mencé à mettre<br />

de l’ordre.<br />

UNE SITUATION PASTORALE PREOCCUPANTE<br />

Jusqu’à maintenant on a parlé sur les problèmes ecclésiaux connus d’une certaine façon<br />

même publique, dans l’archidiocèse de Ravenna. Cependant on peut dire que ces problèmes<br />

n’étaient pas la pointe de l’iceberg. En vérité ce qui était à l’attention de la Secrétariat d’Etat du<br />

Vatican était le ressortir sur la surface des symptômes, que d’ailleurs auraient du révéler des<br />

malaises bien plus profondes.<br />

En ce sens, exactement le jeune <strong>Conforti</strong> se révèle le plus aigu analyste vis-à-vis de<br />

multiples re<strong>com</strong>mandations du Saint-Siège à l’égard de la « Chine d’Italie ». En deux lettres à<br />

Ferrari, l’une en janvier 1903 et l’autre en avril de la même année, <strong>Conforti</strong> racontait deux aspects<br />

de la réalité ecclésiale de Ravenna, en donnant en plus l’impression de les avoir découverts luimême,<br />

sans préavis et avec une extrême surprise. « Le clergé est pauvre des ressources matérielles,<br />

plus de ce que j’aurais cru, et en général manque même d’honoraire des messes » ; la moyenne des<br />

funérailles civiles est du 80% et du 70% les mariages simplement civils.<br />

En prenant l’occasion de l’analyse de <strong>Conforti</strong>, la documentation nous permet d’écrire la<br />

situation du diocèse de Ravenna. Nous partirons du clergé, et puis, au moins par allusions, on<br />

cherchera de donner quelques clés de lecture sur la réalité de la fréquence religieuse de la zone de<br />

Ravenna.<br />

Le clergé était suffisent, en considérant les conditions géographiques et urbanistes dans<br />

lesquelles ouvrait, <strong>Conforti</strong> ne trouve pas à Ravenna le problème des paroisses vacantes qu’il avait<br />

laissées à Parma et que l’ac<strong>com</strong>pagnera pendant tout le ministère épiscopal successif à Parma. Il<br />

semble un paradoxe, mais dans un territoire au moins apparemment plus « déchristianisé » d e<br />

Parma, le clergé ne manquait pas, il ne semble même pas beaucoup âgé. Les problèmes que<br />

<strong>Conforti</strong> avait trouvés à cet égard étaient, très souvent, les difficultés d’accoupler les curés et leurs<br />

collaborateurs, c’est-à-dire en autres termes, à satisfaire les curés dans les fréquentes prétentions de<br />

changer le vicaire paroissial, d’envoyer celui-ci et non celui-là, et ainsi de suie.<br />

Le brève épiscopat de <strong>Conforti</strong> à Ravenna, en plus des toutes les causes qui concernaient<br />

plus ou moins directement la gestion économique précédente de la mense épiscopale, est<br />

continuellement traversé par ces demandes de déplacement, mais surtout des demandes connexes à<br />

l’économie du clergé : les curés ou d’autres qui reçoivent des bénéfices pauvres, les ruinés ou bien<br />

malades qui demandaient continuellement de l’argent, qui démissionnaient et après ils retiraient.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 63 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Une rapide <strong>com</strong>paraison avec les plus de vingt ans d’épiscopat de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me évêque de<br />

Parma montre immédiatement la forte disproportion de ce type de <strong>com</strong>munication à Ravenna. En<br />

particulier, pouquoi cette demande d’argent, aides et prêts <strong>Conforti</strong> avait individualisé un motif<br />

important : le clergé de Ravenna n’est pas particulièrement doué des prébendes et surtout des<br />

revenus provenant des offrandes à l’occasion des célébrations et des sacrements.<br />

Cependant j’ajouterais une autre cause, qu’on entrevoit par ci par là dans les lettres du<br />

clergé, mais qui ressortit clairement de l’ensemble de la documentation : la mense épiscopale de<br />

Ravenna est discrètement douée, même si pendant les années de <strong>Conforti</strong> la fermeture des<br />

contentieux et les impôts arriérés <strong>com</strong>portaient des engagements contingents de l’entité<br />

remarquable ; mais elle est mise à côté aux fonds appelés « secrets » dont d’ailleurs pas beaucoup<br />

connaissaient l’existence. Celle-ci est l’époque des « pieuses fraudes », la conséquence de l’état de<br />

désordre et problématique dans les biens ecclésiastiques, déterminée par les lois éversives. Il sera<br />

exactement autour de ces « fonds secrets », ressource indispensable et épée légale de Damoclé, où<br />

s’entrelacent les questions liées au nom de Paolo Peppi. Enfin, les prêtres de Ravenna savent que<br />

l’évêque peut intervenir. Et ils demandent toujours et toujours. On <strong>com</strong>prend donc <strong>com</strong>ment<br />

l’administration de ce fond, laissée par le vieux Galeati à son protégé Peppi, soit devenue un<br />

instrument de pouvoir et de division entre le clergé.<br />

N’est pas improbable que toutes ces demandes, cette séquence de cahiers de doléances du<br />

clergé, soient concentrées pendant ces mois à cause, qu’après des années de gouvernement par<br />

personne interposée, avec Riboldi d’abord et <strong>Conforti</strong> après, tous cherchaient de se placer le plus<br />

vite possible dans une position favorable, ou résoudre tous les problèmes laissés suspendus jusqu’à<br />

ce moment. Mais ceci donne une idée correcte de l’état de tension entre le clergé, désormais<br />

invétérée.<br />

Un autre élément de tension était la permanence en vie d’un numéro important des<br />

patronages des laïcs sur les bénéfices ecclésiastiques importants. Même à Parma on a des situations<br />

analogues, <strong>com</strong>me en plusieurs diocèses italiens. Mais, même en cette sphère, la <strong>com</strong>paraison fait<br />

ressortir une réalité de Ravenna plus <strong>com</strong>plexe. Dans la correspondance de <strong>Conforti</strong> deux dossiers<br />

se joindrent à ce problème : la nomination de l’abbé Giovanni Savorelli, jeune prêtre revenu d’une<br />

déception de la carrière romaine, à Piangipane, bénéfice de patronage de la famille Guaccimani et la<br />

très embrouillée vicissitude de la paroisse de saint Alberto, qui était une des églises mieux douées<br />

de l’archidiocèse, qu’avait porté à l’assassinat d’abord du sacristain et puis de l’administrateur<br />

envoyé par <strong>Conforti</strong>, l’abbé Sebastiano Malucelli.<br />

Je pense donc qu’on peut dire que le problème de Peppi ne soit vraiment rien d’autre que la<br />

pointe de l’iceberg des malaises d’un clergé nombreux, lié à la mentalité de type féodal et<br />

fonctionnel, un clergé, qu’il nous soit permis le terme, d’un « état pontifical » Ne manquaient pas<br />

des prêtres vertueux, zélés, et souvent de niveau culturel très élevé mais, plus qu’ailleurs, on<br />

respirait un climat des querelles, de calcul, des revendications, des droits et des pouvoirs sur la<br />

pointe de la loi canonique et des habitudes souvent entre elles contradictoires. Réussit aussi d’un<br />

réaliste évidence la description que <strong>Conforti</strong> même fait à la Dataria (bureau du Vatican) apostolique<br />

en février 1905, à l’occasion de la tourmentée nomination de l’archidiacre du chapitre :<br />

A Ravenna chaque fois que se vérifie une place vide n’importe laquelle, même la plus<br />

modeste, arrive une vraie lutte. Les différents partis du clergé se <strong>com</strong>battent pour faire<br />

réussir un candidat et donc est une alternance incessante des lettres, des signatures, de<br />

députations puisque à fatigue le supérieur, et malheureusement pour le manque de bonnes<br />

argumentations, on fait recours quelque fois au libelle et aux calomnies, les plus<br />

invraisemblables, <strong>com</strong>me moi-même j’ai pu constater. Votre excellence peut s’imaginer ce<br />

que ces gens feront pour choisir la première dignité du chapitre. Tout l’archidiocèse est<br />

dans une grande attente, et je sais qu’on travaille fort pour faire nommer un plutôt que un<br />

autre, selon les partis. Votre excellence ne se étonne pas si on vous enverra des instances,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 64 – G.M. <strong>Conforti</strong>


observations, rapports en faveur ou contre l’un ou l’autre des candidats surnommés. Tout<br />

ceci à Ravenna est à l’ordre du jour et selon les habitudes du clergé.<br />

Tout ceci avait <strong>com</strong>me scène une situation religieuse beaucoup différente de celle de Parma,<br />

même si dans certaines zones de Parma <strong>com</strong>mençaient en ces années à se vérifier des cas des<br />

mariages et funérailles civils, et des enfants non baptisés. Mais on est encore très loin des<br />

pourcentages indiqués par <strong>Conforti</strong>. Peut-être utile écouter la voix d’un prêtre qui travaille dans la<br />

pastorale. Ecrit l’abbé Sebastiano Diolaiti le 24 avril 1904 sur Longastrino :<br />

Excellence, je regrette de le dire, mais cela est la vérité : la paroisse de Longastrino est<br />

abîmée moralement et financièrement. Moi en venant j’ai rencontré non un tas<br />

d’ossements, mais un poing de cendre.<br />

Est cendre l’église, et le témoignant les parois misérables, la toiture mal assurée, le<br />

plancher gâté, les outils mal réduits. Est cendre la cure dont un mur extérieur menace<br />

la ruine, où les chambres sont mal soignées. Est cendre le vignoble (l’unique bonne<br />

ressource du prêtre) qui laissé à soi-même, maintenant à peine donne la moitié de ce<br />

qu’il produisait dans le temps passé. Est réduite en cendre la Fabbriceria (bureau de<br />

l’économie du diocèse) dont ce qu’avance est écrit seulement sur le livre de<br />

l’administration. Sont réduits en cendre les différents mouvements religieux presque<br />

défaits et sans rien dans la caisse. Monseigneur, la population même est réduite en<br />

cendre. Oh ! La grande corruption qu’ici règne ! Est excitée à la luxure dont l’air<br />

même semble saturé, la jeunesse facilement s’abandonne au vice bestial depuis les<br />

premières années. On ne respecte rien ; sont brisés les liens les plus sacrés. Impureté et<br />

blasphème d’un côté, négligence ainsi, un mépris pour ce qui regarde la religion de<br />

l’autre coté, en tous il y a l’égoïsme et la simulation, voici donc le peuple de<br />

Longastrino dans son moral.<br />

Ne vous étonnez pas excellence si je vous dis (avec douleur oui, mais malgré avec<br />

vérité) que jusqu’à maintenant j’ai vu que seulement 300 fidèles se sont <strong>com</strong>muniés à<br />

paques sur une population de 1.500 personne. Que dois-je faire, Monseigneur, pour<br />

gagner tant d’âmes égarées, à Jésus <br />

Je ne peux pas dire, non, que l’église soit déserte les dimanches, mais quoi faire quand<br />

une grande partie de la corruption se cache derrière les autels <br />

Bien sur on peut panser que les lettres <strong>com</strong>me celles-ci soient le fruit d’un moment de dépression.<br />

Mais il s’agit d’une parmi les nombreuses voix de ce genre. D’ailleurs la vicissitude des l’entrée<br />

presque clandestine de <strong>Conforti</strong> en janvier 1903 peut être considérée <strong>com</strong>me une épreuve dans les<br />

événements de l’évaluation, si on veut semple mais concrète, de la situation religieuse du territoire.<br />

Il serait sûrement nécessaire approfondir ces impressions à travers une autre documentation, pour<br />

surmonter le danger du lieu <strong>com</strong>mun de Ravenna, la « Chine d’Italie ».<br />

LES TENSIONS PARMI LE CLERGE ET LE MOUVEMENT CATHOLIQUE<br />

La description jusqu’ici tentée du clergé de Ravenna était une description au niveau général,<br />

de grands vecteurs des forces. Ceci serait suffisant pour avoir une idée de la situation dans laquelle<br />

le jeune évêque a du agir.<br />

On cherche maintenant quelques références précises au sujet des coalitions entre le clergé :<br />

un effort <strong>com</strong>plexe et fatiguant et que serait peut-être tout à fait inutile du point de vue historique, si<br />

on n’aurait pas l’expérience de <strong>com</strong>prendre mieux, non seulement quelques choix successifs de<br />

<strong>Conforti</strong>, mais aussi la réalité du mouvement catholique de Ravenna, exactement pendant les mois<br />

de la dissolution de l’Ouvre des congrès. Peut-être aussi dans l’assai de donner aux lecteurs des<br />

riches mais méthodologiquement <strong>com</strong>pliqués volumes de Teodori, quelque clé de lecture.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 65 – G.M. <strong>Conforti</strong>


On disait que la reconstruction de ce plan des partis est particulièrement fatigante. En effet<br />

on n’a pas une documentation qui nous éclaire directement sur les groupes, mais il faut procéder à<br />

travers des allusions de la riche correspondance recueillie par Teodori, et en particulier quelques<br />

références des lettres de Maffi, et d’ici d’autres éléments après déduire des hypothèses on ne sait<br />

pas <strong>com</strong>bien sont vérifiables<br />

Une première référence nous vient offerte par la presse libérale de Ravenna : à l’occasion de<br />

la nomination d’un enseignant au séminaire, dont on parlera après. Le journal « Il Ravnnate » un<br />

journal libéral catholique citadin, parle de « vieilles luttes » entre Ubertiani et Buzziani. Que<br />

signifie cette phrase que pour les lecteurs de ce temps devait être claire L’abbé Giovanni Buzzi<br />

(1846- 1902) chanoine, avait fondé un collège – pension intitulé à saint Apollinaire, qui était<br />

devenu une espèce de près séminaire ; l’abbé Buzzi fut défini « précurseur de l’organisation<br />

catholique dans le sens moderne » Mais il semble que vraiment Peppi a été celui qui avait dénoncé<br />

Buzzi au Saint-Siège, mais de cette enquête il sera reconnu innocent : mais en cette vicissitude on<br />

assiste à la fin des œuvres qu’il avait fondées. A la place du collège Buzzi, pendant les années de<br />

l’épiscopat de Riboldi et de <strong>Conforti</strong>, remplaçait le Patronage archiépiscopal, dont devient<br />

responsable l’abbé Pio Bignardi, frère du recteur du séminaire l’abbé Angelo Bignardi, tous les<br />

deux chanoines. Le patronage est soutenu par Peppi, aussi avec une intervention pour une grande<br />

contribution économique auprès du cardinal Ferrari de Milan.<br />

L’historien de Ravenna Enzo Tramontani parle, aussi, des « peppiniani » et de « buzziani ».<br />

Au groupe qui gravait autour du patronage se trouve l’abbé Giulio Morelli (1868-1951) promoteur<br />

des œuvres sociales importantes dans le diocèse, mais aussi l’abbé Cesare Masetti et l’abbé<br />

Domenico Soprani, tous les deux curés en ville et enseignants au séminaire, dont on parlera après.<br />

On dirait que celui-ci est le groupe plus proche de la démocratie chrétienne de Murri, au moins<br />

selon l’analyse de Maurizio Tagliaferri, est le même qui définit leur protecteur Peppi responsable<br />

d’un groupe des « intransigeants irréductibles » et que le recteur du séminaire Angelo Bignardi soit<br />

défini et effectivement il se manifeste <strong>com</strong>me un « scottoniano de fer »<br />

Donc les « peppiniani » sont démocrates chrétiens ou proches du <strong>com</strong>te Paganuzzi et donc<br />

intransigeants <strong>com</strong>me dans le temps Ou bien Il Ravennate qui met tout ensemble Il semble de<br />

toute façon que à l’occasion de l’intervention de <strong>Conforti</strong> sur le séminaire, « les buzziani » et les<br />

« peppiani » présents dans le chapitre de la cathédrale s’identifient.<br />

Qui sont alors les « Ubertiani Carlo Uberti chanoine, est le curé de la cathédrale : Cesare<br />

Uberti, son frère est le maître des cérémonies « archiépiscopales et métropolitaines » qui est<br />

d’ailleurs en litige invétéré contre le chapitre même, donc contre Peppi qui a la majorité. Le premier<br />

Uberti semble être l’unique que se met du côté de l’évêque et du curé Giuseppe Bosi à l’occasion de<br />

la nomination de Bosi <strong>com</strong>me professeur du droit canonique et de sociologie. Et une lettre plutôt<br />

désagréable et accusatrice d’un autre prêtre fait la liste des « ubertiani », l’abbé Antonio Selli, Bosi,<br />

les deux Uberti et d’autres. Toujours le Ravennate montre à l’intervention de Maffi et du <strong>com</strong>te<br />

Giovanni Grosoli en faveur de Bosi. Bosi avec Maffi, est sûrement en position médiane à l’égard de<br />

la démocratie chrétienne Murriana, <strong>com</strong>me on connaît par quelques corrections à une intervention<br />

de l’abbé Girolamo Zattoni, le prêtre qu’avec plus de certitude en cette confusion est sur des<br />

positions démocrates chrétiennes et qu’il semble essentiellement hors des jeux des deux partis.<br />

Tagliaferri et Tramontani associent a Zattoni quelques jeunes prêtres entre autre l’abbé<br />

Giuseppe Sangiorgi et l’abbé Andrea De Stefani, que dans les lettres du vicaire général et d’autres<br />

sont définis « apollinaristi » : De Stefani qui était recteur de Saint Apollinaire en ville, et se<br />

réunissaient près de lui des « jeunes prêtres de vie et des idées beaucoup discutables » D’autres,<br />

toujours cités dans la liste des prêtres démocrates – chrétiens, sont connus à travers d’autres<br />

sources : l’abbé Giovanni Mesini, prêtre avec une vaste culture, il sera maître spirituel de l’abbé<br />

Giovanni Minzoni son biographe. L’abbé Edoardo Sirotti qui quittera le ministère. L’abbé Lino<br />

Masetti sera l’un parmi les témoins au procès de canonisation de <strong>Conforti</strong>. L’abbé Giuseppe Rossi,<br />

<strong>com</strong>me il arrivera pour d’autres dans différents diocèses italiens, entrera dans le domaine plus<br />

strictement sociopolitique pour l’animation de la jeunesse.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 66 – G.M. <strong>Conforti</strong>


En cet enchevêtrement des rapports et es tensions est difficile s’orienter. Mais est celui-ci le<br />

contexte du mouvement catholique de Ravenna dans les années confondues entre le Congrès de<br />

Bologna, et la dissolution de l’Oeuvre des Congrès de la part de Pie X et l’explosion de la crise<br />

moderniste. Je cherche de indiquer quelques hypothèses de lecture, en espérant que des ultérieures<br />

études portent à une plus grande clarté.<br />

La donnée plus importante est l’état de la fente dans le clergé de Ravenna. Probablement<br />

l’affinité ou l’amitié ou la clientèle sont plus importantes de la même position vis-à-vis des débats<br />

internes du mouvement catholique. Peppi est entouré d’un filet des contacts et alliances qui passent<br />

à travers le recteur du séminaire et son frère responsable du patronage, d’un côté et de l’autre à<br />

travers la majorité du chapitre. Il n’est pas sùr qu’il soit contre le mouvement et la démocratie<br />

chrétienne, tandis qu’il semble que le recteur du séminaire soit, pour conviction ou opportunité ; sur<br />

les positions de la Riscossa des frères Scotton. Contre ce groupe de pouvoir se range le noyau que<br />

probablement, toujours par conviction ou opportunité s’est mis en syntonie avec Riboldi et Maffi.<br />

La position de ceux-ci (les Uberti, Bosi et d’autres) dans la sphère politique – sociale est une<br />

adhésion à la position ouverte mais prudente de Grasoli : donc, le chemin est ouvert aux jeunes<br />

démocrates – chrétiens, mais avec une modération et des garanties précises.<br />

Celle-ci est aussi la position de <strong>Conforti</strong>, qui a confiance dans les indications de Maffi mais,<br />

je crois, on trouve de toute façon instinctivement en syntonie avec le groups « Ubertiniano », au<br />

moins pour ce qui regarde le mouvement catholique. Quelques jeunes prêtres sont impliqués dans<br />

l’une ou dans l’autre coalition, mais quelques uns parmi eux, <strong>com</strong>me l’abbé Lino Masetti, même s’il<br />

est de la famille du groupe peppiano, devra reconnaître l’honnêteté spirituelle et morale de <strong>Conforti</strong>.<br />

Les vicissitudes de la fin de l’Ouvre des Congrès et de la répression antimoderniste porteront<br />

d’ultérieures tensions, quelques crises de conscience, quelques choix spirituels pour ce jeune clergé<br />

qui dans un certain sens avait eu la malchance d’être fermé pour <strong>com</strong>mencer un travail social dan<br />

un diocèse qui voyait des accrochages et fentes à cause des buts beaucoup moins connus.<br />

LA STRATEGIE PASTORALE DE CONFORTI<br />

Si Maffi devait s’occuper, pendant les mois de son ministère d’auxiliaire du nouvel<br />

archevêque, de fermer ou d’acheminer vers le côté juste tous les contentieux qui étaient explosés au<br />

niveau juridique et économique, et que, directement ou indirectement s’unissaient à la question<br />

Peppi, quels furent les choix pastoraux de <strong>Conforti</strong> <br />

En plus que gérer, avec plus au moins succès, la grande quantité des demandes et des<br />

revendications de la part de son clergé, <strong>Conforti</strong> très vite avait pris l’initiative de réorganiser la<br />

direction et l’enseignement au séminaire. A l’ouverture de l’année académique (août – septembre<br />

1903) en face d’une situation économique fortement endettée, le nouvel évêque revoyait<br />

l’administration du séminaire même et l’hospitalité que l’institut offrait aux différents enseignants.<br />

Il promulguait des « dispositions pour les écoles au séminaire », et il nommait un curé, l’abbé<br />

Giuseppe Bosi, <strong>com</strong>me professeur de droit canonique et de sociologie, cela avait provoqué la<br />

réaction du « parti peppiano »entre les professeurs du séminaire qui ne se sont pas présentés à<br />

l’assemblée du corps enseignant au <strong>com</strong>mencement de l’année. La déchirure, dont quelques uns<br />

tout de suite ont regretté, a eu des séquelles même sur les journaux, et donc l’archevêque est<br />

intervenu publiquement pour interdire au clergé d’écrire sur le sujet, sous peine de suspension à<br />

divinis.<br />

Plus avant déplaçait Peppi de l’enseignement de la morale, et d’autres prêtres, au moins un<br />

parmi lesquels avec des accusations fondées d’immoralité, et de toute façon réunis à l’entourage du<br />

recteur et de Peppi. On se souvient que déjà pendant l’année précédente Maffi avait remplacé l’abbé<br />

oblat de Rho qui était directeur spirituel, avec un curé expert, l’abbé Zama Zamboni, qui se révélera<br />

une des personnes les plus proches au nouvel archevêque et plus docile à ses indications. En réalité<br />

<strong>Conforti</strong> désirait remplacer aussi le recteur Bignardi. Est évident le projet de faire sortir le séminaire<br />

de tous les bans et <strong>com</strong>mérages et des partis entre le clergé.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 67 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Sur le clergé même, <strong>Conforti</strong> intervient en été 1903 avec deux normes apparemment<br />

es<strong>com</strong>ptées et soft en réalité signes d’un style spirituel que lui-même voulait imprimer dans son<br />

clergé : le règlement sur les réunions pour les cas de conscience et la réintroduction de la « pieuse<br />

pratique, déjà introduite parmi nous par mes fameux prédécesseurs et seulement depuis quelques<br />

années suspendue, des Saints Exercices (la retraite) pour le clergé ».<br />

En plus, <strong>Conforti</strong> ne pouvait pas faire, si non attendre les occasions propices pour mettre des<br />

personnes de confiance et dehors des partis, c’est-à-dire outsider <strong>com</strong>me lui dans les points clé de<br />

l’administration diocésaine. En cette sphère, la nomination plus urgente était celle du vicaire<br />

général, après la translation de Maffi au siège de Pisa. La question est restée ouverte pendant toute<br />

l’année 1904 : d’abord <strong>Conforti</strong> avait posé son regard sur l’abbé Giovanni Guerrini, archiprêtre de<br />

Argenta, mais tellement fut la réaction des groupes du clergé, que l’archevêque avait décidé de<br />

s’adresser au cardinal Andrea Ferrari son ancien recteur et maintenant archevêque de Milan pour lui<br />

demander un prêtre de son diocèse. Après beaucoup des pourparlers le choix fut fait pour l’oblat<br />

Luigi Marelli, archiprêtre de Vaprio d’Adda, qui, après l’expérience de Ravenna, est devenu<br />

d’abord évêque de Bobbio et après de Bergamo. Il s’agissait clairement d’un expédient : un vicaire<br />

général extérieur, était hors des jeux des partis et il pouvait protéger l’archevêque, mais il ne<br />

pouvait pas connaître les personnes et la situation diocésaine. Seulement après la démission de<br />

l’archevêque, et donc pendant la période dans laquelle <strong>Conforti</strong> avait gouverné Ravenna <strong>com</strong>me<br />

administrateur apostolique non résident, on aura l’occasion de renouveler les sommets de<br />

l’organigramme diocésain, à la suite de la mort soudaine de l’archidiacre de la cathédrale ; on en<br />

parlera dans le prochain chapitre.<br />

<strong>Conforti</strong> dans les nominations du clergé manifeste une remarquable constance en<br />

poursuivant ses objectifs, une caractéristique qu’on retrouvera aussi dans la période du<br />

gouvernement de l’église de Parma. Il choisit des personnes préparées et le plus possible hors des<br />

jeux du pouvoir du clergé citadin ; mais les <strong>com</strong>plications des droits ecclésiastiques, en plus que la<br />

force de l’opposition qui ne manquait pas de contacts avec les palais du Vatican, faisait ralentir<br />

l’opération. Le résultat plus évident est celui qu’on pourrait appeler la solitude de <strong>Conforti</strong>, il est<br />

obligé à s’appuyer sur un vicaire général en syntonie avec lui, mais étranger <strong>com</strong>me lui, et sur peu<br />

de confrères vraiment proches spirituellement mais à découvrir à l’épreuve des faits.<br />

A peu à peu se déligne celle qu’aujourd’hui nous appelons un projet pastoral, franchement<br />

résumé dans l’homélie de l’Epiphanie en 1904, à un an exacte de son entrée à Ravenna.<br />

Aujourd’hui il y a un an depuis que j’ai monté cette chaire de vérité et je vous<br />

adressais mes premières salutations et si vous vous rappelez bien, je vous disais en cette<br />

circonstance pour moi inoubliable que je venais au milieu de vous exprès pour<br />

continuer aujourd’hui l’apostolat <strong>com</strong>mencé par le Christ. Ce que j’ai fait tout au long<br />

de cette année n’ai pas eu d’autre but si non de ranimer en vous la foi de nos pères.<br />

Mais oh ! Combien de chemin reste encore à parcourir, <strong>com</strong>bien de brouillards à<br />

dissiper, <strong>com</strong>bien de enfants déroutés à conduire à la maison paternelle. Oh !<br />

Comment c’est affaiblie entre nous la foi que saint Apollinaire avait prêchée le premier<br />

au prix de tant de sueurs en la confirmant après avec le martyr ; et donc souvent<br />

j’avais demandé à moi-même d’où venait ce changement d’aspiration et des sentiments<br />

du peuple généreux de Ravenna pour lequel Dieu et la religion étaient tout. Si vous<br />

vous souvenez, je vous avais présenté un motif de cette crise : le manque d’instruction<br />

religieuse et donc ordinairement on blasphème car on ne connaît pas, et en deuxième<br />

lieu il y a le manque de la sanctification du dimanche. Une troisième cause est les<br />

mauvaises lectures, la mauvaise presse impie et libertine.<br />

L’engagement pour la catéchèse et l’opposition d’une « bonne presse » à celle qui est « libertine »<br />

en quelques mois de permanence de <strong>Conforti</strong> à Ravenna, quelques décisions concrètes.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 68 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Au sujet de la catéchèse, <strong>Conforti</strong> avait institué les conférences apologétiques pour les<br />

jeunes étudiants, spécialement à partir de l’expérience positive de l’ »Ecole de religion »<br />

<strong>com</strong>mencée par l’évêque Miotti et par les salésiens de Parma. Quelques jour après l’homélie de<br />

l’épiphanie du 1904, fut publié un journal périodique, IL Risveglio, confié à un brillant polémiste,<br />

l’abbé Domenico Vassuri.<br />

Au même temps <strong>com</strong>me il est connu, <strong>Conforti</strong> avait <strong>com</strong>mencé la visite pastorale, selon le<br />

modèle classique du concile de Trento, une expérience qu’il n’a pas pu terminer. Clairement pour<br />

être efficace son action pastorale dans le milieu de Ravenna aurait demandé beaucoup d’années<br />

d’engagement : donc une incidence visible fut vraiment minime.<br />

ENTRE RAVENNA ET CAMPO DI MARTE<br />

Les historiens et les biographes de <strong>Conforti</strong>, depuis Gazza à Vanzin et Luca, soulignent la<br />

crainte de <strong>Conforti</strong> néo élu archevêque de Ravenna en face de la perspective de s’éloigner du<br />

« nid » bien-aimé de ses xavériens. Est connu ensuite qu’il retournait en plein été au Campo di<br />

Marte <strong>com</strong>me s’il était un lieu des vacances ;<br />

Concrètement, quelle était la présence de <strong>Conforti</strong> à l’institut pendant la période de<br />

Ravenna Ici on ne fera pas une analyse en détail de ce qui concerne le développement de la<br />

mission en Chine, qu’on pourra lire dans le chapitre suivant. Au moment de la nomination à<br />

Ravenna, <strong>Conforti</strong> depuis peu de mois, avait eu l’expérience de la conclusion violente du premier<br />

envoi missionnaire : la nouvelle de la mort du P. Caio Rastelli était arrivée à Parma exactement un<br />

an avant d’être appelé à Rome, et Manini, l’autre missionnaire, était rentré à Parma en janvier 1902.<br />

Un mois avant la « fatale » rencontre avec Léon XIII qui l’aurait obligé d’aller archevêque à<br />

Ravenna, <strong>Conforti</strong> avait écrit à Propaganda fide en demandant de pouvoir envoyer ses missionnaires<br />

ordonnés depuis peu de temps, en Chine dans une mission déjà régulièrement établie, où cependant<br />

après quelques années de connaissance du milieu, puissent obtenir un district propre à évangéliser.<br />

Donc le progrès missionnaire est encore dans une phase embryonnaire quand arrive<br />

l’inattendue nomination pour Ravenna. <strong>Conforti</strong> continuera à « insister » discrètement auprès de<br />

Propaganda qui fera attendre jusqu’au 31 août 1903, donc pendant les jours l’archevêque<br />

<strong>com</strong>mençait à intervenir avec résolution dans la situation de son séminaire, avant de indiquer<br />

l’Henan méridional, où le vicaire apostolique était Mgr Simeone Volonteri des missionnaire de saint<br />

Calogero de Milano, <strong>com</strong>me un lien de greffe de premiers xavériens.<br />

Entre l’automne 1903 et l’été 1904, en pratique pendant l’unique année pastorale « pleine »<br />

développée par <strong>Conforti</strong> à Ravenna, le prélat fondateur suivait la sortie du journal « Fede e<br />

Civiltà », il obtenait une école autonome pour l’institut après quelques années dans lesquelles les<br />

premiers xavériens avaient fréquenté les leçons du séminaire diocésain, et il conduisait en première<br />

personne les laborieux pourparlers avec Volonteri, qui interpose beaucoup de difficultés devant une<br />

prospective de réduire son propre vicariat apostolique. Si on pense que l’intense échange épistolaire<br />

<strong>Conforti</strong> – Volonteri – Propaganda se déroulait pendant les mois dans lesquels <strong>Conforti</strong> devait au<br />

même temps gérer les tensions du corps enseignent au séminaire, congédier Pietro Maffi en<br />

trouvant un nouveau vicaire général, et <strong>com</strong>mencer la visite pastorale, on mesure l’intensité du<br />

travail qu’il occupait le jeune prélat.<br />

Le 18 janvier 1904, à Parma, <strong>Conforti</strong> remettait le Crucifix aux quatre xavériens qui<br />

partaient en mission : Giovanni Bonardi, Giuseppe Brambilla, Luigi Calza et Antonio Sartori. Les<br />

jours successifs il les avait ac<strong>com</strong>pagnés à Piacenza, d’où après ils se rendront à Genova pour<br />

s’embarquer vers l’Orient. A la même période précisément en octobre 1903, le directeur spirituel de<br />

la Maison mère, le père des Stigmatins Melchiore Vinari, homme de confiance du fondateur, fut<br />

retiré par sa congrégation religieuse, qui ne pouvait pas accepter la demande du délai de la part du<br />

<strong>Conforti</strong>.<br />

La surproduction des vicissitudes xavériennes avec celles de Ravenna laisse l’impression<br />

d’un poids de stress très remarquable, supporté par <strong>Conforti</strong> une charge qui ne diminue pas,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 69 – G.M. <strong>Conforti</strong>


j’estime, après la longue attente du départ de quatre missionnaires, dans le sens que jusqu’au juillet<br />

1904 il ne recevait pas des nouvelles certaines de leur arrivée en Chine. Au même temps Volonteri,<br />

d’abord très rétif à la future division de son vicariat apostolique, il cherchait maintenant d’accélérer<br />

les temps.<br />

<strong>Conforti</strong> donc suit pas à pas les vicissitudes de son institut, avec une totale dévotion. Mais il<br />

ne peut pas vivre cette espèce de <strong>com</strong>pensation qui était la présence au Campo di Marte, avec ses<br />

jeunes aspirants missionnaires. Peut-être que la parole « <strong>com</strong>pensation » n’est pas exacte, mais<br />

j’estime que le contact quotidien avec les élèves xavériens avait jusqu’alors donné un sens au<br />

ministère de vicaire général de Parma, en donnant la clé de lecture spirituelle mais aussi<br />

psychologique à cette réalité au fond tout à fait inédite par un prêtre diocésain, entre autre investi<br />

d’autres responsabilités, fondateur d’un institut missionnaire. Ravenna enlève à <strong>Conforti</strong> la<br />

perception d’être à côté de ses enfants, même sans lui enlever la responsabilité de disposer de leur<br />

futur.<br />

LA RENONCIATION A RAVENNA<br />

Le 18 juillet 1904, Francesco Melandri, un ouvrier agricole, mais peut-être on parle d’un<br />

killer de profession ou quelque chose d’analogue, tirait à l’économe spirituel de saint Alberto,<br />

l’abbé Sebastiano Malucelli, qui fut gravement blessé et il mourait le 23 juillet jour du patron de<br />

l’église de saint Apollinare. La nuit entre le 22 et le 24 juillet <strong>Conforti</strong>, que le matin suivant aurait<br />

du présider le pontifical pour la solennité, il a eu un violent débouché de sang. Le jour après, le 24<br />

juillet, partait pour Parma pour ses vacances. Les phénomènes des débouchés de sang se<br />

manifestaient encore. Le 10 août il écrivait la lettre de démission du ministère épiscopal de<br />

Ravenna.<br />

Entre les deux événements évidemment on ne peut pas établir un rapport de cause – effet.<br />

D’ailleurs, je pense que aucun spécialiste, en face des symptômes, présentés par <strong>Conforti</strong>, que en<br />

regardant bien, avait créé la psychose de la TBC, mais n’étaient pas des symptômes de la<br />

tuberculose, puisse tracer un limite entre la fragilité de son physique et une contribution à la crise<br />

causée par un <strong>com</strong>posant physio somatique. Et que l’attentat à Malucelli puisse avoir agit pour une<br />

ultérieure cause de stress on peut au moins faire des hypothèses.<br />

Avec une grande finesse, Vanzin peut-être aussi à partir des témoins oculaires de ces jours,<br />

déligne le tourment de <strong>Conforti</strong>, qu’on entrevoit en contre-jour dans la lettre à Pie X :<br />

Après quelques jours de maladie il se sentait mieux : mais plus tard, avec la répétition du<br />

phénomène, sa décision est devenue irrévocable. Jusqu’alors, la possibilité de continuer le<br />

ministère, même avec une grande violence pour ses forces physiques, on ne lui avait pas<br />

empêché et pour cela il avait continué à fixer les étapes d’un programme futur qui<br />

l’engageait dans la continuation de la visite pastorale et même dans la prédication hors du<br />

diocèse. N’était pas la volonté ni le courage qui étaient diminués : dans son esprit il était<br />

toujours patron absolu et croyait, à chaque crise physique, d’avoir enfin raison. Seulement<br />

maintenant, devant la sévère réalité des faits, l’espérance disparaissait et s’impose une<br />

décision. D’autres peut-être auraient pu recueillir avec résignation l’idée de rester inactif<br />

et impuissant dans un lit de l’évêché en attendant la guérison au long terme. Mais il y a les<br />

âmes qui attendent d’être soutenues, dirigées, alimentées. Il y a en concret les visites<br />

d’ac<strong>com</strong>plir personnellement aux paroisses, les pratiques à suivre et résoudre, les prêtres<br />

et les fidèles à assister, écouter, instruire, de contrôler en profondeur dans tout le diocèse.<br />

Depuis trop d’années Ravenna manquait d’une présence opérante par un évêque en bonne<br />

santé et fort pour parcourir les quartiers, qu’il fasse entendre directement sa voix, qu’il<br />

visite personnellement le troupeau égaré et charmé par d’autres mirages. Pouvait<br />

maintenant Mgr <strong>Conforti</strong> s’annoncer un futur qui aurait continué à rendre plus grave la<br />

situation du temps passé Pouvait-il se résigner à voir augmenté l’amas déjà énorme des<br />

<strong>Manfredi</strong> - 70 – G.M. <strong>Conforti</strong>


uines et de la misère Qui avait assisté au dure labeur de ces jours il avait vu sur le<br />

visage de Mgr <strong>Conforti</strong>, plus que en entendu de sa parole, l’expression de la lutte qu’il<br />

avait eue dans son âme, il a pu affirmer que la décision finale a été pour lui vraiment un<br />

« acte héroïque ».<br />

Il, y a un aspect dans le choix de <strong>Conforti</strong> que peut-être vaut la peine d’approfondir au tant<br />

que possible dans une réalité que, presque sans documents, s’appuie exclusivement sur des illations<br />

Ainsi écrit <strong>Conforti</strong> à Pie X :<br />

En pensant à mon avenir et en voyant d’un côté l’énorme bien qu’il conviendrait faire à<br />

Ravenna et l’incessant augmenter du mal, et de l’autre côté le peu que je pourrais faire, en<br />

considérant l’affaire devant Dieu et après avoir demandé des conseils à des personnes<br />

prudentes, j’ai décidé de vous présenter ma démission.<br />

Qui sont ces personnes prudentes Faisons justement quelques hypothèses. Je crois que tout<br />

de suite ma pensé va au cardinal Ferrari. Mais nous n’avons pas des lettres, même si l’épistolaire<br />

entre <strong>Conforti</strong> et Ferrari est bien nourri et on ne voit pas pourquoi <strong>Conforti</strong> aurait déchiré une lettre<br />

de ce genre, en gardant d’ailleurs d’autres si souvent plus réservées. Une personne tout proche de<br />

<strong>Conforti</strong> à Campo di Marte était l’abbé Ormisda Pellegri à qui peut-être il s’était adressé à vive<br />

voix. Je me permets aussi de faire une hypothèse que quelqu’un plus âgé, en plus que aux plus<br />

jeunes collaborateurs, pouvait avoir été consulté. Ici l’hypothèse devient simplement une illation,<br />

mais peut-être vaut la peine de l’expliciter à travers une citation tardive du1914. Ainsi écrit <strong>Conforti</strong><br />

à Ferrari :<br />

Ce matin vers 6 heures, mourrait soudain l’excellent chanoine Pignoli. Le diocèse de<br />

Parma a eu une grave perte, et moi j’ai perdu mon meilleur conseiller, chez qui je<br />

m’adressais aux moments plus difficiles e dans les affaires plus délicates, avec la certitude<br />

de trouver en lui toujours une bonne parole de conseil et de réconfort.<br />

Au-delà d’une référence, je répète que tout est possible, mais non prouvée, à un prêtre que<br />

peut-être finirait dans les brouillards de l’oubli. Cette espèce d’excursus nous révèle un trait<br />

important de la personne de <strong>Conforti</strong> : sa recherche d’une <strong>com</strong>paraison avec « des personnes<br />

prudentes », dont il avait confiance et dont il avait estime et respect, dans les formes et dans les<br />

limites donnés par l’éducation ecclésiastique de ce temps. Mais vraiment cette caractéristique<br />

devenait un problème important pour Ravenna, où <strong>Conforti</strong> se sentait irrémédiablement isolé.<br />

Probablement n’est pas un hasard que la décision de la démission soit mûrie vraiment à Parma.<br />

POUR UNE SYNTHESE<br />

Dans le prochain chapitre on montrera les vicissitudes successives, qui d’ailleurs ont vu de<br />

longs mois d’administration apostolique de Ravenna de la part de <strong>Conforti</strong>, d’une pénible suite des<br />

calculs économiques à clôturer et cela avait ajouté une amertume à la décision tourmentée de sa<br />

démission.<br />

Qu’est-ce que a signifié pour <strong>Conforti</strong> la période de Ravenna L’expérience sur les rivages<br />

de l’Adriatique, ancienne ville importante des archevêques se configure <strong>com</strong>me un épisode qu’en<br />

quelque sort a eu un <strong>com</strong>mencement et une fin, il est ac<strong>com</strong>pli. Mais pour le protagoniste qu’est-ce<br />

que était Ravenna dans les années 1902-1905 <br />

Les biographes de <strong>Conforti</strong>, implicitement ou explicitement, ont essayé de ébaucher une<br />

réponse. Bonardi, qui en ces mois était envoyé à Henan, avait posé l’accent sur les malaises<br />

physiques :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 71 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Le climat de Ravenna ne convenait pas à son physique. Il <strong>com</strong>mence à perdre du poids et<br />

son état de prostration se terminait avec une inappétence tellement forte que ni les<br />

pressions filiales du secrétaire et du domestique, ni les soins du cuisinier en préparant une<br />

nourriture légère et savoureuse ont put surmonter, pendant à peu près six mois fut victime<br />

d’une insomnie très grave, alors il était obligé à rester pendant des longues heures de la<br />

nuit sur la terrasse. Ces précaires conditions de santé qui ne lui permettaient pas un grand<br />

travail pastoral, <strong>com</strong>me les nécessités du diocèse exigeaient et d’autre côté son zèle<br />

réclamait, lui ont procuré le doute si n’était pas mieux se retirer.<br />

Le père Grazzi, dans une brève remarque inédite mais employée par Ermanno Ferro, unit<br />

d’une manière très forte la brève expérience de Ravenna à l’intuition missionnaire de <strong>Conforti</strong>, en<br />

opposant l’une à l’autre.<br />

L’épiscopat le fait souffrir. Il reconnaît la volonté de Dieu, et il donne courage à ses fils<br />

spirituels et à soi-même : il prononce des phrases programmatiques de mutilation et<br />

d’holocauste. Mais il se considère un missionnaire qui a échoué pour la deuxième fois.<br />

C’est vrai que en parlant théologiquement, l’épiscopat est la continuation directe et plus<br />

vraie de l’apostolat, mais l’exigence hiérarchique de ce temps faisait une distinction claire<br />

entre les ministères exercés dans les pays catholiques et ceux des non chrétiens. <strong>Conforti</strong><br />

était directement lié à un pays, à un troupeau, à une <strong>com</strong>munauté catholique locale, et le<br />

monde de non chrétiens semblait lui échapper définitivement. Très peu se sont aperçus de<br />

la lutte intime et morale qui ac<strong>com</strong>pagnera cette obéissance extrême. Lui, dans une<br />

certaine manière à Ravenna se sent mourir à l’idéal qui était devenu une partie intégrante<br />

de sa vie.<br />

Donc non seulement les questions de santé physique, mais la menace qui grave sur ses<br />

projets et, davantage, sur sa vocation missionnaire : ceci, selon Grazzi, aurait été Ravenna pour<br />

<strong>Conforti</strong>.<br />

Vanzin emploie une expression significative, celle de la « parenthèse » Ravenna aurait donc<br />

été une phase toute à fait transitoire, très douloureuse non seulement du point de vue physique. La<br />

fermeture de l’épisode de Ravanna est lu par Vanzin, dans une clé providentielle : si <strong>Conforti</strong> aurait<br />

été dans son archidiocèse, serait devenu sûrement cardinal, et donc aurait du en effet abandonner les<br />

soins de l’institut qu’il a fondé.<br />

Les vingt mois d’épiscopat à Ravenna se sont clôturés précipitamment et ils resteront<br />

pendant la longue vie de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me une parenthèse très douloureuse. Il n’a même<br />

pas encore 40 ans et il doit mettre dans ses vicissitudes un échec bruyant de résonance<br />

nationale. Qui le rencontrera après et qui se souviendra de lui en avenir, n’oubliera pas la<br />

renonciation de Ravenna, que en tout cas, considérera <strong>com</strong>me un acte de faiblesse, de sa<br />

part, <strong>Guido</strong> accepte l’apparente humiliation avec résignation chrétienne et il ne dira<br />

jamais une seule parole pour se défendre ou se disculper.<br />

Augusto Luca définit au contraire, « l’intermède providentiel » non la période de Ravenna,<br />

mais la successive, pendant les mois <strong>com</strong>me archevêque de Stauropoli in partibus presque<br />

<strong>com</strong>plètement dédié à son institut. L’épiscopat de Ravenna considéré « un temps de fatigue<br />

intense » et de beaucoup de tribulations, dans le corps et dans l’âme qui s’est clôturé à cause du<br />

choc, provoqué par une soudaine aggravation de ses conditions de santé que dans l’archevêque<br />

avaient créé l’inquiétude de devenir un pasteur « boiteux » pour un diocèse qui avait besoin d’un<br />

évêque rempli d’énergies.<br />

Est encore différente la position de Ermanno Ferro : l’épiscopat dans la ville de saint<br />

Apollinaire aurait été « un nouveau <strong>com</strong>mencement », ou mieux, « une forte impulsion pour une<br />

<strong>Manfredi</strong> - 72 – G.M. <strong>Conforti</strong>


nouvelle réflexion éclatante du rapport intime existent entre consécration épiscopale et vocation<br />

missionnaire ». Donc, en quelque manière, Ravenna a été <strong>com</strong>me une palestre, l’épreuve générale<br />

de cette synthèse, après, vécue pleinement à Parma, de l’inédite, pour ce temps, la figure d’un<br />

évêque résidentiel italien qui vivait ensemble une responsabilité missionnaire pour les non<br />

chrétiens. Pas du tout une parenthèse, donc…. Même si clôturée avec brutalité à cause de la crise<br />

physique.<br />

Je crois qu’une réponde définitive et tranchante soit impossible. Je retiens cependant que<br />

Ravenna montre <strong>com</strong>me l’homme <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> avait montré <strong>com</strong>ment traverser les<br />

échecs. Celui-ci ne fut pas le premier échec, et même pas le dernier. Dans la biographie de <strong>Conforti</strong><br />

on met en évidence des moments dans lesquels un projet tracé, poursuivi, construit avec conviction,<br />

semble se crouler irréparablement. Pensons au problème de son ordination sacerdotale, ou aux<br />

obstacles objectifs que son évêque Miotti avait cherché de interposer à la fondation missionnaire.<br />

<strong>Conforti</strong> montre une capacité surprenante d’une nouvelle lecture d’offrande d’un sens de<br />

reconstruction du projet de vie en faisant siens les échecs mêmes. La période de Ravenna était<br />

clôturée avec une déception ; aucune œuvre vraiment incisive, beaucoup de problèmes encore<br />

ouverts, la santé en crise, sans <strong>com</strong>pter que lui-même était convaincu que sa démission pouvait être<br />

interprétée <strong>com</strong>me un échec de <strong>com</strong>mode, aussi de la part des supérieurs. Ainsi en effet il écrivait à<br />

Merry del Val, le premier septembre 1904 pour refuser l’hypothèse d’une auxiliaire au d’un<br />

coadjuteur : « Soyez sur, éminentissime, que ce n’est pas un excessif attachement à la vie ni une<br />

vaine crainte que ainsi me fait parler » Les écrits personnels de <strong>Conforti</strong> en cette période mettent en<br />

évidence le soulagement pour pouvoir se dédier <strong>com</strong>plètement à l’institut missionnaire. Le<br />

fondateur ne fait pas des hypothèses, même pas la possibilité d’être de nouveau engagé sur deux<br />

fronts. Cependant l’acceptation du siège de Parma en 1907, <strong>com</strong>portait nécessairement une<br />

intégration intérieure de l’échec de la période de Ravenna.<br />

Sûrement l’expérience de Ravenna donnera à <strong>Conforti</strong> des éléments importants pour le<br />

ministère pastoral ac<strong>com</strong>pli pendant presque 25 ans dans sa ville de Parma. L’engagement pour la<br />

catéchèse, par exemple, unit la période de Ravenna à celle de Parma. <strong>Conforti</strong> à Ravenna avait fait,<br />

d’une certaine façon, un apprentissage solide. Cependant Il ne faut pas oublier, un élément qui peut<br />

contribuer à mieux <strong>com</strong>prendre la trace que Ravenna avait laissée à <strong>Conforti</strong>. Fondamentallement<br />

les liens ont été coupés. Dans le successif épistolaire de <strong>Conforti</strong> sont très peu les documents qui<br />

racontent d’un dialogue, d’un souvenir positif, d’une relation constamment cultivée. On ne peut pas<br />

exclure qu’avait joué en cette séparation un style typique de la tradition spirituelle et pastorale du<br />

passé : si on a un un successeur, il faut éviter de toute façon de lui donner l’ombre et le mettre en<br />

malaise. Non plus la solution pénible des dettes économiques restées ouvertes doit avoir pressé<br />

<strong>Conforti</strong> prendre des distances encore plus marquées. Cependant le manque de différents contacts<br />

dans la longue période est symptomatique ou de toute façon confirme une situation, qui n’était<br />

voulue par personne, au moins par <strong>Conforti</strong>, qui, au fond il marquera une des différences entre<br />

l’expérience de Ravenna et la successive, du gouvernent de église de Parma. <strong>Conforti</strong> de la ville du<br />

« Delta » se sentait un home seul.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 73 – G.M. <strong>Conforti</strong>


QUATRIEME CHAPITRE<br />

CONFORTI A CAMPO DI MARTE<br />

ADMINISTRATEUR APOSTOLIQUE A RAVENNA<br />

<strong>Conforti</strong> est parti, physiquement, de Ravenna, mais il n’a pas abandonné Ravenna. D’accort<br />

avec Pie x et avec son secrétaire d’Etat Merry del Val <strong>com</strong>portait qu’il devait diriger le siège de<br />

Ravenna <strong>com</strong>me administrateur apostolique, en le gouvernant à travers le vicaire général Marelli,<br />

délégué pour toutes les affaires. <strong>Conforti</strong> en effet, après un brève retour à Ravenna du 2 au 22<br />

octobre 1904, en particulier pour <strong>com</strong>muniquer la nouvelle, restait à Parma, à Campo di Marte, et il<br />

gardait les contacts à travers les lettres avec son vicaire général. Pour la troisième fois<br />

l’archidiocèse adriatique était gouverné sede vacante (siège vide) par un administrateur apostolique,<br />

de telle façon que le chapitre de la cathédrale, encore dans les mains de la majorité favorable à<br />

l’abbé Peppi, ne puisse pas élire le vicaire capitulaire.<br />

Proprement dans le chapitre se plaçait celle qu’on pourrait appeler la dernière bataille de<br />

<strong>Conforti</strong>. Le vieux, sage mais faible archidiacre du chapitre et chancelier, l’abbé Paolo Sarti est<br />

mort soudain la nuit entre le 16 et 17 janvier 1905 : malade cardiaque, dans les derniers jours<br />

n’avait pas, de toute façon, donné des signes particuliers d’une mauvaise santé et il continuait à se<br />

dégager de ses devoirs du ministère, même si depuis un certain temps il avait demandé<br />

d’abandonner le ministère de chancelier. Sarti était aussi enseignant de Sainte Ecriture au séminaire.<br />

L‘archidiaconat était la première dignité du chapitre de la cathédrale : il s’agissait donc, d’une<br />

position stratégique. Sarti était un des prêtres de Ravenna plus sages et plus proches de l’archevêque<br />

<strong>Conforti</strong>. On l’avait convaincu à signer la protestation du corps enseignent contre la nomination de<br />

Bosi, mais il l’avait retirée toute de suite et il avait regretté de la souffrance causée à son jeune<br />

supérieur. Il s’agissait à ce point de trouver un nouvel archidiacre, un nouveau chancelier et un<br />

nouveau professeur de Sainte Ecriture, et un nouveau pénitencier.<br />

La nomination à la dignité d’archidiaconat du chapitre revenait au Saint-Siège et<br />

précisément à la Dateria apostolique (un bureau spécial) La praxis était que les candidats devaient<br />

envoyer leur propre candidature, avec les lettres du témoignage de l’archevêque. Se sont mis<br />

<strong>com</strong>me candidats Peppi et un autre chanoine, Diomede Farini. Confort avait demandé que le curé<br />

d’Artegna, Giovanni Guerrini, puisse poser sa candidature, qu’en effet <strong>Conforti</strong> avait pensé de le<br />

nommer vicaire général. Guerrini était un prêtre pieux et intelligent, il était un expert dans le<br />

gouvernement paroissial, et il jouissait de l’estime et de la confiance de <strong>Conforti</strong>. Mais il était<br />

considéré membre du parti contraire à Peppi, et pour cela <strong>Conforti</strong> à son temps avait renoncé à le<br />

nommer vicaire général. Maintenant il a jugé que le moment était arrivé d’appeler Guerrini en ville<br />

depuis l’exil : <strong>com</strong>me étaient considérées les paroisses de l’Argentano. <strong>Conforti</strong> avait écrit soit à<br />

Peppi, soit à Farini qu’il aurait donné volontiers des lettres de témoignage, mais qu’il aurait soutenu<br />

à Rome plus fortement « un autre candidat » Et il bougeait, avec des contacts qu’il avait dans la<br />

curie vaticane, pour faire nommer Guerrini, en sachant que le pape et le secrétariat d’Etat<br />

connaissaient très bien la situation de Ravenna, et ils avaient pleine confiance dans l’administrateur<br />

apostolique. Mais Peppi aussi ne manquait pas des connaissances à Rome. Sont partis de recours<br />

contre Guerrini à cause du manque de titres académiques et surtout car il était une candidature qui<br />

n’était pas approuvée par le chapitre, donc elle n’était pas canonique, mais Confort avait recueillies<br />

des preuves que cette motivation contraire à Guerrini n’était pas une règle ni une habitude.<br />

Finalement en mai 1905 Guerrini fut nommé archidiacre.<br />

Cesci étaient les conditions dans lesquelles <strong>Conforti</strong> devait se mouvoir à Ravenna. Avec<br />

patience il cherchait de créer des espaces de liberté pour son successeur, sans pouvoir charger trop<br />

les choses, car le « haut » clergé de Ravenna ne manquait pas des instruments pour faire bouger le<br />

diocèse dans les bans de la vieille façon de gérer la réalité ecclésiastique.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 74 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Pour démontrer cette situation, on peut citer le parcours vers la nomination de l’autre charge<br />

déjà conférée au défunt abbé Sarti, la chancellerie. Cette fois cette nomination était de <strong>com</strong>pétence<br />

de l’archevêque. Il avait d’ailleurs un vice chancelier, l’abbé Pio Bignardi, frère du recteur du<br />

séminaire (et d’un autre prêtre) mais que le vicaire général Marelli avait demandé d’exclure car il<br />

était incapable. L’archevêque s’oriente pour accueillir la candidature de l’abbé Luigi Zumaglini, un<br />

curé de la ville qui se il révélera un parmi les plus précieux collaborateurs de <strong>Conforti</strong>, et il confie à<br />

Bignardi l’enseignement de la Sainte Ecriture au séminaire aussi pour lui donner un signe d’estime<br />

et de reconnaissance ultérieure. Mais Bignardi pour une question de principe, une honte à son nom,<br />

alors il donne la démission même du vice chancelier, naturellement en faisant bouger la moitié du<br />

clergé citadin pour interceder ou pour protester auprès de l’archevêque…<br />

En ces tensions continuellement ac<strong>com</strong>pagnées par des <strong>com</strong>mérages, voix, lettres anonymes,<br />

entre le clergé de la ville proche de Peppi, naît l’idée d’écrire à Rome pour dénoncer le « mauvais<br />

gouvernement » de l’administrateur et demander une visite apostolique. Nous sommes entre février<br />

et mars 1905. Il semble que les inspirateurs de la lettre soient Peppi et le recteur du séminaire<br />

Angelo Bignardi, mais qu’ils ne voulaient pas la signer pour ne pas être considérés des opposants<br />

ouverts de l’évêque. Le recueil des signatures semble organisé par l’abbé Girolamo Zattoni, jeune<br />

prêtre avec des idées démocratiques chrétiennes un parmi les « apollinaristes ». Quelqu’un signe,<br />

quelqu’un signe et rétracte toute de suite, d’autres refusent de signer. L’opération en effet avorte,<br />

mais elle est le symptôme clair d’un climat ecclésial irrespirable que beaucoup plus que les marais<br />

du Delta, gravait sur la santé de <strong>Conforti</strong>.<br />

Mais <strong>Conforti</strong> habitait à Parma, il se dédiait à sa congrégation et à ses élèves missionnaires,<br />

et il était informé sur tous ces affaires et d’autres de Ravenna à travers l’instrument protecteur des<br />

lettres de Marelli et de Zumaglini, qui, sans rien lui cacher, cependant lui permettaient de vivre ces<br />

tensions par une personne interposée et avec de la sérénité. <strong>Conforti</strong> retourna à Ravenna <strong>com</strong>me<br />

administrateur apostolique dans une seule occasion voulue absolument et organisée exprès par lui :<br />

une célébration solennelle du cinquantenaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée<br />

Conception, en décembre 1904 précédée par une prédication extraordinaire dans l’église de sant<br />

Pietro Maggiore, dictée par l’abbé Giuseppe Gazzi, archiprêtre de Colorno et par un autre curé de<br />

Piacenza. Les fêtes jubilaires ont vu une remarquable participation aux sacrements, et dans la<br />

Ravenna républicaine et anticléricale a été un signe incisif du travail pastoral de <strong>Conforti</strong>. Il révèle<br />

ici son adhésion aux instruments traditionnels mais encore en partie efficaces de la pastorale après<br />

le concile de Trento : le grand « événement » de la célébration à la présence, possiblement de<br />

plusieurs évêques et la mission populaire unie à cet événement.<br />

L’administrateur apostolique restera formellement du 11 octobre 1904 au premier janvier<br />

1905 avec l’entrée du nouvel archevêque, Pasquale Morganti, prêtre du diocèse de Milano et évêque<br />

de Bobbio. En réalité Mgr Morganti avait été nommé un mois après la démission de <strong>Conforti</strong>, mais<br />

les pratiques habituelles de l’exequatur et une espèce de « pacte » entre l’archevêque<br />

démissionnaire et son successeur, pour arranger systématiquement le plus grand nombre de dettes<br />

avant l’arrivée de Morganti, entre autre la question de l’archidiacre, ont fait tarder l’entrée de<br />

Morganti à Ravenna. A l’époque on n’avait pas encore donné le titre « d’évêques émérite », alors<br />

<strong>Conforti</strong> fut «transféré » au siège archiépiscopal de Stauropoli, une réalité seulement virtuelle au<br />

niveau ecclésiastique, ou <strong>com</strong>me on disait à l’époque in partibus infidelium.<br />

Le véritable au revoir à Ravenna, <strong>Conforti</strong> a voulu le faire avec une lettre pastorale le 15 janvier<br />

1905 : une exhortation à la doctrine chrétienne, thème qui sera pour lui « un cheval de bataille »<br />

dans l’engagement pastoral successif à Parma. <strong>Conforti</strong> avait pris l’occasion de l’encyclique Acerbo<br />

nimis d Pie X sur le thème. Après un brève excursus historique dans lequel il rappelait le<br />

traditionnel choix de l’église de s’engager pour l’instruction religieuse du peuple et des enfants, il<br />

exhortait le clergé à ouvrer en ce ministère dans « l’heure triste que nous traversons. Et aujourd’hui<br />

plus que dans d’autres temps, votre travail est utile et nécessaire » : il n’y a plus l’instruction<br />

religieuse dans les écoles, on sème à pleines mains l’erreur, la jeunesse respire l’indifférence<br />

religieuse aussi en famille. Après avoir rappeler quelques initiatives particulières les « cours des<br />

<strong>Manfredi</strong> - 75 – G.M. <strong>Conforti</strong>


conférences religieuses pour la jeunesse instruite de l’un et de l’autre sexe » et l’engagement de<br />

quelques dames pour la catéchèse dans différentes églises de la vielle, exhorte les familles à<br />

envoyer leurs enfants à la doctrine et à collaborer de toute façon pour cette œuvre, et il invite les<br />

jeunes à l’approfondissement des thèmes catéchétiques<br />

En s’adressant surtout aux parents et en partie aux jeunes, <strong>Conforti</strong> soulignait la valeur<br />

éducative, et plus en général civique, de l’enseignement de la doctrine chrétienne : « Instiller dans<br />

les jeunes cœurs le sentiment religieux qui rend l’âme noble et imprime profondément les notions<br />

du juste et de l’honnêteté ; sans les quelles l’homme s’abandonne trop souvent aux tristes exigences<br />

de la nature corrompue »<br />

Il s’agit d’une brève lettre pastorale d’une façon spéciale exhortative. Il n’y a pas encore,<br />

même une allusion, une épreuve du projet catéchétique, qui marquera une parmi les élaborations<br />

plus articulées de la pastorale de <strong>Conforti</strong> à Parma. Cependant elle se démontre une significative<br />

prise de position, soit <strong>com</strong>me accueil d’une ligne typique du pape Pie X, soit <strong>com</strong>me choix d’une<br />

<strong>com</strong>munication pastorale jusqu’au dernier acte de sa présence à Ravenna.<br />

En réalité les rapports entre Ravenna et <strong>Conforti</strong>, ou mieux la suite de ces peu d’années<br />

d’épiscopat, n’étaient pas encore terminés. Toute de suite, après l’acceptation de la démission<br />

d’archevêque, il avait prédisposé de mettre en ordre toutes les questions économiques suspendues,<br />

en chargeant Marelli, Zumaglini et l’abbé Giuseppe Bosi. Malheureusement une bonne partie des<br />

dettes remontaient à la période du cardinal Galeati ou Riboldi, et beaucoup, pour des raisons<br />

connues unies à Peppi, n’avaient pas des pièces d’appuis ou bien des données sures. En différents<br />

cas, on se referait au dédommagement à donner ou à recevoir en siège judiciaire, tout dépendait<br />

encore des sentences qu’on attendait. On doit unir les quelques dépenses, par exemple celles qui<br />

concernaient le cinquantième anniversaire e l’Immaculée Conception, ont été faites à l’époque de<br />

l’administrateur apostolique. En plus <strong>Conforti</strong> habitait à Parma et il ne pouvait pas toujours se<br />

rappeler si et <strong>com</strong>ment les documents ont été organisés.<br />

En brève, les calculs on ne réussirait pas à les clôturer : manquaient des papiers et aussi la<br />

documentation. En général ne manquait pas l’argent, aussi car <strong>Conforti</strong> avait employé de son<br />

patrimoine pour faire face à quelques payements urgents (pour ceci était difficile pour lui donner la<br />

documentation). Mais entre le scrupule de <strong>Conforti</strong> et la précision typiquement lombarde exigée par<br />

Morganti et le travail pour mettre de l’ordre se prolongeait. En plus il avait renoncé à une éventuelle<br />

pension à charger sur la mense archiépiscopale de Ravenna, il y avait le problème de sa subsistance.<br />

Après un an entier de la fin de son mandat d’administrateur de Ravenna, <strong>Conforti</strong> fut obligé à écrire<br />

une lettre de protestation à son successeur. Voici quelques passages :<br />

En ces jours, c’est une année depuis que j’avais expédié à Mgr Marelli le <strong>com</strong>pte rendu<br />

de ma gestion financière afin que votre excellence puisse l’examiner avec la<br />

<strong>com</strong>mission chargée de la Caisse Ecclésiastique et après j’attendais un mot de réponse<br />

pour être en paix et pour éviter tout équivoque et contestation qu’on pourrait avoir<br />

après. En ce temps j’ai déclaré plusieurs fois d’être prêt à accepter toutes les<br />

observations que vous et la <strong>com</strong>mission vous pourriez m’adresser, car j’ai désiré une<br />

égalisation avec une satisfaction <strong>com</strong>mune. Au-delà de toutes les insistances faites par<br />

moi-même, au delà de tous les éclaircissements donnés par vive voix et par écrit, on n’a<br />

pas encore rien fait, et on a eu avec moi un <strong>com</strong>portement que je ne <strong>com</strong>prends pas.<br />

Après cela, je ne crois pas qu’il soit selon ma dignité, continuer à insister et à prier<br />

pour obtenir ce dont j’ai le droit. Je préviens donc votre excellence, que si avant 15<br />

jours vous ne preniez pas en considération cette remontrance, je serai obligé à<br />

m’adresser au Saint-Siège pour quelques mesures pour bien définir toute dette non<br />

réglée et sauvegarder mon honneur, sur lequel je ne tolère pas que tombe quelques<br />

soupçons. En quelques mois de gouvernement, j’ai dépensé de mes biens personnels,<br />

<strong>com</strong>me je pourrais montrer avec des documents, plus de 20.000 lires à bénéfice de cette<br />

église, sans mettre même pas un centime de cette somme à la charge de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 76 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’administration diocésaine. Cependant je me permets de vous déclarer que je n’aurais<br />

jamais imaginé, de me voir réduit en cette situation, et cela je ne le cache pas, me<br />

donne une grande souffrance, car je peux témoigner d’avoir toujours agi devant vous<br />

avec une grande loyauté et vérité sans jamais recevoir une réponse à mes insistances.<br />

Cette lettre sévère montre d’un côté les intentions de <strong>Conforti</strong> : pouvoir ne pas être accusé<br />

de malhonnêteté ou de négligence du patrimoine diocésain, soit pour son scrupule de conscience<br />

soit pour n’importe quelle éventualité future qui était toujours en embuscade à Ravenna. D’autre<br />

côté, montre la décision et la clarté que le fondateur savait défoncer où cela était nécessaire. Ne<br />

manquaient pas des références à la « dignité » et à l’honneur à adresser un appel au Siège<br />

apostolique, qui appartient à la culture du clergé de l’époque, en on doit les lire surtout <strong>com</strong>me<br />

manifestation d’une conscience, dont il se sentait aussi responsable de la bonne administration et de<br />

la conservation des biens ecclésiastiques, un engagement qu’un évêque <strong>com</strong>me <strong>Conforti</strong> avait pris<br />

avec un serment solennel.<br />

Comme justement relève Teodori, la réaction de Morganti et de Zumaglini fut immédiate : le<br />

premier déclara toute sa souffrance pour le retard, le second demande des excuses pour le retard<br />

même et il demande une prolongation de 15 jours voulus par <strong>Conforti</strong>. Ainsi finalement le 12<br />

septembre 1906 fut donné une déclaration de la part de l’archevêque Morganti, et par les membres<br />

de la <strong>com</strong>mission, dans laquelle on déclare que <strong>Conforti</strong> est « indemne de toute obligation et<br />

responsabilité envers les administrations diocésaines » sauf un ultérieur débours total de 5.500 lires<br />

à peu près, toujours de son côté, pour clôturer les derniers engagements. Nous pouvons donc<br />

affirmer que Ravenna avait coûté beaucoup à <strong>Conforti</strong> aussi économiquement. Mais soit avec<br />

Morganti, soit avec Zumaglini les rapports sont restés très bons, après « l’accrochage », que,<br />

<strong>com</strong>me on peut voir par la documentation, était effectivement motivé par de graves raisons.<br />

LA PREFECTURE APOSTOLIQUE DE L’HENAN OCCIDENTAL<br />

On peut ici recueillir un ensemble de nouvelles et des faits qui concernent le nouveau départ<br />

de la mission xavérienne en Chine, déjà <strong>com</strong>mencée pendant la période dans laquelle <strong>Conforti</strong> était<br />

encore archevêque, mais portée à l’ac<strong>com</strong>plissement en cette phase de transition.<br />

Comme on avait déjà dit au chapitre précédent, <strong>Conforti</strong>, peu de temps avant la nomination à<br />

Ravenna, avait écrit à la Congrégation de Propaganda fide en demandant d’insérer les jeunes<br />

xavériens qui étaient en train de se préparer pour l’ordination, dans une mission, possiblement en<br />

Chine, avec la perspective que dans les temps raisonnables on puisse détacher de cette mission « un<br />

district » sur leur pleine et directe responsabilité Le fondateur montrait, en ces contacts, de se<br />

mouvoir dans le cadre typique de la structure ecclésiastique des missions du XIX siècle et la<br />

première moitié du XX siècle. Une vision des missions qui sera définie par Celse Costantini,<br />

diplomatique du Saint-Siège en Chine dans les années vingt, « féodalisme territorial », et qu’il se<br />

rapportait au traditionnel jus <strong>com</strong>missionis, c’est-à-dire confier à une congrégation religieuse une<br />

circonscription missionnaire précise.<br />

Ultérieures et répétées demandes de <strong>Conforti</strong> porteront le nouveau préfet de Propaganda<br />

fide, Girolamo Gotti, succédé à Ledochowski, à lui montrer la région de l’Henan et le vicaire<br />

apostolique Simeone Volonteri, des missionnaires de saint Calogero, <strong>com</strong>me lieu du greffage de<br />

premiers xavériens. Nous sommes en août 1903.<br />

Les pourparlers avec les missionnaires de Milano et en particulier avec Volonteri n’ont pas<br />

été simples. En effet, bondait dans le vieux vétéran des missionnaires chinois le classique<br />

mécanisme mental uni au jus <strong>com</strong>missionis. On voyait immédiatement mille difficultés pour la<br />

division : il n’y avaient pas les structures, ou si elles existaient étaient vieilles : qui le restituait à<br />

l’institut missionnaire qui laissait, et <strong>com</strong>ment on définissaient les frontières Il semble paradoxal,<br />

<strong>com</strong>me justement relevait souvent <strong>Conforti</strong> ; qu’un vicaire apostolique fasse résistance à réduire un<br />

territoire objectivement très vaste, tandis que cela pouvait créer les conditions d’un meilleur travail<br />

<strong>Manfredi</strong> - 77 – G.M. <strong>Conforti</strong>


pour les missionnaires déjà présents. Mais raisons de prestige, habitudes mentales, la même crainte<br />

que la réduction du territoire aurait signifiée un mineur engagement financière et du personnel de la<br />

part des pays d’origine, créaient ces méfiances.<br />

On a continué à traiter pendant plus d’un an, jusqu’à l’automne 1904. D’un côté, Volonteri<br />

repoussait l’idée de partager son vicariat apostolique : de l’autre, <strong>Conforti</strong> avait eu des assurances<br />

que ses missionnaires auraient bientôt travaillé dans leur mission propre, après un apprentissage<br />

opportun, et probablement imaginait que cette mission propre pouvait être celle de l’Hénan. A la<br />

base on a eu d’une certain façon une in<strong>com</strong>préhension, à tel point que <strong>Conforti</strong> écrivait sur Fede e<br />

Civiltà en donnant <strong>com</strong>me certaine une future division du vicariat de l’Hénan, mais en recevant en<br />

réponse une triste et indignée lettre de la part de Volonteri qui racontait que le secrétaire de<br />

Propaganda fide lui aurait assuré qu’avant la division tous les deux, le vicaire apostolique de<br />

l’Henan méridional et le secrétaire de Rome seraient déjà morts.<br />

Au même temps <strong>Conforti</strong> ordonne ou il fait ordonner les nouveaux xavériens, et en janvier<br />

1904 à Parma il peut de nouveau donner le Crucifix à quatre missionnaires, après moins de cinq ans<br />

de la première cérémonie analogue avec Caio Rastelli et Odoardo Menini. Les quatre partants sont :<br />

Giovanni Bonardi, Giuseppe Brambilla, Luigi Calza et Antonio Sartori, que le fondateur<br />

ac<strong>com</strong>pagne à Piacenza, en visite à Jean Baptiste Scalabrini. De là ces quatre continuent vers<br />

Genova et le 21 janvier ils s’embarquent vers la Chine avec Mgr Volonteri. Ils sont arrivés en Chine<br />

après un mois, le 23 février. Mais les premières nouvelles certaines tardent à arriver : jusqu’au<br />

juillet 1904 <strong>Conforti</strong> n’a pas la certitude de leur arrivée. Exactement dans le mois décisif pour la<br />

crise de la santé de <strong>Conforti</strong>.<br />

De son arrivée en Chine, le vicaire apostolique Volonteri avait demandé conseil à ses<br />

collaborateurs immédiats sur la destinée du vicariat, en particulier avec le père Angelo Cattaneo,<br />

pro vicaire apostolique. L’iter pour la division du nouveau « district » confié aux xavériens subirait<br />

une accélération soudaine. Maintenant, selon Volonteri, la division on devait la faire toute de<br />

suite…Ses collaborateurs insistaient avec lui pour actualiser le plus tôt possible avant sa mort<br />

même, puisqu’il était âgé et éprouvé. Au même temps les nouveaux quatre xavériens <strong>com</strong>mençaient<br />

à apprendre la langue et se mettre doucement dans la vie missionnaire. Ils se trouvaient aussi dans la<br />

position délicate de celui qui dans un côté devait s’insérer dans un contexte déjà existent, soit<br />

culturel que ecclésial, et d’autre côté de devoir immédiatement se placer dans une position<br />

autonome. En plus les quatre jeunes xavériens devaient <strong>com</strong>prendre si les indications et les<br />

propositions des collègues missionnaires pour le nouveau district étaient aptes à une perspective de<br />

développement ou bien no. Les contacts avec la Maison mère et avec le fondateur demandaient du<br />

temps très long. Par exemple à la lettre du P. Calza du 3 octobre 1905 sur la division du vicariat de<br />

l’Henan méridional, <strong>Conforti</strong> répond seulement le 13 décembre. A partir des nouvelles qu’il reçoit<br />

de la Chine, <strong>Conforti</strong> informe continuellement Propaganda fide et laisse aux xavériens de là bas une<br />

autonomie remarquable en négociant avec les missionnaires lombards. Depuis Parma, en effet<br />

n’était pas simple, <strong>com</strong>me n’était pas simple même pour celui qui lit aujourd’hui cette<br />

correspondance, <strong>com</strong>prendre si c’était mieux pour les xavériens pendre les soins de trois districts de<br />

Shen- tciou, Honanfu, Zutciou, ou bien en plus à ceci, même le territoire de Sutciou que le père<br />

Calza appelait aussi Su-tchiou ou Shu- tciou…et presque chaque fois change la graphie. Propaganda<br />

garantie à <strong>Conforti</strong> que les déterminations seront prises dans le temps nécessaire.<br />

On place probablement en ce contexte une autre hypothèse, bien plus <strong>com</strong>plexe. Volonteri<br />

souhaitait aussi, <strong>com</strong>me alternative à la division, une union entre l’institut de Parma et saint<br />

Calogero. Sur la question évidemment Volonteri devait avoir écrit à Milano, vu qu’il en parle à<br />

<strong>Conforti</strong> le recteur du séminaire de Milano, Filippo Ronconi. L’hypothèse devait être bien plus<br />

qu’une blague ou un vague désir, mais fut objet d’un pourparler au moins initial, peut être favori ou<br />

au moins suivi par Parma. Les pourparlers en question se sont déroulés entre la fin 1904 et la fin<br />

1905. L’idée devait être celle d’une « union » et non d’une « fusion » e n tre l’institution de Milano<br />

et celle de Parma, que d’ailleurs aurait permis à l’institut de <strong>Conforti</strong> de résoudre beaucoup de<br />

problèmes épineux qui regardaient l’approbation romaine. Nous savons que les pourparlers entre<br />

<strong>Manfredi</strong> - 78 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Milano et Parma n’ont pas eu une suite positive, à travers peu de lignes d’une lettre que Pellegri<br />

écrivait à <strong>Conforti</strong> pendant les jours fébriles de contacts romains du vice recteur avec Propaganda<br />

fide en décembre 1905.<br />

Lui (Satolli) serait de l’avis qu’on pourrait être unis car on vient multiplier les organismes<br />

qui ont le même but. Moi, à ce point, Monseigneur, j’ai <strong>com</strong>pris les paroles en exposant<br />

votre pensé, votre désir, vos pratiques, et le refus de tous les autres, seulement j’ai dit ceux<br />

à de Milano qui ont répondu l’année passée, <strong>com</strong>me vous le savez, il a <strong>com</strong>mencé à rire en<br />

écoutant « cette belle fusion » J’ai ajouté qu’il serait une bonne chose si part de<br />

Propaganda fide l’idée en assurant que lui-même peut exprimer sur l’autorisation de Mgr<br />

<strong>Conforti</strong> en <strong>com</strong>prenant toujours union, non admission. J’ai entendu volontiers tout ceci<br />

car est telle votre pensé, aussi peut dire une parole en votre nom.<br />

Donc il semblerait que <strong>Conforti</strong> aurait donné la disponibilité à Milano pour une espèce de<br />

fédération ou union entre les deux instituts, tandis que Milano se montrait contraire, ou bien il<br />

exposait une « annexion ». De Parma Pellegri, au nom de <strong>Conforti</strong>, et dans une situation dans<br />

laquelle l’institut de Parma n’était pas encore reconnu, il proposait à Propaganda fide de prendre<br />

dans les mains la situation, en exposant une forme de union pour les deux instituts « frères ». J e<br />

pense que de cette hypothèse on n’a rien fait en 1905 – 1906 à cause du successif Decretum laudis<br />

(approbation de l’institut de la part de Rome) que en effet et de droit résoudrait la précarité<br />

juridique du séminaire émilien. Restait au même temps suspendue, en ces pourparlers « avortés » l a<br />

question de la différence du projet entre la réalité de Milano, que <strong>com</strong>prendraient des prêtres<br />

diocésains et de frères, et celle de Parma, qui voulait être et elle était déjà une congrégation<br />

religieuse avec des vœux. Des pourparlers ultérieurs se déroulaient après en 1912, mais de ce<br />

problème on en parlera après.<br />

En décembre 1904 meurt Simeone Volonteri, le vieux vicaire apostolique de l’Henan<br />

méridional. Rome nomme <strong>com</strong>me successeur, en juillet 1905, le père Angelo Cattaneo, qui avait<br />

insisté pour la division et qu’il aurait confié aux xavériens le district que lui-même dans le temps<br />

avait soigné, c’est-à-dire la partie occidentale de la préfecture. La question était si dans cette<br />

nouvelle circonscription il y avait ou non quelques villes sur la ligne du chemin de fer (sud-nord)<br />

qui se rattachait à la transsibérienne à travers la Mongolia, quelques villages d’ancienne<br />

évangélisation, et, surtout un nombre des « résidences » et un taux de biens économiques suffisants<br />

pour maintenir la mission. Avec l’habituelle lenteur du courrier et des décisions romaines on est<br />

arrivé à une répartition <strong>com</strong>muniquée par Gotti à <strong>Conforti</strong> en décembre 1905 mais décidée en mai<br />

1906. Le père Calza mis au courant de la décision et en particulier du décret en août successif,<br />

écrivait à <strong>Conforti</strong> que trois sous préfectures dépendantes de la préfecture (civile) de Kefonfu, que<br />

dans les pourparlers en Chine devaient être prises par les xavériens, elles n’étaient pas incluses dans<br />

le décret, selon lui à cause d’une erreur ou d’une omission de Propaganda. En juin 1907 la<br />

congrégation romaine écrivait de nouveau à Cattaneo en disant de faire référence pour<br />

l’interprétation du décret, à la carte géographique que les missionnaires de San Calogero avaient<br />

envoyée à Rome, où était évident que les trois sous préfectures en question devaient appartenir au<br />

territoire confié aux xavériens. Cattaneo en recevant une ultérieure imposition de la part de<br />

Propaganda, en octobre 1907, entre décembre 1907 et janvier 1908 écrivait à Rome en présentant<br />

des ultérieurs mises au point. Propaganda en avril 1908, définit en manière conclusive que les trois<br />

sous préfectures de Yu-tchoo, Mihsien et Sin tcheng appartenaient au territoire confié aux pères<br />

xavériens. Les questions ne sont pas encore terminées, car pendant longtemps ont continué les<br />

controverses pour l’assignation d’une maison : n’était pas claire si elle appartenait à la mission (et<br />

donc elle devait appartenir aux xavériens <strong>com</strong>me résidence des missionnaires) ou bien achetée avec<br />

les moyens de Mgr Volonteri, et donc laissée par lui-même par « sa » mission de san Calogero.<br />

De ces vicissitudes et de beaucoup de nouvelles qu’on peut connaître à travers les lettres de<br />

Calza et Bonardi ressortit avec clarté que le nœud de la question n’était pas pastoral, mais<br />

<strong>Manfredi</strong> - 79 – G.M. <strong>Conforti</strong>


économique. C’est-à-dire pastoral mais indirectement. Les missions en Chine, même en recevant<br />

des contributions soit de Propaganda fide, soit des instituts religieux occidentaux, dont étaient<br />

originaires les missionnaires, devaient faire les <strong>com</strong>ptes avec la construction des résidences<br />

suffisantes pour les missionnaires dans les différentes villes, avec la nutrition pour les missionnaires<br />

mêmes, des institutions pour la formation (les séminaires et les noviciats) caritatives (les<br />

orphelinats, les dispensaires) et de l’autre personnel des missions, c’est-à-dire les catéchistes et<br />

d’autres chrétiens laïcs qui travaillaient pour les pères. La politique des missionnaires européens<br />

était celle d’individualiser les sources du revenu, <strong>com</strong>me les maisons à donner en location, les<br />

terrains cultivables et même des minières à exploiter avec l’aide des fermes <strong>com</strong>merciales<br />

européennes. Toutes les controverses qui ont heurté les jeunes missionnaires xavériens et les<br />

missionnaires lombards du futur PIME, s’accordaient exactement à ces problématiques. Les<br />

missionnaires de Milano étaient disposés à laisser les « résidences » des missionnaires, mais non<br />

donner gratuitement les structures sociales, et davantage les sources des revenus. Les jeunes<br />

xavériens dans la perspective d’avoir d’autres confrères dans un temps relativement brève, devaient<br />

affronter le problème des maisons où faire vivre les missionnaires et des revenus nécessaires pour<br />

développer des œuvres sociales et éducatives. Le thème économique, <strong>com</strong>me on verra après, sera<br />

toujours prioritaire dans l’ordre du jour des contacts avec Parma – Chine. Cela est <strong>com</strong>préhensible<br />

en s’agissant des conditions essentielles de subsistance du personnel missionnaire. Il y avait<br />

toujours, le danger de glisser vers l’amplification excessive dans les questions économiques –<br />

<strong>com</strong>merciales et l’autre, parallèle, de créer des liens trop forts avec les européens, arrivés en Chine<br />

avec l’intention de faire leurs affaires. Et in<strong>com</strong>bait toujours la tentation de baptiser des troupes des<br />

« chrétiens du riz », des adeptes plus que de la doctrine chrétienne, des secours des missionnaires.<br />

Comment se <strong>com</strong>porte <strong>Conforti</strong> en ce cadre, pour lui géographiquement très loin Avant<br />

tout, selon son style constant, il se tient en contact avec Propaganda fide, en réaffirmant sa pleine<br />

disponibilité aux décisions de ce dicastère, et en faisant affluer toutes les nouvelles qui arrivent de<br />

Calza, Bonardi et d’autres. Devant les missionnaires de sant Calogero, pour lesquels il fait<br />

intervenir même le cardinal Ferrari, cherche de maintenir de bons rapports, l’appui qu’il demande<br />

pour ses jeunes élèves, en première ligne en Chine, et la clarté en tant que possible pacifique sur<br />

toutes les questions pendantes. Pour ces quatre pionniers il cherche de faire expérimenter sa<br />

proximité et l’appui à leurs demandes, mais il les exhorte aussi, au tant que possible, au dialogue et<br />

à la collaboration avec les missionnaires de la Lombardie. De toute façon, bien ou mal, la nouvelle<br />

préfecture apostolique est née le 15 mai 1906 en Henan occidental. Depuis peu plus de deux ans<br />

étaient sur place les premiers quatre missionnaires. En ces mois sont arrivés les pères Leonardo<br />

Armelloni, Eugenio Pelerzi et Pietro Uccelli, qui étaient partis de Napoli en janvier 1906, en portant<br />

avec eux la première lettre circulaire du fondateur pour les xavériens en Chine. Toujours dans les<br />

années de sa présence à Campo di Marte, <strong>Conforti</strong> avait eu l’occasion d’envoyer Vincenzo Dagnino<br />

et Disma Guareschi en janvier 1907. D’autres partiront dans les années successives. La mission de<br />

l’Hernan, semblait donc se consolider et avoir une destinée bien différente du premier essai réalisé<br />

avec Rastelli et Manini. Au même temps en Chine se profilait la crise définitive, qui avait porté à la<br />

fin l’empire millénaire et la proclamation de la république.<br />

LE « DECRETUM LAUDIS » ET LES RAPPORTS AVEC L’ASSOCIATION POUR LE<br />

SECOURS DES MISSIONNAIRES ITALIENS.<br />

En ces mêmes années la congrégation de Propaganda fide, promulguait le Decretum Laudis<br />

pour reconnaître l’institut missionnaire de Parma <strong>com</strong>me un institut de droit pontifical. Même en ce<br />

cas, un travail patient <strong>com</strong>mencé depuis même la nomination à Ravenna traversait une accélération<br />

pendant les années de permanence de <strong>Conforti</strong> à Campo di Marte. La bibliographie sur ses règles<br />

nous permet de reconstruire suffisamment et rapidement le parcours du procès législatif xavérien.<br />

Entre 1897 et 1899 <strong>Conforti</strong> rédigeait les premières règles, pour offrir une normative aux élèves de<br />

Borgo del Leon d’Oro, aux premiers partants avec Mgr Fogolla et en général pour systématiser cette<br />

<strong>Manfredi</strong> - 80 – G.M. <strong>Conforti</strong>


fondation, encore limitée dans le numéro et juridiquement sous le contrôle de l’évêque de Parma.<br />

La base il semble a été la réglementation du séminaire de la Lombardie pour les missions, celui qui<br />

a été souvent cité : san Calogero. Au moment où on avait proposé l’ouverture d’un district<br />

missionnaire en Chine, <strong>Conforti</strong> demande l’approbation de l’institut de la part de la congrégation de<br />

Propaganda, et pour cela élabore les règles, avec l’aide de l’expert stigmatin Melchiade Vivari,<br />

pendant un certain temps directeur spirituel à Campo di Marte lorsque le fondateur est archevêque<br />

de Ravenna. Les « règles Vivari » sont envoyées à Rome en 1905 et elles sont ensemble avec le<br />

Decretum Laudis qui confirme l’approbation de Rome des xavériens. Il est évident en ces règles<br />

l’influence de la législation des pères de Scheut, que <strong>Conforti</strong> avait connus grâce au témoignage de<br />

Manini, qui avec Rastelli s’était réfugié dans une de leurs maisons fortifiées de la Mongolia interne<br />

pendant la révolution des Boxers, et de celle des Stigmatins.<br />

<strong>Conforti</strong> a du insister plusieurs fois avec Roma pour que le règlement puisse être examiné.<br />

Cependant le problème c’était qu’il n’avait pas suivi l’iter prévu pour l’approbation des règles. Il ne<br />

l’a pas suivi car, simplement, personne, même le cardinal Gotti à qu’il avait donné la première<br />

copie manuscrite, ne l’ont pas expliqué. Quand don Pellegri, en décembre 1905, grâce aussi aux<br />

suggestions et la médiation de Tonarelli, a réussi à faire partir le procédé pour l’examen, les règles,<br />

en temps très brève, ont été examinées par un spécialiste, le célèbre jésuite père Benedetto Ojetti,<br />

enseignent à l’université Grégorienne et futur collaborateur de la codification canonique du 1917. Il<br />

est sûrement intéressant reporter le jugement de cette célébrité du droit canonique.<br />

De tout cela résulte que nous sommes au <strong>com</strong>mencement de cette œuvre belle et sainte<br />

qu’on doit nous souhaiter, pour l’annonce de la foi, soit pour grandir vigoureuse le plus tôt<br />

possible, mais qu’elle n’a pas encore un développement suffisant pour qu’elle puisse être<br />

approuvée, au contraire même pas pour qu’elle puisse avoir le Decretum Laudis. Il me<br />

semble donc superflu parler des règles. Je serais de l’opinion que la sainte congrégation,<br />

en s’abstenant de toute démarche ultérieure, pourrait écrire de nouvelles lettres très larges<br />

d’éloge à Mgr <strong>Conforti</strong> pour son saint zèle, ses fatigues, les fruits qui est en train de<br />

recueillir, en le confortant à espérer dans l’avenir.<br />

Donc un recalage en pleine…. règle. Ma par une bonne chance de <strong>Conforti</strong> et des xavériens,<br />

Propaganda, peut-être aussi, grâce à la pression de Tonarelli et d’autres, avait choisi une autre<br />

solution. En demandant une ultérieure documentation à <strong>Conforti</strong>, surtout du côté économique –<br />

administratif, avait décidé de promulguer le Decretum Laudi non seulement sans l’approbation<br />

officielle des règles et constitutions, mais clairement contre l’avis de Ojetti. C’était une praxis<br />

approuvée, et probablement même employée avec une certaine fréquence par le ministère<br />

missionnaire, que, <strong>com</strong>me on connaît, jouait depuis toujours du plus grand marge d’action.<br />

Le Decretum Laudis signifiait deux choses : la possibilité de diriger en manière autonome<br />

les districts missionnaires, avec une règle adaptée à la vie spirituelle, pastorale et administrative en<br />

situations toujours sur le fil de l’émergence ; et la certitude que la maison de Parma puisse être<br />

préservée de n’importe quelle opération de pression, absorption ou clôture indépendamment de la<br />

destinée du fondateur. Qu’on tienne <strong>com</strong>pte, en effet, que ces années du 1903 au 1905,<br />

l’aggravation des conditions de santé de <strong>Conforti</strong> pouvait annoncer des résultats mortels qu’en ce<br />

temps n’était pas rares. En plus de Mgr Maffi, déjà nommé archevêque de Pisa, mais en attendant<br />

l’exequatur, en novembre 1903 sont arrivées des nouvelles, des problèmes pour l’institut de Parma,<br />

pendant que <strong>Conforti</strong> était encore à Ravenna. De ce qui était arrivé, est presque impossible le<br />

connaître. Peut être Magani, après avoir pendant longtemps protégé son collaborateur et l’institut<br />

qu’il avait fondé, il avait eu un changement d’orientation, motivé par les tensions présentes dans le<br />

diocèse, ou bien pour quelque <strong>com</strong>portement irrespectueux qu’il avait cueilli ou imaginé être<br />

présent dans les responsables de la maison de formation missionnaire. Sûrement mêmes ces<br />

préoccupations gravaient sur l’état de santé déjà précaire de <strong>Conforti</strong>. Le Decretum Laudis mettait<br />

en sureté l’institution, au moins du point de vue canonique.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 81 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Il y avait un troisième aspect qui concernait le Decretum Laudis et qui émerge de la<br />

correspondance de ces mois. Il s’agissait de régulariser les ordinations sacerdotales des prêtres<br />

xavériens et leur donner une reconnaissance juridique. Jusqu’à maintenant il s’agissait pour la<br />

presque totalité de prêtres de Parma, Magani n’avait pas eu des difficultés. Mais en affluant des<br />

clercs d’autres diocèses, et même quelques uns déjà prêtres <strong>com</strong>me le P. Pietro Uccelli, l’évêque de<br />

Parma a <strong>com</strong>mencé à demander et mettre quelques conditions pour leur présence juridique. Bien<br />

sur, était possible ordonner de nouveaux prêtres sur la base de « titulus missionis (au nom de la<br />

mission). Mais ceci était permis seulement aux instituts de droit pontifical. Même en ce cas la<br />

Congrégation de Propaganda fide avait déjà accordé à <strong>Conforti</strong> une espèce de dérogation, même<br />

avant le Decretum Laudis.<br />

Le parcours singulier des « règles Vivari » en effet n’a jamais été appliqué. Sur<br />

l’approbation des règles on n’a pas parlé qu’après dix ans. Une partie des règles du 1903 – 1905 fut<br />

transcrite à la main dans un texte employé à la Maison mère. Pour le reste, on continuait <strong>com</strong>me au<br />

par avant. On peut se demander : <strong>com</strong>ment fut-il possible envoyer des missionnaires en Chine et<br />

ériger une vraie et propre mission, sans une légalisation pas du tout formalisée, si non le règlement<br />

de la fin du XX siècle Je cris que ceci fut possible à partir de deux facteurs ; la présence<br />

continuelle, au moins à la Maison mère et forte aussi en mission à travers des lettres, du fondateur,<br />

reconnu <strong>com</strong>me une figure charismatique ; et la nécessaire expérimentation ou l’approche de<br />

premiers temps de la vie missionnaire, où il était suffisant individualiser un supérieur dans la<br />

personne de Luigi Calza et procéder pas épreuves d’erreurs. Et en plus que les premiers<br />

missionnaires, même s’ils étaient un bon nombre, étaient tellement éparpillés sur le territoire qu’ils<br />

ne pouvaient pas pratiquement jamais vivre une minute dans la vie <strong>com</strong>mune, et donc ils devaient<br />

se régler seuls. Certainement cette situation était « es<strong>com</strong>ptée » quand, établie avec forces majeures<br />

et plus précise organisation de vie dans le district missionnaire de l’Henan sont émergées tensions,<br />

problèmes non résolus, lacunes que le fondateur, à la distance de milliers de kilomètres, ne pouvait<br />

pas non seulement résoudre, mais même pas prévoir.<br />

Même en cette sphère <strong>com</strong>me en celle de la définition du district missionnaire en Chine, le<br />

fait que <strong>Conforti</strong> en octobre 1904 pouvait s’occuper de proche, et depuis juin 1905 presque à plein<br />

temps, de sa fondation lui permettait de suivre la correspondance et d’être impliqué directement en<br />

plusieurs contacts : parmi lesquels aussi Mgr Tonarelli, maintenant qu’il habitait à Rome et engagé<br />

en curie. Il pouvait en plus se rendre personnellement à Rome <strong>com</strong>me il avait fait en janvier 1906<br />

en ac<strong>com</strong>pagnant la « deuxième expédition » des missionnaires vers Napoli et à l’embarquement. Il<br />

pouvait aussi envoyer à la capitale l’abbé Ormisda Pellegri, qui pendant les jours décisifs en<br />

décembre 1905 faisait avancer les pratiques pour la nouvelle circonscription ecclésiastique de<br />

l’Henan occidental et pour le Decretum Laudi.<br />

Exactement en ces mois, déjà retiré à Parma, <strong>Conforti</strong> avait pris les premiers contacts avec<br />

l’Association nationale pour aider les missionnaires catholiques italiens. Sa lettre écrite le 21<br />

décembre 1904 au président, le sénateur Fedele Lampertico. L’association, fondée dans les milieux<br />

catholiques libéraux en 1886, avait vu l’engagement non seulement du très connu homme politique<br />

de Vicenza, mais aussi d’Augusto Conti et Ernesto Schiapparelli. Un premier contact fut celui au<br />

temps de la « foire de bienfaisance » qui avait substitué la loterie nationale dans la recherche des<br />

sources de financement pour la nouvelle maison de Campo di Marte. Une précieuse collection des<br />

objets chinois déjà exposés à la fameuse exposition missionnaire de Torino, celle qui avait donné<br />

une occasion à Fogolla de venir en Italie, fut donnés à l’institut de Parma, qui en avait conservé<br />

quelques uns, premier noyau, ensemble à d’autres pièces portées par Manini, pour le futur musée<br />

chinois. Est intéressant s’arrêter sur cette première, presque rencontre causale, <strong>Conforti</strong> à travers le<br />

député Oliva, avait proposé non seulement une initiative de bienfaisance, mais une image des<br />

missionnaires qui n’hésitaient pas à demander un appuis aux institutions d’un état libéral, convaincu<br />

de faire les intérêts de la civilisation, en plus que de la foi catholique. Les députés impliqués dans le<br />

projet, et avec eux Lampertico, avaient donné une espèce de réponse « publique », en affirmant que<br />

les missions catholiques étaient un intérêt de la nation italienne. La loterie nationale ne fut pas<br />

<strong>Manfredi</strong> - 82 – G.M. <strong>Conforti</strong>


éalisée <strong>com</strong>me on avait écrit dans le deuxième chapitre de cette œuvre. Mais le contact maintenant<br />

était repris, grâce à l’initiative de <strong>Conforti</strong>, qu’en effet acceptait la ligne de l’association, c’est-àdire<br />

celle de faire la médiation entre le gouvernement et ces initiatives ecclésiales, dans une sphère<br />

la présence italienne à l’étranger, qui pouvait être un terrain <strong>com</strong>mun entre catholiques et la classe<br />

dirigeante du règne d’Italie.<br />

N’est pas par hasard que Bonomelli, depuis 1887, avait écrit à Scalabrini qui désirait<br />

demander des subventions à l’association pour son œuvre religieuse des émigrés italiens en Europe,<br />

tandis que en 1888 Scalabrini appuyait auprès de Léon XIII un colloque de Schapareelli.<br />

L’association agissait de « conserve » avec les deux évêques de Cremona et de Piacenza, entourés<br />

alors d’une auréole des transigeants dans un dessin sûrement intéressant de collaboration entre<br />

l’église et le gouvernement bien avant la conciliation. <strong>Conforti</strong> maintiendra pendant beaucoup<br />

d’années les contacts avec Schiaparelli et avec Carlo Bassi, président général de l’association.<br />

Schiaparelli donnera constamment des abondants financements pour les voyages des missionnaires<br />

xavériens vers la Chine et pour le soutien économique de la mission de l’Henan. En effet je crois<br />

qu’on puisse dire que l’association avait assumé le flux plus sùr et plus constant des entrées pour les<br />

xavériens au moins jusqu’à la première guerre mondiale.<br />

« Pecunia non olet » dit un proverbe. Mais l’argent de l’association ressentait à une grande<br />

distance de… « catholique – libéral ». Nous sommes dans les premières années du XX siècle.<br />

Encore résonnent de nouveau les polémiques violentes entre l’Observateur Catholique de Albertario<br />

et les deux évêques Scalabrini et Bonomelli des années précédentes. Ferrari, pendant ses premières<br />

années à Milano, appuyait Albertario sans partager les violences verbales, et il cherchait de sauver<br />

la position devant les recours à Rome de deux prélats de Piacenza et de Cremona. Ne pouvait pas<br />

exister une insulte pire, pour un intransigeant du titre « catholique – libéral ». <strong>Conforti</strong> appartenait à<br />

la line intransigeante.<br />

Le choix de s’unir à l’association ne devait pas être une affaire simple. Nous pensons<br />

spécialement que, plusieurs années avant, le prédécesseur de <strong>Conforti</strong> à Ravenna, Gaetano Riboldi,<br />

figure de prestige dans l’épiscopat intransigeant, avait défini l’association <strong>com</strong>me un essai de<br />

laïciser ou du protestantisme les missions. J’exclurais sans aucun doute que <strong>Conforti</strong> était<br />

un « modéré » caché : toute sa formation, ses discours, ses prises des positions sont clairement et<br />

d’une façon convaincue intransigeants, même si non de la ligne violente et enfermée que s’incarne<br />

en Albertario plus jeune, dans les frères Scotto, dans l’Unité Catholique. Par nature, par contacts<br />

avec les « jeunes » de Giuseppe Micheli, par sa mentalité propre de Parma, <strong>Conforti</strong> est un<br />

intransigeant doux et capable de dialogue. Est celle-ci sûrement la prémisse, disons, psychologique<br />

ou par son tempérament du choix de collaborer avec Schiaparelli. En plus, <strong>com</strong>me beaucoup<br />

d’intransigeants, <strong>Conforti</strong> est sincèrement italien, davantage, s’il m’est permis un soulignement<br />

sincèrement de légitimation. Mais le conflit entre le Saint-Siège et l’Etat unitaire met ces nombreux<br />

catholiques dans un dilemme que beaucoup n’hésitaient pas à dissoudre en faveur du Pontife<br />

romain, cependant toujours en espérant que le dilemme à un certain moment soit surmonté. Il<br />

s’agissait donc, d’un patriotisme avec le tenir en bride. Chaque occasion que pouvait ressortir pour<br />

manifester sur son propre amour pour la patrie sans démentir son propre attachement au Siège<br />

romain, été attendue et soulignée. En partant d’une position différente de celle de Scalabrini,<br />

<strong>Conforti</strong> parvient au même « résultat ». On <strong>com</strong>prendra après <strong>com</strong>bien la première guerre mondiale,<br />

beaucoup plus de la controverse guerre de la Libye, sera pour beaucoup de ces catholiques<br />

l’occasion de donner l’épreuve du patriotisme.<br />

C’est en ce cadre qu’on peut mettre toute la signification du dialogue de l’élaboration du<br />

binôme « Fede e Civilta ». Comme disait Léon XIII, <strong>com</strong>me affirmaient tous les écrivains<br />

intransigeants de la seconde moitié du XIX siècle, en faisant de la polémique contre les historiens<br />

anticléricaux <strong>com</strong>me Giuseppe La Farina, le christianisme avait donné et fait grandir la vraie<br />

civilisation en Italie, et il en avait diffusé le prestige et l’estime dans le monde. Dans une certaine<br />

façon, l’Henan a été préparé par les écrits du jeune <strong>Conforti</strong> sur Grégoire VII et Léon X, sur<br />

Cristoforo Colombo. Enfin on peut aussi avancer l’hypothèse que la reprise des contacts avec<br />

<strong>Manfredi</strong> - 83 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’Association pour secourir les missionnaires était approuvée par le pape Pie X. Nous savons en<br />

effet <strong>com</strong>bien ce pape, d’une culture vraiment intransigeante, avait essayé de rasséréner les<br />

beaucoup de rapports institutionnels avec l’Italie, même sans ouvrir formellement les pourparlers.<br />

Dans la « conciliation silencieuse » du pape Pie X, le contact <strong>Conforti</strong> – Schiaparelli pouvait<br />

vraiment exister.<br />

Une fois qu’on a fait ce pas, que d’ailleurs fut sans doute très utile et avantageux pour<br />

<strong>Conforti</strong>, s’en présentait un autre chargé de conséquences même politiques. Fut Carlo Bassi,<br />

président de l’association, à le proposer à <strong>Conforti</strong>, dans la lettre du 31 mars 1905, au nom du<br />

Conseil de la présidence de l’association, <strong>com</strong>me condition pour avoir accès à un prêt de 50.000<br />

lires en faveur de l’institut :<br />

Cela pourrait être fait sans difficulté, au cas où Votre Excellence pourrait me donner une<br />

déclaration formelle et explicite que, dans le cas à l’institut de Parma pour les missions<br />

étrangères pourraient être confiées des missions spéciales en Chine, elles seraient à mesure<br />

de se mettre sous le protectorat italien.<br />

A cette demande <strong>Conforti</strong> répond :<br />

Pour ce qui se réfère à la condition qu’on voudrait lier à l’exaucé de cette demande, je<br />

déclare avec sincérité, ce que je peux maintenant déclarer, c’est-à-dire que de ma part je<br />

ferais tout le possible afin que les missions que en Chine seront confiées à l’institut de<br />

Parma, qu’elles se trouvent dans les conditions de se mettre sous le protectorat italien, et<br />

cela après avoir pris connaissance des conditions en question. J’ai toujours considéré<br />

<strong>com</strong>me une vraie humiliation pour les missionnaires italiens le protectorat étranger et<br />

donc j’hâte avec un grand désir le jour dans lequel sera enlevée pour toujours cette<br />

anomalie. Seulement devant à une interdiction formelle de la Suprême Autorité en qui je<br />

veux croire, ne me soit pas donnée d’abandonner tout pourparler.<br />

Ce qu’on dit ici en quelques lignes est, dans un certain point de vue, une vraie révolution.<br />

Car les missionnaires en Chine depuis des années avaient le passeport français.<br />

La question du protectorat français sur les missions catholiques chinoises existait depuis<br />

longtemps. Un essai de Léon XIII d’ouvrir une délégation diplomatique à Pékin fut tranché depuis<br />

le <strong>com</strong>mencement par les pressions du gouvernement français. Le passeport français pour un<br />

missionnaire voulait dire non seulement avoir la permission d’entrer et de séjourner, mais toutes les<br />

garanties de la protection d’une « puissance » sur les citoyens qui appartiennent à la puissance<br />

même. Chaque attentat, dommage, menace aux missionnaires catholiques, aux baptisés chinois, aux<br />

structures opératives des missions catholiques étaient dénoncés par le gouvernement français, qui<br />

obligeait la faible dynastie e l’Empire Céleste, à restituer les dommages et à payer d’énormes<br />

amandes. La France était très jalouse de son contrôle sur les missions catholique, car cela signifiait<br />

un prestige et une dépendance. Les historiens aujourd’hui soulignent le dommage culturel apporté<br />

par le protectorat français, et étranger en général, qui a porté les chinois à considérer le<br />

christianisme et le catholicisme en particulier, <strong>com</strong>me une religion irrémédiablement étrangère et<br />

colonisatrice.<br />

<strong>Conforti</strong> connaissait tout cela, car depuis dix ans au moins il s’intéressait concrètement des<br />

missions chinoises et des conditions juridiques et pratiques pour avoir accès. Comme justement<br />

écrit Calza de la Chine, les xavériens seraient les premiers à être sous le protectorat italien. Qu’estce<br />

que avait porté <strong>Conforti</strong> à s’exprimer avec tellement de sûreté Avant tout un procès entre la<br />

France et le Saint-Siège. La dénonciation de la part française du concordat de Napoléon du 1801<br />

avait porté à la rupture des relations diplomatiques en 1904. En 1905 venait présentée la loi de<br />

séparation entre l’état et l’église de France, que fut promulguée seulement en décembre. Toutes ces<br />

vicissitudes sont connues par le publique catholique italien, et que <strong>Conforti</strong> connaissait très bien. On<br />

n’a pas des traces des consultations écrites avec Rome, mais <strong>Conforti</strong>, peut-être à cause des<br />

colloques de ces mois, pouvait déduire que la traditionnelle alliance « guelfe » entre la France et la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 84 – G.M. <strong>Conforti</strong>


papauté portée en avant avec constance par Léon XIII et son secrétaire d’état Rampolla, et qu’elle<br />

était à la base de ce protectorat missionnaire, était en train de se dissoudre définitivement, en<br />

ouvrant les liens avec les autres puissances. Entre lesquelles l’Italie libérale.<br />

<strong>Conforti</strong> ne parle pas sur le pourparler avec le préfet de Propaganda fide dans la lettre du<br />

juillet 1905. Probablement l’affaire fut discutée oralement entre les responsables du ministère de la<br />

curie et l’abbé Ormisda, envoyé à Rome par <strong>Conforti</strong> en décembre 1905. En effet <strong>Conforti</strong><br />

demandait explicitement le passeport italien pour Armelloni, Uccelli et Pelerzi, mais aussi pour les<br />

quatre déjà présents en Chine. Plus avant, en juin 1906, <strong>Conforti</strong>, après un échange épistolaire avec<br />

le député de Parma Emilio Faelli, écrivait au ministre des affaires étrangères Tommaso Tittoni, en<br />

demandant officiellement le protectorat italien sur la mission catholique de l’Henan occidental<br />

Il serait intéressant approfondir d’autres aspects de la vicissitude du passeport, mais ce n’est<br />

pas celui-ci le lieu. Ce qui est certain est que depuis ce moment les français considéraient <strong>Conforti</strong><br />

<strong>com</strong>me une espèce d’ennemi, au moins un personnage in<strong>com</strong>mode. Sûrement le choix du passeport<br />

italien pour les trois qui partaient en janvier 1906 n’était pas une révolution dans la méthodologie<br />

missionnaire en Chine. Etait changée la puissance européenne, mais toujours <strong>com</strong>me une réalité<br />

coloniale : peut-être moins menaçante ou plus estimée dans le Céleste Empire de la Troisième<br />

république française, mais toujours une puissance étrangère. Dans le contexte chinois et<br />

missionnaire de ce temps, probablement on ne pouvait pas s’imaginer pour <strong>Conforti</strong> quelque chose<br />

de différent. Cependant est intéressant souligner l’ouverture mentale du fondateur des xavériens<br />

devant un possibilité inédite spécialement si elle dérive d’un état que n’avait pas encore clôturé la<br />

question romaine. Nous répétons ce que nous avons dit en haut : <strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me la plus part des<br />

catholiques intransigeants, n’était pas absolument antiitalien, il aurait voulu être sincèrement un<br />

patriote, si le dilemme ouvert par les vicissitudes des années 1848-1870 qui avaient opposé la<br />

papauté et l’Italie ne l’auraient pas mis en conditions de faire un choix. Maintenant s’annonçaient<br />

des occasions pour pouvoir manifester sa propre sincère italianité sans laisser sa propre fidélité au<br />

pape, au magistère et au zèle pastoral. La mission était sa vocation, et elle était une de ces<br />

possibilités. Le cercle se fermait en démontrant encore une fois que le catholicisme avait fait le bien<br />

d’Italie, cette fois dans les lointaines campagnes de l’Henan.<br />

ENTRE CAMPO DI MARTE ET UNE PRESENCE DISCRETE DANS LE DIOCESE DE<br />

PARMA<br />

La santé de <strong>Conforti</strong> améliorait d’une façon consistante. Dans les vastes espaces de Campo<br />

di Marte le fondateur arrangeait sa propre résidence et il pouvait soigner de proche le groupe de<br />

futurs missionnaires. L’année précédente, c’est-à-dire en 1903, le père stigmatin Malchiade Vivani<br />

qui était le père spirituel, fut obligé par ses supérieurs à quitter l’institut. <strong>Conforti</strong> s’adressait à<br />

différents instituts religieux, <strong>com</strong>pris les jésuites, pour avoir un prêtre influent et apte pour ce<br />

service, mais il ne l’a pas trouvé. Le problème fut résolu grâce à la disponibilité de l’abbé Pietro<br />

Ponzi (1862- 1909), ordonné prêtre en 1886, déjà vicaire à Tizzano, économe spirituel à Fugazzolo<br />

et au même temps enseignent et pendant un an fut aussi recteur du séminaire de Berceto, curé à<br />

saint Andrea en ville et il mourra quelques années après à l’âge de 47 ans, en novembre 1909.<br />

Toujours en 1903, les étudiants de Campo di Marte auront les classes internes, grâce à<br />

l’engagement de l’abbé Ormisda et d’autres abbés de la ville. Même <strong>Conforti</strong> s’engagera pour<br />

enseigner en suivant la passion de sa jeunesse.<br />

Quelques fascicules écrits à la main par <strong>Conforti</strong>, sont d’une remarquable intérêt, conservés<br />

chez le Centre Etudes <strong>Conforti</strong>ens Xavériens, et ils réunissent les schémas de ses leçons. Quelques<br />

uns sont datés de novembre 1905 et novembre- décembre 1907. Sont tous des notes sur les leçons<br />

d’histoire de l’église, données deux fois chaque semaine, sauf un fascicule, qui contient les leçons<br />

hebdomadaires en novembre – décembre 1907, sur des fêtes, enterrements, jeûnes, monastères ; il<br />

s’agit probablement des leçons « d’archéologie ecclésiastique » ou bien de droit canonique,<br />

cependant ils maintiennent un grand intérêt historique.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 85 – G.M. <strong>Conforti</strong>


En ces notes, <strong>Conforti</strong> se fixait généralement d’une façon très schématique et avec une<br />

écriture essentielle, l’ordre d’exposition de la matière. Parfois il s’égarait dans des dégressions<br />

davantage et d’une façon discursive, parfois il énumérait de brèves indications. Les scansions de<br />

chaque leçon sont très claires. Il semble de pouvoir affirmer que lui-même avait devant les yeux ces<br />

petites pages, <strong>com</strong>me mémoire pour donner l’ordre aux leçons qu’il ne dictait pas mais qu’il<br />

exposait avec les instruments de la rhétorique de ce temps. Il soulignait dans les schémas les dates<br />

et les noms des personnages plus importants pour ne pas faire de la confusion, tandis que c’était<br />

suffisante une phrase pour énucléer un développement qui n’avait pas besoin de transcription, car il<br />

était bien clair dans sa mémoire.<br />

Est utile quelque considération sur les contenus de l’enseignement de l’histoire donnés par<br />

<strong>Conforti</strong>. Nous avons les traités au sujet du V, du XIV, une grande partie du XVII et XVIII siècles.<br />

Avant tout est intéressante la scansion donnée à chaque période : les caractères du siècle, les<br />

pontifes (et pour chaque pontife une brève description, les œuvres ac<strong>com</strong>plies, les principales<br />

controverses, les erreurs) dans le cas du XVII siècle, une brève énumération de plus importants<br />

écrivains ecclésiastiques. Il s’agit d’un schéma classique, qui <strong>com</strong>portait en soi les plus importants<br />

manuels qui étaient employés. Aujourd’hui, après l’évolution de l’historiographie de deux derniers<br />

siècles, nous gardons à cette organisation avec mal cachée suffisance une « histoire bataille »,<br />

exactement analogue à l’histoire civile sauf le fait que les « batailles », sont celles théologiques, en<br />

détail exposées et traitées avec une attention continuelle à répéter aux adversaires de la primauté<br />

pontificale et de l’infaillibilité du pape. En <strong>Conforti</strong> se relève par ici, par là, <strong>com</strong>me une notre<br />

originale, quelques majeure attention aux thèmes missionnaires, surtout dans les schémas<br />

concernant le XVII et XVIII siècle <strong>com</strong>prise la description de la question des rites chinois et de la<br />

solution donnée par le pape Benoît XIV.<br />

Il s’agit d’une historiographie didactique en fonction de la dogmatique, <strong>com</strong>me se révèle<br />

dans la claire exposition méthodologique de la première leçon du 8 novembre 1905 :<br />

Pour qu’on puisse appeler histoire, elle doit être critique, pragmatique, théologique, elle<br />

doit considérer les sources des vérités historiques, doit faire relever la connexion des faits<br />

entre eux, doit les considérer en ordre au dogme, à la morale et au droit canonique.<br />

L’histoire embrasse indirectement chaque branche de la connaissance humaine. Il faut<br />

éviter deux écoles critiques : celle qui excuse tout et celle qui condamne tout ou exagère,<br />

poussée par une mauvais esprit de part.<br />

Dans les traités des pontificats, <strong>Conforti</strong> reprend avec précision et attention les réfutations<br />

du « febronianesimo » et d’autres lignes théologiques contraires à la primauté papale. Mais la<br />

lecture apologétique de la papauté, qui est typique de l’historiographie catholique de ce temps,<br />

convive avec toujours une critique modérée sur quelque situation qui n’est pas ni cachée ni justifiée,<br />

on lit par exemple, la synthétique description de l’affaire du pape Clément XIV et der la<br />

suppression des Jésuites :<br />

Au pape Clément XIII succède le cardinal Lorenzo Ganganelli qui avait choisi le nom de<br />

Clément XIV, homme érudit mais avec un caractère hésitant et faible. Il voulait reformer<br />

la Compagnie de Jésus, mais le supérieur général Ricci, lui avait répondu en parlant des<br />

constitutions : vel sint ut sunt vel non sint en 1773 avec un spécial document avait<br />

supprimé la Compagnie; en 1774 mourait Clément XIV en laissant les affaires de l’église<br />

en condition très tristes. La suppression de Jésuites avait rencontré l’approbation de tous<br />

les tristes et de tous les gouvernements malades de jansénisme et du gallicanisme.<br />

Aujourd’hui attribuer à la rigidité de Lorenzo Ricci, supérieur général de la Compagnie de<br />

Jésus, le motif pour lequel Clément XIV avait supprimé les jésuites, il serait une affirmation toute à<br />

<strong>Manfredi</strong> - 86 – G.M. <strong>Conforti</strong>


fait refusée par les historiens. La phase par laquelle les constitutions des jésuites devaient rester<br />

telles, fut écrite, mais au sujet du tentative de la monarchie française de briser la structure<br />

centralisée de l’Ordre, en créant un « vicariat » français plus contrôlable par les Bourbons.<br />

Cependant <strong>Conforti</strong> n’hésite pas à déclarer la faiblesse de Clément XIV, une chose que dans<br />

l’enseignement des séminaires n’étaient pas permise.<br />

La vie de la petite institution missionnaire, avec une présence continuelle de <strong>Conforti</strong>,<br />

semble assumer une majeure stabilité et dans un certain sens une croissance moins convulsée des<br />

premières années, mais de toute façon riche d’initiatives qui se révéleront durables Nous citons ici<br />

le <strong>com</strong>mencement du musée chinois, grâce aux dons de l’Assemblée pour le secours des<br />

missionnaires italiens, à quelques objets portés par Manini et aux demandes explicites de <strong>Conforti</strong><br />

en tel sens à ses missionnaires en Chine : un centre culturel qui s’enrichi tout au long des années et<br />

qu’il continue jusqu’à maintenant.<br />

Beaucoup plus lentement augmentaient les présences des aspirants missionnaires.<br />

L’intervention radicale de <strong>Conforti</strong>, que pour ces années avait renoncé à accepter les jeunes qui<br />

fréquentaient les premières trois années du gymnase, s’il avait permis la sortie de l’institut du<br />

groupe des jeunes de Parma et avait permis de se dédier à la formation de plus âgés déjà en chemin<br />

vers le service missionnaire, d’ailleurs, il avait doucement réduit le groupe. Mais aussi d’autres<br />

facteurs ont contribué à s’éclaircir la file des clercs. Déjà nommé évêque coadjuteur de Parma, ainsi<br />

<strong>Conforti</strong> écrivait à Calza :<br />

Nous tous à l’institut nous sommes en bonne santé et nous n’avons qu’un seul chagrin,<br />

celui d’être très peu. Cette année a été une année critique pour les vocations<br />

ecclésiastiques et religieuses ; la <strong>com</strong>pagne anticléricale qu’on a <strong>com</strong>battue partout avec<br />

un acharnement qui n’avait pas d’égal depuis longtemps a peut-être contribué à amortir<br />

dans les braves jeunes les saintes inspirations que déjà <strong>com</strong>mençaient à se faire entendre.<br />

Le Seigneur fasse surgir dans cette pauvre Italie des jeunes meilleurs.<br />

Si les premières années du pontificat de Pie X avaient obtenu un certaine diminution des<br />

tensions entre le Saint-Siège et le Gouvernement Italien, s’était déchaîné un puissant mouvement<br />

anticlérical au niveau de l’opinion publique. Mes les lois de la laïcisation en France, selon une étude<br />

digne de foi de Enrico Decleva, avait donné une impulsion aux groupes italiens de gauche en cette<br />

espèce de bataille culturelle. Exactement en 1906 – 1907 on avait eu deux faits sensationnels. Le<br />

premier fut l’arrestation à Rome d’un religieux du Sacré-Cœur, le père Vésère, avec l’accusation<br />

d’avoir violé un enfant (novembre 1906). Le religieux fut libéré après quelques jours, déclaré<br />

<strong>com</strong>plètement innocent. Mais la nouvelle plus éclatante fut celle du juillet 1907 : à Milano, fut mis<br />

en prison l’abbé Giovanni Battista Riva, prêtre de Torino mais depuis longtemps aumônier d’un<br />

orphelinat de la métropole de la Lombardie, dénoncé par quelques fillettes orphelines, de<br />

pédophilie. Les journaux ont parlé beaucoup de ce cas, et Riva fut condamné à 16 ans de prison.<br />

Après des années, le cas de Riva été découvert <strong>com</strong>me une sensationnelle erreur judiciaire, mais en<br />

ces mois de mars 1907 l’église catholique et le clergé étaient envisagés par les mass média et des<br />

partis de la gauche. Ensuite à Parma la présence importante des groupes des républicains et maçons<br />

très anticléricaux était appuyée par l’expansion du mouvement syndicaliste révolutionnaire : tous<br />

les deux ne feront rien d’autre que amplifier les polémiques contre le clergé. Mais en ce climat<br />

<strong>Conforti</strong> ne se laisse pas s’étendre ni diminuait la diligente sélection des candidats à l’institut.<br />

Au même temps l’archevêque titulaire de Stauropoli entrait avec discrétion dans la vie du<br />

diocèse de Parma, <strong>com</strong>me un ôte disponible pour beaucoup de services liturgiques et <strong>com</strong>me<br />

prédicateur, mais sans aucune ingérence dans le gouvernement ecclésiastique et dans les tensions<br />

qui continuellement traversaient le diocèse. Déjà en décembre 1904 il avait célébré une messe<br />

pontificale solennelle dans l’église de l’Annunziata pour l’anniversaire de l’Immaculée Conception.<br />

Très tôt il était considéré un « prédicateur de succès » dans le diocèse de Parma dans les occasions<br />

des solennités, des triduum, célébration des saints. Il avait substitué même les évêques limitrophes<br />

<strong>Manfredi</strong> - 87 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>com</strong>me Mgr Pietro Terroni, évêque de Borgo sain Donnino, à l’occasion d’une maladie en mars<br />

1907, de Mgr Bonomelli de Cremona. Enfin, en particulier <strong>Conforti</strong>, à la place de Magani allait à<br />

administrer le sacrement de la Confirmation dans les « zones lointaines » du diocèse et en quelques<br />

cas il présidait les célébrations solennelles en cathédrale. Un moment très important fut le triduum<br />

solennel de la conclusion des fêtes centenaires de Bernardo degli Uberti entre le 11 et le 23<br />

novembre 1906 ; les prélats invités à présider les célébrations ont été <strong>Conforti</strong>, Maffi et Ferrari.<br />

En consultant les documents recueillis par Teodori et maintenant approfondis par les études<br />

récentes, on a l’impression que cette implication de <strong>Conforti</strong> a été progressive : peu d’occasions<br />

entre la fin 1904 et 1905, et en augmentant en 1906 et 1907. Le phénomène est toute à fait<br />

<strong>com</strong>préhensible aussi car pendant les premiers mois ne lui manquaient pas des périodes de faiblesse<br />

physique : peu avant noël 1905 une bronchite l’obligea au repos pendant une semaine au juin 1905<br />

tandis qu’il confiait à son fidèle serviteur Angelo Calzolari des habituelles douleurs d’estomac.<br />

