Gbagbo à Fraternité Matin - fratmat.info
Gbagbo à Fraternité Matin - fratmat.info
Gbagbo à Fraternité Matin - fratmat.info
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
<strong>Gbagbo</strong> à Fraternité <strong>Matin</strong><br />
16<br />
Fraternité <strong>Matin</strong> / Jeudi 17 décembre 2009<br />
Laurent <strong>Gbagbo</strong>: “Notre pays a connu la guerre en 2002. Maintenant, le dernier acte de sortie de crise, c’est d’aller aux élections”.<br />
M. le Président de la République,<br />
soyez le bienvenu. Des voix plus<br />
autorisées que la mienne auront le<br />
temps de vous souhaiter véritablement<br />
la bienvenue au sein du groupe<br />
Fraternité <strong>Matin</strong>. Mais, en attendant<br />
cela, permettez que nous puissions<br />
exprimer notre joie de vous<br />
recevoir à Fraternité <strong>Matin</strong> à l’occasion<br />
des 45 ans de ce groupe de<br />
presse. C’était depuis le 9 décembre<br />
dernier. Vous êtes le troisième<br />
Président de la République à visiter<br />
cette entreprise. Le Président Félix<br />
Houphouet-Boigny, c’était le 9<br />
décembre 1964, pour couper le<br />
ruban symbolique des locaux de<br />
Frat-Mat qui vous accueille. Le<br />
Président Henri Konan Bédié y est<br />
passé en 1994 sous la direction de<br />
Michel Kouamé. Et aujourd’hui,<br />
vous êtes présent parmi nous.<br />
Toutefois, vous faites mieux,<br />
contrairement à vos deux prédécesseurs.<br />
Vous acceptez de répondre<br />
aux questions des journalistes qui<br />
sont là, devant vous. Hier, quand<br />
nous avons fait le recensement,<br />
nous notions 94 journalistes, de 51<br />
organes de presse. Aussi bien au<br />
plan national qu’international. Nous<br />
avons même des confrères qui arrivent<br />
des Pays-Bas. Et comme nous<br />
avons titré ce matin, «le grand<br />
oral», ce sera donc un grand oral.<br />
Nous voudrions donc sincèrement<br />
vous remercier d’avoir accepté,<br />
aussi spontanément, d’être notre<br />
invité à cette tribune que nous appelons<br />
«l’invité des rédactions de<br />
Fraternité <strong>Matin</strong>». Avant vous,<br />
nous avons reçu des hommes politiques<br />
comme le Premier ministre,<br />
Pascal Affi N’guessan, présent ce<br />
matin, des ministres, des directeurs<br />
généraux des sociétés d’Etat, dont<br />
M. Ahoua Don Mello. Vous êtes<br />
notre 10 e et dernier invité de l’année<br />
2009. Et nous voudrions véritablement<br />
vous dire: merci M. le<br />
Président de la République.<br />
Le thème qui nous rassemble, c’est<br />
«De la conquête à l’exercice du<br />
pouvoir d’Etat». Avant de laisser la<br />
parole aux confrères qui sont<br />
nombreux, et qui voudront certainement<br />
poser des questions au<br />
Président de la République, je voudrais<br />
demander au Chef de l’Etat<br />
de nous dire, quels sont ses sentiments<br />
concernant les 45 ans de<br />
Fraternité <strong>Matin</strong>, dont la privatisation<br />
était à l’ordre du jour dès son<br />
accès au pouvoir.<br />
-J’étais élève quand Fraternité<br />
<strong>Matin</strong> est né. Il y a eu même pour le<br />
lancement de Fraternité <strong>Matin</strong>, une<br />
tombola. Je n’ai plus en tête le nom<br />
de celui qui a gagné. Mais, c’était<br />
un de nos amis. Il avait gagné un<br />
million de Fcfa. A l’époque, ça nous<br />
semblait faramineux. Celui qui<br />
avait gagné cette somme nous<br />
paraissait un homme immensément<br />
riche. C’est la deuxième fois que<br />
vous avez parlé de la privatisation<br />
de Fraternité <strong>Matin</strong>. Et votre<br />
Directeur général et vous-même.<br />
Ce n’est pas un débat qu’on peut<br />
cacher. Quand je regarde les pays<br />
où la presse est développée et libre,<br />
je ne vois pas de journal papier qui<br />
appartienne à l’Etat. Que ce soit en<br />
Europe occidentale, en Amérique<br />
du Nord, il n’y a pas de journal<br />
papier appartenant à l’Etat. J’ai<br />
donc effectivement mis à l’ordre du<br />
jour, lors d’un de mes conseils de<br />
ministres, la privatisation de<br />
Fraternité <strong>Matin</strong>. Je pense que c’était<br />
un acte de modernité, de modernisation<br />
de l’Etat. Mais, je n’ai pas<br />
eu à m’adresser au conseil des<br />
ministres pour appliquer cette décision.<br />
On est donc passés là-dessus<br />
rapidement. En conseil des ministres,<br />
c’est le Président qui décide.<br />
C’est sa décision qu’on prend<br />