Probablement lui-même n’acceptait pas beaucoup de charges pendant ces périodes de santé encore<br />

faible.<br />

Donc, la fin de 1904 et en grande partie de 1905, ont été pour <strong>Conforti</strong> des mois avec peu du<br />

ministère extérieur. Ce n’est pas par hasard qu’ils furent dédiés presque entièrement au courrier au<br />

sujet des pourparlers avec l’institut de missionnaire de sant Calogero de Milano, pour le vicariat<br />

apostolique de l’Henan et la reconnaissance pontificale de la congrégation : un travail qu’on<br />

pouvait, faire à Campo di Marte, assis à son bureau. <strong>Conforti</strong>, autant que nous pouvons déduire à<br />

travers ses lettres, il ne se considérait pas mis au marge ou inactif, soit car il avait désiré un temps<br />

de reprise et de recueillement, soit car son institut, en cette période, ne lui avait pas fait manquer des<br />

engagements, et objets auxquels adresser son attention. De toute façon il n’a pas vécu certainement<br />

une « crise d’abstinence » du travail, et lorsque la santé et la congrégation se sont améliorées, toute<br />

de suite il s’est mis à la disposition pour de différentes activités pastorales.<br />

Pendant toute cette période, <strong>Conforti</strong> avait cultivé ses relations d’amitié au milieu ecclésial<br />

et citadin de Parma. Même ici, la différente correspondance recueillie par Teodori témoigne la<br />

multiplicité des contacts, sans pouvoir mesurer tout le dialogue « à vive voix) conduit à la Maison<br />

mère et ailleurs. Un exemple peut être celui de la proximité vécue par <strong>Conforti</strong> vis-à-vis de<br />

Stanislao Solari. L’ancien officier de la marine militaire, né à Genova mais adopté par Parma, qui<br />

avait dédié les années de la maturité depuis 1868, à l’expérimentation de la chimie appliquée à<br />

l’agriculture et il avait élaboré un système économique soutenu surtout par les salésiens, mourrait<br />

dans sa propriété dans la <strong>com</strong>mune de San Lazzaro Parmense le 23 novembre 1906. <strong>Conforti</strong><br />

l’assistait pendant les derniers moments de sa vie.<br />

Les rapports entre <strong>Conforti</strong> et Magani, même si sont peu documentés par des sources<br />

historiques écrites, se sont maintenu toujours cordiales et de collaboration : ceci s’est réalisé grâce à<br />

la sage distance que <strong>Conforti</strong> avait assumée vis-à-vis de la situation diocésaine. Dans un cas il a du<br />

être face à face avec diplomatie devant la colère de Magani et du chanoine Luigi Leoni, recteur du<br />

séminaire urbain, puisque il s’est vu attaqué par un journaliste de Fede e Civiltà : la délicatesse de<br />

<strong>Conforti</strong> a pu obtenir que l’épisode n’aurait pas eu des conséquences négatives pour Campo di<br />

Marte. Mais, en augmentant sa présence publique sur la scène de Parma, probablement <strong>Conforti</strong> fut<br />

impliqué malgré lui, par la voix qui <strong>com</strong>mençait à circuler au sujet d’un possible évêque coadjuteur<br />

avec droit de succession pour appuyer Magani. Nous avons une de ses réflexions dans une lettre à<br />

Ferrari en mars 1906. En cette lettre, après avoir fait un brève <strong>com</strong>mentaire sur la polémique qui<br />

s’était amorcée entre Magani et les <strong>com</strong>ptes Sanvitale au sujet d’une affaire <strong>com</strong>pliquée des<br />

circonscriptions ecclésiastiques à Fontanellato, il référait à Ferrari les voix sur les tentatives de<br />

Magani pour avoir <strong>com</strong>me coadjuteur son vicaire général et son ex secrétaire particulier, l’abbé<br />

Pietro Del Soldato, et il observait avec finesse :<br />

… le pauvre notre diocèse pourra se réjouir très peu. Mgr Del Soldato ne serait pas<br />

l’homme apte, soit car il ne possède pas toutes les qualités qu’on demanderait, soit aussi<br />

<strong>Manfredi</strong> - 88 – G.M. <strong>Conforti</strong>


car il ne jouit pas de l’estime et de la sympathie de la plus part du clergé et du laïcat. Se<br />

perpétuerait peut-être un état douloureux de tout.<br />

Mais toute de suite <strong>Conforti</strong> avait <strong>com</strong>pris le devoir de mettre à point sa position personnelle :<br />

Ne pensez pas, Eminence, que je dis cela avec d’autres buts. Je parle uniquement pour<br />

l’affection que je sens pour ce bien-aimé diocèse, que je considère <strong>com</strong>me ma mère à<br />

laquelle je souhaite un meilleur avenir. J’assure votre Eminence que je ne souhaite pas sur<br />

cette terre qu’une seule chose : vivre et mourir inaperçu à l’ombre de l’institut des<br />

missions.<br />

Et il terminait en demandant à Ferrari un souvenir pour « sa Parma », un souvenir sûrement<br />

dans la prière mais, aussi sûrement pour des possibles interventions de l’archevêque de Milano<br />

auprès le Saint-Siège.<br />

Nous pouvons présumer que Ferrari se serait attendu de son ancien élève cette profession de<br />

désintéressement personnel. Et nous pouvons aussi déclarer, à la lumière des vicissitudes<br />

successives, que <strong>Conforti</strong> fut sincère dans ce désir de se dédier exclusivement à l’institut. On peut<br />

se demander si les jugements et les impressions racontés au lointain archevêque de Milano étaient<br />

aussi dites à vive voix, à quelque représentant du clergé et du laïcat catholique de Parma. L’actuelle<br />

absence de la documentation et le style habituel de <strong>Conforti</strong> nous font penser qu’il ne s’ouvrait pas<br />

à une confiance <strong>com</strong>me celle employée pour Ferrari, si non avec des personnes d’une grande<br />

confiance et très discrètes. Donc probablement dans le jeu de voix des pressions <strong>Conforti</strong> est<br />

intervenu très rarement. Même si, aussi probablement, beaucoup pouvaient imaginer <strong>com</strong>ment<br />

pensait le fondateur du séminaire missionnaire. Cependant il semble qu’il n’avait pas « son parti »<br />

dans le clergé de Parma, et c’est pour cela qu’il fut accepté par la majorité de ses confrères, quand il<br />

a été choisi, vraiment lui, évêque coadjuteur de Magani.<br />

SIGNES D’UN CHANGEMENT. CONFORTI COOPERATEUR DE MAGANI<br />

Dans la lettre de mars 1906, adressée à Ferrari et reportée ici en haut, <strong>Conforti</strong> référait les<br />

premiers tentatives de Magani d’avoir un coadjuteur remonteraient au moins depuis deux ans, selon<br />

le témoignage qu’avait recueilli alors directement par Pie X. Quand Probablement cette confiance<br />

de Pie X remonte au voyage de <strong>Conforti</strong> à Rome à la fin de septembre 1903 ; aussi car dans la lettre<br />

que Magani écrivait le premier octobre 1903 on fait référence à une audience de Pie X accordée à<br />

Magani un mois avant, donc au <strong>com</strong>mencement de septembre. On note, pourtant, que le Pape Pie X<br />

fut élu pape au <strong>com</strong>mencement d’août 1903. Donc, on peut faire une hypothèse sur cette succession<br />

chronologique : Magani est allé à Rome en audience chez le nouveau pape entre la fin d’août et le<br />

<strong>com</strong>mencement de septembre 1903, en soumettant à Pie X ses points de vue vis-à-vis de la situation<br />

critique de Parma, il avait demandé un coadjuteur avec droit de succession, en proposant son ex<br />

secrétaire particulier et maintenant vicaire général, l’abbé Del Soldato. Environ un mois après<br />

<strong>Conforti</strong> est allé à son tour à Rome, et Pie X probablement lui demanda son avis sur Parma, Magani<br />

et un possible coadjuteur. N’est pas un hasard si, à la moitié d’octobre, <strong>Conforti</strong> écrivait brièvement<br />

à Magani pour lui assurer sa proximité dans les plus récentes tensions du diocèse de Parma, et<br />

presque au même temps à Ferrari pour lui exposer son propre point de vue sur Parma et pour le<br />

prier d’intervenir auprès du Saint-Siège. En novembre successif, Pie X ouvrait une série des<br />

consultations réservées, qui conseillaient le pape de proposer à Magani de se retirer à Rome avec le<br />

titre d’archevêque avec le rôle de secrétaire de la Congrégation des indulgences, on peut ajouter une<br />

perspective cardinalice, une proposition que sans doute Magani réfusa.<br />

Probablement Pie X était déjà suffisamment informé de la situation de Parma, aussi grâce à<br />

son rapport d’amitié avec l’archevêque Ferrari. Certainement le « dossier de Parma » lui était mis<br />

avec brutalité sous ses yeux par l’évêque Magani. Et ceci un an avant que <strong>Conforti</strong> avait demandé<br />

de se retirer de Ravenna. Vraiment en con<strong>com</strong>itance avec cet acte, Ferrari qui se trouvait, à Rome à<br />

la moitié de septembre 1904 avait donné son avis au pape au sujet de la situation de <strong>Conforti</strong>,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 89 – G.M. <strong>Conforti</strong>


écrivait au démissionnaire archevêque avec des expressions qui ne sont pas seulement des<br />

allusions : « Je veux cependant espérer que la Providence vous aide à ac<strong>com</strong>plir encore du bien et<br />

en abondance, et une fois retourné en bonne santé, spécialement grâce à un repos absolu, on peut<br />

bien souhaiter à votre excellence, non seulement votre séminaire, mais au cher diocèse de Parma<br />

prodiguera ses forces et un saint zèle apostolique »<br />

Probablement <strong>Conforti</strong> en ce moment ne donne pas beaucoup d’importance à ces paroles,<br />

aussi car il sentait avec certitude d’avoir maintenant peu de temps à vivre. Le dialogue avec Ferrari<br />

en 1906 fut de toute façon aussi une tentative pour conjurer non seulement le danger d’un<br />

coadjuteur, trop aplatit sur la façon de faire de l’évêque Magani, mais aussi une éventuelle<br />

implication personnelle. Mais ce n’est pas difficile imaginer Ferrari et le pape qui s’entendaient<br />

dans le projet au fons simple et résolutif du « dossier de Parma » : <strong>Conforti</strong> coadjuteur.<br />

Selon l’abbé Enrico Grassi, secrétaire de Magani et son biographe, l’évêque de Parma avait<br />

fait une hypothèse sur la solution de demander un coadjuteur dans la personne de <strong>Conforti</strong> et en<br />

suite il avait eu l’approbation enthousiaste de Ferrari. A la lumière des documents, de cette<br />

reconstruction nous pouvons donner avec certitude que l’intervention de Ferrari fut déterminante.<br />

Dans sa lettre à <strong>Conforti</strong> le 16 novembre 1907, Pie X demandait une « charité » aussi au nom de<br />

Magani, que de toutes les façons, s’est convaincu à demander ou accepter <strong>com</strong>me coadjuteur<br />

<strong>Conforti</strong> même. Probablement de différents « informateurs » avaient aussi référé que <strong>Conforti</strong> non<br />

seulement était hors danger, mais que désormais substituait Magani dans les engagements<br />

sacramentaux aussi dans les paroisses de la montagne.<br />

Exactement en ces jours, et précisément l’8 septembre 1907, venait publiée<br />

l’encyclique « Pascendi Dominici grecis », le document fondamental, uni au décret Lamentabili du<br />

juillet, pour condamner le modernisme. Le danger moderniste, selon le Saint-Siège, in<strong>com</strong>bait sur le<br />

clergé catholique en particulier en Italie. Arranger les questions pendantes devenait une conditions<br />

nécessaire pour avoir sous contrôle les foyers de l’hérésie : ceci, on peut le retenir, fut un de motifs<br />

de ce choix de Pie X.<br />

Significativement le billet de Pie X a été fait parvenir par le même Magani à <strong>Conforti</strong>, donc<br />

il pouvait avoir la certitude que l’évêque de Parma était au courant et il approuvait. Sur la réponse<br />

de <strong>Conforti</strong> on avait déjà parlé dans le chapitre qui regardait son service <strong>com</strong>me vicaire général. En<br />

synthèse, <strong>Conforti</strong> avait essayé de donner des motivations contraires à sa nomination : « Je connais<br />

trop le personnes et les affaires pour pouvoir affirmer que ma promotion à coadjuteur ne servirait<br />

point à améliorer l’orientation et seraient inutiles mes bons services, <strong>com</strong>me j’au pu expérimenter<br />

dans le passé ». Donc, avant tout une situation dans laquelle <strong>Conforti</strong> se sentait déjà « joué » et sans<br />

des espaces de manœuvre. En plus, aussi dans le moment où il pourrait succéder à Magani et donc<br />

avec de pleins pouvoirs, la réalité de Parma était tellement <strong>com</strong>promise que <strong>Conforti</strong> ne sentait pas<br />

d’avoir les forces pour changer la route. Ensuite, naturellement <strong>Conforti</strong> se confiait à la Providence<br />

et à l’obéissance au pontife, en ajoutant la pleine soumission à l’encyclique contre le modernisme.<br />

On avait déjà parlé de l’importance de cette lettre pour <strong>com</strong>prendre la position psychologique et<br />

spirituelle de <strong>Conforti</strong> envers Magani. Qu’on ajoute ici une autre donnée plus contingente. Magani,<br />

même si âgé il a 79 ans car il était né en 1828, il était encore en bonne santé, lucide et avec une<br />

grande vigueur pour son âge. On pouvait s’imaginer une période plutôt prolongée, peut-être encore<br />

quelques années, dans lesquelles l’évêque titulaire et son coadjuteur cohabiteraient ensemble dans<br />

le diocèse, dans une typique situation où des blagues d’esprit clérical prévenaient <strong>com</strong>me une<br />

situation tendue et précaire. <strong>Conforti</strong> probablement n’était pas sùr de supporter le stress<br />

psychophysique d’une position délicate, dans laquelle avec toute probabilité aurait du développer<br />

les tâches plus importantes par exemple les confirmations dans les paroisses de la montagne, sans<br />

pour autant participer aux décisions du chef du diocèse, car, <strong>com</strong>me était possible à l’évêque selon<br />

le droit canonique, le vicaire général aurait été l’abbé Del Soldato. Et, dans le cas des tensions et<br />

décisions douloureuses pour le clergé et les laïcs, <strong>Conforti</strong> aurait était uni à Magani, del Soldato et<br />

Grassi, mais responsable des désastres.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 90 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Le document de sa nomination porte la date du 24 septembre 1907, mais dix jours après la<br />

demande de Pie X, ce document fut annoncé par Magani le successif deux octobre, dans une lettre<br />

au diocèse. Dans cette lettre Magani réclamait le mérite d’avoir proposé « un nom très cher à notre<br />

cœur, et non seulement, mais bien accepté et estimé aussi par les diocésains », il traçait un<br />

panégyrique sur son nouveau coadjuteur et il ajoutait une indication très claire :<br />

Pour éviter en suite des inconvénients et malentendus qui pourraient surgir, nous<br />

déclarons officiellement que pour l’attribution de la charge de coadjuteur avec droit de<br />

succession rien n’est changé dans la marche et l’administration diocésaine, des bureaux de<br />

la curie qui procèdent avec le personnel qui jouit de toute notre confiance et avec les<br />

affaires courantes et même pas dans les rapports hiérarchiques modulés selon la<br />

jurisprudence canonique.<br />

La lettre termine avec l’invocation sur les temps difficiles et très tristes, dans lesquels Marie<br />

brille <strong>com</strong>me l’étoile de la mer à laquelle recourir avec le Rosaire.<br />

<strong>Conforti</strong> remerciait Pie X de la confiance, et désormais il devait écrit beaucoup pour<br />

répondre à toutes les lettres de congratulations vraiment sincères ou de rite, selon l’opportunité. En<br />

particulier à Ferrari, qui lui écrivait de Pescarenico le 17 octobre, <strong>Conforti</strong> répondait en affirmant<br />

que la certitude de l’obéissance au pape était pour lui un réconfort « au milieu de multiples raisons<br />

que j’aies pour être triste », et il <strong>com</strong>ptait de faire intervenir Ferrari <strong>com</strong>me intercesseur après de Pie<br />

X pour éviter la nomination, mais il s’est abstenu d’écrire à Ferrari, « en doutant que le cardinal<br />

n’était pas étranger à sa nomination » : bienveillant et souriant reproche, que les documents cités en<br />

haut ne peuvent que confirmer.<br />

<strong>Conforti</strong> avait des motifs objectifs de préoccupation, soit pour le style du gouvernement de<br />

Magani, réaffirmé justement avec sa lettre sur la note du document du pape, soit au sujet de sa<br />

propre capacité de soutenir physiquement en situation de fatigue et tension psychologique. Ses<br />

expressions de modestie et de confiance dans la valeur de l’obéissance sont sans doute sincères, et<br />

non pas de circonstance. La demande de Pie X n’était pas une promotion mais une perspective des<br />

fatigues, des problèmes et d’humiliations, même si cela était une épreuve de l’estime et de la<br />

confiance du Pape Sarto vis-à-vis du jeune ex archevêque de Ravenna. Un choix courageux, soit du<br />

côté du pape que de <strong>Conforti</strong> : tous les deux étaient conscients du passé, signé douloureusement par<br />

un « échec » et par la démission.<br />

Entre les lettres de congratulation du mois d’octobre et du 12 décembre, on n’a pas<br />

pratiquement des documents écrits au sujet de <strong>Conforti</strong>, si on fait une exception pour la demande<br />

officielle de l’exequatur <strong>com</strong>me coadjuteur. <strong>Conforti</strong> avait probablement <strong>com</strong>mencé à fréquenter de<br />

nouveau la curie, pendant qu’il continuait à rester à Campo di Marte et, peut-être à enseigner dans<br />

« son » séminaire. Doucement il disposait des décisions pratiques au sujet des son nouveau rôle et il<br />

cherchait de s’adapter à une situation épineuse. Son ministère serait aller « à régime » entre Noël et<br />

les engagements de la célébration de la Paque et des confirmations, au printemps. Tandis que nous<br />

savons ce qui est arrivé. Soudain, à 10 heures du matin du 12 décembre 1907, Magani mourrait à<br />

cause d’une « éneurisma » ou paralyse cardiaque, aujourd’hui in dirait infarctus.. <strong>Conforti</strong> n’a pas<br />

pu être présent pour le voir mourir, « entouré de l’affection de ses familiers et du réconfort de tous<br />

les charismes de la sainte religion », <strong>com</strong>me disait le télégramme envoyé par <strong>Conforti</strong> toute de suite<br />

aux autorités civiles.<br />

On ne pouvait pas imaginer, seulement deux mois avant que le vieux mais toujours<br />

vigoureux Magani aurait passé très vite le guide du diocèse de Parma à son ex vicaire général. Sans<br />

besoin d’autres consultations et avec peu de formalités, la chaire de Sain Bernardo degli Uberti<br />

avait déjà toute de suite un nouveau titulaire : <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong>.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 91 – G.M. <strong>Conforti</strong>


POUR UNE SYNTHESE<br />

L’intermède entre l’automne 1904 et l’hiver 1907 a été lu par l’hagiographie de <strong>Conforti</strong><br />

avec l’adjectif « providentiel » théologiquement et spirituellement utile, du point de vue historique<br />

non approprié. Certainement le déroulement des faits montre <strong>com</strong>me le tournant de l’hiver 1905 –<br />

printemps 1906, crucial pour la vie de l’institut et pour les circonstances du vicariat de l’Henan<br />

occidental, fut suivi par <strong>Conforti</strong> dans une phase totalement libre d’autres responsabilités. Il faut<br />

cependant ajouter que soit l’envoi de premiers missionnaires dans le cœur du Céleste empire, soit<br />

les pratiques pour une approbation définitive de l’institut étaient <strong>com</strong>mencées avant la démission de<br />

<strong>Conforti</strong> de Ravenna. Certainement, ces « procès » en cours ont été suivis, accélérés, conduits à un<br />

bon résultat aussi et surtout grâce à la disponibilité du temps que le fondateur pouvait dédier en tant<br />

que archevêque de Stauropoli. A posteriori on peut donc affirmer que cette période de rythme et des<br />

soins de la santé de l’ex archevêque de Ravenna fut aussi déterminée par la stabilisation des<br />

destinés de la congrégation xavérienne. Même s’il faut ajouter qu’un aspect important pour la vie de<br />

la congrégation même, c’est-à-dire une législation interne ac<strong>com</strong>plie, était arrivée en réalité pendant<br />

des temps successifs, après l’épreuve nécessaire de la vie missionnaire en Chine avec un numéro<br />

suffisant des prêtres.<br />

Mais au-delà des approbations romaines, cette phase de la vie de <strong>Conforti</strong> voit émerger<br />

toujours plus clair, dans les écrits à Propaganda et aux pionniers xavériens en Chine, de l’idéal de<br />

<strong>Conforti</strong>. Ne sont pas tout à fait éclaircis les pourparlers que, même sur la pression de Rome, se sont<br />

déroulés entre le fondateur des xavériens et d’autres instituts missionnaires en particulier avec les<br />

missionnaires de la Lombardie qui après s’appelleront Pontifical Institut Missions Etrangères. Si on<br />

considère que vraiment San Calogero avait inspiré soit la vocation missionnaire du jeune prêtre, soit<br />

une partie des règles primitives, tout pouvait faire penser à une confluence possible. En réalité<br />

<strong>Conforti</strong> avait déjà exprimé son projet de congrégation religieuse avec es vœux, et rien avait obtenu<br />

en effet dans les tentatives d’union avec Milano et le Collège Saints Pietro e Paolo de Roma, il<br />

montra sa fidélité à ce dessin originaire. En ce sens, on peut croire que <strong>Conforti</strong> aurait été confirmé<br />

soit par l’expérience de ses premiers disciples en Chine, soit par les contacts avec les constitutions<br />

des missionnaire de Scheut, à leur tour religieux dédiés intimement aux missions étrangères.<br />

Pareillement, en ces années <strong>Conforti</strong> suivait directement la vie des l’institut au Campo di<br />

Marte : peu d’élèves, seulement ceux de la « cinquième du gymnase » avec un lent mais progressif<br />

apport des jeunes provenant non seulement des environs de Parma, mais directement de la Toscana<br />

et de la Sicilia. Même dans une époque de rares vocations, <strong>com</strong>me en 1907 à cause de la vague<br />

anticléricale décernée dans l’opinion publique, <strong>Conforti</strong> ne renonça pas à une sélection soignée des<br />

candidats de l’institut, même en sachant que en l’Henan il y avait besoin des forces. En cela<br />

l’expérience <strong>com</strong>me éducateur dans le séminaire de Parma avait façonné profondément <strong>Conforti</strong>,<br />

qui restera toujours fidèle à cet aspect d’une attention théologique précise.<br />

En plus, ce temps de pause vis-à-vis de l’engagement pastoral, pourrait avoir favorisé en<br />

<strong>Conforti</strong> une espèce de « décantation » de l’expérience de Ravnna. Ici, le conditionnel, <strong>com</strong>me on<br />

dit, est d’obligation : aucun de ses écrits nés en cette période nous offre une nouvelle lecture des<br />

courtes années de la ville sur la mer Adriatique (Ravenna) Nous pouvons presque dire que <strong>Conforti</strong><br />

n’aimait pas parler de Ravenna. Aussi par des <strong>com</strong>préhensibles motifs de réserve et respect vis-àvis<br />

de son successeur et du clergé, donc aurait pu raconter beaucoup de choses, pas toutes<br />

édifiantes. Mais, si vaut quant l’expérience habituelle de la psychologie adulte, nous restitue le<br />

temps suffisant consistent entre octobre 1904 et la nomination <strong>com</strong>me coadjuteur de Magani à<br />

Parma, il aurait du avoir travaillé en faveur d’une lecture plus sereine de l’expérience de Ravenna,<br />

en plus que a l’établissement d’une bonne santé, jusqu’à pouvoir confirmer les enfants de la<br />

montagne et des vallées depuis l’Enza jusqu’au Cedra.<br />

Probablement la sphère définitive entre ministère épiscopal et missionnaire on l’aura après,<br />

avec la reprise de l’engagement pastoral à Parma et les successives vicissitudes de l’institut et de la<br />

mission chinoise. Probablement était nécessaire une « dé<strong>com</strong>pression » psychologique et le 35 mois<br />

<strong>Manfredi</strong> - 92 – G.M. <strong>Conforti</strong>


qu’on a cherché ici de raconter ont eu aussi cette fonction. On peut faire des hypothèses que aussi<br />

grâce à cette phase de transition, <strong>Conforti</strong> a pu affronter avec ne majeure force de conviction le<br />

ministère de Parma.<br />

Il faut donner raison à Pie X et à ceux qui l’avaient conseillé d’avoir jugé un pari pas petit<br />

sur <strong>Conforti</strong>, en le rappelant à l’engagement actif à Parma. Bien sur l’intuition du papa Pie X et de<br />

Ferrari portait à penser que Ravenna avait été un trauma trop lourd, que en tant que tel ne se serait<br />

pas proposé de nouveau ; et que les problèmes de santé de <strong>Conforti</strong>, auraient était suffisamment<br />

résolus pendant les trois ans à Campo di Marte. Cependant rien ne garantit que les problèmes des<br />

poumons et du stress ne seraient pas prêts à retourner à galle après une période de pression <strong>com</strong>me<br />

on pouvait exposer dans la cohabitation avec Magani. Tant plus que à Ravenna était une réalité<br />

<strong>com</strong>plexe et remplie de tensions, et géographiquement anomale. De toute façon Parma était un<br />

diocèse objectivement plus étendu, plus peuplé et avec beaucoup de paroisses. Et à Parma ne<br />

manquaient pas les tensions parmi le clergé. Et un phénomène presque inexistant à Ravenna,<br />

beaucoup de paroisses étaient vacantes, parfois depuis des années. On pouvait aussi même se<br />

lamenter par la distance entre Ravenna et les lointaines paroisses de l’Argentario, mais les presque<br />

52 Km de plaine entre Ravenna et Portomaggiore n’étaient pas <strong>com</strong>parables aux 9O Km entre<br />

Parma et Rigoso, presque tous avec de mauvaises routes de la montagne. L’intention s’est révélée<br />

sans doute gagnante mais ceci ne doit pas diminuer la considération du courage montré par Pie X<br />

dans la proposition et la disponibilité vécue par <strong>Conforti</strong> dans l’acceptation.<br />

Au-delà de la lettre pastorale déjà citée, de salutation à Ravenna, <strong>com</strong>me est évident, ne sont<br />

pas beaucoup les écrits « officiels » de <strong>Conforti</strong> en cette période. Il s’agit en général des homélies<br />

du gendre panégyrique. En ces homélies, au-delà du style typique de ces <strong>com</strong>positions, avec<br />

quelques techniques d’intervention au discours que probablement étaient préférés par <strong>Conforti</strong>, on<br />

<strong>com</strong>pare une fidélité convaincue au dogme, en particulier au sujet de l’Immaculée Conception ; une<br />

réaffirmation continuelle de la sainteté <strong>com</strong>me force de soutien aux meilleures vertus sociales, un<br />

engagement du projet de Pie X d’instauration de la vie sociale en Christ. Dans les discours en<br />

l’honneur des Carmélites de Compiègne, prononcé « au-delà du torrent » en février 1907, ne<br />

pouvaient pas manquer des références ouvertes à la France des lois de séparation, qu’elles<br />

semblaient en train de répéter les cruautés de la révolution ; pour cela le grand engagement, avec la<br />

prière, était selon <strong>Conforti</strong>, à tourner pour maintenir intègre la foi des pères, pour éviter de tomber<br />

dans les mêmes erreurs. Il y a, dans un discours dont on n’a pas le texte <strong>com</strong>plet, mais seulement un<br />

<strong>com</strong>pte rendu journalistique, une allusion intéressante au modernisme, identifié <strong>com</strong>me danger, au<br />

matérialisme et au rationalisme.<br />

Il me semble de pouvoir dire que pour le moment on ne peut pas individualiser beaucoup<br />

plus pour la biographie de <strong>Conforti</strong> à travers ces discoures, mais il semble naturel, vraiment à partir<br />

du genre littéraire, demander à ces pages surtout la pensée de <strong>Conforti</strong> sur certains éléments de foi<br />

et sur quelques thèmes de l’actualité au cours de premières années du XX siècle.<br />

C’est donc, ces trois ans 1904 – 1907, un temps signé plus par le silence public et par une<br />

activité continuelle ma cachée et informelle. Mais aussi cette espèce de « position d’ombre » dit un<br />

aspect non pas petit de la personne de <strong>Conforti</strong>.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 93 – G.M. <strong>Conforti</strong>


CINQUIEME CHAPITRE<br />

CONFORTI EVEQUE DE PARMA<br />

1907- 1915<br />

LE DIOCESE DANS LA GREVE AGRAIRE<br />

<strong>Conforti</strong> prend la possession solennelle du diocèse le 25 mars 1908, après « l‘exequatur » et<br />

selon les rituels et les passages canoniques traditionnels. A l’égard de son prédécesseur, qui en<br />

quelques jours avait réussi à altérer le climat diocésain, le possible choix de <strong>Conforti</strong> est beaucoup<br />

plus prudent et équilibré. Pendant plusieurs semaines, il continue à vivre avec ses élèves<br />

missionnaires, et à leur expliquer les différents articles du règlement, selon le témoignage du journal<br />

de son jeune élève Amatore Dagnino recueilli par Luigi Grazzi. Probablement le nouvel évêque<br />

choisit de se mouvoir avec calme pour éviter de nouveaux traumas à une réalité diocésaine déjà<br />

beaucoup tendue. En effet ses interventions sont ultérieurement ralenties par la proclamation de la<br />

grève agricole.<br />

Nous rappelons ici synthétiquement les faits. Depuis quelques années le contrôle de la<br />

Chambre du travail, centre propulseur du syndicat de gauche dans la province, avait été assumé par<br />

le syndicalisme révolutionnaire, aile extrémiste du mouvement socialiste. Les syndicalistes<br />

révolutionnaires, qui ont eu des rapports avec le jeune leader socialiste de Forli, Benito Mussolini,<br />

s’inspiraient de l’élaboration théorique de Georges Sorel, qui imaginait l’amorce du procès<br />

révolutionnaire, garantie pour le prolétariat de rejoindre le pouvoir, à travers une série des grèves<br />

concernant les revendications concrètes et contingentes des ouvriers et des ouvriers agricoles. Le<br />

syndicat donc, aurait eu le rôle d’avant-garde de la révolution, en appuyant pour la proclamation,<br />

l’organisation du prolongement des grèves, mais en fonction d’une croissance des tensions et des<br />

accrochages jusqu’à exploser dans la définitive révolution. Leader du syndicalisme révolutionnaire<br />

italien fut en ces premières années du XX° siècle Alceste De Ambris, originaire de Licciana Nardi à<br />

Pontremoli, chef de la chambre du travail de Parma depuis 1907. Parma avait été choisie d’une<br />

certaine façon, <strong>com</strong>me un point de départ de l’expérience syndicaliste révolutionnaire. Les<br />

différentes ligues syndicales socialistes ont été presque toutes gagnées par De Ambris sauf celle de<br />

la zone de Borgo San Donnino, traditionnellement liée à l’aile plus modérée du socialisme et même<br />

« réformisme ». Déjà dans les années précédentes, quelques importantes grèves, <strong>com</strong>me celle de<br />

corsetières de la ville en 1907, avaient constitué une espèce d’épreuve générale de l’acte de force<br />

révolutionnaire. De Ambris, même en suscitant des remarquables méfiances dans la classe<br />

dirigeante socialiste, était une contribution appréciée par les foules, surtout, il semble, féminines.<br />

Au printemps de 1908 s’amorçaient une série de tensions entre le syndicat et les<br />

propriétaires agricoles, qui pour la première fois ouvraient dans une coordination très étroite avec<br />

l’Association agricole, dont le président, avocat Lino Carrara (Busseto 1869-1955) était décidé à ne<br />

pas céder aux lourdes demandes syndicales, mais à mouvoir la classe des propriétaires d’une<br />

manière unitaire. La situation donc répondait parfaitement aux théorisations de Sarel sur l’amorce<br />

du mouvement révolutionnaire. De Ambris surmontait la tension, en proclamant la grève agraire en<br />

con<strong>com</strong>itance avec la saison de la récolte du blé. Les ouvriers agricoles se sont organisés pour<br />

résister pendant plusieurs jours, et ont reçu la solidarité de tous les centres du socialisme italien. Des<br />

collections des fonds et des denrées, ont été faites, l’hospitalité pour les enfants des paysans s’est<br />

réalisée dans différentes villes du nord d’Italie. Tandis que l’Agraria (journal) s’est organisé pour<br />

recruter des « libres travailleurs » que les socialistes appelaient avec mépris « crumiri » (avares)<br />

dans d’autres zones de la plaine du Po, et pour les protéger des piquets de grève et l’agression des<br />

ouvriers agricoles non seulement en demandant l’aide aux forces de l’ordre et des militaires, mais<br />

<strong>Manfredi</strong> - 94 – G.M. <strong>Conforti</strong>


en organisant des vraies et propres équipes armées formées par les jeunes fils des propriétaires<br />

terriens.<br />

La grève fut diffusée dans la moyenne plaine aux environs de Parma et sur la colline en<br />

augmentant les tensions et les provocations, dans un état de militarisation du territoire. Le<br />

gouvernement de Giolitti professait la neutralité pendant le conflit mais cependant, il donnait des<br />

indications au préfet de la ville pour que la police et les militaires puissent escorter les « libres<br />

travailleurs ». Pendant de longues semaines on a eu un climat de violence, menacé et souvent vécu,<br />

de tous les deux côtés. Les catholiques organisés, proches du député Giuseppe Micheli et au<br />

mouvement de coopération « blanche » de la montagne choisissaient d’appuyer, soit même avec<br />

réserve les « agraires ».<br />

Le nouvel évêque, dont les mouvements étaient clairement limités par cette situation, dans<br />

une lettre pastorale du 16 avril 1908, peu avant la proclamation de la grève, à l’occasion du jubilé<br />

sacerdotal de Pie X, affronta directement le thème. Le sien est un appel à la paix et à l’engagement<br />

que les deux parties devaient avoir pour chercher non seulement les améliorations de respectives<br />

situations, mais, aussi « avec quelques sacrifices de leur part, en mettant à la première place la<br />

recherche du bien <strong>com</strong>mun. Suivent deux appels chagrinés aux « fils de la fatigue, travailleurs des<br />

champs et de l’usine » et aux « riches », propriétaires, capitalistes. Aux premiers « objet de<br />

prédilection pour le Rédempteur, il re<strong>com</strong>mande de chercher une meilleure condition, mais en<br />

évitant d’écouter « ceux qui crient toujours contre la tyrannie et après veulent devenir esclaves<br />

d’autres tyrannies qui obligent même le sacrifice de la foi » Aux deuxièmes <strong>Conforti</strong> re<strong>com</strong>mande<br />

de « faire raison des conditions changées des temps du travail », et avec, à la vieille manière<br />

d’inculquer « à vos dépendants la pratique de la religion, que plus efficacement de toute expression<br />

légale est la sauvegarde de tout droit.<br />

Rien de particulièrement innovateur en quelques lignes, du point de vue des sciences<br />

sociales. Mais certainement <strong>Conforti</strong> exprimait avec un langage typique du temps l’attention d’un<br />

évêque pour tous ses fidèles, avec un grand équilibre sans aborder les questions techniques, sans<br />

prendre un parti même pas pour ceux qui se proclamaient les défenseurs de la religion.<br />

Même le témoignage du journal du P. Dagnino montre un homme qui, même en provenant<br />

pour extraction familière des classes des « agricoles », a des jugements négatifs soit, <strong>com</strong>me il est<br />

évident, vis-à-vis du socialisme, mais aussi pour la classe des propriétaires. « Les patrons ont<br />

déchristianisé leurs paysans, maintenant ils ne peuvent plus les arrêter et ils payent les amères<br />

conséquences, disait <strong>Conforti</strong> le 2 mai, au <strong>com</strong>mencement du cruel accrochage frontal. Quelques<br />

jours après émerge en lui une lecture classique providentielle. « Toute cette lutte ne fait rien d’autre<br />

que aplanir le chemin vers le catholicisme, <strong>com</strong>me les romains avaient préparé le chemin au<br />

christianisme » Ces positions sont typiques du clergé et de l’épiscopat italien de ces années. Mais<br />

pendant ces semaines d’extrême tension il faut souligner l’essai de <strong>Conforti</strong> de rester au dessus des<br />

partes, en évitant non seulement les condamnations sommaires mais aussi tout ce qui pourrait<br />

contribuer à l’accrochage social. Nous avons aussi la réaction violente de l’Internationale à la lettre<br />

pastorale. L’anticléricalisme du mouvement syndicaliste et de tout le socialisme italien dans la<br />

période 1900- 1910 devient la clé de lecture de la tentative d’équilibre et de dialogue de <strong>Conforti</strong>.<br />

La situation finit par dégénérer en juin. D’un côté la grève à cause des contre mesures qui,<br />

mises en acte par l’Association agraire, ne réussissait pas à avoir un caractère incisif effectif, mais<br />

portait à la faim les familles des paysans ; de l’autre côté la militarisation du territoire qui suscitait<br />

davantage le ressentiment. Une grève de solidarité en ville avait procuré des mouvements sur les<br />

places étouffées par la cavalerie. La Chambre du travail fut occupée par les militaires, et De Ambris<br />

avait pris la fuite en Suisse. En cette occasion <strong>Conforti</strong> décidait de ne pas bouger de la ville, même<br />

s’il était engagé dans les célébrations déjà programmées : <strong>com</strong>me il arrivera pendant les terribles<br />

journées d’août 1922, l’évêque choisissait de rester à côté des gens et à sa ville coûte que coûte.<br />

Malgré la position prudente et sensible de <strong>Conforti</strong>, les conséquences spirituelles des années<br />

du syndicalisme révolutionnaire et de l’échec de la grève de 1908 mis en évidence lourdement avec<br />

des phénomènes non seulement la pratique religieuse dominicale et pascale mais aussi des mariages<br />

<strong>Manfredi</strong> - 95 – G.M. <strong>Conforti</strong>


civils, des enfants non baptisés, anticléricalisme violent qu’il avait aussi connu à Ravenna, mais que<br />

pour Parma, malgré la diffusion des idées de la gauche, étaient jusqu’à lors presque inexistantes.<br />

C’est un cadre impressionnant que Igino Comelli, directeur de « La Giovane Montagna », raconte :<br />

Un soir, aux premiers jours de juillet 1908, j’étais dans un village dans une zone où est<br />

passé le tourbillon bruyant et dévastateur, la grève générale agricole. « Silence » avait dit<br />

mon familier, et il dressait l’oreille <strong>com</strong>me s’il pouvait capter quelques bruits qu’il croyait<br />

d’avoir entendu. Tous alors nous avons fait silence : devant mes yeux je n’avais rien vu<br />

d’étrange : seulement quelques grillons, et peu loin un chœur suffisamment fort des voix<br />

masculines chantait une joyeuse chanson populaire. Tu as entendu, m’a dit mon familier.<br />

Ici tu vois, c’est depuis que ont <strong>com</strong>mencées ces choses, que nous entendons un chant, une<br />

note d’allégresse quelconque. Les gens maintenant semblaient vraiment damnés dans<br />

l’esprit et dans la méchante apparence. Ils (les affiliés aux ligues rouges) ne saluaient pas,<br />

ne parlaient pas. Entre eux ils se parlaient, mais avec une voix basse qui semblait étranges<br />

nouveautés d’exaltations et de haine menaçante.<br />

La défaite politique probablement avait allumé plus fort le ressentiment anticlérical, et par<br />

conséquent une série de gestes symboliques d‘une grande signification. Exactement à l’occasion de<br />

la première visite pastorale, dont on parlera bientôt, émergent les signes d’un vrai éboulement du<br />

<strong>com</strong>portement religieux traditionnel. Le curé de Vidiana, un petit village de la colline, proche de<br />

Torrechiara, depuis 1911 rapportait que sur 120 habitants environ à la messe du dimanche<br />

participaient 6 ou 8 personnes âgées, deux ou trois femmes se confessaient à Paque. Dans le livre<br />

« Status animarum » où on écrivait ces « constatations douloureuses », la liste des familles étai en<br />

général ac<strong>com</strong>pagnée par ces titres : « socialistes révolutionnaires, anarchiques ». Franchement le<br />

phénomène ne <strong>com</strong>mence pas en 1908, mais le procès subit une accélération propre en ce premier<br />

espace de dix ans du XX siècle. Seulement après quelques mois, <strong>Conforti</strong>, toujours pendant la visite<br />

pastorale, a du subir des sifflements et contestations, et ceci dans la très catholique montagne, au<br />

contraire dans la zone de Berceto, une parmi les plus traditionnellement liées au clergé et à la<br />

pratique religieuse. Et avec la colline et la montagne, pour clôturer le cadre désolant, il faut citer la<br />

pleine, que dans la pastorale après la première visite est la zone où se manifeste davantage<br />

l’abandon des sacrements. Dans la lettre pastorale du 5 février 1915 <strong>Conforti</strong> prend position avec la<br />

grandeur d’argumentations sur celui qui ne fait pas baptiser les enfants et sur celui qui retarde le<br />

baptême. Pendant la fameuse « Semaine rouge » en juin 1914, à Parma fut brûlée une croix sur la<br />

place de Santa <strong>Maria</strong> delle Grazie et fut détruite une petite chapelle sur le pont au milieu, deux lieux<br />

à une brève distance entre eux, au delà du torrent, pas loin du parc ducal.<br />

C’est <strong>com</strong>me si <strong>Conforti</strong> se serait retrouvé dans le climat déjà expérimenté à Ravenna,<br />

certainement numériquement pas si préoccupant mais avec la concrète possibilité d’une aggravation<br />

de la situation religieuse de la population : <strong>com</strong>me si à Parma il pourrait voir à l’état naissant le<br />

procès qui à Ravenna avait déjà mis les racines.<br />

VISITE PASTORALE ET LES CLUBS DE LA JEUNESSE<br />

On peut affirmer que <strong>Conforti</strong> avait choisi, plus au moins sciemment, de répondre à cette<br />

situation pastoralement critique avec deux instruments : la visite pastorale et le soutien à la<br />

fondation des clubs de la jeunesse catholique.<br />

Comme à Ravenna, aussi à Parma le nouvel évêque avait <strong>com</strong>mencé le plus tôt possible sa<br />

première visite pastorale. Il avait laissé passer l’été, suivi par la grève et en automne promulguait le<br />

décret du <strong>com</strong>mencement de la visite. Un questionnaire très ample fut annexé à la circulaire du 4<br />

décembre 1908. Comme selon la tradition typiquement du Concile de Trento, deux chapitres sur<br />

onze concernent les structures, et en particulier les biens de chaque paroisse, en plus aux fêtes, aux<br />

pieuses associations traditionnelles (avec un regard spécial à celle de la propagation de la foi et de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 96 – G.M. <strong>Conforti</strong>


la Sainte Enfance) aux églises, aux ornements sacrés etc. Le dernier chapitre concerne les<br />

« conditions morales de la paroisse », et il est <strong>com</strong>posé par 21 questions : les coutumes morales et<br />

religieuses, la fréquence aux sacrements, les sociétés antireligieuses, la présence des groupes<br />

protestants, les conférences anticléricales, la mauvaise et la bonne presse, les unions<br />

« concubinaires », la moyenne de naissances illégitimes pendant un triennat, le catéchisme dans les<br />

écoles publiques, les écoles maternelles, la présence des congrégations religieuses, le <strong>com</strong>ité<br />

paroissial, la caisse rurale,l’émigration, le spiritisme, le repos dominical, les désordres particuliers,<br />

et une question, la dix-neuvième, qui était : « Quelle était la conduite des notables vis-à-vis de leurs<br />

dépendants, et celle des derniers envers les premiers », un écho suffisamment évident des grèves<br />

récentes. La première visite était, traditionnellement, la plus circonstanciée au niveau de la demande<br />

des informations à travers un questionnaire et au niveau d’enquête sur place, <strong>Conforti</strong>, en consciente<br />

syntonie avec la mentalité pastorale du Concile de Trento confirme ces choix traditionnels.<br />

Deux autres décisions sont prises en fonction de la visite même. Avant tout, il demande qui à<br />

l’occasion de la visite, soit constituée en chaque paroisse la pieuse association de la Sainte Famille,<br />

pour la diffusion de cette dévotion mais aussi avec un but contre le divorce, dans un moment où un<br />

député républicain, Ubaldo Comandini de Cesena, avait présenté un projet de loi, mais en suite<br />

jamais discuté, qui introduisait le divorce. En plus, puisque c’était la tradition que la visite de<br />

l’évêque serait précédée par quelques moments de prédication extraordinaire, <strong>Conforti</strong> prend<br />

l’occasion pour reconstruire la Pieuse Union des missionnaires gratuits du Sacré-Cœur. Cette<br />

société des prêtres était née grâce à une initiative de l’évêque Villa en 1876, elle avait été soutenue<br />

par Miotti, mais elle fut déchue pendant l’épiscopat de Magani. Formée par des curés citadins d’une<br />

certaine culture et capacité d’éloquence, la Pieuse Union s’offrait aux paroisses pauvres de la<br />

campane, qui ne pouvaient pas se permettre d’avoir des prêcheurs « fameux » pour le manque des<br />

ressources économiques, pour assurer des moments de prédication extraordinaire. L’intention de la<br />

nouvelle fondation de cette association est présentée par un discours de l’évêque le 24 septembre<br />

1908, qui présente une claire référence à la grève qui venait de se conclure.<br />

Selon <strong>Conforti</strong>, la visite pastorale est un moment de catéchèse adressée aux adultes pour offrir<br />

une formation chrétienne capable de défendre la population des embûches des prêcheurs de la<br />

révolution. Elle est aussi une occasion pour <strong>com</strong>mencer les structures associatives en particulier par<br />

les familles, pour qu’elles puissent prolonger l’effet pastoral de la visite après le départ de l’évêque.<br />

La visite pastorale dure de quatre ans, du l’8 décembre 1908 à la même date de 1912. Grâce aux<br />

chroniques publiées sur l’Echo de la curie nous pouvons facilement reconstruire le parcours de<br />

l’évêque en ce temps. <strong>Conforti</strong>, ordinairement dédie une période de l’année à un des 34 vicariats<br />

mis en ordre quelques années avant par Magani, en visitant normalement une paroisse chaque jour.<br />

Entre un vicariat et l’autre l’évêque rentrait à Parma pendant une période entre deux jours ou<br />

plusieurs semaines, en ce dernier cas normalement dans la période d’hiver quand les routes, surtout<br />

sur la montagne, étaient difficilement praticables.<br />

Une journée normale de la visite se déroule de cette façon : <strong>Conforti</strong> arrive tard dans l’après<br />

midi ou le soir, en provenant de l’étape précédente. Attendu par le curé et la population, après<br />

quelques gestes liturgiques proposés par le rituel du Concile de Trento, il s’adresse au peuple avec<br />

une exhortation et ensuite il se met à la disposition pour les confessions, souvent avec les prêcheurs<br />

qui avaient préparé la visite ou avec les prêtres des paroisses voisines. Le matin suivant, très tôt, va<br />

à l’église encore pour les confessions, plus tard il célèbre la messe solennelle et il prêche, il<br />

administre les confirmations pour les enfants de la paroisse avec une autre homélie, et il procède<br />

naturellement à la visite des objets de la paroisse. Dans l’après midi, il rencontre les enfants du<br />

catéchisme et plus tard les jeunes gens catholiques et les éventuelles associations. Après il part vers<br />

dans une paroisse.<br />

Naturellement dans les paroisses plus grandes, le calendrier peut subir des agrandissements.<br />

Le schéma est absolument classique et <strong>com</strong>me il est naturel autour de ces moments de visite,<br />

souvent sans références chronologiques précises fleuraient les souvenirs du clergé. <strong>Conforti</strong> arrive<br />

très tôt dans l’église et il réveille tout à coup le curé qui s’était adapté à dormir en sacristie pour<br />

<strong>Manfredi</strong> - 97 – G.M. <strong>Conforti</strong>


manque de chambres ; il qui confesse pendant des heures et des heures, il ne dort presque jamais, ne<br />

mange pas, surmonte les obstacles des torrents, des bêtes de somme, des sentiers, des pluies. Tout<br />

ceci est absolument plausible, et nous nous permettons de ne pas s’arrêter, aussi il s’agit des<br />

malaises typiques de l’époque. Toute fois il faut souligner la signification de la visite, qui ne se<br />

limite pas à l’enquête sur les livres et sur les ornements sacrés.<br />

La visite pastorale, précédée par la prédication extraordinaire, était un vrai moment de mission<br />

populaire et de réconciliation. Avoir l’évêque <strong>com</strong>me confesseur signifiait recevoir aussi le pardon<br />

pour les péchés réservés, peut-être rares, mais pas tellement, et de toute façon avoir un interlocuteur<br />

spécial, aussi pour les éventuelles controverses avec le curé. Les confessions étaient administrées le<br />

soir et très tôt le matin aussi pour permettre aux adultes de pouvoir se rendre au travail le jour après,<br />

car la visite était souvent faite les jours fériés. La même parole répétée par l’évêque était un moment<br />

d’ultérieure prédication.<br />

Il est évident que l’expérience de ces quatre ans de voyages fut fondamentale pour <strong>Conforti</strong>, qui<br />

d’ailleurs connaissait déjà les différentes paroisses et surtout le clergé. En attendant une étude<br />

approfondie du matériel recueilli en cette première visite pastorale, qui va au delà des dimensions<br />

de cette biographie, un sondage ac<strong>com</strong>pli par une thèse de licence il y a quelques années semble<br />

montrer l’épreuve d’une situation religieuse dans la phase de crise.<br />

Passé l’orage de la grève générale du printemps 1908, <strong>Conforti</strong> convoque un congrès catholique<br />

diocésain, les 18 et 19 novembre de la même année, à l’évêché. En plus la même de mettre les bases<br />

pour un renouveau de tout le mouvement catholique dans le diocèse, un aspect qui sera repris<br />

ailleurs, le congrès souhaite que soient diffusés les clubs de la jeunesse de l’Action catholique.<br />

Cependant l’an 1910 est l’année focale de l’engagement du diocèse de Parma dirigé par <strong>Conforti</strong>, en<br />

vue de la formation des clubs de la paroisse. Au congrès juvénile émilien à Piacenza, célébré du 14<br />

au 15 août 1910, on <strong>com</strong>munique que les associations juvéniles du diocèse de Parma sont 70<br />

environ. Peu de jours après, le 28 août, à Traversetolo on célèbre le premier congrès juvénile<br />

diocésain, naturellement en présence de l’évêque qui, intervient plusieurs fois. Pendant le congrès<br />

est actualisée la fédération diocésaine de la jeunesse catholique, et on lance un slogan : « Un club<br />

juvénile en chaque paroisse ». En octobre de la même année, pendant une spéciale assemblée de<br />

tout le clergé on prend en examen directement le thème des clubs de la jeunesse, et l’évêque<br />

demande explicitement qu’on investisse en ces réalités, <strong>com</strong>me cela se fait dans la Lombardie<br />

voisine. On peut voir de importantes analogies entre les choix e <strong>Conforti</strong> et celles, contemporaines,<br />

de Ferrari archevêque de Milano, qui maintient et appuie les clubs juvéniles après la dissolution de<br />

l’œuvre des Congrès.<br />

Un an après déjà se réunissait un deuxième congrès des jeunes, cette fois à Noceto et avec<br />

une préparation à travers des congrès de zone, ou <strong>com</strong>me on disait « de plaga » Au congrès ont<br />

participé environs trois mille jeunes <strong>com</strong>me représentants de 49 clubs, et cela nous montre que le<br />

donné signalé au congrès l’année précédente était largement surestimé. Mais déjà l’année suivante<br />

la situation des clubs juvéniles était en crise, même si la fédération s’était retrouvée au congrès de<br />

Fontanellato, le 12 septembre, ensemble à l’Union électorale catholique et à la Fédération<br />

économique. Les motifs de cette crise étaient déjà individualisés en ce temps. Avant tout manquait<br />

substantiellement un leadership pour la réalité de la jeunesse diocésaine, après le choix définitif de<br />

Giuseppe Micheli pour l’activité parlementaire, réalisée depuis quelques années. En plus le même<br />

<strong>Conforti</strong> se lamentait sur la précarité de participation des jeunes aux clubs dans le document<br />

« Monita ad clerum » annexes au calendrier liturgique diocésain du 1915. Evidemment, une fois<br />

terminé l’enthousiasme initial, jailli peut-être de la visite pastorale ou de la participation aux<br />

congrès diocésains, les jeunes de beaucoup de paroisses dépourvus de la solide formation à la vie<br />

associative et d’un leadership autonome et diffusé, ils démissionnaient très tôt de participer aux<br />

clubs.<br />

Mais <strong>Conforti</strong> n’interrompait pas son engagement et sa détermination en faveur des clubs<br />

juvéniles. En 1914 fut approuvé le nouveau statut de la fédération juvénile catholique de Parma. Le<br />

statut avait vu l’adhésion d’une trentaine des clubs avant la première guerre mondiale, et aussi<br />

<strong>Manfredi</strong> - 98 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’individualisation de quelques leaders diocésains : l’abbé Rodolfo Barilla et l’abbé Giovanni Del<br />

Monte parmi le clergé, Michele Valenti parmi les jeunes laïcs. Un nouveau congrès diocésain fut<br />

célébré en mai 1915, mais le conflit européen procurera une nouvelle crise, à Parma <strong>com</strong>me en<br />

toute l’Italie. En toutes ces vicissitudes on peut voir la constante présence de <strong>Conforti</strong>, qui avec le<br />

slogan, si on veut un peu semple de : « Faisons <strong>com</strong>me en Lombardie » animait la conviction de<br />

l’utilité de fonder et alimenter les lieux des rencontres et de groupe de jeunes générations, <strong>com</strong>me<br />

réponse au drame de l’anticléricalisme et de l’éloignement de l’église. A côté et à partir de ce choix,<br />

s’indique toujours plus clairement le projet pastoral de <strong>Conforti</strong>, qui a un fort centre formatif dont le<br />

centre focal sera la catéchèse.<br />

ORGANIGRAMME DIOCESAIN ET LE SEMINAIRE : LA PERIODE MODERNISTE ET<br />

L’ANNEE OBSCURE DE 1911<br />

En haut on disait que <strong>Conforti</strong> avait choisi un bas profil du mouvement où il prenait<br />

directement le guide du diocèse natal. A différence de Magani, qui en quelques semaines avait pu<br />

faire entendre un précis « coup de volant » à l’église de Parma, <strong>Conforti</strong> avait agi avec une plus<br />

grande prudence et gradualité. Cela ne signifiait pas, pour autant, une situation de calme, au<br />

contraire, toute autre chose.<br />

Comme on avait déjà vu, <strong>Conforti</strong> ne partageait pas la méthode du gouvernement « à<br />

doubles cloches » du prédécesseur et du petit groupe des prêtres qui l’entouraient, à partir de l’abbé<br />

Pietro Del Soldato, ex secrétaire personnel de Magani et successeur de <strong>Conforti</strong> dans le ministère de<br />

vicaire général. Entre Del Soldato et <strong>Conforti</strong> il y avait de bons rapports, et les lettres du premier à<br />

son futur évêque, pendant la période de Ravenna, sont remplies d’estime et vénération pour le<br />

fondateur des xavériens. <strong>Conforti</strong> agit devant le principal collaborateur de Magani selon un schéma<br />

diffusé en ce temps et en effet accepté entre les règles du jeu. Aussitôt qu’il prend possession de son<br />

siège à Parma, <strong>Conforti</strong> nomme Del Soldato délégué épiscopal, avec les mêmes pouvoirs du vicaire<br />

général, mais dans une formule clairement provisoire. Le 25 juillet 1908, donc presque six mois,<br />

Del Soldato reçoit de Rome la nomination de protonotaire apostolique, la plus haute décoration<br />

pour un prêtre, avec toute une série des enseignes liturgiques et des titres. Mais est nommé vicaire<br />

générale l’abbé Enrico Ajcardi, avec un pro vicaire, après il sera le principal collaborateur de<br />

<strong>Conforti</strong> à Campo di Marte, l’abbé Ormisda Pellegri.<br />

Donc « promoveatur ut amoveatur ». Del Soldato n’a pas soulevé des difficultés : soit car il<br />

était évident que l’évêque avait tous les droits de se choisir le vicaire général qu’il voulait, soit car<br />

la décoration pontificale fut unie bientôt au rôle directif du chapitre de la cathédrale. <strong>Conforti</strong> donc<br />

n’avait pas interdit que Del Soldato puisse continuer à avoir une présence importante dans le cadre<br />

du clergé citadin, il n’a pas fait en effet un autre Tonarelli.<br />

L’abbé Enrico Ajardi sera pendant de longues années le bras droit de <strong>Conforti</strong>. « Un petit<br />

<strong>Conforti</strong> en miniature, sans un grand talent, mais avec beaucoup d’honnêteté, rectitude et bon<br />

sens » : ainsi il est présenté par quelques témoins le nouveau vicaire général. Il était plus âgé de<br />

<strong>Conforti</strong> de quelques années, ordonné prêtre en 1881, fut curé de la cathédrale et chancelier. Malgré<br />

l’âge différent, probablement les bons rapports qu’ils avaient eus depuis le temps du séminaire ont<br />

porté <strong>Conforti</strong> à estimer Ajardi et le considérer plus que collaborateur, un ami et un confident. Si les<br />

contacts entre <strong>Conforti</strong> et Ajardi se déroulaient chaque jour oralement, ainsi de ne pas laisser aucun<br />

document, les lettres que <strong>Conforti</strong> absent écrivait à son collaborateur sont absolument significatives<br />

par le ton serein et plaisant, amical et cordial, presque singulier en <strong>Conforti</strong> qui nous habitue à un<br />

style tout à fait différent, très correct et satisfait, noble mais aussi un peu détaché. Nous pourrions<br />

presque dire que Ajcardi est, dans le diocèse de Parma, ce que Giovanni Bonardi sera pour l’institut<br />

xavérien, avec la différence que Bonardi sera toujours l’élève de <strong>Conforti</strong>, tandis que Ajcardi sera le<br />

prêtre plus âgé, une espèce de frère aîné, sage et très discret. A lui, pendant les premières années,<br />

est à côté Pellgri, avec une solution qui terminera après peu d’années.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 99 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Actualisé le premier essai le nœud fondamental de la structure de la curie, <strong>Conforti</strong> avait<br />

choisi de <strong>com</strong>mencer à résoudre un autre point critique de la vie diocésaine : le séminaire de Parma.<br />

Beaucoup de témoignages confirment ce que le même <strong>Conforti</strong> devra écrire à Rome. Le<br />

« Séminaire Urbain », auquel était uni celui de Berceto, verra pendant les premières années du XX<br />

siècle un grand nombre d’étudiants et d’ordinations. Une solution apparemment favorable,<br />

d’ailleurs <strong>com</strong>mune à beaucoup de séminaires italiens de cette période, mais minée de l’intérieur<br />

par une gestion éducative précaire. Le premier successeur de Ferrari <strong>com</strong>me recteur, était l’abbé<br />

Antonio Ghezzi, dont <strong>Conforti</strong> fut son vice recteur (1890-1895) il n’était pas à l’hauteur de Ferrari.<br />

Tandis que l’abbé Francesco Musetti, recteur du 1896 à 1901, était adonné à l’alcool. Le<br />

successeur, l’abbé Luigi Leoni, recteur dans la période 1902-1908, était une figure fameuse parmi le<br />

clergé diocésain pour ses études et sa prédication, mais il était incapable d’une véritable action<br />

éducative. Même le corps enseignant continuait la tradition néothomisme typique du séminaire de<br />

Parma et dont Ferrari et <strong>Conforti</strong> ont été représentants convaincus et rigoureux. Donc, pour les<br />

années « favorables » de Magani un bon travail scolastique ne correspondait pas à une attention à la<br />

discipline et aux <strong>com</strong>portements. En été-automne 1908, même ici sans trop de bruits, <strong>Conforti</strong><br />

destitue l’abbé Leoni, en lui obtenant aussi le titre de prélat domestique, et en choisissant à sa place<br />

l’abbé Attilio Castallina, qui fut recteur seulement pendant quatre ans, malheureusement en partie<br />

vécus <strong>com</strong>me en enfer. Il avait nommé aussi l’abbé Luigi Orsi <strong>com</strong>me père spirituel. De toutes ces<br />

décisions <strong>Conforti</strong> avait informé Pie X, avec une lettre du premier juillet 1908. L’intervention<br />

pouvait se considérer urgente, mais malheureusement elle ne pouvait pas réparer aux défauts et aux<br />

inattentions de la gestion précédente. Entre les défections des prêtres qui constellaient l’épiscopat de<br />

<strong>Conforti</strong>, ou doit placer pas mal en cette génération du clergé.<br />

L’année dans laquelle <strong>Conforti</strong> fut préconisé évêque coadjuteur de Parma et il avait vu la<br />

mort de Magani, fut mise en acte la première et plus grande action de lutte contre le modernisme de<br />

la part du Saint-Siège. Nous rappelons brièvement les données essentielles du phénomène. Pendant<br />

les dernières années du gouvernement de Léon XIII, après un temps d’agrandissement des horizons<br />

culturels du clergé voulu par le même pape, on pouvait distinguer ensemble avec d’importantes<br />

agitations culturelles dans les séminaires à la fin du XIX siècle, quelques lignes de recherche et<br />

réflexion qui semblaient passer les limites d’un juste dialogue entre la recherche biblique et<br />

historique, réflexion théologique et enquête scientifique. Les modernistes ont été donc des<br />

chercheurs et enseignants dans le monde ecclésial qui passait à l’extrême le besoin du renouveau<br />

des études théologiques et aussi de l’église, ainsi de tomber, plus ou moins sciemment au<br />

<strong>com</strong>mencement, dans des affirmations ou mieux encore dans une interprétation des affirmations<br />

théologiques effectivement contre l’orthodoxie. En partant de l’exigence de recueillir les résultats<br />

de la science historique et de l’exégèse biblique protestante, les modernistes ont fini pour concevoir<br />

un catholicisme vidé de son essence.<br />

Pie X est intervenu avec une grande décision, et, après quelques condamnations partielles,<br />

en été 1907 sont sortis le décret Lamentabili sane exitu et l’encyclique Pascendi Dominici grecis<br />

que d’une manière ponctuelle et circonstanciée condamnaient le modernisme. Les interventions du<br />

Saint-Siège ont été naturellement accueillies avec une pleine adhésion soit par Magani, qui en<br />

parlait dans la lettre pour l’annonce du nouvel évêque coadjuteur, soit par <strong>Conforti</strong> dans sa première<br />

lettre pastorale. Puis en 1910 <strong>Conforti</strong> avait publié pour le diocèse « le motu proprio Sacrorum<br />

antistitum » (un document spécial) « qui obligeait les différentes catégories des personnes de faire<br />

un spécial serment antimoderniste » et avait demandé au clergé de faire de ce documente une<br />

spéciale discussion pendant une rencontre du clergé dans chaque vicariat. Pendant la première<br />

moitié de 1911 tous les prêtres de Parma avaient prononcé le serment obligé, même les derniers<br />

cinq « réfractaires ». Les professeurs du séminaire ont été parmi les premiers et les plus sollicités à<br />

prononcer le serment antimoderniste et de se soumettre cordialement aux positions de Pie X.<br />

Mais en printemps – été de 1911 une série des circonstances, ont porté dur la scène la<br />

question moderniste même à Parma. Avant tout, le 28 et 29 juin 1911 arrivait à Parma le visiteur<br />

apostolique pour les séminaires émiliens. La visite des séminaires de toute l’Italie avait été décidée<br />

<strong>Manfredi</strong> - 100 – G.M. <strong>Conforti</strong>


par Pie X pour détecter les foyers présents du modernisme, selon plusieurs prélats du Saint-Siège,<br />

en différents instituts de formation du clergé. Le visiteur pour l’Emilia était Mgr Andrea Caron,<br />

évêque de Ceneda. La mentalité typique de ces visiteurs et le climat de tension antimoderniste, unis<br />

à la situation pas du tout facile dans les séminaires de Parma à cause des motifs décrits en haut, ils<br />

ont porté à un fort appel de la part du cardinal Gaetano De Loi, secrétaire de la congrégation<br />

consistoriale et centre de coordination de la lutte contre le modernisme. La lettre du cardinal fut<br />

écrite le 20 août 1911.<br />

Au même temps, pendant les mois de juillet et août, sur Presente, journal de la gauche<br />

maçonnique sont apparus quelques articles avec la signature « un groupe des prêtres » qui avaient<br />

accusé le diocèse et l’évêque d’avoir une mentalité arriérée et d’étouffer les désirs du renouveau du<br />

« jeune clergé », avec des signes ouvertement modernistes, et avec de graves accusations contre la<br />

moralité du clergé de Parma :<br />

Les prêtres ne sont pas des missionnaires volontaires appelés à soutenir une mission<br />

difficile dans la vie, ils sont des fabricants avec une matière souvent non apte et après<br />

abandonnés dans les campagnes, sur les montagnes sans une éducation et une culture<br />

suffisante, animés plus par la nécessité de lutte contre les ennemis, que d’esprit<br />

apostolique de pacifiques et sereins annonciateurs d’une bonne nouvelle de charité et de<br />

foi. Dans les séminaires on accueille des enfants qui ne connaissent pas encore ce que c’est<br />

le monde…<br />

Il y a le prêtre qui s’enrichit, spécule sur les lettres des changes, dans le <strong>com</strong>merce, dans<br />

l’industrie, qui joue dans les bourses, le prêtre aristocratique et bourgeois contre un clergé<br />

pauvre, très peu payé et peu nourri, qui doit demander l’aumône des intentions des<br />

messes, chercher de faire les enterrements des défunts pour vivre. Les prêtres ne sont plus<br />

égales, mais ils se sont divisés en classes qu’on se regarde de travers il se haïssent même.<br />

(Les séminaristes) sont chaque jour les victimes d’un vieux clergé fanatique et<br />

superstitieux, qui ne veut pas abandonner les formes maintenant démodées, et qu’il ne voit<br />

pas et il n’entend pas toute la rébellion qui est très évidente dans la majorité du clergé<br />

même.<br />

La bombe des mass média est explosée en pleine période de l’ouverture du séminaire. Le<br />

modernisme existait même à Parma, malgré tous les serments, il trouvait son nid même parmi le<br />

jeune clergé. A <strong>com</strong>pliquer les choses ‘était ajouté un appel de <strong>Conforti</strong> au clergé, où on demandait<br />

de se conformer aux normes sur l’interdiction d’employer le vélo. L’emploi de ce moyen était en<br />

train de devenir un drapeau des prêtres « avancés »<br />

<strong>Conforti</strong> ainsi intervenir sur deux fronts. D’un côté est sorti un document publique au clergé, du<br />

29 septembre 1911, pour refuser les accusations du « groupe des prêtres » modernistes et pour<br />

condamner les positions innovatrices. Peu de jours avant il avait écrit une lettre « réservée » au<br />

cardinal De Loi, pour défendre le diocèse, et en particulier le séminaire, d’une condamnation<br />

aveugle. Surtout la prise linéaire de position de <strong>Conforti</strong> en faveur de son clergé mérite d’être<br />

considérée.<br />

Dans la lettre au clergé de Parma, après une synthétique mais aigue description du<br />

modernisme, ils se refaire aux « articles déplorables » et aux contestations contre « une disposition<br />

disciplinaire » qu’en effet était celle du vélo. Il affirme après :<br />

Je ne vous cache pas frères vénérés, que pour l’affection et l’estime que j’ai toujours eues<br />

pour mon clergé, j’étais depuis le <strong>com</strong>mencement en doute si je devais prêter foi à<br />

l’existence de ce groupe, mais certains indices et certains faits et circonstances<br />

con<strong>com</strong>itants m’ont vraiment convaincu que le groupe existe au moins ne manquent pas<br />

les éléments turbulents capables de le constituer.<br />

L’évêque trouve la cause de cette turbulence :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 101 – G.M. <strong>Conforti</strong>


• Ils, croyez-moi, pendant qu’ils crient à la reforme, ne prient plus, ne font plus la<br />

méditation, ne se confessent plus, ils ne demandent plus la grâce divine dont toute<br />

notre suffisance et pour cela l’esprit du monde corrompu et corrupteur, à fait brèche<br />

dans leurs coeurs.<br />

Tandis que selon <strong>Conforti</strong>, la « la grande majorité » des prêtres de Parma est unie à l’évêque et il est<br />

fidèle à la vraie foi. Celui qui demande la reforme, qu’il <strong>com</strong>mence par lui-même à se reformer,<br />

pendant que le Saint-Siège est en train d’actualiser une vraie reforme à travers la codification<br />

canonique en cours, <strong>Conforti</strong> conclu le texte adressé au clergé, en interdisant aux prêtres sous peine<br />

d’ex<strong>com</strong>munication ipso facto incurrenda d’écrire sur les différents journaux « tout ce qui cherche<br />

enseigner des doctrines malades de modernisme à exciter la rébellion contre l’église… à discréditer<br />

la juste réputation du clergé… » Tandis qu’il oblige les ecclésiastiques à dénoncer ceux qui sont<br />

connus ou suspectés coupables des ces positions.<br />

La longue lettre à De Loi du 25 septembre 1011, fut une brève histoire de la situation des<br />

séminaires diocésains, avec les nominations décevantes du recteur et vice recteur (Musatti et<br />

Bertogalli) en 1894 qui resteront jusqu’en 1903. Les deux successeurs Leoni et Guerra, sont<br />

présentés <strong>com</strong>me « âmes bonnes, timorées, qu’elles pensent correctement, mais incapables devant<br />

la charge importante et délicate ». Donc la tension entre le clergé citadin, héritier depuis le temps de<br />

Magani, <strong>Conforti</strong> cherchait donc des responsables au dessus des parts. Mais le visiteur Caron, « en<br />

quelques heures qui est resté à Parma » avait recueilli les critiques des chefs des partis contre les<br />

dirigeants des séminaires. Ainsi <strong>Conforti</strong> affirmait : « Je ne suis pas d’accord à partager le jugement<br />

prononcé par le visiteur » Il défendait la personne du recteur « qui manquait d’une onction<br />

extérieure », mais « avec des principes franchement en faveur du pape, était d’une bonne culture,<br />

appliqué, très actif, attentif et diligent qui maintenait la discipline; le vice recteur certainement jeune<br />

mais « sage » d’une pitié solide et profonde, louable fermeté de caractère, le père spirituel ne<br />

s’entend pas avec ces deux à cause de son caractère.<br />

Au sujet des professeurs qui sont suspects <strong>com</strong>me des modernistes, les abbés Del Monte,<br />

Masnovo, Grassi, Maini, Ferrarini, je déclare de ne pas avoir les épreuves et même pas les<br />

indices qui font douter de leur orthodoxie. Au contraire j’exclus catégoriquement que soit<br />

moderniste le chanoine Amato Masnovo, professeur de philosophie et sociologie, <strong>com</strong>me<br />

aussi le professeur Maini, pro recteur du séminaire de Berceto. Pour les autres je ne peux<br />

pas donner les mêmes assurances en sachant malheureusement des surprises qui arrivent<br />

aujourd’hui ; je ne manquerai pas d’ailleurs, de doubler la vigilance…<br />

Le visiteur Mgr Caron demandait, en plus que l’expulsions de séminaire, « d’autres<br />

remèdes ; quelle est cette racine et quels sont les remèdes Je serai vraiment reconnaissant à votre<br />

excellence si vous voudriez m’illuminer…. »<br />

Dans le climat de tensions non seulement dans le diocèse, mais dans toute l’église d’Italie, la<br />

sereine fermeté avec laquelle <strong>Conforti</strong> rejetait les accusations de Caron montre en lui une grande<br />

affection pour son clergé mais aussi une totale connaissance de la situation. En effet les successives<br />

vicissitudes démontreront que les accusations de modernisme pouvaient être adressées à peu de<br />

personnes étrangères à l’enseignement dans les séminaires, mais différemment d’autres diocèses,<br />

aucun prêtre ne fut accusé injustement. Ceci ne signifie pas que <strong>Conforti</strong> ne bouge pas avec une<br />

extrême prudence et circonspection.<br />

« La crise » de septembre-octobre du 1911, documentée grandement par la correspondance<br />

de <strong>Conforti</strong> finit par impliquer même les écoles internes de l’institut xavérien. Depuis 1903, <strong>com</strong>me<br />

on avait dit dans le chapitre précédent, grâce à l’enseignement de l’abbé Ormisda Pellegri et la<br />

disponibilité de certains prêtres diocésains, était donné l’enseignement théologique à Campo di<br />

Marte, ainsi les élèves missionnaires ne devaient plus se rendre chaque jour au séminaire urbain.<br />

Pendant quelques années <strong>Conforti</strong> même avait enseigné. Autant que nous le savons, l’abbé Luigi<br />

<strong>Manfredi</strong> - 102 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Orsi, père spirituel du séminaire diocésain, enseignait de morale, l’abbé Giuseppe Parma, plus tard<br />

deviendra bénédictin à Subiaco, était enseignant de théologie dogmatique, l’abbé Egidio Boni,<br />

enseignai sciences, l’abbé Simonazzi la religion et le professeur Accatino, frère salésien, instruisait<br />

les futurs missionnaires sur l’agronomie et les méthodes de fertilisation expérimentées de celui dont<br />

on avait parlé Stanislao Solari. Bonardi venait de rentrer de la Chine avec la charge de recteur de la<br />

Maison mère, sûrement grâce à l’intervention de <strong>Conforti</strong> avait suspendu l’enseignement, car il<br />

semblait qu’existait une structure désordonnée et que aurait été créé un espace de ‘cénacle’ avec des<br />

infiltrations modernistes voulues par Pellegri : « Ce jugement, affirmé par Grassi et recueilli par le<br />

même Bonardi, sûrement à cause de l’antipathie pour l’abbé Ormisda Pellegri ». Plus vraisemblable<br />

<strong>Conforti</strong> avait demandé à Bonardi de suspendre une situation précaire qui pouvait donner l’occasion<br />

à beaucoup d’ultérieures accusations, dans un climat déjà difficile. L’estime de <strong>Conforti</strong> soit pour<br />

Pellegri soit pour ses autres prêtres ne diminuait pas. L’abbé Orsi est resté père spirituel du<br />

séminaire jusqu’au <strong>com</strong>mencement de la première mondiale, l’abbé Parma est resté toujours un ami<br />

fraternel et collaborateur de l’évêque. Grâce à la rentrée graduelle de quelques missionnaires,<br />

l’institut devait être en condition d’être autonome même du point de vue de la formation<br />

intellectuelle et de la direction éducative. Mais pendant quelques décennies les élèves missionnaires<br />

ont repris la route que, à travers la Barriera Farini, les conduisait chaque jour jusqu’à la cathédrale<br />

et à son séminaire urbain.<br />

Le fameux « groupe des prêtres » de tendance moderniste s’est révélé après être formé par<br />

l’abbé Sante Seta, cure de San Prospero et ordonné exactement en 1899, dans la période de Magani<br />

et du recteur Musetti. Plus tard, précisément en 1913 l’abbé Seta fut suspendu à divinis, en janvier<br />

successif fut enlevé de San Prospero et à la fin avait quitté le sacerdoce.<br />

La polémique moderniste à Parma semblait s’épuiser en ces peu de mois du 1911. N’était<br />

pas aussi le contrôle de De Loi, auquel <strong>Conforti</strong> a du de nouveau répondre en mars 1914, à la suite<br />

d’une note de la Consistoriale qui accusait de nouveau de modernisme l’abbé Egidio Boni, et avec<br />

lui les abbés Ernesto Foglia et Giovanni Del Monte, d’ailleurs les deux ont été ses élèves et<br />

quelques enseignants de Berceto :<br />

Pendant dix ans d’épiscopat j’ai déjà fait beaucoup de changements du personnel dirigent<br />

et enseignant et j’en ferai encore, selon le besoin, et dans les limites du possible, car ce<br />

n’est pas toujours une chose facile trouver des personnes aptes lorsque on doit nommer<br />

des professeurs, spécialement si on a des matières importantes.<br />

Ainsi <strong>Conforti</strong> réclamait son engagement envers la formation du jeune clergé et le séminaire, sa<br />

sincère aversion au modernisme, mais avec aussi la fatigue à diriger une situation délicate. En effet,<br />

après le changement du recteur et du père spirituel, en 1909 était changé l’économe (de l’abbé Pio<br />

Galloni, historique administrateur pendant au moins 25 ans, à l’abbé Antonio Monica) et en 1910<br />

aussi le vice recteur (de l’abbé Giuseppe Guerra à l’abbé Aldo Musini) En 1913, ensuite, fut nommé<br />

enseignent de dogmatique l’abbé Amato Masnovo, qu’après sera une parmi les personnalités de<br />

l’Université Catholique de Milano, qui était en train d’être fondée, et que l’année précédente avait<br />

remplacé <strong>com</strong>me recteur l’abbé Castellina qui était malade, jusqu’aux années cruciales de la guerre.<br />

Donc l’affirmation de <strong>Conforti</strong> n’était pas une fragile justification. Avec gradualité mais avec<br />

décision, les places importantes de la structure éducative du séminaire ont été confiées à personnes<br />

différentes vis-à-vis de celui qui avait géré les années de Magani. Mais le corps enseignant du<br />

séminaire on ne pouvait pas contester, malgré les difficultés du recrutement.<br />

En ces années, beaucoup de diocèses ont été soumis à des enquêtes et à des pressions de la<br />

part du Saint-Siège par la peur des tanières et infiltrations de type moderniste. Et pas mal de prêtres<br />

et enseignants on du souffrir à cause des accusations et délations, n’était même pas exclu Angelo<br />

Giuseppe Roncalli. Le cas de Parme entre dans l’ordinaire des tensions de ces années, et ne fut pas<br />

certainement éclatant <strong>com</strong>me celui de Milano et de l’accrochage à distance entre deux amis dans le<br />

temps : Pie X et Andrea Ferrari. Cependant, du ton des lettres on <strong>com</strong>prend que <strong>Conforti</strong> fut<br />

<strong>Manfredi</strong> - 103 – G.M. <strong>Conforti</strong>


eaucoup affligé par les accusations adressées à ses enseignants du séminaire, et, indirectement<br />

mais éclaircissement à la gestion du diocèse.<br />

Toujours en 1903, en été, se ravivaient les dernières douloureuses séquelles de l’inquiétude<br />

moderniste entre le clergé de Parma : en plus que la suspension qu’on a vue de l’abbé Seta, on avait<br />

eu aussi celle de l’abbé Ernesto Padovani, curé de Cassio qui avait abandonné la paroisse et le<br />

même diocèse. Même Padovani appartenait à une parmi les « nombreuses » ordinations de Magani :<br />

il fut ordonné en 1907 seulement six ans avant la suspension. Ultérieures polémiques serpentantes<br />

en quelques diocèses font <strong>com</strong>prendre les références de <strong>Conforti</strong> dans sa lettre au clergé en<br />

l’occasion de son 25° anniversaire d’ordination, le deux août 1913 :<br />

Jamais de notre bouche doit sortir une parole que parfois devant à certaines dispositions<br />

pontificales, et d’autres documents de la suprême Autorité ecclésiastique, avait retenti sur<br />

ce que les soi-disant réformateurs, même avec l’habit sacerdotal, n’a pas trouvé écho sur<br />

leurs journaux plus au moins ennemis de l’église officielle : ceci est une tyrannie, est un<br />

despotisme, est une chose arbitraire.<br />

La référence est, avec toute probabilité, à la revue culturelle de l’abbé Romolo Murri, prêtre<br />

né dans les Marche, bien connu en toute l’Italie et avec des contacts même à Parma. Cependant,<br />

l’évêque même fut attaqué directement, en juin. Ces vicissitudes, avec l’abandon de quelques<br />

prêtres, et les conséquences sur la vie diocésaine de quelques sentences au sujet des confréries, dont<br />

nous parlerons ailleurs, ont porté les mêmes organismes diocésains à parler d’une « période des<br />

luttes et d’un découragement moral » En ce contexte <strong>Conforti</strong> conseillait à son clergé la « sodalitas<br />

sacerdotalis pro Pontifice et Ecclesia », une association du clergé avec une forte empreinte<br />

antimoderniste, qui a <strong>com</strong>me document officiel au niveau national la revue ultra intransigeante La<br />

Riscossa des frères de Vicenza Scotton.<br />

LES FRUITS DE LA PREMIERE VISITE : LE CONGRES EUCHARISTIQUE, LE<br />

CONGRES CATECHETIQUE, LE SYNODE<br />

En ces années de tension et des fatigues, on voit avec clarté un dessein suffisamment précis<br />

de <strong>Conforti</strong>, à travers quelques moments diocésains proposés avec continuité et à échéances<br />

régulières. N’était pas encore conclue la visite pastorale, et déjà <strong>Conforti</strong> proclamait le premier<br />

congrès eucharistique diocésain qu’on a célébré du 8 au 10 octobre 1912. Les congrès<br />

eucharistiques étaient nés dans les dernières décennies du XIX siècle en France, avec l’apport d’un<br />

célèbre directeur d’âmes, Gaston de Ségur. La finalité des congrès était double : proposer de<br />

grandioses manifestations capables de rendre concevable aux foules la présence eucharistique et<br />

encourager les catholiques intimidés par l’émargination politique et culturelle : mais ensemble, en<br />

s’agissant d’un « congrès » développer des moments d’étude et aussi d’individualisation des<br />

décisions au sujet du culte eucharistique, avec des motions et propositions « du congrès ». En ce<br />

temps, la formule du « congrès » était un langage typique de la politique et du syndicat. Un premier<br />

congrès international fut célébré à Lille, en France, en 1881 suivi par d’autres rendez-vous :<br />

rappelons celui de Jérusalem en 1893, et celui de Rome en 1905, voulu et présidé par le pape Pie X.<br />

Le pape veneto, <strong>com</strong>me avait donné une impulsion déterminante à la piété eucharistique. Mais<br />

successivement au congrès du 1905, le phénomène avait subi, au moins en Italie, un battement<br />

d’arrêt du probablement au climat de tension unie au modernisme. En ce moment de « fatigue » a u<br />

niveau italien de la proposition des congrès eucharistiques, <strong>Conforti</strong> organisait un à Parma.<br />

Le congrès s’appuyait surtout sur la « société des prêtres adorateurs. Le programme<br />

prévoyait, dans l’église de San Rocco, l’adoration continuelle de la messe solennelle de 10 heures<br />

de l’8 octobre au matin la procession avec l’eucharistie du matin du 10. Au même temps, dans<br />

l’église de San Pietro, venaient célébrées les assemblées avec des rapporteurs de la société, prêtres<br />

de Parma. Voilà les thèmes : La <strong>com</strong>munion aux enfants, présenté par le curé de Colorno, l’abbé<br />

<strong>Manfredi</strong> - 104 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Giuseppe Gazzi ; les associations eucharistiques, étaient confiées à l’abbé Savazzini ; les pratiques<br />

eucharistiques à l’abbé Enrico Grassi, et, l’unique relation d’un externe, « la Sainte eucharistie et la<br />

famille chrétienne » confié au père Carlo Poletti de Torino, directeur général des prêtres adorateurs<br />

en Italie. <strong>Conforti</strong> parlait au <strong>com</strong>mencement et après, à la conclusion du congrès même. Pendant le<br />

discours de clôture l’évêque insistait sur deux choix typiques du pontificat de Pie X, ressentis<br />

profondément par lui : la <strong>com</strong>munion aux enfants (« Il n’est plus permis de discuter sur l’âge de la<br />

première <strong>com</strong>munion ») ac<strong>com</strong>pagnée d’une attentive formation catéchétique, et la <strong>com</strong>munion<br />

fréquente.<br />

Du 4 au 6 juin en 1913 il y a eu le tournant du congrès catéchétique, et de la semaine<br />

catéchétique du 10 au 15 novembre. Le premier était célébré en particulier aux « spécialistes » l e s<br />

« prêtres ». Le deuxième cherchait de sensibiliser les familles et les laïcs qui pouvaient aider les<br />

curés dans l’œuvre de la catéchèse, et il s’agissait dans une série des leçons données à l’évêché par<br />

les abbés Luigi Vigna de Cremona et Lorenzo Pavanelli de Brescia, théoriciens du « catéchisme<br />

<strong>com</strong>me une forme de vraie école » dont le texte sera le manuel des catéchèses du diocèse. Après<br />

sera dédié un chapitre au projet catéchistique de <strong>Conforti</strong>. Depuis l’année catéchétique 1913 est née<br />

la lettre du 14 janvier 1914 au clergé sur « l’école de religion », d’ailleurs déjà précédée par la lettre<br />

en 1909 sur le catéchisme, de celle du 1911 sur les parents et l’éducation chrétienne, et puis une<br />

« lettre au clergé » le 11 décembre 1914, avec une grande insistance sur la catéchèse aux enfants,<br />

surtout « pour le bas peuple » et les adultes.<br />

Il semble que l’expérience de la visite pastorale avait renforcé en <strong>Conforti</strong>, la certitude de<br />

l’importance de la formation catéchétique des petits enfants et des grands déjà affirmée dans la<br />

dernière pastorale de Ravenna..<br />

Selon une habitude diffusée qui se referait, sinon à la lettre, à l’esprit du Concile de Trento,<br />

après la première visite pastorale c’était bien de célébrer le synode. Puisque le dernier synode a été<br />

célébré à Parma au temps de Domenico Villa depuis 1878, tandis que Magani gouvernait le diocèse<br />

avec des décrets généraux. En réalité déjà les Monita ad clerum (les avertissement au clergé) unis<br />

au calendrier liturgique diocésain de 1913 se sont révélés très innovateurs, presque certainement<br />

fruit de l’expérience de la visite pastorale.<br />

La lecture des avertissements, avec leur signification pratique et pastorale, nous permet<br />

d’individualiser les priorités des choix de <strong>Conforti</strong> en ce que nous pouvons appeler les sphères<br />

quotidiennes de la pastorale paroissiale. Des différentes indications sont dédiées à l’ornement des<br />

églises, à la conservation de l’eucharistie et des saintes Huiles : probablement, à partir de<br />

l’expérience de pauvreté mais aussi du désordre constatés pendant la visite pastorale, on trouve ici<br />

un sens aux indications du congrès eucharistique. La deuxième sphère d’attention, les œuvres<br />

paroissiales, une autre réalité probablement beaucoup négligée avec des administrations<br />

« approximatives » ainsi <strong>com</strong>me un certain désordre fut constaté dans les archives.<br />

Du point de vue pastoral, nous intéressent d’une manière particulière les avertissements N<br />

17-23. On oblige à instituer la confrérie de la doctrine chrétienne, en attendant une plus grande<br />

législation qui sera publiée pendant le congrès eucharistique imminent. Les curés ne doivent pas<br />

suspendre la catéchèse dominicale aux enfants et celle aux adultes pour participer à honorer les<br />

fêtes patronales des paroisses voisines, une chose que, surtout en automne et au printemps,<br />

probablement arrivait avec fréquence. La catéchèse aux adultes, vue la bonne expérience des<br />

missions à l’occasion de la visite pastorale, devait être soutenue par des prédications missionnaires<br />

extraordinaires. <strong>Conforti</strong> demande de nouveau l’engagement pour instituer des associations<br />

catholiques, surtout de la paroisse, et pour cultiver les vocations au sacerdoce. Les avertissements N<br />

22-23 donnent les directives sur deux phénomènes sociaux urgents : l’immigration, surtout de la<br />

montagne et féminine, et le travail des femmes et des enfants. On a deux avertissements sur les<br />

façons de donner la <strong>com</strong>munion aux malades, un autre chapitre important de la vie quotidienne<br />

paroissiale. Enfin dans la dernière prescription, <strong>Conforti</strong> renouvelle les indications déjà données par<br />

le prédécesseur Magani sur des aspects apparemment secondaires, mais fréquents dans les diatribes<br />

<strong>Manfredi</strong> - 105 – G.M. <strong>Conforti</strong>


paroissiales sur les drapeaux et les fanfares musicales à l’église, le chant des chœurs féminins, les<br />

pierres tombales.<br />

On ne pourrait rien dire de particulièrement renouvelé. Mais l’attention catéchétique,<br />

associative et sociale font entrevoir quelques perspectives qui appartiennent à <strong>Conforti</strong> (et beaucoup<br />

moins à Magani) et elles annoncent le synode.<br />

Le synode fut fixé le 8 septembre 1913. Au synode fut dédié la lettre au clergé du 15 février<br />

1914. Observées toutes les procédés nécessaires, le synode même se déroule dans les jours 6-8<br />

octobre 1914, avec les habituelles allocutions dans lesquelles l’évêque, avec le latin classique,<br />

s’adressait à son clergé, qui <strong>com</strong>posait presque la totalité au synode, furent invités quelques<br />

religieux, pour offrir ses indications pastorales.<br />

C’est typique des allocutions d’un évêque pendant le synode exposer toujours une image<br />

normative du clergé, et <strong>Conforti</strong> avec son goût de la bonne tradition pastorale, ne renonce pas à<br />

cette perspective. Les trois allocutions montrent sa conception sur le prêtre : sa « grandeur et<br />

dignité », le soin des âmes, l’esprit d’union avec le Saint-Siège, l’évêque et les autres confrères. La<br />

sublime sainteté du prêtre <strong>com</strong>porte l’aide de Dieu qu’on obtient avec la prière, l’office divin, la<br />

méditation quotidienne et avec la confession hebdomadaire chez un confesseur fixe. <strong>Conforti</strong><br />

exhorte aussi les prêtres à la célébration quotidienne de la messe. La vision du monde dans laquelle<br />

exercer les soins des âmes est négative, mais même ceci appartient au genre littéraire L’évêque<br />

présente une synthétique liste des dangers :<br />

… nous procurons, pour ce que dépend de nous, les errants ne subissent pas les dommages<br />

de la funeste lecture de mauvais livres, des spectacles obscènes, des conférences et des<br />

« conspirantibus » en référence aux ligues rouges et partis socialistes de ceux qui avec un<br />

faux prétexte pour procurer la félicité du peuple, s’engagent avec infamie à déraciner la<br />

foi dans les cœurs. Pour cela sont à promouvoir les œuvres demandées par les nécessités<br />

du temps présent, qui s’appellent Action Catholique.<br />

La pastorale demandait, en plus que la défense aussi sociale des dangers se renferme dans un<br />

schéma très simple : prédication, catéchèse aux enfants, sacrements. Prêcher chaque dimanche,<br />

réaliser les indications qu’on avait présentées sur la catéchèse aux enfants, se rendre disponibles<br />

pour les confessions, proposer la <strong>com</strong>munion fréquente : ceux-ci sont les choix essentiels pastoraux<br />

d’un prêtre dans une paroisse. Pour cela, est nécessaire une culture ajournée il doit la soigner même<br />

celui qui se trouve dans une petite paroisse où apparemment ne sert pas. Il ne manque pas la<br />

troisième allocution dédiée à l’effort d’union, les références au modernisme, en plus que aux<br />

fréquentes controverses entre prêtres que parfois étaient portées au tribunal.<br />

Le texte synodal vrai et propre ne s’éloigne pas, évidemment de la structure de ces productions<br />

normatives. Essayons ici à offrir quelques clés de lecture transversale et quelque soulignement<br />

propre, semblent de <strong>Conforti</strong>.<br />

Le synode du 914 met <strong>com</strong>me normative stable une série d’indications déjà présentes dans les<br />

« avertissements au clergé » de l’année précédente. Par exemple l’obligation de prêcher chaque<br />

dimanche et d’offrir des prédications extraordinaires, chaque cinq ans en ville et chaque quatre ans<br />

dans les villages. Et l’engagement à diffuser en toutes les paroisses de modèle catéchétique pour les<br />

enfants qui avait été élaboré en 1913. Toujours en agrandissant les avertissements du 1903, un<br />

chapitre est dédié à l’associationnisme. On reprend le choix de <strong>Conforti</strong> de diffuser les clubs de la<br />

jeunesse, en chaque paroisse ou au moins entre différentes paroisses. On accueille les normes et les<br />

lignes de Pie X sur la première <strong>com</strong>munion et sur la <strong>com</strong>munion fréquente.<br />

Nous éveille une certaine surprise qu’on dédie aux textes suffisamment consistants à des à des<br />

phénomènes typique de la « belle époque » <strong>com</strong>me la théosophie, l’hypnotisme et le spiritisme. Il<br />

s’agit des modes culturelles qui avaient une certaine diffusion parmi les classes cultivées et<br />

bourgeoises de Parma à l’époque.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 106 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Mais dans le chapitre premier « De Fide », <strong>com</strong>me aussi ailleurs, l’attention se concentre sur<br />

le socialisme, en évitant un approfondissement théorique et en concentrant un contraste de type<br />

pastoral et positif, non seulement politique.<br />

Il y a ensuite différentes références au modernisme, décrit selon les indications des documents<br />

de Pie X. Il est obligatoire pour les prêtres le serment antimoderniste. Le même chapitre sur « De<br />

vita et honestate clericorum » n’est pas loin de la vision traditionnelle d’un clergé séparé, plein de<br />

zèle, et si non exactement dans l’insistance de la prise de distance du modernisme.<br />

Cà et là on voit quelques signes de changement de mentalité, de détachement du lieu<br />

traditionnel avec la culture chrétienne. Par exemple on interdit les funérailles religieuses à ceux qui<br />

sont morts à cause du duel, qui se sont suicidés dont on ne connaît pas s’ils l’ont fait à cause du<br />

déséquilibre mental, des maçons qui ne se sont pas repentis, des pécheurs publiques <strong>com</strong>me ceux<br />

qui vivent dans le concubinage, et des prostituées, des ex<strong>com</strong>muniés et interdits, de ceux qui avaient<br />

refusé en conscience les derniers sacrements et ceux qui demandaient d’être incinérés. Le synode<br />

affirmait ensuite la condamnation des funérailles civiles « crescente, proh, dolor, in dies…<br />

numero ». C’est intéressant le numéro dédié à la période du « féminisme »<br />

La diminution du clergé est appuyée avec quelques indications pour celle qu’aujourd’hui<br />

s’appellerait la pastorale vocationnelle, et avec quelques permissions et adaptations pour permettre<br />

de célébrer les sacrements même dans les paroisses vacantes, à travers l’engagement des curés<br />

voisins. Donc aucune opération structurelle sur les paroisses et la traditionnelle organisation<br />

vicariale, mais un choix de suppléance et provisoire en attendant la reprise du recrutement<br />

ecclésiastique, <strong>com</strong>me dans d’autres moments où on avait expérimenté. Enfin on ne peut pas être<br />

surpris, même pas pour le fait de la dimension missionnaire soit presque absente de la normative<br />

synodale : il s’agissait des statuts d’un diocèse de la chrétienté. Dans le chapitre « De fide »<br />

exactement au <strong>com</strong>mencement du document, on proposaient les œuvres de la Sainte Enfance et de<br />

la Propagation de la foi.<br />

Il est toujours utile de s’arrêter sur les cas reservés pour l’absolution de la part de l’évêque. Leur<br />

évolution montre les situations que d’une époque à l’autre on voulait dans une façon particulière<br />

endiguer et déraciner. Les cas réservés dans le synode du 1904 sont quatre : l’inceste ; l’exploitation<br />

de la prostitution ; le péché de luxure avec une fille spirituelle ; le sabotage ; c’est-à-dire les<br />

dédommagements dolosifs causés à des établissements, vignes, les arbres et fruits analogues. Au<br />

sujet des cas du synode de Villa, que nous avons vu en haut, <strong>Conforti</strong> avait peu avant publié de<br />

nouveau, on voit une précise simplification. Sont tombées quelques considérations des vices peutêtre<br />

liés à une société agricole-pastorale désormais finie, mais reste l’intervention contre certains<br />

actes d’une particulière gravité même aussi du point de vue de l’image du clergé et de deux<br />

« blessures » diffusées au temps de <strong>Conforti</strong> : la prostitution avec une majeure spécification vis-àvis<br />

du synode précédent, tous les actes des dédommagements qui étaient une des menaces majeures<br />

que quelques groupes extrémistes pouvaient adresser aux métayers et aux petits propriétaires. En<br />

d’autres termes : l’incendie des maisons et immeubles, la coupure des vignes, le dédommagement<br />

des machines agricoles.<br />

Le synode de Parma s’est déroulé dans une époque dans laquelle le phénomène synodal était en<br />

baisse, à cause d’un motif très évident : les évêques avaient reçu non seulement la nouvelle, mais<br />

aussi quelques ébauches du nouveau code du droit canonique, le premier, <strong>com</strong>me on connaît dans<br />

l’histoire de l’église. Les consultations des évêques se sont déroulées en 1912 et la même année du<br />

1914. Pourtant beaucoup de prélats, mais non <strong>Conforti</strong>, ont retenu utile attendre la publication<br />

définitive du code pour convoquer le synode. Tandis que <strong>Conforti</strong> a du annuler quelques normes<br />

désormais inutiles ou annuler après l’entrée en vigueur du code du 1917.<br />

Son premier synode se place exactement et d’une façon convaincue dans la tradition juridique et<br />

pastorale suivie au Concile de Trento dans la configuration dévotionnelle du XIX siècle et dans les<br />

propositions de Pie X. <strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me la totalité, de ses confrères évêques italiens, ne se place pas<br />

sur le champ des changements substantiels des structures, mais propose de nouveau le modèle<br />

consolidé d’église et de la pastorale, avec une fidélité convaincue et attention particulière à la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 107 – G.M. <strong>Conforti</strong>


catéchèse et à la formation . Ne lui manque pas, de toute façon, la capacité d’individualiser des<br />

ferments de nouveauté et dangers diffusés du socialisme et spiritualisme anglo-français au<br />

<strong>com</strong>mencement du XIX siècle.<br />

LES DECISIONS SUR LES CONFRERIES ET SUR LE « CONSORZIO » : CRISE<br />

ECONOMIQUE DU DIOCESE<br />

A lire la succession des dates de quelques décisions des tribunaux transcrites et publiées sur<br />

« L’éco de la curie », on est surpris de la fréquence et de la proximité des dates : le 27 janvier 1911<br />

vient promulguée une décision pour la vieille question du Consorzio des vivants et des morts ; peu<br />

après (le 13 février) une autre décision sur le contentieux entre la confrérie du Saint Sacrement de la<br />

cathédrale et la Congrégation de la charité ; le 28 juin 1912 une autre décision sur le « Consorzio »<br />

en septembre successif, une autre sentence sur la cause entre l’œuvre paroissiale de Colorno et la<br />

Congrégation municipale de la petite ville, enfin en 1913 un décision du Conseil d’état sur les<br />

confréries de Parma.<br />

Il s’agissait des ultérieures séquelles causées par les lointaines « lois éversives de l’axe<br />

ecclésiastique » du 1866 -67, qui privaient des biens tous les organismes ecclésiastiques qui<br />

n’étaient pas des paroisses, menses capitulaires, épiscopales et séminaires (pour ces derniers trois<br />

organismes avec une lourde diminution des prix du 30%) Ainsi que les effets de la loi Crispi sur les<br />

œuvres pieuses du 1890 qui veulent frapper durement les organismes de bienfaisance ecclésiastique,<br />

en plus mettre dans les mains de l’Etat toute l’assistance sociale. A Parma et Colorno, puis, la<br />

municipalité était depuis des années conduite par la majorité de gauche et fortement anticléricale<br />

malgré Giovanni Mariotti, historique maire de Parma du 1889 au 1914, il était un catholique<br />

pratiquant (mais seulement dans la paroisse où il avait la résidence à la campagne) Les hospices<br />

civiles, la Congrégation de la charité du chef lieu et la correspondante institution de Colorno, guidés<br />

par des assesseurs et d’autres figures d’adhérents aux partis anticléricaux, lorsque on reconnaît la<br />

possibilité, réclamaient des propriétés qui en quelque sorte étaient restées aux confréries ecclésiales.<br />

La plus importante était sûrement la confrérie cléricale appelée le Consozio des vivants et des<br />

morts, dont on avait déjà parlé dans le deuxième chapitre.<br />

Mais pourquoi toutes ces sentences ont été promulguées en cette période Probablement une<br />

cause de cette accélération des sentences, toutes contraires aux requêtes des organismes<br />

ecclésiastiques est du au rapport du gouvernement de Luigi Luzzatti, qui resta presque un an, de<br />

mars 1910 au mars 1911, et surtout du « grand ministre Giolitti » (30 mars 1911 – 21 mars 1914)<br />

qui avait viré à gauche, en essayant de greffier dans le gouvernement les socialistes (qui ne sont pas<br />

entrés mais ils l’ont appuyé de l’extérieur) et en insérant surtout les radicaux. Le Ministre de la<br />

justice était Camillo Finocchiaro Aprile. Ces choix politiques romains ont influencé suffisamment<br />

et concrètement sur l’orientation de la magistrature. En effet, en ces années, aux différents niveaux<br />

de gauche, socialiste et non, il avait fait entendre son poids dans le cadre social et culturel.<br />

La séquence des sentences présentées en haut, terminait par liquider les dernières ressources<br />

économiques et structurelles de différentes glorieuses institutions ecclésiales. En plus déférentes<br />

églises et oratoires de propriété des confréries ont été fermés, et on insère ici la question du célèbre<br />

Crucifix de l’oratoire de la Pace, dont on avait parlé dans le premier chapitre. Comme beaucoup<br />

d’autres ornements sacrés, la sculpture était placée dans un des oratoires de la ville, qui avait été<br />

transformé dans un débarras. Mais la conséquence plus grave fut la fin d’un ensemble de revenus,<br />

pas beaucoup, mais certainement alimentaient la vie quotidienne d’un certain nombre de prêtres de<br />

la ville. Aumôniers des confréries et « consortiels » étaient un monde des prêtres de différent<br />

genres. Il y avait des prêtres déjà âgés ou bien ils n’étaient pas aptes au soin pastoral paroissial mais<br />

de toute façon ils pouvaient vivre encore avec dignité et ac<strong>com</strong>plissant beaucoup de services de<br />

culte, souvent dans des lieux d’une certaine importance pour les habitudes religieuses des habitants<br />

de Parma. Il y avait ceux qui travaillaient à la curie diocésaine ou à l’enseignement, qui ne<br />

pouvaient pas être maintenus par le séminaire ou l’éveché avec des pauvres bénéfices laissés après<br />

<strong>Manfredi</strong> - 108 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’orage des lois éversives. La situation économique du clergé de la ville et de la curie avait eu une<br />

secousse importante : et même <strong>Conforti</strong> en parle dans sa correspondance. Et naturellement a valu<br />

très peu la protestation officielle contre les différentes sentences, imprimées sur le bulletin<br />

diocésain. L’affaire du Consorzio, donc, n’était pas clôturée définitivement : il se réalisera après<br />

quinze ans, en travaillant encore le « petit monde » du clergé de Parma.<br />

A <strong>com</strong>pliquer ultérieurement la situation, et cette fois avec des réflexes sur la personne et la<br />

figure de l’évêque, fut la question de la Caisse centrale des Caisses rurales catholiques. En 1896<br />

avait été placé à Parma, grâce à l’activité de Giuseppe Micheli, le siège de la Caisse centrale des<br />

Casses rurales, nées en ces années du mouvement social catholique. La caisse avait attiré les intérêts<br />

de la finance citadine, et en particulier de Luigi Lusignani, maçonnique de droite et maire de Parma<br />

pendant une brève parenthèse, qui n’était pas de gauche (1906-1910) Dans la première décennie du<br />

XIX siècle la Caisse centrale catholique était administrée par Angelo Piva, avocat et beau-frère de<br />

<strong>Conforti</strong>. Pendant qu’il était archevêque de Ravenna, <strong>Conforti</strong> s’était parfois appuyé à son beaufrère<br />

Piva soit pour les interventions de différents créanciers et représentants du monde financier de<br />

la Romagna, soit pour quelques prêts. Luigi Lusignani a du démissionner <strong>com</strong>me maire à cause<br />

d’un scandale administratif. En 1912 la Caisse est tombée fortement en crise. La question plus<br />

qu’être un ultérieur coup économique pour quelques organismes ecclésiastiques, se réfléchissaient<br />

sur la personne de l’évêque et sur sa famille. <strong>Conforti</strong> était évidemment sans aucune responsabilité<br />

sur les questions économiques, et ses rapports avec Piva ont subi un total refroidissement.<br />

Le diocèse de Parma était un de plus pauvres de l’Emilia, du point de vue des entrées<br />

économiques. La crise suivie par l’acquittement des revenus du « Consorzio » des confréries et le<br />

détachement de la Caisse centrale de la réalité diocésaine mettaient en difficulté la dignité de la vie<br />

du clergé, non seulement de la ville. Dans un chapitre spécial on approfondira le trend numérique<br />

du clergé et sa capacité de couvrir le vaste territoire diocésain. On peut pour le moment indiquer<br />

qu’après les années de croissance du nombre de prêtres, pendant l’épiscopat de Magani, à<br />

détriment, au moins en partie de la qualité, en cette période on <strong>com</strong>mence à entrevoir une phase de<br />

régression et une nouvelle croissance du numéro des paroisses sans le curé. Le motif économique<br />

n’est pas l’unique ni le principal, mais de toute façon, sur la longue période, ne manque pas<br />

d’influence.<br />

<strong>Conforti</strong> a du faire face à de ultérieures questions en pleine période 1911-1913 avec les<br />

périodiques polémiques sur le modernisme de quelques jeunes prêtres. Certainement il ne s’est pas<br />

trouvé à quoi faire avec les jeux <strong>com</strong>pliqués du pouvoir du clergé « byzantin » de Ravenna, toutes<br />

fentes intérieures très douloureuses. En réalité, il semblerait que la plus grande majorité du clergé<br />

de Parma accueille avec cordialité les indications de <strong>Conforti</strong>, ou au moins est un <strong>com</strong>portement<br />

d’unité substantielle intérieure et de respect, sinon une affection, pour son évêque. En ce sens la<br />

visite pastorale avait mis en <strong>com</strong>munication directe <strong>Conforti</strong> et les prêtres éparpillés à travers le<br />

diocèse, en contribuant à l’estime réciproque. En plus, <strong>Conforti</strong> même avait presque immédiatement<br />

cherché de diminuer les motifs de tension. Par exemple, on avait mitigé, très tôt, les difficiles<br />

dispositions de Magani au sujet des danses publiques pendant la kermesse que, même avec toutes<br />

les bonnes intentions, terminaient pour devenir croix jetée sur le dos des curés. Nous indiquons ici<br />

même le fait que <strong>Conforti</strong> avait choisi de suspendre les aspects contentieux de Magani contre<br />

quelques représentants du clergé. Ces choix, très concrets, sûrement ont créé un climat positif à<br />

l’intérieur du clergé, sans annuler <strong>com</strong>plètement les problèmes.<br />

TENTATIFS DE REPRISE DU MOUVEMENT CATHOLIQUE<br />

Les dernières années du gouvernement de Magani coïncidaient avec un moment d’une grande<br />

crise du mouvement catholique italien. La tension entre « vieux » intransigeants, liée aux<br />

revendications du pouvoir temporel du pape, et « jeunes » projetés à faire du mouvement catholique<br />

une réalité capable de graver au niveau social et aussi politique dans les changements en cours,<br />

avaient porté à la dissolution de l’œuvre des Congrès, organisation de coordination des associations<br />

<strong>Manfredi</strong> - 109 – G.M. <strong>Conforti</strong>


du mouvement catholique. Au même temps à Parma le groupe des « jeunes » avait trouvé dans<br />

l’école de religion dirigée par les salésiens une pépinière importante et en Giuseppe Micheli le<br />

leader indiscuté et l’organisateur surtout sur les Apennins. Et s’est vraiment sur la montagne que<br />

Giuseppe Micheli sera élu pour la première fois député, dans les élections remplacées du 1909 pour<br />

être après confirmé en 1909, avec une dérogation, en ce temps exceptionnelle, au non expedit.<br />

En cette même année, Pie X avec l’encyclique « Il fermo proposito » avait réorganisé l’action<br />

catholique. Dans chaque diocèse devait exister l’Union Populaire pour l’aspect culturel et formatif,<br />

l’Union Economique Sociale qui intégrait les caisses rurales, coopératives et d’autres initiatives<br />

économiques, l’Union Electorale pour coordonner les efforts pendant les élections administratives.<br />

Il continuait en reprenant sa traditionnelle autonomie maintenant fidèle depuis presque 40 ans la<br />

société de la jeunesse catholique. Ces quatre organisations devaient être coordonnées par une<br />

direction diocésaine, sous le strict contrôle de l’évêque.<br />

A Parma le rangement de l’action catholique s’insérait sur la lutte ouverte entre Magani et<br />

Micheli. En cette situation de tension et de stalle, Magani avait nommé en 1907 la direction<br />

diocésaine, en mettant <strong>com</strong>me responsable le <strong>com</strong>te Giuseppe Boselli, le dernier responsable de la<br />

tradition catholique – bourbonne de la haute société de Parma. Fut nommé <strong>com</strong>me assistant le<br />

recteur du séminaire, l’abbé Luigi Leoni. En effet la direction diocésaine n’a pas fonctionné, aussi à<br />

cause de la mort de Magani et les successives vicissitudes de la grève agraire. Grâce au rôle de<br />

Micheli et des traditions consolidées, seulement les réalités économiques sociales, en particulier les<br />

caisses rurales, maintenaient une structure et une diffusion sur le territoire.<br />

Dans la première lettre pastorale, <strong>Conforti</strong> dédie un paragraphe à l’action catholique :<br />

Et je ne me confie pas moins dans l’œuvre de ces catholiques militants, qui unis dans une<br />

ligue sainte avec l’imprimerie, la parole, les associations différentes et avec tous les<br />

moyens, voulus par les nouveaux temps, travaillent pour le triomphe de la bonne cause en<br />

opposant leur action à l’action délétère de ceux qui, avec la prétention d’améliorer la<br />

condition matérielle du pauvre peuple, cherchent de leur enlever la foi des ancêtres et<br />

bouleverser après l’ordre social entier. Pour tous ces ouvriers de la dernière heure, venus<br />

en aide à l’église de Dieu, j’ai une parole de louange avec l’encouragement à continuer<br />

dans les saintes luttes pour la religion et pour le peuple, toujours unis et concordes, même<br />

avec quelques sacrifices de propres vues individuelles, une chose indispensable pour la<br />

bonne réussite de n’importe quelle grande entreprise, confiée à la coopération de<br />

beaucoup.<br />

Il s’agit des paroles qui appartiennent au genre littéraire de la première lettre pastorale. Mais audelà<br />

du ton de circonstance on peut apercevoir quelques soulignements qui étaient dans l’intention<br />

de <strong>Conforti</strong>. Avant tout la réévaluation du laïcat avec un rôle important dans la société. Puis<br />

l’attention aux mouvements culturels et politiques qui se reconduisaient aux agitations socialistes et<br />

extrémistes, et qu’ils poussaient à un détachement de la pratique religieuse. Encore,<br />

l’encouragement à avancer, sous-entendu, un engagement de l’évêque à soutenir l’action. Enfin,<br />

l’appel à la concorde, après des années des accrochages et des luttes internes.<br />

Ces paroles avaient besoin des épreuves, et elles en ont eu très tôt par <strong>Conforti</strong>. En automne<br />

1908, <strong>com</strong>me on disait, avait été annoncé un congrès sur les associationiste et il fut dans le contexte<br />

qu’il insistait pour faire repartir l’organisation des clubs des jeunes. En 1909 il réorganisait la<br />

direction diocésaine, en lui donnant un nouveau statut et surtout en introduisant un secrétariat<br />

général qui avait la fonction du bureau du travail, la réalisation d’une ancienne et jamais concrétisée<br />

proposition. A la présidence de la direction diocésaine de laquelle avait démissionné le conte<br />

Boselli, malgré le désir de <strong>Conforti</strong> pour une prudente continuité, fut nommé Giovanni Broli,<br />

<strong>com</strong>me secrétaire régulièrement salarié, fut choisi le jeune Francesco Fontana.<br />

Peu de mois ont été suffisants pour revoir la crise : en septembre 1909, on avait eu une série<br />

des tensions entre la direction et le secrétariat. Le président Broli démissionnait. Alors <strong>Conforti</strong> en<br />

<strong>Manfredi</strong> - 110 – G.M. <strong>Conforti</strong>


décembre 1909 renvoyait Fontana et clôturait l’hebdomadaire catholique, il Giornale del popolo.<br />

Malgré l’engagement de <strong>Conforti</strong>, l’histoire précédente n’était pas encore clôturée et le mettait en<br />

évidence les résistances de l’innovation les vieilles rancunes des personnalismes. Probablement,<br />

<strong>com</strong>me présente une hypothèse l’érudit Paolo Trionfini, on n’avait pas réussi à trouver deux rôles<br />

harmonieux à la direction (faite par des volontaires) et au secrétariat (avec un professionnel<br />

engagé). Le choix de <strong>Conforti</strong> fut absolument et à l’avant-garde, mais probablement dans le<br />

contexte il n’y avait pas encore les conditions pour le rendre possible.<br />

L’intervention radicale de <strong>Conforti</strong> voulait être une tentative pour faire repartir le<br />

mouvement catholique. Un jeune prêtre, qui était élève de <strong>Conforti</strong> à la Maison mère, l’abbé<br />

Giovanni Del Monte, dont on avait déjà parlé en haut, fut placé responsable du secrétariat. Mais la<br />

situation du mouvement catholique, <strong>com</strong>me des clubs de la jeunesse est resté stagné encore pour<br />

plus de deux ans. En septembre 1912, <strong>Conforti</strong> fait convoquer une réunion diocésaine à<br />

Fontanellato, ouverte à la Fédération juvénile, à l’Union électorale et à la Fédération économiquesociale.<br />

L’évêque intervient personnellement avec un discours sur l’école, l’idée est celle de faire<br />

repartir l’organisation diocésaine.<br />

Mais en octobre 1913, le « grand ministère » présidé par Giolitti, et signalement <strong>com</strong>me on a<br />

vu, à gauche, après une période de usure établit de nouvelles élections, avec un suffrage presque<br />

universel (même si exclusivement masculin) avec boycottage et donc avec beaucoup de chance<br />

pour les socialistes. Les temps étaient désormais murs pour un tournant de l’engagement des<br />

catholiques avec Pie X, l’observance rigide de « non expedit » avait été plusieurs fois diminuée<br />

avec des dérogations qui avaient porté à l’élection d’une petite mais désormais belliqueuse et<br />

experte patrouille des députés catholiques, dont Giuseppe Micheli. Le mouvement catholique était<br />

très loin pour réussir à constituer une organisation des partis, et probablement les hiérarchies mêmes<br />

ne voulaient pas arriver à cela. Mais l’Union électorale catholique et ici avait montré de pouvoir<br />

être décisif surtout dans les ballottages. Ainsi le président national de l’Union électorale, le <strong>com</strong>pte<br />

Ottorino Gentiloni, était arrivé à une entente avec Giolitti : les députés libéraux, « giolittiani » e t<br />

non, pouvaient signer des accords avec les <strong>com</strong>ités catholiques de leurs collèges, dans lesquels ils<br />

s’engageaient à voter contre les lois particulièrement désagréables au monde catholique, par<br />

exemple les propositions pour le divorce en circulation en ces années. Le « pacte de Gentiloni »<br />

avait ratifié la fin du « non expedit », dont le diocèse de Parma avait donné un caractère officiel<br />

immédiatement. Tandis que sur la montagne était sùr le succès de Micheli, dans d’autres collèges<br />

citadins la situation était bien plus inquiète et <strong>Conforti</strong> a du intervenir.<br />

Ces vicissitudes ouvraient une nouvelle perspective d’intervention politique, en ce moment<br />

encore entrevu. Cependant ce fut probablement l’expérience d’octobre 1913 à mettre à l’ordre du<br />

jour la question de l’organisation laïque catholique. En décembre de cette année fut reconstruite la<br />

direction diocésaine et son secrétariat général, à laquelle fut confirmé encore l’abbé Del Monte,<br />

tandis que Lorenzo Canali, un des amis de Micheli depuis le temps de l’école de religion, est<br />

devenu président diocésain. Le synode même avait prescrit la fondation de l’Union populaire dans<br />

chaque paroisse. Mais en se vidant de la <strong>com</strong>posante juvénile de la population pendant la guerre<br />

mondiale avait porté à une ultérieure battue d’arrêt : le même abbé Giovanni Del Monte fut<br />

mobilisé aux armes et il est parti <strong>com</strong>me aumônier militaire.<br />

Nous indiquons ici la naissance à Parma de l’Union des femmes catholiques, en liaison avec<br />

l’organisation nationale promue par Pie X en 1909. A Parma les associations catholiques des<br />

femmes avaient une certaine tradition. En 1910 l’Union des femmes voyait la présence des figures<br />

de la haute société, signalement typique de l’ex capitale ducale : de la <strong>com</strong>tesse Giuseppina<br />

Magawly Crispoldi et de la <strong>com</strong>tesse Luise Calvi, la marquise Camilla Pallavicino. <strong>Conforti</strong> avait<br />

nommé <strong>com</strong>me assistant de l’Union son secrétaire, l’abbé Guglielmo Ceretoli, signe important<br />

d’intérêt et de proximité<br />

Peut-être que plus d’autres domaines, dans la question du mouvement catholique à Parma<br />

émerge l’essai de <strong>Conforti</strong> de créer un nouvel équilibre sans déchirures avec le passé. Cependant, ce<br />

projet était destiné à un initial échec. Soit à cause de très fortes et anciennes tensions qu’on ne<br />

<strong>Manfredi</strong> - 111 – G.M. <strong>Conforti</strong>


pouvait pas résoudre en peu de temps. Soit à cause de l’inquiète situation nationale, en pleine<br />

transition : n’oublions pas que le pacte Gentiloni avait suscité des polémiques dans le domaine laïc,<br />

mais aussi dans le monde catholique. Soit, plus profondément, car ne pouvaient pas encore être<br />

surmontés quelques graves problèmes <strong>com</strong>me : l’autonomie du laïcat vis-à-vis de l’évêque et du<br />

clergé ; la présence des opérateurs professionnels ; les choix politiques d’alliance et de négociation<br />

sur des thèmes moralement importants, soit beaucoup concrets au sujet de l’administrations d’une<br />

ville ou d’un territoire ; la distinction entre mouvement catholique de formation et culture et les<br />

choix politiques. Encore une fois, <strong>Conforti</strong> avait essayé de mettre de nouvelles bases, surtout en<br />

individualisant des personnes de confiance, selon son style qu’en autonomie et dialogue avec<br />

l’évêque ont cherché des chemins possibles. Pour le monde socio-politique son homme sera surtout<br />

Giovanni Micheli.<br />

CONFORTI ET LES XAVERIENS<br />

Pendant les premières années de l’épiscopat de <strong>Conforti</strong>, était en cours une série des<br />

développements preparés et <strong>com</strong>mencés peu avant au Campo di Marte. Etait en train de naître en<br />

Chine la préfecture apostolique, avec toutes les controverses avec les missionnaires de San<br />

Calogero au sujet de la définition des frontières et le « partage » des structures de l’Henan. Les<br />

contacts avec l’Association italienne pour secourir les missionnaires catholiques italiens avaient<br />

porté une abondante offrande dans les caisses de l’institut, et avaient permis au père Calza et aux<br />

autres de bouger avec plus de certitude.<br />

Le nombre des missionnaires xavériens pour la grande mission chinoise, n’était pas vraiment<br />

très élevé, même si agrandi par l’expédition de Janvier 1907 avec Vincenzo Dagnino et Disma<br />

Guareschi. En juillet 1908, le plein de promesses Dagnino mourait soudain. Mais <strong>Conforti</strong> faisait<br />

des projets d’un plus grand souffle qui ne pouvaient qu’impliquer la Maison mère et l’arrangement<br />

de l’Institut. Ainsi en juillet 1908, il écrivait à Calza :<br />

Et maintenant pour votre réconfort et des confrères, je vous dirai que je pense déjà à<br />

substituer celui qui fut appelé à meilleure vie, et avant la fin de cette année partiront pour<br />

la Chine deux nouveaux missionnaires. Ils sont Di Natale et Pucci que j’ai déjà ordonnés<br />

sous diacres et que avant le prochain septembre ils seront ordonnés prêtres. Je dois vous<br />

dire, au même temps, que je suis obligé à demander à cette préfecture apostolique un<br />

grand sacrifice. J’ai réfléchi beaucoup avant de prendre cette décision, mais je ne peux pas<br />

ne pas le faire. Après une longue réflexion j’ai décidé de nommer mon pro vicaire général<br />

l’abbé Ormisda, qu’après il viendra habiter avec moi à l’éveché afin qu’il puisse mieux<br />

m’aider dans le gouvernement difficile du diocèse. Mais <strong>com</strong>ment pourvoir à la direction<br />

de notre Institut Voilà, j’ai décidé d’appeler à Parma le Père Bonardi et lui confier<br />

l’important ministère.<br />

Deux nouveaux missionnaires étaient prêts à partir, mais pour un arrangement régulier de la<br />

Maison mère et de la congrégation il faisait <strong>com</strong>mencer à penser à un personnel exclusivement<br />

interne. Après, maintenant <strong>Conforti</strong> avait besoin de l’abbé Ormisda Pellegri pour le diocèse. Le sien<br />

était un projet d’une longue période : avoir des supérieurs et enseignants exclusivement xavériens,<br />

avec une expérience de mission pour former de vrais missionnaires soit dans les <strong>com</strong>pétences que<br />

dans la motivation spirituelle. Mais soit Calza que Bonardi ont présenté leurs difficultés devant<br />

cette demande. <strong>Conforti</strong> acceptait de suspendre d’appeler en Italie Bonardi, et au même temps les<br />

pères Corrado di Natale et Francesco Saverio Pucci avaient <strong>com</strong>mencé le voyage pour la Chine.<br />

Après quelques semaines, pourtant même le p. Corrado fut victime du climat et des privations de la<br />

mission : était le 26 juillet 1909.<br />

Les temps de Rome en général sont éternels. Ne fut pas ainsi pour le passage de la<br />

préfecture apostolique avec <strong>com</strong>me supérieur un prêtre missionnaire, à vicariat apostolique avec<br />

<strong>Manfredi</strong> - 112 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>com</strong>me supérieur un évêque. Le premier signe de ces pourparlers nous l’avons dans une lettre de<br />

<strong>Conforti</strong> du 6 avril 1910 à Luigi Calza. Au même temps il annonçait la reprise par des pourparlers<br />

pour la reconnaissance des règles de l’institut. Le jour après, le 7 avril, sont partis pour la Chine les<br />

pères Assuero Bassi et Stefano Chieli, tous les deux d’origine de la Toscana. Le développement de<br />

la mission chinoise procédait très bien et on attendait seulement la décision romaine, qui est arrivée<br />

en 1911, avec le décret, le 21 avril. Mais déjà en octobre précédent, <strong>Conforti</strong> avait du mettre en acte<br />

le rappel de P. Bonardi, et il avait demandé le retour en Italie du P. Sartori : l’abbé Ormisda à cause<br />

des motifs « familiaux », avait demandé la révocation du ministère de recteur de Campo di Marte, et<br />

il fallait trouver aussi le père spirituel, car l’abbé Pietro Ponzi était mort.<br />

Giovanni Bonardi et Antonio Sartori, parmi les pionniers de la mission de l’Hernan, sont<br />

rentrés en Italie presque au même temps que le décret de constitution du vicariat apostolique. En ces<br />

mois était encore en cours la consultation parmi les missionnaires pour les trois noms à présenter à<br />

Propaganda Fide, et que en août 1911 fut remise au ministère. Le plus voté parmi les trois fut le<br />

père Calza, il fut nommé vicaire apostolique le 13 septembre 1911. Ces dernières vicissitudes sont<br />

réalisées au même temps que les moments très difficiles le cruel s’est à cause des polémiques du<br />

« groupe des pretres » (peut-etre seulement l’abbé Sante Seta) filo-moderniste. Peut-être c’est la<br />

bonne nouvelle de la constitution du vicariat apostolique et de la nomination de Calza que <strong>Conforti</strong><br />

a pu avoir un certain réconfort spirituel et aussi psychologique. On n’oublie pas que en ces mêmes<br />

semaines un autre ministère du Vatican, la Consistoriale de De Loi, demandait avec des mots<br />

péremptoires, des éclaircissements sur la situation du diocèse et du séminaire. Les choix de<br />

Propaganda disaient que chez le Saint-Siège et le pape n’était pas diminué la confiance. Maintenant<br />

<strong>Conforti</strong> pouvait disposer de la présence et de la collaboration de deux parmi ses premiers élèves<br />

missionnaires. En ce cadre, aussi à cause de l’abandon « pour des motifs familiaux » ( ou, dans un<br />

autre texte, « pour différents motifs ») de l’abbé Pellegri, <strong>Conforti</strong> avait choisi de procéder à la<br />

suspension des écoles autonomes à Campo di Marte, <strong>com</strong>me on avait vu en haut. La garantie<br />

formative interne portée par Bonardi et Sartori permettait d’accéder sans problèmes aux écoles du<br />

clergé séculier. Plus avant, avec plus de missionnaires, on aurait pu reprendre les cours internes.<br />

Au même temps en Chine explosait la révolution des jeunes chinois qui portera en 1912, à la<br />

proclamation de la république et à la fondation du Kuomintang. L’inquiétude politique-militaire<br />

avait ralenti aussi le retour en Italie de Calza, qui a pu arriver à Parma en printemps et il fut<br />

consacré évêque le 21 avril 1912 par <strong>Conforti</strong> à la cathédrale.<br />

L’afflux des jeunes à la Maison mère et l’envoi des missionnaires vers la Chine semblaient<br />

procéder avec régularité, même si les nombres étaient de quelques unités, chaque année. Les<br />

préoccupations du diocèse, même si maintenant la visite pastorale était en train de se conclure, ne<br />

manquaient pas. On pourrait panser que <strong>Conforti</strong> aurait pu décider de gérer l’existent qu’ avec la<br />

collaboration des personnes de confiance. Tandis que le 7 octobre 1913, même ici après un été des<br />

polémiques et suspects modernistes, le fondateur décidait qui était venu le moment de fonder une<br />

école apostolique, c’est-à-dire une espèce de petit séminaire pour préparer de loin les futurs<br />

missionnaires. Avec quelles ressources humaines et structurelles <strong>Conforti</strong> avait déduit de<br />

l’expérience que l’école ne devait pas être à Parma, autrement, on aurait eu le risque de premiers<br />

temps, celui d’un « séminaire d’escorte » pour le diocèse de Parma, qui avait aussi besoin des<br />

prêtres. Un territoire apte pouvait être le Veneto, riche de vocations et aussi de pauvreté : se trace<br />

aussi le projet de l’école apostolique de Vicenza, deuxième fondation italienne de l’institut, qui<br />

<strong>com</strong>mencera en automne 1919.<br />

Au même temps, l’institut devait gérer une fois de plus la controverse avec les missionnaires<br />

de la Lombardie. L’Association italienne pour le soutien aux missionnaires avait voulu fonder un<br />

hôpital, <strong>com</strong>plètement financé par l’Italie, à Zhumadian (à l’époque on écrivait « Ciumatien ») qui<br />

se trouvait dans le territoire de l’Henan méridionale, sous la juridiction des missionnaires du futur<br />

PIME. Mais les controverses avec les pères de Milano poussaient l’Association à demander que le<br />

soin pastoral de l’hôpital puisse être confié aux xavériens. La controverse continua du 1912<br />

jusqu’en 1915 : à la fin, les missionnaires de San Calogero ont acheté l’hôpital de Zhumadien et<br />

<strong>Manfredi</strong> - 113 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’Association avait investi l’argent récupéré sur un nouvel hôpital, sous, le protectorat Italien, à<br />

Ahengzhou, c’est-à-dire dans le siège du vicariat xavérien de l’Henan occidental.<br />

Ces controverses montrent la grande audace mais aussi la capacité de médiation de <strong>Conforti</strong>,<br />

qui était considéré <strong>com</strong>me un homme de confiance soit par Propaganda fide, soit par Schiaparelli et<br />

de l’Association pour les missionnaires, soit <strong>com</strong>me on voit dans les documents de l’affaire de<br />

l’hôpital, par l’ambassade italienne en Chine dont l’ambassadeur était le <strong>com</strong>te Carlo Sforza, qui<br />

sera après, le ministre des Affaires étrangères. Malgré l’engagement demandé au diocèse, dont<br />

<strong>Conforti</strong> fut toujours fidèle, son soin pour l’institution qu’il avait fondée, était continuel et avec une<br />

capacité prospective vraiment intéressant surtout en vue d’une bonne gestion, conduite par des<br />

personnes de confiance internes à la congrégation religieuse. Le futur lui donnera raison, en pensant<br />

en particulier à l’école apostolique de Vicenza.<br />

Au même temps ne maquaient pas les tensions avec Milano, <strong>com</strong>me on avait vu dans le<br />

chapitre précédent, dans le cadre typique de la rivalité entre instituts missionnaires voisins.<br />

Cependant, envers San Calogero <strong>Conforti</strong> n’avait jamais perdu l’estime, et aussi le désir d’entente<br />

reconnue par les mêmes missionnaires lombards, tandis que Calza essayait toujours d’accentuer les<br />

tons. Les bons rapports envers le PIME, malgré les controverses, seront à la base de l’entente entre<br />

<strong>Conforti</strong> et le père Manna, en vue de la naissance de l’Union missionnaire du clergé.<br />

POUR UNE SYNTHESE<br />

Ces premières années d’épiscopat de <strong>Conforti</strong> à Parma, montrent quelques initiales décisions<br />

mais surtout une remarquable prudence du nouvel évêque. Probablement, en rappelant la période<br />

des premiers mois de Magani, dans lesquels <strong>Conforti</strong> avait vécu dans sa propre personne les<br />

tensions qu’en effet avaient <strong>com</strong>promises l’évêque de Pavia devant les yeux de son clergé, le<br />

nouveau prélat veut éviter de faux pas ou déchirures trop violentes. Cela ne signifie pas qu’il ne<br />

cueillit pas les aspects urgents et n’ait pas le courage d’actualiser les décisions nécessaires.<br />

Probablement lui-même avait fait son programme d’action où il intervenait sur les rotules vitales du<br />

diocèse, <strong>com</strong>me la curie et le séminaire, en renvoyant l’autre intervention à la fin de la visite<br />

pastorale. L’explosion de la question moderniste en toute l’Italie, et à Parma, le phénomène des<br />

défections entre le clergé, parfois ont accéléré les gestes de <strong>Conforti</strong>, et souvent ont confirmé les<br />

intuitions.<br />

Le nouvel évêque montre, dans sa ville de Parma, une intéressante capacité de gérer et,<br />

disons ainsi refroidir les tensions allumées par son prédécesseur surtout entre le clergé. Au moins<br />

publiquement, et en faisant abstraction d’éclatants cas de l’abbé Seta et de premiers prêtres<br />

« apostats », diatribes et collisions entre prêtres semblent diminuer dans un temps brève . Brève, ici<br />

et là il y a des symptômes de vieilles blessures et inquiétudes, que <strong>Conforti</strong> en grande partie pourra<br />

récupérer dans les successives périodes. Les premières années de l’épiscopat à Parma de <strong>Conforti</strong><br />

sont contemporaines à une phase délicate de l’évolution du mouvement social catholique en Italie.<br />

Le nouvel évêque ne doit pas affronter seulement une restructuration formelle de l’organisation<br />

dans son diocèse, mais il se trouve à avoir agi d’un côté avec la figure émergente de Giuseppe<br />

Micheli, et de l’autre côté avec la Chambre du travail de Parma, devenue l’avant-garde de<br />

l’extrémisme de gauche. Micheli, exactement dans un collège de la montagne de Parma, sera élu<br />

député, pendant un des premiers moments de la sortie de l’interdiction du pape de participer aux<br />

élections politiques. Les syndicalistes révolutionnaires, par contre, provoquaient une telle<br />

polarisation dans le cadre social et politique de la province en obligeant les catholiques à se mettre<br />

du côté de l’association agraire. <strong>Conforti</strong> devra donc ac<strong>com</strong>plir une fatigue <strong>com</strong>pliquée de<br />

distinction entre Action Catholique et le mouvement directement politique de Micheli, entre la<br />

réalité ecclésiale et les oppositions civiles. Sa position est effectivement équilibrée et capable<br />

d’éviter les <strong>com</strong>mistions, mais les tensions de la période ne permettaient pas aux « adversaires » de<br />

<strong>com</strong>prendre son inspiration religieuse et non politique, et aux catholiques d’accueillir et de réaliser<br />

immédiatement ses décisions au niveau de l’organisation. Ce sont les années d’un difficile<br />

<strong>Manfredi</strong> - 114 – G.M. <strong>Conforti</strong>


apprentissage pour le nouvel archevêque-évêque, cependant à Parma et dans la congrégation,<br />

<strong>Conforti</strong> peut <strong>com</strong>pter sur des personnes de confiance.<br />

Comme on disait, doit encore être étudié le matériel de la première visite pastorale, en<br />

particulier les réponses des curés au long questionnaire : une enquête qui est indépendante de la<br />

biographie de <strong>Conforti</strong>, mais qui permettra une lecture plus profonde du contexte dans lequel il<br />

avait agi.<br />

Une autre documentation de râteler avec patience et d’analyser avec attention, pourrait être<br />

celle qui nous rapporte sur la perception de la base : les chronicons paroissiaux, lettres des curés,<br />

d’autres traces dont on peut tirer la façon avec laquelle le clergé avait accueilli le nouvel évêque, sa<br />

présence sur le territoire, ses décisions. Il serait aussi intéressant de <strong>com</strong>prendre si chez les évêques<br />

précédents ou contemporains il aurait eu ce choix de se dédier aux confessions pendant la visite<br />

pastorale : pour le moment elle semble vraiment une originalité de <strong>Conforti</strong>, et un chiffre significatif<br />

de sa façon d’être un pasteur parmi les gens.<br />

On attend, enfin, qu’émerge un matériel ultérieur des archives, surtout romains, que jusqu’à<br />

maintenant est resté caché, qui éclaircisse quelques rebords des sources d’information et des<br />

interventions du cardinal De Loi sur Parma , au temps de la lutte antimoderniste.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 115 – G.M. <strong>Conforti</strong>


CHAPITRE VI<br />

CONFORTI ET SON CLERGE<br />

CLERGE ET PAROISSES: QUELQUES DONNEES NUMERIQUES<br />

Il peut être nécessaire anticiper une des considérations transversales de l’épiscopat de<br />

<strong>Conforti</strong> et précisément certaines lignes d’interprétation du rapport entre l’évêque et son clergé de<br />

Parma. Nous récupérons ici les données et les nouvelles qui vont jusqu’en 1931, anticipants certains<br />

événements qui pourraient se situer sous d’autres points selon la chronologie. A celui qui écrit,<br />

cependant il paraît qu’au fil du temps, le rapport entre <strong>Conforti</strong> et les prêtres de son diocèse de<br />

Parma se soit développé de manière assez indépendante des événements politico-sociaux que nous<br />

examinons dans la séquence diachronique.<br />

Les vecteurs sont en grande partie internes au petit monde du clergé. Les façons dont <strong>Conforti</strong><br />

tentait d’agir de manière efficace naissaient de son expérience même de prêtre et de vicaire général,<br />

et de son bref épiscopat à la tête du diocèse de Ravenna.<br />

Nous essaierons de manière évidente de récupérer avant tout certaines données de type<br />

quantitatif recueillies surtout à partir des « Etats du clergé » et d’autres nouvelles reportées sur le<br />

journal diocésain « L’Eco », à partir de 1909 et donc de premières années de son épiscopat à Parma,<br />

et en plus d’une recherche précédente sur le nombre et la provenance des prêtres de Parma. A partir<br />

justement du nombre des ordinations, l’on relève une première constatation assez déconcertante :<br />

mise à part la période après Vatican II, aucune autre n’a un nombre d’ordinations aussi réduit que<br />

celle vécue par le « saint » évêque. En presque un quart de siècle de son gouvernement, la moyenne<br />

des ordinations fut de 4,81 prêtres par an, inférieure d’un point par rapport à la période de Villa<br />

(1872-1882) et d’un tiers en moins de la moyenne de son prédécesseur Magani (1895-2006) de<br />

15,42 prêtres chaque année. Il s’agit d’un vrai écroulement vertical qui s’étale d’ailleurs sur<br />

plusieurs années et par conséquent numériquement encore très préoccupant : les douze années<br />

d’épiscopat de Magani produirent 190 nouveaux prêtres ; les 26 ans de <strong>Conforti</strong>, considérant aussi<br />

les années 1907 et 1932 où le siège était vacant, donnèrent 60 prêtres en moins avec un changement<br />

très pauvre.<br />

Il convient de noter cependant que les années de <strong>Conforti</strong>, de ce point de vue, furent<br />

particulièrement dures non seulement à Parma mais aussi dans toute l’Italie. Le premier élément<br />

justificatif de taille fut la première guerre mondiale car en raison de l’enrôlement obligatoire dans<br />

l’armée qui n’épargna pas les séminaristes et les prêtres avec des pertes au front, dans presque tous<br />

les diocèses, les grands séminaires furent littéralement vidés et, pendant plusieurs années, les<br />

évêques ne purent ordonner des nouveaux prêtres. Au début, <strong>com</strong>me nous avons déjà relevé<br />

précédemment, les années 1907-1910 connurent surtout une telle offensive de diffamation du clergé<br />

que le recrutement en fut pénalisé pendant longtemps. Enfin, juste après la guerre, en raison des<br />

conséquences morales et psychologiques du conflit et des inquiétudes politico-sociales, le retour des<br />

séminaristes et la reprise de l’entrée des jeunes au séminaire ont été fortement ralentis. Il y eut un<br />

déclic de croissance après un choc positif de la Conciliation dont <strong>Conforti</strong> ne vit cependant de peu !<br />

En somme, l’homme a vécu dans une des périodes les plus sombres de la conjoncture du<br />

recrutement sacerdotal sans aucune culpabilité de sa part. Le nombre exact des nouvelles<br />

ordinations de 1907 à 1932 fut de 125 prêtres, dont presque la moitié, soit 61, entre 1907-1911,<br />

après les années de séminaire dans des conditions ci-haut évoquées. Nous rappelons que dans les<br />

années 1917-1919, l’évêque ne put ordonner aucun prêtre.<br />

La conséquence fut le vieillissement et une baisse progressive du nombre des prêtres et les<br />

« Etats du Clergé » nous offrent un cadre précis : 1917 : 419 et 17 extra diocésains ou religieux ;<br />

1916 : 390 + 7 extra diocésains ou religieux ; 1920 : 369 + 5 extra diocésains ou religieux ; 1927 :<br />

337 ; 1929 : 329 + 6 extra diocésains ou religieux.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 116 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Dans un peu plus de 15 ans si l’on considère les prêtres diocésains, le territoire de Parma en a<br />

perdu 90 de l’effectif, c’est-à-dire de 20% de l’effectif du départ. Grâce ensuite à l’abondance des<br />

données dans l’annuaire de 1913, un calcul assez précis nous permet d’affirmer qu’en cette annéelà,<br />

l’age moyen du clergé était autour de 44 ans, pour une année moyenne de naissance autour de<br />

1869. Il n’est pas possible effectuer une telle opération pour les autres annuaires mais une<br />

considération approximative de 1920 nous permet d’estimer l’âge moyen autour de 48 ans avec une<br />

année moyenne de naissance autour de 1872. Cette donnée statistiquement grossière peut nous<br />

donner une idée du train de vieillissement du clergé au sein duquel il y avait encore12 prêtres<br />

ordonnés par l’évêque Cantimorri entre 1854 et 1870 et ceux ordonnés au temps de Miotti (1882-<br />

1893 avec en moyenne 30 ans d’ordination, et entre 50 et 60 ans d’âge). Ils étaient 72 entre 60<br />

ordonnés par l’évêque en fonction, c’est-à-dire <strong>Conforti</strong>, donc des prêtres de plus en plus nombreux<br />

et toujours plus âgés.<br />

Une autre conséquence directement liée à la baisse du nombre des prêtres émerge en<br />

regardant les relevés annuels du journal diocésain : le nombre croissant des paroisses vacantes , sans<br />

prêtres. Le phénomène n’était pas certes nouveau : déjà dans la deuxième moitié du dix-neuvième<br />

siècle, à cause du premier moment de la baisse du nombre des vocations et des prêtres, on a connu<br />

des dizaines de paroisses sans prêtres. Le sommet de ce premier moment d’abandon du moment<br />

d’abandon du ministère pastoral fut dans les premières années du gouvernement de Magani. Le<br />

groupe de concours du 27 octobre 1894 mettait à disposition des concurrents le pactole de 84<br />

paroisses du diocèse sur un total de plus de 300, soit plus du quart. Il est aussi vrai qu’en une<br />

dizaine de cas, il y avait un prêtre en paroisse mais à cause des dépenses et des tracasseries<br />

bureaucratiques de l’Etat, on préférait ne pas concourir au poste de curé en restant <strong>com</strong>me économe<br />

spirituel ou directeur des âmes, avec des entrées écourtées. Cela est d’autant vrai que l’année<br />

suivante, grâce à une forte intervention de l’évêque, les paroisses vacantes ont baissé jusqu’à 56.<br />

dans les années successives, la reprise notable des entrées au séminaire et des ordination, un<br />

phénomène non seulement de Parma mais de toute l’Italie, a porté à réduire au minimum les<br />

paroisses vacantes.<br />

Le troisième édit du concours reporté par L’Eco, en date du 15 février 1909, présente quatorze<br />

paroisses au concours, un nombre que l’on peut considérer, pour certains aspects physiologiques<br />

normal car correspondant à un peu plus de 14% des sièges paroissiaux du diocèse. De celle-ci, huit<br />

concouraient pour la première fois, à cause de la mort, de démissions ou du transfert du curé<br />

précédent et 6 autres avaient été mises au banc mais n’avait pas trouvé de preneurs. Qu’il me soit<br />

permis de citer les six paroisses et d’en faire une brève description. Il s’agit des <strong>com</strong>munautés de<br />

Mediano, Musiara Superiore, Rigosa, Sesta Inferiore, Valditacca et Vestana. C’étaient des paroisses<br />

qui ne dépassaient pas les 300 habitants, à en croire le recensement de 25 années avant qui nous<br />

livrent la statistique la plus précise des paroisses italiennes de cette période. Où trouve-t-on ces<br />

petites paroisses Mediano est dans la <strong>com</strong>mune de Nerviano degli Arduini, à 9 km du Centre<br />

municipal, sur les collines de la rive gauche de l’Enza et donc à la limite avec le diocèse de Reggio<br />

Emilia : à vol d’oiseau, environs 15 km de Canossa. Musiara Superiore était dans la <strong>com</strong>mune de<br />

Tizzano Val Parma, à environs 1000m d’altitude, à une distance de 4 km et demi du Centre<br />

municipal et à 1 km et demi de Musiara Inferiore plus peuplée. Rigosa par contre est dans la plaine,<br />

en <strong>com</strong>mune de Roccabianca, sur la rive de Taro qui se jette peu après dans le fleuve Pô : ce sont<br />

les zones de Giovanni Guareschi qui était originaire d’une fraction peu distante, Fontanelle. Sesta<br />

Inferiore est en <strong>com</strong>mune de Corniglio et elle est située aux pieds du Mont Orsaro, à 900 m<br />

d’altitude.<br />

Valditacca est encore sur les montagnes, un pays plein de roches, en <strong>com</strong>mune de Monchio<br />

delle Corti, à 1000 m d’altitude, sur les rives du torrent Cedra. A vol d’oiseau, Sesta est à 7 km de<br />

Valditacca ; mais le fossé entre les monts Navert et Caio les séparent. De Parma à Valditacca, il y a<br />

90 km de mauvaise route. Vestana nous ramène dans la <strong>com</strong>mune de Corniglio, à 4 km au nord du<br />

Centre municipal et à 800 m d’altitude. Il s’agissait donc d’un groupe de paroisses en grande partie<br />

dans la haute vallée de Parma (Musiara, Sesta, Vestana) ou dans les environs ( Valditacca,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 117 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Mediano) à l’exception de Rigosa qui était dans la plaine. Si l’on prend une carte de la province de<br />

Parma, il s’agit des lieux très déplacés, décentrés par rapport au chef-lieu de la province, dans la<br />

zone la plus éloignée et inaccessible du diocèse. On se rappelle qu’une bonne partie de la vallée du<br />

fleuve Taro est dans la province de Parma, mais appartient au diocèse de Piacenza et elle est<br />

desservie par des routes avec un beau panorama mais impossibles. Pour être plus <strong>com</strong>plet, voici les<br />

années depuis lesquelles ces paroisses étaient vacantes jusqu’en 1909 : Mediano (1871), Musiara<br />

Superiore (1882), Rigosa (1890), Sesta (1902), Vestana (1876) et Valditacca (1837), c’est-à-dire<br />

depuis 60 ans, un primat mais les 38 ans de Mediano et les 33 ans de Vestana n’étaient pas peu.<br />

Nous nous sommes retardés sur cette description parce que nous retrouverons ces mêmes aires<br />

géographiques en analysant les différentes interventions pastorales de <strong>Conforti</strong>. En parcourant entre<br />

autres les édits successifs pour les concours au poste de curé, l’on s’aperçoit qu’un bon nombre<br />

d’ordinations sacerdotales au début du 20 ème siècle a contribué à trouver des solutions à ces diverses<br />

situations : Rigosa, Valditacca et Vestana ont reçu leur curé déjà en 1909, Musiara, 2 ans plus tard<br />

et Mediano en 1916.<br />

Même Sesta aura un curé mais on en parlera malheureusement plus avant. Déjà entre 1910 et<br />

1915, on reprend le nombre des paroisses vacantes et certaines <strong>com</strong>mencent à être remises au<br />

concours plusieurs fois. En 1915, les paroisses vacantes étaient au nombre de 19 dont 10 pour la 1 ère<br />

fois. Pendant les années de guerre, beaucoup de prêtres sont décédés en partie à cause de la soit<br />

disant « fièvre espagnole ». En 1919, un autre édit nous permet de faire le point de la situation : 30<br />

paroisses vacantes dont 13 pour la 1 ère fois.<br />

Le retour de ceux qui ont été enrôlés dans l’armée permet d’intervenir dans un 1 er moment<br />

mais dès 1920, il n’y eut jamais moins de 25 paroisses vacantes au point d’arriver 10 ans plus tard à<br />

un maximum de 55 entre 1929 et 1931 <strong>com</strong>me l’on relève dans les différentes éditions du journal<br />

diocésain ; l’on recueille ces données de manière synthétique dans les notes. A part les années 1915<br />

et 1919, les paroisses mises en concours pour le poste de curé étaient toujours moins de 10. Il<br />

s’agissait d’un turnover physiologique dû aux démissions suite à l’âge, à la maladie… mais aussi au<br />

fait que certains qui étaient déjà curés cherchaient un emplacement beaucoup plus alléchant… Le<br />

fait éclatant est cependant le cumul de paroisses plusieurs fois mises à concours, avec le phénomène<br />

de temps de vacances prolongé <strong>com</strong>me c’était le cas à la fin du 19 ème siècle.<br />

Nous vous livrons un exemple « sage » sur un concours du 15 février 1926. Sur les 36<br />

paroisses vacantes, 5 l’étaient pour la 1 ère fois et les 31 autres l’avaient déjà été au moins une fois.<br />

Parmi celle-ci, 11 attendaient un curé depuis 2 ans, 12 depuis 3 à 5 ans ; 11 étaient sans curé depuis<br />

les années de la Guerre, donc depuis 8 à 13 ans. Une paroisse n’avait pas de curé depuis 1911 et<br />

Sesta attendait encore un prétendant, un candidat. Trois, cinq, huit et treize ans sans pasteur-curé<br />

constituent un temps très problématique du point de vue pastoral. Où se situaient ses paroisses du<br />

point de vue géographique Vingt-cinq sur trente-six faisaient partie de cinq vicariats de montagne.<br />

Il s’agit de Berceto, Corniglio, Monchio, Palanzano et Tizzano. Il reste vrai que 3 d’entre-elles<br />

étaient divisées à leur tour en deux sections mais dans le doyenné(=zone pastorale) de Berceto,<br />

seule la deuxième section était touché par le phénomène. Certains doyennés ou sections de doyenné<br />

<strong>com</strong>ptaient la moitié ou plus des paroisses vacantes (Berceto II, Corniglio I et Monchio). Les<br />

paroisses vacantes de la plaine étaient seulement cinq et quatre parmi celles des collines. On<br />

pourrait prendre en considération les années de vacance et ce regard serait pleinement confirmé.<br />

Pour quiconque dispose d’un peu d’expérience pastorale et connaît la géographie et la<br />

configuration du diocèse de Parma, les noms, les lieux et les temps présentent une situation très<br />

précaire des années 1920-1930. Mais dans les années de guerre déjà, tout en ayant une population<br />

appauvrie dans sa <strong>com</strong>posante masculine et avec une activité pastorale nécessairement réduite, on<br />

ressent déjà les premiers signes d’une diminution de la présence du clergé sur le territoire.<br />

Dans ce cadre, il faut évaluer les dynamiques typiques du clergé qui, <strong>com</strong>me toutes les<br />

catégories sociales se déplace et fait des choix ; en plus en plus de la sainteté personnelle et de la<br />

recherche de la volonté de Dieu, il est à considérer aussi et surtout la recherche d’un meilleur<br />

emplacement, de la promotion sur le plan social. Le concile de Trente avait imposé le système de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 118 – G.M. <strong>Conforti</strong>


concours, avec peu d’exemption, aussi pour assurer un meilleur contrôle sur les interventions des<br />

laïcs dans l’approvisionnement des paroisses. Les concours étaient désormais entrés dans la<br />

mentalité du clergé ; avec une série de rituels typiques et l’importance que lesdits « examinateurs<br />

pro-synodaux » prenaient. Ceux-ci étaient des prêtres cultivés et experts qui, à tour de rôle et en<br />

<strong>com</strong>mission corrigeaient les concours et cotaient. Ils prenaient aussi en considération les titres<br />

obtenus avec fidélité aux retraites spirituelles, à la participation à la <strong>com</strong>mission des études des cas,<br />

à l’engagement au confessionnal, etc.<br />

Quels étaient les critères selon lesquels un prêtre choisissait de se présenter en misant sur<br />

l’une ou l’autre paroisse Il est difficile d’en donner une synthèse car l’aspect subjectif était très<br />

élevé. Les entrées économiques étaient un argument important, mais aussi la <strong>com</strong>modité dans les<br />

contacts, l’emplacement (la ville était très sollicitée), les structures (Eglise et presbytère), la<br />

proximité avec la famille d’origine…. Ce sont des dynamiques très humaines dont <strong>Conforti</strong> devait<br />

tenir <strong>com</strong>pte.<br />

COMMENT GERER UN TERRITOIRE DIFFICILE : LE CAS DE CORNIGLIO ET<br />

MONCHIO<br />

Il est presque impossible relater l’histoire du rapport entre <strong>Conforti</strong> et son clergé. Ce sont des<br />

relations personnelles qui sont très difficiles à documenter dans la plupart des cas. Souvent ce sont<br />

des cas difficiles qui émergent et, par conséquent, le regard historique risque d’être en partie faussé.<br />

Avec un peu de prudence, nous essayerons de souligner le style de <strong>Conforti</strong> dams sa relation avec<br />

ses prêtres engagés dans la pastorale. Il s’agit clairement de voir l’ensemble de critères, attentions,<br />

méthodes, moments et instruments qui s’entrelacent de façon <strong>com</strong>plexe. Nous préférons donner une<br />

idée plus concrète sur la manière dont <strong>Conforti</strong> essayait d’affronter un ensemble de problèmes pour<br />

ensuite retrouver son style dans d’autres situations.<br />

Nous pouvons <strong>com</strong>mencer par un territoire que nous avons déjà évoqué en parlant du<br />

concours des paroisses vacantes. Il s’agit de Corniglio, dans la zone supérieure, avec le territoire qui<br />

porte le même nom, une <strong>com</strong>mune très vaste à plus de 50 km au sud de Parma. Avec ce vicariat qui,<br />

au temps de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>ptait 18 paroisses, reparties en deux doyennés : Corniglio avec 13<br />

paroisses et Beduzzo avec 5 paroisses, nous tenons à l’œil aussi Monchio delle Corti (Haute vallée<br />

de Cedra, un torrent, affluent de Enza) avec ses 11 paroisses en dessous ou au niveau de 800 m<br />

d’altitude…. Monchio est relié à Corniglio par Ticchiano situé à 1154 m d’altitude, partageant la<br />

vallée du torrent Bractica et Tizzano Val Parma, avec 9 paroisse <strong>com</strong>prenant38 <strong>com</strong>munautéS<br />

chrétiennes allant jusqu’à 90 km du centre du diocèse. Comme l’on a déjà constaté, les curés ne<br />

choisissaient pas d’aller là volontiers ; les paroisses étaient très pauvres, isolées et sans<br />

infrastructures, loin de Parma. <strong>Conforti</strong> en savait quelque chose depuis l’époque de son très cher<br />

ami, don Giuseppe Venturini qui, à peine ordonné, avait été envoyé <strong>com</strong>me directeur spirituel à<br />

Petrignacola, localité de 300 fidèles, à 600 m d’altitude, à 9 km de Corniglio, avec une belle église à<br />

l’art roman.<br />

S’il y avait des paroisses vacantes, il fallait les chercher là-haut ! Qui dit paroisse vacante<br />

signifiait aussi chercher quelqu’un qui pourrait assurer au moins la messe du dimanche pour<br />

permettre aux fidèles d’ac<strong>com</strong>plir leur précepte, qui en cas d’urgence pouvait administrer les<br />

sacrements à un mourant, le baptême à un nouveau-né en une journée d’hiver avec le risque le<br />

mortalité infantile qu’il y avait à l’époque ; qui pouvait organiser et gérer la catéchèse pour les<br />

enfants. On doit tenir <strong>com</strong>pte que dans ces zones, les liens avec la tradition religieuse étaient très<br />

forts et les gestes des pratiques religieuses chrétiennes encore plus. Par ailleurs, elles constituaient<br />

les zones les plus pauvres des Apennins, avec une migration, selon les saisons, des hommes et des<br />

jeunes vers Marammea en Toscane et en Corse, pour fendre le bois et les enfants pouvaient paître<br />

les brebis. L’alimentation était basée sur les produits laitiers et les castagnes.<br />

Nous avons une vision d’ensemble de la situation en 1921 : le curé de Valditacca, don<br />

Giovanni Pellegri desservait aussi Rimagna, à 6 km de distance, par la brousse, jusqu’à Trefiumi.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 119 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Le curé de Lugagnano, don Giovanni Janelli, doit arriver jusqu’à Rigoso, la partisse la plus<br />

décentrée du diocèse. Non loin de la <strong>com</strong>mune de Palanzano, le nouveau curé de Vairo, don Cesare<br />

Santini, ordonné depuis peu, doit aller à Valcieca. En hiver 1921-1922, l’on confie Rigoso à don<br />

Pellegri déjà curé à Valditacca. <strong>Conforti</strong> lui écrit en ces termes :<br />

« Je ne sais pas <strong>com</strong>ment réagir face aux raisons qui font que vous demandez d’être exonéré<br />

de Rigoso, tout en reconnaissant le sacrifice que vous consentez en vous y rendant depuis<br />

longtemps. Ne vous fâchez pas si je vous dit que cela ne suffit pas pour refuser de continuer. Si les<br />

autres peuvent le faire pour cela, ce n’est pas sans doute votre évêque qui, mieux que quiconque,<br />

sait apprécier les difficultés que vous affrontez pour pouvoir ac<strong>com</strong>plir votre tâche. Depuis<br />

longtemps, je cherche <strong>com</strong>ment résoudre le problème de Rigoso. Quand ce sera possible, je vous<br />

soulagerai de cette fatigue jusqu’ici endurée. Je vous demande de bien vouloir continuer au moins<br />

encore jusqu’en juin prochain. »<br />

Entre Valditacca et Rigoso, il y a environ 9 km. Peut-être Pellegri utilisa une charrette pour<br />

son déplacement, ou en hiver le char pour la neige. Etant donné les entrées économiques de la<br />

paroisse, il ne pouvait pas se permettre tout l’équipement pour monter un cheval. Ces curés<br />

suppléants, une fois qu’ils avaient la permission de célébrer deux messes en une journée, le<br />

dimanche matin, ils devaient célébrer la messe dans une paroisse et ensuite se rendre dans une autre<br />

à jeun pour une autre messe. C’est seulement après qu’ils rentraient peut-être dans les paroisses de<br />

leur obédience pour le déjeuner, la catéchèse des enfants et l’instruction des adultes, activités qui,<br />

avec la messe fériale, n’avaient pas lieu naturellement dans l’autre paroisse, si non<br />

occasionnellement. A part cela, <strong>com</strong>me signalé ci-haut, ils devaient s’occuper de toutes les autres<br />

charges liées au ministère sacerdotale : les baptêmes, les funérailles, l’onction des malades et le<br />

viatiques, qui sont des moments souvent imprévisible et qui exigeaient beaucoup de temps pour<br />

<strong>com</strong>muniquer la nécessité et pour que le curé puisse arriver à Rigoso. Ainsi les fidèles de la paroisse<br />

vacante se lamentait <strong>com</strong>me si don Pellegrini ne s’engageait pas à fond. Don Giovanni Pellegrini se<br />

dédiait beaucoup pour l’animation des jeunes garçons et filles. <strong>Conforti</strong> le témoigne en ces termes :<br />

« Je suis content de voir ce que vous envisagez pour la jeunesse. Si vous venez à Parma ou si<br />

vous mandatez quelqu’un, moi aussi je lui donnerai un don pour la loterie en cours…. Ceux qui en<br />

font la publicité sont peux nombreux mais très engagés. De toutes les façons, je verrai si quelqu’un<br />

voudra se rendre jusque là-haut ».<br />

En 1929, une situation analogue se vérifiait dans la <strong>com</strong>mune voisine de Corniglio : don<br />

Umberto Miani, ordonné depuis 5 ans, fut provisoirement détaché de sa paroisse, Casaselvatica, en<br />

<strong>com</strong>mune de Berceto, pour administrer au même moment Casarola, Riana et Grammatica qui<br />

constituent trois petits centres en Val Bratica, à cheval entre Corniglio et Monchio, à 1000 m<br />

d’altitude.<br />

Il s’agissait donc de trouver des pauvres « Simon de Cyrène » qui porteraient pendant un<br />

temps parfois assez long et dans des conditions vraiment difficiles la charge d’assurer un minimum<br />

de vie paroissiale en attendant d’autres possibles solutions, avec quelques prêtres qui accepteraient<br />

de s’établir dans ce coin perdu du diocèse. Parmi eux, il y avait certains jeunes prêtres pleins<br />

d’enthousiasme, mais en attente d’une situation meilleure, mais aussi pour l’une ou l’autre raison,<br />

acceptaient de se retirer dans ces paroisses. Parfois, c’étaient aussi des prêtres dont le temps et la<br />

solitude avaient transformé et endurci. Des fois, <strong>com</strong>me si le problème des paroisses vacantes ne<br />

suffisait pas, on rencontrait aussi des situations indésirables créées par les prêtres en fonction dans<br />

ces paroisses. Don Virginio Mercadanti, curé de Ballone, à 4 km de Corniglio, ordonné en 1894, dut<br />

être destitué en 1914. Don Giovanni Janelli, ordonné en 1897 fut destitué de Lugagnano de<br />

Monchio en novembre 1924, ayant aussi en suspens un procès au tribunal civil. Il fut envoyé à<br />

Vestana et Graiana de Corniglio. Toutes ces paroisses ne sont pas distantes les unes des autres et<br />

sont à 800m d’altitude.<br />

A Canetolo de Corniglio, don Riccardo Bolzoni a fait quelques gaffes au point de recevoir<br />

une mise en garde de la part de <strong>Conforti</strong> en pleine guerre mondiale, en février 1918 :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 120 – G.M. <strong>Conforti</strong>


« Il m’a été rapporté que vous vous permettez de distribuer des vins et des repas en paroisse<br />

et que l’initiative donne lieu à des <strong>com</strong>mentaires défavorables (indignations). Je pense qu’il y a en<br />

cela de l’équivoque car il y a des faits incroyables. De toutes les façons, je tiens à ne pas passer ces<br />

choses inaperçues et je vous invite à savoir qu’on fait des critiques à cet effet, et par conséquent, à<br />

éviter ce genre d’actions qui génèrent des critiques ».<br />

En réalité, <strong>Conforti</strong> savait que les nouvelles qui lui étaient parvenues n’étaient pas infondées,<br />

mais en intervenant avec un ton modéré, il essayait d’intervenir sans créer des traumatismes. Par<br />

contre trois ans plus tard, don Bolzoni avait fait écrire sur le journal « La Giovane Montagna » des<br />

attaques contre la maîtresse du village. <strong>Conforti</strong> l’a exhorté sans beaucoup de <strong>com</strong>pliments à s’en<br />

aller ailleurs.<br />

Parmi les mêmes prêtres, tout en ayant besoin de s’appuyer réciproquement, ils vivaient des<br />

conflits à cause des intentions de messe, si peu fussent-elles, ou des bénédictions des étables dans<br />

quelques départements. L’on note particulièrement le conflit qui opposait le curé de Cereto à celui<br />

de Tizzano pour la fraction de Cisone. En 1916, <strong>Conforti</strong> a dû rappeler à l’ordre les deux prêtres :<br />

« un enfant n’a pas encore été baptisé à cause du conflit entre ces deux prêtres. Longtemps après, en<br />

février 1928, les deux se sont disputés pour la bénédiction des animaux de Saint Antoine.<br />

Dans ce contexte de pauvreté pastorale et d’inquiétude, le cas de Sesta Inferiore, petite<br />

paroisse à côté d’un vieux pont romain, à 9 km de Corniglio, a éclaté. Le directeur spirituel qui<br />

n’était pas curé, don Alberto Ciubellini, ordonné en 1895, quand Ferrari et <strong>Conforti</strong> dirigeaient le<br />

séminaire a été nommé à Valcieca. Mais il retourne à Sesta inferiore, semble-t-Il, avec la <strong>com</strong>plicité<br />

de la population, forçant la porte de l’Eglise paroissiale pour y célébrer la messe. Il a été suspendu<br />

« a divinis » et il y a eu des sanctions pour la paroisse. Pendant un temps, la population de Sesta<br />

Inferiore a empêché au recteur de Mossale don Pietro Del Signore désigné par l’évêque de célébrer<br />

à Sesta ; petit à petit, la situation s’est calmée.<br />

Comme on peut le noter, <strong>Conforti</strong> n’hésite pas à rappeler verbalement et avec force ses prêtres<br />

et même à recourir aux sanctions canoniques. De nos jour cette façon de faire nous semble<br />

coercitive. Tenant <strong>com</strong>pte de la mentalité de l’époque et du style de son prédécesseur Magani,<br />

<strong>Conforti</strong> était patient et indulgent. Dans le pacte entre évêque et prêtres, il y a aussi cela. Mais<br />

<strong>Conforti</strong> équilibrait ses interventions avec un style de rapports à approfondir. Dans ces situations,<br />

<strong>com</strong>me on l’a vu, il avait à faire à des cas vraiment difficiles. Dans une structure paroissiale où la<br />

participation des laïcs était encore impensable, si ce n’est que pour la catéchèse des enfants,<br />

l’emplacement des prêtres était un problème vital. L’évêque ne se limitait pas à des alchimies<br />

d’organigramme. Parmi les lettres de <strong>Conforti</strong>, on met en évidence un autre instrument pour le soin<br />

du clergé, un instrument très caché mais précieux à sa façon. <strong>Conforti</strong> avait son homme de<br />

confiance à Corniglio : don Ferdinando Venturini. Né à Curatico, en <strong>com</strong>mune de Corniglio en<br />

1864, homonyme de l’autre Venturini Giuseppe, Ferdinando a vécu pendant longtemps avec<br />

<strong>Conforti</strong> au séminaire ; il venait de Berceto. Il a été ordonné pendant que <strong>Conforti</strong> attendait une<br />

solution pour sa maladie, en septembre 1887. en juin 1888, il était directeur spirituel à Villula de<br />

Corniglio. Il y a été nommé officiellement curé e juin 1985. Villula, situé à 3 km de Corniglio, avait<br />

à peine 200 habitants, à 700m d’altitude. Don Venturini est mort étant curé à Villula après 66 ans de<br />

présence, en 1954. il était le curé classique de campagne de ceux qui décident de s’établir en un<br />

lieu, et selon le droit canonique de ce temps-là, ils meurent sur la brèche, inamovible, sans autres<br />

prétentions et sans aucune charge officielle, car le curé doyen était dans le village à côté, bien plus<br />

en vue. <strong>Conforti</strong> faisait recours à Venturini pour les missions délicates. En février 1921, il lui écrit :<br />

le curé de Bosco et le recteur de Mossale sont en dispute entre eux à cause des opérations<br />

financières qu’ils ont effectuées ensemble ; ainsi, je vous ai proposé à eux <strong>com</strong>me expert dans les<br />

opérations bancaires. Certes un curé qui gagnait annuellement 800 lires <strong>com</strong>me entrée minimale<br />

n’était pas un personnage qui pouvait disposer de quoi parier en bourse. Le choix était plus lié à<br />

l’expérience et à l’équilibre qui lui étaient reconnus. <strong>Conforti</strong> recourrait à don Venturini non<br />

seulement pour pacifier les conflits au sein du clergé. En 1914, il a été sollicité pour trouver une<br />

<strong>Manfredi</strong> - 121 – G.M. <strong>Conforti</strong>


solution au cas de don Mercadanti, et en particulier pour suppléer aux paroisses de la zone restées<br />

sans prêtres :<br />

« Je vous remercie de nouveau pour l’œuvre ac<strong>com</strong>plie avec beaucoup de zèle et pour autant<br />

de temps dédié pour le bien de la paroisse de Ballone ; maintenant que le nouveau responsable,<br />

don <strong>Guido</strong> Buratti est entré de s’y rendre, veuillez lui entre proche par les conseils et les<br />

propositions après l’expérience qu’il a faite dans cette malheureuse paroisse ».<br />

en janvier 1928, <strong>Conforti</strong> lui re<strong>com</strong>manda don Janelli transféré à Vestana pour raisons<br />

disciplinaires <strong>com</strong>me indiqué ci-haut :<br />

« Vous avez bien fait de conseiller à don Janelli de ne pas loger chez des privés. Insistez sur<br />

cela et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour l’amener à s’adapter et à résider au presbytère<br />

de Vestana. Je vous re<strong>com</strong>mande ensuite de bien le suivre et de l’informer des exigences du<br />

nouveau milieu dans lequel il se trouve, de ne pas lui faire manquer vos conseils et vos exhortations<br />

selon ses besoins. Il peut faire beaucoup de bien s’il veut car il ne manque pas de talent ni d’esprit<br />

d’entreprise. C’est seulement le critère qui lui fait défaut ».<br />

Don Venturini peut entre considéré <strong>com</strong>me un tuteur expérimenté et paternel auquel <strong>Conforti</strong><br />

confie le suivi et la récupération de certains prêtres en situation critique et qui sont nommés dans les<br />

zones montagneuses. Dans ces endroits, la pratique religieuse n’était pas encore très vive et souvent<br />

des cas de violences se vérifiaient de manière inattendue. En effet, à Villula, en 1913, Virginia<br />

Notari, une fille de 18 ans, très croyante, a été abattue à coup d’une houe par un homme qui la<br />

poursuivait.<br />

<strong>Conforti</strong> avait eu l’intuition, même sans en avoir fait l’expérience directe que dans ces zones<br />

de son diocèse, il n’était pas suffisant de trouver la solution au niveau paroissial. Les prêtres surtout<br />

les jeunes mais aussi d’autres provenant des expériences non faciles, envoyés seuls dans des<br />

presbytères des zones montagneuses avaient besoin d’une proximité et d’une assistance que<br />

l’évêque pouvait leur offrir mais à distance ou occasionnellement lors des visites pastorales . pour<br />

parier à ce problème, il misait sur certaines figures de prêtres expérimentés, sages et capables de<br />

rapports humains, parfois indépendamment des rôles institutionnels <strong>com</strong>me c’est le cas de<br />

Venturini, mais des personnes à mesure d’assister, de résoudre des conflits et de tenir la situation<br />

sous contrôle et recueillir des informations.<br />

Avec ce regard diachronique sur l’extrême Sud-Est du diocèse de Parma, on a essayé de<br />

donner un premier essai sur la façon d’opérer et d’agir de <strong>Conforti</strong> envers son clergé. Tout partait<br />

d’une connaissance des lieux et des situations et encore une fois du choix des collaborateurs fiables<br />

qui pouvaient tisser des relations humaines et de fraternité sacerdotale, et capables de maintenir des<br />

bons réseaux d’information. La recherche des solutions pratiques contraignait <strong>Conforti</strong> à engager<br />

des prêtres bien motivés pour un service difficile et fatiguant que l’évêque appuyait toujours à<br />

travers les relations humaines. Les cas difficile qui se vérifiaient au sein du clergé étaient affrontés<br />

avec la rigueur du Droit Canonique mais sans manquer d’attention dans la mesure du possible à<br />

l’endroit des personnes concernées. Nous parlerons maintenant de ces cas difficiles, en donnant un<br />

essai de lecture historique.<br />

LES PRETRES QUI ABANDONNENT LE MINISTERE<br />

Dans la phase de la documentation du procès canonique pour la béatification de <strong>Conforti</strong>,<br />

certains témoignages reçus furent aussi contraires à la sainteté de l’évêque fondateur des Xavériens.<br />

Il émergeait un cadre, à première vue, du moins, inquiétant par rapport au nombre des prêtres qui<br />

avaient abandonné le ministère au cours de l’épiscopat de <strong>Conforti</strong> et les différentes accusations<br />

liées à sa dureté. L’honnêteté du recueil des témoignages profite aussi de nos jours à une<br />

reconstruction historique documenté. On doit en particulier à la précision méticuleuse du père<br />

Augusto Luca un recueil patient d’information sur les prêtres défroqués dont je me servirai,<br />

adressant au très cher biographe de <strong>Conforti</strong> un très grand remerciement.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 122 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Avant de donner la liste et d’examiner les cas d’abandon du ministère, il convient de mettre<br />

en évidence que les problèmes entre les prêtres ne débouchaient pas nécessairement sur la rupture<br />

avec l’évêque, le diocèse ou la vie sacerdotale. Au contraire, le clergé de Parma, <strong>com</strong>me tout groupe<br />

humain de ce genre, offrait au temps de <strong>Conforti</strong> une telle variété de la sainteté au reniement de<br />

celle-ci, au point que les résultats négatifs <strong>com</strong>me l’abandon de la vie sacerdotale, les délits pénaux,<br />

continuent les points extrêmes des autres phénomènes. Nous en faisons une description, montrant<br />

<strong>com</strong>ment <strong>Conforti</strong> affrontait ces cas difficiles.<br />

Il convient de souligner avant tout qu’il ne manquait pas de controverses entre les prêtres.<br />

Dans le point précédant, nous avons fait allusion à un conflit aigu entre deux curés de montagnes<br />

concernant une fraction qui n’était même pas frontalière. Il s’agissait souvent des questions<br />

économiques qui animaient les affrontements aigus entre les prêtres. C’est le cas, au début de<br />

l’épiscopat à Parma, en 1910, avec l’éclatement d’un conflit entre les curés de Ronchetti et de<br />

Grugno, deux paroisses dans la pleine, la première en <strong>com</strong>mune de San Secondo et l’autre en<br />

<strong>com</strong>mune de Fontanellato, toute les deux sur le cours car du Taro.<br />

En août 1931, c’est le tour des bagarre et des lettres anonymes entre le curé du centre<br />

important de Collechio, don Giuseppe Leoncini et celui de San Martino Sinzano, don Felice Tanzi<br />

et il semble, avec la <strong>com</strong>plicité du curé de Giarola, don Ennio Pelagatti. A don Leoncini, <strong>Conforti</strong>,<br />

déjà vieux, n’épargne ni la clarté ni l’ironie <strong>com</strong>me témoigne ce passage :<br />

« J’ai reçu une lettre non daté, signée par quatorze membres du <strong>com</strong>ité de Collechio qui<br />

s’occupe de votre contestation par les lettres anonymes. J’ai hésité, ne sachant pas si répondre à<br />

cette correspondance, mais connaissant le milieu où ces faits se passent, ne pouvant pas étendre la<br />

responsabilité morale à vous, révérend, j’ai pensé m’adresser à vous personnellement pour porter<br />

certaines déclarations sur le contenu de ce document : 1) je connais assez bien la position de mon<br />

secrétaire par rapport à la contestation pour ne pas devoir repousser l’accusation injuste avec<br />

laquelle il est accusé de partisan ; 2) je me suis servi de lui pour la descente sur terrain à San<br />

Martino Sinzano et pour les démarches que j’ai jugées opportunes et obligatoires auprès des<br />

autorités publiques quand et selon ce que j’ai cru, sans que quelqu’un puisse s’arroger le droit de<br />

m’imposer mes hommes de confiance ; 3) dans le cas où vous auriez cru utile en vue de votre<br />

campagne, étendre, même par l’entremise du <strong>com</strong>ité, l’état moral de l’occupation de Collechio à<br />

n’importe quel angle de l’évêché vous pouvez modifier votre conviction et épargner à vous et aux<br />

autres des fatigues inutiles, sans rien perdre ».<br />

En 1928, <strong>Conforti</strong> a mandaté un laïc, l’avocat Ferdinando Vietta, président de l’Action<br />

Catholique au niveau diocésain, d’intervenir <strong>com</strong>me arbitre dans différents contentieux entre prêtres<br />

ou concernant les prêtres. Il faut relever que ce fait tout en étant problématique, était moins répandu<br />

à Parma qu’à Ravenna où les bagarres de ce genre étaient littéralement à l’ordre du jour.<br />

Certains prêtres ensuite toujours pour des raisons économiques se trouvaient impliqués dans<br />

des procès civils. Dans ces cas, <strong>Conforti</strong> proposait à ceux qui étaient objets d’enquêtes de changer<br />

de paroisse. Citons ici deux autres situations analogues : don Francesco Barbieri à Selva Del<br />

Bocchetto en février 1922 et don Ernesto Tosi de Solignano en janvier 1926. Il semble que dans les<br />

deux cas, les prêtres avaient émis des lettres de chèques non couverts. Le déplacement d’une<br />

paroisse à une autre était surtout une opération de protection de la personne du prêtre très impliqué<br />

lui offrant la possibilité de continuer à exercer son ministère dans des milieux qui ne sont pas<br />

concernés par des erreurs ou les opérations imprudentes du curé. Les autres raisons, non<br />

économiques, pouvaient avoir créé entre le curé et la population des tensions intenables. Même dans<br />

ces cas, <strong>Conforti</strong> tendait à offrir à ses prêtres une alternative. Certains paroissiens de Campora, dans<br />

la montagne de Val d’Enza(<strong>com</strong>mune de Nerviano Arduini), avaient même fait recours à la<br />

Congrégation du Concile contre don Eugenio del Sante ; <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>munique ainsi au Saint-<br />

Siège : « Il est de très bonne conduite morale et assez zélé. La prudence lui fait défaut. En parlant à<br />

l’autel, même si c’est en vue du bien des paroissiens, il est parfois violent ». <strong>Conforti</strong> lui a donné la<br />

possibilité d’aller ailleurs.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 123 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Dans d’autres cas, il arrive plutôt à défendre le curé contre les recours des paroissiens au Saint<br />

Siège. C’est le cas du curé de Moragnano, dans la zone déjà citée de Tizzano Val Parma : « A partir<br />

des enquêtes effectuées, sur mon ordre, par le curé doyen, je suis arrivé à me persuader que la<br />

mauvaise intention de certains paroissiens avait suscité un peu de mauvaise humeur contre le<br />

curé ». En réalité, il paraît que c’était avec la <strong>com</strong>plicité d’un autre prêtre, don Aristide Altamura,<br />

curé à Mezzano Inferiore et qui rendait fréquemment visite à la sœur du curé de Moragnano. A<br />

l’opposé, dans des cas extrêmes, <strong>Conforti</strong> exige que les prêtres qui ont eu des litiges avec la<br />

population s’en aillent en dehors du diocèse pour continuer à exercer leur ministère. En 1918, don<br />

Pietro Piccinini est invité à laisser temporairement la paroisse de Marore et ensuite le diocèse pour<br />

des motifs très graves. Don Angelo Gialdini devait laisser à son tour Marore et il s’est vu proposer,<br />

en mars 1923, la cure pastorale des émigrés en Amérique. Il s’agissait donc des interventions<br />

radicales, mais seulement après une information très soignée surtout par l’entremise des vicaires<br />

forains et avec la disponibilité de défendre ceux qui étaient accusé devant le Saint-Siège.<br />

Les cas de vraies et propres problématiques morales n’ont pas manqué non plus, même si très<br />

peu de cas en ce sens nous sont parvenus et c’est normal. La pratique veut que les cas les plus<br />

déconcertants soient traités à vive voix ou bien que certains documents contre la dignité des<br />

personnes soient détruits. Cependant, quelque chose est resté dans la documentation. Don Pietro<br />

Bocchi, curé à Malandriano, à l’époque, rédacteur du journal catholique « La Provincia di Parma »,<br />

protégé par Magani, avec don Davide Parmigiani et don Luigi Comelli, a été fortement rappelé à<br />

l’ordre par <strong>Conforti</strong>. Il n’a pas pu célébrer les funérailles d’un enfant parce qu’il était <strong>com</strong>plètement<br />

ivre et « on ne <strong>com</strong>pte plus ici les cas où vous avez été trouvé dans une tel condition par vos<br />

paroissiens ». Au recteur de Eia, don <strong>Guido</strong> Ceresini, il a été interdit d’entretenir des relations avec<br />

une boutique dans la Rue Massimo D’Azeglio tenue par des gens considérés de mœurs légères. De<br />

Eia à Parma, il y avait très peu de km et Rue D’Azeglio est l’artère qui entre de Ponte di Mezzo<br />

dans la partie vieille de Parma avec une mauvaise réputation de l’autre côté du torrent.<br />

Certaines problématiques pouvaient aussi s’expliquer par des problèmes psychologiques de la<br />

part de certains prêtres. Le cas le plu criant est celui de don Luigi Parenti, recteur de Berceto de<br />

1881 à 1885, où il <strong>com</strong>mença à manifester des signes de déséquilibre. Son état de santé semblait se<br />

rétablir au point qu’il a été nommé curé en ville de l’ancienne paroisse de Saint Apollinaire à Saint<br />

Vital. Mais la pathologie de don Parenti, du moins selon la documentation recueillie était une<br />

dépression de type cyclothymique. En pleine crise en été–automne 1911, avec des articles<br />

modernistes sur le journal maçonnique local, don Parenti eut une rechute violente qui conduit en<br />

décembre 1911 à une hospitalisation aux Pilastroni de Brescia. Le pauvre passa le reste de sa vie<br />

entre des moments d’hyperactivité, d’euphorie et des phases d’une forte dépression au cours de<br />

laquelle il accusait l’évêque de l’avoir ruiné en le soumettant à des injustices criantes.<br />

Paradoxalement, le problème humain de don Parenti exigea un nomination dans sa paroisse ; ce qui<br />

généra un autre cas humain. Le successeur de don Luigi Parent à San Vitale fut don Attilio<br />

Tramaloni, ordonné en 1892. De 1917 et cela dura une dizaine d’années, les <strong>com</strong>portements de don<br />

Tramaloni, ses accusations contre l’évêque, ses recours au Saint Siège qui, régulièrement, donnaient<br />

raison à <strong>Conforti</strong>, inonda la correspondance du fondateur des Xavériens au point qu’il l’a plusieurs<br />

fois rappelé à l’ordre. Déjà malade, don Tramaloni reçut <strong>com</strong>me vicaire paroissial don Pompeo<br />

Camisa, un chanoine sage. Il fut ensuite relevé de ses fonctions en juillet 1926, mais avec une<br />

pension annuelle au bénéfice de Saint Apollinaire à Saint Vital de 7000 lires. Malgré cela,<br />

Tramaloni continuait à occuper le presbytère de son ancienne paroisse.<br />

Comme on peut s’en apercevoir, <strong>Conforti</strong> ne manquait pas de problème de gestion de son<br />

clergé. Même ici, je me permets d’affirmer que ces cas étaient toutefois quantitativement plus rares<br />

à Parma par rapport à ce qu’il avait expérimenté à Ravenna. Toutefois, il s’agissait de questions<br />

douloureuses qui, selon la documentation citée, <strong>Conforti</strong> traitait avec fermeté, mais aussi sans<br />

ressentiment, avec beaucoup de sens d’objectivité, à la recherche des preuves sures et des solutions<br />

dignes.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 124 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Nonobstant ce style de <strong>Conforti</strong> qui, me semble-t-il, unissait le « modus operandi » d es<br />

évêques de son temps à une discrétion et attention aux personnes tout à fait personnelles, les sources<br />

attentivement scrutées par le père Luca recense 14 prêtres qui défroquèrent au cours de l’épiscopat<br />

de <strong>Conforti</strong>. Avant de faire une conclusion synthétique de toutes ces défections, en cherchant de<br />

relever avant tout les moments chronologiques où se situe la rupture, je voudrais anticiper une<br />

première considération. Des 14 ou 15 prêtres défroqués, 12 ont été ordonnés dans les années<br />

difficiles du séminaire au temps de Magani, de 1897 (Zaccardi) à 1907(Padovani). Le diagnostic de<br />

<strong>Conforti</strong> sur le séminaire était donc objectif. Le nombre élevé des ordinations cachait certaines<br />

lacunes de formation et de sélection qui émergèrent le long des années. Des autres trois, un (Pellerzi<br />

Luigi) était déjà au séminaire au temps de Ferrari, provenant de Berceto, et les deux autres(Eugenio<br />

Del Sante ordonné en 1909 et Antonio Marini en 1912) des premières années de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me<br />

évêque de Parma. L’on pourrait affirmer que ces derniers cas soient dans une moyenne statistique<br />

normale, alors que le bloc 1897-1907 est une donnée d’émergence.<br />

Quand advinrent ces abandons une première hémorragie se situe de 1911 à 1915. il s’en est<br />

suivi de certaines défections dues à la guerre et aux années successives troublées(1919-1921).<br />

Enfin, le cas Del Sante nous fait arriver à 1927.<br />

Les premiers défroqués furent don Edoardo Manini, le survivant des deux pionniers de la<br />

première expédition xavérienne en Chine ; accueilli au sein du clergé de Parma mais avec une<br />

blessure psychologique et spirituelle qu l’a maintenu inquiet jusqu’à l’abandon du ministère et au<br />

mariage civil ; don Virginio Vescovini, ordonné en 1906, mais sorti en 1911 et don Amilcare<br />

Berzieri, ordonné en 1899 ; en juin 1911 il était curé de la paroisse de Corniglio depuis 10 ans. Il a<br />

fui à l’improviste avec une femme. Le meme don Ferdinando Venturini intervenait pour chercher de<br />

le récupérer et en effet Berzieri retourna au bercail en janvier-février 1912, mais il s’est éloigné de<br />

nouveau et il est devenu le secrétaire de la <strong>com</strong>mune de Bobbio où, quelques années plus tard il se<br />

rappelait avec affection de <strong>Conforti</strong>. En 1913, nous signalons deux autres défections : une déjà cité<br />

dans le précédent chapitre fut celle de don Dante Seta qui, paraît-il, fut rédacteur des lettres de la<br />

soit-disant « a.b.c » (association bas-clergé) sur « Presente » au cours de l’été 1911. Curé à San<br />

Prospero, il fut suspendu “a divinis” et ensuite revoqué de la partisse. L’autre était don Ernesto<br />

Padovani, ordonné seulement six ans avant. Curé à Cassio, il avait abandonné la paroisse et le<br />

diocèse. En 1914, nous avons le cas de don Luigi Pelerzi ou Pellerzi qui aura un cousin xavérien,<br />

père Eugenio. Il était curé à Campora, en <strong>com</strong>mune de Nerviano Arduini, en Haute Val d’Enza (646<br />

m d’altitude). Après diverses interventions, il fut révoqué et il contesta l’intervention canonique. En<br />

1915, ce fut le tour de don Dante Dall’olio qui, semble-t-il, était resté déçu parce que l’éveque ne<br />

lui avait pas confié la paroisse de Roccalanzona, en <strong>com</strong>mune de Medesano, sur le Taro ou du<br />

moins il prit cela <strong>com</strong>me un prétexte.<br />

Un cas particulier est celui de don Alberto Gatti, ordonné prêtre en 1903, mais déjà en 1913, il<br />

figurait <strong>com</strong>me domicilié en dehors du diocèse avec un signe graphique qui en indiquait l’abandon<br />

du ministère sacerdotal. On ne retrouve pas les nouvelles précises sur les moments et les motifs de<br />

sa défection.<br />

Parler de crise moderniste, pour cette série de défections semble excessif. La <strong>com</strong>posante<br />

théologique est évidente pour don Setta mais pas pour les autres. Du point de vue sociologique,<br />

nous pouvons évoquer une sorte de réaction en « chaîne » à une première crise, d’autres s’en sont<br />

suivies par contamination psychologique tout en étant motivées par des causes différentes. Il est<br />

certain que le climat de tension peut avoir contribué à ce phénomène.<br />

Une seconde vague se dessine juste après la première guerre mondial. C’est une donnée qu’on<br />

rencontre aussi dans beaucoup d’autres diocèses. Le premier de la série est don Paride Fava qui<br />

après son service militaire ne rentra plus dans le diocèse mais il était en train de contracter un<br />

mariage civil. A la fin de 1920, don Umberto Bertoli abandonnait la paroisse de Mezzano Inferiore<br />

où, entre autres depuis 60 ans, il existait une <strong>com</strong>munauté protestante consistante. Presque au même<br />

moment, don Gustavo Grassi, déjà à Vignale de Traversetolo en Val d’Enza, en juillet 1920, fut<br />

déplacé d’urgence à Torricella di Sissa, dans la basse plaine et puis à Gaione dans les premières<br />

<strong>Manfredi</strong> - 125 – G.M. <strong>Conforti</strong>


collines au sud de Parma après des voix sinistrées sur « l’incident malheureux connu » (dont à<br />

présent nous ne savons rien d’autres). En avril 1921, il menaçait de laisser le ministère et <strong>Conforti</strong><br />

le pria d’abandonner cette idée ; après quelques mois, il fut suspendu « a divinis ». En 1920, encore<br />

le cas de don Antonio Marini arriva à sa conclusion : vicaire à Fontanelle di Roccabianca depuis<br />

son ordination en 1912, il avait noué une relation avec une étudiante, nièce d’un autre prêtre ;<br />

rappelé dans l’armée, à son retour, il fut nommé aumônier du nouveau mouvement « Jeunesse<br />

Féminine » et responsable diocésain du Travail mais il abandonna le ministère.<br />

Dans au moins deux des quatre cas reportés ici (Marini et Fava), la guerre eut une influence<br />

importante. Il faudrait aussi vérifier pour les deux autres prêtres. Le traumatisme psychologique<br />

subi au front, les expériences de la violence et peut-être une certaine immoralité entre soldats à<br />

laquelle les jeunes prêtres n’étaient pas préparés, les inquiétudes politico-sociales de la première<br />

après-guerre, mais peut-être aussi certaines méfiance nourries par certains supérieurs à l’endroit des<br />

ces revenants (vétérans) ont créé les conditions de l’abandon du ministère.<br />

Le dernier cas, peut-être le plus douloureux, fut celui de don Eugenio Del Sante. Comme on a<br />

vu ci-haut, <strong>Conforti</strong> l’avait personnellement défendu face à une intervention de la Congrégation du<br />

Concilio. Il abandonne le ministère autour de 1927 ; il était ordonné par le même <strong>Conforti</strong> dix-huit<br />

ans avant. En plus de ces cas de défections, nous pouvons faire allusion à un autre épisode<br />

douloureux : le suicide de don Carlo Cavalli, archiprêtre de Mattaleto. Don Cavalli était né à<br />

Corniglio en 1863 et ordonné en 1885 ; il était un peu plus âgé que <strong>Conforti</strong>. Le 3 juin 1914, une<br />

lettre de <strong>Conforti</strong> non reportée par Teodori mais existant et transcrite auprès du CSCS, souligne<br />

d’un côté les conditions précaires de la santé de Cavalli, mais aussi de l’autre côté, une série des<br />

tensions en paroisse qui rendaient difficile l’intervention de l’évêque. Nous la reportons<br />

entièrement :<br />

« In omnibus Christus ! Très Révérend Monsieur l’Archiprêtre, je regrette beaucoup que vous<br />

vous trouviez dans une condition de santé précaire, déplorée et attestée par le médecin. Je voudrais<br />

bien vous aider au cas où vous seriez disposé à quitter la paroisse pour entreprendre des soins qui<br />

vous ont été conseillés mais <strong>com</strong>ment puis-je procéder à cela dans les conditions actuelles de<br />

Langhirano et l’insuffisance du clergé qui affecte le diocèse Je m’engage une autre fois qu’on<br />

aura finalement résolu les regrettables différends pour lesquels je me suis moi-même impliqué. Si<br />

de la part des autre, la bonne volonté n’avait pas fait défaut, tout serait désormais défini à la<br />

satisfaction de tous. La bonne volonté n’y a jamais été et nous nous trouvons dans un engrainage<br />

de questions difficiles. Je ne sais pas si vous avez toujours apporté votre contribution à la<br />

pacification des âmes. J’ose espérer encore que ce qui n’a pas été fait jusqu’à présent soit réalisé<br />

dans le plus bref délai et alors je pourrais moi aussi vous venir en aide selon les exigences de votre<br />

condition actuelle. Dans l’entre-temps, je vous salue avec respect. Très dévoué en Jésus Christ,<br />

<strong>Guido</strong> M. Archevêque »<br />

Selon le témoignage recueilli par les carabiniers auprès des parents de don Cavalli, après sa<br />

fin tragique, on a su que don Cavalli souffrait de l’artériosclérose et que souvent il tombait<br />

subitement en mélancolie et que deux ou trois fois, il avait été frappé par une hémorragie cérébrale,<br />

mais qu’il continuait toujours son ministère sacerdotal paroissial.<br />

<strong>Conforti</strong>, en date du 22 novembre 1914, écrivait encore une fois au curé de Mattaleto pour<br />

qu’il fasse convoquer une réunion de l’Oeuvre paroissiale et créer les conditions de logement et<br />

d’économie pour la venue d’un vicaire en aide à don Cavalli. Nous ne savons pas s la réunion eut<br />

lieu ou s’il a eu le résultat es<strong>com</strong>pté par <strong>Conforti</strong> qui, dans la suite se trouva dans la condition de ne<br />

pas pouvoir envoyer un prêtre pour aider le curé malade. Le 2 décembre, l’évêque lui avait imposé<br />

l’ordre de renoncer à la paroisse en menaçant de le révoquer au cas où il n’obtempérait pas. Le 5<br />

décembre, don Cavalli était déjà mort. Ses sœurs le trouvèrent un matin, étendu sur son lit avec un<br />

pistolet de petit calibre en main et le visage défiguré.<br />

Le maréchal des carabiniers qui mettait fin aux enquêtes <strong>com</strong>me directement un cas évident<br />

de suicide verbalisa ainsi : « Même si nous n’avons trouvé aucun écrit pour justifier la mort du<br />

prévenu, toutefois, étant donné l’état de santé et de dépression claire de celui-ci, suite à un abus de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 126 – G.M. <strong>Conforti</strong>


oissons alcooliques, et une récente disposition de la curie diocésaine qui le destituait de sa<br />

mission à cause d’une incapacité manifeste, nous sommes contraints de retenir que Cavalli, frappé<br />

par un découragement momentané a eu l’idée du suicide ».<br />

Son frère Costante et sa sœur Luisa liait eux aussi le suicide du prêtre à la lettre de <strong>Conforti</strong><br />

qui lui est parvenue, selon le cachet postal, le jour avant le suicide. Il est à noter cependant<br />

qu’aucune des personnes qui vivait dans la maison de don Carlo, sa sœur, ses cousines et un neveu<br />

de 9 ans qui dormait dans la chambre voisine à celle du prêtre n’entendit le coup du pistolet ou le<br />

moindre bruit qui annonçait la tragédie. Nous n’avons pas de traces ou d’écrits sur les réactions de<br />

<strong>Conforti</strong> face à ce cas douloureux. Nous avons cependant deux témoignage au procès de<br />

béatification.<br />

Don Egidio Guerra affirma que <strong>Conforti</strong> entretenait des excellents rapports avec Cavalli qui<br />

était son <strong>com</strong>pagnon au séminaire et que ses interventions pour le rappeler à l’ordre après qu’il<br />

s’était adonné à la boisson étaient pleines de charité. Il excluait de façon absolue tout lien de<br />

causalité-effet entre la lettre du 2 décembre et la mort de don Cavalli. Don Giuseppe Conchia,<br />

successeur de Cavalli à Mattaleto rapportait ceci pour la couse de béatification :<br />

« Je relève qu’il buvait abondamment et s’enivrait souvent à la surprise des fidèles. L’évêque<br />

l’avait rappelé à l’ordre plusieurs fois. Sa mort tragique, cependant, je crois qu’elle soit un délit et<br />

non un suicide. En effet, moi qui me trouvait en cette paroisse <strong>com</strong>me légataire, appelé à lui rendre<br />

visite le matin successif (la mort étant advenu au cours de la nuit et le cadavre n’étant pas encore<br />

enlevé),j’ai noté qu’il tenait l’arme tournée vers le visage. Ceci me fit penser <strong>com</strong>me aussi à tant<br />

d’autre qu’il ne s’agissait pas d’un suicide. J’ai téléphoné à l’évêque pour lui annoncer la nouvelle<br />

et le Serviteur de Dieu, ayant appris <strong>com</strong>ment j’avais trouvé le cadavre permit les funérailles<br />

religieux. On doutait que l’auteur du délit fût le fiancé de la sœur de don Cavalli».<br />

Nous avons cependant la documentation sur l’efficacité de certaines interventions de <strong>Conforti</strong><br />

qui ont eu <strong>com</strong>me résultat la récupération de certains prêtres en crise. Don Alberti Giubellini,<br />

ordonné en 1895 avait abandonné le ministère déjà du temps de Magani : <strong>Conforti</strong> obtint son retour<br />

en août 1909 ; dix ans plus tard, il donnera du fil à tordre à Sesta Inferiore <strong>com</strong>me signalé ci-haut.<br />

Don Icilio Schianchi, ordonné en 1893 et devenu recteur de Coloreto, dans la plaine, au sud-est de<br />

la ville, avait été suspendu « a divinis » en juillet 1909 ; la suspension frappa aussi la paroisse<br />

probablement parce qu’il ne voulait pas s’en aller. En janvier 19911, il manifesta sa contrition et il<br />

fut réadmis et on enleva l’interdit qui frappait Coloreto à condition naturellement que le curé se<br />

démette. Déjà en 1909, don Ismeraldo Comelli, ordonné trois ans plus tôt, s’était distingué par sa<br />

négligence de ses devoirs de curé de Ceda, encore une fois dans le lointain territoire de Monchio.<br />

Dix ans après <strong>Conforti</strong> le révoqua de Ceda et le suspendit ; mais déjà l’année successive, il était de<br />

nouveau curé à Pugnetolo de Corniglio. Selon les données à notre disposition, on ne peut pas dire<br />

que ce déplacement était une punition du point de vue économique ou du prestige. Don Aldo<br />

Ganazolli, né en 1887 et ordonné en 1910, vice-recteur avant et recteur ensuite à Berceto de 1919 à<br />

1923, ayant fui autour de 1924 à Pontremoli fut récupéré avec fatigue ; il devint curé à Castellina<br />

Santa <strong>Maria</strong> en 1928. Don Pietro Anelli, ordonné prêtre en 1904 dans les années chaudes, eut<br />

besoin d’une double intervention : il était à Orzale di Nerviano Arduini quand il fut révoqué pour<br />

des raisons disciplinaire. Réhabilité en 1925, il fut envoyé à Martorano en moyenne plaine, proche<br />

de San Prospero. L’année suivante, découvert pendant qu’il entrait dans une maison close, il fut de<br />

nouveau suspendu et révoqué. Il devait aller <strong>com</strong>me directeur spirituel à Trefiumi di Monchio.<br />

Comme on peut le noter, ce paragraphe recueille les nouvelles et autres concernant les péchés<br />

du clergé d’un diocèse : situations analogues à tant d’autres de manière répétée. Trahisons, crises,<br />

fatigues, abandons, misères morales et matérielles et le retour fréquent de certains lieux : Corniglio,<br />

Monchio, Nerviano Arduini. La déchéance du prêtre est liée à plusieurs facteurs personnels et<br />

environnementaux <strong>com</strong>me c’est le cas de la solitude dans les zones éloignées du diocèse, pauvres et<br />

pastoralement difficile.<br />

L’approche de <strong>Conforti</strong> à ces cas émerge de manière limpide : interventions directes si<br />

nécessaire, documentées et non seulement par oui dire ; une seconde chance était toujours offerte<br />

<strong>Manfredi</strong> - 127 – G.M. <strong>Conforti</strong>


mais cela ne devait pas être perçu <strong>com</strong>me une dévalorisation de la personne ; la recherche de<br />

l’intervention d’autres prêtres de confiance qui tentaient l’approche et offraient une opportunité<br />

convaincante ; le choix de défendre les prêtres mis en garde <strong>com</strong>me don Del Sante avec une<br />

confiance un peu excessive, tout cela hérité d’une situation pesante, en grande partie due à une<br />

formation gravement défectueuse dans le séminaire, d’un climat de tension entre les clercs et d’une<br />

catastrophe humaine <strong>com</strong>me le fut la 1 ère guerre mondiale.<br />

ENGAGEMENT POUR LE SÉMINAIRE<br />

Selon ce que nous avons traité dans le chapitre précédent, <strong>Conforti</strong> avait localisé en toute<br />

lucidité, dans le séminaire et sa gestion, un des premiers noyaux sur lesquels intervenir ; et déjà dès<br />

la première année de son épiscopat, il en avait changé les deux supérieurs les plus importants : le<br />

recteur et le père spirituel. Don A. Castellina, le recteur, était tombé très tôt malade et après quatre<br />

ans, il dut le remplacer avec le jeune don A. Masnovo qui guida, de sa part, le séminaire pour peu<br />

d’année jusqu’à la fermeture à cause du manque d’étudiants en Théologie et de l’occupation des<br />

plus importants bâtiments ecclésiastiques par l’administration militaire au cours de l’automne 1917.<br />

De fait, dans la suite, le séminaire de la ville avait presque été anéanti par le problème de la<br />

guerre. En 1919, il put rouvrir ses portes avec peu d’étudiants en Théologie et de lycéens qui<br />

rentraient du front ou par hospitalité provisoire de Modena. Pendant une année, <strong>Conforti</strong> inventa<br />

une gestion temporaire avec don Ettore Savazzini, <strong>com</strong>me recteur, et en même tant curé de San<br />

Sepolcro, dans la ville et depuis des années enseignant ; don Emilio de la très noble descendance<br />

des Pallavicino ordonné en 1911 <strong>com</strong>me son collaborateur et don Giovanni Battista Rossi, ordonné<br />

en 1909 <strong>com</strong>me père spirituel. Il s’agissait d’une énième solution d’émergence, sûrement mise en<br />

application pour récréer rapidement des conditions minimales de vie de l’institut et pour recueillir et<br />

trier les séminaristes qui depuis un temps n’étaient plus sous le regard des supérieurs de Parma. En<br />

même temps, l’évêque percevait la nécessité des figures crédibles, loin de toutes les tensions encore<br />

latentes au sein du clergé, et il ne réussissait pas à trouver un candidat interne de son diocèse pour le<br />

rôle de recteur. Ainsi, il s’adressa <strong>com</strong>me déjà par le passé pour le vicaire général de Ravenna, à<br />

son ami et protecteur Ferrari, aussi parce qu’il savait que l’archevêque milanais disposait de cette<br />

force <strong>com</strong>pétente et toujours disponible, constituée par les oblats de San Carlo. Ainsi en 1920, une<br />

brève nouvelle sur « L’Eco della curia » annonçait que le nouveau recteur serait don Severino<br />

Cattaneo et le père spirituel don Francesco Carrera o Careta. Peu après, le 28 novembre, après<br />

quatre ans sans ordinations, les dernières remontant en 1916, le diocèse eut deux nouveaux prêtres :<br />

Amilcare Amadasi et Cesare Santini. Ce dernier n’était pas originaire de Parma ; quant au premier<br />

nous en parlerons bientôt.<br />

Don Careta a exercé <strong>com</strong>me directeur spirituel pendant deux ans ; don Cattaneo fut recteur de<br />

1920 à 1925. Dans l’entre-temps, l’on sait qu’après une longue et douloureuse maladie,<br />

l’archevêque Ferrari mourut. En septembre 1925, <strong>Conforti</strong> écrit une lettre à son successeur sur le<br />

siège épiscopal milanais, Eugenio Tosi, que don Cattaneo avait bien fait ; mais que pour sa rigidité,<br />

il s’était attiré l’aversion premièrement des étudiants et ensuite des curés. Les vicissitudes de la<br />

direction du séminaire n’étaient donc pas finies. <strong>Conforti</strong> a opté pour une solution interne même si<br />

anormale. Il nomma don Bonfiglio Conti, prêtre depuis 1902, archiprêtre de Soragna qui était déjà<br />

son disciple parmi les premiers de Borgo del Leone d’Oro mais sans le faire démettre de la paroisse.<br />

Conti devait donc passer les premiers jours de la semaine au séminaire de Parma et aller à la fin de<br />

la semaine à Soragna. Au même moment, don Ernesto Pezzani , ordonné en 1903 devint père<br />

spirituel. Cattaneo alla diriger le nouveau séminaire régional de Catanzaro, une des fondations<br />

interdiocésaines voulues par Pie XI pour élever la qualité du clergé de certaines régions italiennes<br />

avec de très petits diocèses.<br />

Don Bonfiglio Conti, tout en n’ayant pas une grande formation culturelle, était un homme de<br />

confiance de <strong>Conforti</strong> et il avait probablement la confiance du clergé de Parma. Pour cette raison, et<br />

<strong>Manfredi</strong> - 128 – G.M. <strong>Conforti</strong>


c’est aussi une tendance générale pour toute l’Italie, les vocations re<strong>com</strong>mencèrent à etre<br />

nombreuses. C’est ainsi que <strong>Conforti</strong> décrivit la situation de 1927 :<br />

« L’avenir de nos séminaires est bien promettant. Chaque année, un nombre considérable de<br />

jeunes hommes y sont admis, peut-être du jamais vu, si l’on regarde les années précédentes. Ils sont<br />

plus de 160 ceux qui fréquentent les classes du gymnase (lycée) tenant <strong>com</strong>pte bien entendu de<br />

Parma et Berceto. Les cours philosophiques et théologiques subissent encore cependant le malheur<br />

des années antérieures. Nous n’avons qu’une trentaine d’étudiants en tout ; pour ce, nous aurons à<br />

souffrir encore pendant sept ans du manque du clergé. Je prépare les soldats pour mon<br />

successeur ».<br />

En effet, ses prévision se révélèrent ponctuellement : quatre nouvelles ordinations en 1927 et<br />

1928 ; aucune en 1929 ; cinq en 1930 et 1931, dernière année de <strong>Conforti</strong> ; ensuite deux en 1932 ;<br />

six en 1933 et dès lors pendant plusieurs années, il n’y eut jamais moins de neuf ordinations, si l’on<br />

exclut les années 1945-1949 où il y eut trois chaque fois, avec les pointes de dix-huit ordinations en<br />

1940 et 16 en 1938.<br />

Le vrai réservoir de ces vocations était le séminaire de montagne de Berceto. Fondé en 1841,<br />

à côté du sanctuaire marial, pendant plusieurs années, il avait eu des cours <strong>com</strong>plets du lycée et de<br />

philosophie, après quoi, les étudiants descendaient à Parma pour y poursuivre les études<br />

théologiques.<br />

En 1904, Magani avait décrété de déplacer à Berceto les trois premières années du lycée ;<br />

pendant que la quatrième et la cinquième année qui correspondraient au philosophât et le théologat<br />

restait dans le séminaire en ville. Le recteur de ce séminaire fut don Guglielmo Quaretti de 1904 à<br />

1912. Après quatre ans de rectorat de don Aldo Ganazzoli (1919-1923), le recteur de Berceto fut<br />

don Giovanni Bernini (1923-1929), une figure célèbre du clergé de Parma. Son successeur fut don<br />

Camillo Belletti (1929-1931). En 1921, le jeune enseignant ordonné prêtre quelques mois avant,<br />

Amilcare Amadasi fut révoqué de son siège d’enseignant. Ce qui fait qu’Amadasi éprouvera tout un<br />

ressentiment très fort à l’endroit de <strong>Conforti</strong>. Au moment de la récolte des informations pour la<br />

béatification, il a été parmi les accusateurs de l’évêque fondateur. En 1923, entre le recteur<br />

Ganazzoli et les collègues, des fortes tensions s’étaient créées. Avec don Bernini par contre les<br />

tensions furent entre le recteur et les étudiants ; pour cela <strong>Conforti</strong> lui offrit une prébende dans la<br />

cathédrale ou la paroisse de Mezzano Inferiore que Bernini choisira. Berceto était donc un institut<br />

non facile à gérer mais sûrement capable d’assurer et de former un grand nombre de « fils de la<br />

montagne » <strong>com</strong>me des prêtres en plus de constituer l’unique école secondaire des Apennins.<br />

Mais une intervention radicale était en train de s’abattre sur Berceto. En été 1926, à moins<br />

d’une année de la nomination de don Conti et don Ernesto Pezzani, arriva un visiteur apostolique<br />

des séminaires. Ses dures indications allèrent dans la direction de fermer Berceto, de sortire le plus<br />

tôt possible de la situation où le recteur du séminaire était aussi curé, de changer le directeur<br />

spirituel. Dans l’entre-temps, don Bonfiglio avait déjà donné ses démissions que <strong>Conforti</strong> n’avait<br />

pas accepté. Une ultérieure tourmente frappait la réalité déjà délicate des séminaires de Parma. Le<br />

visiteur envoyé de Rome qui ne fut ni plus rigide ni plus prévoyant que ses collègues excités par Pie<br />

XI dans les séminaires italiens est un personnage bien connu, un bénédictin déjà fameux en ces<br />

temps-là pour ses études historico-liturgiques : Alfredo Ildefonso Schuster.<br />

Dans son style obéissant, <strong>Conforti</strong> se dévouta à mettre en pratique les ordres de Rome. C’était<br />

déjà depuis des années que les séminaristes ne disposaient plus d’un lieu de villégiature (une<br />

maison de campagne pour les vacances), une chose inacceptable à cette époque-là. <strong>Conforti</strong>, une<br />

année avant, avait déjà demandé au diocèse une offrande pour une nouvelle maison de villégiature.<br />

Maintenant, la direction avait changé. Il fallait construire un nouveau petit séminaire, en ville et<br />

alors Berceto serait devenu la villégiature et non plus le séminaire pour tant de vocations des zones<br />

des Apennins. <strong>Conforti</strong> avait jeté son regard sur un terrain encore libre, à peu de mètres de la<br />

Maison Mère des Xavériens, à Campo Marte, et le 1 er avril 1929, il posait solennellement la 1 ère<br />

pierre de l’édifice qu’on <strong>com</strong>mença à utiliser seulement après sa mort, en 1932, avec la fermeture<br />

définitive de Berceto, alors que l’inauguration solennelle fut en 1939. Pour ce qui est du père<br />

<strong>Manfredi</strong> - 129 – G.M. <strong>Conforti</strong>


spirituel, l’ancien et très sûr don Ettore Savazzini remplaça don Ernesto Pezzani. Le problème<br />

encore une fois fut de trouver le recteur. La congrégation romaine poussait pour le remplacement de<br />

don Conti, non parce qu’il n’était pas indiqué, mais parce qu’il était aussi curé à Soragna qui était,<br />

une grosse agglomération à 27 km de la ville. <strong>Conforti</strong> temporisa jusqu’à l’été 1928, quand peu<br />

avant de partire pour la Chine, il décida de demander à don Giovanni Barili, âgé de 47 ans, curé de<br />

Serravalle, fraction sur le torrent Ceno, à l’ouest de Varano di Melegari, de descendre en ville<br />

<strong>com</strong>me recteur. On peut affirmer que cette nomination de <strong>Conforti</strong> fut définitive et bien devinée, vu<br />

que don Barili fut confirmé recteur depuis son successeur Colli et se démit après trente ans de<br />

direction du séminaire, en 1956, à l’âge de 75 ans. Comme on peu le relever dans la chronologie,<br />

<strong>Conforti</strong> a joui très peu de cette solution, après des années d’incertitude et du provisoire qui ne<br />

finirent pas du tout, à dire vrai, vu qu’après une année de rectorat de Barili, l’économe don<br />

Giovanni Contini voulut s’en aller suite à un manque d’entente réciproque qui, dans le cas contraire,<br />

aurait donné lieu à des équivoques déplorables ! Il était en exercice depuis une quinzaine d’années.<br />

Probablement la création d’un nouveau petit séminaire plus spacieux là où Berceto n’était<br />

plus suffisant et l’ancien séminaire urbain à côté de la Cathédrale et du baptistère était une<br />

nécessité qui se serait manifestée même sans le visiteur apostolique. Toutefois, il faut aussi noter<br />

que Berceto fut un des premiers séminaires de montagne à cesser de fonctionner et de recruter sans<br />

la zone : Fiumalbo (diocèse de Modena) ne fut supprimé qu’en 1966. Il en est de même pour<br />

Bedonia à Piacenza et Marola à Reggio Emilia. Il n’est pas possible de faire une hypothèse sur le<br />

nombre des vocations du diocèse de Parma dans les années suivantes si Berceto avait survécu à côté<br />

d’un nouveau séminaire en ville. Il est certain que la conception centralisante voulue par Pie XI<br />

pour donner à beaucoup de diocèses italiennes une structure éducative et culturelle plus robuste en<br />

cette période d’afflux des vocations au sacerdoce généra de grandes structures, des édifices<br />

sympathiquement définis par un prêtre de la Toscana : « Séminaire neufs, vides et à finir de payer ».<br />

En d’autres termes, la croissance des entrées au séminaire dura une vingtaine d’années ou un peu<br />

plus. Peut-être <strong>Conforti</strong> se serait mû avec grande souplesse alors que l’intervention romaine fit telle<br />

qu’en trois ans, 1926-1929, changèrent le recteur et le directeur spirituel, le recteur de Berceto et le<br />

rapport entre les deux institutions. Il reste à <strong>com</strong>prendre pourquoi <strong>Conforti</strong> n’avait pas voulu, de<br />

fait, donner un système stable de direction du séminaire, en changeant six recteurs en vingt-cinq<br />

ans. Il est claire que <strong>Conforti</strong> avais <strong>com</strong>pris à fond par expérience même douloureuse que la gestion<br />

éducative du séminaire était déterminant pour la vie diocésaine. Peut-être il n’arriva pas à avoir une<br />

confiance à fond de cette génération « du milieu » qu’il n’avait pas pu ac<strong>com</strong>pagner dans la<br />

croissance et qui par contre avait été marquée par des abandons et des crises. Ce n’est pas un cas<br />

qu’après la solution externe du milanais Cattaneo, <strong>Conforti</strong> s’est appuyé sur don Bonfoglio Conti<br />

qui avait été son ancien élève à Borgo del Leone d’Oro. C’est seulement à la fin q’il joua la carte<br />

Barili, avec une intuition notable sur les capacités de la personne. C’est aussi intéressant <strong>com</strong>ment il<br />

a choisi qui était déjà éducateur au séminaire mais n’avait jamais fait le curé tout <strong>com</strong>me d’ailleurs<br />

Ferrari. Il a choisi des prêtres qui venaient des expériences directes de la cure des âmes, Conti et<br />

ensuite Barili, même si pas munis de diplômes : un choix je crois dicté par l’expérience et l’essai de<br />

donner un message aux curés qui pouvaient garantir l’affluence des nouvelles vocations.<br />

MOYENS POUR SOUTENIR LE CLERGÉ ET POUR LE GOUVERNEMENT DU<br />

DIOCÈSE<br />

En <strong>Conforti</strong>, on recueille certaines lignes de son projet sur le clergé qui vont de pair avec le<br />

soin nécessaire et urgent pour le séminaire. Avant tout, peu de mois après son entrée officielle<br />

<strong>com</strong>me évêque de Parma, de plein droit, <strong>Conforti</strong> reprend les retraites spirituelles pour les prêtres au<br />

séminaire, retraites déjà promues par Miotti dans les dernières décennies du dix-neuvième siècle.<br />

Ce sera un leitmotiv de ses re<strong>com</strong>mandations au clergé diocésain <strong>com</strong>me d’ailleurs à ses<br />

missionnaires.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 130 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Comme nous avons vu, en outre, à l’occasion de la visite pastorale, il relance l’institution des<br />

Missionnaires gratuits du Sacré-Cœur, fondée par l’évêque Villa en 1876 et soutenue par son<br />

successeur Miotti. Après le service durant la première visite, cette association des prêtres bien<br />

déterminés et avec quelques talents oratoires, ne manqua pas de rencontres et de procès verbaux qui<br />

étaient publiés sur l’Eco et manifestaient la survie de ces Missionnaires au moins jusqu’en 1928,<br />

malgré le moment d’offuscation de l’engagement. Il y eut aussi une autre association des prêtres<br />

adorateurs qui furent, <strong>com</strong>me on a vu dans le chapitre précédent, l’âme du premier congrès<br />

eucharistique diocésain. Elle était soutenue par <strong>Conforti</strong> qui, à travers ce groupe, proposa la<br />

consécration de tout le diocèse au cœur de Jésus, en 1917, à un moment où la dévotion au Sacré-<br />

Cœur était répandue parmi les militaires au front grâce à l’engagement du père Agostino Gemelli et<br />

de Armida Barelli.<br />

Mais <strong>Conforti</strong> avait un autre projet plus spécifique, et je crois, en fonction duquel il a répandu<br />

ces réalités associatives. « Un qui veut faire l’histoire des déceptions de <strong>Conforti</strong> doit considérer<br />

aussi celle des Oblats. Elle lui a coûté beaucoup : ainsi selon ce que Grazzi rapporte, il dit, des<br />

années après, Bonardi. Les oblats diocésains du Sacré-Cœur devaient être un projet que <strong>Conforti</strong><br />

avait conçu tôt, peut-être depuis Ravenna, quand Ferrari lui envoya un oblat diocésain milanais,<br />

Marelli, <strong>com</strong>me vicaire Général. Le modèle milanais était alors bien connu et on pourrait dire envié.<br />

Les oblats sont des prêtres diocésains qui font les vœux religieux et se mettent à la disposition de<br />

l’évêque pour n’importe quelle mission et tâche soit demandées ou d’urgence ou en conditions et<br />

situations difficiles. C’est une sorte de « corps choisi » parmi le clergé, très fidèle et culturellement<br />

très préparé. Dans la maison de Rho, ces Oblats faisaient une vie <strong>com</strong>munautaire et se dédiaient<br />

particulièrement à la prédication des retraites et des missions populaires. D’autres s’étaient<br />

spécialisés de quelque façon avec une intervention passagère dams les paroisses marquées<br />

particulièrement par des problèmes graves, <strong>com</strong>me par exemple les curés difficiles ou très âgés qui<br />

ne voulaient pas se démettre : les Oblats étaient envoyés <strong>com</strong>me vicaires pour aider ; ou en d’autres<br />

formes. Dans le diocèse de Milan, il s’était diffusé un sobriquet ironique pour les Oblats : « les<br />

coopérateurs sicaires.<br />

Mais au-delà de l’utilité d’un noyau motivé du clergé pour les services et les urgences dans un<br />

diocèse <strong>com</strong>me celui de Parma, je crois que l’idée d’un clergé avec des vœux religieux répondaient<br />

profondément à la spiritualité de <strong>Conforti</strong>, prêtre diocésain, mais avec les vœux du missionnaire et<br />

avec la profonde conviction de l’importance des vœux religieux. Ainsi, auparavant, dans le journal<br />

vers août 1918, puis dans son épistolaire en 1919, cette tentative apparaît pour donner naissance aux<br />

prêtres oblats. Au cours de l’été de cette année-là, <strong>Conforti</strong> se mit à travailler concrètement au<br />

projet en rédigeant un règlement. En octobre et ensuite en novembre de cette même année, il écrivit<br />

au secrétaire de la Congrégation des Religieux, père Mauro Serafini qui, cependant, dans sa<br />

réponse, bloquait le projet. Mais en janvier 1928, <strong>Conforti</strong> retourna à la charge ; il avait déjà<br />

identifié deux volontaires, don Camillo Belletti et don Evaristo Scaffardi ordonnées en 1926. Le 5<br />

janvier 1928, il écrivit une règle, beaucoup plus brève de celle de 1919 et peu de jours après, il en<br />

parla directement à Pie XI qui lui donna son accord. Il <strong>com</strong>mença tout de suite un cheminement<br />

formatif pour les deux prêtres Belletti et Scaffardi qui dura de janvier à août : Scaffardi rentra en<br />

famille. En octobre 1931, Belletti fut nommé curé à <strong>Maria</strong>no di San Lazzaro. On relève que<br />

<strong>Conforti</strong> choisit un de ses jeunes prêtres, eux qui avaient grandi désormais dans un autre climat de<br />

séminaire. Peut-être aussi de leur part, il subit une déception née certainement de la forme inédite et<br />

exigeante de la proposition. Malgré l’interruption de la formation des Oblats, <strong>Conforti</strong> continua<br />

d’avoir en projet cette institution aussi durant les longues réflexions dans les temps morts de la<br />

Croisière vers la Chine, à l’automne 1928. La nouvelle famille religieuse devait s’appeler « Sacré-<br />

Cœur » et être une Milice auxiliaire du Clergé séculier, considérant l’insuffisance des vocations à<br />

l’état ecclésiastique et les besoins grandissants de l’Eglise et de la société civile. La finalité générale<br />

de la congrégation était la sanctification des membres ; la finalité particulière de se mettre<br />

entièrement à la disposition de l’évêque en tout ce que son œuvre sera jugé utile pour le bien du<br />

clergé et des fidèles ». le modèle spirituel était placé dans le cœur de Jésus. « Les novices<br />

<strong>Manfredi</strong> - 131 – G.M. <strong>Conforti</strong>


« étudieront à fond le Cœur de Jésus ; ils apprendront de lui la douceur, l’humilité, l’obéissance, la<br />

pureté, le détachement des choses de la terre, l’amour des souffrances et surtout de la charité forte,<br />

généreuse et constante qui les rendra autant que possible à la fragilité humaine, des copies vivantes<br />

du modèle divin des prédestinés ». Le règlement de l919 spécifiait les œuvres pour lesquelles les<br />

oblats seront engagés : la diffusion de la dévotion eucharistique (<strong>com</strong>munion générale et<br />

quotidienne, heures d’adoration, les quarante heures, l’adoration nocturne…), formation liturgique<br />

du peuple, éducation des séminaristes, retraites pour les prêtres, engagement pour la vie<br />

<strong>com</strong>munautaire des prêtres et pour les vocations, directions des maisons pour les prêtres âgés, les<br />

missions populaires et l’assistance religieuses des ouvriers et des prisonniers, les publications<br />

religieuses et la diffusion de la lecture de l’Evangile dans les familles, les œuvres missionnaires et<br />

des autres associations religieuses, l’éducation des jeunes à travers les autres associations<br />

religieuses., l’éducation des jeunes à travers les congrégations (mouvements) mariales, les oratoires,<br />

les écoles de religion, la direction des écoles épiscopaux pour les étudiants. L’objectif<br />

Cet ample spectre de possibles ministères ecclésiaux est ainsi décrit : « <strong>com</strong>battez avec<br />

l’action le laïcisme dominant pour aider le clergé séculier dans leur sainte lutte pour la restauration<br />

sociale en Christ, en condensant son programme en ce mot d’ordre : « In omnibus Christus ». On<br />

s’aperçoit ici l’écho du projet intransigeant qui sera traduit plus tard dans le « Règne social du<br />

Christ par Pie XI » ».<br />

La dévotion au Cœur de Jésus revient dans ces instruments de formation et de soutien<br />

spirituel du clergé. C’était certainement une icône répandue en cette époque-là, soutenue entre autre<br />

au niveau italien par Gemelli, par les réalités de l’Action Catholique, en plus que, <strong>com</strong>me selon la<br />

tradition, par les jésuites. Dans l’abondante quantité des écrits et des homélies de <strong>Conforti</strong>, à<br />

présent, il manque une analyse de la présence et des significations de la dévotion au Sacré-Cœur qui<br />

est aussi marginal dans la récente anthologie des textes. La formation de la jeunesse, la proximité à<br />

la spiritualité jésuite et à ce qui venait du Saint Siège rendait certainement <strong>Conforti</strong> attentif à la<br />

diffusion de cette dévotion. Il me semble que <strong>Conforti</strong> ne soit pas étranger à ce modèle, au moins<br />

pour le diocèse et surtout pour le clergé.<br />

En plus de cette instrumentalisation de type spirituel, il me paraît que l’on doit souligner une<br />

autre intuition de <strong>Conforti</strong> pour le soutien de son clergé. En avril 1910, donc dans les années de<br />

modernisme, <strong>Conforti</strong> suggérait à la conférence épiscopale de Reggio Emilia de proposer aux<br />

diocèses l’institution des « cercles pour la culture du clergé » <strong>com</strong>me réponse évidente au<br />

modernisme sur le plan culturel. Probablement à cette époque des tensions, les cercles de ce genre<br />

seraient placés sous une observation spéciale du Saint Siège <strong>com</strong>me possibles foyers du<br />

modernisme. Mais pour la sécurité que <strong>Conforti</strong> avait à l’égard du néothomisme saint et sauf de ses<br />

enseignants, pour cette portion d’innocence qu’il conserva toujours, il décida au cours de cette<br />

même année de <strong>com</strong>mencer dans son diocèse l’association pour la culture entre le clergé diocésain.<br />

Sur les programmes et les propositions de l’association qu’on peut suivre sur les annales du journal<br />

diocésain de 1910 à 1916, il y a des thèmes importants choisis pour les intervenants invités ou<br />

impliqués parmi le clergé de Parma. En 1910, différents prêtres intervinrent par des conférences :<br />

père Gemelli, Filippo Crispolti, Aleramo Cravosio ; ce dernier a donné une conférence sur<br />

l’Archéologie de l’ancienne ville de Ninive. Les thèmes portaient sur l’actualité, la philosophie et<br />

les thématiques historiques. En plus des conférences dans les villes, l’association lança un concours<br />

avec des prix en argent pour des travaux d’approfondissement initiés par les prêtres. Il ne me résulte<br />

pas pour l’instant que <strong>Conforti</strong> ait repris l’idée des autres évêques ou d’autres diocèses. Je crois<br />

qu’il s’agissait d’une intuition personnelle à lui. Malheureusement, même en ceci, la guerre<br />

européenne finit par conduire à la suspension de l’initiative qui ne me résulte pas avoir été reprise<br />

par <strong>Conforti</strong>. En plus, après des années, en 1925, on re<strong>com</strong>mença dans le journal diocésain la<br />

publication des « cas » dans des rencontres des prêtres au niveau des vicariats, une méthode<br />

traditionnelle pour la mise à jour du clergé.<br />

A cette sensibilité spirituelle et culturelle à laquelle il faut unir l’expansion de l’Union<br />

Missionnaire du Clergé dont nous parlerons plus avant, <strong>Conforti</strong> unissait l’attention aux conditions<br />

<strong>Manfredi</strong> - 132 – G.M. <strong>Conforti</strong>


de vie de ses prêtres. Au cours de ces années-là, à cause de la situation économique précaire, ,mais<br />

aussi pour la défense juridique des prêtres accusés devant les tribunaux civils, dans différents<br />

diocèses italiens, naissent des sociétés de secours mutuel entre le clergé et des associations de<br />

défense. A Parma, <strong>Conforti</strong> promut la société pour la défense du Clergé. Leader de cette œuvre<br />

d’organisation, information et recueil des fonds était don Ormisda Pellegri, expert des Coopératives<br />

et Législation dans ses premières années en paroisse, à Cassio. Dans ce cadre, <strong>Conforti</strong> arriva à<br />

concevoir un projet ambitieux lié à son expérience et à sa connaissance du clergé de Parma. L’âge<br />

moyen augmentait ; le clergé jeune diminuait et cela d’année en année pour une longue période ; le<br />

diocèse était divisé en plus de trois-cents paroisses, parmi lesquelles certaines dans les petits<br />

villages de montagne. On devait penser à un Institut d’accueil pour les prêtres âgés et malades. Le<br />

projet vit ainsi le jour. Initialement, il recueillit les adhésions et les fonds mais dans la suite, il ne<br />

put se maintenir debout et aller de l’avant.<br />

Du reste, la marge de manœuvre était très réduite et au niveau économique, <strong>Conforti</strong> pouvait<br />

faire très peu pour son clergé. Avec l’avènement du fascisme, la contribution de l’état aux prêtres<br />

(congrua) et d’autres aspects économiques virent une amélioration des conditions, mais quand<br />

<strong>Conforti</strong> en avait l’occasion, il ne manquait pas de demander au Saint Siège certaines formes<br />

d’assistance surtout pour les chanoines et les curés plus pauvres. Il rappelait aussi avec force aux<br />

curés une correcte administration des biens car, <strong>com</strong>me on l’a vu, il n’était pas rare de trouver des<br />

prêtres qui étaient lourdement endettés. L’expérience avait enfin enseigné à <strong>Conforti</strong> la nécessité<br />

d’une bonne organisation des liens avec le clergé sur le territoire. Magani avait réorganisé les<br />

doyennés (zones) en dépassant les vieilles structures traditionnelles et en adaptant les frontières de<br />

ces doyennés à celles des <strong>com</strong>munes qui étaient plus grandes dans la province de Parma. Après<br />

deux visites pastorales, et une fois que le cataclysme de la guerre était fini, <strong>Conforti</strong> réunissait les<br />

curés doyens(=vicaires forains). En cette occasion, l’évêque exposait clairement sa conception du<br />

rôle de ces doyens : à travers les visites annuelles des paroisses, ils devaient recueillir des<br />

informations à transmettre immédiatement à l’évêque ; ensuite, il y aurait désormais les visites plus<br />

approfondies tous les trois ans. Il était nécessaire redémarrer les regroupements des cas, répandre<br />

les orientations diocésaines sur la catéchèse des enfants, exhorter au soin des vocations et en plus,<br />

en général, contrôler le clergé auquel il adressa une proposition de vie <strong>com</strong>munautaire, selon le<br />

canon 134 du CIC de 1917. Peu d’années après, entre 1924-1925, on procéda à la nomination des<br />

chanceliers ou secrétaires de doyenné et rappela aux doyens leurs devoirs.<br />

CONFORTI ET LES CONGRÉGATIONS RELIGIEUSES PRÉSENTES DANS LE<br />

DIOCÈSE DE PARMA<br />

Nous insérons ici quelques références à un thème qui attend des études plus amples et des<br />

approfondissements. Il s’agit du rapport entre <strong>Conforti</strong> et les différents instituts religieux masculins<br />

et féminins présents dans la ville de Parma et sur tout le territoire du diocèse. La présence des<br />

religieux est antique et toujours importante dans la capitale provinciale et au siège épiscopal avec<br />

une grande influence au niveau éducatif, en plus du service religieux dans les différentes églises<br />

publiques liées aux <strong>com</strong>munautés. Ayant grandi à l’école des Frères des Ecoles Chrétiennes,<br />

<strong>Conforti</strong> avait expérimenté l’engagement et la ferveur de certaines de ces <strong>com</strong>munautés religieuses<br />

ayant survécu dans différents cas aux suppressions de 1866-1867. Il avait aussi perçu les<br />

stimulations, de grande incidence spirituelle, présentes dans les mêmes familles religieuses qui<br />

avaient résisté à l’épreuve. Dans les années où il était vice-recteur du séminaire, encore jeune prêtre,<br />

mais surtout au cours de la période où il était vicaire général, les rapports avec les religieux étaient<br />

toujours très bons. Cela contrairement à ce qui arrivait pour l’évêque F. Magani qui finit par créer<br />

des tensions avec presque toutes les <strong>com</strong>munautés religieuses présentes en ville, <strong>com</strong>me nous avons<br />

vu dans le deuxième chapitre. Le climat positif entre le jeune vicaire général et les religieux a été<br />

prouvé par le don précieux d’un reliquaire avec les reliques de tous les fondateurs ou patrons de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 133 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>com</strong>munautés religieuses masculines du diocèse au moment de la nomination de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me<br />

archevêque de Ravenna, en plus de différentes lettres de félicitations pour la même occasion.<br />

Rentré de Ravenna à Parma, dans la première période de permanence à Campo di Marte<br />

<strong>com</strong>me archevêque « in partibus » <strong>com</strong>me dans la suite, et surtout <strong>com</strong>me évêque dans sa ville<br />

d’origine, <strong>Conforti</strong> continua avec spontanéité la politique de bon voisinage et de collaboration avec<br />

toutes les <strong>com</strong>munautés religieuses présentes sur le territoire. La documentation, à présent, est<br />

plutôt limitée, au moins au niveau des échanges épistolaires et des interventions diocésaines. On ne<br />

s’étonne pas des sources limitées qui, à cette époque, n’était pas un signe de distance réciproque. La<br />

majeure partie des congrégations n’avaient pas de charges pastorales qui retomberaient sous la<br />

responsabilité de l’ordinaire du lieu : seuls les Bénédictins, les Franciscains de l’Annonciation et les<br />

Salésiens avaient en charge des paroisses. Selon le CIC et la mentalité de l’époque, l’action<br />

pastorale des religieux était considérée sous l’optique d’indépendance par rapport à l’engagement<br />

plus strictement paroissial. Aujourd’hui, on cherche une majeure formalisation de la collaboration<br />

entre le clergé diocésain et des religieux à travers la participation aux conseils et organes à<br />

différents niveaux. Dans le passé, les champs d’action étaient considérés <strong>com</strong>me nettement séparés.<br />

Nous pouvons retenir don que la grande partie de contacts se déroulait de façon informelle parce<br />

qu’en ces relations, on mettait par écrit seulement les problèmes. <strong>Conforti</strong> faisait tout le possible<br />

pour dissiper les tensions qui surgissaient au temps de son prédécesseur Magani. Au cinquième<br />

chapitre, nous avons fait allusion par exemple à la conclusion rapide et pacifique de la controverse<br />

du prieuré de Fontanellato qui avait impliqué les dominicains du sanctuaire. Sa participation aux<br />

célébrations ou aux manifestations organisées par les religieux et les religieuses est constante et<br />

discrète. De la part des différents groupes de consacrés, l’engagement pour la formation<br />

catéchétique qui tenait à cœur l’évêque ou <strong>com</strong>me dans les cas de Stigmatiques (ainsi étaient<br />

appelées les religieuses de la congrégation des Pauvres Filles des saintes stigmates de Saint<br />

François) ), pour les cercles juvénile, est ample. Un signe apparemment limité mais de signification<br />

notable fut la disponibilité de certains religieux à gérer les paroisses restées vacantes en période de<br />

guerre, <strong>com</strong>me on dira plus tard. Cette bonne harmonie propulsée aussi sûrement par le fait que<br />

parmi les religieux présents dans le diocèse, il y avait aussi ses Xavériens, avec père Bonardi<br />

engagé à tenir les contacts avec les différents responsables des couvents, émerge clairement dans la<br />

relation « ad limina » de 1926, que nous citerons aussi dans un des chapitres successifs : les<br />

<strong>com</strong>munautés des consacrés sont vues par <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me exemplaires dans l’observance des<br />

règles et de la vie qui leur étaient prescrites.<br />

Le bon rapport entre <strong>Conforti</strong> et les religieux ne dérive pas seulement des raisons<br />

d’opportunité pastorale et de l’engagement d’éviter des affrontements et des scandales. <strong>Conforti</strong><br />

connaissait bien les différentes <strong>com</strong>munautés présentes sur le territoire diocésain et l’importance de<br />

leur vie consacrée qui était effectivement grande. Son confesseur personnel était le père Salvatore<br />

Spada des Franciscains de l’Annunziata. Les Salésiens et les Stigmatiques étaient, avec les Frères<br />

des Ecoles Chrétiennes, des présences éducatives précieuses dans les quartiers plus à risque. Les<br />

Capucins avaient un traditionnel engagement missionnaire vers la Chine qui avait propulsé l’arrivée<br />

du père Francesco Fogolla à Parma à qui <strong>Conforti</strong> avait confié la première expédition missionnaire<br />

des Xavériens. Les contacts avec le monastère bénédictin de San Giovanni furent toujours positives<br />

et, avec l’arrivée de Emanuele Caronti <strong>com</strong>me abbé, eurent une croissance visible dans le domaine<br />

de la collaboration pour la pastorale liturgique. En plus, son estime pour les vœux religieux qu’il<br />

avait voulu pour son institut donnait à <strong>Conforti</strong> une capacité de <strong>com</strong>prendre les dynamiques plus<br />

appropriées, charismatiques et spirituelles des religieuses, chose qui n’est pas toujours évidente<br />

pour un prêtre diocésain.<br />

Certainement, ce domaine n’est pas encore susceptible d’études et d’approfondissements. En<br />

particulier je crois que les rapports avec les Franciscains sur lesquels les études se polarisent en<br />

grande partie sur la figure singulière du père Lino Maupas, soient à analyser systématiquement et<br />

les jésuites pour lesquels <strong>Conforti</strong> avait obtenu le retour dans la ville.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 134 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Au sujet du père Lino, jusqu’à présent très vénéré à Parma, nous avons les paroles de <strong>Conforti</strong><br />

pour l’inauguration d’un monument au Franciscain, prononcées au cimetière de Parma devant sa<br />

tombe, le 1 er novembre 1929. l’évêque était profondément animé par la charité sans limite du<br />

franciscain : « Il a été un apôtre indéfectible de la charité sans limites. Je dirais même plus : il a été<br />

la manifestation perpétuelle de la charité. Personne <strong>com</strong>me lui pouvait mieux faire la médiation de<br />

la bienfaisance épiscopale ». Par ailleurs, il exprimait cependant ses perplexité sur les lieux<br />

appropriés. Après la mort du père Lino, on a dû pourvoir aux aumôniers des prisons pour hommes<br />

et celle pour femmes, appelées « lieux de rééducation ». L’évêque voulait y destiner deux prêtres<br />

alors que le ministère, pour épargner prétendait qu’on envoyât un aumônier unique, <strong>com</strong>me faisait<br />

déjà le père Lino.<br />

« Et puisqu’on insiste sur le précédent père Lino, Je confirme de nouveau le jugement déjà<br />

exprimé dans ma lettre du 14 juin à la Direction des Prisons de Parma, sur l’influence personnelle<br />

exceptionnelle exercée par père Lino sur les jeunes de la Prison entendu <strong>com</strong>me lieu de rééducation<br />

et sur les détenus des prisons. Je dois maintenant, ouvertement et sincèrement affirmer que<br />

l’autorité ecclésiastique ne pouvait jamais se déclarer satisfaite par l’œuvre personnelle qu’il avait<br />

ac<strong>com</strong>pli dans la formation religieuse des jeunes du Réformatoire Lambruschini, spécialement du<br />

côté de l’instruction religieuse. Et nos préoccupations arrivèrent au point de nous faire douter si<br />

c’était licite permettre à ces jeunes la participation aux sacrements de la confession et <strong>com</strong>munion,<br />

car leur manque de préparation était significative ».<br />

dans la lettre du 14 juin 1924, <strong>Conforti</strong> avait décrit la présence du père Lino dans la prison<br />

pour mineurs ainsi :<br />

« Père Lino parlait non seulement avec l’histoire exceptionnelle de sa longue vie faite de<br />

bienfaisance et charité chrétienne, mais il portait en lui-même cette auréole d’exceptionnel<br />

personnelle pour laquelle sa seule présence pouvait produire des effets qui par ailleurs seront le<br />

fruit d’un apostolat intelligent, constant, assidu et consciencieux de bien ».<br />

<strong>Conforti</strong> n’était pas incohérent ou dissimulateur quand il exaltait la charité du père Lino.<br />

Comme il ne faut pas l’accuser des visées restreintes quand il se lamentait de la hâte objective et de<br />

la superficialité avec lesquelles le franciscain ac<strong>com</strong>plissait un des devoirs de son ministère avec les<br />

prisonniers.<br />

POUR UNE SYNTHÈSE<br />

La narration historique des problèmes des prêtres dispersés sur tout le territoire finit par<br />

souligner les aspects problématiques : c’est l’une des limites de la documentation sur laquelle se<br />

base les reconstructions historiques. Plusieurs dizaines de prêtres engagés, attentifs aux personnes,<br />

dédiés pendant plusieurs années à un service caché et à l’obéissance à leur évêque, ne produisent<br />

pas malheureusement beaucoup de documents.<br />

Il reste cependant le fait que les situations que nous avons rencontrées tout en n’étant pas liées<br />

à des réalités structurelles de pauvreté économique ou culturelle de l’isolement humain et pastoral,<br />

de détérioration progressive à différents niveaux, ils existaient et créaient des problèmes à <strong>Conforti</strong>.<br />

La précieuse anthologie, voulue par la Direction Générale, et présentée par les pères Alfiero<br />

Ceresoli et Ermanno Ferro, recueille sous l’article « Sacerdoce » certains textes bien choisis parmi<br />

tant d’autres dédiés par <strong>Conforti</strong> à ce thème. En lisant ces textes, souvent de type homilétique ou<br />

pris de lettres pastorales consacrées au sacerdoce, on ne peut pas, je crois, éviter une sensation<br />

d’ « étrangéité » par rapport à la situation que nous avons décrite ci-dessus. Le sacerdoce est décrit<br />

par <strong>Conforti</strong> toujours avec des tons de profonde admiration, de sublimité, une parole qui revient<br />

souvent, de sa figure théologique. Le texte biblique plus cité est sûrement celle de la lettre aux<br />

Hébreux 5, 1 : « Tout grand-prêtre, pris parmi les hommes, est constitué pour le bien des hommes<br />

en ce qui concerne Dieu », avec une insistance particulière sur la parole « est pris », élevé, exalté,<br />

extrait presque par force. C’est une doctrine absolument traditionnelle en ce temps-là et <strong>Conforti</strong> l’a<br />

<strong>Manfredi</strong> - 135 – G.M. <strong>Conforti</strong>


assimilée par la formation spirituelle du séminaire. Nous pouvons seulement citer ces quelques<br />

lignes pour donner une idée du concept idéal du prêtre :<br />

« Nous admirons, ô frères, le pouvoir du prêtre qui est égal à celui du Christ et supérieur à<br />

celui des anges. A l’autel et au tribunal de la pénitence, le prêtre perd d’une certaine façon sa<br />

propre personnalité pour assumer celle de Jésus Christ en s’identifiant avec lui. En fait, avec l’acte<br />

de consécration, il ne dit pas « ce pain se change en corps et ce vin en sang », mais par contre<br />

« ceci est mon corps, et ceci est mon sang ». Et ainsi, imposant la main droite sur la tête du<br />

pénitent, il ne dit pas encore « Le Seigneur te remet tes péchés » mais plutôt « Je t’absous de tes<br />

péchés » parce qu’en ces moments solennels, il personnifie Christ, et il œuvre au nom et avec<br />

l’autorité même du Christ ».<br />

La distance entre l’idéal et la réalité concrète que <strong>Conforti</strong> devait affronter chaque jour<br />

risquerait évidemment de dégénérer en vrai et propre schizophrénie ou en idéalisme qui nie<br />

l’évidence. Mais ce n’est pas ainsi. Comme on peut le noter à partir des passages cités, et de la plus<br />

<strong>com</strong>plète doctrine de <strong>Conforti</strong> sur le sacerdoce, l’idéal est profondément enraciné dans la<br />

conception des sacrements <strong>com</strong>me une donnée objective. Le prêtre est une figure tellement élevéE à<br />

raison du sacrement de l’Ordre et du service de l’administration des sacrements en particulier<br />

l’Eucharistie et la Pénitence. Maintenant cette conception théologique était pour <strong>Conforti</strong> une vérité<br />

profondément crue et vécue, et elle devenait une clé de lecture du concret aussi décevant et limité<br />

qu’il rencontrait chaque jour. Ses prêtres, tout en considérant leurs limites humaines et leurs erreurs<br />

morales, ne cessaient pas d’être investis du pouvoir sacramentel et du mandat de célébrer pour<br />

rendre accessible le salut. La conception de l’ « ex opere operato » devenait une reconnaissance<br />

d’une dignité qui ne pouvait pas se perdre en aucun cas.<br />

Voilà alors l’effort continu et fébrile de récupération des prêtres « lapsi » directement ou à<br />

travers d’autres prêtres de confiance et la pleine disponibilité ò recueillir et à offrir une autre<br />

possibilité à ceux qui s’étaient éloignés. Mais à travers cette conception, on explique aussi la<br />

sévérité objective de <strong>Conforti</strong> devant les attitudes et les choix qui contredisaient le mandat<br />

sacramentel et le devoir de la charité pastorale : « pour cela, le prêtre qui a le cœur insensible,<br />

dominé par l’égoïsme, qui n’a pas de palpitation pour les frères, est un monstruosité ».<br />

La distance, déjà présente par structure dans la conception sacramentelle du sacerdoce entre<br />

l’idéal et la réalité, permit à <strong>Conforti</strong> (et nous pouvons dire avec lui beaucoup d’autres personnes,<br />

hommes et femmes d’Eglise du 19°-20° siècles) de regarder ses prêtres avec une certaine sérénité.<br />

Si le prêtre est l’homme du peuple, élevé à la dignité extraordinaire du sacrement n’est pas exempt<br />

de toute misère humaine. Et ses misères humaines ne sont pas oubliées par <strong>Conforti</strong> dans ses<br />

exhortations, même si elles sont décrites avec une extrême réserve, <strong>com</strong>me cela est typique dans le<br />

langage ecclésiastique de l’époque. Une particularité digne d’être soulignée est celle-ci : Parmi les<br />

attitudes erronées à éviter, <strong>Conforti</strong> revient sur l’utilisation individualiste et avare de l’argent et sur<br />

l’attitude rigoriste surtout à l’égard de ceux qui auraient abandonné la pratique religieuse <strong>com</strong>me on<br />

lit dans la lettre de 1913, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son ordination<br />

sacerdotale.<br />

Il s’agit donc de la spiritualité de l’objectivité sacramentelle, une note caractéristique, à mon<br />

avis, de la structure intérieure de <strong>Conforti</strong> qui lui permit, avec les catégories de son temps de gérer<br />

les problèmes de la vie quotidienne sans perdre la confiance et la tension idéale.<br />

Dans cette fatigante conjonction entre l’idéal et la quotidienneté, unie à la vision théologicospirituelle,<br />

il y avait aussi un autre élément qui permettait à <strong>Conforti</strong> de supporter les tensions<br />

parfois psychologiquement très fortes causées par le manque du clergé, les défections, les erreurs<br />

pastorales et morales et c’était les relations humaines positives avec beaucoup de prêtres, souvent<br />

ses anciens collègues du séminaire, avec lesquels il partageait la même vision et la même vision<br />

pastorale. Nous avons déjà cité en ce chapitre et dans ceux précédents les noms de don Enrico<br />

Ajcardi, don Ferdinando Venturini, don Virginio Pignoli, don Ormisda Pellegri. C’était aussi ses<br />

anciens étudiants a Borgo del Leone d’Oro, de don Giovanni del Monte à don Ernesto Foglia. Avec<br />

des manières, des devoirs et des destins différents, ceux-ci et d’autres probablement étaient des<br />

<strong>Manfredi</strong> - 136 – G.M. <strong>Conforti</strong>


prêtres de confiance sur lesquels l’évêque savait de pouvoir <strong>com</strong>pter. Ce n’est pas le cas que<br />

certains enseignants au séminaire seront défendus avec courage contre les accusations de<br />

modernisme.<br />

Parmi les noms des prêtres plus proches de <strong>Conforti</strong>, qu’il me soit permis de citer encore don<br />

Tertulliano Pattini, un nom qui tomberait peut-être pour toujours dans l’oubli (et que je ne prétends<br />

pas certainement de sauver de ce destin <strong>com</strong>mun) s’il n’apparaissait pas dans différentes lettres de<br />

<strong>Conforti</strong>. Il a toujours été appelé à recouvrir des charges délicates ou d’urgence et il était toujours<br />

prêt à l’obéissance : d’abord dans la paroisse de San Marcellino en ville « de loin supérieure à celle<br />