comme résultat du débat du Conseil<br />
des ministres. Mais, même si le<br />
débat a lieu, c’est pour que le<br />
Président, même s’il a le pouvoir de<br />
décider, écoute au moins ceux qu’il<br />
a nommés. C’est pourquoi, j’ai posé<br />
ce problème. Tous ceux qui étaient<br />
là ont souhaité qu’on laisse<br />
Fraternité <strong>Matin</strong> en l’état. Et nous<br />
l’avons laissé l’Etat.<br />
FERRO M. BALLy:<br />
Nous voudrions soumettre au<br />
Président de la République de<br />
répondre après chaque question.<br />
Permettant de rendre le débat plus<br />
dynamique.<br />
ALFRED DAN MOussA<br />
(Ddr, Fraternité <strong>Matin</strong>):<br />
Excellence M. le Président de la<br />
République, je voudrais très sincèrement<br />
vous traduire la gratitude<br />
de l’Union internationale de la<br />
presse francophone (Upf) pour les<br />
actes que vous posez en sa faveur.<br />
Je voudrais citer à titre d’exemple,<br />
la dépénalisation des délits de<br />
presse, une idée chère à l’Upf. Je<br />
voudrais souligner qu’une chose<br />
est d’avoir réussi cette politique<br />
dans votre pays, une autre est de<br />
faire partager cette idée à vos<br />
pairs, aux gouvernements francophones.<br />
M. le Président de la<br />
République, pouvez-vous lever le<br />
voile de votre stratégie en direction<br />
des pays francophones<br />
-Je n’en ai pas beaucoup, des stratégies<br />
en direction des pays francophones.<br />
Parce que, je pense que la<br />
meilleure manière de communiquer<br />
une idée, c’est de l’appliquer<br />
soi-même. Et sur ce point, je vais<br />
lancer un appel aux journalistes.<br />
D’abord, il faut savoir que nous n’avons<br />
pas dépénalisé les délits de<br />
presse. Nous avons supprimé la<br />
peine d’emprisonnement parce que<br />
les sanctions pénales, sont des peines.<br />
Je regrette que les magistrats ne<br />
les utilisent pas très souvent pour<br />
décourager certains journaux qui<br />
écrivent n’importe quoi. Mais, nous<br />
estimions que ce n’est pas la peine<br />
de mettre quelqu’un en prison à<br />
cause de ce qu’il pense. Moi-même,<br />
j’ai été en prison à cause de ce que<br />
je pense. Mon ami Aboudramane<br />
sangaré a été deux fois en prison<br />
parce qu’il était le Directeur de<br />
publication du «Nouvel Horizon» et<br />
«La Voie», c’était sale pour la Côte<br />
d’Ivoire. Je n’ai pas aimé çela. Et je<br />
n’ai pas souhaité que cela revienne.<br />
Nous avons donc décidé qu’on ne<br />
doive pas condamner un journaliste<br />
à des peines d’emprisonnement<br />
pour des idées qu’il émet. Nous l’avons<br />
fait. Mais, au moment où nous<br />
le faisions, beaucoup de Chefs<br />
d’Etat m’ont dit que ce n’était pas<br />
bon. Et beaucoup d’Ivoiriens, des<br />
responsables politiques, m’ont dit la<br />
même chose. Et que les journalistes<br />
allaient prendre cette liberté pour la<br />
licence. J’ai tenu bon. C’est ma<br />
conviction profonde que çà ne servira<br />
à rien de mettre quelqu’un en<br />
prison à cause de ce qu’il dit. J’ai<br />
donc tenu bon, et nous avons fait<br />
passer cela. Maintenant, c’est vous<br />
qui devriez me donner raison ou<br />
tort. Aujourd’hui, beaucoup d’hommes<br />
politiques ivoiriens, ceux qui<br />
me disaient, hier, de ne pas faire<br />
voter cette loi, viennent me dire:<br />
«on t’a dit et tu ne nous as écoutés.Tu<br />
vois tous ceux-là qui écrivent<br />
n’importe quoi. Ou qui écrivent sur<br />
le compte des autres.» Dans cette<br />
bataille, moi, j’ai fait ma part. Aux<br />
journalistes de faire la leur. En faisant<br />
ma part, j’ai estimé que les<br />
journalistes allaient avoir un sursaut<br />
de responsabilité. Hier encore, j’ai<br />
lu des choses qui n’étaient pas bien.<br />
Alors qu’il suffit de s’<strong>info</strong>rmer. Et<br />
on peut s’<strong>info</strong>rmer. sans faire de<br />
publicité, le journal que j’aime le<br />
plus au monde est «Le Canard<br />
Enchaîné». Il peut passer un an à<br />
faire des recherches pour vérifier<br />
une <strong>info</strong>rmation. Mais, après quand<br />
il voit que l’<strong>info</strong>rmation est juste,<br />
confirmée après des recoupements,<br />
il la déroule. Je vous en prie, ne<br />
nous donnez pas tort. sinon, lorsqu’un<br />
autre Président viendra, il va<br />
remettre les peines d’emprisonnement<br />
et on va recommencer les<br />
mêmes ballets à la Maca. Au