à laquelle il avait modestement opté ; il a ensuite été engagé <strong>com</strong>me assistant de la naissante<br />

fédération « Hommes Catholiques » autour de 1928-1929. de ce qu’on déduit de ces documents, si<br />

<strong>Conforti</strong> n’a pas réussi à fonder les oblats du Sacré-Cœur, il a eu sûrement don Pattini et un autre<br />

prêtre <strong>com</strong>me collaborateurs avec un esprit d’obéissance et de service désintéressé qui pénètre<br />

profondément la conception sacerdotale de <strong>Conforti</strong> et concrétise ses attitudes.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 137 – G.M. <strong>Conforti</strong>


SEPTIEME CHAPITRE<br />

CONFORTI EVEQUE DE PARMA<br />

1915 – 1924<br />

LES ANNEES DE LA VIOLENCE<br />

Dans la biographie de la vie de <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> on a choisi d’unir la période de la<br />

guerre (1915-1918) et quelques années, après cette guerre. On peut discuter sur cette période car<br />

nous devons écrire sur la biographie d’une seule personne et sur ces choix pastoraux, les<br />

vicissitudes politiques contemporaines. Nous pensons que dans l’organisation de ce travail, ce choix<br />

peut être utile, avant tout car en cette période, jusqu’au fascisme, en tant que dictature consolidée, à<br />

la suite du délit de Matteotti, la situation politique et sociale, influence profondément le climat<br />

humain et par conséquent pastoral, dans le territoire.<br />

D’ailleurs <strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me les évêques de son temps, a dù participer durement à la<br />

catastrophe de la guerre mondiale avec ses conséquences politiques, sociales et culturelles et ceci a<br />

abouti à conditionner les choix concrets. En plus quelques vicissitudes proprement pastorales plus<br />

que les questions sociales et politiques contingentes, sont approfondies dans d’autres chapitres,<br />

<strong>com</strong>me le chapitre au sujet du clergé. Encore les années 1915-1924 présentent la pleine maturité de<br />

<strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me évêque de Parma et de son prestige ecclésial en Italie, grâce aussi à la fondation de<br />

l’Union Missionnaire du clergé. <strong>Conforti</strong> à l’âge entre 50 et 60 ans, désormais il est un expert dans<br />

la vie des hommes, aidé par certains choix pastoraux, il est connu au niveau national. Ne manquent<br />

pas des moments de fatigue et de déception, mais sa santé lui permet encore une bonne capacité de<br />

résistance et de travail, à tel point qu’il obtient des résultats importants même en faveur de sa<br />

congrégation. Pendant les dernières années de sa vie, même si le climat social et ecclésial en Italie<br />

allait vers la normalité toute à fait favorable à la vie pastorale, la fatigue physique et psychologique,<br />

le lent déclin de la santé de l’évêque et d’autres motifs des préoccupations, soit dans le diocèse que<br />

dans la congrégation, qui <strong>com</strong>porteraient une progressive faiblesse des activités de <strong>Conforti</strong>, à cause<br />

aussi de son voyage en Chine en 1928, dont on parlera après.<br />

Pour ceux qui liront ces pages, et ils sont d’autres cultures différentes de l’italienne, sera<br />

aussi utile présenter quelques événements significatifs de l’Italie.<br />

La première guerre mondiale est <strong>com</strong>mencée à cause d’un attentat, le 24 juin 1914 : Gavril<br />

Prinzip, nationaliste serbe avec d’autres conjurés ont tué l’héritier de l’empire d’Autriche-Hongrie à<br />

Sarajevo, chef lieu de la Bosnie qui était uni à l’empire autrichien depuis 5 ans. Cet homicide, dont<br />

on connaît la gravité, est éclaté, voici donc la guerre : Autriche, Hongrie et Allemagne contre la<br />

Serbie, Angleterre, France et la Russie. Après trois mois est entrée en guerre même la Turquie, les<br />

Balkans, la Belgique et l’Italie. La première guerre mondiale, appelée aussi « la grande guerre » a<br />

été au niveau militaire, une catastrophe à cause de l’emploi de certaines armes jamais utilisées<br />

avant. C’est fini l’empire militaire de la Russie (Février 1917) puis on a eu l’instauration du régime<br />

<strong>com</strong>muniste (novembre 1917) avec une guerre civile jusqu’en 1920.<br />

La guerre mondiale est terminée en novembre 1918 avec la victoire des alliés, <strong>com</strong>prise<br />

l’Italie. Malgré la victoire, pour l’Italie, est <strong>com</strong>mencé un temps d’inquiétude politique et sociale.<br />

En 1919, après les années de guerre, de pauvreté, des renoncements, on a eu les premières<br />

élections à suffrage universel. En conséquent, est terminée l’ancienne classe politique et libérale et<br />

le succès du partit socialiste et d’une nouvelle formation politique, proposée par les catholiques, le<br />

Parti Populaire. Aucun parti n’avait pas eu la majorité pour créer un gouvernement stable, tandis<br />

que dans le parti socialiste on a eu une rupture entre les modérés, les réformistes et les<br />

révolutionnaires, avec l’exemple de la Russie, essayaient d’instaurer un régime <strong>com</strong>muniste mais<br />

avec la violence. Par contre, les forces des industriels, des propriétaires terriers et des bourgeois se<br />

<strong>Manfredi</strong> - 138 – G.M. <strong>Conforti</strong>


sont unies à un homme, un ex socialiste et anticlérical : Benito Mussolini qui avait approuvé<br />

l’entrée en guerre de l’Italie en 1915. Le petit parti politique et militaire de Mussolini créé en 1919<br />

peu à peu est augmenté. Pendant les années 1920-24 en Italie on a vécu dans un climat de violence<br />

et d’illégalité, soit de la part des <strong>com</strong>munistes que des fascistes : des attentats, des bagarres, des<br />

assassinats, des destructions des sièges des partis et des syndicats, des coopératives et des journaux.<br />

Si un magistrat essayait de faire un procès pour quelques coupables, de centaines des <strong>com</strong>plices<br />

armés bloquaient la justice. Les forces de l’ordre et surtout les officiers étaient favorables au<br />

mouvement fasciste.<br />

En octobre 1922 un coup paramilitaire avait porté Mussolini à devenir chef du<br />

gouvernement, grâce aux libéraux et populaires qui espéraient le retour à la légalité. Mais les<br />

violences ont continuées et ont été protagonistes des élections en avril 1924 avec la victoire fasciste.<br />

Une petite opposition au Parlement, formée par des socialistes, des populaires et de quelques<br />

libéraux avait dénoncé l’irrégularité à travers le social-démocrate Gia<strong>com</strong>o Matteotti, leader de<br />

l’opposition au fascisme, où le 24 juin 1924 fut enlevé et tué. Alors les antifascistes ont refusé de<br />

participer au gouvernement. En janvier 1925, Mussolini avait assumé publiquement la<br />

responsabilité de l’assassinat de Matteotti et il promulgua des lois dictatorielles qui ont étouffé<br />

définitivement l’opposition.<br />

Ces années ont été des années de violence, d’abord pendant la guerre au nord d’Italie et<br />

après dans tout le pays. L’habitude à la mort, aux armes, à la bataille dans une génération, avait créé<br />

les conditions pour justifier la violence <strong>com</strong>me un chose normale dans la politique dans les années<br />

après la guerre. Devant ce climat on doit dire que les événements du printemps 1908 sont moins<br />

graves, même si les mois de la grève agraire étaient des germes de tension pendant les années<br />

successives.<br />

En cette période, l’action pastorale était réduite et pleine d’obstacles. Fut aussi un temps où<br />

dans le feu des tensions et de la haine, certaines anciennes alliances ont été bouleversées. En ce<br />

contexte <strong>Conforti</strong> devait tenir unie l‘église de Parma et faire grandir la vie de sa congrégation dans<br />

un milieu italien et international en ébullition.<br />

LA GUERRE MONDIALE ET LA VIE QUOTIDIENNE DE L’EGLISE DE PARMA<br />

On avait déjà présenté dans le chapitre précédent, quelques nouvelles sur le clergé de Parma,<br />

en présentant la situation des séminaires et des paroisses vacantes en Italie et en particulier à Parma.<br />

Les séminaristes de théologie n’étaient pas dispensés du service militaire, peu à peu ont été appelés<br />

en guerre. La même chose pour les prêtres qui n’étaient pas engagés directement dans les paroisses.<br />

Le 5 juin 1915, 10 jours après le début de la guerre, étaient déjà « partis pour la guerre » presque 30<br />

prêtres. En décembre <strong>Conforti</strong> présente encore la situation : 30 prêtres de nouveau en guerre. En<br />

1919 sur le bulletin de la curie on avait annoncé qu’on avait 47 prêtres sur le champ de bataille dont<br />

2 tués. Si on prend en considération ces derniers donnés, on découvre que le 12% du clergé était en<br />

guerre.<br />

Le reste des séminaristes s’était déplacé à Berceto et à Modena : un groupe d’adolescents,<br />

presque 60, très peu en vérité, à cause de la pauvreté des familles. Le séminaire de Parma fut<br />

employé <strong>com</strong>me hôpital militaire <strong>com</strong>me aussi d’autres structures religieuses diocésaines. En<br />

conséquent, les retraites du clergé, célébrées d’habitude en septembre, ont été déplacées à Berceto<br />

avec des conséquences pratiques. Le recteur Masnovo, qui n’était pas parti pour la guerre, <strong>com</strong>me<br />

d’autres chanoines, fut invité à faire des suppléances dans les paroisses. Même des religieux ont été<br />

invités dans les paroisses <strong>com</strong>me des curés substituts. D’autres encore ont du être des suppléants<br />

des prêtres appelés aux armes.<br />

Même une partie du Campo di Marte fut employé <strong>com</strong>me une caserne pour les militaires,<br />

avec beaucoup de malaises pour les supérieurs et les 30 étudiants xavériens qui vivaient dans cet<br />

établissement. En novembre 1917, après la défaite de la bataille de Caporetto <strong>Conforti</strong> écrivait à<br />

l’abbé Amedeo Frattini, curé e Berceto : « Si les autorités militaires auraient occupé tout<br />

<strong>Manfredi</strong> - 139 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’établissement de Campo di Marte, les élèves xavériens auraient du être déplacés dans le petit<br />

hôpital de Berceto pour le moment vide. En cette période là, d’autres établissements ecclésiaux ont<br />

été confisqués, y <strong>com</strong>prise l’église de Sain Secondo. Le séminaire de Berceto était en danger d’être<br />

occupé, en effet cela arrivera en juin 1918.<br />

Avec la réduction du clergé présent dans le territoire et à la suspension ou à la réduction au<br />

minimum du travail formatif des séminaires, on a eu une autre grave conséquence de la guerre :<br />

l’absence de jeunes gens et des hommes. Les clubs de la jeunesse d’Action catholique sont disparus<br />

presque <strong>com</strong>plètement : sont restés seulement les « sessions des aspirants » des jeunes entre les 12<br />

et 16 ans. Les mêmes organisations diocésaines d’Action catholique se sont réduites au minimum :<br />

pendant un certain temps, les associations ont continué à travailler, surtout pour aider dans les<br />

émergences de la guerre. En 917 l’Union populaire avait réussi à actualiser un congrès diocésain,<br />

mais on doit attendre 1919-1920 pour un nouveau départ de l’Action catholique. Les associations<br />

des femmes <strong>com</strong>menceront après, surtout la jeunesse féminine. Mais ne croyons pas que l’activité<br />

pastorale pourrait <strong>com</strong>pter sur l’aide des femmes : des filles et des femmes pour le manque des<br />

hommes valides, étaient engagées dans le travail, surtout dans les champs. Les catéchèses pouvaient<br />

continuer, même avec fatigue à cause de l’absence d’un certain nombre de prêtres, mais d’autres<br />

initiatives étaient renvoyées à la fin de la guerre.<br />

<strong>Conforti</strong> au début de la guerre, avait <strong>com</strong>mencé depuis quelques mois, la seconde visite<br />

pastorale. Les priorités qu’il avait choisies étaient l’engagement pour l’organisation de la jeunesse<br />

catholique et pour l’instruction religieuse. La visite s’est déroulée du 1914 à 1917, on peut donc<br />

imaginer avec quels malaises. L’objectif de la fondation des clubs de la jeunesse fut mis à côté<br />

définitivement. <strong>Conforti</strong> dédiait aux grandes paroisses un jour entier pour les visiter, tandis qu’il<br />

visitait les plus petites chaque deux jours, en réduisant le temps pour les confessions et les<br />

colloques.<br />

Pendant cette visite, l’évêque veut arranger les limites des paroisses. Il opère ce choix grâce<br />

à l’expérience faite pendant la première visite, en revenant sur certains vieux problèmes. La vielle<br />

question de Fontanellato et Canetolo, dont on avait envoyé à Rome le dossier par son prédécesseur<br />

Magani, a été résolue définitivement et « doucement » en 1916. <strong>Conforti</strong> avait fondé une nouvelle<br />

paroisse à Sanguinaro, hameau de Fontanellato, mais qui appartenait dans le temps à la paroisse de<br />

Noceto, avec d’autres maisons qui appartenaient à la paroisse de Fontanellato. La stratégie « seft »<br />

de l’évêque fut plus efficace de l’impétuosité de son prédécesseur.<br />

A la conclusion de cette seconde visite pastorale, qui avait montré la proximité et un signe<br />

de soutien aux gens qui souffraient à cause de la guerre. <strong>Conforti</strong> écrivait une lettre au clergé où il<br />

insistait sur un plus grand engagement pour l’instruction religieuse et il l’invitait à ses préparer pour<br />

fonder de nouveau les clubs de jeunes. Il insistait aussi sur la reprise des rencontres régulières des<br />

« congrégations » en chaque vicariat, pour le clergé, sur les visites des vicaires forains, sur<br />

l’obligation de la résidence, sur l’entretien des presbytères et l’observance des règles<br />

« perpétuelles » c 'es t-à-dire le personnel féminin qui gérait les presbytères et la vie quotidienne des<br />

prêtres.<br />

Au même temps, <strong>com</strong>me d’autres évêques italiens, il cherchait de maintenir bien vivante la<br />

dévotion en augmentant la vie pastorale à travers quelques « campagnes » pour permettre d’insérer<br />

dans les vicissitudes de la guerre quelques chiffres du caractère chrétien. En 1917, au même temps<br />

que l’initiative du P. Agostino Gemelli et de Armida Barelli, pour la consécration au Cœur de Jésus<br />

pour les soldats qui sont en guerre, <strong>Conforti</strong> proposait de consacrer le diocèse, les paroisses et toutes<br />

les familles au même Cœur de Jésus. L’année précédente, il avait demandé une prière spéciale aux<br />

enfants. Il promouvait en suite, vers la fin de la guerre, une souscription pour une chapelle latérale<br />

de la cathédrale de Parma, <strong>com</strong>me monument aux morts en guerre pour de la ville. Il s’agit des<br />

initiatives <strong>com</strong>munes qui se multipliaient en différents lieux d’Italie, à cause de nombreux jeunes<br />

morts en guerre et d’autres dispersés sur les montagnes, théâtre ded batailles.<br />

Peut-être que une étude systématique sur ces dévotions n’a pas été encore fait. Il s’agissait,<br />

en effet, de faire retentir des images et des paroles religieuses à l’intérieur des vicissitudes racontées<br />

<strong>Manfredi</strong> - 140 – G.M. <strong>Conforti</strong>


à travers une rhétorique nationaliste belligérante propre des anticléricaux. C’était donc un essai de<br />

lecture et d’interprétation religieuse chrétienne des événements qui bouleverseraient la vie<br />

quotidienne de la population. C’est nécessaire considérer cet objectif au moins conscient, pour<br />

<strong>com</strong>prendre la conduite de <strong>Conforti</strong> pendant la guerre et donner une signification exacte à son<br />

« patriotisme »<br />

A ces initiatives pastorales on doit ajouter une présence constante de <strong>Conforti</strong> dans les<br />

hôpitaux militaires et à côté des plus pauvres, un engagement de charité qui faisait augmenter dans<br />

l’évêque l’attention aux situations de pauvreté et de maladie. En ce sens, <strong>Conforti</strong> avait opéré même<br />

au niveau international en faveur de sa ville : en mars 1918 il écrivait au secrétaire d’Etat, le<br />

cardinal Pietro Gasparri, en demandant d’intervenir auprès de l’impératrice de l’Autriche, Zita di<br />

Borbone-Parma, fille de Roberto et donc nièce de Carlo III Lodovico et Luisa <strong>Maria</strong>, derniers ducs<br />

de Parma, pour que la ville de Parma soit épargnée de toutes les destructions aériennes.<br />

CONFOTI EVEQUE PATRIOTE <br />

Il y a déjà quelques années, des études de Alberto Monticone cherchaient de connaître la<br />

position des évêques italiens pendant la première guerre mondiale. Présentons ici une synthèse des<br />

ses études approfondies :<br />

On a constaté une mauvaise interprétation sur les intentions du pape Benoît XV sur son<br />

message : d’un côté une approbation et acceptation de tous envers le pape, préoccupé pour<br />

le salut national et moral de chaque nation, il n’était pas un juge entre les contendants,<br />

mais prophète de paix : d’autre côté la volonté d’être de bons citoyens, fidèles aux droits et<br />

devoirs envers la patrie, certains d’ac<strong>com</strong>plir la volonté de Dieu et d’avoir son aide dans<br />

l’épreuve. Les évêques italiens ont partagé toute de suite ce <strong>com</strong>portement, conduits aussi<br />

par la situation spéciale du catholicisme, accusé encore d’être un adversaire de l’Etat<br />

national et de la neutralité qui donnait l’occasion pour montrer obéissance et confiance<br />

dans l’autorité politique. Sauf quelques cas rares de quelques uns encore attachés à la<br />

tradition filoautrichienne et du pouvoir politique des papes, la majorité des évêques<br />

italiens c’est manifestée prudente en attendant les choix politiques du gouvernement, en<br />

préparant l’esprit des fidèles à l’obéissance aux autorités en présentant aussi le<br />

patriotisme <strong>com</strong>me un devoir chrétien.<br />

Donc un <strong>com</strong>portement vraiment patriotique, avec quelques nuances différentes : quelques<br />

uns en faveur encore de l’Autriche, d’autres « pacifistes » et encore quelques patriotes qui<br />

insistaient sur les droits de la nation italienne. Selon Monticone, <strong>Conforti</strong> est un parmi les nombreux<br />

patriotes modérés. Où sont finies l’intransigeance de l’épiscopat italien, et celle de <strong>Conforti</strong> <br />

De récent, on a douté sur la formation typiquement intransigeante du jeune <strong>Conforti</strong>, qui<br />

aurait appris plus du « modéré » et libéral Miotti, que de l’intransigeant Ferrari. Je retiens que une<br />

lecture honnête de la documentation ne permet pas de mettre <strong>Conforti</strong> hors de la intransigeance,<br />

typique de sa formation dans la jeunesse. Donc une conversion tardive Les études de Monticone<br />

donnent des éclaircissements sur ces « conversions », qui unissent <strong>Conforti</strong> à son maître Ferrari, lui<br />

aussi ancien intransigeant et patriote pendant la guerre mondiale, et tant d’autres évêques d’origine<br />

intransigeante <strong>com</strong>me : Antonio Anastasio Rossi, de Pavia, et leader du mouvement catholique de la<br />

Lombardie, archevêque de Udine ; Giovanni Cazzani, lui aussi de Pavia, évêque de Cesena et<br />

depuis 1914 successeur de l’évêque Bonomelli à Cremona.<br />

Qu’est est-il arrivé Comment est-il possible qu’un intransigeant en faveur du pouvoir<br />

temporel du pape, puisse devenir un défenseur de l’Etat national Il faut se rappeler que la grande<br />

majorité des intransigeants n’était pas en principe antiitaliene, au contraire, s’ils ont été antiitaliens,<br />

pour beaucoup était un choix contrecoeur devant la façon dans laquelle était née l’unité italienne,<br />

c’est-à-dire au détriment du pouvoir temporel du pape. Les générations liées à la vieille noblesse et<br />

<strong>Manfredi</strong> - 141 – G.M. <strong>Conforti</strong>


aux anciens Etats avant l’unité d’Italie étaient maintenant terminées. Aucune nostalgie, pour<br />

<strong>Conforti</strong> ou Ferrari, <strong>com</strong>me aussi pour Magani, des coups de bâton de Carlo III ou des « boers et<br />

croates », mais une continuelle polémique contre les historiens et les anticléricaux qui affirmaient<br />

que le clergé et la papauté ont été la ruine d’Italie. D’ailleurs celle-ci était la ligne de Léon XIII,<br />

même si avec des nuances différentes.<br />

Cette tension entre vouloir être catholiques et papistes, et vouloir être italiens, c’était<br />

ultérieurement évoluée, grâce à deux facteurs : l’œuvre de l’élaborations culturelle opérée par les<br />

« jeunes » intransigeants <strong>com</strong>me Filippo Meda, Angelo Manni, Luigi Sturzo, Giuseppe Micheli qui<br />

avaient posé la question romaine à l’intérieur d’un projet plus actif et <strong>com</strong>plexe ; et la « conciliation<br />

silencieuse » de Pie X, le choix de diminuer l’attention aux questions strictement diplomatiques<br />

pour donner à la papauté et à son rapport avec l’Italie, une image plus pastorale, un parcours qui<br />

avait trouvé en Giolitti et dans la classe dirigeante libérale un bord caché mais efficace. Même en<br />

<strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me dans d’autres évêques italiens, même avant la guerre on découvre les signes d’une<br />

revendication discrète d’italianité. Lui-même avait prié en 1911, pour les soldats italiens qu’en<br />

Libye étaient en train de vivre une nouvelle Lepanto. Le centenaire de Constantin (313-1913) dans<br />

lequel <strong>Conforti</strong> insérait ses premières initiatives de la pastorale catéchétique renouvelée, fut<br />

l’occasion pour la revue « La Civiltà Cattolica » de faire de la polémique contre les lignes païennes<br />

du nationalisme diffusé maintenant en Italie, mais fut aussi le motif de quelques intellectuels, en<br />

particulier Federico Tozzi et Domenico Giuliotti, qui cherchaient de trouver une synthèse entre<br />

catholicisme et impérialisme. Et puis un vrai citoyen de Parma <strong>com</strong>me <strong>Conforti</strong>, opère beaucoup<br />

pour des rapports humains. Ses relations avec une partie d’italiens étaient excellentes, où il ne niait<br />

pas la possibilité de la collaboration entre les missionnaires italiens et la politique extérieure : c’est<br />

le groupe qui bouge autour de l’Association pour le soutien des missionnaires italiens.<br />

Donc une intransigeance qui, au fond, cherchait, même inconsciemment des occasions pour<br />

manifester sa propre italianité, et <strong>Conforti</strong>, grâce à ses missionnaires, déjà il en avait. On voulait,<br />

non seulement de sa part, dissiper les « méfiances d’aversion ». La neutralité italienne d’abord, et<br />

ensuite le choix d’entrer en guerre, étaient un espace pour affirmer son propre attachement à la<br />

patrie, dans un temps de sacrifice.<br />

On pourrait dire que pour <strong>Conforti</strong> la position était davantage plus délicate, à motif du<br />

contexte politique de Parma. Comme on connaît, à Parma et dans la province, la majorité politique<br />

et l’opinion publique opéraient surtout dans « les parti populaires » de gauche. L’unité de la gauche<br />

fut brisée à cause de se ranger entre neutralistes et ceux qui voulaient intervenir. Les socialistes<br />

réformistes, une minorité à Parma, ont choisi la neutralité. Les républicains étaient des<br />

interventionnistes en ville <strong>com</strong>me sur la montagne, ils étaient une force importante depuis toujours<br />

anticléricale. Le leader syndicaliste Alceste Ambris en 1908 était un interventionniste, il avait pris<br />

la fuite pendant les désordres, en 1913 est retourné après à Parma avec un grand triomphe. Donc les<br />

voix plus écoutées des anticléricaux de Parma étaient interventionnistes et elles accusaient l’église<br />

de défaitisme et antiitalianité. Le journal Il Presente en mars 1916 écrivait sur un colloque entre<br />

trois prêtres de Ravarano et il en accusait deux de défaitisme ; <strong>Conforti</strong> demandait des informations<br />

sur le troisième pretre qui était présent et peut-être était aussi l’auteur de la chronique sur le journal<br />

anticlérical. En octobre 1917, après la défaite de la bataille de Caporetto, une « autorité<br />

représentative citadine » accusait publiquement le clergé. Pire pour les abbés Lamberto Torricelli et<br />

Giovanni Battista Buffetti, directeur de la typographie Fiaccadori, accusés de défaitisme devant le<br />

tribunal militaire car ils avaient donné aux militaires en guerre la « prière pour la paix » du pape<br />

Benoît XV. Le <strong>com</strong>portement de méfiance de la gauche interventionniste, donnait involontairement<br />

à Peppino Micheli, leader des catholiques démocrates et député, qui pendant la phase de neutralité,<br />

s’était ouvertement opposé à l’entrée en guerre d’Italie, en portant au Parlement la voix et les<br />

exigences des paysans. Micheli avait des amis et partisans parmi le clergé. Certainement après<br />

l’entrée en guerre, même Micheli <strong>com</strong>me les autres députés catholiques, avait soutenu une<br />

participation loyale et courageuse des catholiques, pour un effort national, mais il avait un suspect<br />

et une marque d’infamie sur le clergé et les catholiques, en toute l’Italie et en particulier à Parma.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 142 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Un certain nombre de prêtres, pour différents motifs, pour le contact quotidien avec les classes plus<br />

pauvres, n’avait pas la même vision de la guerre <strong>com</strong>me dans l’opinion publique des évolués.<br />

Donc <strong>Conforti</strong> à Parma avait des motifs pour montrer sans peur, même dans son style<br />

prudent, son patriotisme. Mais <strong>com</strong>me est arrivé pour plusieurs évêques italiens, la fin de la tenson<br />

entre intransigeance et patriotisme provoqués par la guerre, générait en ces catholiques « papistes »<br />

une autre tension entre le patriotisme et les positions du pape Benoît XV, ouvertement contraires à<br />

la guerre et au nationalisme. Le pape en portant aux conséquences logiques une doctrine et une<br />

praxis, assumait des positions vraiment innovatrices, un saut de qualité sur de différents problèmes,<br />

le pape fut in<strong>com</strong>pris et vitupéré par les nationalistes de tous les pays. Pour <strong>Conforti</strong>, toujours fidèle<br />

aux directives du pape, s’ouvrait une perspective d’une difficile conciliation. Essayons maintenant<br />

d’analyser les tons et les façons des prises des positions publiques, exactement pour <strong>com</strong>prendre<br />

son « patriotisme » et sa fidélité au pape.<br />

En août 1914 au moment où la guerre était une réalité pour l’Europe, avec l’attentat de<br />

Sarajevo et les graves réactions de plus importantes puissances du vieux continent, l’Italie restait<br />

neutre. Le vieux Pie X, qui mourra pendant les premières semaines de la guerre, publiait une<br />

exhortation à la paix que <strong>Conforti</strong> avait toute de suite <strong>com</strong>muniquée au clergé et à la population, en<br />

unissant une courte lettre qui présentait le danger et l’horreur de la guerre et la totale incohérence<br />

avec l’évangile :<br />

De nombreuses armées sont déjà sur le camp de bataille, on a déjà le sang versé par les<br />

premières victimes, un triste prélude peut-être d’une hécatombe jamais vue jusqu’à<br />

aujourd’hui. C’est triste de voir qu’après I9 siècles de christianisme, loi sainte de justice et<br />

d’amour, de fraternité et de liberté, on doit encore considérer la guerre <strong>com</strong>me une<br />

nécessité et on pense qu’on doit résoudre les questions et les divergences entre peuples et<br />

nations avec le feu des armes.<br />

Cependant la perspective de l’Italie en guerre était encore une parmi les nombreuses<br />

« voix » et pour cela <strong>Conforti</strong> invitait le clergé à « exhorter les fidèles dans un esprit de calme ».<br />

Mais après de longs pourparlers soit dans la politique italienne, soit au niveau diplomatique<br />

international, et après les mouvements « populaires » pendant « les tristes journées de mai 1915 »,<br />

l’Italie entrait en guerre contre l’Autriche et l’Hongrie. Le 26 mai, deux jours après la déclaration de<br />

la guerre, l’évêque envoyait une autre lettre, adressée au clergé et à la population. Le contenu est<br />

conforme au langage de beaucoup d’évêques et catholiques italiens :<br />

Est arrivée pour nous aussi l’heure de la souffrance et des épreuves, et nous, en tant<br />

que chrétiens et citoyens, soutenus par notre foi et par l’affection que chaque italien<br />

doit sentir pour son propre pays privilégié, nous devons être à la hauteur de ce moment<br />

solennel. Hier nous avons condamné le fléau de la guerre, dans la confiance qu’on<br />

devait épargner sans préjugé de l’honneur national de notre droit et intégrité, et<br />

aujourd’hui où notre devoir nous appelle à revanche, prêts et disciplinés à donner un<br />

exemple du courage chrétien et civil, en confiant dans la Providence divine qui dispose<br />

tout pour le mieux, même si pour nous semble le contraire. On ne sait pas si cette<br />

guerre sera longue ou brève, cependant nous tous nous devons porter, d’une certaine<br />

façon, notre contribution pour la solution du conflit, même avec de graves sacrifices et<br />

avec la conscience d’ac<strong>com</strong>plir notre devoir. Nous ne devons pas regretter le sacrifice<br />

pour une juste cause, car nous sommes les disciples d’une religion qui nous invite au<br />

reniement de nous-mêmes, jusqu’à l’héroïsme.<br />

<strong>Conforti</strong> même admettait la différence de position vis-à-vis du premier pronunciamiento, en<br />

la justifiant avec l’honneur national. La théologie du devoir, pour laquelle n’est pas l’individu à<br />

décider si une guerre est juste ou non, mais aux gouvernants, tandis que pour les citoyens il y a la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 143 – G.M. <strong>Conforti</strong>


esponsabilité d’obéir aux ordres, se soumettre à la position des évêques, est éventuellement la clé<br />

de lecture <strong>com</strong>mune à la plus grande majorité de pasteurs de l’église en Italie en ce moment. Pour<br />

<strong>Conforti</strong> fut l’occasion pour protéger le clergé et les catholiques devant les accusations de faiblesse<br />

et défaitisme qui étaient <strong>com</strong>muns aux anticléricaux, qui étaient fortement interventionnistes. On<br />

doit tenir <strong>com</strong>pte que à la rhétorique de l’honneur national, d’une bonne cause, de la rescousse ne se<br />

ac<strong>com</strong>pagnait pas dans les paroles de <strong>Conforti</strong>, aucun <strong>com</strong>portement de mépris pour l’ennemi, que<br />

d’ailleurs était le limotif de la propagande dans la presse de l’époque.<br />

A la suite de la lettre, <strong>Conforti</strong> exhortait ceux qui restaient à la maison à se dévouer à la<br />

charité envers les souffrants à cause de la guerre. A la fin il avait uni « un avertissement au<br />

clergé » :<br />

Bien qu’on connaît la noblesse et la hauteur du sentiment de notre cher clergé et nous<br />

sommes surs que en cette heure grave, donnera l’épreuve d’un zèle illuminé, nous ne<br />

croyons pas inopportun de re<strong>com</strong>mander à tous de tenir une conduite en privé et en<br />

publique, une telle conduite que personne ne puisse à travers des actes et des paroles,<br />

prendre l’occasion de blâmer notre dignité. Dans le moment difficile pour notre patrie,<br />

c’est un précis devoir du clergé d’exhorter tous à avoir confiance en Dieu et obéir aux<br />

ordres des autorités politiques et à coopérer d’une façon honnête, selon le besoin des<br />

circonstances, et pour le triomphe du bien <strong>com</strong>mun.<br />

On peut lire en cette prudente <strong>com</strong>munication, d’une part le danger constant que des<br />

discours même informels, ou des gestes du clergé puissent être instrumentalisés par la presse et<br />

l’opinion publique anticléricale et interventionniste, et d’autre part la position délicate des curés, qui<br />

à contact avec les gens, étaient les plus sensibles aux inquiétudes que le peuple était en train de<br />

manifester devant la guerre. Nous avons cité quelques vicissitudes qui avaient impliqué les prêtres<br />

de Parma dans des accusations et des procès pour le défaitisme. La prudence de l’évêque était plus<br />

que justifiée.<br />

Moins trois mois après, <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>muniquait au clergé la lettre de Benoît XV aux nations<br />

en guerre, avec l’invitation de la lire devant le peuple. En présentant cette lettre, l’évêque de Parma<br />

soulignait amplement la thèse intransigeante de l’origine de la guerre, de la déchristianisation et du<br />

positivisme avant la guerre, et il exhortait à prier pour les soldats et les prêtres engagés au front, en<br />

présentant aussi un récit d’une lettre de l’évêque aumônier des armées Angelo Bartolomasi sur le<br />

retour à la religion de beaucoup de jeunes militaires.<br />

La <strong>com</strong>patibilité de deux écrits du 1915, fut sûrement une épreuve pour <strong>Conforti</strong>. D’une part<br />

la fidélité au pape et sa lutte contre la longueur de la guerre, et d’autre part l’engagement à soutenir<br />

le moral de la population selon une juste logique, ouvraient un dilemme difficile à soigner. <strong>Conforti</strong><br />

justifiait ses positions en recourrant à la tradition de la « théologie politique » : le mal est causé par<br />

l’abandon de l’évangile dans la société, faisons notre devoir et prions. De sa part il mettait une juste<br />

prudence et équilibre dans les expressions, avec une sincère obéissance au pape.<br />

Cette fatigante recherche d’une synthèse on la trouve dans les écrits de <strong>Conforti</strong> pendant les<br />

derniers jours de 1915 et au <strong>com</strong>mencement du 1916. La lettre qu’il envoyait aux jeunes de Parma<br />

et aux prêtres diocésains en guerre en l’occasion de la première fête de Noël, présentait des mots<br />

héroïques : ses jeunes « appelés à leur devoir et maintenant ils sont sur le camp de l’honneur, loin<br />

de leurs maisons, pour la défense de la grandeur de la patrie » et pour eux <strong>Conforti</strong> priait Dieu pour<br />

qu’il rende fort leur bras, qu’il sanctifie leurs fatigues et qu’il les reconduise vite victorieux et<br />

remplis de mérites. Au <strong>com</strong>mencement du carême en <strong>com</strong>muniquant au clergé la lettre de Benoît<br />

XV au cardinal vicaire le 4 mars 1916, il parlait d’un « nouveau cri de douleur, sorti du cœur d’un<br />

père qui aime ses fils pour les voir en lutte entre eux avec le projet de se détruire, pendant « que la<br />

guerre continue furibonde avec ses horreurs ». Ces paroles sont adressées seulement aux prêtres,<br />

avec lesquels était possible <strong>com</strong>prendre un langage, qui pouvait créer des tensions et accusations<br />

s’il était rendu publique. En cette lettre <strong>Conforti</strong> présentait un autre motif typique de la pastorale du<br />

<strong>Manfredi</strong> - 144 – G.M. <strong>Conforti</strong>


temps de guerre. Pendant que les héroïques soldats et leurs aumôniers, souffraient au front, il faisait<br />

prendre une position contre « la vie jouisseuse », les théâtres, les danses, les paroles prononcées au<br />

temps du carnaval, spécialement contre « la licence du cinéma », instrument qui, même s’il est une<br />

belle et géniale découverte de ces derniers temps » était devenu un moyen puissant pour la diffusion<br />

des spectacles immoraux et remplis de passions.<br />

Du mars 1916 à novembre 1917 on ne voit plus des écrits officiels de <strong>Conforti</strong> sur la guerre,<br />

jusqu’à la défaite de Caporetto, n’avait pas conseillé à l’évêque à écrire une brève exhortation avec<br />

des termes dramatiques, et des références au magistère de Benoît XV, mais avec l’insistance au<br />

devoir. La rhétorique de la guerre était réduite au minimum, restait seulement une référence au<br />

Risorgimento à « nos pères que dans les mêmes circonstances, ont puisé à leur foi l’énergie et la<br />

constance pour résister à l’ennemi envahissant et triomphateur »<br />

Quelques mois après, dans une autre lettre adressée au Secrétaire d’Etat du Vatican, <strong>Conforti</strong><br />

appuyait cordialement l’œuvre pacifique du pape. C’est dans ce cadre qu’on peut <strong>com</strong>prendre le<br />

fameux discours aux élèves officiers. A Parma il y avait l’école militaire d’application » pour les<br />

élèves officiers. Le deux juin 1918, fête du « Statut du Roi Alberto » on a célébré la journée du<br />

serment à la présence du général Galli, <strong>com</strong>andant de l’école, de Agostino Berenini de Parma,<br />

ministre de la Publique instruction, et naturellement fut invité aussi <strong>Conforti</strong>, qui resta au repas<br />

officiel, En cette occasion on avait eu des discours de circonstance, parmi lesquels celui d’un jeune<br />

élève Nicolo’ Di Falco, qu’il était, semble-t-il un catholique pratiquent et il avait conclu en invitant<br />

l’évêque à parler, en disant : « Si notre idéal est saint bénissez-nous excellence l’Ordinaire »<br />

<strong>Conforti</strong> c’est trouvé en difficulté, alors il prononça un brève discours imprimé, que nous<br />

présentons, selon le texte du bulletin officiel de la curie :<br />

Je suis sensible à la noble pensée que vous n’avez adressée, jeunes généraux, j’invoque sur<br />

vous la bénédiction de Dieu et je le fais avec toute mon affection plus facile à sentir que<br />

l’exprimer. Le Seigneur vous ac<strong>com</strong>pagne avec sa puissante protection, qu’il fortifie votre<br />

bras, qu’il valorise votre conduite, qu’il rende consistants vos propos.<br />

Soutenus par son aide, la victoire précédera vos pas et un jour radieux, j’espère très tôt,<br />

vous retournerez à la maison remplis de mérites par le devoir ac<strong>com</strong>pli.<br />

Allez, et donnez-nous de nouveau notre terre. La cause que vous êtes en train de défendre<br />

est juste et sainte, et pour cela votre parole d’ordre doit être : « résister, résister, résister »<br />

Vous ac<strong>com</strong>pagne un fort sentiment de devoir, et qu’il soit un soutien dans les moments<br />

difficiles, en vous rendants victorieux de toutes les difficultés et dangers que vous<br />

rencontrerez le long de votre chemin difficile.<br />

Et pendant la difficile épreuve, soit votre réconfort la présence de Dieu, soyez certains<br />

qu’après le sang versé sur la croix de Jésus Christ, il n’y a pas d’autre sang plus<br />

glorieusement versé pour défendre la patrie.<br />

Dans ce brève texte propre de <strong>Conforti</strong>, ne manquent pas des expressions que pendant de<br />

longues années de guerre, une mauvaise propagande diffusait : les bras forts, la dure bataille et<br />

surtout le slogan du jour. Mais en général dans ce discours <strong>Conforti</strong> réussit à éviter avec prudence<br />

les expressions qui surpassent la doctrine traditionnelle sur une guerre juste. Tout est centré sur le<br />

sens du devoir, sur la constance dans les propos et spécialement dans les mots : « Allez et donneznous<br />

de nouveau notre terre » on doit le lire certainement non « aux terres non sauvées » mais à la<br />

partie d’Italie qui était occupée depuis sept mois par les empires du centre d’Europe. Aujourd’hui<br />

nous pouvons discuter si le sang versé pour défendre, avec les armes, la patrie, soit aussi glorieux,<br />

mais ceci était normal en ce temps là, et la subordination qualitative au devoir de la défense au<br />

martyr était déjà une grande distinction que pas tous faisaient.<br />

On doit ajouter que <strong>Conforti</strong> sans doute avait vécu ce moment <strong>com</strong>me la possibilité d’une<br />

discrète annonce de foi à un groupe des jeunes qu’il connaissait par expérience leur distance de la<br />

pratique religieuse traditionnelle, et alors il faisait trouver le langage pour leur offrir une parole<br />

<strong>Manfredi</strong> - 145 – G.M. <strong>Conforti</strong>


convenable. Les passages plus importants étaient déjà présents dans les précédentes interventions de<br />

<strong>Conforti</strong>.<br />

Le discours fut accueilli avec long applaudissement, et il terminait là. La presse nationale avait<br />

donné une grande importance, mais en général elle n’avait pas présenté les paroles exactes et pour<br />

donner plus d’importance aux expressions du patriotisme, jusqu’à affirmer que <strong>Conforti</strong> avait<br />

<strong>com</strong>paré les morts pour la patrie aux martyrs pour la foi en Jésus Christ. Ont été diffusées en ville et<br />

parmi le soldats, des partes postales et certaines phrases, souvent déformées. D’ailleurs après deux<br />

semaines de ce discours on a eu une grave défaite dans la guerre sur de différents fronts, alors,<br />

malgré lui, <strong>Conforti</strong> est devenu une voix de la propagande militaire en ce temps difficile.<br />

Comme il arrive souvent en ces circonstances, le Saint-Siège à travers le cardinal De Loi,<br />

demandait au fondateur des éclaircissements. <strong>Conforti</strong> répondait avec une lettre délicate mais aussi<br />

précise :<br />

En considérant la campagne que la maçonnerie fait à Parma contre le clergé accusé de<br />

défaitisme, en tenant présent que en chaque occasion publique ne manquaient jamais des<br />

attaques contre l’église, à tel point que j’ai du écrire dans le dernier numéro du bulletin de<br />

la curie, donc voici une copie, la défense de mon clergé contre certaines accusations faites<br />

publiquement par les autorités de la ville, j’ai bien jugé d’accepter l’invitation pour éviter<br />

une ultérieure accusation et un autre attaque contre la bonne réputation du clergé et des<br />

chrétiens. Je n’avais jamais pensé de devoir parler en cette circonstance. Après la<br />

cérémonie de la distribution des médailles, j’ai participé aussi pour ne pas manquer<br />

d’éducation à un repas, où ont parlé certains élèves officiers et le dernier s’est adressé à<br />

ma personne avec ces paroles…<br />

Dans les précédents discours on avait eu une apothéose sur la grandeur de la guerre et sur<br />

le sang versé pour la libération des territoires occupés, sans avoir aucune parole sur la<br />

religion. Le désir de la libération des territoires occupés, fut la note plus importante,<br />

jusqu’à me demander la bénédiction.<br />

C’est pour cela que j’ai trouvé opportun de répondre à l’invitation explicite, tandis que je<br />

reconnaissais juste la libération des terres occupées ; j’ai trouvé l’occasion pour faire aussi<br />

une affirmation chrétienne, en mettant les martyrs de la foi aux dessus des martyrs pour<br />

la patrie : « Après le sang versé pour la foi en Jésus Christ, aucun….Mes paroles ont été<br />

applaudîtes et j’ai eu l’impression d’avoir, sans aucun préjugé, donné une aide à la cause<br />

du bien…<br />

Peu après il décidait d’envoyer au pape une lettre des excuses :<br />

C’est la première fois dans ma vie, sans le vouloir, que j’ai donné de la souffrance au<br />

Vicaire de Jésus Christ, pour lequel j’ai toujours professé et je le continuerai à le faire,<br />

avec l’aide de Dieu, une profonde vénération et attachement inébranlable. Et après avoir<br />

modifié dans une version erronée mes paroles selon les circonstances, maintenant je sens<br />

de devoir de demander pardon à votre sainteté pour ce qui est arrivé indépendant de ma<br />

volonté. J’aurais du ac<strong>com</strong>plir ce devoir avant, mais je ne croyais pas convenable dans le<br />

moment particulier, confier à la poste ce courrier, alors j’ai attendu pour cela une occasion<br />

de la venue à Rome d’une personne de ma confiance.<br />

Avec le chagrin d’avoir causé, sans sa propre volonté, devant l’opinion publique qui le<br />

considérait sur des positions différentes de la ligne « pacifiste » de Benoît XV. <strong>Conforti</strong> avait eu une<br />

autre grande souffrance à cause des paroles prononcées. Un témoignage nous affirme que l’évêque<br />

avait demandé à un séminariste en guerre qu’il lui réfère les réactions des soldats, voici la<br />

réponse : « Si je dois dire la vérité, sachez que les soldats vous ont lancé des imprécations et même<br />

des blasphèmes » Nous ne connaissons pas la réaction de <strong>Conforti</strong> devant ces voix qu’il<br />

considéraient dignes de foi, qu’on peut <strong>com</strong>prendre d’ailleurs en ce climat de guerre : plus tard on<br />

aura l’euphorie de la victoire, mais pour les troupes des soldats, à cause de la longue guerre, les<br />

<strong>Manfredi</strong> - 146 – G.M. <strong>Conforti</strong>


peines et aussi les nouvelles de la révolution qui venait de la Russie, ont créé un état bien différent<br />

de celui des officiers et des classes dirigeante.<br />

<strong>Conforti</strong> n’a pas fait une marche en arrière, mais une correction vécue avec humilité et<br />

promptitude, en acceptant les conséquences. Peu après l’accident du 2 juin, au Préfet qui lui offrait<br />

une décoration, <strong>Conforti</strong> avait refusé, même en affirmant sa conception sur l’harmonie entre<br />

religion et patrie :<br />

Je désire vivement que vous ne me donniez pas cette décoration. Fut toujours mon<br />

intention d’adresser toujours mon œuvre d’abord en tant que prêtre et puis <strong>com</strong>me<br />

évêque, pour le meilleur bien possible, en cherchant l’harmonie entre les deux idéaux de la<br />

religion et de la patrie, que chaque cœur des italiens doit chercher. Pour cela d’abord en<br />

Italie, en brisant les traditions séculières qui voulaient que les missions à l’étranger soient<br />

soumises au drapeau français, puis sous le protectorat italien notre vicariat apostolique.<br />

Jamais j’ai désiré même en ce temps là, aucune décoration qui pouvait être en contraste<br />

avec les idées personnelles et aussi avec un note religieuse que j’ai cherchée d’imprimer à<br />

mon ministère, auquel j’ai consacré toute ma vie.<br />

Le discours qu’à la fin de la guerre <strong>Conforti</strong> a voulu prononcer, même si malade, avec le<br />

solennel Te Deum du 1° novembre 1918, fut conforme aux contenus de ses positions. Il y a la<br />

célébration de l’action de grâce pour le grand sacrifice des militaires, des mutilés, des officiers et de<br />

la population, il y a l’image de la nouvelle Europe, qu’après le baptême de sang reçu et grâce au<br />

principe de nationalité, pourra avoir une paix durable :<br />

Tout ceci nous montre la grandeur de l’événement que nous célébrons, destiné par la<br />

divine Providence à la fraternité de tous les peuples, voulue par le Christ, destinée à<br />

inaugurer une nouvelle ère de prospérité et de paix, à donner un nouvel ordre à la société<br />

civile, qu’après l’énorme conflit, après un baptême de sang, nous souhaitons plus honnête,<br />

plus religieux, plus abondant de bonté et de justice.<br />

Il s’agissait des paroles d’espérance, que des événements et procès historiques immédiats ou<br />

à longs termes, seront démenties douloureusement. Alors en ce moment là tous les catholiques<br />

italiens croyaient à l’origine dans laquelle l’Italie, toujours grâce à la Providence, avait la mission<br />

de consolider davantage pour propager la civilisation chrétienne.<br />

LA FIN DE LA GUERRE : LA RECONSTRUCTION <br />

Après la défaite en Italie et en France, à cause de la victoire de l’Autriche et de l’Allemagne,<br />

la perception de la victoire maintenant proche de la fin de la guerre, on le voit même dans les prises<br />

des positions publiques de <strong>Conforti</strong>, par exemple dans l’intéressante analyse du problème des<br />

vocations. Mais déjà, en automne avant la conclusion de la guerre, il y a eu une autre menace : il y a<br />

eu un virus d’une grippe, « l’espagnole » qui avait causé des milliers de victimes parmi les gens<br />

déjà faibles à cause de la guerre. Le bulletin diocésain donne des indications concrètes pour<br />

prévenir et pour <strong>com</strong>battre l‘épidémie. Mêmes les élèves xavériens ont été frappés, mais non d’une<br />

manière grave.<br />

Malgré cette épreuve, l’évêque a vu l’urgence de recueillir les séminaristes et les prêtres qui<br />

retournaient de la guerre, pour ouvrir de nouveau le séminaire de Parma qui était resté presque vide.<br />

<strong>Conforti</strong> espérait que, terminée la guerre, on aurait pu reprendre l’engagement pastoral. Pour cela<br />

l’évêque a ac<strong>com</strong>pli un geste significatif du point de vue symbolique : il annonçait la troisième<br />

visite pastorale, après un mois de l’armistice. La nouvelle visite de l’évêque sur le territoire était<br />

motivée par la situation de la société « après le bouleversement de la guerre » Il a mis sa visite sous<br />

la protection du Sacré-Cœur <strong>com</strong>me était <strong>com</strong>mune en ce temps là. Les priorités étaient encore une<br />

<strong>Manfredi</strong> - 147 – G.M. <strong>Conforti</strong>


fois, l’instruction religieuse, les associations et les clubs des jeunes. <strong>Conforti</strong> demandait une<br />

« relation détaillée » sur la condition religieuse et morale de la population, sur les vices et « les<br />

partis dominants », sur les associations paroissiales existantes et à construire et sur l’instruction<br />

religieuse des enfants et des adultes. On voit quelques points fixes sur la stratégie pastorale<br />

(associations de la jeunesse et catéchistes) mais aussi une attention à la mentalité et aux idéologies<br />

politiques. <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>prenait que probablement quelques tensions devaient être contrôlées, car<br />

elles pouvaient aussi s’unir aux blessures psychologiques et avec la diffusion de certains<br />

<strong>com</strong>portements causés par la guerre. De toute façon il <strong>com</strong>mençait la visite après une année de la<br />

conclusion de la seconde, et ceci était un message clair et conscient au diocèse.<br />

Avec la lettre pastorale du carême 1919, l’évêque lançait et ordonnait de nouveau l’Action<br />

catholique. Est née l’Union des femmes catholiques et <strong>com</strong>mençait encore l’Union des jeunes. Cette<br />

réorganisation était causée en plus qu’à reprendre le travail après la guerre, à un autre fait<br />

important : à Parma aussi était né le parti populaire italien ( PPI) Le 18 janvier l’abbé Luigi Sturzo<br />

avait lancé l’appel avec d’autres représentants catholiques « à tous les hommes libres et forts » A u<br />

<strong>com</strong>mencement Giuseppe Micheli avait hésité à entrer dans la nouvelle organisation, mais après son<br />

choix avait donné origine à ce parti même à Parma, guidé par l’abbé Sturzo. L’union électorale et<br />

l’union économico-sociale ont été dissous en faveur du parti et de la Confédération italienne du<br />

travail (CIL), le syndicat qui était à côté de la nouvelle formation politique.<br />

Les laïcs, jeunes et adultes qui appartenaient à l’Action catholique se sont enserrés avec élan<br />

dans l’engagement politique. Mais aussi beaucoup de prêtres qui étaient déjà engagés dans les<br />

caisses rurales et dans l’organisation sociale, ont <strong>com</strong>mencé à suivre ce programme. Ils étaient plus<br />

nombreux ceux qui appartenaient au diocèse de Borgo San Donnino et à Piacenza, des prêtres<br />

proches du parti populaire, mais on les a vus même à Parma, en général plus défilés au niveau<br />

politique. La personne plus engagée fut l’abbé Giovanni Del Monte, nommé par <strong>Conforti</strong> directeur<br />

du nouveau journal diocésain Vita Nuova, dont le nom fut alors un programme, à son apparition en<br />

1919. Depuis décembre de la même année « en ville sont devenues une tradition les conférences<br />

religieuses et sociales, présentées souvent par l’abbé Dal Monte que le club des jeunes ‘Villa’<br />

organisait chaque jeudi soir, devenues très utiles pour la formation d’un culture critique … »<br />

Comme dans les autres diocèses italiens, la coprésence on l’a eue pour la première fois dans<br />

l’Action catholique italienne <strong>com</strong>me une émanation directe de la <strong>com</strong>munauté ecclésiale et d’un<br />

parti des catholiques même si aconfessionnel : c’était au fond le grand défi de Sturzo. Probablement<br />

la distinction de deux domaines se serait réalisée progressivement et aussi plus sereine, si on aurait<br />

eu moins des tensions dans le Parti Populaire. En novembre 1919 le parti populaire était déjà à<br />

l’épreuve pour les élections, où au niveau national avait obtenu le 20% des votes et presque 100<br />

sièges à la Chambre. Déjà ces peu de mois entre l’organisation et l’engagement électoral auraient<br />

été suffisamment convulsés. En plus on voyait des signes de la violence politique qu’en 1920 serait<br />

explosés durement. Le 21 et 22 août on a eu, après une préparation bien organisée, le congrès<br />

émilien de la jeunesse catholique avec la participation, il semble, de presque 5.000 jeunes<br />

catholiques. Sur le cortège avait été lancée une bombe, sans procurer de victimes, mais avec des<br />

bagarres. Le mois successif en toute l’Italie on a eu le maximum de menaces de violences et<br />

l’occupation des usines par des groupes extrémistes. Au même temps le petit groupe de <strong>com</strong>bat de<br />

Parma, fondé le 23 avril 1919, un parmi les premiers après la réunion de Milano, (mars 1919), où<br />

fut fondé le premier groupe du futur parti fasciste, a eu une brusque direction, de premiers éléments<br />

qui prenaient l’inspiration de Filippo Corridoni à Alceste De Ambris à des personnages qui étaient<br />

strictement liés à l’action contre les grèves, aux financements des agricoles et les industriels. Les<br />

brigades fascistes se diffusaient très vite dans les campagnes.<br />

En ces conjonctures, qui seront devenues dramatiques pendant deux ans, articuler les<br />

distinctions entre action ecclésiale, syndicale et des partis, ne pouvait pas être facile. Bien ou mal le<br />

redressement de l’Action catholique procédait et au <strong>com</strong>mencement de 1921 on passait d’un<br />

secrétariat provisoire à un <strong>com</strong>plet « <strong>com</strong>ité directif » d’Action catholique, avec Ferdinando Vietta<br />

<strong>Manfredi</strong> - 148 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>com</strong>me président et Uberto Pallavicino, descendant d’une noble famille de Parma, <strong>com</strong>me<br />

secrétaire.<br />

Pendant la visite pastorale et avec toutes ces questions à définir et à gérer, un autre<br />

événement frappait le diocèse : le 7 septembre 1920 un tremblement de terre endommageait<br />

différentes églises de petites paroisses de la montagne : Rigoso, Ceretolo, Remo, Vaestano,<br />

Casagalvana, à la frontière de Monchio et d’autres mairies voisines.<br />

Au même temps, <strong>com</strong>me on avait vu dans le chapitre sur le clergé, on a eu quelques<br />

douloureuses défections dans le diocèse, et le séminaire avait des difficultés à démarrer, ainsi de<br />

dizaines des paroisses étaient sans une sollicitude pastorale constante. On <strong>com</strong>prend <strong>com</strong>ment<br />

<strong>Conforti</strong> dans une lettre au père Popoli en décembre 1921 montrait une triste expression : « Au<br />

milieu des amertumes qui m’assiégent de tout côté »<br />

LA PRISE DU POUVOIR PAR LE FASCISME ET LES BARRICADES EN AOUT 1922<br />

Depuis 1921 en avant, augmentaient de graves violences dans toutes les zones de la part des<br />

fascistes. A la réaction contre les groupes de l’extrême gauche s’unissaient des provocations et des<br />

rixes contre les associations catholiques, des organisations syndicales « blanches », des sièges et<br />

personnes qui appartenaient au parti populaire. On a eu aussi de violentes actions contre les prêtres :<br />

l’Association de défense du clergé protestait officiellement pour les « graves actions de<br />

Castelguelfo et Fontevivo » vers Borgo San Donnino, où le fascisme était plus fort. Le journal<br />

fasciste local, La Fiamma en juin 1921 se jeté contre la procession eucharistique le 12 juin 1921 et<br />

même contre l’évêque. En août l’évêque publiait un appel pour mettre la paix, que d’ailleurs ne<br />

servira à rien, <strong>com</strong>me d’autres appels de beaucoup d’évêques italiens. En octobre 1921 fut attaqué<br />

l’abbé Ormisda Pallegri, collaborateur et ami du <strong>Conforti</strong>, curé à Noceto, et depuis toujours engagé<br />

dans le mouvement catholique.<br />

Les violences du 1921 ont été recueillies et publiées par Pietro Bonardi. Nous synthétisons<br />

ici les épisodes plus importants au sujet des prêtres et laïcs catholiques, arrivés avant les<br />

événements d’août. A Basilicagaiano, en février on a eu des menaces devant la fenêtre du curé<br />

Giuseppe Buratti, un jeune catholique en avril fut battu par les fascistes à Basilicanuova. Le même<br />

mois, à Pilastro l’abbé Giuseppe Corchia, curé de Mattaleto de Langhirano fut battu par les fascistes<br />

et l’abbé Lorenzo Guareschi, curé de Salsominore (diocèse de Borgo San Donnino) avait reçu des<br />

menaces dans une lettre anonyme. L’abbé Egidio Guerra curé de Basilicanova avait reçu des<br />

accusations publiques. A Torricella de Sissa fut brûlé un hangar de Petro Rossi, un populaire. Les<br />

fascistes menaçaient le secrétaire de la mairie de Pellegrino Parmense, un membre du parti<br />

populaire. L’abbé Adolfo Beghini, curé de Corticella de San Secondo, fut menacé en mai par les<br />

jeunes fascistes « et au nom de notre saint bâton, nous vous prions de terminer, car c’est maintenant<br />

l’heure ». A la même période le fameux catholique Jacopo Bocchialini fut attaqué à Parma et Quiro<br />

Venturini, membre d’une coopérative catholique de Traversetolo, fut battu à Basilicanova, tandis<br />

que tout proche un jeune catholique fut attaqué. En juin fut menacé l’abbé Icilio Infanti de Neviano,<br />

tandis que Elviro Pizzi, jeune d’action catholique de Castellaicardi, fut attaqué par un fasciste qui<br />

lui avait même enlevé le signe de l’action catholique. Giuseppe Castignoli, membre du club<br />

catholique de Busseto en juillet fut battu par un fasciste, tandis que à Sissa le populaire Ideo Grassi<br />

fut aussi attaqué toujours par un fasciste, et un prêtre de Varsi (diocèse de Piacenza) fut étranglé. A<br />

Borgo San Donnino fut giflé par les fascistes le jeune catholique Romeo Tedeschi.<br />

D’autre part l’abbé Lino Bucci curé de Lagrimone fut obligé par les socialistes à enlever le<br />

drapeau du siège du club de jeunes catholiques. En effet ne manquaient pas des représailles,<br />

provocations et attaques même de la part des socialistes et d’autres groupes de gauche. On était en<br />

train d’organiser aussi par réaction aux équipes militaires fascistes, « les arditi » (courageux) du<br />

peuple » qui se sont organisés. Selon les écrits de Bonardi où on voit que les groupes de gauche<br />

rarement en cette période, ils étaient contre les catholiques et les « populaires », même si la tradition<br />

anticléricale de « rouges » (socialistes) était bien consolidée. Même quelques « populaires » avait<br />

<strong>Manfredi</strong> - 149 – G.M. <strong>Conforti</strong>


éagi avec des coups et des armes, selon les novelles de la presse, aux dénonciations fascistes. C’est<br />

impressionnant voir la présence des adolescents et des jeunes, entre les 16 et 20 ans, dans tous les<br />

groupes, souvent impliqués dans des agressions graves, et naturellement ont été aussi des victimes.<br />

Le jeune de 17 ans de Felino, Walter Branchi fut tué à Parma le 29 mars 1921 qui avait attaqué,<br />

avec des camarades, un groupe des <strong>com</strong>munistes, <strong>com</strong>me aussi l’adolescent Pio Costa de<br />

Langhirano est mort à cause des blessures dans un conflit à feu en janvier 1922 dans un bar de Sain<br />

Michele di Torre.<br />

Depuis 1921 on a des violences fascistes et les réponses de la gauche on les a eues en la ville et<br />

dans la province. Le 19 avril 1921 un groupe de fascistes avait battu un « ouvrier », Amleto Rossi<br />

sur un pont du torrent en ville. Au même moment passait l’évêque qui s’arrêta pour secourir le<br />

blessé, devant l’étonnement des gens et les menaces des fascistes. Le blessé fut porté à l’hôpital où<br />

peu après est mort. Ce <strong>com</strong>portement montre en synthèse la bonté de <strong>Conforti</strong> dans le climat qu’on<br />

vivait à Parma et en Italie.<br />

La liste des victimes « catholiques » s’arrête en juillet. En effet le sommet de la tension à Parma<br />

on l’a eue en août avec les « cinq journées », 1-6 août 1922 quand on avait risqué un carnage. Le 31<br />

juillet on avait proclamé la grève générale en Italie pour protester contre les violences fascistes. La<br />

grève fut un échec et fut étoffée par d’autres actions de force par les équipes de Mussolini. Sauf à<br />

Parma. Les membres de la gauche antifasciste et le populaires, ensemble, avaient décidé de<br />

continuer la protestation en faisant des barricades au delà du Torrent de Parma et dans les zones<br />

populaires tandis que sur les routes continuaient les bagarres entre les fascistes et les « arditi » du<br />

peuple. En quelques heures des milliers de fascistes du nord d’Italie, bien armés ont marché contre<br />

Parma sous les ordres d’Italo Balbo, 27 ans, le plus jeunes parmi les hiérarques fascistes. Parmi les<br />

chefs fascistes présents ne pouvait pas manquer Roberto Farinaci de Cremona. Dans son journal<br />

Balbo écrit que les fascistes étaient entre les 8000 et 20000. Deux armées étaient en état de bataille :<br />

d’un côté les fascistes, de l’autre côté ceux de la gauche et les populaires, et au milieu la police avec<br />

le Préfet de la ville, Federico Fusco. Et les troupes présentes en ville avec le général Enrico<br />

Lodomez. Certainement les militaires, spécialement les officiers, sympathisaient pour les fascistes.<br />

Le Préfet essayait d’éviter l’accrochage et le 4 août avait fait entrer les militaires au-delà du<br />

Torrent, qui ont été reçus avec cordialité par les grévistes. Balbo avait affirmé que cette initiative<br />

était une simulation et alors il avait maintenu un état de bataille des fascistes. Le matin du 5 août il<br />

conduisait personnellement une tentative d’attaque au-delà du Torrent, il fut arrêté par les militaires<br />

contre lesquels il ne voulait pas tirer. A midi du 5 août, dans une rencontre avec le Préfet, Balbo<br />

avait présenté une alternative : ou un <strong>com</strong>mando militaire de la ville, ou un attaque fasciste.<br />

Mgr <strong>Conforti</strong> était hors de la ville pour la consécration de l’église paroissiale de Torrile, tout<br />

proche de Colorno. Lorsqu’il avait entendu des nouvelles de Parma, est rentré tout de suite et dans<br />

l’après midi du 5 août il se présentait d’abord au Préfet Fusco, puis à Balbo qui avait son quartier<br />

général à l’hôtel Croce Bianca. Lisons dans le journal de Balbo son témoignage :<br />

M’ont avisé que l’évêque de Parma, Mgr <strong>Conforti</strong>, désire me visiter. Dans le hall de l’hôtel<br />

j’ai placé les officiers de service. A l’arrivée de l’évêque ils l’ont reçu avec tous les<br />

honneurs militaires. Je l’ai reçu avec tout mon état majeur. L’évêque avait déclaré avec de<br />

nobles paroles de faire intervenir toute son autorité pour essayer de pacifier les<br />

contendants. J’ai lui exprimé toute notre reconnaissance. Nous nous mettons avec<br />

révérence devant le Pasteur. Les fascistes ne désirent que restaurer l’ordre et la liberté : et<br />

avant tout la liberté religieuse. L’acte d’intérêt de l’évêque fut noble, mais c’était<br />

impossible de profiter de l’offrande de la paix. Nous ne pouvons pas abandonner Parma,<br />

jusqu’à la normalité. Fut un colloque rempli de déférence réciproque. J’ai ac<strong>com</strong>pagné<br />

l’évêque où il a été salué militairement.<br />

Nous pouvons imaginer <strong>com</strong>ment <strong>Conforti</strong> avait apprécié ce <strong>com</strong>portement militaire, ce jeu à la<br />

guerre de la part des civils armés par un parti. Le même jour, il semble immédiatement avant le<br />

<strong>Manfredi</strong> - 150 – G.M. <strong>Conforti</strong>


colloque avec le Préfet et Balbo, <strong>Conforti</strong> avait publié un appel à la population que nous lisons<br />

entièrement :<br />

Au très bien-aimé peuple de Parma,<br />

Comme citoyen et <strong>com</strong>me évêque pour l’amour sincère que j’ai pour mon pays et à mes<br />

fils en Christ, je sens le besoin et le devoir d’adresser à tous en ce moment des luttes<br />

fraternelles qui partagent notre ville en deux parties, l’une contre l’autre. Je suis<br />

supérieur et étranger à chaque parti, selon la nature même de mon ministère, je dis à tous<br />

de déposer les armes au nom du bien <strong>com</strong>mun : déposez les armes et tout <strong>com</strong>portement<br />

de guerre et mettez sur l’autel de la paix et de la concorde la haine réciproque, pour<br />

l’amour et le devoir à notre patrie qui a besoin de concorde, après la grande épreuve<br />

soutenue pour son indépendance et intégrité territoriale.<br />

La haine engendre la haine, les représailles provoquent d’autres représailles à la place de<br />

résoudre les discordes, elles les augmentent davantage en rendant malheureuse la<br />

cohabitation sociale. Et même si parfois on peut les <strong>com</strong>primer, dans un temps plus ou<br />

moins long, elles laissent souvent des conséquences d’autres luttes sanglantes. Paix, frères,<br />

paix.<br />

La demandent nos valeureux morts, les larmes de nos mères et épouses, le bien-être<br />

intérieur et le prestige extérieur de l’Italie. Elle demande avec force à ses fils une œuvre<br />

active et une reconstruction, et tous, au-delà des hommes et des partis, doivent portent<br />

leur efficace contribution.<br />

Ne serait pas un bon citoyen celui qui refuserait, car tous, ou avec intelligence ou le travail<br />

manuel, sont obligés ensemble à coopérer pour le bien <strong>com</strong>mun. Mais cette œuvre<br />

nécessaire de reconstruction ne pourra jamais avoir sa pleine réalisation, si non avec la<br />

paix, sans laquelle les conquêtes obtenues au prix de tant de sang serviront très peu.<br />

A ceux qui professent sincèrement la foi en Christ, je leur rappelle le grand principe de la<br />

charité fraternelle qui n’exclût même pas les ennemis. Et au nom de cette charité<br />

généreuse et forte, qui a changé le regard du monde, avant dans la lutte permanente, et<br />

elle a créé une nouvelle civilisation, la meilleure de toutes les autres, je leur confie d’opérer<br />

d’une manière sage pour la pacification, en devenant ainsi dignes de ré<strong>com</strong>pense de notre<br />

pays. Que le Seigneur bénisse les efforts de ceux qui travaillent pour de noble résultat, et<br />

rétablisse entre nous la joie de la paix dans la tranquillité de l’ordre.<br />

Avant tout on peut se demander : pourquoi <strong>Conforti</strong> n’est pas allé au-delà du Torrent La revue<br />

Vita Nuova, c'est-à-dire l’abbé Del Monte, avait affirmé que l’évêque serait allé aussi au-delà du<br />

Torrent si la réponse fasciste à son appel aurait été positive. En effet nous pouvons penser qu’avec<br />

beaucoup de réalisme, <strong>Conforti</strong> s’est rendu <strong>com</strong>pte qu’il ne pouvait pas traiter avec Picelli. En effet,<br />

à l’après midi du 5 août, l’intervention de l’évêque n’était pas à la hauteur de rien modifier.<br />

Il semble, selon le journal de Balbo qui d’ailleurs nous offre des confrontations avec des donnés,<br />

que pendant la nuit du 5 et 6 août, le gouvernement aurait demandé de transférer les pouvoirs de la<br />

ville du Préfet au <strong>com</strong>mandant sur place. Ceci satisfait la condition présentée par Balbo, à la<br />

renonciation des fascistes d’intervenir avec les armes. Balbo ordonnait la démobilisation obtenue<br />

entre les clameurs des instruments de guerre, on a pris quelques coups de revolvers qui étaient<br />

restés et il se déplaça à Ancona. Les soldats entrés au-delà du Torrent, ont obtenu dans un bref délai<br />

et après deux coups de canon sans munition, toute à fait symboliques, la remise des armes des<br />

rebelles de gauche et la démobilisation des barricades. Naturellement est bien différente la version<br />

de Picelli, que d’ailleurs, au-delà de la description d’une bataille épique tout près des jardins du parc<br />

ducal et d’une fuite honteuse des masses fascistes, surtout la seconde très difficile à documenter<br />

pour ceux qui sont barricadés au-delà du Torrent, il cherche d’admettre que l’arrivée des troupes de<br />

Lodomez et l’ordre de remettre les armes, les coups de canon à poudre, fut toute de suite accueilli<br />

du <strong>com</strong>mando « rouge » (socialiste) Avec un soupir de soulagement, je dirai discrètement.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 151 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Au-delà de la rhétorique des parties opposées, visibles dans les deux récits de Balbo et de Picelli,<br />

tous les contendants et les protagonistes, s’étaient rendus <strong>com</strong>pte qu’une collision frontale aurait été<br />

un carnage, avec des conséquences imprévisibles. Enfin c’était clair que n’était pas convenable par<br />

personne employer les menaces de bataille : les rebelles au-delà du Torrent savaient d’être<br />

inférieurs en nombre et dans les armes ; Balbo savait qu’il devait entrer dans un champ de bataille<br />

plein des embouches et qu’il aurait cédé seulement après une lutte en chaque maison, et en plus, il<br />

devait forcer les blocs de l’armée. Le Préfet avec <strong>Conforti</strong> semblait être la personne plus<br />

raisonnable, et il a fait tout le possible pour éviter la bataille. Et, discrètement, il pourrait avoir<br />

suggérer à <strong>Conforti</strong> d’aller à la « Croix Blanche », où Balbo aurait présenté tous ses militaires, en<br />

voyant en cette visite une espèce d’une reconnaissance prestigieuse. Peut-être qu’il n’était pas<br />

nécessaire de se rendre au de-là du Torrent, où étaient présents quelques populaires, et quelques<br />

prêtres dans les rangers des barricades.<br />

L’appel à la paix de <strong>Conforti</strong> pouvait être, en effet il le fut, un prétexte suffisant « d’image »<br />

tandis que le contenu du prétexte l’aurait donné, pendant la nuit le gouvernement, en donnant à<br />

Lodonnez le <strong>com</strong>mando. En cette façon, Balbo pouvait démobiliser les fascistes en se vantant<br />

d’avoir obtenu la condition qu’il espérait. Picelli et les siens pouvaient remettre les armes à l’armée<br />

d’Etat en se vantant d’avoir fait fuir les fascistes, et tous pouvaient s’appuyer à l’appel « super<br />

partes » de l’évêque, aimé par les gens et respecté par les institutions.<br />

On ne peut pas connaître <strong>com</strong>bien <strong>Conforti</strong> était conscient du jeu politique fait par le Préfet,<br />

qu’en effet il instrumentalisait son courage. On peut dire qu’en <strong>Conforti</strong> l’innocence et la douceur<br />

étaient égales à l’expérience de la vie des hommes. Il n’a jamais eu une vanterie à cause de sa<br />

sollicitude affligée présence à Parma en ces jours là, et nous pouvons faire une hypothèse que,<br />

<strong>com</strong>me tous, il a été content pour la réussite de l’affaire, s’il aurait été obtenue, aurait épargné du<br />

sang, et ceci était son premier but.<br />

Italo Balbo, a eu un grand souvenir de ce prélat influent qu’il avait rencontré pendant les graves<br />

jours d’août 1922, et à la mort de <strong>Conforti</strong> avait envoyé un télégramme significatif. Les barricades<br />

de Parma ne pouvaient pas s’opposer à l’affirmation du fascisme, car après trois mois était déjà au<br />

pouvoir, en suivant une méthode formellement juste, mais politiquement une honte pour un<br />

fascisme triomphant pour ses forces et son organisation militaire. Nous ne pouvons pas, conclure<br />

ainsi ces pages sans rappeler ce qu’on avait écrit sur les hautes murailles du torrent Parma, quand en<br />

1931, Balbo avait traversé l’Atlantique sur un petit avion, et en patois de Parma on disait qu’il avait<br />

pu traverser l’Océan mais non le torrent Parma.<br />

LA VICTOIRE DU FASCISME<br />

En août 1922, n’étaient pas encore terminées les violences fascistes et les représailles<br />

socialistes. Au même temps, pendant les jours de l’occupation fasciste et des barricades, a été<br />

détruit le siège du parti Populaire et des organisations catholiques Union du travail et le bureau<br />

provençal de la coopération, tandis que l’abbé Del Monte fut fortement frappé. En toute réponse,<br />

<strong>Conforti</strong> ouvrait la liste des signatures pour rétablir le siège des associations catholiques, avec une<br />

offrande personnelle d’une valeur symbolique, et non seulement.<br />

Les actes de violence et les intimidations ont les a eus même en 1922. L’année successive, quand<br />

désormais le régime avait pris le pouvoir, les fascistes avaient interdit la procession eucharistique à<br />

Fornovo. En mai successif ont été faites des menaces à l’abbé Giuseppe Schianchi de Castellonchio.<br />

Au printemps 1923, entre <strong>Conforti</strong> et les fascistes est éclatée la « guerre des drapeaux ». Après<br />

novembre 1922 sont arrivées à la curie nombreuses demandes des bénédictions des drapeaux des<br />

organisations paramilitaires fascistes : les équipes avaient désormais une reconnaissance officielle<br />

du côté du gouvernement, nombreuses ont été encadrées par la Milice volontaire pour la sûreté<br />

nationale (MVSN), et les sessions fascistes on les a eues même là où, avant la marche sur Rome<br />

n’ont jamais existées. En plus ces demandes des bénédictions étaient une espèce d’épreuve du défi<br />

au clergé qui avait soutenu le parti Populaire. Mais à la suite des violences contre « les représentants<br />

<strong>Manfredi</strong> - 152 – G.M. <strong>Conforti</strong>


catholiques », <strong>Conforti</strong> en avril 1923 retirait à l’archiprêtre de Colestano, la permission de bénir les<br />

drapeaux des fascistes. Une mesure analogue fut <strong>com</strong>muniquée à Lesignano Palmia et en suite à<br />

Corniglio et Monchio. Ce sont des paroisses de la montagne dans des zones où les catholiques<br />

étaient forts avec une organisation des coopératives, que les fascistes cherchaient de détruire, ou<br />

avec une action trompeuse ou violente, et ceci est un des aspects de la lutte politico-économique du<br />

fascisme n’ont pas été bien étudiés, mais plus douloureux car souvent des familles <strong>com</strong>plètes étaient<br />

destinées à la misère. Au même temps, pendant que les autorités fascistes contestaient la conduite<br />

de l’évêque, en présentant de différentes positions d’autres évêques, <strong>Conforti</strong> le 11 avril 1923,<br />

présentait un <strong>com</strong>muniqué officiel dans lequel il interdisait la bénédiction sans une permission<br />

écrite par l’Ordinaire. En mai il s’adressait à Rome, et en septembre successif il expliquait les<br />

indications. On a eu d’ultérieures interdictions des bénédictions, en présentant l’église hors de la<br />

politique et donc l’interdiction de bénir les signes d’un parti, ont été données pour Neviano Arduini<br />

et même pour le chef-lieu. En ce moment est intervenu pour être médiateur entre l’autorité fasciste<br />

et l’évêque, un personnage important, qui sera le référant en quelque manière, entre le fascisme et la<br />

réalité ecclésiale de Parma : le père abbé de Sain Giovanni, Emmanuel Caronti. Caronti avait été<br />

nommé supérieur de l’ancienne <strong>com</strong>munauté monastique en 1919, il était déjà connu pour ses<br />

études de liturgie et pour avoir essayer de récupérer pleinement d’emploi du grand monastère tout<br />

proche de la cathédrale, où depuis 50 ans était en possession de l’Etat. La chronique du monastère<br />

écrivait en septembre 1923 :<br />

Le très révérend supérieur est arrivé ce matin en hâte en automobile pour mettre d’accord<br />

les fascistes et Mgr l’évêque à cause de la mésentente pour la bénédiction des drapeaux des<br />

syndicats fascistes. L’expédiant est le suivant : la rétractation de quelques choses<br />

imprimées dans la « Fiamma » un journal fasciste. La déclaration que les syndicats ne sont<br />

pas au service du fascisme. A la place de l’évêque sera un prêtre qui bénira les drapeaux<br />

(l’abbé Furlotti)<br />

Même en février 1914, <strong>Conforti</strong> répondait au préfet de police de Parma qui lui demandait de bénir<br />

le drapeau de la Milice volontaire :<br />

Après les directives reçues de la Suprême autorité ecclésiastique au sujet de la conduite du<br />

clergé en ce moment difficile pour des situations politiques, et après les dispositions<br />

précises que j’ai données à mes prêtres, je ne crois pas de pouvoir transgresser<br />

ouvertement et dans un court délai, mes ordres et ceux du Saint-Siège.<br />

Donc, <strong>Conforti</strong> appliquait à la lettre les dispositions du Siège apostolique et obligeait à rendre le<br />

clergé le plus neutre possible vis-à-vis des implications politiques : ceci était valide pour les<br />

sympathisants du fascisme, mais naturellement était à détriment de ce qui restait du Parti populaire.<br />

Une espèce de sacrifice demandé par les interprètes du catholicisme démocrate, mais probablement<br />

en ce moment là, le risque majeur était l’aplanissement sur le fascisme des secteurs visibles du<br />

clergé. Rappelons-nous que même l‘abbé Del Monte restait le responsable de l’hebdomadaire<br />

diocésain, malgré les oppositions et les demandes pour l’enlever, en provenant aussi de<br />

l’« intérieur ».<br />

Malgré cette claire et prudente position de l’évêque, une recrudescence des violences on les<br />

avaient eues à l’occasion des élections pour la nouvelle Chambre des députés, faite selon une loi<br />

électorale propre de Mussolini et aussi dans un grave climat des violences. A Parma les prêtres<br />

sympathisants des populaires ou de toute façon des antifascistes, ont été systématiquement<br />

persécutés. Le fait plus grave fut l’agression du curé de San Lazzaro, l’abbé Giuseppe Maini le 12<br />

avril. Dans la vibrante protestation, <strong>Conforti</strong> présentait une série de faits précédents analogues à<br />

Noceto, à Frassinara, à Cassio, à Talignano, à Roccalanzona, à Fontanellato, à Selva du Boschetto,<br />

« pour ne as continuer » Pour Fontanellato et aux environs, <strong>Conforti</strong> écrivait même au Préfet en<br />

protestant contre les menaces publiques faites par le <strong>com</strong>mandant de la Milice volontaire, un certain<br />

<strong>Manfredi</strong> - 153 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Corradi : Il semble qu’on voulait interdire au curé de Fontanellato, l’abbé Cattabianchi, de bénir<br />

même le monument aux morts pour la patrie.<br />

On ne peut pas donc parler d’un évêque d’accord avec ce climat du terreur instauré par les<br />

fascistes, malgré la claire distinction vis-à-vis du Parti populaire et la position super partes déjà<br />

affirmée pendant les jours des barricades. Dans la lettre pastorale pour le careme 1924, il refusait les<br />

accusations « de défaitisme » et d’immoralité lancées contre les prêtres antifascistes, avec une<br />

stratégie typique de celui, <strong>com</strong>me on a vu dans le journal de Balbo, affirmait la déférence vers la<br />

religion qui représentait la tradition et l’italianité, mais était toujours prêt à reprendre les vieilles<br />

armes de l’anticléricalisme originaire. Mais les critiques de <strong>Conforti</strong> n’étaient pas basées seulement<br />

sur ces vicissitudes locales, qu’en général étaient publiées par le gouvernement <strong>com</strong>me des<br />

« intempérances » des groupes des fascistes enthousiastes ou <strong>com</strong>me des réponses aux<br />

« provocateurs », tandis que Mussolini faisait semblant d’être pacificateur et homme d’ordre. Parmi<br />

les premiers actes du nouveau gouvernement autoritaire on avait eu quelques faveurs pour le clergé,<br />

un choix tactique pour essayer d’enlever au Parti populaire l’adhésion des prêtres. On a eu la pleine<br />

remise de l’enseignement religieux dans les écoles publiques, un geste d’un grand symbolisme,<br />

après l’hostilité, les limitations, les boycottages de différents règlements ministériels libéraux et de<br />

beaucoup d’administrations de gauche. Mais en février 1924, en partant de sa <strong>com</strong>pétence et<br />

expérience au sujet de l’enseignement catéchétique, <strong>Conforti</strong> transmettait à Gasparri des<br />

observations préoccupantes sur les programmes et sur les textes ministériels de la religion, de la part<br />

du gouvernement.<br />

En octobre 1923, le Secrétariat d’Etat du Vatican, envoyait aux évêques quelques instructions<br />

réservées sur la normative voulue par le régime au sujet de l’enseignement de la religion dans les<br />

écoles, sur la capacité des enseignants et sur les textes. Comme beaucoup d’autres évêques,<br />

<strong>Conforti</strong> répondait le 15 novembre successif, en rendant <strong>com</strong>pte de ce qu’on faisait depuis<br />

longtemps dans le diocèse, en recevant après, <strong>com</strong>me réponse, une lettre dans laquelle le secrétaire<br />

d’Etat Cardinal Pierre Gasparri, au nom du pape, louait le travail ac<strong>com</strong>pli à Parma. <strong>Conforti</strong><br />

écrivait encore en janvier 1924, en envoyant le « vote » de la <strong>com</strong>mission, peur l’examen des textes<br />

scolaires que Gasparri lui avait <strong>com</strong>muniqués, en se <strong>com</strong>plaire, que parmi ceux qui étaient jugés les<br />

meilleurs, il y avaient ceux du diocèse de Parma ; il y a eu aussi l’occasion pour demander un<br />

cardinal légat du pape pour le congrès eucharistique régional de Parma. Le 11 mars successif<br />

<strong>Conforti</strong> envoyait ses observations, écrites par la contribution de la Commission catéchétique<br />

diocésaine, sur le programme ministériel, <strong>com</strong>me on avait dit. La relation trouvée finalement, grâce<br />

à l’ouverture des archives de la période du pape Pie XI en 2006, fut toute de suite envoyée au<br />

jésuite le père Tacchi Venturi, que informellement « représentait » Pie XI auprès du gouvernement<br />

italien. Voici quelques idées principales :<br />

Cette <strong>com</strong>mission catéchétique …après avoir constaté l’insuffisance de la mesure du<br />

gouvernement, que en obligeant l’enseignement de cette nouvelle matière dans les écoles<br />

inférieures, ne se préoccupe pas de la formation des enseignants, et après avoir déploré<br />

que les programmes des écoles moyennes, pour l’esprit et les textes présentés, soient aptes<br />

à former des maîtres incroyants plus que catholiques, a été examinée dans la façon<br />

pratique dont l’enseignement de la religion dans les écoles primaires se réalise…<br />

Pour ce qui intéresse les programmes il a du relever toute de suite le contraste ouvert entre<br />

la matière enseignée pour chaque classe, et le besoin religieux de l’enfant en rapport aux<br />

devoirs qu’il doit observer dans sa vie spirituelle…<br />

Le nouveau programme gouvernemental, en suivant la méthode progressive, présente les<br />

<strong>com</strong>mandements seulement pour la quatrième classe et les sacrements en cinquième,<br />

même quand depuis quelques années l’enfant se confesse et reçoit la <strong>com</strong>munion. On doit<br />

dire que dans la campagne presque partout, l’enfant termine les écoles après la classe de la<br />

troisième.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 154 – G.M. <strong>Conforti</strong>


C’est vrai qu’on a des écoles paroissiales, et c’est bien qu’elles ne diminuent pas leur<br />

activité, mais les parents croient de trouver dans l’enseignement de la religion dans les<br />

écoles publiques une excuse pour ne pas envoyer leurs enfants dans les écoles paroissiales.<br />

Reste un signe positive de lumière dans le programme on parle des conversations<br />

religieuses, mais pour réaliser ce programme il faudrait : 1) Que le maître soit capable et<br />

conscient de son devoir moral devant les besoins spirituels de l’enfant. 2) Que le<br />

développement du programme qui est dans les mains des enseignants, dans les différents<br />

clubs scolastiques, soit préparé par des personnes <strong>com</strong>pétentes et religieuses. 3) Que les<br />

textes puissent répondre à ce besoin de amplifier ce point très important…<br />

La <strong>com</strong>mission gouvernementale était en train de mettre à côté les meilleurs textes pour employer<br />

des textes simplifiés dans lesquels les éléments de la foi étaient présentés « à travers des légendes<br />

plus ou moins exactes »<br />

Le texte, que Teodori connaissait, mais jamais publié, montre avant tout <strong>com</strong>ment <strong>Conforti</strong> aurait<br />

eu une espèce de rôle, informel, de « consulteur » du secrétariat d’Etat au sujet des thèmes de<br />

l’enseignement de la religion dans les écoles. Gasparri, ou un autre à sa place, pouvait reconnaître<br />

facilement dans l’évêque de Parma, un spécialiste dans la matière, puisque depuis plusieurs années<br />

le diocèse était à l’avant-garde dans l’enseignement de la catéchèse aux enfants.<br />

La <strong>com</strong>mission en syntonie avec l’évêque montre en particulier l’attention à la mentalité des<br />

enseignants, car depuis longtemps était conditionnée par une formation agnostique et souvent<br />

anticléricale : pensons à l’influence d’Edmondo De Amicis, un socialiste connu mais un écriant<br />

chanceux d’un texte qui fut un best seller dans la littérature de l’enfance. <strong>Conforti</strong> et son équipe de<br />

travail montrent de ne pas céder facilement à l’enthousiasme pour le fascisme et pour la<br />

« reconquête » des écoles, un <strong>com</strong>portement répandu parmi le clergé et les évêques, mais ils<br />

maintiennent une capacité critique devant les lignes directives des textes qui se réfèrent au ministère<br />

de l’éducation. Du point de vue méthodologique, le document réaffirme la valeur de la méthode<br />

cyclique, employée par l’expérience de Parma, en plus que par la littérature catéchétique<br />

européenne, dans un système de l’enseignent de la religion, qui sera surmontée dans l’entente entre<br />

le Saint-Siège et l’Italie en 1984.<br />

La réponse du secrétariat d’Etat, d’un côté indiquait selon un style propre de la curie à quelques<br />

observations qu’on présentera au gouvernement, ce qui est arrivé à travers Tacchi Venturi où on<br />

affirmait :<br />

N’est pas le cas de prétendre des institutions du gouvernement une éducation religieuse<br />

<strong>com</strong>plète de la jeunesse. Comme vous, justement observes, les curés doivent continuer à<br />

enseigner avec zèle cette partie très importante de leur ministère et les écoles publiques,<br />

plutôt que diminuer, elles doivent intensifier leur activité. A ce propos, vous connaissez la<br />

récente délibération du Comité Central de l’Action catholique, qui rappelle aux parents le<br />

grave devoir d’envoyer les enfants à l’école paroissiale de catéchisme.<br />

Mais à partir de son regard critique et désincarné, <strong>Conforti</strong> ne pouvait pas oublier que le<br />

gouvernement de Mussolini était en train d’actualiser quelques faveurs pour l’église et de la vie<br />

pastorale et il semblait en condition de rétablir l’ordre public. Déjà dans la lettre pastorale du<br />

carême 1923, il indiquait aux meilleures conditions en faveur du christianisme, et en novembre<br />

successif, il demandait l’intervention du président du Conseil sur la question pas encore<br />

<strong>com</strong>plètement résolue du Consorzio des vivants et des morts.<br />

Donc <strong>Conforti</strong> essayait de discerner dans la confusion en ces mois, quelques éléments clairs. Sans<br />

doute, que <strong>com</strong>me la plus part du clergé, il était content de la fin des oppositions légales et<br />

institutionnelles que pendant 50 ans, avaient pesé sur la vie des diocèses et des paroisses et qu’avec<br />

efficacité Arturo Carlo Jemolo avait défini « piqûres de épingle ». En plus l’œuvre de contenir les<br />

groupes plus violents des mouvements de gauche, était un autre mérite du fascisme. Facilement<br />

<strong>Manfredi</strong> - 155 – G.M. <strong>Conforti</strong>


même <strong>Conforti</strong> avait cru à la mauvaise position de Mussoloni qui se présentait <strong>com</strong>me un garant de<br />

l’ordre et déplorait les « intempérances » des fascistes du lieu, même si en cachette il les favorisait.<br />

Du Saint-Siège arrivaient des indications qui invitaient à accepter le régime, en vue d’une entente<br />

qui arrivera en 1929. D’ailleurs <strong>Conforti</strong> ne vend pas ni le clergé, ni la catéchèse au fascisme, et il<br />

maintient un <strong>com</strong>portement d’une prudente discrétion, tandis qu’il défend les catholiques battus par<br />

les fascistes et il refuse les positions publiques trop favorables. Sa façon de penser émerge avec<br />

clarté dans une lettre à l’abbé Ferdinando Venturini, curé de Villula de Corniglio et son homme de<br />

confiance. Nous sommes en novembres, quand les élections administratives sont imminentes :<br />

Le moment actuel est pour nous suffisamment favorable et nous devons en profiter pour<br />

ac<strong>com</strong>plir tout le bien qui nous est permis. Il semble que la société d’aujourd’hui<br />

<strong>com</strong>mence à avoir la nostalgie de Dieu. Il est difficile de tracer une norme sûre pour tous<br />

en vue des prochaines élections administratives. Les circonstances des lieux détermineront<br />

la condition à suivre. Souhaitons-nous qu’on ne fasse pas des impositions injustes qui<br />

offenseraient la liberté et la dignité, en ce cas alors on préfère l’abstention du vote.<br />

L’UNION MISSIONNAIRE DU CLERGE<br />

Dans les mêmes années, pendant la guerre et les inquiétudes successives, <strong>Conforti</strong> se donnait<br />

le temps et la <strong>com</strong>pétence en faveur d’une nouvelle initiative, l’Union missionnaire du clergé<br />

(UMC) qui existe jusqu’à maintenant <strong>com</strong>me œuvre pontificale. Sur la vicissitude de fondation de<br />

l’œuvre ne manquent pas des études <strong>com</strong>plètes, auxquelles nous ferons référence.<br />

L’intuition initiale fut du P. Paolo Manna, né à Avellino (1872-1952). A19 ans il entre dans<br />

l’institut pour les missions étrangères de Milano (PIME) en 1891, pretre après trois ans, et<br />

missionnaire en Birmanie pendant 12 ans (1895-1907) avec deux rentrées en Italie pour se faire<br />

soigner. Le père Manna en 1907 a du rentrer définitivement en Italie à cause de sa santé, et en 1909<br />

fut nommé directeur de la revue Le Missioni Cattoliche. Manna s’est dédié avec zèle à une intense<br />

œuvre d’animation missionnaire à travers la presse, en plus en ces années il méditait l’idée de<br />

fonder une association adressée aux prêtres diocésains. Son but principal était d’impliquer les<br />

prêtres diocésains pour qu’ils fassent une constante animation missionnaire parmi les fidèles, afin<br />

de développer une action de soutien pour les œuvres pontificales déjà existantes, l’Oeuvre de la<br />

propagation de la foi, née en France au XIX siècle et l’œuvre de la Sainte enfance. Manna avait eu<br />

l’intuition que sans une motivation du clergé envers ces œuvres, elles auraient eu des moments<br />

d’enthousiasme et de nombreuses offrandes, et des temps prolongés avec une éclipse parmi les<br />

fidèles.<br />

Apparemment l’intuition de Manna se présentait efficace et il était évident. Mais en réalité<br />

on devait surmonter deux problèmes différents : faire converger autour de cette idée les, supérieurs<br />

de différents instituts missionnaires italiens et des congrégations religieuses ayant des membres en<br />

mission, et ceci n’était pas simple, à cause des différences et des méfiances de ces réalités pour<br />

essayer d’intéresser les évêques, qui par une vieille habitude ou à cause d’autres motifs ils<br />

s’éloignaient des instituts religieux pour éviter qu’ils ne viennent pas prendre des vocations<br />

précieuses dans les séminaires diocésains..<br />

La première difficulté a été surmontée grâce aux propositions limitées mais significatives du<br />

bienheureux Giuseppe Allamano, fondateur et supérieur général des missionnaires de la Consolata<br />

de Torino, qu’en août 1912 avait écrit aux supérieurs des instituts missionnaires italiens, pour les<br />

inviter à présenter une supplication au pape Pie X, en lui demandant un acte publique pour inviter<br />

les évêques à favoriser les vocations missionnaires. Le message, envoyé au pape fut signé par<br />

Allamano, <strong>Conforti</strong>, Mgr Vigano’ directeur du PIME, Federico Vianello supérieur général de<br />

<strong>com</strong>boniens, le p. Filippo Traverso, recteur du collège de Brignole-Sale (Genova) et de l’abbé<br />

Domenico Collerio, recteur de l’institut des Saints Pietro et Paolo de Rome. Ce document fut<br />

envoyé au pape le 31 décembre 1912 ; il a obtenu une brève réponse avec une lettre de Pie X le<br />

<strong>Manfredi</strong> - 156 – G.M. <strong>Conforti</strong>


mois successif, publiée sur tous les bulletins et la presse missionnaire italienne. Ce n’était pas<br />

beaucoup, ni <strong>com</strong>me intervention papale, ni <strong>com</strong>me une alliance entre les instituts missionnaires,<br />

mais c’était déjà quelque chose.<br />

Manna avait <strong>com</strong>pris que pour rejoindre les évêques italiens, et même avant, pour avoir un<br />

appui officiel du Saint-Siège, était nécessaire une intervention d’abord d’une personne capable de<br />

vaincre les résistances des responsables des diocèses. Et l’unique supérieur d’un institut<br />

missionnaire italien qui pouvait essayer cette opération était <strong>Conforti</strong>, en tant qu’évêque d’un<br />

diocèse italien.<br />

C’était le 25 février 1916, quand Manna avec une lettre de re<strong>com</strong>mandation de son supérieur<br />

général, le p. Giuseppe Armanesco, est allé à Parma à parler au p. Giovanni Bonardi, recteur à<br />

Campo di Marte et étroit collaborateur de <strong>Conforti</strong> pour l’institut xavérien, qui avait connu luimême<br />

Manna dans les années 1917 -1912 « Pour favoriser les vocations missionnaires existaient les<br />

Ordres et les Congrégations religieuses et les instituts spécialisés, mais pour intéresser le peuple<br />

fidèle au problème missionnaire était vraiment nécessaire la contribution du clergé », ainsi écrivait<br />

Bonardi sur l’idée centrale de Manna, dans un témoignage donné presque 60 ans après, et il referait<br />

ensuite la demande posée par Manna :<br />

Ce qui est nécessaire maintenant est de faire approuver l’œuvre à Rome. Avec mes moyens<br />

je ne pourrais pas réussir, j’ai besoin de l’autorité d’un évêque rempli d’ardeur<br />

missionnaire pour présenter cet œuvre, l’expliquer convenablement et la re<strong>com</strong>mander<br />

chaleureusement. J’ai pensé à votre fondateur, Mgr <strong>Conforti</strong>. Pensez-vous qu’il fera la<br />

présentation et expliquera l’œuvre pour la confier directement au Saint Père <br />

Bonardi avait répondu qu’on pouvait le faire et que Manna pouvait parler directement à<br />

<strong>Conforti</strong>, et pendant que se missionnaire, de Campo di Marte allait vers l’éveché, le recteur du<br />

séminaire émilien l’avait annoncé à l’évêque par téléphone.<br />

La reconstruction, malgré la distance dans le temps et quelques imprécisions, est digne de<br />

foi et depuis ce moment nous avons aussi la documentation écrite, grâce à une longue lettre de<br />

<strong>Conforti</strong> au p. Manna le 13 mars avec des observations sur l’ébauche du statut. L’adhésion de<br />

<strong>Conforti</strong> au projet de Manna est vaste et sans délai tandis que ses suggestions présentent<br />

l’expérience ecclésiale du fondateur des xavériens. C’était nécessaire depuis le <strong>com</strong>mencement<br />

« fixer en concret ce qui concerne le gouvernement de l’œuvre » ; impliquer dans la consultation<br />

tous les instituts missionnaires, fonder un bulletin ad hoc indépendant de toutes les publications déjà<br />

existantes qui appartenaient aux différents instituts ; il lui donnait aussi des suggestions concrètes au<br />

sujet de l’économie. Enfin, <strong>Conforti</strong>, avec finesse proposait de créer les conditions pour un bon<br />

travail <strong>com</strong>mun entre les congrégations missionnaires, ce qui n’était pas es<strong>com</strong>pté, vu les<br />

précédents. Et sur cette proposition il retournait, d’accord avec le père. Manna au sujet de la<br />

participation de droit des responsables des instituts dans le conseil directif de la nouvelle ouvre,<br />

avec les représentants des directions diocésaines de la Propagation de la foi et de la Sainte enfance.<br />

Le 28 avril 1916, <strong>Conforti</strong>, à Rome pendant une audience avec Benoît XV, parlait longtemps<br />

au pape au sujet de l’IMC, même s’il avait déjà parlé en précédence au cardinal Domenico Serafini,<br />

préfet de Propaganda Fide.<br />

Benoît XV promettait de présenter vite le projet au préfet de propaganda. Mais l’affaire<br />

semblait s’échouer pendant différents mois : pas toujours, mais souvent, Roma a des temps éternels.<br />

<strong>Conforti</strong> avait envoyé une lettre mémoire à Camillo Laurenti, secrétaire de Propaganda fide. Au<br />

même temps, le procureur à Rome de l’institut missionnaire du père. Manna, en l’occasion de<br />

quelques pratiques à arranger en congrégation, sollicitait et envoyait des informations. Il faisait<br />

attendre le… retour des vacances des responsables des bureaux du Vatican ; en octobre ont démarré<br />

encore les pratiques et au début de novembre arrivait l’approbation du pape Benoît XV. Dans ce<br />

document était nommé <strong>Conforti</strong> et non Manna. L’évêque de Parma présenta des excuses au<br />

missionnaire Manna, que à son tour il répondait que l’expression « providentielle et<br />

<strong>Manfredi</strong> - 157 – G.M. <strong>Conforti</strong>


heureux équivoque » était simplement utile car il avait obtenu un « grand et cordial<br />

encouragement ». Entre la fin 1916 et début 1917, grâce à la publication et l’approbation du pape et<br />

l’infatigable travail de Manna, <strong>com</strong>mençait la diffusion de l’UMC, et arrivèrent les premières<br />

inscriptions.<br />

Mais avec ces inscriptions, sont arrivées aussi les premières perplexités et, disons des<br />

jalousies de ceux qui étaient en train de réaliser le même projet, et <strong>com</strong>me <strong>Conforti</strong> avait eu<br />

l’intuition, cela pouvait soulever des difficultés. Le premier fut le p. Giuseppe Petazzi, jésuite qui<br />

écrivait à <strong>Conforti</strong> le 19 janvier en disant qu’il avait fondé depuis longtemps a Ligue apostolique,<br />

qui pouvait se fondre avec l’UMC, à « condition que le but soit le même » <strong>Conforti</strong> envoyait la<br />

question à Manna, et entre le jésuite et le missionnaire de Milano <strong>com</strong>mençait une discussion plutôt<br />

enflammée, car Petazzi soutenait que la Ligue apostolique et l’UMC auraient été en désaccord.<br />

C’était le premier signe des méfiances surtout entre instituts missionnaires que, <strong>Conforti</strong> et Manna<br />

connaissaient très bien, pouvaient <strong>com</strong>promettre le parcours de l’initiative. Ensuite entre Manna et<br />

Petazzi on a eu des éclaircissements sur la différence des rôles entre la Ligue apostolique et l’UMC,<br />

en conséquent Petazzi, s’engageait à diffuser l’UMC et il fut ensuite envoyé par les jésuites en tant<br />

que leur représentant, dans le premier conseil directif de l’UMC.<br />

Pour contribuer à la diffusion de l’UMC dans son diocèse, <strong>Conforti</strong> avait dédié une lettre au<br />

clergé, le 10 avril 1917. Il éclaircit toute de suite à ses prêtres la perplexité que beaucoup d’autres et<br />

peut-être le pape même, avaient soulevée. Il ne propose pas de promouvoir de nouvelles œuvres, car<br />

peut-être on en avait déjà trop, mais de faire fleurir celles qu’ont été approuvées par l’église.<br />

L’Italie qui devait être à l’avant-garde pour donner des contributions personnelles aux<br />

missionnaires, était la dernière, car les missions n’étaient pas suffisamment connues. Les prêtres<br />

devaient donc s’engager à faire connaître l’apostolat missionnaire, avec la prédication, la catéchèse,<br />

des conférences, la diffusion de la presse. Pour cela on pouvait demander aux fidèles des prières et<br />

offrandes, surtout à travers les œuvres de la Propagation de la foi et de la Sainte enfance, <strong>com</strong>me<br />

aussi d’autres associations et œuvres, possiblement en impliquant l’Action catholique.<br />

Ensuite <strong>Conforti</strong> offrait le fondement spirituel de l’engagement du clergé, selon les mots de<br />

l’Evangile : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de ma bergerie… pour faire un seul troupeau sous<br />

un seul pasteur » (Jn 10, 16) paroles très fréquentes dans ces écrits. Ses arguments étaient<br />

symptomatiques d’une ecclésiologie, plutôt d’une façon de concevoir le sacerdoce ministériel, que<br />

doucement, grâce à sa personne et à son action était en train de changer :<br />

Certainement dans l’église de Dieu doivent exister ceux qui doivent maintenir la foi, pour<br />

ceux qui la possèdent déjà, mais on doit avoir aussi ceux qui préparent des conquêtes<br />

pacifiques, pour porter cette foi à ceux qui ne la connaissent pas encore. On doit avoir une<br />

milice pour le territoire et une milice qui <strong>com</strong>batte, celles qui défendent les territoires<br />

gagnés, et ceux qui les étendent chaque jour. En nous exprimant avec un langage militaire,<br />

nous appartenons aux premières, mais si nous ne sommes pas appelés à abandonner les<br />

positions occupées, nous ne devons pas non plus, oublier nos généreux confrères…<br />

Le « langage militaire », était désormais devenu habituel, après presque trois ans de guerre.<br />

Mais la conception du rapport église-monde et de la mission est évidente. Le clergé diocésain des<br />

pays chrétiens européens, n’est pas missionnaire. Les missionnaires sont d’autres, sont les<br />

« hardis » du grand corps de l’armée de l’église, les « aiglons » <strong>com</strong>me les avait appelés le vieux<br />

Magani. Tanis que l’UMC et même avant, on lit dans la biographie de <strong>Conforti</strong>, présentait un lien<br />

entre les deux vocations, les deux mondes, la chrétienté et «les terres des infidèles ». Nous sommes<br />

encore loin de la vision du Concile Vatican II et d’ailleurs ne peut pas être différent. <strong>Conforti</strong>, et<br />

avec lui Manna, essayaient de mettre une nouvelle mentalité à partir de leurs mêmes catégories<br />

théologiques.<br />

<strong>Conforti</strong> essayait de synthétiser ce qui pouvait servir aux missions catholiques : les moyens<br />

économiques, que maintenant ne sont pas donnés par les « roi catholiques » » et les missionnaires.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 158 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Il ajoutait après une considération qu’on trouve avec fréquence dans ses discours et dans les textes<br />

missionnaires :<br />

Jamais, <strong>com</strong>me aujourd’hui, l’apostolat catholique a eu beaucoup de facilités pour sa libre<br />

expansion, mais au même temps ne doit pas échapper à notre observation que jamais<br />

<strong>com</strong>me aujourd’hui les sectes non catholiques, qu’elles mêmes à leur tour, se sont engagées<br />

à la diffusion de l’hérésie et du schisme. Et pour penser seulement au protestantisme, est<br />

suffisant considérer que 25.000 missionnaires de toutes les sectes travaillent partout à<br />

diffuser les Bibles altérés et à fonder des écoles, avec des moyens économiques incroyables.<br />

Seulement en 1915, malgré la crise de la guerre, ont pu disposer pour leurs missions de<br />

176 millions de lires.<br />

Les catholiques, et surtout les catholiques italiens, selon <strong>Conforti</strong>, devaient réveiller leur<br />

engagement, devant les initiatives des protestants.<br />

<strong>Conforti</strong> fondait l’UMC même dans son diocèse, en désignant <strong>com</strong>me responsable le xavérien père<br />

Sartori déjà recteur de la Maison mère. Même la revue Fede e Civiltà s’engageait dans l’œuvre de<br />

diffusion de la nouvelle association. Au même temps, en mai 1917 <strong>com</strong>mençait la publication du<br />

bulletin de l’UMC en attendant le démarrage d’une publication spécifique, la Rivista di Studi<br />

Missionari, qu’en Italie aura un rôle de précurseur et de divulgation de la missiologie moderne.<br />

Manna continuait à mettre au courant <strong>Conforti</strong> sur les adhésions, quelles étaient à la fin de la<br />

première année 1917, à 1.200 associés environs en 24 diocèses.<br />

Mais <strong>com</strong>me souvent il arrive en Italie, et peut-être ailleurs, en ces sphères, à une première<br />

flambée avec beaucoup d’enthousiasme des lettres d’appréciation des évêques, plus au moins de<br />

politesse, on a eu ensuite un relâchement de croissance. Les nombreux inscrits du 1917, dans<br />

l’année successive ont oublié de renouveler l’adhésion. Probablement, l’empirer de la situation<br />

générale en Italie, avec la guerre, avait contribué au relâchement de l’engagement Peu de diocèses<br />

italiens avaient nommé un délégué de l’UMC. Une conséquence fut l’impossibilité d’instituer les<br />

organes prévus par le statut. C’était une « crise de croissance » déjà prévue. Manna insistait pour<br />

avoir un conseil de l’UMC, au moins provisoire, et les premiers six mois 1918 ont vu un intense<br />

échange des lettres entre Manna et <strong>Conforti</strong>, jusqu’à la première convocation du conseil, le 12 juin,<br />

dans le siège « neutre » de l’éveché de Parma.<br />

Le premier conseil provisoire était <strong>com</strong>posé en général par les représentants des Ordres et de<br />

Congrégations religieuses missionnaires : n’était pas possible en ce moment de faire élire les<br />

délégués des responsables diocésains. La réunion a eu un regard sur l’UMC qui était en train de<br />

naître, et on est arrivé à indiquer au Saint-Siège le candidat unique : <strong>Conforti</strong>. L’évêque de Parma<br />

s’est raillé, mais l’assemblée à l’unanimité insistait sur la solution la meilleure, soit pour Rome que<br />

pour les évêques italiens. Il semble que parmi les partisans pour convaincre <strong>Conforti</strong>, le plus incisif<br />

fut peut-être le père Giovanni Genocchi, missionnaire du Sacré-Cœur, un jour accusé de<br />

modernisme, un savant aigu et estimé.<br />

Vraiment en ces jours, <strong>Conforti</strong> traversait l’orage des applaudissements et polémiques à<br />

cause de son discours aux élèves officiers de l’école de Parma, le 2 juin précédent. Même ce motif<br />

pouvait influencer sur l’approbation du Saint-Siège, mais Manna soulignait la clarté du démenti de<br />

<strong>Conforti</strong>, qu’avait dissipé chaque doute.<br />

Ainsi donc <strong>Conforti</strong> fut officiellement le premier président de l’UMC. Depuis trois mois, on<br />

avait un nouveau préfet de Propaganda fide : le cardinal Wilhelm Van Rossum, la quatrième<br />

titulaire de ce dicastère avec lequel <strong>Conforti</strong> travaillera : après Lodochowki, Gotti, Serafini. Le<br />

nouveau préfet avait trouvé le dossier de l’UMC, déjà <strong>com</strong>mencé mais probablement connaissait<br />

analogues réalités en développement dans son diocèse hollandais et d’ailleurs.<br />

En septembre 1918 <strong>Conforti</strong> envoyait aux évêques italiens une brève lettre circulaire, la<br />

première d’une série des <strong>com</strong>munications avec lesquelles, pendant les années de sa présidence, il<br />

cherchera de diffuser l’UMC. C’est intéressant noter <strong>com</strong>ment il cherchait de convaincre ses<br />

<strong>Manfredi</strong> - 159 – G.M. <strong>Conforti</strong>


confrères, en rappelant encore une fois la puissance économique des missionnaires protestants et la<br />

faiblesse de l’engagement des églises italiennes.<br />

Le prestige de <strong>Conforti</strong>, l’engagement intense développement de Manna et de quelques<br />

religieux et prêtres en tour pour l’Italie, et même « les ferveurs spirituelles » <strong>com</strong>me on disait dans<br />

le temps, données par le pape à l’UMC, ont aidé pour une rapide diffusion de l’association. En 1919<br />

on arrivait doucement à avoir un peu moins de 4.000 prêtres italiens inscrits, et en 1920 sont<br />

augmentés : plus de 10.000. On a fondé la Rivista di Studi Missionari.<br />

Mais surtout l’année 1919 fut l’année de la lettre apostolique Maximuù illud le 30<br />

novembre. Joseph Metzler un parmi les plus grands savants de l’histoire des missions, s’exprimait<br />

avec ces paroles :<br />

Cette encyclique est tellement importante qu’elle peut être considérée <strong>com</strong>me un tournant<br />

dans l’histoire de la diffusion de la foi, soit du point de vue des exigences, clairement<br />

exprimées, de la formation des églises locales, avec un clergé propre et des évêques<br />

autonomes, soit par d’autres points de vue.<br />

C’est une tradition parmi les xavériens et ailleurs que <strong>Conforti</strong> aurait procuré cette lettre<br />

apostolique. Bonardi présentait une confidence du même <strong>Conforti</strong> et quelques témoins referaient sur<br />

une homélie aux séminaristes de Parma en 1929, dans laquelle l’évêque présentait ses « urgentes et<br />

réitérées demandes » sur Benoît XV. Je voudrais exclure que <strong>Conforti</strong> aurait vanté ses affirmations<br />

sur l’encyclique Maximum Illud, même si, <strong>com</strong>me on voit, est l’unique source sur cette nouvelle.<br />

En effet dans ces peu de lettres à Benoît XV il n’y a aucun signe qui peut confirmer ses<br />

interventions. On a au même temps, la certitude sur de différentes rencontres avec ce pape et on ne<br />

peut pas exclure que <strong>Conforti</strong> retournerait sur la demande d’un acte du magistère missionnaire. On<br />

doit, de toute façon, modérer un rapport directement du contenu, au moins <strong>com</strong>me hypothèse<br />

jusqu’à quand on n’aura pas des études sur la rédaction du document. Indirectement les choix de<br />

<strong>Conforti</strong> peuvent avoir bien contribué à quelques idées de la lettre de Benoît XV. Mais en plus que<br />

la vision originale du pape Benoît XV, quand il était au secrétariat d’Etat et puis quand il est devenu<br />

pape, avait approfondi des thèmes et des problèmes sur les missions catholiques, semble qu’on peut<br />

faire une hypothèse sur la contribution du cardinal Van Russum, et aussi, même si indirectement, du<br />

père Vincent Lebbe.<br />

Certainement cette lettre apostolique propose l’initiative de l’UMC, qui était en train de<br />

naître et elle souhaite qu’elle soit aussi diffusée dans le monde entier, aux dépendances de<br />

Propaganda fide. L’allusion est brève, mais fut plus que suffisent pour offrir à <strong>Conforti</strong> et à Manna,<br />

l’occasion pour présenter l’UMC à tous les curés d’Italie. Ensuite <strong>Conforti</strong> avait écrit à plusieurs<br />

évêques, après le conseil du père Manna pour demander d’instituer les sections locales, pour<br />

détecter des « prêtres capables de faire propagande » ou pour notifier l’arrivée dans les respectifs<br />

diocèses. C’est intéressant voir dans l’action ce partage des rôles entre <strong>Conforti</strong> et Manna. Alors<br />

était <strong>com</strong>me ça : aux évêques sont les évêques qui écrivent. Et <strong>Conforti</strong> était sûrement moins<br />

intéressé de Manna, qui était d’ailleurs un membre d’un institut missionnaire et donc il pouvait etre<br />

considéré pour les évêques toujours intéressé pour l’initiative. C’est <strong>com</strong>me si par <strong>Conforti</strong>,<br />

instinctivement, cette méfiance ne pouvait même pas être conçue de la part des confrères, chefs des<br />

diocèses. Les deux, <strong>Conforti</strong> et Manna, connaissaient cela, spécialement Manna, qui n’avait aucun<br />

scrupule à demander des « re<strong>com</strong>mandations » et interventions de <strong>Conforti</strong> auprès de l’épiscopat<br />

italien.<br />

Avec quelque fatigue et beaucoup de lettres, l’UMC structurait en 1920 un groupe de prêtres<br />

« propagandistes ». Le terme était typique du langage ecclésiastique et politique de cette période. Il<br />

ne s’agissait pas évidement des ressources humaines <strong>com</strong>plètement dédiées à la diffusion de<br />

l’œuvre, mais de braves prêcheurs, qui ont le temps à dédier et la possibilité de se déplacer au moins<br />

dans leur région. Difficilement donc ils étaient les curés, à cause du devoir de la résidence pour les<br />

soins pastoraux des fidèles. Ces « propagandistes » préparaient certains thèmes pour la prédication,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 160 – G.M. <strong>Conforti</strong>


les conférences, les « petits sermons » et ils devenaient des spécialistes dans la diffusion de<br />

l’initiative.<br />

Le secrétaire de Propaganda fide, Laurenti, écrivait le 12 février 1920 à <strong>Conforti</strong> : « A cette<br />

Congrégation arrivent des demandes d’information sur l’UMC de la part de plusieurs diocèses<br />

d’Italie… » La lettre de Laurenti est devenue une occasion pour une lettre circulaire à tous les<br />

évêques, écrite par <strong>Conforti</strong> le premier mars successif, ac<strong>com</strong>pagnée par les indications pratiques<br />

pour faire démarrer l’UMC dans les diocèses. En ces mois difficiles à cause de la situation politique<br />

italienne, entre les grèves qui bloquaient l’arrivée du courrier, et les bagarres qui mettaient en doute<br />

les réunions déjà programmées, l’UMC vivait la phase de la vraie diffusion. Comme on disait, en<br />

1920 on a eu 12.000 adhérents.<br />

Au printemps de 1920, Manna et <strong>Conforti</strong> se sont mis d’accord pour organiser un congrès de<br />

tous les délégués diocésains de l’UMC qu’on devait le célébrer à Rome en octobre. Comme<br />

toujours en ces cas, l’adhésion fut au <strong>com</strong>mencement très lente et limitée. A la fin d’août, le nombre<br />

des inscrits était en train d’augmenter, et aussi même les exigences de l’organisation. Le programme<br />

montre l’intention de faire de cette occasion un moment pour mettre au point l’organisation de<br />

l’UMC, grâce à sa rapide diffusion parmi le clergé italien. Le siège de la rencontre, grâce au conseil<br />

du pape, fut la Maison de Sainte Marthe au Vatican.<br />

<strong>Conforti</strong> avait parlé trois fois pendant le congrès des délégués diocésains, à l’ouverture, pendant<br />

l’audience avec le pape Benoît XV et à l’occasion de la clôture du congrès. En ces textes <strong>Conforti</strong><br />

non seulement soulignait le but pratique du congrès, mais il synthétisait sa conception de l’UMC,<br />

<strong>com</strong>me ferment en faveur des œuvres de la Propagation de la foi et de la Sainte enfance, en vue<br />

d’un majeur soutien aux missions et en concurrence avec la propagande protestante. Peut-être<br />

intéressant le court paragraphe du discours de la clôture, dans lequel <strong>Conforti</strong> se rend <strong>com</strong>pte d’un<br />

changement de l’époque.<br />

Dans le temps étaient les gouvernements qui favorisaient même matériellement les<br />

missions ; mais puisque partout on a proclamé le laïcisme, les missions ne peuvent plus<br />

rien attendre du gouvernement. Ce devoir doit être ac<strong>com</strong>pli par le peuple et à nous le<br />

devoir de le faire accepter dans les cœurs de la génération qui grandit.<br />

En ces peu de lignes <strong>Conforti</strong> fait le résumé d’une description historique, qu’en effet n’était<br />

pas encore réalisée, car ne manquaient pas les survivances d’une alliance étroite entre le<br />

colonialisme et la missions chrétienne. Mais la lecture de la situation, sans penser aux nostalgies de<br />

l’Ancien Régime, enracine l’idée de l’UMC dans toute une parabole de la pensé typiquement<br />

intransigeante en partant de Félicité Lamennais et en Italie s’enracine depuis le temps de la<br />

distinction entre le pays légal, c’est-à-dire le gouvernement et les forces politiques en grande partie<br />

laïcistes, et pays réel, c’est-à-dire la bonne population catholique fragile, sans pouvoir, mais capable<br />

de grands élans.<br />

Le congrès des délégués diocésains fut une occasion importante pour un échange<br />

d’expériences et informations qui ont permis de donner efficacité et stabilité au procès de la<br />

diffusion de l’UMC. Une fois de plus on voit l’intuition organisatrice du père Manna.<br />

Dans la discussion du congrès était ressorti un aspect qui sera un motif de désaccord entre<br />

l’UMC et Propaganda fide. Comme affirmait <strong>Conforti</strong> dans ses discours, toute à fait d’accord avec<br />

Manna, l’UMC était née en fonction des œuvres pontificales missionnaires. Cependant ces œuvres<br />

nées à Lion en France, avaient maintenu leur centre dans la ville française, même avec la pleine<br />

reconnaissance du Saint-Siège. Selon <strong>Conforti</strong>, tandis que Manna fut même plus sévère, cette<br />

situation procurait une difficulté dans la gestion des œuvres, surtout en Italie et rendait difficile<br />

l’apport de l’UMC. C’est ainsi qu’on a eu l’idée de demander à Benoît XV et à Propaganda de<br />

mettre les œuvres missionnaires sous le contrôle direct de l’UMC, en créant un centre national en<br />

Italie. Nous pouvons faire des hypothèses que Manna, et grâce à son inspiration, <strong>Conforti</strong> et<br />

d’autres de l’UMC, après de bons résultats de la diffusion de la nouvelle association et en accord<br />

<strong>Manfredi</strong> - 161 – G.M. <strong>Conforti</strong>


avec la position du congrès d’octobre, auraient retenu favorables le pape à l’UMC, afin de pouvoir,<br />

dans une certaine façon le faire <strong>com</strong>me centre du mouvement missionnaire en Italie. Mais auprès du<br />

Saint Siège existait une autre idée.<br />

Le cardinal Pietro Gasparri, secrétaire d’Etat, avait répondu au nom du pape, fin novembre :<br />

« Benoît XV, même s’il apprécie les indications de <strong>Conforti</strong> et Manna, a jugé bon de ne pas<br />

accepter la demande, puisque l’UMC et œuvres missionnaires » étaient bien distinguées entre elles<br />

et aussi elles avaient des buts différents. L’organisation exposée même si elle avait de bonnes<br />

intentions, ne pourrait pas pratiquement se réaliser, sans que l’une et l’autre des ces œuvres perde sa<br />

propre physionomie.<br />

<strong>Conforti</strong> et Manna n’ont pas été convaincus, en essayant de convaincre le secrétaire de<br />

Propaganda, Laurenti, à reprendre la question avec le pape. A la fin décembre, Manna depuis<br />

Bergamo accueillait une première voix, que au <strong>com</strong>mencement interprétait positivement l’UMC :<br />

Van Rossum avait demandé au diocèse de Bergamo un pretre qui avait été secrétaire de l’évêque<br />

Radini Tedeschi, Angelo Giuseppe Roncalli « pour la présidence de la direction d’un bureau central<br />

à Rome, sous la dépendance de la S. Congrégation de Propaganda, ayant la tache de l’organisation<br />

et direction de tout le mouvement missionnaire italien »<br />

Probablement devant le refus de Benoît XV à donner à l’UMC la direction des œuvres<br />

missionnaires, il y avait déjà une opération bien différente de celle du préfet de Propaganda. Van<br />

Rossum ne pensait absolument pas de confier à une association la charge de coordonner le<br />

mouvement missionnaire en Italie, mais il prospectait de créer un bureau qui aurait opéré cette<br />

coordination, depuis le sommet, en maintenant la distinction entre les différentes associations. La<br />

conception de Manna et celle de Van Rossum étaient <strong>com</strong>plètement différentes, et ceci Manna<br />

l’avait immédiatement <strong>com</strong>pris, car même <strong>Conforti</strong>, pendant la visite à Rome au début 1921, fut mis<br />

au courrant de la décision directement par Van Rossum, et ensuite il écrit au père Manna.<br />

Pour la jeune UMC il y a eu de mois difficiles et aussi des tensions envers Van Rossum que<br />

en certaines façons semblait créer un bureau avec les mêmes <strong>com</strong>pétences que Manna et <strong>Conforti</strong><br />

espéraient qu’elles auraient être attribuées à l’UMC. Ne manquaient pas des mémoires et de lettres<br />

affligées du père Manna, à qui <strong>Conforti</strong> répondait aux questions avec modération dans les intentions<br />

et une abondance de nouvelles.<br />

C’est en ce contexte qu’on doit colloquer la visite que Roncalli avait faite à <strong>Conforti</strong>, dont<br />

nous avons la nouvelle directement du futur pape Jean XXIII, quand il était encore patriarche de<br />

Venezia, il fut invité à <strong>com</strong>mémorer <strong>Conforti</strong> au théâtre Regio de Parma en février 1957. Mgr<br />

Roncalli, en pleine tension entre l’UMC et Van Rossum, le 26 avril 1921 il est venu à Parma visiter<br />

<strong>Conforti</strong>. Dans la relation du 1957, Roncalli n’avait rien dit sur les contenus du colloque, mais avec<br />

l’habilité <strong>com</strong>municative propre à lui, présentait une description remplie d’affection pour le « prélat<br />

parfait, pasteur éminent, mais dans l’esprit, avec un cœur grand ouvert » Nous connaissons à travers<br />

une lettre de <strong>Conforti</strong> à Manna, le successif 8 mai, que la discussion avait touché en profondeur la<br />

question :<br />

…pendant l’audience que j’ai eue avec Roncalli, il y a quelques semaines, quand il est<br />

venu à Parma, j’ai pu capter quelque espérance pour un meilleur arrangement des<br />

affaires. J’ai trouvé Roncalli disposé à insister de nouveau auprès de Propaganda afin<br />

d’obtenir que l’organisation de l’œuvre de la Propaganda fide soit confiée à l’Union<br />

Missionnaire du clergé, et ceci m’a rendu très content. Cependant il n’a pas caché que le<br />

card. Van Rossum est toujours contraire à ce projet, et il ne sera pas facile vaincre sa<br />

décision.<br />

L’œuvre de Roncalli peut mettre fin aux mauvaises humeurs envers l’UMC, et le patient<br />

travail de <strong>Conforti</strong> peut rédiger, avec le conseil provisoire de l’UMC, le statut, porteront à une<br />

espèce de médiation, que <strong>Conforti</strong> même joyeux par ses vacances à Felino le 2 octobre 1921,<br />

referait à Manna :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 162 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Je pense que le statut sera approuvé, et de cela je suis convaincu car je l’ai vu écrit dans<br />

l’Instruction de la Congrégation de Propaganda fide pour l’organisation et le progrès de<br />

l’œuvre de Propagande de la foi en Italie. Il écrit aussi : Les évêques trouveront très sage<br />

et opportun confier aux membres plus actifs de l’Union Missionnaire la charge<br />

d’organiser l’œuvre de la Propagation de la foi et d’autres œuvres missionnaires. Si les<br />

paroles expriment quelque chose nous aurons vaincu.<br />

D’ailleurs, Propaganda fide centralisait dans le bureau de Roncalli le niveau national, tandis<br />

que au niveau diocésain, l’UMC, était selon une indication de la même Propaganda, le centre<br />

organisateur.<br />

La personne de Roncalli qui sera toujours en bons rapports soit avec <strong>Conforti</strong>, soit avec<br />

Manna, nous permet une réflexion basée sur les documents, même si hypothétique dans le résultat.<br />

Soit Manna que <strong>Conforti</strong> ont rencontré Roncalli en avril 1921 On ne peut pas exclure qu’entre la<br />

première et la seconde rencontre Roncalli aurait eu d’autres dialogues avec des personnes de<br />

Bergamo, vu que dans son diocèse l’UMC s’était bien consolidée, ou bien aurait réfléchi sur ce qui<br />

était en train d’écouter. On peut dire que Manna sur Roncalli a une perception non exacte, tandis<br />

que le futur Jean XXIII est en syntonie immédiate avec <strong>Conforti</strong>. Je pense qu’on peut faire une<br />

hypothèse que le père Manna aurait eu une vision claire et élevée des objectifs à rejoindre, laquelle<br />

chose le portait à être en désaccord avec Van Rossum et avec celui que le cardinal hollandais avait<br />

appelé à Rome. Tandis soit Roncalli que <strong>Conforti</strong> partaient probablement d’un même point de vue<br />

de prospective : la primauté des rapports avec les personnes dans le respect de l’obéissance. Ceci<br />

portait les deux à chercher instinctivement le niveau du possible, en sachant de devoir opérer à<br />

dissoudre les méfiances des charges respectives. En ce sens, le récit que Roncalli fait de sa<br />

rencontre avec l’évêque de Parma pourrait être le reflet, avec une grande valeur de témoignage<br />

historique, le climat crée entre les deux interlocuteurs.<br />

Avec le nouveau statut, le conseil définitif primitif de l’UMC et le modus vivendi avec les<br />

projets du Van Rossum et Propaganda fide, l’association entre dans une phase plus stable au<br />

<strong>com</strong>mencement du 1922. En janvier mourrait Benoît XV. Le mois successif, <strong>Conforti</strong> publiait une<br />

lettre pastorale du carême dédiée aux missions en prenant l’occasion des centenaires de l’Institution<br />

de Propaganda fide, de la fondation de l’œuvre de la propagation de la foi et de la canonisation de<br />

saint François Xavier. La lettre présentait les motifs typiques de la théologie missionnaire de<br />

<strong>Conforti</strong> en autre un appel insistent au binôme « Fede e Civiltà » et le lancement de la proposition<br />

de l’UMC pour les prêtres. Dans la lettre venait annoncée une convocation de la part du Saint-Siège<br />

d’un conseil international missionnaire organisé par l’UMC, dans la période de la Pentecôte. En<br />

mars finalement, après beaucoup de pourparlers avec les respectifs évêques diocésains, était né le<br />

conseil directif. Il s’est réuni pour la première fois à Parma le 26 et le 27 avril 1922. Le père Manna,<br />

engagé dans la fondation d’un séminaire missionnaire en Campania, il a du céder le rôle de<br />

conseiller délégué, où à sa place fut nommé d’abord le milanais abbé Giuseppe Nogara qu’il devient<br />

presque toute de suite secrétaire général du conseil international de l’œuvre de la propagation de la<br />

foi. La charge exécutive de l’UMC fut confiée à un abbé de Bergamo, Luigi Drago, après de longs<br />

mois des hypothèses et des pourparlers avec le Saint-Siège, avec les évêques et les intéressés, dont<br />

<strong>Conforti</strong> était le patient tisseur<br />

Au même temps au début juin, à Rome on avait célébré le congrès international de l’Union<br />

Missionnaire du clergé, présidé par Camillo Laurenti, secrétaire de Propaganda fide, où <strong>Conforti</strong> fut<br />

nommé vice-président du congrès. Il devait présenter aussi une relation sur la nature et<br />

l’organisation de l’UMC.<br />

Le discours de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>mença par un exorde qui est un exemple de la rhétorique<br />

classique, dans laquelle évoquait l’intuition et l’engagement du père Manna et affirmait les buts<br />

originaires de l’UMC, c'est-à-dire ne pas promouvoir une mission, un institut et une œuvre<br />

particulière, mais organiser et soutenir toutes les œuvres missionnaire :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 163 – G.M. <strong>Conforti</strong>


L’UMC respecte avec scrupule l’autonomie, la nature des buts particuliers que les<br />

différentes œuvres se proposent de rejoindre. Elle se met au service de toutes les œuvres<br />

pour aider le développement et la prospérité, donc n’ont pas raison d’exister des<br />

méfiances que quelqu’un peut avoir a vis-à-vis de l’UMC car il ne connaît pas la nature<br />

et le but spécifique.<br />

La médiation entre l’enthousiasme organisateur de Manna et le but centralisant de an<br />

Rossum est pleinement exprimée par <strong>Conforti</strong>. Le président de l’UMC proposait ensuite les taches<br />

d’action de l’association : de la diffusion des vocations missionnaires, l’animation des fidèles à<br />

travers la prédication, les journées et les semaines missionnaires, et aussi la presse dédiée à<br />

l’argument. Il présentait avec clarté l’idée d’articulation au niveau central, régional, diocésain,<br />

vicarial et paroissial, en ce moment hypothétique et rêvé, plus que réel, même dans la remarquable<br />

adhésion du clergé en ces premières années de développement de l’UMC. Au niveau diocésain<br />

<strong>Conforti</strong>, à l’exemple de quelques diocèses du nord d’Italie, proposait la création d’un secrétariat,<br />

avec un pretre <strong>com</strong>plètement dédié à la propagande et à l’organisation. Dans la conclusion, était<br />

proposée de nouveau l’idée du pays réel <strong>com</strong>me une nouvelle base de l’action missionnaire :<br />

La diffusion de l’évangile, avait eu depuis le <strong>com</strong>mencement à sa faveur le prestige des<br />

miracles avec lesquels Dieu rendait crédible chez les gens la mission divine des<br />

évangélisateurs. Après il y a eu l’appui des gouvernements chrétiens qui étaient glorieux<br />

pour aider les continuateurs de l’œuvre des apôtres dans leurs conquêtes pacifiques. Et<br />

quand est terminée l’époque des protectorats, voilà que le Seigneur admirable dans sa<br />

providence, a suscité pour l’annonce de son Règne l’ardeur du people croyant, qui a<br />

montré avec les faits <strong>com</strong>ment il sait apprécier tout ce qui est noble et grand.<br />

C’est bien de proposer un parmi les textes conclusifs, qui contient un ensemble d’images, des<br />

inspirations et des éléments de mentalité qui appartiennent au <strong>Conforti</strong>, le missionnaire :<br />

Nous saluerons en cette armée pacifique (l’UMC) la plus sainte et glorieuse des Croisades<br />

rappelée par l’histoire, mais plus importante la croisade enthousiaste pour la libération du<br />

sépulcre du Christ, elle pourra chanter <strong>com</strong>me les anciens croisés : « Dieu le veut, il le veut<br />

pour la plus glorieuse des conquêtes ». Alors notre Italie, maîtresse de foi et de civilisation<br />

chrétienne de tous les temps, parmi les gens, sera la première dans la noble <strong>com</strong>pétition et<br />

verra avec fierté ses fils les meilleurs, devenus une phalange, dresser l’étendard de la croix<br />

dans les lieux plus lointains, où ne sont arrivées les aigles romaines.<br />

Les participants au congrès ont été aussi reçus en audience par le nouveau pape, Pie XI qui,<br />

<strong>com</strong>me son prédécesseur soutiendra avec vigueur l’engagement missionnaire. Seulement une<br />

semaine après la clôture du congrès, <strong>Conforti</strong> écrivait à son clergé, en le exhortant encore une fois à<br />

l’adhésion à l’UMC, et en réalisant à Parma tout ce qu’il avait proposé dans son discours. Le<br />

successif 5 juillet écrivait aux évêques italiens en leur <strong>com</strong>muniquant ce que le pape avait dit à<br />

l’occasion du congrès.<br />

Après le congrès international, en cette difficile année 1922 des violences et barricades,<br />

<strong>Conforti</strong> s’est engagé aussi à être président du congrès national de l’UMC, qu’on avait célébré à<br />

Napoli les jours 21-23 novembre. Le premier jour, il avait présenté le thème « Nature, but et<br />

organisation générale de l’UMC. Nous ne connaissons pas le texte, mais nous devons croire qu’il ne<br />

pouvait pas être différent de celui qu’il avait été proposé à Rome depuis quelques mois.<br />

Pendant les deux années successives, <strong>Conforti</strong> continuait son rôle de voix influente et<br />

publique de l’UMC, tandis que le travail de médiation, contacts, ac<strong>com</strong>pagnement derrière les<br />

rideaux de l’association semble diminuer : certainement il y a un manque de documentation, car il<br />

nous manque une grande partie du courrier <strong>Conforti</strong>-Drago. Mais probablement l’UMC avait<br />

assumé une stabilité et une reconnaissance de la part de Propoaganda qu’on l’a fait sortir d’un état<br />

<strong>Manfredi</strong> - 164 – G.M. <strong>Conforti</strong>


naissant ou cheminer sur les voix ordinaires. Il faut se rappeler en particulier son intervention sur<br />

« l’eucharistie et les missions catholiques » au congrès eucharistique national de Parma en<br />

septembre 1924 et sa présidence à la semaine religieuse-missionnaire de Rome, pendant l’année<br />

sainte, fin septembre 1925.<br />

Après dix ans de travail, souvent caché, et d’un soutien efficace de l’UMC, <strong>Conforti</strong> avait<br />

profité de l’expiration de cinq premières années de l’approbation du statut de l’UMC pour<br />

demander de ne plus être confirmé président. Le préfet de Propaganda lui avait demandé des<br />

indications au sujet de son successeur. Après avoir consulté Drago, lui avait répondu avec une liste<br />

de noms des sept évêques de toute l’Italie, reconnus parmi ceux qui avaient montré attention à<br />

l’UMC. Parmi les indications de <strong>Conforti</strong>, avait été élu l’évêque de Faenza, Mgr Ruggero Bovelli.<br />

Aussi au début 1927, <strong>Conforti</strong> laissait la présidence de l’UMC, dans une alternance naturelle<br />

et sereine, dans le style de celui qui avait travaillé pendant 10 ans à coté du père Manna pour une<br />

entreprise clairement engageante. Les contacts avec Manna, Drago, Bovelli ont continué pendant<br />

les années successives.<br />

N’est pas ici le lieu de mesurer l’importance de l’UMC pour la diffusion d’une mentalité<br />

missionnaire dans l’église italienne. Sans aucun doute on peut dire que l’UMC en Italie avait créé<br />

les prémisses pour le passage de l’idée de « coopération entre les églises » qu’on obtiendra grâce à<br />

l’encyclique Fidei donum du pape Pie XII en 1957 et du Concile Vatican II.<br />

On se demande : que signifie pour <strong>Conforti</strong> l’UMC et pour l’UMD son président <strong>Conforti</strong> <br />

Probablement l’UMC fut pour <strong>Conforti</strong> l’expérience qui avait porté à l’ac<strong>com</strong>plissement la<br />

synthèse intérieure entre son ministère sacerdotal et épiscopal et sa vocation missionnaire. Enfin, en<br />

lisant ses textes et en voyant ses vicissitudes, même pendant son expérience à Ravenna, était un<br />

évêque avec une attention particulière pour les œuvres missionnaires et un fondateur qui était obligé<br />

à obéir en assumant des ministères pastoraux toujours plus engageants. Un certain dualisme était<br />

encore présent et lisible. La période du repos à Campo di Marte (1904-1907) avait été justifiée par<br />

<strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me un service, celui de la formation de futurs missionnaires « qui n’est pas indigne »<br />

pour un évêque, mais la teneur de l’expression ne cache pas, je ne dirais pas un embarras, mais un<br />

certain besoin d’explication, aux autres et à soi-même. L’idée du père Manna, de faire du clergé<br />

diocésain un facteur déterminant pour la récolte des ressources et pour la diffusion des vocations<br />

missionnaires, sans dissuader les prêtres de leur ministère, mais davantage en affirmant un élan<br />

ultérieur, était exactement ce que <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>prenait par intuition en soi-même et de sa propre<br />

vocation, non plus <strong>com</strong>me une anomalie, mais <strong>com</strong>me une chose normale. Peut-être que c’est pour<br />

cela qu’il avait adhéré avec cordialité au projet du missionnaire : ce qu’il avait perçu, un jour,<br />

depuis 30 ans, pouvait être offert <strong>com</strong>me un choix pour tout le clergé italien, même d’une façon<br />

plus simple. Et <strong>com</strong>me si lui s’était reflété dans l’idée de l’UMC et il aurait aussi <strong>com</strong>pris que ce<br />

miroir pouvait être utile à tant d’autres prêtres et évêques, <strong>com</strong>me en effet est arrivé, en le<br />

transformant dans un précurseur, sans le savoir, de certaines lignes du Vatican II.<br />

Mais, <strong>com</strong>me on avait écrit plusieurs fois en ces pages, <strong>Conforti</strong> fut pour l’UMC un soutien<br />

indispensable. Sans son prestige, sa personne estimée par ses confrères évêques et par le Saint-<br />

Siège, sans sa capacité d’une patiente médiation, le père Manna aurait été submergé dans son projet,<br />

d’abord pour les responsables des congrégations missionnaires, puis par les évêques et enfin par<br />

Propaganda fide. <strong>Conforti</strong> était un bord de confiance envers ses trois réalités : évêque d’un grand<br />

diocèse, fondateur d’une congrégation missionnaire en plein développement, avec de bons rapports<br />

vis-à-vis de Propaganda et avec une obéissance filiale à la parole du pape. On doit ajouter sa<br />

capacité instinctive d’écouter les personnes et de les accueillir avec cordialité, et cela fut important<br />

et décisif pendant les mois de la tension entre l’UMC et Propaganda, successifs à la nomination de<br />

Roncalli.<br />

Enfin, les contacts avec Manna et son collaborateur le père Tragella, précurseur des études<br />

de missiologie en Italie, avaient offert à <strong>Conforti</strong> l’opportunité d’être à contact avec les idées<br />

décidemment innovatrices de la vision de la mission.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 165 – G.M. <strong>Conforti</strong>


LES XAVERIENS : LA REPRISE DE L’ECOLE APOSTOLIQUE (le petit séminaire)<br />

Il nous semble opportun d’écrire en ce moment un tournant de la structure formative<br />

xavérienne, qu’on peut placer en réalité dans la période immédiatement avant la guerre mondiale.<br />

On avait vu que même au Campo di Marte on avait eu une diminution des vocations, <strong>com</strong>me<br />

d’ailleurs dans d’autres séminaires italiens à cause des polémiques anticléricales vers 1910. Le<br />

journal personnel d’un élève de cette période, Giovanni Gazza, après il sera missionnaire en Henan,<br />

il écrit dans les premières pages la <strong>com</strong>position de l’institut théologique xavérien en 1911 : 8<br />

étudiant, dont deux déjà prêtres avec 9 enseignant. En effet les premiers élèves de l’école de<br />

théologie xavérienne étaient désormais partis pour la Chine, mais le deuxième groupe des élèves<br />

était <strong>com</strong>posé par très peu de jeunes à cause de la crise vocationnelle. Le grand bâtiment de Campo<br />

di Marte, qui avait été conçu pour recevoir des dizaines d’élèves, était presque non utilisé. Alors<br />

<strong>Conforti</strong> probablement après voir consulté le père Bonardi, avait décidé d’ouvrir une école<br />

apostolique, c’est-à-dire accepter de nouveau les étudiants du gymnase et du lycée, un choix<br />

courageux, c’est-à-dire la décision d’accueillir seulement les élèves du gymnase supérieur, on<br />

devait la juger de nouveau : sans une structure de recrutement dans l’âge de l’adolescence, les<br />

vocations des jeunes seront toujours moins nombreuses. On ne pouvait pas espérer beaucoup au<br />

passage des élèves des séminaires diocésains au même du clergé, à l’institut de <strong>Conforti</strong>.<br />

En septembre 1913, à la veille de la nouvelle année scolaire, <strong>Conforti</strong> avait pris la décision<br />

d’ouvrir une école apostolique ou petit séminaire. La nouvelle, qui <strong>com</strong>prenait un « programme »<br />

détaillé, ne fut pas publiée à Parma, pour éviter que Campo di Marte pourrait devenir une autre fois<br />

un « séminaire pour les pauvres » sans issue missionnaire, mais fut diffusée à travers Fede e Civiltà<br />

et probablement avec quelques lettres aux prêtres des diocèses qu’on connaissait traditionnels avec<br />

beaucoup de vocations, <strong>com</strong>me le « Veneto ». En octobre 1913 sont entrés les premiers trois<br />

adolescents, un enfant de 12 ans de Udine, un autre du même âge Olivaro Romano, un jeune de 17<br />

ans de Massa Carrara. L’année successive sont arrivés 20 autres élèves, entre les 10 et 22 ans. En<br />

1917 les entrées dans l’école apostolique étaient déjà 51. De ce premier groupe d’adolescents sont<br />

sortis des missionnaires xavériens qui ont collaboré à l’histoire de la congrégation et de la mission<br />

chinoise : Vanzin, Fontana, Lampis, Battaglierin, Garbero pour en citer quelques uns.<br />

Au même temps <strong>Conforti</strong> faisait des démarches pour un projet précis : transférer ailleurs<br />

l’école apostolique. On pourrait se demander le pourquoi de ce choix. Campo di Marte était une<br />

structure très grande et accueillante. Pourquoi alors penser à une autre maison, qu’aurait demandé<br />

d’autre personnel et de nouvelles dépenses avec le danger de voir de nouveau la Maison mère vide<br />

de présences <br />

<strong>Conforti</strong> présente dans une lettre à Calza les motifs :<br />

Le père Bonardi vous a parlé de la nouvelle idée pour rétablir l’école apostolique avec des<br />

critères un peu différents de ceux qu’on avait dans le temps. C’est la seule possibilité,<br />

même si un peu longue, pur obtenir quelque chose. Puisqu’on respire un air d’incroyance<br />

d’un côté, de scepticisme et indifférence de l’autre côté, c’est bien difficile que les jeunes<br />

clercs qu’on terminé le gymnase, décident d’entrer dans notre institut pour les missions.<br />

Même les Ordres religieux reprennent leur vie à travers de petits collèges, sans les quels<br />

les provinces seraient déjà disparues depuis des années. Maintenant, déjà deux ont<br />

demandé d’entrer dans l’école apostolique. Cette nouvelle n’est pas encore connue par<br />

ceux de Parma car nous irons doucement à accepter, après les expériences faites et que<br />

vous-mêmes connaissez.<br />

Donc l’idée qui s’est réalisée en plénitude à Vicenza était un essai de mettre l’école<br />

apostolique dans une position visible et accessible vis-à-vis des lieux vocationnels et loin de<br />

Parma, où non seulement les vocations étaient peu nombreuses, mais elles risqueraient de ne pas<br />

être des authentiques vocations missionnaires. En plus est probable qu’il y avait d’autres motifs,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 166 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>com</strong>me : le modèle traditionnel de division entre les élèves profès, noviciat et adolescents,<br />

appelé dans les séminaires « division de chambrées » et parmi les religieux il voyait une<br />

structure autonome pour le noviciat, parfois unie à l’école d’études supérieurs pour les profès :<br />

quelques offrandes et dons, et la disponibilité des structures déjà existantes.<br />

Ainsi, après un premier contact avec l’évêque de Padova, Mgr Luigi Pelizzo, et grâce à la<br />

contribution d’un prêtre bienfaiteur de Cremona, en automne 1919, fut définitivement achetée et<br />

arrangée la ville Bertolini, proche de l’entrée dans la ville de Vicenza. Le premier recteur de la<br />

nouvelle maison xavérienne, la première en Italie et hors de Parma, fut le père Antonio Sartori,<br />

substitué à la Maison mère en tant que directeur spirituel par le père Pietro Uccelli, appelé de<br />

l’Henan. Le père Uccelli sera en suite le deuxième recteur et pendant de longues années il<br />

donnera un ton à l’école apostolique de Vicenza.<br />

En partant de la liste aride de premiers 51 élèves de cette école apostolique à l’époque<br />

encore à Parma (1913-1917) pourrait être intéressant trouver quelques donnés, pour<br />

<strong>com</strong>prendre, soit même indirectement, le climat du nouveau groupe d’adolescents qui<br />

animerons pendant quelque temps les couloirs et les allées de Campo di Marte.<br />

Huit élèves sont originaires des diocèses « Venete » en en particulier du Friuli, surtout<br />

Udine et Pordenone. On a aussi un de Vicenza (Scalco Giovanni de Breganze) un de Venezia<br />

(Battaglierin) et un de Padova. Autant étaient les émiliens en provenance de Piacenza (5), deux<br />

de Reggio et un de Bologna. A tous ceux-ci nous pouvons ajouter un de la Romagna. C’est très<br />

important ce nombre des jeunes du Piemonte : 7, dont 3 d’Alessandria et un pour chaque<br />

province de Torino, Asti, Novara, Cuneo. Mais le groupe plus nombreux fut celui de la<br />

Lombardia : 10, dont 3 de Milano, 3 de Bergamo, un pour chaque diocèse de Como, Brescia,<br />

Cremona, Lodi. Deux de Firenze, un de Massa, donc de la Toscana, tandis qu’en 1916 sont<br />

arrivés deux jeunes de la province de l’Aquila. Encore d’autres provenances : un du Lazio<br />

(Olevaro Romano), deux de la « Liguria » (Savona et Tortona), un de Lucca (Innocenzo<br />

Ambrico) un de la Sardegna (Angelo Lampis) et un de Levico qui entre en 1917 pendant la<br />

guerre. Gia<strong>com</strong>o Mariotti entre à 14 ans en 1914, il était né à Toluca à Illinois (USA).<br />

Il y en a aussi de Parma, entrés en 1917, un de la ville, et l’autre de la montagne, de<br />

Corniglio. Des trois on ne connaît pas la provenance.<br />

Donc on peut dire que la stratégie de <strong>Conforti</strong> de chercher les vocations surtout hors de<br />

Parma soit réussie même avec d’autres entrées surtout du nord d’Italie : Lombardia, Friuli et<br />

Veneto, Piamonte et Reggio Emilia. N’était pas facile unir ces jeunes surtout ceux qui venaient<br />

de loin, arrivés on ne se pas <strong>com</strong>ment, à Campo di Marte.<br />

A quel âge sont-ils entrés dans l’école apostolique <br />

Nous avons la date de naissance et d’entrée de 48 élèves entre 1913 et 1917. La majorité<br />

était de 13 ans (11 entrées) ; 14 ans (10 entrées) ; de 11 et 12 ans (7 entrées). Deux seulement<br />

sont entrées à 16 ans, deux à 17 ans, 1 à 18 an et un à 22 ans. L’âge moyen est de 13, 40 ans. Ils<br />

entraient surtout vers la seconde et la troisième du gymnase, probablement et souvent, à travers<br />

des parcours « anormaux » <strong>com</strong>me celle de la première du gymnase en tant que privatiste »,<br />

Innocenzo Ambrico à 14 ans. Peu entrent au milieu de l’adolescence. Il serait intéressant<br />

<strong>com</strong>prendre mieux les lignes du recrutement de ces enfants. Peut-être des curés qui<br />

connaissaient les missionnaires de <strong>Conforti</strong> et ils préparaient au gymnase les adolescents qui<br />

avaient déjà fréquenté au maximum les classes primaires : une réalité qui donne l’idée de la<br />

situation de l’alphabétisation rurale de l’Italie dans les premières années du XX siècle et de la<br />

provenance sociale de futurs missionnaires.<br />

Le défi de <strong>Conforti</strong> fut efficace, <strong>com</strong>me on avait dit, un bon nombre de ces jeunes avaient<br />

persévéré dans la vocation missionnaire et cela fut la base quantitative et aussi qualitative dans<br />

la congrégation dans les années 30-40. En plus les xavériens sortaient des limites géographiques<br />

de Parma et de l’Emilia, déjà <strong>com</strong>mencé, en acceptant seulement les jeunes dans l’âge de la<br />

formation théologique. Cela fut une correction du tournant, mais n’a pas ratifier l’oubli de la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 167 – G.M. <strong>Conforti</strong>


motivation de base du choix du 1899, c’est-à-dire d’ouvrir davantage l’horizon du recrutement<br />

de la congrégation.<br />

<strong>Conforti</strong> a du gérer une présence d’adolescents d’une certaine consistance d’abord à la<br />

Maison mère, puis à Vicenza. La mission chinois a du céder quelques missionnaires experts et<br />

spirituellement bien formés <strong>com</strong>me le père Uccelli, que cependant ont été <strong>com</strong>pensés avec les<br />

derniers éléments du premier groupe. L’évêque est présent à Campo di Marte, selon les<br />

témoignages, au moins un jour chaque semaine. Au père Amatore Dagnino, en février 1914,<br />

re<strong>com</strong>mandait : « Moi aussi avec fréquence, maintenant que j’ai terminé la sainte visite<br />

pastorale, je vais à Campo di Marte, où pendant un instant j’oublie de temps en temps d’être<br />

évêque de Parma. Il semble que fut en cette période, selon le témoignage du père Ambrico, le<br />

début de la tradition du repas de noël à l’éveché à la présence de tous les élèves, même les plus<br />

petits, une occasion de fête, qui a continuée jusqu’en 1924-25, jusqu’à quand les élèves<br />

pouvaient être reçus dans la grande salle à manger. En plus, pendant les années successives à la<br />

guerre, peut-être aussi même avant, Bonardi se rendait chaque matin à l’éveché de 8hoo à 9hoo<br />

pour une audience privée pendant laquelle l’évêque était toujours mis au courrant de toutes les<br />

vicissitudes du Campo di Marte. En mars 1918 tous les professeurs et les supérieurs étaient au<br />

service militaire pendant la guerre et <strong>Conforti</strong> avec Bonardi a <strong>com</strong>mencé de nouveau à donner<br />

cours à la Maison mère.<br />

LES XAVERIENS : LES CONSTITTIONS DE 1921 ET LA LETTRE TESTAMENT<br />

En février 1916, <strong>Conforti</strong> avait <strong>com</strong>mencé une autre démarche, cette fois d’ordre juridique et<br />

documentaire. Aux missionnaires en Chine il avait envoyé les nouvelles règles de l’institut, pour<br />

que, chacun, après les avoir lues, « puisse faire des observations que, pour le bien de notre<br />

société aurait jugé opportun ; en plus il demandait une rencontre avec le vicaire apostolique<br />

Calza pour détecter et envoyer à Parma des indications ». En effet le règlement « Vavari »<br />

préparé pour le Decretum laudis 10 ans avant, n’avait pas été presque appliqué en ce temps de la<br />

mission. Ainsi <strong>Conforti</strong> avait décidé de demander l’approbation à l’occasion de la visite ad<br />

limina en août successif. Donc il mettait en acte une grande et libre consultation parmi ses<br />

missionnaires, d’ailleurs suffisamment documentée malgré la difficulté de faire parvenir le<br />

courrier entre l’Italie et la Chine en ce temps de guerre.<br />

En lisant les indications et les opinions de premiers xavériens, le thème plus discuté fut celui<br />

du rapport entre le supérieur religieux et l’évêque ou le prélat de mission. En effet le règlement<br />

conçu pour rester dans le temps devait prévoir que les missions des xavériens ne devaient pas<br />

être toujours <strong>com</strong>me celles qui étaient dans le vicariat de l’Henan occidental, c'est-à-dire un<br />

prélat xavier. Mais la division du supérieur religieux de l’évêque créait des tentions depuis lors.<br />

Qui aurait décidé, par exemple, le déplacement des missionnaires d’une zone à l’autre Le<br />

supérieur religieux ou l’évêque diocésain Pour le moment les deux figures étaient réunies dans<br />

une seule personne, Mgr Calza, même si quelqu’un suggérait que l’évêque était tellement<br />

surchargé par des engagements, qu’il laissait en partie, l’aspect typiquement religieux. Les<br />

exemples d’autres congrégations missionnaires, montraient <strong>com</strong>ment on avait préféré prendre la<br />

solution plus probable. Un autre aspect de discussion était le principe de la rentrée en Italie<br />

pendant un temps de repos chaque10 ou 15 ans : beaucoup de missionnaires avaient demandé de<br />

inscrire cette proposition, mais Calza était fortement contraire.<br />

Au même temps, en juin, <strong>Conforti</strong> prenait des contacts avec Propaganda fide, et la<br />

congrégation romaine le renvoyait au dicastère des religieux, après avoir encore une fois de plus<br />

proposé au fondateur de renoncer aux vœux religieux, afin de mettre les xavériens<br />

<strong>com</strong>plètement sous la <strong>com</strong>pétence de Propaganda : évidemment <strong>Conforti</strong> refusa. Ainsi le<br />

fondateur avait <strong>com</strong>mencé la démarche pour la reconnaissance de la part de la congrégation des<br />

religieux, depuis avril, et puis en rappelant la consigne du règlement avec une lettre au<br />

secrétaire, Adolfo Turchi, le 19 décembre 1916. Mais, <strong>com</strong>me souvent arrivait à <strong>Conforti</strong> dans<br />

<strong>Manfredi</strong> - 168 – G.M. <strong>Conforti</strong>


ces vicissitudes romaines, n’avait plus rien su jusqu’au printemps successif, quand il avait<br />

décidé d’écrire à un consulteur de la congrégation, Benedetto Melata, qui était déjà intervenu<br />

positivement au temps du Decretum laudis. Melata s’est informé et il avait rapporté à <strong>Conforti</strong><br />

que l’examen des règles était prévu pour novembre 1917, et il avait promis de s’engager pour<br />

accélérer le parcours. En effet, le dicastère romain avait envoyé l’épreuve du règlement à deux<br />

consulteurs, le père bénédictin Mauro Serafini, qui fut abbé général à Subiaco et frère du préfet<br />

de Propaganda fide, et le père Ladislao Marszatiewicz. L’avis du premier consulteur avait été<br />

cruel. « Il se éloigne beaucoup de points des règles et pour l’approuver il faudrait avoir non une,<br />

mais beaucoup de graves exceptions, davantage je dirais qu’il n’était pas possible l’approuver<br />

avec des critères des règles, et sera toute une exception. Une brève note en latin de<br />

Marszatiewicz plus synthétiquement demande de faire voir tout à la lumière des règles et du<br />

nouveau code du droit canonique.<br />

Au même temps <strong>Conforti</strong> avait déjà corrigé les règles en partant du code, sorti en ces mêmes<br />

mois, et il avait envoyé de nouveau l’épreuve exactement les mêmes jours dans lesquels le<br />

secrétaire de la congrégation des religieux lui écrivait que le règlement devait absolument être<br />

corrigé : nous sommes en novembre 1917. <strong>Conforti</strong> re<strong>com</strong>mençait le travail de correction en<br />

demandant un avis à l’ami Melata. Le travail procédait par à coup dans toute la première partie<br />

du 1918, et fut achevé pendant la période des vacances à la Verna en juillet 1918. Après, le texte<br />

est resté dans le tiroir de <strong>Conforti</strong> pendant presque deux ans. Pourquoi L’explication la plus<br />

simple est peut-être à cause des nombreux problèmes et les urgences qu’il devait affronter<br />

surtout pour le diocèse en ces mois après la guerre. Ou bien un conseil, peut-être oral de la part<br />

de quelqu’un, avait suggéré à <strong>Conforti</strong> de laisser passer du temps.<br />

En juin 1920 <strong>Conforti</strong> envoyait au préfet de la congrégation des religieux, Teodoro Valfé di<br />

Bonzo, le texte remanié. Le consulteur qui l’avait rejeté en 1917, Mauro Serafini, au même<br />

temps, était devenu secrétaire de la même congrégation. Les perspectives n’étaient pas<br />

certainement faciles, mais avec surprise, Valfré et Benoît XV ont retenu de déroger à la norme,<br />

selon laquelle les « constitutions » des ordres religieux devaient être approuvées par la<br />

congrégation des religieux, alors la <strong>com</strong>pétence sur les règles de <strong>Conforti</strong>, passa à Propaganda<br />

fide.<br />

A Propaganda <strong>Conforti</strong> était connu et probablement considéré avec majeure sympathie visà-vis<br />

d’autres dicastères, Van Rossum, le préfet et le secrétaire Laurenti sûrement appréciaient<br />

l’œuvre missionnaire de l’évêque de Parma et son engagement pour l’UMC. Je n’exclurais pas<br />

que dans la dérogation s’était engagé directement Benoît XV. En effet, <strong>com</strong>ment après 4 ans<br />

d’attente et corrections n’ont pas obtenu ce que Propaganda avait obtenu en 6 mois <br />

Paradoxalement l’examinateur du règlement fut encore le jésuite Benedetto Ojetti, celui que 15<br />

ans avant, avait plutôt fait vite à liquider les « Règles Vivari ». Ses corrections, envoyées à<br />

Laurenti, en octobre 1920, ont été cette fois seulement formelles. Qu’il me soit permis d’en citer<br />

qu’en peu de lignes il trace l’esprit équilibré et aussi avec un peu d’humeur de l’expert jésuite :<br />

Au n° 131 : « Les exhortations, les observations, les reproches » Il me semble qu’en<br />

cette façon cessera de fatiguer tout le monde, s’il doit faire à tous des observations,<br />

exhortations et reproches. Celui qui a écrit ceci devait être une personne qui a toujours<br />

<strong>com</strong>mandé ou au moins peu obéissant pendant longtemps. Je dirais : qu’il veille sur la<br />

conduite de tous et tous selon le besoin qu’il encourage et les aide.<br />

L’approbation définitive de Propaganda, qui demande de toute façon d’autres retouches est<br />

arrivée à l’heure pour la fête de Saint François Xavier en 1920 et elle donna à <strong>Conforti</strong> l’occasion<br />

pour une <strong>com</strong>munication émue aux supérieurs et aux étudiants de la Maison mère.<br />

Mais surtout la diffusion du texte définitif fut ac<strong>com</strong>pagnée par une lettre circulaire que<br />

depuis lors est considérée même aujourd’hui fondamentale par les xavériens : la Lettre Testament<br />

(LT) ou « parénétique » <strong>com</strong>me est définie par <strong>Conforti</strong> dans une lettre à Bonardi en juillet 1921. Le<br />

<strong>Manfredi</strong> - 169 – G.M. <strong>Conforti</strong>


contenu de la lettre, une vraie synthèse de la spiritualité de <strong>Conforti</strong>, fut le pilier sur les vœux<br />

religieux <strong>com</strong>me réalisation de la vie apostolique, que selon <strong>Conforti</strong>, qui suit une tradition de la<br />

pensée qui trouve ses racines dans le cœur du moyen âge « elle constitue en soi-même ce qui est le<br />

plus parfait, selon l’évangile » Les vœux sont une délivrance du démon et du monde, un choix qui<br />

rend double le mérite devant Dieu.<br />

La première partie de la lettre analyse la signification de trois vœux de pauvreté, chasteté et<br />

obéissance. Le vœu de pauvreté, selon la tradition spirituelle et en particulier le vocabulaire des<br />

jésuites, consiste dans le « détachement affectif et effectif de toutes les choses de la terre ». <strong>Conforti</strong><br />

présente quelques idées très concrètes :<br />

La pauvreté opulente à laquelle rien manquerait de conforts de la vie, ne pourrait<br />

certainement plaire au Seigneur et elle ne serait pas la pauvreté exercée par les apôtres et<br />

les hommes apostoliques.<br />

Chacun de nous, donc, soit en mission que dans les maisons de l’institut, qu’il soit content<br />

en soi-même du nécessaire à la nourriture et au vêtement qu’on lui donnera, et qu’il<br />

n’exige rien en plus et qu’il ne possédera rien que lui appartient.<br />

Le passage sur la chasteté, qui s’ouvre avec l’image d’une vertu dont les gens « ne peuvent pas<br />

refuser de goûter le charme », souligne surtout l’aptitude de la prudence, de la défense, de la<br />

prévention de tout ce qui peut rendre faible la résistance aux tentations : il s’agit, donc, d’une vision<br />

surtout ascétique.<br />

Le plus long est le paragraphe sur l’obéissance, fondé sur la nécessité de ce vœu pour l’unité<br />

et l’harmonie de la congrégation. Dans l’obéissance, selon <strong>Conforti</strong> en citant Saint Thomas<br />

d’Aquino, « est présent le fondement de toutes les vertus ». L’obéissance est avant tout une<br />

indifférence parfaite « à chaque ministère et occupation de se rendre dans une ou l’autre mission, de<br />

rester dans les maisons de l’institut pour servir notre oeuvre, <strong>com</strong>me aller aussi dans le camps<br />

évangélique qui nous est confié » sans par autant exclure qu’on ne puisse pas exprimer « avec<br />

humilité au supérieur nos observations » Même ceux qui ont été supérieurs généraux doivent se<br />

retenir dans un disponibilité totale pour l’importe quel ministère successif. Mais l’obéissance était<br />

aussi un effort pour l’unité de la congrégation : « Ceux qui sont constitués en autorité dans la<br />

congrégation, réprimeront avec énergie tout démangeaison insensée de reforme, qui se manifesterait<br />

en chaque tendance aux divisions et partis, une peste funeste des <strong>com</strong>munautés religieuses, car<br />

quelques une à cause de cette division ont été effacées et terminées. Le paragraphe se conclue avec<br />

un appel à l’obéissance des xavériens au pape et aux évêques diocésains selon la théologie de Saint<br />

Alfonso des Liguori.<br />

Pour maintenir avec ferveur l’esprit des vœux, <strong>Conforti</strong> dans un brève paragraphe central,<br />

identifie la vie religieuse à la vie de foi, <strong>com</strong>me une ressemblance au Christ « de telle façon que nos<br />

actions extérieures soient la manifestation de la vie intérieur du Christ en nous » En ces quelques<br />

lignes on voit toute la qualité christologique de la spiritualité de <strong>Conforti</strong>. Le fondateur concrétise<br />

les façons avec lesquelles on vit cette ressemblance au Christ :<br />

Cependant nous devons alimenter cette vie surnaturelle avec toutes les actions de pitié<br />

prescrites par nos constitutions et que les différentes circonstances du moment peuvent<br />

nous suggérer. Ne laissons jamais la méditation quotidienne, la lecture spirituelle, la visite<br />

au Très Saint Sacrement, la confession hebdomadaire, la prière du rosaire, l’examen de<br />

conscience général et particulier, la retraite chaque année, la récollection chaque mois, ou<br />

au moins la prière pour demander une sainte mort.<br />

La liste des « exercices de pitié » est conclue avec une grande insistance sur l’adoration<br />

eucharistique et la dévotion à Marie, Reine des apôtres, à Saint Joseph, aux apôtres et à Saint<br />

François Xavier. Nous sommes en pleine spiritualité du XIX siècle. <strong>Conforti</strong> unit la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 170 – G.M. <strong>Conforti</strong>


e<strong>com</strong>mandation sur les pratiques religieuses de la vie intérieure avec l’insistance pour la fraternité<br />

entre les membres de l’institut. Le paragraphe qui parle de l’unité entre confrères est présenté avec<br />

une passion qu’il a eue pendant 25 ans d’expérience :<br />

…en particulier l’unité puisse régner entre ceux qui servent dans les maisons de notre<br />

institut et ils sont appelés à préparer les autres à l’apostolat. Chaque division, mésentente,<br />

chaque contrariété qui se manifesterait entre eux porterait un grave préjugé à la paix et à<br />

l’édification fraternelle.<br />

La lettre testament termine avec une espèce de synthèse :<br />

… permettez-moi que, en résumant ce que j’ai dit, je fasse un vœu : le vœu que la<br />

caractéristique qui distingue les membres présents et futurs de notre famille<br />

missionnaire soit le résultat de ces cœfficients : un esprit de vive foi qui nous fasse voir<br />

Dieu, chercher Dieu, aimer Dieu en tout, en augmentant en nous le désir d’annoncer<br />

partout son règne ; un esprit d’obéissance généreuse et prompte, constante en tout<br />

coûte que coûte pour obtenir les victoires que Dieu avait promises à l’homme<br />

obéissant ; un esprit d’amour intense pour notre famille religieuse, que nous devons<br />

considérer <strong>com</strong>me une mère et de charité parfaite pour les membres qui la <strong>com</strong>posent.<br />

Et ce vœu que vous devez considérer <strong>com</strong>me le testament du père, je le confie au Cœur<br />

adorable de Jésus, en lui demandant de le rendre efficace avec sa grâce.<br />

En ces peu de lignes se manifestent, on pourrait dire, le centre vital de la spiritualité de<br />

<strong>Conforti</strong>. Sont des paroles pensées, évidemment élaborées avec une extrême attention, et cependant<br />

capables d’inspirer des générations des missionnaires. Le motif théologique principal est bien<br />

précis, et on le pourrait décrire <strong>com</strong>me ça : l’approbation définitive de la part du Saint-Siège des<br />

constitutions fait des xavériens une congrégation religieuse à tous les effets, donc avec toute la<br />

responsabilité devant Dieu de vivre totalement la propre vocation à la sanctification. En quelque<br />

façon le jugement de Rome est décisif selon <strong>Conforti</strong>, non seulement au niveau juridique, mais dans<br />

l’appel à la sainteté.<br />

Mais la décision d’ac<strong>com</strong>pagner les règles avec un écrit synthétique et exhortatif, fut causée<br />

par deux motifs, qu’on peut facilement déduire du contexte de sa biographie. Avant tout la lettre<br />

testament était une espèce d’interprétation normative des constitutions, une tentative pour porter la<br />

multiplicité des normes, même très juridiques et remaniées plusieurs fois selon les indications du<br />

code du 1917 et des dicastères romains, à l’esprit authentique de la fondation. En plus le document<br />

peut être vu aussi <strong>com</strong>me une réponse au climat qu’en ces années signées par la guerre était en train<br />

de traverser le petit monde xavérien entre Italie et Chine.<br />

Pendant la guerre tandis qu’augmentait le nombre des jeunes du lycée et puis les élèves<br />

missionnaires dans l’école apostolique ouverte de nouveau, différents élèves et pères ont été appelés<br />

aux armes. Il faisait au même temps pourvoir à la subsistance de nombreux élèves. « Même la<br />

providence ne manque pas, malgré à cause de la guerre les prix ont augmenté et la nourriture pour<br />

les nombreux membres de la <strong>com</strong>munauté, coûte maintenant trois fois plus », écrivait <strong>Conforti</strong> à<br />

Calza en février 1918. Mai même en Chine, malgré dans une situation apparemment tranquille, ne<br />

manquaient pas les difficultés, pour cela Calza demandait une aide dont la Maison mère ne pouvait<br />

pas disposer<br />

On a eu différentes lettres entre Parma et Chine dans la période 1919-1921 qui ont été<br />

disparues. Quand les documents reprennent, on voit déjà quelques tensions entre la Maison mère et<br />

la mission de l’Henan. En effet en ces années avait été bâti le côté ouest de Campo di Marte :<br />

Le nouveau bâtiment de notre institut est presque achevé et il se présente très bien. Peutêtre<br />

qu’en Chine ont écrit qu’on a dépensé beaucoup d’argent et qu’on a fait des choses<br />

inutiles et inopportunes. Rien n’est conforme à la vérité. La chose était nécessaire. Nous<br />

étions dans un carrefour obscur, ou renvoyer les jeunes qui demandaient d’entrer à<br />

<strong>Manfredi</strong> - 171 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’institut, ou grandir la maison. Nous avons choisi la deuxième et on est contents. Reste<br />

encore un trou pas petit avant d’avoir payé les dettes, mais la divine providence même<br />

dans les années à venir, ne manquera pas de nous aider, car ce qu’on a fait était<br />

indispensable pour le bien de notre pauvre institut.<br />

<strong>Conforti</strong>, conscient que d’autres « sources » informaient les missionnaires, se trouve dans la<br />

condition de justifier les choix des travaux de construction de ces temps difficiles, motivés par la<br />

croissance des vocations. Même pour ceci, dans la même lettre <strong>Conforti</strong> annonçait d’abord qu’il<br />

aurait demandé le retour de quelques missionnaires en Italie pour la nécessité d’avoir un personnel<br />

pour la formation. En 1924 en effet il a du obliger Calza qu’il fasse rentrer le père Alfredo Popoli,<br />

un parmi les meilleurs missionnaires, que le fondateur demandait pour être recteur de la Maison<br />

mère, tandis que Bonardi se serait dédié à la formation des novices. A la même période, la loterie<br />

nationale, vieux projet de <strong>Conforti</strong>, avec laquelle on aurait payé les dettes pour l’élargissement de<br />

Campo di Marte, avait été en suite « très pauvre » malgré que le fondateur affermait sa confiance<br />

dans la providence.<br />

Une longue lettre de Calza le 7 août 1924, <strong>com</strong>muniquait à <strong>Conforti</strong> les graves difficultés de<br />

la mission chinoise. Le vicaire apostolique de Zhenzhou présentait quelques missionnaires plus<br />

jeunes avec des termes peu flatteurs. « Un jeune qui n’a pas eu, je ne dis pas une formation<br />

religieuse, mais même pas sacerdotale » ; « pour ces trois missionnaires le noviciat n’a pas eu qu’un<br />

profit très problématique ». Continuait ensuite à se lamenter pour la grave nécessité des<br />

missionnaires et la urgente demande de nouvelles forces en venant de Parma :<br />

Si on ne m’envoie pas vite de nouveaux missionnaires, ceux qui retournent car ils sont<br />

appelés, ou malades, ou qui ont besoin de repos, ou pour d’autres motifs, seront plus<br />

nombreux de ceux qui viendront servir la mission, car un nouveau missionnaire qui<br />

vient d’arriver ne peut pas remplacer un ancien qui retourne, et sont nécessaires des<br />

années pour <strong>com</strong>mencer le travail de la mission, dans le vrai sens de la parole.<br />

Et il concluait en demandant au fondateur d’envoyer « le plus tôt possible les nouveaux<br />

missionnaires et nous aider avec des secours financiers » En Chine on avait eu une urgence<br />

économique même si en cette lettre ce problème n’était pas le premier, mais <strong>Conforti</strong> n’était pas à la<br />

hauteur d’aider le vicaire apostolique, à cause des dettes qu’il avait en Italie et les dépenses pour<br />

nourrir beaucoup de nouveaux élèves, maintenant une centaine entre Parma et Vicenza.<br />

Dans les graves difficultés et instabilités sociales et économiques de ces années, soit en Italie<br />

qu’en Chine, l’institut vivant une période d’une importante expansion vocationnelle, à laquelle<br />

correspondait aussi l’envoi d’un nombre très consistent de jeunes missionnaires : entre 1921 et<br />

1924, ont été envoyés en Chine huit pères. C’était vraiment le futur de la congrégation et de la<br />

mission, presque impensable 15 ans avant. Mais c’était nécessaire traverser la phase de transition où<br />

peu des formateurs et peu de ressources économiques devaient aider cet important groupe<br />

d’adolescents et jeunes à la destinée missionnaire. <strong>Conforti</strong> voyait clairement l’horizon <strong>com</strong>plet.<br />

Peut-être un peu moins prévoyants étaient les vieux missionnaires de l’Henan qu’ils devaient<br />

supporter l’insécurité politique, la famine, les urgences du travail.<br />

POUR UNE SYNTHESE<br />

Pendant dix ans, 1915-1924, est pour <strong>Conforti</strong> la période de l’âge mur : l’évêque fondateur<br />

est âgé entre les 50 et 60 ans. C’était le temps de l’épreuve pour toute la société occidentale et en<br />

particulier italienne. La guerre et l’après guerre pèsent fortement sur les rythmes pastoraux du<br />

diocèse de Parma. Les initiatives projetées par <strong>Conforti</strong> après la première visite pastorale ont subi<br />

un visible ralentissement, même si l’évêque essayait de faire le possible pour tenir vivant l’élan<br />

catéchétique. Ces années voient aussi la grave situation vocationnelle, soit pour le clergé diocésain<br />

<strong>Manfredi</strong> - 172 – G.M. <strong>Conforti</strong>


que pour l’institut missionnaire. Les paroisses vacantes sont maintenant nombreuses, tandis que les<br />

séminaires sont vides d’abord à cause de la propagande anticléricales et aussi à cause du service<br />

militaire pendant la guerre, ne donnent plus d’autres vocations ni pour les montagnes de Parma, ni<br />

pour les plaines de l’Henan. Après la guerre, malgré les rêves du monde catholique européen, le<br />

climat de violence bloque la reprise sereine de l’activité pastorale sur le territoire.<br />

La maturité de <strong>Conforti</strong> se réalise dans une époque de fatigue et <strong>com</strong>plexe. Mais nous ne<br />

voyons pas de longues périodes de découragement et régression de l’activité. Il continue la visite<br />

pastorale, à prêcher et à écrire des lettres, à chercher des solutions pour maintenir le minimum de la<br />

gestion pastorale des paroisses. Non seulement : il s’engage pour la fondation et la diffusion de<br />

l’UMC, en montrant en cette initiative une grande énergie.<br />

Comme on a dit, même l’UMC en plus du chemin spirituel personnel et de l’expérience<br />

concrète de vie et du gouvernement, offrent à <strong>Conforti</strong> de précieux éléments pour la plaine<br />

consolidation de la maturité vocationnelle. Plus tard, l’impacte avec le monde chinois donnera un<br />

saut ultérieur de qualité à la personnalité missionnaire de <strong>Conforti</strong>. En cette période, grâce à ses<br />

propres lettres et réflexions, au dialogue avec le père Manna, à sa même interprétation de la<br />

situation du clergé et du peuple catholique, il intègre sciemment ses deux rôles : l’évêque et<br />

fondateur-formateur des missionnaires.<br />

Au moment dans lequel s’ouvrent les conditions minimales pour reprendre les travaux<br />

bloqués à cause de la guerre, <strong>Conforti</strong> se dédie à des initiatives avec un certain souffle : la révision<br />

des règles de la congrégation et l’Action catholique, en particulier des jeunes. Quelques unes de ces<br />

propositions sont des tentatives pour trouver la solution aux problèmes : l’UMC, pour chercher<br />

l’aide et soutenir les vocations missionnaires ; l’école apostolique pour perfectionner le<br />

recrutement ; la demande à Milano pour un recteur et un père spirituel pour le séminaire qui doit<br />

être ouvert ; la proposition, qu’après fut un échec, des prêtres oblats en vue d’une croissance<br />

quantitative et plus adéquate qualitativement du clergé diocésain.<br />

Dans le rapport avec les tensions et les ferments du contexte italien, <strong>Conforti</strong> confirme un<br />

choix pastoral éloigné vis-à-vis de l’engagement politique direct qui sera propre de l’abbé Del<br />

Monte, son ancien élève à Campo di Marte, et beaucoup d’autres.<br />

Vis-à-vis du fascisme il manifeste des réserves et capacité de réaction et de défense du<br />

clergé, mais non un approfondissement théorique d’une ligne antifasciste, que d’ailleurs demandait<br />

un choix d’engagement et d’exposition publique. Tandis que <strong>Conforti</strong> avec cohérence à la ligne<br />

suivie depuis le temps de la grève en 1908, opte pour une collocation plus détachée pour ne pas<br />

renoncer à la totale reddition typiquement pastorale. Ce choix en <strong>Conforti</strong> est conscient et devient la<br />

boussole pour bouger dans la tension entre patriotisme italien et fidélité au pape, pendant la guerre,<br />

<strong>com</strong>me dans les moments obscurs des journées d’août 1922. Si on veut, le critère politique<br />

substantiel de <strong>Conforti</strong> est le chemin vers l’harmonie entre l’Italie et le catholicisme sans manquer à<br />

la revendication de la liberté du pape, retenue nécessaire, qui se réalisera seulement avec la<br />

Conciliation. Un premier pas vers un rapport serein entre l’Etat et l’Eglise, dans les limites de<br />

l’expérience des xavériens, est déjà le protectorat italien dans la mission chinoise promue par<br />

<strong>Conforti</strong>. Ce critère est en définitive, profondément uni à la pastorale : l’harmonie entre Etat italien<br />

et celui du Vatican, en plus qu’être un fruit de l’histoire culturelle enseignée par le professeur<br />

<strong>Conforti</strong>, est la condition pour le plein développement de la pastorale sur le territoire et aussi pour<br />

une meilleure situation des missions étranglées.<br />

Comme a fait naître un travail ultérieur, je montrerai avant tout une analyse de la<br />

signification de la seconde visite pastorale, célébrée pendant la période de la guerre, pour les gens et<br />

les prêtres. Peut-être à travers les chroniquons paroissiaux (les peu qui existent) ou quelque bulletin<br />

ou mémoire locale, serait intéressant <strong>com</strong>prendre si effectivement le désir d’encourager les<br />

paroisses dans un temps difficile a été <strong>com</strong>pris par la population et par le clergé éparpillé sur le<br />

territoire.<br />

En plus, malgré les études soignées de Pietro Bonardi, reste quelque chose de rechercher sur<br />

l’opinion publique de Parma et <strong>Conforti</strong> pendant la guerre : qui étaient ces « personnalités<br />

<strong>Manfredi</strong> - 173 – G.M. <strong>Conforti</strong>


publiques » qui accusaient le clergé de défaitisme Qu’est-ce qu’on disait à Parma au sujet de<br />

l’évêque avant et après le triste jour du 2 juin 1918 Quelle fut l’œuvre de la maçonnerie locale,<br />

très influente, et quelles connexions dans ce monde anticlérical et puissant avec le fascisme <br />

Pendant les journées d’août 1922, des groupes (fascistes ou d'autres qui s'en profitaient des<br />

désordres) ont essayé de détruire les bureaux des avocats qui s’intéressaient du procès des l’ex<br />

maire maçon Luigi Lusignoni. Enfin, on a beaucoup de nouvelles qui restent encore à écrire de<br />

l’histoire de l’UMC, en particulier au sujet qui regarde la diffusion et l’efficacité sur le territoire,<br />

non seulement à Parma mais en toute l’Italie.<br />

Certainement c’est qu’en ces années, et non seulement grâce à l’UMC, <strong>Conforti</strong> est<br />

considéré un des évêques plus connus et prestigieux de l’Italie. Et aussi cette image publique<br />

mériterait d’ultérieurs approfondissements.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 174 – G.M. <strong>Conforti</strong>


HUITIEME CHAPITRE<br />

LE MINISTERE EPISCOPAL, LA<br />

CONGREGATION, LE VOYAGE EN CHINE<br />

1925-1928<br />

LE TEMPS DE RECONSTRUCTION ET DE STABILISATION : LA QUATRIEME<br />

VISITE PASTORALE<br />

L’année 1924 a été, <strong>com</strong>me on avait vu dans le chapitre précédent, une année du tournant au<br />

niveau politique et sociale : cette phase de transition avait eu aussi ses réflexes même dans l’activité<br />

pastorale de <strong>Conforti</strong>. En janvier de l’année précédente, l’évêque de Parma annonçait la quatrième<br />

visite pastorale, après un mois de la clôture de la précédente. Cette troisième visite fut fixée en<br />

décembre 1918 et elle avait vu <strong>Conforti</strong> parcourir le diocèse pendant les années difficiles de l’après<br />

guerre. En quelque façon, sans le savoir, l’évêque aurait vécu cette ultérieure expérience de contact<br />

avec les gens de son diocèse, pendant que les ferments sociaux et politiques étaient en train de se<br />

stabiliser dans un climat de contrôle et de dictature. La nouvelle situation, que doucement se<br />

présentait, ne manquait pas de se réfléchir même sur la vie pastorale. Maintenant <strong>Conforti</strong> ne serait<br />

plus intervenu en des situations des tensions et d’émergence, mais il devait visiter les paroisses dans<br />

une phase dans laquelle les autorités civiles et politiques avaient l’intention de se montrer en faveur<br />

devant la <strong>com</strong>munauté catholique, et les groupes anticléricaux ou ils étaient intégrés ou contrôlés<br />

par le parti fasciste, au encore ils étaient étouffés dans leur position sociale et même dans la<br />

survivance familiale et quotidienne. Le sens d’impuissance et découragement qui avait pris<br />

beaucoup de militants de gauche s’ac<strong>com</strong>pagnait à une vigilance attentive et à une œuvre<br />

systématique d’émargination des dissidents. N’est pas exclu qu’une de caractéristiques qui portaient<br />

à détecter les possibles antifascistes à frapper, fut l’absence des pratiques religieuses traditionnelles.<br />

Donc la quatrième visite pastorale s’est déroulée dans un climat d’une grande faveur de la part des<br />

autorités politiques, mais avec un lourd contrôle et répression.<br />

Dans sa lettre fixée, <strong>Conforti</strong> montre l’intention d’encourager et exhorter le clergé dans son<br />

engagement pastoral, de reprendre plus systématiquement l’œuvre de diffusion de la méthode<br />

catéchétique diocésaine, d’insister sur la diffusion de l’Action catholique surtout des jeunes, de<br />

s’engager dans une lutte sévère contre le blasphème. Le bulletin diocésain présente une synthétique<br />

et <strong>com</strong>plète chronique de la visite, en mettant en relief même les problèmes et les inexécutions<br />

qu’on individualisait parfois. Comme on déduit de ces brèves chroniques, la plus grande partie de la<br />

visite pastorale s’est déroulée entre novembre 1924 et décembre 1927.<br />

Qu’est-ce qu’on peut noter dans l’engagement pastoral de <strong>Conforti</strong> Sûrement la nouvelle<br />

situation politico sociale favorisait l’engagement de l’évêque et du clergé contre certains<br />

phénomènes qui contrastaient ouvertement la morale catholique. On avait déjà parlé, <strong>com</strong>me une<br />

intention explicite de la visite pastorale, était la lutte contre le blasphème. Qu’on ajoute la<br />

condamnation des spectacles licencieux ou avec une moralité douteuse, quelques signes forts contre<br />

le duel et l’alcoolisme, et la reprise de la lutte contre le phénomène du suicide, une vraie plaie<br />

sociale qu’apparaissait de temps en temps, dont une s’est manifestée en 1924 : <strong>Conforti</strong> avait dédié<br />

une lettre spéciale sur le suicide. Pendant la rencontre du clergé à la conclusion de la visite, en plus<br />

que la campagne contre le blasphème on reprend explicitement l’engagement contre la danse<br />

pendant les kermesses, vieille bataille depuis le temps de Magani, et contre la mode féminine jugée<br />

immorale. Il est évident que les interventions contre les <strong>com</strong>portements immoraux sont continuelles<br />

et constantes dans la pastorale de tous les diocèses, mais il est aussi vrai qu’un climat de conduite<br />

<strong>Manfredi</strong> - 175 – G.M. <strong>Conforti</strong>


politico dictatoriale cherche à favoriser les accents en cette direction, tandis qu’il invite à mettre à<br />

côté d’autres prises des positions du type plus directement social et politique. Mais vraiment<br />

l’emphase donnée au rétablissement des <strong>com</strong>portements sociaux selon la tradition catholique, en ces<br />

moments dans lesquels semblait que l’autorité fasciste pourrait être intéressée à appuyer ces<br />

campagnes, a provoqué à Parma, <strong>com</strong>me dans d’autres zones d’Italie, des conflits avec quelques<br />

représentants du régime. En effet parmi les fascistes ne manquaient pas ni anticléricaux<br />

« convertis » mais peut-être pas <strong>com</strong>plètement convaincus, au moins au niveau de conception et<br />

<strong>com</strong>portements individuels : ni jeunes qui ont grandit pendant la première guerre mondiale et dans<br />

les années successives, faisaient de la violence, de la séduction et d’une certaine « virilité » une<br />

<strong>com</strong>posante importante de leur identité. Il peut sembler un fait insignifiant, mais la protestation<br />

officielle de l’évêque auprès des autorités politiques contre le chef des « balilla » (les jeunes<br />

fascistes) de la ville, un jeune homme qui avait osé bavarder à haute voix dans la cathédrale en se<br />

<strong>com</strong>portant dans une manière vulgaire devant certaines filles et qu’il avait menacé et frappé les<br />

sacristains, c’est le symptôme de ces tensions, qui ressortiront plus profondément pendant la<br />

décennie successive.<br />

A la lutte contre l’immoralité (qui est toujours « envahissante » pour les évêques de<br />

beaucoup de générations) s’unissait la reprise de l’Action catholique, surtout parmi les jeunes<br />

hommes et grâce à la fondation de la jeunesse féminine soutenue par Benoît XV et Pie XI et guidée<br />

par Armida Barelli, même pour les filles. En 1925 <strong>Conforti</strong>, en quelques « conseils et<br />

re<strong>com</strong>mandations » a u clergé, exhortait à fonder de nouveau les clubs des jeunes, et peu après<br />

écrivait aux jeunes du diocèse. En 1926 fut organisée une semaine pour le clergé avec des<br />

conférences spéciales pour donner une impulsion à l’Action catholique. En 1927 on a eu le congrès<br />

pour les « aspirants » de la ville, c’est-à-dire les enfants et jeunes, entre les 10 et les 16 ans, qui ne<br />

pouvaient pas encore être membres effectifs des clubs de la jeunesse catholique, mais pour lesquels,<br />

en ce temps, on était en train d’expérimenter un parcours éducatif spécifique ; la même année, le<br />

bulletin diocésain relance encore la jeunesse féminine, déjà <strong>com</strong>mencée dans les années 1920-1921.<br />

Toujours en 1927 <strong>com</strong>mençait l’expérience des retraites spirituelles pour les jeunes à<br />

Montechiarugolo. On voyait même à Parma un phénomène connu en toute l’Italie : après la fin de<br />

l’expérience politique et syndicale du Parti populaire Italien, (PPI) et de la Confédération italienne<br />

des travailleurs (CIT) les diocèses cherchaient de rendre un espace aux associations, à travers<br />

l’Action catholique plus engagée au niveau des formation spirituelle et éducative auprès des petits<br />

et des jeunes, et capable aussi à soigner une blessure douloureuse interne au laïcat catholique :<br />

Il nous semble que la relance de l’Action catholique pouvait répondre à la nécessité de<br />

récupérer de toute façon un terrain ecclésial unitaire, afin que le mur bâti entre les<br />

populaires antifascistes et les clérico fascistes ne soit pas reconstruit même dans<br />

l’église, avec des dommages très évidents pour la <strong>com</strong>munauté chrétienne, dans la<br />

quelle, est utile le rappeler, beaucoup étaient même les prêtres dédiés à plein temps ou<br />

à demi temps à la politique.<br />

On doit noter, <strong>com</strong>me justement observe Paolo Trionfini, ce « repliement » dans l’Action<br />

catholique avec une empreinte formative et spirituelle très marquée, ne correspondait pas à une<br />

extranéité de la scène sociale, au moins dans les intentions : la spiritualité des membres devait les<br />

porter à transformer la société selon les principes chrétiens. Cependant, était la position interprétée<br />

par la thèse théologique de la « royauté du Christ » selon le pontificat du Pie XI.<br />

Mais aussi en cette sphère les choix pastoraux de <strong>Conforti</strong> ont été exemptés par une<br />

<strong>com</strong>paraison tendue et fermée avec le régime fasciste. Cette fois le nœud de la contestation fut le<br />

scoutisme catholique, qui avait à Parma une certaine tradition et une discrète diffusion. Dans le<br />

cadre de l’action éducative envers les enfants et les adolescents, le scoutisme était une partie la plus<br />

active du mouvement catholique. Sont apparus pour la première fois à l’occasion du congrès<br />

eucharistique régional en 1924, les scouts se sont répandus toute de suite en ville et à Noceto, en<br />

<strong>Manfredi</strong> - 176 – G.M. <strong>Conforti</strong>


éunissant un bon nombre d’enfants. Mais en I926 <strong>com</strong>mençait l’œuvre nationale « balilla » (jeunes<br />

fascistes) pour encadrer les enfants dans une structure paramilitaire, selon un type totalitaire. En<br />

toute l’Italie les scouts catholiques ont été mis devant l’alternative entre l’entrée dans l’organisation<br />

fasciste ou être dissous. A Parma ils ont essayé de résister, appuyés par <strong>Conforti</strong>, mais en avril 1928<br />

l’association fut dissolue. L’évêque avait dédié à ses explorateurs en lettre touchante publique sur le<br />

bulletin diocésain.<br />

En cette réalité pastorale réalisée par des clairs-obscurs, des espaces ouverts et des chaussés<br />

rétrécies improvisés, on assiste à un phénomène très peu inadéquat aussi à motif des ses contours<br />

très évanouis et très peu documentés. Mais vraiment quelque signe de <strong>Conforti</strong>, découvert par ci par<br />

là dans ses lettres nous ouvre à un horizon qu’on pourrait étudier selon une dimension nationale.<br />

Avec un néologisme moderne selon le langage ecclésial, on parlerait de « ceux qui re<strong>com</strong>mencent<br />

de nouveau » Plusieurs jeunes et adultes qui auraient abandonné la pratique religieuse depuis des<br />

années, parfois pendant l’enfance, et peut-être quelques uns à Parma, pas encore baptisés ni<br />

confirmés, dans les années dans lesquelles le fascisme prenait le plein pouvoir, s’approchaient à la<br />

vie ecclésiale. Un premier signe en 1921, peut-être plus par un scrupule d’un canoniste que à cause<br />

d’un phénomène réel, fut celui-ci : sur l’Eco de la curie on affirmait que parmi les qualités pour<br />

recevoir la confirmation, il y avait celle d’être d’abord baptisé, et les curés devaient avoir la<br />

certitude. Certainement c’est qu’une norme pareille aurait été tout à fait inutile jusqu’en 1900. Mais<br />

l’existence des enfants non baptisés, que dans un chapitre précédent on enregistrait plus au moins<br />

dans la décennie 1900-1910, pouvait bien motiver un contrôle pareil.<br />

En 1924, en écrivant à l’abbé Giuseppe Parma, pretre du diocèse de Parma et ami depuis<br />

longtemps en cheminement pour une vocation monacale, et au père Uccelli, son alter ego à Vicenza,<br />

<strong>Conforti</strong> racontait « beaucoup de conversions » obtenues grâce au congrès eucharistique régional :<br />

« Continuent les bons résultats de notre congrès eucharistique. Chaque jour on administre les<br />

confirmation et les premières <strong>com</strong>munions de jeune de 20, 25 ans et même âgés de 30 ans, sans<br />

<strong>com</strong>pter sur beaucoup d’unions illégitimes qui sont régularisées »<br />

Jeunes de 20-30 ans : l’expression sûrement paradoxale nous permet d’identifier en ces jeunes les<br />

petits de la ville et de la plaine que les parents n’ont pas voulu qu’ils reçoivent les sacrement de<br />

l’initiation entre 1900 et 1915, pendant les années de l’anticléricalisme de gauche, le plus pénible.<br />

Peut-être possible que parmi eux il y aurait eu « la biondina » (une fille) de 12 ans que pendant la<br />

grève agraire du 1908 chantait des chansons antireligieuses et pleines de moqueries sur le sacrement<br />

de la confession à Vicopo’, selon le récit du journaliste Luigi Campolonghi.<br />

Il semble impossible donner un jugement même approximatif de ces cas. Des dizaines De<br />

centaines Peut être que quelque registre des confirmations pourrait nous permettre un minimum de<br />

sondage. Quels étaient les motifs de ce retour Peut-être par la déception due à l’échec du rêve<br />

collectiviste après la guerre, de la nausée par la violence de ces années, de la perception que l’église<br />

puisse être l’unique réalité durable, autonome, capable de maintenir vivant un idéal. Peut-être aussi,<br />

sans l’exclure, du fait que pour l’absence de la pratique religieuse, <strong>com</strong>me on disait, était un signe<br />

d’appartenance aux groupes de gauche, et donc portait au chômage, à l’émargination sociale, au<br />

contrôle politique. Peut-être des motifs intérieurs et extérieurs se mélangent d’une façon<br />

inextricable.<br />

<strong>Conforti</strong>, facilement avec un peu de naïveté ou indulgence d’un prêtre du XIX siècle,<br />

registrait avec enthousiasme le phénomène, que parfois (on ne pourra jamais documenter) était en<br />

train de l’ac<strong>com</strong>pagner depuis des années, pendant les longues heures passées à confesser pendant<br />

les visites pastorales. Les grandes célébrations publiques, désormais approuvées et davantage<br />

favorisées par les autorités de l’Etat, pouvaient être des occasions favorables à ces retours. Un autre<br />

instrument « d’apostolat » qu’on voit dans les lignes des ces années, est la diffusion des copies des<br />

évangiles traduites en italien, organisée par les jeunes d’Action catholique auprès des jeunes de leur<br />

âge.<br />

Toujours au milieu des jeunes catholiques <strong>com</strong>mence à apparaître un choix pour l’attention à<br />

la liturgie, à une formation plus spécifique, pour faire participer les catholiques militants à la vie<br />

<strong>Manfredi</strong> - 177 – G.M. <strong>Conforti</strong>


que l’église célèbre, un aspect qui aura son sommet à Parma en 1931. Se réfugier dans la liturgie,<br />

quand les études et les interventions socio politiques deviennent impossibles, est un parcours<br />

typique des mouvements catholiques de la jeunesse en face à des totalitarismes. Nous insérons en ce<br />

cadre, mais avec des réflexes vis-à-vis de ceux qui s’approchaient de nouveau à la foi, <strong>com</strong>me on a<br />

vu toute à l’heure, quelques grands événements des célébrations, en particulier le congrès<br />

eucharistique régional renvoyé du 1923 et finalement célébré à Parma le 14-16 juin 1924. Pendant<br />

le contexte de ce congrès, <strong>Conforti</strong> adressait une <strong>com</strong>munication au clergé sur le mouvement<br />

liturgique, que nous pouvons considérer très significative dans le sens qu’il s’agit de la première<br />

<strong>com</strong>munication explicite et d’une certaine ampleur dans laquelle on présente une pastorale<br />

liturgique selon la ligne du renouveau organisé en ces années même en Italie. La lettre est divisée en<br />

deux parties. Dans la première partie, <strong>Conforti</strong> regrette la faible participation du peuple à la<br />

célébration eucharistique. Il participe passivement et ceux qui sont les plus dévoués, sont contents<br />

de réaliser leur pitié, en disant des prières préférées, que souvent n’ont aucune référence avec les<br />

prières liturgiques de la messe, et fait une <strong>com</strong>paraison avec la façon dans laquelle les premiers<br />

chrétiens participaient à la messe le dimanche, et avec les indications du Concile de Trento. Il invite<br />

à participer à quelques actions concrètes. « Quelques fois chaque année, pendant que d’autres<br />

célèbrent la messe, qu’on explique aux fidèles chaque partie de la cérémonie avec de petits<br />

sermons », mais aussi « la diffusion des manuels spécifiques sur la liturgie ». A la fin de la lettre on<br />

donne une riche bibliographie qu’on pourrait étudier pour voir le niveau de diffusion et de<br />

l’élaboration du mouvement liturgique en Italie. Dans la seconde partie il reprend les indications et<br />

les exhortations déjà présentées par Pie X au sujet de la musique sacrée, en invitant à diffuser le<br />

chant grégorien à travers des cours de catéchèse pour les enfants et à limiter la polyphonie pendant<br />

la messe solennelle, car, <strong>com</strong>me on sait, par certains aspects étaient <strong>com</strong>me des concerts. C’est<br />

évident en cette lettre l’influence du père abbé de San Giovanni, Emmanuele Caronti.<br />

L’engagement de <strong>Conforti</strong> avec Caronti pour la pastorale liturgique qui sera analysée au chapitre<br />

suivant.<br />

Presque <strong>com</strong>me une synthèse des attentions de ces années, dans la lettre pastorale à la<br />

conclusion de la quatrième visite, le 15 janvier 1928, <strong>Conforti</strong> soulignait le réveil du sentiment<br />

religieux (« nous sommes sur le chemin du retour au Christ ») l’engagement pour l’instruction<br />

catéchétique, l‘importance de l’organisation de l’Action catholique, la promotion du chant sacré et<br />

de l’éducation liturgique.<br />

« Nos écoles (de catéchèse)…ont donné…un pas en arrière », ainsi <strong>Conforti</strong> synthétisait<br />

l’impression qu’il avait eue pendant la visite pastorale. En effet, en lisant le <strong>com</strong>pte rendu de la<br />

rencontre avec le clergé de Parma le 24 novembre 1927 à la clôture de l’expérience de la visite<br />

pastorale, on a l’impression, à mon avis, d’une répétition fatigante sur certains points :<br />

l’enseignement catéchétique, mais depuis un certain temps sur le bulletin de la curie on ne voit plus<br />

des chroniques des fêtes catéchétiques ou des rencontres avec les « dames patronnesses », et<br />

l’enseignement religieux dans les écoles, la campagne contre le blasphème, les danses pendant les<br />

kermesses, la mode féminine, l’Action catholique. L’unique chose: l’augmentation du nombre des<br />

candidats dans les séminaires : l’ancienne structure tout proche du baptistère n’était plus suffisante.<br />

Cependant <strong>Conforti</strong> annonçait la convocation d’un nouveau synode pour l’année successive : en<br />

réalité le synode sera célébré presque trois ans après.<br />

En ce temps <strong>Conforti</strong> était déjà âgé de 60 ans. La santé ne fut jamais florissante. Quelques<br />

années avant, entre 1918 et 1920, il avait vu une augmentation des problèmes et faiblesses, à tel<br />

point que « son médecin soignant lui avait dit clairement qu’il avait peu de temps à vivre ».<br />

Cependant il avait conclu la troisième visite pastorale et il avait <strong>com</strong>mencé la quatrième.<br />

Maintenant physiquement peut-être la situation s’était stabilisée, mais n’est pas improbable que luimême<br />

se sentait dans l’impossibilité à continuer à travailler sans repos : il donne sa démission du<br />

président de l’UMC, et il détectait quelques initiatives pastorales pour les faire démarrer, plutôt que<br />

promouvoir quelque chose de nouveau. Cependant, à mon avis, sur cette position d’attente<br />

influençait même la situation politique et culturelle du moment. Le fascisme proclamait<br />

<strong>Manfredi</strong> - 178 – G.M. <strong>Conforti</strong>


publiquement sa faveur pour la tradition catholique et il était en train de réaliser des choix concrets<br />

en cette direction. D’ailleurs, les représentants locaux étaient connus <strong>com</strong>me des ex anticléricaux ou<br />

des jeunes qu’ils n’étaient pas de l’Action catholique, et ne manquaient pas des méfiances, des<br />

pressions et des obstacles mis d’un côté et l’autre à l’action pastorale. On avait déjà vu une attentive<br />

position du <strong>Conforti</strong> pour ne pas dire méfiante, vis-à-vis de certaines normes du régime,<br />

particulièrement celle de l’enseignement de la religion. Si d’un côté l’évêque ne cède pas devant les<br />

violences et les intimidations et il protège ses prêtres plus exposés, de l’autre côté, à partir de son<br />

choix pour la distance des contingences politiques, il prend un <strong>com</strong>portement concret de prudence,<br />

qui se manifeste même dans le « climat » pastoral du diocèse. <strong>Conforti</strong>, sans être considéré un<br />

évêque qui ouvertement sympathisait pour le fascisme, avait appuyé avec loyauté ce que pour lui<br />

semblait utile pour le bien et le prestige de l’Italie : la bataille du blé et celle du « dollar » en 1925,<br />

le « prêt du licteur » l’année suivante. Toujours en 1926, <strong>com</strong>me beaucoup d’autres évêques<br />

italiens, il avait chanté un Te Deum solennel pour l’échec de l’attentat à Mussolini en avril 1926, le<br />

défini « chef providentiel du Gouvernement » Sur le <strong>com</strong>portement de <strong>Conforti</strong> vis-à-vis du<br />

concordat, on en parlera après, mais toujours en cohérence avec cette ligne prudente et équilibrée.<br />

Ce sont des années dans lesquelles l’attention est dédiée à tenir contrôler la situation de<br />

beaucoup de paroisses vacantes en attendant de nouveaux prêtres, pour rendre solides les rangs de<br />

l’assemblage ecclésial, grâce aussi à l’Action catholique, à intervenir sur certains problèmes<br />

structuraux pour lesquels les nouvelles conditions politiques permettaient d’agir.<br />

Après avoir résolu, toute de suite, après sa nomination à évêque de Parma, le vieille question<br />

de Fontanellato, <strong>Conforti</strong> avec patience proposait quelques réformes à l’immobile plan paroissial,<br />

que, <strong>com</strong>me on sait, est une des réalités les plus inhérentes de la terre. En attendant de déplacer<br />

effectivement le siège paroissial de Mattaleto à Langhirno, déjà décrété depuis le temps des ducs et<br />

jamais réalisé à cause de vieilles résistances, réussira seulement le successeur de <strong>Conforti</strong>, l’évêque<br />

Colli en 1944. <strong>Conforti</strong> intervenait sur les situations des paroisses de la ville. En effet il supprimait<br />

l’ancienne paroisse de Sant Marcellino, proche du « collège des nobles » qui n’avait pas son<br />

presbytère, elle avait seulement 700 habitants et elle avait besoin, en plus, d’un supplément de la<br />

part de l’Etat de portion congrue pour la subsistance du curé. En échange d’un jeu délicat et<br />

équilibré que marquaient ces opérations devant l’Etat, avait réussi à fonder la paroisse de la Sainte<br />

Croix, au-delà du Torrent, proche du parc ducal pour servir la population qui augmentait toujours,<br />

hors de l’ancienne enceinte: on est en 1928, et <strong>com</strong>mencent à apparaître les premiers signes d’un<br />

développement du faubourg. Le successif concordât rendra plus semples les engagements et les<br />

procédures.<br />

LES EGLISES NOUVELLES OU RESTAUREES<br />

Ici nous rassemblons différentes nouvelles sur un caractère propre de l’épiscopat de<br />

<strong>Conforti</strong> : la construction et la restructuration radicale d’un certain nombre des églises paroissiales,<br />

un aspect que le père Vanzin avait déjà signalé. Les nouvelles sur cet engagement qui était du<br />

<strong>Conforti</strong>, mais certainement le fut des <strong>com</strong>munautés chrétiennes au moins du point de vue<br />

économique, remontaient avant 1925. Cependant on pourrait dire que les célébrations de<br />

consécration se sont multipliées en cette période, c’est un signe que beaucoup d’œuvres ont été<br />

réalisées en ces dernières années de son épiscopat.<br />

Il faut déclarer que depuis les visites pastorales de son prédécesseur Magani, et dans<br />

l’attentive étude du territoire et du passé qui était une passion de Magani, étaient mises en évidences<br />

les malaises importantes au niveau du bâtiment. Quelques restaurations et quelques interventions<br />

ont été faites au XIX siècle, mais un événement périodique et un autre exceptionnel ont procuré des<br />

dommages ultérieurs. Pour la nième fois l’inondation habituelle à cause des rivières que du sud<br />

sillonnent les Apennins pour ce jeter dans le Po, soit pour les villages plus proches du grand fleuve,<br />

arrivée le dimanche 30 octobre 1910, avait détruit l’église et le presbytère de San Siro de Torrile sur<br />

le torrent Parma On avait eu un grand désastre, le tremblement de terre sur les Apennins, avec<br />

<strong>Manfredi</strong> - 179 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’épicentre entre la zone de l’Enza et de Parma, le 7 septembre 1920. Comme on avait vu dans le<br />

chapitre précédent ont été endommagées les églises de Rigosa (Monchio), de Vaestano (Palanzano),<br />

de Ceretolo (Neviano), Reno et Casagalvana (Tizzano), Riano (Langhirano) et le presbytère de<br />

Sauna (Corniglio) ; en cette zone fameuse aussi par la pauvreté pastorale en plus que économique,<br />

manquait seulement, on pourrait dire, le tremblement de terre.<br />

Ces événements et la vétusté d’autres bâtiments, demandaient une série d’interventions qui<br />

étaient conclues en général avec la consécration ou la bénédiction des églises. Nous avons des<br />

nouvelles de la présence de <strong>Conforti</strong> pour la consécration de la nouvelle église paroissiale de Gozzo<br />

dans le vicariat de Berceto, à 500 m d’altitude, le 16 août 1913 ; pour l’église de Porporano,<br />

restructurée en novembre 1914 ; et au début de la guerre, pour la consécration de l’église de<br />

Baganza « récemment restaurée » l’8 août 1915. Au début d’août 1922, <strong>Conforti</strong> était à Torrile pour<br />

la consécration de l’église, que d’ailleurs fut achevée depuis 20 ans, mais après il a du rentrer<br />

d’urgence à Parma pour les événements de l’accrochage très connu entre les « chemises noirs<br />

(fascistes) et les antifascistes.<br />

Entre 1925 et 1930, nous avons le plus grand nombre de nouvelles sur ses consécrations des<br />

églises, <strong>Conforti</strong> s’est rendu jusqu’à la paroisse la plus éloignée du diocèse, Rigoso, vers la<br />

Garfagnana à 90 km de Parma. Elle a été une des églises endommagées par le tremblement de terre<br />

cinq ans avant, mais depuis quelque temps, après des années du siège vacant, Rigoso avait eu son<br />

curé. La même année, l’évêque avait béni la paroissiale de Madurera dans la vallée de Parma, à<br />

Tizzano à 750 m d’altitude et à la consécration de l’église de Bganzolino, dans la moyenne plaine,<br />

proche de Baganzola.<br />

L’année successive, en 1926, il a consacré une autre église endommagée par le tremblement<br />

de terre depuis six mois, Vaestano et à l’occasion de la visite pastorale il avait béni la première<br />

pierre de la nouvelle église de Carpaneto, qu’elle sera après consacrée en 1928. En 1927 furent<br />

consacrée la nouvelle église paroissiale de Pellegrino, dont la première pierre avait été posée en<br />

septembre 1915 et l’église de Lodrignano à 500 m d’altitude.<br />

En 1928 <strong>Conforti</strong> consacrait la nouvelle église de Marzolara et celle de l’important village<br />

de Medesano, sur les collines. En 1929 il consacrait la nouvelle église de Traversetolo. Encore trois<br />

autres églises ont été bénies en cette année, mais l’évêque avait envoyé son représentant. C’étaient<br />

les signes de sa fatigue physique, dans un état de santé toujours plus précaire. D’ailleurs <strong>Conforti</strong><br />

continuait à soutenir ces interventions du remaniement <strong>com</strong>me dans le cas du petit village de Isola<br />

de Tizzano : il avait confié la construction de l’église en juin 1929, et le bâtiment avait été béni<br />

l’année successive. Il avait célébré enfin la consécration de l’église de Corniana à 500 m d’altitude<br />

le premier octobre 1931, un mois avant sa mort. En ces dernières années de son épiscopat fut aussi<br />

bâtie ex novo l’église paroissiale de San Leonardo à Parma : dans le temps ce quartier était dans la<br />

banlieue de la ville, maintenant est devenu un grande centre et donc la petite église n’était plus<br />

suffisante.<br />

Comme on voit, une partie de ces cérémonies, signe de la conclusion des travaux, se référait<br />

aux églises frappées pare le tremblement de terre en 1920, et il est raisonnable penser que 10 ans<br />

auraient été suffisants aux curés et à la population pour recueillir l’argent adéquat pour la<br />

restauration nécessaire. Mais d’autres églises avaient été arrangées indépendamment du<br />

tremblement de terre, et en quelque cas on arrive dans les années 1925-1930 à l’ac<strong>com</strong>plissement<br />

des projets <strong>com</strong>mencés beaucoup d’années avant. On peut faire une hypothèse que la majeure<br />

stabilité était portée par le régime fasciste, malgré l’étouffement de la vie démocratique, aurait<br />

facilité le travail et les récoltes des offrandes. Les mêmes administrations locales en de différents<br />

cas étaient, avant la guerre, dans les mains des partis anticléricaux et donc probablement, s’ils ne<br />

mettaient pas des obstacles, au moins ils ne collaboraient pas beaucoup, tandis que prises dans les<br />

mains des fascistes dans les années 1920, ils montraient une grande bienveillance envers ces<br />

initiatives, qui rendaient la force et le prestige d’un parti qui voulait se relier à la tradition<br />

catholique. Ceci est arrivé même avant 1920, <strong>com</strong>me on voit grâce aux dates de la consécration.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 180 – G.M. <strong>Conforti</strong>


LE POINT DE LA SITUATION DANS LE REGARD DE L’EVEQUE : LA « RELATIO AD<br />

LIMINA »<br />

Au milieu de cette évolution de la vie pastorale de Parma, <strong>Conforti</strong> avait eu l’occasion de<br />

faire le point de la situation dans la « relation » qu’ac<strong>com</strong>pagnait la visite à Rome l’année 1926.<br />

<strong>Conforti</strong> avait consigné sa relation dactylographiée le 18 octobre de cette année à la Congrégations<br />

consistoriale, le dicastère pontifical chargé de cette vérification périodique de l’état du diocèse. La<br />

lettre dactylographiée écrite en latin selon le questionnaire propre préparé par la Congrégation, en<br />

grande partie est une décharnée référence à l’observance dans le diocèse des normes du récent Code<br />

de droit canonique et un recueil des donnés numériques et économiques. Lorsqu’il s’agit des<br />

devoirs des curés et du clergé en général, <strong>Conforti</strong> emploie fréquemment l’adverbe « generatim »<br />

(généralement) pour signifier l’adhésion aux normes canoniques de.. presque tous les prêtres. Peutêtre<br />

sont, paradoxalement, les vicaires forains à ne pas donner toujours un bon exemple dans<br />

l’ac<strong>com</strong>plissement fidèle de leurs devoirs. Il y a cependant quelques exceptions à cette obéissance<br />

substantielle, que <strong>Conforti</strong> affirme de punir. Le clergé en plus que « généralement » obéissant et<br />

engagé, il n’y a aucune trace du modernisme. Cependant l’évêque ne laisse pas de signaler les 12<br />

prêtres qui ont quitté le ministère, et en particulier à l’époque du modernisme. Les religieux sont<br />

toujours considérés exemplaires dans l’observance des règles de leur vie religieuse. Les églises sont<br />

suffisantes, souvent importantes du point de vue artistique et même celles qui sont les plus en<br />

mauvais état sont en train de vivre une époque de restauration. Au sujet du séminaire, <strong>Conforti</strong><br />

annonce ses deux rêves qu’il espère de pouvoir le voir réalisés avant sa mort : une nouvelle maison<br />

pour les vacances et un petit séminaire suffisamment grande. Le nombre des séminaristes augmente<br />

davantage.<br />

Mais dans la marche bureaucratique d’une grande partie de la Relation émerge, avant tout au<br />

chapitre III, De fide et cultu divino, la lettre pastorale de <strong>Conforti</strong> dans certaines expressions :<br />

On doit être désolé en constatant que presque en tout le diocèse la foi languit et on connaît<br />

très peu les vérités de la foi. Les causes d’une telle langueur on doit les attribuer au<br />

laïcisme qui a dominé pendant beaucoup d’années dans les écoles publiques, et au<br />

socialisme, car depuis 25 ans a déclaré la guerre à la religion. Cependant il y a aussi<br />

beaucoup de familles vraiment chrétiennes, qui ont conservé tout l’héritage chrétien<br />

transmis par leurs pères : mais depuis un certain temps, on voit dans le peuple, un retour<br />

au sens de Dieu, et même beaucoup qui s’étaient d’abord éloignées de la vérité, sont<br />

retournés dans les bras de l’église.<br />

En ces peu de lignes nous voyons quelques éléments périodiques du point de vue pastoral de<br />

<strong>Conforti</strong>. Avant tout il faut admettre que la foi languit et surtout la connaissance de la vérité de la<br />

foi. Cela a été causé par le laïcisme et le socialisme. Cependant ne manquent pas des familles<br />

fidèles à la foi traditionnelle. Et surtout, il semble que depuis quelques années la foi soit retournée<br />

« dans le cœur de la population », à tel point que « beaucoup » de ceux qui avaient abandonné la foi<br />

sont en train de retourner à l’église. <strong>Conforti</strong> ne parle jamais du régime fasciste, même s’il reconnaît<br />

que quelques choix législatifs son en train, peut-être, de rendre la foi parmi les gens.<br />

Dans le chapitre IX de la Relation, dédiée au « peuple fidèle » l ’évêque retourne sur les<br />

mêmes thèmes, en les développant. La foi plus faible porte à un relâchement du <strong>com</strong>portement<br />

moral. On a vu que, dans quelques homélies et lettres pastorales, il appelle « néomaltusianisme ».<br />

Une grave « calamité » est le suicide : même ceci est un thème périodique dans le magistère<br />

épiscopal de <strong>Conforti</strong>.<br />

L’évêque, qui accuse de ces déviations la mauvaise presse, il essaye aussi, même s’il admet<br />

la difficulté du calcul, une évaluation de l’ac<strong>com</strong>plissement de l’obligation de la <strong>com</strong>munion<br />

pascale : en ville le 5% des hommes adultes et le 50% des femmes ; dans la campagne, le 30% des<br />

hommes et le 80% des femmes. En ville et dans la pleine seulement le 50% des familles demandent<br />

<strong>Manfredi</strong> - 181 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’Onction des malades, « in paroeciis montanis res alio se habet ». Cependant sont exceptionnels les<br />

cas des mariages et funérailles civils.<br />

Le grand défi, cependant, est celui de l’éducation chrétienne des enfants. Même avant<br />

d’écrire l’engagement pour la catéchèse paroissiale, <strong>Conforti</strong> analyse la question de l’enseignement<br />

religieux dans les écoles. Dans le passé, malgré les efforts, on n’avait pas pu obtenir que<br />

l’enseignement de la religion soit donné dans les écoles publiques. Maintenant le régime oblige<br />

l’enseignement dans les écoles, mais les enseignants qui désirent ac<strong>com</strong>plir cette œuvre sont peu, ils<br />

manquent les livres et les programmes du gouvernement sont limités. Le choix « stratégique » es t<br />

l’institution des cours faits exprès dans les écoles normales, soit de l’Etat, soit du collège des filles<br />

de la Croix, en plus que la continuation de l’école de religion désormais depuis plusieurs années.<br />

Le catéchisme paroissial est préparé par une spéciale <strong>com</strong>mission, même si le problème majeur soit<br />

l’absence trop fréquente de beaucoup d’enfants. <strong>Conforti</strong> en ce contexte loue le travail éducatif des<br />

salésiens, des stigmatins, des frères des écoles chrétiennes et des congrégations féminines.<br />

Une allusion minime, à cause de la structure du questionnaire, est dédiée au<br />

associationnisme, et les récentes formes de l’Action catholique sont cataloguées avec les<br />

traditionnelles confréries et pieuses associations.<br />

Vaut la peine présenter totalement le « Judicium syntheticume Ordinarii diocesis statum »<br />

traduit par nous-mêmes :<br />

En ces derniers temps le diocèse de Parma, <strong>com</strong>me d’ailleurs les autres, a du surmonter de<br />

nombreuses difficultés qu’ont fait d’obstacle remarquablement à la religion et à la morale.<br />

Avant tout le libéralisme, qui, aidé par la maçonnerie, avait travaillé dans les écoles et<br />

dans l’administration publique. Le libéralisme que pendant beaucoup d’années avait<br />

déclaré la guerre au patrimoine chrétien que la dévotion de nos pères dans la foi avait<br />

accumulé afin d’aider l’église et la religion : un tel appauvrissement de l’église avait aidé<br />

les institutions simplement civiles. En deuxième lieu nous devons nommer le socialisme,<br />

qu’il s’était montré ouvertement impie et sectaire ; le socialisme qui avait éloigné le peuple<br />

de la religion, mais aussi la violence des « organisations » dont se servent pour priver du<br />

même pain ceux qui voulaient appartenir à l’église. La conséquence, malheureusement<br />

vraie c’est que la foi de plusieurs est devenue faible, et dans le peuple de Dieu est disparu<br />

le sens chrétien de la vie ; l’estime et l’amour pour les prêtres sont diminués, l’immoralité<br />

est augmentée, les vocations à la prêtrise et à la vie religieuse sont diminuées à tel point<br />

que le diocèse aujourd’hui souffre à cause de l’insuffisance d’ouvriers pour la vigne, peutêtre<br />

jamais expérimentée avant. Maintenant on peut espérer qu’une fois accepté<br />

l’enseignement du catéchisme dans l’école et, en plus, réalisé un respect loyal pour la<br />

religion de la part de tous, sont en train d’arriver des temps meilleurs. Les motifs qui<br />

alimentent une telle espérance sont : le peuple qui participe volontiers aux manifestations<br />

religieuses, une majeure présence aux sacrements avec le raviver du sens religieux <strong>com</strong>me<br />

une fois et de la part de toute la société, que, finalement, fatiguée par beaucoup de ruines<br />

semées par l’athéisme, <strong>com</strong>mence à avoir soif de la vérité de Dieu. Et si, en plus de tout<br />

cela, sera donnée la pleine liberté à l’église, pour tout ce qui se réfère à son œuvre sociale<br />

et l’annonce de son message, dont elle a le droit, et si les prêtres seront remplis d’amour<br />

pour la maison de Dieu, et, si à leur tour il seront aidés par l’apostolat des laïcs, alors le<br />

progrès sera vraiment grand envers un monde meilleur, à la majeure gloire de Dieu.<br />

En 1926, le regard de <strong>Conforti</strong> devant son diocèse est donc signé par l’espérance. Le<br />

libéralisme maçonnique et le socialisme ont causé de graves dommages. Surtout les mouvements<br />

socialistes, à cause d’une propagande ouvertement athée et de la pression des lignes rouges, ont<br />

refroidi la religiosité dans le cœur des fidèles de Parma. Les coutumes sont déchues et les vocations<br />

se sont contractées <strong>com</strong>me on n’avait jamais vu dans le passé. Mais depuis quelques années la<br />

liberté religieuse est protégée davantage, l’enseignement du catéchisme dans les écoles a été assuré.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 182 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Est en train de reprendre la pratique des sacrements, et l’instruction religieuse sont maintenant<br />

donnés. Et <strong>Conforti</strong> observe un renouvellement de la « soif » de Dieu et de la vérité. Il souhaite<br />

qu’une effective liberté à l’église soit donnée, un désir qui sera réalisé après quelques années grâce<br />

au concordat.<br />

La lecture qui est à la base de cette vision optimiste est liée encore à ce qu’on pourrait<br />

appeler « chrétienté ». Le peuple de Parma, <strong>com</strong>me celui de toute l’Italie, est évangélisé, est<br />

fondamentalement chrétien. Il n’est pas, enfin, <strong>com</strong>me le peuple chinois. La foi diminue seulement<br />

si diminue la connaissance religieuse ou si d’autres forces de pression, <strong>com</strong>me celles des socialistes,<br />

tiennent éloignés les gens des sermons et des sacrement. Quand pourra être réalisé <strong>com</strong>plètement<br />

l’engagement de la catéchèse, et quand l’Etat garantira la pleine profession publique de la foi, la vie<br />

chrétienne pourra reprendre <strong>com</strong>me dans le passé.<br />

La lecture de <strong>Conforti</strong> ne manque pas du fondement. Qu’on pense seulement à l’action non<br />

seulement politique ou théologique, mais aussi physique des ligues de gauche contre la pratique<br />

religieuse, depuis environs 1900. Mais après 80 ans nous pouvons dire que <strong>Conforti</strong> ne réussissait<br />

pas à voir que le milieu culturel était en train de montrer un changement profond. Personne, en ce<br />

temps ne pouvait pas le voir : les premiers qui ont <strong>com</strong>mencé à parler des zones européennes de<br />

l’ancienne chrétienté <strong>com</strong>me « terres des missions » ont été les prévoyants prêtres français, 20 ans<br />

après la relation dont nous avons parlé. A Parma dans la « rouge Emilie » (socialiste) encore au<br />

moins la moitié des adultes célébrait la paque, et seulement 20 ans avant le <strong>com</strong>mencement du XX<br />

siècle, peu étaient les absents à la confession et à la <strong>com</strong>munion pascale. On pouvait penser que,<br />

enlevés les coefficients extérieurs (maçonnerie, socialisme, ignorance religieuse) on serait retourné<br />

aux <strong>com</strong>portements qui sembleraient propres de longs siècles précédents.<br />

N’aurait été pas ainsi : mais on ne peut pas dire que <strong>Conforti</strong>, à partir des éléments dont il<br />

disposait, n’aurait pas individualisé avec clarté quelques nœuds et n’aurait pas essayé d’intervenir<br />

avec une capacité de projeter et la constance de réalisation.<br />

LA CONGREGATION XAVERIENNE<br />

Les vocations continuaient à augmenter, la maison de Vicenza fonctionnait <strong>com</strong>plètement.<br />

Depuis le <strong>com</strong>mencement du 1924, on a les premières nouvelles des pourparlers pour la fondation<br />

d’une nouvelle école apostolique dans un autre « recevoir » des vocations, les Marche. <strong>Conforti</strong><br />

ainsi écrivait à Calza :<br />

Même à Vicenza nous avons une moisson relativement pleine de promesses et maintenant<br />

on est en train de faire des démarches pour la fondation d’une nouvelle maison à Jesi,<br />

dans la région des Marche. Un brave pretre de cette région nous a offert une agréable et<br />

belle villa de sa propriété, avec un terrain et en plus il ajoute un capital de 100.000 lires<br />

inaliénables en faveur de l’institut, plus 50.000 lire pour les offices religieux dans une<br />

chapelle dédiée à la Vierge du Secours toute proche de la maison. On est en train de<br />

terminer les pratiques. Cependant pour cette année et aussi pour la prochaine, on ne<br />

pourrait pas inaugurer la nouvelle maison apostolique.<br />

En effet un pretre des Marche, l’abbé Constantino Bramati recteur du petit sanctuaire de la<br />

Vierge du Secours à Poggio San Marcello (Ancona), dans le diocèse de Jesi, un riche et oncle du<br />

prieur de Subiaco, le père Benedetto Bramati. En vouant confier le sanctuaire à un institut religieux<br />

pour qu’il continue l’activité du sanctuaire auquel il avait dédié son ministère, l’abbé Bramati,<br />

probablement grâce au neveu bénédictin et l’abbé Giuseppe Parma, un ami déjà nommé plusieurs<br />

fois de <strong>Conforti</strong> qu’il s’était retiré l’année précédent lui aussi dans le monastère de Subiaco, s’était<br />

mis en contact avec le fondateur des xavériens. Après une brève gestion du père Pelerzi (1925-<br />

1926) la nouvelle maison fut confiée au père Amatore Dagnino, appelé de la Chine (1926-1929) et<br />

puis au père Leonardo Armelloni.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 183 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Mais l’audace pour projeter de la part de <strong>Conforti</strong>, beaucoup prononcée en cette période, ne<br />

s’arrêtait pas seulement à l’Italie. Dans la même lettre du juillet 1924 à Bonardi, où il demandait des<br />

informations pour les pourparlers sur Poggio San Marcello, <strong>Conforti</strong> faisait des allusions aux<br />

contacts au delà des Alpes :<br />

J’ai écrit au supérieur général des Servites pour obtenir que le révérend abbé Halasz,<br />

qui a obtenu à Parma le doctorat en théologie, puisse rester à Vicenza pendant<br />

quelques mois afin de donner des leçons de langue hongroise à notre confrère Capra.<br />

Je suis toujours convaincu que c’est est une bonne chose que nous essayons d’aller en<br />

Hongrie. Ne serait-il pas le cas d’envoyer après en quelque maison religieuse, quelques<br />

uns de nos confrères pour apprendre la langue et <strong>com</strong>mencer une possible fondation <br />

En effet Bonardi ensemble avec le jeune clerc Dante Battaglierin s’est rendu à Budapest en<br />

août 1924. Après, on n’a plus parlé de l’Hongrie. Pourquoi propre l’Hongrie On le sait à travers la<br />

lettre des re<strong>com</strong>mandations au nonce apostolique en Hongrie Lorenzo Schioppa, en faveur de<br />

Bonardi : « On penserait maintenant à la fondation d’une maison de notre institut même en Hongrie,<br />

où le sentiment religieux est profond dans le peuple et d’ailleurs manquent les instituts qui ont<br />

<strong>com</strong>me but unique l’annonce de l’évangile parmi les infidèles.<br />

Dans un lieu favorable et « vierge » pour les vocations du point de vue des instituts<br />

missionnaires, que non seulement pour les terres des « infidèles » se partageaient les territoires,<br />

mais aussi en Europe avaient leurs fons pour le recrutement : les Verbiti en Allemagne et en<br />

Autriche, les missionnaires de Scheut en Belgique, les missions étrangères et les Pères blancs en<br />

France, les missionnaires de Mill Hill en Grande Bretagne….<br />

Après 1924-1925 et le départ de Poggio San Marcello, un autre moment de ferveur et<br />

d’expansion fut vécu par <strong>Conforti</strong> et les xavériens en 1927. <strong>Conforti</strong> écrivait à Van Rossum, préfet<br />

de Propaganda fide, pour demander une mission en Afrique, possiblement eu « Kamerun » , celle-ci<br />

était la graphie employée par les ex colonialistes allemands, tandis que Cameroun est employé<br />

aujourd’hui, le nom français de la colonie occupée par la France après la guerre. On n’a pas eu une<br />

suite, mais en ce contexte en écrivant au sous secrétaire de Propaganda, Cesare Pecorari, rappelait<br />

son idée déjà présentée en 1926 : la fondation d’une congrégation religieuse féminine. Le<br />

fonctionnaire de ce dicastère montrait à <strong>Conforti</strong> le parcours nécessaire pour la fondation :<br />

individualiser les filles qui pourraient être les premières religieuses, et, <strong>com</strong>me évêque de Parma,<br />

demander la permission au Saint-Siège à travers la Congrégation des religieux, en tenant informée<br />

au même temps Propaganda. La congrégation, <strong>com</strong>me on sait, ne sera pas une œuvre directe de<br />

<strong>Conforti</strong>, mais elle sera fondée en 1944-1945 grâce à l’œuvre d’un xavérien, le père Gia<strong>com</strong>o<br />

Spagnolo et la mère Celestina Bottego.<br />

Le fondateur ne manquait pas des initiatives et à l’âge de 60 ans, malgré qu’il répète souvent<br />

d’avoir peu de forces et peu de temps à vivre, ne perdait pas le goût des rêves et des projets.<br />

Quelques uns étaient renvoyés, mais lui ne perdait pas le courage. Peut-être qu’on pourrait dire que<br />

en cette phase sa crédibilité était plus pour la congrégation que pour le diocèse, issue<br />

<strong>com</strong>préhensible d’une situation italienne stable mais fondamentalement congelée à cause des<br />

attentions demandées par le climat socio politique. On pourrait même dire que pendant que le<br />

diocèse de Parma voyait une croissance remarquable des vocations eu séminaire, malgré qu’on<br />

devait travailler, pour occuper les paroisses vacantes, un bon nombre de élèves missionnaires et<br />

religieux profès, inspirait à <strong>Conforti</strong> des investissements non seulement en Chine, mais aussi<br />

ailleurs.<br />

Mais pour cela était nécessaire appeler des pères experts de l’Henan en les remplaçants avec<br />

les jeunes, fruit d’une décennie du départ de l’école apostolique. En mars 1925 <strong>Conforti</strong> écrivait à<br />

Calza pour demander de faire rentrer en Italie le père Amatore Dagnino, désigné <strong>com</strong>me<br />

responsable de la nouvelle maison dans les Marche. En échange le vieux père Armelloni serait<br />

<strong>Manfredi</strong> - 184 – G.M. <strong>Conforti</strong>


entré en Chine, après une période de convalescence en Italie et aussi trois nouveaux missionnaires.<br />

Dans la même lettre <strong>Conforti</strong> est obligé à reprendre la question économique :<br />

Je connais les difficultés économiques de ce Vicariat et je voudrais avoir l’argent d’un roi<br />

pour aider selon le besoin. Nous sommes en train de résoudre le problème des dettes de<br />

l’héritage de Sartori et nous vous expédierons avec hâte ce qu’on pourrait vous expédier.<br />

Au même temps nous nous confions à la divine Providence dont les ressources sont<br />

inestimables. Pour nous aussi à Parma et à Vicenza est celui-ci le seul profit d’entrée<br />

jusqu’à maintenant, avec difficulté, mais en continuant à vivre, nous avons trouvé le<br />

nécessaire pour vivre. Entre les deux maisons, tout <strong>com</strong>pris, sont 100 personnes qu’on doit<br />

maintenir avec la nourriture et le logement, et aujourd’hui avec la vie très chère qu’on a<br />

en Italie, chaque personne, y <strong>com</strong>pris les vêtement, coûte pas moins de 10 lire chaque jour.<br />

Un mois après, en avril 1925, dans le courrier entre Calza et <strong>Conforti</strong> on doit résoudre d’autres<br />

questions. Le vicaire apostolique de Henan discutait avec le fondateur sur quelques jeunes chinois<br />

qui demandaient d’entrer dans la congrégation : c’était mieux d’avoir un seul noviciat à Parma ou<br />

bien fonder un autre en Chine <br />

Selon <strong>Conforti</strong> l’envoi des jeunes chinois en Italie « on ne devrait l’avoir d’une manière<br />

stable, mais seulement provisoire : pour exercer dans notre congrégation qu’après ils devraient<br />

servir les autres <strong>com</strong>me guide » Avec la permission de Propaganda fide, on aurait pu fondé un<br />

noviciat <strong>com</strong>plet en Chine. Après il rejette <strong>com</strong>me non faisable et conforme aux canons, la<br />

proposition de Calza à créer une espèce de Tiers ordre. Informé ensuite que la congrégation<br />

pontificale pour les missions était en train de procéder à des ultérieures divisions des territoires<br />

missionnaires, demande à Calza un conseil sur la sous division de son vicariat.<br />

Ce dernier thème était en premier plan en juillet : <strong>Conforti</strong> essayait de prévenir les projets de<br />

Propaganda en demandant en avance la sous division du vaste vicariat de Calza en deux entités tous<br />

les deux confiées aux missionnaires xavériens, mais Van Rossum voulait enlever une partie de ce<br />

territoire pour le donner à une autre congrégation. Et en Calza, mais aussi en <strong>Conforti</strong> la<br />

« syndrome de l’évêque missionnaire » que dans le temps on l’avait vue en Mgr Volonteri (malheur<br />

si un grand territoire missionnaire est confié aux autres) se présente presque <strong>com</strong>me une Némésis.<br />

<strong>Conforti</strong>, en écrivant au préfet de Propaganda, avec lequel était souvent en contact aussi pour ce qui<br />

se référait à l’UMC, essayait de contester les considérations de Van Rossum que impliquerait un<br />

démembrement futur du vicariat à faveur des « missionnaires de Staye » (les Verbites allemands).<br />

Après avoir affirmé d’un côté la pleine disponibilité aux décisions du Saint-Siège, d’autre part le<br />

remarquable nombre des vocations des xavériens, <strong>Conforti</strong> rappelait brièvement les succès obtenus<br />

en Chine :<br />

A ceci j’ajute que le vicariat de Henan occidental confié il y a quelques années à nos<br />

missionnaires avec seulement 500 chrétiens et trois hangars couverts avec de la paille,<br />

maintenant on a presque 15.000 baptisés et 8.000 catéchumènes éparpillés dans le vaste<br />

territoire. En effet il n’y a pas une ville ou village de quelque importance qui maintenant<br />

ne possède pas des écoles, des résidences et églises dont beaucoup sont importantes aussi<br />

du point de vue artistique. Je n’exagère pas en disant que dans les œuvres des<br />

constructions, en peu d’années on a dépensé beaucoup de millions de lires, à travers des<br />

sacrifices, soutenus par le vicaire apostolique et l’institut, qu’aurait obtenu un plu grand<br />

développement si on n’aurait pas aidé aussi le vicariat. On n’est pas étonné qu’en<br />

conséquence de tout ceci, restent encore des dettes à payer en échéance.<br />

En novembre, Van Rossum écrivait que le projet de division du vicariat de Henan occidental<br />

était suspendu pendant quelques années, en vue de la consolidation de l’institut xavérien : je ne<br />

<strong>Manfredi</strong> - 185 – G.M. <strong>Conforti</strong>


crois pas que soit étrangère à la décision et l’estime de Propaganda pour <strong>Conforti</strong> et pour son œuvre<br />

en faveur de l’UMC.<br />

Au même temps il obtient une remarquable quote-part du financement que le gouvernement<br />

fasciste avait décidé de donner en faveur des missionnaires, et il écrivait à Calza qu’il était en train<br />

de faire des projets pour acheter des terrains dans les zones des concessions européennes en<br />

Tientsin, des terrains de constructions qui auraient donné une future revenue stable aux missions.<br />

Mais en septembre 1925 il a du insister avec Calza pour appeler en Italie le père Dagnino.<br />

Dans les contacts épistolaires entre Chine et la Maison mère retournent en 1926 les allusions<br />

à la situation économique : Calza demande des financements et offrandes pour les besoins de la<br />

mission, <strong>Conforti</strong> raconte des fonds nécessaires pour maintenir les futurs missionnaires dans les<br />

maisons de formation en Italie. La tension entre les deux sur ces thèmes est évidente vers la fin<br />

d’année. Calza décrivait les efforts ac<strong>com</strong>plis non seulement pour pourvoir aux structures et au<br />

maintien des missionnaires, mais aussi pour « ne pas laisser le vicariat sans un fond qui pourrait<br />

garantir la vie en avenir » et pour cela il avait du « faire des dettes pour acheter les terrains et les<br />

maisons (alors que le prix était convenable) » Il mettait en <strong>com</strong>paraison l’intervention de Parma<br />

avec les autres instituts missionnaires « que quand ils prenaient une mission ils la pourvoient de tout<br />

ce qui est nécessaire pour permettre aux missionnaires de vivre et de travailler ». Il continuait après<br />

à indiquer avec un ton, on dirait, un peu trop décidé, ses demandes :<br />

1) Que ce qui appartient à l’institut soit de l’institut, mais ce qui appartient au vicariat<br />

soit donné au vicariat <strong>com</strong>me les offrandes pour les catéchistes, pour les séminaire<br />

indigène ou de l’œuvre de Saint Pierre Apôtre, les offrandes pour les missionnaires, les<br />

offrandes privées pour la sainte Enfance (les baptêmes), la location annuelle de la<br />

Propagation de la foi, offrandes extraordinaires du Saint-Siège pour le vicariat, des<br />

objets sacrés, calices, vêtements liturgiques etc. … des offrandes extraordinaires de<br />

l’association nationale pour secourir les missionnaires. Que tout ceci, donc soit<br />

transmis chaque année au vicariat avec ponctualité.<br />

2) Que, ayant l’institut retenu pour le passé les offrandes du vicariat, quelles me soient<br />

toutes transmises maintenant. Elles me sont nécessaires et, puisqu’on a l’échange<br />

favorable, seront aussi très avantageuses.<br />

3) Que votre excellence me fasse un prêt et que vous m’envoyez toute de suite l’argent.<br />

Calza cataloguait tout ce que le vicariat faisait pour contribuer à l’augmentation des offrandes.<br />

« Même le vicariat a dépensé beaucoup pour pourvoir des objets pour le musée. Même notre<br />

bulletin est fait avec le concours de nos missionnaires. Et puis, si ont été envoyés des missionnaires,<br />

d’autres ont été rappelés » Et il concluait en affirmant ses graves difficultés : « Dans les conditions<br />

dans lesquelles je me trouve, je ne vois vraiment pas <strong>com</strong>ment je pourrais continuer : mon coeur<br />

<strong>com</strong>mence à se remplir de douleur et de frayeur » ; mais aussi en demandant que la définition des<br />

rapports économiques entre Parma et la Chine puisse être telle « de servir <strong>com</strong>me norme pour les<br />

missions »<br />

Le fondateur répondait d’abord avec une lettre dans laquelle il répétait la nécessité d’un<br />

investissement sur la formation de nouvelles vocations, différemment la congrégation xavérienne<br />

n’aurait pas eu un futur. Après un mois, donc au <strong>com</strong>mencement de 1927, il donnait un <strong>com</strong>pte<br />

rendu précis des sommes retenues par la Maison mère pour les besoins urgents depuis 1916 au 1926<br />

et en promettant dans un brève délai de temps, un cheque de 150.000 lire qui égalisaient les<br />

prétentions du vicariat sur la Maison mère. Le fondateur fut obligé à répliquer point par point à<br />

quelques petites observations de Calza sur les dépenses pour les voyages et les objets sacrés<br />

envoyés en Chine au retenus en Italie, et sur le fait qu’on ne parlerait pas d’autres éventuels fonds<br />

employés pour la Maison mère avant 1916 : un véritable « redde rationem » de l’élève envers son<br />

maître, auquel <strong>Conforti</strong> répondait sans animosité mais avec clarté.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 186 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Dans la même lettre l’évêque de Parma individualisait une espèce de pacte pour la gestion<br />

de dépenses et des entrées entre Parma et le vicariat, pour éviter d’ultérieures controverses :<br />

Vous, cher Monseigneur, examinez le <strong>com</strong>pte rendu de dix ans que je vous envoie et les<br />

propositions avancées et faites au même temps les observations que vous retenez de<br />

pouvoir ou de devoir faire. Moi, et avec moi la direction de la Maison mère nous ne<br />

désirons qu’une seule chose : que tout soit défini avec satisfaction de telle façon que<br />

dilatentur, toujours plus, spatia charitatis.<br />

La dernière citation, faite, <strong>com</strong>me était employée par le clergé de ce temps, avec une<br />

association spontanée du latin biblique et d’italien, est une espèce de mise au point spirituel, non<br />

sans une veine, je ne dirais pas polémique, mais éducative. En face à la démonstration d’étroitesse<br />

mentale et relationnelle démontrée par les missionnaires en Chine, qui réclamaient les lires et les<br />

centimes en faisant un problème de conscience, <strong>Conforti</strong> rappelait la magnanimité de l’amour<br />

fraternel entre <strong>com</strong>pagnons de vocation et d’aventure missionnaire.<br />

Tandis que « le contentieux » économique était en train de s’aplanir évidement à cause d’un<br />

engagement financière pour la Maison mère et le fondateur, <strong>Conforti</strong> discutait avec Calza au sujet<br />

du séminaire régional. Le Saint-Siège à travers la délégation apostolique en Chine, demandait aux<br />

vicariats de l’Henan de construire un seul séminaire régional pour le clergé indigène. Les vicaires<br />

apostoliques, en provenant de différentes congrégations missionnaires, avaient fondé leurs instituts<br />

de formation du clergé local et ils faisaient résistance. <strong>Conforti</strong>, sans vouloir se substituer à Calza<br />

dans le discernement, toujours en janvier 1927 il lui re<strong>com</strong>mandait de se conformer aux directives<br />

de Propaganda, avant d’être en face à un ordre explicit de la part du Saint-Siège. Au même temps il<br />

manifestait son désir de fonder un noviciat et une maison apostolique en Chine.<br />

La lecture de la correspondance entre Calza et la Maison mère de ces années, surtout dans la<br />

période 1926-1928, manifestait un <strong>com</strong>portement croissant des revendications de la part du vicaire<br />

missionnaire vis-à-vis de la Maison mère, dans lequel apparaît en plus que la question économique,<br />

le premier signe au sujet de la qualité de formation des missionnaires plus jeunes envoyés, d’autant<br />

plus l’intolérance devant les indications et observations de la part du fondateur, par exemple pour<br />

les questions du séminaire régional et du noviciat. <strong>Conforti</strong> essaye de donner des réponses précises,<br />

mais aussi à accueillir avec beaucoup de générosité les propositions peu irritées de Calza, presque<br />

en acceptant de s’assumer les responsabilités. Continuait au même temps son attention pleine<br />

d’affection envers le vicaire de l’Henan occidental et envers les autres missionnaires, surtout en<br />

l’occasion de l’occupation militaire de la part des troupes des rebelles du sud de la Chine, dont on<br />

parlera bientôt. Ainsi <strong>com</strong>me Calza ne diminue pas les déclarations d’estime envers le fondateur.<br />

Evidemment, presque 25 ans d’expérience missionnaire en Orient portait à une phase de tension et<br />

crises et demandait quelques décisions de prendre avec urgence. En ce contexte prend consistance<br />

l’idée de la visite de <strong>Conforti</strong> en Chine.<br />

LE VOYAGE EN CHINE<br />

Si <strong>Conforti</strong> avait le désir de voir ses missionnaires et les missions par eux-mêmes activées<br />

les vicissitudes et les questions de ces années difficiles de l’après guerre l’ont convaincu davantage<br />

à poursuivre l’ac<strong>com</strong>plissement de son aspiration. Un signe explicite d’un voyage en Chine on le<br />

trouve dans une lettre à Calza le 22 octobre 1926, dans laquelle il racontait au vicaire apostolique de<br />

l’Henan occidental qu’il était en train de préparer les documents pour arriver en Chine, un voyage à<br />

travers la Transsibérienne « car il ne pouvait pas affronter le voyage par navire, puisqu’il n’est me<br />

pas possible abandonner le diocèse pendant plusieurs mois, je viendrai en Chine par train, malgré ce<br />

voyage est plus in<strong>com</strong>mode ». La nouvelle, arrivée en décembre en Chine à cause de la lenteur du<br />

courrier, avait procuré un grand enthousiasme chez les missionnaires, au moins selon les supérieurs.<br />

Le visa du Consulat chinois était déjà prêt le 30 novembre 1926. Mais, malgré Giovanni Gazza dans<br />

<strong>Manfredi</strong> - 187 – G.M. <strong>Conforti</strong>


sa lettre du décembre 1926 aurait affirmé triomphant qu’un « voyageur européen, arrivé en ces jours<br />

de l’Europe à travers la Transsibérienne dit qu’il avait fait un voyage magnifique », les autorités<br />

soviétiques ont ralenti les pratiques, selon les nouvelles de la Fédération pour l’assistance des<br />

étrangers de Rome en janvier 1927. En ces mois la situation chinoise avait eu un tournant négatif.<br />

Déchirée par les <strong>com</strong>bats entre « les seigneurs de la guerre » la jeune république voyait<br />

l’agression au sud par des forces qui suivaient le <strong>com</strong>munisme bolchevique. Au début 1927 les<br />

« sudistes » sont arrivés à Zhenzhou, la ville où habitait Calza, qu’en suivant l’invitation du<br />

Délégué apostolique Celso Costantini avait pourvu à évacuer au-delà du Fleuve Jaune jusqu’à<br />

Tianjin, les religieuses Canossianes et les pères plus jeunes et psychologiquement plus fragiles.<br />

Pendant deux mois, les militaires peu disciplinés du sud ont occupé une grande partie de la<br />

résidence des missionnaires et la cathédrale, employée pour des conférences et de l’explication de la<br />

doctrine politique. Les <strong>com</strong>munistes ont menacé souvent Calza et les autres pères et ils ont fait un<br />

œuvre systématique d’intimidation vis-à-vis des chrétiens souvent néo convertis de la zone. Ils ont<br />

perpétré aussi de fréquents actes de vandalisme et d’autres vols, mais en effet ils n’ont jamais fait<br />

du mal aux missionnaires, peut-être en attendant les ordres d’exproprier les biens des missions<br />

catholiques. En août la situation retournait sous le contrôle des troupes fidèles au gouvernement<br />

central.<br />

Evidemment en ces conditions le fondateur suivait avec appréhension les vicissitudes<br />

chinoises, et il devait nécessairement renvoyer le voyage en attendant des conditions minimales de<br />

la possibilité pour pouvoir espérer de rejoindre ses élèves. En novembre les sudistes étaient<br />

retournés dans l’Henan. A la fin décembre 1927 la situations n’était pas encore stabilisée, à tel point<br />

que trois xavériens, exactement Eugenio Morazzoni, Antonio Munaretti et Giovanni Tonetto ont été<br />

enlevés par une bande des « brigands », <strong>com</strong>me les missionnaires appelaient ces troupes<br />

formellement obéissantes à l’un ou à l’autre « seigneur de la guerre », ou bien simplement désaxées.<br />

<strong>Conforti</strong> avait écrit immédiatement au chef du gouvernement (Mussolini) pour intervenir au niveau<br />

diplomatique, en obtenant son appui et celui du Ministre des affaires étrangères Dino Grandi.<br />

L’enlèvement s’est résolu avec la libération des missionnaires après quelques jours.<br />

A la fin de l’hiver et du printemps 1928, <strong>Conforti</strong> écrivait à ses missionnaires d’attendre le<br />

moment propice pour <strong>com</strong>mencer le voyage à travers la Transsibérienne. A la fin juillet, à cause de<br />

la précarité économique et tensions dans la mission chinoise, et ayant reçu des nouvelles précises de<br />

la stabilité de la situation politique, il avait décidé d’abandonner le propos d’employer le train, en<br />

choisissant de prendre le premier bateau disponible pour la Chine. L’8 août il écrivait une lettre à<br />

ses missionnaires :<br />

Je viens chez vous pour voir de tout proche vos véritables besoins et voir après ce que<br />

l’institut pourra faire pour vous : pour procéder à la nomination du nouveau supérieur<br />

religieux selon le droit et nos constitutions ; et finalement pour constituer dans un<br />

<strong>com</strong>mun accord avec celui qui gouverne avec un zèle admirable, les destins de ce<br />

vicariat, un nouveau noviciat pour notre congrégation, ayant appris avec une grande<br />

satisfaction que de différents jeunes clercs se sentent appelés à entrer dans notre<br />

institut.<br />

Ainsi <strong>Conforti</strong> synthétisait les motifs de son voyage, et finalement la nomination d’un<br />

supérieur religieux différent du vicaire apostolique, une question urgente depuis des années, avec la<br />

fondation du noviciat chinois, était l’objectif substantiel. Il demandait en plus de pouvoir rencontrer<br />

personnellement chaque missionnaire. Il écrivait aussi à son clergé, dix jours après (le 18 out) en<br />

justifiant son absence, en demandant des prières et en choisissant l’abbé Ettore Savazzini, nommé<br />

plusieurs fois, <strong>com</strong>me pro vicaire à côté du vicaire Ajardi.<br />

Grâce à sa chronique personnelle, nous pouvons suivre le voyage de Confoti par bateau :<br />

depuis le 21 septembre, quand il s’embarquait à Marseille, au 26 octobre, le jour où il débarquait à<br />

Shanghai. Pendant plus d’un mois ! Pour nous que de l’Italie en 14 heurs d’avion nous sommes à<br />

<strong>Manfredi</strong> - 188 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Singapour ou à Osaka semble un temps interminable. Le paquebot employait pendant un peu plus<br />

d’un mois un trajet qu’il avait route et des étapes désormais codifiées : Marseille – Port Saïd en<br />

Egypte à travers l’étroit de Messina et en côtoyant Crêta à sud : Port Saïd, le canal de Suez, Gibuti :<br />

de Gibuti à Colombo et Ceylon : de Colombo à Singapour à travers l’étroit de Malacca : de<br />

Singapour à Saigon : de Saigon à Hong Kong : de Hong Kong à Shanghai. En chaque étape il<br />

s’arrêtait au moins une nuit, sauf à Hong Kong où il prévoyait jusqu’à quatre jours <strong>com</strong>me à<br />

Saigon.<br />

Le journal de <strong>Conforti</strong>, montre les caractéristiques de son regard et de ses intérêts, presque<br />

une transparence de son intériorité. Typique de celui qui écrit est la référence continuelle aux<br />

vicissitudes bibliques ou missionnaires qui étaient arrivées dans les lieux du transit. Entre Port Saïd<br />

et Gibuti, à travers le canal de Suez et la mer Rouge, il évoquait mentalement l’expérience de<br />

l’exode.<br />

Combien de sentiments différents en regardant cette mer ! A Suez selon une tradition,<br />

il aurait eu le passage du peuple Hébreu poursuivi par le pharaon et à travers l’étroit<br />

qu’avant la construction du canal de Suez, divisait les deux lacs amères, on aurait eu le<br />

passage de la Sainte Famille vers l’Egypte. Chaque événement montre la puissance et<br />

la providence de Dieu, qui dispose chaque chose pour le triomphe de ses admirables<br />

dessins. A travers l’immense désert de l’Arabie Perea a vécu le peuple Hébreu conduit<br />

par Moise pendant 40 ans vers la terre promise et soutenu par Dieu avec de continuels<br />

prodiges. Vers le 16, notre regard voyait la chaîne du Sinaï. Le joug où on aurait eu la<br />

promulgation de la loi de Dieu, est le mont plus haut de tous les autres. Une journée<br />

brumeuse n’a pas permis de contempler avec clarté le mont des prodiges, qu’après le<br />

Calvaire et le mont des Béatitudes est le plus célèbre de tous.<br />

Tandis que à Colombo ne pouvait pas manquer la référence à Saint François Xavier. « J’ai<br />

pensé avec <strong>com</strong>motion au grand apôtre des Indes qui a sanctifié ces terres avec sa sueur et je l’ai<br />

prié pour tant d’âmes qui sont encore dans les ténèbres et l’ombre de la mort »<br />

En ces visions panoramiques du voyage, et davantage dans les ports, <strong>Conforti</strong> observe avec<br />

curiosité les populations non chrétiennes et, par ici par là, les groupes des chrétiens non catholiques.<br />

Ses considérations révèlent le classique sotériologie à la base des missions de l’époque moderne. A<br />

Gibuti le petit groupe débarquait le premier octobre 1928 :<br />

Quel triste spectacle offre cette population noire qui est habillée avec un simple cache-sexe<br />

sal et déchiré. Ce qui fait souffrit davantage est la certitude qu’ils sont presque tous de<br />

musulmans fanatiques. A Gibuti il y a une église gréco orthodoxe et une belle église<br />

catholique desservie par les capucins, que d’ailleurs ne font pas beaucoup de conversions<br />

parmi ces pauvres fils de l’Islam. Combien fut bon le Seigneur avec nous car il nous a<br />

enrichi dans l’ordre naturel et surnaturel, de tout le bien qu’on puisse désirer. Quel grave<br />

<strong>com</strong>pte rendu on doit faire à Dieu.<br />

Nota bene : « Il nous enrichit selon l’ordre naturel et surnaturel ». Les Somali de Gibuti sont de<br />

pauvres habillés par le seul cache-sexe et ils sont musulmans : pauvreté naturelle et surnaturelle,<br />

liées implicitement entre elles.<br />

A Port Saïd, ville <strong>com</strong>merciale et cosmopolite, après avoir rencontré les franciscains « nous<br />

avons aussi visité la belle église de coptes orthodoxes, où j’ai prouvé un grand sentiment de tristesse<br />

en contemplant l’adorable sacrement confié à ceux qui ne sont pas de la vraie église<br />

Dans les villes où le bateau s’arrête pendant un peu de temps, <strong>Conforti</strong>, Bonardi et Ferrari, en<br />

plus que rencontrer les missionnaires du lieu, ils visitaient avec un esprit presque touristique, les<br />

merveilles de différentes cales. Colombo une ville divisée entre la ville neuve « bâtie selon le style<br />

européen, avec des grands bâtiments, hôtels et magasins de toute espèce » et la vieille ville qui<br />

<strong>Manfredi</strong> - 189 – G.M. <strong>Conforti</strong>


« montre réellement quelle est la vie des indigènes ». Singapour « vraiment une ville orientale<br />

qu’on ne peut pas voir en occident » où <strong>Conforti</strong> regard en particulier « la multiplicité des types,<br />

chacun habillé à sa façon » et avec les <strong>com</strong>pagnons visite l’important quartier chinois.<br />

Saigon « avec ses longues avenues ombragées par des arbres très hauts qui procurent l’ombre avec<br />

aussi beaucoup de jardins avec une végétation luxuriante tropicale, rappelle à l’étranger qu’on est<br />

en Orient et que les « terres annamites sont la pus belle gemme » Au contraire, à cause de l’ouragan<br />

de la mer en bateau on a rejoint Hong Kong en retard, alors ils restent seulement deux heures.<br />

<strong>Conforti</strong> avec son style un peu derrière fait de brèves descriptions mais vivaces et il montre une<br />

curiosité innée. En chaque étape avec ses deux <strong>com</strong>pagnons va visiter les églises catholiques<br />

locales. Dans les cales qui prévoient au moins un repas en terre, la pause est toujours chez les<br />

« procures » des missions. A Port Saïd ils s’arrêtent dans la procure des franciscains mais le navire<br />

part dans l’après-midi. A Gibuti seulement une visite à l’église catholique des capucins. A Colombo<br />

sont accueillis avec « une grande courtoisie » à la procure des Oblats de Marie. A Singapour, en<br />

voiture, sont ac<strong>com</strong>pagnés à la procure des Missions Etrangères, en visitant la cathédrale « qui n’a<br />

rien d’intéressant » et l’église du quartier des chinois, bâtie selon le style local oriental. Malgré est<br />

loin de nos traditions de l’art, elle est belle et majestueuse. Nombreux chrétiens chinois étaient en<br />

train de prier avec leur cantilène monotone et faible conciliante la dévotion.<br />

Celui-ci est le premier contact de <strong>Conforti</strong> avec un petit monde chinois. Même à la distance des<br />

milliers de kilomètres de la mère patrie, alors <strong>com</strong>me aujourd’hui, il y a de grands quartiers<br />

« chinois » dans toute l’Asie et l’Océanie. Les trois italiens observeront toujours avec attention et<br />

avec un œil d’admiration et affection ces fragments qui présentent le monde où leurs confrères<br />

étaient en train de continuer la mission. On regarde l’observation de <strong>Conforti</strong> sur les style du<br />

bâtiment ecclésiastique : il n’a pas été bâti selon les canons européens, cependant il est<br />

esthétiquement appréciable. La plus part des églises missionnaires bâties en cette période était<br />

rigoureusement de style néo gothique ou néo romain : était encore celui-ci un signe de la civilisation<br />

de la foi chrétienne apportée aux différentes populations, et même un signe d’identité,<br />

<strong>com</strong>plètement en contraste avec les sombres (selon les européens) temples hindous ou bouddhistes,<br />

<strong>Conforti</strong> en rencontrant un bâtiment qu’aujourd’hui nous appelons « inculturation » il observe une<br />

beauté et une civilisation différente.<br />

C’est toujours la procure des Missions Etrangères qui accueille nos voyageurs à Saigon : le<br />

groupe évidemment visite la cathédrale « grandiose et belle », l’hôpital civil, mais surtout « les<br />

grands et petits séminaires qui ont presque 200 élèves. « J’ai adressé aux étudiants de théologie, du<br />

lycée et du gymnase quelques paroles d’exhortation en langue latine » et puis l’institut des sœurs de<br />

Sain Paul avec le noviciat et les œuvres pour la jeunesse féminine, et l’église « gothique de<br />

l’institut, définie « merveilleuse ». Dans la successive visite à Cholon, ville chinoise, d’autres<br />

constatations :<br />

Cholon présente un aspect des villes chinoises. Il y a une population simple et travailleuse<br />

dédiée aux petits et grands <strong>com</strong>merces. Au centre du quartier principal il y a une<br />

majestueuse et belle église gothique, dédié à Saint François Xavier et desservie par un<br />

pretre chinois, une personne très cultivée et zélée. A côté de l’église il y a aussi une grande<br />

école.<br />

Il est évident l’attention particulière de <strong>Conforti</strong> à ce monde chinois qui est son point d’arrivée.<br />

Les rencontres avec les évêques et les vicaires apostoliques du lieu, à Colombo, à Saigon et puis à<br />

Hong Kong avec le clergé indigène, avec le personnel missionnaire des procures et avec les<br />

convives de différentes étapes, évidemment on parle les langues officielles du catholicisme de il y a<br />

80 ans, c’est-à-dire l’italien, le français et le latin, offrent à <strong>Conforti</strong> un ensemble d’informations,<br />

observations, expériences que peu à peu transforment le regard du fondateur des xavériens. Un<br />

indice expressif et sa note après l’arrivée à Shanghai : « La première impression qu’on a, à l’entrée<br />

du territoire chinois, est celle de se trouver au milieu d’un peuple qui promet beaucoup dans son<br />

<strong>Manfredi</strong> - 190 – G.M. <strong>Conforti</strong>


avenir et que dans un peu de temps il aura peut-être une majeure influence sur l’équilibre mondial,<br />

et d’ailleurs on ne pourra pas faire sans lui ». Aujourd’hui on pourrait dire que les paroles de<br />

<strong>Conforti</strong> ont un sens prophétique. Mais le même <strong>Conforti</strong> qui confesse à sa sœur Merope, depuis<br />

Saigon, que l’expérience du voyage était en train de changer son point de vue :<br />

Je suis très content d’avoir décidé de partir, car j’ai pu voir et connaître beaucoup de<br />

choses qui m’ont beaucoup aidé. On augmente les idées et on acquit une façon<br />

d’entendre qui est plus conforme à la réalité. Tout ceci pourra me servir pour<br />

l’exercice de mon ministère sacré.<br />

« Une façon d’entendre et juger qui répond mieux à la réalité » : un thomiste impénitent<br />

<strong>com</strong>me <strong>Conforti</strong>, ne pouvait pas trouver une meilleure expression de sa propre recherche pastorale<br />

et missionnaire.<br />

Beaucoup de notes dans le journal de navigation sont <strong>com</strong>plètement dédiées à l’état de santé<br />

et aux occupations auxquelles <strong>Conforti</strong> se donne pendant les longs jours de navigations. En réalité<br />

quelques épisodes du mal de la mer et un périodique inappétence causée par la navigation, à<br />

laquelle on ajoute un sommeil troublé par la chaleur étouffante de la Mer Rouge, réduisent bientôt<br />

<strong>Conforti</strong> à une condition d’une grande faiblesse. Le fondateur peut faire très peu : en certains jours<br />

il réussissait à peine à lire, quelque fois il peut se dédier à projeter le futur : « J’ai pensé longtemps à<br />

l’institut missionnaire et aux meilleurs moyens pour le faire progresser, à la construction du<br />

séminaire diocésain de Parma, à l’œuvre des Oblats et pour la bonne réussite de toutes ces œuvres<br />

j’ai prié le Seigneur » Mais la plus part il doit se limiter aux pratiques de pitié et parfois à cause de<br />

la mer agitée, il ne peut pas célébrer la messe dans la cabine. En lisant les lettres de Bonardi et<br />

Ferrari, que Teodori avait évidemment ajoutées dans les notes à l’édition du journal, on voit <strong>com</strong>me<br />

l’évêque prouve des malaises à cause de quelques <strong>com</strong>portements personnels : il n’écoute pas les<br />

insistances de l’expert Bonardi qui le conseille de manger un peu plus ; et surtout il refuse de se<br />

déshabiller pour dormir dans la cabine, malgré la chaleur tropicale terrible :<br />

… c’est toujours vrai que les saints veuillent toujours ce qu’ils veulent. Le père<br />

Bonardi le réprimande un peu, car il dit que certaines pénitences on ne peut pas les<br />

faire, mais il obtient peu. Son excellence ne se soigne pas tellement. Je ne sais pas, par<br />

exemple, pourquoi quand il va au lit et aussi pendant la journée, avec cette chaleur, il<br />

ne veut pas se mettre en chemise légère, mais porter une chemise de laine, il veut aller<br />

au lit avec des chaussettes ; il ne veut pas s’enlever la soutane quand il est dans la<br />

cabine pour avoir un peu d’air grâce au ventilateur etc. Au même temps il transpire<br />

beaucoup <strong>com</strong>me il n’a jamais expérimenté dans sa vie, à détriment de sa santé.<br />

Ainsi raconte son <strong>com</strong>pagnon de voyage Nino Ferrari au père Popoli, recteur de la Maison<br />

mère, lorsqu’il était à la mer Rouge le 30 septembre 1928, et après une semaine il répète :<br />

Parmi nous les trois, son excellence est l’unique qui souffre à cause du voyage. En vérité la<br />

faute c’est à lui en grande partie, car il a jeûné volontairement pendant quelques jours, et<br />

donc son organisme n’était pas prêt au malaise du voyage. Le rév. père Bonardi le<br />

réprimande mais il obtient très peu, hier lui avait, interdit de lire, d’écrire et de rien faire<br />

pour ne pas consommer des énergies. Il voulait même lui enlever le bréviaire ! Son<br />

excellence avait répondu (en souriant) qu’il l’aurait ex<strong>com</strong>munié et le père Bonardi aurait<br />

accepté même l’ex<strong>com</strong>munication pour qu’il soit mieux.<br />

Aux notes du jeune inexpert Ferrari, qui montre sa grande admiration pour le fondateur, nous<br />

pouvons présenter les notes du père Bonardi, qui écrit à Popoli depuis l’étroit de Malacca :<br />

Au sujet de notre vénéré fondateur je vous disais qu’il n’est pas bien. La faute est<br />

<strong>com</strong>plément à lui. Il n’a aucune petite connaissance de l’hygiène dans les pays tropicaux.<br />

S’il m’aurait obéit tout de suite, maintenant il serait bien, <strong>com</strong>me moi et Ferrari. Ma<br />

présence était providentielle, si non il serait mort. Mais c’est déjà un miracle qu’il ne soit<br />

<strong>Manfredi</strong> - 191 – G.M. <strong>Conforti</strong>


encore vivant. Imaginez-vous qu’il voulait aller au lit habillé. Le père Ferrari me dit de<br />

son côté n’aurait pas osé insister et il serait allé au lit habillé.<br />

L’entente et la confiance entre <strong>Conforti</strong> et Bonardi ont permis de gérer une tension qui ne<br />

pouvait pas non émerger : <strong>Conforti</strong> voulait maintenir tout son rythme des pratiques de piété, de<br />

pénitences corporelles et d’habitudes du séminaire liées au sans très fort de la pudeur et de la<br />

discrétion. Bonardi, expert et concret, savait que ces <strong>com</strong>portements de sainteté dans les climats<br />

modérés, étaient dangereux, pour ne pas dire mortels dans une navigation sur les mers chaudes.<br />

Mais nous connaissons maintenant le fondateur : à la douceur était unie une décision presque<br />

<strong>com</strong>me un entêtement. En plus, et le journal le montre parfaitement, dans le moment dans lequel<br />

<strong>Conforti</strong> sentait du malaise, immédiatement diminuait la consommation de nourriture : <strong>com</strong>me était<br />

arrivé aussi à Ravenna. Cependant la situation améliorait quand on débarquait du bateau pendant<br />

quelques heures et pendant quelques heures on restait par terre.<br />

A cause de ces malaises soufferts par <strong>Conforti</strong>, Bonardi, homme pratique soucieux pour la<br />

santé de son fondateur, élaborait à Saigon, en parlant avec quelques missionnaires du lieu, un<br />

chemin alternatif pour le retour :<br />

Un père Lazariste anglais m’assure que le voyage pour retourner en Europe coûte<br />

autant pour le chemin de la Sibérie, qu’à travers l’Amérique et que celui-ci on le fait en<br />

30 jours précis de Shanghai à Paris. Maintenant en pensant à la peine de son excellence<br />

pour un voyage de la Transsibérienne, pour lui qui souffrait le froid et il ne peut pas<br />

rester enfermé. J’ai pensé de lui proposer le chemin de l’Amérique.<br />

Le tour du monde, enfin, <strong>com</strong>me on connaît, on ne l’a pas fait, avec probabilité à motif des<br />

temps plus courts de la rentrée par la Transsibérienne : 16 jours depuis Tianjin à Parma, contre les<br />

30 jours de Shanghai à Paris. Le fondateur était pressé de retourner dans son diocèse. Peut-être il<br />

n’avait pas envie de rester encore des jours avec le mal de la mer et la chaleur accablante.<br />

Nous sommes égarés dans des dégressions à décrire le voyage vers la Chine aussi car il est<br />

bien documenté, à différence du voyage de retour. Mais les pages du journal de <strong>Conforti</strong>, unies aux<br />

témoignages de ses deux <strong>com</strong>pagnons, nous ont permis de connaître quelques aspects de la<br />

spiritualité et de la curiosité intellectuelle et pastorale de l’évêque, et sont un témoignage « direct »<br />

de sa mentalité : la vie ascétique et la prière, le binôme étroit entre la foi et la civilisation, toutes des<br />

motivations et les affections qui le poussaient à se rendre en Orient, sont évidentes avec spontanéité<br />

et ensemble subissent un shock et évolutions que nous retrouverons, ac<strong>com</strong>plies au retour en Italie.<br />

Mais la même santé, probablement, avait eu une secoué importante pendant le voyage.<br />

Malgré il était, selon Bonardi « avec un physique très vigoureux » il a du perdre pas mal de forces.<br />

A sa sœur Merope, <strong>Conforti</strong> soulignait l’aspect positif : « Je suis persuadé que j’aurais après<br />

les effets bénéfices de l’air de la mer respiré largement pendant plus d’un mois ». Bien sur pour les<br />

bronches la longue croisière était, théoriquement, un soin. Mais le fondateur à 63 ans aurait eu aussi<br />

le poids de ce long parcours fait sans les conforts d’aujourd’hui.<br />

La curiosité ac<strong>com</strong>pagnée par une surprise croissante donne le ton aux peu de jours passés<br />

par <strong>Conforti</strong> et de sa <strong>com</strong>pagnie à Shanghai et à Nanchino. Dans la première grande ville le<br />

fondateur visite les institutions des pères jésuites, en admirant en particulier le musée des antiquités<br />

chinoises, l’observatoire astronomique et l’université Aurora :<br />

Nous avons visité tous les pavillons de l’importante université qui est déjà fréquentée par<br />

500 élèves environs, la plus part fréquente la faculté de médicine. Avec un grand sens<br />

d’opportunité a été ajouté aux facultés existantes, celle des études d’ingénierie. La Chine a<br />

un grand avenir, mais elle a extrême besoin pour le rejoindre des chemins de fer et<br />

d’autres travaux publiques.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 192 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Cette intention du mouvement du renouveau du grand pays chinois et de la tension entre<br />

potentialité e arriérée est une note dominante dans les considérations de <strong>Conforti</strong> même à Nanchino,<br />

arrivé le 30 octobre 1928. Pendant les différentes étapes vers l’Henan, <strong>Conforti</strong>, Bonardi et Ferrari<br />

ac<strong>com</strong>pagnés par le vicaire apostolique Calza qui les avait attendus à Shanghai, visitent les<br />

différents ordres religieux féminins et en particulier, à Pengpu, la mission féminine des Dames<br />

Orsolines de Parma. A 20 heures le soir du premier novembre 1928 le long voyage arrivait<br />

finalement à sa destination : Zheuzhou, siège du vicaire apostolique de l’Henan occidental. A la<br />

gare précédente étaient là pour l’attendre beaucoup de pères xavériens. A l’arrivée en ville fut salué<br />

par tous les pères présents, par les enfants et les fillettes des orphelinats de la mission et par les<br />

chrétiens avec l’hymne Te Deum et la bénédiction avec le Très Saint Sacrement.<br />

Depuis ce moment en avant le journal de <strong>Conforti</strong>, qui s’arrête au 25 novembre 1928,<br />

assume un ton vraiment particulier et les descriptions sont arides et synthétiques. Mais en elles on<br />

voit d’un côté le peu de temps à sa disposition, et de l’autre côté la surprise non pour les merveilles<br />

artistiques et architectoniques mais pour la découverte d’un peuple et d’une <strong>com</strong>munauté<br />

chrétienne. Les notes présentent surtout les célébrations avec les chrétiens. <strong>Conforti</strong> ne fait presque<br />

pas des <strong>com</strong>mentaires sur les réactions enthousiastes des chrétiens chinois, peut-être pour cacher ce<br />

qu’il sentait <strong>com</strong>me affection et honneur à sa personne, et peut-être aussi, car, à différence des<br />

missionnaires sans connaître la langue et les gestes locaux, ne réussissait pas immédiatement à<br />

codifier les messages. Le fondateur d’ailleurs pouvait voire très bien le climat des missionnaires, et<br />

dans ses notes il aime souligner «la franche cordialité » des rencontres.<br />

Déjà, les missionnaires xavériens ! <strong>Conforti</strong> était arrivé en Chine aussi, et peut-être surtout,<br />

pour dialoguer avec chacun et pour intervenir au sujet des problèmes qui étaient en train de naître.<br />

Entre le 4 et le 8 novembre il les avait rencontrés tous, sauf deux qui étaient à Tuanjin, et il a pris<br />

quelques brèves notes sur les colloques. A travers ces peu de lignes très sténographiques de<br />

<strong>Conforti</strong>, avec l’aide de nombreuses lettres de Bonardi à Popoli, en particulier les lettres du 11<br />

novembre au 2 décembre 1928, nous connaissons quelques donnés des tensions parmi les xavériens<br />

de la mission chinoise. La rupture évidente est celle parmi les vétérans en particulier le vicaire<br />

apostolique Calza, Giovanni Gazza, Eugenio Pelerzi, mais aussi Leonardo Armelloni, et les jeunes<br />

pères, arrivés en Chine dans les années 1920. Les premiers accusent les jeunes de prétendre trop de<br />

conforts, de vouloir gérer les biens et les ressources, en leur <strong>com</strong>pte, au niveau individuel, de ne pas<br />

avoir des <strong>com</strong>portements irrépréhensibles et d’avoir constitué des groupes en contraste avec les<br />

supérieurs. Surtout le père Pelerzi accuse Vanzin et d’autres d’avoir écrit un pamphlet satirique<br />

contre le supérieur : en réalité, selon le père Bonardi, il s’agissait d’une plaisanterie innocente<br />

<strong>com</strong>me on faisait au séminaire. Les jeunes se lamentaient souvent à cause d’un style centralisateur<br />

de Pelerzi dans la gestion économique.<br />

« Comme, il me semble avec objectivité, écrivait Bonardi à Parma, la plate-forme sur<br />

laquelle se manifestent les mésententes n’est pas du tout <strong>com</strong>promise. Toutes les mésententes sont<br />

ceci : le père Pelerzi parle mal des absents » et d’autres brèves phrases répétées <strong>com</strong>me des<br />

expressions de typiques plaintes et petites rivalités, sans de graves motifs. Sans vouloir diminuer<br />

l’importance de la crise, une tension psychologique entre générations différentes des missionnaires,<br />

l’intervention des personnes avec un caractère unilatéral <strong>com</strong>me Pelerzi, et les questions concrètes<br />

liées à la sustentation des missionnaires, à l’administrations et à la gestion des offrandes d’Italie<br />

étaient en train de provoquer une « crise de croissance » à la jeune mission. C’est tout.<br />

Le problème c’était de individualiser la personne qui, en tant que supérieur religieux,<br />

différent du vicaire apostolique, puisse soigner vraiment l’aspect spirituel et <strong>com</strong>munautaire en<br />

laissant à Calza la pleine <strong>com</strong>pétence pour les questions pastorales et administratives. <strong>Conforti</strong>,<br />

même s’il n’était pas obligé à suivre les indications des pères, il a recueilli leurs préférences. Les<br />

jeunes, qui étaient la majorité, probablement en s’accordant entre eux, proposaient le père Luigi<br />

Magnani qu’en effet avait reçu 18 voix sur 25. Les vétérans (Gazza qui proposait Pelerzi et Pelerzi<br />

qui proposait Gazza) étaient d’accord pour Dagnino et Bonardi (7 voix chacun), en effet<br />

d’outsiders.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 193 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>Conforti</strong> a choisi Dagnino, qu’à l‘époque était en Italie <strong>com</strong>me recteur de Poggio San<br />

Marcello. « Et maintenant je vous dirais que la majorité vous a choisi » : cette déclaration de<br />

<strong>Conforti</strong> est en contraste avec les précises notes que lui-même avait faites. Mais je pense qu’on<br />

puisse <strong>com</strong>pter entre les vérités que les supérieurs sont autorisés à créer et déclarer pour des raisons,<br />

évidemment « supérieures » Dagnino était sûrement estimé par tous, il n’était pas aplati sur le petit<br />

mais puissant groupe Pelerzi-Gazza, et surtout il avait une vie spirituelle personnelle très forte,<br />

selon le style ascétique de ce temps. Je retiens que cette façon de choisir de <strong>Conforti</strong> montre avec<br />

une grande évidence son style : plutôt d’appuyer une partie, même si la majorité, avec le danger de<br />

diviser le groupe, individualiser une personne capable de médiation et d’un engagement d’élévation<br />

du niveau spirituel. C’est intéressant <strong>com</strong>ment <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>munique la nomination au père Popoli<br />

en Italie :<br />

Maintenant je me limite à vous <strong>com</strong>muniquer le choix du supérieur de mission que j’ai<br />

faite. Elle n’était pas selon le désir. J’ai retenu indispensable nommer le père Dagnino.<br />

Peut-être que vous vous étonnerez de ceci, mais considéré le tout, même si la chose peut<br />

être regrettable, est celui-ci l’unique choix qui puisse permettre de mettre fin à un<br />

ensemble de choses qui ne peuvent plus continuer sans un préjugé de la mission et du<br />

bon nom de notre institut. N’importe quel autre choix ne pourrait pas conjurer les<br />

désastres à vue. Même le père Bonardi est <strong>com</strong>plètement d’accord.<br />

« Il n’était pas selon le désir » : pendant la rencontre du conseil général de la congrégation<br />

xavérienne le 16 août 1928, était ressortie la proposition de nommer <strong>com</strong>me supérieur religieux de<br />

la Chine le père Luigi Magnani. <strong>Conforti</strong> a eu l’attention et aussi l’humilité d’aller en Chine sans<br />

une décision déjà prise, mais en attendant de recueillir les opinions de tous, et aussi de décider<br />

différemment, en tenant <strong>com</strong>pte que si la majorité était en faveur du père Magagni est apparu<br />

évident au fondateur que sa personne aurait ultérieurement divisé en deux le groupe des<br />

missionnaires. Le regrettable était aussi uni au fait que Dagnino était rentré en Italie et il était<br />

recteur de la maison xavérienne dans les Marche depuis moins de deux ans. Une évaluation<br />

attentive des forces et des talents avait demandé en 1925-1926 de rappeler en Italie Dagnino, et<br />

maintenant on devait le voir tout de nouveau.<br />

Cependant <strong>Conforti</strong> dans l’Henan il ne s’est pas limité à s’occuper des ses litigieux<br />

missionnaires. Malgré en subissant l’agression d’un forte refroidissement entre l’8 et le 13<br />

novembre, du au climat de la saison et au « froid de la cathédrale » de Zhenzhou, il rencontrait les<br />

chrétiens, les séminaristes, que d’ailleurs ils « lui avait fait un bonne impression du coté de la<br />

piété », les soeurs Canossiane qui travaillaient avec les xavériens, et avec deux raid s’est rendu dans<br />

deux autres lieux de la mission, Loyang à l’ouest ( 13-20 novembre) et Xuchang et Xiangcheng au<br />

sud (22-25 novembre). En ces deux voyages à l’intérieur, <strong>Conforti</strong> visitait les deux séminaires et, à<br />

sud, les sœurs se Saint Joseph :<br />

Excellence, la vraie Chine n’est pas ici, nous avons dit à son excellence quand il est arrivé à<br />

Chenchow, pendant qu’on entendait à travers ses paroles l’enthousiasme pour une Chine<br />

beaucoup plus développé de <strong>com</strong>ment on pourrait l’imaginer en Italie. Et bien, oui, nous<br />

verrons même votre Chine à l’intérieur avec ses mauvaises routes, avec ses brigands : bien<br />

sur que je veux venir !<br />

Ainsi le père Alessandro Chiarel présentait le dialogue entre <strong>Conforti</strong> et ses missionnaires<br />

pionniers du sud et de l’ouest au <strong>com</strong>mencement du vivace article de la chronique de sa visite dans<br />

la partie plus méridionale du vicariat apostolique. Qu’est-ce que nous dit <strong>Conforti</strong> dans les notes de<br />

son journal sur l’Henan On pourrait dire, en reprenant Chiarel : mauvaises routes, brigands. Ces<br />

derniers seulement indirectement, car ils n’ont pas eu une bon sort, l’occasion de faire une rencontre<br />

face à face : il s’agissait des bandes irrégulières plus ou moins liées aux seigneurs de la guerre ou<br />

<strong>Manfredi</strong> - 194 – G.M. <strong>Conforti</strong>


simplement le reste des inquiétudes de ces années républicaines. « J’ai voulu essayer pendant le<br />

retour, de la charrette chinoise qu’en vérité n’est pas <strong>com</strong>mode » écrivait le 25 décembre, le dernier<br />

jour du journal : il s’agit de la mythique charrette chinoise qu’avec la chaire à porteurs et la<br />

« dresina », petit wagon des chemins de fer poussé à la main avec un système du levier selon les<br />

moyens du transport de ces jours dans l’Henan.<br />

Les notes dans le journal sont vraiment peu : les églises récentes, la « pauvreté extrême des<br />

maisons et hôtels populaires » de Zhenzhou, la ville de Chanchow « très pauvre » et qu’elle « ne<br />

présente rien de considérable, Luoyang avec ses pagodes désormais employées pour usage profane,<br />

dans le temps « capitale de la Chine et elle présente encore les traces de la grandeur maintenant<br />

terminée », les immenses plaines de l’Henan méridional. Cependant <strong>com</strong>me on verra dans les<br />

<strong>com</strong>munications de <strong>Conforti</strong> en Italie, il a recueilli de la Chine beaucoup d’aspects qu’il a gravés<br />

dans la mémoire.<br />

Deux rencontres pourraient avoir aidé l’évêque de Parma dans le travail de codifier et de la<br />

<strong>com</strong>préhension en ce monde, différent et loin vis-à-vis de l’Italie où il avait vécu pendant toute sa<br />

vie. En deux reprises, dans la mission xavérienne de l’Henan, en ces mêmes jours de novembre,<br />

<strong>Conforti</strong> a rencontré un vieux ami : le père Paolo Manna, désormais supérieur général des<br />

missionnaires de saint Calogero, lui aussi était en train de faire la visite canonique à toutes les<br />

missions de l’institut. Le 6-7 et le 22 novembre Manna passait pas Zhenzhou et il se rencontrait,<br />

même brièvement avec <strong>Conforti</strong>. Nous n’avons pas des traces écrites de ces colloques : nous ne<br />

pouvons pas dire s’ils étaient de courtoisie ou bien d’un profond échange entre les deux anciens<br />

fondateurs de l’UMC. Manna, au retour en Europe avait écrit une relation qui est restée inédite<br />

jusqu’en 1979, et qu’elle ouvrait des visons vraiment innovatrices au sujet des méthodes<br />

missionnaires, au clergé et à l’épiscopat indigène, au rapport entre les missionnaires et les<br />

puissances coloniales à l’inculturation et même à l’oecuménisme. Qui sait si Manna a eu le temps et<br />

même l’audace de <strong>com</strong>parer ses vicissitudes avancées avec son sage et prudent ami et protecteur.<br />

Peut-être une façon différente d’articuler le rapport entre foi et civilisation, une clé de lecture plus<br />

attentive aux richesses culturelles du peuple chinois, <strong>Conforti</strong> l’a pue connaître grâce à Manna.<br />

L’autre rencontre successive à la visite au vicariat occidental, fut avec le délégué apostolique<br />

en Chine, Celso Costantini, déjà nommé. Après une salutation épistolaire au début novembre,<br />

<strong>Conforti</strong> fut logé à la délégation apostolique de Pékin du 5 au 10 décembre 1928. Nous avons un<br />

récit de ces jours grâce aux mémoires de Costantini. Au délégué apostolique, <strong>Conforti</strong> fait une très<br />

bonne impression, <strong>com</strong>me on avait déjà vu dans d’autres occasion, <strong>com</strong>pris Mgr Roncalli. Quand<br />

s’approche quelque personnalité, qui est supérieure à la normalité, on reçoit une impression<br />

particulière et vive. L’impression que, malgré son humilité et simplicité, produisait Mgr <strong>Conforti</strong> en<br />

celui qui l’approchait, était celle-ci : « Il est vraiment un homme de Dieu » Costantini déclare : «<br />

Notre conversation était toujours adressée aux problèmes missionnaires » et le délégué conseillait le<br />

fondateur à accueillir les vocations chinoises : « Les instituts religieux, s’ils veulent grandir, doivent<br />

rassembler à l’église, c’est-à-dire sortir des frontières d’une nation et être catholiques » non<br />

seulement dans la doctrine, mais aussi dans les personnes.<br />

Mais Costantini, plus tard secrétaire de Propaganda fide et cardinal, dans les années où il<br />

était à Pékin n’avait pas la faveur de tous les missionnaires. Bonardi habitué à recueillir des<br />

informations de l’arrière-scène déjà à Shanghai écrivait au père Popoli quelques nouvelles apprises<br />

par les missionnaires franciscains et « de Milan » : « Il a dégoûté les missionnaires et les chinois : il<br />

offense tous, il est neurasthénique. Mgr Costantini est mal vu même par les chinois car il est trop<br />

démocratique. Les missionnaires sont dégoûtés car ils sont appelés par Costantini des paresseux » Il<br />

rapportait aussi l’opposition entre Costantini et les Lazaristes pour la question de l’université<br />

catholique de Pékin, de l’incapacité des évêques chinois. Mais le délégué était en train d’essayer<br />

d’appliquer, dans une condition politique neuve et instable, les directives de Pie XI. La rencontre<br />

directe avec lui transforme l’avis de Bonardi : « Conscient du grand avenir de la Chine, il travaille<br />

sans cesse pour son bien : après avoir terminé heureusement le Conseil Général chinois, maintenant<br />

il s’occupe du problème du clergé indigène, de l’Action catholique et des écoles » Si Costantini a<br />

<strong>Manfredi</strong> - 195 – G.M. <strong>Conforti</strong>


donné cette impression au « prévenu » Bonardi, nous pouvons imaginer quelle attention lui avait été<br />

adressée par <strong>Conforti</strong>.<br />

Une scène d’autres temps nous fait imaginer ces deux prélats, le diplomatique né en Friuli et<br />

le vieux évêque de Parma, pendant la promenade dans un « clair après midi de l’hiver, dans lequel<br />

on voit même le visage pénible de Pékin » Costantini qui aimait l’art et au même temps sculpteur,<br />

porte <strong>Conforti</strong> à voir quelques jardins impériaux en partie abîmés par les constructions occidentales<br />

voulues par la république (« Qu’on dise, la démocratie n’est pas amie de l’art » <strong>com</strong>mente<br />

Costantini dans ses mémoires) Le délégué apostolique prend des notes :<br />

Dans la colline plus élevée il y a la blanche Dagoba, un monument en style indien, où sur le<br />

piédestal il y a un joli petit temple en bronze. Dans le petit temple est assis sur un trône un<br />

monstrueux démon de la mythologie bouddhiste. En retournant à la délégation<br />

apostolique, montre à <strong>Conforti</strong> la Dagoba et j’ai parlé de ce démon qui a les symboles de<br />

l’exterminateur et il semble qu’il a été érigé <strong>com</strong>me une menace et une malédiction sur<br />

Pékin. Nous avons constaté le chemin, sans parler et pensifs avec des pensées<br />

douloureuses. Le paganisme est vraiment le règne du démon ; même les bonnes qualités<br />

naturelles des hommes du paganisme se déforment et sont obscurcies. Tout cet immense<br />

peuple ne connaît pas encore que Dieu s’est fait homme, qui a vaincu les puissances de<br />

l’enfer et qu’il a instauré le règne d’amour et de la justice sur la terre pour préparer<br />

l’héritage de la vie éternelle dans le ciel.<br />

Laissions marcher sur les routes de Pékin ces deux hommes, avec le pardessus lourd sur la<br />

soutane, tous les deux amoureux de l’idéal missionnaire et pour cela dans une profond dialogue<br />

entre eux : Costantini qui explique et raconte, <strong>Conforti</strong> qui entend et réfléchi sur sa lointaine<br />

vocation qu’en ces mois elle a eu un sort d’ac<strong>com</strong>plissement.<br />

Comme on disait en haut, depuis le 25 novembre le journal de <strong>Conforti</strong> s’est arrêté. Nous<br />

savons le pourquoi grâce à Bonardi : sur la Transsibérienne, on ne pouvait pas porter des livres ni<br />

des manuscrits « même pas le bréviaire, même pas une lettre car tout sera séquestré » Donc ils ont<br />

expédié tout par courrier peut-être vers le 25 novembre <strong>Conforti</strong> et sa petite suite se sont arrêtés à<br />

Zheuzhou jusqu’à la fête de saint François Xavier, le 3 décembre, et le fondateur a prêché la<br />

récollection en préparation à la fête, la deuxième depuis qu’il était en Chine.<br />

Le 4 décembre <strong>Conforti</strong>, Bonardi et Calza sont partis pour Pékin, où ils sont restés du 5 au<br />

10 décembre, <strong>com</strong>me on disait, aussi pour <strong>com</strong>pléter les documents du passage pour l’Etat dominé<br />

par ses Sovier. Le jour successif, en saluant Calza, sont partis vers Tianjin pour visiter les xavériens<br />

de ces missions, un aumônier de l’hôpital italien et l’autre hospitalisé. Le 13 se sont arrêtés à<br />

Muckden (l’actuel Shenyang), le 14 sont arrivés à Herbin dans la Chine nord orientale, point du<br />

départ pour la Transsibérienne. Le jour après sont montés sur le train et pratiquement sont<br />

descendus huit jours après le 23 à Moscou. Le 24 sont arrivés à Varsovie et là ils ont célébré la fête<br />

de Noël et ils sont allés saluer le noce, Francesco Marmaggi. Sont partis pour la Slovaquie -<br />

Vienne- Tarvisio – Udine – Mestre et ils sont arrivé à Vicenza ou ils sont restés la nuit dans la<br />

maison apostolique xavérienne, dirigée par le père Uccelli ; le 28 décembre, le matin sont arrivés à<br />

Parma<br />

POUR UNE SYNTHESE<br />

Je laisse la Chine non sans regret. J’ai du reformer mon jugement devant le peuple<br />

chinois. Il offre les meilleures espérances pour sa conversion. Si on pourrait disposer un<br />

plus grand nombre des missionnaires et des moyens on pourrait dans un peu de temps<br />

redoubler le nombre des chrétiens. Je vous dis cela pour votre réconfort. Je ne m’étends<br />

pas dans les particuliers. Après peu de temps nous nous verrons et je vous dirai de vive<br />

voix toutes mes impressions.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 196 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Ainsi écrivait <strong>Conforti</strong> depuis Pékin le 5 décembre à la <strong>com</strong>munauté de la Maison mère. Les<br />

discours prononcés par le fondateur le 28 décembre, confirment ce changement : on en parlera<br />

après. On pourrait dire, dans un certain sens que la période du 21 septembre au 28 décembre 1928,<br />

le long voyage vers la Chine et le retour, avait assumé la signification d’un grand Nunc dimittis. Un<br />

entrelacement des projets, persuasions, désirs et relations fut le motif et le moteur du voyage.<br />

<strong>Conforti</strong> était parti pour rencontrer ses missionnaires, pour intervenir personnellement sur les<br />

problèmes de la mission, mais aussi pour connaître mieux la mission même et les chrétiens chinois.<br />

Des chinois, de la Chine, de l’Asie, de la mission il avait une série des certitudes d’idéaux, des<br />

nouvelles. Au fond de toutes ces files qui l’attirait en Chine, il y avait sa vocation. Il y avait les<br />

images de la biographie du XVI siècle de François Xavier lue depuis l’adolescence, il y avait les<br />

récits des revues missionnaires, les lettres et les photographies de premiers xavériens.<br />

Tout ce patrimoine d’images, souvenirs, affections fut <strong>com</strong>plètement bouleversé par<br />

l’impact avec la Chine. La mission, la civilisation, l’annonce, la culture locale étaient toute autre<br />

chose. Bien sur, n’était pas le contraire de ce que <strong>Conforti</strong> avait rêvé et <strong>com</strong>pris, au contraire. Mais<br />

probablement dans l’intériorité du fondateur, tout devait trouver un nouvel ordre, quelques choses<br />

on devait les corriger, d’autres nuancées. Mais <strong>Conforti</strong>, grâce aussi à ses missionnaires, à Calza, à<br />

Bonardi, et même à Manna et à Costantini, et à tous les autres missionnaires de différentes<br />

congrégations, avait retrouvé en cette rencontre avec la réalité, le sens plus profond de son appel<br />

depuis 50 ans. Il est un missionnaire encore plus convaincu de la nécessité et de la beauté de la<br />

mission : le peuple chinois « offre les meilleures espérances »<br />

Après cette espèce de bain régénérateur de la vocation initiale, de l’intuition créative<br />

<strong>Conforti</strong> rentrait au diocèse. Pas moins de trois ans le séparaient de la mort, la fin de son voyage sur<br />

terre. Seront encore des temps difficiles, encore une fois signés par des souffrances et échecs, mais<br />

aussi des réalisations et du <strong>com</strong>mencement des œuvres nouvelles enthousiastes dans le diocèse et<br />

dans la congrégation. Mais la Chine sera, pour l’esprit de <strong>Conforti</strong>, une espèce de viatique, tandis<br />

que pour le physique déjà éprouvé, le long voyage le portera, probablement à une faiblesse<br />

ultérieure.<br />

En Chine <strong>Conforti</strong> était arrivé pour un devoir canonique de la visite à la mission et à ses<br />

religieux, après que la congrégation avait reçu sa forme juridique stable et approuvée : mais aussi<br />

pour l’affection qui le liait aux xavériens. Dans les années entre la fin de la guerre et le voyage en<br />

Chine, beaucoup de nœuds de la congrégation sont venus à la surface : situation économique,<br />

l’étendue du district missionnaire, séminaristes et novices chinois, supérieur religieux en mission.<br />

Tout ceci créait une tension, du moment qu’en Italie le futur des xavériens était assuré par les trois<br />

maisons de formations à différents niveaux et par un afflux des vocations décidemment<br />

encourageant.<br />

Etait, <strong>com</strong>me on avait déjà dit, une phase de transition qui demandait des décisions<br />

<strong>com</strong>plexes, soit du côté du personnel, que du côté des ressources économiques, pour ne pas<br />

<strong>com</strong>promettre les développements futurs de la congrégation. Mais les missionnaires en Chine<br />

voyaient surtout les urgences immédiates : famine et un état de guerre, nécessité d’argent pour<br />

secourir la pauvreté diffusée, des rapports fatigants entre les missionnaires séparés à cause de<br />

grandes distances et dans des situations différentes. <strong>Conforti</strong> expérimentait la nécessité de<br />

<strong>com</strong>prendre la situation, en Orient, et il espérait d’être <strong>com</strong>pris par ses missionnaires, de pouvoir<br />

<strong>com</strong>muniquer des choix d’expansion en Italie et en Europe, encore au <strong>com</strong>mencement mais en vue<br />

d’assurer le futur de la congrégation.<br />

Le travail pastoral en Italie demandaient des attentions très subtiles car d’un coté le<br />

gouvernement et le parti au pouvoir, proclamaient de vouloir défendre et soutenir l’église et les<br />

traditions catholiques, et aussi économiquement ne manquaient pas des signes de cet appuis<br />

D’ailleurs une personne expérimentée et spirituellement sage <strong>com</strong>me <strong>Conforti</strong>, voyait les côtés<br />

obscurs, soupçonnait des <strong>com</strong>promis et des conversions peu convaincues des personnages dans le<br />

<strong>Manfredi</strong> - 197 – G.M. <strong>Conforti</strong>


temps liés à l’anticléricalisme : il connaissait les groupes violents et les menaces adressées à<br />

beaucoup de ses prêtres et jeunes catholiques.<br />

En ce contexte, si l’engagement pastoral de <strong>Conforti</strong> semble montrer une mineure créativité<br />

et mineur élan, en réalité je cois qu’on puisse dire que l’évêque cherchait à consolider ce que depuis<br />

20 ans était en train de proposer, dans une climat social et culturel de tension et d’un fort contrôle,<br />

qui demandait un surplus de prudence. En plus, pour certains aspects le diocèse de Parma traversait<br />

une période de transition avec quelques analogies vis-à-vis de la congrégation xavérienne. Les<br />

vocations augmentaient, mais les nouveaux prêtres étaient encore insuffisants pour subvenir aux<br />

exigences des paroisses sur le territoire. Il faisait maintenir l’assemblage ensemble avec peu de<br />

forces, en attendant des temps meilleurs qui s’annonçaient.<br />

Le chapitre de ce livre dédié au clergé montre tout le patient travail de <strong>Conforti</strong> pour gérer le<br />

personnel ecclésiastique. Le même engagement de l’évêque pour la construction des églises,<br />

d’ailleurs dans des zones plutôt périphériques du diocèse, est uni à cette stratégie d’entretien de la<br />

structure essentiale en vue d’une véritable reprise.<br />

« J’ai pensé longtemps à la construction du nouveau séminaire diocésain de Parma à l’œuvre<br />

des Oblats et pour la bonne réussite de toutes ces œuvres, j’ai prié le Seigneur » ; le journal du<br />

voyage de <strong>Conforti</strong> vers la Chine nous offre cette pensée instantanée et nous dirons du rêve de<br />

l’évêque. Nous pouvons l’imaginer sur le pont de Paul Lecat, avec les yeux levés vers l’horizon de<br />

la Mer chinoise méridionale, qui réfléchit, projette, s’enthousiasme. Le voyage en orient fut pour<br />

<strong>Conforti</strong> un temps aussi de réflexion et du rangement des désirs, des idées et des projets. Nous<br />

verrons <strong>com</strong>me la dernière période de la vie du fondateur des xavériens fut riche d’initiatives. La<br />

conjecture italienne en ce sens avait facilité la reprise à plein régime, de l’engagement de tout le<br />

diocèse. Mais peut-être encore une fois l’expérience de vouloir rejoindre la vocation missionnaire<br />

vécue par <strong>Conforti</strong> pendant le voyage en Chine, fut un soutien et une reprise de l’élan spirituel aussi<br />

vers l’autre versant de sa vocation, celui de Parme.<br />

Nous connaissons déjà beaucoup de vicissitudes de la congrégation en ces années et la visite<br />

de <strong>Conforti</strong> à ses missionnaires est très documentée. Il serait intéressant avoir une histoire<br />

organique de la mission xavérienne en Chine, dans laquelle ces années centrales occupent l’espace<br />

d’un tournant déterminant.<br />

Au sujet du ministère épiscopal de <strong>Conforti</strong> en cette période, je retiens qu’une piste<br />

d’approfondissement charmant, mais peut-être peu praticable à cause d’une pauvre documentation,<br />

soit l’effective diffusion du phénomène des jeunes et adultes qui retournaient à la foi et à la pratique<br />

ecclésiale. Comme on disait, la patiente et organique consultation des registres paroissiaux,<br />

l’extension de l’enquête à d’autres zones d’Italie ou quelques documents de type autobiographique<br />

pourraient nous offrir quelques éléments en plus pour les recherches.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 198 – G.M. <strong>Conforti</strong>


NEUVIEME CHAPITRE<br />

LE MAGISTERE PASTORAL DE CONFORTI<br />

On ressemble ici dans un développement monographique quelques éléments apparemment<br />

différents du ministère de <strong>Conforti</strong> à Parma. Il s’agit avant tout de ses lettres pastorales au clergé et<br />

au peuple, une production écrite typiquement épiscopale et ici considérée seulement pendant la<br />

période de Parma. Le second paragraphe de ce chapitre est dédié à l’analyse de beaucoup de notes<br />

élaborées par <strong>Conforti</strong> pour une série d’homélies prononcées dans la cathédrale de Parma pendant<br />

les fêtes religieuses plus solennelles et ayant <strong>com</strong>me thème une grande partie des éléments<br />

traditionnels du catéchisme catholique : « le Notre Père », l e « Credo » et les sept sacrements.<br />

Tandis que deux autres paragraphes passent de l’examen des blocs documentaires à la délinéation<br />

de deux choix pastoraux du <strong>Conforti</strong> évêque de Parma : le catéchisme « <strong>com</strong>me une vraie école » et<br />

la diffusion des clubs des jeunes.<br />

Il s’agit des réalités que, une fois de plus, concerne tout l’épiscopat de <strong>Conforti</strong> dans une<br />

vision qu’elle espère d’être synthétique et capable de toucher des constantes évolutions. Même dans<br />

la différence des niveaux, il semble de pouvoir dire que les entrelacements et les connexions entre<br />

ces sphères de l’œuvre de <strong>Conforti</strong> arrivent à délinéer ce qu’on pourrait définir son « projet<br />

pastoral ».<br />

LES LETTRES PASTORALES A PARMA<br />

Quelques études intéressantes de dernières décennies ont permis de mettre en lumière la<br />

valeur de la documentation des lettres pastorales pour l’étude de la vie des diocèses, surtout des<br />

XVIII et XIX siècles. Une vision plus grande du phénomène de ces publications, était possible<br />

grâce aux répertoires régionaux dont celui de l’Emilie - Romagne avait été le premier à être publié,<br />

a donné l’opportunité d’encadrer chaque lettre dans les habitudes du temps et dans les changements<br />

portés par l’évolution de la vie ecclésiale en Italie et en Europe. Ainsi je crois qu’on doit renoncer<br />

définitivement à l’anachronisme qui projette sur les évêques italiens antérieurs au Concile Vatican<br />

II quelques structures de la pensée qui apparaissent lentement après la moitié des années ’60 du<br />

XIX siècle et que maintenant ils semblent acquis au moment dans lequel l’évêque d’un diocèse<br />

d’Italie écrit (ou il fait écrire, et même ceci est significatif) une lettre pastorale, que souvent<br />

aujourd’hui s’appelle « plan pastoral », « projet », « lignes » ainsi de suite. Il me semble que<br />

n’existe pas encore une étude sur le « nouveau » genre littéraire des lettres ou écrits pastoraux des<br />

évêques après le Concile, mais l’emploi des termes <strong>com</strong>me « plan » et « projet » indiquent<br />

l’acquisition d’une mentalité que, dans le sens plus noble du terme, nous pourrions<br />

définir « d’ingénieur » ou « d’architecte » en osmose avec la valeur donnée à la culture de l’idée de<br />

la planification et aux ressources de la technologie. Il est significatif que ces documents sont<br />

fréquemment publiés au <strong>com</strong>mencement de « l’année pastorale », une entité temporelle simplement<br />

inexistante ou presque jusqu’en 1960 sauf pour les productions de l’Action catholique et qu’elle ne<br />

coïncide pas avec l’année liturgique ni avec l’année civile, mais avec l’année scolaire.<br />

Rien ou presque de tout ceci on peut trouver dans les lettres pastorales des évêques<br />

contemporaines de <strong>Conforti</strong> même. Ainsi est vraiment stérile s’approcher aux lettres au<br />

<strong>com</strong>mencement de l’épiscopat <strong>com</strong>me si on pourrait trouver le « programme » épiscopal. D’accord<br />

avec beaucoup de personnes pleines de bonne volonté, on pourrait dire que la lettre du<br />

<strong>com</strong>mencement du pontificat soit à peu près égale pour tous les évêques. D’habitude elle exprime<br />

des contenus <strong>com</strong>muns : crainte et humilité pour avoir accepté l’épiscopat, le regret pour avoir<br />

laissé l’engagement précédent et les personnes amies, joie et affection pour les nouvelles brebis ;<br />

salutation à toutes les catégories, le clergé, les religieux, les autorités civiles et le bon peuple de<br />

Dieu. A la limite on a quelques allusions sur la tristesse des temps présents.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 199 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Dans sa première lettre pastorale à Parma, le 4 mars 1908, <strong>Conforti</strong> ajoutait une présentation<br />

de son propre modèle d’évêque, selon les lignes plus traditionnelles de l’épiscopat du Concile de<br />

Trento. C’était <strong>com</strong>me dire : service des sacrements et annonce de « grands et immortels principes<br />

du catholicisme » puisés aux « sources pures de la Sainte Ecriture et de la tradition chrétienne, des<br />

enseignements de l’église et du magistère toujours vivant du pape » dans un engagement à servir et<br />

non à obliger si non dans une extrême nécessité. On voit aussi des allusions suffisamment<br />

consistantes à l’actualité : l’urgence de la question sociale, à Parma, où quelques semaines après,<br />

aurait été proclamée la grève ; les attaques des anticléricaux au clergé, qu’en ce temps étaient en<br />

train d’assumer de tons scandaleux ; et, une réalité toute à fait locale, l’invitation à l’union entre le<br />

clergé, « même avec quelques sacrifices de ses propres vues individuelles ». Dans le contexte des<br />

tensions et d’accusations à l’église catholique, on <strong>com</strong>prend la grande proclamation que <strong>Conforti</strong><br />

fait de la foi, <strong>com</strong>me un don bienfaisant pour l’humanité, selon sa conception entre foi et<br />

civilisation.<br />

On ne doit pas donc chercher dans la séquence des lettres pastorales un plan organique des<br />

prospectives d‘action. Quelques unes voulaient présenter de grandes initiatives, en particulier pour<br />

cela on verra la lettre sur le catéchisme. A quoi servaient donc les lettres pastorales Je crois que,<br />

pour <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me pour d’autres évêques, soit intéressant voir deux choses particulières<br />

pratiques, apparemment insignifiantes, en réalité révélatrices : la publication de la lettre pour le<br />

<strong>com</strong>mencement du carême et l’ordre donné aux prêtres de lire le texte pendant les célébrations du<br />

dimanche. Le premier donné est <strong>com</strong>mun aux diocèses italiens et français : les mondements, une<br />

espèce de message solennel épiscopal du carême, normalement lié à la remise de la peine, renouvelé<br />

chaque année, que mitigeait les dispositions très rigides du jeune. Le carême représentait, en plus<br />

que le temps significatif que la tradition liturgique présente, le temps de la prédication par<br />

excellence le temps intensif de la catéchèse et de l’exhortation au peuple, en particulier à travers des<br />

cours de prédication « extraordinaire » qui étaient appelés justement «les sermons du carême » Les<br />

évêques s‘enserraient en ce temps, dans lequel depuis une longue habitude les gens savaient de<br />

pouvoir et devoir assister à des occasions plus grandes de formation à travers des sermons et la<br />

lettre pastorale. En effet, est ici l’autre aspect de souligner, les lettres pastorales étaient<br />

normalement écrites par être lues devant le peuple pendant les messes des dimanches du carême, au<br />

moins dans un dimanche ou plusieurs fois. <strong>Conforti</strong> ne fait pas d’exception. Parfois l’injonction<br />

donnée aux prêtres d’employer la lettre pastorale pour la lecture devant le peuple est directement<br />

dans le texte de la lettre. Par exemple, nous le montre le texte du 4 décembre 1915 sur l’onction des<br />

malades :<br />

Je vous prie au même temps de lire et <strong>com</strong>menter au peuple la présente lettre pastorale,<br />

avec attention, car il s’agit d’une chose très importante, mais aussi négligée par une<br />

grande partie des chrétiens d’aujourd’hui, qui ne sentent plus le besoin et le devoir de ses<br />

préparer <strong>com</strong>me la foi enseigne et oblige, au passage extrême de la mort.<br />

La lettre du 10 novembre 1916, que non seulement <strong>com</strong>munique la lettre collective de<br />

l’épiscopat émilien, à son tour de la lire en partie à la population, mais qu’elle ajoute des réflexions<br />

et invitations sur la catéchèse et sur la « croisade » contre le blasphème et il conclut :<br />

Avec la confiance que ma lettre, dictée par un grand désir du bien, trouve un écho profond<br />

dans le cœur de mes bien-aimés diocésains, auxquels elle sera lue et <strong>com</strong>mentée, je donne<br />

au clergé et au peuple, avec une grande affection, la pastorale bénédiction.<br />

Tandis que souvent, l’invitation au clergé pour lire publiquement la lettre ne se trouve pas dans<br />

le texte central, mais dans une autre position typographique des fascicules où les lettres pastorales<br />

étaient imprimées et diffusées parmi le clergé, en attendant d’être imprimées officiellement et<br />

« pour les descendants » sur le bulletin diocésain. Par exemple à page 16 du fascicule original de la<br />

lettre du premier février 1910 sur les devoirs de la famille : « Messieurs les curés liront et<br />

<strong>com</strong>menteront devant le peuple le dimanche ou pendant un temps où il y a beaucoup de fidèles, la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 200 – G.M. <strong>Conforti</strong>


présente lettre pastorale ». Dans le texte imprimé original de la lettre « Nous voulons Dieu dans<br />

l’école » du premier février 1913 : « Messieurs les curés liront la présente lettre pastorale aux<br />

fidèles à leur confiés, en présentant aussi quelques explications que, selon les circonstances,<br />

trouveront nécessaires pour faire <strong>com</strong>prendre au peuple, et spécialement aux parents, la grande<br />

importance de l’argument écouté » (Page 23) Dans l’original de la pastorale du 5 février 1915 sur le<br />

baptême, à page 18, dans une spéciale page des « <strong>com</strong>munications » adressées au<br />

clergé : « Messiers les curés liront et feront des <strong>com</strong>mentaires devant le peuple sur la présente lettre<br />

pastorale pendant un ou plusieurs jours de fête et lorsque on a la présence des plusieurs fidèles »<br />

D’ailleurs, si on lit le texte des « lettres au clergé et au peuple » on voit facilement que le<br />

ton, le style, l’organisation du discours présente l’intention d’un emploi d’un orateur. Il s’agissait,<br />

dans d’autres termes, « des sermons » épiscopaux que le clergé était exhorté à proclamer aux<br />

fidèles. Donc nous devons chercher, au niveau documentaire et de reconstruction historique, ce que<br />

l’évêque voulait en ce moment <strong>com</strong>muniquer aux fidèles, et en partie aussi au clergé, selon les<br />

circonstances, parfois des urgences, mais aussi dans un dessin plus vaste adressé à former la<br />

population chrétienne à présenter quelques attentions catéchétiques ou spirituelles ou morales. On<br />

doit, d’ailleurs tenir <strong>com</strong>pte que, au rendez-vous presque obligatoire du carême, <strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me<br />

d’autres évêques, profitait dans d’autres occasions pour adresser au peuple la parole à travers une<br />

pastorale toujours avec le même but catéchétique et exhortatif.<br />

On peut voir une idée, un parcours organique de la production des lettres pastorales de<br />

<strong>Conforti</strong> Nous n’avons pas le texte de ses lettres dans lequel il aurait déclaré au préalable ou dans<br />

un moment de conclusion d’un cycle, ses intentions. Il s’agit donc, de chercher de <strong>com</strong>prendre,<br />

d’une façon hypothétique, si la succession de différentes lettres pastorales ait un fil logique, ou bien<br />

si l’évêque de Parma aurait eu quelques idées, à partir d’elles, chaque fois il arrivait à saisir<br />

l’argument de la pastorale du carême ou décider de publier une lettre au clergé et au peuple dans un<br />

autre moment de l’année. L’unique étude directement dédiée, aux pastorales des évêques émiliens<br />

depuis XIX siècle au Vatican II avec l’attention à l’argument des sacrements relève avec finesse<br />

que <strong>Conforti</strong>, même sans déclarer explicitement de vouloir écrire une séquence <strong>com</strong>plète des lettres<br />

sur les sacrements, est un parmi les évêques qui ont écrit davantage sur ce thème. En effet <strong>Conforti</strong><br />

dédiait la lettre du carême 1911 à la <strong>com</strong>munion fréquente, celle du 1912 à la confession, et celle du<br />

1915 au baptême, et encore dans la même année, en mai, une lettre sur la confirmation et à<br />

décembre une sur l’onction des malades. En 1923 la lettre était sur l’eucharistie et en 1927 sur le<br />

mariage. Si nous considérons aussi les lettres du 2 août 1913 et du premier mars 1924 sur le<br />

sacerdoce, on peut dire que pendant presque 25 ans d’épiscopat, <strong>Conforti</strong> aurait touché tous les sept<br />

sacrements. Il est aussi évident que les thèmes sur les sacrements, non seulement n’ont pas<br />

monopolisé la proposition pastorale de l’évêque de Parma, mais elle a été espacée par des périodes<br />

dans lesquelles il y avait une idée du parcours formatif sacramentel, elle est restée suspendue à<br />

cause de la présentation d’autres thèmes.<br />

Je essaye alors à délinéer une vision générale des lettres au clergé et au peuple qui tient<br />

<strong>com</strong>pte de tous les thèmes possibles parmi ceux que <strong>Conforti</strong> avait choisis pour ses exhortations Il<br />

me semble de pouvoir individualiser trois phases, pendant l’épiscopat de <strong>Conforti</strong> dans l’élaboration<br />

de ces documents. La première phase est contemporaine et successive à la première visite pastorale,<br />

et elle a <strong>com</strong>me centre la catéchèse, un grand objet d’intérêt de sa pastorale et de son<br />

développement sur les sacrements (1908-1915). Pendant et après les années de la guerre, l’attention<br />

de l’évêque il me semble adressée aux « problèmes de l’heure présente », donc sur quelques<br />

urgences spirituelles et morales, sur quelques circonstances, sur la contribution spirituelle pour aider<br />

à soutenir les tensions de ce temps (1916-1922). Dans la troisième phase, marquée par une majeure<br />

stabilité sociale et de ce qu’il espérait <strong>com</strong>me un temps de reprise de la vie ordinaire des paroisses,<br />

il reprend le parcours sacramental, auquel s’alternent quelques documents spécifiques sur des<br />

thèmes moraux (1923-1931) Voyons maintenant d’une façon spécifique ces trois moments.<br />

Après la lettre pastorale inaugurale, déjà brièvement citée, le 25 novembre 1908 avec un<br />

spécial document adressé au clergé et au peuple, <strong>Conforti</strong> annonçait la première visite pastorale. Les<br />

<strong>Manfredi</strong> - 201 – G.M. <strong>Conforti</strong>


lignes fondamentales de la lettre pour la visite pastorale sont : l’exemplarité du Christ et des apôtres<br />

que les évêques doivent reproduire dans la prédication « errante » de la visite : l’engagement à<br />

« conserver » la foi en la défendant contre les erreurs, en ravivant les bonnes coutumes, en corrigent<br />

les mauvais » ; les erreurs de la foi et les vices dominants qui sont brièvement présentés ;<br />

l’engagement de l’évêque à prêcher sur les vérités fondamentales, à diffuser la bonne pratique de la<br />

doctrine chrétienne, à proposer le modèle de la Sainte Famille, à célébrer les sacrements <strong>com</strong>me un<br />

remède contre le mal et le soutien pour le bien, avec une disponibilité particulière pour le sacrement<br />

de la pénitence, que, <strong>com</strong>me on sait, fut une des bases fondamentales de la façon de <strong>Conforti</strong> de<br />

vivre la visite pastorale.<br />

Les lettres écrites au même temps que la visite, insistaient, avec différents points<br />

d’approche, sur l’importance de la doctrine chrétienne : aussi ont été publiées les lettres sur le<br />

catéchisme de l’11 février 1909, celle du premier février 1910 sur le rôle des parents pour<br />

l’éducation chrétienne des enfants, celle du premier février 1913 sur l’enseignement religieux dans<br />

l’école et celle sur « les écoles des religion » pour des étudiants adolescents du 14 janvier 1914. Sur<br />

ces lettres, on en parlera dans le paragraphe de la pastorale catéchétique de <strong>Conforti</strong>.<br />

Depuis 1911 en avant, <strong>Conforti</strong> choisissait d’employer une ligne d’expression publique de<br />

l’évêque sur les sacrements. Le premier point fut causé par le Décret Sanctae Tridentina Synodus de<br />

Pie X sur la <strong>com</strong>munion fréquente, d’ailleurs promulgué en 1905, mais cité au début de la lettre<br />

pastorale du carême du 27 février 1011. Le texte est une claire et participée divulgation des idées du<br />

pape sur la <strong>com</strong>munion fréquente et s’il est possible, quotidienne, une ligne pastorale et spirituelle<br />

qui surmontait définitivement les dernières idées du jansénisme pour reprendre la tradition plus<br />

ancienne de la fréquence des fidèles à l’eucharistie. L’année successive, la lettre du carême du 10<br />

février 1012 était dédiée à la confession. <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>mençait la lettre avec un regard sur les<br />

polémiques contemporaines contre la confession, à l’époque très diffusée parmi les anticléricaux :<br />

On continue à répéter depuis des années que la confession est un mensonge humain,<br />

inventée pour des motifs purement humains d’ambition et de domination ; ou bien avec un<br />

langage moins irrespectueux, mais pas tellement loin de la vérité, selon les principes d’une<br />

école plus récente, quelques uns affirment que dans l’église primitive n’existait pas le<br />

concept d’une pécheur chrétien réconcilié à travers l’autorité de l’église et que d’ailleurs<br />

elle s’est adaptée très lentement à ce concept, et quand la pénitence fut reconnue <strong>com</strong>me<br />

institution ecclésiastique, ne fut jamais appelée avec le nom de sacrement, car on le<br />

considère <strong>com</strong>me un sacrement honteux.<br />

Si chacun, <strong>com</strong>me on voit bien, veut nier carrément le dogme qui console de la rémission<br />

des péchés, en le réduisant à une fraude évidente ou bien à un cas accidentel, né<br />

humainement pour une nécessaire évolution. Et maintenant à cause des erreurs qui sont<br />

diffusés parmi le peuple, mais aussi parmi le clergé appelé intellectuel, et davantage à<br />

cause de la corruption qui envahit, la confession sacramentale est négligée, elle est<br />

regardée avec indifférence par la plus part de chrétiens d’aujourd’hui, mais pire encore,<br />

quand elle est méprisée par les calomnies de beaucoup que peut-être n’ont jamais goûté les<br />

joies dont est une source féconde.<br />

Une grande partie de la lettre, à partir de la thèse de la culture de son temps, est une grande<br />

démonstration de la tradition ecclésiale en faveur de la confession. En suivant son style typique<br />

qu’on peut définir apologétique dans un sens positif du terme, <strong>Conforti</strong> montre le bénéfice même<br />

humain, on pourrait dire aujourd’hui psychologique, du sacrement, en présentant <strong>com</strong>me témoins<br />

non seulement les différentes religions non chrétiennes, mais une magnifique page du patriote<br />

Silvio Pellico et aussi de Rousseau, Leibniz, Charles V d’Espagne, Napoléon Buonaparte.<br />

Une marche analogue a les lettres successives du 1915 sur le baptême, la confirmation, et<br />

l’onction des malades. La lettre sur le baptême s’ouvre avec une constatation douloureuse :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 202 – G.M. <strong>Conforti</strong>


… non seulement beaucoup de gens ont oublié le caractère et le devoir des chrétiens,<br />

mais aussi sont fréquents ceux que, esclaves des préjugés, ne se préoccupent pas de faire<br />

baptiser les bébés, tandis que chaque jour augmente le numéro de ce qui retardent, pour<br />

des motifs futiles à les faire régénérer à la vie de la grâce.<br />

<strong>Conforti</strong> pouvait constater une habitude récente et encore minoritaire de ne pas faire baptiser<br />

les enfants, même à cause de la pression de quelques groupes anticléricaux. Le problème est<br />

aussi « l’abus qui augmente chaque jour, même chez les parents catholiques, de retarder<br />

l’administration du baptême à leurs enfants » Et <strong>Conforti</strong> présente aussi une habitude propre de<br />

l’Emilie « de donner au baptisés des noms étranges, tirés de la mythologie, des pages des romans et<br />

des drames du théâtre ; et ce qui est pire encore, le nom des ennemis mortels de la religion<br />

chrétienne »<br />

Même la lettre sur l’onction des malades présente les habitudes à la mode :<br />

… nous devons trop souvent assister au spectacle pitoyable des morts qui ne reçoivent pas<br />

le réconfort de la religion, <strong>com</strong>me si après la mort ils croient qu’il n’y a plus rien, et moi,<br />

pendant la visite pastorale dans le diocèse, je suis resté étonné par les constatations de ce<br />

fait très déplorable, presque inconnu à nos pères. En vérité sont peu ceux qui arrivent à la<br />

fin de leur vie, refusent formellement les sacrements de l’église, en ce sens, spécialement en<br />

ville, beaucoup ne se préoccupent plus d’invoquer ce réconfort, ou pour indifférence ou<br />

par un respect humain, ou à cause de la faute des familiers et amis qui éloignent l’idée de<br />

l’enfer pour ne pas le rendre triste ou par conséquence d’un faux préjugé que l’extrême<br />

onction soit <strong>com</strong>me une sentence de mort.<br />

La lettre sur la confirmation n’a pas ces observations sur les « différents préjugés » et sur la<br />

mentalité courante, mais de toute façon souligne certaines attentions pastorales, dans une période, la<br />

lettre fut écrite en 1915, dans laquelle l’évêque se préparait <strong>com</strong>me chaque année, à célébrer la<br />

confirmation pour les paroisses de la ville et des environs.<br />

Il est évident, en ces réflexions de <strong>Conforti</strong>, l’importance de l’expérience de la visite<br />

pastorale qui mettait en lumière les distances, les mentalités, les abus qui étaient en train d’être<br />

diffusés par les anticléricaux. Dans ses lettres <strong>Conforti</strong> essayait d’instruire les fidèles des paroisses<br />

en enlevant avec patience les peurs au sujet de l’onction des malades, et les affirmations de la<br />

maçonnerie et du socialisme contre le baptême ; mais aussi en proposant la théologie traditionnelle<br />

sur les sacrements et en soulignant les bénéfices de la foi pour ce qu’aujourd’hui nous appelons<br />

promotion humaine. L’autre côté de l’apologétique des sacrements est que même des civilisations<br />

non chrétiennes cherchent l’essence de la grâce sacramentale et que des hommes importants de<br />

culture et de l’histoire ont demandé des gestes de l’église.<br />

Donc on peut dire que depuis 1908 jusqu’à toute l’année 1915 les deux polarités des lettres<br />

pastorales ont été l’insistance de la doctrine chrétienne et le lancement des sacrements. La première,<br />

<strong>com</strong>me on a déjà dit, était une détermination pastorale bien claire à <strong>Conforti</strong>, et que nous<br />

développerons dans une paragraphe spécial. Mais les deux lignes, je crois de pouvoir dire à la<br />

lumière des documents, provenaient du contact avec les fidèles et les, curés à travers les visites<br />

pastorales.<br />

Depuis 1916 s’ouvre une grande parenthèse, dans laquelle les thèmes de ses lettres<br />

pastorales semblaient plus bigarrés et sans un ordre précis des thèmes. Nous les présentons en<br />

vitesse : les mauvaises mœurs et la pornographie, le blasphème et le langage obscène, la<br />

consécration au Sacré-Cœur, la prière, les vocations sacerdotales, l’Action catholique, le retour à<br />

Dieu, le divorce et l’école libre, les missions. Il s’agit, <strong>com</strong>me facilement chacun peut constater du<br />

choix d’intervention presque toujours à partir de quelques circonstances occasionnelles : une<br />

campagne contre la pornographie promue par la presse, la lettre collective des évêques émiliens du<br />

1916, le mouvement pour la consécration au Sacré-Cœur du Christ promu en particulier par le père<br />

<strong>Manfredi</strong> - 203 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Agostino Gemelli et Armida Borelli, la réorganisation de l’Action catholique promue par une<br />

circulaire de la présidence de l’Union populaire, un projet de loi sur le divorce, les centenaires de la<br />

congrégation pontificale de la Prpaganda fide, de la canonisation de saint François Xavier et de la<br />

fondation en France de l’œuvre de la propagation de la foi (1622-1822). Nous pourrions dire que<br />

manquent du prétexte contingent seulement la lettre pastorale sur la prière, celle du « retourner à<br />

Dieu » et celle sur les vocations, qu’en réalité se placent profondément dans le climat de la guerre,<br />

et après et dans l’urgente situation de la diminution du clergé dans le diocèse de Parma et plus en<br />

général en Italie.<br />

L’orientation à partir des occasions pourtant ne prive pas le choix de <strong>Conforti</strong> de leur<br />

originalité. Il s’agit d’intervenir contre quelques vices et <strong>com</strong>portements qui portent atteinte à la<br />

moralité chrétienne, que selon l’évêque sont enfin à la racine de la violence dans laquelle on vit à<br />

cause de la guerre et de ses conséquences. Ou vouloir inviter au choix des motifs spirituels qui<br />

donnent un sens du courage dans les tristes vicissitudes qu’on traverse : la prière, la consécration au<br />

Sacré-Cœur, l’engagement à retourner à Dieu. Enfin, il faut organiser de nouveau et lancer quelques<br />

réalités fondamentales de la vie diocésaine : le clergé qui se trouve sur le territoire et l’Action<br />

catholique. Reste un peu dehors la pastorale des missions que d’ailleurs est un thème chair à<br />

<strong>Conforti</strong>, pour lequel il sait accueillir souvent les occasions pour l’annoncer. En ce dernier cas, était<br />

en cours tout le développement de l’UMC, <strong>com</strong>prise la diffusion des idées de l’encyclique<br />

Maximum illud de Benoît XV.<br />

Je crois qu’il soit utile, après ce regard général, recueillir quelques éléments intéressants de<br />

chaque lettre.<br />

Un thème fondamental selon lequel <strong>Conforti</strong> insiste est le retour à Dieu, dans les heures<br />

difficiles de la guerre <strong>com</strong>me dans l’horizon de l’après guerre, à travers la prière, la dévotion au<br />

Sacré-Cœur, la pénitence. Même l’exhortation à la prière est articulée selon un parcours<br />

apologétique semblable à celui qu’on avait vu au sujet des sacrements : la prière est naturelle à<br />

l’homme ; Jésus Christ est l’exemple parfait de la prière et nous permet que notre prière soit<br />

exaucée ; non seulement l’église et les saints, mais aussi des personnes fameuses dans le demain de<br />

la société, de la politique, de la littérature peuvent être citées <strong>com</strong>me fidèles à la prière ; les<br />

objections à la validité de la prière n’existent pas.<br />

Le recours à la prière et à la dévotion pendant la période de la guerre, en réalité doit<br />

conduire à deux choix consistants de vie spirituelle et du <strong>com</strong>portement moral :<br />

Reconnaître le Christ <strong>com</strong>me notre Souverain il est important rester intimement unis à lui<br />

avec le lien de la charité, que nous devons augmenter avec la fréquence aux saints<br />

sacrements, avec la prière, l’écoute de la Parole divine, avec la méditation des éternelles<br />

vérités, et avec tous les autres moyens surnaturels qui sont à notre disposition. Et surtout<br />

est important se revêtir de l’esprit du Christ, type et modèle de ceux qui sont prédestinés<br />

selon ce que l’apôtre Paul affirme, un jour nous serons tous jugés. N’est pas suffisant que<br />

l’image du Cœur adorable du Christ soit exposée sur le murs de nos maisons, mais<br />

davantage il faut qu’il soit dans nos familles et qu’il domine en tous les membres avec son<br />

esprit vivificateur, qui est esprit d’amour, de charité, d’activité, de sacrifice, de justice, de<br />

concorde et de paix.<br />

On voit par ici et par là, dans les lettres pastorales de <strong>Conforti</strong>, un climat diffusé entre les<br />

catholiques pendant le temps de guerre et à sa conclusion. La déflagration européenne était<br />

considérée dans plusieurs côtés <strong>com</strong>me une occasion pour une espèce de palingenèse du renouveau<br />

de la société, trempée par le sacrifice et purifiée par le sang de beaucoup de jeunes. En réalité cette<br />

espérance s’est révélée très tôt historiquement sans fondement. Il faut ajouté aussi que <strong>Conforti</strong><br />

s’est laissé prendre dans une mineure mesure devant les autres croyants de ce temps. Qu’on lise, par<br />

exemple, le <strong>com</strong>mencement de la première de deux pastorales dédiées à l’Action catholique :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 204 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Dans l’énorme conflagration de laquelle, par la grâce de Dieu nous sommes heureusement<br />

sortis, tous regardent avec anxiété au lendemain qui s’approche plein de plus graves et<br />

vitaux problèmes. Et tous, il n’y a pas de doute, pensent à la solution de mêmes problèmes<br />

selon les différents courants auxquels ils appartiennent et selon les principes qu’ils<br />

professent et déjà de tout côté se manifeste fébrile le travail de restauration du corps<br />

social. C’est une nouvelle page d’histoire que l’humanité est en train d’écrire : c’est le<br />

<strong>com</strong>mencement d’une nouvelle ère.<br />

Exactement à partir des besoins de foi révélés et exigés par la guerre, et par les désirs du<br />

renouveau social jailli de sa conclusion, <strong>Conforti</strong> invite à refuser les déviations de la morale<br />

chrétienne, que, selon lui et beaucoup d’autres évêques de l’époque, ont été à la base de<br />

l’explosion des conflits :<br />

… l’incontinence n’est pas nuisible à l’individu seulement, mais aussi à la <strong>com</strong>munauté, au<br />

milieu de laquelle a été toujours une source néfaste de nombreux désordres et ruines. A<br />

cause de cela beaucoup de guerres ont fait couler beaucoup de sang, et la chute de<br />

beaucoup de règnes et empires florissants qui semblaient destinés à l’immortalité des<br />

siècles. Et sans regarder aux siècles précédents, si nous voudrions enquêter la vraie cause<br />

de la chute de certaines nations modernes, dont la souche authentique semble désormais<br />

proche à s’éteindre, tandis qu’un un jour se distinguaient non seulement par la valeur,<br />

richesse et gloire des entreprises, mais aussi pour le nombre toujours croissant de leurs<br />

enfants, et par l’exubérance de la vigueur physique, nous la trouverons dans le<br />

raffinement de la corruption acceptée <strong>com</strong>me système, contre les saintes lois de la nature,<br />

que jamais on offense impunément.<br />

La pastorale du carême de 1920 devient, ainsi, une espèce de document synthétique de<br />

l’engagement de <strong>Conforti</strong> en cette phase. Après un an de l’armistice, la tension reste :<br />

Tout ceci fait souffrir profondément, mais ne doit pas étonner. On a prétendu réparer aux<br />

maux d’aujourd’hui, en laissant à côté Dieu, et maintenant on voit clair un inutile désir de<br />

restituer la paix aux individus et à la société, qui n’est pas conforme à l’esprit de foi de la<br />

divinité. L’athéisme, que dans le temps était un triste privilège de quelques insensés,<br />

envahit aujourd’hui une grande partie de la société en empoisonnant l’existence. « L’idée<br />

de Dieu, écrit Marx, et avec lui ses partisans, est la clé de voûte d’une civilisation pervertie<br />

et il faut la détruire » Dieu a été chassé de l’école, des tribunaux, du gouvernement, des<br />

lois et on continue à travailler pour le chasser même de la famille ; et voilà que la société<br />

en en train maintenant, de recueillir le fruits amères de son apostasie. Une fois qu’on a<br />

enlevé Dieu, source de tout droit, fondement de tout devoir, pierre de <strong>com</strong>paraison de<br />

toutes les lois morales, l’édifice social menace nécessairement la ruine de tous les côtés.<br />

En face d’une diagnostique d’une lourde pathologie sociale, causée par l’athéisme et<br />

l’abandon diffusé de la référence du transcendent, la société entière, en touchant le fond de son<br />

abjection, ne pourra si non retourner au Christ. Les croyants en cette phase doivent retourner les<br />

premiers à la foi et à la prière en attendant que toute la société, <strong>com</strong>me l’enfant prodigue de la<br />

parabole « puisse retourner encore à la maison du Père céleste ». Seulement dans la reconnaissance<br />

sociale de Dieu et du Christ, la civilisation peut ressusciter et se développer.<br />

Quelques <strong>com</strong>munications sont des occasions pour proposer la diffusion de quelques<br />

mouvements et la fondation des groupes : depuis 1916 lutter contre le blasphème, les prêtres<br />

doivent insérer une prière pénitentielle dans le rite de l’adoration eucharistique du dimanche,<br />

célébrer la fête du Nom de Jésus et le Nom de Marie, et fonder la Pieuses union contre le<br />

blasphème, tandis que les prêcheurs des missions au peuple doivent prévoir au moins une catéchèse<br />

contre la blasphème. L’année après, en suivant les indications du Benoît XV, et en élaborant dans sa<br />

lettre une synthèse de la théologie du Cœur du Christ articulée sur les motifs de l’amour du Christ<br />

pour nous et du Règne du Cœur du Christ sur l’humanité, demande que dans la cathédrale et « en<br />

toutes les églises paroissiales » on célèbre avec « un acte publique et solennel » la consécration du<br />

<strong>Manfredi</strong> - 205 – G.M. <strong>Conforti</strong>


diocèse et des familles au Cœur du Christ. Avec la réorganisation de l’Action catholique après la<br />

guerre, en plus que soigner les clubs de la jeunesse, dont on parlera après, <strong>Conforti</strong> exhorte à fonder<br />

l’Union des femmes catholiques et de la bonne presse.<br />

En cette seconde phase du magistère pastoral de l’évêque <strong>Conforti</strong>, émerge<br />

substantiellement la lecture classique du monde signé par le mal et appelé, pour se sauver, à<br />

récupérer la religion catholique <strong>com</strong>me fondement même publique de la société. Je crois soit utile<br />

souligner que quelques mouvements en cette période confirmaient ces lignes : pendant la guerre des<br />

populations et des militaires avaient souvent retrouvé des références à la prière et à la dévotion.<br />

D’ailleurs après la guerre on avait vu le déchaînement d’extrémistes opposés, que souvent faisaient<br />

de l’athéisme une couleur importante de leur drapeau, et qu’ils menaçaient le subversivement<br />

violent de la société.<br />

C’est encore une circonstance contingente à ouvrir ce qu’on avait ici hypothisé <strong>com</strong>me la<br />

troisième période de lettres pastorales de <strong>Conforti</strong> : il s’agit du congrès eucharistique régional, le<br />

deuxième dans l’ordre, qu’on devait célébrer à Parma. La lettre du carême 1923, publiée le 5<br />

février, reprend aussi à traiter les sacrements. En effet à ces thèmes sont dédiés, pendant huit ans, au<br />

moins quatre lettres : celle qu’on a vue en 1923, celle de l’année successive sur le sacerdoce, celle<br />

du 1926 sur la sanctification du dimanche, et la lettre sur le mariage du 1927. Cependant <strong>Conforti</strong><br />

n’a jamais terminé de choisir d’autres thèmes selon les différentes circonstances que de temps en<br />

temps se présentaient. La conclusion de la troisième visite procurait une lettre pastorale <strong>com</strong>me une<br />

reprise du discours de la clôture, prononcé dans la cathédrale, résumé par le slogan biblique : state<br />

in fede. Le septième anniversaire du « couronnement » de Pie XI et la nouvelle de la conciliation<br />

sont une occasion de la lettre sur le thème : « le pape » de l’11 février 1029. Enfin la dernière lettre<br />

pastorale du carême fut écrite à l’occasion de l’anniversaire du Concile d’Ephèse.<br />

On voit en ces années, un nombre mineur, ma significatif pour les retours des thèmes et du<br />

ton, une autre ligne d’exhortation, de type moral. Plaçons en cette sphère la lettre sur la plaie du<br />

suicide, depuis un certain temps périodique en ville et dans le territoire de Parma ; la lettre du<br />

carême du 18 janvier 1925, sur quelques « faux jugements de la vie pratique de notre temps » à<br />

savoir sur les thèmes de la danse, du théâtre et du « cinéma » ; enfin la lettre sur la mortification, un<br />

thème propre pour le carême en 1928.<br />

Regardons maintenant les sphères sur les thèmes indiqués, en partant des pastorales sur les<br />

sacrements. La lettre sur l’eucharistie su 1923, qu’en quelque façon inaugure cette période, répond à<br />

la question rhétorique : « Qu’est-ce que l’eucharistie » Est le véritable et réel corps du Christ, est<br />

le mystère par excellence de la foi et de l’amour, est une extension admirable de l’Incarnation, selon<br />

la doctrine des Pères de l’église, est le sacrifice de la nouvelle alliance. Ici l’aspect apologétique est<br />

beaucoup dans le second plan, tandis que l’évêque cherche de donner une catéchèse simple et<br />

<strong>com</strong>plète sur le sacrement. A cette lettre se joint explicitement celle de l’année successive : « Je<br />

vous ai parlé plusieurs fois sur le mystère ineffable de l’eucharistie et cette année à l’occasion du<br />

saint carême, je vous parlerai sur le sacerdoce catholique, dont il est le ministre ». Dans la première<br />

partie <strong>Conforti</strong> présente avec certitude des références et clarté d’exposition la théologie<br />

traditionnelle sur le sacerdoce. Est ouverte aussi une deuxième session dédiée à la défense du<br />

ministère sacerdotal des accusations périodiques dans l’opinion publique anticléricale : « On le<br />

proclame contraire à la science et au progrès, ennemi de la patrie, et on essaye même de le traîner<br />

dans la boue en l’accusant d’immoralité systématique et dégoûtante » Pour le carême du 1926<br />

l’évêque de Parma se dédiait à relancer le précepte sur la sanctification du dimanche, considéré<br />

<strong>com</strong>me un devoir religieux et moral mais surtout et plus entièrement <strong>com</strong>me un besoin pour les<br />

individus, pour la, famille, pour la société ; en effet grâce à la célébration sociale du dimanche :<br />

Le riche et le pauvre, le noble et le plébéien, le magistrat et l’ouvrier, l’homme de science<br />

et celui de la glèbe se trouvent ensemble confondus. Liberté, égalité, fraternité, ne sont<br />

plus pour le peuple des paroles vides, mais une réalité consolatrice, car tous plus<br />

intimement se considèrent fils du même Père céleste et en participant au même héritage.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 206 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Enfin au sujet du thème sur les sacrements, <strong>Conforti</strong> dédiait la lettre pastorale du carême 1927<br />

au mariage, en reprenant entièrement une homélie catéchétique prononcée depuis deux ans, <strong>com</strong>me<br />

on verra après. C’est intéressant voir non seulement la défense du mariage <strong>com</strong>me sacrement contre<br />

les idées sur le divorce, mais aussi la proposition d’une opinion offerte aux jeunes et aux familles<br />

pour le choix du partenaire d’épouser et les indications pour se préparer au mariage même.<br />

Les lettres pastorales sur le thème, des sacrements sont suspendues, on peut dire, d’une<br />

brève et sévère <strong>com</strong>munication en août 1924 sur le suicide et de la pastorale du carême du 1925 sur<br />

la danse, le théâtre et le cinéma. La lettre sur le suicide se réfère à la lettre circulaire du juin<br />

précédent sur l’interdiction de donner aux suicides, sauf quelques exceptions, les honneurs funèbres<br />

ecclésiastiques, mais il part d’une constatation :<br />

Chaque jour la chronique des journaux nous raconte avec une richesse de particuliers la<br />

misérable fin de beaucoup qu’avec le poison, le pistolet, la pendaison et d’autres façons<br />

pas moins tragiques, mettent fin à leur vie pour se soustraire aux douleurs de la vie<br />

présente, devenue pour eux insupportable.<br />

La cause de la prolifération des suicides se trouve dans l’éducation antireligieuse et dans la<br />

mentalité diffusée par les moyens de <strong>com</strong>munication, qui font du suicide presque un acte de<br />

courage. <strong>Conforti</strong> cherche de refuser ces positions, en montrant <strong>com</strong>me le suicide est une offense au<br />

Créateur et à la civilisation humaine.<br />

La lettre du 18 janvier 1925, dans le contexte du jubilé proclamé par Pie XI, lance ses<br />

flèches contre quelques ennemis traditionnels de la mortification chrétienne, la danse et le théâtre. Il<br />

s’agit d’objectifs typiques des lettres épiscopales, on pourrait dire dans les siècles, mais au moins au<br />

sujet de la danse il faut dire que <strong>Conforti</strong>, qui condamne la danse « <strong>com</strong>me par habitude est faite<br />

dans nos jours » <strong>com</strong>me un danger pour la chasteté, <strong>com</strong>me gaspillage d’argent et <strong>com</strong>me nuisible à<br />

la santé, il n’actualise pas les sévères et symboliques mesures de son prédécesseur Magani. Au<br />

contraire, nous présentons le paragraphe qui ouvre la porte au cinéma :<br />

Qu’est-ce qu’on doit penser Il est certainement parmi les plus belles et géniales<br />

découvertes de ces derniers temps et si on l’emploie avec rectitude, devient un moyen<br />

efficace pour instruire et éduquer en s’amusant, mais au sujet, davantage, peu d’autres<br />

découvertes pourraient être <strong>com</strong>parées. Mais, malheureusement, <strong>com</strong>me on a des abus<br />

horriblement de la presse, qui devraient servir seulement pour propager la vérité,<br />

<strong>com</strong>battre l’erreur et le vice, aussi on abuse du cinéma d’une façon pire encore, il produit<br />

des effets avec plus de facilité, rapidité et force de suggestion.<br />

Nous donnons enfin une brève <strong>com</strong>pte rendu de la pastorale du 1923 que, <strong>com</strong>me on disait,<br />

voulait être une reprise de l’homélie du 8 décembre 1922 à la conclusion de la visite pastorale. Le<br />

ton est d’espérance et d’encouragement :<br />

Il semble que la société, désormais fatiguée pour beaucoup de déceptions amères, se<br />

ranime et se secoue au cri de la foi, qui trouve partout un écho. C’est le cri de l’humanité<br />

qui reprend conscience, le cri des dirigeants des peuples, qui <strong>com</strong>mencent à se persuader<br />

que si le Seigneur ne sera pas le gardien de la cité, en vain veillent ceux qui la gardent ; le<br />

cri de beaucoup d’intelligences de l’élite, qui après avoir erré dans les erreurs, en<br />

cherchant en vain l’équilibre de l’esprit et de la paix du cœur, dans l’évangile du Christ<br />

ont trouvé finalement avec une chance et l’un et l’autre. Même parmi nous il y a l’écho<br />

<strong>com</strong>me nous pouvons le voir dans une majeure fréquence à l’église et aux sacrements,<br />

dans une plus grande participation aux publiques et solennelles manifestations de la foi<br />

religieuse et dans une croissance déférente envers le clergé.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 207 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>Conforti</strong> veut s’adresser en particulier, avec sa pastorale, « à ceux qui ont la chance de croire<br />

dont la foi est faible et peut-être obscurcie par les miasmes des passions et des préjugés », en<br />

montrant la consistance de la foi et la nécessité de vivre en conformité de la foi. Ici l’évêque<br />

présente un catalogue des choix et d’habitudes contraires à la profession de la foi : travailler<br />

pendant le jours de fêtes, laisser l’obligation du jeûne, laisser la messe le dimanche « pour une<br />

promenade de plaisir » tolérer des discours anticléricaux ou obscènes, participer à des conférences<br />

contre la religion ou au à des séances de spiritisme, aux danses pendant le carême ; participer aux<br />

sectes et organisations sécrètes, lire des journaux contre les chrétiens, permettre aux enfants des<br />

<strong>com</strong>portements immoraux et suivre la mode. Je crois qu’on peut présenter une liste que <strong>Conforti</strong><br />

témoignait grâce à son expérience pendant les confessions dans les visites pastorales. Est vraiment<br />

avec une invitation aux parents à vouloir assumer avec responsabilité l’engagement de l’éducation<br />

des enfants que la lettre est clôturée.<br />

On peut dire que cette troisième phase de la production des lettres pastorales non seulement<br />

reprenne quelques idées de type théologique et catéchétique, mais continue la ligne d’exhortation<br />

morale déjà bien présente pendant la période de la guerre. Avec un ton parfois préoccupé devant à<br />

des <strong>com</strong>portements déviés <strong>com</strong>me le suicide, la contraception, les spectacles obscènes, mais dans<br />

d’autres pages est confiant dans une reprise de la vie chrétienne après les bouleversements de<br />

l’anticléricalisme, de la guerre mondiale et des violences après la guerre.<br />

Cependant, la vision des pastorales au clergé et au peuple doit être <strong>com</strong>plétée, pour une pleine<br />

<strong>com</strong>préhension, avec l’analyse d’une autre source de documentation typiquement de <strong>Conforti</strong>, qui<br />

est celle des homélies de type catéchétique, prononcées dans la cathédrale pendant les grandes fêtes<br />

pour les années centrales du ministère épiscopale de <strong>Conforti</strong>.<br />

LES HOMELIES CATECHETIQUES<br />

Dans l’introduction aux XVII volume de son recueil des écrits et des documents de <strong>Conforti</strong>,<br />

Franco Teodori offre en brève le placement de 43 homélies de <strong>Conforti</strong>. A partir de la fête du patron<br />

de Parma, sent Hilaire de Poitiers (14 janvier) en 1917, il a décidé de cueillir les occasions des<br />

solennités pendant lesquelles était une habitude que l’évêque prononce une homélie en cathédrale,<br />

pour dédier ces performances oratoires à un parcours continué des catéchèses selon la scansion<br />

traditionnelle : Pater noster, credo, sacrements.<br />

Ce choix a permis dans la période entre janvier 1917 et janvier 1925 qu’on puisse voir une<br />

espèce de lectio continua catéchétique prêchée par l’évêque.<br />

Ainsi <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>muniquait sa décision, en janvier 1917 :<br />

Dans un grand désir que je prouve pour votre bien, j’ai décidé de prêcher non une,<br />

mais une série d’homélies sur la prière excellente jaillie du Cœur du Christ, et j’aurais<br />

de la chance si ma parole réussira à vous faire concevoir un grand concept de ce moyen<br />

souverain du sanctification.<br />

Pendant la fête de la Pentecôte, le 18 mai 1918, <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>mençait les catéchèses sur le<br />

« Credo », qui sont devenues évidemment le matériel plus important de ce parcours systématique.<br />

« Depuis ce jour solennel, de cette chaire de vérité, je voudrais développer chaque chapitre, presque<br />

chaque parole cette formule immuable de la foi »<br />

Donc, c’est évident un projet d’exposition des homélies, fut clair depuis le <strong>com</strong>mencement dans<br />

son ordre et puis poursuivi avec confiance pendant huit ans, la période centrale de l’épiscopat de<br />

<strong>Conforti</strong> à Parma.<br />

Qu’est-ce qu’avait déterminé l’évêque à donner cette empreinte à ses homélies « de cartella » (<br />

page dactylographie). On ne possède pas des lettres ou d’autres écrits de <strong>Conforti</strong> qui documentent<br />

son projet et les motifs qui l’ont soutenu. On peut donc faire seulement des hypothèses, à partir de<br />

toute l’action pastorale de <strong>Conforti</strong>. On peut certainement dire que trois ans après le <strong>com</strong>mencement<br />

<strong>Manfredi</strong> - 208 – G.M. <strong>Conforti</strong>


solennel de son engagement catéchétique, avec le congrès catéchétique et la semaine catéchétique<br />

du 1913, l‘évêque aurait pensé à donner une espèce de « bon exemple » aux curés dans leur<br />

ministère de la catéchèse aux adultes. Pendant le congrès catéchétique diocésain du juin 1913, une<br />

relation était dédiée au catéchisme paroissial aux adultes, avec l’abbé Paolo Calzolari <strong>com</strong>me<br />

rapporteur. L’ordre du jour voté par le congrès affirmait :<br />

… on rappelle la lettre pastorale de l’ordinaire diocésain, le 11-12-1911 qui détermine<br />

le programme et les modalités de cet enseignement, mais aussi son exhortation du petit<br />

discours doctrinal pendant les messes de fêtes. Considéré que pendant quelques fêtes<br />

est nécessaire laisser le catéchisme pour des circonstances spéciales, on détermine pour<br />

développer le programme, de l’expliquer pendant la deuxième messe du dimanche, là<br />

où on la célèbre, ou bien pendant des circonstances du mois de mai, pendant le Rosaire<br />

et les neuvaines et d’autres prières…<br />

On pourrait dire que <strong>Conforti</strong>, dans les circonstances de sa présence <strong>com</strong>me prêcheur dans la<br />

cathédrale, bien plus limitées dans le nombre, à l’égard de « la doctrine » du dimanche de chaque<br />

curé, voudrait montrer ce que chaque prêtre au service des fidèles, devrait faire avec les fidèles,<br />

selon les proportions nécessaires.<br />

Il faut aussi souligner un changement dans le programme catéchétique des homélies de<br />

<strong>Conforti</strong> à l’égard de la traditions du Concile de Trento et à l’ordre de la lettre du 1911 et<br />

sanctionné par le congrès catéchétique du 1913, et aussi par le synode du 1914. La scansion<br />

habituelle, qui avait structuré presque toutes les catéchèses du XVI siècle puisque à nos jours, est la<br />

suivante : le Credo, les sacrements, les <strong>com</strong>mandements et le Notre Père. C’est-à-dire : la foi, la<br />

liturgie, les sacrements, la morale, la prière et la vie spirituelle. Tandis que <strong>Conforti</strong> a <strong>com</strong>mencé<br />

par le Notre Père, suivi par le <strong>com</strong>mentaire au Credo et puis aux sacrements. Les <strong>com</strong>mandements,<br />

c’est-à-dire la morale, il ne les a jamais présentés. Sans doute ce choix a été voulu et conscient, si<br />

non tout depuis le <strong>com</strong>mencement, au moins dans la décision du 1917 de <strong>com</strong>mencer par la prière,<br />

qui ne correspondait pas au cycle annuel diocésain, <strong>com</strong>mencé en 1912 avec le Credo et donc en<br />

1917 devait présenter les sacrements. Les motifs de cette option ne sont pas éclaircis par la<br />

documentation.<br />

Cependant je retiens que la connexion entre les homélies catéchétiques et les lettres<br />

pastorales permet de <strong>com</strong>prendre plus en profondeur la signification et le but de deux lignes<br />

documentaires. Soit les homélies et les pastorales sont d’abord des <strong>com</strong>munications publiques<br />

orales. Si les pastorales ont un rythme moins intense et souvent deviennent des occasions pour<br />

<strong>com</strong>muniquer les positions de l’évêque devant une circonstance particulière, d’un problème urgent,<br />

d’une fête, les homélies, même si celles-ci sont distribuées pas plus qu’en neuf occasions pendant<br />

l’année, ont un parcours plus contenu et moins lié à des circonstances, même si ne manquent pas<br />

des références aux réalités sociales et aux événements quotidiens. Par exemple <strong>Conforti</strong> indique<br />

fréquemment les tensions sociales de l’après guerre. Le 14 janvier 1920, dans l’homélie sur l’église,<br />

<strong>Conforti</strong> affirmait :<br />

Le moment actuel est un des plus difficiles de l’histoire : un frémissement secret<br />

énorme secoue le monde depuis la profondeur de ses entrailles. On entend des bruits<br />

sourds <strong>com</strong>me des grondements des volcans en éruption. Peut-être ils annoncent des<br />

jours de ruine et des catastrophes sociales, des jours plus tristes encore de ceux que<br />

nous avons vécus. Peut-être qu’on doit recueillir bientôt les derniers fruits fatals de<br />

l’apostasie sociale devant Dieu qu’on a voulu éloigner au nom de la science et du<br />

progrès.<br />

D’autres circonstances de type ecclésial rentrent dans le texte des homélies, par exemple la<br />

consécration au Cœur de Jésus, que l’évêque avait proposée en février 1917. Le 8 avril, à paque,<br />

<strong>Conforti</strong> clôturait aussi son homélie sur les paroles du Notre Père « soit sanctifié ton nom » :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 209 – G.M. <strong>Conforti</strong>


… je vous invite de nouveau à vous consacrer au Cœur adorable de Jésus, en cette heure<br />

remplie des anxiétés pénibles. Je suis fier de ce bien-aimé diocèse en ce jour qui porte<br />

beaucoup de lumière et joie à chaque âme croyante, répondra à l’unanimité, à l’invitation<br />

de son évêque et que depuis les rivages fécondes du fleuve Po, aux plus hauts sommets des<br />

Apennins de Parma, s’élèvera au Cœur adorable de Jésus par milliers de familles, une<br />

solennelle profession de foi et d’amour. Une profession qui devient une reconnaissance à la<br />

souveraineté divine du Christ sur l’individu, sur la famille et sur la société.<br />

Je vous attends aujourd’hui pour ac<strong>com</strong>plir cet acte solennel au pied de ce saint autel, où<br />

même nos pères pendant les moments de souffrance ont ouvert leurs cœurs vers Dieu.<br />

En général, la caractéristique des homélies catéchétiques était justement la fidélité à la<br />

séquence et au programme formatif. Cela <strong>com</strong>portait quelques « sutures » entre le thème<br />

catéchétique et la solennité qu’on célèbre : « Je voudrais aujourd’hui vous parler avec affection<br />

filiale de cette merveilleuse créature qui est Marie, mais fidèle au programme que j’avais établi de<br />

développer pendant mes homélies, tandis que je vous parlerai de la création de cet « univers »,<br />

disait <strong>Conforti</strong> le 8 décembre 1918. Parfois les approches sont moins brusques, au contraire les<br />

connexions peuvent être presque générales <strong>com</strong>me celle entre l’épiphanie et le sacrement de la<br />

confirmation :<br />

Même nous, frères, nous étions appelés par Dieu à l’admirable lumière de la foi du Christ<br />

et cela s’est opéré le jour de notre baptême. Mais n’est pas suffisent, frères, avoir ouvert<br />

les yeux à la lumière de la vérité, aux splendeurs de l’évangile, est nécessaire en plus,<br />

<strong>com</strong>me nous avons vu : confirmer notre vie aux enseignements de notre foi. Et c’est ici,<br />

qu’on trouve de mille obstacles, <strong>com</strong>me pour les Mages, pour traverser le chemin.<br />

Sont deux les registres fondamentaux sur lesquels s’articulent les catéchèses de <strong>Conforti</strong> :<br />

une claire exposition des aspects fondamentaux du dogme et un engagement apologétique.<br />

Généralement même des thèmes plus spécifiquement dogmatiques ne manquent jamais des<br />

allusions aux erreurs diffusées et aux hérésies. Par exemple dans la catéchèse du 14 janvier 1920 sur<br />

« Credo in sanctam ecclesiam catholicam », il y a une allusion à la conception de l’église invisible<br />

de la part des protestants. Cette homélie est un exemplaire de la divulgation des thèmes<br />

fondamentaux de la dogmatique de l’époque : l’église <strong>com</strong>me continuation de l’œuvre rédemptrice<br />

du Christ qui devait « continuer à rester au milieu des hommes d’une façon sensible, palpable,<br />

évidente » ; l’église fondée par Jésus Christ, qui confère l’autorité d’enseigner, le pouvoir de<br />

pardonner les péchés, et assure l’indéfectibilité : « de tout ceci vous pouvez bien <strong>com</strong>prendre que<br />

Jésus Christ en fondant son église a voulu instituer une vraie société parfaite, revêtue d’un triple<br />

pouvoir doctrinal, sacramental, législatif et judiciaire » L’église avait été préfigurée dans l’Ancien<br />

Testament. A travers elle « Jésus Christ a satisfait à toutes les justes exigences de notre nature, à<br />

tous les besoins de l’individu et de la société », et en elle l’unité et le gouvernement sont les apôtres<br />

et leurs successeurs guidés par leur chef. Mais l’église est, de telle façon, un corps, avec une âme<br />

qui est la grâce sanctifiante. Hors de l’église il n’y a pas du salut : cette vérité est affirmée par les<br />

Pères de l’église et par le magistère, même si une telle exclusivité est lue par <strong>Conforti</strong> à la lumière<br />

de la théologie de Thomas d’Aquino :<br />

Lorsque nous disons que hors de l’église il n’y a pas de salut, nous voulons parler<br />

seulement de ceux qu’après avoir connu la vérité, le devoir d’appartenir à l’église,<br />

refusent volontairement d’entrer dans ses bras. Dans l’église, <strong>com</strong>me on avait dit, on doit<br />

distengué l’âme et le corps. Appartenir à l’âme de l’église veut dire posséder la grâce<br />

sanctifiante : appartenir au corps de l’église veut dire professer sa foi, participer à ses<br />

sacrements, être soumis à sa hiérarchie, toutes choses visibles et donc qui constituent le<br />

corps de l’église. Beaucoup même involontairement en bonne foi peuvent être dehors du<br />

<strong>Manfredi</strong> - 210 – G.M. <strong>Conforti</strong>


corps de l’église <strong>com</strong>me les hérétiques, nés dans l’hérésie et les schismatiques. Tous ceux-ci<br />

peuvent appartenir à l’âme de l’église et être sauvés.<br />

Comme on voit facilement, dans la conception d’après le Concile de Trento de l’église<br />

<strong>com</strong>me « société parfaite » on voit déjà l’image traditionnelle de l’église <strong>com</strong>me corps, encore dans<br />

un second plan est présentée avec les termes de la dualité corps - âme. Et toujours, lorsqu’il est<br />

possible, l’orateur souligne <strong>com</strong>ment le dogme de foi vient à la rencontre de la structure de la nature<br />

humaine, aux besoins des personnes et de la civilisation.<br />

Dans la ligne traditionnelle, selon laquelle dans la catéchèse on devait dire tout et seulement<br />

ce qui était sur et non discuté par la foi, sans entrer dans les débats des écoles théologiques, presque<br />

chaque homélie est enrichie par les références et de brèves citations surtout de saint Augustin et de<br />

Thomas d’Aquino. De ces deux auteurs il y a presque toujours une référence. <strong>Conforti</strong> jouait dans<br />

ces écrits avec le contact direct des textes de Saint Thomas donnés à lui-même et à ses camarades<br />

du séminaire de Parma. La catéchèse de <strong>Conforti</strong>, on peut dire, est soutenue par une solide théologie<br />

thomiste, assimilée entièrement. Il serait intéressant <strong>com</strong>prendre de quelles sources venaient les<br />

textes d’Augustin : quelque lecture directe, le même Thomas d’Aquino, ou bien les textes de<br />

dogmatique avec les références d’autorité dont Augustin fut toujours le plus cité.<br />

Mais <strong>com</strong>me on disait, la catéchèse était aussi un entrelacement inextricable, apologétique.<br />

Le but était celui de refuser les accusations des anticléricaux, les fausses images présentées par des<br />

auteurs contraires au catholicisme, les argumentations populaires souvent proposées par les<br />

socialistes. Même ici ne manquait pas dans les homélies de brèves références de circonstance aux<br />

adversaires. Le plus cité, est, je crois, Ernest Renan. L’écrivain français, dont les œuvres ont été<br />

diffusées parmi la bourgeoisie gnostique à la fin du XIX siècle, il semble le premier ennemi à<br />

abattre : était encore vrai vers les années 1920-1930 du XX siècle, où <strong>Conforti</strong> emploie des sources<br />

et il conduit une bataille de arrière-garde. Il est possible de la grande divulgation des écrits de<br />

Renan aurait constitué encore la base des objections <strong>com</strong>munes que les gens d’une culture moyenne<br />

faisaient à la théologie catholique. Un auteur cité pendant le discours sur la résurrection le 8<br />

décembre 1919 est David Friedrich Strauss. Vraiment le discours sur la résurrection est un modèle<br />

de l’engagement de <strong>Conforti</strong> à refuser les objections positivistes et modernistes, parfois vulgarisées<br />

d’une mauvaise manière, qu’elles cherchaient de discréditer le récit évangélique de la théologie<br />

catholique.<br />

Relativement pas nombreuses sont les références des auteurs expressément de gauche,<br />

même car une originale production antireligieuse de type populaire viendra avec Lénine et avec<br />

d’autres auteurs de la Russie bolchevique, en ce moment pas encore traduits et diffusés en Italie :<br />

une référence de Proudhon, d’ailleurs employée dans un sens positif, et une de Karl Marx répétée<br />

pendant deux discours différents, et elle aussi positive (« Si Dieu existe, le Christ est Dieu ») En<br />

effet, pour que le <strong>com</strong>munisme bolchevique, les objectifs de <strong>Conforti</strong> sont le positivisme et la<br />

laïcisation des structures politico sociales. Un exemple d’une intervention antipositiviste nous la<br />

voyons dans le discours sur la passion du 15 août 1919, quand <strong>Conforti</strong> présente les prophéties de<br />

l’Ancien Testament qui avaient annoncé les souffrances du messie :<br />

Comment concilier cet accord parfait entre les prophéties et la tragédie du Golgotha et<br />

les vicissitudes douloureuses qui l’ont précédée et préparée Nous adressons la question<br />

au positivisme et lui, <strong>com</strong>me réponse ose parler du cas des éventuelles coïncidences, de<br />

subtiles industries pour unir les prophéties avec les faits et ainsi présume de donner une<br />

explication plausible qui enlève toute la valeur démonstrative à notre argument. Mais nous<br />

répondons avec les paroles d’un autre fameux évêque apologète, qu’il est aussi possible au<br />

sujet de parler du cas et coïncidence, de <strong>com</strong>binaisons <strong>com</strong>me est possible former de suite<br />

l’Eneide de Virgilio ou la Divina Commedia di Dante en enlevant une par une les lettres de<br />

l’alphabète dans une urne.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 211 – G.M. <strong>Conforti</strong>


La claire allusion aux mouvements de gauche on l’a, au cintraire, dans une page polémique<br />

contre la laïcisation de l’Etat et de la société, accusée d’avoir enlevé la force aux lois et à<br />

l’assemblage social :<br />

Ils assurent de faire jaillir dans l’horizon de cette vie un soleil fécond pour un avenir<br />

joyeux et au même temps ils agissent pour que cette vie s’obscurcisse par des<br />

menaçants nuages, brisées seulement par des éclairs horribles de haine et par de fatales<br />

flammes d’une vengeance féroce. Ils ne savent pas <strong>com</strong>ment résoudre dignement le<br />

problème du bonheur matériel qui agit beaucoup aujourd’hui les classes plus pauvres<br />

et essayent de leur voler même le baume de l’espérance chrétienne dans une prochaine<br />

résurrection et béatitude céleste.<br />

N’est pas certainement un cas, ni que l’allusions au « soleil de l’avenir » soit dans le<br />

discours sur la résurrection de la chair, ni qu’il aurait été prononcé dans la cathédrale de Parma le<br />

premier janvier 1921, lorsque la menace révolutionnaire de la gauche semblait encore in<strong>com</strong>bant,<br />

même si, <strong>com</strong>me on disait, <strong>Conforti</strong> n’avait pas affronté les thèmes moraux de la partie du<br />

catéchisme sur les « <strong>com</strong>mandements », cependant ne manquent pas des références aux problèmes<br />

urgents de conscience, qu’encore une fois nous amènent aux lettres pastorales de mêmes années.<br />

Souvent, dans des temps différents, l’évêque prend une position contre le suicide. En quelques<br />

occasions il attaque ce que dans la lettre pastorale du carême 1916 est appelé<br />

généralement : « sensualisme » :<br />

Trêve le luxe puisque il énerve les caractères, il risque l’honneur, il abrutit la conscience.<br />

Les hommes qui cherchent le luxe vendront avec l’argent ce qu’il y a de plus sacré dans le<br />

monde, les propres principes, leur dignité, l’honneur, il ne retournent pas en arrière<br />

devant le mal et le suicide. Trêve le luxe qui dépeuple les Etats, et en attirant l’attention<br />

des doctrines homicides malthusiennes enlève à une nation sa première force vive, c’est-àdire<br />

le nombre des ses habitants.<br />

Ainsi en faisant des <strong>com</strong>mentaires sur « panem nostrum quotidianum da nobis hodie » en<br />

décembre 1917, quelques semaines avant la défaite de Caporetto. Et après des années, le 6 janvier<br />

1925, en traitant le sacrement du mariage, avec une remarquable discrétion de langage, <strong>Conforti</strong><br />

développe la question :<br />

A été éliminé le majorat, ce privilège absolu des aînés. Mais la corruption moderne,<br />

l’ambition, la cupidité prétendraient constituer le majorat des enfants uniques. « Qui<br />

potest capere, capiat » Qui peut <strong>com</strong>prendre, qu’il <strong>com</strong>prennent » Dans le temps le mal<br />

semblait limité à une nation voisine que depuis longtemps ne déplore les tristes<br />

conséquences dans la diminution de la population, mais maintenant sur le même sentier il<br />

semble qui même notre chère patrie est destinée à suivre.<br />

Une fois cet attentat criminel on le voyait très peu hors de la ville et parmi les classes<br />

inférieures. Les statistiques nous indiquent que dans les villages la moyenne de naissance<br />

était le 40 sur 1000, en s’arrêtant à 12 en ville : mais aujourd’hui, même dans les<br />

campagnes le nombre semble diminuer. Comment peut-on expliquer l’énorme distance<br />

entre les deux premiers chiffres et le signe à s’approcher entre elle en descendant Dans<br />

l’immoralité on doit chercher la solution de ce mystérieux problème, dans un délit<br />

détestable crée par la malice humaine : délit qui crie vengeance devant Dieu, délit qui est<br />

<strong>com</strong>me un homicide pressé. Je voudrais que tous les conjoints puissent être bien persuadés<br />

qu’une paternité contrôlée est une honte à la nature, une honte à Dieu, que souvent ne il<br />

laisse pas sans punition même en ce monde.<br />

Dans la même lettre est unie la crise du mariage et l’augmentation de la délinquance<br />

juvénile. Un autre objectif moral présenté dans les homélies est le duel, une habitude contre laquelle<br />

depuis des années le Saint Siège et plusieurs évêques italiens <strong>com</strong>battent.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 212 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Les homélies de <strong>Conforti</strong> ne se limitent certainement pas à déplorer les problèmes moraux<br />

de ce temps. Ne maquent pas des indications précises de la vie spirituelle, par exemple l’invitation à<br />

la <strong>com</strong>munion fréquente, pendant l’homélie du 15 août 1924, approfondissement du thème du<br />

sacrement de l’eucharistie. Toujours sur le thème eucharistique, vaut la peine présenter le regard<br />

oratoire de <strong>Conforti</strong> aux jeunes :<br />

Et ne voyons-nous pas la génération s’approcher à l’eucharistie <strong>com</strong>me une fleur devant le<br />

soleil naissant avide de chaleur et de lumière Je le sais, malheureusement : pas tous nos<br />

jeunes ont soif du Christ ; pas tous retournent au Christ. Ne sont pas peu ceux que<br />

malheureusement ont les ailes colées et blessées et sont en train d’écrire dans l’horizon de<br />

l’existence la terrible parabole qui les précipite dans la boue. Mais ne sont <strong>com</strong>me ça tous<br />

les jeunes de notre ville et de nos villages, jeunes purs, élus, intrépides qui savent porter<br />

partout et faire valoir l’idéal chrétien pour faire mourir la parole de moquerie sur les<br />

lèvres de ceux qui se sentent fiers du mépris de ce qu’on a de plus chair pour le cœur d’un<br />

croyant.<br />

Si on pense que ces paroles ont été prononcées le 20 avril 1924, à la paque de résurrection, dans<br />

une période dans laquelle les violences fascistes s’étaient adressées en particulier contre les prêtres<br />

et les jeunes catholiques, on mesure le grand courage et aussi on dirait polémique, mais d’une<br />

polémique « selon le style de <strong>Conforti</strong> », des paroles de ces homélies qui étaient écoutées par de<br />

centaines d’adultes, dont la majorité de Parma.<br />

On a cherché jusqu’à maintenant de retrouver quelques clés de lecture du type historique à ce<br />

consistent ensemble des matériaux. Je crois qu’il soit important souligner aussi quelques<br />

considérations sur le style. Il me semble de pouvoir dire que à l’égard des panégyriques et discours<br />

de circonstance, les homélies catéchétiques auraient un ton plus souple, moins élaboré. Même sans<br />

négliger les artifices de la rhétorique, qui permettaient de <strong>com</strong>muniquer les concepts même en<br />

facilitant l’écoute et la mémoire, <strong>Conforti</strong> choisit pour les homélies, <strong>com</strong>me d’ailleurs pour les<br />

lettres pastorales, un style moyen adapté à un publique citadin souvent non inculte, mais même pas<br />

particulièrement sélectionné : il est intéressant constater l’échange des textes entre homélies et<br />

lettres pastorales. En étant en effet, des instruments adressés à un public égal dans les contextes<br />

analogues, homélies et lettres doivent être efficaces pour des foules d’une certaine consistance,<br />

motivés mais non d’un haut niveau culturel, au moins pas en tous les participants. L’évêque donc<br />

choisissait d’adapter le langage à l’auditoire en réservant le pur classicisme pour les panégyriques<br />

de saints et quelques d’autres circonstances où les présents s’attendaient une performance plus<br />

soignée. Même dans les homélies ne manquent pas des allusions aux auteurs de la littérature,<br />

<strong>com</strong>me Dante ou Manzoni, mais au moins la lecture, et probablement même l’écoute, me semblent<br />

plus souples et abordables.<br />

Enfin nous pourrions dire que l’évêque avait au moins trois registres oratoires : celui de grandes<br />

occasions, souvent à la présence d’autres évêques, des religieux, des groupes particulièrement<br />

motivés ; celui des homélies catéchétiques, analogues aux lettres pastorales qu’on devait lire devant<br />

les fidèles des paroisses ; et celui, semble beaucoup plus simple, pour les visites pastorales des<br />

paroisses de la campagne, au moins ainsi nous est référé, grâce à certains témoignages.<br />

Nous pouvons maintenant à offrir un regard synthétique, du point de vue historique, à<br />

l’ensemble des documents formés par les lettres pastorales, du carême et non adressés au clergé et<br />

au peuple, et des homélies catéchétiques, que, <strong>com</strong>me nous avons démontré, sont entrelacées et<br />

pensées par le même <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me une liaison.<br />

Emergent quelques contenus <strong>com</strong>muns et périodiques : les sacrements, avec l’insistance pour la<br />

<strong>com</strong>munion fréquente et sur la sanctification du jour du Seigneur, en plus que sur l’importance de la<br />

confession et de l‘onction des malades ; la vie de prière, spécialement pour quelques dévotions, en<br />

particulier au Sacré-Coeur, à Marie, à la Sainte Famille : la foi <strong>com</strong>prise surtout, mais non<br />

seulement <strong>com</strong>me connaissance des vérité de la foi, <strong>com</strong>me une invitation à la formation et à la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 213 – G.M. <strong>Conforti</strong>


catéchèse des enfants, soit <strong>com</strong>me explication des vérités dogmatiques, soit on dirait<br />

aujourd’hui« <strong>com</strong>me un message » <strong>com</strong>muniqué par le choix avec <strong>com</strong>me but en développement<br />

d’une letio continua catéchétique, <strong>com</strong>me réalisation épiscopale, des exhortations pour la promotion<br />

de la « doctrine chrétienne » pour les enfants et les adultes. Ensemble avec ces propositions plus<br />

dogmatiques, <strong>Conforti</strong> indiquait quelques défis du point de vue moral, que lui-même connaissait<br />

grâce à son expérience pastorale. Mais cette ligne parfois était en connexion avec la prédication<br />

sacramentale : par exemple, on voit une reprise sur le thème du suicide pendant qu’on parle de<br />

l’abandon du sens du pardon et de la confession. Les urgences morales avaient <strong>com</strong>me message<br />

spéculaire l’invitation à une sobriété de vie, au refus du luxe et des amusements illicites au retour à<br />

la tradition de simplicité des familles<br />

Fréquemment ces messages avec des contenus, étaient un support <strong>com</strong>municatif et<br />

méthodologique de type apologétique. D’un côté <strong>Conforti</strong> analysait et refusait les objections aux<br />

vérités de la foi et à la morale catholique, dérivées surtout de l’anticléricalisme du siècle des<br />

lumières libéral et bourgeois de la fin XIX siècle. D’autre côté l’évêque prouvait la bonté du<br />

message théologique et morale du christianisme pour la vie de l’individu et de la société, <strong>com</strong>me<br />

expression du lien entre la foi et l’humanité, foi et civilisation qu’elles n’est pas une invention du<br />

<strong>Conforti</strong>, mais qu’il expérimentait profondément <strong>com</strong>me une parmi les certitudes de sa conception<br />

spirituelle.<br />

LE « CATECHISME COMME UNE VRAIE ECOLE »<br />

Les lettres pastorales et les homélies catéchétiques ont une signification limité du point de vue<br />

des stratégies pastorales de <strong>Conforti</strong> : on ne prend pas d’elles, si non en général un « programme »<br />

vrai et propre à lui. Cela ne signifie pas qu’un projet n’existait pas, et le lecteur patient je crois qu’il<br />

l’a déjà vue par soi-même. Nous analysons maintenant les deux piliers, poursuivis consciemment, et<br />

la projection pastorale de <strong>Conforti</strong> : la pastorale catéchétique et la diffusion des clubs de la jeunesse.<br />

L’abbé Guglielmo Ceretoli, secrétaire de <strong>Conforti</strong> pendant toute la période de l’épiscopat à<br />

Parma, déclare ainsi dans un témoignage au procès canonique :<br />

Depuis les années lorsqu’il était enseignant de religion dans les classes du lycée au<br />

séminaire, j’ai l’entendu répéter plusieurs fois que les hommes sont plus ignorants que<br />

contraires aux dogmes catholiques et donc c’était nécessaire pour sauver la société,<br />

soigner activement l’instruction religieuse du peuple et une proportionnée culture<br />

religieuse pour les hommes cultivés. Fut celui-ci en réalité le problème plus tourmenté<br />

de ses années d’épiscopat. Il avait cru de pouvoir porter une valide contribution<br />

pendant les premières années en inculquant les organisations juvéniles qu’il pensait<br />

selon l’école du catéchisme. Il avait vu naître beaucoup de telles organisations et il les<br />

avait vues mourir avec rapidité. Alors il avait <strong>com</strong>mencé un travail organique de<br />

l’instruction catéchétique paroissiale.<br />

Cette lecture de la pastorale catéchétique de <strong>Conforti</strong> est, dans certains aspects, amplement<br />

confirmée par les discours et par les écrits du même évêque. Nous rappelons ici la lettre pastorale<br />

conclusive de son administration apostolique de Ravenna, le 15 juin 1905. Le refrain « doctrine<br />

chrétienne, doctrine chrétienne, doctrine chrétienne » lui était habitue. La conception, diffusée<br />

parmi le clergé du XIX siècle et <strong>com</strong>mencement du XX, et même avant, disait que le peuple<br />

s’éloignait de la foi non à cause de l’athéisme ou l’anticléricalisme, mais à cause du manque de la<br />

connaissance de la vérité de foi, que les « prêcheurs » socialistes, républicains ou de toute façon<br />

anticléricaux était bien d’accord à dénaturer car vraiment les gens <strong>com</strong>muns ne les rappelaient pas<br />

ou ils avaient une connaissance approximative. Dans le moment où les vérités de foi auraient été<br />

claires et bien assimilées, le peuple aurait spontanément adhéré à la foi et aurait repris pleinement la<br />

pratique sacramentale.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 214 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Aujourd’hui cette conception serait accusée d’intellectualisme, et les vicissitudes<br />

successives de celle que par quelques uns est appelée déchristianisation, terminent historiquement,<br />

pour modérer la lecture pastorale de <strong>Conforti</strong>. Mais il ne faut pas tomber dans l’anachronisme, et<br />

surtout est nécessaire tenir présent ce que <strong>Conforti</strong> et ses contemporains engagés dans la pastorale<br />

constataient : le fond de religiosité naturelle et des traditions chrétiennes était très solide, et la<br />

majorité ac<strong>com</strong>plissait quelques pratiques catholiques (les messes à noël et à paque, les actes<br />

sacramentaux aux moments de leur vie, <strong>com</strong>me le baptême, mariage religieux, funérailles<br />

religieuses, sauf une minorité croissante alarmante. La perception, non sans fondement, était que<br />

ces actes n’étaient pas souvent ac<strong>com</strong>pagnés par la prédication, et donc, posées quelques conditions,<br />

<strong>com</strong>me par exemple la fondation d’une « ligne rouge » (les socialistes), le patrimoine religieux et<br />

culturel existent aurait mis en crise fondamentalement par une contre – catéchèse.<br />

On <strong>com</strong>prend, en ce sens, l’engagement de <strong>Conforti</strong> par les missions populaires, même à<br />

travers la reprise de l’association des missionnaires gratuits, qu’on avait vus. La catéchèse devait<br />

être aussi enseignée aux enfants, mais elle devait être continuellement approfondie et mise au jour<br />

par les adultes.<br />

L’expérience de la visite pastorale confirmait ensuite quelques faiblesses de la structure<br />

dédiée à la formation doctrinale des paroisses :<br />

C’est suffisant entrer dans une église paroissiale pendant l’heure du catéchisme aux<br />

enfants, pour <strong>com</strong>prendre toute de suite, même sans être des spécialistes en pédagogie et<br />

didactique, que cet enseignement, <strong>com</strong>me il est donné dans la majorité de cas, ne pourra<br />

pas être beaucoup profitable : quel profit pourra donner dans l’instruction religieuse, je le<br />

répète, un accueil plus au moins nombreux, plus au moins irrespectueux des enfants de<br />

chaque âge, condition et intelligence que chaque dimanche pendant une heure, même si<br />

assis sur des bancs gênants de la doctrine chrétienne, pour écouter la parole de leur curé<br />

ou de son aide, souvent entre le bruit et les cris de ceux-ci et de ceux qui sont intolérants de<br />

chaque discipline Et cette foule des enfants puisse être au moins constante à l’explication<br />

catéchétique, mais même ceci on l’avait car beaucoup interviennent seulement de temps en<br />

temps, pendant des intervalles plus au moins longs selon leur goût, sans que les parents<br />

soient d’accord.<br />

<strong>Conforti</strong> avait choisi aussi de dédier différentes interventions à la catéchèse des enfants.<br />

Avant d’entrer dans la description de son projet, vaut la peine au moins faire allusion aux racines de<br />

cette idée dans la formation de <strong>Conforti</strong>.<br />

Fut Domenico <strong>Maria</strong> Villa, le « premier » évêque de Parma connu par <strong>Conforti</strong>, à<br />

<strong>com</strong>mencer et relancer la catéchèse. L’idée pour laquelle le peuple chrétien instruit <strong>com</strong>me il faut,<br />

aurait traversé indemne les troubles révolutionnaires, est particulièrement la sienne. Mais aussi<br />

Giovanni Andra Miotti, l’évêque de premières années du sacerdoce de <strong>Conforti</strong>, un ancien<br />

éducateur, insistait beaucoup sur la catéchèse. Fut la sienne l’idée d’une « école de religion » pour<br />

les étudiants du lycée et de l’université, fondée à l’éveché en 1889. <strong>Conforti</strong> avait repris cette idée<br />

pour Ravenna, <strong>com</strong>me on avait vu dans le chapitre dédié à son épiscopat en Romagne. Donc existait<br />

une tradition de pastorale catéchétique à Parma, développée par des évêques qui ont donné une<br />

empreinte à la formation du jeune <strong>Conforti</strong>. Cependant, malgré Villa et Magani, <strong>com</strong>me on avait vu,<br />

beaucoup de paroisses avaient négligé au ralentit l’investissement du personnel dans l’engagement<br />

de la formation des enfants. En plusieurs cas, on faisait tout « <strong>com</strong>me toujours » selon les méthodes<br />

du XVI siècle et du Concile de Trento. Qu’on n’oublie pas, ensuite, que celles-ci sont les années de<br />

Pie X, qu’avec quelques documents avait donné un élan à la catéchèse.<br />

<strong>Conforti</strong> avait <strong>com</strong>mencé avec solennité à ce secteur de sa pastorale avec l’année<br />

constantinienne du 1913. Les célébrations du XVI centenaire de « édit de Milan » avaient diffusé en<br />

beaucoup de diocèses italiens, à Parma ont été l’occasion pour certains événements, précisément le<br />

congrès catéchétique au mois de juin et la semaine catéchétique de novembre.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 215 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Le congrès catéchétique était adressé principalement aux prêtres. Comme en chaque congrès<br />

important, ont été voté les « propositions » d’un vaste et détaillé programme. Les sept relatons<br />

étaient sur l’institution d’une <strong>com</strong>mission centrale, sur l’ordonnance de l’école paroissiale de<br />

religion, sur son programme pour chaque classe, sur la méthode et sur les œuvres de support <strong>com</strong>me<br />

les oratoires et les associations. On discutait en plus sur l’enseignement de la religion dans les<br />

écoles primaires, sur la catéchèse des adultes et sur les écoles de « perfectionnement » (pour les<br />

ouvriers et les étudiants). Les rapporteurs étaient quelques membres importants du clergé diocésain,<br />

<strong>com</strong>me le prévôt de Colorno, l’abbé Giuseppe Gazzi, l’abbé Amedeo Frattini, prévôt de Berceto,<br />

l’abbé Rodolfo Barilla, archiprêtre de Cazzola, l’abbé Guerrino Del Rio, prévôt de la Trinité en<br />

ville, l’abbé Giovanni Barili archiprêtre de Serravalle, l’abbé Paolo Calzolari, recteur de Sainte<br />

Marie al Borgo Taschieri en ville, l‘abbé Vigenio Sencini professeur et chanoine ; fut impliqué<br />

aussi le recteur des Salésiens, l’abbé Paolo Lingueglia. Au congrès suivait la semaine catéchétique<br />

adressée spécialement aux laïcs, hommes et femme, pour les impliquer dans la connaissance et dans<br />

le soutien des choix fondamentaux. A la « semaine » ont participé les prêtres lombards, les abbés<br />

Luigi Vigna et Lorenzo Pavanelli, élaborateurs d’un projet catéchétique qui fut à la base de la<br />

pastorale de <strong>Conforti</strong>.<br />

L’intuition fondamentale de ce dessin de reforme du chemin catéchétique paroissial on peut<br />

le résumer dans l’expression « le catéchisme <strong>com</strong>me une vraie école ». La lettre de <strong>Conforti</strong> au<br />

clergé dédiée à ce choix synthétise les aspects fondamentaux de l’organisation que nous voulons<br />

maintenant schématiser.<br />

Avant tout, il s’agit d’appliquer à l’enseignement de la catéchèse la fameuse « méthode<br />

cyclique » qui « consiste à apprendre à l’enfant en chaque classe de l’école de religion, avec une<br />

extension progressive en rapport à sa capacité, toutes les parties du catéchisme, que d’ailleurs de<br />

classe en classe doivent être en cette façon répétées ». La méthode est cyclique – intuitive, et ce<br />

second adjectif signifie « faire <strong>com</strong>prendre à l’enfant les vérités mêmes les plus abstraites à travers<br />

des paraboles, images, similitudes, analogies »<br />

Pour appliquer la méthode cyclique- intuitive, est nécessaire, évidemment, diviser dans des<br />

classes les enfants « non <strong>com</strong>me on fait dans les écoles publiques, il convient davantage diviser<br />

notre enseignement, au tant que possible, en toutes les classes telles qu’elles sont, des écoles<br />

primaires, au moins locales »<br />

La conséquence de cette division en classes est que la seule église paroissiale avec ses bancs<br />

inconfortables n’est plus suffisante ! Pourquoi on ne pourra pas, dès maintenant penser à la<br />

construction d’une ou plus salles scolastiques avec de modestes proportions, à condition qu’elles<br />

soient bien aérées, propres et selon les besoin Mais aussi le seul pretre ne pouvait pas suivre au<br />

même temps toutes les classes, et donc il faisait rétablir la confrérie de la doctrine chrétienne, une<br />

fondation typique de la période après le Concile de Trento que le pape Pie X avait mise de nouveau<br />

en apogée. En synthèse :<br />

… quand je dis école je désire qu’on <strong>com</strong>prenne cette parole dans son exacte signification,<br />

c’est-à-dire : des locaux avant tout destinés pour cet emploi avec tous les mobiliers<br />

nécessaires ; la chaire, les bancs, le tableau noir, les cartes murales figurées pour<br />

l’application du système intuitif – objectif et tout ce qui est nécessaire pour<br />

l’enseignement. Que dans cette école on ait une distinction des classes avec leurs propres<br />

enseignants, qu’on ait des registres généraux et particuliers, le journal de l’enseignant, le<br />

texte officiel et le texte scolastique du catéchisme, et aussi les livres de lecture,<br />

proportionnés à la classe et à la fin de l’année que les élèves puissent soutenir les examens<br />

et qu’on termine tout avec une solennelle fête catéchétique, pendant laquelle on donne des<br />

prix aux enfants plus dignes pour la diligence et le profit.<br />

Après le Concile Vatican II le renouveau de la catéchèse à partir des études pédagogiques<br />

des dernières décennies, cette vision de la catéchèse semble maintenant surmontée et on pourrait la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 216 – G.M. <strong>Conforti</strong>


taxer de rationalisme et intellectualisme. Plus encore, à la lumière du phénomène d’aujourd’hui,<br />

l’abandon de la participation à la vie ecclésiale après la célébration des sacrements de l’initiation<br />

chrétienne, on peut dire que l’image de la catéchèse <strong>com</strong>me école contribue grandement à ce<br />

résultat : si elle est une école, terminé le parcours et reçu le diplôme, c’est-à-dire la confirmation, on<br />

laisse la participation. En réalité, la lecture historique doit être beaucoup plus respectueuse de la<br />

situation du départ et de la mentalité de l’époque. A une « doctrine » enseignée à tous les enfants<br />

sans distinction du niveau, de langage et de gradualité, en les faisant prendre place dans l’église sur<br />

des bancs inconfortables en répétant simplement avec des paroles les formules des anciens<br />

catéchismes de Michele Casali, propres de la fin du XVIII siècle, <strong>Conforti</strong> demandait de substituer<br />

un travail organisé pour les groupes plus petits, selon les principes d’une pédagogie à la page, et<br />

respectueuse du niveau intellectuel des enfants. Le catéchisme devait être transmis à travers des<br />

instruments modernes, donc à travers aussi des images, le cinéma, les cartes géographiques de la<br />

Terre Sainte, dans des classes meublées expressément avec des bancs adéquats et le tableau noir.<br />

Le saut de qualité est évident et davantage si on considère l’estime sociale de l’institution<br />

scolastique dans une époque où la lutte contre l’analphabétisme était en train d’obtenir en Italie des<br />

résultats décisifs. L’école alors, beaucoup plus qu’aujourd’hui, était un lieu d’importance sociale,<br />

les enseignants jouissaient d’un certain prestige, et l’image du sérieux scientifique et d’utilité<br />

patriotique était une propagée par le gouvernement et par des groupes spéciaux dominants, aussi en<br />

fonction anticléricale, contre l’obscurantisme de l’enseignement du passé, dominé par les<br />

ecclésiastiques. Maintenant, qualifier l’enseignement catéchétique selon un modèle très élevé c’était<br />

restituer aux vérités de foi une présentation adéquate et socialement appréciée. Choisir le<br />

« catéchisme <strong>com</strong>me une vraie école », signifiait, ainsi, montrer que la doctrine catholique avait une<br />

dignité et un sérieux <strong>com</strong>parable à la science qui était le grand drapeau du progrès.<br />

<strong>Conforti</strong> avait bien claire cette intuition, et il l’avait exprimée pendant son discours à<br />

l’inauguration du congrès catéchétique du 1913, après avoir décrit l’approche et l’indiscipline de<br />

l’école de catéchisme dans le texte qu’on a vu. En effet, <strong>Conforti</strong> se demandait : « Qu-ce que<br />

l’enfant pensera de l’instruction religieuse en faisant la <strong>com</strong>paraison entre l’ordre, la propriété,la<br />

discipline et la méthode des écoles publiques et ce qu’arrive entre les parais du temps »<br />

Un témoignage, donné pendant la première phase du procès de la béatification, affirme que<br />

<strong>Conforti</strong> adhérait à cette organisation non par son élaboration personnelle, mais selon les conseils<br />

de la <strong>com</strong>mission des prêtres qui avaient organisé les célébrations constantiniennes et qu’après<br />

aurait suivi le travail de diffusion de la nouvelle méthode dans les paroisses. Selon l’abbé Ernesto<br />

Foglia, qu’on avait vu, est parmi les protagonistes de la <strong>com</strong>mission catéchétique diocésaine,<br />

<strong>Conforti</strong> aurait accepté les propositions de la <strong>com</strong>mission, que l’évêque écoutait pleinement et avec<br />

confiance. Cependant le témoignage est unique, sans d’autres <strong>com</strong>paraisons, et en plus non arrive<br />

indirectement, à travers les notes du père Grazzi. Nous n’avons pas beaucoup d’éléments ni pour<br />

confirmer ni pour démentir cette nouvelle. La conviction mais aussi la précision avec laquelle<br />

<strong>Conforti</strong> pendant ses intervention soutient et décrit la nouvelle méthode semblerait démentir ce que<br />

l’abbé Foglia aurait affirmé, mais les nouvelles de l’Union Missionnaire du Clergé nous montrent<br />

aussi que les idées d’autres personnes étaient reçues par <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me si elles étaient les siennes,<br />

avec la même intensivité. Cependant je retiens que n’est pas historiquement beaucoup important<br />

savoir si l’idée du catéchisme <strong>com</strong>me vraie école était de <strong>Conforti</strong> ou d’autres personnes. L’évêque,<br />

pour ses propres convictions et en obéissant cordialement à Pie X, avait décidé que la catéchèse<br />

devait être un « point de repère de mon épiscopat ». La méthode concrète était un instrument<br />

spécifique, en fonction de rejoindre le résultat, retenu stratégique.<br />

La détermination de <strong>Conforti</strong> est mise en évidence dans la succession des décisions même<br />

avant la semaine catéchétique à la fin du 1913. Déjà l’11 février 1909, l’évêque avait dédié la<br />

pastorale du carême à l’instruction religieuse :<br />

Aucun autre argument peut être considéré plus nécessaire et important de ceci en ce<br />

temps triste, donc je vous prie, frères et fils bien-aimés, à accueillir ma parole <strong>com</strong>me le cri<br />

<strong>Manfredi</strong> - 217 – G.M. <strong>Conforti</strong>


d’alarme du capitaine, que, en constatant, dans l’ignorance religieuse extrême du temps<br />

présent, la raison spécifique des nombreux maux qui affligent la génération croissante,<br />

nous montre dans l’enseignement du catéchisme le remède plus efficace pour freiner<br />

l’envahir des flots que chaque jour avancent davantage en menaçant de renverser tout<br />

dans ses tourbillons impétueux.<br />

L’analyse de <strong>Conforti</strong> est très rigoureuse au sujet des adolescents qui fréquentaient les écoles<br />

supérieures et les universités :<br />

Que dirais-je de la jeunesse qui fréquente les études Dans les écoles publiques, en<br />

<strong>com</strong>mençant du bas en haut, depuis le gymnase et le lycée à université, il n’y a plus aucun<br />

enseignement religieux, où davantage son proclamés seulement le matérialisme, le<br />

positivisme, le scepticisme, <strong>com</strong>me la chose plus importante prononcée par la science, de<br />

telle façon que les intelligences des jeunes, même les meilleurs, sont confondues et<br />

incertaines entre le doute et la négation de toute vérité surnaturelle.<br />

L’évêque, qui avait <strong>com</strong>mencé son ministère épiscopal depuis peu de temps, exhorte tous, et<br />

le clergé en particulier, à s’engager au maximum pour le l’engagement de la catéchèse, même à<br />

travers la diffusion des oratoires paroissiaux, à l’exemple de la Lombardie. La lettre du carême de<br />

l’année 1910, le premier février, s’adressait aux parents pour appuyer l’engagement de l’éducation<br />

religieuse de leurs enfants, avec des suggestions pédagogiques même plus générales, au-delà de la<br />

catéchèse. Le thème du manque de l’instruction religieuse <strong>com</strong>me cause de l’indifférence dans la<br />

foi, est mentionné même dans la lettre à la conclusion de la première visite, l’8 décembre 1912.<br />

Enfin, la lettre du carême de février 1913 est dédiée à « l’importance et nécessité » de<br />

l’enseignement de la religion catholique dans les écoles au moins primaires, avec quelques allusions<br />

aux difficultés causées par la législation et avec la revendication de la légitimité d’un tel<br />

enseignement dans les écoles publiques :<br />

Pour nous, donc, n’est pas suffisante la simple liberté, qui peut appartenir à l’Italie, aux<br />

juifs et aux protestants, mais selon aussi le statut qui proclame que la religion chrétienne<br />

catholique est la religion de l’Etat, nous avons le droit d’appartenir à la grande majorité et<br />

on ne peut pas donner un affront à notre juste droit, à notre foi, sans procurer une honte<br />

pour cela à la nation italienne.<br />

Il s’agissait donc d’un vrai « feu de file » des <strong>com</strong>munications adressées au peuple qui<br />

insistaient sur les différents aspects de la formation religieuse des enfants. Après la semaine<br />

catéchétique, et après la lettre au clergé dans laquelle <strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me nous avons vu, donnait<br />

quelques indications précises, en plus que répéter l’importance décisive de la catéchèse dans<br />

d’autres documents, il cherchait de promouvoir toute de suite une série d’initiatives.<br />

Naissait aussi « l’école magistrale catéchétique » adressée aux filles des familles catholiques<br />

que, surtout en ville, se préparaient à aider les curés dans l’enseignement de la doctrine chrétienne.<br />

L’école était soutenue économiquement par une association des dames aisées, le patronat féminin,<br />

pour les écoles de religion. Dans l’école le professeur madame Chiara Chiari avait assumé<br />

l’enseignement de la pédagogie religieuse, en donnant une formation d’avant-garde qui avait<br />

produit quelques publications au niveau national. Au niveau diocésain fut rendu obligatoire adopter<br />

le texte de catéchèse de Vigna et Pavanelli. L’évêque avait adressé une nouvelle lettre aux parents<br />

pour les exhorter à soutenir l’activité de la catéchèse.<br />

On avait aussi constitué la <strong>com</strong>mission catéchétique diocésaine qui contrôlait<br />

l’ac<strong>com</strong>plissement des indications, elle participait avec des délégués aux examens de la fin d’année,<br />

elle agissait enfin <strong>com</strong>me un corps des inspecteurs sur la structure scolastique. Evidemment<br />

l’évêque aussi pendant la visite pastorale insistait pour que les structures paroissiales pourraient être<br />

employées et équipées pour les salles de catéchèse. Depuis 1914 dans chaque numéro du bulletin<br />

diocésain apparaissait la rubrique fixée de « l’Action catéchétique diocésaine ». N’est pas ici le lieu<br />

<strong>Manfredi</strong> - 218 – G.M. <strong>Conforti</strong>


pour suivre minutieusement tous les détails de cette œuvre, dans laquelle il semble de pouvoir dire<br />

que <strong>Conforti</strong> aurait investi quelques uns parmi les prêtres plus <strong>com</strong>pétents et plus tenaces de son<br />

diocèse. L'évêque même faisait de l’adhésion au projet catéchétique diocésain un critère pour<br />

décider sur certaines nominations. Dans le chapitre dédié au clergé on avait déjà connu l’abbé Luigi<br />

Comelli à qui <strong>Conforti</strong> en novembre 1917 ne donnait pas la charge d’économe spirituel de la<br />

paroisse de la ville, Sainte Trinité, car celle-ci était une parmi les paroisses modèles dans l’action<br />

catéchétique, tandis que Comelli était ouvertement contraire au projet catéchétique diocésain.<br />

Terminé l’ouragan de la guerre en 1919, était arrivé le moment pour un premier bilan. Fut<br />

convoquée une réunion du clergé pour le 7 octobre, et était intervenu avec une importante relation<br />

le chanoine Leandro Formari, un parmi les membres « historiques » de la <strong>com</strong>mission catéchétique.<br />

<strong>Conforti</strong> avait demandé des informations systématiques aux curés à travers les vicaires forains et il<br />

a voulu publier un nouvel appel aux parents. D’ailleurs il semble, qu’un spécialiste de la formation<br />

de la prédication du carême, le jésuite père Antonio Giannini, exactement en 1920 aurait<br />

publiquement blâmé la méthode catéchétique voulue par <strong>Conforti</strong>, ou ainsi fut-il interprété. Donc<br />

l’évêque éclaircissait sa position et celle du synode. Quelques signales nous montrent indirectement<br />

qu’une partie du clergé résistait aux propositions catéchétiques diocésaines, en manifestant<br />

mécontentement : mais on connaît aussi la présence des plaintes et dissentiments est physiologique<br />

parmi les prêtres.<br />

Au niveau du magistère, épiscopal, on n’a pas eu d’ultérieures innovations après 1920. La<br />

rubrique sur l’action catéchétique du bulletin diocésain était, d’ailleurs parmi les plus régulières. En<br />

effet les choix du 1913-1914 n’ont pas changé, et <strong>Conforti</strong> avait décidé le chemin de l’insistance et<br />

de la pénétration, sur une longue période. Vers 1924, donc après dix ans de travail, la scène avait eu<br />

un changement d’organisation. Même avant de <strong>com</strong>mencer le procès qui avait porté aux Pactes du<br />

Latran, le gouvernement fasciste avait donné une nouvelle norme pour l’enseignement religieux<br />

dans les écoles de l’Etat, en le rendant obligatoire. <strong>Conforti</strong> ne prenait acte publiquement :<br />

« L’heure actuelle semble favorable à notre œuvre nous en profitons donc pour porter notre<br />

contribution au triomphe de la foi au milieu de la société, en travaillant à préparer une génération<br />

chrétienne ». Dans le chapitre sur l’affirmation du fascisme, nous avons déjà rappelé son attention à<br />

bien veiller sur ces programmes indiqués par le gouvernement. En plus, dans le même écrit cité en<br />

haut, <strong>Conforti</strong> revendiquait à l’église catholique d’avoir gardé en qualité l’enseignement<br />

catéchétique paroissial, <strong>com</strong>me une impulsion à ce choix politique. « Nous pouvons aujourd’hui<br />

affirmer que, si en face de nouvelles exigences de l’enseignement religieux, qui entre finalement<br />

dans les écoles primaires, nous ne serons pas mal préparés et nous pouvons porter une précieuse<br />

contribution, on le doit à cette première impulsion. La référence à l’élaboration théorique et aux<br />

expérimentations du professeur Chiari, ici est plutôt explicite. Mais le 2 octobre 1924, <strong>Conforti</strong><br />

convoquait une assemblée du clergé pour établir les indications uniformes pour l’enseignement<br />

religieux désormais généralisé. C’est intéressant le soulignement qui était donné : « L’entrée du<br />

catéchisme dans l’école publique ne pourra dans aucune façon substituer l’école catéchétique de la<br />

paroisse ».<br />

Les longues années de « bataille » catéchétique, qui supportaient un effort remarquable des<br />

paroisses, n’ont pas été liquidées à motif de l’enseignement obligatoire dans les écoles. Avec toute<br />

probabilité, une partie du clergé aurait volontiers délégué la fatigue de la « doctrine » aux enfants<br />

aux enseignants des écoles primaires. Tandis que <strong>Conforti</strong>, avec décision, confirmait la tâche propre<br />

de la paroisse dans l’enseignement religieux. Le travail de la reforme catéchétique continuait, même<br />

si dans des conditions politiques plus favorables.<br />

En conclusion, faisons une allusion à une initiative intéressante de type catéchétique que<br />

<strong>Conforti</strong> démarrait dans les dernières années de sa vie. Il s’agissait, cette fois, d’un parcours<br />

particulier de catéchèse spécifique pour les adultes. Depuis le premier dimanche de janvier 1931,<br />

<strong>com</strong>mençait à l’éveché, même le choix du lieu n’est pas fortuit, « un cours d’enseignement<br />

religieux pour les adultes » que <strong>Conforti</strong> présente pendant une récollection aux séminaristes et aux<br />

élèves missionnaires le 6 janvier :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 219 – G.M. <strong>Conforti</strong>


J’adresse en particulier ma parole à ceux qui avaient vécu dans un milieu religieux, n’ont<br />

jamais eu l’occasion d’étudier la religion. A l’éveché a été inauguré pour ceux-ci un cours<br />

spécial des conférences. La religion ne rejette pas la discussion mais elle la provoque.<br />

<strong>Conforti</strong> demandait aux curés de la ville d’individualiser les possibles adhérents au cours, né<br />

pour répondre aux exigences de ceux qui « <strong>com</strong>mençait de nouveau » dont on avait déjà vu dans<br />

l’huitième chapitre, et que peut-être n’étaient pas un petit nombre, mais qu’ils auraient eu un<br />

malaise à fréquenter la « doctrine paroissiale des adultes » Nous ne savons pas <strong>com</strong>bien a continué<br />

cette initiative, que cependant montre certainement un vraie aspect original du projet catéchétique<br />

de <strong>Conforti</strong>.<br />

LES CLUBS DE LA JEUNESE<br />

Un autre pilier du projet de <strong>Conforti</strong> était le choix de la diffusion des clubs de la jeunesse.<br />

La naissance de ces groupes de rencontre était un objectif de la première visite pastorale, avec une<br />

amélioration de la catéchèse aux enfants. Le choix fut relancé pendant le synode du 1914. Comme<br />

on avait déjà dit, après une première grande diffusion, le mouvement de la jeunesse avait subi une<br />

grave régression avec la guerre mondiale, puis le motif évident de la mobilisation générale qui avait<br />

privé <strong>com</strong>plètement les paroisses des jeunes hommes. Je crois que soit cette marche instable des<br />

réalités associatives de la jeunesse qui aurait fait dire au secrétaire Ceretoli, après des années, ce que<br />

nous avons rapporté dans le paragraphe précédent, c’est-à-dire, en synthèse, que <strong>Conforti</strong> d’abord<br />

avait essayé la proposition des clubs de la jeunesse, en suite, vu un échec substantiel « s’était<br />

replié » sur un intense engagement pour la catéchèse des enfants. Au même temps la scansion<br />

chronologique rappelée par le secrétaire de <strong>Conforti</strong> n’est pas exacte : c’est vrai que l’année du<br />

lancement de la pastorale catéchétique fut en 1913 avec le congrès et la semaine, mais il est aussi<br />

vrai que cette insistance, <strong>com</strong>me on a vu en haut, est bien précédente : ainsi <strong>com</strong>me l’engagement<br />

pour les clubs de la jeunesse <strong>com</strong>mence en 1910, mais en 1914 il assiste à un lancement sérieux<br />

avec un nouveau statut de la fédération des clubs. Pendant les premières années de l’épiscopat les<br />

deux choix de la reforme des parcours de la doctrine chrétienne et de la diffusion des clubs de la<br />

jeunesse allaient en parallèle et dans une étroite corrélation en étant les clubs conçus <strong>com</strong>me des<br />

réalités de « persévérance » de l’ « école ce catéchisme »<br />

Mais l’affirmation pour laquelle <strong>Conforti</strong>, pour ce qu’on dirait aujourd’hui, « pastorale de la<br />

jeunesse » avait diminué au fil des jours et pour survenir des déceptions pour le peu de stabilité des<br />

clubs est-elle historiquement acceptée Les documents portent à une substantielle révision du<br />

témoignage de Ceretoli. Toute de suite, après la guerre, au moins deux interventions publiques de<br />

<strong>Conforti</strong> invitaient à la relance des groupes de la jeunesse. La lettre du carême du 15 février 1919,<br />

dédiée à la réorganisation de l’Action catholique, fait des groupes de la jeunesse le pilier de<br />

l’engagement diocésain :<br />

.... je sens mon cœur se dilater, frères et fils bien-aimés, et je voudrais vous dire beaucoup<br />

de choses dictées par l’affection très vive que je prouve pour la jeunesse, qui est la partie<br />

la plus élevée de ce diocèse très chair. Mais après tout ce que sur cet argumente je vous<br />

avais dit et écrit en plusieurs circonstances, je vois bien que je ne pourrais que me répéter.<br />

Je résume tout ce que je voudrais vous dire maintenant en deux paroles semples et<br />

<strong>com</strong>préhensibles : « Organisons la jeunesse, avant qu’elle ne soit pas recrutée par<br />

d’autres. Cette parole d’ordre, ce cri d’abord d’alarme, je ne serais jamais fatigué de le<br />

répéter pendant le temps de la sainte visite en cours, car je voudrai qu’il n’y ait pas dès<br />

maintenant aucune paroisse du diocèse qu’elle n’ait pas ses associations de la jeunesse.<br />

A l’organisation juvénile et aussi féminine, cette dernière encore dans une phase naissante en<br />

toute l’Italie, est dédiée la pastorale du 21 janvier 1921 :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 220 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Je voudrais que tous les jeunes catholiques de mon diocèse reconnaissent la gravité du<br />

moment que nous vivons, la grande importance de l’organisation et qu’ils donnent leur<br />

nom à nos associations juvéniles pour participer à la pacifique armée de la jeunesse<br />

catholique italienne. Je voudrais en plus qu’avec leur nom puissent offrir aussi leurs<br />

jeunes énergies, prêts à s’engager pour chaque œuvre noble et sainte.<br />

A la jeunesse féminine <strong>Conforti</strong> confiait les engagements d’apostolat eucharistique,<br />

catéchétique, de propagande missionnaire et de bienfaisance. Il est important souligner la<br />

participation des jeunes dans l’engagement missionnaire :<br />

… Ensuite, en réfléchissant que un de meilleurs moyens pour que la foi soit florissante<br />

dans nos villes et villages, est celui de s’engager qu’elle soit annoncée même à ceux qui<br />

ne la possèdent pas encore ; faites connaître à ceux qui s’approchent de vous, les<br />

fatigues et les luttes de généreux qui abandonnent ce qu’ils ont de plus cher pour<br />

annoncer le Règne de Dieu dans les nations pas encore chrétiennes. Et non seulement,<br />

essayez de former en tous la connaissance du devoir que chaque chrétien doit avoir<br />

pour aider avec la prière et l’offrande de la charité nos zélés missionnaires que, en<br />

ac<strong>com</strong>plissant leur sublime apostolat saint, sont confrontés avec des difficultés très<br />

graves, spécialement le manque des moyens naturels. Soyez zélés spécialement pour les<br />

deux œuvres de la Propagation de la foi et de la Sainte Enfance.<br />

Cette même participation, et davantage un appel directement vocationnel, était proposé aux<br />

jeunes de l’Action catholique dans une lettre expressément écrite pour eux en 1925, qu’on avait vu<br />

précédemment :<br />

Je sens le besoin d’adresser à vous en particulier ma parole, jeunes très chairs, pour<br />

seconder une inspiration particulière, que depuis longtemps je sens. Tous admirent l’élan<br />

avec lequel la jeunesse catholique italienne depuis des années favorise les œuvres<br />

missionnaires et tout ce qui concerne le Règne de Dieu en considérant tout ceci <strong>com</strong>me une<br />

intégration de l’activité providentielle qu’elle s’engage à réaliser. Je me réjouis de pouvoir<br />

vous témoigner, à votre louange, car vous n’êtes pas les deuxièmes en cette noble épreuve.<br />

Mais ce qui reste encore à faire avant que la parole du Christ qui désire un seul troupeau,<br />

une seule famille, puisse être un fait ac<strong>com</strong>pli. Sont plus d’un milliard ceux qui ne<br />

connaissent pas encore Jésus Christ, qui ne jouissent pas des bienfaits de la civilisation<br />

chrétienne, et ils vivent dans la superstition et dans la barbarie.<br />

Si à quelques uns parmi vous, jeunes très chairs, le Seigneur aurait déjà mis dans leurs<br />

cœurs l’appel amoureux, qu’ils ne refusent pas de répondre, et qu’ils ne tournent pas le<br />

dos au Maître à cause des raisons humaines et pour des biens de la terre. Ne soyez pas<br />

contents seulement en admirant les hérauts de l’Evangile. Ils ’agit de la vocation la plus<br />

élevée, de la plus sainte, la plus glorieuse et légitime des conquêtes, à laquelle est promis un<br />

prix et une gloire supérieure à tout prix et gloire.<br />

Je ne viens pas à demander votre offrande. Je viens vous proposer quelque chose plus<br />

grande. Si le Seigneur le veut, si vous vous sentez à la hauteur, je viens au nom de Dieu, à<br />

vous demander le sacrifice de vos jeunesses et de votre talent, des nos énergies, des<br />

affections plus légitimes et plus chaires. C’est un grand sacrifice ce que je vous propose,<br />

mais je vous le demande au nom de Celui qui a donné avant tout soi-même pour nous et il<br />

avait promis de reconnaître <strong>com</strong>me ses frères ceux qui ac<strong>com</strong>pliront la volonté de son<br />

Père.<br />

Jeunes très chairs, accueillez ce message de votre évêque, méditez-le sérieusement à la<br />

lumière de la foi, et priez Dieu qu’il vous fasse connaître son projet sur vous. Interrogez<br />

votre cœur pour entendre ce qu’il vous dit devant le plus sublime idéal, et si vous sentez<br />

d’être appelés, reconnaissez en cet appel la volonté du Seigneur. L’apostolat que vous<br />

exercez parmi les jeunes catholiques italiens est noble et saint, mais si le Seigneur vous<br />

appellerait à des choses plus hautes, ayez le courage de laisser tout pour un autre apostolat<br />

<strong>Manfredi</strong> - 221 – G.M. <strong>Conforti</strong>


où vous aurez plus de mérites et la palme glorieuse pour le triomphe du Règne de Dieu.<br />

L’église et les missions attendent de vous de grandes choses…<br />

Est significatif l’implication des jeunes dans l’apostolat sur la sensibilisation missionnaire :<br />

<strong>Conforti</strong> considérait précieuse la contribution de la jeunesse, et selon sa conviction, la participation<br />

« à distance » à la vie missionnaire aurait qualifié la spiritualité des jeunes mêmes. Mais plus<br />

significatif encore est le fait que <strong>Conforti</strong> aurait retenu que vraiment parmi les jeunes catholiques<br />

pourraient naître des vocations missionnaires.<br />

Les clubs de premiers 20 ans du 1920 sont partis, et avec une marche oscillée, <strong>com</strong>me<br />

toujours est selon la nature des ces propositions. Ils ont réussi à se stabiliser et à qualifier la<br />

proposition du point de vue spirituel, catéchétique et charitable, en surmontant indemnes les<br />

tensions causées même à l’intérieur du monde catholique, depuis l’arrivée du régime fasciste,<br />

<strong>com</strong>me avait bien raconté Trionfini, même grâce aux études précédentes de Casali et Leoni.<br />

<strong>Conforti</strong> continuait à suivre de près les vicissitudes des clubs de la jeunesse, soit avec des<br />

interventions directes sur le personnel des assistants ecclésiastiques quand en 1924, et puis en 1929,<br />

on a eu des tensions entre la direction diocésaine juvénile et les assistants, soit dans les discours et<br />

interventions publiques, <strong>com</strong>me celui pour le centenaire de Saint Louis de Gonzague. La référence à<br />

la ligne éducative du régime est évidente :<br />

Aujourd’hui dans la formation de la jeunesse on soigne très bien le culte de la volonté et de<br />

l’énergie du caractère pour préparer une génération forte, capable de toutes les nobles<br />

audaces, et c’est bien. Mais qui ne voit pas que la force d’âme et l’énergie de caractère<br />

forme la caractéristique du jeune « angélique » saint Louis et nous donne en partie raison<br />

de ses sublimes ascensions.<br />

L’invitation de l’évêque aux jeunes est explicite :<br />

Apprenez de lui à former en vous la fermeté du caractère qui ne se plie pas aux caprices<br />

des passions débauchées, à la force du milieu gâté dans lequel vous vivez, aux injustes<br />

exigences de ce monde, mais uniquement à la voix du devoir qui vous rendra toujours<br />

cohérents à vous-mêmes, car fidèles aux éternels principes de vérité et de justice, qui ne<br />

changent pas au changement du temps et des événements humains. Apprenez de lui à être<br />

toujours prêts à toutes les bonnes œuvres, devant lesquelles est modelée votre coopération<br />

pour défendre l’église, pour le bien de la société et à l’honneur de la religion.<br />

Les références sont pour l’engagement de la catéchèse de plus petits, à la responsabilité<br />

envers la famille et la profession, au désir du martyr de Louis de Gonzague « parmi les non<br />

chrétiens » au service de la charité, pour s’opposer au « paganisme » envahissant de nos jours.<br />

Dans l’organisation de <strong>Conforti</strong> en faveur du mouvement catholique juvénile, on doit aussi<br />

placer son engagement à défendre jusqu’au bout le scoutisme catholique, que fut éliminé par le<br />

régime car il était contraire aux projets de militarisation de la jeunesse.<br />

En 1913, à l’occasion du congrès de la fédération catholique de la jeunesse après 20 ans de<br />

sa fondation, <strong>Conforti</strong> écrivait quelques brèves notes pour préparer l’événement et il participait au<br />

congrès même. Ses indications à la conclusion de la rencontre juvénile, sont selon le style de<br />

<strong>Conforti</strong>, un programme d’action :<br />

Votre avenir sera tel que vous serez. Vous êtes appelés à ac<strong>com</strong>plir un triple apostolat<br />

religieux, moral et social. Vous ac<strong>com</strong>plirez le premier en vous procurant la culture exigée<br />

aujourd’hui, et surtout en montrant avec des actes que l’évangile est sans cesse jeune car il<br />

répond à toutes les justes exigences de l’âme et du cœur, car l’âme est naturellement<br />

chrétienne. Vous ac<strong>com</strong>plirez le second en donnant l’exemple de la chasteté dans une<br />

société gâtée et corrompue, qui est encore païenne qu’avec le fait, au moins continue à<br />

proclamer la réhabilitation de la chair. Offrez le meilleur spectacle qu’on puisse<br />

<strong>Manfredi</strong> - 222 – G.M. <strong>Conforti</strong>


contempler : un jeune qu’au milieu envahissant de la corruption se <strong>com</strong>porte avec pureté.<br />

Vous exercerez le troisième apostolat en proclamant dans la meilleurs façons la charité et<br />

la justice proclamées par l’évangile : soient les deux piliers sur lesquels elle est posée. La<br />

charité sans la justice dégénère en faiblesse et désordre, et la justice sans la charité devient<br />

une tyrannie. Exercez surtout l’apostolat de la bonté.<br />

L’évêque concluait, en rappelant les temps où « l’organisation de la jeunesse » de notre diocèse<br />

avait eu la primauté parmi les organisations des diocèse de l’Emilie, il exhortait à reprendre cette<br />

place, « non par un sentiment d’orgueil, mais pour un désir du bien ».<br />

Après un an, il devait montrer tout le poids de son autorité, dans la défense des jeunes<br />

catholiques accusés par le régime : on le verra dans le prochain chapitre, cet engagement sera, d’une<br />

certain façon, la dernière fatigue de <strong>Conforti</strong>.<br />

Les textes montrés en synthèse ici en haut, et la présence de <strong>Conforti</strong> à côté des structures de<br />

l’organisation juvénile du diocèse, montrent clairement que son intérêt personnel et l’investissement<br />

pastoral vis-à-vis des clubs des jeunes, n’est ni précédent, ni en concurrence à l’engagement pour<br />

rendre meilleure la catéchèse des enfants. Ni ce dernier semble effectivement obscurcir et mettre à<br />

coté en <strong>Conforti</strong> l’attention à l’associationnisme juvénile qui était en train de se développer dans les<br />

années après la guerre, l’organisation adulte féminine. Il ne semble même pas de pouvoir dire que<br />

l’expression <strong>com</strong>me « la partie plus élue du diocèse » serait de circonstance : le courageux<br />

engagement de <strong>Conforti</strong> pour défendre d’abord ses jeunes avant tout de la propagande anticléricale<br />

des ligues socialistes et en suite dans l’encadrement du fascisme le témoignage. Et aussi l’insistance<br />

de l’évêque sur la façon « païenne » qu'entourait les jeunes générations ne se référait pas seulement<br />

au climat de la belle époque, mais devenait une approche critique à la culture fasciste, que d’un coté<br />

proclamait sa propre adhésion à la tradition catholique et d’autre coté, <strong>com</strong>me on connait, faisait<br />

très peu pour défendre les principes moraux et religieux parmi les adolescents et les jeunes<br />

organisés dans l’oeuvre nationale « balilla » (fasciste)<br />

Au sujet de la pastorale catéchétique, la promotion des clubs de la jeunesse voulue par<br />

<strong>Conforti</strong> avait certainement une méthodologie moins définie. Tandis que la catéchèse procédait à<br />

travers une formule appelée « catéchisme <strong>com</strong>me une vraie école » et donnait des indications<br />

précises sur la division des classes, sur l’emploi des instruments, sur les espaces, sur les<br />

manifestations conclusives, se jouissait d’une <strong>com</strong>mission des prêtres, la diffusion des clubs était<br />

laissée davantage aux initiatives de chaque curé, malgré au niveau diocésain se serait formée la<br />

fédération juvénile en liaison avec la société de la jeunesse catholique. Cette dernière au niveau<br />

national était en train de se donner en ces années une méthodologie plus définie de « propagande »,<br />

et <strong>Conforti</strong> soutiendra exactement les écoles des propagandistes. Donc l’engagement pour le<br />

catéchisme, <strong>com</strong>me une vraie école bougeait sur un terrain plus précis, et probablement pour cela<br />

rappelé dans la documentation, ce choix de <strong>Conforti</strong> émerge avec plus de clarté. En plus les clubs<br />

des jeunes, pendant les années 1920-1930, <strong>com</strong>me aujourd’hui, avaient une allure d’oscillation<br />

numérique et précarité due surtout au naturel turn over des participants. Davantage au temps de<br />

<strong>Conforti</strong>, dans lesquels était considérée « jeunesse » ceux qui étaient en âge entre les 13 et 20-22<br />

ans, après quoi la plus part des hommes et de femmes était déjà entrée dans la vie adulte à travers le<br />

travail et le mariage. <strong>Conforti</strong> présente dans ses discours à cette fragilité des groupes, suggérée par<br />

l’expérience ; mais avec la même clarté montrait d’avoir conscience de petits pas de sa pastorale<br />

catéchétique : ça suffit voir ses notes pendant la troisième visite pastorale su sujet des classes du<br />

catéchisme paroissial.<br />

On pourrait enfin affirmer que les deux choix pastoraux de <strong>Conforti</strong>, la catéchèse et la<br />

jeunesse, auraient eu une différente efficacité et de toute façon prolongée dans le temps. Au<br />

contraire, dans un certain sens le chemin de diffusion et de consolidation des clubs des jeunes<br />

montrera des fruits remarquables, peut-être même majeurs vis-à-vis de la pastorale catéchétique, au<br />

temps du successeur de <strong>Conforti</strong>, l’évêque Evasio Colli, qui était en effet assistent général de<br />

<strong>Manfredi</strong> - 223 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’Action catholique italienne, mais il pourra bénéficier de l’œuvre de développement de<br />

l’organisation juvénile <strong>com</strong>mencée par <strong>Conforti</strong>.<br />

POUR UNE SYNTHESE<br />

A la fin de ce recueil du matériel et des nouvelles on peut avant tout affirmer que <strong>Conforti</strong><br />

avait ce qu’aujourd’hui serait appelé : « un projet pastoral ». Quelques choix principaux étaient<br />

clairs même avant qu’il ne devienne évêque, <strong>com</strong>me par exemple la centralité de la formation<br />

religieuse pour la défense des populations contre les agressions culturelles et anticléricales.<br />

En accordant ce qui a été écrit en ce chapitre avec ce qu’on connaît du brève épiscopat de<br />

Ravenna, on voit une grande continuité et un approfondissement du point de vue de la<br />

méthodologie. La catéchèse, adressée aux enfants, aux jeunes et aux adultes, est un élément<br />

fondamental du projet de <strong>Conforti</strong>. Mais l’organisation juvénile, même si unie avec l’engagement<br />

de l’éducation à la foi, doit être vue <strong>com</strong>me une autres articulation spécifique du projet : les clubs<br />

étaient un lieu de formation catéchétique, mais aussi de prière et formation liturgique,<br />

d’engagement charitable et social, de « protection » à travers les relations vis-à-vis des<br />

organisations d’abord socialistes et puis fascistes. Du projet, à un niveau différent, plus du type de<br />

contenu, font partie l’insistance sur les sacrements, la proposition des espaces de vie de prière et<br />

dévotion, la mise en garde contre les déviations du <strong>com</strong>portement moral.<br />

Les homélies et les écrits, n’évitent pas, au contraire recueillent les circonstances<br />

contingentes <strong>com</strong>me des occasions pour un message de foi : des projets de lois aux vicissitudes de<br />

la guerre, des congrès catéchétiques aux campagnes dévotionnelles. <strong>Conforti</strong> est un homme sensible<br />

aux vicissitudes de l’actualité de son temps. Mais justement il ne procède pas uniquement à partir<br />

des événements et des circonstances : au contraire il a une attention et une façon pour proposer de<br />

nouveau les thèmes fondamentaux de sa pastorale, en les articulant selon les urgences du moment.<br />

En cette grande projectualité, surtout pendant les dernières années, trouvera aussi une place<br />

l’adhésion de <strong>Conforti</strong> au mouvement liturgique naissant : un aspect qui sera approfondi dans le<br />

chapitre successif de cette étude.<br />

Il semble important souligner aussi l’expérience du contact avec les paroisses, le clergé et la<br />

population, offert par à la visite pastorale. Les thème sacramentaux de la prédication naissent bien<br />

sur un élément de fond de la spiritualité de <strong>Conforti</strong>, mais aussi les perceptions d’abandon ou de<br />

reprise, négligence ou efficacité de la pratique sacramentale dans le milieu. Les mêmes<br />

interventions dans le domaine de la morale, contre le suicide ou la dénatalité ou la danse, naissent<br />

de l’attention de l’évêque aux phénomènes diffusés dans la société de Parma de l’époque.<br />

Retourne dans les écrits, mais davantage dans l’importation pastorale et catéchétique de<br />

<strong>Conforti</strong>, une ligne culturelle que certainement l’évêque de Parma sentait en profondeur. La foi est<br />

un bénéfice on dirait, visible et concret, pour la vie des individus et de la société. La foi soutient la<br />

civilisation : même les non croyants au les anticléricaux devaient accueillir les documents et les<br />

épreuves de cette valeur humanisante de la foi. La prière, la confession, tous les éléments<br />

fondamentaux de la doctrine et de la vie chrétienne ont des hommes célèbres, savants, artistes qui<br />

confirment la vérité. <strong>Conforti</strong> catéchiste des adultes est un apologète riche d’informations et engagé<br />

à éliminer les accusations contre la vérité de la foi et de la morale, aussi à travers les témoignages<br />

des auteurs de prestige. Qu’on voit, d’ailleurs, que beaucoup de matériel de la bibliothèque<br />

personnelle de <strong>Conforti</strong>, reconstruite à partir du caché « S.E Mgr <strong>Conforti</strong> » est de type<br />

catéchétique, apologétique. Il serait intéressant <strong>com</strong>prendre <strong>com</strong>bien le propriétaire l’a employée et<br />

quels aspects de cette différente production auraient influencé la prédication catéchétique de<br />

<strong>Conforti</strong>.<br />

Vaut la peine maintenant affronter brièvement une question qui aura besoin d’un plus grand<br />

approfondissement. La vision que <strong>Conforti</strong> avait sur la société de son temps était adéquate à la<br />

réalité, ou bien était désormais surmontée Emerge avec clarté l’idée pour laquelle une bonne<br />

formation catéchétique pendant l’enfance, d’ailleurs mise au jour et proposée de nouveau à l’âge<br />

<strong>Manfredi</strong> - 224 – G.M. <strong>Conforti</strong>


adulte, soit le chemin fondamental pour que la population catholique italienne retourne à une<br />

pratique religieuse plus intense et aux choix des <strong>com</strong>portements adéquats. Au fond les gens de la<br />

campagne, et en partie même de ceux de la ville, n’ont pas vraiment abandonné la foi. Mais les gens<br />

ne la connaissent pas et est suffisant un prêcheur socialiste, une ligue rouge (<strong>com</strong>muniste) à mettre<br />

en crise la foi et en conséquent la pratique religieuse. La vision de <strong>Conforti</strong> est celle d’une<br />

chrétienté de fond, même si purement traditionnelle et naturelle, qui a substantiellement besoin<br />

d’une amélioration intellectuelle pour résister aux attaques <strong>com</strong>mis par une minorité. On <strong>com</strong>prend<br />

en ce cadre aussi tout son travail de type apologétique.<br />

Est-ce que les choses étaient vraiment <strong>com</strong>me ça, ou bien l’évêque ne se rendait pas <strong>com</strong>pte<br />

d’un procès de sécularisation culturelle désormais en cours et que on ne peut pas arrêter, d’un<br />

changement de mentalité en acte Nous faisons abstraction ici de tout le débat historiographique<br />

sur le terme « sécularisation » ou « déchristianisation » C’est un donné connu par la sociologie<br />

religieuse que la foi chrétienne, capable de diriger au niveau politique et privé la société jusqu’à la<br />

révolution française, aujourd’hui n’est que un des éléments de la société pluraliste. La séparation<br />

entre foi religieuse et culture diffusée ratifie la fin de la « chrétienté » Mais la question est celle-ci :<br />

l’espace du temps que nous sommes en train de considérer, c’est-à-dire les derniers 25 ans du siècle<br />

qui termine avec la mort de <strong>Conforti</strong> et qui couvre tout son épiscopat, voit déjà l’amorcer de ce<br />

procès de changement de mentalité, dans le milieu qui nous intéresse En plus, ce changement s’il<br />

était en acte, était aussi concevable et perçu <br />

Les études italiennes sur le phénomène de la sécularisation significativement touchent très<br />

peu la période précédente à la seconde guerre mondiale, que pour de différents aspects, peut-être<br />

plus que la révolution française, à signé un tournant dans l‘histoire de la mentalité européenne et<br />

italienne. Il faudrait recueillir plus de donnés sur les <strong>com</strong>portements religieux de la masse dans le<br />

milieu italien entre 1900 et l’ère du régime fasciste, et n’est pas ici le lieu pour le faire. Il semble de<br />

pouvoir dire que d’un coté ne manquaient pas, surtout à partir de la première décennie du XX<br />

siècle, des signales importants de l’abandon de la pratique, des « actes de foi ». D’autre côté<br />

quelques uns de ces signales par exemple ne pas faire baptiser les enfants, à Parma étaient<br />

effectivement encore une minorité, et il faisait tenir <strong>com</strong>pte que <strong>Conforti</strong> pouvait faire une<br />

<strong>com</strong>paraison avec Ravenna, unique réalité (ou presque) en Italie, où tandis que le baptême, les<br />

mariages et les funérailles « civils » existaient, même les « baptêmes laïcs » avec le sangiovese (un<br />

bon vin) était de masse. Si la ville, et les adultes males de la ville, étaient en train d’abandonner la<br />

<strong>com</strong>munion pascale, en plusieurs lieux de la campagne ces actes minimes touchaient encore la plus<br />

grande partie de la population adulte. Enfin, pendant les années 1924-1930 on voit des signales<br />

peut-être timides, contre tendance et de retour.<br />

<strong>Conforti</strong> dans son magistère montre de connaître ces signales, en partie contradictoires et<br />

encore limités. Sa clé de lecture est la traditionnelle, de l’Italie <strong>com</strong>me une terre de la civilisation<br />

chrétienne, opposée aux « terres des missions » qu’à travers ses missionnaires connaissait très bien.<br />

Penser à la vieille Europe <strong>com</strong>me un pays de mission n’était pas encore dans les intuitions même<br />

dans les hommes plus prudents de l’église de l’époque. En France, une nation que plus que de<br />

l’Italie présentait des signales de la séparation de la foi traditionnelle, le titre du rapports des prêtres<br />

Henri Godin et Jean Daniel en 1943 fut une choc : La France, pays de mission Jusqu’à quel point<br />

on pensait, selon l’image du fondateur de la jeunesse ouvrière catholique, Joseph Cardijn, qu’on<br />

pourrait « pêcher avec le filet » et non seulement avec la canne à pêche les « lointains ». Le même<br />

abbé Primo Mazzolari, dans ses elzévirs pour les quotidiens catholiques de l’époque, imaginait des<br />

possibles retours, si non de masse, de grands groupes, même dans les paroisses plus « difficiles ». Je<br />

crois qu’on puisse dire que en Italie le premier qui déclara avec conscience l’éboulement de la<br />

chrétienté sur le territoire aurait été l’abbé Lorenzo Milani : on est en 1954, 25 ans près <strong>Conforti</strong>.<br />

Donc, en continuant la discussion et même avant l‘approfondissement des donnés, je crois qu’on<br />

puisse affirmer que, avec les éléments des faits et d’interprétation que <strong>Conforti</strong> pouvait avoir, il<br />

s’était mis dans une direction plausible et probablement pour cette époque, efficace.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 225 – G.M. <strong>Conforti</strong>


D’autres deux possibles domaines pour les études ultérieures il me semble puissent être<br />

avant tout l’approfondissement de la théologie qu’on voit dans les lettres et homélies, un désir que<br />

déjà le père Teodori déclarait dans l’introduction du XVII volume de son recueil. Je crois qu’il<br />

serait surtout intéressant, avec un travail philologique patient, individualiser les sources de la<br />

production de <strong>Conforti</strong>, en particulier tout le matériel qu’il prenait de saint Thomas d’Aquino :<br />

<strong>com</strong>ment il le lisait Combien le thomisme avait influencé concrètement les discours et les lettres,<br />

des procédés apologiques et interprétations du dogme Malheureusement ce qui est resté de sa<br />

bibliothèque personnelle pour le moment ne nous permet pas un travail, par exemple, du contrôle<br />

des <strong>com</strong>mentaires éventuels à coté des œuvres de Thomas.<br />

En plus il serait utile <strong>com</strong>parer cette production des homélies plus homogènes avec tout le<br />

reste, une grande production de prédication, pour voir les analogies et différences de style et des<br />

contenus, d’autant plus l’évolution dans le temps.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 226 – G.M. <strong>Conforti</strong>


DIXIEME CHAPITRE<br />

LES DERNIERES ANNEES<br />

AVEC LE CŒUR EN CHINE : ENTHOUSIASME ET DECEPTIONS.<br />

Vers midi di 28 décembre 1928, annoncé par les télégrammes de Bonardi, <strong>Conforti</strong> arrivait<br />

finalement à la gare de Parma. Elle était remplie de gens : ses élèves missionnaires, les prêtres, et<br />

beaucoup de laïcs qu’ils avaient su de son arrivée. D’abord la gare, l’avenue Garibaldi, puis la place<br />

de la cathédrale, enfin ont été bouleversés dans leur vie quotidienne par cette manifestation<br />

spontanée de joie. L’évêque a du se montrer sur la place pur saluer et bénir les fidèles. Le Chapitre<br />

de la cathédrale, d’accord avec l’évêque, avait donné le rendez-vous pour ce jour à 17h30 à la<br />

cathédrale pour l’hymne du Te Deum et un discours. Avant même, à 15h00 le fondateur est allé<br />

visiter ses élèves missionnaires à Campo di Marte, évidemment accueilli par une « académie »<br />

poétique-musicale, <strong>com</strong>me on faisait à l’époque. Soit à la Maison mère que à cathédrale <strong>Conforti</strong> a<br />

du faire un discours, et toujours ses paroles, selon qu’on les avait transmises, vibraient de<br />

reconnaissance, d’admiration pour le travail des missionnaires, d’enthousiasme pour le visage<br />

vivace et rempli d’élan rencontré parmi les chrétiens de la Chine. La lettre que presque un mois<br />

après fut adressée au clergé et au peuple, peut-être considérée la synthèse et la rédaction plus<br />

<strong>com</strong>plète de tous les récits et discours. Après les remerciements rituels et une espèce des excuses<br />

pour être resté longtemps absent, « cependant je vous assure que vous étiez toujours présents dans<br />

mon cœur », <strong>Conforti</strong> décrivait d’abord très brièvement la situation qu’il avait trouvée en Chine, et<br />

ensuite il présentait la vie et l’engagement des missionnaires, leurs sacrifices, la pauvreté de leurs<br />

résidences et les malaises vécus surtout pendant les visites aux « chrétientés » :<br />

Une tasse de millet cuit dans l’eau, quelques œufs, quand il est possible, un peu de légumes<br />

cuits sans condiment : voici la nourriture ordinaire du missionnaire, qui va en mission. Et<br />

au même temps l’apôtre de l’évangile réunit les chrétiens du village, il prêche aux adultes,<br />

il catéchise les enfants, il administre les sacrements à ceux qui le désirent.<br />

En cette abnégation remplie de pauvreté, les xavériens en Chine ont déjà réalisé beaucoup<br />

d’œuvres : ici la lettre, mais ainsi les récits à vive voix de <strong>Conforti</strong>, deviennent le typique ton de<br />

<strong>com</strong>ptabilité missionnaire qui était le genre littéraire non seulement des relations à Propaganda fide,<br />

mais aussi des articles des revues missionnaires : le dispensaire qui soignent 600-700 malades<br />

chaque jour, les 200 engagés par l’Etat formés à l’école supérieure de la mission, 23 églises, 131<br />

chapelles, 17.000 chrétiens, 14.500 catéchumènes et tout ceci avant l’occupation <strong>com</strong>muniste, puis<br />

avec la menace des « brigands »<br />

En conclusion, le voyageur enthousiaste rêvait 50.000 missionnaires pour envoyer en Chine,<br />

tandis que seulement 3.000 étaient sur place. Et il dédiait un long paragraphe à décrire encore les<br />

dynamiques qu’il avait vues en Chine en 1928 : une grande et admirable civilisation du passé, un<br />

sens de rester en arrière, une nouvelle conscience de sa propre force et désir de progresser et se<br />

mettre à la page avec les nations plus développées. L’église catholique, grâce aussi au représentant<br />

envoyé par le pape, était reconnue <strong>com</strong>me un lieu de pacification, d’un civisme sincère et de<br />

culture. « Au même temps, nous, mes frères et fils très chairs, prions pour la conversion de la Chine<br />

pour laquelle il semble désormais arrivée l’heure de la rédemption »<br />

Au-delà d’une rhétorique raisonnable présente dans le genre littéraire, il y a de nouveaux<br />

signes dans la vision de <strong>Conforti</strong> du monde chinois et de la mission: le désir de conversion des<br />

peuples païens, l’admiration pour la vie difficile des missionnaires. Le binôme foi-civilisation subit<br />

un grand changement, même si ne diminue pas, davantage il s’approfondit le motif fondamental de<br />

l’intuition missionnaire de <strong>Conforti</strong>, annoncer à tous l’évangile. C’est un monde en clair-obscur, le<br />

<strong>Manfredi</strong> - 227 – G.M. <strong>Conforti</strong>


monde chinois, qui est disposé à l’évangile, non pour qu’il soit, <strong>com</strong>me le présentent les vieux<br />

articles missionnaires, un monde de barbaries absolues, mais car c’est une réalité en plain<br />

mouvement, à la recherche de soi-même.<br />

Mais en ces jours du janvier 1929 n’arrivaient pas de bonnes nouvelles de Henan. Non car<br />

des problèmes et malaises auraient augmentés. Mais les tensions et les nœuds problématiques que<br />

<strong>Conforti</strong> avait constatés avec clarté pendant les jours de son voyage se proposaient de nouveau<br />

d’une façon inattendue et dans un certain sens offensifs pour le supérieur et fondateur. Pour autant<br />

que les documents nous transmettent, et surtout Mgr Calza, vicaire apostolique, et la « minorité »<br />

des vétérans qui l’entoure à présenter des plaintes critiques et même des menaces à <strong>Conforti</strong>. Le 3<br />

janvier 1929, le conseil de Calza, <strong>com</strong>posé par Eugenio Pelerzi, Assuero Bassi et Giovanni Gazza<br />

(Giuseppe Brambilla est absent) rédigeait un mémorandum dans lequel étaient présentées les<br />

principales plaintes et demandes à la suite de la visite de <strong>Conforti</strong>, et étaient aussi reportées, on ne<br />

sait pas avec quelle fidélité, quelques considérations malveillantes sur l’autre partie, sur le groupe<br />

des plus jeunes qui avaient dans le père Magani le leader ou moins le candidat <strong>com</strong>me supérieur<br />

religieux. Le jour après, le mémorandum est envoyé à <strong>Conforti</strong> par Calza, avec une lettre dans<br />

laquelle on exprime la disponibilité à retenir secret le contenu et à se soumettre aux dispositions du<br />

fondateur. Nous ne savons pas quand la documentation est arrivée à <strong>Conforti</strong>, qui « accuse l’avis de<br />

réception » le premier février et au même temps envoie la lettre circulaire aux missionnaires<br />

promise pendant son séjour en Chine. La circulaire est datée du 25 janvier, et c’est difficile<br />

connaître si elle avait été influencée par la lettre du mémorandum : à celui qui écrit ne semble pas,<br />

au contraire il semble que la circulaire aurait été rédigée d’une façon toute à fait indépendante du<br />

mémorandum des dirigeants missionnaires de l’Henan.<br />

Commençons d’abord avec la circulaire aux missionnaires du 25 janvier, qui s’ouvre avec<br />

des expressions de reconnaissance envers les xavériens qui travaillent beaucoup pour l’événement<br />

du Règne de Dieu en Chine. Les indications et exhortations de <strong>Conforti</strong> sont très favorables au<br />

vicaire apostolique, auquel on doit obéir promptement et à l’engagement de pauvreté et totale<br />

égalité entre les missionnaires, qui étaient une priorité de Calza et de son économe Pelerzi. <strong>Conforti</strong><br />

re<strong>com</strong>mandait avant tout l’observance des engagements de la vie spirituelle pour la sanctification<br />

personnelle, avec l’obéissance à Calza, il exhortait à l’unité avec le nouveau supérieur religieux, qui<br />

sera le père Amatore Dagnino, et à l’unité entre les missionnaires mêmes. <strong>Conforti</strong> terminait avec<br />

l’invitation à être des exemples de zèle et de vie chrétienne. Dans l’ensable une lettre immédiate,<br />

construite sur des bases typiques de la spiritualité missionnaire de <strong>Conforti</strong> : fidélité aux voeux et<br />

aux Constitutions, à la sanctification personnelle quotidienne « avec la méditation, les examens de<br />

conscience, la lecture spirituelle, la confession fréquente et spécialement avec la célébration dévote<br />

de la sainte Messe » Obéissance hiérarchique absolue et dévouement total à la mission et à la<br />

conversion de non chrétiens<br />

Bien différent est le style et le ton du mémorandum de Calza, Pelerzi, Bassi et Gazza. Le<br />

vaste document est signé par un <strong>com</strong>portement défensif très insistent sur l’acceptations absolue des<br />

positions et des vues des supérieurs, craintif d’insubordinations. Le premier point insiste sur le fait<br />

que le nouveau supérieur religieux soit soumis totalement aux décisions du vicaire apostolique : la<br />

peur, même pas trop voilée, était que Dagnino puisse créer une source des décisions<br />

indépendamment vis-à-vis de Calza, mais on peut avec tranquillité affirmer que le supérieur ne le<br />

pensait même pas. On rejette toutes les critiques envers le supérieur (Calza et ses immédiats<br />

collaborateurs) <strong>com</strong>me un motif de insubordination et de découragement. On accuse les jeunes<br />

missionnaires des infractions à la pauvreté et à l’égalité, de peu de zèle, peu de « gravitas » : écho<br />

des voix des choses et des écrits peu sérieux et offensifs qu’en réalité étaient des facéties<br />

séminaristiques nées de la juvénile vivacité du père Vanzin et d’autres.<br />

Emergent ensuite trois thèmes qui ont été objet d’évaluation différente entre <strong>Conforti</strong> et<br />

Calza : la question du noviciat chinois, la question économique, la conduction du noviciat italien.<br />

Calza désirait recruter des xavériens chinois du petit séminaire du vicariat, et pour cela était aussi<br />

très méfiant à accepter la fondation d’un séminaire régional selon les indications du Saint-Siège et<br />

<strong>Manfredi</strong> - 228 – G.M. <strong>Conforti</strong>


du délégué du pape Costantini. La question des offrandes retenues en Italie retournait avec un<br />

certain ressentiment dans le mémorandum. Et, même pas trop voilé, on accusait la formation en<br />

Italie de ne pas insister suffisamment sur le zèle missionnaire et sur la pauvreté.<br />

Cette première partie recueillait des « desiderata » qu’on voulait insérer dans la circulaire :<br />

et <strong>Conforti</strong> probablement, sans connaître le mémorandum, quelques choses, mais avec un autre ton,<br />

les avait déjà insérées. Partait ensuite une seconde partie, moins ordonnée et pour certains aspects<br />

aussi un peu plus grossière, « d’observations, impressions, propositions » pour la direction générale<br />

de l’institut. En filigrane cette partie fait découvrir différentes critiques à la façon avec laquelle<br />

<strong>Conforti</strong> et Bonardi avaient conduit la visite. Il n’y avait eu aucune approbation du gouvernement<br />

de Calza, mais étaient « appréciés les missionnaires non plus représentatifs en mission, ni qu’ils ont<br />

le meilleur esprit de l’institut » : <strong>Conforti</strong> avait donné raison à tous. Le supérieur religieux ne devait<br />

pas être élu avec une large consultation que <strong>Conforti</strong> avait opérée mais en imitant les jésuites ; et<br />

Calza, Pelerzi et les autres se répandaient à copier le questionnaire employé par la Compagnie de<br />

Jésus. Il y avait une séparation entre la Chine et la Maison mère, et celle-ci gaspillait trop pour la<br />

presse missionnaire. Comment le fondateur n’avait pas convoqué le conseil de mission Et<br />

pourquoi Bonardi était resté très « indifférent » et fermé » Et d’autres accusations analogues en<br />

plus que quelques phrases qu’elles étaient attribuées « à certains missionnaires que pendant la visite<br />

avaient organisé des séances nocturnes ». Cette description, qu’on voit par ci par là dans le<br />

mémorandum, accentue l’image d’une mission divisée en deux entre les vétérans sérieux, graves,<br />

responsables et cependant peu valorisés, et les jeunes désordonnés, dans une aptitude de <strong>com</strong>plot et<br />

indisciplinés.<br />

Les prétentions des « reformes » de ces saboteurs (« changement des missionnaires, reforme<br />

pour la distribution de l’argent, reforme au sujet de la nourriture ») étaient refusées par le vicaire et<br />

son conseil, prêts à « porter », s’il aurait été nécessaire, la question devant le Saint-Siège, pour qu’il<br />

mette fin à la question.<br />

Ainsi se concluait le texte du mémorandum, avec une menace de recourir toute à fait<br />

perçante avec les expressions de confiance dans le supérieur, <strong>com</strong>me on lisait dans la lettre de<br />

re<strong>com</strong>mandation à Calza.<br />

<strong>Conforti</strong> répond avec son style fermé et clair jusqu’à la dureté, <strong>com</strong>me on avait vu même<br />

dans les allusions de la correspondance avec son clergé, lorsque les circonstances l’exigeaient :<br />

Je vous annonce d’avoir reçu le mémorandum rédigé par votre excellence, avec votre<br />

conseil. Je l’ai lu attentivement et pour autant que j’ai cherché de l’interpréter dans la<br />

meilleure façon possible, je sens le devoir de vous exprimer l’impression profondément<br />

pénible qu’il a produit en moi pour le manque de confiance, dont est rempli<br />

<strong>com</strong>pétemment, envers la direction générale de notre institut. Le manque de confiance qui<br />

s’est conclue dans une menace explicite d’un recours à la suprême autorité, si pendant le<br />

prochain chapitre général aurait été déclaré quelque chose qui puisse porter atteinte aux<br />

droits de cet Ordinaire.<br />

Le fondateur se défendait de l’accusation de ne pas avoir pris une position et montrait<br />

<strong>com</strong>ment la circulaire qu’il avait écrite présentait quelques aspects nécessaires à la vie de mission.<br />

Et il continuait : « Je vois bien que il me reste que <strong>com</strong>pter uniquement en celui qui dispose des<br />

âmes et des cœurs et peut faire ce que nous pauvres hommes ne pouvons que désirer et invoquer »<br />

Dans l’adverbe « uniquement » i l y a toute la réaction spirituelle de <strong>Conforti</strong>. Ses missionnaires, ses<br />

hommes de confiance, les premiers héros et vétérans, envoyés il y a 25 ans dans la lointaine Chine,<br />

avec trépidation et sacrifice, ont montré une surprenant manque de confiance, non seulement du<br />

côté économique, mais sur la conduction générale de l’institut. Tant d’années de prières, travail,<br />

organisation, temps, et aussi le voyage fatigant ac<strong>com</strong>pli à l’âge de plus de 60 ans, à l’époque un<br />

record et qu’il s’était conclu, depuis un mois, tout semblait inutile. Tensions et menaces traversaient<br />

la congrégation pour laquelle <strong>Conforti</strong> avait obtenu l’approbation, le règlement, une mission propre,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 229 – G.M. <strong>Conforti</strong>


les vocations. Maintenant s’annonçait un chapitre général dans lequel les tensions pouvaient<br />

exploser de nouveau jusqu’à le faire sembler hypothéqué par les veto croisés, <strong>Conforti</strong> encore une<br />

fois repartait de son expérience religieuse qui lui restituait la confiance en Dieu seul, au-delà des<br />

échecs humains que beaucoup de fois semblaient interrompre les projets et rêves.<br />

Toujours le 25 janvier, avec la circulaire aux missionnaires et à la lettre au clergé et au<br />

peuple sur le récit du voyage en Chine, <strong>Conforti</strong> signait la convocation du premier chapitre général<br />

de la congrégation xavérienne.<br />

LES PACTES DU LATRAN<br />

Il nous semble utile de maintenir la succession chronologique des faits et laisser, pour le<br />

moment, les vicissitudes des lumières et ombres de la congrégation missionnaire et observer<br />

<strong>Conforti</strong> en face d’un événement important de la vie de l’église italienne : la conciliation entre<br />

l’Etat et l’église à travers les fameux Pactes du Latran. Cherchons de ne pas oublier ce que pour un<br />

lecteur italien est bien connu.<br />

Le mouvement d’unité d’Italie c’étais conclu avec la fin du millénaire pouvoir politique de<br />

l’évêque de Rome sur une grande partie d’Italie du centre : l’Etat pontifical correspondent un peu<br />

moins des actuelles régions administratives du Lazio, de l’Umbria, des Marche et de la partie<br />

orientale de la région de l’Emilie-Romagne, avec les villes importantes de Bologna, Ferrara,<br />

Ravenna, Pesaro, Ascoli Piceno, Perugia, Viterbo en plus évidemment la ville même de Rome.<br />

L’annexion au règne d’Italie de tout ce territoire, conclue avec la prise de Rome le 20 septembre<br />

1870, et la politique hostile des gouvernements libéraux aux congrégations religieuses et à la<br />

structure ecclésiastique avait procuré une situation de rupture entre l’état unitaire et mouvements<br />

intellectuels d’un côté, le Saint-Siège, l’épiscopat et les catholiques de l’autre côté. Formellement<br />

les militaires du « Piemonte » n’étaient pas entrés dans l’enceinte de la fameuse « ville léonine » à<br />

la droite du Tibre, et les rapports entre l’Italie et le pape étaient réglés par les lois des « garantiges »<br />

(garanties) en mai 1871, que unilatéralement garantiraient à l’évêque de Rome l’indépendance,<br />

l’autonome économique, la possibilité d’avoir et de recevoir les délégations internationales. Pie XI<br />

et ses successeurs n’ont jamais reconnu cette loi car était unilatérale et donc on pouvait la modifier<br />

par l’état italien sans pourparlers ; donc ont refusé même les privilèges et l’apanage économique<br />

que l’état italien offrait.<br />

On ouvrait ainsi la « question romaine » où les catholiques étaient obligés à prendre partie et<br />

être du côté ou en faveur du pape et contre l’état Risorgimenale, ou en faveur de l’unité d’Italie et<br />

donc contre le pape. La maçonnerie, le libéralisme de gauche et anticléricalisme poussaient pour<br />

une ultérieure marginalisation du Saint-Siège et du catholicisme italien, tandis qu’une partie des<br />

catholiques espérait dans une « conciliation » ente Etat et église. N’est pas ici le lieu pour parcourir<br />

toutes les vicissitudes de la question romaine. On avait déjà dit qu’avec Pie X et Benoît XV entre<br />

l’état italien et le Saint-Siège s’était crée un climat plus favorable, même si les groupes plus<br />

anticléricaux continuaient à saboter toute tentative de dialogue. C’est suffisent rappeler que parmi<br />

les clauses du « Pacte de Londres » pour l’entrée de l’Italie en guerre de la part de l’Entente<br />

obligeait la France, l’Angleterre et la Russie à exclure le Vatican de la table de paix. Exactement<br />

pendant les pourparlers pour la paix européenne, on avaient eu des colloques informels entre le<br />

premier ministre italien Orlando et le diplomate du Vatican Cerretti, mais l’hypothèse de l’accord<br />

fut refusée par le roi d’Italie, Vittorio Emanuele III, lié à la maçonnerie, à tel point qu’il avait<br />

menacé d’abdiquer. Mussolini, malgré de formation durement anticléricale, dans son parcours pour<br />

la conquête du pouvoir s’est rendu <strong>com</strong>pte qu’il aurait eu une croissance de prestige et de stabilité<br />

politique interne s’il aurait pu arriver à un accord avec le Saint-Siège. Il avait eu <strong>com</strong>me<br />

interlocuteur le nouveau pape, Pie XI, que non seulement avait l’intention d’arriver à la<br />

conciliation, mais voyait pendant les premières années du pontificat, avec sympathie les régimes<br />

autoritaires qui refusaient le <strong>com</strong>munisme pouvaient être des prémisses des états<br />

<strong>Manfredi</strong> - 230 – G.M. <strong>Conforti</strong>


institutionnellement catholiques ; le régime dictatorial de l’Estado Novo de Salazar au Portugal, le<br />

catholicisme autoritaire de Engelbert Dellfuss d’Autriche, la régence de l’amiral Horthy en Hongrie.<br />

Les pourparlers étaient déjà <strong>com</strong>mencés en 1925. Au même temps le Saint-Siège, qu’avec<br />

Benoît XV n’avait pas mis un obstacle à la naissance du parti populaire, il avait obtenu que l’abbé<br />

Luigi Sturzo, le secrétaire du parti des catholiques démocrates, aurait donné la démission et parti en<br />

exil, et ceci avait porté, en effet à la fin du parti même, retenu par Mussolini un opposant dangereux<br />

à son régime.<br />

Dans les premières semaines de septembre 1929 l’opinion publique connaissait déjà la<br />

nouvelle qu’on aurait obtenu un accord bilatéral entre l’Italie et le Saint-Siège, même si jusqu’à la<br />

veille de la signature, il y avait eu des arrangements et pourparlers. L’11 février 1929 le cardinal<br />

Pietro Gasparri, secrétaire e l’Etat de sa sainteté, et le président du Conseil des ministres d’Italie,<br />

Benito Mussolini, ont signé les fameux Pactes du Latran, du palais où on avait signé. Il s’agissait<br />

d’un traité international entre l’Italie et le Saint-Siège, d’un concordat entre l’Etat et l’église<br />

italienne, et d’une convention économique. L’évêque de Rome voyait reconnu son domaine<br />

indépendant et garanti internationalement sur un petit territoire correspondant à la « Ville<br />

Léonine », la villa de Castenlandolfo et un certain nombre des palais extraterritoriaux. Le<br />

catholicisme était désormais la religion d’Etat, avec quelques droits, privilèges et garanties. Les<br />

principales lois anticléricales et propres du juridisme étaient annulées ou démenties. Le<br />

gouvernement obtenait quelques contrôles, <strong>com</strong>me celui de la nomination des évêques.<br />

<strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me la majorité des évêques italiens, avait réagi en faveur et à une véritable<br />

allégresse aux nouvelles annoncées en ces jours au sujet des pourparlers et à la signature. Né en<br />

1865, il était grandi dans un climat de séparation hostile et « piqûres d’épingle » entre l’Etat et<br />

l’église. Il était sincèrement patriote et légitimiste, <strong>com</strong>me on a vu, au sujet de la première guerre<br />

mondiale. Mais était aussi sincèrement un catholique « papal » <strong>com</strong>me documente toute sa<br />

formation séminaristique. « La conciliation » était, <strong>com</strong>me dit la parole même, une réconciliation<br />

avant tout personnelle, entre son catholicisme et son patriotisme. Et c’était la fin, pour la loi, des<br />

pressions qui émargent sur l’église, encore présentes en partie de l’opinion publique italienne et<br />

notamment de Parma<br />

Le jour des Pactes du Latran, le 11 février 1929, est la date de la lettre pastorale du carême<br />

de <strong>Conforti</strong>, dédiée à la doctrine du pape. En ce texte, probablement préparée même avant<br />

l’annonce des nouvelles sur la conciliation, il y a une allusion initiale au « jour doublement des<br />

souhaits et car c’était la veille du septième anniversaire du couronnement du pape et car signe la fin<br />

d’une douloureuse dissidence ». Le 12 février est imprimée et affichée une annonce sacrée remplie<br />

de notes d’allégresse, qui invite au Te Deum dans l’après midi du jour successif. En cette occasion<br />

<strong>Conforti</strong> lisait un discours, ensuite publie aussi sur le bulletin diocésain, qui exprimait sa position au<br />

sujet de l événement. Il rappelait deux moments récents dans lesquels la « funeste dissidence »<br />

signait le patriotisme des catholiques italiens : la première guerre mondiale et le jubilé du 1925. Il<br />

indiquait enfin dans une majeure unité et force de l’Italie et dans sa vocation missionnaire le résultat<br />

de la conciliation :<br />

Aujourd’hui l’Italie, plus forte car plus unie d’âme et de cœur peut reposer tranquille et<br />

regarder avec foi à un meilleur avenir, dans lequel les énergies plus puissantes et plus<br />

pures, non plus troublées par de stériles dissidences, pourront travailler conformes au<br />

bien-être religieux, moral et national de notre cher pays. Avec ces présages et avec ces<br />

sentiments nous élevons à Dieu notre reconnaissance, qui veut être aussi une prière pour<br />

qu’il bénisse l’Italie et la rende toujours plus digne de ses grandes destinées dans le<br />

monde, toujours plus digne d’un sort in<strong>com</strong>parable, réservé à elle seule, de posséder le<br />

centre de l’unité catholique, dont elle porte la lumière de la foi immortelle bénéfique,<br />

destinée dans les dessins de Dieu à la conquête du monde.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 231 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Avec ces expressions publiques, sur lesquelles ensuite il retournera à plusieurs reprises,<br />

<strong>Conforti</strong> décrit ses sentiments et de l’opinion publique aux missionnaires en Chine : « En toute<br />

l’Italie il y a une allégresse générale pour la conciliation désirée entre l’Etat et l’église. Seulement<br />

les maçons et les libéraux du vieux style se montrent dépités sur l’événement. Soit bénit le Seigneur<br />

qu’il a exaucé les <strong>com</strong>muns voeux »<br />

Entre les « libéraux du vieux style », <strong>Conforti</strong> savait de <strong>com</strong>pter le philosophe et littéraire<br />

Benedetto Croce, qui dans le sénat fut un parmi ceux qui s’opposait par principe à la formule<br />

concordataire. Il exprimait ici la perception <strong>com</strong>mune du clergé et de la majorité des catholiques.<br />

Bien différente, et la <strong>com</strong>paraison est intéressante, est la réflexion de Alcide De Gasperi, persécuté<br />

politique qui vivait en difficultés et il attendait de bonnes nouvelles pour sa demande d’engagement<br />

dans la bibliothèque vaticane :<br />

Les catholiques d’ici sont vraiment émus : les vieux populaires sont furieux, car ils<br />

craindrent un <strong>com</strong>promis avec le régime et car dans le traité on parle des milliards, les<br />

temporalises plus fâchés <strong>com</strong>pris les jésuites, avaient un visage triomphal. Même<br />

Finocchiaro-Aprile rencontré hier par un ami <strong>com</strong>mun, s’est déclaré enthousiaste. Donc<br />

contents les clérico- populaires, contents les fascistes, contents les maçons, Mussolini est<br />

triomphant et Briand se déclare joyeux…<br />

Il semble que les deux, <strong>Conforti</strong> et De Gasperi, tous les deux sincères croyants, disent des<br />

choses <strong>com</strong>plètement opposées. Mais <strong>Conforti</strong>, que pour son intention et formation n’avait jamais<br />

voulu être un politicien, mais seulement un pasteur qui se pace à distance de la politique sciemment<br />

pour être impartial et indépendant, n’avait pas flair et l’expérience des plis de la politique de De<br />

Gasperi. Pour lui la conciliation était la conclusion attendue d’une dissidence qui avait mis les<br />

chaînes à la vie de l’église italienne et avait toujours relégué les catholiques aux marges de<br />

l’opinion publique. Maintenant avec les Pactes du Latran, tout ceci était terminé et s’ouvrait un<br />

nouvel horizon pastoral. Celui-ci était le seul intérêt de l’évêque fondateur. Il ne participait même<br />

pas aux grands dessins stratégiques du pape Pie XI : dans ses discours il n’y avait pas des traces si<br />

non minimes du projet de restauration des états catholiques à travers la christianisation des<br />

structures autoritaires anti<strong>com</strong>munistes, que d’ailleurs animait pie XI et qu’après le même pape<br />

reniera avec décision dans le dernières années souffrantes de sa vie. Le régime fasciste, tandis que<br />

d’un côté posait quelques déclarations publiques presque à limiter la valeur du concordat avec le<br />

Saint-Siège, d’autre côté il avait exploité le succès d’image portée par la conciliation pour recevoir<br />

une confirmation formelle pour l’électorat. Pour le 24 mars 1929 on avait annoncé les élections de<br />

la nouvelle Chambre des députés, selon une loi électorale approuvée l’année précédente, selon<br />

laquelle les électeurs devaient accepter ou refuser la liste unique déterminée par le parti fasciste en<br />

déposant une de deux bulletins, celui de « l’oui » ou celui di « non », dans une boite à bulletins en<br />

méprisant la démocratie du secret du vote. <strong>Conforti</strong> avait accepté avec enthousiasme les indications<br />

de la Secrétariat d’Etat qui demandait aux catholiques de participer au « plébiscite » et voter en<br />

faveur du régime, pour montrer l’adhésion de l’Italie aux Pactes du Latran, <strong>com</strong>me si le 24 mars<br />

aurait été un référendum en faveur ou contre la conciliation. Le 19 mars fut publié une de ses lettres<br />

au clergé :<br />

Personne ne peut pas ignorer le jour du 24 de ce mois, le peuple italien est appelé à<br />

approuver avec son vote un programme de gouvernement qu’avec les sages et multiples<br />

ordonnances de l’après guerre, a <strong>com</strong>me pilier de son activité immédiate la ratification du<br />

traité destiné à régler les accords réciproques entre église et l’état. Un traité qui a été<br />

pleinement approuvé et accepté pleinement par le pape.<br />

Le 24 donc doit rester mémorable dans les fastes de notre histoire pour le plébiscite<br />

concorde qui ne trouve pas <strong>com</strong>paraison et qu’il dise en plus que le peuple italien sait<br />

apprécier à la juste valeur les grands événements qui intéressent les plus hautes destinées<br />

<strong>Manfredi</strong> - 232 – G.M. <strong>Conforti</strong>


de l’église et de la Patrie. Le clergé et le laïcat catholique ne pouvaient pas rester<br />

indifférents devant le moment solennel, mais tous unis et <strong>com</strong>pacts doivent porter leur<br />

contribution à la magnifique réussite de prochains meetings plébiscitaires.<br />

Mais le 24 mars <strong>Conforti</strong> avait la fièvre depuis quelques jours. De toute façon il a voulu se<br />

rendre à voter pour donner un bon exemple. En cette situation le vote, presque clair, tous les<br />

présents ont vu l’évêque mettre son « non » dans la boite à bulletins. Le fait fut toute de suite référé<br />

au Préfet que, étonné, s’est mis en contact avec le secrétaire l’abbé Ceretoli, que lui aussi avait vu le<br />

geste de l’évêque. Le pauvre <strong>Conforti</strong> à cause de la fièvre, s’était confondu et il s’était trompé<br />

innocemment, même s’il était bien décidé et sur de ce qu’il voulait faire. Ainsi le bulletin négatif de<br />

l’évêque fut un parmi les très peux de la ville de Parma.<br />

APRES LE CONCORDAT : LA VISITE PASTORALE ET LE DEUXIEME SYNODE<br />

La coïncidence du retour de <strong>Conforti</strong> de la Chine et de la signature des accords entre l’Italie<br />

et le Saint-Siège peut expliquer l’impression de l’élan des activités et décisions embrassées par<br />

l’évêque. Dans la lettre d’indiction de la cinquième visite pastorale la connexion de cette initiative<br />

et le concordat est conscient et explicite : le pape avait dit que l’11 février « nous avons donné Dieu<br />

à l’Italie et l’Italie à Dieu » La visite pastorale sera la façon concrète dans laquelle, dans le diocèse<br />

de Parma, sera donné Dieu à l’Italie et l’Italie à Dieu. Le focus pastoral subissait une modification<br />

de la nouvelle situation juridique : maintenant que l’enseignement de la religion catholique était<br />

obligatoire dans les écoles, il faisait continuer à ne pas interrompre l’engagement catéchétique<br />

paroissial : maintenant que l’Action catholique étai reconnue et protégée par l’Etat, en chaque<br />

paroisse devait être diffusée et fondée, et surtout était le moment pour insister contre « l’erreur, le<br />

blasphème, le langage obscène, la malhonnêteté, les habits immodestes » avec la certitude que les<br />

gardiens de l’ordre aurait eu finalement les mêmes intentions et le même intérêt.<br />

Comme on disait ailleurs, cette aptitude moralisatrice dans la pastorale est un chiffre typique<br />

de la période fasciste. L’adversaire n’était plus l’opinion publique anticléricale et la politique<br />

hostile : le concordat, les garanties des lois, le <strong>com</strong>portement politique du fascisme étaient<br />

désormais ouvertement favorables aux traditions catholiques, au mariage indissoluble, et contraires<br />

à la serpentante mentalité néo malthusienne de la belle époque. On pouvait se dédier à éliminer les<br />

<strong>com</strong>portements déplorables dans le langage et dans les rapports homme-femme qui s’étaient<br />

diffusés dans la population et peut-être <strong>Conforti</strong> et beaucoup de prêtres et évêques <strong>com</strong>prenaient par<br />

intuition ou ils savaient que sur ces aspects les dignitaires locaux et les jeunes en chemise noire (les<br />

fascistes) avec la mentalité du masculinité et belliqueuse qui informait le fascisme, et avec les vieux<br />

restants de l’anticléricalisme, étaient beaucoup moins disposés à adhérer avec enthousiasme aux<br />

directives ecclésiastiques<br />

Les objectifs de la visite pastorale étaient la construction d’un nouveau petit séminaire et<br />

l’évaluation de l’état des églises, les presbytères, les structures des bénéfices paroissiaux.<br />

L’engagement pour la restauration ou la reconstruction, qu’on avait déjà vu en acte dans la période<br />

précédente, subissait une accélération : même ici avec la certitude que le concordat maintenant<br />

mettait à la disposition de nouveaux instruments d’administration et financement.<br />

Cette fois la visite ne <strong>com</strong>mençait pas par les paroisses de la ville, selon la tradition, mais de<br />

la campagne : la première région visitée fut celle de la montagne de Calestano. Cependant le vieil<br />

évêque ne pouvait plus visiter chaque paroisse, il se rendait dans le centre plus important de la zone,<br />

où il faisait sa prédication et administrait les confirmations. Les visiteurs qui l’ac<strong>com</strong>pagnaient,<br />

grâce aussi à un minutieux questionnaire imprimé expressément, visitaient les structures. En cette<br />

façon, en certains cas on « visitait » même six paroisses par jour. Malgré cette simplification de<br />

l’habituelle procédure de la visite, <strong>Conforti</strong> n’a pas pu conclure la visite.<br />

Toujours dans la lettre d’indiction de la visite pastorale, l’évêque presque s’excusait pour le<br />

retard :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 233 – G.M. <strong>Conforti</strong>


… je vous exhorte, vénérés frères et fils très chairs, à prier le Seigneur, dans lequel il y a<br />

notre suffisance, pour l’heureuse réussite de cette sainte visite, que j’aurais depuis<br />

longtemps <strong>com</strong>mencée, si l’ac<strong>com</strong>plissement d’un autre devoir, pas moins important ne<br />

m’aurait pas obligé à la renvoyer jusqu’à maintenant. Etait attendue la célébration du<br />

second synode diocésain, que devait confirmer le premier aux prescriptions canoniques en<br />

vigueur ; mais mon voyage dans les lointaines missions de la Chine, ne m’a pas permis de<br />

<strong>com</strong>mencer l’année passée. Cependant le retard ne sera pas longuement différé, car j’ai<br />

l’intention d’ac<strong>com</strong>plir ce devoir solennel, dès que seront connues les modifications que le<br />

récent concordat entre le Saint-Siège et le gouvernement italien apportera à l’application<br />

des lois canoniques en vigueur.<br />

Si les Pactes du Latran étaient une source d’inspiration idéale pour la visite, sur le synode en<br />

chantier avaient un concret reflet juridique. Après avoir recueilli des informations précises sur les<br />

conséquences juridiques du concordat, en janvier 1930 naissait le « Conseil près synodal » <strong>com</strong>posé<br />

par 11 sages. Les épreuves ont été envoyées à tout le clergé pour qu’il puisse discuter dans les<br />

« congrégations » du vicariat et en septembre 1930 fût fixé le synode même. Les trois sessions<br />

classiques ont été faites le 21, 22 et 23 octobre 1930 à la cathédrale.<br />

Si on prend en examen le texte synodal promulgué en 1931, en regardant les numéros de<br />

différents articles approuvés, on se rend <strong>com</strong>pte que la <strong>com</strong>paraison avec le premier synode de<br />

<strong>Conforti</strong>, antérieur de 17 ans, montre des importants changements d’accent. Les graves thèmes sur<br />

la « foi » qui occupait la première page de l’attention avant la guerre sont un peu plus que des<br />

accents maintenant secondaires : les sectes protestantes, la théosophie, la maçonnerie, l’hypnotisme<br />

(662-664). Le socialisme est désormais un souvenir lointain. Le modernisme est indiqué seulement<br />

pour un serment contraire qui reste en vigueur. Comme aussi pendant la visite pastorale, même dans<br />

le synode les objectifs sont les <strong>com</strong>portements moraux : « De populi christiani moribus » est le<br />

chapitre dédié à ces problèmes. On doit agir contre les publications dangereuses (281) contre le néomalthusianisme<br />

(282) contre l’alcoolisme, grave et ancienne plaie sociale (283) contre la mode<br />

indécente (284-286 avec des mesures bien précises), contre la danse, le théâtre et le cinéma<br />

dangereux (287-289) Une constitution est dédiée à la fameuse « éducation sexuelle » (290) et une<br />

autre à un nouveau phénomène problématique mais favorisé par le régime, la gymnastique des filles<br />

(291). Enfin sont unis dans une unique condamnation les jeux d’hasard, l’usure, les associations<br />

interdites (292)<br />

La figure et l’engagement pastoral des curés semblent être soulevés le l’émergence<br />

numérique et au niveau minimal de prédication trouvée dans le synode du 1914. Quelque signe des<br />

difficultés causées par le clergé peu nombreux, est encore visible : par exemple, on demande que les<br />

curés s’accordent entre eux sur les horaires des messes du dimanche, afin de favoriser la fréquence<br />

des fidèles (330) Restent les structures et les règles des fameux « curés réciproques » fondées par<br />

Magani expressément pour surmonter les difficultés et le vieillissement du clergé. On affirme de<br />

nouveau avec clarté le projet de la préparation catéchétique, désormais depuis presque 20 ans un<br />

élément primaire de la pastorale de <strong>Conforti</strong> (641-659). Mais maintenant on peut demander aux<br />

prêtres quelque chose en plus que le minimum. Si en 1914 on les avait « obligés » à prêcher chaque<br />

dimanche, en 1930 on leur demandait de s’inscrire en quelque spéciale association <strong>com</strong>me l’Union<br />

apostolique du clergé, les prêtres adorateurs, la ligue eucharistique et l’UMC (15) On les exhortait à<br />

fonder et diffuser les clubs juvéniles (179, 265, 293) à avoir une attention aux « lointains ». Ici, peut<br />

être, vaut la peine transcrire la constitution 173, qu’on pourrait dire qu’elle exprime bien une des<br />

inspirations typiques de <strong>Conforti</strong> ; maintenant dans la note suivante nous donnons notre traduction<br />

du latin :<br />

Le curé, en se rappelant bien l’exemple du Bon Pasteur, qu’avec un spécial esprit de<br />

miséricorde cherche et fait entrer dans le troupeau la brebis perdue, qu’il mette toute sa<br />

<strong>Manfredi</strong> - 234 – G.M. <strong>Conforti</strong>


diligence afin que les pécheurs retournent à la maison paternelle, et soit vraiment ceci<br />

pour lui un motif d’un surplus d’amour. Qu’il leur parle, au tant que possible, avec<br />

prudence, mais aussi avec une charité délicate à travers des paroles qui lui rendent la<br />

bienveillance facile, en employant des exhortations d’amour vraiment paternel, pour les<br />

amener à l’amour de Dieu et de l’église. Qu’il soit prompt, avec un nécessaire prudence, à<br />

enlever les scandales et à établir la paix et l’harmonie entre les personnes et dans les<br />

familles. Qu’il fasse un effort, avec toutes les énergies propres de sa grande vocation le<br />

respect de toutes les lois divines et ecclésiales, à soigner le salut vis-à-vis de la vie éternelle<br />

<strong>com</strong>me pour le calme et la sérénité de la vie présente, chaque fois que la providence<br />

maternelle de Dieu lui donne l’occasion.<br />

Qu’on voit l’image soumise du pasteur qui cherche la brebis perdue, chère à <strong>Conforti</strong>. On<br />

voit aussi des signes d’un autre choix pastoral, encore au <strong>com</strong>mencement de ces années, celui d’une<br />

majeure éducation liturgique. Au moins une fois chaque année, pendant qu’un pretre célèbre, un<br />

autre explique aux fidèles le rite (322) : on invite à la lecture de l’épître ou de l’évangile en italien<br />

(625).<br />

Quelques normes pour le clergé montrent quelques aspects de la scène sociopolitique dans<br />

laquelle on vit. Pour le clergé il y a l’interdiction de s’inscrire à des partis politiques (44) donc aussi<br />

le parti fasciste. Il s’agit d’un certain contrôle des prêtres journalistes et écrivains (45) Une « plaie »<br />

déjà vue dans le chapitre propre sur le clergé, et qu’on cherche de limiter, est le phénomène des<br />

prêtres qui dénoncent les confrères (48). Comme pendant la cinquième visite pastorale, même<br />

pendant le synode, est à la première place le problème des structures paroissiales (171)<br />

Comme bien connaissaient ceux qui s’occupaient des normes synodales dans leur aspect des<br />

documents historiques, déduire une situation d’une loi est toujours relatif, même dangereux. C’est<br />

vrai que « lex fit ex quo plerumque accidit » la loi est pour sauvegarder le bien <strong>com</strong>mun : mais il est<br />

aussi vrai, <strong>com</strong>me enseigne une page exemplaire du roman « Les Promessi Sposi », que la<br />

multiplication des lois parfois montre la transgression. Cependant il semblerait que le ton différent<br />

et le changement d’accent, relevés dans les deux récits des dispositions du 1914 et 1931, font<br />

allusion à une situation du clergé plus engagée pastoralement plus sereine, même plus protégée par<br />

l’Etat, et moins lourde par les urgences de boucher les vides des paroisses vacantes. Le phénomène<br />

est encore évident : en 1930 sont normalement 50 les paroisses sans curé, mais les perspectives<br />

vocationelles et peut être quelque moyen plus <strong>com</strong>mode permettent de donner moins de poids à<br />

l’urgence.<br />

En plus que une empreinte spirituelle pour la visite pastorale et à un concret engagement<br />

dans la rédaction du nouveau synode, les Pactes du Latran pouvait générer des conséquences<br />

importantes sur quelques questions juridiques et patrimoniales qui intéresseraient l’église de Parma.<br />

Probablement n’a pas été <strong>Conforti</strong> à connaître la signification de quelques dispositions des Pactes<br />

pour le sanctuaire de Sainte Marie de la Steccata à Parma. Peut-être quelque juriste expert du clergé<br />

et du laïcat catholique, pendant les travaux qui préparaient le synode, avait fait parvenir à l’évêque<br />

une note. En effet le 9 juillet <strong>Conforti</strong> écrivait au Nonce apostolique en Italie, Mgr Francesco<br />

Borgoncini Duca, en demandant un appui pour la restitution au gouvernement ecclésiastique<br />

diocésain du sanctuaire qui se trouve au centre de la ville. La thèse principale était celle-ci : l’église<br />

de la Steccata était née <strong>com</strong>me sanctuaire, et seulement après, avec son patrimoine, fut donnée par<br />

le pape Clément XI à l’Ordre des Cavaliers de Saint Georges. Après que cette église fut mise sous<br />

le contrôle de l’Ordre Mauricien, avec la fin du ducat de Parma, et après 1922, érigée <strong>com</strong>me un<br />

être autonome, le sanctuaire (et son patrimoine) devait être restitué au diocèse, selon l’article 27, 3<br />

du concordat.<br />

Depuis ce moment pour <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>mençait une longue campagne, avec l’appui de l’abbé<br />

Nestore Pelicelli, « préfet » de la Steccata et la consultation continuelle du Saint-Siège, en<br />

particulier la Congrégation du Concile, pour obtenir le passage du sanctuaire de la Steccata sous le<br />

direct contrôle épiscopal. <strong>Conforti</strong> littéralement avait dérangé avec des lettres, le sénateur Paolo<br />

<strong>Manfredi</strong> - 235 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Boselli « premier secrétaire de sa majesté pour les Ordres Equestres » et président du conseil<br />

d’administration dont dépendait la Steccata, et il avait interpellé aussi le Ministre de la Justice, le<br />

fameux Alfredo Rocco. Il semble de pouvoir dire que l’engagement de <strong>Conforti</strong> n’a pas eu des<br />

résultats positifs : Santa <strong>Maria</strong> della Steccata reste même aujourd’hui propriété de l’administration<br />

de l’Ordre Constantinien.<br />

Toujours en conséquence, ou au moins successivement aux accords du 11 février 1929, fut<br />

transformée dans un décret royal (23 mars 1929) la transaction entre la Société des vivants et des<br />

morts et l’hôpital de Parma, un passage qui donnait fin à la vieille question, avec un discret<br />

correspondent pour l’église de Parma : à la Société 250.000 lires pour payer les avocats et 900.000<br />

lires avec des titres d’état, pour assurer le service choral en cathédrale, en plus d’autres biens<br />

immuabilités : à la cathédrale 60.000 lire pour payer les avocats et les messes non célébrées et<br />

220.000 lires en titres d’état pour toutes les messes du légat. Les hôpitaux ont retardé à observer<br />

l’obligation d’assurer les 900.000 lires in titres d’état, et <strong>Conforti</strong> devait écrite à la Congrégation du<br />

Concile pour avoir la permission d’un délai. Mais aussi ce défi, à la fin fut vécu.<br />

En réalité, grâce à des documents récemment retrouvés dans les archives du Vatican, nous<br />

pouvons affirmer avant tout qu’une convention presque identique, avec quelques différents chiffres,<br />

était déjà définie en juillet 1927. <strong>Conforti</strong> écrivait à Gasparri secrétaire d’Etat :<br />

Cependant malgré que cette translation aurait obtenu le consentement de deux parties<br />

intéressées à Parma et transmise plusieurs fois au Ministère pour l’approbation nécessaire<br />

et pour la transformation dans le décret royal, avait été renvoyée avec un avis négatif ou<br />

avec de telles observations qu’on avait pu <strong>com</strong>prendre la difficulté externe de la réussite.<br />

En cet état douloureux des choses, qu’on n’a pas pu changer, malgré en conditions<br />

politiques changées de la nation, et que menace de <strong>com</strong>promettre définitivement le service<br />

religieux et choral de ma cathédrale… je me permets d’invoquer de cet importante<br />

secrétariat d’Etat, l’intérêt que votre Eminence pourrait juger opportun à prendre.<br />

Gasparri <strong>com</strong>muniquait la lettre au père jésuite Tacchi Venturi, qui répondait avec un billet<br />

(anonyme, mais avec une graphie non équivoque) : « De cette démarche de Parma S.E le Président<br />

a déjà demandé de faire répondre au père Tacchi Venturi qu’il avait pris une personnelle défense et<br />

promet de faire suivre une vérification. Le « Président » était le président du Conseil des Ministres,<br />

c’est-à-dire Mussolini, que d’ailleurs suivait l’affaire jusqu’à sa conclusion, après presque un an et<br />

demi.<br />

LE PREMIER CHAPITRE GENERAL ET LA FONDATION DE LA PREFECTURE<br />

APOSTOLIQUE DE LUOYANG<br />

Nous retournons maintenant, après ce regard de l’action pastorale de <strong>Conforti</strong> à Parma après<br />

les Pactes du Latran, aux vicissitudes de la congrégation xavérienne. Vraiment les premiers mois du<br />

1929 ont été très fébriles pour le fondateur qui a <strong>com</strong>mencé une série d’activités et des décisions<br />

avec un nouvel élan. Le chapitre général, le premier de la congrégation, fut convoqué avec la lettre<br />

du 25 janvier 1929, <strong>com</strong>me on avait déjà vu. En réalité en différentes occasions, soit à travers une<br />

lettre, soit à vive voix en Chine, <strong>Conforti</strong> avait annoncé l’événement, et les missionnaires de<br />

l’Henan avaient déjà élu leur représentant, le père Leonardo Armelloni, qui devait rentrer en Italie<br />

pour se faire soigner. Ainsi pendant la permanence en Chine il n’avait pas oublié de demander des<br />

indications sur les thèmes à discuter pendant le chapitre, et malgré le ton, même le<br />

« mémorandum » du conseil de Mgr Calza était sérieusement une source de réflexion pour le<br />

fondateur. Nous avons aussi les observations du père Amatore Dagnino, que, <strong>com</strong>me on connaît,<br />

était encore à Poggio San Marcello, mais déjà nommé supérieur religieux en Chine : <strong>Conforti</strong> lui<br />

avait maintes fois demandé des avis et lui avait écrit une longue relation. Dans les écrits du futur<br />

successeur de <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>me guide des xavériens, on voit qu’il reconnaissait les fatigues et<br />

<strong>Manfredi</strong> - 236 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’unilatéralité de Calza, Gazza et Pellerzi, mais il avait la tendance à attribuer une majeure<br />

responsabilité des aspects indiqués aux jeunes missionnaires, avec un esprit fondamentalement<br />

insubordonné. Ceci faisait graver de quelques responsabilités soit le père Popoli mais surtout<br />

Bonardi, les deux formateurs de nouveaux xavériens en Italie. Dagnino justifiait tout à fait Bonardi,<br />

même en soulignant que son caractère franc et sincère, pouvait procurer l’indiscipline des jeunes.<br />

Le grand tournant à faire était celui de substituer toutes les charges de la congrégation, en les<br />

confiant à des missionnaires experts et âgés, qui auraient pu aussi donner des cours internes de<br />

théologie, et donc donner une pleine unité de formation aux aspirants missionnaires. L’élection du<br />

substitut général, des quatre consulteurs, du maître et vice maître des novices, la nomination d’un<br />

véritable père spirituel, aurait rendu indépendante la congrégation de l’apport intellectuel et aussi<br />

spirituel du clergé de Parma, et aurait donné aux pères plus âgés un prestige et une leadership dans<br />

la congrégation, que maintenant en Chine n’était pas pleinement reconnus.<br />

Les nœuds qui donnaient des problèmes étaient sûrement le style du noviciat et de la<br />

formation en Italie, le rapport entre la vie religieuse et la responsabilité pastorale en mission, le<br />

rapport entre la Maison mère et la Chine, y <strong>com</strong>prise la question économique, que le père Dagnino<br />

cherchait à diminuer, même si pendant la visite de <strong>Conforti</strong> et dans beaucoup de lettres de Calza<br />

l’argent était tout à fait à la première place.<br />

Fixé pour les premiers jours de juin 1929, le chapitre fut successivement renvoyé jusqu’au 7<br />

août, surtout à cause d’une grave maladie du père Popoli, qui demandait un temps de<br />

convalescence. Finalement le 7 août 1929, dans la « salle rouge » de la Maison mère, après les<br />

prières rituelles fut ouvert le chapitre général. Ont participé : le fondateur et supérieur général<br />

<strong>Conforti</strong>, les pères Popoli, supérieur de la Maison mère et procureur général, Bonardi, Amatore<br />

Dagnino, Uccelli et Armelloni <strong>com</strong>me représentant des pères missionnaires en Chine.<br />

Avant tout, le chapitre avait décidé sur les charges du Conseil : <strong>com</strong>me consulteurs ont été<br />

choisis Bonardi, Popoli, Uccelli et Luigi Magnani, que en ce moment était encore en Chine et il<br />

avait été présenté par les « jeunes » <strong>com</strong>me leur candidat à supérieur religieux, Bonardi fut nommé<br />

substitut général et économe général : Popoli est resté procureur et nommé « inspecteur pour les<br />

études et la discipline ». Magnani sera nommé maître des novices, tandis que le père Eugenio<br />

Morazzoni fut rappelé en Italie <strong>com</strong>me père spirituel. Cette première décision d’un côté était<br />

conforme à la demande de Dagnino (et peut-être de Calza), de l’autre côté confirmait la confiance<br />

aux principaux collaborateurs de <strong>Conforti</strong> et présentait au le Conseil un parmi les vétérans de la<br />

mission, le père Magnani, approuvé aussi par les jeunes.<br />

Le thème successif fut la discussion du « statut des missions » qu’avait été rédigé par le père<br />

Popoli selon les directives du Concile chinois du 1924 auquel il avait participé <strong>com</strong>me notaire, et<br />

des statuts analogues de quelques congrégations religieuses. En lisant le texte de ce document, on<br />

s’aperçoit que il ne s’agissait absolument pas de la pastorale missionnaire, mais de la structuration<br />

juridique, et la question centrale, pleine de normes minutieuses, est celle du rapport entre supérieur<br />

ecclésiastique (évêque, ou vicaire ou préfet apostolique) et supérieur religieux. Pratiquement, le<br />

statut devait ac<strong>com</strong>pagner le père Dagnino dans son expérience de premier supérieur xavérien dans<br />

l’Henan, mais l‘approbation de « Rome éternelle » a eu un retard presque de deux ans. Même dans<br />

son essentialité juridique le statut montre une subordination substantielle du supérieur religieux au<br />

prélat missionnaire sur toutes les questions disciplinaires et du personnel missionnaire, ce que Calza<br />

demandait. Le supérieur religieux devait avoir sa résidence pour un lieu des récollections et du<br />

repos pour les missionnaires, et le siège du futur noviciat.<br />

La discussion sur le statut avait occupé les jours 7 et 8 août. Le « coutumier » de la Maison<br />

mère fut traité dans l’après midi du 8 et le soir du 10 août. Le 12, 13 et 15 août ont été visionnées<br />

les constitutions et on a recueilli les indications capitulaires. En particulier, n’était pas encore venu<br />

le temps de faire naître (ou mieux renaître) une école théologique autonome à Campo di Marte, on a<br />

décidé une majeure séparation entre les pères et les élèves, mais pendant les repas, à la Maison<br />

mère, <strong>com</strong>me dans les écoles apostoliques, les profès, soit supérieurs que scolastiques et frères<br />

coadjuteurs, devaient continuer à participer aux mêmes repas : cela pourrait être considérée une<br />

<strong>Manfredi</strong> - 237 – G.M. <strong>Conforti</strong>


question secondaire, mais en tenant <strong>com</strong>pte du style des séminaires de l’époque, telle décision est<br />

un signe d’un « esprit de famille » très original.<br />

Si on pense aux tensions et aux plaintes de la veille, le chapitre s’est déroulé dans un climat<br />

de dialogue et de sérénité d’une certaine façon surprenante. Ce n’est pas que les problèmes ont été<br />

enlevés : le statu même montrait que l’équilibre entre la vie religieuse et l’action missionnaire, et les<br />

respectives responsabilités, devaient prendre de nouvelles formes au sujet de l’approche de<br />

premières décennies, de mission. Pour le moment, la figure et l’équilibre du fondateur avaient<br />

trouvé un ensemble de solutions plus que acceptables. Cependant la disparition de <strong>Conforti</strong> portera<br />

encore à la lumière les remarquables différences des vues parmi quelques uns de ses immédiats<br />

collaborateurs.<br />

Toujours moins de deux mois du retour en Italie, à la fin février 1929, <strong>Conforti</strong>, pendant une<br />

visite à Rome, d’abord il avait eu un colloque avec le cardinal Van Rossum, de Propaganda fide,<br />

puis lui écrivait une lettre en présentant une possible division du vicariat de Zhenzhou. De la lettre<br />

on déduit que cette division avait été présentée par Calza même, qui avait remis à <strong>Conforti</strong> la<br />

documentation. Pour la vérité, <strong>com</strong>me on avait déjà écrit dans le huitième chapitre, quatre ans<br />

avant, en 1925, <strong>Conforti</strong> avait proposé à Propaganda la sou- division du vicariat évangélisé par les<br />

xavériens. Mais l’opération en ce moment était l’essai de prévenir une intervention de Propaganda<br />

dont quelqu’un avait avisée <strong>Conforti</strong>. Une congrégation missionnaire, il s’agissait des Verbiti<br />

allemands, ou les missionnaires de Steyl, avait un bon nombre des missionnaires à envoyer en<br />

Chine. A Propaganda on avait regardé la carte géographique de la région de l’Henan, ils avaient<br />

contrôlé l’organique de quatre vicariats en ce moment existants, ils avait conclu que l’Henan<br />

occidental avait le pire rapport habitants-missionnaires, et donc on avait décidé de diviser le district<br />

géré par les xavériens pour créer une nouvelle zone pour la confier à cette autre congrégation riche<br />

de vocations. <strong>Conforti</strong> avait essayé de répéter qu’après deux ans il était prêt un autre nombre des<br />

xavériens pour la mission chinoise, mais entre les lignes de sa lettre on voit quelques motifs pour<br />

une autre difficulté. Les xavériens, qui avaient <strong>com</strong>mencé du rien (« trois hangars couverts avec la<br />

paille ») non seulement ils avaient multiplié trente fois le nombre des chrétiens, mais ils avaient<br />

construit des églises et résidences, que maintenant seraient données aux autres… il semble<br />

d’écouter l’éco des difficultés des missionnaires de Milan, Mgr Volonteri et le père Cattaneo au<br />

moment de la fondation du vicariat de Zhenzhou.<br />

Peut-être surtout à motif de la perspective de nouvelles forces xavériennes, mais peut-être<br />

aussi pour le prestige que <strong>Conforti</strong> avait devant les yeux de Van Rossum, pendant l’année 1925 le<br />

vicariat de l’Henan occidental est resté tel, <strong>com</strong>me on avait noté en précédence. Mais en 1929 les<br />

forces xavériennes étaient déjà suffisamment nombreuses pour permettre une redistribution. Un peu<br />

plus de trois mois, Propaganda avait déjà donné le consentement pour le projet, et demandait trois<br />

noms parmi les quels choisir le nouveau préfet apostolique de Luoyang, <strong>Conforti</strong> proposait Assuero<br />

Teofano Bassi, Amatore Dagnino et Eugenio Morazzoni, en présentant le premier <strong>com</strong>me le<br />

meilleur candidat. Assuero Bassi, avec Stefano Chieli, était un parmi les premiers élèves<br />

missionnaires qui n’était pas de la région de l’Emilie : tous les deux provenaient de « l’aretino » Il s<br />

étaient partis ensemble pour la Chine en 1910 : donc Bassi avait désormais 20 ans d’expérience<br />

missionnaire. En janvier 1930 Bassi était nommé préfet apostolique. Naissait ainsi, le second<br />

district missionnaire xavérien destiné, <strong>com</strong>me le premier, à des années d’engagement, dans un état<br />

de guerre, puis à la persécution en enfin à l’expulsion des missionnaires par le <strong>com</strong>munistes de Mao<br />

Le voyage de <strong>Conforti</strong> en China avait procuré sûrement une épreuve remarquable, physique<br />

et intérieure. Mais permettait au fondateur d’avoir de majeures informations et impressions pour<br />

certaines décisions concrètes sur la discipline et la gestion interne de la congrégation et sur<br />

l’organisation de la mission, pour lui permettre, <strong>com</strong>me aussi aux xavériens, de traverser, on dirait,<br />

avec succès la période des tensions et de transition au début de la première guerre mondiale.<br />

NOUVELLES FONDATIONS XAVERIENNES EN ITALIE<br />

<strong>Manfredi</strong> - 238 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Les deux « écoles apostoliques » du Veneto et des Marche continuaient à avoir un bon<br />

nombre des élèves, et l’afflux de nouveaux élèves missionnaires au noviciat de la Maison mère et<br />

aux études de théologie était constant. Le chapitre général avait mise en ordre le personnel directif<br />

surtout de la Maison mère. Dans la lettre dans laquelle <strong>Conforti</strong> <strong>com</strong>muniquait à Calza les résultats<br />

du chapitre, on a la nouvelle de la conclusion de quelques contrats en cours depuis plusieurs<br />

semaines, pour de nouvelles fondations :<br />

Peu avant le chapitre une très noble patricienne de Rome, la <strong>com</strong>tesse Carpegna, m’avait<br />

offert une de ses villas patronales à Grumone Cremonese pour une maison apostolique. Je<br />

me suis rendu sur place pour une descente sur les lieux et je l’ai trouvé très apte au but<br />

auquel la villa devait servir. C’est inutile dire que j’ai accepté la généreuse offrande. La<br />

nouvelle maison sera ouverte en novembre prochain. Déjà <strong>com</strong>mencent les demandes<br />

d’admission. Mais qui envoyer <strong>com</strong>me recteur <br />

Grumone est une mairie dei Corte dei Frati à nord-ouest de la ville de Cremona, vers le<br />

fleuve Oglio et aux limites avec la plaine de Brescia. Nous sommes au milieu de la plaine arrosée<br />

de la Lombardie. Dans cette villa on avait placé le gymnase supérieur, et pendant quelques mois<br />

sera recteur le père Vanzin, appelé de la Chine. Le traditionnel afflux des vocations de la Lombardie<br />

sera renforcé par la présence de cette école apostolique et dans la présence xavérienne à Desio,<br />

après la seconde guerre mondiale.<br />

Même à sud une maison de formation xavérienne, à Vallo della Lucania, où ont été envoyés<br />

les pères Eugenio Morazzoni et Brambila en septembre 1930. Le successif 7 octobre, sur la<br />

principale place de Vallo, fut célébré l’envoi en mission des xavériens Mario Ghezzi et Mario<br />

Lanciotti à la présence de l’évêque du diocèse, qui s’attendait d’ailleurs beaucoup de choses des<br />

religieux de <strong>Conforti</strong>.<br />

Pendants quelque temps on avait pensé de trouver un nouveau lieu pour le noviciat, jusqu’en<br />

ce moment présent à la Maison mère. A travers une intervention de Mgr Celso Costantini, on avait<br />

eu des pourparlers pour un grand bâtiment à Otronovo, tout proche de La Spezia et à Sarzana, bien à<br />

côté de Parma. Les pourparlers n’ont pas, pu conclure l’affaire.<br />

LE PETIT SEMINAIRE<br />

Dans le chapitre sur le clergé ont été déjà brièvement décrites les circonstances pour la<br />

fondation du nouveau petit séminaire. La visite apostolique du bénédictin, le bienheureux cardinal<br />

Schuster en 1926, avait imposé de fermer Berceto en tant que séminaire « autonome », et <strong>Conforti</strong><br />

avait décidé de fondre un unique petit séminaire qu’on doit construire « ex novo ». Il avait trouvé<br />

une place apte à Campo di Marte, tout proche de la Maison Mère des xavériens. Retourné de la<br />

Chine, en avril 1929 présidait à la cérémonie de la première pierre du nouveau petit séminaire.<br />

On peut dire qu’en ces mois <strong>Conforti</strong> n’avait jamais perdu l’occasion pour sensibiliser le<br />

diocèse pour de petit séminaire. Après les premières demandes originalement finalisées à la<br />

construction d’une nouvelle maison pour les vacances du séminaire, <strong>Conforti</strong> « détournait » ses<br />

insistances en faveur du petit séminaire. En l’occasion de son 25° anniversaire d’épiscopat, en juin<br />

1927, pendant l’assemblée générale du clergé, le novembre successif, puis avec une lettre exprès<br />

pour le clergé et le peuple, le 23 janvier 1928, un appel le 10 mars, et une prière demandée aux<br />

enfants de la première <strong>com</strong>munion, il cherchait d’impliquer le plus possible ses prêtres et les<br />

différentes couches de la population. Même à l’occasion du jubilé extraordinaire annoncé en 1929<br />

en l’occasion de 50 ans de prêtrise du pape Pie XI, les offrandes devaient être convergées de<br />

préférence pour le nouveau séminaire.<br />

Retourné de la Chine, où pendant les longs temps du voyage, il avait fait des projets aussi<br />

pour le nouveau séminaire, le premier février 1929, écrivait au clergé hors de la ville une lettre en<br />

certains aspects curieuse :<br />

<strong>Manfredi</strong> - 239 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Nous constatons avant tout l’objectivité de la considération faite par beaucoup au sujet du<br />

malaise créé par le peu des produits agricoles qu’on a eus en ces deux dernières années<br />

spécialement à cause de l’exceptionnelle sécheresse qui a abîmé nos fertiles campagnes. Et<br />

la douloureuse constatation nous suggère l’opportunité d’adresser notre pensée à Dieu<br />

pour invoquer la miséricorde, selon l’enseignement du Maître : « Demandez et vous<br />

obtiendrez » Pour cela nous ordonnons que les jours 2, 3, 4 du prochain mois de mai qu’on<br />

fasse dans toutes les paroisses du diocèse un triduum pour obtenir la bénédiction de Dieu<br />

sur nos campagnes en invitant le peuple à participer et conseillant les fidèles l’idée de faire<br />

presque un vœu d’une généreuse offrande en faveur du séminaire en construction si le<br />

Seigneur jugera d’exaucer nos supplications.<br />

Evidemment quelques curés de la campagne s’étaient lamentés que l’entreprise du séminaire<br />

devait être à la charge des bilans paroissiaux dans une période pas du tout facile. On ne connaît pas<br />

si les invocations en faveur de la prospérité agricole proposées par <strong>Conforti</strong> ont auraient été<br />

efficaces. Cependant on doit noter, que en octobre successif, précisément le vendredi 24, un krach<br />

de la bourse de New York fut le signal de la « grave dépression » une crise économique mondiale<br />

qui avait procuré ses conséquence même en Italie : et que en cette période le diocèse de Parma<br />

aurait fait un grand effort économique pour le séminaire est vraiment surprenant.<br />

Le premier avril 1929, <strong>com</strong>me on disait, fut posée la première pierre, même aussi <strong>com</strong>me<br />

occasion de l’élan de tout le diocèse. Ainsi <strong>Conforti</strong> décrivait l’évolution de la situation des<br />

vocations :<br />

Nous sommes obligés à proclamer les paroles de l’évangile que la moisson est très<br />

abondante mais les ouvriers pou nombreux En ces dernières 20 ans, les causes ont été<br />

multiples pour cette affaire douloureuse. La faiblesse de la foi, les mauvaises coutumes, la<br />

longue guerre et le socialisme incroyant qui renie toute religion, avaient interdit ou<br />

diminué dans les générations en croissance tout élan pour les vocations ecclésiastiques, et<br />

étaient peu nombreux les jeunes qui pensaient de réaliser cet appel. Mais maintenant que<br />

grâce à l’œuvre forte et sage de ceux qui gouvernent l’Italie, la religion est considérée un<br />

élément indispensable pour le progrès et le bien-être moral de la nation ; et la religion est<br />

entrée de nouveau dans les écoles publiques pour les animer de son souffle vivifiant, voilà<br />

que nous voyons grandir chaque jour le nombre des jeunes qui attirés par ce sublime idéal<br />

d’apostolat, demandent d’être admis parmi les élèves du séminaire pour être un jour les<br />

ministres de Dieu.<br />

Après la bénédiction de la première pierre ne manquait pas l’intensité des initiatives de<br />

<strong>Conforti</strong> et du diocèse. En mai il y avait une autre assemblée des personnes qui pouvaient avoir le<br />

rôle de sponsor ; à la présentation de la cinquième visite, <strong>com</strong>me on avait dit, le premier objectif<br />

c’était « d’intéresser » la générosité de braves personnes en faveur de la construction du séminaire<br />

diocésain. Une autre lettre au clergé fut publiée à la fin d’avril 1930, avec la reconnaissance pour<br />

l’engagement de demander une contribution aux bénéfices ecclésiastiques en faveur du petit<br />

séminaire, une décision de l’assemblée du clergé du 26 mars 1930.<br />

<strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me on connaît, n’avait pas vu l’ac<strong>com</strong>plissement de la construction et il<br />

entrevoyait seulement une bonne reprise du nombre des ordinations sacerdotales, qui ont eu le<br />

sommet entre 1934-1948. C’était un phénomène <strong>com</strong>mun en toute l’Italie, une reprise de<br />

recrutement qui avait surmonté les difficultés des année de la première guerre mondiale et l’aprèsguerre,<br />

et s’est soutenu avec un décroissance jusqu’à quand est née l’école moyenne unique qui<br />

avait enlevé aux séminaires le rôle des écoles humanistes pour les enfants des familles pauvres.<br />

Peut-être <strong>Conforti</strong> avait individualisé certains motifs de cette reprise, pendant le discours de la<br />

bénédiction de la première pierre, <strong>com</strong>me on avait écrit. Sans aucun doute pendant les années 1930-<br />

<strong>Manfredi</strong> - 240 – G.M. <strong>Conforti</strong>


1940 la vocation au presbytérat avait trouvé un remarquable « prestige » vis-à-vis des adolescents et<br />

jeunes. Le petit séminaire de Parma fut un parmi les exemples d’un phénomène très important pour<br />

les diocèses italiens : la construction ou le remaniement des structures pour la formation du clergé.<br />

Ces grandes entreprises de construction souvent ont été conclues vraiment au moment dans lequel le<br />

trend de croissance était en train de se conclure, et, <strong>com</strong>me disait un vieux pretre de la Toscana à<br />

l’abbé Silvano Burgalassi, fameux pour les études de sociologie, on s’est trouvé avec ces<br />

grands « nouveaux séminaires vides et encore à payer » Parma, en réalité, grâce à l’engagement de<br />

son évêque <strong>Conforti</strong>, mais aussi par l’intervention du Saint-Siège, était partie légèrement en avance<br />

avec un projet plus limité : un bon séminaire pour le gymnase, sans toucher la structure du XVIII<br />

siècle du grand séminaire à côté de la cathédrale et du presbytère. Ceci avait fait de l’œuvre de<br />

<strong>Conforti</strong>, une ressource plus durable et utilisée.<br />

Mais les vicissitudes du séminaire de Parma n’étaient pas terminées. <strong>Conforti</strong> avait trouvé<br />

un recteur définitif, l’abbé Giovanni Barili, en « l’arrachant » à la paroisse de Serravalle ; il avait<br />

choisi <strong>com</strong>me père spirituel l’expert Savazzini ; il avait changé l’économe, que maintenant est<br />

l’abbé Roberto Simonazzi. L’organique des enseignants était <strong>com</strong>plet selon les dispositions<br />

imposées aux facultés théologiques et la qualité était à la hauteur : ça suffit penser qu’existait une<br />

chaire de thomisme occupée par Mgr Amato Masnovo. En octobre 1931 <strong>Conforti</strong> devait rendre<br />

<strong>com</strong>pte à la Congrégation des séminaires de quelques accusations contre des enseignants du<br />

séminaire de Parma par de « prétendus prêtres » diocésains. On affirmait que l’abbé Giuseppe Orsi,<br />

enseignant de théologie dogmatique, aurait été in<strong>com</strong>pétent, et que en plus un élève aurait refusé de<br />

soutenir un examen, en disant qu’il connaissait plus que le professeur. Etait accusé même l’abbé<br />

Leandro Fornari, depuis des années enseignant de Sainte Ecriture, et même « le « nouveau<br />

professeur de théologie morale dont le nom n’est pas encore connu officiellement ». Enfin quelque<br />

personnage peut-être du clergé citadin, et <strong>Conforti</strong> probablement avait <strong>com</strong>pris quelques chose,<br />

avait envoyé des accusations gratuites à Rome, peut-être par jalousie car il n’avait pas été choisi<br />

<strong>com</strong>me enseignant.<br />

LES DERNIERS MOIS. LA SEMAINE LITURGIQUE. ENCORE DES ACCROCHAGES<br />

AVEC LES FASCISTES.<br />

Les années 1920-1930 se sont déroulées entre la visite pastorale, le synode, les engagements<br />

de la congrégation xavérienne, les inquiétudes pour la construction du nouveau petit séminaire.<br />

Mais <strong>Conforti</strong> avait déjà conçu un autre projet d’action que jusqu’à maintenant, sans être absent,<br />

était davantage à la deuxième place.<br />

Déjà le synode célébré en 1930 et publié en 1931, avait donné quelques directives de<br />

pastorale liturgique, <strong>com</strong>me on avait dit. Et il ne s’agissait pas seulement de construire ou de<br />

maintenir des églises dignes et pourvoir à des objets dignes pour la liturgie. <strong>Conforti</strong>, en suivant le<br />

mouvement liturgique, qu’en ce temps arrivait aussi en Italie, <strong>com</strong>prenait que la population était<br />

<strong>com</strong>plètement détachée de la célébration eucharistique, et c’était nécessaire trouver le chemin pour<br />

rendre la liturgie de nouveau accessible. Certainement une contribution déterminante à ses<br />

réflexions, en plus que de l’expérience de la visite pastorale, est arrivée grâce à un parmi les<br />

pionniers du mouvement liturgique italien : le bénédictin Emanuele Caronti. Elu en 1919 supérieur<br />

de la <strong>com</strong>munauté de San Giovanni à Parma, mais depuis 1914, prieur de Praglia, actif dans la<br />

Revue Liturgique, Caronti s’est engagé dans l’apostolat liturgique en Italie, mais avec des espaces<br />

importants d’action à Parma. Ici il avait ouvré soit avec des rencontres et conférences à San<br />

Giovanni, soit, depuis 1923, dans l’école pour catéchistes à l’éveché, soit dans le club catholique<br />

féminin, fondé à côté de San Giovanni et, en 1927-1928, avec des leçons de chant et liturgie aux<br />

clubs catholiques féminins de la ville. Caroni n’était pas donc aux marges de l’activité ecclésiale de<br />

Parma, et l’évêque <strong>Conforti</strong> l’avait impliqué dans une des réalités stratégiques : l’école pour les<br />

catéchistes. En 1931 était arrivé l’heure d’une proposition plus organique de pastorale liturgique,<br />

avec la « semaine liturgique » diocésaine, célébrée du 20 au 24 avril : à cet événement étaient<br />

<strong>Manfredi</strong> - 241 – G.M. <strong>Conforti</strong>


invités le clergé, le laïcat et les associations catholiques. Caronti était le directeur. Ont été invités<br />

différents experts, parmi lesquels le fameux père jésuite Petazzi, qui retournait à Parma après les<br />

années de l’Union Missionnaire du Clergé. Dans la lettre d’invitation on voit clair l’intention de<br />

<strong>Conforti</strong> :<br />

Le clergé doit procurer dans la meilleure façon que le peuple <strong>com</strong>mence à aimer aussi la<br />

forme extérieure de la religion <strong>com</strong>me un moyen pour rejoindre le but. Obtenu ce premier<br />

résultat, ne retardera pas à obtenir que le peuple aime même plus la nature intime de la<br />

religion même et qu’il ait une grande considération ses préceptes et ses doctrines. Jusqu’à<br />

à hier, malheureusement, les rites de l’église étaient une lettre morte pour la plus part des<br />

chrétiens. Tandis qu’aujourd’hui n’est plus <strong>com</strong>me ça, car grâce à l’œuvre spécialement<br />

de l’Ordre de Bénédictins, les études théologiques ont pris partout un réveil consolant.<br />

Telles assemblées doivent donc intéresser tous sans exception : le clergé au service des<br />

paroisses, car dans la vie paroissiale doit être <strong>com</strong>me une âme, les pieuses associations et<br />

organisations catholiques, qui sont appelées à collaborer avec lui à la dignité du culte divin<br />

et enfin tous les fidèles qui dans la paroisse ont le droit d’avoir tout ce qui est nécessaire à<br />

la conservation et à l’accroissement de la vie chrétienne. Ils doivent trouver<br />

continuellement dans cette sacrée enceinte une atmosphère surnaturelle…<br />

Pendant le premier discours <strong>Conforti</strong> reprenait à la lettre quelques passages du texte de<br />

l’invitation. Le point plis important de la semaine aurait été la liturgie paroissiale : sur cela l’évêque<br />

était très clair et insistent. <strong>Conforti</strong> essayait à ébaucher quelques choix concrets, d’ailleurs en<br />

développant ce que le récent synode avait indiqué :<br />

Dans la plus grande majorité le peuple chrétien participe à la sainte messe les jours de<br />

fête : mais <strong>com</strong>ment assiste-t-il Passivement ; il se considère <strong>com</strong>me un étranger. Les<br />

plus dévoués prient. Pas <strong>com</strong>me ça les apôtres dans le cénacle, ni les premiers fidèles,<br />

<strong>com</strong>me nous dit saint Augustin. On fera ainsi quand les fidèles <strong>com</strong>prendront la<br />

signification et la valeur des actes divins du sacrifice eucharistique, quand à la place de<br />

certains livres de piété plus au moins savoureux, ac<strong>com</strong>pagneront les sublimes prières du<br />

Canon désormais imprimées et traduites en italien, même dans les différents textes<br />

catéchétiques. Pour cela nous aurons dans notre semaine liturgique différents exemples<br />

des messes expliquées. Et je suis content que même le vénéré clergé, en hommage aux<br />

dispositions synodales, répétera ces explications dans leurs propres paroisses, au moins<br />

une fois chaque année.<br />

<strong>Conforti</strong>, toujours pendant le premier discours, reprenait avec insistance sur le retour au<br />

chant grégorien.<br />

La semaine liturgique fut articulée dans une session pour le clergé, une pour les associations<br />

catholiques et quelques assemblées générales. La partie plus importante dans les relations fut celle<br />

des bénédictins : l’abbé Caronti avait parlé au clergé sur : « l’organisation paroissiale de l’église »,<br />

« la liturgie des défunts dans les paroisses » et « la paroisse des paroisses ; l’église cathédrale » e t<br />

pendant les assemblées générales dans deux interventions avait présenté selon le programme « la<br />

messe paroissiale » et « la catéchèse paroissiale ». Son confrère Ottaviano Ghigliotti avait parlé au<br />

clergé sur « la personne du curé » et aux laïcs associés sur « les vêpres ». L’autre bénédictin<br />

Eugenio Cicchitti était intervenu toujours devant les groupes associés sur «les devoirs paroissiaux<br />

des associations catholiques » et « l’apostolat paroissial des associations catholiques ». Deux prêtres<br />

diocésains ont aidé ces religieux : Mgr Grazioli qui avait parlé au clergé sur » la paroisse centre de<br />

la vie religieuse » et aux laïcs sur « <strong>com</strong>me l’Action catholique est le centre de la vie paroissiale et<br />

cherche de la développer » ; l’abbé Francesco Tonolo avait donné trois relations à la session pour le<br />

<strong>Manfredi</strong> - 242 – G.M. <strong>Conforti</strong>


clergé sur des aspects pratiques ; la prédication, les enfants de chœur et « les moyens pratiques pour<br />

favoriser et développer la vie paroissiale ».<br />

Si nous insérons ces interventions de <strong>Conforti</strong> sur la pastorale liturgique dans le contexte<br />

plus grand du mouvement liturgique à l’époque en acte en Italie et en toute l’Europe, on peut<br />

individualiser quelques aspects d’originalité et autonomie à l’égard de l’organisation de l’abbé<br />

Caronti et des autres leader italiens du mouvement. La vision de la pastorale liturgique de <strong>Conforti</strong><br />

est liée non seulement à la vie paroissiale, mais aussi à une étroite corrélation entre liturgie et<br />

doctrine chrétienne. Dans un certain sens on peut affirmer que le « premier amour » pastoral de<br />

<strong>Conforti</strong>, la catéchèse, influençait dès près, presque à instrumentaliser, l’engagement de purification<br />

de la liturgie et a l’approche de la population à la signification des célébrations. Il y avait une<br />

interdépendance entre liturgie et doctrine que, si devrait juger avec les paramètres de l’après<br />

Concile Vatican II, montrerait des limites théologiques, mais en réalité était une ouverture au<br />

mouvement liturgique et un <strong>com</strong>mencement de synthèse vraiment intéressante<br />

Tandis qu’il n’y a pas une trace d’un dessin de type différent et que de récentes études ont<br />

mis en évidence dans le mouvement liturgique italien et en particulier chez Emanuel Caronti : la<br />

liturgie <strong>com</strong>me forme de <strong>com</strong>munication pour les masses, que d’un côté entrait en syntonie avec<br />

quelques lignes du fascisme, d’autre côté mirait à prévaloir la christianisation collective sur un état<br />

totalitaire, ou nom du « règne social de Jésus Christ » Etait le dessin de Pie XI, théorisé dans des<br />

termes liturgiques, et avec l’objectif, aussi, de demander à l’Etat de rendre obligatoire la<br />

participation aux célébrations et l’emploi du calendrier catholique. Aucun signe de ce genre dans,<br />

bien sur limitée, mais précises, prises de position de <strong>Conforti</strong> en cette première tentative<br />

systématique de pastorale liturgique.<br />

Exactement pendant les jours de la semaine liturgique, on avait eu à Parma les premiers<br />

signes d’un accrochage qui avait parcouru toute l’Italie entre le régime fasciste et l’église. Le<br />

fascisme cherchait de monopole éducatif et manifestait hostilité vis-à-vis des activités juvéniles<br />

ecclésiales. En plus avec certitude Mussolini et les autres dignitaires avaient <strong>com</strong>pris la menace<br />

d’un travail éducatif et culturel qui avait <strong>com</strong>me objectif le développement de l’intérieur du<br />

fascisme avec la création d’une classe dirigeante catholique. Pie XI n’avait pas l’intention de<br />

détourner son projet de construction d’un « état chrétien », ni renoncer à l’Action catholique et à<br />

son engagement éducatif.<br />

Les faits sont connus : une série d’intimidations et menaces, ac<strong>com</strong>pagnées par quelques<br />

mesures de la police pour le contrôle des clubs catholiques, en printemps du 1931. Puis la fermeture<br />

avec autorité des clubs et les perquisitions <strong>com</strong>mandées par les forces de la police. Au même temps<br />

continuaient les violences soit à l’égard des individus, que vis-à-vis des sièges des clubs<br />

catholiques. En été, le pape avait publié l’encyclique « Non abbiamo bisogno » (nous n’avons pas<br />

besoin) avec une vibrante protestation contre les événements qui avaient frappé l’Action catholique<br />

juvénile de toute la Péninsule. En septembre, les accords entre le Saint-Siège et le gouvernement<br />

ont permis une nouvelle ouverture des clubs, même avec une suite de violence et des tensions. Nous<br />

chercherons, ici, surtout d’approfondir les prises de positions de <strong>Conforti</strong> devant cette vague de<br />

violence, en envoyant aux recherches de Trionfini pour une chronique plus précise de différents<br />

épisodes à Parma.<br />

Le 28 avril 1931 intervenait immédiatement avec une lettre au préfet Eolo Rebua pour<br />

protester contre les « invasions dans les locaux du club universitaire catholique et du club de la SS<br />

Trinité » qui affirmait avec décision, « n’ont pas eu <strong>com</strong>me cause aucune provocation » et avisait le<br />

préfet que « même de la campagne » arrivaient des nouvelles des tensions. Le 3 juin écrivait à Pie<br />

XI une lettre de solidarité pour les désordres contre l’Action catholique juvénile :<br />

Même à Parma, <strong>com</strong>me partout, on a fermé tous nos clubs de la jeunesse, mais, Dieu<br />

merci, on n’a pas eu de fâcheux accidents qu’on a eus ailleurs. Seulement un jeune, pur ce<br />

que je sache, a été frappé par des adversaires.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 243 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Le même jour <strong>Conforti</strong> rédigeait un message aux jeunes catholiques que fut censuré<br />

partiellement par la police :<br />

Qu’est ce que je dois ou je peux vous dire en ce moment qui restera douloureusement<br />

mémorable dans l’histoire de l’église d’Italie, et en particulier de l’Action catholique Je<br />

me limite à vous répéter ce que le saint Père avait exprimé récemment… « Après ce que<br />

maintes fois et aussi solennellement nous avons dit sur les rapports de l’Action catholique<br />

avec la hiérarchie, c’est-à-dire Jésus Christ lui-même, n’est pas douteux que vous aussi<br />

jeunes très chairs, notre joie et notre saint et paternel orgueil, vous pouvez et devez être<br />

contents et fiers d’avoir souffert pour l’église, pour le pape, et pour Jésus Christ même »<br />

Comme vous connaissez bien, le saint Père, pour le moment, jusqu’à un ordre contraire<br />

avait disposé que les évêques assumeraient personnellement et immédiatement la tutelle et<br />

la direction de l’Action catholique dans leurs respectifs diocèses. Et moi j’ai pris volontiers<br />

la charge honorifique et je vous confesse que si fut toujours grande ma prédilection pour<br />

la jeunesse, majeure sera pour l’avenir, sur de trouver en vous l’affection et la<br />

correspondance qui doivent distinguer ceux qui se glorifient d’être fils de l’église… Vous,<br />

pour le moment, selon la légalité, poursuivez avec courage toutes les œuvres d’apostolat<br />

chrétien auxquelles doivent être dédiées vous précieuses énergies, toujours confiants dans<br />

la sainteté de la cause… Prions aussi que dissipés les équivoques et enlevées les<br />

préventions dangereuses, nous puissions de nouveau nous réjouir de la concorde des<br />

cœurs, sans laquelle doit nécessairement subir un détriment même le bien-être social…<br />

La prise en charge de la responsabilité et « tutelle » des jeunes de l’Action catholique de la<br />

part de <strong>Conforti</strong> n’était pas certainement une affirmation rhétorique, et l’invitation à continuer les<br />

œuvres de l’apostolat pouvait même semblait provocateur pour le régime. Certainement <strong>Conforti</strong> ne<br />

renonçait pas, selon sa conviction et pour le choix du dialogue, à invoquer que « les équivoques » e t<br />

« préventions » disparaissaient en vue de la concorde : même depuis 1908, dans une autre scène<br />

avait invoqué la « concorde »<br />

Le 5 juin écrivait au curé de Viarolo, où on avait eu des désordres contre les jeunes<br />

catholiques ; quelques jours après envoyait ses messages au responsable diocésain de l’Action<br />

catholique Ferdinando Vietta. Toujours en juin d’autres lettres, dans lesquelles encourageait et au<br />

même temps demandait la prudence, au prévôt de Saint Secondo et à l’archiprêtre de Sala Baganza.<br />

Au <strong>com</strong>mencement de juillet, depuis Berceto où il était en visite pastorale, écrivait à Vietta une<br />

réponse aux informations que l’avocat et dirigeant catholique donnait sur les impositions opérées<br />

par la police :<br />

Ce que vous m’écrivez me rend triste et je pense qu’il faut laisser faire au <strong>com</strong>missariat ce<br />

qu’il croit pour ne pas nous prêter directement à faire une chose ordonnée à des vexations<br />

injustes Pour vous donner un exemple, je sais que en certains villages de ce monde ont été<br />

récemment appelés des jeunes catholiques qui appartenaient aux clubs et menacés d’être<br />

envoyés à la frontière du pays s’ils ne donnaient pas leur nom au fascisme. Quelqu’un<br />

entre eux fut même interdit. Je pense que ceci et rien d’autre, ne soit le but de nouvelles<br />

demandes.<br />

En ces mêmes jours fut attaqué le président de la jeunesse catholique de Parma, Camillo Negri ;<br />

<strong>Conforti</strong> lui écrivait immédiatement :<br />

Consolez-vous pour avoir souffert pour une sainte cause et avoir reçu la sympathie des<br />

bons. Mon secrétaire lorsqu’il avait appris la triste nouvelle en interprétant mon<br />

sentiment n’a pas hésité en mon absence de faire des remarques à qui de droit et des<br />

<strong>Manfredi</strong> - 244 – G.M. <strong>Conforti</strong>


emontrances avant tout. Ceci soit pour vous un réconfort. En Dieu d’ailleurs, défenseur<br />

de la justice, doivent être déposées nos meilleures espérances.<br />

Le préfet Eolo Rebua, que d’ailleurs fut affecté à Alessandria le 16 mai 1931, et Canuto<br />

Rizzati, qui provenait de Como, ont eu en ces jours une discrète série des <strong>com</strong>munications et<br />

plaintes de la part de <strong>Conforti</strong>. Est suivie une période d’un calme apparent sur le territoire de Parma,<br />

tandis que le duel s’était transféré au sommet. A septembre, après les accords sur l’Action<br />

catholique, <strong>Conforti</strong> notifiait la reprise des clubs juvéniles, en nommant à leurs places les<br />

responsables déjà en action avant la clôture voulue par le régime. Les clubs repartaient sur le<br />

territoire et <strong>Conforti</strong> exprimait son appréciation. Mais à la fin du mois, dans une vibrante<br />

protestation au préfet Rizzati, l’évêque cataloguait une série des menaces et violences contre les<br />

jeunes catholiques en ville et à Coltaro, car ils avaient <strong>com</strong>me prétexte le marque de la Société de la<br />

jeunesse catholique et <strong>com</strong>me protagonistes étaient quelques jeunes fascistes et leur chef :<br />

Les accords récents obtenus entre le Saint-Siège et le gouvernement sur l’Action<br />

catholique en Italie et les assurances par voix reçues plusieurs fois chez ce <strong>com</strong>missariat<br />

par mes représentants et des œuvres locales catholiques auraient du suffire pour donner<br />

aux catholiques de Parma la sûreté et la sensation que l’ordre, l’intégrité personnelle et la<br />

liberté <strong>com</strong>mune à tout citoyen honnête, ne pourrait en plus être dérangées avec le<br />

prétexte d’une lutte que les pouvoirs suprêmes ont déclarée clôturée. Malheureusement les<br />

faits démentaient toute affirmation théorique en ce sens et détruisent toute espérance<br />

fondée de tranquillité. Maintenant à ce point, si je suis un citoyen je dois regretter que ma<br />

patrie soit un théâtre de ces actes qui déshonorent le nom, <strong>com</strong>me évêque je dois présenter<br />

une protestation contre cet état des choses qui trouble la sérénité des esprits des<br />

catholiques de Parma et offense le sentiment religieux et les directives de Mussolini, qui a<br />

obtenu avec un récent accord de rétablir la paix que tout bon italien attend de sa force et<br />

sa sagesse.<br />

Nous retrouvons en cette lettre, où il n’hésite pas à présenter les noms et les post noms des<br />

responsables, l’esprit que autres fois émerge en <strong>Conforti</strong> dans les moments plus critiques : prudence<br />

et modération dans le choix des termes et des références, mais courage et décision envers ceux qui<br />

gèrent le pouvoir. Une copie de la lettre fut envoyée au secrétaire d’Etat Eugenio Pacelli, avec un<br />

<strong>com</strong>mentaire très réaliste :<br />

Pour autant que je sache, de la part du préfet ne sont pas manqués des appels aux auteurs<br />

des accidents ; mais j’ai raison de retenir qu’on ne sera pas dépassé certainement dans la<br />

rigueur des mesures prises contre eux. L’actuel préfet de Parma est le <strong>com</strong>mandeur<br />

Rizzotti qui avait été préfet à Como, que et il y a quelques années avait donné pas mal de<br />

ennuis aux catholiques de ce diocèse.<br />

Le vieil évêque ne semble pas bouleversé ou déçu pour ces suites de violence. Nous avons<br />

ses <strong>com</strong>mentaires au sujet du fascisme en cette période. Les références à Mussolini et au concordat<br />

sont toujours confiants et convaincus, mais l’expérience de vie et son détachement voulu de la<br />

politique depuis les temps des barricades en août 1922 ou de la « guerre des guidons », l’ont rendu<br />

capable d’un esprit critique et d’une distance, que pas out le clergé italien en cette période<br />

réussissait à vivre.<br />

Réellement les épisodes de violence n’étaient pas terminés. A la fin d’octobre, <strong>Conforti</strong><br />

écrivait encore pour protester contre le <strong>com</strong>missaire pour les coups reçus par un jeune catholique de<br />

la paroisse de la Toussaint en ville « avec le prétexte qu’il avait manqué à ses devoirs fascistes »<br />

L’évêque citait les accords de septembre, dont « se <strong>com</strong>plait son excellence Mussolini même<br />

pendant le discours mémorable prononcé quelques jours avant à Napoli.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 245 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Comme avait déjà observé Trionfini, celle-ci fut la dernière lettre datée de la correspondance<br />

de <strong>Conforti</strong> qui est connue jusqu’à maintenant. Nous ne savons pas avec certitude si elle soit<br />

effectivement la dernière lettre qu’il avait écrite. Ni on ne peut pas dire que ces préoccupations<br />

auraient été la cause déchaînée de sa chute dans la santé. Cependant reste un signe que, après un<br />

épiscopat dépensé dans l’engagement pour les enfants de la catéchèse et les jeunes des clubs<br />

catholiques. <strong>Conforti</strong> aurait employé les dernières énergies pour les défendre contre les<br />

provocations fascistes.<br />

NOVEMBRE 1931<br />

Le jour avant d’écrire la dernière lettre au <strong>com</strong>missaire le 25 octobre 1931, dans la chapelle<br />

de la Maison mère xavérienne, Mgr <strong>Conforti</strong> ordonnait quelques sous diacres à 7 heures du matin.<br />

C’était dimanche, et on célébrait la fête du Christ roi, voulue depuis quelques années par le pape Pie<br />

XI. En ce jour, puisqu’il avait eu des malaises, l’évêque d’est mis au lit, à l’éveché et non à la<br />

Maison mère. La situation est précipitée au niveau circulatoire, malgré l’assistance des médecins et<br />

d’un frère coadjuteur xavérien, infirmier, Lio Stocco. Lucide, il a pu se confesser chez son<br />

confesseur, le père franciscain Salvatore Spada. En recevant le viatique, le 4 novembre, à la<br />

présence de différents témoins, après avoir entendu le Credo lu par le vicaire général Antonio<br />

Schiavi, avait affirmé avec des moments d’une grande <strong>com</strong>motion :<br />

Je crois avec fermeté et je confesse la profession de foi que Mgr le vicaire général a lue<br />

maintenant en mon nom. Et que j’aurais voulu répéter avec mes lèvres, si la mauvaise<br />

santé ne me l’aurait pas interdit. Cette foi a été toujours la norme de mes pensées ; cette<br />

foi je l’avais toujours prêchée au nom et par autorité même de Jésus Christ. Je voudrais<br />

dire aussi qu’elle a été toujours la norme de mon œuvre, si je ne serais pas conscient de ma<br />

profonde misère et de ma grande faiblesse.<br />

De toute façon je vous demande pardon de ne pas avoir fait tout ce que j’airais pu faire ;<br />

je vous demande pardon de tout ce que pendant ma vie aurait été contraire aux<br />

enseignement de ma foi, à la foi des apôtres, la foi de l’église.<br />

Oui, je demande pardon à mon vénéré clergé et à mon peuple de toutes les imperfections,<br />

de toutes mes fautes contraires à la foi des apôtres et de l’église. Je demande pardon à<br />

tous.<br />

Bientôt je devrai me présenter devant le divin tribunal et rendre <strong>com</strong>pte de mon clergé, de<br />

mon peuple, de tout ce que j’ai fait. Mon peuple, mon diocèse. Avant de vous quitter, je<br />

bénis tous et je prie le Seigneur qu’il vous bénisse. Oui, Seigneur, bénissez mon vénéré<br />

clergé, bénissez mon diocèse. Je voudrais que la foi des apôtres puisse être toujours la<br />

règle indéclinable de leur conduite. Sauvez mon clergé et mon peuple de l’erreur et de la<br />

mécréance. Je demande pardon.<br />

Mgr Calza rentrait en Italie et il est arrivé au temps pour une dernière salutation. Dans la<br />

matinée du 5 novembre, jeudi, on avait permis à beaucoup de visiteurs d’entrer dans la chambre,<br />

<strong>com</strong>me on avait fait avec son maître le cardinal Ferrari quelques années avant. Vers midi il a eu une<br />

grave crise. A 13 heures et 53 minutes le cœur s’est arrêté définitivement.<br />

Le Chapitre annonçait au diocèse, le même jour, la mort de l’évêque. La dépouille mortelle est<br />

restée à l’éveché jusqu’à dimanche le 8, quand dans l’après midi fut transportée à travers les<br />

avenues de la ville et en suite à la cathédrale. Beaucoup de fidèles sont alors passés d’abord à<br />

l’éveché et après dans la majeure église de Parma pour un hommage à leur évêque : quelques uns a<br />

calculé 100.000 personnes. Lundi le 9 novembre, le matin, on a célébré la messe solennelle en<br />

suffrage, à la présence des évêques Antonio Lega de Ravenna, Ruggero Bovelli de Ferrara, Eduardo<br />

Brettoni de Reggio Emilia, Ersilio Menzani de Piacenza, Mario Vianello de Fidenza, Giuseppe<br />

Bussolari de Modena et le vicaire apostolique de Zhenzhou, Luigi Calza. Avait prêché Giovanni<br />

<strong>Manfredi</strong> - 246 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Cazzani, évêque de Cremona qui avait été secrétaire du cardinal Agostino Riboldi à Ravenna. De<br />

milliers de personne ont rempli la cathédrale, et beaucoup de messages de chagrin sont arrivés de<br />

toute l’Italie.<br />

<strong>Conforti</strong> fut d’abord enterré dans la chapelle de Sainte Agata à la cathédrale. A la fin d’avril<br />

1942, peu plus de 10 ans de sa mort, le postulateur de la cause de béatification, le père Faustino<br />

Tissot, avait demandé au Chapitre de la cathédrale de pouvoir accueillir son corps dans la chapelle<br />

de la Maison mère, à Campo di Marte. Le Chapitre avait donné son avis favorable et, après la<br />

reconnaissance de la dépouille mortelle et les travaux nécessaires pour le sarcophage, le 8 novembre<br />

1942, à Parma, craintive pour les bombardements des alliés, une énorme foule ac<strong>com</strong>pagnait la<br />

translation à travers l’avenue Cavour, la place Garibaldi, l’avenue Mazzini, le Pont Dux, l‘avenue<br />

Bixio au-delà du Torrent, le pont Caprazucca, l’avenu Farini et le boulevard de Campo de Marte.<br />

Depuis quelques jours seulement un boulevard, le dernier traversé par le cortège, avait été intitulé à<br />

<strong>Conforti</strong>. Les chroniques du temps parlent de 30.000 personnes. La cérémonie fut présidée par le<br />

successeur à Parma, Mgr Evasio Colli, qui avait fait un discours <strong>com</strong>mémoratif. Etaient présents<br />

aussi l’archevêque de Modena Cesare Boccoleri, les évêques de Reggio Emilia Edoardo Brettoni,<br />

de Piacenza Ersilio Menzani, de Fidenza Mario Vianello, de Carpi Virginio Federico Della Zuanna<br />

capucin, de Como Alessandro Macchi, l’auxiliaire de Ravenna Angelo Rossini, l’évêque de<br />

Pontremoli Giovanni Sismondo, et l’abbé supérieur de San Giovanni, Carlo de Vincentis. Tout ceci<br />

fut documenté à travers un fils réalisé par les missionnaires xavériens avec l’aide de quelques<br />

studios photographiques de la ville, qu’il a été récemment restauré. En 1959, terminée désormais la<br />

grande église de l’institut xavérien le sarcophage de <strong>Conforti</strong> fut déposé en cette nouvelle<br />

construction, et en 1996, placé dans l’abside sous le grand mosaïque, du côté du presbytère qui se<br />

trouve autour de l’autel, devant le siège.<br />

Le 18 mars 1941 <strong>com</strong>mençait le procès pour la cause de béatification : le 17 mars 1996 le<br />

pape Jean-Paul II proclamait bienheureux <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong> ensemble à Daniele Comboni.<br />

POUR UNE SYNTHESE<br />

Sans vouloir ici anticiper une vision globale de la spiritualité de <strong>Conforti</strong> dont on parlera<br />

dans le prochain et dernier chapitre, je voudrais recueillir quelques notes synthétiques de ces<br />

dernières années de vie de l’évêque fondateur, en montrant ainsi quelques lignes pour un possible<br />

approfondissement ultérieur.<br />

Comment <strong>Conforti</strong> est-il retourné du voyage de la Chine Physiquement, les milliers<br />

kilomètres sur des navires et en train ont été une épreuve qui avait rendu faible en manière<br />

définitive la santé du vieil évêque. Malgré les bénéfices immédiats de la longue permanence sur la<br />

mer, le corps déjà faible et toujours maladif, avait décliné plutôt rapidement. Etait fréquent, même<br />

avant, avoir des indispositions surtout pendant la période de l’hiver. En 1929 au 1931 ces<br />

circonstances sont retournées, jusqu’à la dernière maladie, jugée dès le début un parmi les temps<br />

habituels de faiblesse et rhume.<br />

D’autre côté, beaucoup de réflexions ac<strong>com</strong>plies pendant le voyage informations et projets<br />

gardés pendant les colloques avec ses missionnaires en Chine et, pas du tout secondaire, l’horizon<br />

plus serein et sur des Pactes du Latran, ont généré en <strong>Conforti</strong> un élan d’activité remarquable : une<br />

autre visite pastorale, le synode, le petit séminaire et la tentative de lancer de nouveau les oblats<br />

diocésains, la semaine liturgique, sur le versant de Parma : le chapitre général, le statut de la<br />

mission, les nouvelles fondations italiennes, la création de la préfecture de Luoyang pour ce qui<br />

concerne les xavériens.<br />

<strong>Conforti</strong> semblait rentrer de la Chine rempli des idées et d’énergies. Mais est il possible et<br />

cela s’accorde avec les devoirs répétés de donner sa démission de la responsabilité d’évêque de<br />

Parma Ici on met en évidence un aspect spécial de la maturité de <strong>Conforti</strong> : non pas un homme de<br />

l’enthousiasme instable, mais signé par une responsabilité consciente que le portait oui à désirer<br />

d’être exonéré des poids, mais aussi à vivre pour les jours que lui ont été donnés dans un<br />

<strong>Manfredi</strong> - 247 – G.M. <strong>Conforti</strong>


engagement constant et sans jamais, <strong>com</strong>me on dit, « tirer son épingle du jeu » et être content de<br />

gérer l’existent. Jouait aussi une image et style spirituel typique, bien résumés par les<br />

paroles « mourir sur la brèche ». S’il aurait pu se retirer dans un ermitage ou à la Maison mère,<br />

aurait été heureux et il se serait donné à la prière, au soin de ses missionnaires, à l’étude. Mais<br />

jusqu’à quand l’obéissance et le devoir l’appelaient à Parma, son ministère devait être responsable,<br />

avec des projets et <strong>com</strong>batif jusqu’à la fin. En effet, ceci ne fut pas pour <strong>Conforti</strong> un temps de<br />

dépression et fatigues. Même si, en <strong>com</strong>prenant que le physique déclinait sérieusement, il avait<br />

décidé de limiter les efforts de la visite pastorale : remonter les torrents à pied ou sur le dos d’un<br />

âne, n’étaient pas des aventures que on puisse plus se permettre.<br />

En cette diligence capable aussi des choix innovateurs, <strong>Conforti</strong> montrait un trait qui insérait<br />

dans ses élans un caractère d’équilibre et de sagesse. L’expérience de vie lui avait montré que sur<br />

les hommes, et avant tout sur soi-même, on ne pouvait pas mettre beaucoup de confiance. Il n’a pas<br />

voulu se laisser séduire par les grandes déclarations du fascisme, et, même enthousiaste pour les<br />

accords de l’11 février 1929, fut préoccupé mais pas déçu par les événements du 1931. Dans un<br />

autre champ l’admiration et l’affection pour ses missionnaires n’ont pas été bouleversées par les<br />

tensions qu’il avait trouvées en Chine. Il ne s’agissait pas de cynisme, mais de la distance critique,<br />

une sereine lecture des limites humaines.<br />

Ne nous est pas resté beaucoup de derniers moments de vie de Mgr <strong>Conforti</strong> : une dizaine des jours<br />

d’un déclin rapide, de sérénité et patience vis-à-vis des soins, avec quelques traits de hilarité<br />

d’ac<strong>com</strong>plissement opéré pendant les derniers actes religieux. Comme si tout aurait été déjà<br />

disposé, <strong>com</strong>me si la dernière confession, l’extrême onction, le viatique des rendez-vous auraient<br />

été préparés et « normaux » pour celui qui avait entièrement prêché l’importance des sacrements et<br />

de derniers instants de vie. Aucune anxiété particulière pour les « travaux en cours », pour les<br />

projets restés suspendus, mais une émue sollicitude en particulier pour le diocèse et le clergé, pour<br />

la foi.<br />

Pour ce qui regarde les sphères et l’étude à approfondit, malgré une grande partie de la<br />

documentation en cette période soit <strong>com</strong>me, je montrerais avant tout à ce que même Trionfini dans<br />

son histoire sur l’Action catholique de Parma avait individué. Nous avons beaucoup de nouvelles<br />

sur les accrochages entre les fascistes et les jeunes catholiques en 1931, mais pas encore une<br />

synthèse <strong>com</strong>plète. Il nous manque tout le point de vue des autorités, et en grande partie aussi les<br />

motivations et les connexions entre fascistes locaux et le gouvernement. Comment l’évêque<br />

<strong>Conforti</strong> était considéré par les forces des pouvoirs locaux Et aussi le clergé et les jeunes<br />

catholiques <strong>com</strong>ment ont-ils vécu ces moments Les lettres lui adressés par des prêtres plus<br />

engagés, sont encore inédites.<br />

Est encore en effet, tout à rechercher sur le champ spirituel et économique du diocèse de<br />

Parma, qui implique la cinquième visite et la question du petit séminaire : des documents existent<br />

en abondance, mais on sait, les factures à payer, les inventaires et les controverses sont une matière<br />

ennuyeuse à étudier…<br />

Enfin la pastorale liturgique qui a dans la semaine diocésaine en 1931, son un point focal,<br />

c’est une sphère d’un remarquable intérêt : c’est vrai que <strong>Conforti</strong> semble s’occuper pendant peu<br />

des mois, les derniers de sa vie, mais il est aussi clair que la situation précédente, les défaits, les<br />

ébauches des propositions étaient depuis un certain temps dans le champ visuel de l’évêque et<br />

fondateur des missionnaires.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 248 – G.M. <strong>Conforti</strong>


XI CHAPITRE<br />

UNE LECTURE HISTORIQUE DE LA<br />

SPIRITUALITE DE GUIDO MARIA<br />

CONFORTI<br />

PREMISSE<br />

Puisque la vie humaine est toujours une réalité tellement <strong>com</strong>plexe, qu’une synthèse est par<br />

définition impossible, alors on essaiera de voir certains éléments de ce qu’on peut définir la<br />

spiritualité de <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong>, pour pouvoir découvrir au moins quelques lignes propres de sa<br />

biographie dans un plan plus vaste, ouvert aux autres études plus appropriées. Cet essai se base sur<br />

ce qu’on a déjà écrit sur la spiritualité de <strong>Conforti</strong>, en reconnaissant la validité des interprétations<br />

déjà présentées. « Sutor, ne ultra crepidam » disaient les sages dans le temps : chacun doit se limiter<br />

à faire son travail, en laissant aux autres une œuvre qui demande des <strong>com</strong>pétences différentes. Sans<br />

vouloir entrer dans une aventure dangereuse d’une définition de spiritualité, on ne veut pas<br />

présenter une lecture théologique de la spiritualité de <strong>Conforti</strong>, mais une lecture historique. Donc<br />

non une évaluation avec des instruments de la théologie spirituelle, même s’ils sont absolument<br />

légitimes et doués par des critères véridiques propres, mais avec les instruments de la science<br />

historique et spécialement de la science ecclésiastique, même avec une claire conscience de<br />

l’entrelacement des attentes et des thèmes.<br />

En parlant de la spiritualité de <strong>Guido</strong> <strong>Maria</strong> <strong>Conforti</strong>, est opportun retenir qu’un essai de la<br />

lecture historique entrelace d’une façon inéluctable tout ce qui est strictement uni à la spiritualité et<br />

à sa progressive formation de la personne, et tout ce qu’en général concerne sa culture : intérêts,<br />

lectures, études, attentions approfondies à travers des dialogues avec des personnes <strong>com</strong>pétentes,<br />

etc. C’est claire que plusieurs personnes de culture ont aussi leur spiritualité propre particulièrement<br />

en partie indépendante de leurs études et des <strong>com</strong>pétences de la profession qu’elles exercent : par<br />

exemple, il semble difficile penser à une spiritualité de l’ingénieur. Cependant au sujet de <strong>Conforti</strong><br />

on peut dire que dans sa spiritualité sont entrés tous les éléments de sa culture même « profane »<br />

<strong>com</strong>me les études de la culture italienne, littérature et histoire, ses intérêts géographiques, en plus<br />

que ceux de la culture et expérience au sujet des missions. En plus, un <strong>com</strong>posant important de la<br />

« forme » spirituelle de Confort est due à ses études de théologie, d’une façon spéciale dogmatique,<br />

qui se transfusent non seulement dans ses homélies, <strong>com</strong>me on a vu au chapitre IX, mais aussi dans<br />

sa façon de concevoir et vivre son rapport personnel, le rapport avec Dieu, <strong>com</strong>me lui-même voulait<br />

présenter à ses élèves missionnaires, aux séminaristes et aux prêtres.<br />

Pour essayer une lecture historique de la spiritualité confortienne, on a décidé, selon une<br />

méthode spéciale de partir d’une question historique. On peut poser la question dans cette façon :<br />

qu’est-ce que <strong>Conforti</strong> a appris de la spiritualité propre de son temps, et <strong>com</strong>ment voir ce qui est<br />

original, particulier et nouveau A partir de cette hypothèse de travail, on ne veut pas actualiser un<br />

schéma rigide entre ce qui est « traditionnel » et ce qui est « nouveauté ». On voudrait saisir parmi<br />

les éléments plus évidents de la mentalité de <strong>Conforti</strong>, chaque fois, les éléments offerts par la<br />

culture théologique et spirituelle de son temps et ce que lui-même, selon son expérience, sa<br />

sensibilité, son intention particulière a accentué. Ici on n’emploiera pas le terme « charisme » au<br />

moins selon le sens propre théologique du terme. Nous ne voulons pas exclure qu’on ait un<br />

charisme propre de <strong>Conforti</strong> et des xavériens, mais celle-ci est une considération propre de la<br />

théologie, qu’on peut reconnaître dans les documents et les résultats de la recherche historique, mais<br />

au même temps les dépassent. Les pages suivantes sont organisées en quatre paragraphes. Dans les<br />

<strong>Manfredi</strong> - 249 – G.M. <strong>Conforti</strong>


deux premiers on offrira un essai de la délinéation des idées synthétiques des deux éléments<br />

fondamentaux de la spiritualité de <strong>Conforti</strong>, c’est-à-dire le christocentrisme et l’universalité, <strong>com</strong>me<br />

fondement de la mission. Dans le troisième paragraphe on cherchera de connaître les aspects plus<br />

<strong>com</strong>plexes et articulés dont est <strong>com</strong>posée la spiritualité : dévotions, ascèse, traits humains concrets<br />

etc. ; on pourra parler des « instruments » mais peut être que ce terme est limitatif. Au quatrième<br />

paragraphe on cherchera de faire une lecture évolutive de la spiritualité de <strong>Conforti</strong>, découverte<br />

dans le parcours chronologique de sa vie.<br />

A conclusion de cette longue, peut-être, mais nécessaire prémisse méthodologique, on peut<br />

relever ce qu’on avait dit pendant le congrès sur la « spiritualité xavérienne » célébré à Tavernerio<br />

(Co) en été 2006 ; le parcours spirituel de <strong>Conforti</strong> coïncide avec l’apport essentiel que lui-même<br />

avait donné à l’Institut qu’il avait fondé. On a un mélange entre son cheminement spirituel et ce<br />

qu’il avait présenté à l’Institut. On peut dire la même chose, en général pour le diocèse, même si,<br />

<strong>com</strong>me il est évident, est plus simple documenter ce que <strong>Conforti</strong> a apporté à la vie et à la<br />

spiritualité des xavériens à l’égard de sa contribution à l’histoire millénaire d’une église locale<br />

étendue sur deux mille Km² et habitée par des milliers de personnes.<br />

LE CHRISTOCENTRISME DE L’IMITATION ET DE L’EXEMPLARITE<br />

Le Christocentrisme est le centre de toute la spiritualité de <strong>Conforti</strong> : cette affirmation est<br />

<strong>com</strong>mune à tous les auteurs et spécialistes. Mais <strong>com</strong>me dit justement le théologien Giovanni<br />

Moioli, l’expérience chrétienne ne peut être si non « christique », elle-même ne peut pas être dans<br />

sa façon un « savoir » qui soit un « savoir Jésus » Dans un certain sens parler de christocentrisme<br />

est es<strong>com</strong>pté et en plus cela dit très peu sur <strong>Conforti</strong>.<br />

Tandis que si on cherche de individualiser la « qualité » du christocentrisme de <strong>Conforti</strong>, même<br />

grâce à une étude historique, on peut individualiser les traces de différentes formes du<br />

christocentrisme.<br />

Avant tout <strong>Conforti</strong> assimile la référence à Jésus crucifié, qui est propre de la spiritualité ignacienne<br />

avec son insistance dans la méditation sur la passion du Christ, toujours répétée pendant les<br />

exercices spirituels. En plus d’être <strong>com</strong>mune à d’autres formes de spiritualité, par exemple la<br />

franciscaine, pour <strong>Conforti</strong> sans aucun doute est enracinée sur une intuition anticipée précédente à<br />

tous les apports qu’il recevra avec le temps, de différentes écoles spirituelles. Il s’agit en effet de<br />

l’expérience de la rencontre avec le Crucifié qu’il avait vu dans l’église de la Pace à Parma, dont on<br />

avait parlé au premier chapitre. L’impression profonde de cette expérience intérieure est éprouvée<br />

dans la référence concrète de cette image, lorsqu’il est devenu adulte et évêque, <strong>Conforti</strong> a voulu<br />

récupérer et restaurer pour l’avoir tout proche : c’était pour lui un objet très chair qui lui rappelait<br />

sûrement une réalité importante dans son parcours personnel. Donc on peut dire que lorsqu’il était<br />

adolescent, jeune prêtre et adulte, il trouva en différentes sources spirituelles depuis la prédication<br />

des jésuites à la tradition de la Verne, le sanctuaire des stigmates de saint François d’Assise où il se<br />

rendra toujours volontiers la preuve le langage, l’approfondissement de son intuition initiale.<br />

D’autres éléments qui <strong>com</strong>plètent et confirment cette centralité de la croix, sont fréquents dans la<br />

réflexion et les études de <strong>Conforti</strong>. C’était très fréquent au XIX siècle, l’époque du réveil<br />

missionnaire, que ceux qui voulaient partir pour l’évangélisation ad gentes, devaient être formés à<br />

l’idéal du martyr. Ce martyr n’est pas un cas isolé et peu fréquent : pensons à la terrible persécution<br />

indochinoise qui était souvent présente au XIX siècle, à la persécution des Boxers en Chine que<br />

<strong>Conforti</strong> avait connue à travers ses deux premiers missionnaires Caio Rastelli et Odoardo Manini,<br />

avec aussi les martyrs africains. Mais <strong>Conforti</strong> a fait du motif de la disponibilité au martyr, un<br />

aspect continuellement repris, non seulement pendant les discours aux missionnaires avant leur<br />

départ. Ces textes qui en particulier devaient avoir une dimension émotive très forte, sont remplis de<br />

références à la croix, <strong>com</strong>me une consolation dans les fatigues et dans les tribulations, <strong>com</strong>me une<br />

unique force et richesse du missionnaire, <strong>com</strong>me un exemple vers la disponibilité au martyr même.<br />

On peut souligner avec Lozano, l’image du Christ crucifié <strong>com</strong>me un grand livre, qui présente<br />

<strong>Manfredi</strong> - 250 – G.M. <strong>Conforti</strong>


l’image pleine de la vie chrétienne et missionnaire. <strong>Conforti</strong> tire cette métaphore spirituelle sans<br />

aucun doute d’un texte fameux : « Le préparatif à une bonne mort » écrit pas saint Alfonso <strong>Maria</strong> de<br />

Liguori. C’est pour cela qu’aux missionnaires avant leur départ, <strong>Conforti</strong> remettait, <strong>com</strong>me on le<br />

fait même aujourd’hui, une croix <strong>com</strong>me symbole de l’envoi officiel de l’Eglise au nom et à<br />

imitation du Christ.<br />

Il est aussi vrai que <strong>Conforti</strong> retourne continuellement sur ce thème, vécu et expérimenté en<br />

pleine syntonie avec son expérience intérieure. Mais un autre aspect saisit davantage les choix<br />

opératifs de <strong>Conforti</strong>, plus que à ses discours publiques, il se rattache à la théologie de la croix. On<br />

pourrait définir cela la capacité de repartir toujours après chaque échec personnel et difficultés à<br />

continuer. Le père jésuite Piersandro Vanzan parle de tortueuse évolution de la vocation du<br />

<strong>Conforti</strong>. Ici on peut se rappeler en brève, une liste des batailles sanglantes : l’opposition de son<br />

père à son entrée au séminaire, la maladie que pendant de longues années menaçait son ordination<br />

presbytérale et le conséquent renoncement à n’importe quel projet pour partir en mission, le refus de<br />

l’évêque Miotti à son dessin de fonder une institution pour former des missionnaires, l’échec de la<br />

première mission en Chine avec le successif départ de Manini, l’épiscopat de Ravenna conclu sans<br />

gloire, avec la santé <strong>com</strong>promise, les premières années difficiles à Parma, entre les désordres<br />

sociaux et les reproches de la part du visitateur apostolique et du cardinal De Loi, la crise des<br />

vocations pendant les années de la guerre, l’abandon du ministère sacerdotal de la part de plusieurs<br />

prêtres, la contestation et la division entre ses missionnaires de sa mission bien-aimée en Chine<br />

qu’il venait de visiter et les attaques de Mgr Calza son ancien élève au sujet de la question<br />

économique et enfin son témoignage, digne de foi, l’échec de son projet pour « les oblats<br />

diocésains » qui lui était très chair.<br />

La réaction de <strong>Conforti</strong> à ces vicissitudes est, du point de vue psychologique, une révision des<br />

projets en vue d’un possible solution significative, au point de vue spirituel selon ce que lui-même<br />

déclara surtout dans ses lettres, il s’agit d’une référence à la volonté de Dieu qui prévoit la<br />

souffrance, la patience, la confiance…<br />

«Maintenant si je pense à mon futur et en voyant d’un coté le bien qu’il conviendra faire à<br />

Ravenna, l’incessante croissance du mal, et au même temps le peu de bien que je pourrais<br />

faire, considérée l’affaire devant Dieu, et après avoir demandé conseil à des personnes<br />

prudentes, j’ai décidé de poser ma démission dans les mains de Votre Sainteté pour qu’il<br />

puisse envoyer dans ce diocèse un pasteur qu’il sache et qu’il fasse ce que je n’ai pu que<br />

désirer. Pour moi il serait trop douloureux rester sans rien faire et être <strong>com</strong>me spectateur<br />

du triomphe du mal, et en plus je serai toujours en crise et je perdrais la paix. Pour ce<br />

motif et non pour éviter les peines et la croix liées au ministère épiscopal, je prie avec<br />

humilité Votre Sainteté pour qu’elle accepte ma démission en me permettant de me retirer<br />

dans la solitude de mon institut pour les missions parmi les non chrétiens, pendant le peu<br />

de temps que j’ai à vivre, éduquer aussi les chers jeunes qui désirent annoncer l’évangile,<br />

mais aussi le martyr. Et ainsi je continuerai à rendre un bon service à l’église de Dieu, un<br />

service qui est aussi conforme à mon caractère épiscopal »<br />

Comme on voit, le thème de la croix et du martyr retourne presque instamment dans ce texte même<br />

si apparemment il trace un pas en arrière vis-à-vis de l’engagement pastoral. Donc <strong>Conforti</strong> vivait<br />

une spiritualité de la croix du Christ non seulement <strong>com</strong>me un thème de réflexion et de prière, mais<br />

<strong>com</strong>me un critère de choix et <strong>com</strong>me structure fondamentale du parcours de sa propre vie et celle de<br />

ses missionnaires.<br />

Le crucifix est le grand livre sur lequel se sont formés les saints et sur lequel nous aussi<br />

nous devons nous former. Tous les enseignements qui se trouvent dans l’évangile sont<br />

résumés dans le crucifix. Il nous parle avec une éloquence profonde, c’est-à-dire<br />

l’éloquence du sang. Il nous inculque l’humilité, le détachement de toutes les choses de la<br />

<strong>Manfredi</strong> - 251 – G.M. <strong>Conforti</strong>


terre, l’uniformité à la divine volonté et surtout la charité pour Dieu et pour les autres.<br />

Avec sa crucifixion, Jésus a réconcilié l’humanité avec Dieu et uni avec un lien d’amour du<br />

Père tous les fils dispersés. Saint Alfonse pouvait bien écrire aux pieds du Crucifix ces<br />

paroles : « Ainsi on aime » Mais il nous donne trois autres enseignements. Il nous dit<br />

<strong>com</strong>bien soit importante la grâce sanctifiante, reçue grâce à son immolation, <strong>com</strong>bien est<br />

précieuse notre âme gagnée par son sang divin et <strong>com</strong>bien du mal est le péché qui est la<br />

cause de la mort de l’Homme-Dieu. C’est pour cela que le missionnaire part pour d’autres<br />

pays lointains pour annoncer la bonne nouvelle, on ne lui donne rien d’autre, aucune<br />

arme, si non l’arme du Crucifix, car celui-ci possède la puissance de Dieu et cette croix<br />

triomphera sur tout et sur tous après avoir triomphé sur lui-même.<br />

Le christocentrisme de <strong>Conforti</strong> a donc la forme du christocentrisme de l’imitation. Imiter Jésus<br />

est l’imitation qu’on trouve dans la plus part des interventions et exhortations que <strong>Conforti</strong><br />

proposait à ses élèves missionnaires et à ses séminaristes diocésains. Nous avons des notes sur des<br />

récollections que l’évêque prêchait régulièrement dans son institut et souvent même dans son<br />

séminaire diocésain. Il s’agit des schémas très brèves et abrégés. Les thèmes sont fréquemment très<br />

pratiques : la méditation, la tiédeur, la récollection mensuelle, les devoirs envers les supérieurs. Très<br />

rarement <strong>Conforti</strong> faisait des <strong>com</strong>mentaires sur une page de la bible ou de l’évangile. Le peu<br />

d’icônes bibliques sont toujours celles de la passion de Jésus. L’imitation du modèle de Jésus n’est<br />

pas directement traitée, mais elle est continuellement reprise <strong>com</strong>me base pour les choix concrets,<br />

ascétiques ou moraux.<br />

A la base il y a avant tout le texte du moyen age : «L’imitation du Christ », <strong>com</strong>me on disait ailleurs<br />

<strong>Conforti</strong> connaît ce livre depuis l’adolescence et il le cite avec une certaine fréquence : un texte<br />

classique de la spiritualité catholique au XIX siècle, mais aussi après, d’ailleurs est un texte<br />

employé par les jésuites. Peut-être qu’on peut individualiser une accentuation ou soulignement plus<br />

spécifique de <strong>Conforti</strong> que, à partir de certaines directions, il perfectionnait en les faisant siennes,<br />

grâce à la structure mentale thomiste qui caractérisait ses études. Bien sur que c’est la cause<br />

exemplaire de notre sainteté. Il s’agit d’un synonyme de l’idéal d’imitation, mais il faut prendre la<br />

peine de cueillir l’approfondissement philosophique- théologique. Il ne s’agit pas de faire <strong>com</strong>me<br />

Jésus Christ, <strong>com</strong>me s’il était un idéal humain d’un <strong>com</strong>portement, il est nécessaire vivre la<br />

causalité de Jésus Christ pour sa propre rédemption et sainteté, <strong>com</strong>me une dimension ontologique.<br />

Il est la cause exemplaire de notre vie. Les hommes avaient perdu le concept de vertu,<br />

ils avaient besoin d’un modèle, et de ce modèle-ci. Il nous avait dit : « Soyez parfaits<br />

<strong>com</strong>me est parfait votre Père qui est aux cieux » Mais on ne voit pas Dieu, Dieu est une<br />

lumière inaccessible. « Montre-nous le Père », disait à Jésus l’apôtre Philippe. Et<br />

Jésus : « Qui me voit, voit le Père » Il est un modèle parfait. Même ceux qui n’ont pas<br />

la foi, l’ont reconnu, <strong>com</strong>me K. Marx. Ce n’est pas possible fixer le regard sur Jésus et<br />

ne pas rester fasciné : « Quis ex vobis arguet me de peccato » C’est un modèle que<br />

nous tous nous pouvons imiter car il est universel. Les riches, les pauvres, les ouvriers,<br />

les prêtres, les laïcs, les religieux, les vertus civiles, les vertus domestiques, la vie active<br />

et la vie contemplative. Il est un modèle rempli de charme. Les foules, les enfants, les<br />

pauvres, il était plein de douceur et de fermeté. Renan, lui-même (sic) a pu écrire que,<br />

entendu un fois la suggestion de son charme, n’était plus possible l’oublier. Il pousse à<br />

observer toutes les vertus avec son exemple : il n’y a aucune vertu que lui-même, le<br />

premier, n’a pas exercée.<br />

Probablement cette note sur l’exemplarité du Christ est un aspect particulièrement de <strong>Conforti</strong>,<br />

<strong>com</strong>me il a été souligné par certains spécialistes. On peur retenir que celui-ci soit un concept à la<br />

base de l’image fréquente en <strong>Conforti</strong>, dans la réverbération, une intéressante mise au point et une<br />

remarquable collection du matériel de <strong>Conforti</strong> dans la récente œuvre anthologique.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 252 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Dans le cadre du christocentrisme du <strong>Conforti</strong>, et dans l’idée d’exemplarité fonde ensemble le<br />

christocentrisme ascétique- moral de la plus grande partie de la spiritualité de son temps et un<br />

rapport personnel avec la personne du Christ, donc une dimension plus individuelle et mystique, est<br />

placée son adhésion à la dévotion au Cœur de Jésus. Celle-ci est considérée non seulement selon la<br />

tradition typiquement ignacienne, toujours plus répandue au XX siècle, mais avec un pas successif<br />

qui montre la fin de ce qui restait du jansénisme. Ensuite <strong>Conforti</strong> reprend la référence au Coeur de<br />

Jésus pour les prêtres « missionnaires gratuits » pour la prédication extraordinaire, il accueille et il<br />

rend propre la consécration au Cœur de Jésus pendant la première guerre mondiale, et confie enfin<br />

au Cœur de Jésus, son projet des prêtres oblates. Il propose à ses élèves missionnaires un schéma<br />

des récollections en 1919 avec <strong>com</strong>me titre la prédilection de Jésus.<br />

• Le Cœur de Jésus est le refuge contre les erreurs.<br />

• Le Cœur de Jésus est le refuge dans les tentations.<br />

• Le Cœur de Jésus est le refuge dans les douleurs et dans les malheurs.<br />

• Le Cœur de Jésus est le refuge des justes et des pécheurs.<br />

Au christocentrisme du crucifix et de la causalité exemplaire sont unies la spiritualité et la<br />

catéchèse sur l’eucharistie et sur les sacrements, <strong>com</strong>me on a vu, est déterminant dans la vision de<br />

<strong>Conforti</strong>. Ici il opère une synthèse entre les lignes spirituelles propre du Fondateur et de sa<br />

prédication au clergé de son temps, et les piliers ne sont pas seulement de la théologie dogmatique,<br />

mais aussi de son action pastorale, centrée sur la confession régulière et sur la <strong>com</strong>munion<br />

fréquente.<br />

Le Christ, cause méritoire, exemplaire et vitale du salut on le reçoit à travers les sacrements. Il<br />

me semble que ceci a été très peu souligné par ceux que jusqu’aujourd’hui ont approché la mentalité<br />

de <strong>Conforti</strong>, même en plusieurs occasions dans la <strong>com</strong>paraison avec les experts xavériens,<br />

l’importance du chiffre sacramentel de <strong>Conforti</strong> soit toujours ressortie. Le Crucifix est le Christ<br />

eucharistique : le sacrement de l’eucharistie est le centre de<br />

la prédication et de la réflexion confortienne. La diffusion des congrès eucharistiques depuis les<br />

dernières années du XX siècle, permet d’approfondir et reprendre même au niveau populaire ce<br />

thème. Nous pouvons donc affirmer que le christocentrisme de <strong>Conforti</strong> est un christocentrisme<br />

sacramentel dans lequel les sacrements deviennent le critère discriminant, en plus que soutien de la<br />

vie chrétienne, du parcours vocationnel, de l’engagement pastoral. La lecture des textes de l’évêque<br />

Fondateur, même de ses lettres pastorales, et en particulier son <strong>com</strong>portement vis-à-vis de son<br />

clergé, nous montre que la conscience de la valeur unique des sacrements était profondément vécue<br />

par <strong>Conforti</strong>.<br />

On peut donner deux exemples : quand il démissionne du diocèse de Ravenna, une fois de plus<br />

nous citons ce moment clé de sa biographie ; révélateur de plusieurs aspects de sa vie intérieure, il<br />

<strong>com</strong>munique au pape Pie X sa disponibilité à se dédier avec le peu d’années de vie et peu de santé,<br />

à la formation des missionnaires, service peu digne pour un évêque : car le sacrement de l’ordre<br />

donne à l’évêque un ministère, une obligation et une responsabilité qui ne peuvent pas être<br />

gaspillés. L’autre constatation qu’on peut saisir à partir des ses écrits et des gestes recueillis dans ce<br />

livre au chapitre sixième, dédié au clergé, est l’importance de l’aspect sacramentel dans l’évolution<br />

des choix devant les prêtres en crise. Les <strong>com</strong>portements détournés souillent la nécessaire intégrité<br />

sacerdotale : mais ces prêtres en difficulté restent sacerdoces dans le sacrement, a donné une dignité<br />

que l’évêque doit reconnaître et sauvegarder coûte que coûte.<br />

On doit noter au niveau historique tout ce qui a été constaté par les spécialistes de l’histoire de<br />

la théologie jusqu’au Concile Vatican II la manuelle théologique, c’est-à-dire la structure<br />

typiquement de la recherche et de l’enseignement théologique de ce temps, il n’est pas<br />

particulièrement définissable <strong>com</strong>me christocentrique. D’une certaine façon on peut dire que<br />

<strong>Conforti</strong> arrive au christocentrisme à partir de son expérience initiale et profonde de la rencontre<br />

avec le Crucifié. Il trouve parole, développement et interprétation grâce à la pratique sacramentelle<br />

et à la théologie qui se réfère à celle-ci, aux lectures typiques de son temps <strong>com</strong>me l’Imitation du<br />

Christ et le livre de Alfonso <strong>Maria</strong> De Liguori, la Pratique d’aimer Jésus Christ, aux influences des<br />

<strong>Manfredi</strong> - 253 – G.M. <strong>Conforti</strong>


prêcheurs Jésuites, mais aussi à d’autres écoles spirituelles. Sera sa propre expérience personnelle<br />

mûrie dans les années, expérience d’obstacles et difficultés, même à cause de la santé physique, à<br />

consolider cette adhésion au modèle du Christ que <strong>Conforti</strong>, grâce aux instruments de la théologie<br />

thomiste, pourra interpréter <strong>com</strong>me cause exemplaire de la vie chrétienne. Il soude aussi avec son<br />

cheminement spirituel la tradition dévotionnelle répandue, la théologie dogmatique et le thomisme<br />

dans une synthèse qui par plusieurs aspects, il a des traits originaux et anticipés. L’apport propre<br />

du christocentrisme mystérique propre du monde bénédictin du XX siècle avec Columba Marmion<br />

et Raul Plus, arrive après, vers les dernières années de la vie de <strong>Conforti</strong>, à travers Emmanuel<br />

Caronti. L’engagement du <strong>Conforti</strong> pour un renouveau liturgique peut-être a un parallèle à ses<br />

acquisitions spirituelles mais on traitera ceci après, dans le dernier paragraphe.<br />

Pour le moment, peut-être utile citer un passage d’une méditation du 1924 qui recueillit<br />

plusieurs aspects du christocentrisme confortien, référé non au hasard au modèle par excellence de<br />

sainteté missionnaire de S. François Xavier<br />

Le chrétien est un autre Christ et nous le voyons lumineusement même dans notre fameux<br />

protecteur S. François Xavier. Faisons une <strong>com</strong>paraison entre lui et le Christ modèle des<br />

prédestinés et nous verrons qu’il fut une copie fidèle du Christ. Le Christ a vécu détaché<br />

de toutes les choses de la terre et François Xavier qui à travers une expression de<br />

l’évangile a remarqué le néant, il se détacha de tout : de la famille, de la patrie, de la<br />

richesse et il embrasse la pauvreté du Christ. La vie du Christ est résumée dans les paroles<br />

que lui-même avait prononcées : « In iis quae patris mei sunt oportet me esse », et<br />

François prend <strong>com</strong>me parole d’ordre de sa vie : « Ad maiorem Dei gloriam » Il ne<br />

cherche qu’une seule chose : la gloire de Dieu en faisant connaître à ceux qui vivent dans<br />

les ténèbres ; pour cela il affronte les voyages, les dangers, les interpéries des saisons, la<br />

persécution et les ennemis du nom chrétien. Nous aussi nous devons grandir en Jésus<br />

Christ, <strong>com</strong>me le demande l’apôtre « ut crescamus in illum » Avec le baptême il nous a<br />

<strong>com</strong>muniqué la vie, avec la confirmation l’a perfectionnée, avec la <strong>com</strong>munion a nourrit,<br />

avec la pénitence la soigne de l’infirmité et lui donne une nouvelle vigueur. Dans les âmes<br />

saintes le Christ grandit de jour en jour, d’heure en heure chaque bonne œuvre, chaque<br />

acte de vertu fait grandir le Christ en nous, mais les artères à travers lesquelles la vie du<br />

Christ se transforme en nous et elle est perfectionnée, sont les prières et les sacrements.<br />

L’UNIVERSALITE DE LA MISSION<br />

Affirme le père Alfiero Ceesoli<br />

Celle-ci est la succession et l’itinéraire constant : partir de la contemplation, l’esprit de foi,<br />

le regard fixe sur Jésus Christ, pour arriver à la mission, à l’annonce du Règne. Ne dérive<br />

la définition du missionnaire : <strong>com</strong>me celui qui a contemplé en esprit Jésus Christ qui<br />

montre aux apôtres le monde pour qu’il soit conquis à l’évangile, non avec la force des<br />

armes, mais avec la persuasion et l’amour, alors est resté extasié.<br />

Le motif de la mission pour les non chrétiens ceux qui ne connaissent pas encore Jésus Christ, jaillit<br />

de la signification universelle du Christ :<br />

Le Christ qui s’est fait tout à tous, est devenu imitable pour tous, et alors l’apôtre pouvait<br />

écrire : « Omnia et in omnibus Chistus » et pour cela il a voulu que l’évangile soit annoncé<br />

à toutes les créatures, car puisque il est le modèle de tous, à tous on doit les inviter à<br />

l’imitation.<br />

…tous les peuples ont le droit à la rédemption. Jésus Christ a annoncé qu’il voulait<br />

appeler toutes les brebis dans son troupeau, que maintenant sont dispersées sur la terre,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 254 – G.M. <strong>Conforti</strong>


non seulement ce peuple ou une autre nation, mais le monde entier. De son Cœur divin il<br />

fait jaillir continuellement une source de grâce pour purifier et sanctifier toute l’humanité.<br />

Cette vision missionnaire universelle, <strong>com</strong>me on avait vu au chapitre septième, pose la question<br />

sur le rapport entre vocation missionnaire et pastorale dans les pays christianisés : un problème<br />

avant tout personnel de <strong>Conforti</strong> qu’il se proposait dans son ministère, relativement au fait qu’il est<br />

évêque d’un diocèse italien et fondateur d’une congrégation missionnaire. Mais depuis sa brève<br />

expérience à Ravenna selon l’hypothèse qu’on avait vue au troisième chapitre, un de <strong>com</strong>posant de<br />

la crise du <strong>Conforti</strong> était causée par la distance objective vis-à-vis des ses élèves missionnaires et<br />

donc de la difficulté à concilier la charge pastorale en Romagna et la vocation – intention originaire<br />

de formation des ouvriers pour la mission.<br />

La lecture ecclésiastique des deux sphères reste, en <strong>Conforti</strong>, la traditionnelle : le vieux<br />

continent, en particulier l’Italie, malgré tous les abandons de la foi et de la pratique religieuse, reste<br />

une terre de la chrétienté et il y a une différence essentielle entre un pays où Jésus Christ a été<br />

annoncé depuis et où existe une église solide, constituée avec les sacrements et ses structures, et une<br />

partie du monde où l’évangile, les églises, les prêtres sont aux marges des vastes peuples <strong>com</strong>me en<br />

Henam.<br />

Donc en Italie il faut maintenir et consolider les conquêtes historiques de l’évangile, avec le<br />

même zèle avec lequel en Chine ou ailleurs, il faut conquérir de nouveaux peuples à la foi .avec au<br />

moins deux attentions. Avant tout en invitant les chrétiens d’Europe à soutenir en toute circonstance<br />

les missions. En deuxième lieu en reconnaissant que les courageux qui partent vers les terres<br />

lointaines, ac<strong>com</strong>plissent un sacrifice objectivement plus important et intense <strong>com</strong>me il le répète<br />

souvent pendant les discours aux missionnaires qui partaient. La métaphore que <strong>Conforti</strong> emploiera<br />

sera selon un langage militaire : les troupes territoriales défendent les régions qui ont conquises, les<br />

audacieux attaquent les domaines de l’ennemi, c’est-à-dire le démon.<br />

En ce cadre, et dans la tension qu’il y a entre les deux réalités, l’expérience de la naissance de<br />

l’Union Missionnaire du clergé, offrira une synthèse soit de la spiritualité personnelle de <strong>Conforti</strong>,<br />

soit de son ministère pastoral en Italie. D’une certaine façon l’UMC était, on disait, la réalisation<br />

publique acceptée par l’église que le pape Benoît XV avait aussi acceptée dans l’encyclique<br />

Maximum Illud, de la vocation « atypique » de <strong>Conforti</strong> de l’intuition créatrice et originale qui avait<br />

transformé un idéal, la vie missionnaire et un expédiant pour le manque de santé, dans un don pour<br />

les missions et l’église. Les prêtres, les évêques, les troupes territoriales qui défendaient la<br />

chrétienté, trouvaient un appel, un engagement mais aussi une réalisation et une nouvelle<br />

vivification de leur vocation dans l’animation du peuple de Dieu pour soutenir effectivement les<br />

missions. Non seulement prier pour les missionnaires, raconter leurs aventures, recueillir des<br />

ressources pour eux et s’occuper de la formation de nouveaux candidats, était un service qui n’était<br />

pas « indigne » par un ministre ordonné mais il arrivera à être un <strong>com</strong>plément nécessaire de la<br />

forme de la pastorale. Alors ceci deviendra une ressource en plus, soit au niveau spirituel personnel,<br />

soit en donnant l’enthousiasme aux peuples chrétiens, en particulier aux jeunes, soit pour attirer la<br />

bénédiction du ciel sur la paroisse et le diocèse, même et surtout, lorsqu’on a peu de vocations. Il<br />

est intéressant relever qu’en certains moments apparaissent inopinés ad exemple, après la première<br />

guerre mondiale en 1922, quand d’autres urgences semblaient presser sur la pastorale diocésaine.<br />

<strong>Conforti</strong> décidait de dédier un enseignement pastoral, une lettre solennelle du carême, sur les<br />

missions.<br />

On peu affirmer que l’UMC a donné <strong>com</strong>mencement au concept de coopération entre les églises.<br />

En effet si le premier pas fut, au XIX siècle la diffusion populaire de l’œuvre de la Propagation de<br />

la foi et de celle de la Sainte enfance, le faut que le clergé et les évêques ne soient pas seulement<br />

appelés à soutenir les œuvres, mais en s’associant pour une formation et une majeure sensibilisation<br />

en causant un processus qui devait nécessairement impliquer les églises locales. Au-delà des visions<br />

ecclésiologiques du temps de <strong>Conforti</strong>, profondément agrandies et <strong>com</strong>plétées grâce au parcours qui<br />

a conduit au Concile Vatican II sans risquer de tomber dans des anachronismes il est certain qu’une<br />

<strong>Manfredi</strong> - 255 – G.M. <strong>Conforti</strong>


figure <strong>com</strong>me lui a vécu la tension entre sa propre vocation diocésaine et attachement pastoral à une<br />

église d’ancienne chrétienté et attraction de l’idéal de mission ad gentes. Un idéal fortement repris<br />

et rependu aux siècles XIX et XX, et qu’il a donc ouvert les perceptives à l’époque seulement<br />

<strong>com</strong>prises par intuition, de nouvelles relations entre les églises de différents continents. Il n’est pas<br />

secondaire que le père Paolo Manna, missionnaire par vocations, mais lui aussi obligé à rester en<br />

Italie à cause de la santé et lié à son propre institut exclusivement missionnaire, ait cherché la<br />

collaboration de <strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me expression en soi-même des deux tournants d’entreprise que<br />

l’UMC devait ac<strong>com</strong>plir : la réalité missionnaire et celle du clergé diocésain.<br />

L’élément universel et missionnaire de la forme spirituelle de <strong>Conforti</strong> doit être approfondi<br />

même dans son aspect de la conception de la réalité de la mission et de ses méthodes : ce<br />

qu’aujourd’hui s’appellerait missiologie. Certaines études sur la mentalité de la vision de <strong>Conforti</strong><br />

ont été faites, et ne manque pas le matériel pour un approfondissement. Il serait certainement<br />

intéressant reprendre les textes de <strong>Conforti</strong>, en cueillant les sources originaires de la conception<br />

missionnaire. Brièvement ici on reprend ses fréquentes références à un binôme que pour l’évêque<br />

fondateur était un slogan d’une chiffre interprétative : la foi et civilisation. Approcher les textes de<br />

<strong>Conforti</strong> attribués directement ou indirectement à la mission et retrouver cette copie des paroles est<br />

la normalité. Nous reportons <strong>com</strong>me exemple un passage du discours aux missionnaires :<br />

Toute l’œuvre de grandes puissances européennes a été précédée et préparée par celle qui<br />

est éminemment civilisatrice du missionnaire.<br />

Et bien, <strong>com</strong>me pour la France, l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre et la Belgique….<br />

Après quelques instants, vous laisserez pour toujours cette terre bénie à laquelle le ciel<br />

<strong>com</strong>me préférence a été généreux de ses dons, cette terre florissante de la foi et de la<br />

civilisation, riche de trésors d’art et de la nature admirée à cause des sciences et lettres.<br />

Vous laisserez ce beau ciel saphir et vous lèverez l’ancre pour la lointaine Chine, où deux<br />

civilisations sont maintenant en lutte entre elles : la civilisation de Bouddha, de Tao et<br />

Confucius et la civilisation occidentale qui se disputent la possession. Oui, allez-y là-bas<br />

pour porter la foi en Jésus Christ, et avec elles portez aussi la civilisation qu’elle prend de<br />

lui-même le nom et l’inspiration, l’unique véritable civilisation, car elle est l’unique qui<br />

répond pleinement aux justes exigences de l’esprit et du cœur, destinée pour cela à<br />

triompher sur tous les obstacles et à mettre en profondeur ses racines….. Vous allez pour<br />

illuminer tant d’intelligences qui vivent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour<br />

enlever ces peuples du profond abaissement moral dans lequel se trouvent depuis des<br />

siècles, pour prêcher la liberté des enfants de Dieu, <strong>com</strong>battre la terrible plaie de<br />

l’infanticide, soulever la femme de l’avilissement dans lequel il se trouve, faire<br />

<strong>com</strong>prendre aux enfants de cette grande république la grandeur de la dignité humaine et<br />

la sublimité de notre destinée….<br />

L’attention historique plutôt de nous faire remuer pages <strong>com</strong>me celle-ci pleine d’eurocentrisme,<br />

nous fait approcher à cette structure de mentalité avec respect et sans anachronismes. C’était très<br />

peu, même parmi les missionnaires plus expérimentés et plus saints, ceux qui <strong>com</strong>mençaient à avoir<br />

un point de vue différent : le père Vincent Lebbe, Jules Monchanin, et propre en ces années dans<br />

lesquelles le père Manna était supérieur du Pime. La vision d’une foi capable de porter ce<br />

qu’aujourd’hui nous n’appelons plus civilisation, mais « promotion humaine », le noyau n’était pas<br />

tellement différent, trouvait origine dans le cœur de la révolution française avec François René de<br />

Châteaubriant et devenait non seulement une motivation de la diffusion de l’idéal missionnaire<br />

mais, <strong>com</strong>me nous l’avons vu, une réalité capable d’accorder l’église et l’état italien unitaire dans sa<br />

culture progressiste, en plus qu’être syntonie profonde avec l’utilisation apologétique de la<br />

catéchèse confortienne .<br />

Le binôme foi et civilisation était avec d’autres mots, une structure de la pensée capable d’offrir<br />

un patriotisme profondément catholique et papal ; en effet, ici et là pour <strong>Conforti</strong> la civilisation à<br />

<strong>Manfredi</strong> - 256 – G.M. <strong>Conforti</strong>


porter est la civilisation chrétienne qu’en Italie a trouvée sa plénitude. Les images des pays au delà<br />

de la mer et de leur façon de vivre étaient marquées par la violence, la cruauté, la superstition et la<br />

misère : cannibalisme, esclavage, infanticide, même l’alcoolisme dont pas trop à mots ouverts on<br />

accuse la politique des Etats-unis avec les natifs. Il faut bien dire, au-delà de l’aujourd’hui une<br />

vision discuté de la « civilisation », puisque beaucoup de ces nouvelles étaient authentiques et non<br />

exagérées dans leur description.<br />

<strong>Conforti</strong> qui n’était pas missionnaire « sur le champ » et il pouvait se baser sur les sources<br />

missiologiques de son temps et sur les témoignages de ses xavériens, a un approche si non<br />

excessivement articulé, mais avec un style qu’aujourd’hui nous pouvons définir « d’adaptation ».<br />

Par exemple, il invite ses deux missionnaires en Chine Amatore Dagnino et Alfredo Popoli à<br />

apprendre le chinois classique pour dialoguer avec les intellectuels et à Eugenio Pelerzi écrit en<br />

l’exhortant à mettre en pratique les notions apprises à Parma, pour faire du bien au peuple. Il écrira<br />

à ses missionnaires :<br />

Il me semble une bonne chose suggérer depuis le <strong>com</strong>mencement dans l’esprit du peuple<br />

chinois que la religion catholique pendant qu’elle montre aux adeptes le ciel et leur facilite<br />

d’acquisition avec de nombreux moyens, il ne laisse rien de non tenté au même temps pour<br />

rendre moins triste et in<strong>com</strong>mode cet exil terrestre. Le peuple chinois, utilitaire par<br />

nature, <strong>com</strong>prendra davantage cet arrêt et de ce point de vue considérer l’évangile, et<br />

<strong>com</strong>mencer peut-être à avoir sympathie pour se décider à l’accueillir et à le pratiquer.<br />

Donc la civilisation de la foi ne devait pas avoir peur à se confronter avec la civilisation indigène<br />

de la Chine. Comme on avait dit au huitième chapitre, cette conception devait subir une violente<br />

secousse importante et positive avec le voyage en Orient, réalisé au quatrième trimestre 1928.<br />

Depuis, en <strong>Conforti</strong>, la description des missions sans bien sur perdre les éléments arrières et de la<br />

misère économique et humaine, relèvent les aspects propres de la culture, de la civilisation et les<br />

questions qui étaient en train de naître dans le monde où les xavériens travaillaient. Le même art<br />

local pouvait devenir une façon expressive de la foi chrétienne. Le voyage en Henan, et meme avant<br />

avec la rencontre des missionnaires à Ceylan, eu Viêt-Nam, à Hong-Kong et à Shanghai, restent<br />

visiblement pour <strong>Conforti</strong> une expérience du changement spirituel et en plus que culturel : un<br />

ac<strong>com</strong>plissement de l’universalisme théologique qui était déjà une partie profonde de la mentalité<br />

de l’évêque fondateur, encore très fortement conditionné du point de vue européen. Le binôme foi<br />

et civilisation ne diminue pas mais d’une certaine façon devient entrelacement entre foi et une vraie<br />

civilisation : la civilisation chrétienne qui s’incarne avec difficulté dans les différentes cultures.<br />

L’aspect directement spirituel constant en <strong>Conforti</strong>, à souligner dans sa vision universelle de<br />

l’annonce de la foi, était une certitude que la première annonce chrétienne devait être donnée par les<br />

missionnaires, grâce à la transparence de leur vie à l’imitation du Christ :<br />

Puisque la conversion de non chrétiens doit être le but primaire des xavériens, le zèle pour<br />

le salut des âmes doit constituer la caractéristique des missionnaires et puisque le zèle est<br />

l’amour de Dieu qui se manifeste dans des actes, le missionnaire doit être patient, doux,<br />

prévoyant, il ne doit pas chercher son propre intérêt, mais uniquement la gloire du Christ,<br />

il faut tolérer tout, croire tout, espérer tout, se rendre à tout supérieur, en persévérant<br />

jusqu’à la mort.<br />

N’oubliez jamais que vous étiez élus pour être la lumière du monde et le sel de la terre,<br />

et que vous devez l’être avant tout dans les ouvres et après dans la doctrine à l’exemple de<br />

celui qui « coepit facere et docere » Seulement ainsi vous pourrez répéter aux peuples que<br />

vous engendrerez à la foi : soyez nos imitateurs <strong>com</strong>me nous le sommes du Christ,<br />

marchez <strong>com</strong>me vous avez reçu de nous-même la règle, « ambulare sicut habetis formam<br />

nostram » Vous n’oublierez jamais que l’apôtre du Christ doit à ressemblance de son<br />

<strong>Manfredi</strong> - 257 – G.M. <strong>Conforti</strong>


divin Maître doit passer au milieu des gens, en faisant du bien à tous, en soignant tous, en<br />

aidant ceux qui sont dans le besoin, et répandant sur tous les bénédictions célestes.<br />

La sanctification personnelle, c’est-à-dire l’imitation du Christ, <strong>com</strong>me cause exemplaire, n’est<br />

rien d’autre vis-à-vis de la vocation et à la méthode missionnaire, mais est elle est inséparable et<br />

davantage elle est le fondement de l’annonce missionnaire. On ne peut pas dire qu’elle soit en soimême<br />

originale de <strong>Conforti</strong>, mais certainement en lui est une persuasion vécue et enracinée.<br />

Il est opportun en ce moment, en connexion avec la vision universelle de la spiritualité de<br />

<strong>Conforti</strong>, montrer à celle qu’on pourrait appeler une aptitude culturelle présente dans le fondateur<br />

des xavériens. Elle est très visible dans l’importance donnée par lui-même à la formation de ses<br />

missionnaires, mais on peut la lire avec clarté même dans son approche aux thèmes de la formation<br />

du clergé diocésain. Il s’agit de la sensibilité positive envers chaque élément culturel de la valeur ou<br />

de la recherche scientifique et littéraire ; de la disponibilité, c’est-à-dire à donner un espace aux<br />

capacités intellectuelles et pratiques des personnes et cela, <strong>com</strong>me disait en différentes occasions,<br />

est un élément spécifique de <strong>Conforti</strong>. Cela est confirmé par un célèbre texte propre du fondateur<br />

des xavériens :<br />

Ceux qui d’ailleurs président dans notre Institut, soient prévenants avec un sage<br />

discernement afin que ceux qui se préparent à l’apostolat apprécient la littérature, les<br />

sciences sacrées et profanes et les langues étrangères pour être dans les mains de Dieu et<br />

des supérieurs des instruments aptes à procurer le salut des âmes. Qu’ils inculquent à<br />

tous, au fur et à mesure qu’ils avancent, aussi toutes les autres connaissances qui<br />

pourraient être utiles <strong>com</strong>me les beaux arts, la médicine pratique, la physique appliquée<br />

au service de la vie, de l’histoire naturelle, de la musique ainsi de suite, en appuyant les<br />

aptitudes dont chacun est fourni de telle façon que chaque branche ait un spécialiste qui<br />

pourrait être utile aux multiples besoins des missions. Cependant les élèves ne pouvaient<br />

pas choisir selon leur propre volonté, mais selon le conseil de ceux qui devaient les diriger,<br />

pour que l’étude des matières secondaires ne soit pas un préjugé pour les principales et<br />

spécialement aux disciplines sacrées auxquelles ils devaient s’appliquer davantage.<br />

Pour ceux qui connaissent même d’une manière superficielle le climat des séminaires et des instituts<br />

de l’époque, une indication pareille est particulièrement une innovation. Ce n’est pas que ces écoles<br />

de formation empêchaient <strong>com</strong>plètement aux élèves de développer capacités et talents propres.<br />

Mais fondamentalement était la différence et le principe ascétique de l’ « age contra »à prévaloir :<br />

qu’il n’arrive pas que les futurs prêtres et missionnaires montent en superbe et prétendent des<br />

engagements aux études spéciales, selon leur propre nature, <strong>Conforti</strong>, même dans l’attention<br />

pédagogique pour que les passions culturelles ne mortifient pas l’application aux études<br />

théologiques indispensables, tandis qu’il laisse un vaste espace à l’expressivité de ces<br />

caractéristiques personnelles, de celles-ci en les appelant aussi curiosités culturelles.<br />

Sûrement la tradition missionnaire qui valorisait les aptitudes pratiques de la médicine pour ouvrir<br />

des dispensaires, à l’architecture pour bâtir des églises et des maisons, à la mécanique… pour les<br />

vélos et que se soumettaient à tout le genre narratif missionnaire, ethnologique des siècles XVII-<br />

XIX a poussé <strong>Conforti</strong> à cet investissement culturel. Cependant on peut retenir avec certitude que<br />

un tel <strong>com</strong>portement d’ouverture vis-à-vis de toutes les dimensions du savoir était profondément<br />

enraciné dans l’évêque de Parma. Même s’il n’était pas un homme encyclopédique <strong>com</strong>me l’ami et<br />

collaborateur Pietro Maffi. <strong>Conforti</strong> vivait personnellement une remarquable curiosité intellectuelle,<br />

exercée surtout dans la sphère littéraire, philosophique, théologique et historique. Cette sensibilité<br />

pour le savoir était proposée en différentes façons aussi pour le clergé : par exemple à travers la<br />

« société pour la culture » dont on avait parlé au chapitre sixième.<br />

Nous pouvons individualiser quelques sources de ce <strong>com</strong>portement de <strong>Conforti</strong> certainement dans<br />

un climat d’une ville universitaire et cultivée <strong>com</strong>me a été toujours Parma, où, soit avant, qu’après<br />

<strong>Manfredi</strong> - 258 – G.M. <strong>Conforti</strong>


<strong>Conforti</strong>, le clergé même ne manquait pas des personnages au niveau académique. Je retiens<br />

personnellement que son recteur même du séminaire, l’abbé Andrea Ferrari, déjà avait donné cette<br />

ligne à la formation séminaristique. Cependant sans aucun doute <strong>Conforti</strong> avait inséré cet élément<br />

culturel, justement défini par le père Amato Dagnino à plusieurs reprises « cosmique » donc<br />

universel, dans sa spiritualité et objectivement continué par la congrégation xavérienne, <strong>com</strong>me<br />

aussi par le clergé diocésain.<br />

On peut dans un certain sens affirmer qu’une expression synthétique carrément « brachylogie »<br />

de ceci qui sont les deux grands piliers de la vision spirituelle de <strong>Conforti</strong>, c’est-à-dire le<br />

christocentrisme et l’universalisme , est la célèbre devise : « In omnibus Christus ». Cette devise<br />

apparaît pour la première fois dans une lettre écrite le 2 octobre 1902 à la sœur Seraphine de Jésus<br />

supérieure générale des franciscaines missionnaires du Très Saint sacrement de Bertinoro (Forli).<br />

Depuis cette date, <strong>Conforti</strong> emploie dans les lettres constamment après qu’il l’avait choisi <strong>com</strong>me<br />

divise épiscopale, tandis que dans la période précédente employait « Soit connu et aimé notre<br />

Seigneur Jésus Christ », même si non toujours avec constance. Il y avait l’habitude à l’époque de<br />

choisir la divise et l’employer dans la correspondance : les divises des prêtres et de religieux étaient<br />

souvent des paraphes <strong>com</strong>me J.M.J (Jésus, Marie, Joseph). Après des années, pendant une<br />

récollection à ses élèves missionnaires, <strong>Conforti</strong> conseille de garder présent un arrêt autour duquel<br />

<strong>com</strong>me un pivot nous devons faire ressortir toutes nos pensées. En cette exhortation une remarque<br />

autobiographique : la maxime In ombibus Christus. Elle est une citation de Saint Paul (Col 3, 11)<br />

« Ubi non est gentilis et judaeus circumcisio et praeputium barbarus et Seytha servis et liber sed<br />

omnia et in omnibus Christus » La signification est multiple et ouverte : le Christ a transformé tous<br />

et tout, il a pu rejoindre tous, l’évangile doit rejoindre tout l’univers ; il faut voir le Christ en toutes<br />

les personnes et choses ; exprès ces maximes étaient polyvalentes. On doit affirmer avec décision et<br />

fermeté de la fréquence des écrits de <strong>Conforti</strong> que lui-même avait faits de cette maxime le centre<br />

inspirateur de sa vision de vie. En ces brèves paroles s’unissent le christocentrisme et<br />

l’universalisme, même une dimension cosmique. Alors celle-ci fut une conséquence naturelle pour<br />

lui, après des années d’une culture continuelle de cette intention simple et au même temps<br />

<strong>com</strong>plexe, opter pour une telle expression <strong>com</strong>me une propre devise épiscopale : il était « sa »<br />

maxime et elle résultait tout à fait originale.<br />

Beaucoup moins prévue d’autres divises épiscopales classiques… par exemple : « Fortiter et<br />

suaviter » de Mgr Magani, tirée de la liturgie de l’Avent. In omnibus Christus, dans un certain sens,<br />

indique la plus importante nouveauté pour <strong>Conforti</strong> vis-à-vis de la tradition spirituelle à partir de<br />

laquelle il est grandi. Il met en évidence l’imitation du Christ unie ensemble vitalement au zèle pour<br />

l’évangélisation des peuples, sans que cette dernière soit une alternative aux soins pastoraux du<br />

diocèse qu’on lui avait confié. La contemplation du Christ crucifié fait naître nu regard positif sur<br />

les choses du monde et elle propose une vision de la foi qui est aussi civilisation, ou de toute façon<br />

substance humanisante contre les courants de la pensée qui affirmait que la foi était un démenti de<br />

l’humanité.<br />

Sans vouloir trop exagérer cette expression, mais simplement en cherchant de sauvegarder la<br />

grandeur des significations, et surtout la vivacité de l’expérience spirituelle de <strong>Conforti</strong>, on peut<br />

retenir qu’elle soit renfermée dans l’intuition traduite par cette maxime, l’idée de « l’esprit de vraie<br />

foi », « vie de foi », qu’on vit si dans toutes les contingences nous aurons toujours le Christ devant<br />

les yeux de notre âme, et lui nous ac<strong>com</strong>pagnera partout…Cette « vie de foi » est considérée par les<br />

spécialistes de la spiritualité confortienne un des éléments qui caractérisent le parcours intérieur de<br />

l’évêque fondateur.<br />

STYLE ET INSTRUMENTS QUI CONCRETISENT LA SPIRITUALITE<br />

A partir de ce que nous avons appelé, en manière peut-être générique, les deux piliers, ou mieux<br />

vecteurs de forces de la conception spirituelle du <strong>Conforti</strong>, l’exemplarité du Christ et la mission<br />

universelle, nous pouvons recueillir ici quelques articulations qu’en lui et dans ses projets et écrits,<br />

<strong>Manfredi</strong> - 259 – G.M. <strong>Conforti</strong>


veulent incarner et rendre concrète l’intuition fondamentale. Ce sont les éléments constitutifs d’une<br />

spiritualité vécue dans le quotidien : quelques choix et quelques pratiques, certaines formes de<br />

prière, mais aussi de certaines aptitudes humaines vécues dans le cadre de la foi. Est opéré ici même<br />

un choix et une exemplification jusqu’à l’alphabétisation qui « dit » une vie spirituelle est toujours<br />

variée et articulée.<br />

Il nous semble de pouvoir affirmer que trois aspects sont particulièrement remarquables : les<br />

vœux religieux et le choix d’une vie consacrée pour la mission, mais avec l’initiative, jamais<br />

réalisée des Oblats, aussi pour le diocèse ; tous les moyens et parcours traditionnels de l’ascèse et de<br />

la dévotion, les rapports humains vécus dans la collaboration, dans l’amitié, jusqu’à rejoindre une<br />

vision de la fraternité pour tous les xavériens, et même ici, en récupérant la vitalité de ses relations<br />

avec le clergé diocésain. Nous partons une fois de plus du texte de la Lettre Testament qui offre une<br />

synthèse et en plénitude la conception confortienne des vœux :<br />

La vie apostolique… unie à la profession des voeux religieux constitue en soi-même ce qui<br />

est le plus parfait, selon l’évangile, qu’on puisse concevoir. Par la profession des vœux<br />

religieux nous mourrons devant tout ce qui est terrestre pour vivre une vie cachée en Dieu<br />

avec Jésus Christ, en ac<strong>com</strong>plissant ce que disait l’apôtre Paul aux premiers fidèles :<br />

« Mortui estis et vita vestra est abscondita cum Christus in Deo » Les vœux religieux sont<br />

des liens saints qui nous serrent davantage au divin service, ils sont une totale<br />

émancipation du Démon, du monde et de la chair ; ils sont une aspiration continuelle vers<br />

les choses toujours meilleures, ils sont <strong>com</strong>me une espèce du martyr, auquel si manque<br />

l’intensité de la douleur, supplée la continuité de toute la vie. Pour cela ils augmentent le<br />

mérite de nos actes, puisque est doctrine <strong>com</strong>mune des Pères de l’Eglise que ce qu’on<br />

ac<strong>com</strong>plit à travers le vœu, est doublement méritoire devant les yeux du Seigneur. Celui<br />

qui ac<strong>com</strong>plit une œuvre sans le vœu, observe génialement saint Anselmo, peut se<br />

<strong>com</strong>parer à celui qui offre le fruit d’un arbre, tandis que celui qui opère avec le vœu, offre<br />

avec le fruit l’arbre même.<br />

La position de <strong>Conforti</strong> jaillit certainement de longues discussions sur la plus grande perfection des<br />

états de vie et ressentit particulièrement, mais non seulement, de Tommaso d’Aquino. Elle arrive à<br />

mûrir la décision de faire de son institut une congrégation religieuse avec les vœux, même lorsque<br />

les ministères romains conseillaient une fédération avec d’autres instituts qui n’avaient pas les<br />

vœux. Et lorsque Rome affirmait que l’omission des vœux aurait facilitée l’approbation de l’institut<br />

même, il persévère dans sa conviction absolue que les vœux étaient une partie intégrante de<br />

l’intuition originaire de la fondation, et ils assuraient une particulière efficacité pour l’unité de la<br />

congrégation et de la mission.<br />

Il semble maintenant dépassée la discussion parmi les xavériens si <strong>Conforti</strong> avait fait les vœux,<br />

s’il avait eu la possibilité de les faire ou non : les vœux ont été faits en l’occasion de son ordination<br />

épiscopale pour Ravenna. La forme propre de la spiritualité du <strong>Conforti</strong> passe à travers la<br />

consécration religieuse : conformation au Christ et engagement totale pour la mission trouvent dans<br />

la consécration religieuse avec les vœux la plus grande expression. Il est significatif que la Lettre<br />

Testament n’examine pas, si non par allusion la méthodologie missionnaire, mais elle est presque<br />

totalement dédiée au <strong>com</strong>mentaire de la réalité des vœux religieux. Un aspect de l’originalité en<br />

<strong>Conforti</strong>, est ce lien entre institut missionnaire et consécration : une caractéristique qui n’est pas<br />

propre de toutes les fondations missionnaires de l’époque. En plus, <strong>com</strong>me dans le cas des<br />

missionnaires de saint Calogero, de l’institut Saints Pierre et Paul, des Pères Blancs, mais aussi des<br />

<strong>com</strong>boniens à l’époque de leur fondateur, l’aspect de a vie religieuse était à la seconde place, ou<br />

même pas pris en considération.<br />

Les choix concrets de la culture et expression de la spiritualité de l’évêque fondateur trouvent une<br />

place dans les moyens et parcours traditionnels en vue de la recherche de « l’union avec Dieu »<br />

<strong>Manfredi</strong> - 260 – G.M. <strong>Conforti</strong>


Ne laissons jamais la méditation quotidienne, la lecture spirituelle, la visite au Très Saint<br />

Sacrement, la confession possiblement hebdomadaire, la prière du Rosaire, l’examen de<br />

conscience général et particulier, la retraite annuelle, la récollection mensuelle ou au<br />

moins la prière pour une mort sainte. Et jésus dans le Très Saint Sacrement, pour lequel<br />

nous sommes prêtres et apôtres, soit toujours le centre de nos pensées et de nos affections.<br />

Est devant le saint tabernacle que nous devons chaque jour augmenter nos forces pour de<br />

nouvelles fatigues. Et après cela augmentons en nous une tendre dévotion à la Vierge<br />

Immaculée, reine des missions, à son très chaste époux saint Joseph patron de l’église<br />

universelle, aux saints apôtres et à notre saint protecteur saint François Xavier.<br />

Celle-ci était la structure proposée à ses missionnaires. Mais au même temps avec des modifications<br />

nécessaires, ceci était ce que <strong>Conforti</strong> suggérait aux séminaristes qui se préparaient à être membres<br />

du clergé diocésain. <strong>Conforti</strong> employait une particulière insistance, à partir de son expérience<br />

personnelle, au sujet de la méditation quotidienne. Ces mêmes pratiques étaient un sujet d’une<br />

constante révision et confirmées dans les « propos » qu’il faisait après la retraite. On n’a pas en<br />

cette sphère aucun renouveau particulier : sont les règles de vie qu’un grand partie des courants<br />

spirituels de son temps proposaient aux prêtres et aux religieux.<br />

En ce cadre va souligner sûrement l’importance de la dévotion mariale de <strong>Conforti</strong>. Lui-même,<br />

nous pouvons dire, représente un exemple de l’intériorité de la tradition mariale qu’il avait reçue au<br />

XIX siècle, une double impulsion grâce à la proclamation du dogme de l’Immaculée conception<br />

proclamé par Pie IX en 1854 et grâce aux différentes encycliques du Léon XIII sur la prière du<br />

Rosaire. Le dogme de l’Immaculée Conception de Marie devient en <strong>Conforti</strong> le « focus » autour<br />

duquel il recueille les différents fondements théologiques et spirituels de la dévotion mariale, des<br />

références bibliques du Cantique des Cantiques, à la place de Marie dans le cadre de la théologie de<br />

son temps. Cependant, en particulier, Marie dans la vision du <strong>Conforti</strong> est intégrée <strong>com</strong>plètement<br />

dans le christocentrisme de l’exemplarité. Les affirmations plus claires de cette dévotion on les<br />

retrouve en général dans les homélies de la fête de l’Assomption de Marie au ciel. L’autre aspect<br />

qu’on pourrait définir « Leonino » (du nom du pape Léon XIII) est la vision de Marie <strong>com</strong>me<br />

avocat dans l’intercession, à laquelle doit s’adresser la prière quotidienne en particulier la prière de<br />

l’Angelus trois fois chaque jour et le Rosaire. Dans la sphère missionnaire, le titre préféré et<br />

répandu par Mgr <strong>Conforti</strong> est Marie, Reine des missions.<br />

Ces affirmations publiques correspondaient à la dévotion personnelle à la Vierge Marie<br />

contrôlables en lui depuis les années du séminaire dont les traces on les trouve dans ses écrits<br />

intimes, dans les « propos » pendant les différentes phases de sa vie dans le journal personnel.<br />

D’ailleurs le jeune élève du séminaire de Parma avait grandi dans l’enthousiasme marial à la fin du<br />

XIX siècle relancé avec conviction à travers les lettres pastorales de l’évêque Miotti. Donc on<br />

assiste en <strong>Conforti</strong> à une pleine assimilation et personnalisation d’une spiritualité mariale qui trouve<br />

ses sources historiques plus évidentes en Saint De Liguori, dans la spiritualité des jésuites, dans les<br />

interventions magistrales de Pie IX et Léon XIII, et enfin, mais non secondairement, dans le lien<br />

étroit entre la dévotion à la Verge Marie, et le mouvement missionnaire. Dans les instruments<br />

spirituels ressentit d’une accentuation plus ascétique que mystique : c’est suffisant lire le schéma<br />

d’une récollection sur la « perfection » proposée le 9 janvier 1926. Nous cueillons quelques aspects<br />

typiques.<br />

(…)<br />

3. Toute la perfection est fondée sur deux piliers, sur deux principes. Une petite estime de<br />

toutes les choses spécialement de nous-mêmes. Un concept très élevé de Dieu, de cette<br />

estime doit naître en nous le désir d’ac<strong>com</strong>plir la volonté de Dieu. Certains placent la<br />

sainteté dans les prières, d’autres dans les pénitences, d’autres encore dans les « dons »<br />

extraordinaires. La perfection consiste dans une seule chose : faire la volonté de Dieu.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 261 – G.M. <strong>Conforti</strong>


4. On n’ascète pas la perfection en mettant les bras en forme de croix mais il faut lutter,<br />

<strong>com</strong>battre, en vivant non selon les inclinations de la nature, mais selon la foi.<br />

(…)<br />

7. Je vois deux tromperies <strong>com</strong>munes entre les personnes spirituelles. L’une c’est que ces<br />

personnes mesurent davantage leur dévotion, avec des consolations qu’elles expérimentent<br />

dans leur vie de Dieu. L’autre tromperie est lorsque ces personnes disent quelques choses<br />

avec répugnance et avec ennui, elles croient de n’avoir aucun mérite.<br />

8. Si nous voulons avoir un profit, il faut pratiquer le précepte de l’apôtre : « Attende<br />

tibi » et cela implique deux choses : la première c’est de ne pas s’intéresser des affaires<br />

d’autrui ; la seconde est celle de prendre avec force l’engagement pour sa sanctification.<br />

Chacun portera avec lui ses propres œuvres.<br />

(…)<br />

14. Sois soumis à la discipline d’un homme austère qui traite âprement et avec rigueur : et<br />

puis cherche de la nourrir de toutes ses reproches.<br />

Au sujet du dernier point de la liste reportée en haut, il faut se rappeler de <strong>Conforti</strong> sa <strong>com</strong>paraison<br />

avec des personnes « illuminées » à partir certainement su père Salvatore Spada franciscain et son<br />

confesseur ; probablement n’était pas l’unique référence, surtout pendant certains moments des<br />

tournants de sa vie, par exemple au moment de la décision sur son sort à Ravenna. Peut-être cette<br />

<strong>com</strong>paraison vécue avec disponibilité n’a pas été encore suffisamment recherchée en Mgr <strong>Conforti</strong>.<br />

Un troisième choix et parcours spirituel regardent le rapport avec les autres, en particulier avec<br />

les confrères dans le sacerdoce et avec les membres de l’institut. On a vu à plusieurs reprises son<br />

style cordial dans les amitiés, qui arrivait à surmonter non seulement sa « naturelle timidité », mais<br />

aussi le style expressément réservé que la formation dans les séminaires de son temps obligeait le<br />

clergé. Le style mesuré et réservé aujourd’hui, il nous semble pour certains aspects, aride et sans<br />

affection : en réalité, dans l’ensemble de ses écrits et dans les nouvelles qui le concernant, <strong>Conforti</strong><br />

révèle une richesse humaine remarquable et capable des relations même à distance en plus de la<br />

<strong>com</strong>préhension immédiate des personnes. On pense par exemple à ses rapports avec le père Manna<br />

d’un coté, et de l’autre coté avec l’abbé Angelo Roncalli au sujet de « L’union missionnaire du<br />

clergé ». Même au niveau très concert, l’organisation que lui-même avait pour la maison de<br />

formation de l’institut était dirigée vers le dépassement des barrières et formalités typiques des<br />

séminaires selon la mentalité « Carolina » ; (de saint Charles Borromée) en optant avec décision<br />

pour l’exigence de créer un esprit de famille entre les futurs missionnaires. C’est dans l’institut<br />

xavérien que cette capacité et, on dirait, le goût des rapports humains devient une impulsion à suivre<br />

en fraternité.<br />

Nous aussi avec l’amour envers Dieu, nous devons alimenter dans nos cœurs l’amour pour<br />

nous et pour nos frères et avant tout pour ceux qui forment avec nous la même famille et<br />

ils ont en <strong>com</strong>mun la vie, les idéaux, la fatigue, les mérites, la direction… Et moi, dans ma<br />

mesquinerie, je prie le Seigneur que l’unité des intelligences et des cœurs que le divin<br />

Maître a laissée <strong>com</strong>me extrême souvenir, <strong>com</strong>me précieux héritage à ses apôtres et à ceux<br />

qui auront cru en lui, puisse toujours régner entre les membres de l’humble notre<br />

congrégation. Et d’une façon particulière qu’elle règne en ceux qui étaient proposés aux<br />

maisons de notre institut et ils sont appelés à préparer les autres à l’apostolat. Chaque<br />

dissentiment, chaque divergence, chaque dispute qui se manifesteraient entre nous, serait<br />

un préjugé très grave pour la paix et l’édification fraternelle.<br />

Concrètement, au moins au sujet de la Chine, <strong>Conforti</strong> se limitait à suggérer que, au tant que<br />

possible, les missionnaires puissent aller dans les différentes postes des missions « bini bini »<br />

<strong>com</strong>me affirme l’Ecriture, c’est-à-dire deux à deux. En effet les maisons des formations étaient des<br />

maisons de vie <strong>com</strong>mune, tandis que la mission en Chine était un grand chantier d’expérimentation<br />

<strong>Manfredi</strong> - 262 – G.M. <strong>Conforti</strong>


où, <strong>com</strong>me on avait vu aux huitième chapitre, ne manquaient pas des tensions entre confrères. Les<br />

vœux d’obéissance et de pauvreté sont dans la conception confortienne, étroitement liés à la<br />

fraternité.<br />

En cette concrétisation des requêtes très importantes de l’intuition spirituelle de <strong>Conforti</strong> on<br />

pourrait mettre l’interprétation du père Dagnino de l’équilibre dynamique ou harmonie des vertus<br />

de <strong>Conforti</strong>. Il s’agit, du point de vue méthodologique, de l’application à la personne de l’évêque<br />

fondateur avec une clé de lecture typique de certaines écoles de la théologie spirituelle. Au niveau<br />

historique on pourrait dire que les documents et les témoignages nous restituent l’image d’une<br />

personne mure, convaincue sur les principes de la foi qu’elle professait, capable d’assimiler et<br />

personnaliser tous les éléments de la riche tradition spirituelle que lui-même avait reçue dans une<br />

synthèse que, <strong>com</strong>me on a vu jusqu’à maintenant, ne manque pas des soulignements et des aspects<br />

objectivement originaux et innovateurs dans leur expression ou dans la façon concrète dans laquelle<br />

<strong>Conforti</strong> les interprétait.<br />

PREMIER ESSAI DE LECTURE EVOLUTIVE<br />

Si, par ici et par là, dans ce parcours de synthèse sur la spiritualité du <strong>Conforti</strong> aussi <strong>com</strong>me<br />

historiquement on peut le tirer du texte et des actes, on a cherché d’individualiser quelles étaient les<br />

sources de l’inspiration que lui-même avait rencontrées, il serait précieux de pouvoir reconstruire<br />

même une analyse évolutive de sa mentalité. Qui l’a influencé le premier, et qui après Quelles<br />

catégories théologiques, culturelles et spirituelles sont augmentées dans le temps et quelles sont<br />

celles qui sont secondaires Quels auteurs ont permis à notre homme d’ac<strong>com</strong>plir certains sauts de<br />

qualité <br />

Le travail à faire à été ici simplement ébauché. Dans la grande quantité des écrits confortiens<br />

sont très abondantes les références bibliques, patristiques et thomistes, mais sont vraiment très peu<br />

les références aux auteurs modernes. Il est probable <strong>com</strong>me dit le père Dagnino, que quelques<br />

auteurs ont été cités par cœur, mais cela signifie du point de vue méthodologique, un travail de<br />

reconstruction énorme. Malheureusement après, dans la bibliothèque du <strong>Conforti</strong>, <strong>com</strong>me jusqu’à<br />

maintenant a été reconstruite, sont absent presque entièrement les livres de méditation qu’il utilisait<br />

avec certitude. Il n’y avait pas un volume de Francesco di Sales, rien sur Alfonso De Liguori,<br />

seulement une édition sur l’Imitation du Christ de l’an 1928, et nous le savons avec certitude que<br />

même avant, depuis sa jeunesse, l’Imitation était un des ses textes de référence.<br />

Cette absence peut avoir différentes explications. Cependant nous empêchent, pour le moment,<br />

d’individualiser les sources, recueillir ses <strong>com</strong>mentaires et souligner, dater les lectures et les apports<br />

particuliers. On cherchera donc à travers une première hypothèse de travail, à partir des<br />

constatations et apports des spécialistes sur <strong>Conforti</strong>, et des témoignages de ceux qui l’ont connu,<br />

avec l’espérance d’ouvrir le chemin à de nouvelles études.<br />

Doit être confirmé une fois de plus que ces lectures, en plus qu’assimilation des messages oraux,<br />

d’homélies, méditations etc., bien difficile à documenter, elles ne « créent » pas la spiritualité d’une<br />

personne. L’expérience intérieure trouve souvent des concepts et des paroles interprétatives dans les<br />

livres de autres, ou bien des questions qui provoquent des réflexions. Il ne s’agit pas donc, de<br />

réduire les élaborations personnelles à ce que les autres ont dit, mais de <strong>com</strong>prendre le rapport entre<br />

la culture répandue et le parcours individuel.<br />

On peut, avant tout dire que <strong>Conforti</strong> se soit formé à partir de ce qu’on pourrait définir<br />

la « vulgate » spirituelle du XIX siècle répandue dans les séminaires italiens : une structure<br />

maintenant expérimentée des messages et des instruments de prière, qu’on ne peut pas réduire à la<br />

spiritualité ignacienne ou bien des jésuites, mais que, grâce aux Jésuites, dévoués souvent à la<br />

prédication, aux récollections et retraites au clergé était vulgarisée, précisée et répétée avec une<br />

remarquable cohérence. En plus que le schéma des retraites ignaciennes et à l’habitude de se<br />

« créer » des propos et les vérifier régulièrement, on peut rappeler l’apport du texte de l’Imitation<br />

du Christ du moyen âge, d’Alfonso de Liguori avec la spiritualité christologique, la dévotion<br />

<strong>Manfredi</strong> - 263 – G.M. <strong>Conforti</strong>


mariale et la sensibilité pastorale de Francesco di Sales. En <strong>Conforti</strong> on voit même avec une<br />

certaine fréquence même à l’age adulte, des références à la spiritualité franciscaine, tandis que les<br />

possibles apports bénédictins et des carmes semble à la deuxième place, rappelons aussi que les<br />

franciscains, bénédictins et carmes se trouvaient depuis longtemps dans sa ville de Parma, et que<br />

<strong>Conforti</strong> était un tertiaire franciscain. Tandis que son donné propre était sans aucun doute l’attention<br />

missionnaire mûrie surtout grâce à la lecture des œuvres agiographiques qu’une fois de plus nous<br />

portent au milieu des Jésuites avec François Xavier.<br />

Avec cette base spirituelle traditionnelle et <strong>com</strong>mune, il faut tenir présente l’assimilation de<br />

l’enseignement théologique thomiste, reçu au séminaire. Pas toujours les élèves ne font des études<br />

de la dogmatique, une contribution importante à sa propre expérience personnelle. Pour <strong>Conforti</strong> on<br />

peut dire que plusieurs éléments de la grammaire spirituelle employée par lui-même viennent d’une<br />

assimilation entendue dans les études théologiques : on pense à la théologie des sacrements, à la<br />

conception de la vie religieuse des vœux.<br />

Certainement la lecture de la Sainte Ecriture conseillée au clergé et l’engagement important pour<br />

la prédication, qui <strong>com</strong>porte une reprise des textes bibliques, forment un ingrédient ultérieur, même<br />

si, en général le type de lecture et prédication se referaient aux arrêts et non à une exégèse des textes<br />

plus vastes, si non pour ce qui se référait à la passion du Christ. <strong>Conforti</strong> a ses phrases bibliques très<br />

claires et parmi ces phrases nous rappelons le verset de l’évangile de Jean que beaucoup de ceux qui<br />

estimaient l’évêque fondateur, ont après, appliqué à son existence : « Et alias oves habeo, quae non<br />

sunt ex hoc ovili ; et illas oportet me adducere, et vocem meam audient, et fiet unum ovile et unus<br />

pastor » (Jv 10, 16) Même l’emploi que l’évêque fondateur fait de la Bible est un champs vaste,<br />

ouvert à des recherches ultérieures, étant aussi le poids immense du matériel à disposition.<br />

Donc une solide base traditionnelle assimilée et augmentée avec quelques choix conscients<br />

d’affinité et de syntonie, l’esprit franciscain, l’idéal missionnaire, le thomisme, ont permis à<br />

<strong>Conforti</strong> de donner parole à ses intentions et expériences personnelles, en particulier pendant la<br />

période de sa jeunesse et premier âge adulte, et l’a ac<strong>com</strong>pagné, on pourrait dire, pendant toute sa<br />

vie. Après un certain temps on entrevoie quelques ultérieures influences. Ceci a été recueilli dans<br />

les chapitres précédents, nous invite à relever avant tout un rapport bien définissable<br />

chronologiquement, qui est celui de l’esprit et de l’expérimentation de l’UMC, c’est-à-dire les idées<br />

du père Manna et ce qu’ensemble, Manna et <strong>Conforti</strong>, mais aussi les autres, étaient en train<br />

d’élaborer au niveau des statuts, congrès, dialogues. Entre 1916 et 1925 la période de la pleine<br />

maturité du <strong>Conforti</strong>, l’engagement pour l’UMC, mais aussi l’encyclique sur les missions<br />

« Maximum illud » qui confirme certaines réflexions et choix du <strong>Conforti</strong>, contribuent aux deux<br />

passions de l’évêque, c’est-à-dire le ministère pastoral et la mission, trouvent même au niveau<br />

intérieur une pleine synthèse.<br />

Encore deux apports semblent certains. On doit entrer avant tout l’œuvre du père François de<br />

Sales Pollien, en particulier « La vie intérieure simplifiée ». Des témoins affirment que <strong>Conforti</strong><br />

avait porté en Chine à ses missionnaires une copie de ce livre. Le père Dagnino affirme que la<br />

formule « voir Dieu, chercher Dieu, aimer Dieu en tout » soit une citation littérale de cet auteur. La<br />

formule se trouve dans la Lettre Testament que, <strong>com</strong>me on sait, est de l’an 1921. Il semble que la<br />

première exacte récurrence soit une note même à l’occasion d’une retraite à Berceto en août 1918.<br />

Tandis que seulement l’année précédente les expressions étaient beaucoup plus semblables au<br />

principe classique et fondement de la retraite ignacienne.<br />

Le texte du Pollien en effet est un reviviscence du principe et fondement ignacien à travers<br />

Augustin et Tommaso d’Aquino, purifié de tous les aspects secondaires qu’en réalité coûtaient à<br />

Pollien de graves polémiques de la part de Jésuites. La première édition italienne de la « Vie<br />

intérieure simplifiée, au moins selon les donnés par le Service bibliothécaire national (SBN) est de<br />

l’an 1913 et, <strong>com</strong>me toutes les œuvres du Pollien, d’abord est imprimée avec un pseudonyme, J.<br />

Tissot. Et bien, en lisant le journal personnel du Condorti en <strong>com</strong>mençant de l’an 1918, on trouve<br />

écrites des phrases de « la vie intérieure » de Tissot. Probablement <strong>Conforti</strong> trouve une synthèse<br />

essentielle et aussi plus mure et purifiée de tout ce qu’il avait « mâché » dans ses méditations. De<br />

<strong>Manfredi</strong> - 264 – G.M. <strong>Conforti</strong>


tout ce qu’on a dit jusqu’à maintenant, on peut affirmer que <strong>Conforti</strong> s’est trouvé à l’aise avec<br />

Pollien.<br />

L’autre contribution, probable même si non tellement sure ni placée dans le temps, celle du<br />

trappistin Jean Baptiste Chautard. Le père Dagnino témoigne que <strong>Conforti</strong> citait par cœur ce texte<br />

aux novices. Le livre, aujourd’hui même publié et en circulation, est une méditation qui veut<br />

appeler celui qui est engagé dans l’apostolat actif et le soutenir avec une profonde contemplation.<br />

On ne peut pas affirmer qu’il soit le précurseur de la spiritualité liturgique, mystérique de<br />

Marmion, de toutes les façons il s’agit d’un texte d’une certaine valeur et d’une remarquable<br />

longévité. Guseppe Butturini affirme que la première édition, italienne soit de l’an 1916, tandis que<br />

pour SBN , la première édition fut du 1916-1918. <strong>Conforti</strong> aborde quelques « nouveaux » auteurs et<br />

il en tire des motifs spirituels qu’ils lui sont particulièrement chairs. Avant tout on peut affirmer que<br />

<strong>Conforti</strong> a pu trouver en Pollien et en Chautard, et peut-être dans d’autres auteurs jusqu’à<br />

maintenant inconnus, certaines preuves de ce qu’il avait élaboré, surtout une synthèse plus<br />

essentielle en Pollien et quelques impulsions pour unir action et contemplation avec Chautard. Donc<br />

pas des rencontres bouleversantes, mais preuves et approfondissements d’un parcours acheminé.<br />

En deuxième lieu on peut faire des hypothèses pendant ces années de la guerre et après, années<br />

tourmentées pour <strong>Conforti</strong> qui a déjà 50 ans, et pour son diocèse, un soutien particulier offert par<br />

certaines lectures et par l’expérience de l’UMC au parcours de l’évêque fondateur, qu’en cette<br />

période était très éprouvé. Plus avant on doit placer une contribution de la spiritualité liée à la<br />

réforme liturgique, même avec les contours chronologiques plus difficiles à préciser. La<br />

collaboration avec l’abbé de saint Giovanni de Parma, Emmanuel Caronti, doit avoir rendu propices<br />

certaines attentions confortienne, non seulement pastorales, en cette direction. En plus, l’expérience<br />

chinois <strong>com</strong>me on a dit plusieurs fois, a approfondi non seulement sa conception sur la mission et<br />

influencé sur sa façon de voir le rapport entre foi et civilisation, mais aussi donner un visible élan à<br />

la personne de <strong>Conforti</strong>, non seulement sur le plan physique, mais plutôt du point de vue de la<br />

conviction, de l’énergie intérieure.<br />

A la fin de cet essai de lecture chronologique de la spiritualité confortienne, ébauchée une<br />

grande partie hypothétique, il semble qu’on puisse dire, de point de vue historique, on entrevoit une<br />

évolution à partir de quelques intuitions profondes pendant l’enfance, le crucifix de l’église de la<br />

Pace à Parma, l’entrée au séminaire et pendant la jeunesse, la vocation missionnaire. Exprès ici on<br />

emploie le mot « intuitions » ou bien expériences de conscience avec des tailles multiformes et pas<br />

encore tout à fait définissables et porter à parole : les intuition <strong>com</strong>me profondes et riches<br />

perceptions, capables de générer une attention, disons davantage une passion qui portera après un<br />

certain temps à un travail plus approfondi, des explications de la pensée et des paroles, la certitude<br />

du point de vue du raisonnement et de l’adhésion. A partir de ces intuitions on construit la<br />

spiritualité personnelle de <strong>Conforti</strong>, qui s’enrichit, mais surtout s’approfondit grâce à des apports<br />

intérieurs. A l’âge adulte telles intuitions, pour ce qu’on peut voir, ne subissent des « tournants »<br />

inattendus, dans son expérience spirituelle, mais elles contiennent une évolution plus organique et<br />

amènent à une plus grande essentialité du point de vue des auteurs de référence et des « centres<br />

organisateurs » de la piété.<br />

<strong>Manfredi</strong> - 265 – G.M. <strong>Conforti</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!